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Au Nord de Croix-des-Fleuves, Llael Occupé
ILS DESCENDIRENT L’ÉTROITE ROUTE longeant le fleuve, se dirigeant vers le nord et s’enfonçant dans le territoire contrôlé par le Protectorat. Il était peu probable que les menites remarquent une si petite force de quinze hommes, mais Stryker se sentait exposé sans warjacks sous son commandement. Ils devaient se déplacer rapidement, et aucun ‘jack ne pouvait suivre un cheval au galop.
Les dix hommes que Maddox avait recrutés étaient de bons soldats et d’honorables chevaliers. Stryker connaissait la plupart d’entre eux par leur nom et il avait combattu à leurs côtés. Ils avaient compris la gravité de leur mission et ils donneraient leur vie pour la mener à bien. Cela fégoûtait Stryker que certains d’entre eux puissent mourir à cause d’Harrow, à cause de la confiance que Magnus lui avait accordé. Un terrible gâchis. Mais il n’y avait rien d’autre à faire pour l’instant.
« Monsieur, regardez », cria Maddox en désignant le nord, dans la direction où ils chevauchaient. Une subtile lueur rouge flottait à l’horizon, illuminant l’obscurité du petit matin.
« Feu », déclara Stryker. « Le Protectorat ? »
Bientôt, ils arrivèrent au petit quai où étaient amarrés les navires de Pytor, le même quai où ils avaient capturé le kayazy. Tous ces navires, sauf un, étaient en flammes, leur mâts flambants comme de sinistres grandes bougies luisant dans l’obscurité. Stryker poussa un bref cri de douleur. C’était déjà assez grave qu’Harrow soit devenu un traître, déjà assez grave qu’il ait libéré Aleshko, mais l’homme avait également veillé à saper leur mission en Llael, quoi qu’il arrive dans les prochaines minutes. Des hommes se déplaçaient sur les quais de l’unique navire intact, des hommes en armure cygnaréenne qui n’avaient pas le droit de la porter.
« Sur eux ! » Cria Stryker en dégainant Vif-Argent.
Ils descendirent un abrupt talus tandis que des coups de feu retentissaient. Stryker pouvait maintenant voir que certains mercenaire avaient formé une ligne de tir et tiraient lentement et méthodiquement. Des balles frappèrent son champ d’énergie et des étincelles jaillirent lorsqu’elles touchèrent les champs de Magnus et de Maddox.
Stryker poussa son cheval au galop, puis repéra l’architecte de cette calamité, debout en haut de la passerelle du navire restant, criant des ordres aux hommes en contrebas. Harrow avait son épée et son pistolet en main, et il pointait la position de Stryker.
Puis il aperçut les canons et réalisa que le plan d’Harrow était de l’attirer plus près, à découvert, entre la route et le fleuve. Un soudain tonnerre et une vague de fusées éclairantes jaillirent du plat-bord du navire, et le cri révélateur de l’artillerie retentit en leur direction.
« À terre ! » Cria Stryker une seconde avant que les obus ne frappent et n’explosent. Il se jeta de sa monture alors que son champ d’énergie s’enflammait, mais la force de l’explosion l’envoya voler. Il s’écrasa au sol, grimaçant alors que son plastron était douloureusement enfoncé dans son flanc.
Il était le plus proche de la jetée et avait subi le plus gros du barrage de canons. Stryker se releva lentement, grimaçant alors qu’une douzaine d’ecchymoses et de coupes se manifestaient. Un certain nombre de ses chevaliers était à terre, et la plupart des chevaux s’étaient dispersés. Les chevaliers se déplaçaient mais étaient visiblement abasourdis.
« Repoussez-les ! » Cria Stryker à voix haute, et les chevaliers encore debout, y compris Tews et Maddox, commencèrent à tirer leur s compatriotes assommés vers la berne.
Un mouvement sur le pont du navire annonçait un nouveau tir de de canon, et Stryker capta la brillante spirales de runes se formant autour du pistolet cinémantique de di Brascio, puis le craquement sec de sa décharge. Un homme s’apprêtant à déclencher un nouveau tir de canons à bord du navire se raidit lorsque la balle ensorcelée le frappa en pleine poitrine, et il sembla que son corps tout en entier se grippa comme une machine à vapeur endommagée. Il tomba à la renverse.
Les canons tirèrent à nouveau, moins un, et les obus sifflèrent en direction des cygnaréens. Ils s’étaient assurés du berne et s’étaient jetés à plat derrière. Les obus de canon frappèrent juste devant lui, soulevant une pluie de terre. L’onde de choc s’écrasa contre le champ d’énergie des warcasters et les sorts de protection qu’ils avaient lancés. L’explosion fit trembler les dents et réduit l’audition à un cri aigu, mais personne n’était blessé.
