Auteur Sujet: PP Insider - Le Prix à Payer  (Lu 2068 fois)

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PP Insider - Le Prix à Payer
« le: 23 juin 2019 à 15:18:43 »
Le Prix à Payer

Notes de l’auteur sur « Le Prix à Payer »

« Le Prix à Payer » est une histoire écrite pour découvrir le background manquant pour le personnage Eilish Garrity entre le moment où nous l’avons croisé dans le roman Black Crowns et son incarnation en tant que « Eilish l’Occultiste [Eilish the Occultist] » en tant que modèle jouable dans WARMACHINE. Maintenant, Oblivion se profile et Eilish est sur le point de prendre une tournure encore plus sombre. Cette histoire met en scène un des premiers pas sur une insidieuse voix, aidée par un camée mettant en scène l’un des premiers personnages les plus significatifs de notre cadre.

Pour les personnes ne le connaissant pas aussi bien, Eilish Garrity a vécu pas mal d’aventure avant de devenir un modèle WARMACHINE jouable. Il était un personnage inventé à l’origine pour des démos pour le jeu Iron Kingdoms Roleplaying et plus tard présenté avec ses amis au sein de la compagnie de mercenaires Irréguliers du Fleuve Noir [Black River Irregulars] pour la fiction dans Skull Island eXpeditions, ainsi que pour des jeux de société comme Undercity et Widower’s Wood. Il ont été repris par l’auteur Richard Lee Byers pour la nouvelle « Murder in Corvis », suivie des romans Black Dogs et Black Crowns.

Eilish a été un détective et un magicien improbable. Sa formation formelle en criminalistique et en techniques d’investigation l’a bien servie au fil des années, étant donné les étranges mystères auxquels son groupe est confronté. Mais sa curiosité pour le côté obscur de l’occultisme s’est accrue. Le savoir peut-être très dangereux et les pouvoir est dangereux. Prenez soin de mettre à nouveau à jour Eilish avec WARMACHINE : Oblivion.


Ils avaient été avertis que le bateau fluvial appelé la Fiancée du Joueur [Gambler’s Bride] avait un horaire irrégulier. Sur sa longue roture sur la Langue du Dragon [Dragon’s Tongue], Il s’arrête là et aussi longtemps que ses excentriques et fortunés passagers le demandaient. Eilish Garrity commençait à peine à se demander s’il ne l’avait pas raté lorsqu’ils aperçurent la distinctive proue du grand navire faisant son approche. Assis dans une taverne rustique au bord d’une rivière, dans le hameau de Briv, ils avaient obtenu une table avec une vue imprenable sur la rivière. Briv s’était révélé être un endroit sordide où vivaient quelques familles d’hostiles pêcheurs et agriculteurs, un endroit qu’Eilish avait hâte de quitter.

« Le voilà », dit-il. Il reposa le reste de sa bière et ramassa la sacoche posée entre ses pieds de manière protectrice, plaçant son bras entre les sangles de la poignée pour qu’il puisse solidement s’appuyer contre lui. Il se sentait nerveux, agité, mais il essayait de se contrôler. Au fil des ans, il avait appris que simuler la confiance revenait presque à être confiant. « Nous ferions mieux de nous tenir prêts sur la jetée, car autrement je doute qu’il s’arrête, je ne le ferais pas si j’étais le pilote.

Le pistolier [pistoleer] rhulique émit un gémissement. « Ach, je viens de payer celui-ci », dit-il en soulevant son verre presque plein avec une grimace. « C’est de la pisse, mais je déteste gaspiller ».

« Quel genre de nain n’est pas capable de descendre un verre en une gorgée ? »

« Nous ne sommes pas tous des pochetrons », grogna le nain.

« Finis-là et allons-y. »

Barl se redressa comme s’il avait été offensé et lentement se leva, ajustant sa veste en cuir et la cravate qu’il portait nouée au tour du cou. Il était un nain bien habillé, à la barbe et aux mains manucurée, plus élégant et plus nantis que la plupart des mercenaires. Il était fier de son apparence et parfois s’efforçait de tacher ses vêtements de sang ou de crasse, même si Eilish savait qu’il pouvait mettre de telles subtilités de côté lors d’un combat.

En ce qui concerne ce travail particulier, Eilish ne s’était pas montré disposé à dire à quiconque au sein des Irréguliers du Fleuve Noire [Black River Irregulars]- en particulier Colbie – ce qu’il faisait. Barl était le seul en qui il pouvait faire confiance pour la fermer, ce qui signifiait qu’il devait supporter les manies du nain.

Une courte marche jusqu’au quai grinçant et mal entretenu, juste à temps pour voir le bateau arriver. Le vapeur était illuminé le long de ses ponts supérieurs, et même de loin, ils pouvaient entendre de fortes voix, de la musique et des réjouissances. Cela contraste avec la ville endormie et ses maussades habitants. Il a été soulagé de voir le vaisseau commencer à ralentir et à s’approcher de la jetée.

Nous aurions pu embarquer sur cette chose depuis Port Bourne [Point Bourne] », nota Barl. « Ça ne m’aurait pas dérangé de tenir quelques cartes en main. Pourquoi nous faire venir en premier ici ? »

« L’homme que je vais rencontrer est prudent. Pour une bonne raison. Étant donné que personne d’autre ne risque de monter sur le bateau, il peut immédiatement m’identifier et décider si je vaux le coup de discuter ».

Barl renifla. « Dis-moi si j’ai bien compris, Tu leur as permis de dicter l’heure et le lieu de la réunion, et nous n’avons aucune idée de qui ils sont ou de combien de personne il emmène ? »

Eilish gloussa et répondit : « C’est pourquoi je t’ai amené. S’ils essaient de nous assassiner, tir leur dessus. C’est assez facile. »

« Je le ferai. Bien sur, les sorciers sont assez rapides. Je t’ai vu tirer un projectile magique avant que je puisse cligner des yeux ».

« La personne que nous allons rencontrer est bien plus puissante et compétente que moi. Il pourrait couler le navire en entier d’une pensée ».

« Oh, c’est rassurant », dit le nain.

« Tout ira bien », exprima Eilish avec un geste de la main, feignant un manque d’inquiétude en opposition totale à ce qu’il ressentait vraiment. « Il n’y a aucune raison pour que quiconque se fasse poignarder, tirer ou autrement assassiner. C’est un lieu public, et l’homme que nous allons rencontrer est membre de l’Ordre Fraternel [Fraternal Order]. Il apprécie sa réputation. S’il décide de nous tuer, il enverra des hommes de main le faire à l’ancienne ».

« S’il se soucie de sa réputation, pourquoi est-ce qu’il te rencontre ? »

Eilish soupira. « Je lui ai envoyé une lettre pour le convaincre qu’il ne pouvait pas se permettre de ne pas me parler. Cela signifie également qu’il sera probablement nerveux. Personne n’aime être acculé. Restez calme, même s’il devient insistant ».

Je dompterai mes élans pour assurer ta défense », dit Barl avec un drôle de sourire.

« Je m’inquiète moins de ta fraternelle loyauté que du plaisir que tu éprouves à tirer sur des gens ».

« Bon point. Mais les balles ne sont pas gratuites. Je serais heureux de prendre ton argent pour ne rien faire ».

« C’est l’idée. Il aura ses gorilles, sans aucun doute, et tu es à moi. Une mutuelle dissuasion ». La voix d’Eilish ne trahit pas ses doutes. Avoir un seul garde du corps, aussi compétent soit-il, n’était pas suffisant. Il aurait dû venir seul, mais il détestait n’avoir personne à qui parler.

Quelques costauds locaux, travaillant pour la jetée, ont attaché les cordages depuis le bateau fluvial, et sa rampe a rapidement heurté la surface. Ils ont grimpé à la rencontre d’un matelot de pont revêche. Dès que Eilish et Barl sont-ils sur le pont principal qu’il donne l’ordre de rétracter la rampe et crie pour que le vaisseau soit détaché.

Quand Eilish essaya de passer, le matelot de pont se tint fermement sur son chemin, ma paume de main tendue.

« C’est un bateau de jeu, non ? » Dit Eilish. « Je ne pensais pas qu’il y avait des frais de passagers ».

« Adhésion obligatoire pour les tables », expliqua l’homme avec un déplaisant sourire. Il leva une paire de courts cordons tressés teints en or et noir. « Vous en aurez besoin pour vous asseoir à nos tables. Dix couronnes chacun. »

« Et si on est juste là pour boire un verre et manger un morceau ? »

« Vous achèterez les nœuds du joueur, de toute façon, si vous ne voulez pas passer par-dessus bord. La rivière est froide, je ne vous recommanderais donc pas d’y faire une brasse. » Le matelot de pont avait été rejoint pas deux autres membres de l’équipage, qui se tenaient les bras croisés, manifestement prêts à intervenir en cas de rebondissement.

