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Sujets - elric

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Iron Kingdoms - RPG / B&B
« le: 09 janvier 2022 à 16:52:18 »
MARGES ET AU-DELÀ

En dehors de nations composant les Royaumes d’Acier, la moitié de l’Immoren occidental est peuplée de cultures remontant à l’antiquité. Les nains de Rhul, les elfes d’Ios, et les cultures tribales trollkin, farrow, gobbers, bogrin et autres ont tous contribué à façonner le destin de l’Immoren occidental en général et des Royaumes d’Acier en particulier. Les nations n’ayant pas été bâties par l’homme abritaient des civilisations avancées et de grandes cités bien avant que l’humanité n’ait dépassé ses origines tribales, et elles ont préservé leurs cultures pendant plusieurs milliers d’années.

HISTOIRE DE RHUL

Comme la plupart des races sensibles, les nains de Rhul ont leur propre mythe de la création. Les nains ne croient pas qu’ils ont été créés par une quelconque présence divine, mais qu’ils sont les descendants directs de leurs dieux, les géniteurs littéraux de leur peuple : les Pères Originels. Selon la tradition, les Pères Originels ont vu le jour à Kharg Drogun, qui se traduit par « La Terre du Dessous ». Les théologiens humains considèrent que c’est simplement une autre façon de décrire l’Urcaen, similaire au Veld.

   Les origines des Pères Originels reposent sur une montagne vivante et un dieu nommé Ghor, la montagne la plus importante et la plus haute de Kharg Drogun. Plus haut que n’importe quel sommet de Caen, ce dieu-montagne était un être d’une puissance énorme et d’une malveillance profondément enracinée et sa taille et son envergure le rendaient insensible à tout ce qui marchait, volait ou nageait. Pourtant, Ghor était seul et il cherchait à se distraire de sa solitude en créant d’autres qui pourraient s’émerveiller de sa majesté. De l’immense volume de son essence, il tira treize des plus beaux cristaux, qu’il sculpta en formes en agréables qui lui serviraient d’esclaves précieux. Ghor attacha ces créatures de pierre avec des chaîne et leur apprit qu’elles devaient obéir ou être avalées et réduites à néant.

   Ces treize esclaves allaient devenir les Pères Originels. Chacun était doté de mains habiles et d’yeux perçants, et chacun savait tout ce qu’il était possible de savoir sur le façonnage de la pierre et du métal. Dans son arrogance, Ghor supposa que ses créations - Dhurg, Dohl, Dovur, Ghrd, Godor, Hrord, Jhord, Lodhul, Odom, Orm, Sigmur, Udo, and Uldar – étaient des serviteurs sans cervelle, mais en vérité, chacun des treize avait en lui une étincelle de divinité, et peu après leur création, ils commencèrent à rêver de liberté.

   Tous les Pères Originels finiront par démontrer leur maîtrise de certaines tâches et établiront leur propre destin, mais à leurs débuts, ils n’étaient définis que par l’oppression de Ghor et les chaînes qui les liaient. Lorsque la divinité malveillante a finalement commandé à ses treize créations de bâtir un monument à sa gloire immortelle, ils découvrirent un véritable amour pour le travail de la pierre et du métal et un désir de perfection qui leur permettrait de produire rien de moins que leur meilleur œuvre malgré la haine qu’ils vouaient à leur maître. Pendant des années, ils travaillèrent d’arrache-pied pour immortaliser le dieu-montagne en créant l’hommage le plus glorieux qu’ils puissent imaginer. Mais lorsqu’ils l’ont présenté à Ghor, la cruelle montagne s’est moquée de leur exploit, déclencha un violent tremblement de terre qui fissura la terre et englouti leur œuvre, et il exigea qu’ils recommencent et fassent mieux.

   Insultés et en colère, les Pères Originels édifièrent néanmoins un nouveau monument, plus grandiose, mais il fut lui aussi démoli par l’impérieux Ghor qui, une fois de plus, confia à ses créations la tâche impossible de satisfaire sa vanité. Les Pères Originels complotèrent longtemps leur vengeance, et ils finirent par la mettre en œuvre en convainquant le vaniteux dieu-montagne d’extraire de son être en personne les matériaux nécessaires à l’édification d’un monument à sa goire. Aveuglé par son arrogance, Ghor accepta, et lentement et subtilement, les Pères Originels sapèrent la grande montagne elle-même. Une fois le travail achevé, Ghor n’était plus qu’une ombre affaiblie de son ancienne gloire, et les Pères Originels l’abattirent et réclamèrent leur liberté.

   Au cours des années qui suivirent, les Pères Originels formèrent les Femmes d’Argile, et leur progéniture fut les premiers nains. Avec le temps, une société d’artisans magistraux est née, dotée de ressources abondantes et guidée par les mains même de leurs ancêtres. La société thulfolk était déjà vieille de plusieurs millénaires avant que les humains ne commencent à prospérer, mais les constants conflits entre les clans nains freinaient les progrès de leur civilisation. Deux mille cinq cents ans avant que les humains 6ne s’installent sur les terres qui constituent aujourd’hui le Protectorat de Menoth et les Marches Sanglantes, les nains de Rhul menèrent une grande et sanglante guerre civile. Les nains se réfèrent à cette sombre période comme la Querelle des Âges, que les historiens estiment avoir débuté vers 8500 PR.

   La guerre ébranla les fondements de la civilisation rhulique jusqu’au environ de 8200 PR, date à laquelle un groupe de clans se retira et migra vers le nord. Réalisant qu’un nouveau conflit, mettant ainsi fin à la Querelle des Âges. Réalisant qu’un nouveau conflit conduirait les rhulfolk à se séparer et à sombrer dans la barbarie la plus totale, ces treize clans abandonnèrent les autres à leurs sorts et emmenèrent leur peuple s’installer dans ce qui est maintenant connu sous le nom de Ghord, et ces rhulfolk fortifièrent les frontières de leur nouvelle nation contre les étrangers et ont prospéré dans leur isolement relatif.