Tews roula pour s’allonger à coté de Stryker. « Ils n’ont pas la portée nécessaire pour nous toucher de là », dit-il en criant. Leurs oreilles mettraient du temps à s’adapter.
« Oui, mais ils ont une portée suffisante pour nous réduire en menu morceaux avant que nous puissions atteindre le navire », déclara Stryker. Certains d’entre eux pourraient réussir, et il était peu probable qu’Harrow et Aleshko tirent avec leurs canon si près du navire ou sur le quai où un certain nombre de leur hommes attendaient toujours que Stryker et ses hommes se rapprochent d’eux.
« Si nous laissons Harrow et Aleshko s’échapper, ils iront directement chez les kahdoréens », déclara Magnus . Le warcaster s’était également déplacé à côté de Stryker.
« Vous devez le savoir. C’est votre homme », dit Stryker.
« Vous avez raison. Je
le connais », répondit Magnus, d’une voix égale, bien que ses yeux se détournent du regard de Stryker. « C’est davantage la raison pour laquelle nous l’arrêtons ».
Stryker ne pouvait pas contester cela. Il se concentra sur leur problème immédiat. « Options ? » dit-il, puis il invoqua sa magie et renouvela le bouclier arcanique au-dessus d’eux. Les canons n’avaient pas encore tiré, mais la protection supplémentaire apportée par le sort atténuerait considérablement leur impact si Harrow ouvrait davantage le feu sur eux.
« Je n’aime pas le dire », cria Maddox depuis l’autre côté de la ligne de Chevaliers-Tempête collant leurs ventre au sol. « Mais nous devons nous précipiter sur lui, nous approcher suffisamment pour employer nos glaives-tempête et trop près pour qu’il puisse nous tirer dessus ».
« Vous peut-être raison », déclara Stryker. « Mais il n’y a pas de couverture, et quinze Chevaliers-Tempête sont une cible importante ».
« Et un warcaster », demanda Magnus. « Je peux encaisser un coup de canon, et je serai plus difficile à toucher ».
« Non », déclara Stryker. « Personne n’y va seul ».
C’était une vérité qui cachait un mensonge. Il n’enverrait pas un seul homme dans une telle mission suicide, mais il n’aimait pas trop l’idée que Magnus s’approche aussi près du navire tout seul. Il doutait qu’il agisse de concert avec Harrow, d’autant plus que Magnus avait semblé sincèrement surpris par la trahison de l’homme, mais Stryker ne lui faisait pas suffisamment confiance pour tester cette notion sous une telle contrainte.
« Ils se préparent à partir », déclara di Brascio. « Nous n’avons pas beaucoup de temps ».
« D’accord. Voici ce que nous faisons. Magnus, Maddox, nous trois serons en tête, et je veux des enchantements protecteurs sur toute l’unité ». Stryker avait une bonne connaissance des sorts dont Maddox disposait et il connaissait également le répertoire de Magnus. Ensemble, ils pourraient probablement se protéger ainsi que les dix Chevaliers-Tempête, des pires conséquences d’un inévitable bombardement de canon. Les deux warcasters hochèrent la tête et Stryker se tourna vers Tews. « Capitaine, vous dirigez l’unité derrière nous. Dès que vous êtes à portée des glaives-tempête, priorité aux canonniers de ce navire. Je me fiche de savoir si vous les touchez, mais empêchez-les de tirer avec ces satanés engins ».
« Je peux aussi empêcher certains d’entre eux de tirer », déclara di Brascio. « Je serai derrière les Chevaliers-Tempête ». Le mage balisticien était le seul membre de leur force capable de frapper les hommes à bord du navire à une distance aussi extrême et Stryker était content de le compter parmi eux.
« Merci », dit Stryker. « Comme toujours, toute aide que vous pourrez nous apporter sera la bienvenue ».
Stryker regarda les chevaliers les uns après les autres ; il y avait de l’acier et de la détermination dans leurs yeux. C’étaient des femmes et des hommes bon, courageux et inébranlables. Il était fier de les commander. « Maddox, protège-nous un peu ».
Des runes se formèrent autour de la main de Maddox, des particules d’énergie bleu vives, et son sort s’établi sur les Chevaliers-Tempête. Les hommes de Stryker étaient maintenant aussi protégés que Stryker pouvait le faire.
