Auteur Sujet: PP Insider - L'Esprit Derrière  (Lu 2119 fois)

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PP Insider - L'Esprit Derrière
« le: 18 juin 2019 à 22:26:25 »
L’Esprit Derrière

Prélude à l’Invasion

par Douglas Seacat

Château Raelthorne, Caspia, début 610 AR

Orin Midwinter arpentait les couloirs de Château Raelthorne éclairés aux flambeaux, les bras chargés d’une pile encombrante et lourde de vieux livres sous plusieurs cartes et schéma enroulés. Il avait refusé l’assistance offerte par un scribe chargé de l’assisté, ne faisant pas confiance à ce jeune maladroit avec des objets d’une inestimable valeur. Il était essoufflé par les escaliers qu’il venait de gravir et il ressentait parfois de vive douleur dans les genoux et le dos, mais il se sentait énergique et optimiste, une émotion étrange et presque étrangère.

La vie de l’ancien inquisiteur au lendemain de la Seconde Guerre Civile Cygnaréenne [Second Cygnaran Civil War] avait changé de façon étonnante. Cette prise de conscience le frappait tous les jours dans son nouveau rôle d’administrateur arcanique, passant de réunion en réunion, poussé à réaliser des projets au service du royaume. Après tant d’années à se battre pour survivre, le luxe relatif de son existence semblait encore nouveau. Il n’y a pas si longtemps, il avait passé ses heures à élaborer des plans désespérés tout en échappant aux autorités au milieu de ruines sordides ou caché dans les sous-sols de structures abandonnées dans des villages incendiés. Il dispose désormais d’une pièce qu’il peut appeler sienne au cœur des salles du pouvoir de Cygnar, un lieu où il se sent à l’aise pour dormir toute la nuit pendant que ses journées étaient consacrées à un productif travail. Parfois, il se réveillait encore paniqué au milieu de la nuit, cherchant son bâton avant de réaliser qu’il était en sécurité.

Il passa devant deux gardes du palais et faillit lâcher plusieurs de ses cartes enroulées lorsqu’il faillit heurter le plus proche, un homme qui semblait se diriger vers lui plutôt que de s’éloigner. Les yeux de Midwinter se rétrécirent, il se demanda si c’était pour l’intimider, mais l’homme regardait droit devant lui et ne croisa pas le regarde du magicien.

Alors qu’ils se croisaient, ce même garde ne prononça qu’un seul mot dans un murmure chuinté : « Ashoth. »

Le mot fit des frissons dans la colonne vertébrale de Midwinter, et il se retourna pour regarder par-dessus son épaule, pour voir si le garde avait l’intention d’en dire plus, mais il continuait à marcher comme s’il n’avait rien dit. L’administrateur arcanique enserrera ses livres et schéma étroitement, son cœur battant douloureusement dans sa poitrine. Il réalisa alors qu’il retenait son souffle lorsque des taches apparurent devant ses yeux. Le bruit des pas des gardes qui s’éloignaient résonnait à ses oreilles.

Il prit une profonde inspiration et se précipitât dans sa chambre, essayant d’évacuer du sentiment de panique et d’alarme qui l’avait inexplicablement traversé. Ashot. Le nom résonna à ses oreilles, dans son esprit. Ce nom lui semblait familier, qui pourtant n’évoquait que crainte et anxiété.

Les livres et les cartes qu’il transportait furent jetés sur le grand bureau de sa chambre. Mais quand il s’est retourné vers son lit, il ressentit une profonde aversion. Il en eut presque un malaise en le regardant. Il ne pensait pas pouvoir dormir ici, une pensée qui ne se dissiperait pas même s’il reconnaissait que c’était une pulsion irrationnelle. En s’approchant du lit, il eut la nausée et recula. Ce n’était pas naturel. Il se sentait tiraillé entre le désir de s’effondrer immédiatement et de s’endormir sur ses inexplicables sentiments et la très forte envie de fuir complètement sa chambre.

Prenant de profondes respirations pour reprendre le contrôle de ses propres pensées, Midwinter se dirigea vers son miroir. IL était un arcaniste assez habile pour reconnaître que quelque chose n’allait pas. Quelque chose d’extérieur semblait affecter son esprit. Il pensait s’être protégé de telles choses, mais aucune protection n’était absolue.

