Auteur Sujet: Pics des Falaises du Tonnerre  (Lu 3619 fois)

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Pics des Falaises du Tonnerre
« le: 25 octobre 2020 à 18:03:18 »
PICS DES FALAISES DU TONNERRE

Par Aeryn Rudel

MERCENAIRES

Depuis les décombres à l’extrémité ouest du ravin, des douzaines de cordes d’arbalètes ont cogné contre leurs arcs avec un claquement sourd et projetèrent un nuage bourdonnant de carreaux rouges. Murgan souleva son bouclier et s’accroupit alors que les carreaux tombaient, protégeant avec peine son corps de deux mètres sous sa surface protectrice. Les projectiles cognèrent contre le bronze martelé mais n’emportèrent personnes.

« Tenaces les bâtards, n’est-ce pas ? » Au genou de Murgan, le Capitaine Vornek Blackheel tapa contre un carreau elfique planté dans la terre à moins de deux centimètres de son pied. « Précis, aussi. » Le capitaine du Haut Bouclier sourit, ses yeux sombres brillent dans l’ombre sous le bouclier de l’ogrun.

Murgan baissa les yeux et grogna d’assentiment. « Oui, ils sont certainement motivés. Mais par Dhunia, que font les iosiens ici ? »

Vornak renifla. « D’après mon expérience, les elfes n’ont pas besoin de beaucoup motivation pour assassiner un non-elfe. Mais nous ne gardons aucune position stratégique. Fort Baram, c’est le trou du cul du monde. »

Vornek avait raison. Fort Baram avait acquis sa réputation auprès du Cartel Seafoge. Les ivrognes, les voleurs et les mécontents qui voulaient éviter l’exil ou l’exécution à Rhul se retrouvaient expédiés à Baram pour exécuter le reste de leurs peines. Ils demeuraient si loin des sentiers battus et n’avait si peu de conséquences pour Rhul et Khador et que le Searforge pensaient que les habitants du fort ne pouvaient pas nuire à la réputation du Cartel.

La forteresse trapue se tenait derrière la ligne naine, au plus profond du côté khadoréen des Pics des Falaises du Tonnerre. Le laissez-passer négociable signifiant que les marchands voyageant de Khador à Fort-Horgen passaient souvent par Fort Baram, qui étaient tenus par trois escouades du Corps des Carabiniers du Haut Bouclier et un guerrier ogrun vieillissant. Les nains étaient chargés de s’assurer que les caravanes du Cartel Searforge passent sans encombre et avaient rarement affaire à quelque chose de plus agressif qu’un marchand grincheux se chamaillant pour le péage de la cargaison. Au moins, cela permettait de passer le temps entre le jeu, les combats et la consommation d’alcool jusqu’au coma éthylique.

Bien que la majeure partie de la garnison de Baram ait été obligée de servir sous les ordres de Vornek Blackheel, un homme capable et bourru, quelques personnes avaient choisi la garnison éloignée. C’était l’endroit où se rendre pour être oublié. Pour Murgan, cependant, c’était aussi un endroit où il pouvait se permettre d’oublier.

Un ogrun vétéran sans korune avait peu de place dans la société naine ou ogrun. Le korune de Murgan avait été tué au combat il y a plus de dix ans. Bien que les événements qui aient conduit à la mort de son maître aient échappé à son contrôle, la survie de Murgan avait été considéré comme un échec monumental de sa part. Il avait peu d’option. On s’attendait à ce qu’il prenne sa retraite, touche une maigre pension et vive le reste de ses jours en méditant sur son échec. Murgan avait plutôt demandé la permission de rester et de servir le Cartel Seaforge. La demande avait été rejetée, mais Murgan avait persisté et le Cartel avait fini par céder – à condition qu’il occupe de son choix. Il avait été affecté (certains diraient « condamné ») à Fort Baram, où il servait le Capitaine Blackheel depuis des années.

Alors qu’il aidait Vornek à lutter contre les nombreux inadaptés à Fort Baram, Murgan avait lentement récupéré une certaine confiance et une certaine estime de soi. Son association avec Vornek ne ressemblait en rien à ce qu’il avait partagé avec son korune, mais il avait développé une relation avec l’imprévisible capitaine du Haut Bouclier qui oscillait entre « ami » et « compagnon de cellule ».

« Je suppose que nous devrions riposter », déclara Vornek. « Non pas que les cinq dernières volées aient fait beaucoup plus que démonter à quel point nous sommes de pauvres tireurs. » Il jeta un coup d’oeil sur les lignes de guerrier nains à sa gauche et à sa droite et se renfrogna à travers sa barbe. « Vous entendez ça, misérable fils de pute ? » Cria-t-il. « Vous ne pourriez pas toucher la partie large du derche de Toruk s’il s’asseyait sur vous ! » Les insultes de Vornek provoquèrent quelques imprécations sans enthousiasme et ce qui ressembla à un épisode de vomissement vigoureux.

« Kurn ? » Demanda Murgan au capitaine. Kurn était l’ivrogne le plus notoire de Fort Baram.

Vornek hocha la tête. « Toujours. Je pense qu’il buvait ce truc qu’on emploie pour nettoyer les résidus de poudres des canons des carabines.

Murgan regarda la ligne de guerriers nains. Chacun était en possession de l’équipement standard du Corps des Carabiniers du Haut Bouclier : plastrons en acier, grèves, gantelets et le solide bouclier rectangulaire qui couvrait son propriétaire de son cou à ses chevilles. L’armement principal du corps consistait en une carabine de guerre lourde à double canon, assez légère pour être maniée à une seule main mais avec suffisamment de puissance pour pénétrer le blindage. Chaque membre du corps des carabiniers portait également une hache de guerre à manche court pour le combat au corps à corps.

