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Background – Histoire des Royaumes d’Acier / Roman - La Voie de Caine
« Dernier message par elric le 18 janvier 2024 à 13:46:34 »
Quatre Ans Plutôt

592 AR, Été ; Académie de Stratégie Militaire, Port Bourne

Caine se tenait droit et concentré aligné avec une douzaine d’autres comme lui le long du champ de tir. Par une journée nuageuse, ils se tenaient à l’abri dans les épais murs de pierre de l’académie. Chacun était vêtu des capes bleues et grises patinées des cadets Mages Balisticiens de la Tempête Mystique. Leur panoplie état complétée par un tricorne, des lunettes de tireurs d’élite et l’arme de poing de marque, un pistolet cinémantique, rangé dans un étui à la taille.

À vingt pas de distance, l’équipe dans les fosses de la galerie mékanique complexe commença à faire fonctionner les rouages.

Derrière les cadets, le sergent-artilleur faisait les cents pas en ajustant ses propres lunettes. Ensuite, il serra ses mains derrière son dos et se racla la gorge.

« Cadets, à vos MARQUES ! » hurla-t-il d’une voix très mesurée.

Caine plia les poings et stabilisa sa respiration. Derrière ses propres lunettes, il cligna des yeux, comptant les points de la mêlée dans son couloir. Il écouta les pas du sergent derrière lui. Devant lui, la galerie s’animait. L’instructeur faisait encore les cents pas, sur le point de donner le mot… jusqu’à ce que…

« Cadets, FEU ! »

D’un mouvement fluide et délibéré, Caine sortit de son étui un pistolet richement gravé. Les runes gravées sur le canon brillaient faiblement à son contact. Régulièrement, il visait vers le bas et observait. Dans le couloir de chaque cadet se trouvait un kaléidoscope de cibles colorées et animées. Certaines se précipitaient de gauche à droite, d’autres se déplaçaient selon des motifs ou en arcs de cercle.

« Deux minutes ! » hurla le sergent-artilleur.

Caine aligna sa première cible. D’un murmure et d’une légère pression, le canon de son pistolet explosa avec une flamme scintillante. Des runes mystiques tourbillonnaient autour de son tir, le suivant comme un feu d’artifice. Il avait murmuré Briser, exactement comme ils avaient été entraînés, jour après jour ces huit derniers mois. Le mot lui avait-il appris, n’était pas aussi important que les pensées qu’il évoquait. Avec la bonne pensée, la volonté du mage balisticien s’imposait à son arme, et le tir lui-même s’en trouvait grandement modifié.

Dans le grand cadre du stand de tir mékanique, une plaque d’acier peinte en bleu s’agitait de haut en bas jusqu’à ce que le tir de Caine l’atteigne et qu’elle se brise comme autant de confettis.

L’un après l’autre, les cadets à sa gauche et à sa droite firent de même, murmurant leurs propres mots de pouvoir. La cour résonnait de la cacophonie des tirs ensorcelés.

Caine n’y prêtait aucune attention. Il était dans sa tête, les mains se déplaçant pour recharger sans lui, alors qu’il se concentrait sur sa prochaine cible. Cinq autres tirs et cinq succès de plus alors que les secondes s’égrenaient.

« Une minute ! »

Alors qu’il se concentrait, le monde autour de lui ralentit, s’assombrissant jusqu’à l’obscurité. Seules les cibles à distances semblaient encore vivantes, car elles entraient et sortaient de la cohue en quantité infinie. Il y avait des cibles rouges, articulées et lestées de briques. À eux, Caine chuchota Foudre, son tir se brisant à l’impact avec suffisamment de force pour les faire reculer. Il y avait aussi des cibles jaunes tournoyantes, placées bien à l’écart des autres. C’est à celles-ci que Caine murmura Portée, poussant son tir de plus en plus loin. Chaque fois que son pistolet se vidait, il s’arrêtait mécaniquement pour le recharger et tirait à nouveau sans hésitation. Il n’en avait encore manqué aucun.

« Trente secondes ! »

Il lui restait deux cartouches à la ceinture. Un score de treize était déjà impressionnant, à un point du record. Pourtant, il sentit une curiosité ludique l’éloigner de l’urgence du test. Il s’était souvent demandé, au cours des mois précédents, s’il ne pouvait pas évoquer une nouvelle façon d’augmenter son tir. Caine sourit en rechargeant. Pourquoi ne pas essayer ? Qu’avait-il à perdre ? Son esprit s’emballa alors qu’il rechargeait, excité de repousser de nouvelles limites. Son arme chargée, il concentra ses pensées. Il tendit la main, visant et tirant avec fluidité. Rebondir, murmura-t-il cette fois. Il regarda le tir voler et hocha la tête devant le résultat irrégulier. Pas mal, mais il pouvait faire mieux. Ses mains tremblaient tandis qu’il rechargeait, il avait désespérément envie d’un nouvel essai. Il visa à nouveau, et murmura encore une fois. Rebondir. Le coup de feu jaillit de la bouche et se dirigea vers la galerie. Les cibles se fissurèrent, se brisèrent et tombèrent, alors que le tir magique ricochait entre elles. Caine sourit au spectacle.

« Cadets, CESSEZ LE FEU ! »

La main de Caine remit l’arme dans son étui. Il adopta une posture de repos, croisant les mains derrière le dos. Prenant une inspiration, il laissa son attention vagabonder jusqu’à ce qu’il entende le pas de l’instructeur derrière lui.

« Cadet Caine, rompez ».

Avec des mouvements mesurés, Caine recula, et de plus d’un pas. L’instructeur se déplaça pour prendre sa position dans le couloir, regardant vers le bas.

« Couloir huit ; indiquez ! » Cria le sergent. Du niveau inférieur de la galerie sortit un bâton au bout duquel était fixé une ardoise Un numéro y avait été noté à la craie. Autour de lui, les camarades cadets de Caine commencèrent à murmurer. De son côté, l’instructeur commença à pester. « Cadet Caine ! Voudriez-vous m’éclairer sur la note parfaite pour cet examen ? »

« Quinze, sergent-artilleur ! » répondit Caine.

« Remarquable. Essayer de deviner pourquoi ce score n’a pas été battu depuis la fondation de cette école, cadet Caine ? » Il grogna. Caine évita de regarder l’hargneux instructeur, gardant les yeux baissés.

« Parce que nous ne recevons que quinze cartouches, sergent-artilleur ! »

« Brillant, cadet ! » Le sergent le contourna, étudia son visage à la recherche d’un signe de culpabilité. « Alors comment expliquez-vous votre score ?! »

Caine regarda le nombre griffonné sur l’ardoise. Il était noté dix-sept. Caine se retint de sourire, mal. L’instructeur s’en aperçut et entra immédiatement dans une colère noire, jurant ses grands dieux contre son insubordonné cadet. Enfin, il se calma.