Fixant son propre reflet, il détendit les yeux, laissant son visage s’estomper lorsqu’il entra en transe, ce qui permettait à son propre pouvoir de s’accroître, de percevoir les forces mystiques l’entourant.

Il ne voyait rien de normal, mais il se concentrât tout de même plus profondément, de façon plus attentive, luttant contre ses propres perceptions Se méfiant de ses sens, il chercha une vérité plus profonde afin de séparer la perception de la réalité. Séparer ses émotions de la raison. Un vieil exercice enseigné aux jeunes membres de l’Inquisition – un exercice qu’il n’avait pas tenté depuis des années. Il s’agissait d’une méthode d’enseignement qu’il avait apprise au début de sa formation arcanique, qu’il avait lui-même imaginée. C’était une lute… mais il réalisa enfin quelque chose qui ressemblait à un véritable détachement.

Là ! Une lueur dans le miroir. Même séparé de ses émotions, il sentit son pouls s’accélérer. De complexes volutes et des enchevêtrements d’énergie subtile coulaient à travers son crâne, son esprit. Il fronça les sourcils pour les voire, réalisant que les filaments tissés les plus délicats et les plus lumineux ressemblaient à des filaments d’or filés. Il sentit que ces filaments n’étaient pas nouveaux mais qu’ils étaient là depuis quelque temps. Ils s’étaient installés en profondeur. Plus près de la surface, plus proche de son crâne, se trouvait un filet cramoisi plus brillant ressemblant à un réseau. C’était quelque chose de plus flagrant et aussi de plus puissant.

L’un de ces motifs arcaniques était-il de sa propre création ? Il était confus et incertain. Peut-être que certaines de mesures étaient des mesures de protections qu’il avait lui-même pris. Cela semblait possible. Il lui était difficile de se rappeler une grande partie de son époque d’inquisiteur. Il n’allait pas très bien, ni physiquement, ni mentalement. Il avait été une personne différente. Une personne mauvaise, avait-il décidé. Mais était-ce vrai ? Cette pensée provoqua une douleur sévère qui le força à plisser le front et à grimacer.

Il était compromis. C’était certain. Il ne connaissait pas les réponses, mais il réalisa qu’il devait quitter Château Raelthorn immédiatement. C’était probablement l’instinct d’un vieil inquisiteur qui l’avait empêché d’accepter le confort de son propre lit. Il ne pouvait pas être proche du Roi Julius alors qu’il ne contrôlait peut-être pas ses propres actions. Il devait aller au fond des choses avait de faire quoi que ce soit.

Cela décidé, Orin Midwinter se sentit mieux, plus calme. Il plaça quelques vêtements et autres effets personnels dans un petit sac, attacha son bâton à son dos par une large chaîne qu’il gardait à cet effet et quitta sa chambre. Ses fonctions d’administrateur arcanique lui assuraient le plein contrôle du château, et il connaissait un chemin emprunté par les serviteurs qui lui permettrait de sortir sans attirer une excessive attention. Ne sachant pas ce qui n’allait pas avec lui, il estima qu’il était plus impératif de limiter ses interactions avec les membres du personnel du château. Il n’avait pas encore de pan précis, si ce n’est de s’isoler suffisamment longtemps pour mieux appréhender la situation, mais il savait également qu’il lui manquerait s’il s’absentait longtemps. Pourtant, il n’y avait pas de réunion dans les jours à venir.

Son exode du château s’est fait sans incident. Alors qu’il sortait dans les rues de Caspia au milieu de la nuit, il se rendit compte qu’il y avait été plus en sécurité. Le château était lourdement gardé et protégé. Il n’avait pas peur d’être agressé dans la rue, car il avait sa magie. Aucun simple ruffian ne peut espérer l’accoster sans en subir les conséquences. Mais quel que soit le problème surnaturel qui se préparait, il pourrait s’y exposer. Pourtant, il était déjà compromis et venait de décider que la sécurité du Roi Julius et des autres personnes du château était plus importante que son propre bien-être.

