Auteur Sujet: Roman - Poudrière  (Lu 5280 fois)

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Roman - Poudrière
« Réponse #25 le: 21 octobre 2024 à 20:13:38 »

- 25-
À l’Est de Croix-des-Fleuves, Llael Occupé

MAGNUS RENDIT LE PISTOLET LANCE-FUSÉE à Harrow et secoua l’eau de ses cheveux. Le fleuve était froid et le poids de sa prothèse l’avait envoyé directement par le fond. Ils avaient atterrit dans une partie peu profonde du fleuve, et Magnus avait rapidement remonté le lit du fleuve, traînant Xavius à moitié noyé en lieu sûr. L’ordique n’avait pas beaucoup aidé à résoudre son propre sort et avait serré contre sa poitrine l’explosif khadoréen qu’il avait détaché du pont pendant tout le trajet.

Il avait laissé le courant les emporter plus loin en aval pour éviter le troupes khadoréennes qui leur tiraient dessus. Harrow, Tews et le reste de ses hommes les retrouvèrent rapidement. Avec la bataille faisant rage au-dessus, il n’avaient pas été poursuivis.

« Nos propres hommes ont dû en s’apercevoir », dit Magnus. « Ils vont bientôt attaquer la partie est de la ville ».

« On repasse par la ville pour les rejoindre ? » demanda Tews. Le ton de l’homme s’était adouci et la rancune qui teintait chacune de ses paroles quelques heures auparavant avait pratiquement disparu. Son instinct de soldat avait repris le dessus, et il suivait les ordres à présent.

« Oui. Les forces khadoréennes vont être désorganisée et probablement paniquées maintenant que le pont reste intact. Nous allons nous fondre dans la masse et passer au travers ». En plus des soldats attendant son retour, il y avait quatre warjacks, de puissants Cuirassés-Tempête armés d’épées voltaïques qui seraient dévastatrices dans l’étroitesse de la ville. L’armure de Magnus était là aussi, et il avait hâte, au sens figuré comme au sens littéral, d’y retourner.

« Monsieur, jetez un coup d’oeil à ceci », dit Xavius. L’homme ressemblait à un insecte géant gorgé d’eau. Ses vêtements se plaquaient contre ses membres grêles et accentuaient son aspect décharné. Il tendait l’engin explosif qu’il avait ôté du pont. Il s’agissait de deux tubes de verre remplis d’un liquide vert visqueux. Chaque tube était surmonté d’un détonateur mékanique et d’un cordon de détonation. Les deux avaient été coupés.

Magnus accepta le dispositif et le tourna soigneusement dans ses mains. Il avait quelques connaissances en matière d’explosifs, et il compris ce que qui se trouvait dans ces tubes était hautement volatile.

« C’est sûr », dit Xavius, comme s’il lisait dans ses pensées. « Une charge voltaïque est nécessaire pour enflammer la substance.

« Qu’est-ce que je dois regarder ? » demanda Magnus. « Sais-tu de quel genre d’agent alchimique ou non ? »

« Regardez la marque sur le premier tube ».

Un large creuset surmonté d’une étoile flamboyante à cinq branches avait été dessiné au pochoir sur le tune. Elle était effacée, mais Magnus la reconnu.

« L’Ordre du Creuset d’Or », dit-il en nommant l’ordre arcaniste auquel Xavius avait appartenu.

« Tout à fait », confirma Xavius. « Mais surtout, savez-vous ce que c’est ? »

Magnus commençait à s’énerver. C’était le genre de jeu auquel Xavius aimait jouer, imposant son savoir à ceux qui n’en possédaient pas. Cela donnait toujours envie à Magnus de lui tirer dessus. Il résista. « Accouche. Maintenant ».

Un sourire ravi s’afficha sur le visage de Xavius. Cela mit Magnus très mal à l’aise.

« C’est le souffle diabolique », dit-il.

Magnus fronça les sourcils. « Je croyais que l’Ordre avait interdit sa création ». Il avait entendu parler du souffle diabolique, il l’avait même vu utilisé une fois. Ce n’était pas seulement un puissant explosif, le souffle diabolique créait des nuages de gaz persistants d’une puissance insidieuse. Le gaz dissolvait les tissus des poumons des hommes qui le respiraient, leur assurant une mort lente et atroce se terminant par la noyade des victimes dans leur propre sang.

« Oh, ils l’ont fait, mais les stocks existants n’ont pas été détruits. Ils avaient juste été cachés. Je pense qu’Harkevich a trouvé un de ses stocks dans les ruines de Croix-des-Fleuves. Si nous pouvions trouver - »

« On en parlera une autre fois », dit Magnus, et il rendit le souffle diabolique à Xavius. S’ils parvenaient à trouver davantage de substance, cela pourrait constituer un puissant atout. Stryker n’accepterait jamais de l’utiliser, bien sûr, mais il serait stupide de négliger un avantage possible. Cela aussi, c’était une discussion pour un autre moment, quand l’un des officiers les plus fiables de Stryker ne serait plus parmi eux.

Un énorme bruit provenant d’en hait attira leur attention vers le pont. L’un des Conquêtes venaient soudainement d’être touché par des massifs obus d’artillerie, probablement tirés par les Murs-Tempête qui avançaient sur le pont. L’énorme warjack émit ce qui ressemblait plus à un halètement douloureux de vapeur s’échappant et chancela sur le côté, s’écrasant à travers les garde-corps du pont. C’était fini. Cinquante tonnes de vapeur et d’acier s’écrasèrent dans le fleuve, puis explosèrent dans un énorme jet d’eau et de débris alors que la chaudière chauffée au rouge rencontrait l’eau glacée du fleuve.

« C’est bon signe », déclara Magnus.

« D’accord », dit Magnus. « Maintenant, sortons d’ici et voyons si nous ne pouvons pas aggraver un peu la situation des khadoréens ».
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Roman - Poudrière
« Réponse #26 le: 27 octobre 2024 à 18:42:33 »

- 26-
À l’Est de Croix-des-Fleuves, Llael Occupé


STRYKER ÉTUDIAIT LES DOMMAGES causés aux bâtiments de l’autre côté du pont. C’était grave, mais pas autant que ça aurait pu l’être. Une fois le pont pris et l’artillerie rapprochée, Harkevich aurait replié la plupart de ses hommes et de ses canons plus profondément dans la ville. Le commandeur khadoréen avait également fait sa part de dégâts, et l’un des Murs-Tempête cygnaréens avait rejoint son homologue khadoréen dans le fleuve.

Pourtant, Harkevich était en infériorité numérique et en armement, et des informations circulaient selon lesquelles Magnus avait frappé durement les khadoréens toute la journée avec des attaques de type guérilla.

Les troupes cygnaréennes progressaient et sécurisaient leurs positions de l’autre côté du fleuve, utilisant en grande partie les fortifications khadoréennes laissées à l’abandon après la retraite de l’ennemi. Ils seraient bientôt prêts plus profondément dans la ville dans la ville, ce que Stryker n’attendait pas avec impatience. Ce genre de combat, dans les quartiers étroits de la ville, impliquait de nombreux dégâts collatéraux. Il y avait encore des milliers de citoyens innocents llaelais à Croix-des-Fleuve, et il souffriraient sans aucun doute des combats à venir.

« Seigneur Général », dit une voix derrière lui.

Stryker se tourna pour voir Maddox. Son armure était cabossée et entaillée à de nombreux endroits ; elle avait été au premier plan lors des derniers combats. Son commandement des Murs-Tempête avait été exemplaire et elle avait détruit les deux Conquêtes avec l’aide de l’artillerie cygnaréenne.

« Vous devriez retourner au camp de base, monsieur », dit-elle. « manger quelque chose et faire examiner votre bras ».

Il acquiesça, et une puissante et douloureuse lassitude s’installa en lui. Il n’était plus un jeune homme, et les rigueurs du combat lui peseraient pendant des jours, voire des semaines, après coup. « Bien, tu as le commandement alors. Des rapports arriveront des lignes avancées. Envoie un message si Harkevich décide de faire autre chose que panser ses blessures.

Elle sembla réfléchir à l’opportunité de poursuivre. Finalement, elle ajouta. « Magnus est revenu. Il vous cherche ».

Il sourit d’un air las. « Pourquoi ne pas l’avoir dit dès le début ? »

« Ça m’a échappé », dit-elle d’un ton égal. « Vous devriez aussi aller voir Halls ; il travaille sur Arsouye ».

Une vague d’inquiétude s’abattit sur Stryker. Le Sergent-Major Halls était l’officier mékanicien de warjack de la force d’invasion cygnaréenne, et s’il travaillait sur Arsouye au lieu de confier cette tâche à l’un de ses nombreux assistants, les choses risquaient de mal tourner.

Maddox s’approcha et posa une main sur le bras de Stryker. « Il s’en sortira », dit-elle. « Ce vieux ‘jack est plus résistant qu’un crachat de dragon ».

« Merci, Beth », dit-il. Il n’arrivait pas à exprimer son attachement au warjack. Certains warcasters considéraient leurs machines comme de simples outils, même si leur cortex se développaient et apprenaient. Stryker les avait toujours considérés comme des soldats d’abord et des machines ensuite. Arsouye était avec depuis plus d’une décennie, et le grand ‘jack était plus un compagnon d’armes que beaucoup de soldats en chair et en os aux côtés desquels il s’était battu.

« Allez-y », dit Maddox. « Nous avons mené le bon combat aujourd’hui, monsieur. Savourez un peu ».

Il accepta, même s’il ne pouvait pas se réjouir de la victoire. Il y avait encore du sang et des flammes à l’horizon.

* * *

L’ARMÉE CYGNARÉENNE AVAIT DÉPLACÉ la majeure partie de son camp militaire près du fleuve. C’était risqué – l’artillerie khadoréenne pouvait encore les atteindre – mais la capacité de déplacer rapidement hommes et machines à travers le pont en faisait un risque crédible.

Stryker traversa les rangées de tentes, saluant les soldats s’affairant parmi elles. Il y eut de nombreux sourires et cris d’encouragement – ils avaient gagné aujourd’hui et le nombre de victimes était faible. Ils n’avaient perdu que 127 hommes, même si beaucoup d’entre eux étaient des Chevaliers-Tempête lors de l’assaut initial sur le pont. La perte du Colonel Bartlett le peinait toujours et le ferait souffrir pendant des années encore. Il avait réussi à retrouver ses plaques d’identité sur le pont et il les renverrait personnellement à sa famille à Corvis.

Il se dirigeait vers l’arrière du camp, où résonnait le bruit des marteaux sur le métal. L’atelier du Sergent-Major Nathaniel grouillait d’activité, et pas moins de six warjacks se tenaient silencieusement à proximité, attendant les attentions du maître mékanicien.

L’atelier lui-même était l’une des structures les plus permanentes du camp, un atelier et une fonderie portables installées dans quatre chariots qui pouvaient être tractés par voie terrestre par des chevaux ou des laborjacks. Une fois assemblés, ils créaient un carré d’une dizaine de mètres de côté, doté d’une forge, d’un palan à vérin, de diverses tables de travail et d’un nombre incalculable d’étagères pour ranger les outils. Bien sûr, l’atelier état plus une base d’opérations, car la plupart des travaux de réparation se déroulaient sur le terrain, en particulier pour le monstrueux Mur-Tempête.

Halls hurlait des ordres à ses subordonnés, dont beaucoup étaient des humanoïdes de petite taille appelés gobbers. Ces créatures à la peau verte avaient une tête étroite avec des oreilles surdimensionnées, des dents pointues et de grands yeux jaunes. Ils se déplaçaient rapidement, presque à la manière d’un oiseau, se précipitant les uns autour des autres alors qu’ils se hâtaient de suivre les ordres de Halls. Bien que les gobbers avaient une réputation bien méritée de voleurs. L’armée cygnaréenne employait des centaines d’entre eux comme mékaniciens, souvent à la consternation de leurs supérieurs humains.

Alors qu’il se rapprochait de l’atelier, un accès de panique le parcourut. Arsouye – ou ce qu’il en restait – était suspendu au palan. Le grand Cuirassé avait perdu ses deux jambes et don bras droit. Sa coque était déchirée à plusieurs endroits, exposant ses entrailles mékaniques à l’intérieur. La culpabilité nouait l’estomac de stryker. Il avait forcé Arsouye à abandonner son marteau sismique lors de l’assaut du pont. Les poings du warjack étaient puissants, mais le marteau était une arme dévastatrice, et il aurait pu offrir à Arsouye un avantage sur les Destructeur modifié d’Harkevich.

Halls le vit arriver, et il posa un lourd marteau, criant quelque chose à l’un de ses subordonnés gobbers. Il sortit de l’atelier et s’approcha de Stryker.

Le sergent-major était un homme costaud, à la poitrine large et aux bras musclés par des heures passées à manier de lourds outils et à soulever des morceaux de coques de warjacks pour les mettre en place. Son visage était rouge et taché de suie, et il avait l’apparence d’un vulgaire ouvrier. Rien n’était plus éloigné de la vérité. Halls était un mékamancien, et il possédait le don de magie au même titre que Stryker, même si ses compétences se concentraient sur la subtile mékanique arcanique plutôt que sur le champ de bataille.

« Comment va-t-il ? » demanda Stryker, en essayant de ne pas laisser transparaître l’inquiétude dans sa voix.

« Il est très amoché, monsieur », répondit Halls. « Mais son cortex est intact ».

Stryker fut soulagé. Si le cortex, le cerveau mékanique d’un warjack, était intact, le warjack pouvait être sauvé, même si le cortex était inséré dans un châssis entièrement différent.

« Désolé de vous inquiéter, Seigneur Général », dit Halls. « J’aurais dû vous informer immédiatement ».

Stryker secoua la tête. « Non, non. Vous avez beaucoup à faire. Dans combien de temps Arsouye sera-t-il à nouveau opérationnel ? »

Halls réfléchit à la question. « Nous avons plus qu’assez de pièces de Cuirassés supplémentaires. Même des membres entiers ».

« Alors, j’aimerais que vous accordiez une attention particulière à Arsouye ».

« Oui, monsieur, nous ne pouvons pas imaginer notre Seigneur Général sans son warjack personnel. Accordez-moi deux jours ».

Stryker s’approcha et serra la main d’Halls. « Vous êtes un sacré faiseur de miracles, Halls ».

Le mékanicien gloussa. « Ne l’oubliez pas lorsque de ma demande de pièces détachées arrivera sur votre bureau ».

* * *

MAGNUS L’ATTENDAIT dans sa tente quand Stryker arriva. De la nourriture avait été disposée sur la petite table à l’intérieur, et le warcster était en train de manger quand Stryker entra.
« J’ai entendu dire qu’Arsouye avait été prit cher sur le pont », déclara Magnus en posant son couteau et sa fourchette.

Pourquoi Magnus avait-il choisi d’ouvrir la conversation par cela, Stryker ne put le dire, mais c’était probablement le premier tir d’une salve imminente. « Oui il a été endommagé. Halls a la situation en main ».