LE CONCLAVE RHULIQUE

Pour protéger leur société et conjurer la menace d’un autre schisme interne, les nains établirent le Conclave Rhulique comme forme de gouvernance et de résolution des conflits. Précédant la civilisation humaine d’environ mille ans, le Conclave est la base de toute la société rhulique, son héritage historique étant soutenu par les vestiges des premiers dossiers du Conclave. Les premières tablettes sont d’anciens artefacts religieux dont les nains prétendent qu’ils datent d’environ 7500 AR. Les historiens humains supposent que les nains fondèrent le Conclave pour réguler les querelles entre les clans de la région, mais de nombreux nains – généralement des prêtres – prétendent que les Pères Originels en personne transmirent les tablettes du Conclave. Les instructions et les lois contenues dans ces tablettes permettent aux nains de coexister sans craindre de sombrer à nouveau dans un état barbare de guerre permanente. Selon les paroles des Pères Originels, plusieurs grands édits ont été établis ce qui formerait le base de toutes les lois rhulique et la structure de la société naine.

   La structure du gouvernement rhulique est grandement basée sur les clans nains. Les seigneurs de clan des treize clans les plus puissants sont connus sous le nom de Seigneur de la Pierre, et chacun peut remonter sa lignée jusqu’à l’un des Pères Originels. Cette ascendance confère à chacun de ces seigneurs de clan à la foi une autorité laïque et spirituelle.

   Les Seigneurs de la Pierre président le Conclave des Cent Maisons, où les représentant des cent clans les plus puissants forment le corps législatif et judiciaire central de Rhul. La nation naine abrite plus d’un millier de clans reconnus dont les fortunes s’élèvent et s’effondrent tel le balancement de la pique d’un mineur, et un clan dont le destin prend un mauvais tournant peut bientôt se voir expulsé du Conclave et remplacé par un clan montant. Bien que les rangs des Seigneurs du Conclave évoluent en fonction de ces changements, beaucoup des clans les plus puissants occupent leur siège dans le Conclave des Cent Maisons depuis des siècles.

   Même si les rhulfolk ne craignent plus leur société s’effondre dans une guerre intestine, de violents conflits entre clan se produisent toujours, mais pas à une échelle suffisamment grande pour être reconnu comme une guerre. Comme chaque aspect de la vie rhulique, ces affrontements claniques sont régis par les précepstes de la loi rhulique, qui établit les conditions dans lesquelles un tel conflit peut se produire et prescrit même comment le vainqueur d’un affrontement doit être déterminé. Les clans rivaux rassembleront souvent leurs forces selon des règles strictes et s’engageront dans des batailles approuvées qui sont considérées comme terminées lorsque certaines conditions sont remplies, telles que l’acquisition d’un territoire spécifique ou la capture d’un d’un étandard de clan, plutôt que la déroute ou le massacre des forces adverses.
   Les édits du Conclave sont appliqués par des juges spéciaux nommés par les Seigneurs de la Pierre en personne. Ces individus – généralement des arcanistes, des prêtres et des érudits se consacrant à l’étude des précédents et des lois du Conclave – sont habilités à imposer des décrets aux seigneurs de clans eux-mêmes. En vertu de la loi rhulique et des édits, tous les citoyens sont considérés comme égaux.

LA COMPLAINTE DE GHOR

Après avoir établi le Conclave, les Pères Originels ont offert aux rhulfolk les secrets de la magie arcanique et ont fourni des directives strictes concernant son utilisation. Les fondements de leur société étant ainsi codifiés, la civilisation rhulique progressa progressivement pendant des millénaires au fur et à mesure que les nains agrandissaient leurs cités et s’enfonçaient profondément dans les montagnes environnantes. L’abri offert par leurs maisons montagnardes s’est avéré crucial lorsque le Pont entre les Mondes s’est effondré vers 4000 PR. Bien que les rhulfolk aient été mieux protégés que beaucoup d’autres peuples, ils ont aussi souffert pendant cette période. L’onde de choc arcanique a traversé le continent, des villes entières ont été englouties dans des tremblements de terre cataclysmiques, et des clans entiers ont été perdus. Le tremblement des montagnes rappellèrent les histoires du dieu-montagne Ghor, et ainsi les habitants de Rhul ont nommé cette période de troubles le nom du dieu mort jadis : la Complainte de Ghor.

   Lorsque la Complainte de Ghor s’est calmée, les rhulfolk ont découvert qu’un nouveau peuple s’était installé à la frontière sud-est de leur patrie : les réfugiés de Lyoss, qui avaient voyagé vers l’ouest pour trouver un nouveau foyer dans les forêts. Il n’a pas fallu longtemps aux nains pour faire le lien entre ces deux événements.

LIENS AVEC LES OGRUN

Après la longue période de reconstruction et d’expansion, un autre événement improbable a contribué à façonner l’avenir de Rhul. Il y a des millénaires, les clans nains ont fourni abri et nourriture à plusieurs tribus ogrun voisines lors d’une famine. Les ogrun accordent la même valeur au devoir et à l’honneur que leurs sauveurs nains, et en quelques générations seulement, leurs descendants sont devenus des citoyens de Rhul. Bien que ces ogrun rhulique se soient devenus plus civilisées que leurs ancêtres au fil du temps, ils ont conservé une culture unique à l’intéreur des frontières de la nation naine - une culture qui complétait la société rhulique au lieu de lui faire concurrence.

   La culture ogrun est fortement féodale par nature et pleine de jeunes guerriers cherchant à améliorer leurs prouesses martiales et à fournir de bons services à un seigneur puissant. Cette facette permet à un ogrun rhulique de s’adapter rapidement à la société naine et à ses seigneurs de clan, et dans certains cas, des familles entières d’ogrun se tournent vers un clan spécifique et son seigneur pour les diriger. Pour les ogrun, cela est lié à un concept vital appelé korune, une relation très personnelle entre le seigneur et le vassal. La culture ogrun traditionnelle peut comporter plusieurs niveaux de relations de ce type, de nombreux jeunes guerriers servant un ogrun supérieur qui, à son tour, prête serment à un korune encore plus influent. Le lien qui unit les korune est si fort qu’il ne peut être rompu que par la mort, et ceux qui servent un korune sont prêts à donner leur vie pour protéger leur seigneur.