« Paie l’homme », grogna Barl.

« Bien. » Eilish fouilla dans l’une de ses poches et en sortit l’argent nécessaire pour acheter les cordons.

Une fois le payement effectué, le matelot de pont et ses collaborateurs se sont détendus ; leur ton devint plus civil. Le matelot de pont fit un signe pour indiquer le reste du navire et dit : » Profitez de votre séjour à bord de là la Fiancée du Joueur [Gambler’s Bride]. »

« Tu vas continuer à te faire arnaquer », nota Barl en se dirigeant vers les escaliers menant au pont en contrebas. « C’est comme ça que ces endroits font leur beurre. »

« Le jeu n’est pas un de mes vices », répondit Eilish, « et le prix de cette réunion pourrait être bien plus que quelques pièces. »

« On devrait probablement jouer quelques mains, juste pour s’intégrer », suggéra Barl avec une lueur d’avarice dans ses yeux. « En plus, on a acheté ces nœuds. Ce serait dommage de ne pas les utiliser. »

« Nous n’avons rien acheté », le corrigea l’arcaniste. « Et nous ne sommes pas venus pour cela. »

Le bruit augmenta de façon exponentielle à mesure qu’ils descendaient vers le second pont, où se déroulaient tous les jeux de hasard et les divertissements. Il était rempli de table de jeux et de dizaines de clients, ainsi que de membres d’équipages aux vêtements éclatants, distribuant des cartes, ramassant des dés et gérant autrement les jeux. Les boisons coulaient à flots, livrées par les serveurs de deux bars bien approvisionnés. Le son de la musique s’élevait parfois au-dessus du brouhaha général. En regardant à travers le nuage de fumée de cigare, à l’autre bout du navire, Eilish aperçu ce qui semblait être une scène où des artistes étaient à l’œuvre. La scène était partiellement obscurcie par un aquarium de grande taille emplit de divers poissons de grandes tailles aux airs dangereux et aux dents acérées.

Tout l’endroit était accablant, car Eilish essayait de tout capter à la fois. C’était exactement le genre d’endroit animé qui était parfait pour les pickpockets, les espions et les assassins. Il remarqua parmi les clients et l’équipage un couple de trollkin et de gobbers ainsi que quelques nains, bien que la plupart des autres soient des êtres humains. Un rapide balayage ne releva aucune personne portant les couleurs de l’Ordre Fraternal des Magiciens [Fraternal Order of Wizardry].

Eilish s’arrêta à l’aquarium – c’était le meilleur endroit pour être remarqué par les personnes qui le recherchaient. Il prit un moment pour admirer le poisson-dragon. Il en avait déjà mangé un par le passé et l’avait trouvé assez savoureux. En voir un dans l’assiette, cependant, c’était bien différent d’en voir un vivant le dévisageant avec ses mâchoires ouvertes et ses dents acérées comme des lames de rasoir. Il tressaillit lorsque le plus proche percuta la vitre et claqua sa mâchoire.

Alors qu’il reculait, un homme d’une table voisine se leva et s’approcha. C’était un individu musclé aux cheveux foncés et aux traits épais – il n’avait pas l’air d’un magicien, même si c’était parfois difficile à dire. En examinant les mains rugueuses de l’homme, les cicatrices le long de son avant-bras et la façon dont il se comportait, il était facile de le classer comme garde du corps ou mercenaire.

« Maître Garrity, je présume ? » Demanda poliment l’homme, obligé d’élever la voix pour se faire entendre par-dessus le vacarme qui l’entourait. À l’assentiment d’Eilish, il dit : « Je suis Voral. Je travaille pour le magus. Si vous pouviez me suivre, nous avons réservé une suite où la conversation sera plus aisée. »

Bien qu’Eilish soit heureux de ne pas être obligé d’essayer de parler en code au sein d’une salle de jeu bondée, il se dit également que si quelque chose n’allait pas, il serait plus facile pour leur hôte de les faire éliminer une fois à l’intérieur de sa suite privée. Il était trop tard pour s’inquiéter d’une telle chose maintenant, il s’était embarqué dans cette expédition en sachant qu’il prendrait des risques. Barl se rangea derrière lui alors qu’ils suivaient Voral.

Le vacarme général s’est étouffé après avoir descendu un autre escalier jusqu’au pont suivant, réservé aux chambres d’invités. Ils passèrent devant un certain nombre de cabines plus étroites pour une personne pour rejoindre celles destinées aux clients les plus riches. Voral en ouvrit une et leur fit signe d’entrer.

La chambre était spacieuse et luxueuse, notamment pas à sa place sur un navire. Ils peuvent avoir été transportés dans une coûteuse auberge de Caspia. Les murs étaient ornés de tableaux, le hublot dissimulé avec goût derrière un somptueux rideau et un long canapé moelleux, un table épaisse en chêne et de multiples fauteuils confortables semblaient éparpillés dans la chambre. Cela aurait pu être le salon ou une salle de lecture dans un riche établissement, bien qu’il ne disposait pas des étagères surchargées nécessaires.

Plusieurs hommes en civil étaient positionnés à la périphérie de la pièce, chacun alerte et prêt d’une manière qui suggérait de gardes embauchés. Mais au plus près de l’entrée se trouvait un homme d’un certain âge, aux cheveux argentés et clairsemés, vêtus de la distincte robe de l’Ordre Fraternel des Magiciens. Il avait autour du coup une chaîne portant le symbole de cette organisation – un œil flamboyant au-dessus d’un livre. La tenue vestimentaire était peu pratique et semblait inconfortable, mais créait une impression.

“Magus Conleth Norweth ?” Demanda Eilish.

Il aurait probablement fait un pas en avant pour serrer la main de l’homme, sauf que le magus dans ce-cas était immobile et semblait mécontent, avec ses mains derrière son dos. Il inclina la tête austèrement.

Eilish se souvint de son ancien mentor et ressentit un certain nombre d’émotions contradictoires, dont l’envie, le dédain, l’indignation et même une petite touche de chagrin. La vérité était qu’il n’avait pas été particulièrement proche de cet homme, mais il avait toujours eu l’impression que toute possibilité de réaliser son potentiel avait été perdue avec la vie du magus. Essayer d’apprendre par lui-même s’était avéré difficile, parfois impossible. Eilish avait conscience qu’un homme comme Norweth faisait partie d’une peu nombreuse élite, suffisamment avertie et assez puissante pour impressionner l’Ordre Fraternel, une organisation aux normes notoirement élevées. Normes, Eilish était peiné à le reconnaître, qu’il ne satisferait jamais.

« Ah, oui. » Eilish s’éclaircit la gorge. « Permettez-moi de me présenter. Eilish Garrity de Corvis. C’est Barl Blackheel. »

Le magus répondit : « Le nom ne signifie rien pour moi. Devrait-il en être autrement ? Votre lettre suggérait que vous êtes familier avec des sujets peu connus. J’aimerais savoir comment vous en êtes arrivé à acquérir ce savoir. Qu’espérez-vous gagner en exigeant cette rencontre ? »

« Exigence ? Cela semble moins sympathique que je ne le pensais, « déclara Eilish

« Compte tenu de l’extorsion de fonds, cela semble approprié », rétorqua Norweth.

Eilish secoua la tête. « Non, ce n’est pas ce que je voulais. J’estimais qu’il était important que vous compreniez que je ne suis pas ignorant de certaines choses, pour nous permettre d’éviter certaines fuites. Je ne suis pas une menace. Je suis très désavantagé comme vous le comprenez, j’en suis sûr. »

Norweth ne céda pas. « Tout en vous est suspect, et le fait que vous parliez de choses que vous ne devriez pas ne contribue en rien à améliorer la situation. Je ne sais pas ce que vous attendiez de moi en venant ici, ni qui vous servez vraiment, mais vous ne m’amènerez pas si facilement à me confesser. »

« J’espérais éviter ça », dit Eilish. « Je suis ici pour des informations. Informations que je ne trouverai qu’en parlant à un progénésiste. »

Le magus cligna des yeux à ce mot, comme si cela le troublait de l’entendre dire à haute voix.

Eilish continua. « J’ai décidé d’être franc sur mes objectifs dans le but de nous faire gagner du temps. Je sais de source sûre que vous appartenez à cette cabale ou du moins que vous l’avez été. Cela ne sert à rien de le nier. »

« Je le nie ! Tu marches sur un sol dangereux, en prononçant ce nom avec désinvolture. »

Eilish pouvait sentir un changement dans l’air – des picotements dans les cheveux et le cou et une odeur d’ozone, de tempête. Il lui sembla que les yeux de Norweth devinrent vifs et emplis de feu ; il ne faisait aucun doute qu’il ait son pouvoir arcanique à portée de main. C’était peut-être de la panique, mais vu sa réaction, Eilish fut contraint de penser que le magus pourrait être prêt à tuer pour préserver sa réputation, si besoin est. Jetant un coup d’œil à Barl, Eilish remarqua que le pistolier rhulique semblait calme et ne tendait pas la main vers son arme, ce qui était probablement bon. D’un autre côté, cependant, Eilish se demanda si le pistolier était attentif.

