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Messages - elric

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Aurora

Escorté par une garde de réciprocateurs et d’anges mécaniques, Aurora sortit du temple avec Mags Jernigan. La jambe artificielle de la mékanicienne criait à chaque pas. En revanche, les garde du corps d’Aurora se déplaçait dans le plus léger murmure du métal.
D’un geste, Aurora remit Jernigan à la garde du préfet des réciprocateurs. « Emmenez-là à la zone de transit ».

« Qu’est-ce que cela signifie ? » dit Jernigan, avec plus de peur que de défi dans sa voix.

« Ne t’inquiète pas, Margaret », répondit Aurora. « Bientôt, tout sera terminé ».

Pendant le peu de temps qu’elles avaient parlée, Aurora avait développé une certaine sympathie pour cette cyrissiste du culte périphérique. Entre ses aptitudes mékanique et sa vive intelligence, elle était une candidate apte à l’endoctrinement à la Convergence. Aurora aimait même les brefs aperçus d’humour grossier dont la femme avait fait preuve. Si Jernigan avait trouvé l’occasion de faire ses preuves plus tôt, elle servirait déjà dans une directive optifex. Plus probablement, elle en dirigerait une.

Un ange mécanique descendit du nexus astrométrique pour se poser à proximité. Elle s’approcha et s’inclina. « Numen, la Première Préfète Sabina attend vos ordres sur le pinacle ».

Aurora hocha la tête. Lorsque Sabina s’était présentée une heure plus tôt, Aurora l’avait renvoyée pour attendre son bon plaisir. Elle restait irritée que sa subordonnée la plus fiable n’ai pas signalé le stratagème du recenseur prime.

Sabina était la dernière personne qu’Aurora aurait imaginé que Septimus puisse retourner contre elle. S’il avait réussi à influencer même son garde du corps personnel, alors l’autorité de Directrix s’étendait plus loin qu’Aurora ne l’avait imaginée, même sur le terrain.

Alors que les réciprocateurs conduisaient Margaret Jernigan entre deux rangs de boucliers, une escouade de réducteurs s’approcha, marchant au pas. À leurs côtés trottinait le Premier Préfet Pollux.

« Numen ! » Cria-t-il en courant vers elle. Les anges mécaniques dégainèrent leurs lames binomiales à sa soudaine précipitation, mais il n’attaqua pas. Au lieu de cal, il se jeta à terre devant Aurora, s’agenouillant, la tête d’acier baissée. « Je viens d’apprendre les ordres secrets que vous avez donnés au Recenseur Prime Septimus. Pardonnez-moi, Aurora. Je n’aurais jamais dû mettre en doute votre dévouement à protéger la vie de nos troupes capturées ».

Surprise et confuse, Aurora contrôla son expression. Contrairement aux visages alliés de ses subordonnés, son visage pouvait trahir ses émotions. Elle fit signe à Pollux de se lever.

« Vous comprenez l’importance de cette mission pour la Grande Oeuvre », dit-elle. « Les cygnaréens ne permettront pas que nous demeurions sur leur territoire ».

« Mais Numen, notre supériorité numérique, sans parler de la puissance rayonnante du nœud- »

« - ne sont à que pour nous permettre d’accomplir notre mission. Vous devez être capable de déplacer les troupes dès que j’en donnerai l’ordre ».

« Oui, Numen, bien sûr. Rien ne doit entraver la Grande Oeuvre ».

« Les fonderies d’énigmes récupéreront tout ce qu’elles peuvent, mais nous devons être prêts à subir des pertes dans le cas probable d’un autre conflit. En attendant, espérant que la Patronne guidera mes négociations avec l’ennemi ».

« Oui, Numen ». Il s’inclina. « Merci, Numen ».

Alors que Pollux se retirait, Aurora le regarda les faire défiler dans les rues boueuses et se demanda comment le premier préfet avait entendu parler « d’ordres secrets » qu’elle n’avait jamais donné. Seul Septimus aurait pu initier le mensonge, mais il ne l’aurait pas prononcé lui-même. Peut-être avait-il envoyé l’un des optifex pour insinuer l’idée de ses officiers – ou peut-être son second, le Recenseur Bogdan.

Mais à quel fin ? Si son motif était de saper Aurora, pourquoi Septimus aurait-il perdu l’avantage qu’il avait acquis parmi les troupes en subvertissant ses ordres ?

Capturer les mékaniciens cygnaréens était l’action la plus provocatrice que la Convergence ait entreprise depuis l’occupation de Calbeck. Si l’équipe de Septimus avait secouru les réducteurs sans prendre d’otages, l’action serait restée irréprochable. Pour s’attribuer le mérite du sauvetage, Aurora devrait également accepter le blâme pour l’enlèvement.

C’était un piège élégant.

En sursautant, Aurora réalisa qu’elle avait déjà mordu à l’hameçon. En ne corrigeant pas le Premier Préfet Pollux, elle lui avait permis de supposer qu’elle avait en fait donné des ordres secrets.

Seul un prêtre aussi expérimenté que le Recenseur Prime Spetimus était capable d’une telle subtilité. Cette fois, cependant, il avait sous-estimé Aurora. Elle voyait clair dans son stratagème, même si la compréhension était venue tardivement.

Saisissant son bâton polynomiale, elle courut en avant et sauta dans les airs, les ailes déployées. Un sifflement d’acier chromé et de laiton lui indiqua que ses gardes du corps la suivaient de près.

Même dans sa rage, Aurora calcula la trajectoire en spirale autour de la branche sud-est du nœud de réalignement. Elle poussa le levier de déplacement arcanique à sa position la plus haute pour gagner chaque once de vitesse. Les anges mécaniques s’efforçaient de suivre.

Aurora atterrit sur le pont d’observation. Dès qu’ils la virent, les garde s’inclinèrent.

« Où est le Recenseur Prime Septimus ? » Demanda-t-elle.

Le garde le plus proche leva les yeux. « Il s’est retiré dans sa chambre de méditation, Numen ».
Avec un haussement d’épaules, Aurora replia ses ailes mécaniques et entra dans l’ascenseur le plus proche, debout au cente, juste sous la trappe de secours au plafond. Deux de ses gardes du corps entrèrent et se pressèrent de chaque côté juste avant que l’ouverture ne se referme en sifflant.

Aurora remonta le levier de commande. La chambre cylindrique s’éleva, guidée par une combinaison de pression pneumatique et de mécanisme à crémaillère. Après un démarrage en trombe, l’ascenseur s’éleva à une vitesse croissante jusqu’à ce qu’il ralentisse au niveau de la salle de contrôle. Aurora souleva à nouveau le levier pour continuer l’ascension jusqu’au niveau suivant et la chambre de méditation de Septimus. L’ascenseur ralenti à nouveau. Cette fois, elle attendit que les portes s’ouvrent.

« Restez ici », dit-elle aux gardes.

Aurora marcha rapidement dans les couloirs en acier. La porte de la chambre de méditation du recenseur prime se trouvait entre deux masques de Cyriss, chacun aussi grand que l’un des garde du corps d’Aurora. Sentant sa présence, la porte émis un doux carillon. Aurora attendit, mais la porte resta fermée.

« Septimus ? » Dit-elle, sachant que le convoyeur radio de la porte transmettait le message à l’occupant de la pièce. Elle attendit avec une impatience croissante. Enfin elle prononça, « Passer outre, Aurora, Numen de l’Aérogenèse ».

Dans un murmure, les portes s’ouvrirent pour révéler une chambre sombre. Lorsque ses yeux se furent adaptés à la pénombre, Aurora vit l’univers.

Les étoiles effectuaient leurs révolutions régulière à travers l’hémisphère noir des murs. À l’instant où Aurora reconnut la constellation connue sous le nom de chasseur, elle vit le schéma familier. L’astronomie avait été l’un des premiers sujets qu’elle avait maîtrisé lorsqu’elle était jeune fille, instruite par les prêtres les plus érudits et par une batterie de tuteurs en constante évolution provenant de tous les coins de l’Immoren occidental. Aucun érudit n’était trop bon pour être convoqué devant la progéniture humaine de la Mère d’Acier Directrix.

Au centre de la pièce planait une sphère représentant le soleil, sa surface devenant plus brillante alors qu’Aurora entrait dans la ièce. Autour d’elle tournaient les planètes, juste assez haut pour ne pas frapper un visiteur à la tête. L’Oeil du Ver flottait près d’Aurora, tandis que Lucant se tenait près du soleil. De l’autre coté de la pièce, Cyriss traversa les constellation. Entre eux, Caen suivait sa trajectoire céleste en orbite autour des lunes Calder, Laris et Artis.

Sous le soleil se trouvait le siège du recenseur prime, un tabouret concave entouré d’alcôves pour ses quatre jambes mékanique. Il était inoccupé.

Au plafond, au-dessus du siège de Spetimus, pendait un ensemble de tubes et de câbles se terminant pas une petit panneau sur lequel reposait l’appareil de communication. Avec son unique clé noire, Aurora le savait, le recenseur prie pouvait envoyer et recevoir des messages codés le mère d’acier.

Qu’un telle privilège soit interdit à la propre fille de Directrix piquait encore la fierté d’Aurora. Détestant cette vision, Aurora se détourna de l’appareil.

Un vaisseau mécanique se tenait sur un côté de la chambre, non éclairé et immobile. Pendant une seconde, Aurora se demanda s’il ne s’agissait pas d’une ruse, le recenseur prime lui-même faisant semblant d’être son propre corps de rechange dans un pathétique effort pour éviter une confrontation. Mais non, une telle ruse exigerait qu’il cache son autre corps ailleurs. De plus, il était absurde de penser qu’un prête influent puisse employer un tour aussi enfantin.

Aurora se rapprocha du vaisseau du prêtre mécanique, la tête inclinée en prière vers les étoiles représentées sur le mur. Ses multiples bras à forme humaine semblaient d’une douceur trompeuse. S’ils ressemblaient aux bras de la fonderie d’énigmes sur laquelle était basé le vaisseau de Septimus, elle savait qu’ils pouvait écraser l’acier aussi facilement que retirer une chambre d’essence.

Aurora se rappela que c’était l’esprit, et non le corps qui la mettait en danger. Elle se pencha plus près pour chercher un signe d’activation. Elle ne put voir la chambre d’essence.

Alors qu’elle se penchait pour le toucher, la porte s’ouvrit derrière elle en sifflant. Elle se retourna pour voir un recenseur debout dans l’embrasure de la porte, un casque de combat fixé, un sceptre réglable à la main.

« Numen », dit une voix sourde à l’intérieur du heaume. Le prêtre posa son arme et enleva le heaume. C’était Bogdan. « Qu’est-ce qui vous amène au sanctuaire du recenseur prime ? »

« Je pourrais bien vous poser la même question, recenseur ».

« Je suis venu rendre compte de l’avancement de l’étalonnage ».

« Alors vous pouvez me le rapporter ».

« L’étude initiale du flux géomantique est achevée. Le chef de projet signale un écart de douze pour cent par rapport aux cartes précédentes. Elle a ordonné les ajustements bruts, mais à besoin de directives supplémentaires de l’optifex pour terminer la tâche avant la nuit ».

« Veillez à ce qu’elle les reçoive ».

Bogdan s’inclina. « Oui, Numen. Rien ne doit entraver la Grande Oeuvre ».

Aurora avait pitié de Bogdan. Il s’était élevé au-dessus du rang d’optifex en faisant ses peuves à la fois dans la bureaucratie et sur le champ de bataille dans des actions clandestines contre le Cercle d’Orboros, et pourtant son ascension s’était arrêtée contre un plafond invisible dans sa progression. Privé d’une corps mécanique, il ne pouvait espérer accéder à un rang supérieur.

Aurora savait quelque chose de la frustration qui pesait sur lui. Peut-être que ses espoirs de transfert l’avaient poussé à se faire plaisir avec quelqu’un qui pourrait influencer le direction des fluxions évaluant sa valeur, quelqu’un comme le recenseur prime. « Que savez-vous de cette rumeur selon laquelle c’est moi qui ai ordonné l’action de sauvetage ce matin ? »

Bogdan écarquilla les yeux, mais il hocha la tête comme s’il s’attendait à ce que la question finisse par arriver. Il était l’un des rares à savoir que Septimus avait réquisitionné les forces responsables de la mission. « Je viens seulement de l’apprendre moi-même,, Numen, par l’un des optiffex supérieur ».

« Et vous étiez présent quand j’ai découvert que Septimus avait été insubordonné ».
Bogdan plongea son regard vers le sol. « Oui, Numen ».

« Donc, vous saviez que c’était un mensonge. Pourquoi Septimus permettrait-il à un tel mensonge de se répandre ».

« Je n’ose pas spéculer ».

« Avez-vous corrigé l’idée erronée parmi les optifex ? »

« Il m’a semblé préférable de ne pas exacerber le malentendu ou de m’immiscer dans la confusion qui... a pu se produire ».

« Quelle circonspection de votre part, recenseur ».

« Je n’ai aucune envie d’interférer dans les affaires de mes supérieurs ».

Aurora réfléchit un instant et sortit de la chambre de méditation. Bogdan agita un instant son heaume avant de se retirer dans le couloir pour lui permettre de passer.

Elle retourna à l’ascenseur. Ses gardes l’avaient à peine rejointe qu’elle soulevait à nouveau le levier de l’ascenseur.

Celui-ci les emmena au sommet de la tour nexus. Ici, le couloir était un étroit passage entre les énormes engrenages de l’actionneur de reconfiguration astrométrique. Ils resteraient immobiles jusqu’à ce que le nœud soit prêt à accomplir son but ultime.

Elle marcha jusqu’à une échelle à l’un des quatre coins, mais elle ne gravit pas ses échelons. Repliant ses ailes aussi près que possible, Aurora activa son champ de déplacement arcanique et monta sur le toi de la tour, Là, les dents d’un rotor immobile donnaient l’impression de créneaux sur un haut rempart. Sabina se tenait proche du bord de la tour, à côté d’une longue-vue montée sur un trépied.

Aurora vint se placer à ses côtés.

« Numen ». Sabina inclina la tête.

Aurora répondit par un hochement de tête sec. À la lumière des préoccupations plus récentes concernant la loyauté de ses prêtres. Aurora avait presque pardonné la transgression relativement mineure de son lieutenant. Ensemble, ils observèrent d’un nouveau point de vue.

Les forces cygnaréennes encerclaient maintenant Calbeck, sauf à l’endroit où le Fleuve de la Langue du Dragon serpentait au nord. Nemo avait retiré ses tentes plus au sud, entretenant les tranchées que son infanterie avait creusée à son arrivée.

Aurora nota avec une certaine satisfaction qu’ils avaient retiré la tente des mékaniciens sur un site plus éloigné, entre un petit étang et un bosquet clairsemé. Même si elle n’avait pas chargé ses éclaireurs ailés d’identifier la bonne tente, elle l’aurait reconnue à sa garde renforcée.

En plus de la centaine d’hommes d’infanterie de cavalerie frais, les cygnaréens avaient maintenant plus de machines de guerre. Outres le Foudroyant, les Lanciers et les Lucioles que la Convergence avait déjà affrontés, Aurora remarqua un duo de warjacks brandissant de massives lames que les cygnaréens appelaient « Cuirassés-Tempête ».

« Numen ». Sabina lui tendit la longue-vue, déjà pointée vers les bois à l’est. À travers les arbres nus, Aurora vit un autre warcaster menant un duo de Lucioles. Deux arcanistes suivaient dans un chariot transportant une cargaison ouverte. Aurora n’avait pas besoin de voir le contenu pour savoir qu’il s’agissait d’un dispositif d’artillerie que ses opérateurs employaient pour appeler la foudre d’un orage artificiel. La plupart de ces forces n’étant pas immunisées contre les effets de ces attaques électriques, Aurora nota mentalement de réserver son Modulateur à ces « forges-tempête » autoproclamés.

Peut-être deux cents fusiliers et pionniers avaient s’étaient déjà retranchés pour couvrir les arcanistes sur le flanc est. Un nombre similaire avait sécurisé les bois ouest, où Sabina avait rapporté avoir vu un autre groupe de forge-tempête, mais pas de warcasters supplémentaires.

« Combien d’éclaireurs ? » Demanda Aurora.

« C’est difficile à dire », dit Sabina. « En comparant mes données avec Pollux, j’estime quelque part entre une douzaine et trois douzaines de rangers. Il est difficile de savoir si chaque poste d’observation implique un éclaireur différent. Ils sont assez insaisissables, même lorsqu’ils sont repérés de haut ».

Aurora acquiesça, le regard fixés sur le camp de base de Cygnar. Elle vit une paire de forges-tempête conduire avec précaution une grande machine à longue jambes autour des tentes.

Le Patrouilleur-Tempête ressemblait à l’un des ses vecteurs à certains égards, en particulier dans le mouvement crustacé de ses quatre pattes. Même de loi, Aurora avait remarqué que ses membres étaient tendu sous la masse de son énorme arme sphérique. S’il avait bénéficié d’un champ de déplacement pour réduire son poids, l’engin aurait pu glisser sans effort sur le terrain tel un vecteur. Contrairement aux automates de la Convergence, le Patrouilleur-Tempête transportait deux occupants, l’un d’entre agrippant un appareil de direction tandis que l’autre s’accrochait à la rambarde d’une passerelle encerclant son globe voltaïque.

Lorsqu’il atteignit le côté le plus proche, les forgeron ordonnèrent au Patrouilleur de s’accroupir avant d’abaisser une échelle et de descendre du pont d’observation. Sebastian Nemo émergea d’une tente voisine, suivi de son apprentie.

Ensemble, ils montèrent sur l’engin de bataille. L’apprentie pris les commandes. Le Patrouilleur fit une embardée en avant, obligeant Nemo à s’accrocher à la balustrade.

Alors qu’il tournait la tête pour crier à la conductrice, Aurora put à peine réprimer un sourire. « Je sais exactement ce qu’il doit ressentir ».

« Numen ! » Protesta Sabina. « Ne vas-tu pas reconsidérer cette affaire ? La seule raison pour laquelle il insiste pour amener son Patrouilleur-Tempête est... »

« Je sais, je sais », répondit Aurora. « Tu as peur qu’il m’assassine. Mais tu oublies les otages ».

« En effet, Numen, j’allais dire qu’il veut nous pousser à révéler davantage nos propres machines. N’oubliez pas qu’il a déjà utilisé notre technologie pour améliorer la sienne ».

« Tu as raison », répondit Aurora en soupirant. « Mais nous devons le rencontrer sur un pied d’égalité, autant pour démontrer notre force que pour contrer toute trahison, même si je n’en attends aucune. Nemo n’apprendra pas grand-chose en observant le Projecteur d’Émergence Transfinie. Il l’a déjà espionné de loi, et il ne le verra pas en action à moins que... »

« Numen ? »

« À moins que nous n’échouions », dit Aurora. « Et là, il verra les capacités de chacune de nos machines de guerre ».

102
LA QUATRIÈME HARMONIQUE

La magie enracinée dans le mysticisme incarne l’échec des principes scientifiques.

Nemo

Un murmure à travers le camps alerta en premier Nemo. Lui et Blackburn virent les soldats les plus proches regarder vers le nord. En se retournant, ils eurent leur premier aperçu du colosse.

Il faisait facilement la taille d’un Mur-Tempête mais sans les cheminées de son homologue cygnaréen. La lumière bleue-blanche familière rayonnant de tout les points de son corps l’identifiait comme une machine de la Convergence. Même s’il aurait pu y avoir une erreur sur son identité, le visage lumineux de Cyriss leva tout doute. Les bras de l’automate géant s’achevaient par trois énormes pointes de forage, chacune suffisamment grande pour transformer un warjack lourd en tas de ferraille. Deux massives unités au-dessus de ses épaules semblaient abriter une arme inconnue. Nemo nota les ouvertures circulaires, mais il ne put en dédire le contenu de la forme inhabituelle de l’appareil.

« Je vais envoyer un autre cavalier à Port Bourne », dit prononça Blackburne sans quitter la chose des yeux.

Nemo hocha la tête en silence. Le fait même que la Convergence puisse aligner un colossal warjack fit passer l’impasse actuelle d’une escarmouche à une menace contre tout le Cygnar.

« Monsieur », dit Blackburn. Il pointa du doigt la base du colosse, où une brume de poussière s’échappait des trois puissantes arches servant de pieds. « Dîtes-moi que je ne vois pas ce que je vois ».

« Morrow », chuchota Nemo. « Il plane ».

En créant le puissant colosse, Nemo pensait avoir assuré la position dominante de la nation dans la technologie des warjacks pour les années à venir. Même la création de machines de taille similaire par les autres pays et factions d’Immoren n’avait pas diminué cet avantage. Le Mur-Tempête restait le summum de la puissance militaire.
Ou Nemo l’avait cru jusqu’à aujourd’hui. Un coup d’oeil à la massive machine en vol stationnaire lui apprit qu’il avait des années de retard, pas d’avance.

Nemo avait peu d’espoir que le Seigneur Commandant envoie des renforts supplémentaires, et encore moins un Mur-Tempête. « Peut-être pouvons-nous éviter un conflit à grande échelle », dit-il. « Le fait qu’ils révèlent un colosse suggère qu’ils souhaitent nous intimider.

« Ou qu’ils savent que nos rangers ont encerclé le village et l’auraient identifié à tout moment », déclara Blackburne. « Ils n’auraient pas pu garder le secret longtemps ».

Nemo hocha la tête à nouveau. Une des choses qu’il appréciait chez Backburn était la rapidité avec laquelle il comprenait la cause la plus probable de toute situation tactique. D’une certaine manière, le major lui rappelait comment Nemo lui-même aurait pu tourner s’il n’avait pas partagé sa vie entre l’action militaire et la recherche technique.

De ce point de vue, Mags Jernigan aurait pu représenter son autre moitié. Nemo espérait que ses ravisseurs de la Convergence la traitaient avec plus de douceur qu’il n’avait traité les soldats mécaniques. La révélation que des âmes vivantes, et non de simples automates mékaniques, habitaient leurs corps continuait à lui ronger les boyaux.

Nemo et Blackburn continuèrent leur route vers la tente où ils savaient les prisonniers adorateurs de Cyriss. L’Aumônier Gary se tenait dehors, discutant avec les hommes qui montaient la garde. « Ah, Général Nemo », dit-il, en faisant un geste vers la le rabat de la tente. « On y va ? »

Le mékanicien s’assit sur un tabouret à trois pieds. Un duo de Lames-Tempête derrière lui, leurs armes désactivées mais non intimidantes. Il était peut-être excessif de confier cette tâche à deux des chevaliers d’élite, mais Nemo avait trouvé que la seule présence de tels hommes était une méthode utile pour amadouer un sujet avant un interrogatoire.

« Monsieur ! » Le mékanicien se leva pour saluer. Les Lames-Tempête posèrent les lourds gantelets sur ses épaules et le repoussèrent sur le tabouret.

« Qu’est-ce que la Convergence ? » Dit Nemo.

« Monsieur, comme je l’ai dit plus tôt, je ne sais pas. Je n’ai jamais entendu ce terme auparavant. J’ai été aussi surpris que n’importe qui de voir le visage de Cyriss sur ces soldats mécaniques ».

« Vous aviez déjà vu de tels soldats auparavant ».

« Non, monsieur. Jamais ».

Nemo retira le symbole que les gardes avaient pris au prisonnier. C’était un médaillon en étain en forme de losange, un peu plus petit qu’un médaillon d’ascendant. Sur son verso étaient estampillés des engrenages imbriqués. Son recto portait le visage de Cyriss, la Patronne des Mécanismes.

Nemo l’a reconnu parce qu’il avait reçu un symbole similaire quelques années plus tôt, lors de la première de plusieurs tentatives que différentes branches du culte avaient faites pour l’enrôler. Il avait même assisté à une réunion, que ne différait des rassemblements sociaux maladroits de ses collègues universitaires et techniques que par l’invocation d’ouverture et de clôture de la Patronne des Mécanismes.

« Ce n’est pas ce que votre ami nous a dit », déclara Blackburn.

« Je ne vois pas de quoi vous parler ».

Nemo se retint de regarder Blackburn et de dévoiler son stratagème. L’autre prisonnier n’avait rien dit qui puisse indiquer que cet homme retenait des informations. Pourtant, il semblait trop trop pour un tel bluff. Plutôt que de battre en retraite, Blackburn se tourna vers Geary. « Quel est le point de vue de l’Église de Morrow sur cette secte, Aumônier ? »

« Nous nous sommes opposés à la décision d’autoriser un temple à Caspia. Malgré toute ses nombreuses vertus, le Roi Leto a été un monarque des plus permissifs. Après ces choquants événements, je ne peux qu’imaginer qu’il reconsidéra son traitement ménageant de la secte… et de ses membres ».

Nemo observa le visage du mékanicien pour voir s’il réagissait. Il était effrayé sûrement, mais la menace implicite pour son culte ne sembla pas l’ébranler.

« Nous nous rencontrons pour observer les étoiles et discuter des circuits des lunes et des planètes. La plupart d’entre nous ne croient même pas que la déesse réside sur la planète Cyriss ».

« Et vous, » Demanda Geary. « En quoi croyez-vous ? »

« Je vais toujours à l’église. Je vis toujours ma vie selon les enseignements de l’Enkheiridion. La société est juste… Je ne sais pas… intéressante. Comme un passe-temps ».

« Qu’est-ce qu’ils promettent ? »

« Rien ! Je veux dire, ils enseignent comment vivre dans une meilleure compréhension du monde qui nous entoure. Certains croient que la déesse viendra un jour sur Caen, et nous devons être prêts à nous perfectionner pour son arrivée. Mais je n’en sais vraiment pas beaucoup plus. Je ne fait même pas partie des éveillés ».

« Qu’est-ce que c’est, une sorte de cercle fermé ? »Demanda Geary. « Ces cultes séduisent toujours les faibles et les égoïstes avec des promesses d’inclusion dans les groupes d’élites ».

« C’est comme cela qu’on nous appelle quand vous vous consacrer entièrement à Cyriss. Mais comme je l’ai dit, je vais toujours à l’église – la vraie église, l’Église de Morrow – avec ma femme et nos enfants ».

« Ce que je veux savoir- » dit Blackburn. Il s’arrêta pour écouter une agitation à l’extérieur.

« Arrête-le ! » Cria un  homme.

Le gémissement des armes-tempête résonnait à l’extérieur de la tente.

« Reste ici », dit Nemo aux gardes. Lui et Backburn quittèrent la tente. Dehors, le camp renforcé résonnait de cris d’alarme.

« Par ici ! » Cria un homme près de la tente des cartes. Des glaives-tempête se levèrent et s’enclenchèrent alors qu’une escouade de Lames-Tempête courait vers la perturbation.

« Non, elle est là ! » Cria une autre voix près de la tente du mess. Une lumière d’un vert profond remplit la structure. Un instant plus tard, la tente se gonfla sous l’effet d’une rafale soudaine qui la traversa sans déranger les personnes se trouvant de chaque côté. La toile se souleva, s’arrachant de ses piquets pour s’élever telle les ailes d’une faucon géant en colère. La poussière et l’herbe morte tourbillonnaient pour former un nuage obscurcissant.

Blackburn enclencha son glaive. Nemo alluma les générateurs voltaïques de son armure et sentit le champ électrique soulever ses cheveux et hérisser sa moustache. Derrière lui, l’Aumônier Geary leva sa masse et regarda de chaque côté.

Lorsqu’ils atteignirent la tente du mess, le tempête de vent s’était calmée. Les Lames-Tempête sortirent en titubant de l’intérieur de la tente, s’étouffant avec la poussière en suspension dans l’air.

« Qu’est-ce que c’est ? » Demanda Blackburn.

« Une intruse, monsieur », rapporta l’un des hommes.

« Une seule ? » Dit Nemo sans chercher à dissimuler son incrédulité.

« Nous ne sommes pas sûrs, monsieur ».

Les Lames-Tempête regardèrent autour d’eux, clignotant toujours dans la poussière.

« Elle est là ! » Cria un garde en direction de le tente personnelle de Nemo.

Elle ? Pensa Nemo. Peut-être y avait-il plus d’un intrus après tout. Ils sortirent en courant du nuage de poussière pour remarquer d’autres Lames-Tempête se précipiter vers quatre autres halos galvaniques flottant au-dessus de la crête d’une tente. Les auras entouraient les têtes d’un bâton familier et trois bâtons-tempête.

Finch, pensa Nemo. Et ses Jimmies.

Alors qu’ils sortaient en courant de derrière la tente, Finch désigna l’un des Jimmies. Le jeune homme s’arrêta et planta son bâton-tempête dans le sol, le tenant fermement alors que la foudre dansait sur sa tête. Finch ordonna aux deux autres de se déployer Son armure était déjà engagée, la crête de son bâton crépitant d’énergie.

« Où ? » Demanda Nemo.

En réponse sa question, une silhouette sortit en courant de derrière une tente. La rafale de vent suivit l’intruse, mais elle mourut lorsque la silhouette aperçut Nemo.

Elle était petite, mesurant à pine plus d’un mètre cinquante. Ses vêtements noirs poussiéreux dissimulaient sa forme, mais les yeux au-dessus du foulard cachant son visage étaient résolument féminins. Elle tenait dans une main une hache absurdement longue. Le manche de l’arme était un bâton noueux, sa tête traînant presque sur le sol derrière elle comme un gouvernail de bateau.

« Une cape noir ! » S’écria l’Aumônier Geary. « Un assassin ! »

Les yeux de la femme se rétrécirent en regardant Nemo. Il déclencha son accumulateur-tempête, ses propres yeux plissant sous l’éclat de ses éclairs coruscants.

Un nuage sombre apparut au-dessus de la femme. Elle leva les yeux, la surprise se lisant sur son visage. Les vents fouettant sa cape noire n’étaient plus de son fait. Nemo vit la foudre globulaire se former au-dessus des trois points formés par les bâtons des forges-tempête.

« Je la veux vivante ! » Hurla-t-il par dessus le vent se levant.

L’intuition d’une longue expérience lui disait qu’aucun assassin seul n’oserait l’attaquer à l’intérieur d’un camp lourdement armé. C’était un suicide, et les capes noires n’étaient pas connues pour sacrifier leur vie. Quel que soir cette intruse, elle voulait autre chose que sa mort.

« À terre, les garçons ! » S’écria Finch. Les vents emportèrent sa voix, empêchant au moins l’un des hérauts-tempête d’entendre l’ordre. Le nuage que lui et ses acolytes avaient créé se brisa avec la foudre.

L’intruse s’accroupit, disparaissant presque dans les plis de ses lourdes jupes noires. Puis elle s’enfuit d’un bond agile, telle un chat. L’instant d’après, un éclair s’abattit à l’endroit qu’elle avait quitté, ne laissant qu’une marque noire là où son doigt blanc avait touché le sol.

Une allée plus loin sur la gauche, une lueur verte se reflétât sur les murs de toiles les plus proches. Deux tentes étaient bombées alors qu’un autre vortex s’élevait sous elles.

L’une s’envola, son contenu s’éparpillant sur l’herbe. L’autre traversa l’allée comme un fantôme en colère. Elle tomba sur Finch et le forge-tempête le plus proche, les faisant tomber et les traînant sur le sol.

L’un des autres Jimmies cria. Nemo vit tomber son bâton et aperçu l’intruse tirant la crosse de son arme alors que le jeune homme tombait étourdit au sol. Une fois de plus, la cape noire regarda en direction de Nemo. Même de loin et à travers la poussière tourbillonnante, Nemo vit le vert saisissant de ses yeux.

En un instant, elle avait disparu à nouveau.

« Lames-Tempête ! Formation d’escorte autour du général ! » Blackburne se tourna vers Nemo et ajouta, « Elle veut vous tuer, monsieur ».

« Non, elle ne veut pas », insista Nemo. « Et j’ai dit que je la voulais vivante ».

« Mais, monsieur- »

« Pas d’excuses ».

Finch et son Jimmy s’extirpa de la toile soufflée parle levant. Ils levèrent les yeux alors qu’un autre vortex s’élevait parmi les tentes six mètres plus loin.

« Poursuivez-là », ordonna Blackburn aux Lames-Tempête. Il secoua la tête vers les plus proches. « Pas vous quatre. Restez avec moi pour protéger le général et l’Aumônier Geary ».

Finch et ses forges-tempête poursuivirent également le vortex, mais Nemo senti une ruse dans le vent tourbillonnant. La druidesse devait savoir à quel point elle était visible. Elle devait courir dans une autre direction.

« Vivante, j’ai dit », rappela-t-il à tous à proximité.

Avant que quiconque ne puisse crier, une silhouette sombre vola vers eux depuis le côté. Les Lames-Tempête commencèrent à lever leurs glaives, mais la femme bondit pour courir le long de leurs bras étendu. Elle sauta sur les lourds épaulières d’une homme, faisant un saut périlleux vers Nemo.

Blackburn se fraya un chemin devant Nemo, désactivant son glaive alors même qu’il le levait pour frapper avec le plat. Il arrêta son coup en voyant la cape noire tomber au sol en un atterrissage en trois points. Elle inclina la tête et posa son arme sur le sol.

Elle leva les yeux et retira le foulard cachant ses traits. Son visage avait de profondes taches de rousseur, contrastant avec ses yeux émeraude brillants, que maintenant Nemo remarqua être pailletés d’or. Une mèche errante révélait des cheveux de la couleur d’une feuille d’érable en automne. Son petit visage donnait l’impression d’une adolescente, mais quand elle s’exprima, ce fut la voix rauque d’une femme adulte.

« Sebastian Nemo », dit-elle. « Je suis venu vous avertir des ennemis que vous affrontez ».
Les Lames-Tempête se précipitèrent, leurs lames sifflantes prêtes à frapper. Blackburn leur fit signe de reculer, mais ils restèrent entre la fille et Nemo.

Nemo tapota l’épaulière de Blackburn et contourna l’homme. Il fit signe à la femme de se lever. Elle laissa sa hache au sol, mais Nemo remarqua un long poignard recourbé suspendu à sa ceinture à côté de diverses talismans druidiques. « Et pour mener mes soldats dans une téméraire poursuite à travers notre camp ? »

« Ils m’auraient empêché de vous voir » répondit-elle. « Mon message ne peut attendre ».

« Quel est ton nom ? »

« Bronwyn ».

Finch et ses forges-tempête accoururent pour assister à l’échange. Le rouquin enlevant des feuilles et des touffes d’herbe brune de ses cheveux.

« General Nemo », dit l’Aumônier Geary. « Vous ne devez pas écouter un sol mot de cette sauvage. Le Cercle d’Orboros a juté d’exterminer toute l’humanité ».

« Pas toute l’humanité. Juste les parties pourries », dit Bronwyn. Avec une lueur dans l’oeil, elle ajouté, « Comme les gros prêtres vivant comme des parasites sur le travail de leurs semblables ».

« Tu as dit que tu étais venue avec un avertissement », dit Nemo. « Cela aurait été plus utile avant que la Convergence n’occupe un de nos villages ».

« ‘La Convergence’ », dit Bronwyn. « C’est ainsi que vous les appelez ? Pourtant vous ne connaissez pas tout le danger de leur intentions ».

« Pourquoi nous prévenir, druidesse ? » Dit Geary. « Pourquoi  devrions-nous croire un mot prononcé par un serviteur du Ver Dévoreur ? »

Nemo souhaita que l’homme se taise, mais il n’avait pas envie de lui faire honte devant une étrangère et dit, « Répond à l’homme ».

« Il y a une expression chez les dhuniens », dit-elle.

« Des trolls et des gobbers », railla Geary.

« Aumônier », dit Nemo.

Geary inclina la tête et recula. Nemo espérait qu’il resterait silencieux sans autre rappel.

« Le peuple dhunien », déclara Browwyn. « Ils disent, ‘l’ennemi de mon ennemi est mon ami’ »
.
« Ce n’est pas seulement un dicton trollkin », déclara Nemo.

« Un rappel que le peuple dhunien n’est pas si différent du vôtre ».

Pas ‘le nôtre’, remarqua Nemo. Alors qu’ils étaient humains, les druides avaient tournés le dos  à la civilisation amenant beaucoup à les considérer comme une race à part entière. Nemo s’était souvent demandé si cette division était une vanité créée par les prêtre menites ou les druides eux-mêmes. Dans les deux cas, il est apparu que le sentiment d’éloignement était réciproque.

« Tu es donc venue au nom de ton Cercle ? » Demanda Nemo.

« Non ». La plupart de mes frères et sœurs préféreraient vous voir, vous et les cyrissistes, vous détruire mutuellement. Après votre mort, ils se contenteraient de réparer les blessures que vous avez laissées à Caen ».

« Mais pas toi ».

« Ces cyrissistes ne sont pas comme les autres que vous avez pu rencontrer. Ils ne demandent pas la permission de construire leurs temples dans vos villes. Pendant des siècles, ils ont préparé leurs forces en secret, laissant rarement entrevoir leurs créations mécaniques. Ils prévoient de remodeler le monde en fonction de leurs projets. Pour ce faire, ils profaneront les artères du monde ».

« Tu parles des lignes de force ? »

« Vous savez quelque chose du système naturel du monde ? » Elle acquiesça. « Partout où ces adorateurs de Cyriss contrôlent les lignes de forces, ils peuvent exploiter le flux d’énergies naturelles ».

« Et vous priver de ces mêmes énergies, oui ? »

« Oui », répondit-elle sans hésitation. « Si leur stratagème ne peut nuire qu’à vous, pourquoi suis-je venue vous avertir ? »

Elle ne prétendait certainement pas à l’altruisme, pensa Nemo. C’était une marque de faveur de son honnêteté, ou bien un effort calculé pour ne pas paraître hypocrite. Pourtant, la présence d’un seul druide fit se demander à Nemo à quel point le Cercle craignait vraiment la Convergence. « Nos forces arcaniques ne dépendent pas de ces énergies géomantiques. Cet ennemi semble être une bien plus grande menace pour votre peuple que pour le mien. Pourquoi votre Cercle ne se bat-il pas contre eux ? »

« Ce n’est pas la seule ligne de force qui traverse ces terres du sud », répondit la druidesse ?? « Beaucoup d’autres traversent le territoire que vous revendiquez comme le vôtre. Êtes-vous prêts à leur permettre de planter des dizaines ou des centaines d’autres de ces tours à travers votre pays, sachant que chacune d’entre elles peut alimenter et soutenir une armée ? »
Il n’était pas nécessaire de répondre à la question rhétorique.

Nemo voulait en savoir beaucoup plus sur cette cape noire, d’autant plus qu’elle prétendait ne pas représenter son Cercle.

« Poursuivons cette conversation à l’intérieur. Blackburn, demande aux troupes de restaurer ces tentes ».

« Oui, monsieur ». Blackburn récupéra la longue hache de la druidesse. Browyn ne fit aucune objection alors qu’il soulevait l’arme lourde.

Un autre cri d’alarme retentit dans le camp. Tout le monde chercha sa source, mais Finch l’a repéra en premier. Elle désigna Calbeck, haut dans le ciel. « Regardez ! »

Dans le no man’s land entre Clabeck et le camp, un ange mécanique solitaire volait vers eux, traînant une longue bannière blanche.

« Il semblerait que la Convergence aimerait négocier », déclara l’Aumônier Geary. « Nécromanciens et sauvages ! Il serait plus simple de les éliminer ».

« Plus simple à dire qu’à faire », dit Nemo. « Heureusement pour vous, c’est à moi de prendre la décision ».