« Et Bartlett ? »

Stryker se détourna de Magnus pour ne pas qu’il remarque son visage se tordre de colère. Il commença à déboucler les sangles de son armure. « Oui, nous avons perdu le colonel sur le pont. Elle est morte courageusement. Aviez-vous prévu de me lire le rapport complet des pertes, général ? »

« Je suis désolé », répondit-il. « Je connaissais juste le père de Bartleet ; c’était un bon soldat, tout comme elle ». Il avait l’air sincère, et cela rendit les paroles suivantes de Stryker un peu plus faciles.

« Vous vous êtes bien débrouillé avec le pont », dit-il, bien qu’avec une certaine difficulté.

« Eh bien, c’était soit désarmer ces satanées choses, soit laisser les khadoréens nous tuer tous les deux », répondit-il. « Mais merci … monsieur ».

« Vous pouvez sûrement trouver un autre endroit pour vous reposer et manger que ma tente », dit Stryker en soulevant son plastron par-dessus sa tête et en le plaçant sur le support en bois devant lui. Il ne s’embêterait pas avec l’armure de ses jambes – les armures de cuisse et les jambières étaient pénibles à mettre et à enlever, et elles ne le dérangeaient pas autant que le lourd plastron et les épaulettes.

Magnus rit. « C’est vrai, mais je ne suis pas là pour rompre le pain avec vous ». Il tendit la main vers une sacoche en cuir à ses pieds et en sortit un paquet enveloppé de tissu. Il posa celui-ci sur la table, qui émit un lourd bruit sourd. « Nous avons récupéré l’un des explosifs du pont, et il est d’une origine et d’une qualité remarquables ». Il déballa le paquet, révélant deux cylindres de verre remplis de liquide verdâtre. Un dispositif mékanique – un détonateur, devina Stryker – avait été fixée au sommet des deux cylindres.

Stryker s’approcha pour jeter un coup d’oeil. Il put remarquer le symbole de l’Ordre du Creuset d’Or imprimé sur l’un des cylindres. « Ils ont été manufacturés par le Creuset ? » dit-il, en supposant qu’Harkevich avait probablement attaqué la guilde de l’Ordre lorsque les khadoréens s’étaient emparés de Croix-des-Fleuve.

« Ils sont bien plus que cela, Seigneur Général », répondit Magnus. « C’est le souffle diabolique ».

Stryker retira sa main des cylindres. Il avait fait partie du conseil ayant interdit l’emploi de cette terrible arme par le Cygnar, avant même que le Creuset d’Or n’arre^te de fabriquer ce produit. Mais il n’avait jamais vu le souffle diabolique en personne.

« Xavius m’a dit qu’il était inerte à moins qu’une charge voltaïque ne soit appliquée », déclara Magnus.

« Je ne pense pas qu’Harkevich utiliserait une telle arme », dit Stryker, réévaluant soudainement le warcaster khadoréen.

« C’est aussi ce que je pense », dit Magnus. « Mais c’est un khadoréen, et ils ont tendance à être … pragmatiques avec ce genre de choses ».

Stryker grimaça. « Magnus, ne le suggérez pas ».

Magnus inspira profondément et posa ses mains à plat sur la table. « Écoutez, j’ai vu ce truc en action, et malgré ce que vous pourriez en penser de moi, je ne suis pas pressé de l’utiliser, même sur les khadoréens. Mais je pense que nous devrions gardes nos options - »

« Non », déclara Stryker. « J’étais membre du conseil de Leto lorsque nous avons décidé d’empêcher l’emploi de cette … cette substance, et savez-vous quel a été le facteur décisif ? »

« Éclairez-moi, monsieur », dit Magnus. Son ton était à la limite de l’insubordination.

« Qu’il n’est guère mieux qu’une arme cryxienne ; en fait elle ressemble à certaines des armes horribles qu’ils ont utilisées contre nos propres troupes. Vous l’avez vu de vos propres yeux, n’est-ce pas ? »

La bouche de Magnus se tordit en une ligne dure et la colère brilla dans ses yeux. « Vous n’avez pas besoin de me rappeler les horreurs de l’Empire du Cauchemar, monsieur. J’ai combattu lors des Invasions Scharde … avec votre père ».

« Et il est revenu avec une brûlure si terrible à la jambe, causée par un cœliaque, qu’elle n’a jamais guéri et l’avait laissé souffrir pour le reste de sa vie. Utiliser une arme comme celle-ci est inhumaine, Magnus ». Magnus prouvait, une fois de plus, qu’il n’était pas différent de l’impitoyable warcaster que Stryker avait connu et déposés toutes ces années auparavant. Qu’il envisage même d’employer quelque chose comme le souffle diabolique sur d’autres êtres humains, même sur des ennemis, était inadmissible.

« Coleman », dit Magnus, son ton s’adoucissant, « dans les semaines à venir, nous nous attendons à un combat long et difficile. Nous ne pouvons pas négliger un avantage, même aussi terrible que celui-ci ».

« Général je ne vous ai pas autorisé à me tutoyer », reprit avec raideur. Entendre Magnus l’appeler par son prénom lui faisait grincer des dents. Cela lui rappelait  l’époque où il avait fait confiance à cet homme, et cette époque était révolue. « Vous m’appellerez ‘monsieur’ ou ‘Seigneur Général’. Vous comprenez ? »

Magnus ne répondit pas.

« Bien, Alors vous pouvez disposer ». Il désigna le souffle diabolique sur la table. « Laissez ça, et envoyez une équipe d’ingénieurs pour détruire ce qui reste sous le pont ».

Le rabat de la tente s’ouvrit avant que Stryker ne puise ajouter quoi que ce soit. C’était un caporal pionnier, un jeune homme au regard effrayé.

« Monsieur », dit-il, « je suis désolé de vous déranger, mais le Major Maddox m’envoie depuis le pont ».

« C’est bon, Caporal », dit Stryker. « Rapport ».

« Nous venons d’accueillir un émissaire des khadoréens ».

Même Magnus sembla surpris. « De quoi parlez-vous ? »

« Le Kommandeur Harkevich, monsieur. Il a envoyé un émissaire. Il veut rencontrer le seigneur général pour discuter des conditions ».

« Quelles conditions, Caporal ? » demanda Stryker, l’esprit tourmenté par les implications du message du warcaster khadoréen.

« C’est ce qui est étonnant, monsieur. Il veut discuter des conditions de son retrait de la ville ».
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Roman - Poudrière
« Réponse #27 le: 27 octobre 2024 à 18:49:13 »

- 27-
À l’Est de Croix-des-Fleuves, Llael Occupé, 1er Solesh, 611 AR

IL PLEUVAIT LE MATIN SUIVANT, et les gouttes qui tombaient sur les chaudières des deux Défenseurs qui se déplaçaient derrière Stryker produisaient un incessant grésillement. Lui, Magnus et Maddox avaient traversé le pont et la partie de la ville occupée par les cygnaréens, pour finalement arriver à un no man’s land entre les moitiés ouest et est de la ville.

Stryker n’avait pas de troupes supplémentaires avec lui – les warjacks étaient là pour le spectacle, une démonstration de force, pas pour le combat. Pourtant, des tireurs embusqués se déplaçaient au sommet des bâtiments au sommet des bâtiments dans leur sillage, parmi lesquels Sharp et Horgrum, et même si Stryker ne s’attendait pas à une trahison de la part d’Harkevich, l’idée du Raevhan Express du tireur trollkin qui veillait sur lui était réconfortante.

Harkevich l’attendait à une intersection semblant former une ligne de démarcation entre la moitié est de la ville, en grande partie intact, et la moitié ouest, en grande partie en ruine. Il n’y avait aucun citoyen de Croix-des-Fleuve dans la rue, même si quelques courageux regardaient par les portes ouvertes ou par les fenêtres pour assister à la réunion qui déciderait du sort de leur ville.

Harkevich n’avait qu’un seul warjack avec lui, le redoutable Destructeur noir à la main droite en forme de griffe. Il était accompagné de deux autres hommes, l’un portant l’uniforme d’un soldat khadoréen de haut rang, l’autre n’étant manifestement pas un soldat, un homme plus âgé aux cheveux courts et grisonnants et au physique robuste témoignant d’une vie de dur labeur. Harkevich, comme Stryker, Magnus et Maddox, portait son armure de warcaster. Il était armé de sa masse mékanique, qu’il tenait devant lui, la tête plantée au milieu de la rue.

« Seigneur Général », dit Harkevich alors que Stryker et son groupe s’approchaient. Le warcaster khadoréen fit quelques pas en avant, et Stryker remarqua avec une certaine satisfaction qu’il boitait de la jambe que Stryker avait blessée lors de leur court duel. Harkevich tendit une énorme main en guise de salutation.

Stryker s’avança et prit la main d’Harkevich. L’homme serra, et sa oigne était d’une force immense, écrasante. Il ne doutait pas qu’Harkevich aurait pu lui briser le bras avec cette poigne, armure ou pas. « Kommandeur Harkevich », prononça Stryker en relâchant la main du warcaster khadoréen.

« Je vous présente mon officier supérieur, le Kovnik Alexi Turpin », dit Harkevich, et l’homme en uniforme se redressa. « Et voici Andrei Ladislav, un aîné de cette ville, un homme qui représente tout ce qu’il y a de bon chez ses citoyens ».

Une pleurnicherie ? Se demanda Stryker. La présence de Ladislav était importante. Elle aillait sans doute peser dans leurs négociations.

« Voici le Général Asheth Magnus et le Commandant Elizabeth Maddox » répondit Stryker en présentant les deux warcaster.

Harkevich sourit, ce qu’il semblait faire assez souvent, surtout pour un homme à la réputation si redoutable. « Asheth Magnus en chair et en os », s’émerveilla-t-il. « J’ai toujours espéré vous affronter un jour, mais je n’aurais jamais pensé que vous seriez sous la bannière du Cygnar ».

« Votre surprise n’est pas injustifiée, Kommandeur », dit Magnus. « Moi-même, j’ai du mal à y croire certains jours ».

« Hah ! » Harkevich rit

« Kommandeur, ne nous laissons pas distraire. Nous devrions discuter de la raison pour laquelle nous sommes ici », déclara Stryker.

« Bien sûr, Seigneur Général », déclara Harkevich. « Mais d’abord une question ».

Stryker attendit.

« Qu’avez-vous fait du Seigneur Pytor Aleshko ? » Il prononça la nom avec un évident dégoût. Stryker ne pouvait guère le blâmer pour cela ; le prince kayazy était un être humain détestable.

Stryker ne vit aucune raison de mentir. « Actuellement, il est un invité de Cygnar », répondit-il. « Et il le restera ».

Harkevich ricana à la réponse. « Je ne doute pas que c’est lui qui vous a donné les informations dont vous aviez besoin pour désamorcer les explosifs sous le pont. Faites-en ce que vous voulez. L’Empire n’as pas besoin de traîtres ».

« Il ne sera pas mal traité », déclara Stryker. Plus.

« Enfermez-le dans le donjon le plus sombre que vous ayez, afin qu’il puisse profiter de la compagnie d’autres victimes », répondit Harkevich en crachant.

« Kommandeur, vous avez dit que vous vouliez négocier un retrait de la ville », dit Stryker, pressant le khadoréen d’en venir à l’essentiel de leur rencontre.

« Vous tenez le pont, vous avez plus d’hommes, plus de warjacks et plus d’artillerie. Et je ne suis pas idiot », déclara Harkevich. « Je pourrais rester et vous combattre » - il pointa un gros doigt en direction de Stryker - « et ne vous y trompez pas, je pourrais vous coûter cher ».

« Vos prouesses sur le champ de bataille ne sont pas en cause, Kommandeur », dit Stryker. « Je n’ai aucune envie de me battre contre vous si je n’y suis pas obligé ».

Stryker déplorait parfois le fait qu’il soit souvent contrait de combattre des hommes qu’il appellerait volontiers ses amis dans d’autres circonstances. Le Kommandeur Izak Harekvich était l’un de ces hommes. Stryker pouvait lire sur le visage du warcaster combien il lui était difficile d’admettre la défaite, qui plus est sans combattre, mais son souci n’était pas sa propre fierté martiale, mais les hommes et les femmes innocents qui étaient sous sa garde.

« Kommandeur, vous êtes un adversaire digne de ce nom, et je salue l’intérêt que vous portez à des hommes comme Andrei », dit Stryker. « Tout homme ou femme souhaitant rester à Croix-des-Fleuve peut le faire et bénéficier de la protection de l’Armée Cygnaréenne. Ceux qui souhaitent partir et s’installer ailleurs seront également autorisés à le faire ».

Harkevich inclina la tête. « C’est noble de votre part, Seigneur Général. Alors voici mes conditions. Je vais quitter la ville immédiatement, en emmenant avec moi tous les soldats, armes et warjacks khadoréens. Demain soir, nous serons partis ».

« Seigneur Général, un mot en privé », dit Magnus. Maddox et lui le regardaient fixement, et à la surprise de Stryker, ils avaient tous les deux le même regard : la désapprobation.

Un moment, Kommandeur, que je m’entretiennent avec mes officiers supérieurs », déclara Stryker.

« Bien sûr », Seigneur Général », déclara Harkevich.

Stryker, Maddox et Magnus s’éloignèrent de quelques verges et se rapprochèrent. La pluie s’était intensifiée et l’averse allait étouffer leurs voix. « D’accord, dites-moi », dit-il.

« Nous ne pouvons pas le laisser partir », dit Magnus. « Si nous le laissons sortir de la ville, il va se diriger directement vers Rynyr, rejoindra les deux bataillons s’y trouvant et probablement les cinq de Laedry, et nous devrons nous battre à nouveau contre lui d’ici deux semaines. Mais cette fois, il aura toute une armée à ses côtés ».

« Je suis d’accord, monsieur », poursuivit Maddox. « Je n’aime pas l’idée de se battre dans les rues, et il y aura des dommages collatéraux, mais nous courons trop de risques si nous les laissons partir ».

« Harkevich va nous saigner », déclara Stryer, se sentant miné par Maddox. Il s’attendait à cela de la part de Magnus, peut-être, mais pas de la sienne. « Il a suffisamment d’hommes et d’armes pour qu’il faille des semaines pour l’éliminer, et nous perdrons des hommes, sans parler des centaines, voire des milliers de citoyens de Croix-des-Fleuve qui mourront entre les deux feux.

« Il existe peut-être un moyen de minimiser les dégâts », déclara Magnus, « mais nous perdrons un énorme avantage stratégique si nous le laissons partir. Non seulement ses ressources s’ajouteront à celles de Rynyr et Laedry, mais il connaît également la composition de notre armée. Cela suffit pour que la bataille en vaille la peine ».

Maddox déglutit et détourna le regard. « Encore une fois, je suis d’accord avec le général, monsieur », dit-elle en se retournant. Il pouvait voir la lutte se déroulant derrière ses yeux entre sa loyauté envers lui et ce qu’elle considérait comme un bon conseil tactique.

Stryker se retourna vers Harkevich. Andrei Ladislav se tenait à côté de l’imposant warcaster. Il avait l’air petit et misérable à côté du kommandeur, un homme sans voix à la décision de son propre destin. Stryker avait vu des hommes comme lui des milliers de fois, dans chaque ville où il avait combattu, dans chaque village qu’il avait vu rasé par le Cryx ou le Protectorat de Menoth. Il avait rarement eu l’occasion d’aider de tels hommes, et il se retourna vers Magnus, un homme qui trouvait rarement le besoin d’aider les personnes comme Andrei Ladislav.