Il leva rapidement la main. « Whoa, whoa ! Écoutez, je ne suis pas ici pour lancer des accusations. Je compte sur votre aide. Je recherche des informations difficiles à trouver et j’ai besoin d’un expert. Toute l’affaire restera entre nous. J’ai plusieurs tomes rares, je sais que vous seriez intéressé à posséder. Je recherche un échange mutuellement bénéfique.

Il tapota la sacoche qu’il avait apportée, considérant que le magus et ses gorilles pourraient bien décider de l’assassiner et de voler les livres de toutes façons. Il y avait la possibilité très réelle, bien qu’il ait gardé quelques-uns des pus précieux en réserve, dans le cas où il aurait besoin d’embellir l’accord.

« Cela me fascinerait si je m’impliquais dans ce groupe extrêmement peu recommandable », déclara Norweth avec arrogance. En dépit de ses paroles, l’offre d’Eilish sembla avoir eu un impact, la violente tension s’est largement dissipée.

Le magus enchaîna. « Quelles que soient les rumeurs étranges ou les mensonges que vous avez entendus, je n’appartiens pas à cette société. En effet, je ne sais même s’ils existent vraiment. Ils ont peut-être été inventés par les Gardiens de la Porte [Keepers of the Gate] pour exposer les imprudents. J’ai toujours coopéré avec les Gardiens. Si vous êtes à leur service, cette mission est vaine. Toutefois, Études Esotero Editio [Esotero Editio Studies] pourraient être intéressé par les volumes dont vous avez fait mention. Je vous dédommagerais si vous les confiez.

Eilish réfléchit au propos de l’homme, essayant de ne pas trahir qu’il n’avait jamais même entendu parler des autres organisations. Grâce à son mentor, aujourd’hui décédé, il savait que l’Ordre Fraternel était truffé de conjurations secrètes, plus que quiconque ne pouvait surveiller. Chaque fois que trois magiciens se réunissaient pour le dîner, une nouvelle cabale naissait.

Honnêtement, il ne savait pas grand chose sur les progénésistes, c’était seulement des érudits qui rassemblaient des connaissances interdites. Les œuvres qu’ils collectionnaient étaient classées magie noire. Quels que soient leurs objectifs réels, leurs actions étaient considérées comme sinistres et étaient également illégales. Les paroles et la posture de Norweth suggèrent qu’il présumait qu’Eilish travaillait pour un agent de l’Ordre Fraternel, les soi-disant « Gardiens de la Porte [Keepers of the Gate] ». Bien que cela puisse rendre l’homme moins susceptible d’assassiner Eilish, cela n’a pas aidé à le convaincre d’être plus franc.

« Votre mise en garde est compréhensible. Permettez-moi de vous rassurer, je ne suis pas associé ou employé par quiconque au sein de votre ordre. Ils ne me parleraient jamais, je suis un novice autodidacte. » Il n’avait pas besoin de feindre le dégoût quand il utilisait ce terme. « Quant à savoir comment je sais ce que je sais, j’ai été le dernier apprenti de Magus Gilmartin Reed. C’est moi qui ai confirmé qu’il avait été tué par les Seigneurs Gris [Greylords]. »

Norweth fronça les sourcils. « La mort de Reed a été une perte importante. C’était un homme de vision. Je ne savais rien d’un apprenti. »

Le Lieutenant des IFN [BRI] soupira et se gratta derrière l’oreille. « Je ne valais pas la peine d’en parler. Je suis presque certain d’avoir été une déception. Trop arrogant et trop bête pour mon propre bien, comme il l’a dit. »

Cet aveu a provoqué une atténuation de l’expression de l’autre homme, associé avec de l’intérêt. « J’ai essayé de régler les affaires de Reed après sa mort, et je suis allé chercher ses notes, mais je ne les ai jamais trouvées. »

Eilish dit : « Je les ai prises. En enquêtant sur sa mort, j’ai retrouvé ses lettres, ses archives privées. C’est comme ça que j’ai eu connaissance de votre identité. Il a bien sûr utilisé un code, mais j’ai finalement réussi à le casser. Je sais que Magus Reed et vous étiez proches. Je n’en ai parlé à personne, moi non plus. Si cela vous dérange de m’entendre parler des progénésistes, je n’en parlerai plus. Mais les lettres suggèrent que vous et mon mentor partagiez de profondes croyances sur l’acquisition sans entrave de connaissances mystiques. C’est quelque chose qui j’apprécie aussi. La vie et celle de mes amis peuvent en dépendre. »

Eilish attrapa la sacoche à son côté, ce qui incita immédiatement ceux qui se trouvaient à la périphérie à se tendre et à s’emparer de leurs armes. Il leva la main pour les prévenir et se déplaça lentement pour qu’ils puissent voir clairement ce qu’il faisait. Il retira plusieurs vieux parchemins pliés et les tendit au magus.

Il dit : « Une de vos lettres, pour que vous voyiez que je dis la vérité. Reed les cachait bien. Si je vous voulais du mal, j’aurais pu apporter cette information à votre quartier général à Ceryl. Je n’aurais certainement pas accepté de vous rencontrer ici à vos conditions. Seul. »

« Je suis juste là, tu sais », murmura Barl, mais Eilish l’ignora.

« J’ai trouvé ces lettres il y a des années, mais je n’en avais pas besoin à l’époque. Vous le saviez peut-être pas, mais je garde vos secrets depuis tout ce temps. Vous pouvez me faire confiance pour être discret. »

Norweth fonça les sourcils et après une pause, répondit : « J’accepte votre affirmation selon laquelle vous avez été formé par Reed. Expliquez-moi pourquoi vous êtes ici. Que cherchez-vous ? »

Eilish prit une respiration, réfléchissant depuis longtemps à la façon dont il aborderait ce moment. Il avait beaucoup à dire, à demander, mais il était conscient qu’il devait en venir rapidement au fait. « J’ai atteint les limites de ce que je peux faire moi-même, autodidacte. J’ai cherché d’autres connaissances utiles, en essayant d’élargir mon savoir, ma maîtrise. Cela a été difficile, comme vous pouvez l’imaginer. Mais je n’ai pas laissé cela me décourager. J’ai localisé des textes et des connaissances anciennes difficiles à trouver. J’ai visité des bibliothèques où des secrets furent dissimulés. J’ai fait de grand progrès après être allé à Elsinberg. Là, j’ai eu accès au troisième volume du Libro Aeterna Noctem. »

Norweth réagit au nom comme Eilish l’avait espéré. « Un volume extrêmement rare. »

« J’ai besoin de lires les autres de cette série. Je pense qu’ils pourraient m’aider à franchir le pas vers à un nouveau seuil de potentiel. Votre correspondance m’a permis de comprendre que vous êtes un collectionneur de cette série et que vous avez peut-être un ou plusieurs de ces volumes ? J’échangerais les tomes que j’ai nommés dans la lettre que je vous ai adressée contre le droit d’accès à ces livres. Je ne m’attendrais pas à ce que vous vous en sépariez pas. »

« Ce que vous proposez est un échange raisonnable, très en ma faveur. Je pourrais normalement suspecte que quelque chose ne va pas, car vous n’êtes clairement pas un imbécile. »

Eilish répondit : « Seules les connaissances comptent pour moi. Je n’ai aucun intérêt à essayer de rassembler une collection privée. Je n’aurais nulle part où garder de telles choses en sécurité, mais j’ai une mémoire extrêmement bonne. Je retiens ce que j’ai lu. »

« Une compétence utile », permit Norweth. « Puis-je voir ce que vous offrez, pour vérifier sil est authentique ? »

Il tendit tune main dans l’expectative.

Eilish défit la sacoche qu’il portait, et retira de l’intérieur un tome relié en cuir, hésitant légèrement avait de lui remettre. Sa surface était tachée de foncée, presque noire, et sur sa reliure figuraient plusieurs formes runiques inhabituelles en argent. Eilish dit : » j’en ai plusieurs autres que vous apprécieriez. Je ne les ai pas tous apportés avec moi, juste au cas où, mais ils seraient aussi à vous si nous parvenions à un arrangement.

Le mage s’empara du volume avec respect, presque avec révérence, et lui donna un coup d’œil rapide mais expert. Il l’inspecta sous tous les angles, puis l’ouvrit avec précaution et feuilleta plusieurs pages.