   Les ogrun peuvent passer des années voire des décennies à chercher un korune, au cours desquelles ils sont considérés comme des bokur, ce qui signifie « sa ns serment ». Les bokurs sont continuellement à la recherche d’un maître digne de ce nom auquel ils pourront se consacrer tout en perfectionnant leurs propres prouesses au combat pour impressionner leur futur seigneur et être digne de le servir. De nombreux bokurs se prêtent temporairement à une cause ou à un individu spécifique afin de déterminer s’ils doivent prêter un serment plus permanent. Alors qu’il était autrefois considéré comme inconvenant pour un bokur de prolonger ce statut trop longtemps, ce n’est plus le cas. Les clans martiaux de Rhul offrent de plus en plus leurs services à d’autres nations en tant que mercenaires et ont encouragé les ogrun de la nation. Les bokurs expérimentés sont très appréciés pour leur loyauté et leurs redoutables compétences. Ils peuvent passer leur carrière professionnelle en tant que bokurs et attendre de prêter le serment ultime de fidélité à leur seigneur de clan uniquement lorsqu’ils sont prêts à prendre leur retraite. Ces ogrun âgés mais très expérimentés font d’excellents gardes du corps et conseillers et sont accueillis par presque tous les seigneurs de clan rhulique.

   Même lorsqu’ils n’ont pas encore prêté serment à un korune, la plupart des ogrun rhulique sont membres à part entière d’un clan nain et sont donc subordonnés à son seigneur, auquel ils obéissent et qu’ils traitent avec beaucoup de respect. Cette fidélité est toujours contraignante mais moins personnelle que le serment associé à un korune. Au sein des communautés exclusivement ogrun, les korunes parlent directement au nom de leurs vassaux, et une communauté ogrun peut être dirigée par un seul grand korune se trouvant au sommet d’une chaîne de vassaux.

L’OCCUPATION ORGOTH

Lorsque les envahisseurs orgoth ont débarqués sur les rivages de l’Immoren occidental, ils n’ont pas perdu de temps pour pousser vers l’est à travers les royaumes humains. Rhul a été critiquée pour sa neutralité pendant la majeure partie de l’Occupation Orgoth, mais du point de vue nains, il y avait peu de choses qui différenciaient cette époque des précédentes guerres d’unification humaines, comme celles qui ont eu lieu pendant l’expansion de l’Empire Khardique.

   Mais la guerre arriva en Rhul sans prévenir en 542 AR, juste après la caoitulation de Rynyr. Les orgoth ont envoyé une force d’invasion sur le Fleuve Noir pour assiéger Fort Horgen, l’une des grandes villes fortifiées de Rhul. Les archives naines décrivent cette bataille comme un combat sinistre et difficile ayant mis à l’épreuve les limites des défenseurs et presque épuisé les garnisons locales. Les guerriers de Rhul se sont finalement ralliés pour repousser les orgoth, et les tyrans n(ont plus jamais assiégé les forteresses rhulique.

   Alors que l’ampleur de la rébellion de l’humanité contre les envahisseurs prenait de l’ampleur, Rhul a joué un rôle essentiel dans la lutte contre les orgoth. Ayant repoussé les occupants, les nains ont pu apporter leur soutien aux rebelles humains assiégés, mais leur aide n’a pas été accordée rapidement. Depuis les premières années de la Rébellion, divers groupes avaient envoyé des émissaires en Rhul pour demander une intervention. Toutes ces demandes avaient été rejetées, mais au fil des ans, l’atmosphère politique du Conclave des Cents Maisons a changé. Les appels à l’aide répétés et les succès croissants des forces rebelles ont fini par convaincre les Seigneurs de la Pierre. Les rhulfolk avaient débuté à prêter une plus grande attention aux affaires au-delà des frontières de leur nation et en avaient vu assez pour savoir que malgré tous leurs défauts, les indigènes immoréens étaient une bien meilleure option que les orgoth.

   Le point de basculement s’est produit lorsque des émissaires des rebelles ont révélé le plan de construction des colosses, ce qui était considéré comme un risque calculé à l’époque. Les rhulfolk furent fascinés par les possibilités d’une telle technologie et furent surpris par les progrés réalisés par les arcanistes et les ingénieurs humains en si peu de temps. Les deux parties conclurent un accord selon lequel Rhul soutiendrait la Rébellion en échange de la connaissance de l’alchimie des armes à feu, du secret de la matrice cérébrale et des schémas des colosses. La nation naine a refusé d’intervenir directement dans les combats mais a accepté d’expédier aux rebelles de grandes quantités de matériaux – non seulement du minerai mais aussi de métaux et des alliages fondus par Rhul, ainsi que des composants complets pour construire les colosses créés dans les forges de Ghord. Ces contributions, en plus des envois ultérieurs de charbon, se sont avérées vitales au cours des années ayant suivi.

LES ROYAUMES D’ACIER

Après l’éviction des orgoth et la signature des Traités de Corvis, les populations humaines de l’Immoren occidental ont été divisées en quatre nations composant les Royaumes d’Acier. Les quatre royaumes initiaux – Cygnar, Khador, Ord et Llael sont passés à cinq avec la formation du Protectorat de Menoth, et les rhulfolk ont vu une grande opportunité parmi leurs voisins humains.

   Rhul a longtemps gardé un œil attentif sur la politique des Royaumes d’Acier. Bien qu’il soit resté neutre dans les affaires de l’humanité pendant des milliers d’années, il s’est toujours davantage intéressé au sud, qui a été à l’origine de nombreuses innovations parmi les plus impressionnantes de l’humanité. De nombreux nains sont pragmatiques par nature, et ceux qui sont impliqués dans des affaires à l’étranger préfèrent ne pas laisser passer les opportunités de profit ou d’avancement industriel ; d’autres observent l’humanité parce qu’ils comprennent la menace que la politique étrangère peut représenter pour leur propre sécurité.