« Non », déclara Stryker. « Nous allons permettre à Harkevich de se retirer. Une bataille dans la ville coûterait trop cher ».

« Monsieur, s’il vous plaît », dit Maddox. « Ce n’est pas- »

« Ce n’est pas un conseil » dit Stryker. Il ne voulait pas discuter de ce point avec elle ou avec Magnus qui, pour une fois, demeurait silencieux. « Je comprends vos doutes, et je ne laisserai pas Harkevich sortir d’ici dans laisser quelque chose sur la table ».

« Comme vous le souhaitez, monsieur », répondit-elle.

Stryker jeta un coup d’oeil à Magnus. « J’ai dit ce que j’avais à dire », prononça le warcaster. « Tenez en compte ou pas, monsieur ».

Stryker se détourna et revint vers Harkevich, Maddox et Magnus dans son sillage.

« Kommandeur, voici mes conditions », dit Stryker. « Je vous autorise à quitter la ville, mais vous devez laisser votre artillerie et vos warjacks derrière vous, et n’emporter avec vous que vos armes personnelles ».

Les yeux d’Harkevich s’écarquillèrent. « C’est ridicule ! » dit-il en écartant les bras, le faisant ressembler encore plus à un ours. « Vous en demandez trop, Seigneur Général ».

« Ou restez et combattez, et je vous éliminerai de Croix-des-Fleuve s’il me faut un mois pour le faire. Vous ne pouvez pas gagner ; vous êtes en infériorité numérique et en armes. Vous pourriez me rendre les choses difficiles et, oui, des hommes comme Andrei en souffriront, mais vos soldats aussi. Vous pouvez dépenser leur vie ici inutilement, ou les laisser se battre un autre jour, quand leur mort pourrait signifier quelque chose ».

Stryker ne se retourna pas vers Maddox et Magnus ; il ne se souciait pas de ce qu’ils pensaient de ses conditions. C’était le meilleur plan d’action – il préférait combattre Harkevich et tous ceux qu’il pourrait amener avec lui à l’extérieur de la ville plutôt que de s’engager dans une coûteuse guérilla qui pourrait s’éterniser pendant des mois.

L’officier subordonné d’Harkevich, le Kovnik Krupin, se pencha et prononça quelque chose en khadoréen.

« Un moment, Seigneur Général », dit Harkevich et s’éloigna avec Krupin, laissant Andrei Ladislav derrière lui.

« Je suis désolé, Monsieur Ladislav », dit Stryker. « Je ne suis pas ici pour vous causer davantage de souffrances à vous et aux habitants de Croix-des-Fleuve, et je ferai tout ce que je peux pour vous aider ».

« Vous et le kommandeur n’êtes pas si différents », déclara Ladislav en adressant à Stryker un sourire fatigué. « Mais en fin de compte vous n’avez qu’une seule maîtresse, et son nom est guerre. Elle ne se soucie pas de ce qui arrive aux hommes comme moi ».

Stryker ne sut pas quoi répondre à cela, mais Harkevich revenait, un air sinistre sur le visage. « Je suis d’accord avec vos conditions, Seigneur Général », dit-il, « mais je laisserai pas Ivan le Noir derrière moi ». Il regarda le warjack Destructeur, debout sous la pluie, de la vapeur s’élevant de sa coque telle des nuages de gaz toxique.

Ladislav avait raison ; lui et Harkevich se ressemblaient beaucoup. Cet Ivan le Noir était probablement aussi important pour Harkevich qu’Arsouye l’était pour Stryker. « Convenu. Ivan le Noir, et seul Ivan le Noir, peut vous accompagner ».

Harkevich tendit à nouveau la main et Stryker la serra. « Nous nous reverrons, Seigneur Général ».

Derrière lui, Stryker entendit la voix de Magnus, juste assez forte pour qu’il puisse l’entendre. « Je n’en doute pas ».

* * *

LE RETOUR À TRAVERS LA VILLE fut tendu. Magnus s’était excusé peu de temps après la rencontre avec Harkevich, déclarant qu’il devait informer ses hommes. Stryker avait été plus que disposé à le laisser partir, mais cela le laissait avec Maddox, et sa colère de cette dernière était dirigée vers lui telle une tempête de couteaux.

« Dites-moi juste une chose, monsieur », dit-elle après qu’ils eurent marché en silence pendant un certain temps, se faufilant à travers la ville, regardant les bâtiments se transformer de carcasses incendiées en structures intacts et même magnifiques. « Dites-moi que vous avez laissé Harkevich partir parce que vous pensiez que c’était la bonne chose à faire et non parce que Magnus vous avait suggéré le contraire ».

Ses paroles le choquèrent et il s’arrêta et se tourna vers elle. « Major, je suis le Seigneur Général de l’Armée Cygnaréenne. Je ne prend pas de décisions qui pourraient coûter la vie à des hommes par dépit. Si vous vous souvenez bien, vous aviez suggéré la même chose ». Lui aussi était agacé, surtout d’être défié de cette façon, mais une partie de lui espérait sincèrement qu’elle n’avait pas raison.

« Avec respect, monsieur », dit-elle. « Il avait raison, il a raison. Nous allons nous battre à nouveau contre Harkevich, et il aura un avantage la prochaine fois ».

Il ne voyait aucune raison de continuer à expliquer sa décision, mais les mots vinrent malgré tout. Peut-être avait-il besoin de les entendre lui aussi.

« Tu te souviens des combats en Caspia et Sul ? « demanda-t-il. C’était un coup bas ; elle avait été capturée par le Protectorat durant la Guerre Caspia-Sul. « Tu te souviens des combats de rues, des hommes brûlés vifs ? »

Le visage de Maddox se tordit en un rictus de dégoûts. « Comment pouvez-vous me faire cela ? J’étais là, en plein milieu, respirant la même odeur de chair brûlée que vous. Mais Harkevich n’est pas le Protectorat, et ce n’est pas Caspia ».

Bien sûr, elle avait raison. Ce n’était pas Caspia, mais une bataille dans les rues serait néanmoins brutale. Il ajusta son approche. « Je ne risquerai pas des hommes quand nous n’avons pas à le faire, Commandant, pas quand nous en aurons désespérément besoin au cours des jours et des mois à venir. Ce n’est que le début, rappelez-vous ; nous allons bientôt passer à Rynyr, et j’ai besoin d’autant de soldats en bonne santé que possible ».

« Vous savez que vous n’avez pas à vous expliquer avec moi », déclara Maddox, même si son ton disait tout autre chose. « Je suivra vos ordres, sans poser de questions, et je n’en parlerai plus, mais Magnus a de la valeur, quelque chose à offrir dont nous avons besoin, si vous parvenez à surmonter votre méfiance à son égard ».

Stryker pencha la tête. « J’écoute les conseils du Général Magnus comme j’écoute les vôtres ».

« Je ne pense pas ce que soit le cas. Vous écoutez, mais vous ne l’entendez pas. Vous entendez toujours la voix de l’homme qui vous a trahi il y a des années, l’homme qui a soutenu le Roi Vinter- »

« Arrêtez », dit Stryker. « C’est un ligne à ne pas franchir, Commandant ». Il était frustré, la rage et le doute semblant entourer Magnus à tout moment crépitant dans son cerveau telle une tempête électrique. « Je n’ai pas besoin que vous remuiez le passé à chaque fois que nous parlons de Magnus. Il est ici, et il a les faveurs du roi. Je ne peux rien y faire, mais je ferai mon devoir ».

Maddox le regarda sans broncher. Elle avait les larmes aux yeux, mais ce n’était pas de terreur ou de chagrin, c’était des larmes de rage. Il avait invoqué son passé, aussi douloureux soit-il, et il s’en était pris à elle lorsqu’elle lui avait rendu la pareille. Sa propre frustration s’évapora, le laissant froid et vide.

« Mes excuses, Major », proposa-t-il sans conviction. « Ce n’était pas … élégant de ma part ».

« Oui, monsieur », répondit-elle d’une voix égale et glaciale. « Y a-t-il autre chose ? »

« Non », dit-il. « Rompez ».

Il resta là, sous la pluie, pendant un certain temps, tandis qu’elle s’éloignait, ne serait-ce que pour éviter de la rattraper sur le chemin du retour au camp.
« Modifié: 10 novembre 2024 à 20:12:56 par elric »
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« Réponse #28 le: 10 novembre 2024 à 20:21:02 »

- 28-
À l’Ouest de Croix-des-Fleuves, Llael Occupé

MAGNUS ET L’ALCHIMISTE XAVIUS se déplaçaient à travers les ruines de Croix-des-Fleuve occidentale au son des marteaux sur la pierre. Les travaux sur le mur extérieur en ruine avait repris après le retrait d’Harkevich et des forces khadoréennes d’occupation. Stryker avait affecté des centaines d’hommes et une poignée de warjacks pour aider les citoyens de la ville à reconstruire les fortifications occidentales de Croix-des-Fleuve.

Magnus soupira. Stryker consacrait des hommes et des ressources au mur parce que c’était là que se produirait la prochaine attaque. De Rynyr ou de Laedry, et elle serait sûrement renforcée par la force largement intacte d’Harkevich. Oui, ils avaient forcé le warcaster khadoréen à laisser derrière lui des warjacks et de l’artillerie, et cela émousserait un peu la force d’Harkevich, mais pas assez.

Stryker avait ignoré des conseils tactiques irréfutables, dans l’esprit de Magnus, tant de sa part que de celle de Maddox, mais pour quoi faire ? Pour sauver quelques paysans ? Où était-ce simplement pour exercer un contrôle sur lui, pour prendre des mesures à conditions qu’elles contrecarrent celles de Magnus ? Non, Stryker n’était pas stupide, et il n’avait pas survécu à quinze ans de combat actif en ignorant une solide stratégie tactique. Il accordait autant d’importance à la vie des hommes et des femmes de Croix-des-Fleuve qu’à celle de ses propres hommes. C’était ce genre de réflexion qui avait tant coûté à Cygnar : une folie douce qu’ils ne pouvaient pas se permettre. Magnus ne se considérait pas comme un homme cruel, quoi qu’en pensent des hommes comme Stryker, mais ils avaient une mission, une mission qui serviraient en fin de compte les habitants de Llael même s’ils devaient en souffrir. Si quelques milliers d’entre eux devaient mourir pour renforcer le Cygnar et, par là même, le Llael, c’était un sacrifice qui en valait la peine.

L’exil ne lui manquait pas, mais la liberté qu’il lui avait accordée lui manquait. A l’époque, c’était lui qui prenait les décisions tactiques, et les hommes suivaient ses ordres, et non l’inverse. Réintégrer la chaîne de commandement contraignante de l’Armée Cygnaréenne était parfois extrêmement difficile.

« Il devrait se trouver plus loin », dit Xavius en désignant un bâtiment effondré, peut-être une tour, près d’une partie intacte du mur d’enceinte ».

Cela faisait des heures qu’ils parcouraient le quadrant nord-ouest depuis des heures. Lui, Xavius et un petit contingent d’hommes lui étant fidèles. Il avait dit à Stryker qu’il superviserait la reconstruction du mur ouest, et il avait laissé Harrow et certains de ses autres officiers sur place pour s’en charger. Mais il avait accepté de superviser les efforts de reconstruction afin de pouvoir explorer cette partie de la ville avec Xavius, à la recherche des ruines de la guilde de l’Ordre du Creuset d’Or.

« Cela fait des heures que nous cherchons, Xavius », dit Magnus. « Savez-vous s’il y avait même une maison de guilde à Croix-des-Fleuve ».

L’ordique hocha vigoureusement la tête. « Il devrait y en avoir une. Le souffle diabolique n’est pas le genre de chose que l’Ordre laisserait hors de sa vue à moins qu’il n’ait pas le choix ».

« C’est juste », dit Magnus. « Cela signifie qu’Harkevich ou ses hommes ont dû trouver le stock, donc nous devrions trouver des preuves de constructions ou au moins déblaiement, mais il y a toujours la possibilité que les khadoréens aient embarqué ce qui restait ».

« Je ne pense pas que ce soit le cas. Ils ont dû partir trop vite », dit Xavius. « Nous avions bien trop d’yeux dans la ville pour le remarquer ».

Ils s’approchèrent du bâtiment en ruine indiqué par Xavius, et Magnus se tourna vers les six hommes qui les suivaient de près. Ils étaient armés et armurés comme des pionniers, mais c’étaient des hommes qui l’avaient servi en exil, des mercenaires qui lui devaient une allégeance personnelle.

« Dispersez-vous et empêchez quiconque de nous déranger ou de s’approcher de ces ruines » dit-il. La ville était une véritable ruche. Le gros de la force d’invasion cygnaréenne s’était déplacé en ville, et les citoyens de Croix-des-Fleuve s’aventuraient hors de chez eux, essayant de reprendre leur vie au milieu du chaos.

Le bâtiment en ruine semblait avoir été touché par des tirs d’artillerie. La plupart des blocs de pierre blanche étaient roussis et noircis. Il devait avoir trois étages, et il semblait s’être écroulé plutôt que de s’être simplement effondré. La plupart des débris de pierre blanche gisaient sur deux maisons à l’est.Le symbole du Creuset d’Or était clairement visible sur certaines de ces pierres. Donc, ils avaient au moins trouvé le hall de la guilde.

« Là », dit Xavius en pointant du doigt.

Magnus regarda vers l’endroit qu’il indiquait, vers les tas de débris ordonnés – du genre de ceux formés par hommes effectuant des fouilles.

Magnus suivit l’alchimiste jusqu’au site. Les tas de débris étaient hauts, mais Xavius n’y prêta aucune attention. Il cherchait entre eux et la tour en ruine.

« Il n’aurait pas été conservé dans la guilde », dit Xavius. « La plupart d’entre elles disposaient de chambres fortes souterraines pour abriter les substances les plus dangereuses et les plus volatiles que nous utilisions ». Il commença à parcourir le périmètre des ruines, les yeux rivés sur le sol. Magnus le suivait, intrigué.

Quelque chose de noir sur les tas de pierres blanches attira l’attention de Magnusui s’enfonça dans les ruines. C’était une bâche noir, étalée et alourdie de pierres. Elle s’inclinait au milieu, comme si elle recouvrait une dépression ou un trou.

« Xavius », dit-il. « Aide-moi à déplacer cette pierre ».

Magnus portait son armure de warcaster et il pouvait facilement déplacer de gros morceau de pierre. Xavius, en revanche, maigre et peu habitué au travaux de force, avait du mal à les déplacer. Ils découvrirent la bâche assez rapidement et Magnus la tira en arrière, révélant un passage en escalier de pierre taillée descendant dans le sol. Une légère odeur s’échappait de l’ouverture – de la poussière et quelque chose d’âcre et de chimique.