« C’est l’authentique objet. J’aimerais beaucoup l’ajouter à ma collection, mais il y a une complication. »

Intérieurement, Eilish gémit. Bien sûr, une complication. Il se racla la gorge. « Et c’est ? »
« La triste réalité, c’est que j’ai récemment été victime d’un cambriolage. Heureusement, sa portée a été limitée. J’ai fait restauré plusieurs tomes plus anciens par un expert de confiance, et ils ont disparu pendant le transport. Je n’ai encore aucune piste. Donc, pour le moment, je ne peux pas satisfaire votre demande. »

Le Lieutenant des IFN [BRI] a foncé les sourcils. Il avait entrepris un travail si minutieux pour mettre cela en branle, pour entraîner ce mage dans une conversation potentiellement compromettante. Il ne s’était jamais imaginé que Norweth n’aurait peut-être pas accès aux livres qu’il cherchait.

« Volé ? Une coïncidence malheureuse qu’ils disparaissent au moment où je les recherche. » Il se sentait de plus en plus paranoïaque depuis les mésaventures qu’ils ont vécues en Llael, bien qu’il ait compris que le monde n’était pas vraiment contre lui. Dernièrement, c’est comme si c’était le cas.

Norweth écarta ses mains. « Telle est la vie en tant qu’explorateur des plus grands mystères. Les coïncidences étranges abondent. »

Son ton était pour le moins condescendant lorsqu’il ajouta : « En vérité, il y a eu plusieurs vols récents d’importantes œuvres dans des bibliothèques privées de la région. Je dois admettre qu’en acceptant de vous rencontrer, j’ai pensé que vous étiez peut-être impliqué. C’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai accepté votre invitation à discuter. »

Eilish acquiesça. « Une suspicion compréhensible. Je me suis donné beaucoup de mal pour trouver de telles connaissances cachées, mais jamais au point de faire des raids dans des bibliothèques privées. Je vous assure que je suis meilleur pour résoudre les crimes que pour les perpétuer. En fait, je peux peut-être vous aider à cet égard. J’ai étudié la médecine légale à l’Université de Corvis. Si je devais aller au fond des choses et restaurer vos œuvres volées, m’en voudriez-vous de les lire avant qu’elles ne soient rendues ? »

« Je ne vois pas comment je pourrais vous en empêcher », dit Norweth, « même si j’apprécierais indubitablement le retour de ces livres. Ils sont inestimables. »

« Avez-vous des informations sur ces récents autres vols ? S’ils sont dans la même zone, il semble probable que le même coupable soit impliqué. »

Norweth réfléchit, les sourcils froncés. « Je n’ai rien entendu qui suggère des points communs. Il s’agissait de volumes très différents dans différentes collections. Vous donner des détails peut mettre en danger certaines parties, des individus qui ont de bonnes raisons de demeurer discret. »

« Alors, il y a peut-être un point commun que vous avez négligé ? Je suis formé et compétent dans ces domaines. Je peux m’efforcer de garder les secrets nécessaires, ce faisant. Je n’aurais peut-être pas besoin de ces détails pour résoudre le problème. »

Norveth fut finalement persuadé de répondre aux questions d’Eilish. Il n’a pas fallu longtemps à Eilish pour déterminer la probabilité que tous les livres volés soient des livres récemment acquis par leurs propriétaires, les circonstances laissant penser qu’ils pourraient résulter de la même vente – une vente aux enchères de la bibliothèque privée d’un collègue récemment décédé. Alors que les tomes n’étaient pas liés les uns aux autres, ils faisaient autrefois partie de la même collection. Cela suggérait que le voleur avait accès à des documents retraçant la vente de cette collection. Norweth a, dans un premier temps, hésité à nommer ses paires ayant participé à la vente aux enchères, ceux n’ayant pas encore été cambriolés, à sa connaissance.

« Si on apprenait que je vous ai confié ces informations, ma vie serait en danger. » Malgré ses paroles, Norweth ne semblait pas effrayé. Eilish soupçonna le magicien d’être assez puissant pour se prendre en charge et était plus préoccupé par sa propre réputation que par sa vie.

« J’ai mes propres raison de na pas parler », déclara Eilish. « Je promets que personne ne saura que vous avez participé. »

« Alors, il y a peut-être un point commun que vous avez négligé ? Je suis formé et compétent dans ces domaines. Je peux m’efforcer de garder les secrets nécessaires, ce faisant. Je n’aurais peut-être pas besoin de ces détails pour résoudre le problème. »

Norweth baissa la voix. « Sachez que, si vous ne respectez pas votre parole, je dirigerai les ressources de l’ordre à votre douloureuse destruction. »

Une terrible menace, en effet. Eilish ressentit que le magicien obéissait à son sens du décorum et à ses obligations envers les autres membres de sa fraternité. On s’attendait, de la part de quelqu’un dans sa position, à un certain degré d’hostilité de la part d’une personne dans sa position ? Mais il désirait ardemment les livres qu’Eilish avait agités devant lui.

« Soyons clair », dit Barl de manière inattendue, s’adressant au magus pour la première fois. « Je ne suis qu’un mercenaire. Je n’ai rien à voir avec personne. »

« Ma colère éclatera et prendra fin avec Eilish Garrity, tant que vous ne vous mettez pas en travers de mon chemin », déclara Norweth pour rassurer le nain, qui hocha la tête avec contentement.

« Merci », marmonna Eilish.

« Ce que je sais », dit finalement Norweth. « J’ai un collègue qui vit au sein d’un domaine, dans les collines par-delà Carre Dova. Il s’appelle Upton Waller et il est un collectionneur de manuscrits rares, un homme d’une grande expertise dans les connaissances occultes. Il a effectué plusieurs coûteux achats lors de la vente aux enchères en question. Je n’ai entendu parler d’aucun événement fâcheux qui lui serait arrivé, ni à lui, ni à sa demeure. Il est probablement le prochain. »

« Il y a une chance qu’il soit probablement celui qui se cache derrière ces vols ?

« Je ne peux pas exclure la possibilité », déclara Norweth avec un froncement de sourcils, « bien que je la trouve peu probable. Waller est un vieil homme inoffensif et malade, et il compte beaucoup sur la bonne volonté de notre ordre. Je ne pense pas qu’il se livrerait à une telle imprudence. »

« D’accord, je vais vérifier. Y aurait-il un meilleur endroit pour vous joindre après ? Ou dois-je retrouver ce bateau ? »

« Je serai à Cinq-Doigts [Five Fingers]. » Norweth se dirigea vers le petit bureau voisin et griffonna quelque chose sur un bout de papier. Il le plia et le tendit à Eilish. « Allez à la Taverne Velvet Coach [Velvet Coach Tavern] sur l’Île du Taureau [Bull’s Island] et donnez ça à n’importe quel barman. »

Davantage de magouilles, se dit Eilish. Il accepta le papier plié et le rangea. Le voyage a Carre Dova prendrait beaucoup de temps, un temps qu’il ne voulait pas perdre. Il avait espéré revenir à Corvis avant que son absence ne soit constatée, mais il semblait toujours y avoir des complications. Il ne savait pas combien de temps il pourrait garder les autres dans l’ignorance de ce qu’il faisait. Mais il s’était résigné à de telles nécessités, étant donné le tournant que ses recherches arcaniques avaient pris. C’était une voie sombre et perfide, et il semblait trop tard pour faire demi-tour maintenant.

* * *

Puisqu’ils devaient se rendre à Cinq-Doigts [Five Fingers], Eilish satisfit à Barl et le laisser gaspiller de l’argent aux tables de cartes pendant qu’ils descendaient le fleuve. Il n’avait jamais vu le nain aussi joyeux que lorsqu’il jouait, et il se révéla être un assez bon requin aux cartes. Eilish vit plusieurs occasions d’exploiter la situation pour gagner un avantage en aidant subtilement le nain à table, mais il résista à la situation. Il décida qu’il valait mieux qu’il ne fasse rien pour attirer la colère des vigilants chefs de fosse rodant à proximité. Il estimait qu’il valait mieux éviter de leur offrir une excuse pour les balancer au fleuve. De plus, Barl se débrouillait assez bien sans tricher.

