ROYAUMES D’ACIER > Background – Histoire des Royaumes d’Acier
Roman - Sang et Fer
elric:
LES CHRONIQUES DES WARCASTERS : VOLUME TROIS
SANG ET FER
CHRIS A. JACKSON
BIENVENUE AU SEIN DES ROYAUMES D’ACIER
PARTIE UNE
PARTIE DEUX
PARTIE TROIS
ÉPILOGUE
GLOSSAIRE
elric:
BIENVENUE AU SEIN DES ROYAUMES D’ACIER
Le monde dans lequel vous vous apprêtez à pénétrer est celui des Royaumes d’Acier, un endroit où le pouvoir et la présence des deux sont incontestables, où l’humanité se bat contre elle-même ainsi que contre toutes sortes de races fantastique et de bêtes exotiques, et où un mélange de magie et de technologie appelé la mékanique façonne l’industrie et la guerre. En dehors des Royaumes d’Acier eux-mêmes – les nations humaines du continent appelé Immoren – le vaste et inexploré monde de Caen s’étend ver des étendues inconnues, attisant l’imagination et les ambitions d’une nouvelle génération.
Les conflits secouent fréquemment ces nations, et parmi les batailles de la région, l’arme la plus puissante est le warjack, un automate à vapeur doté d’une grande mobilité, d’un épais blindage et d’un armement dévastateur. L’efficacité d’un warjack est maximale lorsqu’il est dirigé par un warcaster, un puissant soldat-sorcier capable de forger un lien mental avec la grande machine afin d’en décupler les capacités. Maîtres des arcanes et des combats martiaux, ces warcasters sont souvent le facteur décisif d’une guerre.
Pour les Royaumes d’Acier, le passé n’est qu’un prologue. Aucun événement en définit plus clairement ces nations que l’âge sombre prolongé subi sous l’oppression des orgoth, une race brutale et impitoyable venue de terre inexplorées à travers le grand océan occidental connu sous le nom de Meredius. Pendant des siècles, ces redoutables envahisseurs ont réduit en esclavage la population de l’Immoren occidental, maintenant un étau jusqu’à ce qu’enfin la population se révolte. C’est le début d’un long et sanglant processus de batailles et de défaites. Cette rébellion aurait été voue à l’échec si un sinistre arrangement des dieux n’avait pas conféré le Don de Magie aux immoréens, débloquant des pouvoirs jusque-là insoupçonnés.
Toutes les efficaces armes employées par la Rébellion contre les orgoth sont le fruit du travail de grands esprits ayant mit à profit leurs talents arcaniques. Non seulement la sorcellerie permettait l’évocation du feu, de la glace et de la tempête sur le champ de bataille, mais les érudits combinaient les principes scientifiques pour allier la technologie aux arcanes. Les rapides progrès de l’alchimie ont donné naissance à la poudre explosive et à l’invention d’armes à feu mortelles. Des méthodes ont été mises au pont pour fusionner des formules arcaniques avec des plaques de métal, créant ainsi des outils et des armes amélioriées : l’invention de la mékanique. Le point culminant de ces efforts fut l’invention des premiers colosses, précurseurs des warjacks modernes. Ces imposantes machine de guerre ont donné aux immoréens une arme que les envahisseurs ne purent pas contrer. Avec les colosses, les armées de la Rébellion chassèrent les orgoth de leurs forteresses et les renvoyèrent à la mer.
Les habitants des terres ravagées ont tracé de nouvelles frontières, donnant naissance aux Royaumes d’Acier : Cygnar, Khador, Llael et Ord. Il ne fallut pas longtemps pour que d’anciennes rivalités éclatent entre ces nouvelles nations. La guerre devint un simple fait de la vie. Au cours des quatre derniers siècles, les guerres périodiques ont été entrecoupées de brèves périodes de paix tendue mais prudente, tandis que la technologie progressait constamment. L’alchimie et la mékanique ont simultanément facilité et compliqué la vie des habitants des Royaumes d’Acier tout en faisant évoluer les armes utilisées par leur armées en ces temps de révolution industrielle.
L’inimité la plus ancienne et la plus amère dans la région est celle entre le Cygnar au sud et le Khador au nord. Les khaodréens sont un peuple militant occupant un territoire hostile et impitoyable. Les armées de Khador se sont battues périodiquement pour récupérer les terres que leurs ancêtres avaient conquises. Les deux plus petits royaumes, le Llael et l’Ord, ont été forgé à partir de territoires contestés et ont donc souvent servi de champ de bataille entre les deux puissances les plus fortes. Le Cygnar, nation méridionale prospère et peuplée, s’est périodiquement allié à ces nations pour tenter de contrer les aspirations impériales de Khador.
Il a y un peu plus d’un siècle, le Cygnar a connu une guerre civile religieuse ayant abouti à la création du Protectorat de Menoth. Cette nation, la plus récente des Royaumes d’Acier, une théocratie impitoyable entièrement dévouée à Menoth, l’antique dieu à l’origine de l’humanité.
À l’époque actuelle, la guerre a éclaté avec une férocité particulière. Cela commença avec l’invasion khadoréenne de Llael, qui réussit à faire s’effondrer le petit royaume en 605 AR. Le chute de Llael a déclenché une escalade de conflit qui embrasa le région au cours des trois dernières années. Seul l’Ord est resté neutre dans ces guerres, profitant du fait qu’il est devenu un refuge pour les mercenaires. Le Protectorat a lancé la Grande Croisade pour convertir toue l’humanité au culte de Menoth. Alors que les autres nations étaient occupées par la guerre, cette croisade a pu réaliser des gains significatifs et s’emparer des territoires du nord-est de Llael
D’autres puissances ont été entraînées dans ce conflit, soit entraînées par les événements, soit profitant des événements pour leurs propres objectifs. Les Îles Scharde, à l’ouest d’Immoren, abritent l’Empire du Cauchemar de Cryx, dirigé par le dragon Toruk et qui envoie d’incessantes vagues de morts-vivants et de leur maîtres nécromanciens pour renforcer ses armées avec les cadavres des autres nations. Au nord-est, la nation elfique insulaire d’Ios abrite une secte radicale appelée le Châtiment de Scyrah, qui traque les arcanistes humains, qu’elle considère comme des anathèmes pour ses dieux.
Les étendue sauvages à l’intérieur et au-delà des Royaumes d’Acier abritent diverses factions qui se battent pour leurs propres intérêts. Depuis le nord glacé, un dragon désincarné appelé Everblight dirige une légion de warlock augmenté par la corruption et des rejetons draconiques. La fière race tribale connue sous le nom de Trollkin s’efforce d’unir son peuple autrefois disparate pour défendre ses terres. Au plus profond des étendues sauvages de l’Immoren occidental, un ordre secret de druides ordonne aux bêtes naturelles de s’opposer à Everblight et de faire avancer leurs propres plans Loin à l’est, à travers les Marches Sanglantes, la nation guerrière de l’Empire Skorne se rapproche inexorablement, déterminée à conquérir ses anciens ennemis d’Ios pour mieux les dominer. D’obscures conspirations ont surgi des forteresses cachées pour jouer leur propres rôle dans les événements qui se déroulent. Il s’agit notamment de la Convergence de Cyriss, un énigmatique culte des machines vénérant une lointaine déesse des mathématiques, ainsi que leurs ennemis acharnés, les cephalyx, une race esclavagistes extrêmement intelligents et sadiques qui transforment chirurgicalement leurs captifs en asservis sans cervelle.
Les Royaumes d’Acier sont un décor dont les habitants doivent compter sur des héros ayant le courage de les défendre en utilisant la magie et l’acier, que ce soit sous la forme d’armes de guerre actionnées par la vapeur ou d’armes à feu chargées de runes. Les factions de l’Immoren occidental sont vulnérables à la corruption de l’intérieur et sujettes aux intrigues politiques et aux luttes de pouvoir. Pendant ce temps, d’opportunistes profitent des conflits en vendant leur allégeance temporaire contre de la monnaie ou d’autres faveurs. C’est un monde de légendes épiques et de sagas sans fin.
Entrez dans les Royaumes d’Acier et découvrez un monde nul autre pareil !
elric:
PARTIE UNE
L’Île
« Doucement, Buck ! » Phinneus Shae tendit son esprit pour calmer le warjack agité. « Tu es comme un foutu chien de mer en permission à terre ».
Le Boucanier tapait des énormes pieds et crispait ses mains mékaniques sur sa longue gaffe. Buck avait en quelque sorte développé la manie de s’agiter comme un cheval de course attelé au trait chaque fois qu’un danger se profilait. Shae ne s’en serait pas soucié sur la terre ferme, ni même sur le pont d’un navire, mais lors d’une lancement de vingt-cinq pieds, chaque mouvement effectué par le warjack menaçait de faire chavirer le bateau. Avec trois tonnes de fer et de bronze et quatorze marins à bord, la chaloupe avait à peine un pied de franc-bord.
Le warjack se calma légèrement, sa structure métallique fermement ancrée sur le siège renforcé, mais continua à crisper sa main sur son arme. Shae n’aurait pas su dire si son malaise provenait de l’approche du sable blanc et de la jungle qui se profilait à l’horizon ou de l’eau d’un bleu profond se trouvant à quelques centimètres seulement. Bien que le Boucanier ne connaisse pas de véritable peur, quelque part au fond de l’intellect artificiel de son cortex, il se rendit compte qu’un plongeon par-dessus bord ne serait pas une bonne chose. Contrairement à ses autres warjacks, les lourds Mariniers et Flibustiers, le Boucanier ne pouvait pas gérer l’eau profonde. Une immersion totale inonderait son foyer et transformerait la masse de fer, de bronze et de magie semi-sentient en un amas inerte poids mort.
Pourtant, la montage perdue, couverte de jungle, qui se rapprochait à chaque coup de rame, représentait une menace plus inquiétante. L’île n’avait pas de nom, du moins pas sur le cartes sommaires, de Shae, des vastes océans méridionaux de Caen, mais aucune de ces îles n’offrait bien plus qu’une mort atroce. Lorsqu’ils perdirent un de leurs compagnons lors d’une escale de ravitaillement au cours de leur voyage vers le sud, l’ensemble de l’équipage apprit que si les arcs et les sarbacanes ne faisaient pas le poids face aux armes à feu et aux épées dans un combat rapproché, l’emploi de la furtivité et du poison par les indigènes égalisait les chances. Les flèches empoisonnées n’était peut-être pas une menace pour un warjack, mais le warcaster et son équipage n’étaient pas immunisés, et c’était exactement la raison pour laquelle il emmenait Buck dans cette petite escapade.
La quille du bateau frappa le fond dans un creux entre les vagues avant que la prochaine déferlante ne les soulève et ne les pousse plus loin sur le rivage. L’embarcation tenta de pivoter latéralement et chiens de mers de Shae se battirent pour maintenir la proue pointé vers le creux de la vague. Yeux Globuleux Bart Traphone, le barreur unijambiste de Shea, jurait de manière inventive et tirait sur la barre tandis qu’ils embarquaient de l’eau par dessus le tableau arrière. S’échouer dans les vagues était toujours dangereux, mais c’était une autre bonne raison d’emmener le ‘jack. « Attention aux rames et aux avirons ! » ordonna Shae. « D’accord, Buck ! Tire-nous sur le rivage ! »
De la fumée s’échappa de la cheminée du ‘jack qui mettait sa chaudière en marche. La carcasse de fer et de bronze ayant vaguement la forme d’un homme se leva et sortit à grands enjambée de la chaloupe. N’importe quel autre warjack serait probablement tombé à cause su violent roulis du bateau, soit trébuché sur le plat-bord, mais le Boucanier avait le pied aussi sûr qu’une chèvre de montagne. Il plongea dans l’eau peu profonde, accrocha sa gaffe à l’épais boulon fixé à la proue de la chaloupe et traîna le bateau, l’équipage, Shae et Doc Killingsworth jusqu’à la plage.
« Même pas besoin de mouiller tes bottes ! Le marin souriant rangea sa rame et s’avança sur le sable nacré.
« Arrête de t’inquiéter pour tes bottes et garde les yeux ouverts ! » Yeux Globuleux émit un bruit sec en se jetant sur le côté, sa jambe de bois s’enfonçant dans le sable. « Les gens du coin te serviront probablement pour le souper, les bottes et tout ! »
Cela provoqua quelques marmonnements inquiets de la part de ses chiens de mer, mais Shae les stoppa d’un ton dur et autoritaire. « Prenez votre équipement et n’oubliez pas les pelles ! » Il mit pied à terre d’un pas léger, essuya la sueur perlant de son front et plongea son regard dans la jungle dense. Le soleil tropical frappait de plein fouet le plastron d’acier de son armure de warcaster, le cuisant comme un crabe dans sa carapace. « Nous quitterons bientôt ce rocher. Nous sommes ici pour la racine de bois de fièvre de Doc et rien d’autre ».
Buck se tourna vers lui et Shae comprit la question muette du ‘jack aussi clairement que s’il avait parlé e Boucanier était avec lui depuis longtemps, et Shae se surprenait à utiliser les yeux et les oreilles du ‘jack aussi facilement que les siens. Tout warcaster devait maîtriser l’art de voir à travers plusieurs yeux simultanément, et Shae n’avait même plus besoin d’y penser. Il donna un ordre mental à Buck et regarda avec satisfaction le ‘jack traîner la chaloupe bien au-dessus de la ligne de marée haute. Une fois sur place, Yeux Globuleux attacha la bosse du bateau à un palmier voisin, maudissant chaque pas dans le sable mou.
« À quoi ressemble cette plante déjà, Doc ? » Shae observait la jungle d’un air dubitatif. Le feuillage était si épais qu’ils devraient se frayer un chemin L’ombre pourrait cependant les soulager de la chaleur torride.
« On dirait un petit manguier. Des feuilles longues et fines, avec de nouvelles pousses d’un brun brillant. Mais nous ne le trouverons pas près du rivage. Il aime les terrains plus secs ». Le cuisinier du navire à la peau sombre chiquait le mégot de son cigare, inclina son haut-de-forme en lambeaux et montra du doigt la pente densément envahie par la végétation. « Là-bas ».