Le seigneur général s’empara de Vif-Argent d’une main. « À mon signal ». Quelques secondes s’écoulèrent, et l’adrénaline de la bataille à venir le parcourut. « Aller ! »
Il se releva d’un bond, accompagné de Magnus et Maddox, et chargea. Un cri féroce résonna derrière lui tandis que les Chevaliers-Tempête le suivaient.
Les canons tirèrent presque aussitôt. Harrow les avait attendus.
Il y avait environ cent verges de terrain à découvert entre les Chevaliers-Tempête de Stryker et le quai, et ils furent touchés par la première volée aux trois quarts de cette distance. Les sorts de protection atténuèrent quelque peu l’impact, mais pas suffisamment. Des panaches de terre et de débris retombèrent en cascade, les Chevaliers-Tempête furent projetés au sol.
Stryker parvint à rester debout, tout comme Magnus, mais Maddox fut renversée. Le craquement aigu du pistolet cinémantique retentit, mais il y avait trop de fumée et de débris pour voir s’il avait touché quelque chose.
Harrow était probablement en train de recharger.
Quelqu’un attrapa Stryker par l’arrière de son armure et le fit pivoter. C’était Tews. Du sang coulait sur le visage du grand Lame-Tempête, mais son regard était dur et fixe.
« Nous n’allons pas y arriver en tant que groupe », cria Tews. « Magnus avait raison. Un homme est une cible plus petite ».
« Non, Capitaine », répondit immédiatement Stryker. « J’y vais ».
« C’est foutu, monsieur », dit Tews. « Vous êtes un seigneur général. Je suis juste un capitaine ».
Puis il ne fut plus là, disparaissant dans la fumée persistance des obus.
« On bouge ! On bouge ! Entendit-il Maddox crier, et les Chevaliers-Tempête – tous, heureusement – se relevèrent.
Ils se remirent à courir, sortant de la fumée et retrouvant la clarté. Il pouvait maintenant voir que Tews avait presque atteint le quai, et que les canons étaient toujours braqués sur Stryker et son groupe. Harrow était maintenant à bord du navire, criant des ordres aux hommes rechargeant les canons. Aleshko se tenait à côté de lui, immobile, les mains liées devant lui. Quel que soit l’accord qu’Aleshko avait conclu avec Harrow, cela n’impliquait clairement pas sa liberté totale. Du moins, pas encore.
« Couvrez le capitaine », cria Stryker. Ils étaient encore trop loin du navire pour frapper avec leurs glaives-tempête, et les explosions de leurs armes furent trop courtes lorsque les Chevaliers-Tempête les tirèrent en courant, mais elles eurent tout de même un effet positif, car deux des chargeurs de canons arrêtèrent ce qu’ils faisaient et se baissèrent.
Ils étaient suffisamment proches pour que Maddox puisse faire feu avec Tempête. Elle pointa la grande épée vers le navire, et sa lame se fendit au milieu, se séparant pour ressembler à une énorme diapason. Les accumulateurs tempête à l’intérieur de la lame flamboyèrent et elle projeta un éclair. L’un des hommes chargeant les canons fut touché par le feu bleu et tomba sur le flanc du navire.
di Brascio tira à nouveau avec son pistolet cinémantique et un autre chargeur tomba.
Les mercenaires sur le quai ajoutèrent maintenant des tirs de fusils au mélange, mais grâce aux protections que Stryker et sa force avaient érigées, les balles étaient inoffensivement déviées. Certains mercenaires avaient dégainé leur épée lorsque Tews les atteignit. Stryker ne s’inquiéta pas outre mesure pour son ami. Il avait vu Tews en action à de nombreuses reprises, et les compétences de cet homme étaient exceptionnelles. Au combat, Tews tourbillonnait telle une tempête en armure, son glaive-tempête se déployant en un arc azur brillant tandis que la bobine de puissance de la lame flamboyait. Il abattit deux hommes du premier coup, puis un troisième du suivant. Il avançait sans cette, s’enfonçant vers la passerelle et le navire au-dessus.
Les canons se remirent à tirer ; cette fois, les tirs furent moins nombreux et leur visée plus erratique. Tews leur donnait clairement matière à réflexion. Les projectiles tombèrent sur les côtés et derrières les Chevaliers-Tempête qui chargeaient, les éclaboussant de terre, mais ne faisant pas grand-chose d’autre.
Tews avait franchi la passerelle et les Chevaliers-Tempête étaient désormais à portée de tir.
« Ligne de tir ! » Lança Stryker, et les Chevaliers-Tempête s’immobilisèrent et pointèrent leurs glaives. Stryker leva également Vif-Argent. « Visez le quai ».