« Je dis que vous êtes un tricheur ».

Caine se renfrogna. « Je n’ai pas triché, sergent-artilleur ! J’ai juste essayé quelque chose de différent… »

Si son explication visait à apaiser le sergent, elle eut exactement l’effet inverse. Le visage du pistolero grisonnant se teinta d’indignation.

« C’est c’la, Cadet Caine ? Vous voulez me faire croire que vous avez improvisé une nouvelle évocation sur place ? Suffisamment perfectionnée pour abattre plus de cibles que vous n’avez de tirs ? » Caine commença à ouvrir la bouche ? « Ne répondez pas ! J’ai compris, vraiment. Vous avez reçu un peu d’aide de vos camarades, c’est ça ? Combien ça vous a coûté de les persuader de faire des tirs croisés dans votre couloir ? Couloir sept et neuf, indiquez ! »

De nouveau, des ardoises avec des numéros griffonnés surgirent de la galerie, dans les couloirs adjacents à celui de Caine. L’instructeur se dirigea vers les cadets à gauche et à droite, comparant les chiffres à la craie avec les munitions restantes dans leurs bandoulières. Ses lèvres bougeaient tandis qu’il comptait pour lui-même.

Puis il s’arrêta.

« Cadets, ROMPEZ ! » aboya-t-il en pausant une main contraignante sur l’épaule de Caine. « Cadet Jenkins ! Faites-moi venir le lieutenant ! » Un à un, la classe de Caine passa devant lui. Le sergent-artilleur était devenu curieusement silencieux pendant qu’ils attendaient. Une minute plus tard, le lieutenant de l’école de combat sortait à grands pas du réfectoire, visiblement agacé.

« Il faudrait mieux que ce soit pour une bonne chose, sergent-artille », grommela le lieutenant en approchant. En remarquant Caine debout à côté du sergent-artilleur, il leva les yeux au ciel. « Gloire à vous ! Allons-nous encore parler du Cadet Caine ? Qu’est-ce que c’est cette fois cadet ? Pris avec de la gnôle dans la caserne ? Encore des combats ? » L’exaspération du lieutenant était palpable.

Le sergent-artilleur salua vivement lorsque l’officier s’arrêta devant lui, et Caine se tint au garde-à-vous.

« Pas cette fois, monsieur ». Répondit le sergent-artilleur. « Il semblerait que le cadet vienne d’obtenir un score légitime de dix-sept au test de tir ».
Le lieutenant se lécha les lèvres et cligna des yeux. « Sergent-artilleur, avec moi ». Dit-il presque voix basse.

Caine demeura au garde-à-vous, le visage tourné vers l’avant et les mains pressées le long du corps. Il observa cependant les mages balisticiens plus chevronnés arpentant le champ de tir le regard détourné. Après quelques minutes d’une discussion feutrée mais animée, ils revinrent. L’expression du lieutenant était indéchiffrable alors qu’il faisait face à Caine. Le sergent-artilleur, quant à lui, se dirigea vers l’armurerie au pas de course.

« Cadet Caine, la semaine dernière, le quartier-maître a prétendu qu’un de ses labor-jacks avait disparu au cours de la nuit. Je suppose que vous ne vous en souvenez pas ? »

La mâchoire de Caine se crispa et son esprit s’emballa, essayant de comprendre l’intention.

« Monsieur ? »

« Il semble que votre caserne était la seule à passer l’inspection le lendemain. Votre troupe était la seule à bénéficier d’une permission.

« Les… euh, les garçons et moi, on s’en est pris une bonne, monsieur », menti Caine. Depuis l’armurerie, il pouvait entendre le bruit de grands pieds chaussés de fer s’approchant, avec le sifflement rythmique de vapeur. La nausée commença à lui serrer les tripes et la vague de fierté qu’il avait ressentie quelques instants plutôt avait disparu depuis longtemps. Pourquoi le lieutenant en parlait-il ? Ne venait-il pas de faire quelque chose que personne n’avait jamais réalisé ? Ne devraient-ils pas le féliciter ? Et même lui demander comment effectuer l’évocation ? Comment se faisait-il que tout tournait si mal, si vite. Caine luttait pour garder son souffle, mais son coeur battait la chamade.

« Ou peut-être ont-ils été aidés ? Hein, cadet ? » Le lieutenant se tourna vers la porte de l’armurerie. À travers les portes ouvertes, une immense silhouette se pencha pour passer l’arcade et sortir de l’ombre. Il s’agissait d’un modèle Orient Motorisations usé, construit pour les tâches générales de travail. En apparence, il ressemblait à un homme en armure massive d’environ trois mètres de haut avec un visage en forme de visière, d’épaisses et bulbeuses épaules, des tendons de pistons et des mains surdimensionnées à triple articulation et à préhension en griffes. D’une cheminée située dans son dos s’échappait un filet de fumée. À côté de lui, le sergent-artilleur le faisait avancer en aboyant des ordres. Il affichait une expression d’indéniable suffisance.

« Vous savez, sans votre petit spectacle d’artillerie aujourd’hui, je n’aurais peut-être jamais organisé cela. » Les bras croisés du lieutenant étaient maintenant croisés, les yeux plissés.

Caine sentit la chose, ses pensées directes étant désormais repoussées aux confins de son esprit. À mesure qu’il se rapprochait, il le sentit lui aussi. Des yeux brûlants enfoncés au fond de la fente d’une visière grillagée se redressèrent et se fixèrent sur lui. Il essaya de ne pas le regarder, mais la reconnaissance qu’elle montrait le fit paniquer.

Non ! Reste en arrière ! Pensa-t-il, essayant désespérément de plier la machine semi-intelligente à sa volonté. Cela avait marché la semaine dernière, après tout…

Il ne pouvait plus l’arrêter.

La bête s’éloigna du sergent-artilleur et se dirigea vers Caine. En quelques grandes enjambées, la machine sifflante se tenait devant lui, soumise, la tête penchée.

« Oh par pitié ! Veux-tu simplement t’éloigner de moi ? Soupira Caine.

Cette fois, consciencieusement, le labor-jack recula d’un pas. Il resta immobile et pencha la tête une fois de plus, attendant un autre ordre.

« C’est ce que je pensais ». Le lieutenant hocha la tête. « Ce sera tout, sergent-artilleur ».

Le sergent-artilleur cria à la machine de reculer, mais elle restait fixée sur Caine.

« Monsieur, je ne sais pas… »


« Cadet Caine ! À la lumière de cela et d’autres incidents pour lesquels vous avez été cités, j’ai pris la décision de vous renvoyer immédiatement de cette école de combat ». Déclara le lieutenant d’un ton ferme.