Xavius recula, se couvrant la bouche et le nez avec un morceau de tissu qu’il avait apporté à cet effet. « Nous devons être prudents », dit-il. « Certains vaisseaux ont pu être brisé lors de l’attaque initiale ou voire lors de la récente. Nous ne voulons pas respirer ces fumées ».

Magnus enroula un tissu autour de sa bouche et de son nez.

Xavius fouilla dans une pochette à son flanc et en sortit une petite fiole d’un liquide clair. Il la secoua et elle se mit à briller. Un peu d’alchimie, et la lumière en bouteille était courante sur les marchés de la plupart des grandes villes.

« On y va ? » demanda-t-il, sa voix prenant une tournure nerveuse. L’alchimiste était excité et cela mettait Magnus mal à l’aise.

Magnus lui tendit la main. « Donne-moi la lumière. Tu me suivras ».

Xavius lui tendit la bouteille de lumière et Magnus posa le pied sur la première marche, éclairant le passage. Il descendait sur environ trois mètres puis se terminait dans un hall ou une pièce plus large en contrebas.

Il descendit les marches, ajustant la chaudière de son armure de warcaster pour réduire la quantité de fumée qu’elle produisait. Au bas des marches se trouvait une grande salle vide, d’environ dix mètres de côté. Elle était construite en pierre solide, et un froid irradiait de la roche. Il y avait trois lourdes portes en bois le long des murs est et ouest, toutes fermées et toutes barrées sauf une.

Magnus se dirigea vers la porte non barrée, ses pas résonnant dans la pénombre. Il s’arrêta et s’écarta du passage. « Maintenant, tu peux y aller en premier, Xavius », dit-il.

L’alchimiste s’approcha de la porte et passa ses mains sur le bois. Il souffla un peu de poussière et découvrit un symbole, un cercle entouré de pointes. « Ça y est », dit-il. « Ce symbole signifie pericula, ‘grand danger’ en vieux caspien. Cela signifie qu’il y a des substances très dangereuses au-delà des éléments les plus dangereux avec lesquels l’Ordre travaille.

« Eh bien, ouvre-là, alors », dit Magnus.

Xavius se tourna vers lui,visiblement tremblant d’excitation. « S’il est là-dedans, s’il y en a suffisamment, nous l’emploierons, n’est-ce pas ? J’ai toujours rêvé de voir le souffle diabolique en action ».

Magnus fronça les sourcils. Il avait déjà vu cette infâme substance en action,et il n’avait pas envie de la revoir. « Comme je te l’ai dit, nous ne faisons que confirmer sa présence, et si c’est le cas, nous la sécuriserons ». Les paroles suivantes qu’il allait devoir prononcer était comme un serpent lui mordant la langue. « C’est au seigneur général de décider si nous l’utiliserons au combat. D’après notre dernière conversation, je dirais que c’est peu probable ».

« Non, non, non », dit Xavius, son visage se décomposant en une moue. « Je ne peux pas être si proche de cela et ne pas le voir utilisé. Comment peux-tu laisser cet imbécile te commander ainsi. Je me souviens- »

Magnus tendit sa main droite la main mékanique, tel un piston pour attraper Xavius à la gorge. L’ordique poussa un cri effrayé lorsque Magnus le plaqua contre la porte avant de pousser son visage contre celui de l’alchimiste.

« Écoute-moi bien parce que je me répéterai pas », dit Magnus en sifflant les mots. « Alors, tu m’écoutes ? »

L’alchimiste acquiesça, du moins autant que la poigne de Magnus le lui permettait.

« Cet ‘imbécile de pacotille’ est le Seigneur Général de l’Armée Cygnaréenne, et je suis sous ses ordres ... » Il grimaça. « Parce que c’est ce que le roi ordonne. Il me l’ordonne, et il te l’ordonne. Ne prend pas mon adhésion à la chaîne de commandement pour de la faiblesse ou de une incapacité à voir la volonté du roi s’accomplir. Nous sécuriserons le souffle diabolique, et s’il est nécessaire de l’utiliser, je convaincrai le seigneur général que c’est la meilleure chose à faire ».

Magnus relâcha Xavius et recula. L’alchimiste se frotta la gorge et déglutit. « Mes excuses, Général », prononça-t-il. « Je suis encore en train de m’adapter à une profession plus … légitime ».

Le sous-entendu était assez clair : lorsqu’ils étaient en exil, ils faisaient ce que Magnus pensait être de mieux. Xavius n’était sans doute pas le seul à avoir remarqué un changement dans l’influence personnelle de Magnus. Il devrait probablement en « corriger » d’autres à l’avenir, comme il venait de le faire avec Xavius.

« Tu es pardonné », dit Magnus « Maintenant, ouvre la porte ».

Xavius se retourna et posa la main sur la poignée. Son bras se tendit et une alarme soudaine traversa le cerveau de Magnus. Ce n’était pas tout à fait une prémonition, mais la mort semblait laisser une trace de son passage, et il les remarquait maintenant.

Magnus entendit le déclencheur céder avec un claquement sec. Il se jeta sur le côté. La porte s’ouvrit et l’explosion fut faible, mais suffisamment puissante pour projeter Xavius vers l’arrière et vers le bas. L’explosion n’était cependant qu’un vecteur – le panache de brume verdâtre qui enveloppait l’alchimiste était la véritable charge utile du piège.

Magnus recula vers les marches menant à la surface, ses oreille bourdonnant. Il avait laissé tomber la bouteille de lumière, mais il pouvait encore entendre Xavius à proximité. L’alchimiste émettait de terribles bruits de toux et de haut-le-coeur. Magnus déjà entendu quelque chose de semblable. Le souffle diabolique était plus lourd que l’air, dont après l’explosion initiale, il avait tendance à se déposer comme une brume au-dessus du sol. C’est ce qu’il faisait maintenant, et

Magnus pouvoir voir au-delà de la porte que Xavius avait ouverte. La bouteille de lumière avait roulé dans la pièce au-delà, illuminant des ranges de caisses en bois, chacune marquée du symbole du cercle et des pointes. Ils avaient trouvés le stock, mais une personne parmi les hommes d’Harkevich, peut-être Krupin, s’était assuré que sa découverte serait coûteuse.

Il n’y avait aucun courant d’air dans la chambre souterraine et le gaz s’était en grande partie déposé. Magnus recula vers la sortie, vers la sécurité du soleil de l’après-midi venant du haut. Il se retourna, traversa la pièce en trois rapides enjambées et bondit vers l’escalier Xavius se mit à cracher et à tousser derrière lui.

Il émergea à la surface et inspira profondément une grande bouffée d’air frais, puis se retourna et redescendit les marches en courant. Le souffle diabolique ne traversait pas la peau ; il fallait le respirer pour qu’il soit efficace, et il pouvait retenir sa respiration suffisamment longtemps.

Magnus pouvait voir la forme sombre de Xavius affalé contre le mur opposé à la porte truquée, et il se dirigea vers l’alchimiste. Il ramassa l’ordique, le jeta par-dessus son épaule et remonta les escaliers en courant.

Lorsque Magnus atteignit la surface, ses hommes l’attendaient. Ils avaient entendu l’explosion en contrebas.

« Éloignez-vous », ordonna-t-il en se précipitant hors de l’ouverture souterraine en portant Xavius. Il déposa l’alchimiste sur le dos à six mètres de distance.

Le visage et la poitrine de Xavius étaient noircis et une grande partie de ses vêtements avaient brûlé. Les brûlures étaient graves, mais on pouvait y survivre – le composé toxique dans ses poumons, cependant, était une autre affaire. Le bouche, le cou et la poitrine de Xavius étaient couverts de sang. Il ne toussait plus, mais luttait pour faire pénétrer de l’air dans ses poumons qui se désintégraient rapidement. Ses yeux étaient écarquillés comme des soucoupe – il comprenait ce qu’il se passait. Il avait aussi probablement compris qu’il lui restait, cinq, peut-être dix minutes d’agonie avant que la mort ne l’emporte.

Magnus se leva et dégaina son canon à main. Il le tendit pour que Xavius puisse le voir. « C’est plus rapide », dit-il doucement.

L’alchimiste le regarda fixement puis toussa violemment, projetant du sang de sa bouche dans un panache de brume rouge. Il acquiesça faiblement.

Magnus n’hésita pas. Il visa, injectant un peu de sa magie dans le tir. Il était peu probable qu’il rate son coup à cette distance, mais il voulait le tuer d’un seul coup. Il appuya sur la gâchette et le canon à main déchaîna tonnerre et fumée. La lourde balle frappa Xavius au front, là où Magnus avait visé, et le sang gicla sur la tête de l’alchimiste. Il ne bougea plus.

Magnus rengaina son arme et réalisa que ses hommes le fixaient. Une sombre acceptation imprégnait leurs yeux, bien que la peut et même le dégoût fussent évidents dans certains d’entre eux.

« J’aurais fait la même chose pour n’importe lequel d’entre vous », dit-il. « Pour vous sauver d’une telle mort ».

Certains des hommes acquiescèrent ; c’étaient des hommes durs, mais ils avaient aussi vu Xavius, vu ce qui lui arrivait, et la plupart d’entre eux auraient accepté la balle tout comme lui.

« Assurez-vous que personne ne s’approche de ces ruines pendant le reste de la journée », dit Magnus. « Le gaz devrait se dissiper d’ici là ».

Il baissa les yeux sur Xavius, les yeux de l’alchimiste écarquillés et fixés sur la mort. Son vœu avait été exaucé, après tout.
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« Réponse #29 le: 10 novembre 2024 à 20:28:30 »

- 29-
À l’Ouest de Croix-des-Fleuves, Llael Occupé

STRYKER FIXAIT DEUX CADAVRES devant une cellule de prison ouverte et essayant de garder son sang-froid, essayant de ne pas crier et de ne pas se mettre en colère face à la mort inutile de deux bons soldats. Il avait devant lui Maddox et Magnus, ainsi que le Lieutenant Sims, à qui ces hommes relevaient.

Les deux soldats tués, tous deux rangers, gardaient le Seigneur Pytor Aleshko, devant la cellule de détention de l’une des garnisons du guet de Croix-des-Fleuve. Le bâtiment était toujours intact, et ses cellules étaient parfaites pour détenir un prisonnier aussi important. Stryker n’avait pas souhaité d’une garde importante pour le kayazy, principalement parce qu’il ne voulait pas que la rumeur ce qui lui avait été fait se répande. Maintenant qu’Aleshko avait disparu et que deux hommes étaient morts dans son sillage, il était clair que cela avait été erreur de laisser cet homme avec si peu de surveillance.

Stryker se pencha sur les cadavres – chacun ayant été tué à l’aide d’une lame, d’une épée ou d’un couteau – et récupéra les plaques d’identité des hommes. Il se leva et se dirigea vers Sims, mit les plaques dans ses mains. « Je suis désolé, lieutenant. C’étaient des hommes courageux et ils sont morts au combat ». C’était également vrai, car il y avait un troisième cadavre, celui d’un homme nommé Tibbs, un homme ayant rejoint l’armée cygnaréenne il y a seulement quelques mois, un homme ayant servi Asheth Magnus pendant que le warcaster était en exil.

« Y a-t-il des survivants ? » demanda Stryker à Sims.

Le jeune lieutenant acquiesça. « Oui, monsieur, le Soldat Conners. Il est gravement blessé – ces salopards lui sont passés dessus – mais il est dur et il tient le coup.

Stryker dirigea son regard vers Magnus. Le warcaster ne détourna pas son regard, mais il y avait fissure dans son habituel masque d’indifférence. Ce désordre l’avait ébranlé. Maddox avait l’air en colère et elle observait Magnus, serrant et desserrant les poings.

« Nous devons parler à Conners tout de suite », dit Stryker. « Nous serons rapides ».

« Il a été emmené à l’infirmerie principale », répondit Sims.

« Très bien. Occupez-vous de vos hommes. Je m’occupe du reste. Maddox, Magnus, avec moi ».
Stryker quitta la garnison du guet avec Magnus et Maddox, et ils se dirigèrent vers l’infirmerie qui, par chance, était installée dans le seul hôpital intact de Croix-des-Fleuve.

« C’était Harrow, n’est-ce pas ? » dit Stryker après qu’ils se soient éloignés de la garnison.

Magnus ne dit rien pendant un moment, pesant probablement sa réponse. « Probablement », dit-il. « Cela ressemblait à ses œuvres au couteau ».

« Je vous tiens pour responsable de cette situation, général », répondit Stryker, essayant de maîtriser ses émotions et de maintenir une attitude professionnel. Il y parvint. En grande partie. « Vous avez fait confiance à cet homme, en sachant de quoi il était capable, et vous l’avez mis dans une position de nous nuire ».

« J’accepte cette responsabilité, monsieur », dit Magnus, surprenant Stryker. « C’était mon homme ». Les lèvres du warcaster étaient pincées et il y avait une véritable rage dans ses yeux. Stryker pouvait sans doute deviner pourquoi. Harrow avait surpris Magnus. Il avait fait confiance à l’ancien mercenaire.

Stryker ne prononça rien d’autre jusqu’à ce qu’ils atteignent l’infirmerie, un grand bâtiment de trois étages situé au centre de la partie orientale de la ville. Les médecins les emmenèrent immédiatement à Conners, dans un aile de l’hôpital réservées aux blessés graves. Ils passèrent devant des rangées de lits contenant des hommes souffrant des terribles blessures, la plupart ayant été infligées lors de la courte bataille contre Harkevich. Il y avait des hommes avec des membres disparus, d’horribles brûlures et des corps criblés de balles. Ceux qui le purent saluèrent Stryker au passage, mais ce n’était pas lui qui incitait les blessés à se relever ou à murmurer des salutations. C’était Maddox.

Les visages s’illuminèrent dès qu’elle entra dans la pièce. Elle était la Libératrice de Llael, la femme qui avait survécu au Protectorat de Menoth et qui en était ressortie plus forte de cette épreuve. Le travail de Leto et de l’Armée pour la promouvoir en tant qui figure d’émancipation et de fierté national avait fonctionné avec brio.

Elle était souvent mécontent de ce rôle, mais ici, à cet endroit, Stryker ne le vit pas. « Monsieur, allez-y », lui dit-elle. « Je vais rester pour parler à certains d’entre eux ».

« Bien sûr ». Stryker la regarda se diriger vers le chevet d’un homme qui ne devait pas avoir plus de vingt ans. Ses deux jambes se terminaient par des moignons bandés sous les genoux, mais la douleur et le désespoir qui se lisaient sur son visage disparurent, ne serait-ce que pour un instant, lorsqu’elle s’approcha.

Stryker et Magnus suivirent l’infirmier jusqu’à l’extrémité sud de la pièce, où un rideau blanc avait été tiré autour de la salle des blessés, la séparant en deux moitiés. La noirceau de l’odeur de putréfaction et de morts les frappa alors qu’ils s’approchaient du rideau. Il se prépara à ce qui se cachait derrière ; des hommes si gravement blessés qu’ils n’avaient aucune chance de survivre.

L’infirmier écarta le rideau ; il n’y avait que six lits au-delà – leurs pertes avaient été légères jusqu’à présent. Les hommes dans ces lits ne remarquèrent pas sa présence ; la plupart d’entre eux étaient loin d’avoir remarqué quoi que ce soit.