« Ce que nous n’aurions pas eu besoin de si cette gueuse aux oreilles pointues et aux talents de lanceuse de sort n’avait pas apporté cette fichue fièvre noire à bord ! » Le juron marmonné par le chien de mer suscita un concert de grognements de la part des autres membres de l’équipage.
« Cesse ça ! » claqua Shae.
Il avait été suffisamment en colère lorsqu’il avait appris que la sorcière iosienne, Dame Aiyana, et son compagnon pistolier, Maître Holt, avaient désobéi à ses ordres de rester à bord du Talion lors de leur brève visite à Konesta. Sa colère avait redoublé lorsque Holt était tombé malade de la fièvre boutonneuse. Maintenant, avec un tiers de l’équipage faible comme des chatons avec des pustules noires et de la fièvre, sa colère ne connaissait plus de limites. Il ne voulait cependant pas que l’équipage dise du mal de Dame Aiyana. Elle et Holt avaient prouvé leur valeur à plusieurs reprises. Ses sorts et son étrange adresse au tir en faisaient un duo utile, et il n’était sage de mépriser quoi que ce soit d’utile, surtout maintenant. Avec une mise à prix sur sa tête suffisamment élevée pour que tous les chasseurs de pirates et trafiquants de tout l’Immoren occidental soient à ses trousses, Shae profiterait de tous les avantages qu’il pourrait obtenir.
« Arrêtez de râler et suivez Buck ! Nous récupérerons ces racines et lèverons l’ancre avant le coucher du soleil. Ensuite, ce sera un voyage retour tranquille vers Bottomton avec une cale pleine de trésors mercariens ».
Cela les fit terre, et sans aucun doute les fit penser au deux marchands mercariens qu’ils avaient emmenés au nord de Zu, lourdement chargés des richesses de ce mystérieux continent austral. Le Talion était bas sur l’eau, bourré jusqu’aux plats-bords de suffisamment de bois de tecks, d’ambre gris, de café et d’épices rare pour satisfaire même Joln Rockbottom . . . pour un moment.
Je dois admettre que le plan du nain avait parfaitement fonctionné, pensa Shae tandis qu’ils suivaient le warjack sur la plage.
N’avoir découvert qu’un paquet de cartes après leur récent siège du Fort Lamis avait semblé une compensation pour le sang qu’ils avaient versé en prenant la forteresse. Ensuite, l’examen des papiers par Rockbottom avait révélé leur véritable nature : des itinéraires détaillés de la navigation de la Ligue Mercarienne, y compris une série complexe d’instructions pour atteindre le continent auparavant inaccessible de Zu. Les cartes étaient pratiquement inestimables.
La chasse avait été bonne dans l’océan austral. Ils ne s’étaient arrêté à la forteresse de Konesta pour se ravitailler, une halte rapide d’une nuit, en espérant qu’elle ne susciterait aucun intérêt. L’épidémie de fièvre les avait fait reculer d’un pas.
Il n’y avait rien d’autre à faire que de continuer.
Shae s’arrêta devant le mur de verdure inhospitalier et regarda par-dessus son épaule. Le Talion était au mouillage, les voiles roulées et un léger filet de fumée s’échappant de ses cheminées. Les lignes épurées de la frégate ne cessaient de lui faire chaud au coeur, aussi séduisantes à ses yeux que les courbes sensuelles d’une femme. Ses ferrures brillaient et sa figure de proue, la Dame du Châtiment, brillait au soleil. Le Talion n’était pas qu’un de ces trois-ponts ventrus que tant de constructeurs navals semblaient privilégier ces jours-ci, mais il était équipé de quarante canons, de trois imposants mâts et d’une puissante machine à vapeur à double roue. Shae pouvait déjouer plus de la moitié de la Marine Cygnarénne – et ceux qu’il ne pouvait pas combattre, il pouvait les distancer. Ils ne l’échangerait contre aucun navire de première catégorie.
« Un problème, capitaine ? » demanda Doc en tripotant l’énorme couperet à sa ceinture.
« Je déteste juste la quitter, c’est tout ». Le Talion était son chez lui plus que sa maison à Bottomton, où il ne se rendait presque jamais. Sa vie avait radicalement changé depuis la mutinerie de l’Exeter. La Ligue Mercarienne y avait veillé. Sa famille survivante l’avait renié, ses quelques connaissances de ses années à l’Académie Stratégique étaient devenues des ennemis, et la ligue avait ruiné financièrement ou persécuté tous ceux qui lui étaient fidèles en les traitant de traîtres. Tout cela parce qu’il avait mené une mutinerie contre un homme qui avait tenté de l’assassiner de sang-froid. Avec le Talion, Shae avait commencé à se venger de ces torts. Son équipage était désormais sa famille.
« Elle est entre de bonne mains, capitaine ». Doc mâcha son cigare et sourit. « Hawk gardera un œil sur la situation. Elle n’a pas reçu ce surnom sans raison, après tout ».
« Oui. Ce qu’elle n’était certainement pas ». S’il y avait quelque sur Caen, Shae faisait confiance au Talion, c’était bien second-capitaine.
Après un dernier regard à son navire, il suivit Buck dans l’épaisse jungle. Il s’avéra qu’il s’était trompé au sujet de l’ombre. Le brise fraîche marine disparut, le bourdonnement des insectes e resserra autour d’eux et la sueur commença à couler le long de son cou.
Deux heures plus tard, malgré l’étouffante chaleur, Shae était heureux de porter sa lourde veste et son armure de warcaster.
« Sale suceur de sang ... » Un chien de mer frappa un insecte boursouflé et laissa une trace sanglante sur son cou.
« Regarde ça ! » Un coutelas fila et un autre marin poussa un cri triomphale. « Je l’ai eu, ce salaud ! » Elle souleva le cadavre sans tête d’un serpent d’un mètre vingt de long sur le dos de sa lame.
« Une vipère royale ! » Doc attrapa le cadavre écailleux. « Mortellement venimeux, mais sacrément bon à manger !’ Il fourra le serpent mort dans un sac et poursuivit sa route.
« Rappelez-moi de ne pas prendre de ragoût ce soir », marmonna un autre chien de mer.
« Si tu crois que c’est le pire qui ait fini dans la marmite de Doc, c’est que tu n’as pas fait attention mon pote ». Yeux Globuleux ricana en voyant le visage pâle du nouveau membre d’équipage.
Shae évita une liane arborant des épines assez longues pour lui arracher un œil et décida d’économiser son souffle. Ils avaient progressé d’à peine trois kilomètres à l’intérieur de l’île et n’avaient trouvé rien d’autre que la jungle. Seule l’indomptable force et l’infatigable endurance de Buck leur permettaient de continuer, même à ce rythme d’escargot. La lourde gaffe du ‘jack, maintenant équipée d’une lame incurvée, balayait d’avant en arrière telle une grande faux, se frayant un chemin à travers la végétation autrement impénétrable. Les chiens de mer suivaient en double file, les coutelas taillant dans les quelques lianes ou serpent qui échappaient aux pas de Buck. Shae fermait la marche, regardant derrière et devant à travers les yeux tout en écoutant le son lointain des tambours tribaux. La rumeur voulait que les cannibales de ces îles fabriquaient leurs tambours avec de la peau humaine, et que leurs chamans liaient les âmes de ceux qu’ils avaient consommés aux instruments pour qu’elles soient à jamais tourmentées par leurs tambours. Jusqu’à présent, il n’avait entendu que les malédictions de son équipage.
Des histoires pour effrayer les marins idiots, se rassura-t-il, même sis sa main ne s’éloignait jamais de Requin, son épée mékanique ou du canon à main passé à sa ceinture. Les cannibales et les chasseurs de têtes étaient des préoccupations suffisamment réelles, et il avait passé trop d’années à surveiller ses arrières pour écarter complètement toute menace.
Finalement, ils arrivèrent à une brèche dans la canopée, creusée par la chute d’un arbre vraiment immense. Dans cette zone ensoleillée se tenaient une douzaine de petits buissons aux fines feuilles brunes et luisantes.
« Bois de fièvre ! » Doc se fraya un chemin à travers les broussailles.
« Très bien, vous tous ». Shae fit signe à ces chiens de mer d’avancer. « Actionner vos pelles. Heure et marée, heure et marée ... »
Tandis que les chiens de mer enthousiastes s’exécutèrent, trop impatients de terminer ce travail et de remonter à bord du Talion, Shae ordonna à Buck de prendre position sur le tronc d’arbre tombé La hauteur supplémentaire lui donnerait une meilleure vue, même si ni le warcaster ni le warjack ne pouvaient voir à plus de quelques mètres à travers la végétation luxuriante. Shae grimpa sur l’immense tronc, dont le diamètre faisait deux fois sa hauteur et s’étendait sur soixante mètre depuis ses racines évasées jusqu’à sa couronne encore feuillue.
Heureusement, Rockbottom n’était pas de la partie, pensa Shae. Il regarda l’énorme tronc. Il aurait insisté pour nous le ramenions avec nous pour le vendre.
Un tel fût ferait un beau mât principal et pourrait rapporter mille couronnes, mais le transporter jusqu’à la plage nécessiterait probablement plusieurs de ses warjacks et beaucoup d’ingénierie. Il n’avait pas le temps pour une telle entreprise, encore moins l’espace à bord du Talion pour le ranger. Il faisant face vers le bas tandis que Buck faisait face vers le haut, essayant d’ignorer l’incessant bourdonnement des insectes et la sueur qui coulait sur ses côtes. Sous le soleil direct, les épaulettes de son armures devinrent rapidement trop chaudes pour être touchées. Il écouta les tambours, par dessus les paroles de Doc donnant des ordres et les craquements des chiens de mer au travail.
« Ça suffira ! » Dis finalement Doc en soulevant un lourd sac.
« Bien ! » Shae sauta du tronc, impatient de partir. Il frappa quelques chiens de mer sur les épaules en souriant. « Bon travail ! Rangez les pelles et mettez-vous en rang. Retour au navire et une tournée de grog pour tout le monde ! »
Leurs acclamations furent interrompues par l’écho d’une balle frappant l’armure de Shae, ayant pénétré d’une manière ou d’une autre son champ de puissance sans l’activer.
* * *
La balle percuta l’épaule de Shae avec suffisamment de force pour le faire tourner sur lui-même. La balle ricocha et vint frapper Yeux Globuleux au visage. Le sang et les os brisés giclèrent à l’impact et le vieux chien de mer tomba, tenant sa mâchoire détruite.
« À terre ! » Shae réagit de façon innée, portant son armure à plein régime, un sort lui vint à l’esprit. Un nimbe de runes s’enflamma autour sa main revêtue d’une armure tandis que le warcaster invoquait un linceul de brume dissimulatrice pour les cacher du tireur embusqué. Il savait qu’il s’agissait d’une tireur embusqué – et à une certaine distance, car la détonation du coup de feu arriva bien après la balle. Les chiens de mer réagirent comme des vétérans, pistolets sortis, prêts à tout. Deux d’entre eux tirèrent même dans la forêt pour tenter de dissuader l’agresseur, mais le bruit et la fumée interféraient avec la perception de Shae alors que lui et Buck scrutaient le feuillage.
« Pas de tirs ! Ç’est venu de loin, mais je ne sais pas . . . » Il scruta les collines environnantes, heureux que le brouillard invoqué n’obscurcisse pas sa propre vision comme c’était le cas pour celle de son ennemi.
« Ne bouge pas, toi ! » Doc jura et appuya sur la poitrine d’Yeux Globuleux avec un genou. « Attrapez ses mains, matelots. J’dois suturer ce saignement ! » Le grand homme appliquait une paire de pinces rouillées et une aiguille à voile sur l’horrible blessure au visage du chien de mer.
Les gargouillis distrayaient davantage Shae.
« Silence, Bon sang ! » Ils étaient en sécurité pour le moment, mais il ne pouvaient pas rester là indéfiniment. Il vérifia l’entaille dans son armure aussi large et profonde que son doigt. Le tir avait transpercé son champ d’énergie avec suffisamment de force pour lui faire exploser la cervelle, s’il avait frappé quelques centimètres sur la droite.
Un fusil lourd, et un tir presque mortel. Bientôt, le tireur embusqué va-
Une deuxième balle frappa le blindage de Buck assez fort pour faire chanceler le warjack. Shae réprima l’envie du ‘jack de s’élancer dans la jungle à la poursuite du tireur embusqué. Il lança un autre sort. Des runes flamboyèrent autour du warjack, tourbillonnant en fantasmatiques illusions pour masquer la position de Buck. Se tournant vers le bruit du coup de feu, Shae leva son canon à main pour riposter. Un reflet lumineux provenant du sommet d’un affleurement rocheux lointain attira son attention – trop loin pour être touché avec un pistolet. Il baissa son arme tout en jurant silencieusement.
« Il faut bouger ! » Il regarda Doc, qui enroulait un morceau de tissu crasseux autour de la mâchoire rapiécée à la hâte d’Yeux Globuleux. « Peut-il marcher ? »
« P’ux courir ! » dit Yeux Globuleux, luttant pour se relever alors même que le dernier nœud était noué dans la bandage imbibé de sang.
« Brave gars ! » Shae jaugea son adversaire.
Attendre le prochain coup ou courir maintenant ?
Le bruit d’une autre balle traversant le groupe de chiens de mer en position couchée l’empêcha de prendre sa décision. Celle-ci frôla l’épaule d’une homme, arrachant un morceau de peau et de muscle de la taille d’un œuf de poule. Le pirate jura et plaqua un mouchoir trempé sur la blessure béante avant que Doc ne puisse utiliser son aiguille et ses pinces.
« Maintenant, courrez vers les arbres ! » dit Shae. Il ordonna à Buck de prendre l’arrière-garde en espérant que la masse du ‘jack les protégerait, puis sortit de son couvert.
Il attrapa un chien de mer en retard et le poussa en avant hors de la brume dissimulatrice de son sort pour se diriger pour se diriger vers l’extérieur. Une autre balle ricocha du blindage de Buck, des fragments impactant le champ de puissance de Shae dans un éclat de lumière incandescente. Ils atteignirent le couvert des arbres et ralentirent, cachés par l’épais feuillage.
« Qui diable essaie de nous tuer maintenant ? » lança l’un des chiens, troquant son pistolet contre un coutelas pour tailler dans les lianes.