C’est entre les parties, en prenant une pause au bar, que Barl devint plus sociable. Il posa la question à Eilish : « Pourquoi ces livres t’intéressent-ils tant ? Cela semble fastidieux ? »

« Ça l’est. Mais c’est le seul moyen devenir plus fort. »

« Tu veux dire plus puissant ? Tu sembles bien te débrouiller. Tu ne me vois pas courir après des pistolets de plus en plus gros. Travaille avec ce que tu as, je te dis. »

Eilish lui adressa un sourire sardonique. « Je me souviens que tu avais des pistolets mono coup. Nous avons dépensé un beau paquet d’argent pour ces doubles canons personnalisés. Tu cherchais mieux. Un moyen d’améliorer ton jeu. Tu as maintenant un coup de plus dans chacun avant de recharger, ce qui te permet de différer le rechargement de quelques secondes de plus. Ce genre d’avantage pourrait te sauver la vie. C’est probablement le cas. »

« Ce n’est pas la même chose », répondit Barl en agitant la main avec mépris.

« Je pense que ce l’est. Tu comptes sur tes pistolets pour gagner ta vie. Tu as le meilleur que tu pouvais trouver, tu as les moyens de les entretenir et conserver une longueur d’avance. La magie que j’ai pratiquée toute ma vie, c’est surtout des tours de salon. Un magus comme Norweth me balaierait comme un fétu de paille. Il s’agit de ce que je connais. Et pour le moment, pas assez. »

Après avoir réfléchi à cela, Barl a dit : « Je comprends ce que tu veux, mais mes meilleurs pistolets ne demandaient que de dépenser un peu plus d’argent chez un armurier. Tu essayes de trouver un raccourci et de prendre des risques supplémentaires. Il y a une raison pour laquelle tu ne voulais pas que Colbie ou les autres sachent ce que tu faisais et pourquoi je suis ici. Tous ces gars à qui tu as parlé sont louches et veulent te rencontrer dans des endroits étranges. Il est clair que nous cherchons quelque chose de dangereux. »

Eilish ressentit un pincement au cœur quand les mots de Barl touchèrent un corde sensible. « Tu n’as pas tort. C’est un raccourci et il y a du danger. Mais c’est la seule façon pour moi d’y arriver. J’ai du retard à rattraper. Je suis ne suis pas membre d’un groupe exclusif comme l’Ordre Fraternel. Je suis trop vieux pour le faire lentement et en toute sécurité. Cette porte s’est formée à la seconde ou les Seigneurs Gris ont assassiné mon ancien professeur. »

« Mon pouvoir m’a permis de me débrouiller, mais je ne peux pas compter dessus. Tu n’étais pas avec nous en Llael. Tu ne sais pas ce à quoi nous devions faire face. Les cryxiens ne déconnent pas. Si je dois faire ma part pour garder les autres en sécurité – Colbie, Milo, Gardek, Candice, Pog, même Gardek – Je dois améliorer mon jeu. Je ne peux pas m’en sortir avec des tours de salon. C’est un risque, mais je dois le prendre. Salir mes mains. »

Après avoir écouté ce long monologue, Barl retrouva le sourire. « Je peux comprendre que tu aies besoin de te salir les mains. Ce ne sont pas mes affaires, de toute façon. Je me demandais juste, puisque toi et Colbie avez toujours semblé proches. Une bonne équipe. Je suis surpris que tu lui caches des trucs aussi gros.

« Il y a de choses qu’elle n’a pas besoin de savoir », dit Eilish, réalisant que Barl n’était pas le seul qu’il essayait de convaincre. Il voulait le pouvoir de sauver ses amis, mais ce n’était pas l’entière vérité. Il avait perdu son avantage, ce qu’il avait que personne d’autre n’avait. Après ce qui c’était passé au Llael, il se sentait vide, comme un imposteur. Il y avait brièvement touché le vrai pouvoir. Cela lui avait fait comprendre à quel point il était petit, à quel point il savait peu de choses. Il ne voulait plus jamais ressentir ça. Sans un avantage, il pourrait tout aussi bien être oublié à jamais.

* * *
« Modifié: 05 juillet 2019 à 17:07:33 par elric »
Citation de: Maître Yoda
Trop gentil tu seras, dans le côté obscur tu l'auras.

Si vous constatez des fautes d'orthographe et/ou de conjugaison, des phrases à remanier pour une meilleur compréhension.
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Re : PP Insider - Le Prix à Payer
« Réponse #1 le: 29 juin 2019 à 01:02:44 »
« Tais-toi et reste couché », souffla Eilish. « Quelqu’un est arrivé en premier. »

Il attira l’attention de Barl sur l’une des fenêtres du premier étage sur le côté de la maison, une fenêtre qui semblait entrouverte. C’était le crépuscule, et la lumière s’estompait, mais Eilish pouvait voir que la fenêtre était brisée, captant quelques reflets révélateurs du sol à proximité. Barl acquiesça, dégainant un de ses pistolets alors qu’ils s’approchaient. Ils cherchaient à se tenir à l’abri des haies bordant le chemin et de plusieurs entretenus le long du côté de la maison.

Ils s’étaient rendus sans encombre dans le domaine Waller, près de Carre Dova, en louant des chevaux dans une écurie à la périphérie de Cinq-Doigts [Five Fingers]. Ils n’avaient vu ni le magus, ni aucun de ses gorilles pendant le reste de la descente du fleuve ni au sein même de la ville. Eilish avait été obligé de faire face à un pistolet à louer quelque peu grincheux et malheureux ; Barl avait appris qu’ils ne passeraient pas le moindre moment à Cinq-Doigts [Five Fingers], ce qu’il considérait comme une opportunité presque criminellement gâchée. Il était vrai que la ville était réputée pour ses divers divertissements, étant un lieu de prédilection pour les permissions à terre à la fois Pour la Marine Ordique et Cygnaréenne, ainsi que pour d’innombrables corsaires et pirates peu recommandables et un nombre égal de mercenaires. Sachant à quel point il serait facile de se laisser distraire par l’attrait de la ville, Eilish avait insisté pour qu’il se rende directement des quais orientaux à la route nord menant à Carre Dova. Il craignait déjà qu’ils n’arrivent à la propriété après qu’elle eut été cambriolée.

Maintenant, il semblait que ses craintes pouvaient s’avérer fondées, bien qu’il y ait eu des signes indiquant qu’il s’agissait probablement d’une évolution récente. Il avait remarqué une lueur vacillante derrière l’une des fenêtres de l’étage supérieur, ce qu’il considérait être le fait de l’un des habitants de la maison. Il avait également vu un filet de fumée s’échapper de l’une des cheminées, ainsi qu’un certain nombre d’autres subtils indicent suggérant un semblant d’occupation normale.

La puanteur nauséabonde de quelque chose de putride et d’immonde était le seul avertissement qu’il y avait plusieurs morts-vivants avant qu’ils ne se précipitent sur lui depuis l’arrière de la maison.

Même à la lumière déclinante, il n’y avait pas à se méprendre sur les formes, avec leur chair en décomposition, leurs bouches béantes et des éclats de malveillance rougeoyante dans les orbites de leurs yeux autrement vide. Une des figures squelettiques brandissait une épée longue dentelée dans ses deux mains osseuses et avançait avec empressement, évoquant un objectif et une menace plus importantes.

Barl immédiatement leva un pistolet, mais Eilish fit un geste tranchant avec sa main pour l’arrêter, craignant que la détonation n’alarme le nécromancien qui se trouvait clairement à l’intérieur. Il ne pouvait que présumer que quiconque était entré par effraction dans la propriété avait laissé ces créatures pour empêcher d’être interrompu.

Agissant plus par instinct que par la pensée, Eilish rassembla son pouvoir intérieur et atteignit mentalement les nécroserfs [thralls]. Plutôt que de faire appel à des runes capables de libérer de projectiles d’énergie pour les transpercer, il se souvint de la sensation qu’il avait ressentie lorsqu’il avait été contraint de faire à la puissance des couronnes de l’Anneau Noir [Black Ring’s crowns] en Umbrie [Umbrey]. Ils s’est rappelé à quel point cette énergie l’avait traversé, à quel point cela lui était différent d’utiliser ses propres dons innés. C’était comme s’en prendre au pouvoir, s’inspirer des courant sombres et froids qui l’attendaient dans la chair morte qui frissonnait dans son sang et ses os.

L’énergie verte coulait de lui jusqu’aux nécroserfs [thralls], et il haleta en sentant à nouveau cet étrange pouvoir. C’était comme plonger son visage dans un ruisseau glacé et il pouvait sentir quelque chose de ténébreux se faufiler le long de ces flux comme des vers tremblants. Il a réprimé cette sensation avec les dents serrées et les nécroserfs [thralls] se sont soudainement figés, maintenus par sa volonté. C’était une exaltante mais terrifiante sensation. Il entendit Barl haleter, mais était tellement préoccupé qu’il ne remarqua pas d’autres sons venant de derrière eux, jusqu’à ce qu’une voix rude se fasse entendre.

