LA KALMIERI
LA SAGA D’HORFAR GRIMMR
par Darla Kennerud
Au sein des récits des trollkin, les aventuriers, les héros, les grands chefs de toutes les générations se rapprochent brièvement pour instruite les parents et enflammer la gloire dans leur sang. Les points clés d’un conte sont immortalisés dans des runes gravées dans du métal, de la pierre ou même du bois puis transcrites sur des parchemins, mais les véritables histoires résident dans le conteur et dans la manière dont il choisit de les invoquer devant le feu de la parenté. Chaque chroniqueur à ses propres styles et récits, et il choisit l’histoire et sa présentation en fonction de chaque situation. Tous les trollkin entendent ces diverses histoires comme faisant partie intégrante de la vie du kriel, bien que les moments les plus sombres de l’histoire de la race soient parfois ignorés durant des décennies. Les plus grands chroniqueurs ont le talent d’inspirer la parenté, même avec ces sombres histoires.
L’une des histoires les plus sombres de ce vaillant peuple raconte le regroupement des anciennes tribus Molgur pour ensemble se soulever contre les envahissants calaciens près de la grande muraille connue sous le nom de Bouclier de Thrace [Shield of Thrace], près de l’actuelle Caspia. La Kalmieri est un conte épique traditionnel comprenant de nombreuses parties, dont seules quelques-unes sont traduites ici. La plus grande partie de l’œuvre, connue sous le nom de La Kalmieri Grimmor, ou simplement La Grimmkar, décrit le chemin emprunté par le héros des trollkin Horfar Grimmr jusqu’à son ultime anéantissement par le prêtre-roi Golivant. Dans les kriels, la saga est rarement racontée dans son intégralité – en partie à cause de sa longueur et de sa complexité, mais également à cause de l’ombre noire de la superstition s’étant installée dans l’histoire au fil des siècles.
En ces jours, le Molgur était le feu du monde, les premiers enfants de Dhunia.
Leur père sauvage, le Dévoreur, aussi, se déchaînait dans leur sang,
et ils ont éprouvé son urgence de l’action, dans la chasse, dans le feu de la bataille.
En se préparant à la guerre, ils ont ouvert leur esprit à la précipitation du Ver,
laissant le brûlant pouvoir du sang les submerger,
exulter dans le vrombissant brasier des flammes primitives.
Ennemis, le Molgur en avait à foison,
mais ils étaient de loin les ours les plus sauvages des montagnes,
grands et féroces à chacune de leurs respirations,
et personne ne pouvait s’y opposer.
Sur les terres du Ver à la saison des grands ancêtres
se hasardaient les tribus à la peau douce se recouvrant de métal
et se faufilaient même dans les vallées des plus féroces.
Pas comme les humains sauvages du Molgur étaient ces créatures,
car ils ont pillé les dons naturels de Dhunia
et détourné leur visage du Ver.
Le Molgur l’a remarqué, et dans la tribu et par parts groupes
ils sont tombés sur les intrus,
pour eux par don de dieu était la terre que les hommes de métal labouraient pour les récoltes,
leurs proies chassées et trappées,
leurs forêts ont été pillées.
Mais à maintes reprises, ces féroces humains ont tenu
contre les plus éloignés guerriers,
maintes et maintes fois, ils ont repoussé le Molgur.
Gris-Poing [Greyfist] a ramené son kriel de guerre d’au-delà de l’aube
Pour chasser les indésirables créatures de leur tanière,
mais si quatre-vingts sanguinaires guerriers se sont jetés dans la tempête de la bataille
seulement la moitié ont inspiré de l’air frais par la suite
et toujours les griffes avides du clan lion
Avec Torfal Mortigarrh et son groupe de pelletiers Trois-Arbres [Threetrees]
c’était pareil, et avec Margalla, appelé Loup-Feu [Firewolf], et Balind Frêne-Marcheur [Ashwalker].
Aucun parents des kriels à la vue verte ne semble pouvoir prétendre à une victoire durable
contre les guerriers revêtus de métal de la colonie,
pas plus que les plus crépusculaires des pics lointains ne pouvait non plus,
ou l’un des peuples barbares des montagnes.
Le trollkin Molgur chef de clan Horfar Grimmr mena ses guerriers au combat à maintes reprises contre les calaciens. Le plus souvent les humains ont reporté la victoire, surprenant le Molgur avec leur férocité et leur inébranlabilité. Grimmr attribue d’abord les pertes aux armes et armures supérieurs de l’ennemi, mais il en vint bientôt à croire que ces humains étaient différents de ceux que le Molgur avaient combattus par le passé et que son peuple doit trouver un moyen différent de les confronter. Il changea de tactique d’un engagement à l’autre, cherchant toujours à employer ses guerriers à plein effet, et il commença à remarquer plus de triomphe. Puis une victoire particulièrement difficile, il se produisit un événement qui sa pensée et changea à jamais le chemin de son peuple.