   Les Seigneurs de la Pierre ont négocié avec les rois des nations méridionales, et les ouvriers et artisans rhuliques ont rapidement trouvé de nouveaux foyers au sein des Royaumes d’Acier, dans des colonies ayant aidé l’humanité à se reconstruire après l’Occupation Orgoth. Les dirigeants des Royaumes d’Acier n’étaient trop enclins à accepter de lucratifs accords commerciaux en échange, et le peuple de Rhul a rapidement intégré les progrès de l’humanité en matière d’alchimie, d’armes à feu et mékanique au sein de leur propre société. Ces colonies ont également permis au Conclave d’introduire ses propres agents dans les cercles politiques des Royaumes d’Acier.

   Plusieurs enclaves rhuliques ont vu le jour dans les Royaumes humains à cette époque, les plus importantes étant établies en Khador et en Cygnar. Ces enclaves ont oeuvré en étroite collaboration avec leurs voisins humains et constituent depuis lors un atout majeur pour la main-d’œuvre et l’industrie de ces nations. Même si ces communautés ont été créées en partie après les Traités de Corvis en reconnaissance de l’aide apportée par les rhulfolk à la construction des colosses, elles sont considérées comme des terres rhuliques et sont régies par les lois rhuliques. Les citoyens doivent respecter les ordonnances du pays hôte, mais le Conclave demeure l’autorité ultime.

   Lorsque ces communautés ont été établies, elles ont attiré de nombreux jeunes et ambitieux clans dont les membres voyaient peu d’espoir d’avancement en Rhul. Travailler dans une telle enclave pendant un certain temps reste une tradition parmi les jeunes nains cherchant leur propre fortune avant de décider où ils vont définitivement s’installer, et il en va de même pour de nombreux ogrun appartenant à des clans nains.

   Le maintien de la neutralité politique de Rhul en ce qui concerne les guerres entre les Royaumes d’Acier signifie également que les mercenaires du Cartel Seaforge voient des opportunités de tous les côtés de chaque conflit entre les nations humaines, leur permettant de gagner d’importants profits pour les clans rhuliques sans saper les avantages de Rhul. La présence de forces militaires rhulique à travers les nations humaines des Royaumes d’Acier a également assuré que les colonies rhuliques parmi elles ne sont jamais loin d’une force de défense. Plusieurs enclaves ont néanmoins beaucoup souffert au cours des récentes guerres, certaines ont été entièrement perdues durant la Revendication, mais les enclaves restantes sont toujours un élément vital des efforts politique et commerciaux de Rhul dans le monde entier.

LA REVENDICATION

Bien que la venue des infernaux n’ait pas affecté Rhul aussi sévèrement que les Royaumes d’Acier, la nation naine n’a pas été totalement épargnée. Même si les âmes des nains ne faisaient pas partie du pacte ayant conduit à la Revendication, les infernaux n’ont pas hésité à les récupérer chaque fois que l’occasion se présentait. Dès le début du conflit, de nombreux soldats rhuliques combattant pour le compte de Cygnar et de Khador se sont retrouvés confrontés à des horreurs d’un autre monde.

   Les nains des enclaves ont subi d’énormes pertes lors de la Revendication. Soutenues par leurs complices humains, des armées d’horreurs infernales ont inondé toutes les grandes villes des Royaumes d’Acier. Les rhulfolk vivant au sein des enclaves ont été contraints de se battre âprement pour la survie de leur âme, et leur détresses a été ressentie par les personnes vivant dans la relative sécurité de Rhul.

   Les Seigneurs de la Pierre ont rapidement décidé d’aider à combattre la peste infernale. Contrairement aux orgoth, qui étaient considérés par les rhulfolk comme une autre tribu humaine, les créatures de l’Abîme Extérieur représentaient un plus grand péril – un péril quasiment certain de menacer l’avenir de Caen même. De vastes armées de mercenaires se rassemblèrent à Ghord et descendirent le Fleuve Noir jusqu’en Llael avant de se répandre à travers les Royaumes d’Acier et de rejoindre les défenseurs humains dans la lutte contre les infernaux.

   Le plus célèbre de ces engagements militaires fut la bataille de Fort Henge, la dernière grande bataille de la Revendication. Une colonne de soldats rhuliques et de steamjacks a aidé à escorter une foule de réfugiés de l’est jusqu’à Fort Henge, où un culte de cyrissistes avait construit une porte céleste pour échapper à Caen. En retenant les infernaux, ces soldats rhuliques ont joué un rôle crucial dans la protection de plusieurs milliers de réfugiés alors qu’ils franchissaient la porte vers les étoiles.

LES PLACES FRANCHES

Suite à la défaite des infernaux, Rhul a autorisé une pratique ayant changé la nation naine d’une manière jamais vue depuis l’arrivée des ogrun : l’établissement de places franches. Rhul avait une société en grande partie statique pendant de nombreux siècles, mais après avoir vu les souffrances des peuples déplacés des Royaumes d’Acier et l’angoisse des nyss et des iosiens ayant été chassés de leurs foyers, les Seigneurs de la Pierre ont accepté de permettre une colonisation plus étendue de leurs propres terres. Ils invitèrent les personnes ayant besoin d’un abri à s’installer en Rhul et bâtirent des villes pour les réfugiés dans les basses terres de leurs montagnes.

   L’ouverture des frontières de Rhul à un mélange plus cosmopolite de peuples s’est avéré à la fois gratifiante et difficile. De nombreux nouveaux colons, parfaitement conscients de l’hospitalité qui leur a été offerte, sont désireux de rendre la pareille aux rhulfolk, mais leur ignorance des lois du Conclave a mis à rude épreuve le système judiciaire de la nation. Inversement, l’afflux de nouveaux résidents a créé de nouvelles opportunités pour les clans désireux d’adopter des communautés de réfugiés. Ces clans servent souvent de consultants pour les nouveaux arrivants et aident les déplacés à s’orienter dans les méandres de la législation du Conclave.