Caine ne put cacher son indignation.

Plus d’un an de travail ! Bien sûr, il avait eu son lot de difficultés à s’adapter à la vie militaire, mais n’avait-il pas versé son sang et sa sueur dans cette uniforme ? N’avait-il pas fait preuve de talent ? Depuis cette dernière nuit avec son père, l’accomplissement de cette chose brûlait en lui comme jamais auparavant. Il allait le montrer à ce vieux salaud. Il lui en mettrait plein la face.

« Vous ne pouvez pas prendre ça ! » Un grognement lui tordit le visage et l’officier devant lui recula.

« Retirez-vous Cadet Caine ! » Le Lieutenant lui fit signe de partir. « Il s’agit d’une I pas d’un renvoi ! De toute évidence, nous perdons votre temps ici. Je vous envoie à l’école de combat de Caspia. Vos manigances vont probablement vous faire renvoyer, d’accord. Mais si ce n’est pas le cas, vous pourriez bien devenir un warcaster ».
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La taverne de BG / Boutique et Vente de Warmachine MKIV et peintures P3
« Dernier message par Cmd-Ramius le 17 janvier 2024 à 22:52:05 »
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Sébastien
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Background – Histoire des Royaumes d’Acier / Roman - La Voie de Caine
« Dernier message par elric le 15 janvier 2024 à 21:32:42 »
PARTIE UNE

Cinq Ans Plutôt

591 AR, Printemps ; Brainmarché

« Allez, Allie, aide-moi ! » Le visage pâle de Tylen Reillly était rouge, sa respiration difficile. Le tuyau d’évacuation gémissait et ses fixations de mauvaise qualité menaçaient de se détacher du mur de briques. Le jeune homme se chancela, incapable de se hisser par-dessus l’avant-toit.

Allister Caine, allongé comme il l’était sur le toit, se pencha en avant avec un sourire narquois. Il leva une botte noire usée et la tint en attente moqueuse, comme s’il était prêt à renvoyé son ami frêle du haut de ses trois étages.

« Allez, viens ! Certains d’entre nous doivent faire ça à la dure, tu sais », Tylen  grogna plus agacé qu’alarmé. Caine acquiesça, le sourire toujours en place, et tendit la main vers l’avant. D’une énergique traction, Tylen fut soulevé et posé, s’écrasant sur le toit couvert de suie avec un grognement. En se retournant, il jeta un regard à Caine, puis secoua la tête avec dégoût. Ech ! Mes remerciements les plus sincères, espèce d’andouille ».

Caine ajusta sa veste en toile épaisse avant de s’allonger une fois de plus contre le toit. Il regarda au-delà des murs de la ville. Braimarché au crépuscule s’étalait devant lui. Le quartier ouvrier se pencha et s’affaissa pour devenir un canyon de toits de tôle et de murs de briques. Des cordes à linge tendu sur des balcons festonnés de draps et de sous-vêtements, et des cheminées fumaient ici et là. À huit cents mètres à l’ouest, à vol d’oiseau, Caine aperçut les imposantes cheminées des usines de pâte à papier crachant une épaisse fumée noire en silhouette sur un ciel rouge sang. Même de loin, l’odeur rance atteignit les narines de Caine. Les cheminées lui rappelaient la mission de Tylen.

« Alors ? »

Le compagnon de Caine, roux et longiligne, hocha la tête d’un air maussade et s’assit à côté de Caine. Il tira une sacoche effilochée de son épaule et la posa devant lui. « Pourquoi devrais-je t’en donner, vu les abus dont je suis victime ».

Caine sourit, le regard tourné vers l’étendue urbaine, mais tendit néanmoins une main. Tylen fouilla dans la sacoche, en sortit de la charcuterie, du pain et quelques cigares ordiques trempés dans du vin. Roulant des yeux à la main tendue de Caine, il passa l’un des cigares, puis en prit un pour lui. L’aîné, Caine, âgé de vingt ans et maigre comme un clou, repoussa en arrière une touffe de cheveux noir de jais et sortit une allumette en bois de sa botte. La grattant contre la cheminée la plus proche, il tint la flamme vacillante et la porta à son cigare. Tylen se pencha et l’alluma à son tour. Les deux jeunes gens s’appuyèrent contre le toit et profitèrent de la vue.

« Un vrai festin que nous avons ici, mais qu’est-ce qu’on a pris ? » dit Caine en tirant une bouffée et en jetant un regard en coin à Tylen.

« Ech… pas aussi bon ». Tylen sortit un porte-monnaie de sa veste et le lança sur le toit en tôle. Cinq cuivres s’échappèrent d’un sac par ailleurs vide. Caine roula des yeux, ce à quoi son ami répondit par un haussement d’épaules.

« La place du marché semblait presque vide aujourd’hui ».

« Toute la semaine ». Corrigea Caine en fronçant les sourcils.

Un cri provint d’en bas, rapidement étouffé et suivit des bruits d’une bagarre.

Caine et Tylen grimpèrent sur le bord du toit et jetèrent un coup d’oeil dans les ombres du crépuscule. En bas, deux hommes en poussaient un troisième contre le mur. Le plus grand des deux, un rondouillard au crâne rasé, maintenait la victime sanglotante en place tandis que l’autre, une brute maigre vêtue de vêtements sombres moulants, se serrait pour parler. Même du haut de leur position, le visage de l’homme était déconcertant à voir. Une blessure ou une difformité l’avait laissé avec un étroit espace à la place du nez. La victime protestait, sa voix était stridente. L’homme de main aux mains baladeuses répondit en lui portant un coup de poing dans l’estomac, assez fort pour que l’homme se plie en deux. L’homme au faciès squelettique rit, un son affreux et grinçant, et tira la tête de la victime par les cheveux. L’instant d’après, la victime céda, tendant la main pour retirer quelque chose de sa botte.

« Ech ! Les chiens sont de sortie ». Tylen ricana, les yeux plissés. « C’est Horace, hein ? Le second du Boss Dakin ? »

Caine hocha la tête. « On ne peut pas se tromper sur cette beauté. On dirait que c’est une soirée de collecte ».

Il regarda Tylen, ses lèvres se retroussant en un sourire. « C’est peut-être l’occasion de se rattraper après une mauvaise semaine ? »

Tylen rit. Caine non. Le jeune homme aux cheveux roux déglutit, son visage se tordant en une grimace.

« Tu ne plaisantes pas ».