Ce n’était des carabiniers ordinaires, cependant, et l’état de délabrement des guerriers du Fort Baram aurait horrifié n’importe quel autre officier supérieur du Haut Bouclier. En fait, plusieurs officiers supérieurs du Haut Bouclier avait demandé au Seaforge de faire expulser toute la garnison de Fort Baram du corps. Ces tentatives avaient échoué – chaque ordre avait besoin d’un endroit pour stocker ses déchets. Pourtant, l’état des guerriers de Baram et de leur équipement était tout simplement déplorable. Des taches de rouille, certaines aussi grandes que le poing de Murgan piquaient l’armure de presque tous les nains, et la plupart des carabines n’avaient pas été correctement nettoyées depuis des mois. Murgan aurait surpris si une seule hache de guerre dans toute la garnison possédait un tranchant assez aiguisé pour couper le pain, sans parler de fendre l’acier. Il sentait la sueur et le vomi âcre des nains les plus proches de lui, et beaucoup d’entre eux vacillaient sous le poids de leur équipement, habitués à un mode de vie sédentaire axé sur les beuveries plutôt que sur la préparation au combat.

Murgan se tenait au centre de la ligne de nain, à côté de Vornek. Deux fois plus grand qu’un guerrier nain, il se détachait de son entourage telle une épée parmi des poignards. Son énorme bouclier rond était aussi large qu’un nain était grand, et son glaive cranté au bout d’une hampe en fer de trois mètres soixante. Son équipement était en bon étant, son bouclier robuste, le tranchant de son glaive affûté comme un fil de rasoir.

« Relever ! » Cria Vornek, et vingt boucliers de combat cognèrent le sol plus ou moins à l’unisson. Les fûts de vingt carabines rhuliques glissèrent dans la large encoche au sommet de chaque bouclier. Cette encoche permettait au guerrier du Haut Bouclier de pointer sa carabine tout en profitant de la protection vitale de son bouclier.

« Feu ! »

Une fusillade assourdissante retenti, et le champ de gravats à l’autre bout du ravin explosa en shrapnel. Alors que la poussière et la fumée se dissipaient, un unique cadavre elfique devint visible, partiellement exposé derrière un petit monticule de gravier.

« Hah ! Nous en avons un ! » Dit Vornek. Puis son ton jubilatoire s’aigrit. « Mais, merde ? Un seul elfe mort en six volées ? À ce rythme, nous en avons pour quinze jours. »

« Nous attendons donc quinze jours », dit Murgan. Il posa son bouclier devant lui, se préparant à l’inévitable volée retour. Le reste des hommes du corps s’installait derrière leur propre bouclier lourd, gémissant, jurant et rechargeant sans enthousiasme leurs carabines. Les quelques nains tombés sous les volées elfiques étaient maintenant traînés derrière la ligne et dans la forteresse.

« Quoi ? » Demanda Vornek, confus.

« Nous les attendons dehors », dit Murgan en montrant son bouclier. Sa surface était éraflée, mais pas un seul carreau elfique ne l’avait pénétré. On pouvait en dire autant de la plupart des boucliers nains. « Leurs arbalètes ne sont pas assez puissantes pour percer nos boucliers, et ils n’ont certainement pas une réserve infinie de carreaux… »

« Mais nous avons assez de poudre et de munitions pour tenir durant des semaines », termina Vornek. Il se mordilla la lèvre inférieure. « Je déteste l’idée de rester ici à ne rien faire. Mais ce n’est pas la pire que j’ai entendue. »

« Un tel éloge », gloussa Murgan. « Mais je ne pense pas que nous devrons tenir longtemps. Cette attaque sent le désespoir, si vous voulez mon avis. Si nous tenons bon, je pense que nous leur forcerons la main. Pour leur faire faire quelque chose d’irréfléchi. »

Les elfes avaient pris position à une centaine de verges des portes de Fort Baram, dans un champ de blocailles dense, où les fortes pluies de l’année dernière avaient provoqué un éboulement. Parce que les caravanes marchandes avaient pu se frayer un chemin, Vornek n’avait pas pris la peine de nettoyer le bazar. Cela avait semblé être une dépense inutile de temps et d’énergie. Malheureusement, les énormes tas de rocher et de débris offraient maintenant aux attaquants iosiens une excellente couverture.

Murgan remarqua un mouvement soudain à l’autre bout du ravin. Deux iosiens avaient émergés de derrière un gros rocher et avancé rapidement. Ils disparurent derrière un monticule de blocaille avant qu’il ne puisse signaler leur position.

« Tu as vu ? Dit Murgan à Vornek.

« Ouais. Ils avaient l’air différents des autres, n’est-ce pas ? » Répondit Vornek.

« Manteaux noirs. Et ils ne portaient pas d’arbalètes. Autre chose. Un fusil peut-être. » Une lueur se reflétant sur une surface métallique où les deux elfes aux manteaux noirs avaient disparu, puis un bourdonnement profond et pénétrant s’éleva de leur position. Murgan fut sur le point de crier un avertissement lorsque qu’un craquement aigu se fit entendre dans le ravin. La tête d’un guerrier nain à sa gauche – une jeune recrue nommée Ulik – éclata comme une pastèque trop mûre et l’éclaboussa de son contenu chaud et rouge. Le cadavre s’inclina vers l’arrière, permettant à l’ogrun de clairement voir le trou à hauteur d’oeil dans le bouclier d’Ulik.