Le lit de Conners était au bout, et il était allongé sur les draps, dépouillés de ses sous-vêtements. Sa poitrine n’était qu’une masse de bandages tachées de pourpre à cause de l’hideuse blessure qu’ils couvraient.

« Il n’y plus rien à faire pour lui » déclara le médecin. « Honnêtement, je ne sais pas comment il a pu survivre aussi longtemps ».

Stryker se tourna vers Magnus, croisant le regard du warcaster et le tenant. Voici le résultat de votre œuvre, de votre confiance mal placée, voulut-il dire, mais il y avait des préoccupations plus immédiates.

Il se déplaça au chevet de Conners. Les yeux de l’homme étaient ouverts, son visage gris cendre et sa chair relâchée. « Monsieur … » prononça-t-il faiblement, et du sang coula le long de son menton.

« Ne parle pas, soldat », dit Stryker en tendant la main au médecin. L’homme lui tendit un linge blanc et propre. Stryker essuya doucement le sang de la bouche de Conners et prit la main droite du soldat dans la sienne. « Je vais te poser quelques questions, et tu presseras une fois pour oui et deux fois pour non. Tu peux le faire, soldat ? »

Une pression.

« Brave gars. Tu as vu les hommes qui t’ont attaqué ? »

Une pression.

« Le Capitaine Harrow était-il parmi eux ? »

Une pression. Cela confirmait ce qui était déjà un fait dans l’esprit de Stryker, mais il avait besoin que Magnus le remarque.

« Est-ce qu’ils ont emmené le prisonnier avec eux ? »

Une pression. C’était aussi une question dont il connaissait déjà la réponse, mais c’était une confirmation de plus.

« Est-ce que le Seigneur Aleshko est parti avec eux volontairement ? »

Une pression. Stryker grimaça. Cela signifiait que le kayazy avait conclu une sorte d’accord avec Harrow, l’homme qui l’avait torturé. Cela avait un certain sens - infliger des tourments n’était que le prix à payer pour faire des affaires pour les deux hommes.

« Encore une question, Conners, et ensuite tu pourras te reposer. Ont-ils donné une indication de l’endroit où ils allaient ? »

Deux pressions.

« Je sais où ils se rendent », déclara Magnus. « Les bateaux ».

Stryker leva les yeux vers Magnus, qui se tenait au pied du lit de Conners. Le warcaster faisait de son mieux pour éviter de regarder le soldat mortellement blessé. Était-ce de la culpabilité sur son visage, une culpabilité qui le faisait détourner le regard ? Se demanda Stryker. À cette idée, Magnus paraissait presque humain. « Attends-moi dehors, général », dit Stryker.

« Oui, monsieur ». Magnus s’éloigna. Il semblait soulagé.

Stryker se retourna vers Conners pour lui exprimer à quel point il avait été courageux, pour lui dire à quelle point il appréciait son sacrifice, mais le jeune homme n’entendrait plus rien. Le jeune soldat pionnier fixait le plafond, ses yeux aveugles par la mort.

Stryker plaça les mains Conners sur sa poitrine, puis ferma les yeux. Il se pencha et murmura : « Ce ne sera pas pour rien. Je te le promets ».

* * *

« IL A TROIS HEURES D’AVANCE », déclara Tews.

« Combien d’hommes avec lui ? » demanda Stryker en se tournant vers Magnus. Ils étaient à nouveau sous sa tente, juste les personnes en qui il avait le plus confiance … et Magnus. Il ne pouvait pas laisser la nouvelle de la trahison d’Harrow se répandre dans le camp.

« Une vingtaine », répondit Magnus. « Tous des mercenaires de carrière, des hommes durs, parmi les meilleurs que j’ai ».

« Les meilleurs ! » dit Tews. « C’est drôlement riche. Les meilleurs quoi ? Traites ? Voleurs ? Meurtriers ? »

Stryker leva la main pour demander le silence. « Il ne manque aucun cheval, donc ils sont à pied. Nous pouvons toujours les attraper s’ils se dirigent là où vous pensez qu’ils se dirigent ».

« Les navires sont la seule chose qui ait du sens », déclara Magnus. « Harrow doit traverser le Llael occupé, et il ne peut pas le faire en traversant la ville ».

« Je suis d’accord », dit Vayne di Brascio. Toutes les personnes présentes s’étaient mises d’accord pour inclure le féroce mage balisticien llaelais dans cette réunion et à ce qui allait suivre. « C’est leur meilleure et unique chance de s’échapper ».

Les navires qu’ils avaient pris à Pytor Aleshko étaient amarrés plus loin sur le fleuve, à l’écart de la ville. Ils avaient été laissés là, car ils auraient fait des cibles tentantes, mais Stryker en avait toujours besoin. « Alors, il a le personnel navigant, quoi ? Pour un ? »

« Avec les hommes qu’il a avec lui, je pense que oui », répondit Magnus.

« Il ne s’agit pas seulement de la trahison d’Harrow », déclara Maddox. Elle était restée silencieuse depuis qu’ils avaient quitté l’infirmerie. « Ce salaud à de nombreuses précieuses informations à vendre. Il connaît les moindres détails de notre opération en Llael ».

Stryker se tourna vers Magnus. « Combien ? »

« Tout ».

« Sang et enfer » cracha Tews. « Et vous lui avez fait confiance ».

Le grand Lame-Tempête faisait preuve d’insubordination, et Stryker l’avait laissé faire jusqu’à présent. Sa propre colère contre Magnus l’emportait sur sa dévotion au devoir et au protocole, mais il ne pouvait pas le laisser poursuivre. Magnus n’aillait nulle part. Il ne le traduirait pas en cours martiale ; Magnus n’avait commis aucun crime, si ce n’est d’avoir fait confiance à la mauvaise personne. « Capitaine, ça suffit », dit Stryker. « Vous vous adresserez au général comme il se doit, compris ? »

Les yeux de Tews s’écarquillèrent. « Oui, monsieur ».

« Nous avons déjà trop gaspillé », dit Stryker, fatigué de la discussion et du poids de celle-ci. « Maddox, trouves dix Lames-Tempête en qui tu as confiance. Je m’occupe des chevaux. Nous nous retrouverons à la Grande Porte ».
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« Réponse #30 le: 17 novembre 2024 à 19:19:11 »

- 30-
Au Nord de Croix-des-Fleuves, Llael Occupé

ILS DESCENDIRENT L’ÉTROITE ROUTE longeant le fleuve, se dirigeant vers le nord et s’enfonçant dans le territoire contrôlé par le Protectorat. Il était peu probable que les menites remarquent une si petite force de quinze hommes, mais Stryker se sentait exposé sans warjacks sous son commandement. Ils devaient se déplacer rapidement, et aucun ‘jack ne pouvait suivre un cheval au galop.

Les dix hommes que Maddox avait recrutés étaient de bons soldats et d’honorables chevaliers. Stryker connaissait la plupart d’entre eux par leur nom et il avait combattu à leurs côtés. Ils avaient compris la gravité de leur mission et ils donneraient leur vie pour la mener à bien. Cela fégoûtait Stryker que certains d’entre eux puissent mourir à cause d’Harrow, à cause de la confiance que Magnus lui avait accordé. Un terrible gâchis. Mais il n’y avait rien d’autre à faire pour l’instant.

« Monsieur, regardez », cria Maddox en désignant le nord, dans la direction où ils chevauchaient. Une subtile lueur rouge flottait à l’horizon, illuminant l’obscurité du petit matin.

« Feu », déclara Stryker. « Le Protectorat ? »

Bientôt, ils arrivèrent au petit quai où étaient amarrés les navires de Pytor, le même quai où ils avaient capturé le kayazy. Tous ces navires, sauf un, étaient en flammes, leur mâts flambants comme de sinistres grandes bougies luisant dans l’obscurité. Stryker poussa un bref cri de douleur. C’était déjà assez grave qu’Harrow soit devenu un traître, déjà assez grave qu’il ait libéré Aleshko, mais l’homme avait également veillé à saper leur mission en Llael, quoi qu’il arrive dans les prochaines minutes. Des hommes se déplaçaient sur les quais de l’unique navire intact, des hommes en armure cygnaréenne qui n’avaient pas le droit de la porter.

« Sur eux ! » Cria Stryker en dégainant Vif-Argent.

Ils descendirent un abrupt talus tandis que des coups de feu retentissaient. Stryker pouvait maintenant voir que certains mercenaire avaient formé une ligne de tir et tiraient lentement et méthodiquement. Des balles frappèrent son champ d’énergie et des étincelles jaillirent lorsqu’elles touchèrent les champs de Magnus et de Maddox.
Stryker poussa son cheval au galop, puis repéra l’architecte de cette calamité, debout en haut de la passerelle du navire restant, criant des ordres aux hommes en contrebas. Harrow avait son épée et son pistolet en main, et il pointait la position de Stryker.

Puis il aperçut les canons et réalisa que le plan d’Harrow était de l’attirer plus près, à découvert, entre la route et le fleuve. Un soudain tonnerre et une vague de fusées éclairantes jaillirent du plat-bord du navire, et le cri révélateur de l’artillerie retentit en leur direction.

« À terre ! » Cria Stryker une seconde avant que les obus ne frappent et n’explosent. Il se jeta de sa monture alors que son champ d’énergie s’enflammait, mais la force de l’explosion l’envoya voler. Il s’écrasa au sol, grimaçant alors que son plastron était douloureusement enfoncé dans son flanc.

Il était le plus proche de la jetée et avait subi le plus gros du barrage de canons. Stryker se releva lentement, grimaçant alors qu’une douzaine d’ecchymoses et de coupes se manifestaient. Un certain nombre de ses chevaliers était à terre, et la plupart des chevaux s’étaient dispersés. Les chevaliers se déplaçaient mais étaient visiblement abasourdis.

« Repoussez-les ! » Cria Stryker à voix haute, et les chevaliers encore debout, y compris Tews et Maddox, commencèrent à tirer leur s compatriotes assommés vers la berne.

Un mouvement sur le pont du navire annonçait un nouveau tir de de canon, et Stryker capta la brillante spirales de runes se formant autour du pistolet cinémantique de di Brascio, puis le craquement sec de sa décharge. Un homme s’apprêtant à déclencher un nouveau tir de canons à bord du navire se raidit lorsque la balle ensorcelée le frappa en pleine poitrine, et il sembla que son corps tout en entier se grippa comme une machine à vapeur endommagée. Il tomba à la renverse.

Les canons tirèrent à nouveau, moins un, et les obus sifflèrent en direction des cygnaréens. Ils s’étaient assurés du berne et s’étaient jetés à plat derrière. Les obus de canon frappèrent juste devant lui, soulevant une pluie de terre. L’onde de choc s’écrasa contre le champ d’énergie des warcasters et les sorts de protection qu’ils avaient lancés. L’explosion fit trembler les dents et réduit l’audition à un cri aigu, mais personne n’était blessé.

Tews roula pour s’allonger à coté de Stryker. « Ils n’ont pas la portée nécessaire pour nous toucher de là », dit-il en criant. Leurs oreilles mettraient du temps à s’adapter.

« Oui, mais ils ont une portée suffisante pour nous réduire en menu morceaux avant que nous puissions atteindre le navire », déclara Stryker. Certains d’entre eux pourraient réussir, et il était peu probable qu’Harrow et Aleshko tirent avec leurs canon si près du navire ou sur le quai où un certain nombre de leur hommes attendaient toujours que Stryker et ses hommes se rapprochent d’eux.

« Si nous laissons Harrow et Aleshko s’échapper, ils iront directement chez les kahdoréens », déclara Magnus . Le warcaster s’était également déplacé à côté de Stryker.

« Vous devez le savoir. C’est votre homme », dit Stryker.

« Vous avez raison. Je le connais », répondit Magnus, d’une voix égale, bien que ses yeux se détournent du regard de Stryker. « C’est davantage la raison pour laquelle nous l’arrêtons ».

Stryker ne pouvait pas contester cela. Il se concentra sur leur problème immédiat. « Options ? » dit-il, puis il invoqua sa magie et renouvela le bouclier arcanique au-dessus d’eux. Les canons n’avaient pas encore tiré, mais la protection supplémentaire apportée par le sort atténuerait considérablement leur impact si Harrow ouvrait davantage le feu sur eux.

« Je n’aime pas le dire », cria Maddox depuis l’autre côté de la ligne de Chevaliers-Tempête collant leurs ventre au sol. « Mais nous devons nous précipiter sur lui, nous approcher suffisamment pour employer nos glaives-tempête et trop près pour qu’il puisse nous tirer dessus ».

« Vous peut-être raison », déclara Stryker. « Mais il n’y a pas de couverture, et quinze Chevaliers-Tempête sont une cible importante ».

« Et un warcaster », demanda Magnus. « Je peux encaisser un coup de canon, et je serai plus difficile à toucher ».

« Non », déclara Stryker. « Personne n’y va seul ».

C’était une vérité qui cachait un mensonge. Il n’enverrait pas un seul homme dans une telle mission suicide, mais il n’aimait pas trop l’idée que Magnus s’approche aussi près du navire tout seul. Il doutait qu’il agisse de concert avec Harrow, d’autant plus que Magnus avait semblé sincèrement surpris par la trahison de l’homme, mais Stryker ne lui faisait pas suffisamment confiance pour tester cette notion sous une telle contrainte.

« Ils se préparent à partir », déclara di Brascio. « Nous n’avons pas beaucoup de temps ».

« D’accord. Voici ce que nous faisons. Magnus, Maddox, nous trois serons en tête, et je veux des enchantements protecteurs sur toute l’unité ». Stryker avait une bonne connaissance des sorts dont Maddox disposait et il connaissait également le répertoire de Magnus. Ensemble, ils pourraient probablement se protéger ainsi que les dix Chevaliers-Tempête, des pires conséquences d’un inévitable bombardement de canon. Les deux warcasters hochèrent la tête et Stryker se tourna vers Tews. « Capitaine, vous dirigez l’unité derrière nous. Dès que vous êtes à portée des glaives-tempête, priorité aux canonniers de ce navire. Je me fiche de savoir si vous les touchez, mais empêchez-les de tirer avec ces satanés engins ».

« Je peux aussi empêcher certains d’entre eux de tirer », déclara di Brascio. « Je serai derrière les Chevaliers-Tempête ». Le mage balisticien était le seul membre de leur force capable de frapper les hommes à bord du navire à une distance aussi extrême et Stryker était content de le compter parmi eux.

« Merci », dit Stryker. « Comme toujours, toute aide que vous pourrez nous apporter sera la bienvenue ».

Stryker regarda les chevaliers les uns après les autres ; il y avait de l’acier et de la détermination dans leurs yeux. C’étaient des femmes et des hommes bon, courageux et inébranlables. Il était fier de les commander. « Maddox, protège-nous un peu ».

Des runes se formèrent autour de la main de Maddox, des particules d’énergie bleu vives, et son sort s’établi sur les Chevaliers-Tempête. Les hommes de Stryker étaient maintenant aussi protégés que Stryker pouvait le faire.