   Malgré leur expansion rapide au cours des années qui ont suivi la Revendication, les places franches de Rhul restent un spectacle étrange, même aujourd’hui. Leurs diverses populations sont issues de toutes les grandes civilisation de l’Immoren occidental, et la culture et l’architecture sont un étrange mélange des peuples des Royaumes d’Acier, des rhulfolk eux-mêmes et des elfes.

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Iron Kingdoms - RPG / B&B - Races
« le: 08 décembre 2021 à 11:48:00 »
RACE

Les humanoïdes de toutes sortes ont élu domicile au sein des territoires situés aux confins des Royaumes d’Acier. Les races jouables dans cette section sont parmi les plus courantes dans les régions frontalières.

   Bogrin. Ces gobelinoïdes intelligents sont plus robustes et plus féroces que leurs cousins gobber. Capables de prospérer dans les environnements les plus rudes, on les rencontre dans les Marches Sanglantes, les montagnes et les forêts des régions frontalières.

   Farrow. Bien que les humains des Royaumes d’Acier pensent que ces humanoïdes ressemblant à des sangliers sont des créatures simples, les farrow sont un peuple complexe prospérant en tant que charognards et mercenaires opportunistes.

   Peuplade des Marches. Les membres de ces tribus idriennes ont préservé leur mode de vie, bien que nombre d’entre eux aient été contraints de subir le joug de la domination menite. Ces humains robustes et adaptables vivent dans les Marches Sanglantes et le Désert de Jaspe, suivant des traditions remontant à des milliers d’années.

   Pygs. Aussi appelés trolls pygmées, ils sont les cousins des plus grands trolls. Le sang des trolls coulent dans leurs veines, épais et non dilués, les rendant incroyablement résistants et robustes. Les pygs sont plus intelligents que la plupart des trolls et font partie intégrante des kriels trollkin dans les régions frontalières.

   Sans-Âme. Les sans-âmes sont un étrange sous-produit du déclin des dieux elfiques. Né sans âme, ces êtres sont impartiaux et sans peur et ont une capacité innée à étouffer le pouvoir de la magie en leur présence.

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Iron Kingdoms - RPG / B&B - Classes et sous-classes
« le: 28 novembre 2021 à 18:14:54 »
CLASSES ET SOUS-CLASSES

BROYEUR D’OS

Les bras dégoulinant de sang, un farrow couvert de talisman macabres faits de chair séchée et de petits os arrache un calcul biliaire des entrailles d’un drake des brumes morts, couinant de plaisir devant une si précieuse découverte.

En fredonnant pour elle-même, la gobber mélange un cataplasme de sang, de glaviot et de poils jusqu’à ce que la concoction commence à bouillir et à fumer avant de l’appliquer sur les blessures récentes de son compagnon.

Le trollkin arme son bras avant de lancer la défense sur sa cible, laissant l’essence résiduelle du prédateur mort guider sa trajectoire vers le coeur de son ennemi.

Les broyeurs d’os puisent leur énergie du flux de la vie et la mort les entourant dans la nature. Ils fabriquent des totems et des armes à partir des créatures tuées en manipulant les composants avec une alchimie pervertie capable de puissants effets. Les broyeurs d’os peuvent souvent être trouvés sur un champ de bataille, d’abord en première ligne, employant leurs étranges et sanglantes armes, puis, après, fouillant les morts pour trouver des morceaux de choix.

UNE ÉTRANGE ALCHIMIE

L’art du broyeur d’os est une synthèse de l’alchimie et de la magie. Ils sont aussi conscients des propriétés du monde naturel que n’importe quel alchimiste me serait des propriétés de l’acide alchimique et de la poudre explosive. Avec cette connaissance, ils combinent une étrange magie noire, différentes de celles étudiées par les mystiques des Royaumes d’Acier. Les résultats sont une étrange combinaison de magie et d’alchimie combinant le pouvoir du mysticisme avec la fiabilité et le fonctionnement de la mékanique. Les meilleurs esprits des Royaumes d’Acier ne parviennent toujours pas à s’accorder sur les comment et le pourquoi des fétiches et des charmes des broyeurs d’os, mais leur efficacité est indéniable.

AU DELÀ DES LUEURS DU FEU

Les broyeurs d’os remplissent de nombreuses fonctions au sein de la société farrow. Ils sont généralement traités avec un mélange de respect et de répulsion. En tant que chamans, ils vivent quelque peu en dehors des normes culturelles des farrow et sont censés faire face à des forces que même les guerriers aux défenses les plus sanglantes considèrent souvent comme impures. Certains s’élèvent au rang de chefs de guerre respectés, mais le plus souvent, ils servent de main gauche à un grand chef, apportant la gloire à leur clan tout en poursuivant leurs propres motivations peu recommandables. La culture farrow fait qu’il est plus difficile pour une femme farrow de devenir broyeuse d’os, mais celles qui y parviennent sont considérées par leur culture avec encore plus d’admiration que leurs homologues masculins pour avoir réussi à relever les défis de leur métier et de leur culture.

APPEL DE LA NATURE

Contrairement aux prêtres ou aux clercs, les broyeurs d’os n’invoquent pas les dieux tel qu’on le conçoit habituellement, mais œuvrent avec les esprits inhérents à la terre et aux créatures s’y trouvant. À un certain stade de leur formation, ils commencent généralement à se spécialiser dans une voie, se concentrant sur les types de pouvoir avec lesquels ils trouvent une résonance particulière. Mais tous les broyeurs d’os peuvent, dans une certaine mesure, puiser dans les énergies primitives circulant dans la nature et les plier à leur volonté.