* * *

Dans l’ombre d’une ruelle sinueuse, le duo attendait leurs cibles. Caine s’appuyait contre le mur d’une alcôve, écoutant les bruits de pas d’Horace et de son homme de main. Dans l’alcôve d’en face, Tylen faisait de même. Le jeune homme regarda Caine, le visage d’une pâleur maladive. Caine le soulagea d’un geste, l’oreille toujours tendue. Tylen hocha la tête en retour et enfila une capuche sur son visage. Caine entendit les bruits de pas s’approcher. C’était maintenant ou jamais. Le signal donné, Tylen se précipita au coin de la rue et percuta l’homme de main. Les deux hommes poussèrent un cri. Les mains agiles de Tylen s’emparèrent d’une babiole brillante à la ceinture du grand homme, et l’instant d’après, il s’élançait dans la ruelle.

« Bougre, ça m’avait pris du temps, il l’a fait ! » cria le grand homme, se retournant pour regarder Tylen s’échapper. Horace ne fut pas aussi lent d’esprit.

« Eh bien ! » cria-t-il en tapant dans le dos du grand homme, comme s’il conduisait un bœuf. Le voyou s’avança en titubant pour se lancer à sa poursuite à grandes enjambées. Horace secoua la tête, frustré, puis se mit à suivre son acolyte.

Caine sortit de l’ombre, Horace lui tournait le dos. Son front se plissa sous l’effet de concentration et ses yeux se brillèrent d’une lumière surnaturelle.

La magie arrivait.

La plupart du temps, il la gardait pour lui, cachée. Ne jamais montrer l’as dans votre manche, avait-il appris. Aujourd’hui, c’était différent. Il n’y avait que lui et le moche, sourit-il. La magie se plia à sa volonté, se manifestant et s’enroulant autour de lui en un cercle incandescent de runes. Il tendit la main, et la force s’élança vers l’avant, frappant Horace en plein dans le dos.

Le truand tomba en avant sur les pierres glissantes de la ruelle avec un grognement. Il glissa la tête la première dans la boue et la vase bordant la ruelle avant de s’immobiliser. L’homme de main qui le précédait était inconscient de la course folle, criant après Tylen d’une rage impuissante.
Caine tomba sur Horace telle un vautour, arrachant un porte-monnaie bourré avec une déconcertante facilité. Horace se débattit, essayant de repousser son agresseur.

« Tu as la moindre idée de qui je suis ? »

Leurs regards se croisèrent brièvement dans l’ombre, et Caine répondit par un clin d’oeil. Puis il disparut, se glissant à nouveau dans l’alcôve d’où il était sorti.

Il entendit l’homme au visage squelettique se relever en jurant. L’attention de Caine se fixa sur les avant-toits au-dessus de sa peu profonde alcôve.

« Tu es comme mort, petit chien ! Tu m’entends ? Tu n’as nulle part où aller maintenant ! » Hurla Horace depuis le coin de la rue.

Caine sourit, la magie l’habitant s’intensifiant encore. Concentré sur l’avant-toit, l’air se replia autour de lui telle une bulle de savon. L’alcôve sans issue disparut. Clignant des yeux, il se retrouva trois étages plus haut, accroupi à l’endroit qu’il avait repéré d’en bas.

Il était grand temps. Il se tourna pour regarder l’alcôve juste au moment où Horace tournait le coin, un pistolet à l’allure brutale ouvrant la voie. L’affreux truand arborait un féroce sourire, mais lorsqu’il vit disparaître son agresseur, il y cria un serment. Attrapant un tonneau d’ordures, il le jeta de côté, renversant le contenu. Pour faire bonne figure, il braqua son pistolet sur un gros navet roulant depuis le tonneau retourné. Le tir fit gicler la pulpe pourrie contre le mur de briques graisseuses. Le bruit de son arme résonna comme un coup de tonnerre dans l’espace confiné, et Horace trembla de rage. Criant une dernière fois, il tourna les talons et s’éloigna à grands pas.

* * *

« Stupide ! C’était stupide ! Le Boss Dakin… il va... » Tylen s’inquiétait alors que lui et Caine traversait les rues bondées d’une rangée délabrée d’immeubles. Comme ils approchaient de la dernière porte de la rangée, la lumière des becs de gaz diminua. Une porte rouge sur une cage d’escalier brisée se profilait au-dessus d’eux.

« Est-ce que les merdeux t’ont vu ou non ? »

« Non, mais… »

« Ech, alors accorde-toi un peu de crédit, pourquoi ne pas le faire ? Tu as des pieds plus rapides et des mains plus agiles que n’importe qui que j’aie jamais vu. Si tu les cailloux pour les accompagner, tu serais un cauchemar. Maintenant prends ta part et ne t’en fais pas plus ». Caine eut un sourire narquois, tapant Tyler dans le dos.

« Est-ce que ça suffira ? Tu t’en remettras à moi pour ta part ? » Tylen l’appela, son expression se transformant en inquiétude.

« Peut-être ». dit Caine en tapotant sa plaie du haut des marches.

Caine regarda son ami aux cheveux roux se fondre dans le flot des travailleurs qui rentraient chez eux en traînant des pieds. Il se tourna vers la porte et aperçut de faibles lumières dans l’entrebâillement des volets. Prenant une profonde inspiration, il entra.

Une collection hétéroclite de meubles patinés et de rebuts remplissait le salon. La longue table à manger en bois était maintenue en équilibre avec une pile de vieux livres, et des couvertures tricotées avaient été soigneusement placées sur des tissus d’ameublement déchirés. S’il y avait une chose qu’il pouvait dire à propos de sa mère, c’était qu’elle ne laisserait jamais les temps difficiles lui voler sa dignité. Caine prit tout cela avec un soupir.

Malgré les restes d’un feu crachotant dans l’âtre, la maison paraissait vide. Sa sœur était probablement en poste maintenant, à l’usine de textile, mais qu’en était-il de ses parents.

Caine fit les cents pas jusqu’à ce qu’il entende un faible sanglot à l’étage.

Montant les marches grinçantes, il trouva sa mère seul dans sa chambre, recroquevillée en boule à côté du lit. Elle ne remarqua pas son arrivée et serrait étroitement autour d’elle un châle de maison tout en pleurant. Ses longs cheveux bruns avaient été négligés, une chose rare pour elle. Dans l’obscurité, Caine la fixa, une boule à la gorge.

« M’man ? » demanda-t-il doucement. Se redressant, elle s’essuya les yeux et tenta de sourire.

« Allister… tu es rentré ? »

« À l’instant… qu’est-ce qui ne va pas, maman ? »

« Ce n’est rien, Allister. Descendons. Tu dois avoir faim, j’imagine ? »

Caine soupira, son visage se durcissant. « Où est-il ? »

« Peu importe ! C’est juste qu’il... »

« Où, maman ? » insista Caine.