« Tireur embusqué ! » Cria Murgan en se jetant à terre.

Vornek se tenait simplement là, bouche bée, regardant le bouclier troué d’Ulik et la moitié supérieure manquante de sa tête.

« À terre, imbécile ! » Murgan lâcha son glaive et tira le capitaine abasourdi du Haut Bouclier à côté de lui. Les tireurs embusqués tirèrent à nouveau, au moment où Murgan projetait le visage de Vornek dans la poussière. Puis loin sur la ligne, un autre guerrier nain – Murgan ne sut dire qui – se mit à crier. Une autre détonation suivi et les cris cessèrent.

Vornek leva la tête et cracha une bouchée de terre. « À terre ! Maintenant ! » Cria-t-il. Le reste de la ligne n’eut plus besoin d’être encouragé. Le ravin résonna soudainement du cliquetis métallique chaotique de dix-huit guerriers entièrement armurés se jetant face contre terre.
« Tant pis pour l’attente. » Vornek tourna son visage sale vers Murgan. « Ces foutus tireurs embusqués peuvent nous arracher la tête à loisir. »

« Il n’y en a que deux », déclara Murgan. Il avait du mal à s’exprimer avec son visage écrasé sur le sol, mais il faisait une cible si grande qu’il n’osait pas lever la tête. « Nous pourrions nous précipiter sur leur position. »

« Trop tard pour ça. » Le ton de Vornek était grave. « Nos invités aux oreilles pointues ont d’autres idées. »

Tentant le destin, Murgan leva prudemment la tête pour suivre le regard de Vornek. Deux dizaines d’elfes se précipitaient vers eux, leurs longues et fines lames dégainées et scintillantes sous le soleil de l’après midi. Une stupéfiante silhouette en armure blanche les conduisait. Elle tenait son épée nue au-dessus de sa tête alors qu’elle chargeait sans effort sur le sol accidenté du ravin.

Vornek se mit debout en grognant. « Les salauds ont utilisé leurs tireurs embusqués pour donner au reste de leurs soldats le temps de charger », dit-il acide. « Malin. »

Murgan se mit debout et vit la ligne de nains se hisser sur ses pieds, former les rangs et se préparer à répondre à la charge des elfes. Il abaissa bouclier et prit son glaive en main. Le dressant sur son épaule droite comme une lance. Il gratifia Vornek d’un sourire contraint. « Au moins, nous n’aurons pas à attendre. »

Vornek renifla et pointa sa carabine vers les iosiens en approchent. « Oh, excellent. Je suis ravi qu’ils aient décidé d’en finir avec moi. »

CHÂTIMENT DE SCYRAH

Les nains ouvrirent le feu et furent momentanément masqués par l’épaisse fumée qui jaillissaient de leurs carabines. Kaelyssa put presque sentir les minuscules projectiles de métal siffler vers elle. Elle se jeta en avant dans un roulé-boulé, laissant les balles passer inoffensivement par-dessus sa tête. Le plongeon ne ralentit cependant pas son élan vers l’avant, et elle se releva à pas plus d’une douzaine de pas du premier rang des guerriers nains.

Les deux escouades de chasseurs de mage de Kaelyssa chargeaient à ses côtés. Ils étaient bien entraînés, hautement qualifiés et habitués à faire face à des situations difficiles, mais ils n’étaient pas habitués à des combats aussi peu subtils. Sans myrmidons pour percer la ligne naine, elle avait été forcée d’employer ses chasseurs de mage dans un rôle pour lequel ils étaient mal adaptés. Assassins discrets, les chasseurs de mage frappaient en cachette et prenaient leurs cibles à leur insu. Charger sur un terrain découvert contre un adversaire bien armé et préparé allait l’encontre du style de combat qu’ils avaient perfectionné au fil des siècles.

Mais quel choix avaient-ils ?

Les rejetons draconiques étaient juste derrière. Ils les traquaient depuis les portes de la base Klywen, de l’autre côté des Pics des Falaises du Tonnerre, et maintenant ici. La nyss qui les dirigeait s’était révélé être une traqueuse accomplie, et même la considérable habilité de Kaelyssa en matière de déplacement secret n’avait pas suffi à les égarer. Les poursuivants corrompus les avaient rattrapés une fois, et Kaelyssa et ses chasseurs de mages s’étaient retrouvés coincés dans un petit canyon. Cette bataille avait coûté cher. Des rejetons draconiques et des flèches noires avaient tu la moitié de sa force. Elle pouvait sentir le sinistre souvenir de cette bataille brûler sous son armure : une blessure sur le haut de sa causse droite infligée par une lame nyss. Cette blessure lui procurait des douleurs atroces et des vagues d’engourdissement le long de sa jambe à chaque pas. Alors qu’elle fonçait tête baissée dans la bataille, Kaelyssa savait qu’elle n’était pas aussi rapide ou agile qu’elle le devrait, mais elle avait déjà combattu dans des conditions bien pires.

Les nains se tenaient entre elle et la voie la plus rapide vers la base Nyreth, où une légion de Garde de l’Aube attendait. Sans ces renforts vitaux, Kaelyssa savait que la horde de rejetons draconiques assiégeant la base Klywen submergerait la garnison elfique en défense durant la semaine. Elle avait été forcée de laisser tous ses myrmidons derrière elle pour soutenir les défenseurs ; que sa petite force ait échappé au siège et ait réussi à échapper aux rejetons draconiques et les nyss corrompus était presque miraculeux. Elle ne serait pas arrêtée par une dérisoire force naine dans un for en ruine au milieu de nulle part.