« Nous nous en soucierons plus tard. Maintenant, nous devons_ »
Une autre balle traversa le feuillage, rasant l’oreille de Shae pour faire voltiger ses cheveux. Malheureusement, la balle frappa me chien de mer, à qui il parlait, en plein entre les omoplates. Elle bascula en avant dans une gerbe de sang, et Shae sut qu’elle était morte avant même que Doc ne s’agenouille à côté d’elle. Les arbres n’étaient pas la couverture qu’il avait espéré.
« Allez, on y va ! Nous devons nous mettre hors de portée de ce tireur embusqué ! »
Shae envoya Buck en avant, parcourant le chemin qu’ils avaient emprunté à un rythme effréné. Il faisait confiance au ‘jack pour suivre leur propres piste jusqu’à la plage et prit l’arrière, déversant de l’énergie arcanique dans son champ de puissance avec l’espoir de dévier les tirs du tireur embusqué. Ce qu’il fit, trois fois encore avant qu’ils ne soient hors de portée. Chaque tir le stupéfia par sa force, mis ne parvint pas à le pénétrer.
« Enfin ! », dit-il en leur ordonnant de ralentir et de marcher rapidement alors que les tirs au loin se taisaient.
La descente plus facile et la piste déjà battue les menèrent à la plage en une fraction du temps qu’il leur avait fallu pour s’y frayer un chemin. Il remarqua avec une certaine satisfaction que Doc portait toujours le lourds sac de racine de bois de fièvre, mais ils l’avaient de leur sang. De plus, Shae se rendait compte que quelqu’un était peut-être venue sur l’île dans le but exprès de le tuer, ce qui le tourmentait à chaque pas. Le tireur embusqué, manifestement compétent, le visait personnellement ou avait décidé qu’il serait plus prudent d’abattre d’abord le warcaster. Il avait trop d’ennemi pour deviner qui en voulait à sang, mais la liste se raccourcissait lorsqu’il considérait qu’il se trouvait à des milliers de kilomètres de la plupart d’entre eux.
Probablement un chasseur de primes en quête de récompense.
Shae maudit une fois de plus la ligue Mercarienne pour avoir accroché un boulet à son cou.
Alors qu’ils s’approchaient de la plage, cependant, le bruit lointain et plus profond d’un canon les arrêta.
« C’est le pistolet de détresse du Talion, ou je suis un agent de Carre Dova ! » dit l’un des chiens entre deux difficiles respirations.
Shae savait que l’homme avait raison. « Allons-y ! Rassemblez-vous maintenant ! Il y a un problème à bord du navire ! »
Il poussa Buck à avancer, mais lorsqu’ils franchirent le dernier feuillage de la jungle, ils furent confrontés à deux autres surprises. Une escouade de vingt fusiliers marin s’efforçait de tirer la chaloupe de Shae dans l’eau, les bloquant ainsi sur ce rocher abandonné de Morrow. Au-delà, contournant le cap occidental de l’île, un trois-mâts s’approchaient à pleine voile et vapeur. Il ne pouvait pas voir sa coque, mais un fanion de la Ligue Mercarienne flottait au sommet du mât.
« Dents de Thamar ! » Shae attrapa son canon à main et dégaina Requin.
Cela répond à la question de savoir qui essaie de me tuer.
Ils avaient manifestement été enfumés. La ligue disposait d’un avant-poste solide à Konesta et avait dû repérer le Talion parmi les dizaines d’autres navires. Ils l’avaient suivi, avaient débarqués une escouade y compris leur tireur embusqué, sur la rive au vent, puis avaient amené leur navire pour les enfermer. Hawk avait déjà coupé leur ancre et empilait du charbon et de la voile pour permettre au Talion de manœuvrer dans les limites de la baie. Elle devait soit s’aventurer dans les bas-fonds pour tenter d’aider l’équipage à terre – une perspective hasardeuses dans des eaux inexplorées – soit elle affronterait les mercariens. Quoi qu’il en soit, Shae et ses chiens de mer n’avaient qu’une seule option.
« Attaquez-les, Talions ! » Shae envoya un ordre mental à Buck et chargea la force ennemie. « Avec moi ! » Des runes flamboyèrent autour de lui et se dirigèrent vers son équipage, les remplissant de puissance. Sous l’influence du sort, ses chiens de mer se précipitèrent à toute allure, imprégnés de sa rage, de sa passion et de sa soif de vengeance.
Le warjack chargea, sa gaffe dressée telle une lance, un filet lourdement lesté se balançant au-dessus de sa tête. Les chiens de mer traversèrent la plage avec leur capitaine, hurlant et tirant avec leurs pistolets. Trois des mercariens tombèrent avant même de s’être retournés.
Buck lança son filet, jetant deux autres fusiliers marin de la ligue au sol alors même que des tirs de pistolets ricochaient sur l’armure du ‘jack. Le boucanier chancela mais continua à avancer, sans se soucier des dégâts. Shae fit appel à sa magie une fois de plus, frappant le premier de la force adverse avec une rafale de vent arcanique. L’impact fit littéralement décoller l’homme de ses bottes et tomber deux autres derrière lui.
Le warcaster chargea dans la mêlée, brandissant Requin dans une main et son canon à main dans l’autre. Son champ de puissance s’éclaira en bleu tandis que les lames et les balles s’entrechoquaient. La gaffe Buck frappa le crâne d’un homme, projetant une gerbe d’os brisé et de cervelle sur le visage de ses camarades. Shae se rapprocha du flanc du ‘jack et fit tournoyer son sabre mékanique dans un arc dévastateur qui fit reculer deux autres mercariens en arrière, serrant leurs blessures béantes.
« Sécurisez la chaloupe ! » Shae esquiva un coup de gaffe de Buck et s’élança vers l’avant.
Warcaster et warjack se battaient comme un seul homme, unifié par leur lien arcanique, parant et poignardant, tailladant et frappant dans une synchronisation mortelle. Les chiens de mer se déversèrent par la brèche que Shae et Buck avaient ouverte dans la force ennemie et saisirent la chaloupe par les plats-bords.
« Poussez, bande de cadets ! » Doc jeta son sac de racines dan le bateau et plaqua sa considérable masse sur tableau arrière de l’embarcation.
La chaloupe s’élança vers l’avant. Shae et Buck fermaient la marche derrière eux, protégeant leurs arrières avec des coups de gaffe et d’épée mékanique pour garder les mercariens à distance.
Le bateau s’enfonça dans le ressac derrière eux. Les bruits et les jurons chaotique de l’équipage grimpant à bord et maniant les rames parvint aux oreilles de Shae par-dessus le fracas des armes et le tonnerre des coups de feu. C’était le moment où trop de personnes risquaient d’être tuées. Alors qu’ils s’éloignaient à la rame, les mercariens restant purent faire usage de leurs pistolets. En ce moment même, des tirs frôlaient et des chiens de mer criaient de douleur.
Sur une pensée de Shae, Buck lança un autre lourd filet sur l’ennemi. L’ordre qu’il donna ensuite ne plut pas tellement au ‘jack : Dans le bateau !
Buck hésita, ne semblant pas vouloir laisser son capitaine derrière lui « Bouge, espèce de lourdaud plaqué de fer ! » Shae projeta une explosion arcanique de vent sur l’ennemi, projetant un homme en plein dans la pique d’abordage d’un autre.
Buck devait monter à bord de la chaloupe avant qu’elle n’atteigne l’eau profonde. Le warjack lança sa lourde gaffe sur l’ennemi et fonça vers le bateau. Shae encouragea le construct et continua à se battre, reculant dans les vagues à chaque coup d’épée pour empêcher les mercariens de l’encercler.
Sans se retourner, il remarqua à travers les yeux de Buck que le ‘jack grimpait à bord, la faisant presque basculer avec son poids. Une balle frappa le bouclier de Shae, qui manqua sa parade. L’épée traça une entaille peut profonde dans sa cuisse. Il riposta par un coup dévastateur de Requin, sectionnant le bras de son assaillant et le projetant vers ses camarades.
« Capitaine ! »
Au cri de Doc, Shae sut qu’il était temps de courir.
Avec une autre auréole tourbillonnante de runes arcaniques, Shae invoqua une nuage de brume obscurcissant pour couvrir sa retraite et se précipita dans les vagues. Les balles et les gros mots harcelèrent sa fuite, mais rien n’entravait sa progression. L’équipage de la chaloupe ramait comme des fous, et le bateau était déjà en eau profonde, mais contrairement à Buck, l’armure de warcaster de Shae fonctionnait lorsqu’elle était immergée. Il s’élança vers l’avant et plongea directement dans une vague montante, sans être gêné par le poids de l’armure. Il entendit des coups de feu étouffés par l’eau et observa la bataille à travers les yeux de Buck. Son barreur, Yeux Globuleux accroupi à l’arrière du bateau, le visage pâle par-dessus son bandage ensanglanté, tirait coup sur coup pour couvrir son capitaine. Un autre chien de mer rechargeait aussi vite qu’il pouvait tirer, une boîte de munitions ouvertes sur ses genoux.
Shae nageait avec acharnement, les balles frappant l’eau tout autour de lui. Une fois de plus, il vit à travers les yeux de Buck que Doc avait lancé une ligne dans le sillage de la chaloupe. Il tendit le bras et saisit la corde avec toute la force que son armure de warcaster pouvait exercer, puis s’accrocha pendant que Buck le tirait. Le warjack tendit la main pour le hisser à bord, trempé et crachant, mais en pleine santé.
« Maintenant ! Ramez pour vos vies ! » Shae s’assit au gouvernail, où son champ de puissance aiderait à protéger le reste de l’équipage de la chaloupe, et lança un autre sort, cette fois-ci sur le bateau lui-même.
Des anneaux concentriques de runes arcaniques tourbillonnèrent autour d’eux, formant un miroitement illusoire d’image fantasmatiques pour masquer leur position exacte. Shae maintint le sort tandis que les chiens de mer ramaient vers le navire au milieu des éclaboussures des projectiles. Lorsque la chaloupe fut enfin hors de portée des pistolets, le warcaster laissa son sort expirer. Plusieurs de ses chiens de mer étaient blessés par balle, mais personne d’autre n’avait été tué. La chance des dieux, pensa-t-il, en diminuant le feu de son armure de warcaster et en ordonnant à Buck à faire de même. Ils ne pouvaient pas continuer à fonctionner à plein régime pendant longtemps, et il semblait qu’un autre combat les attendait.
Le bruit tonitruant d’un canon attira son regard vers le Talion. De la fumée s’échappa de son haut gaillard avant en direction du vaisseau ennemi.
« Le Commodore ! » cria l’un des chiens de mer en souriant.
« Yep ! Hawk leur donne un avant-goût de l’enfer ! » Shae se leva et sourit en signe d’approbation. Hawk avait manoeuvré le Talion suffisamment près pour que les canons royaux, plus lourds, puissent atteindre leur visiteur sans s’aventurer à portée des canons mercariens. Le Talion avait fait demi-tour pour faire face au vent, aidé par un bref retour en arrière de sa roue à aubes bâbord. Les voiles se gonflaient et il fonçait à pleine vitesse sur la chaloupe. « Ha ! Brillant ! »
Le champ de puissance de Shae s’étendit autour de lui, et quelque chose frappa son dos tel un bélier, le projetant en avant dans l’eau de mer ensanglante clapotant dans le fond de la chaloupe. La douleur s’épanouit entre ses épaules et il se demanda s’il était en train de mourir.
« Capitaine ! » Avant que Doc ne puisse l’atteindre, l’énorme main de Buck le saisit par la cheminée de son armure et le souleva.
« Dents et yeux de Thamar ! » Shae fléchit les épaules. Au moins, il pouvait respirer. « Au nom de tous les légataires . . . ? » Un sifflement provenant de son épaule stoppa sa tirade. Un poids oppressant se posa sur lui et le champ de puissance de son armure venait de s’effondrer.
« Vous évacuez de la vapeur, capitaine ! » dit Doc, mais ce n’était pas une nouvelle pour Shae. « Il y a un impact de balle en plein milieu de ton dos ».
« Heureusement, il n’est pas dans ma tête ! » Il jeta un coup d’oeil vers la plage. Là, parmi les mercariens survivants, se tenait un homme armé d’un fusil. Il était plus petit que les autres, avec des cheveux courts, couleurs neige, et le fusil qu’il brandissait était plus long que lui. Shea regarda son assaillant recharger et lever à nouveau le fusil, mais le warcaster était déjà en train de puiser son énergie pour un autre sort. Des runes flamboyèrent, et l’ensemble de la chaloupe scintilla à nouveau sous eux, des fantômes fantasmagoriques tourbillonnant pour masquer leur position.
Shae fixa le tireur embusqué alors qu’une bouffée de fumée s’échappait du long fusil. L basse rasa sa tête, la manquant de peu. Le bruit du fusil arriva l’instant d’après, le craquement du tonnerre en écho.
« On dirait que quelqu’un veut vraiment votre mort, capitaine », offrit Doc, mais ce n’était pas vraiment une nouvelle pour Shae non plus.
« Je vais devoir les décevoir, alors ». Il se remit à la tâche de maintenir son sort et de diriger leur progression sur la trajectoire du vaisseau approchant. L’énorme grue à ‘jack était orientée à tribord. Un large filet de chargement était en train d’être descendu par-dessus bord. De lignes menait à une bôme improvisée depuis des coins lestés.
Shae sourit. Bonne idée, Hawk, pensa-t-il. Arrêter le navire pour les récupérer prendrait beaucoup trop de temps avec le navire ennemi s’approchant rapidement. Le temps de réduire les voiles et de pagayer pour ralentir le Talion, ils seraient sous le feu des canons. L’utilisation du filet serait dangereuse, mais ils auraient une chance de monter à bord avant que l’ennemi n’arrive à portée.
« Ramez, Talions ! » cria-t-il. « Nous n’aurons qu’une seule chance, et ce ne sera pas aisé ».
Il donna un ordre silencieux à Buck alors que le navire fonçait sur eux. Ils allaient tous les deux devoir faire attention, avec son armure de warcaster hors d’usage et le warjack incapable de gérer l’eau profonde. Si l’un d’eux tombait par-dessus bord, il coulerait sûrement comme des pierres.
* * *
elric:
« Ça va marcher, capitaine ? » Doc regardait le lourd filet alors que le navire approchait. Il plongea dans l’eau, projetant des embruns.