« La Chaudière, je pense. Ce n’est pas sa faute, Allister ! Pas cette fois », dit-elle aussi résolument que possible. Ses yeux racontaient une autre histoire. Il y vit également des rides autour de ces yeux, vit les années d’inquiétude qu’ils contenaient, et il ne pouvait pas le supporter. Il se tourna pour partir, mais s’arrêta à la porte. Sortant de son manteau le porte-monnaie encore bien rempli, il le jeta sur le lit à côté d’elle.

« Bien sûr que c’est de sa faute ».

* * *

Caine ouvrit d’épaisses portes à double battant pour révéler un feu rugissant dans l’âtre de la Chaudière. Autour de lui, des chopes étaient frappées et des hommes au visage rougeaud riaient bruyamment. À un jet de pierre du moulin en bas de la route, c’était une salle pleine de pauvres ouvriers, se réjouissant d’une autre journée accomplie.

Caine le remarqua à peine. Tout ce qu’il pouvait clairement voir, c’était son père, Seamus, penché dans une cabine au fond, une chope pleine devant lui. En fait, il était plutôt pressé dans le box, étroitement encerclé de chaque côté par deux hommes. Le vieux machiniste bedonnant repoussa une mèche de cheveux grisonnant sur le sommet de son crâne chauve et ajusta ses lunettes, mais ne pas toucher sa chope. Caine fronça les sourcils. La seconde suivante, le grand homme à côté de Seamus faisait claquer sa propre chope sur la table, et l’aîné de Caine sauta presque de son siège. S’il ne savait pas, Caine aurait pu jurer que son père était sobre et effrayé.

À mesure qu’il s’approchait, Caine se sentit nauséeux. Les hommes assis avec son père n’étaient pas de simples partenaires de beuverie.

C’étaient les hommes qu’il venait voler il y a moins d’une heure.

Caine se tourna brusquement vers le bar, de peur qu’ils ne le repèrent à travers la foule. Que faisait son père avec eux. Caine gémit. Il leur devait de l’argent. Quoi d’autre cela pourrait-il être. Quand exactement les choses étaient-elles devenues si mauvaises que son père en était arrivé à s’endetter auprès de la mafia ? Bien sûr, les choses avaient été difficiles depuis qu’il avait été blessé à l’usine. Caine savait que son père avait eu sa part d’ennuis depuis, la bouteille n’étant pas la moindre. Mais n’avait-il pas aussi réussi à gagner quelques couronnes ici et là grâce à des petits boulots ? Comment en était-il arrivé là ? Caine se passa une main dans les cheveux et s’approcha du bar en jouant des coudes.

Qu’est-ce qu’on fait maintenant ?

Il se pencha pour faire un signe au barman et laissa passer un moment avant d’oser jeter un coup d’oeil par-dessus son épaule. Horace ne regardait plus dans sa direction. Le mafieux au visage squelettique était plutôt distrait par une serveuse passant. Caine laissa échapper une longue expiration et fit de nouveau face à la scène. Ouvrant son manteau, il vérifia son deux-coups dans les plis de sa veste. L’objet était attaché par des bouts de chiffons usés et sa mire avait depuis longtemps disparu, mais il lui avait assez bien rendu de service lors d’une poignée d’échauffourées jusqu’à présent.

Sur le tabouret à côté de lui, un imposant tronc d’arbre personnifiant un homme enveloppé dans une cape d’équitation noire inclinait sa chope et le regardait d’un air dubitatif. L’homme avait une crinière noire attachées en queue de cheval et avait posé solide tricorne noir sur le bar devant lui.

« Tu t’attends à des ennuis ? » dit l’étranger d’une voix à la fois sonore et grave. Caine tressaillit, refermant, le revers de son manteau. Il plissa les yeux vers l’étranger.

« Ce n’est pas ton problème, n’est-ce pas ? » siffla-t-il.

« C’est vrai. Si tu veux commencer par quelque chose, tu ferais mieux d’emporter plus que cela ». L’homme se retourna vers le bar, sirotant sa chope.

Caine le regarda, incrédule. Une chope glissa le long du bar et s’arrêta devant lui. Alors qu’il la portait à ses lèvres, il jeta un coup d’oeil en arrière pour voir si son père avait déjà apaisé les exigences d’Horace. Ce faisant, il s’étouffa avec son verre, le renversant sur le verre.

Le box où se trouvait son père était vide.

L’homme gloussa sans regarder, et Caine se leva. Poussant les clients ivres, il se dirigea vers l’arrière de la taverne. Il arriva à la porte arrière et l’ouvrit pour révéler une étroite ruelle éclairée seulement par les lampes à gaz d’une rue adjacente.

Là, son père était adossé au mur du fond et l’homme de main le rouait de coups de façon répétée. Seamus s’était recroquevillé sous les coups, sanglotant sous les bras levés. Du sang coulait de sa bouche et de son nez. Horace ricanait, observant la scène. Caine grogna, dégainant son pistolet de poche sous le coup de la colère.

En pressant la gâchette, un coup de feu résonna dans la ruelle, et le poing incliné de l’homme de main se relâcha dans une tache rouge. Un vilain trou béait au centre de sa paume, laissant les tendons déchiquetés et visibles. Le truand le regarda d’un air engourdi avant de pousser des gémissements, sa prise sur Seamus oubliée depuis longtemps.

« C’est assez ! » cria Caine.

Horace se retourna, le visage déformé par la rage. Le truand avait sorti son propre pistolet, une poivrière à quatre canons, qui brillait au clair de lune. Trop tard, Caine vit la brutale arme dirigée vers lui. En un battement de coeur, les pensées de Caine se transformèrent en action. Ses yeux brillèrent et des runes éthérées tourbillonnèrent devant lui. Pour la seconde fois cette nuit, une onde de force s’abattit sur Horace.

Le truand s’effondra sur son homme de main en train de geindre, lâchant son pistolet. Horace et son père le regardèrent, le souffle coupé et les yeux écarquillés.

« J’en ai encore une, et elle sera pour ton œil si tu ne mets pas tes mains en évidence ». prononça Caine, en pointant son pistolet sur Horace. Lentement, le truand s’exécuta.

« Très bien petit ». dit Horace d’une voix apaisante. Les mains levées, il étudia Caine. Ses yeux s’illuminèrent de reconnaissance et un hideux sourire se dessina sur son visage. « Nous nous sommes déjà rencontrés, n’est-ce pas ? Je t’accorde que la première fois, tu avais des couilles. Mais je ne suis pas stupide. Tu aurais dû t’arrêter à temps ». Horace fit un demi-pas en avant.

Trop vide pour que Caine puise réagi, une ombre surgit de derrière lui, lui assénant un coup de matraque sur la tête. Il s’effondra, le monde se brouillant. Son pistolet s’écrasa sur le sol et la silhouette déformée d’Horace s’avançant vers lui, masquant la lumière de la lampe à gaz. Des mains rudes l’attrapèrent par-derrière, le soulevèrent et le poussèrent contre le mur. Des pieds se heurtèrent aux siens, écartant ses jambes. Le rire d’Horace grinça à ses oreilles.