« Nécromancien ! »

Eilish se retourna et enregistra plusieurs personnages masqués qui approchaient rapidement, y compris le visage férocement renfrogné de l’homme qui avait crié le terme. Il avait à peine compris cela quand Barl le frappa sur le côté, juste au moment où une balle sifflait près de sa tête. Elle s’est éclatée dans un arbre proche. Barl avait déjà sorti ses pistolets et ripostait. Il passa devant Eilish, gardant le silence et cherchant labri partiel offert par l’angle de la maison. Cela le contraignit à s’approcher des nécroserfs [thralls] mais, vu qu’ils étaient figés, il sembla accepter la moindre menace par rapport à celle d’être abattu.

Le Lieutenant des IFN [BRI] aurait probablement dû le suivre, mais au lieu de cela, il appuya son dos contre l’arbre et tenta de rassembler ses pensées. Être bousculé n’avait pas perturbé son emprise sur la magie qui avait figé les nécroserfs [thralls], et il n’avait pas plus tôt pensé au péril des tireurs lorsque les morts-vivants se sont remis en mouvement, se dirigeant cette fois vers les tireurs.

« Vos magies profanes ne vous seront d’aucun secours ! », gronda l’orateur. Eilish jeta un coup d’œil par-dessus l’arbre pour remarquer une fleur de feu s’échapper des mains de l’homme ainsi qu’un cercle de runes autour de ses poignets, traversants des plus frêles nécroserfs [thralls], le troisième étant abattu par les autres. Cependant, le mort-vivant le plus rapide, celui avec l’épée, réussi à s’approcher d’un des tireurs et enfonça profondément la lame dans son flanc. L’homme poussa un cri de suffocation et bascula. Le nécroserfs [thralls] à l’épée réussi à blesser un autre des hommes armés avant que le feu ne le consume également.

Des balles ont déchiqueté l’écorce de l’arbre d’Eilish et de la pierre taillée de l’immeuble derrière lequel Barl s’était caché. Le pistolier [pistoleer] choisi soigneusement son moment et se pencha pour plusieurs tirs experts, chacun d’eux envoyant un homme s’écrouler ou chuter à terre. Le dernier se prit un feu arcanique à l’épaule et il se renversa. Eilish leva la main et puisa en lui pour tirer sur l’homme un projectile arcanique rougeoyant, frappant près de sa taille – il broncha et trébucha sur le bord d’un bas mur de soutènement derrière lui.

Eilish ne remarqua ni de mouvement immédiat ou de riposte, il prit donc le risque de se précipiter hors de sa couverture, tirant son épée pour se rapprocher de l’homme tombé. Il utilisa sa magie pour se protéger du danger quand il se rapprocha, sachant très bien à quel point même un sorcier blessé pouvait être dangereux.

L’adversaire saignait, mais se releva et Eilish claqua le plat de sa lame contre la tête de l’homme, l’assommant à nouveau. Barl avait également progressé. Il leva un de ses pistolets à double canon pour l’achever, mais Eilish se mit en travers de son chemin. « Attends ! Ne le tue pas ! »

« Il allait te tuer. Cela semble un juste retour des choses », grogna Barl, comme si ses sentiments étaient blessés.

« Garde un œil sur les autres », dit Eilish en jetant un œil à travers les arbres qui entourent le domaine. Le ciel s’assombrissait de plus en plus à mesure que les dernières lueurs du jour s’estompe. Il se pencha pour inspecter le magicien abattu, fronçant les sourcils quand il remarqua le petit symbole représentant un œil et un livre cousu dans le tissu à ses épaules. « Ils étaient avec l’Ordre Fraternel [Fraternal Order]. Qu’Urcaen les accepte. »

Jurant bruyamment, il déchira le manteau de l’homme et chercha stopper le saignement sur sa poitrine. Le magicien respirait toujours, bien que ce soit laborieux. Au cours du processus, Eilish découvrit que l’attaquant portait une large chevalière gravée d’un sceau représentant une herse barrée entourée d’un cercle et d’une série de runes mystiques symboliques.

Barl regarda en fronçant les sourcils, puis demanda : « Envoyé par celui que nous avons rencontré sur le bateau ? »

« Je ne pense pas. Ce sont probablement les Gardiens de la Porte [Keepers of the Gate] susmentionnés. Il montra la chevalière. « Détectives de l’Ordre Fraternel. Les équivalents des Illuminés [Illuminated Ones]. Je ne tiens vraiment pas à ce qu’ils me poursuivent. »

« Alors nous devrions achever celui-ci, tu ne penses pas ? » Barl fit un geste avec son pistolet.

« Non, le tuer ne fera qu’en attirer plus. Je doute qu’il m’ait bien vu et je ne pense pas que nous avons été suivis. Ils provenaient déjà d’ici. Nous ferions mieux de l’abandonner et d’espérer qu’il vive. Une fois à nouveau debout, il pourrait essayer de nous traquer. »

Barl baissa son pistoler pour pointer le mollet gauche de l’homme, puis pressa calmement la gâchette. Il y eu une autre explosion et la balle plongea dans sa jambe

« Hey ! » Cria Eilish, trop tard. Du sang commença à couler à travers le pantalon du magicien blessé.

Barl le regarda calmement. « Cela devrait le ralentir. »

« Thamar t’accepte ! » Eilish employa son épée pour couper une bande de tissu du manteau et entreprit de panser la jambe également. « Tu sais qu’un homme peut mourir d’une perte de sang. »

« Il va probablement vivre. Nous ferions mieux de foutre le camp d’ici, juste au cas où. »

« Eilish serra le tissu ensanglanté qu’il nouait. « Pas avant d’être entrés et d’avoir trouvé le livre. On ferait mieux de faire vite. S’il y a vraiment un nécromancien, il aura entendu tous les coups de feu. »

« Barl haussa les épaules tout en rechangeant son pistolet et dit : « Ce sont tes funérailles. Passe devant. Je vais te couvrir ».

* * *

Ils ont grimpé à la même fenêtre brisée, celle que le premier intrus avait probablement utilisée, avec Eilish en tête et essayant d’être à la fois silencieux et alerte. Il se dit que le chahut des coups de feu à l’extérieur aurait pu effrayer le prétendu cambrioleur de livres et présumé nécromancien, qui ne voudrait certainement pas de problèmes supplémentaires. Il eut un moment d’espoir en imaginant un occultiste surpris, laissant tomber tous les ivres qu’il avait soigneusement rassemblés en sautant par une autre fenêtre et en s’enfuyant dans la nuit. Cela aurait été idéal, bien que la chance d’Eilish n’ait jamais été aussi bonne.

Lorsqu’ils atteignirent l’escalier principal menant au deuxième étage, ils entendirent des tambourinements et des grands bruits venant de l’étage supérieur. L’oreille experte d’Eilish perçut le bruit de ce qui devait être une étagère en train d’être renversées et tous ses volumes tomber sur un plancher recouvert de moquettes. C’était un son qu’il avait entendu auparavant – pendant l’une des rages périodiques de son ancien maître. Il pinça les lèvres et fronça les sourcils, n’approuvant jamais l’outrage de livres.

Au sommet de l’escalier, un autre nécroserf [thrall] tituba vers eux, celui-ci portait les vêtements d’un domestique, Eilish s’occupa de lui avec une nouvelle rafale d’énergie arcanique, ne prenant pas la peine d’essayer le tour qu’il avait réussi avec ceux de l’extérieur. D’après ses lectures, il avait le pressentiment que ça ne marcherait pas avec les morts-vivants à proximité de leur maître. En premier lieu, s’il pouvait même le reproduire à nouveau de manière fiable.

Étant donné le bruit et les signes de tapages, il était évident de dire où ils devaient se rendre. Juste au bout du couloir, il y avait une série de doubles portes qui avaient fracassé. Eilish s’approcha prudemment, se glissant le long du mur afin de rester invisible. Barl suivait non loin derrière, un pistolet dans chaque main.

En regardant à l’intérieur, Eilish remarque une bibliothèque à moitié détruite ; plusieurs bibliothèques avaient été renversées, et le sol était jonché de volumes. Surplombant, une femme étonnamment jeune aux cheveux noirs avec une grande épée noircie presque aussi grande quelle accrochée à son épaule. A coté d’elle, il y avait au moins trois autres nécroserfs [thralls] en armure patchwork, un avec une épée, un autre avec une hache, et un troisième avec une hallebarde. La femme feuilletait avec impatience un livre qu’elle avait pris sur une étagère à proximité avant de le jeter de côté avec un grognement. Elle murmurait à elle-même comme si elle se disputait avec quelqu’un qu’Eilish ne pouvait pas voir. Il remarqua un autre nécroserf [thrall] moins impressionnant se tenant non loin d’elle, voûté par le fardeau qu’il portait : cela semblait être un grand havresac suspendu à son dos, remplis de livres et de parchemins.