« Nous ramons directement dans le filet à marchandises et nous serons récupérés comme le poisson dans une nasse. C’est simple ! » Shae avait mit toute l’assurance dont il était capable dans son ton. Doc se contenta de le regarder et de mâcher le mégot de son cigare.
« Simple, hein ? » gronda le grand homme.
« Ne perds pas ce foutu sac de racines, Doc. Nous avons traversé l’enfer pour l’obtenir et je ne suis pas prêt d’y retourner pour en récupérer plus’.
« Oui, monsieur ». Doc attacha le sac autour de son imposante taille et cracha son mégot de cigare dans la mer.
« N’oubliez pas », lança Shae à son équipage alors que le Talion fonçait sur eux, « si la chaloupe bascule, accrochez-vous au filet à marchandise. Nous ne pouvons pas perdre le bateau, mais je ne veux perdre aucun d’entre vous ! »
Un choeur de ‘Oui » suivit, mais il pouvait remarquer l’endurance des chiens de mer faiblir. La fatigue se lisait sur leurs visages après la longue marche sur la montagne, la course folle pour redescendre, le combat sur la plage et la dure traversée de la baie. Shae le sentait aussi, mais même si le poids de son armure l’épuisait tout autant, il n’était pas prêt de s’en débarrasser. Cette armure lui avait sauvé la vie à plus de reprises qu’il ne pouvait le compter, et avec un autre combat à venir, il aurait besoin de sa protection.
Le Talion lançait des embruns depuis sa proue et créait une importante vague. Shae les fit pivoter afin que le sillage du navire ne les déplace pas, luttant contre le gouvernail pour les maintenir en ligne droite. Le flanc du navire se profilait, des visages impatients l’observant d’en haut.
« Stabilisez maintenant ! » Le bosco du Talion, un trollkin nommé Balasar Grogspar, était penché par-dessus le bastingage, ses énormes mains bleues saisissant une épaisse aussière de chanvre qui traversait un billot jusqu’au pied du filet. Puis Shae aperçut Hawk perchée sur la lisse du pont arrière. Elle se penchait, une main saisissant un hauban, ses tresses noires et ses manchettes en dentelles flottant au vent tandis qu’elle criait des ordres au timonier, dirigeant la progression du navire avec une habilité consommée. En la regardant, il se sentait confiant dans sa survie. Si quelqu’un pouvait réussir cette manœuvre, c’était bien Hawk. Elle avait gagné son respect par son courage et sa conviction, sans parler de ses talents de marin et de son habilité avec une lame.
« Cessez de ramer et larguez les ! Accrochez-vous ! » Hurla Shae.
La force de l’impact projeta la chaloupe tel un fétu de bois, malgré le poids d’une douzaine d’hommes et d’un warjack de trois tonnes. Les cordes gémirent.
Grogspar hurla : « Actionnez le cabestan ! »
Le pont de la chaloupe se déroba sous eux, projetant Doc vers l’avant, dans la cale. Shae lança un cri silencieux à Buck pour qu’il s’agrippe au filet à cargaison, et le ‘jack obéit. Deux chiens de mer s’agrippèrent à Buck plutôt que d’essayer de s’accrocher au filet. Puis la chaloupe commença à glisser sur le bord, les mailles tendues du filet raclant contre les planches lisses de la coque.
« Abandonnez le navire et choppez le ! » Shae attrapa Doc par sa chemise crasseuse et le souleva. Les chiens de mer grimpaient sur le filet comme une troupe de singes, mais Shae avait oublié que son armure ne lui offrait plus de force supplémentaire. Sous le poids de deux hommes adultes et de son armure, sa prise sur le filet de chargement céda. Il commença à glisser vers l’intérieur du bateau. Il passa un bras à travers le filet, mais il lâcha. Il n’avait tout simplement pas la force. Le poids de Doc l’entraînait par-dessus bord. Quatre points de vue défilèrent dans son esprit alors qu’il commençait à glisser vers la mer déchaînée : celui de Buck, celui de Tireur d’Élite, une de chacun de ses warjacks Marinier à bord du Talion et le sien. L’image multiple fusionna en une mosaïque familière pour le warcaster.
Shae prit le contrôle direct de Buck.
L’une des énormes mains du warjack relâcha son emprise sur le filet et saisit le lourd anneau situé à l’avant de la chaloupe, la stoppant brusquement. Le bateau s’inclina presque à la verticale et les deux hommes commencèrent à glisser, mais Shae accrocha sa jambe à la banquette. Il retint un cri lorsque son genou se tordit. Le chemise de doc se déchira, mais la poigne puissante de l’homme s’accrocha au canon d’avant-bras de Shae et ils réussirent tous deux à rester à bord.
La grue à ‘jack commença à crier de protestation et le cabestan à vapeur hurla en choeur. Shae les regarda se faire hisser à bord depuis le point de vue de Tireur d’Élite. Il y eu une embardée à donner mal au coeur, puis ils atterrirent avec un craquement de bois fendu, de prodigieux jurons et le hurlement d’un malheureux chien de mer lorsque le plat-bord lui atterrit sur l’orteil. Shae lâcha Doc et le bateau, s’efforçant de se dégager du banc de la chaloupe, du filet et des marins étalés.
« Bienvenue à bord, capitaine ! » Le Maître de Quart Walls se pencha pour l’aider à se relever, sa barbe noire hérissée et son unique œil plissé. Le singe excité de Walls, Stubs, était perché sur l’épaule du pirate, regardant les dégâts d’un air renfrogné comme s’il voulait facturer les réparations.
« C’est vraiment bon d’être à bord, Wall ». Shae testa son genou tordu, qui supportait son poids, et évalua les dégâts. L’orteil du chien de mer devrait probablement être amputé, mais l’embarcation pouvait être réparée, et Buck, bien qu’il ait été sévèrement cabossé et marqué par des balles et des lames, ne semblait avoir subi aucun dommage critique. Mieux encore, ils n’avaient pas perdu un seul membres d’équipage par-dessus bord. « Doc, occupes-toi des blessez et commence à préparer cette mixture pour nos patients. Walls, j’ai besoin de Corcorian toute de suite ! Mon armure a pris une balle dans la chaudière ».
« La jeune Corcorian alors, monsieur. Evlyn est plus à l’aise avec le travail de précision ».
« Bien sûr ». L’Ingénieur en Chef Quinn Corcorian s’occupait de la machine à vapeur du Talion et des warjacks avec une compétence exceptionnelle, mais lorsqu’il s’agissait des complexités des armures des warcasters, des turbines arcaniques, des cortexes et des dispositifs mécaniques, la fille de Quinn, Evlyn avait un doigté spécial et une attention presque pathologique aux détails qui lui servait bien. Shae regarda vers l’avant et fit un signe de tête à son bosco. « Beau boulot avec le filet de chargement, Grogspar ».
« Bah ! Rien d’extraordinaire, mais j’aurais pu utiliser un peu plus de tension sur ce palan de bordure, n’est ce pas ? » L’imposant trollkin tripota le tuyau de sa pipe et haussa ses énormes épaules bleues. « Putain, je t’ai presque jeté à la mer ».
« Ça a fonctionné, Balasar. Assez Parlé ». Shae était le seul à bord qui ait jamais employé le prénom du bosco. Il se sentait un peu redevable envers Grogspar. Le trollkin avait sauvé la vie de Shae lorsque le capitaine de l’Exeter avait tenté de le faire assassiner.
Shae fit un signe d’approbation à son bosco et monta les escaliers jusqu’à la dunette du Talion. Son pas traînant sous l’effet de la fatigue et du poids de son armure inerte, mais il était vivant. Hawk l’accueillit avec un sourcil froncé et un regard qui le balaya de la tête au pied.
« C’est bon de vous revoir à bord, capitaine ». Le coin de sa bouche se crispa, tirant sur la cicatrice qui traversait son visage en deux Elle posa ses poings sur ses hanches dans une caricature de désapprobation. « Tiré, tranché, et à nouveau à moitié noyé, je vois. À peu près dans la moyen pour un séjour à terre. Tu t’es amusé ? »
Sa gaieté ironique et son attitude confiante soulagèrent un peu du poids des épaules de Shae. « Pas autant que la dernière fois que je me suis fait tirer dessus, trancher et à moitié noyé, je te l’assure ». Il fit une signe de tête vers le navire mercenaire. « Qui est notre visiteur ? »
« Elle s’appelle Rasoir. Chasseur de pirates de Bercks avec quarante-deux canons ».
« Bon sang ! Je ne connais que trop bien ce navire et son capitaine, Jamis Gorafalo. J’ai servi à son bord lors de ma première mission quand la Ligue m’a engagée ». Alors que Shae acceptait une longue-vue de son second, la forme légère d’Evlyn Corcorian monta les marches menant à la dunette. Une ceinture d’outils pendait autour de ses hanches, et la graisse maculait sa salopette en lambeaux. Walls la suivait, son visage buriné affichant un rictus perpétuel de mécontentement.
« Un problème avec votre armure, capitaine ? » Elle écarta une mèche de cheveux blonds de son front, laissant une trace de graisse, et lui adressa un sourire hésitant. Elle avait tendance à traiter le capitaine avec un mélange de respect et de peur qu’il trouvait gênant. « Mr. Walls a dit … Je veux dire, que vous avez. Que vous aviez un problème, je veux dire ».
« Une balle dans la chaudière ». Il lui tourna le dos. « Travaille vite. Nous sommes dans une situation difficile et j’ai besoin de vapeur ».
« Oui, monsieur ! Vous devrez enlever votre geste une fois que j’aurai enlevé les épaulettes ».
Le ton d’Evlin sembla instantanément plus confiant maintenant qu’elle était dans son élément. Il déboutonna sa veste tandis qu’elle retirait les deux lourds épaulettes en plusieurs adroits mouvements. La brise marine rafraîchit ses épaules alors qu’il ôtait sa veste en soupirait. Avec un tintement et un crissement de ses outils, elle retira la plaque de protection recouvrant les fonctions les plus délicats de la chaudière, de la boite à feu et de la turbine arcanique de son armure.
« C’est un sacré coup, monsieur ! Quelqu’un a un très bon fusil pour tirer une balle à travers votre champ et trouer cette plaque. Ça ne sert à rien de tout enlever. Ne bouger pas et je vais placer un patch ».
Pendant qu’Elvin travaillait, Shae observait le chasseur de pirates. Le Rasoir était un navire plus rapide et légèrement plus lourd que le Talion, transportant un nombre comparable de marins combattants et quelques warjacks. Hawk avait détruit une verge de misaine avec le Commodore, et le canons royal avait quelque peu ralenti la progression du navire approchant, mais il continuait d’avancer. Shae était persuadé que le Talion pourrait l’emporter dans un bon jour, mais ce n’était pas le cas aujourd’hui. Avec un tiers de son équipage alité, il préférait ne pas s’embrouiller avec le Rasoir.
« Fermez les écoutes et les étançons ! Hawk, pleine voile et pleine vapeur pour l’autre cap. Avec nos cales pleines et la fièvre à bord, je pense que je vais lui montrer une belle vue de mon cul disparaissant rapidement ».
« Je ne veux rien dire de désobligeant à propos de vos fesses, capitaine, mais je ne pense pas que ce soit une option viable », déclara Hawk.
« Quoi ? » Shae se tourna vers elle et Evlyn lui murmura de rester immobile. Son second regardait vers l’avant, pas vers l’arrière, en direction du Rasoir. Avant qu’il ne puisse lui demander ce qu’elle avait trouvé à redire à sa stratégie, un appel de la vigie du mât avant répondit à sa question.
« Voiles ! Un trois-mâts arrive par le cap est ! »
« Bon sang de bonsoir ! » Shae leva sa longue-vue. Trois huniers et un autre fanion de la Ligue Mercarienne flottaient au-dessus des rochers du cap est. Leur fuite était interrompue.
« Il semblerait que nous soyons au coeur d’une piège bien ficelé, capitaine », dit Hawk.
Le beaupré du deuxième navire contourna la pointe et Shae distingua sa plaque. « Tempête ? Je ne connais pas ce navire, mais il semble avoir- » Il compta les sabords d’armes au fur et à mesure. « quarante-huit canons. Fils de- » Shae jura dans sa barbe, mais sa tirade fur interrompue par un cri retentissant par-dessus son épaule et une paire de pinces étroites tenant une balle déformée lui fut présentée.
« Projectile de fusil lourd . . . obus perforant à chemise d’acier. Vous avez de la chance d’être en vie, capitaine ». Evlyn laissa tomber le projectile dans sa paume. Shae déglutit, fixant la balle. Le tir avait traversé son champ d’énergie et son armure. Si elle n’avait pas été arrêtée par la chaudière, elle lui aurait sectionné la colonne vertébrale ».
« On dirait que quelqu’un ne t’aime pas, Phinneus ». Shae savait qu’il valait mieux ne pas ignorer la nouvelle voix. Elle appartenait à Joln Rockbottom, leur financier privé rhulique et demi-propriétaire du Talion. « Ou quelqu’un de nouveau, au moins ». Le nain aurait eu l’air comique, paré de tous les atours que sa substantielle richesse pouvait lui procurer, mais le lourd tromblon, Bouche à Feu, calé sur sa hanche, offrait une certaine létalité à son attitude. La mine renfrognée de Rockbottom aurait fait cailler du lait, et son regard intransigeant fixaient le capitaine avec un regard accusateur.
Shae ne pouvait pas lui en vouloir. Il n’y avait personne d’autre à blâmer pour ce gâchis. Il semblait qu’à chaque fois qu’ils se retournaient, un autre chasseur de pirate ou corsaire de la Ligue Mercarienne apparaissait, essayant de s’emparer de prendre la tête de Shae pour obtenir la prime. Bien sûr, tous les anciens membres de l’équipage de l’Exeter avait sa tête mise à prix, mais la Ligue avait fait en sorte que la sienne soit particulièrement attrayante.
« C’est vrai, Joln ». Il jeta la balle déformée par-dessus bord. « Il ne me reste plus qu’à trouver comment me sortir de ce piège ».
Hawk prononça, « Ils nous ont enfermés, capitaine, mais aucun des deux navires ne nous surpasse de beaucoup. Je ne voudrais pas me faire aborder avec autant de personnes atteintes de la fièvre, mais fusil contre fusil, avec les fusiliers marins et le Commodore, nous pouvons tenir tête à l’un d’entre eux ». Son optimisme pragmatique apaisa les nerfs de Shae.