« Bien, voyons maintenant cette paire de couille. Marten ! Passe-moi ton couteau ». Il y eut un cri étouffé en réponse. D’une manière ou d’une autre, Caine n’était plus retenu contre le mur, et des bruits de bagarre avaient éclaté derrière lui. Tombant à genoux, il aperçut une silhouette massive se dirigeant vers l’un des sbires d’Horace. Alors que la silhouette se déplaçait, le bras tendu et la main baignée d’une étrange lumière, deux assourdissants coups de feu retentirent depuis la poivrière d’Horace. Caine cligna des yeux, essayant de remettre ses idées en place. Pour ses sens dérangés, le nouvel arrivant semblait se déformer et se déplacer juste au moment où l’arme s’exprimait, ce qui fit que les tirs à bout portant le ratèrent… de beaucoup. En deux temps trois mouvements, la silhouette sombre enchaîna avec un coup de poing sur l’homme le plus proche d’Horace. La puissance brute de l’attaque, semblable à la foudre, se répandit et crépita, et l’homme s’écrasa contre le mur de briques assez fort pour le fissurer. Caine vit un autre assaillant passer devant lui et s’effondrer dans les ordures.

Horace tremblait, regardant l’étranger qu’une seconde. Sans un mot, il se retourna et s’enfuit aussi vite que ses jambes le lui permettaient.

Sa vision s’éclaircissant, Caine leva les yeux vers l’étranger au-dessus de lui. C’était l’homme portant une cape du bar. Il portait maintenant son tricorne, repoussé près de ses yeux, et un col haut boutonné pour couvrir sa bouche. Sa cape noire s’était déployée lors de la bagarre, révélant l’éclat de l’acier à l’intérieur. Il tendit une maillée et remit Caine sur ses pieds, puis désigna le père de Caine.

« Rentre chez toi. Je vais parler à ton fils maintenant ».

Caine entendit un ordre, pas une suggestion, et Seamus acquiesça avant de sortir en boitant dans la rue.

L’étranger reporta son attention sur Caine tout en ouvrant son col. Alors que sa cape s’ouvrait encore plus largement, Caine aperçut que l’acier qu’elle contenait n’était rien de moins qu’une arme complète. Suffisamment impressionnante pour représenter la moitié de la masse de l’homme, elle était composée de tuyaux, de conduites de vapeur et de complexes armatures. Plus importante encore pour Caine, au centre du plastron se trouvait un cygne en or richement sculpté. Caine grimaça devant la marque du Roi : le Cygnus.

Cet homme était-il un inquisiteur ? Rares étaient ceux qui possédaient le don de magie comme Caine. L’Inquisition du Roi veillait à ce que cela reste ainsi. Morrow aide-moi s’ils m’ont repéré.

Non, il avait déjà eu sa part d’échecs avec ces bandits. Même s’ils portaient le Cygnus comme cet étranger, ils n’étaient pas du tout comme lui. Il devait être autre chose. C’était un soldat. Plus que cela, il devait être un leader en quelque sorte, si son allure était une indication. Et puis, il y avait le fait qu’il possédait sa magie.

Alors, qu’était-il ?

Un warcaster peut-être ? Caine déglutit.

Comme tout le monde, Caine avait entendu des histoires sur ces mages-guerriers plus grands que nature, mais peu d’entre eux en avaient rencontré en personne.

Les armées les suivaient à la trace et tombaient devant eux, du moins, c’est ce qui se passait. Les warcasters étaient des maîtres de l’acier et des sorts et eux seuls pouvaient diriger ces tanks ambulants et crachant de la vapeur, les warjacks, seulement par la pensée. Caine ne pouvait que le regarder, la bouche grande ouverte tandis que l’homme lui tendait une main maillée.

« Mon nom, c’est Magnus ».

* * *

Caine sirotait sa bière, étudiant avec méfiance le visage grisonnant de Magnus. Le warcaster ne disait rien, mais même en respirant, il dégageait une certaine menace. Les deux hommes étaient assis en face à face autour d’une table usée, au fond de la Chaudière, dans un silence abject.

Caine tressaillit sur son siège, les yeux se dirigeant vers la porte, attendant des représailles de la part de la foule. Magnus grogna.

« Me voici », déclara finalement Magnus, la voix basse et à l’accent que Caine ne parvenait à situer. « J’arrive de Caspia pour les affaires du roi. Je m’abrite une nuit à Brainmarché et qu’est-ce qui m’interrompt durant mon verre ? Un foutu ensorceleur voyou. Maintenant, notre bon et noble Roi Vinter a clairement expliqué mon devoir dans de telles circonstances ».

« Vous voulez m’emmener à l’Inquisition, c’est ça ? » demanda Caine.

Magnus se radoucit et s’installa dans son siège. « Non. Après réflexion, je ne suis pas sûr de pouvoir le faire. Tu as un don rare, si tu es parvenu à les devancer aussi longtemps. Je ne pense pas que ce sera moi qui t’emmènerai. Au contraire, j’espère que tu le feras, après t’avoir dit ce que j’ai à te dire ».

Caine croisa les bras, les sourcils froncés.

« Tu as quelque chose que la plupart des gens tueraient pour avoir. De plus, tu es bon tireur et tu as un coeur solide. Alors qu’est-ce que tu es ? » Magnus fit une pause, le dégoût se lisant sur son visage. « À te voir, un voleur au mieux, mais probablement bien pire. Un putain de gâchis de ton potentiel, à mon avis. Maintenant, il existe une autre voie, sans Inquisiteurs ». Il prit une longue gorgée de sa chope. « Bien sûr, tu pourrais continuer à te cacher, mais je pense pas que ce soit ce que tu es. Même si c’était ton père, c’est une personne qui comptait plus que ton propre cul. C’est un début. Faire passer quelque chose avant soi est au coeur de tout bon soldat. Ajoutez à cela des dons comme ceux de Morrow t’a fournis, et tu as alors le potentiel pour quelque chose de plus grand encore. Leadership, Caine ! Regarde-moi. Je suis aussi mal né que toi, mais je me suis battu pour devenir le conseiller du Roi Vinter en personne ! C’est ce genre de potentiel dont je te parle ».

Caine se moqua, regardant sa propre chope. Le service était pour les imbéciles. Vous avez échangé votre liberté contre cet uniforme, votre vie aussi. Une somme dérisoire de couronnes était tout ce que vous valiez pour eux. Peut-être vous donneront-ils une petite bande de ruban si vous êtes un bon chien. Mais d’une manière ou d’une autre, même s’il se répétait ces choses, elles tombaient un peu… à plat. Il devait admettre qu’il y avait quelque chose dans ce que disait Magnus. Ce n’étaient pas de l’autorité, ce n’était pas du pouvoir, et ce n’était certainement pas un sentiment exagéré de patriotisme… alors qu’est-ce que c’était.