Le coeur de Kaelyssa se mit à battre la chamade alors qu’elle et ses chasseurs de mages traversaient la ligne naine. Elle invoqua un linceul de ténèbre. Cela garderait les canons nains à distance jusqu’à ce qu’ils puissent être à portée de frappe. Son objectif était simple, briser et continuer. Elle ne pensait pas que les nains donneraient la chasse. Ils seraient bientôt avoir des rejetons draconiques jusqu’au cou.

Elle avait chargé le centre même de la ligne naine, contre ce qu’elle percevait comme la menace la plus importante. Le guerrier ogrun dominait ses camarades nains, son énorme bouclier rond bosselés et marqué mais intact. Il tenait son glaive, prêt à frapper par-dessus le bord de son bouclier et à repousser sa charge.

Quand elle et ses chasseurs de mage ne furent plus qu’à quelques pas de ligne naine, celle-ci tira à nouveau. À bout portant, le linceul des ténèbres de Kaelyssa n’offrit aucun salut contre la fusillade. Dans sa vision périphérique, elle vit plusieurs chasseurs de mages se faire souffler. Elle eut peu de temps pour s’attarder sur cette perte ; le volume du bouclier du guerrier ogrun se dressait devant elle et la pointe brillante de son glaive s’élançant vers elle. En plus d’être étonnamment rapide pour sa taille et le poids de son armure, l’ogrun avait également près d’un mètre quatre-vingts de portée sur elle. Elle ne ralentit pas, mais rompit son épée Vengeance dans une courte frappe croisée qui fit tomber la hampe du glaive de l’ogrun de travers. Il passa devant son visage, s’embrasant contre le champ d’énergie entourant son énergie, et effleura de manière inoffensive son épaulière gauche.

L’ogrun recula son arme pour une autre frappe. Il était maintenant à portée de frappe, mais il était une muraille presque qu’infranchissable derrière son bouclier, et Kaelyssa n’avait aucune envie de se battre contre un adversaire beaucoup plus grand avec une allonge et une armure supérieures. Au lieu de cela, elle souleva Vengeance au-dessus de sa tête comme pour le frapper. Il leva haut son bouclier pour parer le coup, le mouvement aveuglant momentanément sa vision. C’était l’ouverture dont elle avait besoin. Kaelyssa se ressaisit et bondit en avant, et son pied droit trouva le bord supérieur du bouclier de l’ogrun. Ignorant l’éclair de douleur qui la transperça, elle repoussa avec sa jambe droite et sauta par-dessus sa tête dans un saut acrobatique. À l’apogée du saut, elle abattit Vengeance dans une frappe qui aurait dû lui décoller la tête du corps. Sa jambe affaiblie modifia sa trajectoire de quelques millimètres, assez pour la détourner de son objectif. Au lieu du cou de l’ogrun, Vengeance se planta dans son épaule armurée. La lame enchantée trancha le solide acier et entailla la chair en dessous mais la blessure n’était pas mortelle.

Kaelyssa atterrit derrière l’ogrun dans ce qui aurait dû être une position de combat équilibrée, mais l’atterrissage s’avéra plus que ce que sa jambe blessée pouvait supporter. Au moment de la réception, quelque chose céda et elle sentit un flot de sang couler le long sa sa jambe sous son armure. Son agilité l’empêcha de chuter, mais elle trébucha et enfonça la pointe de Vengeance dans le sol pour se rattraper. La vitesse de l’ogrun la surprit à nouveau alors qu’il se tournait sur lui-même pour amener le poids massif de son grand bouclier vers elle.

Déséquilibrée, Kaelyssa ne put esquiver le coup, et le bord bronzé du bouclier de l’ogrun lui explosa au visage avec la force d’un warjack fou. Son champ d’énergie s’enflamma alors que le bouclier s’y fracassait, mais l’effort qu’elle avait mis dans son attaque l’avait dangereusement épuisé, et la force et l’élan de l’ogrun ont traversé la barrière protectrice avec une facilité déconcertante. Son nez et sa joue gauche se sont brisés. Le sang à gicler et elle s’est écrasée au sol.

La vision de Kaelyssa se brouilla et ses membres ne répondirent plus à ses ordres. Son esprit était plus que douleur. Elle savait qu’elle était au sol. Elle savait que Vengeance lui avait échappé. Ce qu’elle ne comprenait pas, c’était pourquoi elle était toujours en vie.

« Stop ! Srop ! Bon sang ! J’ai dit stop! » Kaelyssa parlait suffisamment bien le rhulique pour comprendre les ordres simples hurlés par la voix impétueuse du nain. Les bruits du combat s’estompèrent.

Sa vision commença à s’éclaircir, et ce qu’elle vit l’a remplie d’horreur et de soulagement. L’ogrun la dominait, tenant la lame de son gigantesque glaive à quelques centimètres de sa gorge. À côté de lui, un nain à la barbe grise portant un affichant un insigne de capitaine sur l’épaule – celui qui avait appelé le cessez-le-feu, supposa-t-elle – pointait sa carabine sur sa tête. Derrière, se tenait d’autres guerriers nains, le dos tourné vers elle et leurs fusils pointés vers les survivants de ses chasseurs de mages. Prudemment, son équipe se retirait, les visages marqués d’inquiétude pour leur chef.