Le seigneur général s’empara de Vif-Argent d’une main. « À mon signal ». Quelques secondes s’écoulèrent, et l’adrénaline de la bataille à venir le parcourut. « Aller ! »

Il se releva d’un bond, accompagné de Magnus et Maddox, et chargea. Un cri féroce résonna derrière lui tandis que les Chevaliers-Tempête le suivaient.

Les canons tirèrent presque aussitôt. Harrow les avait attendus.

Il y avait environ cent verges de terrain à découvert entre les Chevaliers-Tempête de Stryker et le quai, et ils furent touchés par la première volée aux trois quarts de cette distance. Les sorts de protection atténuèrent quelque peu l’impact, mais pas suffisamment. Des panaches de terre et de débris retombèrent en cascade, les Chevaliers-Tempête furent projetés au sol.

Stryker parvint à rester debout, tout comme Magnus, mais Maddox fut renversée. Le craquement aigu du pistolet cinémantique retentit, mais il y avait trop de fumée et de débris pour voir s’il avait touché quelque chose.

Harrow était probablement en train de recharger.

Quelqu’un attrapa Stryker par l’arrière de son armure et le fit pivoter. C’était Tews. Du sang coulait sur le visage du grand Lame-Tempête, mais son regard était dur et fixe.

« Nous n’allons pas y arriver en tant que groupe », cria Tews. « Magnus avait raison. Un homme est une cible plus petite ».

« Non, Capitaine », répondit immédiatement Stryker. « J’y vais ».

« C’est foutu, monsieur », dit Tews. « Vous êtes un seigneur général. Je suis juste un capitaine ».
Puis il ne fut plus là, disparaissant dans la fumée persistance des obus.

« On bouge ! On bouge !  Entendit-il Maddox crier, et les Chevaliers-Tempête – tous, heureusement – se relevèrent.

Ils se remirent à courir, sortant de la fumée et retrouvant la clarté. Il pouvait maintenant voir que Tews avait presque atteint le quai, et que les canons étaient toujours braqués sur Stryker et son groupe. Harrow était maintenant à bord du navire, criant des ordres aux hommes rechargeant les canons. Aleshko se tenait à côté de lui, immobile, les mains liées devant lui. Quel que soit l’accord qu’Aleshko avait conclu avec Harrow, cela n’impliquait clairement pas sa liberté totale. Du moins, pas encore.

« Couvrez le capitaine », cria Stryker. Ils étaient encore trop loin du navire pour frapper avec leurs glaives-tempête, et les explosions de leurs armes furent trop courtes lorsque les Chevaliers-Tempête les tirèrent en courant, mais elles eurent tout de même un effet positif, car deux des chargeurs de canons arrêtèrent ce qu’ils faisaient et se baissèrent.

Ils étaient suffisamment proches pour que Maddox puisse faire feu avec Tempête. Elle pointa la grande épée vers le navire, et sa lame se fendit au milieu, se séparant pour ressembler à une énorme diapason. Les accumulateurs tempête à l’intérieur de la lame flamboyèrent et elle projeta un éclair. L’un des hommes chargeant les canons fut touché par le feu bleu et tomba sur le flanc du navire.

di Brascio tira à nouveau avec son pistolet cinémantique et un autre chargeur tomba.

Les mercenaires sur le quai ajoutèrent maintenant des tirs de fusils au mélange, mais grâce aux protections que Stryker et sa force avaient érigées, les balles étaient inoffensivement déviées. Certains mercenaires avaient dégainé leur épée lorsque Tews les atteignit. Stryker ne s’inquiéta pas outre mesure pour son ami. Il avait vu Tews en action à de nombreuses reprises, et les compétences de cet homme étaient exceptionnelles. Au combat, Tews tourbillonnait telle une tempête en armure, son glaive-tempête se déployant en un arc azur brillant tandis que la bobine de puissance de la lame flamboyait. Il abattit deux hommes du premier coup, puis un troisième du suivant. Il avançait sans cette, s’enfonçant vers la passerelle et le navire au-dessus.

Les canons se remirent à tirer ; cette fois, les tirs furent moins nombreux et leur visée plus erratique. Tews leur donnait clairement matière à réflexion. Les projectiles tombèrent sur les côtés et derrières les Chevaliers-Tempête qui chargeaient, les éclaboussant de terre, mais ne faisant pas grand-chose d’autre.

Tews avait franchi la passerelle et les Chevaliers-Tempête étaient désormais à portée de tir.

« Ligne de tir ! » Lança Stryker, et les Chevaliers-Tempête s’immobilisèrent et pointèrent leurs glaives. Stryker leva également Vif-Argent. « Visez le quai ».

Certains mercenaires tentèrent de grimper la passerelle derrière Tews.

« Feu ! » Ordonna Stryker.

Douze éclairs frappèrent les mercenaires sur le quai, projetant plusieurs d’entre eux dans l’eau. Le fusil à mitraille de Magnus aboya, tout comme le pistolet cinémantique de di Brascio, et deux autres cadavres tombèrent.

Tewes était maintenant à bord du navire, et il semait la mort parmi les chargeurs de canons, jetant leurs cadavres par-dessus bord. Il avait neutralisé les canons, mais pas Harrow. Stryker regarda le mortel mercenaire s’abattrent sur le Lame-Tempête avec son sabre.

 Il ne pouvait pas laisser Tews seul plus longtemps. « En avant ! » dit-il. « On prend le navire ! »

Ils sprintèrent à nouveau vers le quai. Un certain nombre de mercenaires étaient toujours rassemblés là, armés de fusils, et ils commencèrent à tirer alors qu’ils se repliaient vers la passerelle.

Seulement dix verges séparaient désormais les cygnaréens du quai, mais un énorme jet de fumée s’échappa de la cheminée principale du navire alors que son moteur à vapeur se mettait en marche. Il ne lui faudrait pas longtemps pour atteindre son plein régime et remonter le fleuve, emmenant Harrow et Asleshko.

Les balles rebondissaient sur le champ d’énergie de Stryker ou heurtaient son armure pendant qu’il courait. Un coup chanceux lui toucha la joue, mais il continua à avancer. Sur le pont du navire, le glaive de Tews crépita, Harrow para le coup, riposta et fit jaillir des étincelles sur l’épaulière gauche de Tews.

Ils avaient atteint le quai et les mercenaires étaient montés à bord, laissant les quais vides. Stryker sprinta vers la passerelle, mas avant qu’il ne puisse l’atteindre, le navire commença à bouger. Ils ne prirent pas la peine de remonter la passerelle alors que le navire s’éloignait du quai. La passerelle tomba à l’eau avec fracas, laissant Stryker bloqué sur le quai.

Tews se battait pour sa vie, son glaive était une chose vivante qui tranchait et taillait Il tenait Harrow à distance, utilisant l’allonge de son glaive pour empêcher l’arme plus courte de Harrow porter une efficace attaque.

« Feu à volonté », cria Stryker aux Chevaliers-Tempête l’ayant rejoint sur le quai.

Des éclairs d’électricités jaillirent du quai, mais l’angle n’était pas le bon. Ils étaient trop bas et le navire trop haut. La plupart des explosions des Chevaliers-Tempête ne firent que carboniser la coque du navire.

La panique s’insinua dans l’esprit de Stryker tandis qu’il tirait sur le navire en fuite. Tews était seul et il ne pouvait pas l’atteindre. Tout ce qu’il pouvait faire, c’est regarder Tews reculer jusqu’au pont du gaillard avant. Harrow le laissait battre en retraite et ses hommes se massaient derrière lui.

Ce qui allait se passer était clair, mais Stryker ne pouvait rien faire pour l’empêcher. Plus d’une douzaine de fusils étaient braqués sur Tews, et Harrow recule derrière la ligne de tir et leva son épée.

Stryker n’entendit pas Harrow prononcer le mot alors que son épée s’abattait, mais il semblait être tout autour d’eux, au milieu des navires en feu s’enfonçant lentement dans le Fleuve Noir.

Feu.

Les fusils firent feu une fois et Tews trébucha en arrière. Son armure résisterait à certaines balle, mais pas à toutes.

Autour de lui, les Chevaliers-Tempête continuaient à tirer, et il entendit un cri épouvantable et déchirant. Il se retourna pour voir Maddox faire feu avec Tempête sur le navire en fuite, di Brascio et même Magnus continuaient à tirer, mais en vain.

Tews tomba à genoux, se soutenant avec son glaive. Les fusiliers s’écartèrent, et Harrow passa entre eux, traversant le pont pour se tenir devant le capitaine Lame-Tempête. Il rengaina son sabre lentement, avec désinvolture, comme un homme sachant qu’il avait un public. Il sortit son pistolet, le lourd à répétition dont il ne semblait jamais se passer. Tews tenta de se redresser lorsque Harrow pointa le pistolet sur sa tête.

« Garvin ! » Maddox criait et courait vers le bord du quai.

Stryker entendit le claquement sec du pistolet, vit la tête de Tews reculer, puis le grand Lame-Tempête, un guerrier sans égal et un homme plus loyal que tous ceux qu’il n’avait jamais connu, tomba en avant sur le pont.

Stryker avait affronter la mort à de nombreuses reprises sur le champ de bataille, il avait combattu et survécu aux horreurs nécromékaniques de l’Empire du Cauchemar. Il avait appris à vivre avec tout cela. Mais alors que les hommes d’Harrow jetaient le corps de Tews passa par-dessus bord, Stryker sait que cette blessure ne guérirait jamais.

* * *

ILS TIRÈRENT LE CORPS DE TEWS DU FLEUVE. Il avait été jeté sans cérémonie dans une zone relativement peu profonde, et le poids de l’armure du Lame-Tempête l’avait entraîné directement au fond de l’eau. C’est di Brascio qui avait plongé dans l’eau glacée, l’extrémité d’une corde à la main. Il l’avait nouée autour du corps de Tews à trois mètres de profondeur, et l’un des chevaux avait tiré l’ami de Stryker des eaux sombres.

Ils se rassemblèrent autour du corps, et Stryker s’accroupit au-dessus de Tews. Il pouvait entendre Maddox pleurer doucement, et même Magnus affichait un ait de léger remords. Harrow avait tiré sur Tews au-dessus de son oeil droit et son plastron état criblé de nombreux impacts de balles.

di Brascio s’accroupit à côté de Stryker, les yeux pleins de sympathie. Il comprenait ce que signifiait perdre un ami au combat.

« Je suis désolé, mon ami », dit-il. C’était une simple déclaration, et di Brascio ne l’agrémenta pas de paroles inutiles ou de platitudes. Stryker fut reconnaissant, et la sincérité des mots du mage balisticien en toucha plus d’un.

« Coleman … Stryker, je suis ... » commença Magnus, puis ils sembla chercher ses morts, comme si la simple compassion était un état étranger. « C’était un bon ... »

« Vous n’avez pas besoin de dire quoi que ce soit, Général », déclara Stryker. « Rien du tout ». Son dos le démangeait au fond de son cerveau, voulant se déchaîner, frapper l’homme responsable de tant de souffrance dans sa vie. Mais ce ne serait qu’un geste de dépit insignifiant. Magnus le sentit et se tut.

Tews fixait les cieux nocturnes, les étoiles, et Stryker espérait que la mort l’avait emporté sans douleur. N’était-il pas déjà là-bas. Aux côtés d’un autre bon soldat tué inutilement, mais celle-ci lui avait transpercé le coeur.

Il tendit la main et ferma les yeux de Tews, ne voulant rien d’autre que de fermer les siens, de faire taire la douleur de son monde bouleversé. Il leva les yeux ; le reste des Chevaliers-Tempête se tenait à une distance respectueuse. Ils avait tous ôté leur casque et leur visages étaient un masques de chagrin. Certains d’entre eux pleuraient ouvertement.

« Frères », déclara Stryker. « Emmenez-le aux chevaux ».

Les Chevaliers-Tempête avancèrent et soulevèrent doucement Tews du sol et l’emportèrent. di Brascio les accompagna.

« Tu es responsable de ça », dit soudainement Maddox en se tournant vers Magnus. « C’était ta … créature. Tu l’as amené parmi nous, et maintenant un homme brave est mort ». Ses poings se resserrèrent autour de la poignée de Tempête, et Stryker se demanda si elle allait essayer d’abattre Magnus. Il se demanda s’il allait essayer de l’arrêter.

Magnus ne bougea pas. Il faisait face à la colère de la jeune femme avec une sprte de résignation stoïque. « Vous avez raison », dit-il enfin. « Je l’ai laissé tomber. Je le reconnais ».

« Maddox », prononça Stryker.

Elle se tourna vers lui, des larmes coulant sur son visage. Elles lui donnait un air encore plus terrible que l’émotion qui avait déformé ses traits en un masque de chagrin. Elle avait été proche de Tews, il y avait eu entre eux bien plus qu’une simple amitié et de la camaraderie à un moment donné par le passé. Elle recula d’un pas et s’essuya furieusement les yeux.

« Je suis désolée, monsieur », dit-elle. « J’ai dépassé les bornes ». La rage présente l’instant auparavant disparut, laissant le masque, le mur qu’elle avait érigé pour se protéger de tout le chagrin et de toute l’horreur qu’elle avait subis. Encore un éclat de douleur à cacher dans le noir.

Stryker regarda Magnus, mais le warcaster refusait de le regarder dans les yeux. Il se tourna donc vers Maddox. « Non, Beth. Ne t’excuse pas. Laisse-le vivre avec ça un moment ».

« Je le ferai », déclara Maddox, « mais je ne pense pas qu’il s’en apercevra ».
« Modifié: 17 novembre 2024 à 19:21:09 par elric »
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Roman - Poudrière
« Réponse #31 le: 17 novembre 2024 à 19:29:34 »

- 31-
À l’Est de Croix-des-Fleuves, Llael Occupé

ILS PARTIRENT EN SILENCE, le corps de Tews attaché à son cheval. Stryker essayait de ne pas regarder, de ne pas voir son ami suspendu à la selle telle un simple chargement.
Il y avait un cimetière temporaire à Croix-des-Fleuve. Ils l’avaient commencé après avoir pris la ville, et il allait bientôt s’agrandir. Tews y reposerait jusqu’à ce que son cadavre soit renvoyé à Caspia pour un enterrement en bonne et due forme.

Personne ne parla pendant qu’ils chevauchaient vers Croix-des-Fleuve, et une atmosphère de tristesse planait sur leur petit groupe. Magnus demeurait en arrière. Peut-être se sentait-il un peu responsable de ce qui s’était passé, Stryker ne pouvait le dire. Il espérait que le warcaster souffrait d’une culpabilité telle qu’elle l’empêchait de les regarder dans les yeux, mais il connaissait mieux Magnus que cela.

Lorsqu’il atteignirent Croix-des-Fleuve, Stryker rompit le silence. « Magnus, informez les officiers supérieurs de ce qui s’est passé aujourd’hui », dit-il alors qu’ils s’arrêtaient au-delà de la Grande Porte. « Je vais emmener Tews ... ». Sa voix tremblait. Les paroles suivants furent difficiles. « Je vais emmener Tews à la morgue de l’infirmerie. Ceux qui souhaitent m’accompagner peuvent le faire ».