Eilish sentit sa bouche se dessécher en même temps que la peur l’envahissait. Il ne l’avait jamais vue auparavant, mais toute personne ayant vécu à Corvis durant les huit dernières années n’aurait pas manqué de reconnaître la nièce du prélat morrowéen, Alexia et qui avait convoqué une armée de morts. Elle aurait assassiné tous les Illuminés [Illuminated One] envoyés après elle et aurait tué et réanimé d’innombrables autres. C’était une nécromancienne, disait-on. Mais plus encore, c’était une foutue menace qui brandissait un artefact impie, une arme réputée pour particulièrement savourer le massacre des arcanistes et le vole de leur âme.

« Recule », murmura-t-il doucement mais vivement, faisant signe à Barl de reculer.

Avant que le nain puisse faire un pas, une voix féminine autoritaire en provenance de la pièce dit : « Je sais que vous êtes là, Venez ici tout de suite ! »

Il hésita et envisagea de foutre le camp, mais un large panache d’un feu verdoyant s’écrasa contre le mur juste à sa gauche, créant un trou assez important qui continuait à brûler.

Barl serra les dents et, de par sa posture, sembla vouloir se précipiter à l’intérieur, les pistolets en avant. Eilish tendit la main pour l’anticiper.

« Range-les », murmura-t-il, rengainant sa propre épée. Son cœur battait la chamade ; il devait combattre l’envie de paniquer. Il essaya de rester calme. « Nous ne faisons pas le poids. »

Il leva les mains pour montrer qu’il était inoffensif en entrant prudemment dans la pièce. Après un moment d’hésitation, Barl rangea ses pistolets et suivit.

Alexia le regarda avec une évidente curiosité, la tête penchée sur le côté. Il y avait quelque chose de troublant dans ses yeux. Elle dit : « Vous n’êtes pas mes chasseurs. Ou l’êtes-vous ? Nouveaux visages. »

« Non, nous ne sommes pas eux », déclara Eilish. « Je ne vous veux aucun mal. »

« J’ai abattu plusieurs de tes chasseurs dehors », ajouta Barl. « On les a probablement tous eux. »

Eilish avait du mal à décoller son regard de l’épée qu’elle portait sur l’épaule, avec ses éléments grotesques gothiques, les visages aux bouches béantes dégorgeant ce qui ressemblait à d’épaisses langues barbelées servant de quillons. La Witchfire. Il y avait quelque chose dans la lame qui chatouillait douloureusement les yeux. Par ses sens mystiques, une énergie sombre et palpable rayonnait de l’artefact, s’infiltrant dans tout ce qui l’entourait. Il pouvait sentir des palpitations le long de ses bras, de son cou et de son visage.

« Pourquoi êtes-vous ici ? » Demanda-t-elle presque négligemment tout en cherchant un autre livre dans une étagère adjacente. Elle feuilleta et son expression s’assombrit, n’aimant clairement pas ce qu’elle avait trouvé.

« Peut-être pour des raisons similaires aux vôtres », déclara Eilish. « Pour la connaissance. Je cherchais certain de ces livres. »

« Les livres sont souvent décevants », dit-elle en jetant de côté celui qu’elle compulsait. Eilish jeta un coup d’œil fasciné sur sa couverture, sur les schémas de ses pages. Il soupçonna qu’il ne l’aura pas trouvé aussi inutile qu’elle l’avait clairement réalisé. Sa main se tendit involontairement vers lui lorsqu’il tomba sur le sol, s’allongeant avec sa couverture retournée, ses pages froissées. Cela lui paru aussi inquiétant qu’un cadavre étendu aux membres étalés en des angles contre natures.

« Es-tu un magicien ? » Elle s’était retournée vers lui après avoir scruté les étagères voisines, comme si elle le regardait pour la première fois, les yeux fixés sur lui avec une inquiétante intensité.

« Euh, pas exactement », rétorqua Eilish.

Elle fit un mouvement étrangement élégant mais contre nature en haussant les épaules et en se tortillant pour récupérer la Witchfire. Elle était dans ses mains avant qu’il ne puisse cligner des yeux, puis elle traversa l’espace qui les séparait avec le même empressement, s’approchant pour l’affronter, la lame de l’épée reposant maintenant sur l’épaule d’Eilish, son froid tranchant très proche de sa gorge. Il retint son souffle et ses yeux s’écarquillèrent lorsqu’il fut certain d’entendre un chuchotement à son oreille. Puis un étrange bruit résonna dans sa tête et il eut la nette impression que l’épée était affamée. Il n’avait jamais eu aussi peur de sa vie.

« Je . . . je connais un peu de magie », bégaya-t-il.

Du coin de l’œil, il remarqua que Barl s’était reculé et qu’il avait les mains sur les crosses de ses pistolets, mais ils ne les avaient pas encore dégainés. Il était probablement en train de calculer sa probabilité d’inciter Alexia à égorger Eilish.

Elle détourna le regard en disant : « je sais que nous le pourrions. Ce serait du gaspillage. Ce n’est même pas un correct hors d’œuvre. Le tuer serait indigne de nous. »

Ces mots étaient prononcés pour une personne qu’il ne pouvait voir, et ils ont refroidis Eilish. Il soupçonnait que c’était sa vie dont elle discutait. Était-il un trop piètre arcaniste pour mériter d’être sacrifié ? Cela semblait être très certainement ça. C’était difficile de ne pas se sentir insulté.

Alexia demanda : « Comprends-tu la nécromancie ? Comment une âme est transférée d’un endroit à un autre ? »

Quand il secoua la tête, elle ajouta : « L’expertise me manque. Personne ne sembla avoir en avoir une compréhension suffisante. »

Il déglutit et chercha à maîtriser sa langue : « Je connais quelques petites choses, un peu de nécromancie, mais je ne suis pas un expert. J’ai accès à des tomes pouvant être utiles. Et certains des livres inutiles pour vous pourraient m’être utiles. »

Elle continua à le fixer, comme si elle entendait à peine ses paroles. Il se sentait examiné non pas comme une personne mais comme une chose. Il était difficile de na pas imaginer qu’elle feuilletait figurativement ses pages, comme si elle tenait le précédant volume. Son expression suggérait qu’elle le compare de la même manière. Son âme, cependant, pourrait lui être utile, arrachée de sa chair pour renforcer sa magie ou simplement être conservée pour plus tard. C’est ainsi que les nécromanciens expérimentés voyaient parfois les gens, il le savait : comme de compliquées poches de potentielles ressources.

« Je peux être utile », ajouta Eilish, quelque peu désespéré. « Lecteur rapide, excellent pour trouver les informations clés. » Il s’interrompit et son esprit s’assombrit comme s’il ne pensait qu’à cette lame noire. « Peut-être que je peux vous aider dans votre recherche ici. »

Il fit un geste en direction du nécroserf [thrall] porte livre. « Et j’ai aussi mes propres sources. » Il tapota la sacoche à sa taille pour faire bonne mesure.

Après un moment d’appréciation, elle recula, abaissant la pointe de son épée, perçant le tapis en s’appuyant sur la poignée. « Qu’est-ce que tu possèdes ? »

Il extrait soigneusement un mince petit livre qu’il avait apporté avec lui, un journal d’un des premiers adeptes du Légataire [Scion] Delesle soigneusement recopié. « C’est un ouvrage interdit et sans prix. Ses enseignements ne m’intéressent pas, mais ils pourraient vous être utiles. »

Elle le prix avec un sourcil levé. « Ceux qui m’offrent leur aide uniquement parce qu’ils craignent la mort ne sont pas fiables. J’accepte ton offre, mais tu devrais recevoir quelque chose en retour. Qu’est-ce que tu es venu chercher ? »

Eilish conservait sa retenue. Elle était imprévisible et mentalement instable. Il ne voulait rien qui puisse provoquer sa colère.

« Cela vous dérange-t-il ? » en pointant le nécroserf [thrall] porte livre.
Elle acquiesça de la tête et inspectait déjà le journal qui lui avait été remis. Eilish échangea un bref regard avec Barl puis s’approcha du chargé nécroserf [thrall]. Il lorgnait sans réfléchir, et la vue de la chair en décomposition lui couvrant le visage retourna son estomac alors qu’il s’approcha. Plus il le regardait de près, moins il appréciait la nécromancie. Il parcourut les livres de la sacoche de la créature et, de ses mains tremblantes, récupéré deux des volumes manquant du Libro Aeterna Noctem. Il les lui montra et elle agita la main complaisamment et les rangea, son cœur battant la chamade à tout rompre. Maintenant à lui de vivre assez longtemps que pour les rendre.

Alexia marcha jusqu’au bureau du magicien, déposa le journal avec les pages ouvertes, tout en parcourant plusieurs autres. « Aide-moi avec ça », ordonna-t-elle.