« Bien sûr, général. Je ne voulais pas vous manquer de respect ».

Nemo fit un signe de tête à Blackburn. « Envoie un homme sous la bannière de la trêve et veille à ce que notre hôte soit confortablement installé. Elle ne doit pas être dérangée jusqu’à ce que je revienne poursuivre notre discussion. En attendant, je préparerai nos conditions pour négocier avec la Convergence, puis nous entendrons ce que cette warcaster ailée a à dire ».

103
Aurora

Aurore faisait les cent pas sur la circonférence du pont d’observation. Ses gardes du corps s’empressaient de suivre son rythme, leurs talons claquant sur le pont. En l’absence de Sabina, elles demeuraient silencieuses à moins qu’Aurora ne s’adresse à elles.

Malgré tous ses efforts, Aurora n’avait pu voir les éclaireurs que ses anges avait signalés rampant jusqu’à la périphéries du villages avant d’être chassés par ses troupes. L’un deux se serait approché suffisamment près pour parler avec certains des prisonniers à l’intérieur de l’école avant qu’une patrouille de réducteur ne le repère. D’une manière ou d’une autre, le ranger avait réussi à s’échapper, même à travers la double garde d’obstructeurs et d’éradicateurs le long du périmètre. Elle ressentait une réticente admiration pour l’exploit de l’homme. Peut-être que la légende des rôdeurs cygnaréens plus de vérité qu’elle ne l’avait jamais réalisé.

Avec le village encerclé, Aurora ne ressentait plus le besoin de dissimuler sa force. Elle avait déjà ordonné aux Projecteurs d’Émergence Transfinies de sortir de sous l’abri du nœud de réalignement. Les serviteurs de permutation orbitaient telles des lunes autour de leurs plates-formes d’armes à feu, prêts à s’élancer en avant et à intercepter les tirs ennemis.

Elle fit sortir l’Axiome Prime de derrière la jambe du nœud de réalignement située du côté de la rivière. Aurora ressentit le bruit sourd de son champ de déplacement alors qu’il glissait dans les rues. Le titanesque automate faisait chuter les coins des maisons sur son passage, ses énormes pinces de forages maintenues en toute sécurité au-dessus des toits. Ces mêmes foreuses avaient creusé la fosse sous le nœud, permettant à l’optifex d’installer les conduits de réalignement et l’appareil de transfert géomantique.

Aurora guida l’Axiome Prime pour piétiner une maison de sel vide au profit des espions qu’elle savait avoir encerclé le village. Elle souhaitait pouvoir entendre les halètements des forces cygnaréennes alors qu’elles étaient témoins de sa puissance physique.

Les renforts de Nemo étaient arrivés plus tôt et en bien plus grand nombre qu’elle ne l’avait prévu. Les forces de Cygnar avaient mérité leur association avec la foudre de plus d’une manière. Pourtant, il n’y avait aucune raison de désespérer. Aurora se rappela que les forces cygnaréennes actuelles représentaient encore plus de la moitié des effectifs de son armée de la Convergence.

Elle ne pouvait s’empêcher de frémir devant la férocité dont Sebastian Nemo avait fait preuve en réponse à son attaque exploratoire. Avant même qu’elle ne révèle sa réserve, l’homme avait dû comprendre qu’il était largement en infériorité numérique. Plutôt que de se retirer de son attaque, Nemo avait répondu par un assaut rapide et direct sur ses unités avancées. Dans un échange aussi bref, il avait détruit ou mis hors service un nombre surprenant de ses unités les plus précieuses.

Il ne l’avait pas fait sans pertes, bien sûr. Aurora était satisfaite de l’efficacité de l’Atténuateur et des Diffuseurs. Et les serviteurs réflexes avaient causé des pertes choquantes parmi les redoutables commandos de Nemo ; elle regrettait de ne pas avoir réquisitionné davantage de mines mortelles pour la défense du périmètre. Malheureusement, ils s’étaient détruits dans l’accomplissement de leurs tâches. Elle devrait placer la douzaine de serviteurs réflexes restants avec précaution.

Un sifflement dans l’ascenseur sud-ouest annonça le retour de Sabina des chambres hautes. Elle s’approcha d’Aurora et s’inclina. « Numen, la dernières des constructions essentielles est achevée, mais les optifex débutent seulement le calibrage. Ils ne peuvent pas donner de date précise pour le réalignement ».

Aurora emplit ses poumons d’un souffle purificateur. Elle avait fait un mauvais calcul en provoquant Nemo. Même en infériorité numérique, avec ses renforts, il pouvait se révéler une véritable menace pour l’opération.

Elle devait changer de tactique. Elle avait plus qu’assez de prisonniers à échanger contres ses vecteurs, serviteurs et soldats capturés, mais elle hésitait à les offrir trop tôt après l’escarmouche du matin. Aurora ne souhaitait traiter qu’en position de force.

Une triade d’anges mékaniques atterrit sue le côté est de la plate-forme d’observation. Sabina alla recevoir leurs rapports tandis qu’Aurora reporta son attention sur le camp cygnaréen en expansion.

Les fusiliers continuait à pénétrer dans le camp cygnaréen depuis Port Bourne. Au dernier rapport, des centaines avaient grossi les rangs de l’armée de Nemo, ainsi que des pionniers, des commandos et des rangers qui s’étaient déjà évanouis dans les bois et les vallons entourant Calbeck.

Aurora nota mentalement d’accroître les patrouilles aériennes à travers le fleuve. Elle doutait que même les célèbres fusiliers puissent atteindre une telle distance avec une quelconque précision, mais elle avait été surprise assez souvent pour la journée.

« Numen », dit Sabina. Même à travers le modulateur de voix mécanique, Aurora put entendre l’inquiétude dans sa voix.

« Oui ? »

« Le Recenseur Prime Septimus requière votre présence dans le village en dessous ».

« Vraiment ? » Dit Aurora. Le prêtre mécanique aurait dû se présenter ou demander une audience à Aurora, pas la convoquer. Elle reconnaissait la main de sa mère dans cette dernière provocation. Était-elle en train de tester Aurora ou simplement de saper sa tentative de réussis quelque chose d’autre que la prêtrise ?

« Numen, il y a autre chose ».

« Qu’est-ce que c’est ? »

« Ce matin, avant l’attaque du camp cygnaréen, Septimus a requis le services de quatre ailes d’anges ».

« Dans quel but ? »

« Il a refusé de le dire, alors bien sûr, j’ai refusé ».

« Et tu ne m’as rien dit ? »

Sabina baissa les yeux vers le sol. Ses ailes en cuivre s’affaissèrent. « Il a suggéré que ce n’était pas nécessaire, et que vous distraire ne ferait que mettre en danger le Grande Œuvre ».

« Qu’a-t-il dit exactement ? »

« Ce fut moins ses paroles que son comportement. Il a semblé sous-entendre- »

« Oui ? »

« Ou peut-être ai-je simplement déduit qu’il vous créerait des ennuis si je signalais sa requête ».

« Tu ne réponds qu’à moi, Sabina ».

« Oui, Numen, je le sais. Je – Je voulais seulement vous protéger ».

L’excessive vigilance de Sabina était une chose au combat, où son devoir était de protéger Aurora du danger. Dans les affaires politiques, elle devenait de plus en plus maternelle – et Aurora avait peu de patience pour tout comportement ressemblant à du maternage. « Tu me protégeras mieux en me tenant informée de tout, y compris de ces soupçons d’intrigue ».

« Oui, Numen. S’il vous plaît, pardonnez-moi ».

« Fais en sorte que cela ne se reproduise plus. J’ai placé une grande confiance en toi ? » Peut-être trop, pensa Aurora.

« Vous m’honorez ».

« Que crois-tu que Septimus veuille me montrer ? »

« Je ne sais pas, Numen. L’Énumérateur Bogdan a transmit le message à l’un de mes anges. Elle dit qu’il semblait plus excité que d’habitude ».

Aurora songea à envoyer Sabina à sa place, ou, mieux encore, un simple soldat pour convoquer le prêtre sur le pont d’observation. Un tel geste rappellerait intelligemment que c’était Aurora, et non Septimus, qui dirigeait la mission.

Alternativement, elle pourrait faire attendre Septimus, peut-être en descendant la tour du Nexus Astrométrique via l’escalier automatique et en parcourant les rues de Calbeck. Peut-être que pendant le temps qu’elle mettrait à arriver, il commencerait à redouter son mécontentement autant qu’il craignait celui de sa mère.

Non, décida-t-elle. Bien que la convocation du prêtre mécanique puisse être en soi une manœuvre politique, il était certainement assez sage pour la soutenir par une occasion significative. Peut-être avait-il des informations à partager. Il était même concevable qu’il ait réellement besoin de ses conseils.

« Où est-il ? » Demanda Aurora.

« Dans le temple ».

Bien sûr, pensa Aurora. Il l’appelait au seul endroit où son autorité était plus évidente que la sienne.

« Très bien », dit Aurora. Elle se dirigea vers le bord de la terrasse d’observation. Une poussée d’agacement non dissimulée la poussa à courir, jetant son corps armuré par-dessus bord pour plonger vers le bas.

« Numen ! »

Avec un rapide calcul de la distance, du temps et de l’accélération de la gravité, Aurora déploya ses ailes pour profiter du souffle de l’air sous ses « plumes » acérées comme des rasoirs, mais seulement pendant quelques secondes. Alors que Sabina criait derrière elle, elle activa le champ de déplacement, et descendit jusqu’aux rues de Calbeck.

Elle se posa légèrement, mais ses ailes soulevèrent un nuage de poussière de la rue. Son apparition soudaine surprit une patrouille de réducteurs. En la voyant, le préfet de l’unité s’inclina. Les troupes suivirent son exemple. Aurora les ignora  et marcha dans une rue de magasins vides.

Sabina et le reste de ses gardes du corps atterrirent derrière elle, silencieux à l’exception du raclement de leurs ailes en laiton se refermant.

La douce odeur de la bière s’échappait des portes et des fenêtres ouvertes d’une taverne. Les soldats d’Aurora avaient auparavant utilisé le bâtiment pour loger des captifs. Certains avaient cherchés à apaiser leur peur en buvant, plusieurs au point de tomber malade. Aurora avait approuvé la demande de Pollux de déplacer les prisonniers de peur qu’ils se tuent en se battant ou en buvant excessivement.

Les corps dans lesquels nous sommes nés sont si fragiles, pensait Aurora. Elle avait hâte d’être débarrassée du sien.

Et pourtant, elle appréciait l’odeur de l’orge malté. Le frisson de l’air vif de l’automne était une autre sensation qui lui manquerait. Même les créations les plus avancées du Maître de Forge Syntherion ne comportaient pas de capteurs olfactifs ou tactiles approchant la sensibilité des organes humains.

Ces plaisirs simples étaient un sacrifices qu’Aurora était plus que prête à faire dans sa poursuite de la perfection. Elle se contentait d’en profiter encore un peu avant de les abandonner derrière elle pour toujours. Si seulement la directive du fluxion – et sa mère – n’insistaient pas pour retarder son transfert.

Le rappel de la fragilité des habitants du village donna à Aurora une autre idée de la manière de dissuader un assaut de l’armée cygnaréenne. « Sabina, dis à Pollux que les gardes libèrent les prisonniers pour qu’ils fassent de l’exercice à la base du nœud de réalignement. Ils devront être en groupe suffisamment grands pour être visibles des cygnaréens.

« Oui, Numen », répondit Sabina. Elle commença à relayé l’ordre à l’une des autres gardes, mais Aurora ajouta, « Transmet le message personnellement ».

« Oui, Numen ». Aurora entendit le ton de contrition blessée dans sa voix mécanisée. Ayant vécu toute sa vie parmi les machines, elle connaissait le son du regret sincère, même filtré à travers une boîte vocale artificielle.

Avec ses autre gardes, Aurora s’approcha du temple.

L’architecture  de l’édifice était purement morrowéen, du clocher aux contreforts décoratifs. Septimus avait ordonné à ses serviteurs d’ériger un grand visage de Cyriss sur les portes de l’église. À travers le verre dépoli, les traits de la Patronne des Mécanismes brillaient d’un bleu-blanc. Bien que le prêtre ait laissé les vitraux représentant les actes des ascendants, l’icône de la déesse et les réducteurs se tenant telle des statues jumelées à chaque entrée changeait complètement le caractère du bâtiment.

À l’intérieur, Aurora retrouva le Recenseur Prime Septimus debout près de l’autel, ses mains mékaniques réassemblant les composant des vaisseaux mécaniques endommagés tandis que sa voix presque musicale entonnait des équations de louage à la Patronne. À côté de lui, l’Énumérateur Bogdan se tenait attentif devant une rangée d’outils, les yeux fermés, les lèvres en mouvement dans le calcul rituel de l’orbite de la déesse.

Derrière l’autel, le Caveau de de l’Enkheiridion avait été arraché du mur, remplacé par le Visage de Cyriss Le livre de saint de Morrow était ouvert à l’extrémité de l’autel. Sinon, les ornements de Morrow étaient restés à leur place habituelle dans toute la chambre : bancs, bougies, fonts baptismaux et choeur.

Alors qu’Aurora s’approchait de l’autel, elle vit les corps tordus par la foudre de six réducteurs allongés à ses pieds ainsi que les bras et le bas du corps d’un septième. Un huitième se tenait au garde-à-vous d’un côté, son châssis portant les entailles fraîches et des marques de soudure brûlées d’une récente réparation. À la vue d’Aurora, il fit une révérence maladroite.

Des serviteurs d’accrétion planaient au-dessus des enveloppes en acier des autres réducteurs. Ils avaient déjà retiré quatre chambre d’essence brillantes de leurs poitrines. Deux d’entre eux travaillaient ensemble pour en ouvrir une cinquième.

Trois personnes à l’air misérables étaient assises derrière la rampe du choeur, flanquées d’une paire de réciprocateurs vigilants. Les soldats mécaniques tenaient leurs boucliers festonnés pour former des murs de part et d’autre des captifs, leurs hallebardes prêtes dans une menace tacite pour quiconque osait sauter la rampe.

Les prisonniers portaient les lourds tables de cuirs des mékaniciens. De la graisse noire soulignait leurs ongles et maculait leur visage. Deux étaient des hommes, l’un grand et corpulent, l’autre maigre avec un visage marqué par la vérole. La troisième était une femme dont les épaules musclés portaient des tatouages d’engrenages et de pistons.

« Qu’avez-vous fait, Septimus ? » Aurora avait déjà appréhendé la situation, mais elle voulait l’entendre le prêtre mécanique admettre ce qu’il avait fait.

« Numen, j’ai utilisé la confusion que vous avez créé dans le camp cygnaréen pour récupérer nos camarades perdus. Dans la foulée, mes soldats ont pu les récupérer tous sauf deux- »

« Les soldats de qui ? »

La boîte vocale du recenseur s’éteignit, l’équivalent mécanique d’un homme se mordant la langue. Lorsque le sifflement ambiant revint, Septimus déclara, « Les soldats de la Convergence. Sous vos ordres, Numen ».

« Et ai-je bien compris que vous avez cherché à enrôler mes anges mécaniques dans cette mission non autorisée ? »

Une fois de plus, Septimus éteignit son modulateur de voix plutôt que de s’exprimer à la hâte.
Le Recenseur Bogdan s’avança. « C’est de ma faute, Numen. En relayant la requête du Recenseur Prime Spetimus, je me suis peut-être mal exprimé. Toute la confusion est entièrement de ma faute. Je vous prie de me blâmer, pas le Recenseur Prime ».

Il y avait plus qu’assez de blâme pour eux deux, pensa Aurora. Mais elle n’était pas duper par cette tentative transparente pour faire du laquais une bouc émissaire.

Aurora dépassa Bogdan, son soudain mouvement le forçant à reculer si rapidement qu’il faillit trébucher sur ses propres robes. Elle baissa les yeux sur le livre saint. Septimus l’avait laissé ouvert sur une illustration de l’Ascendant Corben, patron de l’alchimie, des arcanes et de l’astronomie.

Elle se demanda ce que Septimus complotait. Pour les cyrissistes, Corben était le plus sympathique des ascendants. De nombreux convertis étaient venus en portants des médaillons de Corben avant de les échanger contre des symbole de la Patronne des Mécanismes.

Les dieux jumeaux Morrow et Thamar avaient été vénérés comme des savants inspirés de Cyriss bien avant que les humains ne découvrent l’existence de la Patronne. Il n’était donc par surprenant que nombreux d’entre eux aient continués à adorer Morrow alors même qu’ils approfondissaient les équations de la divinité parfaite.

Aurora se tourna vers ses gardes du corps. « Emmenez ces prisonniers en détention séparées dans le village ».

« Numen, si tu me permets de vous expliquer », commença Septimus.

« Tu es ici pour diriger les troupes comme je l’ordonne », répondit Aurora, « pas pour remettre en cause mes décisions  en faisant des prisonniers sans mes ordres ».

Septimus s’éleva d’un pouce sur ses pistons silencieux avant d’incliner la tête. « Comme vous le dîtes, Numen ».

Aurora s’approcha, chuchotant dans ses récepteurs auditifs. « Et si votre action incite l’ennemi à attaquer avant que nous ayons terminé le réalignement géomantique, c’est vous, pas moi, qui devrez répondre à la Mère d’Acier ».

Le prêtre mécanique s’inclina profondément en reculant sur ses pattes de crabes.

Aurora se tourna vers ses gardes. « Maintenant, embarquez-les. Veillez à ce qu’ils soient bien traités aussi humainement que les citoyens de Calbeck. Que personne d’autre que moi ou un de mes gardes désignés ne leur parle ».

Les réciprocateurs s’écartèrent à l’approche des anges mécaniques. Sans un mot, les prisonniers sortir de la loge du choeur. Un cliquetis de piston rythma leur allure traînante.

Les visages des hommes étaient marqués par la peur et le choc, mais la femme ne pouvait détacher son regard des automates. Elle fixait l’action silencieuse de leurs membres, la lueur constante de leurs lentilles. Il n’y avait aucune peur sur son visage, seulement de crainte et du désir.

Aurora reconnut ce regard.

Quand la femme sortit du choeur, Aurora vit que sa jambe mékanique était la source du bruit. Elle réévalua le reste de la femme.

Malgré la force de ses bras et des ses épaules, le corps de la femme lui faisait défaut à plus d’un titre. Sa poitrine plate était la preuve qu’elle avait perdu plus que sa jambe, et elle se déplaçait avec une prudence suggérant qu’elle souffrait beaucoup au niveau de ses articulations.

« Apportez-moi celle-là », dit Aurora.

Derrière l’autel, Bogdan murmura quelque chose à Septimus. Aurora se tourna pour voir le prêtre mécanique hocher la tête. Quand il remarqua qu’elle le regardait, Bogdan prononça, « Je voulais seulement vous suggérer d’interroger personnellement cette prisonnière ».

« Laissez-nous », répondit Aurora.

Septimus s’inclina. « Je vais récupérer ces chambres d’essences pour les fonderies d’énigmes », dit-il. Après une pause, il ajouta, « Avec votre permission, Numen ».

« Veillez-y ».

Septimus fit un signe aux serviteurs d’accrétion, qui ramassèrent les six chambres d’essences récupérées et suivirent Septimus dans l’allée vers l’entrée. Le réducteur récupéré les suivit.

Bogdan hésita à côté de l’autel. Ses yeux cherchant la permission d’Aurora de rester derrière, mais son regard lui indiqua qu’il ne la recevrait pas. Il courut après Septimus tandis que les réciprocateurs escortaient le prêtre, son soldat récupéré et les hommes captifs hors de l’église.

Aurora se tourna vers la prisonnière. Ses anges mécaniques se tenaient de part et d’autre de la femme musclée, prêts à l’attraper au premier signe d’attaque.

« Nom ? »

« Sergent Margaret Jernigan, chef mékanicien », dit-elle. Elle fixa les ailes d’Aurora, les lèvres entrouvertes en signe d’admiration.

« Montre-moi ton masque ».

« Je n’ai plus porté le symbole depuis des années ».

« Mais tu embrasse la vérité de la connaissance, de la science et de Cyriss », répondit Aurora. « C’est par la bénédiction de la technologie des machines que tu marches, n’est-ce pas ? »

Jernigan fit un signe de tâte affirmatif à contrecoeur.

« Ton corps est défaillant comme tout les corps. Je peux voir une partie de ce que tu as déjà perdu. Qu’elle est la quantité de choses que je ne peux pas voir ? Tu n’as pas à vivre dans la douleur ».

« Écoute, je ne sais pas ce que tu attends de moi- »

Aurora la coupa d’un geste. « La Convergence valorise les esprits, pas les corps. Ceux qui se montrent dignes et ceux qui tombent pour la Patronne peuvent laisser derrière eux leurs enveloppes brisées et vivre dans de parfaits vaisseaux mécaniques ». Elle pointa l’ange le plus proche, son corps en chrome mesurant 30 centimètres de plus qu’Aurora.

« Ceux qui s’en montrent dignes », récita Jernigan. « Tu donnes l’impression que tu veux quelques chose de moi ».

Aurora hocha la tête. « Quel prix donnerais-tu pour la perfection ? » Demanda-t-elle. « Pour l’absence de douleur. Pour l’immortalité ? »

« Je ne ferai de mal à personne », répondit Jernigan.

Intéressant, pensa Aurora. Elle s’attendait à quelque chose de plus proche du refus de trahir son peuple. « Tu as déjà prié Cyriss, n’est-ce pas ? Tu connais la promesses d’une transfiguration éternelle ».

Jernigan hocha la tête. « La vie dans une machine. C’est ce que tu veux dire, n’est-ce pas ? »

« Tu es sûr de ne pas vouloir me montrer ton symboles ? »

« Je n’en ai plus porté depuis des années », dit Jernigan, mais ses yeux se baissèrent sur sa poitrine.

« Non ? » déclara Aurora. Elle soupçonnait la dévotion de la femme – ou du moins ses espoirs – d’être plus profond que cela. Elle avait remarqué comment les tatouages mécaniques sur les épaules de Jernigan convergeaient vers la poitrine plate cachée sous son tablier. Elle éleva le ton. « Montre-moi ton masque ».

Avec une grimace, Jernigan détacha son tablier et descendit sa tunique sale pour révéler sa poitrine tatouée. Des engrenages et des axes dissimulaient les cicatrices de sa mastectomie, mais au centre de tout cela se trouvait l’inimitable visage de la Patronne des Mécanismes.

« Cyriss t’a guidé jusqu’ici », dit Aurora.

« Quoi, pour que tu puisses me capturer ? »

« Non », déclara Aurora. « Pour que je puisse te récompenser ».

104
LA TROISIÈME HARMONIQUE

Le pouvoir de la compréhension transcende l’inexplicable.

Nemo

Alors que Nemo revenait au camp, le chaos de l’attaque de la Convergence se dissipa, mais une excitation croissante à l’approche des renforts pris sa place.

Les Lances-tempête arrivèrent les premières, leurs chevaux au galop soulevant un voile de poussière devant les chariots et l’infanterie la suivant. Apercevant Nemo, ils changèrent de cal lorsqu’il fit un geste en direction du Major Blackburn, qui venait juste de remplacer un garde dans tous ses états par un médecin de terrain stable pour superviser le triage des blessés. Une fois qu’il vit que l’effort était entre de bonnes mains, Blackburn alla accueillir les renforts et leur assigner leurs postes.

Nemo renvoya les Lanciers et les Lucioles en position de garde, se donnant ainsi un champ d’options plus large en cas de nouvelle attaque. Il ordonna au Foudroyant  de se positionner face à la tente des mécaniciens. L’armure du warjack n’avait subi que de légères écorchures d’éclats d’obus, mais il crut sentir une gêne dans sa démarche sur le chemin du retour.

À moins, pensa-t-il aigrement, qu’il avait seulement imaginé l’imperfection résidait dans le warjack et non dans sa propre force déclinante.

Indépendamment du fait que le défaut était réel ou qu’il s’agisse d’un produit psychosomatique dû à la peur de vieillir de Nemo, il voulait être certain que le Foudroyant était en bon état avant de le remettre en service, les fonctions galvaniques du warjack s’étaient parfois avérées plus fragile que les entrailles mékaniques de ses homologues à vapeur. Cela demandait une certaine attention et d’attention supplémentaires.

Cette pensée rappela à Nemo sa promesse de chercher à acquérir une nouvelle jambe mékanisée pour Mags Jernigan. Tout comme le Foudroyant, elle aurait besoin d’un peu d’entretien.

Mais pour l’instant, cela devrait attendre.

Les dommages causé au camp n’étaient pas aussi graves que Nemo l’avait craint. Une demi douzaine de tentes avaient été déchiquetées ou soufflées, mais une seule contenait des victimes. Les lances-tempête survivantes avaient ramené leurs montures au paddock que les troupes avaient construit à la hâte. Là, les nouveaux arrivant les avaient rejoints. Les hommes s’occupaient des chevaux pendant que leurs capitaines déterminaient la nouvelle chaîne de commandement sous le Major Blackburn.

Parmi les lances se tenait un homme de forte corpulence au visage pâle et grêlé. Plutôt qu’une épée, une lourde masse à pointes pendait à sa hanche. Nemo remarqua une figure humaine stylisée entourée de rayons de lumière – le symbole de Morrow – embossée en or sur l’armure de plate blanche du chevalier. Derrière lui chevauchait un chevalier plus jeune brandissant la bannière de Morrow.

Lorsqu’il aperçu Nemo, le cavalier et son enseigne se dirigèrent vers lui. Ils maîtrisèrent leurs montures, mirent pied à terre et saluèrent.

« Général Artificier », dit le chevalier.

« Aumônier Geary ». Nemo serra la main de Geary, heureux de le voir ne serait-ce que pour accueillir un autre guerrier blanc dans le camp. Contrairement à l’épaisse crinière de Nemo, les cheveux de Geary s’étaient tellement clairsemés que l’homme les gardait tondus de près, donnant à son crâne rougeaud l’apparence d’une pêche floue. « Quelque chose me dit que vous n’êtes pas simplement venu pour aider, mais aussi pour examiner mes captifs ».

Geary haussa les épaules avec un sourire d’excuse. Son chagrin céda la place à une expression sinistre lorsqu’il cracha pratiquement le mot, « cyrissistes ». Depuis l’Affaire de la Witchfire, j’ai toujours dit qu’ils montreraient un jour leurs vrais visages ».

« Alors tu as », acquiesça Nemo. Compte tenu des événements récents, il ne ressentait pas le besoin de contester l’affirmation du chevalier, même si auparavant il n’avait jamais partagé l’intensité de la méfiance de Geary envers le culte.

Pour Nemo, les cyrissistes étaient apparus comme une société inorganisée d’excentriques intellectuels et artisans. En adorant une déesse de la science, ils semblaient simplement célébrer leurs professions – et, franchement, eux-mêmes – plus que constituer un danger légitime pour la foi moorrowéenne, et encore moins pour le grand public. Qu’une faction isolée d’entre eux ait autrefois servi une cause plus sombre n’avais jamais alarmé Nemo. Après  tout, même l’église de Morrow comptait des traites, des meurtriers et pire encore parmi ses fidèles.

Au moment où Geary avait appris que des nécromanciens présumés avaient été trouvés parmi les cyrissites, il avait eu du mal à contenir son animosité. Nemo admirait la passion de l’homme mais elle semblait indiscriminée.

« Puis-je les voir, ces soldats mécaniques ? » Demanda Geary. Le bord de ses yeux était étonnamment rose contre sa peau pâle. Il l’avait parfois pris pour un albinos.

« Quand j’aurai fini d’inspecter les renforts ».

« Bien sûr », déclara Geary. « Bien sûr ».

Nemo conduisit Geary à travers le camp, Finch à ses côtés et l’enseigne à ceux du chevalier. Nemo vit Geary faire un signe de tête approbateur à ce qu’il voyait tout autour d’eux. Nemo était également heureux de voir avec quelle efficacité les soldats avait répondu à la récente attaque.

Ceux qui l’avaient accompagné à Calbeck et les nouveaux venus avaient déjà réparé ou enlevé les tentes endommagées. Il n’y avait pas de blessés, car ils avaient été transportés dans les tentes désignées par le Major Blackburn.

Au nord, les pionniers étaient déjà à l’oeuvre à étendre les défenses. À l’est et au sud, Nemo vit d’un coup d’oeil que les officiers des fusiliers et des commando rassemblaient leurs troupes pour une action d’enveloppement après avoir consulté Blackburn. Tout autour d’eux, le camp continuait de s’agrandir, les soldats creusant des latrines et érigeant des abris supplémentaires.

« Combien de lances-tempête, Finch ? »

« Dix, monsieur, sans compter celles que nous avions déjà », répondit-elle. Elle avait baissé les lunettes pour protéger ses yeux de la poussière. La pression sur son nez altérait si légèrement sa voix que personne ne la connaissant bien ne l’aurait pas remarqué.

Nemo envisagea de faire de même, mais il trouva cela discourtois alors que Geary n’avait pas cette protection.

Alors qu’ils marchaient à travers le camp, Finch compta les Gardes-Tempête et les Lames-Tempête – notant combien d’entre eux portaient les lourds canons à foudre connu sous le nom de lance-tempête – ainsi que les fusiliers, les grenadiers, les commandos, les médecins, les mékaniciens de terrain et les troupes de soutien.

« Regardez, monsieur ! » Finch désigna un chariot rempli de caisses et un warjack recouvert de bâches. Le blaster-tempête distinctif d’une Luciole sortait de sa cachette. Au-dessus de ligne courbe de son épaule, un trio de bâton distinctives dépassait au-dessus du chargement, dansant là ou leurs porteurs étaient assis dissimulés derrière le hayon du chariot. « Forges-Tempête ! »

Nemo hocha la tête, espérant le meilleur. Idéalement, il aurait convoqué des équipages vétérans, des hommes et des femmes ayant combattu à ses côtés auparavant. Après le conflit dans le Bois d’Épines, cependant, il craignait que trop peu d’entre eux aient survécu pour qu’il fasse la fine bouche. Il devrait se contenter de ceux que le Seigneur Commandant avait jugé bon d’envoyer d’où ses forces récupéraient à Port Bourne.

De nombreux Forges-Tempête étaient non seulement brillants mais aussi disciplinés, professionnels et fiables. Pourtant, une fraction troublante des arcanistes et des mékaniciens les plus talentueux était aussi quelque peu, faute d’un meilleur terme, « excentrique ». Certains d’entre eux n’avaient tout simplement pas les bonnes manières, et leur comportement était tout au plus ennuyeux. En comparaison, cependant, certains pourraient faire du Sergent Mags Jernigan l’incarnation de la disciple militaire.

« Qui est-ce, Finch ? » Abandonnant sa propre prétention à la courtoisie, Nemo abaissa ses propres lunettes et chassa la poussière de ses yeux. « Pouvez-vous voir ? »

« Non, monsieur. Il y a trop de poussière dans le- Regardez, ils ont pu nous accorder un autre warcaster ! » Son enthousiasme retomba lorsqu’elle et Nemo entendirent la personne qu’elle avait désignée reprendre les ordres verbaux aux warjacks. « Oh, eh bien, un compagnon, quoi qu’il en soit ».

Le jeune homme marchait entre une paire de Cuirassés-Tempête, des warjacks lourds maniant de massives épées. La bannière de Cygnar flottait entre une paire de cheminées dégageant des nuages de fumée de charbon au-dessus de leurs épaules. Contrairement au Foudroyant, les Cuirassés-Tempête ne bénéficiaient de l’énergie galvanique que dans leurs puissantes lames génératrices. Ils se mouvaient toujours, comme la plupart des warjacks, grâce à la vapeur.

Nemo soupira. Il supposa qu’il fallait mieux recevoir un compagnon que pas de warcaster du tout. Néanmoins, il aurait préféré avoir Victoria Haley ou l’un des autres vétérans à ses côtés.
Notant son expression, Finch chuchota, « Essayer de ne pas effrayer celui-ci ».

« Quoi ? »

« Essayer de ne pas effrayer celui-ci, monsieur ! »

Les sourcils de Nemo s’arquèrent, mais avant qu’il ne puisse formuler une réplique cinglante, Finch fit signe au jeune homme d’approcher. Le compagnon ordonna à ses warjacks de s’écarter, permettant aux chariots et aux troupes qui suivaient de passer sans encombre, avant de se précipiter pour saluer. Il hésita entre s’adresser à Finch – à qu’il il aurait dû faire son rapport - et Nemo - dont la présence effrayait souvent les jeunes officiers et les poussait à enfreindre le protocole.

« Lieutenant Benedict, Compagnon, au rapport comme demandé, monsieur ! Et monsieur ! »

Avant que Finch ne puisse répondre, Nemo demanda, « Combien d’actions avez-vous connues, Benedict ? »

« J’ai servi comme pionnier pendant trois ans, monsieur. Lorsque mon talent est apparu, j’ai été envoyé à l’Académie de Stratégie Militaire, où j’ai été diplômé au printemps dernier. Depuis, j’ai participé à deux escarmouches contre le Cryx dans le Bois d’Épines cet été, monsieur. J’ai vu beaucoup plus d’action que prévu à Port Bourne pendant l’invasion, mais j’aurais aimé pouvoir vous rejoindre dans la marche vers le nord, monsieur ».

« Vous ne ressentiriez pas cela si vous aviez été là, Bénédict ».

« Oui, monsieur ».

D’après les rapports que Nemo avait lus sur les horreurs de Port Bourne, il savait que Benedict n’aurait pu vivre une épreuve plus pénible. Nemo espérait pour lui que le conflit actuel se révélerait moins terrible que l’action contre le Seigneur Liche Asphyxious. Il commença à se demander pourquoi Benedict était arrivé sans son maître, mais il connaissait déjà la réponse.

« Promotion sur le terrain ? »

« Oui, monsieur ». Benedict ne broncha pas, bien que la raison pour laquelle on envoyait un lieutenant plutôt qu’un capitaine était presque toujours la même. Son mentor était mort au combat, laissant son compagnon prendre sa place.

« Ces Cuirassés-Tempête vous ont-ils été affectés à Port Bourne ? »

« Non, monsieur. La majeure partie de mon expérience est avec des ‘jack légers, monsieur. Le Seigneur Commandant les a envoyé parce qu’il pensait que vous pourriez en avoir besoin, monsieur ».

Finch renifla en échouant à réprimer un ricanement. Nemo estima que si la pire qualité de Benedict était une prépondérance de « monsieur », il s’en sortirait parfaitement bien.

« Très bien, Benedict », répondit Nemo. Il s’arrêta avant de donner des ordres à l’homme. Au lieu de cela, il se tourna vers Finch.

« Emmène ces grands gaillards chez les mékano pour qu’ils les inspectent », dit Finch. « Fais-moi un rapport après qu’ils aient été autorisés à servir ».

« Oui, monsieur ! » Le salut de Benoît était aussi net qu’un col fraîchement amidonné.

Finch lui indiqua la bonne direction, et Benedict l’a remercia avec un sourire et un hochement de tête. Les taches de rousseur de Finch semblèrent s’éclaircir alors qu’elle rougissait.

Nemo regarda le compagnon regagner ses Cuirassés-Tempête. Benedict jeta un coup d’oeil furtif à Finch avant de demander aux warjacks de le suivre jusqu’à la tente des mékaniciens.

« Je ne peux même plus le dire », dit Nemo. « Quel âges penses-tu qu’il ait, Finch ? »

« Plutôt vieux », répondit-elle. « Vingt-huit ans, au moins ».

Nemo soupira.

En reportant son regard sur la place que Benedict venait de quitter, Nemo sursauta à l’inattendue matérialisation de trois hérauts-tempête se tenant en plein salut devant Caitlin Finch.

« Jimmies ! » S’écria Finch leur rendant leur salut avec un geste non réglementaire.

Les forges-tempête portaient de longs manteaux bleus identiques et tenaient leurs bâtons-tempête à des angles identiques. Nemo gémit intérieurement en reconnaissant leurs visages relativement jeunes.

Ces trois-là, il ne les connaissait que trop bien.

La plupart des forges-tempête étaient considérablement plus expérimenté que les compagnons warcasters. Ils étaient parmi les praticiens les plus habiles de la mékanique avancée, leurs rangs étant composés des mékaniciens et les mékamanciens les plus compétents, y compris ceux spécialisés dans les sciences de la tempête. Il était rare d’en rencontrer un de moins de trente ans, mais de temps en temps un prodige émergeait. Ces trois-là avaient été diplômés de l’Académie Stratégique Militaire ensemble.

Ou plutôt, pensait souvent Nemo, ils s’étaient en quelque sorte échappés.

« Baker, Smith, et Hurndall au rapport, monsieur ! » cria celui que Nemo estimait être Hurndall. Il avait l’air différent maintenant que ses longs cheveux blonds avaient viré au bleu vif.

Nemo fronça les sourcils à l’idée d’un forge-tempête Smith, mais il savait que la remarque sur ce nom malheureux ne ferai qu’évoquer une histoire de chien hirsute avec la phrase clé « Smith ». Au lieu de cela, il plissa les yeux vers Hurndall. « Qu’est-il arrivé à vos cheveux, forge-tempête ? »

« Lors d’une récente visite à l’Ordre du Creuset Doré à Fhari, monsieur, il y a eu un léger malentendu. Cela fait en fait une anecdote amusante si vous voulez l’entendre- »

« Dites-moi que vous n’êtes pas les seuls forgerons dont Striker peut se passer ».

« Non, monsieur », déclara Baker ou Smith, selon le rouquin. « Quatre autres arrivent avec les  Patrouilleurs-Tempête. Pond et McCoy sont avec les Lucioles. Jones et Troughton et leurs assistants ont les tours-tempête.

« Combien de lucioles et de tours ? »

« Deux de chaque, monsieur », répondit l’autre, Smith ou Baker.

C’était quelque chose. En fait, c’était plus que quelque chose. Bien que Nemo ait pu ergoter sur sa sélection de forges-tempête, Stryker avait envoyé beaucoup plus d’armement galvaniques que Nemo avait imaginé pouvoir en disposer. Il espérait que le Seigneur Commandant n’avait pas été imprudent en épuisant sa garnison alors que le Cryx demeurait une menace incontrôlée.

Nemo confia les spécialistes à Finch. Lorsqu’elle les renvoya en les avertissant que leur équipement devrait être prêt pour l’inspection dans l’heure, leurs saluts et leurs « Oui, messieurs ! » se succédèrent avec précision, ce qui fit lever à Nemo un sourcil suspicieux. Il ne pouvait jamais dire si ces farceurs étaient insolents ou simplement mentalement bizarres.
Alors qu’ils partaient, Nemo demanda à Finch, « Jimmies ? »

« Parce que leurs prénoms à tous est James ».

« Je croyais que l’un d’eux se nommait Gerald ».

« Jimmy honoraire ».

Exaspéré, Nemo se tourna vers l’Aumônier Geary. Le chevalier Précurseur se tenait à une distance respectueuse, mais ses yeux trahissaient son empressement à voir les captifs.
« Venez ». Nemo lui fit signe. « Débutons par l’atelier ».

Alors qu’ils retournaient vers l’ouest à travers le camp, Finch désigna la tente à cartes.

« Monsieur ».

À côté du garde se tenaient quatre mékaniciens, leurs yeux craintifs fixés sur Nemo.

« Bien sûr », dit Nemo. « Les cyrissistes de Mags ».