Caine se raidit sur sa chaise et rencontra le regard sévère de Magnus.

« Merci pour le conseil, mais j’ai les miens à protéger ici ».

Le visage de Magnus se durcit, et le grand homme recula immédiatement de la table. En se levant, il se pencha en avant jusqu’à ce que ses yeux ne soient pas qu’à quelques centimètres de ceux de Caine.

« Ça ne durera pas, fils. Tu ferais mieux de prendre la décision tant que tu le peux ».

* * *

Caine trouva son père près de l’âtre, les mains croisées sur sa chaise usée. Il ne restait plus des braises et il les regardait, absorbé, tandis que Caine entrait discrètement par la porte d’entrée. Il aperçut l’éclat des couronnes répandues sur le sol devant lui. Le sac que Caine avait laissé à sa mère se trouvait dans sa main.

« Qu’est-ce que tu crois faire ici, fils ? Après ce que tu as fait ? » bredouilla son père, les postillons aux lèvres. Il y avait une bouteille vide à ses pieds.

« J’ai essayé de te sauver... » Soupira Caine depuis la cage d’escalier.

« Ça se serait passé comme ça, si tu avais laissé faire. Ce que je dois faire pour me racheter maintenant, Morrow le sait ».

« Le Boss Dakin est un homme sans pitié ! Comment as-tu pu t’endetter auprès de lui pour commencer ? » Caine secoua la tête, frustré.

« Tais-toi ! Qu’est-ce que tu en sais ? Je m’en occupais ! Ma dette n’était même pas due. Pas avant une semaine ! »

Caine grimaça. Il repensa à sa première rencontre avec Horace. Le butin de la nuit avait été volé. Se pourrait-il qu’Horace ait essayé de recouvrer quelques dettes plus tôt que prévu pour sauver la face auprès son boss ? L’idée qu’il ait pu être à l’origine de ce gâchis lui donnait le tournis.

« Alors ta mère… elle me montre ça ! » s’écria son père en jetant un coup d’oeil sur la table, cria son père en jetant le sac à moitié vide sur le vieux plancher. « Alors tu penses que j’ai besoin de ton aide ? » Les yeux de son père étaient désormais fous et il tremblait.

« Non, P’pa ! Tu vois les choses du mauvais côté ».

« Si tu penses que je ne sais pas comment tu obtiens cet argent, détrompe-toi. Je sais précisément ce que tu es ! » Son père trébucha et sortit en titubant de la pièce principale. Il s’approcha de Caine, l’attrapant par le revers de son manteau pour l’empêcher de tomber. Caine s’appuya contre le mur pour garder l’équilibre.

« Tu n’es pas meilleur que moi, fils ! Comprendre ? Tu es juste un voyou. Et quant à ça… » Il se détourna de Caine, plongeant sur les couronnes qui se trouvaient sur le sol et les ramassant dans ses mains. « C’est de l’argent du sang. Je n’en veux pas ! » Il jeta les couronnes sur les braises de l’âtre.

Agacé, Caine s’approcha de l’âtre, passant devant son père pour attraper un tisonnier. « Pour l’amour de Morrow ! Vous en avez besoin ! Ils en ont besoin ! Je ne pense pas être meilleur. C’est juste que… »

Son père le frappa durement au visage. Caine tressaillit, la douleur du coup lui faisant perler des larmes aux yeux. Il s’efforça de se relever, mais son père était au-dessus de lui, le lorgnant. Le tisonnier lui tomba des mains.

« P’pa ! » le supplia-t-il. « Prends-le. Ils méritent… mieux… » bredouilla-t-il, la lèvre ensanglantée.
Son père le frappa à nouveau, le visage tordu par la rage.

« Il ne s’agit plus d’argent, Allister ! Brainmarché n’est pas si grand que ça. Combien de temps avant qu’ils ne découvrent qui tu es ? Qu’en sera-t-il de ta chère mère ? » jura-t-il en frappant à nouveau Caine. Malgré la douleur, Caine avait du mal à se débarrasser de Seamus.

Caine rencontra les yeux de son père avec la même intensité sauvage. « Tu as tort ! », cracha-t-il cette fois, tenant le poing de son père à distance. Le deux hommes étaient maintenant tendus par l’effort.

« Je vais te montrer, espèce d’ivrogne biberonneur de boutanche ! » Les yeux de Caine étaient devenus blancs. Le son fut aspiré de la pièce par un soudain courant d’air. Il vit les yeux de son père s’écarquiller au-dessus de lui et sa peau se mit à picoter. L’instant d’après, tout avait disparu. Alors que l’éblouissement dans ses yeux s’estompait, son foyer et son père avaient été remplacés par la route sombre devant sa maison.

Caine marcha dans la nuit.
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Background – Histoire des Royaumes d’Acier / Roman - La Voie de Caine
« Dernier message par elric le 11 janvier 2024 à 14:15:08 »
PROLOGUE

596 AR ; Merywyn

Le vieil homme trébucha dans le couloir sombre, quittant sa chambre somptueuse en proie à la panique. Il trébucha sur un épais tapis et se retrouva maladroitement par terre. Avec un gémissement, il se releva et se remit en marche. Il risqua un coup d’oeil par-dessus son épaule, scrutant les ombres de la porte qu’il avait quittée, bouche bée.

Rien n’avait bougé.

Au bout du couloir, un grand balcon donnait sur un vaste hall. Les murs étaient chargés d’inestimables peintures, presque trop nombreuses pour être comptées, même s’il pouvait nommer chacune d’entre elles. Le palier se divisait à gauche et à droite en une cage d’escalier qui descendait en spirale sur trois étages avant de rejoindre le rez-de-chaussée. Alors qu’il s’approchait de la cage d’escalier, il se retourna une fois de plus, le souffle court.

Rien ne le poursuivait.

En fait, on ne voyait personne. Il n’y avait ni garde ni serviteur, et la plupart des torches du couloir avaient été éteintes. Arrivant enfin au palier, il saisit la balustrade de marbre poli et appela un domestique. À bout de souffle, sa voix n’était plus qu’un léger râle.

Pas de réponse en bas.

Ça suffit, pensa-t-il en prenant une profonde inspiration. Les démons qui le poursuivaient étaient du domaine du rêve. Il n’y avait rien de plus que cela. Certes, il avait enduré de terribles cauchemars depuis des mois, mais il était idiot de les laisser prendre le dessus sur ses nerfs comme ça. Il se détourna du palier, la mine renfrognée…

…pour voir apparaître une silhouette dans la fumée.