Certains mercenaires tentèrent de grimper la passerelle derrière Tews.
« Feu ! » Ordonna Stryker.
Douze éclairs frappèrent les mercenaires sur le quai, projetant plusieurs d’entre eux dans l’eau. Le fusil à mitraille de Magnus aboya, tout comme le pistolet cinémantique de di Brascio, et deux autres cadavres tombèrent.
Tewes était maintenant à bord du navire, et il semait la mort parmi les chargeurs de canons, jetant leurs cadavres par-dessus bord. Il avait neutralisé les canons, mais pas Harrow. Stryker regarda le mortel mercenaire s’abattrent sur le Lame-Tempête avec son sabre.
Il ne pouvait pas laisser Tews seul plus longtemps. « En avant ! » dit-il. « On prend le navire ! »
Ils sprintèrent à nouveau vers le quai. Un certain nombre de mercenaires étaient toujours rassemblés là, armés de fusils, et ils commencèrent à tirer alors qu’ils se repliaient vers la passerelle.
Seulement dix verges séparaient désormais les cygnaréens du quai, mais un énorme jet de fumée s’échappa de la cheminée principale du navire alors que son moteur à vapeur se mettait en marche. Il ne lui faudrait pas longtemps pour atteindre son plein régime et remonter le fleuve, emmenant Harrow et Asleshko.
Les balles rebondissaient sur le champ d’énergie de Stryker ou heurtaient son armure pendant qu’il courait. Un coup chanceux lui toucha la joue, mais il continua à avancer. Sur le pont du navire, le glaive de Tews crépita, Harrow para le coup, riposta et fit jaillir des étincelles sur l’épaulière gauche de Tews.
Ils avaient atteint le quai et les mercenaires étaient montés à bord, laissant les quais vides. Stryker sprinta vers la passerelle, mas avant qu’il ne puisse l’atteindre, le navire commença à bouger. Ils ne prirent pas la peine de remonter la passerelle alors que le navire s’éloignait du quai. La passerelle tomba à l’eau avec fracas, laissant Stryker bloqué sur le quai.
Tews se battait pour sa vie, son glaive était une chose vivante qui tranchait et taillait Il tenait Harrow à distance, utilisant l’allonge de son glaive pour empêcher l’arme plus courte de Harrow porter une efficace attaque.
« Feu à volonté », cria Stryker aux Chevaliers-Tempête l’ayant rejoint sur le quai.
Des éclairs d’électricités jaillirent du quai, mais l’angle n’était pas le bon. Ils étaient trop bas et le navire trop haut. La plupart des explosions des Chevaliers-Tempête ne firent que carboniser la coque du navire.
La panique s’insinua dans l’esprit de Stryker tandis qu’il tirait sur le navire en fuite. Tews était seul et il ne pouvait pas l’atteindre. Tout ce qu’il pouvait faire, c’est regarder Tews reculer jusqu’au pont du gaillard avant. Harrow le laissait battre en retraite et ses hommes se massaient derrière lui.
Ce qui allait se passer était clair, mais Stryker ne pouvait rien faire pour l’empêcher. Plus d’une douzaine de fusils étaient braqués sur Tews, et Harrow recule derrière la ligne de tir et leva son épée.
Stryker n’entendit pas Harrow prononcer le mot alors que son épée s’abattait, mais il semblait être tout autour d’eux, au milieu des navires en feu s’enfonçant lentement dans le Fleuve Noir.
Feu.
Les fusils firent feu une fois et Tews trébucha en arrière. Son armure résisterait à certaines balle, mais pas à toutes.
Autour de lui, les Chevaliers-Tempête continuaient à tirer, et il entendit un cri épouvantable et déchirant. Il se retourna pour voir Maddox faire feu avec Tempête sur le navire en fuite, di Brascio et même Magnus continuaient à tirer, mais en vain.
Tews tomba à genoux, se soutenant avec son glaive. Les fusiliers s’écartèrent, et Harrow passa entre eux, traversant le pont pour se tenir devant le capitaine Lame-Tempête. Il rengaina son sabre lentement, avec désinvolture, comme un homme sachant qu’il avait un public. Il sortit son pistolet, le lourd à répétition dont il ne semblait jamais se passer. Tews tenta de se redresser lorsque Harrow pointa le pistolet sur sa tête.
« Garvin ! » Maddox criait et courait vers le bord du quai.
Stryker entendit le claquement sec du pistolet, vit la tête de Tews reculer, puis le grand Lame-Tempête, un guerrier sans égal et un homme plus loyal que tous ceux qu’il n’avait jamais connu, tomba en avant sur le pont.