Eilish s’approcha obligeamment, déglutissant nerveusement alors qu’il passait d’un corps qu’il n’avait pas remarqué. C’était la forme vêtue d’un homme âgé, probablement le propriétaire du domaine, Upton Waller. Sa tête était décollée de son cou et ses yeux fixaient le plafond. Une grande flaque de sang s’était accumulée depuis son corps et détrempait plusieurs des livres renversés sur le sol. Essayant de bannir cette vision de son esprit, Eilish se concentra sur les livres se trouvant sur le bureau et ne tarda pas à essayer de penser à tout ce qu’il pourrait dire pour conserver son intérêt. Il essaya d’ignorer sa létalité et de se concentrer sur les questions arcaniques des livres devant elle, chacun lié à des aspects d’un rituel nécromantique supérieur. C’était une singulière collection de savoirs interdits.

« Ce schéma », bégaya Eilish, est récurrent. « Je. . . je pense l’avoir vu dans la marge du journal que je viens de vous remettre. Ici ! » Il feuilleta pour trouver le page et pointa du doigt. « Ces glyphes apparaissent dans plusieurs œuvres. Ils doivent être importants. Celui-ci pourrait représenter l’essence spirituelle et son transfert. »

« Hmm », prononça Alexia, souleva la page pour plisser des yeux devant la minuscule écriture à côtés des symboles. « Non, je suis bien consciente de cela. Quoi ? Non, ce n’est pas bien. Nous avons essayé cela, mais cela pourrait être utile. J’ai une idée. »

Encore une fois, elle semblait parler à une personne autre qu’Eilish ; il était certain qu’elle entendait des voix qu’il ne pouvait percevoir. Quelque chose l’incita à penser qu’elles n’étaient pas imaginaires. La chair de poule parcourra ses bras. Il espérait que les voix ne lui conseillaient pas de le transformer en un nécroserf [thrall].

« Elle se tourna vers lui et dit : « Je n’aurais peut-être pas trouvé ça. Merci. »

Barl piétinait sur place en marmonnant : « Nous devrions sortir d’ici. Cet homme à l’extérieur ne fera pas la sieste éternellement. »

Alexia regarda fixement Eilish et ses yeux se rétrécirent. Il dit d’une façon hésitante : « Ce n’est pas forcement la fin de notre partenariat. Si vous me donnez l’autorisation de partir, je vous promets de vous retrouver. Une fois que j’aurai rassemblé, euh, d’autres volumes intéressant. J’en ai plusieurs autres cachés à la bibliothèque d’Elsinberg. Je serais heureux de vous les prêter. Ils pourraient aider. »

« Elle releva un sourcil et durant un instant, il sentit qu’elle allait l’empaler là où il se tenait. Mais ensuite, elle répondit. « D’accord, je vais te tenir au courant. N’essaie pas de te cacher de moi. J’ai les moyens de te retrouver. »

Son estomac n’était qu’un gouffre de terreur, pourtant il acquiesça agréablement. « J’attends ce jour avec impatience. »
Alors même qu’il se retournait, elle lui dit : « Attends. Une autre chose. »

Maîtrisant son instinct de s’enfuir, il s’arrêta alors qu’elle se dirigeait vers l’une des étagères de l’autre côté de la pièce. Là, elle récupéra quelque chose et revint vers lui. Alors qu’elle s’approchait, il vit qu’elle tenait un crâne humain, orné et gravé de multiples et distinctes runes ornementales.

Il haleta et murmura d’admiration. « Le Coffre d’Ipsortus ! »

Il le reconnut immédiatement d’après les croquis qu’il avait vus. Ipsortus avait été un linguiste et un érudit de Calacia, et on mentionnait que posséder son crâne pouvait conférer un certain nombre de dons, à condition que la volonté de son porteur soit suffisamment forte. D’ailleurs, il était décrit comme un artefact maudit.

Elle lui lança cavalièrement et il s’efforça de l’attraper, trébuchant légèrement. Il réussit à pine à éviter que le laisser tomber et de se briser sur le sol au bord du tapis où il se tenait. Alexia déclara : « J’espérais que cela pourrait m’aider, mais il m’est inutile. Garde-le avec toi ; je peux l’utiliser pour te retrouver. »

Eilish sentit un picotement sur le bout de ses doigts et entre ses mains, une secousse électrique remonta ses bras alors qu’il tenait le crâne. Cela a été suivi par une étrange sensation tout le long de sa peau, et quelque chose comme un bourdonnement dans ses oreilles ou dans son esprit. Le crâne était puissant, et il perçut, il sentit une résonance immédiate en lui. Une chaleur se dégageait sous ses doigts. Avec un enthousiasme croissant, il pensa que cela pourrait simplement être le catalyseur dont il avait besoin.

Alexia sembla se désintéresser de lui et se tourna vers les livres éparpillés sur le bureau. Eilish fit un mouvement de menton à Barl et tous les deux, ils firent une retraite précipitée. Eilish n’avait pas de place pour le crâne dans sa sacoche, alors il l’enveloppa dans une nappe volée d’une petite table à proximité. Une fois à l’extérieur, ils s’assurèrent d’éviter la zone où ils avaient laissé le Gardien de la Porte [Keeper of the Gate] blessé et s’empressèrent de laisser la propriété derrière eux.

* * *

Eilish se trouvait dans l’impossibilité de se détendre avant d’atteindre la banlieue de Carre Dova. La nuit était bel et bien tombée et la ville était sombre et calme. Ils n’avaient rien prononcé depuis leur départ de la demeure ; Eilish était entièrement absorbé par ses pensées.

Alors qu’ils cherchaient une auberge dans les rues calmes, le nain brisa le silence. « Alors, c’était un peu le bordel. Tu l’as bien géré. C’était la fameuse Alexia de la Nuit la Plus Longue [Longuest Night] hein ? Dès que je l’ai reconnue, j’ai cru qu’on était foutus. »

« Nous aurions pu l’être » répondit Eilish. « Avec cette épée entre ses mains, elle aurait pu nous tuer tous les deux. »

« Ce n’était pas juste l’épée, n’est-ce pas ? Elle a sa propre magie. »

Eilish regarda le nain avec estime. « Elle est très puissante. Difficile de dire à quelle part provient de l’épée. Il y a de nombreuse folles rumeurs à ce sujet. »

« Il serait probablement prudent de dire qu’elle a pris des raccourcis ? Si tue me le demande, il ne semble pas que cela lui ait rendu service en termes de stabilité mentale. Elle semblait plus qu’un peu folle. J’en viens à penser que ce n’est pas une coïncidence. »

« Je vois où tu veux en venir », rétorqua Eilish.

Barl leva la main. « D’accord, j’ai pensé que cela valait la peine, et qu’il y avait quelque chose à considérer. Ainsi soit-il. As-tu accompli ce que tu voulais ? Tu as récupéré les livres que le sorcier voulait. »

Eilish baissa les yeux sur le paquet vaguement sphérique entre ses mains. « Oh oui, j’ai eu bien plus que ce que j’aurais pu espérer. »

Il fit une pause puis ajouta doucement : « Bien que je m’attende à ce qu’il y ait un prix à payer. »

« Il y en a souvent avec de telles objets », dit Barl. « Tu es un homme intelligent, dont je suis sûr que ça va aller. Je te recommande, à l’avenir, d’éviter cette femme, si tu le peux. Elle est dangereuse. »

« Je ne pense pas avoir beaucoup de choix à ce sujet. Elle me forcera à tenir ma promesse. »

Barl soupira et ajouta : « Eh bien, toutes choses étant égales par ailleurs, je préférerais que tu me laisses en dehors de ton prochain coup. Je m’en tiendrai à tirer sur des gens normaux. Tu peux garder le reste. Ton Ordre Fraternel et tes gardiens de la porte, et nécromanciens, et autres. Ce genre de chose n’est pas pour moi. »

« Ton contrat n’est pas fini tant que nous ne sommes pas à Corvis, alors tu vas devoir me supporter encore un peu. »

« Stupides contrats. Les clients vous attrapent toujours avec les petits caractères, n’est-ce pas ? » Déclara Barl.

À ces mots, Eilish cligna des yeux et s’aperçut qu’ils résonnaient dans sa tête, compte tenu de sa tournure de pensée récente et du chemin occulte qu’il envisageait d’explorer. « Oui, oui, ils le font ? La négociation de contrat est probablement un art perdu. C’en est un que chaque mercenaire devrait chercher à maîtriser. »

Version VO

« Modifié: 05 juillet 2019 à 17:22:53 par elric »
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Re : PP Insider - Le Prix à Payer
« Réponse #2 le: 05 juillet 2019 à 17:23:22 »
Texte en entier.

Bonne lecture
Citation de: Maître Yoda
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