CHEMIN DU BROYEUR D’OS : VOIE DE LA BILE

Un broyeur d’os qui choisit la Voie de la Bile a développé un instinct pour les toxines et les poisons qui peuplent le monde naturel et peut les employer à des fins mortelles.

CHEMIN DU BROYEUR D’OS : LA VOIE DE L’OS

La Voie de l’Os appelle les broyeurs d’os embrassant les énergies primales de la nature. Ces redoutables guerriers investissent leurs armes et leurs corps de la magie de leur environnement pour défendre leur tribu, moissonnant la vitalité des créatures ayant parcouru la terre avant eux afin de se donner les moyens de se battre.

TALISMAN

Les talismans sont des objets dans lesquels un broyeur d’os tissé de puissants sorts, oeuvrant de concert avec les qualités inhérentes de la chair utilisée. Parce que la puissance d’un talisman donné dépend de l’accentuation et de l’accord des qualités déjà inhérentes aux matériaux, les matériaux exacts nécessaires varient en fonction de l’effet souhaité. En règle générale, la création de talismans avec des effets. En général, la création de talismans aux effets plus puissants nécessite des matières premières provenant de créatures plus dangereuses, ainsi que plus de temps en raison de la complexité accrue.

Étant faits de matériaux organiques, les talismans se dégradent avec le temps. Sauf indication, tout talisman non utilisé dans un délai de 1 semaine perd toute sa puissance. Les talismans nécessitent des ingrédients frais, de préférence prélevés sur un corps encore chaud. Sauf dans de très rares cas, les parties conservées ne fonctionneront pas – à supposer que de telles choses puissent être trouvées sur un marché.

Créer un talisman est quelque chose qu’un broyeur d’os peut faire pendant son temps libre ou, si nécessaire, plus rapidement sur le terrain. Chaque niveau de qualité du talisman inclut le temps nécessaire à la création d’un talisman de ce niveau. Pendant un court temps libre, vous pouvez tenter de créer un talisman commun. Pendant un long temps libre, vous pouvez tenter de créer deux talismans, dont au moins un doit être un talisman commun.

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Iron Kingdoms - RPG / Requiem - Outils MJ
« le: 17 septembre 2021 à 20:09:54 »
CHRONOLOGIE DES ROYAUMES D’ACIER

PR : PRÉCÉDENT LA RÉBELLION
AR : APRÈS LA RÉBELLION

ÈRE PRÉHISTORIQUE

Inconnu   Zevanna Agha, la Vieille Sorcière de Khador, observe la création de l’humanité par le dieu Menoth

v. 10 000 PR   Loin en orient, dans les terres au-delà des Marches Sanglantes, toutes les tribus elfes s’unissent pour former l’Empire de Lyoss.

v. 8500 PR   La Querelle des Âges débute chez les nains.

v. 8200 PR   Fin de la Querelle des Âges. Les Seigneurs de la Pierre des treize grands clan s’installent à Ghord.

v. 7500 PR   Le Conclave Nain, composé des Cents Maisons de Ghord, est établi. Les dieux nains accordent la connaissance de la magie arcanique aux nains, ainsi que des règles strictes concernant son utilisation.

v. 6500 PR   Des tribus humaines nomades découvrent le Canon de la Vraie Loi dans les ruines d’Ichtier et commencent à adorer Menoth.

      Les adorateurs de Menoth fondent la ville d’Acrennia, la première civilisation menite. Le leader et principal fondateur de ville se rebelle bientôt contre le Créateur, rejoint par quatre autres. La rébellion s’achève par l’expulsion, par Menoth, de ces cinq personnes connues des générations suivantes sous le nom de Défiants – en Urcaen et détruisent Acrennia.

v. 6000 PR   De nombreuses tribus humaines nomades commencent à former des communautés agricoles autour de ce qui est maintenant Ancienne Ichtier. On attribue au prêtre-roi Cinot l’enseignement de l’agriculture aux premières tribus.

v. 5500 PR   Les prêtres menite Belcor et Geth mènent un exode vers le nord,depuis Ancienne Ichtier, à la recherche de terres plus fertiles.

v. 4800 PR   Les humains commencent à s’installer autour du Fleuve Noir dans la Vallée de Morrdh.

v. 4250 PR   Les elfes débutent la construction du mystique Pont entre les Mondes afin de combler le fossé entre Caen et le Veld.

v. 4000 PR   Le Pont entre les Mondes est achevé. Les dieux elfes arrivent sur Caen, après quoi, le pont explose et détruit à la fois Lyoss et la cité humaine d’Urus. Les survivants d’Urus s’enfoncent sous terre.

v. 3900 PR   Shyrr et d’autres grands villes sont fondées en Ios.

v. 3700 PR
   Les tribus Molgur dominent presque tout l’Immoren occidental et s’en disputent le contrôle.

v. 3500 PR   Les Seigneurs de Morrdh unissent les colonies voisines, créant le premier royaume civilisé humains. Morrdh commence immédiatement à revendiquer le territoire du Molgur.

      Toruk crée sa progéniture draconique.

ÈRE DES SEIGNEURS DE GUERRE

v. 2800 PR   Le prêtre-guerrier Valent Thrace établit le Fort de Calacia.

v. 2700 PR   Dans les profondeurs de la terre, les survivants d’Urus débloquent des capacités psychiques et commencent leur transformation en cephalyx.

v. 2230 PR   Naissance du prêtre-roi Golivant de Calacia.

v. 2200 PR   Golivant chasse les tribus Molgur du Mur du Dragon.

      Naissance du prêtre-roi Khardovic. Le Cercle Orboros est fondé.

v. 2175 PR   Le prêtre-roi Golivan décède et Calacia se divise à sa mort.

v. 2170 PR   Le prêtre-roi Khardovic fonde le Royaume de Khard.

v. 2050 PR   Le roi Golivant III reconquiert Calacia et la rebaptise Caspia.

v. 2045 PR   Le prêtre-roi Khardovic décède.