« Nous n’allons pas nous en sortir sans nous battre, c’est certain ». Shae peut s’en rendre compte d’un seul coup d’oeil. S’il essayait de naviguer entre les deux navires qui convergeaient, ils se retourneraient tous les deux et l’attaqueraient de plein fouet. Il pouvait les atteindre avec le Commodore avant qu’ils ne puissent déployer toute leur puissance, mais même un canon de poids royal ne pouvait couler un navire d’un seul coup.
Pris entre deux bourrasques et une côte sous le vent, pensa-t-il, évaluant ses chance contre l’un ou l’autre navire. Il entendit un crissement de métal par-dessus son épaule, puis un cliquetis, et sentit la réconfortante pulsation de la turbine arcanique de son armure se mettant à tourner à plein régime.
« Je l’ai ! »
Avec le cri de triomphe d’Evlyn, le poids de son armure disparut et son champ d’énergie se raffermit autour de lui.
« C’est juste une sangle avec un joint en plomb pour assurer l’étanchéité. Il y aura une fuite, mais cela devrait vous permettre de fonctionner pendant environ une heure. Ici ». Elle attacha son armure de plate et lui tendit sa veste. Le temps qu’il la boutonne, elle lui avait remit ses épaulières. Elle recula d’un pas et le regarda avec fierté. « Soyez prudent, monsieur ».
« Merci Evlyn, mais la prudence n’a jamais gagné une bataille ». Il lui adressa un sourire de reconnaissance, et elle sourit à travers les taches de suie et de graisse la couvrant.
« Allez, gamine ! » Walls attrapa le bras d’Evlyn et la fit presque tomber. « J’ai un Boucanier qui a plus besoin de tes tendres soins que le capitaine ».
La réparation de son armure donna à Shae le sentiment qu’on lui avait donné une nouvelle vie. Il jaugea les deux navires qui leur faisaient face, les lignes d’attaques et les allures potentielles, et pris une décision.
« Changez d’armure et naviguez droit vers le Rasoir ».
« Directement sur eux ! Oui, capitaine ! » Hawk transmit ses ordres à Grogspar et au timonier.
« Vous allez attaquer ? » Rockbottom était abasourdi.
« Vous préférez négocier ? » Shae lança un regard d’avertissement au nain. La dernière chose était que quelqu’un remette en question ses décisions. « Jamis Garofalo commande ce navire. C’est un salopard de sadique, mais il manque vraiment de courage. Il virera et nous ratisserons son gréement à coups de boulets chaînés ». Shae dégaina son canon à main et chargea une cartouche. « Avec un peu de chance, nous couperons la tête de ce serpent ! »
Phinneux Shae avança à grand pas, lançant des ordres au fur et à mesure. « Hawk, le pont arrière est à toi Je vais à l’avant pour saluer mon vielle ami. Pleine bordée lorsque nous passerons. Tir de boulets chaînes avec élévation complète. Je ne veux pas qu’un mat soit debout quand nous aurons fini ! Nous serons peut-être un peu malmené, mais le Talion peut le supporter ».
« Nous allons les tailler en pièces, monsieur ! » Hawk aboya des ordres, prenant les commande du navire d’un souffle.
L’équilibre et le courage de Hawk le fortifièrent comme une gorgée d’un bon vin, encourageant son équipage au fur et à mesure, ses cheveux et son manteau flottant au vent. Il rencontra son ingénieur en chef sur les marches du gaillard avant et sourit à la ligne des sept warjacks – quatre Mariniers, deux Boucaniers et son lourd Flibustier – dont la fumée s’échappait de leurs cheminées.
« Tireur d’Élite, Crochet, Filou et Nancy avec moi ». Au nom de son quatrième et nouveau Marinier, il sourit intérieurement. Il avait acheté la machine directement à la sortie de la chaîne de production et elle brillait comme un sou neuf. L’un des chiens de mer l’avait appelé belle Nancy, et le nom était resté.
« Tu garderas Bottes en réserve en cas de problème, Quinn. Buck et Tique, dans la cale. Il rompit son lien avec le Flibustier pour que Quinn puisse agir en tant que contrôleur. Buck s’agita d’être relégué dans la cale pour la rencontre. Son rudimentaire psychisme aspirait au combat, mais il était toujours endommagé, et il n’y avait pas grand-chose que le Boucanier puisse faire dans un engagement en une seule passe. Shae ne voulait pas risquer que l’un d’entre eux prenne un projectile de la bordée du Rasoir.
« Oui, capitaine ! » Quinn récita le complexe code verbal qui permettait à Bottes de le reconnaître en tant que conducteur autorisé.
Les quatre Mariniers et les équipes d’artilleurs suivirent Shae sur le pont avant. Chaque fusilier marin portait un canon de navire de taille normale capable de projeter un boulet de canon de vingt-quatre livres ou une gerbe mortelle de mitraille sur l’ennemi. Chacun portait également une énorme ancre et une chaîne dans l’autre main. En mêlée, ces pattes de fer transperçaient la chair, les os et les armures.
« Une Oreille, vieux chien. Je savais que je te trouverais ici en train de bichonner le Commodore ! » Shae sourit et donna une tape sur l’épaule de son maître cannonier.
« Coupable, capitaine ».
Une Oreille Scoriani accueillit Shae avec un salut et un sourire un peu croche. Croche était la seule façon dont Une Oreille pouvait sourire depuis le jour où un boulet de canon lui avait arraché une oreille et brisé la pommette, détruisant les nerfs contrôlant la moitié de son visage. Mais il pouvait toujours tirer droit avec un canon que quiconque à bord, et en ce moment, Shae avait besoin de cette compétence sous le pont. Le Commodore était une arme fantastique, mais même un poids royal ne pouvait pas projeter une masse de métal comparable à la seule bordée de vingt canon du Talion. Il tapota affectueusement le massif canon. Les restes squelettiques de son homonyme et ancien maître, le Capitaine Laross Fargen de l’Exeter, pendaient, enchaînés, sous la bouche fumante de l’arme. Fargen était encore en vie lorsque Grogspar l’y avait enchaîné en guise de représailles pour ses nombreux excès tyranniques qui avaient conduit à la mutinerie. Le bosco avait ensuite plusieurs fois fait feu avec le canon jusqu’à ce que la chaleur et les chocs tuent son ancien capitaine puis avait laissé les restes suspendus là comme un sinistre rappel de leurs origines.
« J’ai besoin de toi sur le pont-batterie, Une Oreille. Boulet chaîné dans le gréement. Nous n’aurons qu’une chance d’y parvenir, et je ne veux plus qu’il y ait un seul morceau de toile en l’air quand nous en aurons fini avec le Rasoir.
« Oui, monsieur ! On va leur en mettre plein la vue ! » Scoriani se dirigea vers l’arrière.
« Brave homme! » Shae prit le commandement de l’équipe du Commodore et de équipes de chiens de mer chargés de recharger les canons des Mariniers. « Boulet chaîné pour le Commodore et élévation maximale. Vous, les équipes des Mariniers, chargez à la mitraille. Nous partons à la recherche d’officiers ».
Tandis que les équipes de canonniers applaudissaient et s’exécutaient, Shae évalua leur ligne d’attaque. Fidèle à sa parole, Hawk avait fait pivoter le Talion pour viser le beaupré du Rasoir. Il regarda l’équipe du Commodore charger deux lourd boulets avec trois mètres de chaîne les reliant, et grimaça. Ils n’avaient pas l’habitude d’employer des boulets chaînés avec le Commodore. Sa portée et sa pénétration avec les projectiles standard, sans parler de l’enfer qu’il pouvait provoquer avec des projectiles incendiaires ou les boîte à mitraille, étaient bien plus dévastateurs. Le boulet chaîné n’était bon qu’à découper les gréements, et c’est ce qu’il devait faire au Rasoir. S’ils parvenaient à le mettre hors d’état de nuire, le Talion pourrait distancer le chasseur de pirate en pleine mer, et le commandant du Tempête n’oserait pas abandonner l’autre navire. Et même si cela se produisait, Shae se tiendrait à distance et le briserait en morceaux un coup après l’autre.
Les deux navires se rapprochèrent à toute allure et arrivèrent à portée du Commodore. Le capitaine de tir averti à l’équipe du canon et tout le monde sur le pont avant se boucha les oreilles. La commotion de l’explosion rendrait sourd quiconque se trouverait à l’avant de la bouche du canon.
Le canon rugit et recula sur es lourds palans. Le tir monta très haut et percuta une vergue avant, envoyant des échardes et de la toiles déchirées s’écraser sur le pont.
« Rechargez, fissa ! » ordonna Shae, donnant un coup de main avec le long refouloir.
Le rechargement d’une arme de cette taille n’était pas une tâche facile et nécessitait des compétences coordonnées pour l’accomplir rapidement, chaque membre de l’équipe s’occupant de sa tâche. Après avoir nettoyé le canon des cendres brûlantes, ils enfoncèrent la cartouche de poudre, la bourre, les boulets chaînés et à nouveau de la bourre. Le capitaine de tir piqua la cartouche à travers la lumière et l’amorça. IL ordonna ensuite un réglage de la hausse et l’équipe souleva la lourde pièce avec de longues barres à mines.
Le capitaine de tir brandit sa mèche lente. « Prêt ! »
Shae recula et se boucha les oreilles. L’explosion le secoua jusqu’au bottes, et le tir percuta le mât de misaine du Rasoir, envoyant 9 mètres d’espars de bois dur s’écraser comme une lance, traînant de la toile déchirée et des cordages battant l’air. L’équipage du Talion applaudirent à nouveau.
« On continue comme ça ! » ordonna Shae, ramenant son attention sur sa spécialité.
Ils arrivaient à portée des deux pièces de chasse du Rasoir, un duo de canons de neuf livres en laiton orientés vars l’avant, capable de projeter du métal avec une précision remarquable, même s’ils n’avaient pas autant de punch que des canons principaux, à la portée plus courte. Il envoya un ordre silencieux aux quatre Mariniers, leur donnant une image mentale de Jamis Gorafalo. Ne tirez pas jusqu’à ce que vous puissiez attendre leur pont arrière, puis faites-leur la peau. Dès que nous serons passez, venez à l’arrière avec moi. Maintenant, Shae devait s’occuper de son navire, et cela nécessiterait toutes ses compétences de warcaster.
Le sort était le même que celui qu’il avait employé pour masquer la position de la chaloupe, mais le Talion était cent fois plus grand. Étendre le sort pour couvrir l’ensemble du navire étendrait ses compétences arcaniques à l’extrême et ne lui laisserait que peu de protection magique. Cependant, cela permettrait de sauver des vies, et en ce moment, avec tant de malades, chaque vie à bord du Talion était doublement précieuse.
Le sort se propagea à travers le navire. Il saisit le massif bras de Crochet alors que ses jambes tremblaient et que sa vision s’obscurcissait. L’air autour du Talion scintillait et tanguait du à la distorsion magique, juste au moment où les premiers tirs des pièces de chasse du Rasoir retentissaient.
La vision de Shae s’éclaircit lorsque deux boulets de canon passèrent devant le Talion en vrombissant. L’un deux fit un trou dans la misaine tandis que l’autre les survola au niveau des yeux, à peine à une portée de main. Qu’ils aient manqué leur cible à cause de sa magie ou d’une mauvaise adresse au tir, Shae s’en fichait. Une échappée belle équivalait à un kilomètre. Il maintint son sort – qui nécessitait un peu moins d’énergie que le lancement initial et laissa le peu de son énergie acanique s’écouler dans son champ de puissance.
Alors que les navires se rapprochaient, trois autre coups furent échangés. Au dernier, Shae put voir les équipes d’artillerie des pièces de chasse du Rasoir pointer leurs pièces. Plusieurs voiles du mercarien étaient déjà en lambeaux. Des flammes et de la fumée s’échappaient et un boulet frappa la rambarde de proue bâbord. L’explosion ratissa la plage avant.
Le bouclier protecteur de Shae s’illumina de bleu sous l’impact des débris volants. Rien ne le toucha. Trois chiens de mer tombèrent, l’un avec un morceau de bois dur de trente centimètres de long dans la poitrine, les autres avec de vilaines lacérations.
« Du calme ! » Shae s’avança. « Tenez vos positions ! Préparez les fauberts et les cartouches ! Portney, fais passer ce corps par-dessus bord et occupe-toi du bras de Feltic ».
Alors que les chiens de mer se précipitaient pour obéir, Shae lança un regard noir à son adversaire. Rasoir fonçait toujours sur eux, et Hawk n’avait pas changé de cap. Il jeta un coup d’oeil vers la dunette. Il se tenait juste à côté du timonier, ses deux sabres dégainés. Connaissant Hawk, elle avait probablement dit au timonier qu’elle l’abattrait s’il changeait de cap. Hawk était parfois dur avec l’équipage.
« Ça va être serré », marmonna l’un des chiens de mer.
« Silence là ! » Shae se demandait s’il avait mal jugé Garofalo. Peut-être que le vieux Jamis s’était fait pousser une paire quand je ne regardais pas, pensa-t-il.
Un autre tir des pièces de chasse du Rasoir. Un boulet effleura la plage avant du Talion, son passage faisant voltiger la veste de Shae. Il regarda vers l’arrière juste au moment où le tir pulvérisa le timonier dans une gerbe de sang et de chair. Hawk s’avança, éclaboussée et s’empara de la roue brisée. Elle repoussa les restes déchiquetés d’un coup de pied et demanda de l’aide.
En se tournant vers l’avant, Shae réalisa son erreur. Le Rasoir fonçait toujours sur eux, non pas parce que son capitaine avait soudainement trouvé du courage, mais parce que le sort de Shae dissimulait la position du Talion. Il laissa le sort s’estomper et la distorsion disparut. Le Rasoir vira immédiatement à bâbord.
C’est mieux ainsi !
« Préparez-vous à la bordée tribord ! » Shae bondit en avant pour réaligner le massif Commodore pour un tir latéral. Alors qu’ils soulevaient le grand canon, il redirigea son énergie arcanique dans son champ de puissance. « Hausse maximale ! »
« Équipe de canonnier ! À mon signal ! » Hawk appela depuis l’arrière, reculant lorsque deux chiens de mer prirent sa place à la barre. Elle essuya les traces de sang sur son visage avec un mouchoir et le jeta de côté.