« Cyrissites ? » Dit Geary. « Vous en avez au sein de votre armée en ce moment ? »

« Si nous les disqualifions, nous perdrions la moitié de nos meilleurs mékaniciens. De plus, le roi leur a accordé le droit de pratiquer librement leur religion ».

« Les cyrissistes n’ont pas une religion mais un culte ».

Nemo s’empêcha de faire remarquer que la différence entre un culte et une religion était une question de perspective. Les menites, autrefois la religion dominante dans tout l’Immoren occidental, considéraient toujours l’Église de Morrow comme un culte, et hérétique de surcroît L’approbation par la Couronne d’un temple dans la capitale avait sûrement propulser le mouvement cyrissiste au-dessus de son statut auparavant marginal. La question était de savoir si c’était une religion amie ou ennemie. Les actions de cette secte de la Convergence soutenaient clairement la dernière réponse.

Nemo aurait voulu interroger les mékaniciens cyrissistes connus sans la présence de l’Aumônier Geary, mais il avait promis au chevalier de jeter un coup d’oeil aux soldats mécaniques et aux « vecteurs » et « serviteurs » capturés – des termes que la partie mathématique de l’esprit de Nemo trouvait intrigants et étrangement attrayants. Si seulement il avait pu étudier ces automates dans des circonstances moins éprouvantes, il aurait trouvé la perspective excitante, peut-être même relaxante.

« Monsieur », dit l’un des mékaniciens, « aucun d’entre nous n’a eu quoi que ce soit à voir avec ce qui s’est passé à l’atelier. Nous étions déjà là ».

« Que s’est-il passé à l’atelier ? » Demanda Nemo. Quand les hommes se regardèrent plutôt que de répondre, il se tourna vers l’homme montant la garde. « C’est une question, soldat. Que s’est-il exactement passé à l’atelier ? »

« Il y a eu une perturbation, monsieur. C’est tout ce que je sais. Le Major Blackburn s’est dirigé dans cette direction peu avant votre arrivée ».

« Gardez ces hommes ici ».

Nemo n’attendit pas une réponse. Il courut vers l’abri des mékaniciens, à peine capable de se lancer dans une course. Geary et Finch le suivait de près.

Des gardes entouraient la tente-atelier, y compris des troupes fraîches arrivées avec les renforts. Blackburn donnait des ordres à l’un des lieutenant venant d’arriver lorsqu’il repéra Nemo, puis courut à sa rencontre.

« Le Sergent Jernigan et deux de ses assistants sont portés disparus. Il en va de même pour les soldats mécaniques capturés, ainsi que les cylindres que vous nous avez montrés. Deux gardes du périmètre ouest ont été tués, déchiquetés par ces petits projectiles-scies que nous avons affrontés la nuit dernière ».

« Et les vecteurs ».

Blackburn tourna la tête selon un angle inquisiteur.

« Les warjacks ennemis, mec. Ils sont toujours là ? »

Il hocha la tête en signe de compréhension. « Oui, monsieur ».

« Que s’est-il passé exactement ? »

« Nous recueillons encore des rapports, mais nous savons qu’un escadron de soldats mécaniques a frappé l’atelier lors de l’attaque de Calbeck. D’après les empreintes de pas, ils se sont retirés par l’ouest, vraisemblablement pour retourner à Calbeck. J’ai des rangers traçant leur piste ».

Nemo pensa aux cyrissites connus sous garde dans sa tente des cartes. Combien d’autres étaient présents maintenant que les renforts étaient arrivés.

« Comment savons-nous que nos propres gens n’ont pas pris les automates et ne sont pas partis volontairement ? » Nemo jeta un coup d’oeil à Geary. Il détestait poser une telle question, surtout devant l’aumônier Précurseur, mais il avait besoin de la réponse.

« Nous avons trouvé des empreintes partant et revenant vers le bois occidental. Elles semblent provenir d’autres soldats mécaniques. Il y a des signes de lutte dans l’atelier, y compris une petite quantité de sang ». Blackburn souligna « petite quantité », peut-être en considération de l’amitié de Nemo avec Mags. « Je ne pense pas que nos gens se soient rendus sans se battre. Il est plus probable qu’ils aient été capturés ».

« Personne n’a été témoin de cet enlèvement ? »

« Rien que j’aie encore trouvé, monsieur Il y a eu beaucoup de confusion pendant l’attaque ».
« Et les commandos qui couvraient l’ouest ? »

Le visage de Blackburn se durcit. « Les survivants rapportent avoir vu du mouvement sur le chemin du retour, mais il avaient les mains occupées à ramener les blessés. Ils ont rencontré d’autres de ces sphères flottantes, différentes de celles que vous avez capturées. Celles-ci ont volé droit vers les hommes avant d’exploser ».

Des mines à tête chercheuse, pensa Nemo. Quelle mise en œuvre diabolique de la technologie !

« Je veux que ce village soit encerclé », dit Nemo. « Engagez toutes les nouvelles dont vous avez besoin. Les commandos en premier, mais utilisez les autres si vous en avez besoin pour couvrir le périmètre jusqu’à la Langue du Dragon de chaque côté ».

« Oui, monsieur ! » Blackburn retourna vers les hommes de l’atelier, en envoya deux comme messagers et partit vers l’ouest.

Furieux, Nemo observa le major partir. Il avait pris l’attaque du matin comme une sonde destinée à tester ses défenses. Il commençait à accepter la probabilité que l’ensemble de l’exercice était une vaste diversion pour couvrir le sauvetage.

Il avait mal jugé son ennemi. Mags en avait payé le prix.

« Général, s’il y quoi que ce soit que je puisse faire ... » Geary laissa platitude inachevée.

Nemo secoua la tête. Il essaya de résister à l’envie d’inspecter personnellement l’atelier. Blackburn était un officier aussi compétent qu’il ne l’avait jamais été. Pourtant, malgré ses plaintes concernant son comportement grossier, Mags était l’une de ses plus anciennes amies. Il devait voir par lui-même.

« Attendez ici », dit-il à Geary. Finch le suivi dans la tente.

Les dégâts apparaissaient moins terribles dans la réalité que dans son imagination. Une boîte de pièces était tombée au sol, renversant des engrenages et des vis sur l’herbe aplatie. Des outils étaient éparpillés sur une table où ils auraient normalement dû être rangé en ordre. Une traînée de bout de tissus menait à une boîte renversée. Peut-être que les assaillants avaient utilisés les tissus huileux comme bâillons ou liens pour les captifs.

Nemo trouva la tache de sang sur le coin de la lourde table. La description de Blackburn comme étant une « petite quantité » semblait être un euphémisme car Nemo imaginait qu’elle provenait de la blessure à la tête de son amie. Ils s’agenouilla pour regarder de plus près.

Finch se pencha par-dessus son épaule. Son hoquet d’inquiétude piqua sa propre peur de ce que les preuves lui disaient.

Il aperçut quelques fines fibres collées à la tache de sang.

« Finch, passe-moi une sonde à aiguille ».

Après une brève recherche, elle lui glissa l’outil dans la main. Il enleva les poils du sang. Sous l’ombre de la tente, ils ne distinguait pas la couleur. Il prit la découverte dans son gantelet et la transporta dehors. Les poils n’étaient pas noirs, mais même en pleine lumière du matin, il ne pouvait discerner s’ils étaient gris, blond, ou marron clair. Sa vue n’était pas si mauvaise qu’il avait besoin de lunettes, mais il avait pris l’habitude de porter des lentilles d’assistances lorsqu’il lisait quelque chose de plus long qu’une courte lettre. « Finch, va me chercher une- »

Avant qu’il ne puisse terminer, elle lui tendait la loupe qu’elle avait apportée de l’atelier. Il se renfrogna devant sa présomption avant de lever la lentille et d’examiner les poils.

Ils étaient épais, courts, droits et indéniablement gris.

« Morrow la préserve », murmura-t-il.

Finch lui tendit le bras, mais il se déroba à son contact.

« Nous avons encore les – comment le prisonnier les a appelés ? »

« Vecteurs », répondit Nemo. « Le prisonnier ! »

Il courut, et Finch courut après lui. L’aumônier se précipita après eux dans un futile effort de les suivre.

Les gardes et les mékaniciens s’écartèrent alors que Nemo se précipitait dans la tente des cartes. Là, sur la table, se trouvait la tête reconnectée et de la boîte vocale.

« Ils ne les ont pas tous eu ! » Dit Finch.

Nemo fronça les sourcils devant l’exubérance de la chasseuse de tempête. Remarquant son expression, Finch se calma et ajouta, « Il a prétendu que son chef échangerait des prisonniers ».

« C’est vrai », répondit la tête. Nemo réalisa qu’il aurait dû faire plus que couvrir sa lentille optique avec un chiffon. Le soldat capturé pouvait encore entendre.

Il se dirigea vers la table et retira la chambre d’essence de la boîte de jonction. Il fit une pause, incertain si la puissance résiduelle lui permettrait de continuer à entendre. Il décida de l’examiner en détail plus tard. Il sortit de la tente.

L’aumônier Geary arriva, soufflant d’effort. Une regard sur le visage en colère de Nemo l’empêcha de parler.

Nemo se tourna vers les gardes. « Je veux que ces mékaniciens soient séparés et isolés. Doublez la garde de cette tente, et gardez ces hommes sous constante surveillance visuelle. Demandez à quelqu’un d’apporter les appareils que j’ai laissés sur la table à l’atelier des mékaniciens ». Il s’éloigna, élaborant toujours son plan.

« Qu’est-ce qu’on fait, monsieur ? » Demanda Finch.

« Nous allons interroger ces cyrissistes, en commençant par notre captif restant ».

105
Aurora

Aurora supervisait l’attaque depuis le bord sud du pont d’observation. Sabina se tenait à ses côtés, le reste de ses gardes du corps derrière elles. Loin en contrebas, les forces de la Convergence tiraient sur le camp cygnaréen.

Alors même qu’elle étirait ses pensées pour diriger les Encodeur dans leur bombardement, Aurora sentit la tension de Sabina. Aurora ne plaisantait plus en disant que ses gardes du corps étaient trop serrées. Les personnes ayant résidé dans des vaisseaux mécaniques aussi longtemps que Sabina trouvaient que ces calembours plus pitoyables que spirituels.
Numen, Lances-Tempête à l’est », dit Sabina.


Aurora les avait vu. Une douzaine de chevaliers à cheval avaient quitté le camp dans une évidente tentative de manœuvre de flanc. Avec leurs lance foudroyante allumées, il était impossible de les manquer dans la lumière du petit matin.

Plutôt que de retirer les Encodeurs, Aurora toucha l’un des vecteurs lourds. Elle fit passer son mortier servipod du mode bombardement à celui de fusée et tira un coup directement au-dessus de la cavalerie. Une fusée éclairante blanche descendit vers eux, moins pour diriger des tirs supplémentaires que pour leur rappeler à quel points ils étaient visibles.

Avec les encodeurs restants, Aurora continua à malmener le camp avec une combinaison de mortiers anti-personnel et de mortiers anti tranchée. Les obus pleuvaient parmi les tentes, projetant des éclats d’obus dans toutes les directions, abattants les soldats n’ayant pas réussi à s’abriter à temps. Ailleurs, les obus à charge pénétrante laissaient d’énormes cratères dans le sol, gênant les mouvements.

Un morceau tomba directement sur une tente, soufflant dans les airs des bouts de toile et un nuage de gazon. Aurora nota aucun signe de mobilier ou de restes humains dans la brève explosion. Une autre tente explosa à proximité également vide de contenu.

« Je le savais », dit-elle en se tournant vers Sabina. « Nemo n’aurait jamais pu déplacer une telle force aussi rapidement. Il a semé des leurres à travers le camp ».

« Tu as été sage de sonder les défenses, Numen ».

Au sud-ouest, les lances-tempête avaient éperonné leurs montures au galop, sans tenir compte de la fusée éclairante. Ils se précipitaient vers ma quadrant est de Calbeck, apparemment sans défense.

Aurora détourna son attention vers les vecteurs légers qu’elle avait cachés sous une épaisse ronce. Les serviteurs avaient fait un excellent travail de camouflage sur les têtes et les torses des machines à trois pattes.

Aurora pris en premiers le contrôle des Diffuseurs. Les bras articulés des vecteurs leurs donnaient l’apparence de Galvaniseurs, un modèle similaire dédié à la réparation, amis cette impression était aussi trompeuse que le feuillage les dissimulant. Aurora ciblait l’ennemi à travers les capteurs des Diffuseurs, calculait la trajectoire optimale de ses projectiles et tirait avec ses armes à ressort. Les piques déchiqueteuses à tête chercheuse volèrent dans des trajectoires parfaites, faisant exploser le bouclier d’un homme et empaler deux des autres cavaliers.

L’esprit d’Aurora sauta ensuite vers l’Atténuateur, ne se distinguant physiquement des Diffuseurs que par son châssis supérieur et son arme à distance. Sa chambre d’hurlon bourdonnait tandis que les bolas tournaient à l’intérieur, il vola en hurlant vers la cavalerie, son filet à lame enveloppant les jambes de deux chevaux, déchiquetant la chair des animaux. Les montures hurlèrent et chutèrent, entraînant leurs cavalier avec elles. Dans leurs luttes, ils ne firent qu’agraver leurs blessures.

En d’autres circonstances, Aurora aurait laissé les vecteurs charger pour achever le travail. Elle pouvait entendre la tension dans les membres de ses anges se penchant en avant, impatients de se joindre au conflit. Mais ce n’était pas un assaut, se rappela Aurora.

Ce n’était qu‘un test.

Le hurlement d’une mitrailleuse s’éleva d’une tranchée à la limite du camp cygnaréen. Aurora ressentit un éclair d’irritation en réalisant que ses serviteurs n’avaient pas réussi à repérer à la fois la tranchée et la présence d’un canon lourd. Qu’est-ce qu’ils auraient pu manquer d’autre ?

La colère réchauffa à peine ses joues avant de se transformer en un pincement de culpabilité. Elle connaissant parfaitement les limites de serviteurs lorsqu’elle leur avait confié la tâche d’éclaireurs. Contrairement aux vecteurs, qu’elle contrôlait directement, ou aux soldats et prêtres mécaniques autonomes, les serviteurs étaient limités par leurs algorithmes de réponse à la situation. Ils ne pouvaient héberger que les listes les plus succinctes d’ordres conditionnelle encodées à partir des petites feuilles de laiton leur fournissant leurs instructions. Même les serviteurs les plus avancés ne pouvaient pas approcher la capacité d’une âme vivante à comprendre ce qu’elle voyait et à relayer cette information de manière convaincante.

Aurora aurait du envoyer des troupes de reconnaissance dans le camp avant de monter son opération de sauvetage, mais elle avait concentré son attention sur l’infortunée mission de récupération. Le résultat était un mauvais renseignement sur le camp ainsi que la perte d’un autre Moniteur et de huit de ses réducteurs.

Même sans le Premier Préfet Pollux pour le lui rappeler, Aurora savait qu’elle ne pouvait s’en prendre qu’à elle-même pour ces erreurs.

« Numen, Commandos », dit Sabina. Elle pointa vers l’ouest, à l’orée des bois où Nemo avait tendu une embuscade à son équipe d’intervention.

Au début, Aurora ne remarqua rien, puis elle perçut le faible mouvement d’hommes à travers les bois. Si l’automne n’avait pas dépouillé les feuilles, ils auraient peut-être été invisibles depuis la terrasse d’observation.

« Dois-je avertir le Recenseur Prime Septimus ? »

« Non », répondit Aurora. Elle avait ordonné au prêtre mécanique de garder ces troupes en réserve pendant qu’elle employait les vecteurs pour sonder les défenses de Nemo. « Nous garderons les soldats en place derrière les Encodeurs. Je veux voir comment ces cygnaréens réagissent aux serviteurs réflexes.

Confiante qu’elle entendrait cette réaction lorsqu’elle se produirait, Aurora reporta son regard vers l’est.

Tandis que la cavalerie survivante se retirait hors de portée de l’Atténuateur et des Diffuseurs, deux des lances-tempête démontèrent et coururent vers les cavaliers tombés L’un d’eux avait besoin d’aide pour marcher, mais tous deux avaient échappé à leurs montures tombées.

Malgré leurs efforts, les sauveteurs ne purent libérer les chevaux des filets à lames. Aurora conserva le visage impassible alors que les chevaux tombés se débattaient, les lames s’enfonçant plus profondément dans leurs jambes. Lorsque l’inutilité de la fuite devint évidente, l’un des sauveurs leva sa lance et tira un coup de grâce dans le crâne d’un cheval.

Aurora tressaillit. Elle jeta un coup d’oeil subrepticement sur le côté pour voir si Sabina avait remarqué sa réaction à la mort de l’animal. Si elle l’avait fait, elle n’en trahissait aucun signe.

Après avoir euthanasié le second cheval, les sauveteurs prirent la fuite à pied. Si elle les laissait battre en retraite sans être inquiétés, Nemo pourrait la croire faible.

Elle reporta son attention sur un Diffuseur, cibla un des hommes retraitant, et tira. Une pique à tête chercheuse lui transperça la poitrine et fit tomber son corps mou au sol.

Alors que la lance échappait de sa main, quelque chose se tordit dans les tripes d’Aurora. Elle n’arrivait pas à décider si elle trouvait juste ou pathétique qu’il soit le seul à mourir après avoir sauvé ses hommes et abattu leurs chevaux.

Dans les deux cas, elle n’avait pas donné l’apparence d’être faible.

Un éclair attira le regard d’Aurora vers le centre du camp cygnaréen. Le Foudroyant était en mouvement. Alors qu’il traversait le camp, deux paires de warjacks plus petits arrivèrent à ses côtés. Aurora les reconnut grâce à ses plaques d’identification qu’elle avait étudiées. C’étaient des Lanciers et des Lucioles. Les premiers étendraient la portée des sorts de leur warcaster, tandis que les seconds pourraient tirer des éclairs , tout comme le Foudroyant et son responsable.

« Où est Nemo ? » dit Aurora. Elle plissa les yeux vers le terrain mais ne put le repérer.

Aurora imagina que la main de la déesse avait dirigé Sebastian Nemo vers ce premier important conflit avec la Convergence. Le Recenseur Prime Septimus avait dit à Aurora que des cyrissistes de plusieurs factions de Caspia avait fait des démarches répétées au général Artificier. Un esprit aussi vif aurait fait un magnifique ajout à la direction.

Ou un splendide triomphe pour celui qui le vaincrait.

« Le voici », répondit Sabina.

Nemo et son assistante sortaient de derrière une longue tente. Un peloton de Lame-Tempête suivait, leurs glaives s’enflammant pendant qu’ils couraient.

Le Foudroyant sauta la tranchée suivi un instant plus tard par les Lucioles et les Lanciers. Les plus petits warjacks tenaient dans leur main droite des électro-vouges grésillantes ou des lances de guerre. Sur le bras gauche des Lucioles étaient montés des blasters-tempête, la foudre scintillant déjà le long des bobines des armes. Les Lanciers levèrent leurs boucliers et coururent devant les autres warjacks, s’exposant à une charge des Encodeurs.

Aurora ne se laisserait pas prendre à un autre piège. Elle étendit ses pensées pour ordonner aux Encodeurs de battre en retraite. Cette fois, Nemo devrait venir à elle.

Avec son apprenti à ses côtés, Sebastian Nemo sauta la tranchée derrière les warjacks. Durant un instant, il sembla planer au-dessus du vide, ses cheveux dressés et illuminés par la foudre partant des bobines dans son dos jusqu’à la tête de son bâton mékanique.

Cette brève image coupa le souffle à Aurora. Par deux fois maintenant, elle avait aperçu les cheveux blancs comme neige de son ennemi. Une fois, elle avait même été assez proche pour remarquer les profondes rides de son visage vieilli. Elle se demandait comment quelqu’un d’aussi vieux pouvait paraître aussi vif, en aussi bonne forme physique.

Les Lames-Tempête suivirent le warcaster au-delà de la tranchées, glaives ou lanceurs-tempête dans les bras. L’instant d’après, les pionniers sortirent de leur cachette, les carabines brandies, et avançant en biais, laissant de la place entre eux pour le servant de la mitrailleuse cuivre leur avance.

Alors que les vecteurs se retiraient, Septimus ordonna à ses obstructeurs de se positionner devant eux. Une fois devant les vecteurs, les soldats mécaniques entrelacèrent leurs boucliers festonnés pour former un mur de boucliers. Il se tenaient là, fléaux télescopiques levés, prêts à écraser quiconque s’approcherait de leur ligne.

Aurora retourna ses pensées vers les Encodeurs, ajustant leur visée pour tirer sur les cygnaréens avançant. Les explosions faisant pleuvoir de la terre et de l’herbe sur le Foudroyant et les Lucioles, mais aucun ne fut touché directement.

Un vrombissement silencieux indiqua à Aurora que Sabina agrandissait sa vision alors qu’elle observait les warjacks. Pour la millième fois, Aurora pleura ses yeux de mortelle. Elle aurait dû apporter une longue vue, mais la porter à ses yeux ne ferait que rappeler à sa garde du corps son corps charnu.

« Pas même une égratignure », déclara Sabina.

Une autre volée de servipods bombardiers oblitéra deux pionniers, peignant leurs camarades les plus proches en rouge et noir.

Une explosion dans le bois est attira l’attention d’Aurora. Une autre suivit, cette fois avec le craquement et le cri agonisant d’un arbre abattu. Au milieu de la clameur des branches claquant, les cris des commandos pensant s’approcher sans être détectés. Les serviteurs réflexes avaient remplis leur fonction, détectant leur mouvement et volant droit vers les hommes pour exploser à l’impact.

Nemo leva son arme. À côté de lui, son apprentie fit de même, guidant la foudre depuis les bobines galvaniques du warcaster et la dirigeant vers le Foudroyant devant eux.

Un cercle flamboyant de runes apparut autour du corps de Nemo, tournant lentement tandis qu’il s’emplissait de puissance arcanique. De son bâton et de sa main vide, des éclairs bondirent vers le ciel et disparurent. La tempête voltaïque réapparut à l’extrémité de la ligne cygnaréenne avançant, d’où elle jaillit de l’un des Lanciers.

L’éclair se dirigea vers l’obstructeur le plus proche, soulevant le soldat mécanique du sol dans une hideuse danse avant de sauter vers le suivant. Le deuxième soldat tint bon alors que la foudre noircissait son bouclier, et la foudre continua de voyager le long de la ligne. Avant qu’elle ne disparaisse, deux obstucteurs étaient au sol, tandis que les autres refermaient les espaces afin de conserver leur mur de protection.

Avant que l’esprit d’Aurora n’ait pu assimiler la rapidité de l’attaque, la tempête de Nemo jaillit à nouveau, cette fois du Lancier opposé. La chaîne d’éclairs partit du warjack pour démolier cinq des réducteurs de Pollux.

Les lucioles firent feu ensuite, les éclairs jaillissant de leurs blasters-tempête. Chacun d’eux fit vaciller une autre paire d’obstructeurs, noircissant et faisant fondre leur armure. Les défenseurs tirent bon, mais Aurora savait qu’ils ne pourraient pas résister à beaucoup d’autres attaques de ce type.

Le Foudroyant leva ses bras, paumes bleues ouvertes vers l’Encodeur le plus proche. Des arcs électriques bondirent à travers ses bobines galvaniques, coruscant chaque bras bleu pour converger en un points entre ses mains étendues. Là, les éclairs se concentrèrent pendant un instant avant de bondir vers l’Encodeur.

Des rivets surchauffés éclatèrent du corps de l’Encodeur. L’un de ses bras fur secoué et parti en vrille. Il vola à travers le champ jusqu’à ce que sa pointe sur piston s’enfonce profondément dans le sol et y reste plantée telle une bannière.

« Une telle puissance », dit Sabina.

« Il faut que je descende », déclara Aurora.

« Numen, vous venez de voir de quoi il est capable. Vous devez rester à l’écart ».

Aurora sauta du pont d’observation. Ses ailes déployées attrapèrent l’air et guidèrent sa course avant même que le champ de vol ne s’installe. Ses gardes du corps bondirent après elle, leurs propres ailes mécaniques contribuant à peine à leur vol.

Alors qu’elle plongeait vers le conflit, Aurora fit appelle mentalement au Moniteurs à l’est et aux Moniteurs en réserve. Les vecteurs répondirent instantanément. Aurora pouvait presque sentir les bolas tranchants et leurs scies elliptiques s’enclencher. Ils ne feraient qu’une bouchées de l’infanterie de Cygnar.

À la vue d’Aurora et de ses anges mécaniques descendant du nexus astrométrique, Septimus fit signe à la majeure partie de ses troupes d’avancer.

Avec le premier préfet Pollux à leur côtés, les réducteurs tenaient bon, les  projecteurs d’essaims levés pour tirer sur tous ceux étant à sa portée.

Des éradicateurs au torse épais s’avancèrent pour défendre les réducteurs. Aurora pouvait presque entendre les lourdes lames de leurs boucliers protéiformes lorsqu’elles se déployèrent pour transformer les boucliers en armes mortelles.

Les réciprocateurs suivaient de près, leurs propres boucliers prêts à s’imbriquer pour former un autre mur ou à guider leurs longues hallebardes par-dessus les éradicateurs devant eux.

« Numen, je vous prie, reculez », cria Sabina. « Permettez-nous de vous défendre de tous côtés ».

« Non », cria Aurora. « Nemo a démontré ce qu’il peut nous faire. Maintenant nous allons lui montrer ce que nous pouvons lui faire ! »

Aurora mena ses anges dans une charge sur les Lames-Tempête. Alors qu’elle levait son arme, elles se mirent en formation d’attaque derrière elle. Des années d’entraînement et de combat les avaient affinées pour en faire une arme unifiée, avec Aurora à sa pointe.

Les chevaliers levèrent leurs glaives trop tard pour se sauver. Aurora fit tournoyer son bâton polynomial dans une configuration mortelle, frappant tous les hommes à sa portée. La plupart d’entre eux tombèrent, les crânes défoncés, les membres brisés ou sectionnés. Ceux qui survécurent tombèrent sous les lames binomiales des anges.

Aurora poursuivit son vol, balayant ses propres lignes de front avant que les forces  cygnaréennes ne puissent contre-attaquer.

« Numen ! » S’écria Sabina. « Nous devons nous retirer maintenant ! ».

Aurora lui lança un sourire d’incrédulité. « Tu es sérieuse ? Après ce qu’on vient de leur faire ? »

« Numen, regarde ! » Sabina pointa du doigt.

Un nuage de poussière s’élevait au sud-est. Autour des bois à l’est , une ligne de Lances-Tempête chargeant. À eux seuls, ils constituaient une redoutable mais pas insurmontable force.
La véritable menace suivait derrière eux.

L’infanterie et les chariots venaient derrière les cavaliers, ainsi que plusieurs warjacks lourds voyageant par leurs propres moyens. Même d’un coup d’oeil, Aurora put remarquer qu’ils étaient approvisionnés, chargés et prêts pour la bataille.

L’illusoire armée de Nemo devenait rapidement trop importante.

Aurora calcula silencieusement ses chances en se basant sur les informations existantes. Si elle déployait toutes ses forces, elle écraserait sûrement les forces actuelles de Nemo, mais pas avant l’arrivée des renforts cygnaréens.

Elle pesa le danger de lancer une attaque immédiate contre la probabilité d’épuiser ses forces au point de ne plus pouvoir défendre le nœud de réalignement contre les autres.
Dans son hésitation, les pionniers de Nemo tirèrent une fulgurante volée contre ses troupes. Quelques-unes, précédemment endommagées par la foudre, tombèrent, mais d’autres réciprocateurs restèrent debout, boucliers verrouillés. Les réducteurs et les éradicateurs se tenaient prêts à charger sur son ordre.

Ou battre en retraite.

Aurora se rappela qu’elle n’avait pas besoin de détruire Nemo pour le vaincre. Le temps était de son côté.

Elle changea de cap, volant à basse altitude pour appeler Septimus. « Toutes les forces se replient en formation ».

Le prêtre obéit, relayant l’ordre aux premiers préfets, qui transmirent les ordres aux préfets de chaque escouade.

Aurora raccourcit la portée des mortiers des Encodeurs et déclencha une nouveau barrage. Cette fois, elle laissa une ligne de cratères juste devant l’ennemi avançant. Comme la fusée précédente au-dessus de la cavalerie, ce n’était pas une attaque mais un avertissement. Elle avait tracé une ligne dans la terre battue.

La question était de savoir si Nemo la franchirait.

De l’autre côté du terrain, Nemo leva la main. Il aboya un ordre. Elle ne put entendre ses paroles, mais elle vit ses officiers les relayer de part et d’autre de la ligne d’attaque. Il atteignit les deux extrémité qu’Aurora réalisa avec un choc à quel point elle avait été proche de les vaincre.

Elle jura entre ses dents, mais il était trop tard pour changer d’avis. Les cygnaréens se retirèrent dans leur camp. Si elle devait poursuivre, elle devait poursuivre, elle devrait également faire face à un nombre incertain de renforts.

Aurora retourna au nœud de réalignement. Elle avait débuté l’escarmouche comme un test, mais elle pouvait sentir le désir de victoire monter dans son ventre. Stopper l’attaque des cygnaréens n’était pas le triomphe qu’elle avait envisagé, mais les tenir à distance était un pas de plus vers le succès dont elle avait besoin.

106
LA SECONDE HARMONIQUE

Les principes mathématiques lient la réalité à la conscience.

Nemo

« Oui, qu’y a-t-il ? »

Sebastian s’assit, grimaçant face à la douleur qu’il ressentait encore dans sa poitrine. Sa main dériva spontanément vers la cicatrice en forme de croissant infligé par le rôdeur cryxien qui l’avait frappé. Sans l’intervention de Victoria Haley, Nemo serait sûrement mort parmi mes arbres austères du Bois d’Épines. Ses doigts glissèrent le long les lèvres de la cicatrice sur son ventre.

Nemo n’avait survécu que grâce à un miracle divin – ou plutôt, grâce à plusieurs miracles. Les efforts concertés de plusieurs prêtres morrowéens avaient finalement soigné sa grave blessure. Malgré leurs assurances, il savait au fond de lui même qu’il continuerait à ressentir la douleur de ses blessures jusqu’à sa mort.

Jusque-là, elles ne s’arrêtaient pas.

Il balança ses jambes sur le côté de son lit et sentit l’herbe froide sous ses pieds nus. Le surprenante sensation lui rappela que les renforts – et le conforts relatif de leurs chariot de ravitaillement, dont l’un, espérait-il, contenait son tapis – n’étaient pas encore arrivés.

Une torche se glissa sous le rabat de la tente. Nemo pinça l’arête de son nez et plissa les yeux vers l’ombre du soldat se tenant dehors. « Eh bien, qu’y a-t-il ? »

Les pieds de l’homme tremblaient. Le rabat de la tente s’ouvrit. Un soldat au visage frais regarda à l’intérieur. « Je demande pardon au général, je n’ai rien dit », déclara le jeune homme. « Monsieur ».

Les lèvres de Nemo se pincèrent, mais avant qu’il ne puisse formuler une réprimande, il réalisa que le garde n’était pas à blâmer. C’était le son de son prénom qui l’avait tiré de sa torpeur. Personne dans le camp – excepté l’effrontée Mags Jernigan, n’osait lui parler ainsi.

« Sebastian », croyait-il avoir entendu. Le reste s’était dissous avec le souvenir du rêve.

Était-ce Wilhelmina qu’il imaginait l’avoir appelé ? Madeleine ? Il s’efforça d’imaginer les visages de sa femme et sa fille. Cela faisait longtemps qu’il n’avait vu ni l’une ni l’autre, que sa mémoire transposait sur leurs traits ceux des autres – amantes, apprentis, collègues, amis, ennemis, incessant défilé de visages brièvement entraperçus, puis disparus.

Mina était décédée de la brèche du souffle quelque mois après avoir emmené Madi et abandonné leur maison. Il n’avait même pas été présent pour sa mort. Au lieu de cela, il était loin, à défendre le Cygnar.

Du moins, c’est ce qu’il s’était dit dans sa jeunesse. Maintenant, il était capable d’admettre que ce qu’il faisait réellement était de venger la mort de son frère mort sous son commandement. Les décennies avaient avaient refroidis ses besoins de punir les ennemis de Cygnar, de se montrer digne après son grand échec précoce. Ce qui restait était un réflexe très ancré de servir son pays au mieux de ses capacités.

Certains prenait cela pour du devoir. Nemo le prenait pour ce que c’était : une vieille habitude dont il ne pourrait jamais se défaire.

Même lorsque Maddie lui avait été rendue, il devint vite évident que Nemo ne pouvait pas s’occuper d’elle tout en restant au service du roi. Il l’avait envoyée être élevée par ses sœurs à Écupoint, pensant que c’était mieux ainsi. Lorsqu’il lui rendait visite, il la trouvait maussade et peu communicative, alors que les lettres de ses sœurs la décrivaient comme vivante et brillante. Une fois majeure, Maddie avait quitté la maison et juré de ne plus jamais parler à ce père ayant choisi la guerre plutôt que sa famille.

Nemo l’avait cherchée, bien sûr. Il l’avait écoutée, dans l’obscurité de la galerie supérieure, défendre sa thèse sur la littérature ancienne. Lorsqu’il avait qu’un jeune homme la courtisait, il s’était renseigné jusqu’à ce qu’il soit sûr de la personnalité de l’homme et de celle de sa famille. Il avait envoyé anonymement des cadeaux à l’occasion de leur mariage et des anniversaires de leurs trois enfants, deux garçons et une fille, jusqu’à ce qu’il apprenne que Maddie les jetait toujours.

Il lui avait presque parlé, une fois, bien après que ses propres enfants aient quitté la maison. De l’autre côté de la rue de la boutique de livres rares de Maddie à Corvis, il l’avait aperçue à travers la vitre de la devanture. La pluie avait dissous son image devant lui, mais il avait pu voir qu’elle l’avait aperçu. Il s’était empressé de partir, se sentant coupable d’être un voyeur. Il n’était jamais revenu depuis.

La seule image immuable qu’il conservait était celle des yeux bleus de Maddie fixés tel une paire d’étoiles polaires dans un ciel se dissolvait.

« Avez-vous besoin d’aide, monsieur ? » Demanda le garde.

« Non. Ferme le rabats! Tu laisse entre un courant d’air ».

Le fait même qu’il ait rêvé indiquait à Nemo qu’il avait dormi plus longtemps que prévu. Lorsqu’il travaillait sur un problème technique, il pouvait passer des semaines sans faire plus qu’une sieste occasionnelle. Après l’éprouvant voyage depuis Port Bourne et les préparatifs précipités pour attirer d’autres intrus dans son piège, son corps était épuisé.

Si seulement il pouvait calmer son esprit assez longtemps pour le laisser récupérer.

Tout en enfilant des bas de laine, Nemo se dit que son piège n’avait que partiellement réussi. Il avait espéré observer le chef de cette armée mécanique en action. Mais après sa brève rencontre avec les Cerbères, la warcaster volante était devenue prudente.

La technologie permettant à la warcaster et à ses gardes ailés de voler avait étonné même Nemo, qui avait d’abord examiné la science particulière du Culte de Cyriss à partir d’objets récupérés dans l’un de leurs temples souterrains abandonnés. Les étudier avait inspiré certains de ses propres perfectionnement sur des dispositifs telle le puissant Foudroyant. La similitude entre les dispositifs cyrissistes et ses propres créations voltaïques avait suscité une profonde curiosité chez Nemo, mais la défense de son pays lui laissait peu de temps pour poursuivre sa curiosité.

La guerre passe avant tout.

Nemo accepta le fait qu’il ne dormirait pas plus longtemps. Il enfila le reste de ses vêtements et sortit.

« Ou est le mess ? » Demanda-t-il.

Le soldat lui indiqua l’une des tentes camouflées. « Monsieur ! »

J’enfilerai mon armure à mon retour. Qu’un préposé soit prêt ». Il s’éloigna tandis que le soldat saluait.

À l’intérieur de la tente mess, un cuisinier de la patrouille ajoutait des flocons d’avoine et des pommes séchées dans une marmites bouillante, tandis qu’un autre qu’un autre préparait des pâton de pâtons de pain à cuire. Une dernière remarqua l’entrée de Nemo et se mit a préparer une théière.

« Tu te lèves tôt, vieil homme », dit Mags Jernigan. La mékanicienne était assis seule au centre d’une longue table du mess.

Nemo s’assit face à elle. « Tu te lèves tard, vieille femme ».

« Tu ne peux pas m’appeler comme ça », dit-elle. « Je suis née douze jours et demi après toi ».

« J’avais oublié ».

Un des hommes s’approcha et posa sur la table la théière en argent de Nemo et une assiette de biscuit. « Voulez-vous un petit-déjeuner, monsieur ? »

Nemo lui fit signe de partir.

Mags réquisitionna la théière et versa le thé pour Nemo. « Je n’oublierai jamais la fête d’anniversaire qu’ils ont organisé pour nous deux après la bataille de Bleeding Rock Gulch. J’avais parié avec Striker 100 couronnes que je te saoulerai avant la fin de la soirée ».

« J’avais oublié ça aussi ».

« C’est parce que j’ai gagné ! » Elle éclata de rire et frappa la table, faisant sauter les biscuits de l’assiette. « C’est un miracle que tu te sois souvenu de ton propre prénom le lendemain matin ».

« Tu exagères ».

« Pas beaucoup ». Elle pris l’un de ses biscuits et en prit une bouchée avant de le remettre dans son assiette. « Toi et moi, nous nous souvenons juste de choses différentes. Si je te donnais un crayon maintenant, je parie que tu pourrais dessiner les schémas du Patrouilleur-Tempête de mémoire. Mais je parie aussi que tu ne peux pas nommer la taverne où nous avons partagé une pinte pour la première fois ».

Nemo haussa les épaules et sirota son thé, prétendant qu’il s’en fichait tandis que son esprit luttait pour trouver ne nom de la taverne. Sans succès. Mags avait raison sur leurs différents souvenir.
Son anecdote lui rappela qu’il l’avait vue dans une robe soleil, montrant des épaule parsemées de taches de rousseur au lieu de tatouages. Il pouvait presque l’imaginer telle qu’elle avait été trente ans plus tôt, avant qu’elle ne perde sa jambe à cause d’un mortier khadoréen et ses seins à cause d’un cancer.

« Moi, par contre, je me souviens encore de l’époque où tu étais trop poli pour regarder mes seins ». Elle se servit une tasse dans la théière réservée à son usage exclusif. Si un autre officier subalterne avais commis une violation aussi insolente du protocole, Nemo l’aurait pelé. « C’est dommage que tu développe l’intérêt maintenant qu’ils ne sont plus là ».

« Je regarde tes tatouages », dit Nemo, presque aussi gêné qu’ennuyé. « Quand les as-tu eus ? »

« Environ un an après le cancer », répondit Mags. « Je préfère un bel ensemble d’engrenages aux cicatrices ».

« Ils te font ressembler à l’un de ces soldats mécaniques ».

« Toujours aussi charmeur. Tu vas me faire tourner la tête ».

« Est-ce que tous les cyrissiste ont de tels tatouages ?

Mags cligna des yeux deux fois mais rit ensuite. « Je suis allée à des réunions une ou deux fois. Cela ne fait pas de moi une disciple ».