Il était épuisé. Quoi qu’il en pense, il ne pouvait pas y faire face sans dormir. Les forces mystiques, en particulier celles qui affectent l’esprit, ne devaient pas être négligées. Éloignés du château, de ceux qui auraient pu être la cible de ce qui se passait, il se sentait libre de chercher un endroit où récupérer ses énergies et rassembler ses pensées. Non loin du château, il connaissait une coûteuse taverne, souvent fréquentée par de nobles ou fortunés pétitionnaires traitant avec le gouvernement cygnaréen.

Il était impossible de ne pas être légèrement paranoïaque et de se demander si même cette pensée était la sienne. Mais comme ça, c’était folie. Midwinter ne pouvait remettre en question toutes les décisions. Il était raisonnablement certain que son esprit, pour le moment était sien. Être conscient des prétendus enchantements qui l’affectaient lui donnait au moins une certaine conscience de soi. Il pouvait se méfier des pensées intrusives mais devait faire confiance à son instinct. Ils l’avaient gardé en vie si longtemps, et qu’avait-il d’autre ?

L’aubergiste accepta sa pièce et ne sembla pas dérangé par sa tardive et inopinée arrivée. Et assez tôt, il ferma la porte et se retrouva seul. Il pensait que le sommeil pourrait lui échapper, étant donné ses pressantes inquiétudes, mais presque aussitôt que sa tête toucha l’oreiller, après avoir soufflé la flamme de la bougie, l’obscurité réconfortante le rattrapa.

* * *

Orin Midwinter se retrouva assis à l’un des côtés d’une large et étendue table dans une vaste, austère et sans couleur salle. Un bol posé devant lui, empli d’un liquide rouge comme le sang et qui semblait être l’unique visible couleur. Une cuillère en argent reposait, avec soin, sur la table à côté du bol, mais il ne ressentit aucune envie de la toucher o de l’utiliser pour goûter le liquide, même s’il savait qu’on l’avait versé pour lui. Il se sentait petit, assis sur une chaise à haut dossier dont les pieds s’étendaient plus loin que ce qui semblait possible. Ses jambes pendaient, ses pieds ne touchaient pas le sol. La chaise était nettement inconfortable, comme si elle n’avait pas été fabriquée pour des proportions humaines.

C’était un rêve ? Ça devait l’être.

Il n’y avait pas d’autre chaise à la table et, juste de l’autre côté de celle-ci, se trouvaient des marches menant à une zone surélevée où se dressait un miroir, sa surface lisse et complètement noire, son cadre en fer torsadé et foncé ayant la forme de branches noueuses. De temps en temps, il ressentait un frisson traversant sa chaise et il entendait un son grave et lointain. En réponse, la surface noire du miroir ondulait, comme l’eau comme l’eau agitée d’un étang.

Une colonne de fumée tourbillonnante s’est formée au milieu de l’escalier auquel il faisait face. Au sein de la fumée, une lueur orange et rougeâtre pulsait, comme les braises de bois d’un feu mourant. La partie supérieure de cette fumée, rapidement, prit forme d’une silhouette pâle parée d’une robe et d’un capuchon noir tenant un épais tome dans l’une de ses fines mains. Des bandes d’étoffes ornées de runes pendaient à ses manches et étaient fixées à sa robe, chacune ondulant légèrement de son propre gré, comme si elle était agitée par un vent imperceptible

La silhouette le fixait de ses yeux gouges luisants, et de petites volutes de fumée rouge s’élevaient d’eux. Midwinter était terrifié et se sentait transpercé, immobilisé par ce regard et conscient qu’il était en présence d’un être au pouvoir insondable. Il lui parla, bien les mots n’aient pas été prononcés à voix haute, mais se soient manifestés dans son esprit.

Orin Midwinter. Me connais-tu ?

Son esprit tressailli et il sut aussitôt que sa réponse serait jugée insuffisante. Il ouvrit la bouche pour dire non mais au lieu de cela, il murmura, hésitant, « Ashoth ? »

C’est un nom. Tu connais déjà les autres. Trop longtemps tu as été absent. J’ai pensé que tu cherchais à me renier. Pour échapper au pacte que nous avions scellé dans le sang.

À cette dernière parole, il y eut un autre frémissement au loin, provoquant le scintillement du bol de sang tout comme la surface du miroir noir. Midwinter se fit tout petit et se recroquevilla sur lui-même. Il voulait nier ce que la créature l’accusait de faire, car sa désapprobation était évidente, mais il ne se souvenait d’aucune de ses paroles. Il ouvrit la bouche pour l’expliquer, mais réussit seulement à haleter.