Les deux navires passèrent si près que l’un des gabiers aurait pu tendre la main et toucher l’espar extérieur du Rasoir.
« Feu avec tout ce que nous avons ! » Cria Hawk.
Des flammes et la fumée jaillirent des deux navires au même moment. Le Commodore rugit et recula sur ses palans Shae ne pouvait pas voir à travers la fumée, mais il entendit les impacts sonores du fer frappant le fer et sentit son champ de puissance s’enflammer. Un choc mental lui apprit qu’un de ses Mariniers avait été touché. Crochet recula sous l’impact, et le cri aigu d’un homme s’éleva au-dessus du vacarme. Shae tressaillit lorsque Crochet se remit en position et vit que la jambe de l’homme qui criait était réduite en bouillie sous le genou Le warjack avait été projeté en arrière par l’impact, et son massif pied s’était abattu sur la jambe de l’artilleur. Le tir avait mutilé l’articulation de l’épaule gauche du warjack, et son canon s’était affaissé dans sa prise.
« Descendez Barducci ! Crochet, jette ton ancre et change ton canon de bras ». Sur l’ordre de Shae, un chien de mer traîna l’artilleur tombé , toujours en train de hurler. Crochet jeta son énorme ancre et changea son canon de main pour viser.
La fumée se dissipait.
Le gréement du Rasoir pendant dans une masse de toiles en lambeaux et de cordages déchiquetés. Un certain nombre d’espars avaient été brisés et son pont n’était plus qu’un enchevêtrement de cordes tombées. Shae dirigea son regard vers le pont arrière du navire adverse, cherchant sa cible. Deux warjacks Marinier se tenaient là, les canons pointés vers le pont arrière du Talion. Gorafalo avait manifestement la même idée que Shae : tuer des officiers.
Hawk . . .
« Gorafalo, fils de pute atteinte de vérole ! » Shae sauta sur le bastingage du gaillard avant, saisit une voile et dégaina son canon à main. Il repéra son adversaire, un un épouvantail courbé aux yeux froncés, debout derrière l’un de lourds Mariniers. Shae visa et tira avec son canon main, mais le tir heurta la jambe de l’homme armuré. « Affronte-moi, espèce de lâche immondice ».
La raillerie de Shae fonctionna. Les museaux des canons des deux Mariniers se tournèrent vers lui.
Il regarda à travers les yeux de ses propres Mariniers et stabilisa leur visée.
« Feu ! » beugla-t-il.
Sous l’impulsion mentale du warcaster, les quatre Mariniers du Talion déchaînèrent une gerbe mortelle de grenailles, perforant la dunette arrière. Gorafalo plongea pour se mettre à couvert. Quatre officiers mercariens disparurent sous la grêle et les deux warjacks ennemis chancelèrent. Puis ils tirèrent
Une grêle mortelle
s’abattit sur le pont avant du Talion. Shae recula en titubant, son champ de puissance flamboyant de chaque parcelle d’énergie arcanique qu’il put y mettre. Malheureusement, ses équipes d’artilleur n’étaient pas aussi bien protégées. Il grimaça devant le carnage – des hommes et des femmes qu’il connaissait réduits à n’être que de la chair déchiquetée – mais il n’avait pas le temps de se lamenter maintenant. S’il voulait une autre chance contre Gorafalo, il devait se dépêcher.
« Grogspar, envoie une nouvelle équipe au Commodore ! Équipes d’artilleurs, rechargez les Mariniers avec de la grenaille sur le chemin arrière ! »
Les équipes survivantes des Mariniers oeuvrèrent à recharger les armes des warjacks tandis que Shae courait vers l’arrière. L’équipage du pont intermédiaire avait mieux résisté aux tirs de barrage que ceux du pont avant, même si quelques chiens de mer étaient tombés. La plupart des tirs ennemis semblaient avait été dirigés vers le pont-batterie et la roue à aubes, qui émettait maintenant des bruits grincement déconcertants à chaque révolution. Leur gréement, grâce à Morrow, était resté intact.
« On dirait que nous nous en sommes sortis assez proprement, capitaine. Hawk essuyait encore plus de sang sur son front. « Enfin, pas tout à fait, mais- »
« Nous n’avons pas encore fini » Il la dépassa et monta les marches jusqu’à la dunette, exhortant ses warjacks à le suivre avec précaution. Tout le pont du Talion était renforcé pour supporter le poids des ‘jacks lourds, mais les marches menant à la dunette n’étaient pas conçues pour supporter le choc. « J’ai raté Gorafalo, le lâche ! Il va virer pour raser notre poupe. Maintient le cap et la vitesse ! »
« Oui, monsieur ! Mais d’après le bruit, la roue à aubes tribord ne nous aidera pas beaucoup ».
« Donne-lui tout ce qu’elle peut supporter ! »
Sur la dunette, Shae dirigea ses ‘jacks autour autour des cheminées du Talion. Il jeta un coup un regard vers l’arrière et aligna ses Mariniers au niveau de la lise de pavois de dunette. Une fois de plus, il lança un sort d’occultation pour empêcher le Rasoir de viser. La poupe du Talion, comme celle de tout navire était son point le moins blindé et le plus vulnérable, mais avec le Tempête toujours en train de fondre sur eux et le Rasoir s’approchant, il n’osait pas ralentir son allure en virant. Avec un peu de chance, son sort permettrait d’éviter le pire des dégâts.
D’un ordre mental à ses ‘jacks, les quatre canons tonnèrent.
L’instant d’après, la bordée du Rasoir se déchaîna en longues langues de feu et de fumée. Le Talion résonna sous l’impact de plusieurs projectiles, mais plusieurs d’entre eux s’abîmèrent inoffensivement dans la mer. Un tir frappa une cheminée juste au-dessus de la tête de Shae avec un bruit retentissant, et le boulet tomba dans le tube en fer en direction de la fournaise. Un autre s’écrasa sur le blindage déjà mutilé de la roue à aubes tribord, et deux autres traversèrent les fenêtres de la grande cabine, réarrangeant sans doute le mobilier de Shae.
« Rechargez ! » ordonna Shae en plissant les yeux à travers la fumée.
Mais au moment où les Mariniers furent rechargés, le Rasoir se trouvait à une distance extrême, ferlant ses quelques voiles restantes. Les warjacks tirèrent, mais trois des quatre tirs échouèrent et celui qui frappa ne fit que peu de dégâts.
« Maintenant, nous allons voir si nous sommes à l’abri ». Shae leva sa longue-vue pour observer le Tempête foncer vers son compagnon mutilé. S’il devait maintenir son cap, ils devraient le combattre en espérant que le Rasoir était trop endommagé pour les rejoindre. S’il louvoyait, ils étaient en sécurité. Shae retint son souffle et observa les voiles du plus grand navire. Elle s’approcha un peu du vent, modifiant sa ligne pour laisser de l’espace au Rasoir. Enfin, il remonta au vent et gonfla ses voiles.
« Oui ! »Shae se tourna avec un sourire et trouva ses officiers debout à l’autre coin de la lise de pavois de dunette. Au lieu des navires de guerre ennemis, la lunette de Rockbottom était pointé sur la plage. « Qu’est-ce que vous regardez tous ? »
« La femme qui a essayé de te tuer ». Rockbottom baissa sa longue-vue, l’expression sombre.
« Beaucoup de personnes ont essayé de me tuer aujourd’hui ». Shea les rejoignit et leva sa propre longue-vue. Il ne pouvait distinguer aucun détail des silhouettes massées sur la plage.
« Pourquoi tant d’intérêt pour celle-ci ? »
« Parce que je la connais », répondit Rockbottom. « Tiens, utilise la mienne ».
« Vraiment ? » Shae s’empara de plus fine longue vue et la pointa sur la plage. Il repéra une petite femme et aux larges épaules, visiblement rhulique par le sang. Ses cheveux blancs coupés courts étaient relevés dans des angles bizarres, et un éclat de lumière se reflétaient sur une pièce de laiton et de verre enfoncé profondément dans son orbite gauche. « Qui est-elle ? Quel-est son nom ? »
« Elle n’en a pas ».
« Quoi ? » Cela attira l’attention de Shae. Quel genre de personne n’avait pas de nom ? « Que veux-tu dire ? »
« Elle s’appelle la Faiseuse de Fantômes ». Rockbottom lança un regard oblique à Shae. « Je l’ai rencontrée environ quatre ans avant l’Exeter. C’est une tueuse à gages, rhulique, mais elle travaille surtout pour le Khador et le Cryx actuellement. Je ne savais pas qu’elle avait accepté un contrat de la Ligue Mercarienne. Ce n’est pas bon, gamin ».
« Ça ne peut pas être prise que la moitié d’Immoren voulant ma tête ! » Il toucha le trou dans son épaule. « Elle raté on coup, de toute façon ».
« Oh, c’est pire, d’accord. Elle a peut-être raté le premier coup, mais elle est têtue – et elle est plus qu’un peu folle. Elle te regarde comme si elle décidait du montant à facturer pour te coller une balle dans la tête. Elle parle à son foutu fusil mékanique comme si elle croyait réellement que c’est une personne. La chose ne la quitte jamais, et elle a déjà tué un homme juste pour l’avoir touché. On dit qu’elle n’a jamais manqué un contrat ».
« Eh bien, je déteste la décevoir, mais je vais devoir être son premier ». Shae n’allait pas se laisser effrayer par un autre tueur à gages tentant de lui ôter la vie, même s’il s’agissait d’une folle. Les menaces de morts n’avaient rien de nouveau pour un homme avec un quart de million de couronnes sur la tête. « Hawk, sécurise la dunette et voyons ce que cela nous a coûté. Et nettoie-toi. Tu as un morceau d’oreille coincé dans la manchette de ton gant ».
« Maudit gâchis ». Hawk fronça les sourcils et arracha le morceau de chair de sa manchette et la jeta par-dessus bord.
Shae guida ses warjack vers le pont principal, mais avant qu’il ne l’atteigne, Quinn Corcorian vint à sa rencontre, le visage figé comme une pierre tombale.
« Nous avons des problèmes, capitaine ! »
Shae grinça des dents. Il avait un tas de problèmes.
« Quoi donc ? » Puis il remarqua que la roue à aubes tribord s’était arrêtée. Il semblait que les choses pouvaient toujours empirer.
elric:
PARTIE DEUX
Le Moindre des Deux Maux
L’écume de mer sifflait sous les pied ballants de Shae tandis qu’il inspectait les dégâts causés à la roue à aubes. Son ingénieur en chef avait déjà retiré une partie du blindage déchiqueté, avec l’aide de Botte. Le capitaine, l’ingénieur et le Flibustier étaient tous suspendus de façon précaire à la grue d’artimon improvisée par Grogspar. Les réparations toutes voiles dehors étaient toujours délicates, mais suspendre un warjack de cinq tonnes dans les airs à flanc d’un navire en mouvement faisait paraître une bordée ennemie sans danger en comparaison. Grogspar avait attaché une douzaine de cordes au warjack pour empêcher Bottes de se balancer pendant qu’ils exerçaient ses énormes pinces sur le blindage de la roue à aubes.
Le métal crissa et une autre lourde plaque se libéra sous l’emprise du warjack. Ce que Bottes soulevait facilement d’une seule massive pince, trois costauds marins devaient le hisser sur le pont à l’aide de poulies et de palans bricolés. Shae et Quinn jetèrent un coup d’oeil à l’intérieur de la roue à aubes.
« Le carter de roulement s’est détaché ! » Cria Quinn par-dessus la mer rugissante. Il montra quatre boulons de cinq centimètres d’épaisseur qui avaient été arraché par un boulet de canon. « Le boîtier est probablement fissuré aussi ! Nous aurons de la chance si l’arbre de transmission n’est pas tordu ! »
« Et si c’est le cas ? » Shae n’était pas un grand mékanicien, mais il pouvait bien voir les dégâts : des éclats de bois et de métal déchiqueté partout. L’ensemble de la roue à aubes avait été arraché de son support. Plusieurs des plaques de bronze renforçant les aubes avaient également été cisaillées, mais le principal problème semblait être l’arbre d’entraînement en fer de trente centimètres d’épaisseur actionnant l’ensemble du mécanisme.
« Un arbre de transmission tordu signifie chantier naval, capitaine. Je ne peux pas démonter toute la roue à aubes en mer, et même si je le pouvais, je n’ai pas d’arbre de rechange et je ne peux pas redresser celui qui est endommagé ». Il plissa les yeux dans le recoin sombre de l’immense carter. « Il se peut que l’autre extrémité se détache, ce qui de qui impliquerait de forger de nouveaux boulon et de la menuiserie. Je saurai à quel point la situation est grave dans une heure ».
« Fais-le fonctionner ». Shae se retenait de s’énerver. Aboyer sur Quinn pour avoir dit la vérité ne servirait à rien. « « Nous aurons besoin de la propulsion si ces deux chasseurs de pirates nous poursuivent. Pas besoin que ce soit joli, il fait juste que ça marche ».
« Oui, capitaine ! »
« Remonte-moi, Grogspar ! » Shae atterrit sur le pont arrière et laissa son bosco retirer les cordes qui l’attachaient au siège en planches. Hawk, Walls et Rockbottom se tenaient tous là, la mine sombre.
« Mauvais, capitaine ? » demanda Hawk.
« Assez mauvais ». Il se libéra de la dernière corde et étira ses épaules endolories. « J’ai bien peu que nous naviguerons avec les voiles pour un moment, mais avec ce vent, nous devrions atteindre une bonne vitesse. Nous en saurons plus dans une heure ».
« On peut juste faire fonctionner l’autre roue à aubes ? » demanda Rockbottom.
« Nous pourrions, mais la poussée inégale mettrait trop de pression sur le gouvernail. Cela ne serait rien pendant une courte période ou à petite vitesse, mais si nous la faisons fonctionner toute la journée, nous risquons de réels dégâts. La dernière chose dont nous avons besoin, c’est d’une tringlerie de direction cassée. Si nous ne pouvons pas diriger, nous sommes à l’arrêt sur l’eau, et avec ces chasseurs de pirates à nos trousses, à l’arrêt sur l’eau signifie la mort ». Shae jeta un coup d’oeil à l’arrière. « Aucun signe de nos amis ? »
« Aucun », répondit Hawk. « Je nous ai mis sur une ligne de rhumb de zéro deux zéro degrés pour traverser l’Ossuaire. Nous ne faisons qu’environs sept nœuds. Les aubes nous ralentissent beaucoup ».