* * *

QUAND STRYKER QUITTA L’INFIRMERIE, il ne se rendit pas dans ses quartiers actuels près du fleuve, une petite maison bien entretenue qui avait été abandonnée par son propriétaire, même s’il avait envie de fermer les yeux pendant un moment, peut-être après quelques verres ou la bouteille entière d’eau-de-vie caspienne qu’il y gardait. Au lieu de cela, il se dirigea vers la fonderie du Sergent-Major Halls. Une fois de plus, la partie orientale de Croix-des-Fleuve leur avait fourni d’inattendues ressources, en l’occurrence une fonderie de ‘jack entièrement fonctionnelle. Tous les outils du métier s’y trouvaient, et Halls avait été tout à fait satisfait de s’installer dans le bâtiment.

Alors qu’il s’approchait de la fonderie, une présence familière se fit sentir au fond de son esprit. Arsouye l’accueillit avec un mélange d’enthousiasme et d’irritation – la warjack avait été tenu à l’écart de la plupart des combats pendant qu’il était réparé, et le vieux ‘jack acariâtre n’aimait rien de plus qu’une bonne bagarre.

La fonderie état un grand bâtiment en briques doté d’une vaste série de portes coulissantes donnant sur le fleuve. À l’intérieur, on pouvait voir la lueur des fourneaux et les bruits des marteaux et des outils s’en échappait.

Harkevich avait rasé certains bâtiments voisins et fait enlever les décombres. La raison en était claire : cela lui permettait de rapprocher ses colosses de la fonderie pour les réparer. Halls utilisait l’espace pour la même raison, et la forme gargantuesque d’un Mur-Tempête se profilait au-dessus du bâtiment, sa coque parsemée d’impacts de balles et de bosses. Les gobbers grouillaient autour de l’énorme warjack, outils à la main, effectuant des réparations dans une marée frénétique de peau verte. L’un des gobbers, debout au pied de l’énorme machine, criait des ordres dans sa langue aux autres avec un débit rapide.

Le cortex du Mur-Tempête état nettement différent de celui d’Arsouye. Il avait commandé des colosses à plusieurs reprises, et leurs esprits étaient directs et sans nuance. Cela avait beaucoup à voir avec le fait que les Murs-Tempête et les Ouragans, encore plus récents, n’étaient pas en service depuis plus de quelques années et n’avaient pas eu la chance de développer les bizarreries et les personnalités que de nombreux warjacks avaient acquises au cours de leur service. C’était comme contrôler un enfant de six mètres, un enfant ayant le pouvoir de raser des bâtiments et de tuer des hommes par centaines.

« Vous êtes venu voir Arsouye, monsieur ? » demanda le mékanicien gobber au pied droit du Mur-Tempête. Il avait des galons de chef d’équipes sur son tablier. Les gobbers au service de Cygnar portaient leur tablier de mékanicien en guise d’uniforme.

« C’est bien ça, chef… ? »

« Sergent Filk, monsieur » répondit le gobber avant de se retourner et de crier quelque chose d’incompréhensible à un gobber rivetant une plaque de coque sur la jambe gauche du Mur-Tempête.

« Il vous a donné du fil à retordre ? » demanda Stryker.

Le gobber sourit, exposant une forêt de dents en forme d’aiguille. « Beaucoup, monsieur », répondit-il. « Il est méchant comme un homme-gator, et il n’aime pas écouter les contrôleur, c’est sûr ».

Stryker s’esclaffa. « Il est difficile à gérer, c’est certain ».

« Ce fut un honneur de travailler sur lui, monsieur », dit Filk. « C’est le warjack le plus célèbre de l’Armée ».

Stryker aimait que Filk qualifie Arsouye de lui et non ça. Stryker en fit de même ; Arsouye avait cessé d’être un ça pour lui depuis des années. « Merci, Chef ».

« Monsieur », dit le gobber, et il se retourna vers le Mur-Tempête en criant à nouveau en gobberish.

Stryker entra dans la fonderie et fut immédiatement frappé par des souvenirs de son enfance. Son père était un mékanicien de ‘jack et avait travaillé dans un endroit semblable à celui-ci. Lorsque sa mère était tombée malade, Stryker avait souvent considéré la fonderie comme un refuge, un endroit chaleureux et sûr où le chagrin pouvait être dissimulé par le bruit des marteaux et la simple présence des cortexes de ‘jack.

Arsouye était suspendu à un palan à ‘jack, un appareil lourd suspendant un warjack au-dessus du sol pour que les mékaniciens puissent travailler dessus. Il maintenait également des warjacks imprévisibles comme Arsouye immobiles. C’était bon de revoir le warjack en entier ; Halls avait remplacé ses membres endommagés et soudés des plaques d’acier sur les déchirures de sa coque. Le sergent-major n’avait pas pris la peine de repeindre Arsouye, mais Stryker préférait que ses warjacks ressemblent à ses soldats - qu’ils aient l’air brutaux et prêts au combat.

« Seigneur Général », dit Halls, apparaissant de derrière Arsouye. « Content que tu sois là. Peut-être que tu faire en sorte que ce fils de pute grincheux reste immobile pendant que j’ajuste ses relais cortex ».

« Bien sûr, Sergent-Major ». Il joignit Arsouye et l’irritation du warjack s’épanouit au fond de son esprit. Aucun soldat n’aimait être en convalescence lorsqu’il y avait des combats à mener ; Arsouye n’était pas différent. Reste tranquille, intima Stryker au grand ‘jack. C’est pour ton bien, espèce d’énergumène. Son lien avec le warjack lui renvoya de la résignation, et les bras d’Arsouye s’abaissèrent le long de son corps. Le warjack émit un faible sifflement de vapeur ressemblant beaucoup à un soupir.

« Allez-y », dit Stryker à Halls.

Le sergent-major disparut derrière Arsouye.

Les souvenirs d’Arsouye affluèrent dans l’esprit de Stryker, qui tenta de se concentrer sur la bataille contre Ivan le Noir. C’était comme voir le monde à travers le prisme d’un rêve, déformé et confus, principalement les émotions brutes du warjack plutôt que les images réelles . C’était ce que Stryker pensait – sans son marteau sismique, Arsouye avait été désavantagé, même si Stryker le guidait activement par endroits.

Les souvenirs de la bataille s’estompèrent, puis quelque chose d’inattendu arriva par le lien. C’était une image, claire comme du cristal, du Capitaine Tews, chargeant le pont, le glaive-tempête scintillant alors qu’il tranchait deux Man-O-War. Il avait l’air provocateur, fort et indestructible. Ce n’était pas son propre souvenir qu’il voyait, c’était celui d’Arsouye. Plus étonnant encore, le warjack avait pénétré dans son esprit pour le récupérer.

Le souffle de Stryker se bloqua dans sa gorge et il regarda, stupéfait, l’image de Tews passer de la vision du champ de bataille, qui était clairement le souvenir d’Arsouye, au corps froid et sans vie sur le quai, qui était le souvenir de Stryker. Quelque chose d’autre passa par le lien, quelque chose dont il avait cru le warjack incapable : un sentiment de questionnement, comme sir Arsouye essayait de comprendre les deux souvenirs.

L’émotion brute se fraya un chemin dans les tripes de Stryker et les larmes lui montèrent aux yeux. Il avait réussi à oublier la mort de Tews, ou du moins à l’isoler, afin de pouvoir vaquer à ses occupations. Mais la question enfantine d’Arsouye avait fait resurgir toutes ces émotions, et Stryker repoussa le cortex loin de son esprit, rompant ainsi le lien. Les warjacks développaient des personnalités, voire des émotions basiques, mais il avait toujours pensé que la compréhension de concepts abstraits comme la vie et la mort les dépassait. Il venait d’apprendre que c’était faux de la manière la plus douloureuse possible.

« Monsieur, vous allez bien ? »

Le Sergent-Major Hall le regardait fixement, le visage de Hall mêlé de surprise et d’inquiétude. Il réalisa à quoi il devait ressembler du point de vue du mékanicien. Son seigneur général était debout, le regard perdu dans le vide, les larmes aux yeux. « Je vais bien. Juste un peu fatigué ».

« Bien sûr, monsieur », répondit Hall. « Peut-être qu’un peu de repos est la meilleure chose à faire, alors ».

« Vous avez raison. Je vais me retirer et vous laisser travailler ». Il partit immédiatement, la présence d’Arsouye et le souvenir que la warjack avait déterré s’estompant dans la nuit.

* * *

ILS ENTERRÈRENT TEWS LE LENDEMAIN MATIN, alors que le soleil se pointait à l’horizon. Le cimetière de fortune se trouvait près du fleuve, sur un terrain qui avait peut-être été marqué par Harkevich en vue d’une construction à un moment donné. Il s’agissait d’une parcelle de terre nue, assez friable pour être creusée, et le bruit du fleuve voisin et les chants de la sauvagine avaient quelque chose d’apaisant. Il y avait déjà trop de personnes qui reposaient ici.

La tombe avait été creusée la veille, et Tews avait été placé dans un cercueil en bois, le Cygnus gravé à la hâte sur le dessus. Ce n’était pas un cercueil approprié pour un homme comme Tews, mais c’était ce qu’ils avaient en ce moment.

Tous les chevaliers de la compagnie de Tews, soit plus de deux cents soldats, étaient présents aux funérailles. Ils entourèrent le cimetière d’une mer d’acier et de bleu. Maddox était également présente, ainsi que d’autres personnes qui avaient connu et combattu aux côtés du capitaine Lame-Tempête. Stryker ne fut pas surpris de voir Vayne di Brascio. Le mage balisticien llaelais était devenu plus qu’un allié, et Stryker n’était le seul à avoir une opinion favorable de l’homme. De nombreux chevaliers saluèrent discrètement le mage balisticien qui, dans des circonstances normales, aurait pu être considéré comme un étranger.

L’Aumônier guerroyeur Dominic Hargrave se tenait à la tête de deux tombes lorsque le cercueil y fut descendu. Le chevalier morrowéen portait l’armure blanche archaïque de son ordre, le rayon de soleil de Morrow en or sur le plastron. Il tenait dans sa main droite un immense livre relié de métal, Prières pour la Bataille, les principes sacrés de la guerre transmis par Morrow et ses ascendants bénis. Hargrave était depuis longtemps l’aumônier guerroyeur de la compagnie et avait combattu aux côtés de Tews et de ses chevaliers pendants des années. Il n’y avait pas de meilleur homme pour envoyer Tews sur le chemin vers Urcaen, le royaume des morts où les dieux des hommes possèdent leurs domaines.

Stryker et Maddox se tenaient au pied de la tombe, et Stryker pouvait voir le haut du cercueil. Magnus était absent, et bien que Stryker ne lui ait pas ordonné de rester à l’écart, la nouvelle de l’assassinat de Tews s’était répandue dans le camp. Il était probable que la plupart des chevaliers présents ne blâmeraient pas Magnus pour la mort de Tews, mais Stryker était soulagé que le warcaster n’ait pas créé l’occasion d’un scandale. Magnus était à blâmer, et sa présence serait une insulte à l’homme qui était mort pour ses erreurs.

« Frères et soeurs », dit l’aumônier Hargrave, et dont la voix grave et claire se répandit sur l’assemblée comme une couverture réconfortante. Il y avait peu de discussions entre les hommes, mais elles cessèrent et tous les regards se tournèrent vers l’aumônier. « Aujourd’hui, en cette occasion des plus sombres, nous enterrons l’un des plus ardents soldats de Morrow, un homme qui s’est battu et est mort courageusement pour défendre les croyances qui nous sont chères à tous ».

L’aumônier s’arrêta et sourit, son regard balayant les homes et les femmes silencieux devant lui. « Mais nous ne devons pas nous affliger, frères et sœurs. Non, nous devons nous réjouir, car même si notre ami et frère d’armes a disparu de nos vies, il continue à vivre à Urcaen. Il est vraiment béni, car il entrera en présence de notre seigneur, qui accueillera un grand guerrier dans une bataille bien plus grande que toutes celles de ce royaume terrestre. Le Capitaine Garvin Tews se tiendra aux côtés de Morrow, au sein de son domaine, son épée rejoignant celles de leurs frères et sœurs vertueux dans la lutte éternelle ».

Hargrave fit une nouvelle pause, laissant ses mots pénétrer. Stryker n’était pas excessivement religieux, mais il était conscient de la guerre en Urcaen pour les âmes des hommes à laquelle faisait référence l’aumônier guerroyeur, de la lutte contre le tyrannique Menoth et des ténèbres perverses du Ver Dévoreur. En vérité, tout cela ne lui semblait qu’une histoire fantaisiste qui ne lui apportait que peu de réconfort. Mais il pouvait lire sues les visages des hommes qui l’entourait que les paroles d’Hargrave apportaient du réconfort à certains, et il entendit des prières chuchotées à travers l’assemblée des chevaliers.

Hargrave ouvrit Prières pour la bataille et lut. « Alors que l’Ascendante Katrena s’est sacrifiée pour protéger le premier primarque, nous honorons la valeur et la noblesse de notre frère tombé au combat ».

« Nous l’honorons », répondirent les chevaliers rassemblés. Stryker fit écho à leur réponse. Il avait assisté à bien trop d’enterrements comme celui-ci.

« Alors que l’Ascendant Markus a résisté à une horde barbare avec rien d’autres que sa foi et son épée, nous honorons le dévouement et la loyauté de notre frère tombé au combat ».

« Nous l’honorons », fut la réponse.

«  Et en tant qu’Ascendant Solovin, qui offre guérison et réconfort à tous, nous accordons à notre frère tombé au combat le repos qui lui est dû jusqu’à ce que son épée soit à nouveau nécessaire ».

« Repose-toi maintenant, frère ». La réponse finale annonça un long silence alors que tous inclinaient la tête et offraient des prières à Morrow pour un passage en toute sécurité à Urcaen pour Tews. Stryker ne pouvait pas se résoudre à prier ; la mort de son ami était trop insensée, trop récente pour qu’il puisse simplement l’assigner à la volonté de Morrow.

« Seigneur Général », dit Hargrave en refermant Prières pour la bataille, « avez-vous quelque chose à ajouter ? »

Tous les regards étaient désormais tournés vers lui, et l’attente de paroles plus réconfortantes lui pesait lourdement. Il jeta un coup d’oeil à Maddox. Son visage était strié de larmes, mais son regard était fermes et durs. Elle attendait aussi quelque chose de lui.

« Mes frères et soeurs », commença Stryker, employant la forme de discours la plus archaïque appropriée à l’occasion, « j’ai combattu aux côtés du Capitaine Tews pendant de nombreuses années, et il était parmi les hommes les plus courageux et les plus fidèles que j’ai eu le plaisir de commander. Sa perte me serre le cœur, et je sais qu’il n’y a qu’un seul remède à mon chagrin et au vôtre ».

Les mots commencèrent à prendre forme dans son esprit, et bien qu’il y ait un mensonge derrière, ils allumèrent quelque chose en lui, un brasier qui lui manquait depuis longtemps.