Nemo fronça les sourcils en considérant sa réponse. Il y avait beaucoup de cyrissistes occasionnels à l’Académie de Stratégie Militaire et au sein du Syndicat des Ouvriers du Métal et de la Vapeur, et il y en avait encore plus parmi les Forges-Tempête, donc l’aveu  de Mags n’était gère choquant. D’après son expérience, cependant, les gens fournissaient plus d’informations pour faire taire que pour poser des questions. Il la fixa dans les yeux.

« Oh, allez, ‘Bastian, Les cyrrisistes ont invité tous les mékaniciens et les arcanistes à un moment ou un autre. Bon sang, j’ai entendu dire qu’ils t’avaient même invité quelques fois ».

« Et j’ai assisté à l’une de leur de leurs réceptions. À combien y as-tu assisté ? »

« Quatre », dit-elle en levant sa tasse. « Ce n’était pas – si tu me permets l’expression – mas tasse de thé ».

« Pourquoi pas ? »

« Il n’y avait pas assez de jeunes hommes costauds aimant les vieilles mékanicienne sans poitrine. Avec toutes les années que j’ai passé ici, l’armée pourrait m’équiper d’une paire mékanique ».

Nemo cracha, aspirant le thé chaud par le nez.

« Ou au moins une meilleure jambe », dit-elle. Son ton était devenu sérieux. « Tu pourrais m’aider avec ça, si tu le voulais. Un p’tit mot gentil pour moi ».

Nemo soupira et hocha la tête, essayant de ne pas laisser apparaître la culpabilité sur son visage.
Il avait promis à Mags de réduire les formalités administratives de la logistique et de déplacer son nom en haut de la liste d’attente, mais la vérité était qu’il avait oublié. Il y avait toujours une affaire plus urgente réclamant son attention. Elle avait supposé qu’il avait déjà intercédé, et il avait trop honte de lui avouer le contraire. « Je le ferai », dit-il. « Dès que nous aurons un moment de paix ».
« Promis ? »

« Promis ».

Mags hocha la tête, mais son sourire n’atteignit pas ses yeux. « Donc, à propos de cette histoire de Cyriss, il y a deux garçon dans le magasin qui en savent plus que moi. Tu veux que je te les envoie ? »

Nemo épongea sa moustache avec une serviette, reconnaissant que le geste lui permettait de couvrir son embarras, à la fois face à ses remarques grossières sur des seins manquants et à son chagrin de ne pas avoir fait plus pour l’aider à acquérir une meilleur prothèse. « Oui, après notre briefing ».

« Quel briefing ? » Demanda-t-elle.

« Celui que tu vas donner sur les soldats mécaniques », dit Nemo. « Il aura lieu dans la tente des cartes, et il débute dans une heure ».

* * *

Malgré lui, Nemo savoura le bruit de Mags courant jusqu’à l’atelier, mais il grimaça aux crissement que sa vieille jambe mékanique faisait entendre à chaque pas. Il aurait pu la réparer lui-même si seulement il avait pu dégager du temps pour quelque chose de moins urgent qu’une menace pour le pays. Bientôt, se promit-il, il trouvera ce temps. Bon sang, il fera d’elle la meilleure jambe mékanique de tout Cygnar. Malgré leur joyeuse guerre, Mags était plus qu’une amie pour lui. Elle était ce qu’il avait de famille proche.

Cette pensée fit naître un sentiment de culpabilité dans son estomac. Combien de promesse avait-il fait – et rompue – à sa famille ? Mags avait raison raison de lui donner du fil à retordre, même si elle prenait un plaisir indécent à le titiller.

Nemo se demandait parfois pour quoi il s’entourait d’incorrigibles comme Mags Jernigan et Ford Blackburn au lieu de soldats plus disciplinés. Il connaissait la réponse, même s’il n’aimait pas l’admettre. « L’exacerbation créée les joyaux. Vos meilleurs idées viennent toujours après que quelqu’un vous ait rendu grincheux ». C’est ce que Mina lui avait toujours dit, à l’époque où elle l’aimait encore.

C’était il y a mille ans.

Nemo chassa la nostalgie obscurcissant ses pensées. Il était crucial qu’il se concentre sur les problèmes actuels, et non sur ses échecs passés.

Alors que sa petite compagnie attendait des renforts des Port Bourne, Nemo se sentait vulnérable si proche de la force cyrissiste tenant Calbeck. Une partie de cela, réalisa-t-il, était purement une réaction psychologique aux vues extraordinaires des deux derniers jours. L’énorme tour au centre du village était un spectacle intimidant. Que quelqu’un puisse ériger une telle structure en secret était presque inconcevable.

Nemo avait employé une compagnie de mercenaires pour enquêter sur les rapports d’inhabituels warjacks dans la région, mais jusqu’à ce que la capitaine des Cerbères, Samantha MacHorne, lui ce qui se trouvait sur la rive sud du Fleuve du Dragon, il n’aurait jamais pu imaginer qu’une force ennemie avait pris pied dans son pays.

Nemo trouva le rabat de sa tente ouvert et Caitlin Finch l’attendant à côté du cadre portant son armure-tempête. Elle avait déjà enfilé sa propre armure, et elle ne le vit pas tout de suite, car elle couvrit une bâillement avec sa main. Elle transforma le geste en un salut intelligent dès qu’elle le vit se tenir dans l’entrée.

Nemo lui tourna le dos sans un mot. Finch savait quoi faire.

Malgré ses améliorations constantes, son armure personnalisée restait difficile à enfiler sans assistance. Finch mit en place ses bottes, ses crevasses et ses chausses en place, les fixant et revérifiant que les loquets encastrés et les assemblages conducteurs restaient au même niveau que la surface de l’armure.

Nemo enfila sa robe de combat et laissa tomber ses jupes à ses pieds avant de lever les bras pour recevoir le plastron. Après avoir fixé les gantelets, les brassards, les canons supérieurs et les épaulettes, il se prépara à recevoir le poids de la turbine arcanique. Ces jours-ci, c’était toujours plus lourd que prévu.

Nemo activa la turbine et sentit son champ statique passer des doigts invisibles sans ses cheveux. Sa moustache se hérissa et les derniers grains de sommeil s’évaporèrent de ses cils.

Finch recula, le visage figé dans la lueur bleue-blanche de l’aura électrique de Nemo. « Y a-t-il autre chose, monsieur ? »

« Briefing à l’atelier », dit-il en vérifiant sa montre. « Tu as juste assez de temps pour prendre un petit déjeuner rapide ».

* * *

Nemo attendit quelques secondes avant d’entrer dans la tente des cartes précisément à l’heure. Il fut satisfait de voir le Sergent Jernigan, la Chasseuse de Tempête Finch et le Major Blackburn l’attendre. Ils se tenaient entre le corps partiellement démonté d’un warjack ennemi et un soldat mécanique démantelé. À côté de chacun d’eux se tenait un cylindre de verre, le plus grand étant sombre, le plus petit brillant d’un bleu-blanc constant.

« Allez-y », dit-il sans préambule.

Mags tenait une main charnue au-dessus du soldat. « Tout d’abord, il n’y a pas de coeur énergétique, pas de foyer, pas de chambre tempête, rien que je puisse identifier, en tout cas ».

« Mais comment- ? » Commença Finch.

« Finch », dit Nemo. « On écoute. Poser des questions peut attendre ».

« Tu les choisis toujours fougueuse, n’est-ce pas ? » dit Mags.

« Poursuivez, sergent ».

« Ici », dit Mags, en retirant la plaque arrière d’un soldat mécanique. « C’est certainement une boîte de jonction. Non, avant que vous ne demandiez, ce n’est pas un générateur ».

« Où est la source d’énergie ? » Demanda Nemo.

« Ceci ». Mags toucha le cylindre bleu-blanc qu’elle avait retiré de la poitrine du soldat. Il brillait aussi intensément que lorsque Nemo avait vu pour les soldats mécaniques pour la première fois. « Les grands que nous avons extrait des warjacks se sont déjà estompés. Je suppose qu’ils font fonctionner les soldats bien plus longtemps que les grosses unités ».

« Combien de temps ? »

Elle secoua la tête. « Je ne peux pas vous le dire sans un véritable atelier, plus d’échantillons et plus de temps. Pour les warjacks, je parie qu’il s’agit d’heures, pas de jour. Certainement pas plus d’un jour ou deux. Ces gars ? Comme je l’ai dit, il n’y a aucun moyen de le savoir dans cet atelier de terrain ».

« Comment ces warjacks ont-ils capturé Calbeck s’ils ne peuvent opérer que quelques heures ? »

« Je n’ai pas encore trouvé la solution. Leurs boîtes de jonction semblent recevoir de l’énergie  ailleurs que de cette unité ».

« Recevoir ? » Cela suggère… »

« Ouais, la principale source d’alimentation est indépendante de leurs corps ».

« Transmise par la tour ? »

« C’est la possibilité la plus évidente. Qui qu’il en soit, il y a d’autres choses intéressantes ».

D’une petite caisse, Mags souleva la têt d’un soldat mécanique, et la connecta à un module en laiton et chrome qu’elle avait extrait de la poitrine. Elle ramassa le cylindre incandescent. Un capuchon brillait sous un visage gravé de Cyriss, que Nemo prit pour le devant. Au dos, il aperçut une plaque de contact qui correspondait à celle de la boîte.

Nemo pris le cylindre de Mags. « La source d’alimentation ? »

« C’est plus que cela », déclara Mags. Elle désigna les contacts correspondant sur la boîte et le cylindre. « Essaie ».

Nemo ajusta le cylindre sur la boîte. Alors qu’ils entraient en contact, il entendit un léger bourdonnement à l’intérieur du module thoracique. Les lentilles oculaire sur la tête du soldat restèrent sombres et vides.

Nemo posa le cylindre et alla chercher une paire de pinces étroites sur le plan de travail de Mags Il enleva la tête de ce qu’il commençait à considérer comme un axe de la colonne vertébrale et commença à dégager le métal de l’ouverture tordu par la foudre.

Une séquence de sons hachés jaillit de la boîte vocale. « Qu’est-ce que ça dit ? » Demanda Blackburn.

Nemo secoua la tête. Il n’avait pas saisi les paroles non plus, mais il était certain que c’étaient des mots. Il inséra un doigt dans le cou, cherchant une membrane noire terne qu’il avait aperçue plus tôt. Il trembla lorsque la voix s’exprima à nouveau.

« Épargnez-moi », dit-elle. « Je me soumets à la capture légale ».

« Vous pouvez m’entendre ? » Dit Nemo.

« Oui », répondit la voix.

Nemo désigna le chiffon sur l’épaule de Mags. Quand elle le lui tendit, il le drapa sur l’oeil brillant du soldat. Malgré les circonstances inhabituelles, cela n’avait aucun sens de lui permettre de voir ses ravisseurs ou le contenu de l’atelier. « Qui êtes-vous ? »

« Platon, réducteur de la 7ème Force d’Intervention Prioritaire de la Convergence de Cyriss.

Convergence, pensa Nemo. C’est ainsi qu’ils s’appellent eux-mêmes. Plus étonnante était la notion d’une création artificielle capable d’un discours cohérent. Nemo se doutait qu’il y avait d’autre chose, mais il demanda, « Vous êtes un automate mékanique ? »

« Mon corps l’est, oui. Mais je suis une personne, pas seulement un serviteur ou un vecteur. Veuillez informer la Numen de ma capture. Peut importe si mon corps est détruit. Gardez juste ma chambre d’essence intacte ».

« Les serviteurs sont les petits automates flottants, alors ? Et les vecteurs sont les plus grosses machines ? »

La voix hésita à peine avant de répondre, « Oui, c’est exact ».

« Monsieur ! » Un garde se tenait à l’ouverture de la tente. Derrière lui, Nemo remarqua le messager haletant à proximité. Il avait voyagé loin et vite. Il espérait que cela signifiait que des renforts arrivaient.

Nemo fit signe à l’homme d’entrer et accepta un parchemin scellé avant de le congédier. Il brisa le sceau et ne lu que les premiers mots avant d’entendre le sifflement de l’artillerie en approche.

« À couvert ! » Blackburn tira Finch vers le bas. Nemo et Mags se laissèrent tomber, abritant leurs tête sous la table des cartes.

« Et moi ? » Cria le captif. « Vous avez le devoir de protéger les prisonniers de- »

Le premier obus frappa profondément dans le camp. Après l’explosion, on entendit le bruit de la terre retombant en pluie et les cris des blessés. Alors que le bruit était clairement celui d’un mortier, l’explosion avait un caractère différent. Quelle que soit l’arme qui venait de frapper, elle ne ressemblait en rien aux mortiers khadoréens que Nemo avait que trop entendu.

« Devons-nous nous retirer jusqu’à ce qu’ils arrivent, monsieur ? » Demanda Blackburn.

« Non, major. Nous attaquons ».

107
Aurora

Les gardes du corps d’Aurora l’encerclèrent alors qu’elles fuyaient l’embuscade des cygnaréens.
Sabina volait particulièrement trop près. Aurore avait l’impression qu’à tout moment les pointes acérées de ses larges ailes risquaient de cisailler les ailes en cuivre plus courte de son lieutenant – sans compter que la perte de ces appendices les ferait plonger.

Les ailes ne faisaient que les guider. Aurore et ses gardes du corps volaient grâce aux améliorations qu’Aurora avait apporté aux champs arcano-kinétique, les mêmes dispositifs déviant la gravité réduisant le poids des vecteurs de la Convergence et permettant à certains d’entre eux, ainsi qu’au serviteurs, de planer au-dessus du sol.

Après des années d’étude et d’expériences, Aurora avait découvert le moyen de miniaturiser l’émetteur des champs arcano-kinétique et d’améliorer sa portée, en installant les dispositifs améliorés à la fois dans les vaisseaux mékaniques de ses gardes du corps et dans sa propre armure. Ainsi équipée, elle et les anges mécaniques pouvaient planer au-dessus de la surface de Caen. Lorsqu’elle avait présenter son invention à la Constellation, la convocation des esprits les plus sage de la Convergence lui avait conféré un nouveau titre : Numen de l’Aérogénèse.

Aurore vira, plongeant pour échapper aux « mères poules », comme elle avait parfois nommé ses gardes du corps ailées au cours des semaines ayant suivi son arrivée à Calbeck. Un sentiment de culpabilité gâchait le plaisir malicieux d’Aurora à la comparaison tacite de ses gardes du corps avec les oiseaux dont la crasse souillait les rues de la ville. Ses anges mécaniques d’élite étaient sans égal au combat e d’une loyauté sans faille. Elles n’avaient rien à voir avec les sables bêtes picorant des graines dans leurs cours sordides.

Au premier rang des gardes du corps d’Aurora se tenait Sabina, l’une des plus anciennes guerrières de la Convergence. Pendant plus d’un siècles, elle avait combattu pour la Patronne des Mécanismes, maîtrisant un certain nombre de formes mécaniques pour la défense de leurs temples souterrains et terrasser les druides s’approchant trop près de leurs secrets enfouis. Sabina joua longtemps le rôle de tante adorée, formant Aurora aux techniques de combat, écoutant patiemment ses plaintes concernant ses mentors optifex stricts, et accompagnant finalement la jeune warcaster en temps que Première Préfète des anges mécaniques lors de ses premières missions.

Tout autant que l’échec inattendu de sa mission de sauvetage, Aurora imputa sa mauvaise humeur aux semaines qu’elle avait passées dans le village, lui rappelant trop brutalement la crasse et le désordre de la vie en dehors des chambres souterraines immaculées de la Convergence. Même en s’élevant au-dessus du sol, elle s’imaginait pouvoir encore sentir la fumée de bois des chaumière, la crasse des animaux d’élevage et la décomposition  de la végétation riveraine. Quand elle était arrivée à Calbeck, la clameur des forgerons, des charpentiers et des tailleurs de pierre lui remplirent la tête de tumulte. Lorsque les villageois virent ce qu’elle avait apporté avec elle, le bruit de leur labeur s’était transformer en chaos de panique. Elle avait fait ce qu’elle avait put pour minimiser les pertes parmi les villageois avant de les confiner pour leur propre sécurité.

À des centaines de pieds sous elle, le village ressemblait à la maquette que Syntherion avait créée dans le cadre de son plan de bataille pour l’attaque de Clabeck. Chaque coude du Fleuve de la Langue du Dragon, chaque bosquet et chaque bâtiment de la petite communauté était exactement comme le Maître de Forge l’avait rendu en miniature. Aurora sourit en pensant à Syntherion, dont le comportement froid et énigmatique le rendait si inaccessible aux autres. Elle le comprenait mieux que quiconque, appréciant son inébranlable perfectionnisme.

« Numen, s’il te plaît ! » Appela Sabina. Elle plongea après Aurora. Les autres gardes du corps la suivirent de près. « Nous ne pouvons pas de vous protéger si vous insistez pour nous échapper ».

Autre innovation d’Aurora, les anges mécaniques étaient des êtres magnifiques, mesurant plus de deux mètres et inspirées d’Aurora, bien que plus grandes et avec des ailes moins magnifiques. Elle n’avait choisi que les guerrières les plus habiles, et chacune avait déjà combattu à ses côtés dans plus d’une douzaine de batailles.

Lorsqu’elle avait dévoilé les anges pour la première fois, Directrix avait remarqué la ressemblance entre Aurora et ses gardes du corps. « Ne penses-tu pas que c’est de l’égocentrisme ».

« Autonome », avait osé reprendre Aurora. Elle s’était retenue de faire remarquer que personne ne comprenait mieux l’autonomie qu’une fille dont la mère avait abandonné son corps mortel alors que l’enfant n’avait que trois ans. Maintenant, Directrix faisait pression sur Aurora pour qu’elle entre dans la prêtrise plutôt que d’aider sa fille à la rejoindre dans la perfection mécanique.

Axis, connu sous le nom d’Exécuteur Harmonique, était un autre warcaster de premier plan de la Convergence encore vivant. Ce guerrier fanatique rejoint la Convergence lorsque Directrix avait épargné sa vie après avoir éliminer les autres chefs de sa secte radicale. Depuis, il avait prouvé sa loyauté d’innombrables fois, souvent au combat aux côtés d’Aurora. Le tempérament erratique d’Axis, cependant, avait conduit de nombreuses personnes à douter de sa santé mentale. Alors qu’elle le voyait comme un oncle bien-aimé mais déséquilibré, Aurora ne fut pas surprise qu’il n’ait pas été choisi pour avoir un corps mécanique.

Pourtant, Aurora méritait le transfert. Ses innovations à elles seules auraient dû lui valoir cet honneur. Chaque fois qu’elle voyait d’autres accéder à un corps mécanique parfaits, elle bouillonnait de ressentiment. Axis avait cherché à apaiser sa déception en rappelant à Aurora que sa jeunesse était la raison pour laquelle la Constellation ne l’avait pas encore choisie. Avec le temps, lui avait-il dit, elle aurait ce qu’elle désirait.

Sabina se rangea à côté d’Aurora, secouant la tête en signe d’exaspération. Alors qu’elles tournait autour de la tour supérieure du nexus astrométrique, la Lune Maléfique se refléta sur le visage parfait et chromé de Sabina.

Avant que sa garde du corps ne puisse parler, Aurora plongea à nouveau, cette fois à travers l’échafaudage vers les grands engrenages et axes entraînant les stimulateurs géomantique de la tour profondément dans le sol. Elle replia ses aules au bon moments pour passer au travers sans toucher les tuyaux de soutien. Un sourire malicieux étira le coin de sa bouche lorsqu’elle entendit la pointe de l’aile en laiton de Sabina tinter contre le fer.

Le nexus astrométrique était aussi complet que nécessaire pour la mission, mais Aurora avait ordonné aux serviteurs de laisser l’échafaudage en place. Elle espérait que sa présence donnerait l’illusion d’une construction inachevée et inspirerait moins d’urgence aux cygnaréens.

Bien qu’Aurora ait capturé toute la population en une seule action rapide, une compagnie de mercenaires avait découvert leur présence plus tôt que prévu – pire, ils avaient capturé un vecteur et deux serviteurs. L’Armée Cygnaréenne avait réagi encore plus rapidement que les projections les plus conservatrices des schémas de mission d’Aurora. Lorsqu’une de ses anges mécaniques avait aperçu les cygnaréens transportant les unités capturées à travers le Fleuve de la Langue du Dragon ; Aurora avait espéré une opportunité inattendue de récupérer ses forces capturées. Au lieu de cela, elle était tombée dans un piège.

Maintenant, le commandant ennemi comptait un autre Monteur est une escouade de réducteurs parmi les captifs. La perte des soldats mécaniques était la plus douloureuse, car il ne s’agissait pas de simples automates, mais de personnalités humaines enfermées dans des vaisseaux mécaniques. Perdre un vecteur ou un serviteur, c’était perdre une machine ; perdre un soldat mécanique, c’était perdre une âme.

Bien que le Cryx ait été détruit ou chassé et que les mercenaires soient revenus pour compter leurs monnaies et enterrer leurs morts, Aurora savait qu’elle faisait maintenant face à une menace bien plus grande, le savant ignorant nommé Sebastian Nemo.

Avant même de capturer ses plus récentes prises, le warcaster cygnaréen avait apparemment étudié de nombreux exemples de technologies de la Convergence capturées ou récupérées au fil des ans, transformant ces connaissances en amélioration des armes de sa nation. Il n’était donc pas surprenant que les dernières machines de guerres cygnaréennes brillaient de la même lumière voltaïque que les automates à ressorts de la Convergence.

Nemo s’était révélé aussi rusé sur le terrain que puits de science dans l’atelier. Si, à la demande de Sabina, Aurora était restée à l’arrière de sa force d’embuscade, elle avait quand même été surprise de voir Nemo en personne tendre son piège. S’il avait laissé l’affaire à ses subordonnés, Aurora se serait précipitée avec les anges mécaniques pour les anéantir. Pourtant, une fois qu’elle avait vu les runes arcaniques de ses sorts et le pouvoir dévastateur de sa chaîne d’éclairs, elle avaot hésité.

À la vue du Foudroyant courant derrière le chariot, elle sut que son équipe de frappe était trop petite pour affronter un warcaster, en particulier un tel que Sebastian Nemo. Bien que son âge puisse inciter certains à négliger ses prouesses au combat, Aurora savait que son arme la plus dangereuse était son esprit. Aurora se consola en sachant qu’elle avait perdu un autre moniteur, pas un modèle de vecteur différent. Nemo n’aurait pas de nouveaux vecteurs à étudier si Aurora pouvait l’aider. L’homme était suffisamment dangereux sans lui permettre de découvrir plus de secrets  de la technologie de la Convergence.

Aurora mena ses gardes du corps dans une vrille jusqu’à ce qu’elles passent sous les pieds de la tour. Dans l’ombre de deux des pieds de la tour se trouvaient les Projecteurs d’Émergence Transfinie. Derrière me troisième pied se cachait le titanesque Axiome Prime. Aurora sourit en imaginant la réaction des troupes cygnaréennes si elle révélait le colosse. Une partie d’elle espérait que cela ne serait pas nécessaire. Une autre part espérait vraiment que ce serait le cas.

Aurora se redressa, recourbant ses ailes pour s’élever et décrocher juste au moment où elle survolait l’aire que Syntherion avait construite pour elle. Un instant plus tard, ses gardes du corps atterrirent de chaque côté.

Quatre d’entre elles prirent position aux angles de la plate-forme d’observation, là où les escaliers automatiques émergeaient des pieds de la tour. Au centre de l’aire, le rideau d’acier ondulé masquait le pavillon central. Sur un geste d’Aurora, le voile s’abaissa pour révéler son sanctuaire personnel. Elle entra dans le pavillon, Sabina à ses côtés. Quelques instants après, le voile se remettait en place.

Aurora plaça son bâton polynomial dans un support en chrome et laiton suspendu au plafond. Une fois en place, la forme de l’arme se combina à la forme complexe du support pour former une œuvre d’art abstraite.

Les efforts de la journée avaient laissé Aurora sale de sueur et de crasse. Elle avait envie de se sentir à nouveau propre, de se débarrasser de ce rappel quotidien de son imparfait corps humain. Plus encore, elle souhaitait effacer le souvenir de l’échec et de la retraite. Elle s’installa dans une baignoire raide et ouvrit les robinets en laiton. De l’eau fumante coula.

Une paire de serviteurs d’accumulation se leva pour planer à côté de la baignoire. Contrairement aux soldats mécaniques, et comme les vecteurs, les serviteurs n’abritaient aucune conscience humaine. Au lieu de cela, une série de cartes en laiton dictaient leur comportement par défaut. Ces serviteurs n’abritaient aucune conscience humaine. Ces serviteurs avaient été conçus il y a longtemps par Aurora elle-même, à la fois comme exercice de programmation de carte et comme un plaisir personnel.

Un pépiement au niveau du voile annonça un visiteur. Sabina se dirigea vers un panneau suspendu au plafond, appuya sur un bouton et écouta.

Alors que la baignoire se remplissait d’eau, Aurora se dirigea vers une estrade circulaire, à côté de laquelle se trouvait un modèle en laiton de son corps. Lorsqu’elle posa le pied sur l’estrade la plus haute, quatre autres serviteurs modifiés descendirent de leurs perchoirs au plafond. Deux d’entre eux descendirent saisir ses jambes armurées. Leurs tournevis vrombissant détachèrent ses bottes en chrome, et elle les enleva.

Les deux autres serviteurs s’emparèrent de ses ailes en acier et en laiton. En quelques mouvements économiques de cliquets, ils détachèrent les ailes et les tractèrent vers le plafond, où des appendices intégrés s’abaissèrent pour resserrer les vis et détecter les dommages.

« Numen », dit Sabina avec un salut élégant, « le Premier Préfet Pollux et le Recenseur Prime Septimus sont venus vous voir. Dois-je leur annoncer que tu tu es indisposée ? »

« Pas du tout », répondit Aurora en levant un bras pour permettre à un serviteur de saisir son bracelet. « Mais- »

« Fais-les entrer ».

Sabina tourna son indéchiffrable visage vers le panneau et parla doucement. Aurora secoua une cascade de cheveux brun foncé alors que les serviteurs retiraient son heaume. Ils flottèrent pour le poser, avec le reste de son armure, sur la réplique en laiton de leur maîtresse.

Le premier visiteur à entrer fut Pollux, Premier Préfet des réducteurs d’Aurora Sa boîte vocale mécanique était déjà engagée lorsqu’il pénétra dans la chambre. « Avec le plus grand respect, Numen, je dois protester contre l’emploi de mes soldats dans cette situation hautement dangereuse- »

Avec un clic et un vrombissement, sa voix se tue lorsque sa lentille optique se fixa sur Aurora. Les pinces utilitaires détachant l’armure de ses jambes et ses hanches. Pollux se figea, son corps réducteur aussi immobile qu’une statue.

« Poursuivez, Premier Préfet ». Aurora tendit sa ceinture utilitaire à un serviteur et le jupe y étant suspendue.

Son appareil vocal s’activa et se désactiva plusieurs fois. Pollux détourna la tee d’Aurora et resta silencieux.

« Ne restez pas là », déclara le Recenseur Bogdan en passant devant le soldat immobile. Le queue de ses vêtements chuchotait sur le sol de la chambre entre les pas cliquetant de son armure de combat. Il avait laissé son arme, son bouclier et son casque derrière lui. Dans le pavillon d’Aurora, il ne portait à sa ceinture qu’un chalumeau, une clé et les autres outils avec lesquels il réparait les troupes et les vecteurs sur le terrain.

Une sculpture abstraite au-dessus du lit d’Aurora attira l’attention de Bogdan. Son regard se porta sur la suivante de la série. Il sourit en les admirant tour à tour, jusqu’à ce qu’il aperçoive enfin la vapeur d’eau embuant la sculpture suspendue au-dessus de la baignoire. Ses sourcils épais se soulevèrent.

Il se tourna lentement vers Aurora alors que les serviteurs enlevaient la dernière partie de son armure. Il plaça une main devant ses yeux. « Je te demande pardon, Numen. Vos gardes ont dis que nous pouvions entrer. Je ne savais pas vous seriez- »

Le Recenseur Prime Septimus franchit le voile sur quatre pattes mécanikes. Sa conscience résidait dans un châssis semblable à celui des fonderies énigmes, des prêtres mécaniques chargés de sauver les âmes des guerriers tombés. Trois paires de bras de forme humaine reposaient pliés dans des gestes sereins sur le bas de son torse. De chaque côté de sa chambre d’essence, qui illuminait sa le visage de Cyriss, deux épaulières abritaient son nexus astrométrique personnel. Leurs calculs géomantiques informaient le prêtre des positions relatives des lunes, du soleil et des planètes à tout moment. Entre les deux se dressaient un cou sculpté et une abstraction sereine et androgyne d’un visage humain.

Aurora descendit de l’estrade de son armurerie. « Alors ? »

Alors qu’elle se dirigeait vers le bain, Pollux continuait à tourner son rotor de cou pour éviter de voir sa silhouette nue. Bogdan jeta un coup d’oeil à travers ses doigts alors qu’Aurora entrait dans l’eau. Le Recenseur Prime Septimus ne semblait pas se rendre compte de la nudité d’Aurora ni la gêne de ses collègues. « Nos éclaireurs n’ont pas encore signalé le retour des unités que vous avez chargées de récupérer le vecteur perdu ».

Aurora s’enfonça dans l’eau, espérant que son visage ne trahissait aucunement l’irritation que la question du prêtre mécanique avait suscitée en elle. Elle temporisa en saupoudrant des sels de bain dans l’eau.

Un cliquetis d’impatience résonna au plus profond du châssis de Septimus.

« Non, Recenseur Prime », répondit Aurora. « Le transport du Moniteur capturé était un  piège. Mes gardes du corps et moi avons évité de justesse une confrontation warcaster ennemi ».

« Et mes troupes ? » Pollux s’avança, détournant toujours son regard du bain.

« L’embuscade cygnaréenne les a capturés ainsi que le second Moniteur que je m’étais procurer pour libérer le premier ».

« Oh, non », déclara Bogdan. Les prêtre tira sur les doigts de ses gantelets, abandonnant toute prétention à détourner son regard du corps nu d’Aurora. « Quelle catastrophe ! »

« C’était un risque calculé », répondit Aurora. Elle trempa une éponge dans l’eau et l’utilisa pour soulager son cou douloureux. « Nemo en personne a participé à l’embuscade ».

« C’était donc lui que vous avez espionné de l’autre côté du fleuve », observa Septimus. La condensation de la vapeur perlait sur son visage immobile.

« Nemo a dû être celui qui a envoyé les mercenaire recherche nos forces dans l’Octelande ».

« Je vous avais prévenu de ne pas partir en reconnaissance si loin de la base », dit Septimus.

« Préférez-vous que je laisse le Crux sans surveillance? La dernière chose dont nous avons besoin, c’est qu’il s’introduise dans nos chambre de transfert géomantique ».

« Au lieu de cela, nous laissons nos propres troupes entre les mains de ce warcaster cygnaréen ? » Demanda Pollux.

« Faites attentions à vos paroles, Pollux », repris Sabina.

La tête du réducteur pivota pour faire face à Sabina. « Que dirais-tu si c’étaient tes propres anges qui avaient été gaspillées dans une action téméraire et inutile ? »

Les ailes en cuivre de Sabina se hérissèrent sur ses épaules. Elle et Pollux étaient de rang égal, chacun était le premier préfet de leurs forces respectives. Seule Sabina jouissait de la distinction supplémentaire de servir au côtés d’Aurora.

« Non, Sabina, il a raison », dit Aurora. « Croyez-moi, Pollux personne ne ressent plus que moi la perte de nos troupes. Mais notre mission passe avant tout. Rien ne doit mettre en péril la Grande Œuvre.

Bogdan leva un doigt diplomatique. « Peut-être pourrions-nous offrir un échange de captifs ? Il ne fait aucun doute que le commandant cygnaréen serait impatient que libérions certains des citoyens de Calbeck. Vous pouvez l’apaiser avec des négociations. Il sourit avec la confiance d’un bureaucrate ayant résolu un problème complexe pour son chef.

« Ce commandant est le Général Sebastian Nemo », dit Septimus. « Il est l’un des plus grands esprits scientifiques et tactiques de l’armée cygaréenne. À quand remonte la dernière fois où vous avez lu un rapport de renseignement ? »

« J’avoue, Premier Recenseur, qu’en m’occupant de l’état de préparation de nos troupes et de l’étalonnage en cours, j’ai peut-être pris du retard dans les rapports sur les affaires extérieures ».
Tandis que Septimus grondait son subordonné, Aurora se levait et attrapait une serviette. Bogdan la regarda en coin.

« Recenseur Bogdan », dit Septimus. Même la nature mécanique de sa vois ne pouvait masquer sa désapprobation.

« Je-Pardonnez ma distraction ». Bogdan plongea son regard vers le sol.

Elle s’efforça de ne pas montrer son amusement sur son visage, mais Aurore se délectait secrètement de l’effet que son audience informelle avait sur Bogdan et Pollux. Leur malaise soulignait une vérité qu’elle soupçonnait depuis longtemps : Même après avoir été transféré dans son vaisseau mécanique, Pollux se sentait mal à l’aise face à son impudeur ; Bogdan restait esclave de sa chair ; pourtant Septimus, pendant deux siècle, ensevelit dans une succession de vaisseaux mécaniques, s’était débarrassé de ses pulsions charnelles.
La chair était vulnérable, imparfaite. Aurora ressentait plus vivement que jamais son vif désir de transfert.

Elle sortit de la baignoire et sécha ses bras et ses jambes avant de serrer la serviette autour de son corps.

« Numen, s’il vous plaît », déclara Pollux. Il s’approcha, sa lentille optique fixée directement sur son visage. « Allez-vous négocier le retour de mes réducteurs ? »

Aurora lui rendit son regard monoculaire. Elle admirait la ferveur avec laquelle il s’exprimait pour ses troupes. Son instinct de gardien lui rappelait la protection dont faisait preuve Sabina à son égard.

« Non, Préfet », dit-elle avec une certaine réticence. Sa boîte vocale cliqueta mais avant qu’il ne puisse protester, elle ajouta, « Demander un échange si tôt donnerait à l’ennemi une impression de faiblesse. Mais je vous promets que lorsque le moment sera venu, je ferai tout mon possible pour récupérer leurs chambres d’essence.

Après un moment d’hésitation, Pollux acquiesça et fit un pas en arrière.

« La mer d’acier t’a confié une grande responsabilité, Numen », dit Septimus. « Que la Patronne des Mécanismes guide tes calculs ».

Aurora sourit en acquiesçant à sa bénédiction. Elle savait parfaitement que Septimus ou l’un de ses sbires rapportait chacun de ses mouvements à la Mère d’Acier Drectrix. Dans la mesure où la mère d’acier était l’actuelle dirigeante de la Convergence, c’était tout à fait normal. Mais c’était aussi parce que Directrix était sa mère, dont Aurora sentait qu’elle n’échapperait jamais à son contrôle.

« Nous comprenons tous que la pression que vous subissez doit être un grand fardeau », ajouta Bogdan. « Si je peux faire quelque chose pour vous aide, vous n’avez qu’à m’appeler ».

« Merci, Bogdan ». Aurora réprima un frisson devant le dernier effort du prêtre pour se aire bien voir. Les talents de Bogdan étaient dans la mékanique, pas dans la diplomatie.

Comme Aurora, Bogdan attendait depuis longtemps la Procédure d’Animus Corpus. Son rapport favorable à la Constellation ne pouvait qu’améliorer ses chances.

Pour son propre échec continu à gagner le transfert vers un vaisseau mécanique, Aurora en attribue la responsabilité  à l’intercession de sa mère et à son insistance pour qu’elle rejoigne la prêtrise. Bien qu’elle apprécie le rôle des prêtres, de l’optifex commun au recenseurs et jusqu’aux nobles fluxions, elle n’avait aucune envie de participer à leur lente de conservation des esprits et des âmes des personnes. Elle n’avait aucune envie d’être mékanicienne ou philosophe. Elle s’imposerait dans la Convergence d’une manière différente. Elle conduirait son peuple à la fois dans les avancées technologiques et dans les triomphes sur le champ de bataille.

« Qu’elle que soit ta décision », dit Septimus, « je t’implore de ne pas te mettre à nouveau en danger. Sebastian Nemo est un ennemi dangereux. Ne le sous-estime pas ».

Derrière le prêtre mécanique, Sabina inclina la tête d’acquiescement. Aurora ressentit un bref sentiment irrationnel de trahison. Ses subordonnés se liguaient contre elle. « Je ne sous-estime pas Sebastian Nemo », répondit-elle. Son piège n’avait pas été conçu pour me capturer, mais pour prendre ma mesure. Ce qu’il n’a pas réalisé c’est qu’en étudiant sa conception, j’ai aussi pris la sienne ».

N’en sois pas si sûr », répondit Septimus. « Tu es peut-être d’un meilleur cuivre, mais il est mieux trempé ».

« Votre comparaison métallurgique ne m’échappe pas », répondit Aurora, en repensant aux bruits les ayant accueillis lors de leur première descende sur Calbeck. « Mais je prendrai ma leçon auprès du charpentier : mesurez deux fois, coupez une fois ».

108
LA PREMIÈRE HARMONIQUE

La précision est le théorème d’ouverture de la preuve de la perfection.

Nemo

Le chariot grinça lorsque l’équipe le tracta le long du chemin boueux serpentant au sud du Fleuve de la Langue du Dragon. Les chevaux renâclaient des panaches de brume dans l’air frais de l’automne. Deux lanternes à moitiés closes brillait sur les montants avant du chariot, de chaque côté du siège du conducteur. Leur lueur jaunâtre dépassait juste les sabots des chevaux de tête, éclairant à peine les branches sans feuilles des bois environnants.

Des bâches en toile couvraient la volumineuse cargaison du chariot, à l’exception d’un membre mékanique géant posé sur le dessus. La lumière de la lanterne scintillait sur les engrenages en laiton reliant les extrémités supérieures et inférieures du bras en acier et en chrome. Une double tenaille formait une main griffue à une extrémité, tandis qu’un reste d’engrenages et d’axes mutilés s’élevait de l’autre.

Sur le siège haut du conducteur étaient assis deux imposants personnages, dont les capuches étaient rabattues sur des visages masqués par des écharpes. À travers la laine, le conducteur sifflait « La Dernière Jeune Fille de Caspia » alors qu’il tenait les rênes sans les serrer dans des mains enveloppées de gants d’acier bleu. Les passager était assis, silencieux et immobile, à l’exception des bousculades lorsque les roues du chariot plongeaient les ornières et rebondissaient sur les racines.

Le conducteur écarquilla les yeux lorsqu’ils aperçut quelque chose bouger sur la route devant lui. Il cessa de siffler.

« Euh, oh. »

Avec un bruit d’engrenages, de lumières bleues et blanches apparurent sur le chemin devant le chariot, se déplaçant en deux formes distinctes. Deux formes humanoïdes s’avancèrent, des panneaux lumineux placés dans leurs jambes, leurs bras et leur torse. Sur chaque tête brillait un seul œil ne clignant pas, plus brillant que toutes les autres lumières sur leur corps sauf une, une icône stylisée d’un visage de femme sur chaque poitrine.

Le conducteur freina les chevaux alors que six autres personnages s’avançaient sur le chemin du chariot. Les intrus restaient à dix verges, reculant pour maintenir leur distance tandis que le chariot ralentissait et s’arrêtait.

« Qui est là ? » Le conducteur ouvris les volets de la lanterne la plus proche. La lumière éclaira les corps en acier des intrus.