« je sais, mais nous ne pouvons même pas laisser la roue bâbord tourner librement sans exercer la même pression sur le gouvernail ». Il laissait souvent les deux roues à aubes tourner librement lors de longs voyages en mer, pour économiser le charbon. Maintenant, elles ralentissaient le navire comme une paire d’ancres marines. Shae jeta un coup d’oeil aux voiles. Toutes les voiles étaient gonflées et réglées comme jamais, mais sept nœuds par ce vent était une vitesse nulle pour le Talion.
« Nous allons voir ce que nous pouvons faire pour gagner encore quelques nœuds ». Il aperçut Evlyn Corcorian attendant patiemment derrière Walls, pratiquement cachées par la masse du maître de quart. Sa vue lui rappela son armure de warcaster endommagée. Il lui fit signe d’avancer et elle commença à ôter son armure tandis qu’il lançait ses ordres. « Deux des sabords tribord ont été défoncés. Que les charpentiers réparent les dégâts et qu’Une Oreille vérifie les canons ».
« Oui, monsieur » Hawk se dirigea au bastingage avant et aboya pour que quelqu’un aille chercher le maître canonnier.
« Walls, assure-toi que les équipes de réparations ont tout de dont elles ont besoin ». Il fait travailler ses épaules douloureuses pendant qu’Evlyn soulevait le composant d’armure le plus lourd de son dos. « S’ils ont besoin de bois, nous transportons environ cinquante tonnes de solide teck et de bonne qualité ».
« Oui, et il est emballé dans les niveaux les plus bas de la cale ! » Walls s’empressa de s’atteler à la tâche peu enviable de traverser trois étages de marchandises serrées les unes contre les autres pour atteindre les fournitures entreposées.
« Grogspar, gréons le foc libre et réduisons un peu les huniers d’artimon. Si nous parvenons à enfoncer légèrement la proue, nous réduirons la résistance des roues à aubes. Va avec Walls et déplace toute la cargaison que vous pouvez vers l’avant des grands voiles.
« Je suis dessus comme un ogrun, capitaine ».
Venant d’un trollkin, c’était drôle, mais en ce moment, Shaes doutait que quoi que ce soit puisse le faire rire. Il se tenait debout, en chemise, bottes et pantalon, son armure de warcaster gisant en tas sur le pont.
Il se sentait nu sans elle. Il fléchit à nouveau ses épaules douloureuses et appela son second.
« Le pont est à toi, Hawk. Je vais chercher une veste et voir Doc pour le bilan ».
« Oui, monsieur ». Hawk retourna à sa position habituelle à côté de la barre, où deux chiens de mer étaient en train d’effacer les taches laissées par le précédant timonier.
« Evlyn, fais-moi savoir quand mon armure sera réparée ».
« Oui, monsieur ». Elle souleva les pièces et les mit dans un sac en toile. Heureusement, contrairement à certaines armures de warcasters, la sienne n’était pas si lourde qu’elle pouvait la soulever seule. Le fait d’utiliser des clés à molettes et de porter des plaques de blindage avait donné à sa fine carrure des muscles filiformes. « Dois-je l’apporter à votre cabine ? »
« Non, envoie juste un message ». Il s’éloigna sans un regard en arrière.
Après un rapide et déprimant arrêt dans sa cabine en partie détruite pour récupérer une veste de rechange, Shae trouva Doc Killingsworth dans la cuisine, qui servait d’infirmerie improvisée lorsqu’il y avait des blessés graves. À bord du Talion, c’était souvent le cas.
Killingsworth avait probablement découpé plus de chair humaine que de bœuf ou de porc dans ce compartiment sombre et étouffant. Il y avait bien de trop de rumeurs sur ce qu’il advenait des bras, des jambes, des mains et des orteils que Doc retiraient avec ses divers couteaux et scies, et les chiens de mer avaient tendance à éviter tout « ragoût de viande » qu’il servait après des actions sanglantes. Shae ne croyait pas aux rumeurs, mais avec leurs récents succès, il avait aussi mis en place une bonne quantité de magasins privés. Lui et ses officiers mangeaient rarement les mêmes plats que l’équipage.
Les gémissements des chiens de mer blessés accueillirent le capitaine lorsqu’il entra dans la macabre enceinte. Ses bottes crissèrent sous la boue collante de sable et de sang lorsqu’il se baissa sous une poutre basse et pénétra à l’intérieur. Le pont avait été jonché de gravier pour empêcher que le sang ne devienne glissant sous les pieds. La puanteur cuivrée lui plissa le nez. Six chiens de mer gisaient dans des lits improvisés le long d’une cloison, les membres, les moignons et la tête bien bandés. Plusieurs autres étaient allongés sur le pont, de l’autre côté de la pièce, attendant un traitement ou l’appel de la faucheuse.
« Tenez-le bien, bon sang de bonsoir ! » Doc jurait depuis la table centrale de la pièce, un épais bloc de boucher soutenant actuellement la forme se tordant de l’homme que Crochet avait piétiné pendant la bataille. Les quatre « compagnons chirurgiens » de Killingsworth s’arc-boutant contre l’homme, le maintenant appuyé pendant que Doc aiguisait un long couteau de boucher incurvé.
« Comment va Barducci, Doc ? » Shae déglutit difficilement à la vue de la jambe du marin, complètement écrasée sous le genou. Doc avait déjà appliqué un garrot au-dessus de l’articulation.
« Chanceux ». Il appliqua sa lame sur la chair enflé, ignorant la giclée de sang contre son tablier détrempé. « L’articulation n’était pas si mal. Si ça ne s’envenime pas, il sera comme neuf dans un mois ».
Shae se força à regarder les habiles coups de Doc mettant à nu l’os écrasé. Quatre rapides tours de la lame sectionnèrent les tendons. Puis il ligatura les veines et les artères principales. La jambe réduite en pulpe se détacha avec un bruit sec, comme le bruit d’un pilon extrait d’un poulet trop cuit, et Doc versa un tiers de bouteille de tord-boyaux dans la plaie ouverte. Barducci se débattit, mais ses cris furent étouffés par un épais bâillon en bois enveloppé de cuir. En moins de temps qu’il n’en fallut à Shae pour enfiler ses bottes le matin, Doc recousit les deux lambeaux de peau sur l’articulation et desserra le garrot. Finalement, il fit un signe de tête à ses compagnons et ils relâchèrent leur emprise. Heureusement, Barducci s’était évanoui.
« Tiens ! » Le docteur fourra la bouteille de rhum à moitié vide dans la main d’un assistant. « Emballe ça et donne-lui la bouteille quand il reviendra à lui. Ensuite, amène Feltic ».
« Quel est le total des dommages, Doc ? » Shae les regarda traîner le patient suivant vers l’avant. Un éclat de bois dur de 25 centimètres traversant l’avant-bras du tireur.
« Je vais bien, Doc ! » Feltic s’éloigna de la table ensanglantée. « C’est juste une écharde ! Je l’enlèverai plus tard, et je serai en pleine forme ! »
« Tais-toi ! » Doc fit signe aux hommes d’avancer. « Quatorze morts pour l’instant, capitaine, et probablement deux de plus avant que je puisse les atteindre. Dix-huit sont trop blessés pour se battre pendant un moment ». Il fit une pause et se pencha plus prêt, baissant la voix jusqu’à un murmure. « Vous voudriez peut-être parler à Sartori là-bas. Mauvaise blessure au ventre. Il fouilla sous la table et en sortit une autre bouteille de tord-boyaux. « Tenez ». Il mit la bouteille entre les mains du capitaine. « S’il la boit entièrement, cela facilitera son décès ».
Shae hocha la tête d’un air sombre. Cette partie n’était jamais facile. Il prit la bouteille et se tourna vers le coin, où un homme gisait, la tête et les épaules appuyées sur une toile à voile.
Le ventre du chien de mer était enveloppé dans une bande de toilé détrempée, imbibée de sang et encore d’autre choses. Il reconnut Sartori comme étant capitaine de tir sur le flanc tribord arrière, là où le plus gros du tir de barrage avait été le plus violent. Les yeux de l’homme étaient ouverts, mais ses traits étaient tirés, avec la pâleur de la perte de sang et la connaissance de son avenir proche. Shae se mit à genoux à côté de lui et retira le bouchon de la bouteille.
« Bonne nouvelle, Sartori ». Il se força à sourire. « Doc dit que tu es assez en forme pour avoir un gamin avant de s’occuper de cette égratignure ». Il tendit la bouteille.
« Merci, monsieur, mais ne me mentez pas ». Le chien de mer accepta la bouteille avec un sourire sinistre. Il prit une longue gorgée et secoua la tête, puis grimaça en déglutissant. « Je reconnais une vilaine blessure au ventre quand je la vois ».
« Comment c’est arrivé ? »
Shae jura dans sa barbe face au sort de cet homme, à toutes les souffrances que la Ligue Mercarienne avait engendrées. Plus les primes s’abattaient sur eux, plus la mort pleuvait. Se battre pour un butin était une chose, mais échapper aux constantes poursuites et aux incessantes attaques des chasseurs de primes en était une autre. Il en avait marre, marre de voir des hommes et des femmes qu’il connaissait réduits à des morceaux de viande déchiquetée, marre de leur tenir la main pendant qu’ils agonisaient parce que la Ligue avait mis leur tête à prix. Tout cela remontait aux lendemains de sa mutinerie, lorsque le besoin de vengeance avait chassé toutes les autres pensées, y compris ce qu’il adviendrait du reste d’entre eux. Des années d’infamies, de mort et de fuite d’un port mal famé à l’autre avaient multiplié leurs crimes au centuple.
« Un vingt-quatre livres a touché le bord du sabord juste après que nous ayons fait volé le gréement de ce salaud de mercarien ». Il prit une autre longue gorgée. « Environ soixante centimètres de chêne m’ont traversé les tripes ».
« Je suis désolé, Sartori ». Shae serra les dents si fort que sa tête se mit à battre.
« Ne soyez pas désolé, monsieur. Vous n’avez rien fait ». Il but encore du rhum et grimaça à nouveau, reprenant son souffle. La douleur s’aggraverait jusqu’à ce que l’homme se mette à hurler. Il n’y avait pas grand-chose à faire. « Je . . . J’aimerais bous demander une faveur, si je peux me permettre, monsieur ».
« Vas-y ».
« J’aimerais que nous ayons une petite conversation avant que je parte, comme . . . comme si nous étions amis ».
« Nous sommes amis, Sartori ». Il prit la bouteilles des mains tremblantes de l’homme et but. L’alcool âpre fit disparaître la boule de sa gorge. « Nous sommes plus que des amis. Nous sommes frères. Tu as laissé ta marque sur un bout de papier lorsque nous avons reçu le Talion ; cela fait de nous une famille ». Il lui tendit la bouteille. « Vous, les Talions, êtes la seule famille qui me reste ».
« Merci, monsieur ». Sartori sourit et renversa la bouteille. Puis son visage prit une expression lointaine. « Je n’ai jamais . . . pensé être un pirate, capitaine. Je voulais juste gagner ma vie. Mettre de côté un petit peu, peut-être acheter un petit endroit, un magasin peut-être, trouver une une jolie fille dodue ».
« C’est tout ce que chacun d’entre nous veut ». Ce n’était bien sûr pas toute la vérité. Avoir une famille avait disparu de la liste des objectifs de Shae au moment où il avait juré de se venger de la Ligue Mercarienne. Sa vie était différente de ce qu’il avait imaginé, et il n’était pas prêt à regarder en arrière et à regretter la décision de la changer. Toutefois, les conséquences n’avaient jamais été faciles à gérer.
« Mais toi . . . pardonnez-moi, monsieur, mais vous êtes un warcaster ! Vous êtes fait pour être un guerrier ».
« C’est ce qu’on m’a dit, oui. Ils m’ont envoyé dans la meilleure académie militaire de Cygnar pour apprendre à utiliser mon don pour mener leurs guerres. J’y ai même cru pendant un moment ».
« Alors, pourquoi le faire, monsieur ? Je veux dire . . . si vous n’avez jamais voulu le faire ».
« Quand j’étais jeune, je me suis laissé happer par le frisson ». Shae se souvenait de ces années, de l’offre de fréquenter la prestigieuse Académie de Stratégie Militaire et des éloges de ses parents. « Il n’y avait pas beaucoup de warcasters, alors mon avenir semblait aussi brillant que le soleil levant. Gloire, renommée, argent . . . Mais je n’ai jamais vraiment aimé l’Académie. Puis l’Exeter a tout changé. Désormais, je ne peux plus faire marche arrière ».
« Pas de retour en arrière . . . » Le chien de mer mourant porta à nouveau la bouteille à ses lèvres, puis la baissa sans avoir bu. « Monsieur, si je peux . . . demander encore une faveur . . . »
« Bien sûr. N’importe quoi ». Comment pouvait-il refuser la dernière volonté d’un homme ?
« Ma botte droite, l’extérieur. J’ai un poignard ».
Shae trouva la lame et la dégagea. Elle était fine, droite, à double tranchant et aiguisée comme un rasoir. Elle scintilla lorsqu’il la tourna à la lumière de la lampe.
Sartori l’a regarda : « Mes amis et moi, mon équipe d’artillerie, avons acheté un ensemble assorti à Cinq-Doigts. Nous avions conclu un pacte . . . Si l’un de nous était dans un état tel qu’il ne pouvait plus continuer, nous avons dit que nous . . . aiderions ». Shae laissa tomber la bouteille de rhum et saisit le bras de Shae. Sa poigne était douloureusement forte et sa voix tremblait. « Ils sont tous morts, monsieur. Le même tir qui m’a tué a touché Vieille Compassion . . . et l’a fait éjecter de ses moufles. Une demi-tonne de fer, en pleines faces . . . »
Shae regarda le couteau dans sa main, puis les yeux suppliants de l’homme.