« Alors l’elfe », commença le capitaine nain, un sourire suffisant sur son visage. « Qu’as-tu à dire pour ta défense ? »

L’ogrun écarta son glaive, permettant à Kaelyssa de s’asseoir. Elle cracha un peu de sang et une dent cassée et fixa le capitaine nain du regard. La rage et la honte luttait dans son esprit. Être vaincue par un adversaire aussi modeste était un scandale qu’elle pouvait à peine imaginer. Mais l’enjeu était bien plus que sa fierté blessée. L’ogrun et le nain ne l’avaient pas tuée purement et simplement ; peut-être pourrait-elle tourner cette défaite à son avantage.

« Es-tu sourde ? Pourquoi nous avoir attaqués ? »

Le côté gauche du visage de Kaelyssa était engourdi et il lui était difficile de s’exprimer. Finalement, elle répondit d’une voix basse et monotone : « Je devais passer le col. »

Le visage du capitaine se tordit en un grognement. « Eh bien, tu aurais pu demander, bon sang ! »

« Je ne demande pas la permission aux étrangers », cracha-t-elle, incapable de cacher le mépris qu’elle ressentait.

Il rejeta sa tête en arrière et rit. « Et regarde ce qui se passe quand tu ne le fais pas ! Ton joli minois est tout cassé, non ? »

Kaelyssa jeta un coup d’oeil à sa droite, là où Vengeance se trouvait au sol à quelques pas de là. L’idée de prendre son épée et de découper le sourire moqueur du visage nain était si tentante, qu’elle valait presque la peine de mourir.

« Vornek », intervint l’ogrun, son ton baryton grave impérieux. « Ça n’aide pas. »

Les paroles surprirent Kaelyssa : peut-être avait-elle mal jugé la relation entre les deux. Les ogrun servait généralement les rhulfolk, mais le ton de celui-ci impliquait une relation d’égal à égal.

L’ogrun retira son glaive, puis pointa l’extrémité vers le ciel et planta la hampe dans le sol. « Je suis Murgan Grimspear », dit-il. « Voici le Capitaine Vornek Blackheel, commandant de Fort Baram. » Il désigna la forteresse de pierre trapue derrière elle avec son bouclier. « Nous n’avons jamais eu de problèmes avec les iosiens avant cela, alors peut-être comprendrez-vous notre inquiétude justifiée concernant votre attaque non provoquée. »

Kaelyssa n’avait jamais entendu un ogrun parler, et elle fut momentanément surprise par son ton mesuré et sa maîtrise évidente de la langue naine. Elle l’observa pendant un moment. Ce n’était pas un jeune home, comme la plupart des ogrun qu’elle avait rencontrés. Sa crinière était mouchetée de gris, son visage marqué par les ans et l’expérience. C’était un vétéran, un guerrier habile et probablement digne d’un certain respect. Elle parlertait à ce Murgan.

« Comme je l’ai dit, nous devions passer le col. Nos raisons de la faire ne vous concernent pas. Nous serions passés avec le moins de victimes possibles pour vos hommes. Vous vous êtes montrés plus résolus que je ne l’avais prévu. »

« Résolus ?! » Vornek pointa sa carabine sur Kaelyssa. « Tu veux dire que tu ne t’attendais pas à ce qu’on t’humilie. »

Murgan secoua la tête. « je ne peux m’empêcher de faire écho au sentiment de mon compagnon nain. », dit-il. « Vous auriez pu nous contourner. L’effusion de sang n’était pas nécessaire. »

« Je n’avais pas le temps », répondit Kaelyssa. «  Je ne verse pas le sang à la légère, ogrun. Même quand il est si justement mérité. » Elle jeta un regard méprisant à Vornek. Il était comme la plupart des étrangers qu’elle avait rencontrés : grossier, impulsif et ne méritait pas plus de considération que le temps qu’il fallait pour faire planter une lame entre ses côtes.

« Pourquoi êtes-vous si pressé ? » Demanda Murgan. « Qu’est-ce que vous ne dites pas ? »

Kaelyssa soupira et se leva lentement, grimaçant alors que la blessure à sa jambe propageait de nouvelles vagues tourments. Elle se penchant, s’empara de Vengeanc et le replace rapidement dans son fourreau dans son dos. Elle regarda les rangs nains et elfes qui occupait le petit ravin. Les nains étaient robustes et résistants dans leur lourde armure et leurs boucliers épais. Ses chasseurs de mages étaient souples, agiles et polyvalents, aussi bien au corps à corps qu’à distance. Elle dut admettre que les deux forces se complétaient l’une l’autre. Avec cette prise de conscience, la décision fut simple.

« Murgan », dit-elle, faisant à l’ogrun l’honneur d’employer son nom, « je ne peux pas te dire d’où nous venons ni où nous allons, mais je vais te dire ceci. Il y a des rejetons draconiques derrière moi. Ils nous chassent depuis des jours, et je n’ai plus la force de les vaincre ni le temps et la vitesse pour les distancer. »

« Oh, c’est foutrement merveilleux ! » S’exclama Vornek. « Donc, non seulement tu nous as attaqué sans provocation, mais tu as nous aussi amené une horde rejetons draconiques ! Tu ne veux pas aussi me shooter dans les couilles ? »

Kaelyssa fixa Vornek, puis repoussa son attention sur Murgan. « Les circonstances qui nous ont amenés ici sont désormais sans importance. La simple vérité est que les rejetons draconiques seront bientôt là, probablement dans l’heure qui suit, et aucun de nous ne possède la force de les arrêter seul. »

« Vous proposez une alliance ? » Dit Murgan en se grattant le menton. « Intéressant. »