Stryker avait affronter la mort à de nombreuses reprises sur le champ de bataille, il avait combattu et survécu aux horreurs nécromékaniques de l’Empire du Cauchemar. Il avait appris à vivre avec tout cela. Mais alors que les hommes d’Harrow jetaient le corps de Tews passa par-dessus bord, Stryker sait que cette blessure ne guérirait jamais.
* * *
ILS TIRÈRENT LE CORPS DE TEWS DU FLEUVE. Il avait été jeté sans cérémonie dans une zone relativement peu profonde, et le poids de l’armure du Lame-Tempête l’avait entraîné directement au fond de l’eau. C’est di Brascio qui avait plongé dans l’eau glacée, l’extrémité d’une corde à la main. Il l’avait nouée autour du corps de Tews à trois mètres de profondeur, et l’un des chevaux avait tiré l’ami de Stryker des eaux sombres.
Ils se rassemblèrent autour du corps, et Stryker s’accroupit au-dessus de Tews. Il pouvait entendre Maddox pleurer doucement, et même Magnus affichait un ait de léger remords. Harrow avait tiré sur Tews au-dessus de son oeil droit et son plastron état criblé de nombreux impacts de balles.
di Brascio s’accroupit à côté de Stryker, les yeux pleins de sympathie. Il comprenait ce que signifiait perdre un ami au combat.
« Je suis désolé, mon ami », dit-il. C’était une simple déclaration, et di Brascio ne l’agrémenta pas de paroles inutiles ou de platitudes. Stryker fut reconnaissant, et la sincérité des mots du mage balisticien en toucha plus d’un.
« Coleman … Stryker, je suis ... » commença Magnus, puis ils sembla chercher ses morts, comme si la simple compassion était un état étranger. « C’était un bon ... »
« Vous n’avez pas besoin de dire quoi que ce soit, Général », déclara Stryker. « Rien du tout ». Son dos le démangeait au fond de son cerveau, voulant se déchaîner, frapper l’homme responsable de tant de souffrance dans sa vie. Mais ce ne serait qu’un geste de dépit insignifiant. Magnus le sentit et se tut.
Tews fixait les cieux nocturnes, les étoiles, et Stryker espérait que la mort l’avait emporté sans douleur. N’était-il pas déjà là-bas. Aux côtés d’un autre bon soldat tué inutilement, mais celle-ci lui avait transpercé le coeur.
Il tendit la main et ferma les yeux de Tews, ne voulant rien d’autre que de fermer les siens, de faire taire la douleur de son monde bouleversé. Il leva les yeux ; le reste des Chevaliers-Tempête se tenait à une distance respectueuse. Ils avait tous ôté leur casque et leur visages étaient un masques de chagrin. Certains d’entre eux pleuraient ouvertement.
« Frères », déclara Stryker. « Emmenez-le aux chevaux ».
Les Chevaliers-Tempête avancèrent et soulevèrent doucement Tews du sol et l’emportèrent. di Brascio les accompagna.
« Tu es responsable de ça », dit soudainement Maddox en se tournant vers Magnus. « C’était ta … créature. Tu l’as amené parmi nous, et maintenant un homme brave est mort ». Ses poings se resserrèrent autour de la poignée de Tempête, et Stryker se demanda si elle allait essayer d’abattre Magnus. Il se demanda s’il allait essayer de l’arrêter.
Magnus ne bougea pas. Il faisait face à la colère de la jeune femme avec une sprte de résignation stoïque. « Vous avez raison », dit-il enfin. « Je l’ai laissé tomber. Je le reconnais ».
« Maddox », prononça Stryker.
Elle se tourna vers lui, des larmes coulant sur son visage. Elles lui donnait un air encore plus terrible que l’émotion qui avait déformé ses traits en un masque de chagrin. Elle avait été proche de Tews, il y avait eu entre eux bien plus qu’une simple amitié et de la camaraderie à un moment donné par le passé. Elle recula d’un pas et s’essuya furieusement les yeux.
« Je suis désolée, monsieur », dit-elle. « J’ai dépassé les bornes ». La rage présente l’instant auparavant disparut, laissant le masque, le mur qu’elle avait érigé pour se protéger de tout le chagrin et de toute l’horreur qu’elle avait subis. Encore un éclat de douleur à cacher dans le noir.
Stryker regarda Magnus, mais le warcaster refusait de le regarder dans les yeux. Il se tourna donc vers Maddox. « Non, Beth. Ne t’excuse pas. Laisse-le vivre avec ça un moment ».
« Je le ferai », déclara Maddox, « mais je ne pense pas qu’il s’en apercevra ».