« Je ne veux pas mourir en hurlant et en me faisant dessus, monsieur. Je n’ai pas peur de la mort, mais je ne veux pas . . . ça ». Il sourit à son capitaine et baissa la voix. « Vous m’aiderez, n’est-ce pas, monsieur ? »
« Bien sûr ». Shae prit la bouteille et la leva. « Un pour la route, mon ami ». Il l’inclina et avala, puis la passa.
« Merci, monsieur ». Il but et grimaça à nouveau de douleur, puis soupira et posa la bouteille de côté.
« Merci, Sartori ».Shae prit la dague dans sa main gauche et tendit la droite. « Merci de m’avoir été fidèle, d’avoir bien servi, et d’avoir eu le courage de prendre la route que je t’avais tracée ».
« Cela a été un honneur, monsieur ».
Le chien de mer lui prit la main et la serra avec une fermeté tremblante. Shae sourit et, rapide comme voilier, enfonça le poignard jusqu’à la garde, directement dans le coeur de l’homme. Un bref air de surprise traversa le visage de Sartori : puis son dernier souffle s’échappa de ses lèvres et ses yeux se fermèrent.
Shae sentit le dernier battement du coeur de l’homme à travers la poignée de la lame. Il la dégagea et desserra les doigts de Sartori de sa main. Il pressa la poignée de la lame dans la main de Sartori, puis replia les mains de l’homme sur sa poitrine. Après un moment, le capitaine du Talion se leva et revint à la table, où Doc finissait de soigner le bras de Feltic.
« Autre chose, Doc ? »
Killingsworth leva les yeux de son patient, puis regarda la forme immobile de Sartori dans la coin, et secoua la tête. « Non, monsieur. L’autre chance, c’est un traumatisme crânien. Si elle se réveille, elle vivra. Sinon . . . »
« Très bien ». Shae commença à partir, puis se souvint de l’autre raison pour laquelle il était venu ici. « Je voulais te poser des questions sur ce breuvage que tu prépares avec les racines de bois de fièvre. Quand sera-t-il prêt ? »
« C’est déjà fait ». Doc désigna une énorme marmite posée sur un énorme poêle en fonte, près d’un ensemble bricolage en laiton. « Il faut juste qu’il refroidisse. Une gorgée toutes les heures jusqu’à ce que la fièvre tombe ».
« Bien. Apporte-leur dès que tu le peux. Nous aurons besoin de tout le monde si ces mercariens décident de nous poursuivre ». Il se dirigea vers le fourneau et jeta un coup d’oeil dans l’énorme marmite en cuivre. Elle sentait le rhum avec une pointe d’astringence qui lui fit monter les larmes aux yeux. « Je vais en apporter une tasse à Holt tout de suite. Il est le plus mal en pointe et nous avons besoin de lui ».
« Oui, monsieur ».
Shae prit une tasse en fer blanc du support et la remplit du breuvage fumant, puis se dirigea vers les cabines de Dame Aiyana et de Maître Holt.
* * *
« Capitaine Shae, quelle agréable surprise ». Dame Aiyana avait ouvert la porte et s’écartait. Ses mèches blondes platine étaient ébouriffées et ses yeux étaient cernés. « Entrez, je vous prie. J’espère que la récente clameur n’avaient rien grave ».
« Assez grave, je le crains ». Il s’interrogea sur sa supposition. Comment le bruit d’une bordée pleine pouvait-il être interprété comme quelque chose de rien de grave ? Mais encore une fois, ils avaient survécu. Peut-être que sa définition de sérieux était différente de la sienne. « Nous avons été attaqué par deux chasseurs de pirates de la Ligue Mercarienne. Nous avons réussi à échapper au piège, mais une roue à aubes a été endommagée. Nous essayons d’effectuer les réparations avant qu’ils nous poursuivent ».
« Je vois ». Elle frotta ses yeux fatigués et fit un geste vers la tasse qu’il tenait dans sa main. « Avez-vous concocté un médicament pour cette fièvre ? »
Shae acquiesça. « C’est une infusion de racines de bois de fièvre que Doc a préparée. Il dit que ça fera l’affaire. J’espère qu’il a raison ».
Shae posa la tasse sur la petite table pliante à côté de la couchette. Maître Holt gisait transpirant, sa respiration était superficielle et laborieuse. Il ne portait qu’un pantalon de pyjama, trempé de sueur. Une bassine d’eau et une serviette humide étaient posées sur la table, un éventail orné à ses côtés.
« Comment va-t-il ? »
« Je crois que la langue vernaculaire dit ‘malade comme un chien’, mais honnêtement, je ne comprends pas cette expression ». Elle s’approcha d’Holt et lui tamponna le front avec la serviette humide. « Je n’ai jamais vu un chien aussi malade, et lorsqu’il tombe malade, c’est généralement bref et violent. Cette fièvre boutonneuse, comme vous l’appelez, semble le tuer à petit feu ».
Shae pouvait entendre l’inquiétude dans son ton et se demandait, pas pour la première fois, s’il y avait plus entre le pistolier et sa protégée que la simple relation « dame et gardien » qu’ils décrivaient publiquement.
De toute façon, ce n’était pas son affaire, mais il avait du mal à imaginer une iosienne, même aussi aimable et affable que Dame Aiyana, avoir des sentiments pour un humain. La plupart des membres de sa race n’avaient jamais considéré les humains avec plus d’affection qu’un maître ne pouvait en avoir pour son animal de compagnie favori.
« Eh bien, ce breuvage devrait aider. Doc a dit de lui donner une gorgée par heure jusqu’à ce que la fièvre tombe ».
« Cela m’offre de l’espoir, capitaine, mais je crains que Maître Holt ne se réveille pas suffisamment pour boire la mixture. Au mieux, il est à peine conscient ». Elle posa une main fine sur l’épaule du pistolier et le secoua légèrement. « Maître Holt ! Le capitaine est là ».
Les yeux d’Holt papillonnèrent, puis se refermèrent, et ses lèvres remuèrent sans former autre chose que d’incohérents murmures.
« Je peux vous aider », dit Shae.
Il passa devant Aiyana et soutint les épaules d’Holt avec l’oreiller trempé de sueur. Il prit la tasse, souleva la tête du grand homme, lui pinça le nez et lui versa une unique gorgée du breuvage chaud dans la bouche. Holt toussa une fois et cracha un peu, mais avala la plus grande partie par réflexe. Shae le reposa sur l’oreiller, posa la tasse sur la table d’appoint et recula.
« Faites cela une fois par heure et la fièvre devrait tomber ».
« Merci, capitaine ». Aiyana fit une étrange mais gracieuse révérence. « Je me retrouve une fois de plus redevable envers vous ».
« Vous me remercierez en remettant Holt sur pied. Si nous avons d’autres problèmes avec ces mercenaires, nous aurons besoin de ses armes - et de votre magie, aussi ». Il lui fit un signe de tête et se dirigea vers la porte. « Envoyez simplement quelqu’un voir Doc Killingsworth pour obtenir davantage de ce breuvage lorsque vous en manquerez. Si vous avez besoin d’autre chose- ».
Le bruit de quelqu’un frappant à la porte l’interrompit.
Aiyana s’approcha de la porte, ouvrit le judas et regarda à travers. « Oui ? Ah, Monsieur Grogspar. Capitaine, je crois que c’est pour vous. Elle s’éloigna de la porte pour révéler l’imposante forme bleue du bosco trollkin dans le couloir.
« Hawk m’envoie vous chercher, capitaine ». Grogspar scruta la pièce, ignorant Dame Aiyana. Il ne s’était jamais habitué à la présence des deux nouveaux venus à bord.
« J’arrive ». Shae fit à nouveau un signe de tête à Aiyana ? « Faites savoir par quelqu’un si vous avez besoin de quoi que ce soit ».
« Je le ferai, capitaine, et à nouveau merci ».
Au moment où Shae montait les marches menant à la dunette, son esprit se tourna vers de plus urgents préoccupations. Bottes pendait sur le flanc, aidant Quinn à démonter le mécanisme endommagé de la roue à aubes. Des membres d’équipages transportaient des morceaux de machineries mutilés depuis le pont jusqu’à l’atelier dans l’atelier d’ingénierie dans la chaufferie. Shae vérifia sa montre à gousset. Cela ne faisait pas encore une heure.
« Des nouvelles des dégâts ? » demanda-t-il à Hawk.
Elle répondit à sa question par un prodigieux froncement de sourcils. Sans même son habituel salut, elle dit : « Pas exactement, capitaine. Suivez-moi ».
Il la suivit jusqu’à la dunette, remarquant qu’elle n’avait toujours pas quitté ses vêtements tachés de sang. Le sien portait encore les traces de la bataille et de sa visite à l’infirmerie. Il serra inconsciemment sa main gauche, le souvenir des derniers battements du coeur de Sartori pesant encore lourd dans son esprit.
À la surprise de Shae, au lieu de le conduire vers le bastingage tribord pour regarder la roue à aubes endommagée, Hawk se dirigea vers les échelles de cordes menant au sommet de l’artimon et commença à grimper. Il la suivit sans un mot, montant en paumoyant jusqu’à ce qu’ils atteignent la large plate-forme à l’articulation du mât de hune. Hawk se dirigea vers le nid de pie avec une facilité éprouvée. Son agilité le surprenait parfois. Avec plus d’attention, il s’assura de ses prises avant de relever ses jambes sur l’épaisse plate-forme de bois. Chaque mouvement lui demandait plus d’efforts sans son armure de warcaster amplifiant sa force.
Il s’agrippa à l’un des haubans du mât pour se stabiliser. Hawk ne prit pas la peine de s’agripper, comme si le mouvement amplifié du roulis du navire ne pouvait pas la précipiter vers la mort à tout moment. Elle lui tendit une longue-vue et pointa l’horizon à l’arrière.
« Jetez un coup d’oeil ».
Shae leva la lunette. La montagneuse île où ils avaient été pris en embuscade n’était plus qu’une tache brumeuse, ressemblant davantage à un banc de nuages lointain qu’à de la terre ferme. Il balaya la lunette le long de la ligne, où la mer rencontrait le ciel et trouva ce qu’il cherchait : deux épais panaches de fumée sous le vent.
« Les mercariens ».
« D’après la fumée, ont dirait qu’ils sont en train de naviguer à toute vapeur », déclara Hawk. « Avec le gréement du Rasoir en lambeaux, ils ne sont probablement pas plus rapide que nous mais avec cette roue à aubes nous ralentissant, ils gagnent probablement du terrain ».
« Zut ! »
De toute évidence, le Rasoir n’avait pas été aussi gravement endommagé qu’il l’espérait. Sa tactique avait fonctionné, mais seulement temporairement. Il lui manquait maintenant deux dizaines de chiens de mer, le Talion était endommagé et les chasseurs de pirates étaient toujours à ses trousses. Tout ce qu’il avait accompli, c’était de tuer quelques officiers et détruire un peu le gréement.
« Génial, Phinneus », marmonna-t-il dans sa barbe. « Et maintenant ? »
« Nous pourrions changer de cap », suggéra Hawk. « Sans panache de fumée, nous pourrions les perdre avant la tombée de la nuit. Mais c’est un risque ».
« Un risque ? L’ensemble de l’océan austral est inexploré ! » Il scrutait l’horizon, à la recherche de quelque chose, n’importe quoi. « Si nous sortons de notre route cartographiée, nous pourrions nous heurter à un récif ». Les mercariens le savaient, bien sûr. Le Talion était comme un train sur des rails. Tout ce qu’ils avaient à faire était de suivre la route commerciale établie et ils le trouveraient.
« Avez-vous une autre idée ? » demanda Hawk. « Nous ne pouvons pas les affronter tous les deux ».
« Je sais. J’ai juste besoin de réfléchir une minute ».
Ils devaient trouver un endroit où se cacher, au moins assez longtemps pour effectuer des réparations, mais les îles qu’ils avaient déjà dépassés étaient les seules à proximité assez grande pour cacher un navire. Au nord, il aperçut une faible ligne de nuages éclairés par le dessous d’un voile vert, la lumière du soleil se reflétant sur les hauts-fonds blanc et sablonneux. Les nuages marquaient la limite sud du Cimetière, un dangereux labyrinthe de récifs et de hauts-fonds qui avaient emporté des dizaines de navires avant qu’un pilote ordique chanceux ne trouve un passage sûr.
« Le Cimetière . . . » L’esprit agile de Shae parcourut les cartes, fouillant les souvenirs de leur passage vers le sud. Jetant un coup d’oeil à l’angle de la lumière, il hocha la tête. « Trois heures avant le coucher du soleil, peut-être quatre avant la tombée de la nuit. Nous pourrions peut-être y arriver ».
« Tu vas nous emmener dans le Cimetière dans le noir ? » Les sourcils d’Hawk se froncèrent d’inquiétude.
Shae referma la longue-vue et la lui rendit. « Nous arriverons juste avant la nuit tombée et la marée basse. Juste à temps pour trouver un endroit où se cacher ».
« Cacher ? » Elle passa la lunette dans sa ceinture et lui lança un regard renfrogné. « Il n’y a pas un seul rocher plus haut que le cul d’un gobber dans tout le Cimetière ! Derrière quoi, bon sang, on pourrait se cacher ? »
« Pourquoi ne me fais-tu pas confiance, Hawk ? »
Elle recula devant la réprimande, et Shae sut instantanément qu’il avait prononcer ce qu’il ne fallait pas.
« Je te fais confiance ! Tu le sais bien ! »
« Je sais. Je suis désolé ». Il tendit la main et attrapa un étai arrière. « Je vais prendre la dunette. Pourquoi tu ne te reposerais pas une heure ou deux ? » Il descendit de la plate-forme et accrocha son talon à l’épaisse aussière, échappant à de nouvelles disputes en descendant en paumoyant jusqu’à la dunette. Si seulement il pouvait échapper aux mercenaires aussi facilement. Si seulement, il pouvait faire quelque chose au sujet de cette maudite prime qui lui pendait au cou comme un albatros mort, attirant les chasseurs et les assassins comme des mouches.
Et si seulement des amis n’avaient pas à mourir chaque fois que quelqu’un essayait de la réclamer.
Quinn Corcorian le rejoignit sur la dunette. Shae pouvait voir sur le visage de l’ingénieur que les nouvelles n’étaient pas bonnes.
* * *
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