Ils ressemblaient à des armures fantaisistes habitées non pas par des hommes mais par des mécanismes en laiton. De lourdes lames en acier jaillissaient du dos de leur main droite, une batterie compacte de six canons d’armes à feu sur la gauche. Ils levèrent leurs bras gauches à l’unisson, les pointant tels des pistolets vers le conducteur et son passager.

« Halte ! » Cria une voix plate et mékanique.

« Je viens de le faire », déclara le conducteur. « Vous pouvez voir que je ne veux pas d’ennuis ». Sa voix résonnait profondément et en sourdine, comme si elle sortait de l’intérieur d’un casque en acier. Il se tourna vers le bruit de ressorts hélicoïdaux et de pas lourds venant de derrière le chariot.

Une énorme machine émergea des bois pour bloquer sa retraite. À chaque pas de ses quatre pattes de crustacés, ses mécanismes internes vrombissaient et cliquetaient. La lumière d’une lanterne réchauffait sa surface chromée tandis qu’elle tournait son torse ovoïde pour garder l’équipement sur son épaule droite dirigé vers le conducteur. Un support de lames de scie aiguisées comme des rasoirs alimentait un compartiment grinçant à l’intérieur de l’engin. À l’extrémité gauche, une paire symétrique de lourdes pinces se serrait et desserrait – une version opérationnelle du bras allongé dans le chariot.

« Descendez », dit l’un des soldats mécanique. La teneur de sa voix était la même que celle du premier intervenant, mais sa cadence différait. « Ne faites aucun mouvement brusque ».

Le conducteur enroula les rênes autour du frein et leva ses mains armurées. « Je vous promets que vous n’aurez aucun problème avec moi ».

Au moment où le conducteur prononçait la phrase code, le Général Artificier Sebastian Nemo émergea de l’arbre où il était caché. Il appuya sur un interrupteur sur le côté de son armure-tempête. Un bourdonnement sourd s’éleva jusqu’à un gémissement aigu alors que des éclairs scintillait sur les bobines galvaniques de son dos. Des langues d’électricité mettaient en relief les branches nues des arbres dans les cieux noirs. Les cheveux blancs de Nemo flottaient sur le champ statique, ses yeux bleus s’illuminant à mesure que la charge s’accroissait.

Au même moment, cinq lourdes lames crépitèrent d’éclairs à côté de lui. Six soldats à l’armure bleue sortirent de la cachette du fossé camouflé, les feuilles sèches bruissant alors qu’ils se  glissaient de sous les bâches.

Juste à côté du chemin, derrière le chariot, la Chasseuse de Tempête Caitlin Finch et une autre demi-douzaine de Lames-Tempête apparurent. Les hommes tenaient de lourds lanceurs-tempête à leur taille, les chambres-tempête grésillant alors que les bobines des canons brillaient de plus en plus.

Un éclair blanc et brillant s’éleva dans le septentrion. Un instant plus tard, un violent impact secoua le sol, suivi d’un autre. Un rythme qui s’accélérait progressivement remonta progressivement le chemin derrière le chariot.

Le conducteur du chariot haussa les épaules, les mains levées, et s’adressa aux intrus. « Je vais tenir ma promesse, les gars, mais je ne peux pas parler pour les autres ».

« Baissez vos armes et rendez-vous », dit Nemo. Il activa son accumulateur-tempête. La foudre bondit entre l’arme et les bobines voltaïques de son armure.

« Il veut dire vous », déclara le conducteur. Il pointa un doigt d’acier vers les soldats mécaniques tout en gardant les mains levées.

La moitié des soldats mécaniques tirèrent sur le chariot.

De fins projectiles sortirent des batteries situés sur le dos de leurs mains. Ils se brisèrent pour former des douzaines de petits missiles qui déferlèrent sur leurs cibles.

Le conducteur couvrit son visage avec ses deux gantelets et s’agenouilla, présentant la plus petite cible possible. Les projectiles tirèrent sur sa cape et crachèrent des étincelles sur son armure alors qu’ils formaient un nuage bourdonnant autour de lui. Debout sur le siège du conducteur, la tête du passager recula brusquement. Son corps glissa latéralement sur le siège et sursauta alors que l’essaim continuait de ravager son cadavre.

Les soldats mécaniques restants se tournèrent vers Nemo. Avant qu’ils ne puissent tirer, un cercle de runes bleue-blanche apparut autour de sa main tendue. Trois arcs blancs s’élancèrent pour frapper leurs corps mékaniques. Simultanément, cinq autres jaillirent des glaives-tempête pour électrocuter et brûler les soldats mécaniques. Leurs corps mécaniques se tordirent avec des spasmes avant de s’écraser sur le sol.

À l’arrière du chariot, le warjack ennemis se tourna pour viser Nemo, apparemment inconscient de la lumière et du tonnerre s’approchant par derrière. Alors que sa lentille monoculaire se fixait sur ses yeux, Nemo ressentit la sensation toujours lorsqu’un autre warcaster était proche. Le sentiment demeurait faible, et son adversaire restait caché.

Elle ne s’était peut-être pas révélée, pensa Nemo, mais elle regardait sûrement.

Les lames-tempête tirèrent des éclairs sur le warjack chromé. Les arcs chauffés à blanc marquèrent son châssis et tordirent ses pinces, mais l’équipement sur son épaule droite continuait de gémir et à produire des étincelles lorsqu’une lame de scie en acier se mis en position de lancement.

« Non, tu ne le feras pas ! » Finch couru en avant, enfonçant son bâton telle une lance. Sa tête crépitante libéra une vague d’énergie coruscante à travers le corps du warjack. Le gémissement de son lance-scie s’estompa.

« Recule, Adepte ! » Hurla Nemo.

Finch fit marche arrière.

Le Foudroyant arriva, et avec lui, douze tonnes d’acier et d’éclairs. Plus de deux fois la taille d’un homme de grande taille, des bras massifs le long du corps, le Foudroyant bleu et or chargea l’ennemi. Une énergie incandescente jaillit de sa chambre foudroyante pour tomber en cascade sur les bobines de son dos et ses épaules. De là, la foudre bondit pour déchaîner toute sa puissance dans une paire de massives mains en acier.

Nemo guida le Foudroyant avec ses pensées. Il attrapa l’ennemi et le souleva du sol, uniquement pour le retourner et l’écraser. L’impact déforma les jambes multi-articulées du warjack et envoya une pluie de terre sur le chemin.

En cliquetant et s’arrêtant, l’ennemi tendis sa pince. Avant qu’il ne puisse attraper le Foudroyant, le plus grand, le souleva à nouveau, l’écrasant encore plus fort qu’avant. Le lance scie s’ouvrit. Des disques d’acier, chacun de soixante centimètres de larges, se répandirent sur le sol. Le warjack chromé toussa, ses membres bougeant en gestes courts et erratiques.

Les Lames-Tempête sortirent pour couvrir l’ennemi tombé. L’un deux tira une seule fois sur le bras avec la pince se contractant, le regarda se contracter à nouveau et l’immobilisa avec un dernier arc de foudre.

« Faites attention ! » Aboya le conducteur du chariot. Il se leva et découvrit la face dorée d’un casque d’une Lame-Tempête. Soulevant le masque facial pour révéler on visage à la barbe noire, le conducteur se tourna vers Nemo et dit : »Monsieur, ne vouliez-vous pas le prendre intact ? »
Les sourcils blancs touffus de Nemo bondirent en reconnaissant son interlocuteur. « Blackburn ! Je t’avais dis uniquement des volontaires sur ce chariot. »

« Oui, monsieur », répondit Blackburn. « J’étais le premier volontaire ».

Nemo fulmina. « Ce travail était bien trop dangereux pour risquer mon officier supérieur ».

« Oui, monsieur. »

« Ce serait une chose si j’avais une compagnie entière à ma disposition, mais avec si peu- »
Il se tut et regarda un autre Lame-Tempête s’approcher pour examiner le passager tombé. Le fantassin tira la capuche de la silhouette tombée pour révéler un sac en toile de jute, sur lequel un farceur prémonitoire avait dessiné un froncement de sourcils et de grands X pour les yeux. De la paille s’écoulait des trous à l’avant et à l’arrière, là où le projectile bourdonnant avait traversé a tête empaillée.

Mon deuxième volontaire », dit Blackburn.

Nemo voulu dire quelque chose de plus, mais il ferma la bouche et laissa la torsion acerbe de sa moustache manifester son mécontentement.

Se détournant de Blackburn, Nemo aboya, « Finch ! »

Finch se redressa de l’endroit où elle s’était penchée sur le warjack vaincu. Elle courut vers Nemo, tenant ton bâton – son « diapason », comme elle l’appelait – un peu plus haut que nécessaire pour éviter de trébucher. C’était l’un des nombreux maladroits gestes qui empêchaient Nemo de la considérer comme une femme adulte plutôt qu’une fille.

Caitlin Finch n’était pas seulement une adulte, elle avait également fait ses preuves à maintes reprises, notamment au combat. Elle était déjà en train de devenir l’une des meilleurs guerrières arcanistes de Cygnar. Nemo espérait seulement qu’elle survivrait à son comportement de plus en plus audacieux sur le champ de bataille.

Finch se déplaça pour se tenir devant Nemo et salua. « Monsieur ! »

« Les Cerbères ont perdu quatre hommes en récupérant le premier de ces warjacks. À quoi pensais-tu en t’approchant si près de celui-ci ? » Il haussa un sourcil, espérant que le geste serait suffisant pour que Finch réévalue son action.

« Monsieur, j’ai estimé qu’il était sue le point de vous couper en deux avec l’une de ses scies rotatives ».

Nemo pouvait difficilement s’y opposer.

Lui et Finch avaient examiné ensemble le premier des warjacks capturés avant de le laisser aux mékaniciens de leur camp improvisé.

L’équipement lance-scie était peut-être sa caractéristique la plus meurtrière. Il voulait en savoir plus sur ceux qui avaient créé une telle arme et ce qu’ils avaient l’intention d’en faire.

Même ainsi, Nemo ne pouvait pas permettre à Finch de prendre des risques inutiles dans un effort malavisé, bien que louables, pour le protéger – pas plus admit-il, que Blackburn ne pouvait exiger des volontaire pour un travail qu’il jugeait trop dangereux alors qu’il pouvait l’assumer lui-même. Le reconnaissance de sa propre hypocrisie ne fit rien pour apaiser son inquiétude pour la sécurité de Finch. « J’ai réclame ton obéissance, Finch, pas ta protection ».

« Monsieur, si je puis parler librement- »

« Tu peux pas ».

Il savait ce qu’elle avait l’intention de dire. Elle lui rabâchait depuis des mois qu’il devrait laisser les combats aux officiers subalternes – les officiers plus jeunes, comme elle. Alors que Finch formulait généralement ses conseils avec courtoisie, elle avait de plus en plus frôlé l’insolence, osent même mentionner sa propre attitude paternelle envers les personnes sous son commandement. S’il la laissait poursuivre, elle rejoindrait bientôt les Cerbère en l’appelant « le vieux » ou de surnoms encore moins respectueux. Bien qu’il puisse tolérer une certaine informalité parmi les mercenaires, il ne la laisserait pas s’insinuer dans son armée.

« Oui, monsieur ».

Nemo leva les yeux vers le ciel nocturne. Les lourds nuages des jours précédents s’étaient dissipés. Les étoiles scintillaient à travers la gaze de quelques nuages épars. Artis, la plus petites des trois lunes de Caen, fuyait Calder, Sire la Lune. La Lune Maléfique, Laris, ne s’était pas encore levée au-dessus des bois cachés.

Un homme plus superstitieux aurait pu prendre cela pour un bon présage, mais Nemo ne cherchait pas  pas dans les cieux un présage céleste. Il pouvait sentir le présence d’une warcaster ennemi, même s’il ne pouvait pas la voir.

« Là ! » Cria l’une des Lames-Tempête. Il pointa vers l’est, à travers la canopée nue.
Nemo courut rejoindre l’homme, grimaçant lorsqu’un spasme musculaire lui saisit le dos. Il avait passé toute la journée à préparer cette embuscade, et il avait chevauché durement la veille avec à peine quelques heures de sommeil. Ce n’était pas étonnant que son corps se soit rebellé. N’importe qui aurait vécu la même chose, pensa-t-il.

Même un homme beaucoup plus jeune.

Nemo regarda là où le soldat  pointait à travers les branches des arbres. Volant vers l’est en direction de Calbeck, un vole de sept femmes ailés fuyait la région. La plus petite d’entre elles ouvrait la voie, son corps semblant encore plus petit par rapport à ses larges ailes. Les plus grandes, leur taille exagéré par leurs minuscules ailes, la protégeaient avec leurs corps, chacune planant derrière elle dans une rotation parfaitement synchronisée.

Par vieille habitude, Nemo leva une main pour projeter des éclairs sur elles. Avec un soupir de lassitude, il ferma ses doigts pour former un poing. C’était inutile. Au moment où il pourrait liébérer son sort, elles seraient déjà hors de portée.

Finch apparu à ses côtés. « Vous ne pensez pas qu’elle savait que c’était un piège, n’est-ce pas ? » Nemo lissa sa moustache en considérant la question. « Elle est certainement plus prudente après sa rencontre avec les Cerbères », décida-t-il. « Elle n’aurait pas risqué ces troupes si elle en avait eu la certitude. Pourtant, elle n’a engagé qu’un seul warjack du type de warjack que nous avons déjà capturés, et non l’un des autres modèles que nos éclaireurs ont repérés dans le village. De plus, elle et ses gardes volantes sont restées hors de vue pendant la confrontation. Elle doit au moins soupçonné la possibilité d’un piège ».

« Au moins, nous avons ces soldats mécaniques », déclara Finch. « Peut-être que maintenant nous pouvons apprendre pourquoi ils ont tous le visage de Cyriss sur leur poitrine ».

C’était la même question qui rongeait l’imagination de Nemo.

Les divers cultes de la Patronne des Mécanismes lui apparaissait comme des coteries d’inoffensifs intellectuels : mathématiciens, ingénieurs, mékaniciens et astronomes. Il y avait bien des aberrations, comme en témoignait l’affaire de la Witchfire quelques années auparavant, mais rien ne laissait à penser que les cyrissistes représentaient une menace. Nemo ne les avait imaginé capable de déployer une armée, encore moins de s’emparer rapidement d’un village cygnaréen.

« Monsieur », dit Blackburn. Il plaça quelques objets en cuivre dans la paume de son gantelet. « J’ai extrait ceci de notre deuxième volontaire ».

Nemo se pencha plus près, plissant les yeux pour les voir à la lumière de son armure-tempête. À première vue, ils semblaient être des jouets mécaniques en forme d’étranges insectes. En regardant plus près, il vit que c’était des demi-cylindres reliés par une ressort tenseur. Ce qui semblait être des ailes à chaque extrémité était en fait de minuscules lames. Entre les deux, comme la trompe d’un insecte maléfique, perché sur un cône de forage pointu.

Nemo prit sa pochette à sa taille et l’ouvrit. Blackburn versa les projectiles bizarres à l’intérieur.

« Dégagez le chariot », dit Nemo.

Le major avait déjà ses chevaliers tenant les hommes-machines vers l’arrière du chariot. L’un d’eux abaissa  le hayon pendant que les autres détachaient les cordes retenant les bâches. Ils retirèrent la toile pour révéler une coque en grillage à poules  ayant la forme grossière d’un warjack ennemi. Déplacer la légère cargaison ne fit pas bouger le chariot, avec son plancher de chêne renforcé de fer et conçu pour supporter une charge de plusieurs tonnes.

Nemo guida une fois de plus le Foudroyant. Il souleva le warjack vaincu avec une attitude de tendre attention et le porta jusqu’au chariot.

« Reculez », avertit Nemo aux hommes. Alors qu’ils s’écartaient, le Foudroyant posa le warjack sur plancher du chariot. Le chariot s’affaissa, sa suspension à ressort gémissant sous l’énorme poids.

Une la plus grosse cargaison en place, les Lames-Tempête commencèrent à placer les soldats mécaniques dans les espaces entre le warjack et les ridelles du chariot. La foudre avait mutilé certains d’entre eux au points de les rendre méconnaissables, mais quelques-uns restaient pratiquement intacts. Leurs lumières vacillantes suggéraient que leurs sources d’énergie étaient toujours opérationnelles, même si leurs corps étaient désactivés.

« Monsieur ? » Blackburn offrit à Nemo un perchoir sue le siège du conducteur. Nemo ignora la main offerte par le major et grimpa sans aide, sifflant alors qu’un autre spasme du dos le punissait pour sa fierté. Blackburn monta à côté de lui. Il desserra le frein et fit claquer les rênes. L’attelage s’efforça de résister à la charge plus importante, mais progressivement, le chariot se déplaça vers le sud, puis vers l’est.

« Que est notre prochain mouvement, monsieur ? »

« D’abord, je veux en savoir plus sur ces soldats mécaniques », déclara Nemo. « Lorsque nos renforts arriveront, nous serons mieux placés pour exiger une contrepartie ».

« Et dans une meilleure position pour les chasser de Cygnar ».

« Exactement ».

D’après les premiers rapports de leurs éclaireurs, Nemo savait aussi bien que Blackburn qu’ils étaient actuellement en infériorité numérique. Capturer un autre des warjacks ennemis, ainsi que ces soldats mécaniques, fournissait à Nemo un léger avantage militaire ainsi que les renseignement dont il avait besoin pour comprendre cette nouvelle menace – et la chasser de son pays avant qu’elle ne devienne plus qu’une distraction de la crise dans le Bois d’Épines.

Le campement cygnaréen se trouvait à moins d’un kilomètre au sud du Fleuve de la Langue du Dragon, juste au-delà de la frontière du village riverain de Calbeck. Nemo hocha la tête avec satisfaction en voyant que le reste de ses troupes avancées avait fini de monter les tentes.

Un tiers des structures brillaient à la lumières des lanternes, tandis qu’un autre tiers était dissimulé par du feuillage. Les tentes restantes servaient à brouiller la différence entre les leurres et les tentes habitées.

La supercherie était leur première arme contre une force inconnue. La supercherie était presque tout ce qu’ils avaient jusqu’à ce que les renforts arrive.

Les forces de Cryx continuant de menacer la frontière nord et l’alliance avec les khadoréens toujours instable, Nemo n’avait pu détourner qu’une modeste force vers cette nouvelle urgence. Dès que les Cerbères avaient rendu les machines qu’ils avaient capturés, Nemo avait envoyé des cavaliers pour faire venir plus de troupes et de warjacks. En attendant, il voulait se préparer à toute nouvelle surprise.

Il n’avait qu’à lever les yeux pour voir la structure ayant causé tant d’inquiétude.
La tour éclipsait la communauté riveraine. Ses lignes gracieuses mariaient et utilité, mécaniques et dessin abstrait. Les quatre pieds arqués de la tour la plantaient fermement au centre de la ville. Entre eux, un incompréhensibles conglomérat d’engrenages et d’essieux géants plongeaient dans la terre. Leur grincement et leur cliquetis constants résonnaient dans le campement de Nemo, même à un demi-kilomètre. Depuis les faces nord et sud de la tour, le visage lumineux de Cyriss observait la campagne. Au sommet de la tour reposait un globe couvert de six boucliers effilés, telle un bouton floral niché dans ses feuilles. De temps en temps, un arc crépitant d’énergie voltaïque grimpait entre les bords des « pétales », promesse d’une floraison imminente.

Le chariot s’arrêta près de l’abri des ingénieurs, une grande tente en toile brillant des lumières des forges portatives et des chambres-tempête. Le bruit d’un pistolet à riveter rivalisait avec le souffle d’une machine à vapeur pour l’honneur du vacarme le plus susceptible d’empêcher le camp de dormir.

Une femme grande et musclée sortit pour accueillir le chariot. Ses cheveux poivre et sel se dressait droit sur sa tête, aussi épais que les épines d’un hérisson. À chaque pas, sa jambe gauche mékanisée grinça et siffla lorsqu’elle portat tout son poids.

« Qu’est ce que tu me ramènes, Bastian ? »

Nemo se hérissa à la contraction de son prénom par le Sergent Mags Jernigan. Voyant sa réaction, elle sourit, révélant une large bouche pleine de dents tachées de thé.

Nemo souhaitait que la mékanicienne vétéran s’adresse à lui par son rang, au moins devant les soldats, mais il s’était depuis longtemps cédé dans leurs éternelles escarmouches entre la bienséance  et, eh bien, Mags Jernigan.

Nemo passa la main dans le chariot et souleva la tête détachée de l’un des soldats mécanisé. À l’exception de sa lentille oculaire maintenant obscurcie, il ressemblait plus que jamais à un haume stylisé. « Qu’en pensez-vous, Mags ? »

S’essuyant les mains sur un chiffon huileux, Mags fit signe aux Lames-Tempête les plus proche, qui traînèrent l’un des soldats tombés du chariot dans sa tente. Là, ils le posèrent sur une lourde table de travail pendant que les assistants de Mags retiraient le tibia à moitié remonté d’une warjack Libellule. Sur une plus grande table derrière elle se trouvaient les pièces démontées d’un warjack semblables à celui du chariot, auquel il ne manquait que le bras que Nemo avait employé comme leurre sur la bâche.

Mags tourna autour de la table telle une médecin légiste examinant une victime de meurtre. Elle portait une chemise sans manche sous son tablier en cuir, révélant des tatouages de rouages et d’engrenages sur chaque épaule. Les dessins de chaque côté convergeaient vers le centre de sa poitrine plate en motif de mécanisme de plus en plus complexe.

Les yeux de Mags se rapprochèrent du symbole sur la poitrine du soldat mort.

« C’est drôle. La Patronne des Mécanismes ».

Nemo hocha la tête. « Cyrissistes ».

Mags scruta les rouages en laiton du torse du soldat. Elle souleva ses assemblage de lame et d’arme à feu avec un grognement appréciatif quand elle senti leurs poids. Lorsqu’elle les lâché, elle serra ses articulations enflées et siffla.

« Vous allez bien ? » Demanda Finch.

« C’est juste l’arthrite », répondit Mags. « Si près de Fleuve, je peux ressentir l’humidité dans mes articulations ». Elle toucha d’abord à travers le chiffon, puis de sa main nue, les balafres de foudres sur ses jambières et épaulières intégrales. Derrière elle, Finch tendait le cou pour voir ce que faisait la mékancienne.

« Combien de temps depuis que tu les a abattus ? » Demanda Mags.

« Une demi-heure », dit Nemo. Il posa la tête du soldat sur sa table de travail. « Le seule chaleur que je peux sentir est celles de ses brûlures ». Elle toucha le symbole de Cyriss sur sa poitrine.
« Est-ce l’ensemble de puissance ? »

Nemo hocha la tête. « C’est une estimation aussi bonne que n’importe quelle autre. Il brille d’une lumière ressemblant à ce que j’ai bu dans d’autres appareils cyrissistes ».

« Ça ressemble un peu à ton travail vieil homme. As-tu encore copié le travail des autres étudiants ? »

Finch sursauté et ravala un rire.

« Relax, gamin », déclara Mags. « Je suis juste taquine ».

« Je ne suis pas amusé », déclara Nemo.

« Non, tu ne l’es presque jamais. C’est bien le problème avec toi », répondit Mags. Elle fit un clin d’oeil à Finch. « Essaie de ne pas être comme lui, gamine. Surtout dans cette tenue, il faut apprendre à vivre un peu. Avant de mourir ».

Nemo fronça les sourcils, avertissant Mags qu’il n’était pas d’humeur à la légèreté. « Quelles sont vos première impressions sur les mécanismes ».

«  Eh bien, il y a évidemment un élément mécanique dans les fonctions motrices. Mais il n’y a aucun moyen permettant à ces garçons d’êtres remontés tel des jouets à ressort ». Elle tordit et tira le Visage de Cyriss sur la poitrine du soldat, mais il demeura fixe. « Ces unités de puissance sur leurs poitrines ne semblent pas assez grandes pour les faire fonctionner pendant un certain temps. Celui sur le ‘jack que vous avez introduit subrepticement dans le camp plus tôt s’est déjà éteint. Soit ils ne fonctionnent pas très longtemps, soit il y a une autre source d’énergie quelque part ».

« Peut-être que l’énergie provient de la tour », suggéra Finch.

Nemo ouvrit la bouche pour exprimer son désaccord, mais il s’arrêta Le reste de la technologie du nouvel ennemi était si avancé qu’il ne pouvait pas écarter la notion de champ d’énergie fournissant de l’énergie aux soldats mécanique à proximité. « Une idée intéressante, Chasseuse de Tempête ».

Finch essaya et ne parvint pas à cacher un sourire à ces éloges et à l’emploi de son titre. Nemo essayait de rationner de tels compliments pour éviter de gonfler son égo, mais celui-ci lui avait échappé.

« là, tu parles de magie, je ne suis plus », déclara Mags dans une plainte simulée.

« Voici quelques choses de plus mékanique à étudier », répondit Nemo. Il lui lança le sac de projectiles à ressort.

Mags fit un pas en avant pour attraper le sac, mais sa jambe mékanique émit un cri strident et la retint.

Nemo tendit également le bras pour attraper le sac chutant, mais haleta de douleur lorsqu’un autre spasme dorsal le frappa.

Finch attrapa le sac avant qu’il ne touche le sol. Elle le passa à Mags, secouant la tête tandis que son regard papillonnait entre la mékanicienne et le warcaster. « Dois-je appeler une infirmière ? »

« Finch ! » L’avertirent-ils à l’unisson.

* * *


109
CONVERGENCE SOMBRE

DAVE GROSS

Pour R. Scott Taylor, qui a ouvert la voie.

LA PREMIÈRE HARMONIQUE
LA SECONDE HARMONIQUE
LA TROISIÈME HARMONIQUE
LA QUATRIÈME HARMONIQUE
LA CINQUIÈME HARMONIQUE
LA SIXIÈME HARMONIQUE
LA SEPTIÈME HARMONIQUE
LA HUITIÈME HARMONIQUE
LA NEUVIÈME HARMONIQUE




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Background – Histoire des Royaumes d’Acier / Re : Désolation figée
« le: 26 septembre 2022 à 15:55:56 »
Bonne lecture  :)

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Background – Histoire des Royaumes d’Acier / Désolation figée
« le: 26 septembre 2022 à 15:55:37 »
DÉSOLATION FIGÉE

par Aeryn Rudel

CYGNAR

« C’est quoi ? » demanda le Capitaine Ardan Bray, le visage assombri par l’incrédulité.

« C’est complètement amphibie, monsieur », répondit le forge-tempête en toute simplicité. Elle écarta ses lunettes de ses yeux et les remonta sur ses cheveux brun souris. C’était une jeune femme petite et simple, vêtue de la tenue bleu vif des forges-tempêtes. Des outils – certains reconnaissables par Ardan, d’autres totalement mystérieux – pendaient à sa large ceinture de cuir, et elle tenait une clé à molette dans sa main droite. Des galons de sergent, dans le style utilisé par les spécialistes, était cousu sur sa manche.

« Mais c’est une Luciole », insista Ardan, toujours incapable de croire que le warjacks léger accroupi sur le pont tanguant du Bright Star était en fait aquatique. Non seulement un tel concept était très rare dans l’actuel arsenal de Cygnar. Mais il plus qu’étrange que le warjack choisi pour une modification amphibie soit celui qui s’appuyait sur l’énergie galvanique comme arme offensive principale.

La jeune forge-tempête soupira avec lassitude. « J’essaierais bien d’expliquer, mais je pense pas qu’il soit possible pour quelqu’un ayant une formation technique insuffisante de comprendre. Monsieur ». Ajoutant le titre tardivement, comme si elle venait de se souvenir qu’elle s’adressait à un officier supérieur. Cela fut suffisant pour irriter Ardan, qui semblait se heurter à cette réaction à plusieurs reprises depuis son embarquement sur le navire.

« Sergent », prononça Ardan, sa voix prenant un ton tranchant, « je n’apprécie pas votre attitude condescendante ».

Les sourcils de la jeune forge-tempête se haussèrent au reproche, mais elle se reprit rapidement et se mit au garde-à-vous. « Oui, monsieur. Désolé, monsieur », dit-elle. « Je ne peux pas vous dire combien de fois j’ai dû expliquer la Manta. C’est très compliqué. Comme vous êtes le warcaster assigné à ce test de terrain, je suppose que vous avez été briefé ».Elle avait dit cela d’un ton si sérieux qu’il n’y avait pas de critique implicite.

La colère d’Ardan s’apaisa, et il réalisa que la forge-tempête se tenant au garde-à-vous devant lui n’était que de quelques années sa cadette. À vingt-quatre ans, il était jeune pour un warcaster, et malgré sa volumineuse armure de warcaster et son insigne de capitaine, il n’attirait pas souvent le respect de ses collègues plus vétérans. Peut-être que lui et la forge-tempête avaient cela en commun.

Ardan venait juste d’achever son circuit de compagnon, et sa première mission était d’enquêter sur les rumeurs d’un bastion de pirates située sur l’Île de Thelborn. Située au large de la côte nord de Khador, dans une région connue sous le nom de Désolation Figée, Thelborn était pour le moins isolée. Il était cependant logique que des corsaire emploient cette île largement inexplorée comme base pour attaquer toute la côte ouest de l’Immoren.

L’activité des pirates était toujours une préoccupation, mais les graves insinuations selon lesquelles le gouvernement khadoréen aidait les pirates de Thelborn avaient poussé Cygnar à l’action. Ardan, une petite force cygnaréenne et une poignée de warjacks avaient embarqués à bord de trois navires ordiques et envoyés au nord pour enquêter. Ce n’était pas exactement a mission de rêve d’Ardan, mais c’était un ordre, une chance de faire ses preuves. Quand on lui avait indiqué qu’un warjack expérimental serait placé sous son commandement, cependant, il s’était attendu à quelque chose comme une Chargeur avec un double canon amélioré, mais par une Luciole amphibie. Il commençait maintenant à se demander si la priorité de cette mission était d’enquêter sur des rumeurs de piraterie ou de tester les systèmes d’armes de ce nouveau warjack.

« Repos, sergent », dit Ardan après une courte pause ? « Dîtes-moi votre nom ».

« Sergent spécialiste Galva Hendricks, monsieur », répondit-elle immédiatement.

« On m’a seulement dit que je prendrais le commandement d’un warjack expérimental avant de quitter Ceryl et que le mékanicien assigné au ‘jack m’expliquerait tout ce que j’ai besoin de savoir », dit Ardan.

« Je vois, monsieur », répondit le Sergent Hendricks. « Je suis cette mékanicienne, monsieur ».

« Je croyais que vous étiez une forge-tempête », répondit Ardan, l’air perplexe.

« Eh bien, monsieur, la Manta exige beaucoup de ses mékaniciens, « déclara le Sergent Hendricks ». J’ai donc reçu une formation de mékanicien et de forge-tempête.

« C’est un impressionnant ensemble de compétence, sergent ». Ardan le pensait.

Le Sergent Hendricks lança un sourire qui anima ses traits simples et simples. « Merci, monsieur ».

Ardan continue : « Essayer de me guider. Je connais un peu les warjacks, de par ma propre formation. Ne craignez pas de me dérouter ».

Elle acquiesça et reporta son attention sur la Manta devant elle. Il y avait une lueur dans ses yeux alors qu’elle passait à son évidente passion et son domaine d’expertise. « Donc, vous remarquerez qu’il n’y a pas de modification extérieure évidente sur cette Luciole ».

« Bien », répondit Ardan en hochant la tête. « Nous ne voulons pas que l’ennemi soupçonne que c’est autre chose qu’une Luciole standard ».

« Exactement, monsieur », répondit le Sergent Hendricks. « Toutes les grosses modifications sont à l’intérieur de la coque, et la plupart d’entre elles consistent à isoler la fournaise, la chaudière et les relais galvanique du ‘jack de l’eau ». Elle s’arrêta, et son visage s’éclaira d’un sourire étonnamment malveillant.

« Oh non, monsieur. La manta réserve une sacrée surprise à tous ceux qui sont assez fous pour se jeter à l’eau avec elle. Elle se déplaça vers le bras gauche de la Manta, qui était équipée d’un engin galvanique ressemblant un peu à un paratonnerre et un peu à un canon avec un long et fin fût. Elle tapota légèrement l’arme avec sa clé. « Nous avons modifié son blaster-tempête afin qu’il émette constamment une impulsion galvanique interférant avec le transfert magique.

Ardan tapota son menton avec son index. « Ainsi, un warcaster ennemi ne peut donc pas transférer d’énergie à ses warjacks tant qu’il se trouve dans ce champ », dit-il intrigué. « Quelle est la porté de cette impulsion ? »

Le Sergent Hendricks fronça légèrement les sourcils. Le capitaine avait trouvé l’une des faiblesses du ‘jack expérimental. « Assez courte. Environ trois mètres ».

« Encore. Ce n’est pas mal et ça pourrait s’avérer utile. Est-ce que Manta a été testé ailleurs ? »

« Euh... » Commença le Sergent Hendricks. « Pas officiellement ».

« Êtes-vous en train de me dire que je pourrais emmener un prototype non testé au combat ? » demanda Ardan, soudainement alarmé.

« Eh bien, il y en avait un autre en cours de test, monsieur ».

« Avait » dit Ardan. La froideur de la peu s’installant dans ses tripes. « Qu’est-il arrivé ? »

« Il, euh, a mal fonctionné », bégaya le Sergent Hendricks.

« Que s’est-il passé, sergent ? » grogna Ardan ? « Dîtes-le moi maintenant ».

« Il a explosé ».

« Il a quoi !? » hurla Ardan. « Quelqu’un a été blessé !? Ou tué ? Se dit-il.

Le visage du Sergent Hendricks devint un masque de peur, et elle regarda autour d’elle ? Essayant de trouver quelque chose à faire avec ses mains. « Pas vraiment, monsieur … » dit-elle. « Je veux dire, l’Officier Forge-Tempête Termon a perdu un bras, mai ce n’est pas si mal. Je veux dire, l’explosion a détruit le centre de test, donc si vous regarder les choses de cette façon... »

« Assez, sergent », répondit Ardan. « Dites-moi seulement si ce prototype » – il désigna la Manta sur le pont – « a effectué plus de tests que le premier ».

Le Sergent Hendricks s’illumina soudainement. « Oh, oui, monsieur », dit-elle en hochant la tête avec enthousiasme. « Nous avons pu déterminer ce qui avait causé le dysfonctionnement du premier et l’avons résolu dans ce prototype. Il est parfaitement sûr, monsieur ».

« Vous pariez votre vie là-dessus, sergent ? » demanda Ardan, la voix grave. « Ou la mienne ? »

« J’ai confiance en mon travail, monsieur », répondit-elle immédiatement, les lèvres serrées en une ligne dure. Toutes les traces de peur et de doute s’étaient effacées de son visage, et Ardan vit la confiance d’une artisane qualifié défendant son travail.

« D’accord, cela me suffit, sergent », dit Ardan, offrant à la jeune spécialiste un hochement de tête et un sourire. « Rompez. Vous pouvez rejoindre le reste de votre équipe en bas ».

« Oui, monsieur ». Le Sergent Hendricks salua intelligemment, puis le quitta pour observer les vagues s’agitant sur les plats-bords, tandis que le Bright Star faisait route vers le nord. Quelques heures seulement après le début de leur voyage, ils longeaient encore la côte sur d’Ord, mais Ardan croyait déjà sentir l’air se refroidir.

Il éprouvait une certaine appréhension à l’idée de naviguer au coeur du territoire contrôlé par le Khador. Il était vrai sue le côte ouest de Khador était assez peu peuplée. L’île qu’ils s’apprêtaient à explorer n’abritait probablement rien d’autre que des rochers froids et du liche lavés par les vagues. Néanmoins, la Désolation Figée pouvait être un endroit dangereux, même s’il n’y avait que des pirates à Thelborn et qu’ils ne rencontreraient jamais l’armée khadoréenne. Les histoires de rejetons draconiques étaient maintenant assez courantes pour ne plus être prises pour de simples rumeurs.

Ardan frissonna. Il avait reçu une formation sur les rejetons draconiques pendant son séjour à l’Académie de Stratégie Militaire, et il n’avait aucune envie d’avoir affaire à de telles monstruosités lors de sa première mission. Il pouvait s’occuper des pirates et des warjacks ennemis, qui avaient des visages et des motivations humaines. Les rejetons draconiques, étrangers et inhumain, étaient une toute autre affaire.

Ardan posa sa main sur le châssis de la Manta à côté de lui alors qu’il regardait l’océan. Le warjack avait été préparé pour son emploi, et il put ressentir son cortex s’agiter au contact physique de celui qui serait son maître. Le bourdonnement sourd et régulier du cortex du ‘jack dans le fond de son esprit était apaisant, et pour le moment il s’autorisa à mettre de côté le danger à venir. Il se concentra uniquement sur le vent, le ciel, et le sel de l’océan contre sa peau.

KHADOR

Le pionnier feinta avec son long couteau à l’épaisse lame, un coup d’estoc élevé bien trop lent pour être convaincant. La véritable attaque du soldat du soldat cygnaréen arriva l’instant d’après, comme Dmitri le savait, un coup de poignard dans la poitrine. C’était une habille attaque, mais pour Dmitri Ulchev, vétéran d’une centaine de duels, la frappe était lente et maladroite. Il repoussa le couteau avec l’épée courte qu’il tenait dans sa main gauche, fit un pas en avant dans les défenses du pionnier et planta sa seconde lame dans l’abdomen du soldat cygnaréen. La lame entra dans un angle aigu, glissant sous la cage thoracique pour perforer le poumon et le coeur du pionnier. Le jeune soldat n’émit qu’un grognement étouffé de surprise avant que la mort ne l’emporte.

Dmitri laissa tomber le corps au sol et se rendait compte qu’il était, pour le moment, seul sur le champ de bataille. Il chassa le sang de sa lame et prit un moment pour se repérer. Il se tenait sur le rivage sablonneux d’une île froide et balayée par les vents appelée Thelborn. À quelques mètres de là le reste de sa troupe d’assassins se tenait près d’une énorme dalle de pierre sombre dépassant du sable noir. Plus loin sur l’étroite bande de plage, une bataille féroce faisait rage entre les forces khadoréennes et cygnaréennes.

Dmitri avait été séparé de ses hommes lorsque les cygnaréens avait pris d’assaut la plage et pris les khadoréens par surprise. Le contingent militaire khadorén sur l’île venait d’arriver, préoccuper par les informations faisant état d’activités de pirates si près de la côte khadoréenne. Les pirates avaent fait des dans les territoires ordiques et cygnaréens mais avaient largement laissé intacts les navires de commerce khadoréens dans la région. Cela fut suffisant pour pousser le gouvernement khadoréen à enquêter sur Thelborn et , si possible, à rechercher une trêve avec les pirates pouvant inclure une aide non officielle aux activités des pirates dans les eaux cygnaréennes et ordiques. Parce qu’un envoyé officiel du gouvernement khadoréen ne pouvait pas être envoyé, ils pnt plutôt envoyé Dmitri Ulchev, dont la famille était depuis longtemps impliquée dans la navigation, pour vérifier si les pirates opéraient, en fait, à partir de Thelborn et ouverts aux négociations. Les kayazy servaient souvent de façade au gouvernement khadoréen lorsque cela profitait aux deux parties, et Dmitri était très désireux de conclure ce qui pourrait être un lucratif accord avec des pirates s’emparant de grosses cargaison des navires cygnaréens et ordiques.