« Frères et sœurs, nous devons prendre notre douleur, notre chagrin, notre peine et les forger dans les flammes d’une juste colère. Qu’elle devienne la lame avec laquelle nous frapperons l’ennemi, l’oppresseur, le tyran. Notre frère est mort pour une cause que nous tenons tous sacrée - protéger les innocents et combattre les ténèbres où elles se trouvent.

Les soldats hochèrent la tête et murmurèrent leur accord, et leurs émotions devinrent ne vague de chaleur qui le poussa à aller de l’avant.

« Maintenant, dégainer vos armes et tenez-les en l’air ».

Le cliquetis de l’acier contre l’acier résonna au sein du cimetière silencieux alors que deux cents glaive-tempête étaient dégainés et levés haut. Stryker souleva Vif-Argent au-dessus de sa tête.

« Maintenant, illuminez les cieux et rappelez à ce monde que même si une lumière s’éteint, un millier d’autres brûlent encore ! Il appuya sur la gâchette à la poignée de Vif-Argent, et un éclair d’électricité brillante jaillit de la pointe de l’arme. Deux cents autres les rejoignirent, et le ciel gris acier s’embrassa de la fureur cygnaréenne.

Stryker adressa alors une prière à Morrow. Vois notre lumière et donne-moi la force de la maintenir allumée.
« Modifié: 24 novembre 2024 à 17:23:58 par elric »
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« Réponse #32 le: 24 novembre 2024 à 17:28:49 »

- 32-
À l’Ouest de Croix-des-Fleuves, Llael Occupé

LE GÉNÉRAL ASHETH MAGNUS REGARDAIT fixait un trou dans la muraille ouest, assez grand pour faire passer une armée, ce qui était exactement ce qu’il cherchait. Il se tenait sur un tas de gravats à vingt verges du trou, imaginant les chevaux lourds khadoréens s’engouffrer dans la brèche. La zone étai trop jonché de gravats pour permettre une entrée facile aux cavaliers. Il faudrait qu’il y remédie.

Il avait évité les funérailles du Capitaine Tews, non pas par sentiments de culpabilité ou de responsabilité dans la mort de l’homme, mais parce qu’il avait besoin d’une occasion de repérer certaines sections de la ville sans que Stryker ne lui pose beaucoup de questions.

« Capitaine Silus », dit-il à un homme aux larges épaules et au crânes rasé se trouvant à proximité. L’homme était brutal, mais il servait Magnus depuis de nombreuses années, et il avait été capitaine Tête d’Acier à un moment donné de sa longue carrière de mercenaire. Magnus l’avait promu capitaine de l’Armée Cygnaréenne pour remplacer Harrow. « Je veux que les décombres soient déblayées dans cette zone dès que possible. Dans la journée, si c’est possible. Réquisitionnez autant d’hommes et de warjacks que nécessaire.

Silus regarda autour de lui, confus. « Monsieur, je ne veux pas vous remettre en question, mais pourquoi ? Il n’y a rien à part un tas de maisons détruites. Rien d’important. De plus, ne voulons-nous pas rendre la pénétration des khadoréens plus difficile ? »

Magnus sourit. « Je comprends votre confusion,mais j’ai besoin que vous suiviez mes ordres. Sans question ».

Silus jeta un coup d’oeil derrière lui, où une douzaine d’autres hommes de Magnus déplaçaient avec précaution des caisses, chacune marquée d’un cercle à pointes. La compréhension apparut dans les yeux de l’homme. « Bon Morrow », murmura-t-il.

« Voyez-vous un problème ? » Magnus n’aimait pas être interrogé par l’un de ses hommes. Après la trahison d’Harrow, il était plus que sensible au éventuels mécontentements parmi ceux qui l’avaient servi en exil. Il n’avait jamais fait confiance à Harrow, mais il croyait avoir mesuré l’homme et compris ce qui le motivait. Il s’était trompé, et cela leur avait coûté à tous. La mort de Tews était regrettable. Malgré ses agaçantes fanfaronnades, c’était un chef de bataille compétent. Ils ressentiraient sa perte. Mais c’était la perte des navires du Seigneur Aleshko et du Seigneur Aleshko en personne qui remplissait Magnus de rage à chaque fois qu’il y pensait. L’avantage tactique qu’ils avaient perdu et probablement transmis à l’ennemi était un coup dur. Harrow et Akeshko se rendraient directement à Rynyr, et Harrow offrirait à leurs ennemis les renseignements dont il disposait sur la force d’invasion cygnaréenne. Aleshko était son billet, et le kayazy avait probablement proposé à Harrow une sorte de marché pour sa liberté, une marché qui était meilleur que celui proposé par Magnus.

« Monsieur, j’ai vu ce genre de choses utilisés sur le terrain », déclara Silus. « Mon chapitre l’a déployé lors d’un contrat pour l’Ord contre un kriel trollkin dans l’Olgunbosque. Je n’ai aucun problème à tuer un homme ou un trollkin, pour le devoir ou pour l’or, mais personne ne mérite de mourir comme ça ».

Mon dieu, celui-ci serait à l’aise avec Stryker, pensa Magnus. C’était irritant, mais cela disait quelque chose sur Silus. Cela disait qu’il avait une confiance, une limite à ce qu’il ferait pour de l’argent ou un pays. C’était quelque chose que Magnus pouvait utiliser. Le problème avec les hommes comme Harrow était qu’ils n’avaient pas de limites, pas de frontières, et qu’il était difficile de prédire ce qu’ils pourraient faire. Pas avec des hommes comme Silus ; leurs limites étaient établies, ils suffisait de pousser un peu.

Magnus s’approcha du nouveau capitaine et posa une main sur son épaule – sa main de chair et de sang. L’ancien mercenaire tressaillit, mais ne recula pas.

« Je comprends votre réticence, Capitaine », dit Magnus. « Je l’ai vu aussi, et le souffle diabolique est épouvantable, sans aucun doute. Mais cous comprenez ce qui est en jeu ici, n’est-ce pas ? »

« Bien sûr, monsieur », dit Silus. « Je vous ai servi pendant longtemps, et vous savez que je m’en fous de la liberté des llaelais. Mais j’aimerais vivre un peu plus longtemps. Vous êtes bon avec moi ; vous avez rempli ma bourse, et je vais où vous allez, mais je ne vous mentirai pas ; ça ne me convient pas ».

« Tu es un bon soldat, Silus », dit Magnus, notant la subtile expression de plaisir traversant le visage de l’homme. La plupart des mercenaires, même les plus mauvais, aimaient se considérer avant tout comme des soldats, en particulier ceux comme Silus, qui avaient servi des organisations mercenaires comme les Têtes d’Acier.

« J’apprécie que vous soyez honnête avec moi. Je vais vous dis ceci. Je suis convaincu que le seigneur général nous mènera à la victoire et que nous écraserons les khadoréens à l’extérieur de ces murs ».

« Toutes mes excuses, monsieur, mais je pensais que vous détestiez le Seigneur Général Stryker », déclara Silus, exposant ses racines mercenaires. Aucun honnête soldat ne dirait une chose pareille à son commandant.

« Je ne déteste pas le général », répondit Magnus. « Lui et moi avons un passif, et nous ne sommes pas d’accord sur tout, mais Stryker est un bon combattant et un bon chef ». Il s’était rapproché de Silus, rendant leur conversation intime, voire conspiratrice.

« Alors, pourquoi avons-nous besoin du souffle diabolique », demanda Silus, « si vous et le seigneur général nous meneront à la victoire ? »

« Parce que je n’aime pas mettre tous mes espoirs dans une seule stratégie, quelle que soit la compétence de ceux qui la mettent en œuvre. Le souffle diabolique est notre dernier recours, notre mesure tout est perdu. Tu y vois certainement une certaine sagesse ? »

Silus frotta son menton chauve. « Je suppose que je peux », dit-il. « Je suis désolé de vous avoir interrogé, monsieur. Si c’est un dernier recours, si c’est tout ce qui nous empêche de vivre ou de mourir, alors c’est peut-être un avantage que nous ne devrions pas ignorer ».

« C’est exactement ce que je pense, Capitaine », dit Magnus. « Maintenant, déblayons ces décombres pour pouvoir poser ces explosifs ».

Silus fronça les sourcils. « Sans ce fou d’ordique, qui va amorcer ces foutues choses ? »

« Je suis un élève attentif », dit Magnus. « J’avais demandé à Magnus de me montrer comme préparer le souffle diabolique avant son … accident ».

Silus frémit. « Ce fut moche, monsieur », dit-il, puis il leva les yeux vers Magnus, le regard interrogatif. « C’est une grâce que vous lui avez accordée, n’est ce pas ?

« Tu as vu le souffle diabolique à l’oeuvre », demanda Magnus d’un ton neutre. Il devait être prudent ici – il avait fait preuve de pitié lorsqu’il avait tiré sur l’alchimiste, mais il avait tué l’un de ses propres hommes de sa propre main, et de telles choses devaient être traitées avec délicatesse.

« Bien », dit Silus. « Je prendrai une balle, moi aussi ».

« Encore une chose », dit Magnus. « Assure-toi qu’il n’y ait pas de civils dans cette zone ».

Silus s’en réjouit. Cela correspondait bien au limite morales que l’homme s’était fixées. « Bien sûr. Nous ferons un balayage minutieux ».

« Bien, et choisis tes hommes avec sagesse. Des hommes qui savent se taire. C’est censé être un piège, une surprise, alors qu’il ne faut pas que trop de gens soient au courant, même de nos propres rangs. Nous le ferons en deux étapes. Tout d’abord, nous ferons exploser la moitié du souffle diabolique derrière Vlad ou Harkevich ou quiconque viendra lorsqu’ils pénétreront assez loin dans la ville. Cela les coupera et infligera des pertes démoralisantes. Ensuite, nous feront exploser le reste juste au-dessus d’eux. Tu auras besoin de deux hommes avec les détonateurs, toi et un autre. Choisis un homme en qui tu as confiance ».

« Oui, monsieur », dit Silus puis il se tourna pour accomplir les tâches que Magnus lui avait assignées. Magnus le regarda partir. De tels hommes étaient utiles, et il était clair qu’il avait besoin de plus de personnes comme Silus. Harrow et ses semblables avaient été une erreur, une erreur que Magnus ne répéterais pas.
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« Réponse #33 le: 24 novembre 2024 à 17:30:35 »

- 32-
À l’Ouest de Croix-des-Fleuves, Llael Occupé

STRYKER SE TENAIT SUR L’UN DES RARES remparts encore intact du côté ouest de Croix-des-Fleuve. Il contemplait la vaste plaine qui s’étendait sur des kilomètres dans toutes les directions. Une seule route traversait l’espace, disparaissait à l’horizon vers Rynyr et Laedry.
« Jusqu’à quel point ? Demanda-t-il à l’homme se tenant à côté de lui. C’était le Sergent Sharp. Horgrum, le compagnon trollkin de Sharp, se tenait à proximité.

« Nous les avons repérés à une quinzaine de kilomètres d’ici, répondit Sharp. « Nous n’avions pas patrouillé beaucoup plus loin que cela »

« Combien ? » demanda Magnus. Lui aussi avait rejoint Stryker sur les remparts après que les rapports concernant l’approche d’une armée khadoréenne furent parvenu à Stryker. Les éclaireurs avancés, dirigés par Sharp, cherchaient depuis des jours des signes de l’inévitable.
Le visage de Sharp pâlit.

« C’est grave, hein ? » dit Stryker avec un sourire sinistre.

« Monsieur, nous avons compté trois bataillon complets d’infanterie et plus de chevaux lourds que ne pensais qu’il y en avait dans ce foutu monde. Dix mille, je dirais ».

« Avez-vous vu des warcasters ? Des warjacks ? » demanda Stryker.

« Oui, monsieur », répondit Sharp. « Ils ont beaucoup de warjacks lourds et deux Conquêtes. Harkevich est avec l’armée, mais il ne la dirige pas ».

Le nom qui suivit celui d’Harkevich ne fut pas une surprise pour Stryker.
« C’est Tzepsci », dit Magnus.

« Le grand prince commande, et il semble qu’il ait ramené le plupart de ses chevaux lourds d’Umbrie », déclara Sharp.

« Combien de temps nous reste-t-il ? » demanda Stryker.

« C’est une grande armée », dit Sharp. « Ils avancent lentement, mais ils seront là dans deux jours ».

« Merci, sergent », dit Stryker. « Retirez-vous. Allez chercher à manger et reposez-vous. Vous en aurez besoin. Je veux un briefing complet dans une heure ».

« Monsieur », dit Sharp et il partit, empruntant les marches menant à la ville en contrebas. Horgrum le suivit.

Stryker se tourna vers Magnus. Le warcaster regardait par-dessus les remparts, ses mains agrippant la pierre. Stryker s’attendait à ce qu’il se réjouisse, qu’il reproche à nouveau à Stryker d’avoir laissé Harkevich partir.

« Nous ne pouvons pas les tenir à l’écart de la ville », déclara Magnus.

« Non », approuva Stryker. Ils avaient réussi à poursuivre une partie du travail effectué par Harkevich sur les fortifications occidentales, mais il y avait plus de brèches que de murs debout. « Nous devons le rencontrer sur le terrain et l’affronter là-bas ».

« Il a plus de chevaux lourds que nous », dit Magnus, « et probablement aussi les deux bataillons de Rynyr, sans parler de plus de warjacks et de colosses. Je n’aime pas nos chances dans un affrontement direct ».

« Que suggérez-vous alors ? » demanda Stryker, se demandant où Magnus voulait en venir. Ses yeux brillaient comme ils le faisaient lorsqu’il complotait, et cela inquiétait Stryker. Il voulait tenir compte des conseils de Maddox et écouter Magnus, utiliser son expertise martiale, mais les événements de ces derniers jours ne permettaient pas à autre que d’être méfiant. Magnus avait pris des mesures pour atténuer certains de ces soupçons ; il avait impitoyablement passé en revue ses propres hommes, les interrogeant et recherchant toute implication d’Harrow. Or, il y avait actuellement une cinquantaine d’anciens mercenaires enfermés dans la prison reconstruite au centre de la ville. Magnus lui avait assuré que tous les autres étaient dignes de confiance, mais Stryker se demandait si c’était parce qu’ils étaient des hommes loyaux ou parce qu’ils craignaient Magnus.

« Je ne sais pas », dit Magnus, et Stryker remarqua le mensonge dans ses yeux. Il cachait quelque chose. « Nous avons besoin de plus d’informations avant de décider d’une ligne de conduite ».

« Alors, rassemblez les officiers supérieure dans l’hôtel de ville », dit Stryker. « Je vous y rejoindrai bientôt ».

« Comme vous voulez, monsieur », dit Magnus en le laissant là sur les remparts.

Stryker posa les mains sur les créneaux – la chaleur de la fin de l’été les avait réchauffés – et se pencha en avant. C’était le milieu de l’après-midi et le ciel était clair. Il pouvait voir un panache de poussière au loin, à l’horizon. Il était petit pour l’instant, mais il ne cesserait de grandir jusqu’à ce qu’il devienne assez grand pour les avaler tous.
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Re : Roman - Poudrière
« Réponse #34 le: 24 novembre 2024 à 17:31:07 »
Fin de la Partie II
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