Tu as été manipulé et a failli manquer ta tâche. J’ai envisagé de te réclamer, mais je remarque tu peux encore être utile. D’abord, je vais libérer ton esprit. Tu dois te souvenir de tes obligations.

À sa respiration suivante, l’entité était à côté de lui ; le surplombant. Il aurait hurlé de peur s’il avait été capable de s’exprimer, mais sa respiration l’avait abandonné. Il tendit sa main libre et mis des doigts froids sur son front. Il ressentit une atroce et fulgurante douleur, comme si un tisonnier brûlant avait été enfoncé dans ses yeux. Alors même qu’il ressentait la douleur, comme si quelque chose lui était arraché de son esprit, la main sur son front se contracta et plongea son visage dans le bol de sang.

* * *

Orin Midwinter se réveilla trempé de sueur dans le lit de la taverne, ses couvertures repoussées sur le côté. Il était étendu, haletant et essoufflé, tenant sa tête, qui palpitait douloureusement au rythme des battements de son cœur.

Son esprit était à nouveau sien, et ses souvenirs lui revinrent à l’esprit. Le rêve merveilleux qui était sa vie depuis le couronnement de Julius lui a été soustrait. C’était l’Inquisiteur en Chef [Senior Inquisitor] Wilkes Quinn, son ami et pair, qui l’avait altéré. Quinn avait été un puissant hypnotiseur, un arcaniste dont le pouvoir sur l’esprit était sans égal. Il avait eu besoin de Midwinter, de son esprit sain et sauf, et il avait donc fait son œuvre quand Asheth Magnus les avait recrutés pour assister le jeune bâtard Julius, qui avait été élevé en secret pour s’emparer du trône de Cygnar.

Quinn avait fait plus que réassembler les morceaux épars de la fragile santé mentale de Midwinter. Cela n’avait pas suffit à assurer sa coopération, car Midwinter avait prononcé des vœux plus forts et plus profonds. Sa détermination à voir Vinter Raelthorn restauré était plus qu’une simple loyauté. Il avait été sous le commandement d’êtres plus grands, des êtres vers auquel il s’était tourné en désespoir de cause au cours de ses pires années de fuite, alors qu’il était en fuite et chassé – lorsque sa santé commençait a décliné, lorsqu’il était frappé par une maladie qui lui aurait causé la mort. Il avait cherché des solutions auprès des seuls être dont il était certain qu’ils pouvaient les fournir.

Midwinter se leva en titubant, s’étreignant toujours la tête, et se dirigea vers le miroir de la pièce. Il vit un pitoyable visage le dévisager. Il savait que les délicates toiles de compulsions ayant empêtrés son esprit avaient disparu. Il était à nouveau lui-même, et c’était écœurant.

« Je t’ai appelé Ashoth. Les initiés de seconde zone pensent que vous êtres Ariphon, Kylophelion, ou une douzaine d’autres noms. Mais dans toute votre puissance, vous êtes Agathon. Vous êtes l’Acheveur de Rêve [Dream Ender]. Le Preneur de Nom [The Taker of Name]. La Voix dans les Ténèbres [The Voice in the Darkness] Et Je suis vôtre serviteur. »

Les paroles calmèrent ses nerfs, lui rappelèrent sa place, sa place et son but.

Il y avait tant à faire.

Version VO
« Modifié: 23 juin 2019 à 00:15:35 par elric »
Citation de: Maître Yoda
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Re : PP Insider - L'Esprit Derrière
« Réponse #1 le: 18 juin 2019 à 23:52:36 »
Encore !! (Et surtout merci)
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Re : Re : PP Insider - L'Esprit Derrière
« Réponse #2 le: 20 juin 2019 à 22:22:15 »
2/3

Encore !! (Et surtout merci)

De rien
« Modifié: 23 juin 2019 à 00:16:39 par elric »
Citation de: Maître Yoda
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Re : PP Insider - L'Esprit Derrière
« Réponse #3 le: 23 juin 2019 à 00:17:08 »
Texte en entier.
Bonne lecture  :)
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