Cependant, le gouvernement khadoréen n’était pas sur le point de laisser un kayazy gérer une telle négociation sans supervision, cependant, et les trois vaisseaux envoyés pour enquêter sur Thelborn transportaient cinq escouades complètes de la Garde des Glaces, une poignée de warjacks et un jeune warcaster du nom de Kovnik Luka Ostyvik. Ils avaient ancré leurs navires du côté sud de l’île et n’avaient débarqué uniquement pour trouver ce côté de Thelborn désert. Les troupes cygnaréennes – une large force de pionnier et de fusiliers – étaient apparues sur la plage alors que Dmitri, ses hommes et le contingent militaire khadoréen retournaient vers leurs navires.

Bien que la présence des cygnaréens si loin de leurs eaux étaient une surprise totale, l’absence de warjacks cygnaréens diminua l’impact de leur apparition. Soutenu par toute sa force de la Garde des Glaces, le Kovnik Ostyvik et ses deux Juggernauts avaient chargé les cygnaréens. Dmitri et ses hommes étaient restés en arrière pour regarder ce qui aurait du être un massacre. Puis les warjacks cygnaréens avaient émergé de ce putain d’océan.

Dire que les khadoréens furent pris au dépourvu fut un euphémisme. Les warjacks amphibies cygnaréens – l’idée d’une telle chose surprenait encore Dmitri – avaient déboulé de l’océan et lancé des éclairs dans les rangs khadoréens. Les éclairs sautaient d’homme en homme, tuant des dizaines de personnes dans les premiers frénétiques instants du combat. L’apparition des warjacks galvanisèrent rapidement les troupes cygnaréennes, et leur warcaster, qui combattait parmi eux, rallia ses hommes dans une redoutable contre-attaque.

Dmitri avait ordonné à ses hommes d’avancer et d’aider le Kovnik Ostyvik, mais avant qu’ils ne puisse atteindre le warcaster, une escouade de commandos pionniers placée pour faire face aux renforts khadoréens apparut de l’intérieur de l’île, jonchée de rochers. Les commandos abattirent un de ses hommes avant que les kayazy ne puissent les rejoindre. Après cela, les kayazy resserrent les rangs et engagèrent les commandos dans une brutale mêlée. Habiles avec leurs couteaux de tranchée, les cygnaréens réussirent à tuer deux autres hommes de Dmitri, mais à la fin, ce furent les kayazy qui se révélèrent les plus habiles aux armes. Les commandos furent tués en un rien de temps.

La bataille terminée, Dmitri rejoignit ses hommes, six des dix premiers, qui s’étaient réfugiés derrière une dalle de pierre.

Tandis que Dmitri s’accroupissait à côté de lui, l’assassin principal Costi Aleshko désigna la bataille se déroulant sur la plage. « Ils prennent une raclée ».

« Peut-être que le jeune Kovnik Ostyvik ne devrait pas se lancer dans la bataille tel un garçon trop amoureux d’une courtisane », répondit sombrement Dmitri. « J’ai moitié envie de le laisser prendre sa raclée ».

Costi sourit et secoua la tête. « Même si j’adorais voir d’un des estimés warcasters de la Mère Patrie se faire botter le cul sur un plateau, mon vieil ami, nous pourrions avoir besoin de la Garde des Glaces et des warjacks s’il y a des pirates sur cette île oubliée des dieux. De plus, je ne sais pas pour vous, mais je ne m’attendais certainement pas à ce que les warjacks cygnaréens déboulent de la mer tel de grands poissons bleus et or.

Dmitri hocha la tête et grimaça comme s’il venait d’avaler quelque chose d’amer. « Tu as raison, bien sûr. Nous devrions voir ce qui peut-être fait pour sauver les fesses du Kovnik Ostyvik ».
Les combats entre les forces cygnaréennes et khadoréennes s’étaient transformés en une mêlée tourbillonnante, et il était difficile de voir quel camp avait le dessus. Il y avait cependant plus de Gardes des Glaces que de cygnaréens blessés et morts au sol. De plus, l’un des Juggernauts était complètement hors service, tandis que les quatre warjacks cygnaréens étaient toujours opérationnels.

« Nous allons utiliser ces rochers pour remonter la plage », dit Dmitri, en pointant les énormes pierres dépassant du sol lorsque la plage cédait la place à l’intérieur de l’île, « et essayer de frapper ces fusiliers par derrière ». Une seule escouade des puissants de ces fusiliers cygnaréens se tenait à l’écart de la mêlée, tirant sur les soldats khadoréens presque en liberté. Ils prélevaient un lourd tribut sur la Garde des Glaces et les empêchaient de monter une efficace contre-attaque.

« D’accord ». Costi fit signe au reste des kayazy d’avancer et relaya les ordres de Dmitri. Les kayazy se déplacèrent en un seul groupe, couvrant rapidement le terrain entre les rochers, dissimulant leur déplacement dans les ombres profondes s’accumulant sous chacun d’eux. En moins d’une minute, ils s’étaient déplacés, sans être détectés, à moins de dix verges des fusiliers cygnaréens et les mêlée entre les deux forces.

Dmitri dégaina ses lames et sourit à la sensation de leurs poids familiers dans ses mains. Il prit une profonde inspiration et poignarda les fusiliers avec la lame dans ses mains gauche. Lui et les reste des kayzy quittèrent leurs abri et traversèrent en trombe les dix mètres qui les séparaient de leurs cibles. Leur attaque fut si rapide et silencieuse que les cygnaréens ne réalisèrent pas le danger jusqu’à ce que les kayazy soient parmi eux.

Bien que les fusiliers soient armés d’épées, ils étaient si déterminés à tirer sur les Gardes des Glaces avec leurs fusils que leurs armes de mêlées pendaient toujours dans le fourreau à leurs ceintures. Dmitri tua le premier, tranchant la gorge d’un fusilier avec l’une de ses lames qui s’était retourné pour lui faire face, un fusil inutile à la main et le visage figé dans un O de surprise. Le cygnaréen s’affala en se tenant la gorge, essayant désespérément d’endiguer la marée écarlate jaillissant entre ses doigts. Après ça, ce fut un massacre. L’expertise des kayazy avec les lames permit un rapide travail sur les fusiliers surpris, et bientôt Dmitri et ses hommes se tirent au-dessus des cadavres ensanglantés de dix soldats cygnaréens.

La mort des fusiliers eut un effet presque immédiat sur la bataille. Sans être menacés par la mortelle précision des tireurs d’élite, la garde des glaces fut capable de faire une poussée concentrée et de renverser le cours du conflit.

Dmitri examina le bataille, à la recherche d’un autre endroit où ses kayazy mortel, mais légèrement armuré pourrait infliger le plus de dégâts. Il était sur le point d’ordonner à ses hommes de contourner l’action principale pour engager un petit groupe de pionniers qui s’étaient échappés de leurs ennemis de la Garde des Glaces lorsque le cri strident de l’artillerie en approche noya les sons du combat.

Le premier boulet de canon tomba court et envoya un gigantesque panache de sable et de fumée à dix mètres des forces cygnaréennes et khadoréennes. La bataille s’arrêta et les deux camps regardèrent la mer. Trois énormes navires aux voiles noires, leurs flanc hérissés de canons, étaient ancrés à deux cents verges du rivage.

Dmitri regarda les panaches de flammes et les nuages fumée jaillir des flanc de chaque navire, sachant que le féroce gémissement de l’artillerie suivraient derrière.

Les pirates de Thelborn avaient décidé de faire une apparition.

MERCENAIRES

Le pont du Mauvaise Fortune était en proie au chaos, et Fiona la Noire se tenait silencieuse et immobile au milieu de ce chaos. La fumée, les flammes et le tonnerre des coups de canon remplissait l’air tandis que l’équipage du Mauvaise Fortune martelait les forces cygnaréennes et khadoréennes sur le rivage. Fiona regarda impassiblement les coups de canon frapper les rangs des soldats sur la plage, projetant des corps – et des morceaux de corps – dans les airs.

À côté de Fiona, deux imposants forme se profilaient : une paire de warjack lourdement modifiés appelés Navigateurs. Chacun était basé sur le châssis du Marinier, mais le canon standard du Marinier avait été retaillé pour permettre de tirer un boulet beaucoup plus gros. La modification réduisait la portée et la puissance explosive du canon, mais ajoutait une force considérable à chaque tir, suffisamment pour faire reculer un warjack léger d’une douzaine de pas. En outre, la redoutable ancre que tenait chaque Navigateur dans son bras droit avait été équipée d’une longueur d’une lourde chaîne, permettant au warjack de la balancer un large arc, d’accrocher les ennemis et de les remorquer.

Fiona était impatiente de voir ses nouveaux warjacks en action, et son impatience passait par le lien qu’elle partageait avec ses deux Navigateurs, les obligeants à se déplacer sans relâche et à secouer les chaînes de leurs ancres. Elle ne s’attendait pas à avoir l’occasion de mettre les Navigateurs à l’épreuve si tôt. Thelborn était isolée, et elle servait déjà de base d’opérations pour une bande de pirates lorsqu’elle, le Capitaine Bartolo Montador et leur flotte sont arrivés. Il avaient donnés le choix aux corsaires déjà présent : les rejoindre ou être détruits. Les corsaires de Thelborn avaient rapidement acceptés, grossissant considérablement les rangs sous le commandement de Fiona et Montador.

Peu après son arrivée et après avoir obtenu l’allégeance des nouveaux pirates, le Capitaine Montador avait laissé Fiona s’occuper des nouvelles recrues et superviser leurs opérations sur Thelborn tandis qu’il prenait deux de leurs navires pour poursuivre les pillages dans le sud. La première action de Fiona fut de prendre possession de la forteresse située au nord de l’île, une énorme grotte marine pratiquement invisible pour quiconque s’approchant depuis la mer – un endroit parfait pour cacher ses trois navires.

Ils s’attendaient à une réaction khadoréenne à leur présence, puisque Thelborn se trouve au large de la côte nord de Khador, mais ils ne s’attendaient pas si tôt. Quant aux cygnaréens, Fiona n’avait aucune idée de ce qui les avait amenés si loin au nord. Cela n’avait pas d’importance ; elle ne pouvait pas supporter la présence de Cygnar et Khador sur le territoire sous son contrôle. Même si une attaque pouvait alerter la marine khadorénne, elle était suffisamment occupée ailleurs pour que le risque en valait la peine. De plus, elle avait maintenant amplement l’occasion de tester les nouveaux Navigateurs au combat.

Les canons se turent soudainement et Fiona vit immédiatement que les forces cygnaréennes et khadoréennes avaient abandonné la plage. Toutes deux s’étaient retirées dans le dense champ de rochers servant d’intérieur à l’île. Elle avaient également cessé de se battre entre elles et attendais manifestement une réponse des trois navires ancrés au large. Fiona était plus qu’heureuse de leur rendre service.

« Capitaine Santoni ! », aboya Fiona, sa voix telle une lame d’acier tranchant facilement la clameur des hommes et des machines. « Nous débarquons ! »

« Oui, maîtresse ! » cria depuis le gaillard avant un homme grand et décharné en pardessus noir. Il commença à crier des ordres aux chiens de mers et aux autres combattants à bords du Mauvaise Fortune. Fiona savait que le Capitaine Santoni le signalerait aux deux autres navires de sa petite flotte, et qu’eux aussi enverraient des chiens de mer et des warjacks à terre.

Des vedettes blindées furent rapidement mises à l’eau et remplies de chiens de mer désireux de faire couler du sang. Fiona et ses deux Navigateurs montèrent à bord de la plus grandes des vedettes du Mauvaise Fortune avec le Capitaine Santoni et un petit contingent de fusiliers fusiliers chiens de mer. Les Navigateurs étaient complètement amphibies et pouvaient facilement plonger et se déplacer au fond de l’océan jusqu’à la plage. Cependant, elle avait besoin des canons des warjacks pour occuper les khadoréens et les cygnaréens sur la plage et empêcher l’ennemi de détruire ses bateaux avant qu’ils n’atteignent le rivage.

Ils n’étaient pas à plus de vingt verges lorsqu’un petit groupe de fusiliers cygnaréens sortit de sa cachette avec un warjack léger que Fiona n’avait vu auparavant. Il était orné de relais galvaniques et de bobines voltaïques, et monté sur son bras gauche se trouvait un étrange canon, également fortement modifié avec la technologie voltaïque cygnaréenne. Les fusiliers s’agenouillèrent sur la plage de sable et ouvrirent le feu, tandis que le warjack cygnaréen avançait, probablement parce que son canon n’avait pas la portée des fusils des fusiliers.

Fiona se tenait à l’arrière de sa vedette, attirant intentionnellement le feu des fusiliers. Leurs balles sifflaient autour de sa tête et de ses épaules, des tirs précis ne parvenant pas à traverser la défense de sa volonté. Elle regarda le warjack léger cygnaréen s’avancer dans l’océan, la surprenant un instant alors que les vagues s’écrasaient sans effet contre sa coque, sa chaudière et ses myriades de pièces voltaïques. Le concept d’un warjack cygnaréen amphibie occupa son esprit pendant un instant, jusqu’à ce quelle se rendre compte que le ‘jack était à portée des canons des Navigateurs.

« Chargez ! » cria Fiona. Derrière elle, elle entendit le bruit caractéristique de ses chiens de mer chargeant de la poudre et des boulets dans les canons des Navigateurs.

« Chargez, oui, Maîtresse ! » crièrent les chiens de mer, et elle prit immédiatement le commandement mental des deux Navigateurs se tenant à côté d’elle. Le tonnerre de leurs canons jumeaux retentit et elle sentit les massives sphères de fer quitter leurs canons. Elle avait augmenté la force et la précision de chaque coup avec sa considérable volonté, et ils frappèrent presque simultanément. Le warjack cygnaréen fut projeté en arrière dans une explosion d’acier brisé et morceaux voltaïques. Le warjack gravement endommagé tenta de se relever, mais une pluie d’étincelles jaillit de sa coque endommagée alors que la mer se déversait dans son châssis fissuré. Quelles que soient les modifications apportées par les cygnaréens pour protéger ses mékanismes voltaïques de l’eau, elles furent dépassées. Il trembla une fois et se renversa pour demeurer immobile dans les vagues.

Fiona s’autorisa un léger sourire devant la destruction du warjack cygnaréen. Derrière elle et dans les autres vedettes, ses chiens de mer commencèrent à riposter aux tirs des fusiliers cygnaréens. Ils en tuèrent trois et forcèrent les autres à se retirer en sécurité dans le champ de rochers à l’intérieur de l’île.

La vedette de Fiona toucha la plage en premier, et elle poussa immédiatement ses warjacks vers l’avant, suivant dans le sillage de leur pas lourd. Deux chiens de mer courait à côté d’eux, chacun transportant une lourde charge de grenaille et de poudre pour les canons des Navigateurs. Les autres vedettes atteignirent la plage quelques instants après, et une importante force de chiens de mer et de fusiliers chiens de mer déferla sur le sable et se dirigea vers l’intérieur de l’île.

Comme Fiona s’y attendait, les forces khadoréennes et cygnaréennes restantes ouvrirent le feu sur ses hommes depuis la sécurité du champ de rochers. La Garde des Glaces, les fusiliers et les pionniers de l’ennemi surpassaient ses chiens de mer – la plupart armés de pistolets – et feraient certainement des ravages avant que ses forces ne puissent combler la distance.

Fiona ferma les yeux un instant et ses lèvres prononcèrent sifflèrent des mots en Telgesh, la langue de Thamar, la noire déesse qu’elle servait. La sorcellerie noire qu’elle invoquait infligerait une terrible malédiction à ses ennemis, et elle ressentit une certaine excitation alors que la puissance la traversait et jaillissait de son corps en vagues d’énergie pulsée. L’effet sur l’ennemi fut instantané, la malédiction les accablant de malchance. Les tireurs d’élite devinrent maladroit et incompétents, leurs tirs passant à côté ou soulevant simplement du sable devant leur cibles. Même lorsqu’un tir parvenait à toucher un chien de mer, la puissance de Thamar réduisait sa vitesse à un tel point que même la balle ne pouvait même pas pénétrer les fines vestes en cuir que portaient la plupart de ses hommes.

Fiona se déplaçait à un rythme régulier, poussant mentalement ses warjacks à ses côtés et faisant feu de leur canons aussi vite que les deux chiens de mers qui la suivaient pouvaient les charger. Les lourds boulets de fer s’écrasèrent contre les rochers protégeant l’ennemi et envoyèrent de mortels jets d’éclats de pierre sur ceux se cachant derrière eux. Finalement, le warcaster khadoréen – un jeune homme qu’elle ne reconnut pas – se joignit au combat. Il s’éloigna du couvert  avec un Juggernaut et un large contingent de la Garde des Glaces. Elle n’avait as encore vu le warcaster cygnaréen, et il était certainement possible qu’il ait été tué dans les combats avant qu’elle et ses pirates ne soient arrivés.

L’impatience du warcaster khadoréen était évidente, et il fit charger son Juggernaut directement sur Fiona et ses Navigateurs. Il avait assez de bon sens pour contenir ses chiens de mer avec les tirs de sa Garde des Glaces, mais apparemment pas assez pour éviter de charger un warcaster ennemi soutenu par deux warjacks lourds.

Fiona sourit et poussa un de ses Navigateurs dans une charge pour intercepter le Juggernaut. Elle était sur le point de faire tirer le second Navigateur sur le warjack khadoréen quand une crépitante explosion de puissance voltaïque retentit soudainement derrière elle. Elle se retourna pour remarquer deux warjacks légers cygnaréens émerger de l’eau où ils avaient été cachés. Leurs décharges galvaniques bondirent parmi ses chiens de mer, sautant d’homme en homme et les réduisant à l’état de cadavres convulsant. Leurs corps carbonisés étaient parcourus de spasmes d’énergie galvanique longtemps après que la mort les ait réclamés.

Il semblait que le Khador et le Cygnar avaient mis de côté leurs différences pour le moment. Fiona s’attendant à faire face à deux forces divisées par une animosité mutuelle, était involontairement tombée dans un piège.

Elle sourit. Cela faisait un moment qu’elle n’avait pas été correctement défiée sur le champ de bataille. Elle pris sa grande lance, Vipère, à deux mains et fit tourner son second Navigateur pour faire face aux cygnaréens qui avançaient. Fiona prononça une rapide prière à Thamar, puis elle et son warjack chargèrent, une lame noire de dépit et de haine visant directement le warcaster cygnaréen.

Source

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Bonne lecture  :D

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GLOSSAIRE

Arktus : Châssis de warjack khadoréen obsolète ayant servi de précurseur conceptuel au Kodiak.

bayan : Instrument khadoréen similaire à l’accordéon.

Bouclier de Khardovic : Distinction militaire khadoréenne décernée pour service et obéissance sans faille.

Bratya : Fraternité criminelle en Khador, le plus souvent un petit gang soudé mais évoluant parfois vers une organisation plus grandes. Les bratyas sont omniprésentes dans les prisons de travail de Khador, mais aussi dans la pègre de la plupart des grandes villes et de communes. La plupart des bratyas répondent à et son sont employées par une kayaz.

contrôleur : Personne ayant appris à donner des ordres verbaux  précis à un steamjack pour le diriger dans le du travail ou de la bataille. Il s’agit d’une compétence professionnelle très utile, bien que qu’elle n’ait pas la polyvalence ou la finesse qu’offre un contrôle mental direct des steamjacks exercé par un warcaster.

Cortex : Dispositif mékanique arcanique offrant à un steamjack son intelligence limitée. Au fil du temps, les cortexes peuvent apprendre de l’expérience et développer des excentricités de personnalités.

Cygnar : Le royaume sur la côte méridionale au sud d’Ord et réputé pour son long littoral. E Cygnar est considéré comme le plus prospère et technologiquement avancé des Royaumes d’Acier et est le lieu de fondation et le siège de l’Église de Morrow.

Deshevek : Petit village khadoréen méridional situé le plus près de la forteresse ordique de Porte-du-Sanglier connu principalement pour le Massacre de Porte-du-Sanglier en 587 AR.

deuxième classe : Grade militaire attribué aux soldats les plus jeunes enrôlés au sein de l’Armée Khadoréenne ayant achevés leur formation et n’étant plus des recrues, au-dessous du korporal.

Dévastateur : Châssis de warjack khadoréen particulièrement blindé, capable d’endurer d’énormes coups si ses poings-boucliers sont fermés pour protéger son châssis ventral plus vulnérable.

grand vizir : fonctionnaire de haut rang du gouvernement khadoréen, principal conseiller de la couronne. Comme le grand vizir s’exprime au nom du souverain, il est généralement le deuxième individu le plus puissant de la nation.

Hedrinya : Petit village khadoréen situé au milieu des contreforts des montagnes près du Fleuve Neves dans la Forêts des Cicatrices.

Immoren : Continent comprenant les Royaumes d’Acier, Ios, Rhul, l’Empire Skorne et les terres les séparant. Une grande partie de l’Immoren demeure inexplorée, et ses habitants ont eu des contacts limités avec les autres continents.

‘jack : Voir steamjack.

Jour du Don : Fête populaire ayant lieu le dernier jour de l’année au sein des Royaumes d’Acier et étant marquée par des festivals, des réunions de familles et l’échange de petits cadeaux. La nature de cette fête varie d’une région à l’autre. Bien qu’ayant débuté comme une tradition morrowéenne, elle s’est étendue à d’autres communautés. Les menites de l’Ancienne Foi Khadoréenne profitent de cette période pour verser leur dîmes au temple local.

Juggernaut : Châssis de warjacks khadoréen de base. Le châssis est utilisé par le plus grand nombre de warjacks actifs de Khador. Il est armée d’un poing ouvert et d’une hache de glace.

kapitan : Grade militaire pour un officier commissionné au sein de l’Armée Khadoréenne, au-dessus du lieutenant et en-dessous du kovnik.

Kareyshka : Danse folklorique vivante khadoréenne particulièrement populaire dans les régions rurales. Cette danse varie considérablement d’une région à l’autre.

kayaz/kayazy : Traduit par « princes marchands », une classe privilégiée de roturiers de Khador possédant une richesse et une influence considérables. Divers kayazy contrôlent de nombreux aspects de l’économie kadhoréenne, y compris l’industrie légale, mais aussi les entreprises criminelles. Les kayazy emploien des bratyas pour se distancer des activités criminelles.

Khardov : Ville industrielle en Khador oriental et centre majeur du chemin de fer khadoréen.

Kodiak : Châssis de warjack khadoréen sophhistiqué et polyvalant utilisant un cortex avancé de qualité militaire et une chaudière lourde lui permettant de manoeuvrer avec aisance même en terrain difficile.

kommandant : Grade militaire pour un officier commissionné au sein de l’Armée Khadoréenne, au-dessus du kommandeur et en-dessous du kommandant surpême. Kommandants suprême est le grade militaire actif e plus élevé, relevant du premier ministre de l’armée.

Kommandeur : Grade militaire pour un officier commissionné au sein de l’Armée Khadoréenne, au-dessus du kovnik et en dessous du kommadant. La plupart des warcasters khadoréenne sont des kommandeurs.

korporal : Grade militaire pour un sous-officier non commissionné au sein de l’Armée Khadoréenne, au-dessus du deuxième classe et en-dessous du sergent.

Kossite : Descendants de l’ancien royaume de Kos, aujourd’hui une ethnie majeure du royaume de Khador et la plus nombreuse dans la région nord-ouest. De nombreux kossites sont appréciés comme experts forestiers et servent comme irréguliers aux côtés de l’Armée Khadoréenne pour remplir leurs obligations de conscription.

kovnik : Grade militaire pour un officier commissionné au sein de l’Armée Khadoréenne, au-dessus du kapitan et en-dessous du kommandeur.

Korsk : Capitale de Khador et la plus grande ville de la nation, située sur la rive est du Grand Lac Zerutsk, occupant les terres entre le Grand Zerutsk, le Lac du Bouclier Brisé et le Lac Volningrad.

Laika : Châssis de laborjack khadoréen ancien mais durable n’étant plus fabriqué.

Légion frontalière : Une des cinq légions de l’armée khadoréenne assignée à la protection d’une partie des frontières et de l’intérieur du royaume.

Man-O-War : Terme faisant généralement référence à l’infanterie lourde khadoréenne ou à leur armure à vapeur emblématique. Il existe plusieurs catégories de soldats Man-O-War identifiés par leur armement, leur entraînement et leur rôle sur le champ de bataille.

Maraudeur : Châssis de warjack khadoréen remarquable pour ses deux puissants béliers hydrauliques souvent employés lors de sièges pour percer les murs.

Mékanique : Fusion de l’ingénierie mékanique et de la science des arcanes. Les armes et les outils mékaniques sont ceux qui utilisent des composant mékaniques pour accroître leur fonctions de base ou pour ajouter de nouvelles fonctionnalités.

Menoth : le dieu primordial auquel ses adorateurs attribuent les aspects du monde lui-même, notamment la séparation de l’eau et de la terre, l’ordre des saisons et, surtout, la création de l’humanité. Les dons de Menoth à l’humanité comprenaient le feu, l’agriculture, la maçonnerie et l’écriture sous la forme de la Vraie Loi, ses divins commandements. Les adorateurs de Menoth sont connus sur les noms de menites.

Mère Patrie : Terme utilisé par les khadoréens patriotes pour désigner le Khador lui-même, lié à certains mythes et folklore illustrant le lien intime entre la terre et son peuple.

Molonochnaya : Village forestier dans la Forêt des Cicatrices septentrionale.

Morrow : L’un des jumeaux, frère de Thamar, et un dieu autrefois mortel s’étant élevé à la divnité en atteignant l’illumination. Également connu sous le nom de Prophète, Morrow est un dieu bienveillant mettant l’accent sur le sacrifice personnel, les bonnes œuvres et un comportement honorable.

ogrun : Race de grande taille et physiquement puissante, réputée pour sa grande force et son honneur. La plupart des ogrun sont des citoyens de la nation de Rhul, bien qu’ils puissent être trouvés dans les Royaumes d’Acier et le Cryx.

Porte-du-Sanglier : Importante forteresse ordique dans les Collines de Murata protégeant la frontière nord de ce royaume.

Seigneur Gris : Membre de l’Alliance des Seigneurs Gris, une organisation d’arcanistes khadoréens servant le royaume à la fois dans l’armée et en coordonnant certaines activités de collecte de renseignements. Les Seigneurs Gris sont versés dans la magie de la glace.

Steamjack : Automate mékanique à vapeur conçu dans une variété de configuration et de tailles, utilisé à la fois pour le travail et la guerre au sein des Royaumes d’Acier, Cryx et Rhul.

Suvorin : Village de bûcherons situé dans la Forêt des Cicatrices septentrionale, proche du Fleuve Neves.

Telk : Village plus important et centre d’expédition dans la Forêt des Cicatrices, le long du Fleuve Neves.

Tharn : Race sauvage de guerriers autrefois humains dont le culte intense et prolongé du Ver Dévoreur les a transformés en une race monstrueuse. Ils sont capables de puiser dans le Ver pour se transformer en formes bestiale et considèrent les humains comme leurs proies, mangeant leur chair et savourant particulièrement le coeur humain.

Urcaen : Mystérieux royaume cosmologique étant le pendant spirituel de Caen. La plupart des dieux y résident, et c’est également là que la plupart des âmes traversent l’au-delà. Urcean est divisé entre des domaines divins protégés et des étendues sauvages infernales parcourues par le Ver Dévoreur.

Vlasgrad : Ville du sud-ouest du Khador, peuplée principalement d’Ombriens et proche du Bois d’Épines.

vyatka : Liqueur forte généralement distillée à partir de pommes de terre commune à Khador et exportée à travers les Royaumes d’Acier.

warcaster : Arcaniste né avec la capacité de contrôler les steamjacks avec le pouvoir de l’esprit. Avec un entraînement approprié, les warcasters deviennent des atouts militaires uniques et font partie des plus grands soldats de l’Immoren occidental, chargés de commander des dizaines de soldats et leurs propres groupes tactiques de warjacks sur le terrain. Acquérir et former des warcaster est une priorité pour toute force militaire utilisant des warjacks.

Faiseur de Veuves : Groupe de tireur embusqué qualifiés de l’Armée Khadoréenne employant de puissants fusils à lunettes à longue portée pour éliminer les cibles ennemies prioritaires.

Garde des Glaces : Plus grand groupe de soldats au sein de l’Armée Khadoréenne représentant l’infanterie de base. À moins qu’ils ne servent à un autre titre, presque tous les citoyens masculins et de nombreuses femmes khadoréennes sont enrôlés dans la Garde des Glaces pour une unique période de service obligatoire. Les gardes suivent une formation militaire brève mais intensive et sont équipés d’un matériel simple et peu coûteux.

Warjack : Steamjack très avancé et bien armé créé ou modifié pour la guerre. Certains warjacks utilisent des sources d’énergie autre que la vapeur et ne sont pas techniquement des steamjacks, mais sont toujours désignés comme tels par coutume.

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À PROPOS DE L’AUTEUR

Dan Wells a écrit de nombreux livres, dont la série d’horreur psychologique I AM NOT A SERIAL KILLER et la série de sf post-apocalyptique PARTIALS. Il a été nominé pour le Campbell Awards et trois Hugos, et son podcast Writing Excuses a remporté deux fois le Parsec Award. Il vit actuellement avec sa femme et ses cinq enfants en Allemagne, où il peint lentement des armées pour le Khador et le Châtiment. Il joue à beaucoup de livre et mange beaucoup, ce qui correspond à peu près à la vie idéale qu’il s’imaginait dans son enfance. Vous pouvez trouver Dan en ligne sur TheDanWells.com ou le suivre sur Twitter : @TheDanWells.

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Colis bien reçu. Communication super fluide.
Je recommande  :)

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« Pourquoi t’es là ? » L’homme maigrichon dans sa cellule était sale, couvert de tellement de saleté qu’il était difficile de voir sa peau. Il était ressemblait à une taupe ou un rat, une créature qui passait son temps profondément enfuie dans quelque chose d’infect. Une créature pour qui le soleil était un étranger. C’était sa compagnie dans le cachot ; c’était le genre d’homme avec lequel il était maintenant réduit à vivre. Le puissant Orsus Zoktavir, warcaster du royaume de Khador, kommandeur de la Cinquième Légion Frontalière, honoré du Bouclier de Khardovic...

Il n’était plus un kommandeur, ni un soldat, ni même un serviteur. Il ne voulait pas penser à ce qu’il était.

« Je suis un voleur », dit l’homme sale, manifestement fatigué d’attendre une réponse et désireux de combler le silence. Sa voix n’était qu’un filet et malsaine. « Les égouts vont partout, et je vais dans les égouts, et aucun de leurs petits brillants n’est à l’abri de moi. Il n’y a que des tueurs dans cette parties du donjons, cependant. Je leur ai dit que c’était un accident. Je leur ai dit que je n’avais pas l’intention de le faire. Une fille comme ça n’avait rien à faire dehors la nuit, et encore mois à crier et gémir et à faire tomber tout le Garde de Glace sur ma tête. Ce n’est pas comme si j’avais le choix, tu comprends ».

Orsus pris une lente et profonde inspiration calmant sa rage. En tant que kommandeur, il aurait brisé ce bâtard pour ces péchés contre une fille sans défense, mais en tant que traître, il n’avait pas un tel privilège.

Le voleur siffla doucement. « Tu es gros comme une maison, toi, avec plus de cicatrices qu’un esclaves orphelin. Tu as coincé quelqu’un de plus important qu’une servante, c’est évident, et probablement beaucoup d’autres aussi. Un bagarreur de quai ? Un cambrioleur armé ? Ou un de main, peut-être, qui brise les têtes qui le patron demande de briser ».

Orsus ne répondit pas. Il n’avait jamais aimer parler aux criminels, même quand il en avait été un, mais maintenant … il se sentait moins que rien et plus sale qu’eux tous, que même cette ruine à la face de rat lorgnant avec impatience dans l’ombre. Sa vie entière – sa place dans le monde, sa compréhension même de celui-ci – était en lambeaux. C’étaient des cendres jetées et dispersées dans le néant. Même ce misérable était plus digne que lui, car il n’était pas tombé de si haut.

« Oh allez », dit le voleur, « nous sommes compagnons de cellule maintenant, c’est un lien puissant. Tu peux me parler. Je suis le dernier visage que tu verras, car le bourreau porte un masque. Enfin, moi et la Reine Ayn. C’est une sacrée compagnie ». Il sourit lascivement. « C’est une bouche que j’aimerais toucher avant de mourir ».

Orsus serra ses mains, tels des poing d’acier, souhaitant pouvoir accéder à sa magie et écorcher la chair des os de cet homme. Les entraves runiques sur ses poignets et ses chevilles l’en empêchaient.

« On dit qu’elle est jolie », dit le voleur. « Ça pourrait valoir le coup de s’évader pour elle- ».

« J’ai massacré un village », dit Orsus, trop furieux pour entendre une autre parole de la confession de l’homme. Si le meurtrier voulait qu’Orsus parle, par Menoth il lui offrirait les mots les plus sombres du monde.

Le voleur sursauta, les yeux écarquillés. « Quoi ? »

« Un village entier », dit Orsus, sa voix profonde grondant dans le cellule du cachot tel un tremblement de terre lointain. « Tous, même les soldats ayant essayer de m’arrêter. Tous les vivants tués à coups de hache, de botte et de dent ». Il entrouvrit les lèvres dans un sourire sans humour, et le voleur se serra contre le mur. « Disparu ».

« Sûrement tu… » Le voleur déglutit. « Tu exagères sûrement ? »

« Je leur ai tranché la gorge et brisé les os », dit Orsus, se délectant de la terreur de l’homme, « et quand leurs corps ont cessé de bougé, j’ai démoli leurs maisons et brûlé les traces de pas jusqu’à ce que la terre soit nue et désolée ».

Le visage du voleur était blême maintenant, celui d’un fantôme livide strié de noir de crasse. La nouvelle avait voyagé rapidement, semblait-il. Il avait déjà entendu ce mot auparavant.

Plus un kommandeur, mais un boucher. Le Boucher.

Tout la sympathie pour son tourment s’évapora du voleur, et Orsus plongea profondément dans ses pensées. Le criminel, du moins, avait trop peur pour s’exprimer à nouveau, mais même cela n’était qu’un piètre réconfort, car dans le silence d’Orsus pouvait entendre les cris d’une centaine de femmes mourantes, un millier, une foule si nombreuse qu’il n’entendait plus rien d’autre pour toujours.

La cellule en était pleine, même quand il fermait les yeux. Accusant, pleurant et demandant où il était. Il demeurait assis et regardait devant lui, essayant de ne penser à rien.

Il pensait à sa vie, et c’était la même chose.

Lorsque les gardes vinrent  pour son jugement final. Ils virent armés, un régiment aligné face à lui dans le couloir au-delà des barreaux, prêt à le cribler de balles au premier signe de trouble. Le Kommandant Frolova était là, amplifiant les armes avec de la magie jusqu’à ce que l’air semble crépiter d’une puissance invisible. Je pourrais rendre ma chair tel l’acier et charger leur centre, pensa Orsus, employant la proximité pour les faire entre-tuer dans des tirs croisés. Mais il ne voulait pas les attaquer. Enlevez ses titres et il n’était rien de plus qu’un tueur – un fou, disaient certains, et les foules de femmes en larmes et en feu criaient leur accord dans son dos. Il était un chien enragé, et il serait abattu. La moindre petite partie de lui qui conservait son honneur l’empêcherait de le faire.

Il était déjà enchaîné, mais ils l’enveloppèrent davantage dans de lourds maillons d’une grosse chaîne noire. Ils le conduisirent dans le cour extérieur, où son escorte fur renforcée par des troupes de choc Man-O-War et des tireurs embusqués Faiseur de Veuves perchés sur les murs.

Tirez à gauche pour déséquilibrer les armures, puis à droite pour utiliser leur élan de réaction contre eux. Restez près des Man-O-War pour se mettre à l’abri et utilisez leurs armes pour briser les chaînes. Dès que mes bras seront libres, je volerai l’arme la plus proche et les massacrerai-

Les pensées surgirent spontanément, la danse de la mort à jamais dans ses pensées. Une boîte à puzzle de tactiques et de violence, un mélange parfait de l’esprit et du muscle. Elle avait raison à son sujet, pensa-t-il. Je serai à jamais un monstre.

Un Kodiak se profila au-dessus de lui, l’un des siens, bien que les codes d’accès aient été modifiés.Il pouvait toucher son esprit, mais pas le contrôler. Il se trouvait dans le même terrain d’entraînement où il était arrivé, il y a des années, lorsqu’il avait émergé des terres sauvages après des années d’errance sans but. Il avait essayé de la fuir, et peu importe à quel point il avait essayé, il ne pourrait jamais s’enfuir. Korsk avait été sa dernière chance – une nouvelle vie pour expier ses péchés, leur survivre ou les oublier. Il avait échoué aux trois.

Le Kommandant Frolova se tenait devant lui, les yeux fatigués. « Je vais t’avouer sans détour que nous nous attendions à plus de résistance », déclara le kommandant. « Même ici, entouré de cette escorte, tu pourrais nous combattre ; tu ne pourrais pas gagner, mais tu pourrais peut-être avoir de la chance. L’Orsus Zoktavir que je connais nous aurait combattu jusqu’à son dernier souffle, et même après. Il considéra un instant Orsus. « Pourquoi ? »

Pourquoi ? Pensa Orsus. Parce que je ne pourrai jamais être libre. Parce que le seul moyen de la sauver était de devenir le genre d’homme qu’elle ne pouvait aimer. C’est tout ce que j’ai toujours voulu – sa sécurité et son amour -a mais peu importe ce que j’ai gagné, j’étais condamné à perdre l’autre.

Et puis j’ai choisi l’amour, et elle et morte à cause de cela.

Je ne m’oppose pas à cette mort parce que je suis déjà mort, il y a des années avec son corps brisé et sans vie dans mes bras.

L’esprit d’Orsus était une plaie torturée, mais ses secrets n’étaient pas pour cet homme ni pour aucun autre. Il se redressa. « Il n’y a rien de plus important que la loyauté », dit-il. « Si je suis un traitre à Khador, alors il est de mon devoir d’être tué ».

Aleksei se tenait à côté de Frolova, sa tête tranchée dans ses mains. « Loyauté ». Le mot dégoulina du moignon de son cou tel du sang. « Ils ne comprennent rien du tout ».

Moi non plus, pensa Orsus.

La tête lorgna. « Parle-moi en ».

Frolova hocha la tête, bien que son visage demeurait impossible à lire. « Vous serez jugé par la reine en personne. Puisse Menoth vous accorder la miséricorde que vous n’avez jamais montré à aucun autre ». Il recula, donna l’ordre et s’aligna sur l’escorte tandis qu’elle se mouvait solennellement vers la fin. Orsus se traîna lentement dans ses chaînes, passant garde après garde, ‘jack après ‘jack, canons de campagne et Faiseurs de Veuve et les yeux froids et morts d’un milliers de fantomatiques accusateurs. Il franchit les porte du palais, les larges portes d’entrée, les salles marbrées jusqu’à la salle du trône. La salle était bordée de soldats, canons à main prêts, et derrière eux se tenait le corps meurtri d’une femme qu’il n’avait pas réussi à sauver. Il chercha leurs visage, mais il ne les trouva jamais.

Elle était à l’intérieur, assise sur un grand trône d’or.