« Une alliance !? » Vornek se tourna vers son compagnon avec horreur. « Tu ne peux honnêtement pas envisager de lui faire confiance !? Il y a des nains morts et saignant ici, et c’est d’sa faute. »

« Calme-toi, Vornek », répondit Murgan. « Je ne suis pas ravi de la perspective. Mais si ce qu’elle dit est vrai – et je pense que c’est le cas — alors quel choix avons-nous ? Je ne veux pas voir d’autres nains mourir alors que nous pouvons faire quelque chose pour l’empêcher. »

« Celui-ci te donne de sages conseils, nain », dit froidement Kaelyssa. « Tu devrais y faire attention. »

Vornek abaissa sa carabine et la passa dans son dos. Chaque mouvement était exagéré, plain de mépris et de dégoût, comme si brandir un pistolet sur Kaelyssa était profondément insultant. « Bien, j’accepte une alliance temporaire – et je veux dire foutrement temporaire - » dit-il, le dégout dans la voix. « Si nous survivons aux rejetons draconiques – s’il y en a – alors toi et moi arrivons à une sorte de compte de ce que tu as fait. »

Kaelyssa hocha la tête. « Très bien. Qu’en dis-tu, Murgan ? »

L’ogrun déposa son bouclier et détacha les courroies maintenant ses épaulières armurées sur ses épaules. Sous l’épaulière gauche, son gambison rembourré était taché d’un rouge vif. «  Je dis que nous devrions soigner nos blessés et rentrer ceux qui sont incapables de se battre à l’intérieur de la forteresse. Ensuite, nous nous réunirons et nous trouverons le meilleur moyen de combattre et de survivre à tes rejetons draconiques.

LÉGION D’EVERBLIGHT

Elyshyvah se permit un sourire en coin alors qu’elle et se force s’approchaient de l’embouchure du petit ravin qui contenait sa proie. Elle pouvait difficilement contenir l’élan de fierté face à la gloire qui allait bientôt être sienne, mais le sourire disparut presque aussi vite qu’il était apparu, et le visage de la bergère de guerre nyss repris son masque habituel de réserve glacée.

Elle leva son bâton de combat et fit signe à ses patrouilleurs d’avancer. Alors que ses guerriers nyss corrompus se déployaient derrière elle en rangs bien ordonnés, ils se déplacèrent dans une démarche rapide et prédatrice qui dévorait le terrain accidenté avec une efficacité silencieuse. Tueurs polyvalents, chaque patrouilleur portait un arc court et courbé dans sa main droite griffue et une longue épée incurvée gainée à sa ceinture. Les patrouilleurs pouvaient manier les deux armes avec un talent meurtrier.

Pour Elyshyvah, les prouesses de combat des patrouilleurs restaient secondaires par rapport à leur valeur d’éclaireurs et de pisteurs polyvalents. Sans eux, elle n’aurait pas pu suivre a proie depuis leur base elfique isolée sur l’étendue accidentée des Pics des Falaises du Tonnerre. Sa maîtresse Vayl, Disciple d’Everblight, assiégeait les iosiens avec une armée de rejetons draconiques et de nyss corrompus, puis lui avait confié l’immense tâche de traquer la warcaster iosienne et de s’occuper d’elle.

Elyshyvah commandait maintenant six escouades de patrouilleurs nyss. Elle avait également reçu deux imposants protecteurs néphilim, des rejetons draconiques humanoïde massif assez intelligent pour respecter ses ordres. C’était un honneur sans égal de pouvoir faire confiance à des bêtes issues du sang de Vayl.

Vayl avait averti Elyshyvah que la warcaster en fuite et ses chasseurs de mage étaient des tueurs discrets. Bien qu’Elyshyvah ait pris l’avertissement au sérieux, elle s’était sentie insultée que Vayl insiste sur une telle prudence ; elle pourrait habilement maîtriser les redoutables rejetons draconiques et se battre à leurs côtés au cœur du combat, et elle était sûre de pouvoir vaincre la warcaster. Elle avait hâte de coincer et de tuer cette Kaelyssa et de faire ses preuves auprès de Vayl.

Malheureusement, Kaelyssa s’était révélée être une redoutable adversaire et Elyshyvah ne l’avait rattrapée qu’une seule fois. Bien que la bataille ait été glorieuse, Kaelyssa et nombre des chasseurs de mage avaient réussi à s’échapper du champ de bataille et à s’enfoncer dans les montagnes. Ils avaient réussi à capturer vivant l’un des iosiens, auprès de qui Elyshyvah avait appris le nom de sa proie.

Elyshyvah avait poursuivi avec ténacité, et sa persévérance avait porté ses fruits. Un éclaireur avancé avait rapporté que les iosiens avaient engagé un groupe de nains dans un ravin à moins d’un kilomètre de leur position. Kaelyssa n’avait nulle part où s’enfuir.

Elle serait coincée entre les forces d’Elyshyvah et les nains. Une fois qu’Elyshyvah en aurait fini avec Kaelysa, elle pourrait facilement s’occuper de la dérisoire force naine.

Il était temps, La poursuite était terminée, et le prédateur se régalerait de la chair de sa proie. Elyshyvah leva à nouveau son bâton de combat, et les deux néphilim se déplacèrent pour la flanquer. Leurs imposantes formes et leurs armures ornées la remplissaient de confiance. Quel ennemi pourrait se dresser contre elle avec de telles créatures à ses côtés ?

Elle avança. Ses patrouilleurs et ses néphilim n’eurent pas besoin d’encouragements et la suivirent.

Devant, le ravin se rétrécissait en un amas de blocailles et de rochers tombés. Elle et ses patrouilleurs se frayaient un chemin avec facilité.

