Dans une ville... :
Des nuages de poudre explosive et de suie provenant des cheminées étouffent les rues. Il fait sombre, le crépuscule artificiel d'un soleil obscurci. L'air brûle pour respirer, grattant la gorge et les poumons.
Dans cette obscurité, des éclats oranges de fusée éclairante et le craquement des fusils se mêlent aux cris de la bataille : défis lancés aux adversaires, hurlements de douleur, cri perçant de monstres invisibles dans le brouillard.
La couverture de fumée, le stress des combats, tout transforme la rue en four. Il n'y a pas d'air pour soulever une brise, juste la chaleur tassée de foules d'hommes et de femmes, la lueur cerise de charbons dans des fours grésillants.
Les bâtiments ont des formes vagues. Certains brillent des incendies intérieurs, des flammes rugissant à travers leurs fenêtres. Du bois brisé s'avance comme des os éclatés des toits et des murs creusés par des obus d'artillerie errants.
Au-delà des rues pavées, il y a ce qui était autrefois un parc. Les arbres brûlent comme des torches, les pelouses bien entretenues rongées par l'avance et la retraite des soldats, par les sabots de la cavalerie lourde et la marche des machines.
Les fontaines transformées en trous de tir temporaires sont tachées de rose des corps flottant dans leurs eaux peu profondes. Des statues de vieux héros et de rois emportés par des coups de feu en de vagues silhouettes de pierre gris-blanc.
Au centre du parc, une grande arche. Construite pour commémorer un événement historique oublié depuis longtemps, garnie de bronze vert patiné. De légères lignes de quelque chose d'organique gâchent le marbre blanc comme du lierre rampant.
Mais ce lierre devient épais et nerveux, des palpitations et des renflements, les veines vivantes de quelque chose d'un autre monde pousse dedans et entre les pierres.
Un alphabet de runes luit le long de ses colonnes, à travers son sommet, si horrible qu'elles sont presque vivantes. Elles se tortillent et se tordent sous l'œil, essayant d'échapper à l'emprise de l'examen. Les regarder trop longtemps fait pleurer les yeux, perce le crâne comme une gueule de bois.
Une lumière cramoisie profonde brille du centre de l'arche, illuminant les environs d'une lueur d'un autre monde. Elle ondule comme un mirage de chaleur sur le désert d'été. Elle remplit l'air d'un gémissement perçant qui fait vibrer les molaires et tourner l'estomac.
De cette lumière, des formes émergent dans le monde. Formes profanes et dégoûtantes de chair blanche caoutchouteuse, serres d'os de jais. Reflets moqueurs de corps humains, aussi malformés que les statues fracturées. Leurs hurlements sont le son des âmes torturées qui demandent la libération.
Les escadrons avancent sur le portail à travers l'herbe gorgée de sang, se mettant à couvert où ils le peuvent. Ils tirent sur la foule croissante de créatures, déchirant leur corps, mais les choses avancent toujours. Ils grandissent en nombre, se glissant dans le monde comme des naissances mal préparées.
Les Trollkin tirent leurs armes surdimensionnées, provoquant une tempête de balles lourdes à tir rapide, des pulvérisations titanesques de chevrotine qui pourraient percer des trous dans un cuirassé. Un troll terrible et hurlant jette un tonneau fumant qui vole momentanément le monde du son.
Encore plus de choses viennent. Ils rampent sur les corps mutilés de leurs morts, se précipitant dans la bataille avec les soldats et les trollkins avec une frénésie de serres et de lames de faux.
La bataille se retourne contre eux. Un warjack a son bras arraché et est jeté de côté pour aplatir un groupe de soldats. La cavalerie est embourbée par les dizaines, des chevaux et des cavaliers hurlent alors qu'ils sont déchirés en toute part.