Il tomba à genoux à sa vue, resplendissante de blanc et d’or, de soie et de satin, une couronne sur le front et un sceptre à la main. Elle le regardait impassiblement, sans se lever, sans bouger. Les Man-O-War durent le traîner vers elle et de honte, il cacha son visage.

Ce n’était pas la reine, mais Lola.

« Où étais-tu ? » La voix de Lola résonna dans la salle bondée, l’accusation lourde de trahison. « Pourquoi n’es-tu pas venu me chercher ? Pourquoi ne m’as-tu pas sauvé ? »

« Je n’ai pas pu », sanglota-t-il, « j’ai fait tout ce qui était en mon pouvoir, mais je n’ai pas pu te sauver ! »

Lola et la reine se tenaient côte à côte, s’exprimant à l’unisson. « Tu as tué ce gens ».

« C’étaient des traîtres ».

« Tu ne m’as pas demandé quelles personnes ».

« C’étaient tous des traîtres ! » Cria-t-il. « Tous ceux que j’ai jamais tués, je les ai tués pour toi, et j’ai donné ma vie pour les tuer mais ce n’était jamais assez ! Je ne serai jamais. Être. Libre ».

Le jeune reine l’étudia, ses cheveux noirs frôlant légèrement ses oreilles. Elle pencha la tête comme elle le faisait auparavant, comme Lola le faisait, et sa voix était douce douce et subtile telle la dague d’un assassin.

« Et tu en tuerais d’autres ? »

Il faut piégé plus étroitement par ces mots que les menottes, les chaînes, les fusils, les canons et les armures à vapeur. S’il disait non, il serait un menteur et un lâche, inutile en tant que guerrier et admettrait, implicitement, que ses actions étaient mauvaises. Elles avaient été brutales, et peut-être illégales, mais elles n’avaient pas été mauvaises. Et pourtant, s’il disait oui, il serait un monstre, le Boucher de Khardov, l’homme qui vivait pour la mort. Il n’avait jamais pu la sauver auparavant, et il ne pourrait jamais la rassurer maintenant.

Mieux vaut être un monstre honnête, pensa-t-il en murmurant sa propre condamnation. « Oui ».

« Tu le ferais ? »

« Je tuerai tous ceux qui te menacent », dit-il. Il s’agenouilla, les chaînes cliquetant à ses côtés. « Je débusquerai chaque ennemi, j’extirperai chaque traître, j’anticiperai chaque ennemi dans le monde entier qui oserait penser une demi-seconde à attenter à ta vie ». Il se tenait droit maintenant, les soldats autour de lui tendus, la centaine de fusils pointés et prêt à faire feu.. « Même si tu me méprise pour cela, je tuerai tes ennemis. Libère-moi et je recommencerai. Accuse-moi et j’avouerai. Exécute-moi et j’émergerai de ma tombe pour tuer tes ennemis, encore et encore ». Sa voix rugissait maintenant, remplissant la pièce tel le tonnerre. « Je t’ai perdu une fois, et je me damnerai mille fois avant de te perdre à nouveau ».

Lola se tenait debout, son sceptre prêt à signaler la sentence finale, mais au lieu de juger, elle s’avança, sa robe scintillant sous les lampes à gaz. Elle traversa les soldats regroupés, les gardes, les fusils et l’acier, et elle pénétra dans le cercle des soldats armurés Man-O-War, au-delà des chaînes tendues. Orsus s’agenouilla devant elle, la tête baissée, les yeux humide de larmes, le cou dénudé pour la chute de la hache du bourreau.

Elle toucha son menton.

Il leva à nouveau les yeux et la couronne dorée avait disparu, remplacée par un simple anneau de camomille. Elle portait une robe de bure, et au lieu d’un sceptre royal, elle tenait une simple boîte à puzzle sculptée à la main. L’image se brouilla dans ses larmes.

« Je suis désolé », murmura-t-il.

« Alors sers-moi ».

« Que veux-tu que je fasse ? »

Les lèvres rouges de la reine s’ouvrirent et elle prononça les paroles les plus douces qu’il ait jamais entendus. « Tue pour moi ».

La salle du trône s’emplit de chuchotement, de voix choquée allant et venant dans un torrent de ragots et de spéculations, mais Orsus les ignora tous, perdu dans le ravissement, son paradoxe résolu. Son rêve impossible devenu réalité.

« Enlevez ses chaînes », ordonna la reine. « Ce prisonnier es plus loyal que n’importe quele homme ici, et il me servira, et ses actions seront un signe pour le monde que la déloyauté n’est pas tolérée. L’infidélité sera punie. La trahison, si quelqu’un est assez fou pour l’envisager, sera traitrée par mon serviteur comme il l’a fait près de Porte-du-Sanglier : par le massacre ».

Les chaînes tombèrent du corps d’orsus, et il se tint debout à côté de la féroce et majestueuse reine. Elle lui sourit et sa honte disparu. Sa folie s’enfuit. Il servirait cette femme jusqu’à son dernier souffle.

Lola se plaça à côté de la reine et ouvrit la bouche pour s’exprimer.

* * *

Orsus courait follement à travers la forêt, fracassant les arbres et les branches, sur les talons de … quoi ? Il ne s’en souvenait pas. Un cerf, pensa-t-il, ou un loup. Il avait couru si longtemps qu’il avait oublié. Il faisait presque nuit, et la neige et le ciel s’étaient fondu dans le même gris sans relief, marqué par des arbres d’un noir sombre dépourvu de vie. C’était tout ce qu’il pouvait voir à des kilomètres à la ronde. C’était tout ce qu’il avait vu depuis des jours.
Il était dans les terres sauvages depuis depuis des années, assez longtemps pour oublier la parole et les voix humaines.
Toutes sauf une.

« Orsus ! »

Elle était en colère mais triste, peinée mais accablante, perdue mais attirante. Elle venait de partout et de nulle part.
Avait-il couru vers cette voix ou s’en était-il éloigné ?

« Orsus, où étais-tu ? »

Il poussa un cri en retour, bestial et inintelligible. Les arbres morts l’ignorèrent, et le son mourut sans écho et perdu.

« Orsus ... »

Il couru à nouveau.

* * *

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Iron Kingdoms - RPG / Re : Armée du Dévoreur
« le: 14 septembre 2022 à 19:21:49 »
bon jeu  ;)

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Iron Kingdoms - RPG / Armée du Dévoreur
« le: 14 septembre 2022 à 19:21:10 »
L’ARMÉE DU DÉVOREUR

Ils se délectent encore des anciennes coutumes, se régalant de la chaleur des morts et étanchant leur soif de sang chaud.

-Krueger l’Ire de l’Orage

De toutes les tribus barbares vénérant autrefois le Ver Dévoreur, les tharn étaient les plus dévoués à la sauvageries prédatrice. Il n’y a pas d’ennemis plus féroce de la civilisation, et ils sont devenus une arme de plus en plus vitale dans l’arsenal du Cercle.

PLUS QU’HUMAIN

À travers d’innombrables générations de dévotion et de sacrifice à leur dieu affamé, les tharn se sont transformés en quelque chose d’autre qu’humain. Ils considèrent qu’il est de leur droit de naissance primal est de pouvoir canaliser le Ver Dévoreur dans leur corps, se transformant ainsi en guerriers bestiaux ou en chasseurs d’une rapidité surnaturelle. Ils sont tout ce que le monde industrialisé craint de ceux habitant les terres sauvages.

Les ravageurs sont les guerriers lourds terroristes de première ligne. Ces tharn canalisent le pouvoir du Ver Dévoreur pour se transformer en des formes plus grandes, plus musclées et plus résistantes ; chaque ravageur est capable d’épouvantables massacres, en particulier lorsqu’il est soutenu par ses chamans. Les traqueurs constituent un contrepoint agile aux ravageurs. Ces chasseurs sont des experts dans le lancer de javelots et attaquent leurs proies par les flancs et l’arrière contre leur proies choisie, canalisant le Ver Dévoreur pour acquérir une vitesse surnaturelle et amplifier leurs sens de prédateurs.

L’ASCENSION

Durant la guerre entre la Reine Cherize de Khador et le Roi Malagant de Cygnar, moins de cent ans après les Traités de Corvis, les tharn ont rejoint le conflit aux côtés des khadoréens. Cependant, les tout-puissant du Cercle ayant encouragé cette action n’avait pas anticipé la réaction de morrowéens qui s’en prendraient aux tharn, accusés d’être des abominations et des créatures des ténèbres.

Les plus grands prêtres morrowéens invoquèrent un châtiment sacré sur les tribus survivantes. La « Malédiction des Dix Maux » s’est avéré être une affliction extrêmement puissante et débilitante ayant vaincu toutes les tentatives ultérieures des chamans tharn et des druides du Cercle pour y remédier.

La malédiction a failli anéantir les tribus, affaiblies qu’elles étaient pas les perte de guerre. Pendant près de trois siècles, les tharn on souffert de cette affliction , les taux de natalité insuffisants pour rétablir leur nombre. Ce n’est que lorsque Morvahna l’Estoc de l’Automne a utilisé son considérable pouvoir de vitalité du vivant, menant un rite puissant sous les auspices d’une rare conjonction des lunes de Caen avec une planète appelée l’Oeil du Ver. Au plus fort de cette cérémonie, l’affliction a été rompue.

UNE HISTOIRE DE VIOLENCE

En raison de la nature brutale de la société tharn et de sa réputation après des autres cultures, les tharn s’intègrent rarement aux autres sociétés. Ils sont le plus souvent considérés comme des bêtes sauvages et sont approchés avec prudence, voir pas du tout. Les tharn voyageant dans le reste du monde le font souvent accompagnés de druides capes noires ou d’autres personnes leur ayant prêté allégeance. Un tharn est susceptible d’être confronté aux préjugés et à la peur des autres, que ces attitudes soient méritées ou non.

NOMS THARN

Les noms tharn souvent difficiles à prononcer par les personnes n’ayant pas été élevées parmi eux. Il incorporent des sons gutturaux mieux prononçables à travers des dents allongées et des museaux transformés, et on généralement tirés l’antique dialecte molgur que les tharn parle encore à l’ère moderne. Certains tharn peuvent choisir d’adopter des épithètes plus simples à prononcer pour le bénéfice de leurs alliés pour pour se vanter de leurs réalisations passées.

Noms masculins : Caul, Garalt, Grimhilt, Kogan, Kromac, Lugurix, Ruadan

Prénoms féminins : Brighid, Cellach, Iona, Mhaud, Nuala, Tara, Zocha

TRAQUEUR

Les traqueurs manifestent les aspects furtifs du prédateurs. Ce sont des chasseurs passionnés traquant leurs potentielles proies sur de nombreux kilomètres dans les terres sauvages avant de lancer de fulgurantes attaques.. Le Ver Dévoreur les bénit avec les talents dont ils ont besoin pour effectuer des assauts aussi audacieux et soudains.

RAVAGEUR

Les ravageurs possèdent la force brute et brutale du Ver. Leurs corps sont composés de tendons et de muscles, leurs dents sont comme les crocs des prédateurs les plus vicieux, et lorsqu’ils se transforment, ils possèdent une fureur brute inégalée.

NOUVEL ARCHÉTYPE ROUBLARD

L’archétype Traqueuse Sanguinaire suivant est disponible pour les roublards, en plus ceux provenant d’autres sources.

TRAQUEUSE SANGUINAIRE

Les traqueuses sanguinaires sont un vestige d’antiques traditions – des personnes d’une époque plus sombre – et leurs choix d’arme le reflète. Elles préfèrent transpercer leurs ennemis à distance avec des javelots lestés, mais elles manient aussi des boucliers à griffes pour éviscérer les personnes se rapprochant d’elles au corps à corps. Cependant, les traqueuses sanguinaires permettent rarement à leurs ennemis de s’approcher aussi près. Leurs formes élancées sont plutôt des ombres à peine visibles se faufilant dans le sous-bois ombragé, projetant des javelots avec une terrifiante précision sur les flancs vulnérables dans le chaos mouvant de la bataille.

Les personnes ayant affrontés les traqueuses sanguinaires craignent la frénétique sauvagerie avec laquelle ces guerrières mènent leurs attaques. Bien qu’elles ne possèdent rarement les imposantes formes des ravageurs, les traqueuses sanguinaires font souvent  appel au Ver Dévoreur pour les imprégner de l’essence des animaux frappant avec la rapidité de l’éclair. Leur hypersensible conscience est améliorée bien au-delà des limites humaines, et elles découpent leurs ennemis en morceaux avec un sauvage acharnement. Une fois qu’elles ont choisi une cible pour leur chasse, elles rechercheront sa destruction à l’exclusion de toute autre préoccupation avant de sélectionner de nouvelles proies.

Rares sont les personnes ayant vus clairement une traqueuse sanguinaire, et ceux qui les voient disent qu’elles suscitent des ombres autour d’elles telle des manteaux. Bien que le camouflage magique soit une exagération, les traqueuses sanguinaires possèdent une capacité quasi surnaturelle à se fondre dans leur environnement et à se déplacer même dans plus denses sous-bois avec une surprenante rapidité.

PNJ

CHASSEUR THARN

Les chasseurs tharn sont de mortels éclaireurs et de dangereux guerriers rôdant dans les sombres forêts de l’Immoren occidental. Émergeant de l’ombre, ils arrosent leurs proies d’une pluie de javelots avant de retourner ses cacher.

CHAMAN THARN

Ces brutaux chefs spirituels organisent d’innommables rites à la gloire de la Bête aux Milles Formes et rassemblent les Ravageurs pour multiplier les frappent contre la civilisation. Faisant appel l’antique magie du sang, ils accordent à leurs adeptes une vitesse, une force et une résistance contre nature qui ne font qu’augmenter à mesure qu’ils massacrent et festoient.

GUERRIER THARN

Presque tous les tharn sont aussi des guerriers, partant au combat avec de brutaleshaches surdimensionnés pour découper les corps de toutes personnes se trouvant sur le chemin de leurs pillages de prédations. Après avoir tailladé leurs ennemis à l’aide de leurs haches, ils ouvrent la poitrine de leurs ennemis tombés pour se régaler de leur coeur encore battant.

BRIGHID ET CAUL

Les jumeaux tharn et Brighid et Caul ont bâti leur réputation sur un incalculable tas de cadavres. Issus de la première génération de tharn après la Malédiction des Dix Maux ait été levée et ait sauvé leur race de l’extinction, ces jumeaux incarnent un nouvel espoir. Chasseuse Brighid a maîtrisé l’emploi de l’arc lourd tharn ; lors de la chasse au plus gros gibier, elle utiliser l’arc pour paralyser et mutiler un ennemi avant de permettre à son brutal frère Caul d’achever la proie avec sa lourde hache. Ils équilibrent les compétences d’une chasseuse avec la brutalité et la sauvagerie les plus grandes bêtes prédatrices.

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Iron Kingdoms - RPG / Re : Les Royaumes d'Acier - Requiem
« le: 02 septembre 2022 à 23:40:07 »
Je regarde la rediffusion du live.
Le Frédéric, il faut qu'il revoie le background du jeu.

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Iron Kingdoms - RPG / Re : Les Royaumes d'Acier - Requiem
« le: 02 septembre 2022 à 22:59:37 »
Je viens de soutenir le projet, la version pdf. Je réserve la version physique pour PP

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PARTIE TROIS

« La Forteresse s’appelle Porte du Sanglier », déclara le nouveau Kommanndant Frolova. « Les forces ordiques le tiennent depuis des décennies, mais je suis fier de dire qu’ils ne sont pas allés plus loin – ce village, appelé Deshevek, est pratiquement dans l’ombre de Porte du Sanglier, mais il est toujours resté profondément khadoréen ». Sa voix déjà glaciale, devint froide. « Jusqu’à maintenant ».

Le Kommandeur Orsus Zoktavir observa la carte d’un air renfrogné. « Ils l’ont prise ? »

« J’ai reçu un rapport d’espions du village », déclara Frolova. « C’est un rapport vague, avec peu de choses pour le confirmer, mais dans ce cas particulier, je le considère digne de notre attention. Deshevek n’est pas un village que je suis prêt à perdre ».

Orsus se tourna vers la porte. « Je vais les extirper ».

Frolova fronça les sourcils. « Tu n’aimes pas trop les cérémonies, n’est-ce pas, Zoktavir ? »

Orsus se retourna. « Tu ne me parlerais pas d’espions si tu ne voulais pas qu’ils meurent. Notre village est en danger, alors je vais le défendre. Ou bien allais-tu m’ordonner de faire autre chose que de servir le royaume et de tuer ses ennemis ? »

« Le royaume est servi par plus que la mort », déclara Frolova. « Si c’était tout ce qu’elle voulait peut-être que tu serais le kommandant et moi le kommandeur ». Il fait une pause, laissant la reformulation de leurs rangs parler d’elle-même. Si Orsus était un simple soldat, il serait traduit en cour martiale pour un tel commentaire, peut-être fouetté, mais il était un warcaster, l’une des plus des meilleures armes de l’arsenal du royaume. Il servait le Khador, comme il le prétendait, et il tuait les ennemis plus efficacement – plus joyeusement - que tout autre soldat sous le commandement de Frolova. Mais son attitude était dangereuse, non pas parce qu’il était insubordonné, mais parce qu’il ne réfléchissait pas. Il voyait les problèmes et les tuait, même quand d’autres solutions pouvaient être meilleures. Un jour il irait top loin, ignorait trop de règlements, et les résultats seraient désastreux. Frolova aurait besoin d’envisager une forme plus appropriée pour le maîtriser, mais il n’avait pas le temps maintenant. Ce problème devra être résolu.

« Le village mérite notre attention, car il est question de sécession », déclara Frolova.
Orsus leva brusquement les yeux. « Des transfuges khadoréens », dit-il, mâchant les mots comme s’il voulait les réduire en poussière. De nouveau, il se dirigea vers la porte. « Ils seront traduits en justice ».

« Seulement comme objectif secondaire », déclara Frolova. « Mes espions s’efforcent de trouver leurs homologues avec plus de subtilités que tu ne pourrais en apporter. Je ne t’envoie pas là-bas pour la subtilité, Kommandeur Zoktavir, mais pour instiller la lueur de Menoth au plus profond de leur coeur. Ils doivent voir la puissance des armées de Khador. Rappelle-leur leur loyauté envers la véritable source de leur protection. Ces espions – ces dissidents – ne doivent pas gagner de terrain parmi notre peuple ».

« Ils trouveront le Khador plus résistant qu’ils ne le pensent », déclara Orsus.

« Sois sûr qu’ils le feront. Le Royaume est fort, mais il y a des murmures de faiblesses – pas parmi les fidèles, certaines, mais les régions périphériques n’entendent que des rumeurs, souvent exagérées par de multiples récits. La reine est jeune, et l’on raconte donc qu’elle est trop jeune ; ses conseillers la conseille fidèlement et l’on raconte qu’ils la manipulent comme un pion. Fait une démonstration de son pouvoir dans le pays et ces rumeurs seront étouffées ».
Les yeux d’Orsus flamboyaient d’indignation. « As-tu considéré que ces transfuges planifient plus que la sécession ? »

« Je parle de transfuge, et toi tu vois une révolution ».

« Tu parles de traîtres », dit Orsus, et là où il y a quelques traîtres, il y a en a toujours plus. La déloyauté se répand comme la peste ». Il posa sa main sur la porte. « Je trouverai les responsables ».

« Veilles à ce que tu le fasses. Rompez ».

Le Kommandeur Zoktavir se tourna et partit, prenant sa hache alors qu’il mouvait son massif corps dans le couloir au-delà.

* * *

« Tu donnes une hache à un steamjack », dit Lola. Ses yeux pétillant de malice.

Orsus lui jeta un regard amusé et secoua la tête d’un air las en conduisant le chariot sur la route forestière. « Ne dis pas ça ».

« Une hache à bois pour un ‘jack », dit-elle avec désinvolture, jetant les yeux sur les hautes branches au-dessus d’eux. « Un ‘jack qui coupera du bois. Comment pourrait-on appeler une telle chose ? »

« Ne le dis pas », répondit Orsus, « ou je serai obligé d’être avec toi ».

Lola battit des cils. « Est-ce une menace ou une promesse ? »

« Toute l’équipe de bûcherons était là quad j’ai proposé l’idée à Aleksei », déclara Orsus. « Nous ne parlons pas d’hommes avec une grande imagination. J’ai entendu la même blague environ quatre mille fois au cours du seul dernier mois. Je n’ai pas besoin de l’entendre de ta part ».

« Donc tu dis que j’ai la pauvre imagination d’un homme d’une équipe de bûcherons ? » Lola plissa les lèvres en fausse indignation. « Je devrais faire la blague juste pour te punir pour ça ».

« Ne t’inquiète pas », dit-il solennellement, « tu embrasses mieux qu’eux presque tous ».

« Presque ? »

Orsus rit et baissa la tête quand elle le frappa à l’épaule. Il l’avait fait craquer en premier. Elle le frappa à nouveau, riant presque autant que lui, avant de se réinstaller sur le banc avant du wagon et de s’appuyer contre lui, scrutant chaque ombre à la recherche de loups, de bandits ou d’autres dangers.

Après un long silence, attendant qu’elle parle, il éclata de rire. « Eh bien, dis-le au moins. Je sais que tu le veux ».

« Dire quoi ? »

« La blague », dit-il. « Tu meurs d’envie de la dire, alors crache le morceau ».

« Lola fronça les sourcils. « Quelle blague ? »

« Le bûcheron ! » S’écria Orsus. « Tu meurs d’envie de traiter Laika de bûcheron, alors - » Il s’arrêta net devant son rire, puis roula des yeux en réalisant qu’elle avait poussé la blague un peu plus loin en le trompant pour qu’il soit celui qui la prononce. « Je ne peux pas croire que je sois tombé dedans ».

« Ce n’est pas ta faute », dit-elle gentiment. « Tu travailles avec une équipe de bûcherons, après tout, tu n’as pas vraiment une grande imagination ».

Il secoua la tête, et elle rit à nouveau, passant ses bras autour de ses épaules – aussi loin qu’elle le pouvait, du moins – et le serra joyeusement. « Je t’aime, Orsus,Zoktavir ».

« Je t’aime, future Lola Zoktavir ».

« Plus qu’un mois » répondit-elle. Elle posa sa tête contre son bras. « Merci de m’avoir emmené faire ce voyage. J’avais besoin d’une pause ».

« Ce n’est pas vraiment une pause », déclara Orsus, « juste une course ». Ils avaient trouvé une hache au fond de la forêt, serrée dans les mains d’un warjack si ancien qu’il faisait paraître Laika comme neuve. Il avait identifié l’équipe de bûcherons comme des ennemis et avait refusé de se soumettre au contrôle d’Orsus – que ce soit pas des dommages à son cortex ou autre chose – et Orsus avait été obligé de l’abattre avec sa propre hache. Le ‘jack lui-même était irrécupérable, mais sa hache n’avait besoin que de réparations mineures et semblait avoir la taille parfaite pour Laika. Aleksei avant commandé la réparation à une mékanicien de Hedrinya, une ville minière non loin de la vallée, et maintenant que le travail était fait, il avait chargé Orsus de la récupérer. Orsus avait demandé à Lola de l’accompagner. Chaque jour qu’il pouvait passer avec elle – et seulement elle – était un jour à chérir.

« Ma mère veut des crocus », dit-elle. « Je n’arrête pas de lui dire que c’est de la camomille ou rien ». Elle soupira. « Je ne crois pas qu’elle est près de me prendre au mot et à insister et à insister que ce soit rien ».

« Elle n’aime pas la camomille ? »

« Elle m’a dit qu’elle est trop ordinaire pour un mariage ».

« Je dis qu’elle est trop ordinaire pour un mariage ».

« C’est ma mère, Orsus ».

« Ce qui signifie que nous la verrons beaucoup avant et après ». Il tourna les rênes entre ses mains et haussa les épaules. « Pareil pour tout le monde, vraiment. Tout ce dont nous avons besoin pour le mariage, techniquement parlant, c’est toi et moi et un prêtre ».

« Ne dis rien ». Elle enfouit son visage dans son épaule. Sa voix était étouffée. « C’est bien trop tentant, et ma mère me tuerait ».

« Il vaut mieux pas, alors », dit-il avec un sourire. « Je peux te protéger de beaucoup de chose, mais elle me fait peur ».

Elle se recula et lui jeta un regard renfrogné, mais éclata de rire presque immédiatement. « Reste dans ses petits papiers aussi longtemps que tu me pourras », avertit-elle/ « Elle est bien meilleure cuisinière que moi ».

« Je cuisine mes propres repas depuis que j’ai dix ans », déclara Orsus. « Je crois que j’ai fait le tour de la question. Qu’est-ce que tu préfères : le gruau de blé concassé ou le gruau de blé concassé avec des grumeaux ? »

« La vraie nourriture va t’étonner », dit-elle. « Même la mienne ». Elle s’appuya de nouveau sur lui, regardant la forêt défiler alors que leur cheval les tirait. Quand elle reprit la parole, sa voix était douce et triste. « Je suis désolée que tes parents ne puissent pas être là. Ils seraient très fiers de toi ».

« Pas aussi fiers qu’ils le seraient si je les avais sauvés ».

Lola se redressa. « Est-ce que c’est … ? » Elle fronça les sourcils. « Tu t’en veux toujours pour leur mort ? »

« Oublie ce que j’ai dit ».

« C’est ce que tu dis à chaque fois, Orsus, mais il faut qu’on en parle. C’est vraiment ce que tu penses d’eux ? De toi-même ? Tu n’avais que dix ans ».

« J’ai tué leur assassin. De toute évidence, je n’étais pas trop jeune, je suis juste arrivé trop tard ».

« Ce n’est pas ta faute » dit Lola.

« J’aurais dû les sauver ».

« Tu avais dix ans ! Pouvais-tu seulement imaginer le genre de vie sanguinaire, paranoïaque et horrifiante qu’un enfant de dix ans doit mener pour surpasser un massacre par des pillards tharn ? Pour vaincre des monstres que se battant chaque jour de leur vie ? Je ne pense pas que j’aurais beaucoup aimé cet enfant de dix ans, et je ne serais certainement pas tombé amoureux de ce qu’il serait devenu en grandissant ».

« Et s’ils viennent pour toi ? » Dit Orsus. « Les tharn ne sont pas partis. Ils font des raids dan ces vallées chaque année, et tôt ou tard, ils reviendront dans la nôtre, et ils frapperont notre village. Je vais t’avoir, et peut-être un fils ou une fille, peut-être plus. Que dois-je faire alors ? Je veux te protéger, Lola ».

« Si ce moment vient, tu me protégeras », dit-elle, je le sais pertinemment ; je n’ai même pas à te le demander. Mais je prie chaque jour pour que ce moment n’arrive jamais, et toi … » Sa voix se brisa. « Je ne sais pas si c’est le cas. Parfois, je pense que c’est tout ce à quoi tu penses ».

« Je pense à toi ».

« Tu penses à des choses qui me font mal ». Sa voix fut soudainement petite et faible, comme le bruit d’une souris dans une vaste pièce. « C’est différent ».

Orsus voulu dire qu’elle se trompait, mais ses yeux scrutaient déjà les ombres de la forêt à nouveau, ses oreilles se dressant à un son qu’il avait entendu au loin entre les arbres. « Je ne vais pas fermer les yeux », dit-il d’un ton égal. « Il y a un équilibre entre vivre pour la violence et prétendre qu’elle n’existe pas ».

« L’as-tu trouvé ? »

« Probablement pas, mais je pense que c’est beaucoup plus éloigné que tu ne sembles le penser. Je refuse de te perdre, et si cela signifie que je dois être prêt pour certains … problèmes, alors je serai prêt pour eux. Je ne t’entraîne pas là-dedans, et tu n’auras jamais à le savoir ».

« Mais tu t’y entraînes. Tu t’y traînes, comme dans la boue, et ça me brise le coeur de te voir t’infliger ça ».

« Alors je vais … » Il grogna de frustration. « Je vais mieux le cacher, pensa-t-il.

« Tu as souffert de ce qui est arrivé à ta famille », dit Lola, « et tu n’as pas à le faire. Tu es un homme bon, Orsus – tu dois faire face aux ténèbres parfois, et peut-être à la mort, et je le comprends ». Elle mit sa main sur son menton. « Mais tu n’as pas à t’y complaire ».

Ils avaient atteint les contreforts maintenant, et la route remontait la montagne vers Hedrinya. Orsus ne répondit pas à Lola parce qu’il ne savait pas comment ; elle voyait le monde comme un endroit lumineux et heureux où les bonnes personnes étaient récompensées pour leurs bonnes actions, et si vous restiez à l’écart des mauvaises choses, elles restaient loin de vous. C’étaient une vision du monde tentant, mais cela ne s’était jamais avéré vrai dans sa vie. Les mauvaises choses, les ténèbres et la mort et la douleur et la perte, venaient à vous, que vous les invitiez ou non. Peu importe la distance à laquelle vous essayez de rester. Même les meilleures intentions peuvent mal tourner.

Il pensa à sa mère recroquevillée dans la cave, disant à sa sœur de se taire alors qu’ils se cachaient des pillards, lui disant de cesser de pleurer, d’arrêter de respirer. Des membres mous qui pendaient comme de la viande dans un fumoir.

« Je t’aime », déclara Lola. « Je suis désolée que nous nous soyons disputés ».

« Je t’aime aussi », répondit Orsus. Mais il conduisait toujours en silence.

Le mékanicien avait une devanture construite contre le flanc de la montagne et une boutique à l’intérieur s’enfonçant profondément dans la pierre ; les chaudières tournaient et sifflaient, de grosses volutes de fumée s’échappaient des cheminées à flanc de falaise au-dessus. Orsus stoppa le chariot et attacha le cheval au poteau devant, pompa un peu d’eau dans l’abreuvoir avant de doucement prendre Lola par la taille, de la soulever et de la poser au sol. La vallée s’étendait devant eux tel une couverture d’un vert profond, de vastes étendues de forêts de pin couvrant de larges collines ondulantes, avec la ligne bleu vif du Fleuve Neves se déroulant tel un ruban. Un filet de fumée de bois ici et là était le seul signe des minuscules villages nichés dans les plis de la terre.

Un jeune garçon couvert de suie et mangeant une pomme bondit sur le porche à leur arrivée, courant à l’intérieur en criant. Il revint pour tenir la porte ouverte, les invitant à entrer avec des mains tachées de noir de poussière de charbon.

« Yermo est à l’intérieur ».

Orsus hocha la tête et offrit son bras à Lola comme s’ils venaient d’être annoncés à un bal royal. Elle le prit avec un sourire, et ils pénétrèrent dans l ‘atelier, Orsus baissant la tête dans l’embrasure de la porte.

Ils furent accueillis à l’intérieur pas un homme à la peau bronzée et aux sourcils brûlés qui serra la main d’Orsus avec enthousiasme, le surprenant par la force de sa poigne. Il n’y avait pas beaucoup d’hommes qui pouvaient l’impressionner par leur force. « Yermolai Garin », dit le mékanicien. « Mais vous me pardonnerez — je pensais réparer une hache pour un steamjack ».

Orsus fronça les sourcils. « C’était le cas. Y a-t-il un problème ? »

« Ce n’est pas pour vous ? »

Orsus jeta un coup à Lola, embarrassé, espérant qu’il n’aurait pas à expliquer quelque chose de gênant. « Pourquoi ça serait pour moi ? Je ne pourrais pas … pas commander une arme ».

« Bien sûr, bien sûr », déclara Yermo. « Je m’excuse, j’ai simplement remarqué à quel pount vous êtes grand et me suis demandé si j’avais mal compris et que l’arme était censée être pour vous. Tout va bien ! Venez, venez, je l’ai juste derrière ».

Il les conduisit plus profondément dans la boutique, et Orsus s’émerveilla de l’étrange combinaison de familier et de bizarre : il avait déjà vu des outils de forgeron, mais certains des appareils du vieil homme semblaient carrément bizarres. Des générateurs brûlaient, bourdonnaient et craquaient. Une table était recouverte d’épaisses liasses de papier taché, chaque page portant un motif complexe de lignes, comme les nervures d’une feuille. D’épais rails métalliques s’entrecroisant au plafond, et ici et là, un faisceau de chaînes pendant pour retenir une partie d’une jambe ou d’un torse de ‘jack. « Une hache à bois pour un steamjack », déclara Yermo en marchant. « On pourrait appeler ça un bûcheron, non ? »

Orsus gémit et Lola gloussa.

« J’ai redressé le manche et remplacé la lame », déclara Yermo, « mais le vrai travail fut l’accumulateur. Vous l’avez peut-être trouvée sur un warjack en ruine, comme vous le dites, mais elle a été fabriquée pour un warcaster ». Il s’arrêta devant une large armoire métallique et manipula un jeu de clés. « C’est une honte absolue de la gaspiller sur un warjack – quelqu’un ayant la capacité de canaliser l’énergie magique peut employer cette hache pour doubler sa force, à tout le moins. Ah, voici la clé que je cherche. Isak, va chercher une chaîne ».

Il ouvrit l’armoire pour révéler un rack plein d’outils et d’armes, mais il était évident pour laquelle Orsus était venu. Le garçon taché de suie vint en courant avec une chaîne pour aider à porter l’arme géante, la traînant le long d’un des rails du plafond, mais Orsus saisi simplement la hache par le manche et la souleva.

C’était une chose de toute beauté.

« J’aime l’équilibre », dit Orsus.

« Vous êtes sûr qu’elle n’est pas pour vous ? »

« Le contraire, en fait », dit Lola avec un sourire. « Orsus travaille pour l’entreprise forestière d’Aleksei, mais il va bientôt la quitter pour ouvrir un atelier d’ébénisterie ». Elle sourit au vieux mékanicien. « C’est Orsus qui a eu l’idée d’apprendre au steamjack à abattre des arbres afin que l’entreprise puisse continuer sans lui et ne pas perdre le rythme ».

« Ils ont besoin d’un ‘jack pour le remplacer », déclara Yermo. « Ça ne me surprend pas du tout ».

Orsus bougea un petit peu la hache, autant qu’il le pouvait dans l’exigu atelier. Il avait hâte de sortir et de la tester avec des vrais mouvements. Elle s’ajustait presque parfaitement à sa main et à son bras. Elle était plus lourde que n’importe quelle autre hache qu’il ait jamais employée, mais elle était mieux élaborée, mieux balancée, et avait l’air cent fois plus puissante. Il se demanda combien de coup il faudrait pour abattre un arbre avec elle – pour trancher l’armure d’un steamjack. S’ils devaient en affronter un autre, comme ils l’avaient fait avec Nazarov,une hache comme celle-ci leur donnerait une chance de se battre.

Presque aussitôt qu’il y pensa, il jeta un regard coupable à Lola. Elle gloussait joyeusement avec le garçon du magasin, Isak, et ne sembla pas l’avoir remarqué.

« Combien Aleksei vous a-t-il offert pour cela ? » Demanda-t-il. Aleksei était trop radin pour payer ne serait-ce qu’une fraction de la valeur de la hache, et le sac de pièces qu’il avait donné à Orsus, prétendument la deuxième partie du payement, ne semblait pas du tout adéquat.

« Oh, je m’en souviens pas », dit Yermo, « suffisamment pour couvrir les matériaux. Peu importe, je n’ai jamais eu la chance de travailler sur une pièce aussi complexe auparavant, et j’ai appris plus en étudiant sa conception que n’importe quel montant pourrait compenser. Ne le dites pas à Aleksei, bien sûr, ou il ne me paiera plus jamais rien. Son vieux Laika devra bientôt être réparé, qu’il n’oublie pas ».

« Je n’oublierai pas ». Orsus sortit le sac de pièces de sa ceinture et le déposa dans les mains du mékanicien. « Merci, c’est … c’est parfait ».

« Tout le plaisir est pour moi », répondit Yermo, en se retournant pour les reconduire. Orsus agrippa la hache d’une main et Lola de l’autre, souriant comme un idiot.

Son sourire s’estompait à chaque pas.

J’ai promis de renoncer à cette vie pour elle, pensa-t-il. Les combats et la violence et la mort, et pourtant … Je vois une arme comme celle-ci, une œuvre d’art parfaite, et je sais que cette vie fait partie de moi. Je peux y renoncer, et je le ferai, mais elle sera toujours là, et je le saurai toujours, et je pense qu’elle le saura toujours. Même si je ne tue plus jamais personne, je suis toujours un tueur. Je suis toujours ce même petit garçon de dix ans préparant sa vengeance dans une cave cauchemardesque. Elle a dit qu’elle n’aimerait jamais l’homme que ce garçon est devenu.

Comment peut-elle m’aimer ?

* * *

Luka Krakittof, point d’appui du petit contingent du Kommandeur Zooktavir, fut le premier à voir Deshevek. Le reste de leurs forces était derrière eux, levant le camp et se préparant pour la dernière étape de la marche, et le kommandeur avait pris une petite force de cinquante cavaliers et un Juggernaut en tête ; le ‘jack les avait considérablement ralentis, mais offrait un spectacle bien plus impressionnant. Si leur mission était d’impressionner les locaux, c’était un moyen de le faire.

Luka examina attentivement le petit village à travers la longue vue, fronçant les sourcils avec consternation alors que les villageois réagissaient à sa présence – non pas bouche bée comme la plupart des paysans le faisaient à l’arrivée de la Garde des Glaces, mais courant comme des fous. À cette distance, il ne pouvait pas dire qu’ils étaient excités ou terrifiés. Il observa encore un moment, puis fit demi-tour et chevaucha jusqu’au kommandeur.
« Rapport », dit Zoktavir.

Pas de danger évident sur la route, monsieur, et les cavaliers n’en signalent aucun dans les arbres ».

« Aucun qui nous puissions voir », déclara Zoktavir, « mais nous procéderons avec prudence ».

« Oui, monsieur », répondit Luka, fronçant les sourcils à l’idées d’espions. Les gens du village avaient réagi bizarrement. « Il y a encore une chose, monsieur. Les villageois était … Je ne sais pas comment le dire, monsieur. Ils ont agi étrangement ».

« Vous leur avez parlé ? »

« Je les ai vus de loin et ils m’ont vu. Ils ont commencé à courir, pas pour s’enfuir, juste … en cercle. Presque comme s’ils essayaient de préparer quelque chose ».

Les yeux de Zoktavir s’assombrirent. « Un piège ? »

« Ici ? » Dit Luka. « Sur nos propres terres ? »

« C’est l’extrême frontière de nos terres, Korpoeal. Il n’y a rien entre ce village et l’Ord, juste un kilomètre de terres agricoles en friches. Ce sont pratiquement des étrangers ». Il se retourna et appela les autres cavaliers. « Kovnik Bogdan ! »

« Monsieur ! »

« Dites aux hommes de dégainer. Nous pourrions rencontrer une résistance dans le village ».

Le kovnik donna ses ordres, mais Luka se senti déstabilisé. Il n’y avait aucun signe que les villageois étaient des traites. Ils couraient juste. Cela pouvait signifier n’importe quoi.

Je suppose qu’il vaut mieux être préparé, se dit-il. Le kommandeur est zélé, mais ce n’est pas un meurtrier. Il n’attaquerait pas d’inoffensifs villageois à moins qu’ils nous attaquent en premier, et à ce moment-là, ils ne seraient plus vraiment inoffensifs, n’est-ce pas ? Il dégaina son épée et pensa à la promesse fait à sa fille, âgée d’à peine treize ans et dévastée de le voir partie au service actif. Ne t’inquiète pas, Sorscha, avait-il dit. Je serai à la maison bientôt.