Au-delà du champ de blocailles se tenait une petite forteresse de pierre, ses portes simples en bois s’étendaient à travers le ravin. Une seule ligne de guerriers rhuliques se tenait devant la porte, de lourds boucliers rectangulaires emboîter pour créer un court mur d’acier et de bois. Au sommet de chaque bouclier reposait un fusil à canon court, pointé vers sa force avançant. Elyshyvah vit un certain nombre de cadavres iosiens éparpillés devant la ligne naine, ce qui lui fit comprendre que les rhulfolk étaient sortis victorieux de leur bataille contre les iosiens. Cependant, la demi-douzaine de cadavres elfiques ne constituait pas la totalité des forces de Kaelyssa, et elle ne vit pas le corps de la warcaster parmi eux. Qu’avaient fait les nains avec Kaelyssa ?

La réponse était évidente. Les nains avaient forcé Kaelyssa et ce qui restait de ses chasseurs de mage à se rendre et les retenaient dans la forteresse. Il ne faisait aucun doute que les avides rhulfolk considérait Kaelyssa comme une otage de valeur ; peut-être pensaient-ils la rançonner. En fin de compte, ce n’était pas grave ; ils ne priveraient pas Elyshyvah de sa proie.

Elle souleva à nouveau son bâton et les patrouilleurs derrière elle s’arrêtèrent. Environ cinquante verges séparaient sa force de la ligne rhulique. Elle estima qu’ils étaient trois fois plus nombreux que les nains – probablement plus.

Un fusilier nain s’avança et abaissa son bouclier, le posant sur son pied droit. Sa barbe était grise et son armure légèrement plus ornée que celle de ses camarades. « Fais demi-tour ! » Cria-t-il en khardique, une langue avec laquelle elle était vaguement familière. « Avance encore et nous ouvrirons le feu ! »

Amusée par la bravade du commandant nain, Elyshyvah répliqua : « Où sont les iosiens, nain ? SI tu me le dis, je te laisserai peut-être vivre. »

« Les iosiens sont morts ! » répondit le commandant nain en désignant les cadavres elfiques avec son fusil. « Tu n’as plus rien à faire ici. Fait demi-tour maintenant. C’est ton dernier avertissement ! » Sur ce, il prit son bouclier et reprit sa place au centre de la ligne naine.

« Imbécile », marmonna Elyshyvah. Elle essaierait de capturer ce commandant nain. Son insolence exigeait une attention particulière.

« En avant ! » Aboya-t-elle. Ses patrouilleurs bondirent en avant pour former trois rangs devant elle. Les nains n’ouvrirent pas le feu comme elle s’y attendait mais se sont accroupis derrière leurs boucliers. « Encochez ! » Les patrouilleurs encochèrent des flèches noires aux cordes et bandèrent leurs arcs. Elle les laissa tenir le temps d’une respiration. « Tirez ! »

Un essaim de flèches s’élança des lignes des patrouilleurs et s’abattit sur la ligne naine. Le lourd impact de leurs pointes de fer frappant l’acier et le bois fut choquant dans les confis du ravin.

Elyshyvah s’attendait à ce que la moitié de la ligne naine s’effondre dès la première volée. Horrifiée, elle vit que pas un seul nain n’était tombé. Leurs boucliers étaient hérissés de flèches, mais aucune n’avait pénétré. Elle crut détecter un léger ton moqueur dans la voix du commandant nain alors qu’il hurlait l’ordre de riposter.

Les fusils nains prirent vie, crachant de la fumée et du plomb sur le premier rang des patrouilleurs. Toutes les autres troupes auraient été massacrées sous la grêle des tirs, mais ses patrouilleurs s’étaient jetés au sol une fraction de seconde avant que les nains tirent. Ne trouvant aucune cible nyss, les lourdes balles des carabines rhulique gaspillèrent leur énergie mortelle contre le sol et les parois du ravin.

Il semblait qu’à cette distance, ils étaient dans une impasse : les nains ne pouvaient toucher les rapides et agiles patrouilleurs avec leurs fusils, mais ses patrouilleurs ne pouvaient pas non plus pénétrer les boucliers des nains avec leurs flèches. Elle pourrait ordonner aux patrouilleurs de concentrer leur tir sur une seule cible, et sans aucun doute un tel barrage supplanterait la plus robuste des défenses. Mais cela prendrait du temps, et pire encore, cela pourrait forcer les nains à se retirer dans leur forteresse, la forçant à assiéger – elle était mal équipée pour entreprendre cette tâche – pour réclamer sa proie.

Face à la possibilité d’un siège prolongé, la décision fut simple. Les boucliers nains les protégeaient des flèches nyss, mais ils seraient beaucoup moins efficaces contre les lames nyss maniées au corps à corps. Elyshyvah leva son bâton de combat et abattit d’un coup sec son extrémité tranchante. « Chargez ! Tuez-les ! » Cria-t-elle.

Des dizaines de lames furent tirées de leur fourreau, et les rangs nyss scintillèrent d’acier. Puis la force s’élança vers l’avant, se délectant de la joie viscérale du combat, de la lame et du sang.

La Ligne naine éclata en fumée et en bruit alors qu’elle tira une nouvelle salve. Cette fois, les nyss étaient plus proches et eurent moins de temps pour éviter les tirs. Une demi-douzaine de patrouilleurs furent abattus, mais la vaste majorité s’écrasa contre les nains pour plonger leurs lames par-dessus les boucliers de leurs adversaires et trancher la chair et l’armure. Elyshyvah et ses néphilims s’enfoncèrent dans le flanc gauche de la ligne, son bâton de combat et les lourdes hallebardes des néphilims faisaient des ravages.