Il cligna des yeux, son air renfrogné se transforma en étonnement. Il s’écoula suffisamment de temps pour les regards se croisent, et pas une seconde de plus. Une onde de choc silencieuse de force spectrale déferla sur lui, portée par des vrilles de brume bleue incandescente. Le vieil homme n’était plus qu’une poupée de chiffon, projetée par-dessus la balustrade. Il plongea trois étages plus bas, un hoquet dans la gorge. Il n’eut pas le temps d’en faire plus. Avant qu’il ne puisse reprendre son souffle pour crier, il se retrouva nez à nez enchevêtré dans précieuse peau d’ours blanc bien conservée.

Sous lui, le sol de marbre mit fin à sa chute aussi brusquement qu’elle avait débutée.
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Background – Histoire des Royaumes d’Acier / Roman - La Voie de Caine
« Dernier message par elric le 11 janvier 2024 à 14:13:58 »
LES CHRONIQUES DES WARCASTER : VOLUME UN

LA VOIE DE CAINE

MILES HOLMES

PROLOGUE

PARTIE UNE

PARTIE DEUX

PARTIE TROIS

ÉPILOGUE

INDEX DES ROYAUMES D’ACIER
76
Background – Histoire des Royaumes d’Acier / Re : Roman - La Paie du Diable
« Dernier message par elric le 07 janvier 2024 à 15:44:22 »
Bonne lecture  :)
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Nouvelle année, nouvelle vidéo, nouveau test :


Avec le laser "Icube - 5W", de Sculpfun, avec GeekBuying.

Une découverte pour le moment, avec un test plus tard.
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Bonne année à tous!
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Achats & Petites Annonces / [vente] Armée Orboros
« Dernier message par Portal le 02 janvier 2024 à 13:43:40 »
*criiiIiiiic* <bruit de porte rouillée s'ouvrant dans les tréfonds d'une crypte, on sent que ce qui va en sortir est vieux, oublié et surement un peu dangereux>

Salut les amis.
J'ai joué il y a quelques années, les vieux qui restent se souviendront peut-être de moi. Warmachordes restera l'une de mes plus belles expériences ludiques.
Il n'empêche que j'ai au grenier bien trop de trucs qui traînent et que je vais faire de la place. Je vais donc vendre mon stock d'Orboros, ce sont surtout d'anciennes ref.
Je pars à -65% du prix neuf pour les pièces au détail, ou -75% - soit 400€ - pour le lot complet.
Les frais de port sont à charge de l'acheteur.

Voici la liste, le premier chiffre est le prix neuf, le second est le prix remisé de 65%.

Type   Name   Retail Price   My price (-65%)
Attachement   Reeve of Orboros Chieftain & Standard   18   6,3
Attachement   Tharn Ravager Shaman   16   5,6
Attachement   Tharn Ravager Chieftain   18   6,3
Attachement   Druid of Orboros Overseer   12   4,2
Attachement   Nuala the Huntress   12   4,2
Attachement   Reeves of Orboros Chieftain & Standard   18   6,3
Battle Engine   Celestial Fulgrum   79   27,65
Gargantuan   Woldwrath   125   43,75
Solo   Blackclad Wayfarer   14   4,9
Solo   Druid Wilder   12   4,2
Solo   Druid Wilder   12   4,2
Solo   Wolf Lord Morraig   28   9,8
Solo   Lord of the Feast   13   4,55
Solo   Blackclad Stoneshaper - Circle Solo   13   4,55
Solo   War Wolf   14   4,9
Solo   Tharn Ravager Whitemane   15   5,25
Solo   Reeve Hunter   13   4,55
Solo   Gallows Grove   25   8,75
Solo   THARN RAVAGER WHITE MANE   15   5,25
Unit   Tharn Bloodweavers   25   8,75
Unit   Reeves of Orboros   55   19,25
Unit   Tharn Ravagers   55   19,25
Unit   Warpborn Skinwalkers   45   15,75
Unit   Druid Stoneward & Woldstalkers   25   8,75
Unit   Druids of Orboros   35   12,25
Unit   Reeves of Orboros (x6)      0
Unit   Tharn Bloodtrackers   45   15,75
Unit   Reeves/Wolves of Orboros   55   19,25
Unit   Reeves of Orboros   55   19,25
Unit   Sentry Stone & Mannikins   20   7
Unit   Sentry Stone & Mannikins   20   7
Unit   Shifting Stones   14   4,9
Unit   Shifting Stones   14   4,9
Warbeast   Brennos the Elderhorn   55   19,25
Warbeast   Stalker (metal)   35   12,25
Warbeast   Pureblood (metal)   35   12,25
Warbeast   Stalker (plastic)   20   7
Warbeast   Stalker (plastic)   20   7
Warbeast   Gorax Rager   19   6,65
Warbeast   Feral or Stalker (plastic)   22   7,7
Warbeast   Gnarlhorn Satyr   35   12,25
Warbeast   Gnarlhorn Satyr   35   12,25
Warbeast   Woldwarden   28   9,8
Warbeast   Woldwarden   28   9,8
Warbeast   Woldwarden   28   9,8
Warbeast   Feral (plastic)   20   7
Warbeast   Ghetorix Upgrade Kit   9   3,15
Warbeast   Rotterhorn Griffon   19   6,65
Warbeast   Wold Guardian   29   10,15
Warbeast   Woldwyrd   7   2,45
Warlock   Kromac, Champion of the Wurm   35   12,25
Warlock   Kromac the Ravenous   30   10,5
Warlock   Kaya the Moonhunter & Laris (plastic)   8   2,8
Warlock   Kaya the Moonhunter & Laris (metal)   25   8,75
Warlock   Bradigus the Runecarver   35   12,25
Warlock   Grayle the Farstrider   14   4,9
Warlock   Baldur the Stonecleaver   15   5,25
Warlock   Morvahna the Autumnblade   12   4,2
Warlock   Morvahna the Dawnshadow   30   10,5
Warlock   Krueger the Stormwrath   14   4,9
Warlock   Mohsar the Desertealker   12   4,2
Warlock   Krueger the Stormlord   14   4,9
Warlock   Cassius the Oathkeeper   29   10,15
   Tokens and dices      Free for first 150+ order
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Bonjour et joyeuses fêtes de fin d'année à tous ! Nous serons de retour pour le 8 janvier 2024.

Promotion de -50% sur les formations et services de peinture pour les fêtes.

Les news avec les peintures réalisées par les élèves, (cours d'aérographe et pinceaux) d'autres photos sont sur le blog.
les lives reprennent sur https://www.twitch.tv/vladdliontv












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https://linktr.ee/vladd.l
Tel : 06.74.96.05.58

Merci à vous.

Dalaïs et Vladd
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Modifications suite à vente
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