Ils s’approchèrent du village au galop, sans charger, mais non plus sans se promener tranquillement. La première impression de Luka fut que le village n’avait pas une bonne forme : il y  avait plus de structures que ce qu’il avait vu dans la longue-vue, ou peut-être les mêmes structures à différents endroits. Cela n’avait aucun sens, mais il serra sont épée plus fort, prêt à affronter le pire. À l’arrière du village, il voyait les femmes et les enfants se rassembler dans la vieille église de pierre - signe certain que les habitants s’attendaient à une bataille. Cela rendit Luka encore plus déstabilisé qu’avant.

Et là, au loin, le pire signe de tous : un seul cheval  avec un seul cavalier, galopant vers les accidentées Collines de Murata. La forme sombre de Porte-du-Sanglier se profilait à l’horizon, et Luka ressenti un froid si intense qu’il ne pu s’empêcher de frissonner. Il était possible que le cavalier soit simplement un homme seul fuyant la scène de bataille, mais peu probable. Il était dans la Garde depuis trop longtemps pour ne pas reconnaître le cavalier pour ce qu’il était : les villageois avaient envoyé un messager à Porte-du-Sanglier. Luka regarda le Kommandeur Zoktavir, presque terrifié pour le lui dire, mais la fureur dans les yeux de l’homme lui indiqua que le warcaster l’ai vu lui aussi.

Alors qu’ils se rapprochaient, il vit que les villageois avaient bâti une barricade en travers de la route, et une poignée d’hommes étaient blottis derrière, serrant des râteaux et des houes. Le coeur de Luka se serra.

« Je suis le Kommandeur Orsus Zoktavir de la Cinquième Légion Frontalière ». Zoktavir s’était arrêté à une douzaine de mètres de la barricade. « Je vous ordonne d’abattre immédiatement cet outrage et de vous expliquer. Qui parle pour le village ? »

Un homme se tenant debout derrière la barricade et tremblant d’une terreur évidente. « Moi. »

« Êtes-vous un rebelle ? » Demanda Zoktavir.

« N-non ».

« Aucun fidèle serviteur de la Mère Patrie ne nous barrerait la route. Tu es un traite et un menteur.

« Nous ne voulons pas d’ennuis, monsieur », dit le paysan. « Pour nous ou pour vous - »

Zoktavir dégaina sa hache géante, la brandissant comme un redoutable totem de destruction. « Quel trouble pensez-vous pouvoir me causer ? »

« C’est juste que… » L’homme déglutit, presque trop nerveux pour se tenir debout. « Je vous demande pardon, monsieur, c’est juste que cet endroit est si éloigné de Korsk, et souvent oublié. Nous voyons plus de soldats ordiques que khadoréens ».

« J’ai envoyé des hommes de ma propre légion patrouiller cette portion de frontière », dit Zoktavir. « Ne sont-ils pas des soldats ? »

« Des soldats qui volent notre nourriture et harcèlent nos filles », déclara le paysan. Les yeux de Zoktavir s’écarquillèrent et l’homme bégaya, pâle comme un fantôme. « Ce que je veux dire, monsieur, c’est que nous n’avons pas vu de soldats nous défendant. La Légion Frontalière est pire que des envahisseurs, et nous ne pouvons plus vivre comme ça ».

« Les yeux de Zoktavir étaient froids, et sa voix contenait une rage à peine contrôlée. « Qu’est-ce que vous dîtes ? »

Comme je l’ai dit, monsieur », le paysan déglutit nerveusement, « nous ne voulons pas causer de problèmes. Les hommes d’Ord nous ont protégés, et nous en sommes venus à compter sur eux, et quand nous vous avons vu venir… nous avons envoyé chercher de l’aide. Sa voix devint plus désespérée, plus suppliante. « Ils ont une armée à Porte-du-Sanglier, plus que vous pouvez gérer. Nous ne voulons pas d’ennuis pour vous ou pour nous. Épargnez-vous la bataille et partez ! »

« Vous osez me menacer ? » Murmura Zoktavir, et ses yeux semblèrent s’embraser alors qu’il tendait la main, recourbant ses doigts comme pour saisir la gorge de l’homme à des mètres de distance. Des runes bleues brillante apparurent dans l’air autour de lui, orbitant autour du puissant warcaster tels de complexes rubans d’acier éthéré. Luka s’attendait à moitié à ce que le villageois s’étouffe. Il tressaillit de surprise lorsque la terre elle-même sembla éclater sous la barricade, l’anéantissant dans une pluie de pierres et d’éclats, secouant les homme autour d’elle telles des poupées brisées. Zoktavir grogna d’une sombre satisfaction, sautant de son cheval et s’avança en trombe en détachant sa massive hache de son dos. « Qui d’autre souhaite quitter la Mère Patrie ? Je l’enverrai directement à Urcaen ! »

Les quelques hommes ayant survécu à l’explosion se mirent à crier, à se relever et à fuir, terrorisés. Zoktavir en attrapa un d’un coup de hache en courant vers une chaumière proche. « En avant ! » Cria le kommandeur. « Tuez tous les traîtres de ce maudit village et brûlez-le autour d’eux ! Pas de pitié et pas de prisonniers. »

« S’il vous plaît, monsieur », dit Luka, se précipitant vers lui, « ce sont juste des paysans effrayés ».

Zoktavir se retourna pour lui faire face, les yeux fous non seulement de fureur, mais de folie. Il semblait regarder Luka et le traverser en même temps, comme s’il remarquait quelque chose d’autre n’étant pas là. Il siffla entre ses dents serrées : « Les traîtres doivent mourir ! »
« Allons leur parler », dit Luka. « On peut peut-être- »

« Nous avons essayé de parler, et ils insistent sur leur trahison. Vous avez vos ordres, soldats. Maintenant, tuez-les ! »

Luka fit lentement le tour du kommandeur, se plaçant entre lui et la chaumière la plus proche. Derrière Zoktavir aux yeux hagards, les autres soldats étaient assis sur leurs chevaux, tenant leurs armes de manière incertaine.

« Ce sont des paysans », répéta Luka. « Nous pouvons les arrêter et les détenir pour un représentant du gouvernement- »

« Je suis le seul représentant dont le Khador a besoin », dit Zoktavir. « Ou bien remettez-vous aussi en question mon autorité ? » Il avança d’un pas et Luka recula, les paumes des mains en sueur.

Qu’est ce que je fais ? Pensa-t-il. Cet homme va me tuer sur place. Il entendit un gémissement effrayé dans la chaumière derrière lui, des sanglots d’innocents réduits à néant, et se força à tenir bon. Ces gens méritent un procès, pas un massacre ».

« Insubordination ! » dit Zoktavir. « Tu es dans le coup toi aussi, n’est-ce pas ? » Il se retourna et vit les soldats derrière lui, toujours immobile. « Vous êtes tous des traîtres, vous aussi ? Ils ont abandonné le royaume ! S’ils veulent être traités comme nos ennemis, nous les obligerons avec nos lames ! »

« Ce sont des paysans avec des râteaux à foin », dit le Kovnik Bogdan. « Nous ne pouvons pas simplement les massacrer ».

« Vous avez vos ordre ». Zoktavir se retourna vers Luka et fit un geste avec sa hache. « Ouvrez cette porte et tuez tous ceux qui sont à l’intérieur, ou pas Menoth, je les tuerai et vous aussi ».

Luka leva son épée, tremblant encore plus fort que le paysan. Pardonne-moi, ma fille. Je n’ai pas le choix. Que Morrow veille sur toi. « Je ne vous laisserai pas les tuer ».

« Ainsi soit-il », répondit Zoktavir en brandissant sa hache.

* * *

« C’est un travail simple », déclara Aleksei. « Il y a un homme à Molonochnaya qui essaie de démarrer sa propre entreprise de bois. La notre fournit actuellement toute la vallée et beaucoup de villages environnants, et ce n’est pas le genre d’affaires que je suis prêt à perdre. La bonne nouvelle, c’est que sais de source sûre que leur équipement est sur le point de subir d’un certain nombre de dysfonctionnements catastrophiques, à commencer par ce soir, lorsque nous nous glisserons là-bas et le mettrons en pièces ».

La plupart des gars rigola, mais Orsus déplaça simplement son poids, une action simple, qui grâce à sa taille focalisa l’attention de tous sur lui.

« C’est tout ce qu’on fait, n’est-ce pas ? » Demanda-t-il. « On casse quelques chariots et on vole quelques outils, pas d’affrontement réel ? »

« J’ai oublié de souhaiter la bienvenue à notre ami Orsus », dit Aleksei.

« Parti six mois et déjà un lâche », déclara Khiring.

« Je ne suis pas un lâche », déclara Orsus. « Je me marie dans six jours ».

« Il semble que sa future épouse ne veuille pas qu’il se batte », déclara Aleksei, « donc nous allons garder cela aussi paisible que possible ».

« Pourquoi la femme d’Orsus dicte-t-elle nos plans maintenant ? » Dit Isidore.

« As-tu vu la femme d’Orsus ? » Demanda Tselikovsky. Il lança un regard grotesque, son unique œil écarquillé et lascif. « Je la laisserais dicter n’importe quoi pour un avant-goût de- »

Orsus attrapa l’homme par le cou et lui écrasa la tête contre la table, la maintenant fermement tandis qu’il s’exprimait d’une voix basse et contrôlée. « Lola serait très déçue si elle apprenait que je viens de faire ça. Si l’un d’entre vous me pousse à la décevoir davantage, je me mettrai en colère. Est-ce compris ? »

Isidor haussa les sourcils. « Tu n’es pas en colère ? »

« Est-ce compris ? » Répéta Orsus. Les hommes dans la pièce hochèrent la tête et murmurèrent leur accord. Orsus secoua doucement le cou de Tselikovsky. « Toi aussi ».

« Compris », répondit-il, bien que le son soit étouffé par la table. Orsus hocha la tête et lâcha la prise.

« Si nous avons fini de prouver comment nous en avons des grosses, prenons la route », dit Aleksei. « Molonochnaya est à deux heures de route, donc si on part maintenant, on arrivera vers une heure du matin. Le moment idéal pour un raid nocturne. »

Ils quittèrent la taverne et préparèrent leurs chevaux. Ils ne pousseraient pas les créatures, mais les avoir rendrait le voyage plus facile. La monture d’Orsus était un massif cheval de trait nommé Krasny, haut de dix-sept mains à l’épaule, aux larges jambes et aux boulets hirsutes. L’équipe de bûcherons l’employais pour tracter des arbres à travers les épaisses forêts que Laika ne pouvait pas atteindre. Orsus avait modifié une selle pour lui et chevaucha en silence jusqu’à la moitié du voyage, quand Isidor s’avança vers lui, gardant le rythme pendant qu’il parlait.

« Tu as entendu parler de l’attaque des tharn ? »

Orsus secoua la tête.

« L’un des villages périphériques. Krupec, je pense. Ils l’ont rasé ».

« C’est trop tôt dans l’année pour des raids tharn », dit Orsus.

« Ils deviennent plus audacieux. Ou ils préparent quelque chose de gros ce qui signifie, je suppose qu’ils deviennent plus audacieux » ?

« La dernière fois qu’ils sont venus, j’en ai tué un », dit Orsus. « J’avais dix ans ». Il grogna. « S’ils essaient de revenir, je tuerai chacun d’eux ».

Alors tu ferais mieux d’espérer qu’ils ne viennent pas ce soir ».

Orsus y réfléchit, puis secoua la tête. « Il est trop tôt dans l’année pour les raids tharn. Ils attendront l’hiver ».

« J’espère que tu as raison ». Isidor chevaucha en silence un moment avant de reprendre la parole. « Combien tu touches pour ça ? »
« Hm ? »

« Il est évident que tu vas obtenir quelque chose, un joli bonus, un petit plus à côté. Nous recevons tous un petit quelque chose pour ces jobs, mais je suppose que tu en touche un plus gros, sinon tu ne serais pas revenu. Combien il te paie ? »

Il put voir qu’Isidor voulait un chiffre exact, probablement comme levier pour négocier son propre bonus supplémentaire, mais Orsus haussa simplement les épaules.

« C’est un bon bonus ».

Isidor sourit, mais il n’y avait aucune bonne volonté derrière cette expression. « Un cadeau de mariage du bon vieux Aleksei ».

« Je suppose ».

« Tu as besoin de l’argent pour quelque chose ? »

Orsus le regarda, inquiet de son soudain intérêt. Que cherche-t-il ?

« Je me marie dans six jours », répéta Orsus. « Je vais avoir une famille à nourrir, et je ne vais pas le faire avec un salaire de bûcheron ».

« Donc, tu complète avec la violence ».

Orsus fronça les sourcils à ce mot. « Je vais ouvrir une ébénisterie ».

« Alors tu paies cela avec la violence ».

« Qu’est-ce que tu veux ? » Demanda Orsus en se retournant sur sa selle pour lui faire face. Isidor était mince et vif, et dans ses vêtements sombres, il semblait presque disparaître. « Pourquoi parles-tu de violence ? Tu as entendu Aleksei – il n’y aura pas de combat ce soir, nous cassons juste des outils ».

« Et pourtant nous sommes armés ». Il désigna la hache géante de Laika, solidement attachée dans le dos d’Orsus. Orsus fronça les sourcils et secoua la tête.

« Parfois, les choses tournent mal. Je ne veux pas du tout me battre, mais si je dois le faire, je veux m’assurer que nous gagnons ».

« C’est vrai », dit Isidor, et Orsus vit la fine silhouette hocher la tête. « Et pourtant, je ne peux pas m’empêcher de me demander pourquoi Aleksei te paie un supplément pour nous aider à casser quelques outils, avec ou sans une hache géante. On dirait que nous pourrions très bien le faire par nous-mêmes – nous l’avons toujours fait avant ».

Orsus fronça à nouveau les sourcils. Il s’était posé la même question, mais il avait mus ça sur le compte d’un stratagème de recrutement. « Je pense qu’il veut que je revienne pour de bon, alors il joue gentiment pour me convaincre ».

« Peut-être »,, dit Isidor, et de nouveau la silhouette hocha la tête. « Peut-être. Ou peut-être que c’est un cadeau de mariage, comme tu l’as dit ».

Orsus fronça les sourcils, les inquiétudes d’Isidor ravivant les siennes.

« Ou peut-être », dit doucement, « c’est un autre jeu de pouvoir, comme Nazarov. Cette homme, à Molonochnaya, pourrait essayer de créer sa propre entreprise de bois ou il pourrait essayer de créer sa propre bratya. Pour devenir lui-même un kayaz. Il y a beaucoup d’affaires ici, et Aleksei les gère assez bien, mais il n’est pas parfait. Personne ne peut être partout à la fois. Un autre Nazarov devait apparaître tôt ou tard, alors que faire si c’est le cas ? »

Orsus laissa échapper un long et lent soupire, réfléchissant à la situation dans sa tête. La théorie d’Isidor était possible, mais ce n’était qu’une théorie. « Tu es sûr de quelque chose ? » Chuchota-t-il. « Tu as des preuves ? »

« À part toi ? »

« Je ne veux pas dire n’importe quoi... »

« Tu es pratiquement un ogrun », déclara Isidor. « Aleksei ne t’as fait venir pour une nuit tranquille de sabotage, et il ne t’a pas payé un supplément pour une bataille moyenne. Il s’attend à des problèmes, et il en attend beaucoup ».

Orsus secoua la tête, ne voulant pas y croire. « Alors pourquoi n’avons-nous pas amené Laika ? »

« C’est ce qui m’a dérangé pendant tout ce trajet. Si nous nous dirigeons vers une bataille, pourquoi amener l’un de nos meilleurs combattants mais pas l’autre ? C’est pourquoi je pense que c’est un jeu de pouvoir ». Il se pencha plus près. « Si ce n’était qu’une bataille et rien de plus, nous apporterions tout ce que nous avons, mais si quelqu’un dehors cible réellement l’entreprise, il pourrait avoir le même plan que nous. Après tout, nous n’avons pas seulement Laika, nous avons laissé la plupart des gars ? »

« Parce que nous n’avons besoin que de cinq hommes pour saboter leur équipement », insista Orsus. « Tu as peur de ton ombre ».

« Je pense qu’Aleksei s’attend à deux batailles, et il a divisé ses forces en conséquences. Une à Molonochnaya, pour renverser cet usurpateur, et une à la maison, pour empêcher l’usurpateur de faire exactement ce que nous essayons de lui faire ».

Orsus grimaça, essayant de rejeter la théorie – elle était désespérée et paranoïaques, après tout, avec très peu de preuves pour l’étayer. Et pourtant, il y a avait des aspects qui sonnaient trop vrai. Aleksei ne lui pas paierait deux mois de salaire pour une nuit tranquille à casser des choses ; cela l’avait tracassé toute la journée. Et pourtant, leur équipe de cinq hommes était trop petite pour une vraie bataille, trop grande pour un assassinat. Aleksei n’aurait jamais amené si peu de monde à moins que quelque chose d’autre ne lui force la main, et une attaque contre l’usine de bois pourrait le forcer de cette manière exacte. Orsus ne voulait pas le croire, mais plus il y pensait, plus il était difficile de l’ignorer.

Orsus grogna de frustration. « Supposons que c’est vrai », murmura-t-il. « Pourquoi me le dire ? Quel est ton plan ? »

« Je te l’ai dis parce que j’avais besoin d’une confirmation », répondit Isidor, « et parce que tu es plus intelligent que ces autres voyous sans cervelle. Je n’ai pas de plan, je suis encore en train d’y réfléchir. Si c’est un autre Nazarov, je ne veux pas finir comme Gendyarev ».

Les deux hommes se turent un moment, se remémorant leur ancien compagnon. Le fusilier Emin avait été tué lors de la bataille de l’entrepôt, mais Gendyarev avait été estropié – un sort bien pire. Il ne pouvait plus travailler, mangeait à peine, et avait fini par mendier dans la rue. Orsus ne l’avait même plus vu depuis des mois.

Pourtant, les chances d’une nouvelle bataille extraordinaire étaient faibles. Dans le pire des cas, nous savons que nous sommes dans le groupe le plus sûr », déclara Orsus. « Aleksei ne viendrait pas avec nous s’il n’était pas sûr que nous pourrions gérer tut ce à quoi nous sommes confrontés ».

« C’est vrai ». Isidor réfléchit un moment. « Peut-être qu’on devrait se taire et voir comment cela se passe ».

« Ou peut-être que je vais partir et rentrer chez moi », déclara Orsus. « J’ai promis à Lola que je n’allais pas me battre ».

« Tu es déjà parti dans son dos », demanda Isidor. « Reste au moins assez longtemps pour être payé ».

Orsus grimaça à nouveau, déchiré par la décision. Il ne voulait pas rester, mais la présence d’Alkesei était révélatrice – ce devait être l’endroit le plus sûr, sinon le patron ne serait pas là. L’homme était trop égocentriste pour planifier les choses autrement autrement. Il pourrait rester combattre celui qui le gardait, et recevoir deux mois de paie. Des mois de plus pour quitter son travail, ouvrir son atelier d’ébénisterie, et dire au revoir à Aleksei, aux criminels et à tout ça pour toujours. C’était simple. C’était la chose la plus facile au monde.

« Voyons qui nous attend à Molonochnaya », dit Orsus en ajustant la hache sur don dos.

Mais lorsqu’il atteignirent le chantier rival, ils le trouvèrent vide, les portes béantes, l’équipe et l’équipement disparus.

« Ils se sont enfuis ! » Cria Aleksei, semblant à la fois furieux et triomphant. « Ils savaient que nous venions et se sont cachés ».

« Notre équipement est-il protégé de la même manière ? » Demanda Orsus. Aleksei le regarda bizarrement, et Orsus l’accusa plus directement. « L’autre moitié de nos forces protège notre équipement d’une contre-attaque ». Ce n’était pas une question. « Es-tu assez intelligent pour les cacher également ? »

Aleksei ricana, et Orsus sut qu’ils avaient deviné juste. « Notre équipement est en sécurité. Les autres sont armés et prêts, et Laika est un meilleur combattant sans cette hache que toi avec ».

« J’en suis une preuve vivante », dit une voix, et ils entendirent un bruit de glissement et de raclement dans l’obscurité. Khiring leva une lanterne. Ils regardèrent un homme brisé se traîner lentement à travers la cour à bois vide, lançant et tirant, lançant et tirant. Son bras gauche était tordu. Ses jambes traînaient inutilement derrière lui.

L’homme brisé rit doucement.

« Gendyarev », dit Aleksei, en crachant le mot tel un poison. « Tu nous as trahi ».

« Trahi quoi ? » demanda Gendyarev. « La bratya pour laquelle je me suis battu, la braya pour laquelle j’ai donné mes jambes ? Les frères qui m’ont abandonné, qui ont pris mon travail et qui m’ont laissé mourir quand un combat a ma tourné ? Je n’ai pas trahi la bratya, Aleksei. La bratya m’a trahi. Il cessa de ramper et leva les yeux, son visage mutilé méprisant.

« Qu’as-tu fait ? » Demanda Orsus.

« Je leur ai dit où te trouver, comment tu réagirais sous la bonne pression, et apparemment j’ai eu raison ». Il courba son visage ne un sourire tordu. « Ils ont prévu de faire tomber l’infâme Alekesi Badian pendant un bon moment, levant pratiquement une armée juste sous ton nez. Je les ai juste aidés à viser ».

« Nous avons Laika », déclara Aleksei, « nous pouvons très bien nous défendre ».

« Oh oui », déclara Gendyarev, « le steamjack que vous avez essayé de m’apprendre à utiliser – ma dernière chance d’être utile, avant que d’autres ne se montrent plus habiles ». Il sourit à nouveau. « Je leur ai aussi donné les mots de code de Laika. Cette bataille sera beaucoup lus unilatérale que tu ne le pense ».

« Et pourquoi ? » Demanda Aleksei. « Qu’est-ce qu’ils t’ont promis, De l’argent ? Du pouvoir ? Des putains qu’ils ont payées pour ne pas crier à la vue de ton visage ? Il sauta de son cheval et dégainé ses poignards, s’avançant vers l’estropié avec un regard de pure malice. « Tu ne peux pas t’attendre à vivre assez longtemps pour recevoir ton paiement ».

« Je n’ai demandé qu’une chose », répondit Gendyarev, le visage pratiquement rayonnant. « Être ici pour voir la tête que vous ferez quand je te dirais ça : Ces hommes sont plus insensibles que vous, plus vicieux que vous. Vous êtes venus pour tuer un chef ; ils sont partis pour tuer tous ceux que vous avez aimé ».

« Orsus bondit en avant ; « Non ! »

« Toi aussi, Orsus », dit Gendyarev. « Tu m’as fait ça et tu m’as laissé mourir. N’espère pas un mariage en blanc ».

Orsus s’empara de sa hache et le monde devint rouge.

* * *

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Iron Kingdoms - RPG / Re : Maîtres Secrets
« le: 03 août 2022 à 16:41:53 »
bon jeu  ;)

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Iron Kingdoms - RPG / Maîtres Secrets
« le: 03 août 2022 à 16:41:12 »
MAÎTRES SECRETS

Aucun groupe parmi les humains de l’Immoren occidental n’est plus mystérieux que les capes noires du Cercle Orboros. Le Cercle est un antique ordre composé des personnes ayant répondu à l’appel de la nature un lien inné avec les bêtes prédatrices et les forces naturelles circulant invisiblement à travers Caen grâce aux lignes de force sillonnant la planète. Les initiés de l’ordre, connu sous le nom de capes noires, maîtrisent les pouvoirs de la tempête et de la pierre, et les bêtes sauvages répondent à leur appel. Les capes noires défendent férocement les nœud où les lignes de forces se croisent, les protégeant des groupes concurrents et de l’empiétement de la civilisation.


L’Appel de la Nature

Un infime pourcentage d’enfants humains traverse une période de confusion appelée l’appel de la nature. Ces enfants manifestent en premier un étrange comportement – déchirer leurs vêtements, s’enfuir de chez eux, au milieu de la nuit, pour parcourir la forêt, aboyer ou hurler, fixer durant des heures les yeux d’un animal proche, etc. La plupart des laïcs ignorants prennent ce comportement pur de la folie ou d’autres problèmes, et la plupart des communautés évitent ces enfants « bizarres », quand elles ne les abandonnent carrément pas. Dans des cas extrêmes, comme au sein de certaines communautés menites, ces enfants sont tués par peur de la sorcellerie ou de la souillure du Ver Dévoreur. Les druides du Cercle Orboros essaient d’anticiper de tels problèmes et d’intervenir quand c’est possible.

Les druides supérieurs sont chargés de prédire ces manifestations  et d’envoyer un ou plusieurs protecteurs pour recueillir un enfant répondant à l’appel de la nature. Dans certains cas, les parents de l’enfant considèrent cela comme de la miséricorde et confient volontairement l’enfant aux soins des druides. Dans d’autres cas, cependant, les capes noires doivent enlever les enfants répondant à l’appel de la nature en secret. Les druides (ou les familles qui leur sont proches) élèvent ces enfants jusqu’à ce qu’ils se montrent prêts à apprendre à maîtriser leurs pouvoirs. Pour cette raison, la plupart des druides n’ont aucune connaissance de leurs parents et tentent rarement de rétablir le contact avec leurs proches. Les Cercle Orboros devient leur seule famille, et ils acceptent le mystère de leurs origines. Naturellement, les rumeurs de cette pratique, les rumeurs de cette pratique font que les capes noires ne sont pas aimées par les communautés dont les enfants ont disparu.


Les capes noires sont liées au Ver Dévoreur mais ne le vénère pas, le considérant simplement comme un aspect d’une plus grande puissance qu’elles appellent Orboros. Longévives, secrets et reclus, ces druides incompris sont redoutés par les autres habitants de l’Immoren occidental, les accusant d’accomplir des rites noirs dans la nature au clair de lune. Pourtant, parmi les sociétés sauvages, le pouvoir et l’influence considérables exercés par le Cercle Orboros confèrent au capes noires un respect méfiant. Ayant appris à manipuler les autres pour aider à atteindre les ambitieux objectifs du Cercle, les capes noires sont souvent envoyées dans de telles sociétés pour rassemble des alliés.

À CHEVAL SUR LES DEUX RIVES

Les capes noires ne sont pas entièrement inconnues en marge de la civilisation. Les communautés vivants proches de grandes régions sauvages peuvent avoir des contacts périodiques avec des druides locaux, qui sont traités avec un respect teinté de crainte. Les capes noires visitent souvent ces communautés lorsqu’elles mènent leurs mystérieuses missions ou qu’elles échanges des informations.

En échange de leur coopération, les capes noires proposent parfois de manipuler le temps, de chasser les menaces sauvages ou de garantir une récolte abondante. Le Cercle a souvent utilisé de telles négociations pour faire avancer son agenda, car une communauté désespérée pourrait accepter toutes les conditions proposées par une cape noire. Les capes noires sont également connues pour rendre visite les communautés afin de récupérer les enfants subissant l’appel de la nature. Bien qu’une communauté puisse parfois accuser les druides de voler leurs enfants, les parents sont parfois complice de ces arrangements et acceptent souvent d’abandonner les enfants semblant dérangés et dangereux. Dans certains cas, les peuples des terres sauvages chercheront l’aide des capes noires pour négocier la paix ou le commerce. De telles invitations offrent au Cercle Orboros des opportunités favorables pour poursuivre ses objectifs.

Leur réputation et le mystère entourant leurs objectifs permettent aux capes noires de passer facilement de la civilisation au terres sauvages avec une certaine facilité. Cependant, même dans les meilleurs circonstances, la plupart des citadins feront tout leur possible pour éviter un druide Tout comme les capes noires sont appréciées pour leurs étranges pouvoirs, elles sont également considérées comme des signes avant-coureurs de désastre, de peste et de destructions naturelles. Dans des cas extrêmes, comme après une mystérieuse calamité, les citadins peuvent s’unir pour chasser les capes noires et leurs alliés. Au sein de la plupart des communautés des terres sauvages, la peur évoquée par les capes noires est suffisante pour assurer leur sécurité, car le Cercle est connu pour décupler les dommages causés à ses membres.

LES CAPES NOIRES ET LA REVENDICATION

Lorsque la Revendication a débuté, la force des capes noires était déjà presque à bout de souffle. Des années de constantes luttes avaient réduit le nombre d’alliés du Cercle, et les efforts pour restaurer les réseaux de lignes de force avaient poussé les capes noires au maximum de leurs capacités. Pour aggraver ces problèmes, les dirigeants du groupe toujours en désaccord les uns avec les autres, même dans le meilleur des cas, n’arrivaient pas à se mettre d’accord sur la façon de gérer la succession constante de crise exigeant leur attention.

Bizarrement, l’émergence des infernaux a été une sorte de bénédiction pour le Cercle. Même si la Revendication présentait le même risque pour ses membres humains que pour tous les autres être humains de l’Immoren occidental, les infernaux ont concentré leurs premiers efforts sur les centres de population de l’humanité. Alors que les Royaumes d’Acier luttaient pour tenir les envahisseurs à distance, les capes noires du Cercle Orboros ont saisi l’occasion pour se retirer dans leurs possessions au sein des terres sauvages et rassembler leurs forces. De nombreux sites de rituels ont été perdus au cours du processus, mais en se concentrant sur les régions les plus vitales et en les défendant, les capes noires ont pu préserver la majeure partie de leurs possession au sein de l’Immoren occidental, et elles ont subi beaucoup moins de pertes que le monde civilisé.

Pour des raisons inconnues du Cercle, les assaillants infernaux semblaient moins désireux de revendiquer les âmes des tharn que les âmes de leurs vassaux humains parmi les tribus barbares. En conséquence, les rangs des tribus humaines fidèles au Cercle ont diminué pendant la Revendication, mais pas les forces des tharn. À la fin de la Revendication, ces guerriers sauvages représentaient un part importante de la force militaire du Cercle.

Au cours des années ayant suivi la Bataille de Fort Henge, le Cercle Orboros a pu revenir à ses méthodes traditionnelles. Plutôt que de combattre en force, il a entrepris des actions chirurgicales contre les plus grandes menaces, lançant des meutes de tharn en grand nombre sur des sites tout en déployant ses guerriers humains les plus ingénieux pour atteindre des objectifs spécifiques. La menace posée par le dragon Everblight s’est apparemment arrêtée, la Convergence de Cyriss s’est divisée en plusieurs petits groupes représentant une menace moins grave, et la civilisation humaine a eu besoin de temps pour se rétablir à la suite de la Revendication. Pandant ce temps, les capes noires se sont imposées comme les maîtres secrets des terres sauvages, étendant leur influence et récupérant des territoires autrefois considérés comme perdus à jamais.


« Même si nous affinons nos capacités, nous devons nous rappeler que ce pouvoir a un but. Nous ne pouvons pas hésiter à agir. Une période de crise nous attend. L’ère des intrigues est révolue ».

- Tout-puissant Lortus, Veilleur de Blightghast


CHEMINS D’OBOROS

Chaque cape noire suit l’un des nombreux chemins exploitant le pouvoir d’Orboros. La maîtrise de ces chemins découle de millénaires d’exploitation organisée de l’énergie naturelle et d’un entraînement systématique au sein du Cercle Orboros. Les capes noires se concentrent sur l’une de ces catégories.

VOIE DE LA COLÈRE DE LA NATURE

Les capes noires parcourant la Voie de la Colère de la Nature ont concentré leur volonté sur les formidables énergies destructrices de la nature et peuvent déchaîner ces forces contre leurs ennemis même s’ils sont pris au dépourvu.


VOIE DES BÊTES

Au sein du Cercle, les personnes empruntent la Voies des Bêtes apprennent à maîtriser les créatures prédatrices nées de l’aspect d’Orboros en tant que Bête au Milles Formes. Ceux qui parcourent la Voie des Bêtes sont mieux représentés en warlocks avec la résonance du Dévoreur, comme décrit dans Iron Kingdoms : Borderlands et Beyond.


VOIE DE LA PIERRE

Les capes noires parcourant la Voie de la Pierre ont appris à manipuler et à manifester spontanément les rocs et les pierres et peuvent plus facilement tirer parti de l’énergie magique de la terre.

VOIE DE L’ERRANT

La Voie de l’Errant est l’une des disciplines les plus rares et les plus ésotériques. Ceux qui l’apprennent peuvent puiser plus facilement dans les lignes de forces sous la surface de Caen et peuvent puiser dans ces énergies pour se déplacer instantanément sur de grandes distances.

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Bonne lecture  :)

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Maison Kallyss du Crépuscule

Par Privateer Press

Le destin d’Ios a été écrit bien avant la guerre infernale ayant dévasté les Royaumes d’Acier – c’était la terre des elfes, pas des hommes, que serait à jamais marquée par ces apocalyptiques événements. Longtemps s’étiolant dans la mort lente de leurs dieux survivants, chaque nouvelle génération était de plus en plus perdue par l’absence d’âmes et les conflits acharnés, et l’inévitable fin d’Io semblait presque assurée. Puis vint une alliance tenue entre le peuple elfique et les skorne en réponse à l’effroyable menace posée par les infernaux, et cette alliance en mit certains sur une autre voie.

Plongeant dans les aspects les plus sombres des arcanes de l’immortelle âme couplés à la mortitheurgie nécromantique skorne utilisant les technologie arcantrike avanée iosienne, cette alliance a cherché à créer de nouvelles armes capables de combattre cette menace contre nature. Ces efforts ont été menés par le warlock skorne Hexeris et le Seigneur Ghyrrshyld, un iosien possédant le plus grande connaissance de l’âme. Leurs expériences ont conduit à la domination des archontes du vide afin de priver les infernaux de l’énergie de l’âme, ce qui a conduit à de nouvelles découvertes et à des théories encore plus dangereuses. Ghyrrshyld maîtrisa personnellement ces nouvelles technologies, et elles l’ont comblé des énergies du vide.

Lorsque l’alliance débuta sa lutte contre les infernaux, elle fut rejointes par les vieux eldritch ayant servi de conseil consultatif au Seigneur Ghyrrshyld pendant son exils d’Ios. Ces horreurs mortes-vivantes étaient de puissants combattants, dont se méfiaient à la fois les iosiens vivants et les skorne aux côtés desquels ils combattaient. Plus troublant encore, lorsqu’un seigneur iosien mourrait, Ghyrrshyld faisait appel à ses pouvoirs pour ramener son âme dans son corps, le forçant à se relever sous la forme d’un eldritch. Un lien aussi étroit avec les énergies du vide commença à corrompre davantage l’esprit de Ghyrrshyld et le ramena vers de vieux blasphèmes.

Finalement, à l’heure de la victoire de l’alliance contre les infernaux, le Seigneur Ghyrrshyld, à l’esprit déformé par sa connexion avec ces énergies entropiques, se retourna contre les skorne et mena ses forces dans leur extermination sans pitié. Brisés et meurtris, les skorne s’enfuirent à travers les Terres des Tempêtes et jurèrent de se venger de leurs traîtres, alors même que la Garde l’Aube prenaient d’assaut la Forteresse sur l’Abîme, la revendiquant pour Ios.

Malgré le pur pragmatisme de ses actions, le seule condamnation de Ghyrrshyld était la mort – il était maintenant incroyablement puissant, dangereusement impartial au point d’être presque sans âme, et méfié par l’ensemble de la Cour Consulaire. Falcir, l’assassin de la Maison Ellowuyr, fut chargé de détruire Ghyrrshyld. Alors qu’il ‘agissait d’une action apparemment nécessaire pour la stabilité d’Ios, la mort de Ghyrrshyld refaçonnerait la nation dans une tournure des plus tragiques.

Une fois Ghyrrshyld mort, ses partisans les plus fanatiques – menés par Elara, connue sous le nom de l’Ombre de la Mort – ont conspiré pour exécuter son plan le plus désespéré : la destruction finale des dieux d’Ios ; Ghyrrshyld et les personnes le suivant espéraient que la mort de dieux libérerait le peuple elfique de son mal-être sans-âme et le laisserait revendiquer pour toujours son propre destin. Elara a été parmi les premières des nouveaux eldricht qui se relevèrent à la suite des expériences de Ghyrrshyld, et elle avait anticipé la promesses de ses théories.

Se tournant vers le Fanum de Scyrah, Elara mena ses force pour abattre les chevaliers du fanum en défense et se dirigea directement vers les dieux. Avec la lame de Nyssor, elle abattit à la fois Scyrah et le Seigneur de l’Hiver.

La mort de dieux a déclenché une tempête psychique dans tout Ios, créant un bouleversement spirituel déformant le tissu même de Caen. Pour les iosiens, ce fut un cataclysme ; pour la grande majorité d’entre eux, la séparation d’avec les dieux fut trop dure à supporter, et ils moururent en masse au plus profond de leur douleur et de leur chagrin.

D’autres, nés avec la capacité de perdurer malgré toute tribulation, ne furent pas disposés à abandonner ou à se rendre. Ceux-là avaient été transformés en eldritch. La disparition définitive des dieux elfes et ses effets immédiats furent connus sous le nom de « Fracture », car elle marqua la perte des dieux, la séparation entre les vivants et les morts-vivants, et le divorce entre les iosiens vivant dans les forêts d’Ios et ceux au-delà de ses frontières. Ces eldritch ayant survécu à la transformation ont également dû endurer le fait de voir leurs amis et leurs proches mourir de la Fracture. Ils ont également vu leur propre chair se flétrir et dessécher. En fin de compte, seuls les sans âme ont été épargnés.

Ces nouveaux eldricht ont dû créer une société à partir des restes d’Ios. Ils furent rejoints par les vieux eldritch ayant combattu à la fois les skorne et les infernaux, et par ceux nés de la mort en combattant aux côtés de Ghyrrshyld pendant la Revendication. Les sans-âme fournissaient à la fois de la sombres aliments à leur appétits et de main d’œuvre pour leurs usines et leurs armées permanentes. Et ainsi, des cendres de la civilisation déchue ont émergé de nouvelles maisons de Seigneurs Eldritch, régnant désormais sur leur Royaume au Crépuscule Éternel.

Malgré leur existence « vampirique », les eldritch ne sont pas fondamentalement mauvais. Ce sont des êtres tragiques, façonnés par les cicatrices du remords, du regret et d’une antique douleur. Et ce sont de pragmatiques survivants. La Maison Kallys est devenue l’une des plus puissantes de la nouvelle Cour Iosienne. Les eldritch éclairés dirigeant la maison ont consacré leur existence à la défense des Royaumes d’Acier alors qu’ils cherchent à racheter leur peuple condamné, tout en acceptant leur destin sans vie. La Maison Kallyss a intégré dans ses rangs les réflexions les plus avant-gardistes des antiques eldritch tout en conservant le contact avec des éléments des iosiens vivants au-delà des frontières de la nation. Ils sont servis, à leur tour, par les sans-âme ayant rejoint leur bannière et les chercheurs vivant soutenant totalement leurs visions et dictats.

Déterminée à prouver sa valeur, la Maison Kallyss s’est positionnée en tant qu’alliée  de toute nation de l’Immoren occidental lui accordant une juste considération. Mais le nation humaine ne sont pas si promptes à accepter un royaume d’elfes morts-vivants dont les prédécesseurs ont cherché à exterminer les humains ; cela a forcé la maison eldritch à entrer dans des conflits non désirés avec ses voisins immoréens.

Alors que l’Immoren est à nouveau mis en péril par un agresseur extérieur, la Maison Kallys apprendra si oui ou non leurs âmes éternelles peuvent survivre à l’héritage terni de ses origines.

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