ÈRE DES MILLE CITÉS ET APPARITIONS DES JUMEAUX

v. 1930 PR   Naissance de Morrow et Thamar

v. 1900 PR   Morrow et Thamar accèdent à la divinité après la marche vers Caspia. Le culte de Morrow commence à se répandre au sein de l’Immoren occidental.

v. 1800 PR   Les prêtres menite initient la Purge.

1866 PR   Orellius I fonde le Divinium dans les Montagnes du Mur du Dragon.

v. 1850 PR   Rab Vinstra dirige le Midar de Morrdh et établit le Royaume de Midar.

v. 1690 PR   Les tribus kossite, skiro et khardique se battent pour la domination de la partie septentrionale de l’Immoren occidental.

v. 1670 PR   La peste ravage plusieurs tribus kossite et skirov. Les khardes s’emparent de Molga et la renomment Khardov.

1640 PR   Toruk récupère et consomme l’athanc du dragon shazkz. Le sang corrompu de Shazkz se répand sur les Îles Scharde, créant les satyxis.

v. 1500 PR   le Royaume de Morrdh se désintègre en raison de causes inconnues.

v. 1450 PR   Khardov, la plus grande ville des régions septentrionales de l’Immoren occidental, commence à dominer ses territoires voisins, principalement par la force des armes.

1421 PR   Sveynod Skelvoro se déclare premier empereur de Kharde.

1415 PR   Début de la Guerre Kharde-Kos.

1387 PR   Toruk tue le dragon Gaulvang et consomme son athanc.

1382 PR   Kos se rend aux khardes, mettant fin à la Guerre Kharde-Kos.

1370 PR   Plusieurs chefs de guerre alliés fondent la nation de Tordor.

1330 PR   les seigneurs cavaliers rejoignent l’Empire Khardique.

1322 PR   Le Tordor envahit le Thuria, début de la Conquête Tordoréenne.

1313 PR   Le Tordor annexe le Thuria, mettant fin à la Conquête Tordoréenne.

1277 PR   La plupart des chefs de clan skirov renoncent au Ver Dévoreur, se convertissent au culte de Menoth, et jure leur loyauté à l’Empire Khardique.

1270 PR   Nidoboros, le plus grand des enfants de Toruk, affronte le Père des Dragons dans le but de prouver à ses frères et sœurs que Toruk peut-être vaincu. Toruk vainc Nidoboros mais est incapable de consommer son athanc, qui est récupéré par Zevanna Agha.

1250 PR   Le Primarque Lorichias est assassiné par khorva, un scrutateur menite. L’Ascendante Katrena apparaît et tue Khorva dans une massive démonstration de pouvoir, après quoi Khorva s’élève en tant que légataire de Thamar.

1141 PR   L’Empire Khardique attaque Col de l’Enfer, débutant la Guerre du Col de l’Enfer.

1118 PR   La Guerre du Col de l’Enfer s’achève avec la défaite des ogrun prêtant serment aux gouverneurs khardique.

1102 PR   L’Ombrie se déclare principauté indépendante de l’Empire Khardique.

1100 PR   Voldu Grova écrit les premiers documents sur l’alchimie et fait référence à de grossiers explosifs liquide.

1073 PR   Le Royaume de Rynyr est fondé.

v. 1000 PR   Toruk est chassé du continent par sa progéniture et s’installe sur les Îles Scharde.

940 PR   Le Recteur Janus Gilder invente une presse à imprimer à caractères mobiles.

840 PR   La Cour Divine quitte l’Ios à la recherche d’un moyen de retourner au Veld.

838 PR   Le prophète elfe Aeric découvre Nyssor dans un gouffre glacé. Les nyss s’installent dans le grand nord.

822 PR   Une longue sécheresse connue sous le nom d’Interminable Ensoleillement tue plus d’un million d’indigènes immoréens.

821 PR   Les Guerres des Seigneurs Cavaliers débute entre les princes ombrien et l’Empire Khardique.

743 PR   Drago Salvoro, un ingénieur vivant dans l’Empire Khardique, crée le premier moteur à vapeur.

716 PR   L’Empire Khardique conquiert Korska. Les princes ombrien jurent fidélité à l’empereur kharde, mettant ainsi fin à la guerre Guerres des Seigneurs Cavaliers

714 PR   Korska est rebaptisée Vielle Korska et devient la capitale orientale de l’Empire Khardique ; Khardov demeure le siège principal du pouvoir en tant que capitale occidentale.

712 PR   Les morrowéens déplace le centre administratif et spirituel de l’Église de Morrow du Divinium, au sein des Montagnes du Mur du Dragon, au Sancteum nouvellement fondé à Caspia.

v. 700 PR   Le dragon Halfaug commence à terroriser le grand nord.

664 PR   L’Empire Khardique atteint son apogée.

ÈRE DE L’OCCUPATION ORGOTH

608 PR   Une vaste armada orgoth débarque sur les côtes de l’Île Garlghast et entame la construction de la grande forteresse de Drer Drakkerung.

600 PR   Des vaisseaux noirs accostent l’Immoren occidental. Les orgpth débutent leur conquête des Mille Cités.

v. 600 PR   Un auteur anonyme écrit le Cycle de la Saga du Dragon.

593 PR   Le Tordor se rend aux orgoth après que sa puissante marine a été complètement détruite.

586 PR   La Caspia Occidentale tombe complètement sous le contrôle des orgoth.

581 PR   L’invasion orgoth s’enlise dans les provinces méridionales de l’Empire Khardique.

569 PR   L’Empire Khardique tombe aux mains des orgoth. Vieille Korska est complètement détruite.

542 PR   Les armées orgoth conquièrent le Rynyr. L’invasion de Rhul par les orgoth est stoppée.

538 PR   Toruk détruit une flotte orgoth à destination des Îles Scharde.

433 PR   L’Empire Orgoth exerce un pouvoir absolu sur les royaumes humains au sein de l’Immoren occidental, à l’exception de la ville de Caspia.