Les nains abandonnèrent leurs fusils dans la mêlée et tendirent la main dans le dos pour tirer de robustes haches de guerre d’un seul coup. Ils maniaient ces armes avec une habilité surprenante, mais furent surpassés par les nyss plus rapides. Il ne fallut pas longtemps avant qu’ils ne soient mis en déroute.

Elyshyvah et les néphilims avaient décimé le flanc gauche nain, et elle les lâcha pour qu’il puisse massacrer à volonté. Momentanément seule sur le champ de bataille, elle se lança à la recherche d’une autre cible et espionna le commandant rhulique au centre d’une mêlée désespérée. Il combattait dos à dos avec une autre guerrier nain, des cadavres de patrouilleurs jonchant le sol à leurs pieds. Cependant, les deux hommes étaient encerclés et put voir une tâche de cramoisi sur la cuisse gauche du commandant là où une lame nyss l’avait blessé. Elle sourit, souleva son bâton de combat et se précipita vers la mêlée.

Elle les avait presque atteints lorsque les portes s’ouvrirent. Elle se retourna pour voir surgir près de deux dizaines de chasseurs de mage. La moitié avait leur lame en main et chargea pour engager les nyss en mêlée. Les autres avaient des arbalètes et tirèrent dans la mêlée tournoyante. À leur tête se trouvait une personne familière en armure blanche : Kaelyssa. Une imposante silhouette armurée, un ogrun de la taille d’un néphilim chargeait à côté d’elle. Il portait un énorme bouclier rond attaché à son bras gauche et tenait un lourd glaive avec une longue hampe à sa droite. Il s’élança dans les patrouilleurs, en écrasant l’un d’entre eux d’un coup de bouclier et en faisant volé la tête d’un autre d’un simple coup de glaive.

L’esprit d’Elyshyvah s’emballa. Les iosiens et les nains étaient alliés. Comment l’animosité pure et simple et la guerre s’étaient-elles transformées en coopération ? La réponse lui vint aussitôt et l’emplit d’une sinistre fierté. Ils s’étaient alliés pour combattre une menace plus grande que celle qu’ils se posaient l’un à l’autre. Ils s’étaient alliés pour faire face à Elyshyvah.

Elle et ses patrouilleurs étaient toujours plus nombreux que les alliés, et elle avait toujours ses deux néphilims protecteurs, maintenant au coeur de la mêlée et abattant les ennemis à chaque coup de leur puissante hallebarde. Ce ne serait pas une victoire facile, mais cela ne ferait que la rendre plus douce.

« Kaelyssa ! » Cria Elyshyvah. Elle pointa son bâton de combat vers la warcaster elfe, qui s’attaquait aux patrouilleurs avec son canon à traits runiques.

Dans le vacarme de la bataille, Kaelyssa entendit le défi d’Elyshyvah. Elle se retourna, replaça son canon à traits runiques dans son étui et dégainé son épée de l’endroit où elle était suspendue dans son dos. Elle s’avança vers la nyss, une concentration mortelle claire dans son allure mesurée.

Elyshyvah remarque que le côté gauche du visage de la warcaster elfe était lourdement bandé. En fait, une gaze ensanglantée obscurcissait son œil gauche. Blessée et à moitié aveuglée, Kaelyssa serait gravement désavantagée en combat au corps à corps. Elyshyvah ne put s’empêcher de sourire alors qu’elle levait son bâton de combat et chargeait. Elle allait bientôt prouver sa valeur, lorsqu’elle poserait la tête de Kaelyssa devant la Disciple d’Everblight.

Source
« Modifié: 14 décembre 2020 à 23:33:11 par elric »
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Re : Pics des Falaises du Tonnerre
« Réponse #1 le: 26 octobre 2020 à 17:17:40 »
MàJ

Chapitre 1
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Re : Pics des Falaises du Tonnerre
« Réponse #2 le: 26 octobre 2020 à 19:49:45 »
Cool ! Des iosiens  8)
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Re : Re : Pics des Falaises du Tonnerre
« Réponse #3 le: 27 octobre 2020 à 22:56:01 »
MàJ

Chapitre 2

Cool ! Des iosiens  8)
En voici encore plus pour ton plaisir  :)
Citation de: Maître Yoda
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Re : Pics des Falaises du Tonnerre
« Réponse #4 le: 28 octobre 2020 à 11:51:23 »
Pfff... mais qu'ils se massacrent tous ! :P

Merci pour le texte ! :)
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Re : Pics des Falaises du Tonnerre
« Réponse #5 le: 28 octobre 2020 à 20:08:22 »
Texte en entier.
Bonne lecture  :)
Citation de: Maître Yoda
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Re : Pics des Falaises du Tonnerre
« Réponse #6 le: 28 octobre 2020 à 20:48:53 »
Encore merci ! :)
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Re : Pics des Falaises du Tonnerre
« Réponse #7 le: 31 octobre 2020 à 20:17:30 »
Pour ajouter du contexte, on retrouve Elyshyvah dans l'histoire Tombe d'un Immortel et Vornek intervient dans Stormbreaker.

Comment, je fais de la pub pour mes autres traductions, noooooon, j'oserais pas  ;D
Citation de: Maître Yoda
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Re : Pics des Falaises du Tonnerre
« Réponse #8 le: 31 octobre 2020 à 20:24:49 »
Tu aurais tort de te priver... ;)
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