370 PR   Les orgoth auraient tué un dragon sans nom à Uld Vroggen. L’athanc du dragon est placé dans un temple ; l’athanc éclot au bout d’un mois, et le petitdragon réduit en cendre le temple et s’échappe.

v. 150 PR   Thamar négocie le Don de la Magie avec l’Ordre Nonokrion des infernaux. Les infernaux acceptent en échange des deux tiers des âmes humaines, à revendiquer ultérieurement. Thamar transmet le Don à l’humanité.

140 PR   Presque tous les prêtres elfes perdent leur pouvoir à la suite de la Déchirure, plongeant toute la société iosienne dans la tourmente.

137 PR   Madruva Dagra, le premier immoréens doté de pouvoir de sorcellerie, est découvert à Tarna.

96 PR   Sebastien Kerwin, «  le Père de la Magie », diffuse les Reflexions sur les Formules Thaumaturgiques, son étude des principes de la thaumaturgie et de la magie arcanique.

90 PR   Sebastien Kerwin écrit L’Essence de la Magie Divine.

81 PR   Sebastien Kerwin donne des cours particulier aux magiciens et fonde l’Académie Arcaniste.

73 PR   Sebastien Kerwin écrit Principia Arcana Magus.

69 PR   Les orgoth procèdent aux Massacres des Vicaires ; plus de cinq cents prêtres morrowéens sont tués.

67 PR   Sebastien Kerwin fonde le Cercle du Serment.

64 PR   Sebastien Kerwin théorise sur l’accumulateur arcanodynamique et les plaques runiques dans son livre Synthèse, le premier texte sur la mékanique.

63 PR   Les orgoth détruise l’Académie Arcaniste. On pense que Sebastien Kerwin a été tué, mais son corps n’a jamais été retrouvé.

34 PR   Scyrah revient à Shyrr mais ne s’exprimera pas sur le sort de la Cour Divine.

25 PR   Les survivants du Cercle du Serment fonde l’Ordre du Creuset d’Or.

RÉBELLION

1 AR   La Rébellion commence par un soulèvement à Fharin, mené par la Fraternité d’Acier.

7 AR   Les orgoth détruisent totalement la Fraternité d’Acier.

26 AR   Oliver Gulvont, un alchimiste du Creuset d’Or, crée la première arme à feu portative.

32 AR   Les orgoth sont temporairement repoussés d’une grande partie de Tordor après la Bataille des Cent Magiciens.

40 AR   Les orgoth reprennent le Tordor et mettent à mort tous les magiciens connus.

v. 80 AR   Des Alchimistes du Creuset d’Or construisent les premiers fusils et le mécanisme de tir à broche.

84 AR   Le Rynyr est libéré par des révolutionnaires armés de fusils surnommés l’Armée du Tonnerre.

85 AR   L’Armée du Tonnerre coupe les voies d’approvisionnement des orgoth à Midfast et Merin.

86 AR   Les armées orgoth récupèrent l’entièreté du Rynyr à l’exception de Leryn et massacrent l’Armée du Tonnerre et ses partisans.

93 AR   La brèche du souffle tue des miliers de personnes en Rynyr, Tordor et Caspia et est en partie stoppée par l’arcaniste Corben avant son ascension.

107 AR   En employant les théories de Sebastien Kerwin, Victor bard crée la première plaque runique.

111 AR   L’Ordre Fraternel des Magiciens est fondé.

147 AR   Les seigneurs cavaliers ombrien mènent des armées de nomades et libèrent Korsk et Rorschik.

160 AR   L’Alliance d’Acier est formée.

177 AR   Elias Decklan rencontre le Conseil des Dix pour suggérer la création de Colosses.

181 AR   L’Alliance d’Acier entame la construction d’usines secrètes pour fabriquer les colosses.

185 AR   Les khardes commencent secrètement à fabriquer des colosses.

188 AR   Les orgoth détruisent toutes les usines de colosses kharde connues.

191 AR   Le premier colosse sort d’une usine cachée à Caspia.

198 AR   L’Alliance d’Acier lance un assaut sur plusieurs fronts contre les orgoth et entame la libération de vastes territoires. Après plusieurs défaites, les orgoth initient le Fléau.

201 AR   Les derniers orgoth quittent l’Immoren occidental.

ÈRE DES ROYAUMES D’ACIER

202 AR   Le Conseil des Dix ratifie les Traités de Corvis et définit les Royaumes d’Acier modernes.

211 AR   Le Syndicat des Ouvriers du Métal et de la Vapeur est fondé à Caspia.

v. 220 AR    Le Cygnar et l’Ord commencent à construire des bateaux fluviaux à vapeur.

233 AR   Le Vigilant Magnus Severin Copernicum fonde l’Ordre de l’Illumination à Caspia.

241 AR   Magnus Bastion Rathleagh crée le premier steamjack avec l’aide du Syndicat des Ouvriers du Métal et de la Vapeur est fondé à Caspia.

242 AR   Un soulèvement trollkin, afin de récupérer des terres perdues, mène à la Première Guerre Trollkin en Ord et Cygnar.

      Des pillards cryxiens pillent Larkholm et la réduisent en cendres.

      Le Roi Lavash Tzepzsci lance un appel à tous les khadoréens fidèles hors des frontières du Khador pour qu’ils rentrent chez eux.

243 AR   L’Alliance des Seigneurs Gris est fondée à Korsk.

247 AR   La Première Guerre Trollkin prend fin avec le retour des trollkins dans leurs territoires.

250 AR   Le Khador envahit l’Ord et le Llael, début de la Guerre des Colosses.

257 AR   Le Khador est vaincu par la coalition de l’Ord, de Llael et de Cygnar, mettant fin à la Guerre des Colosses.

262 AR   La Seconde Guerre Trollkin débute en Cygnar.

267 AR   La Seconde Guerre Trollkin s’achève lorsque le Roi Woldred le Diligent se rend au Marais de Hadriel pour des pourparlers de paix.

      Les premiers warjacks sont construits à Caspia.

276 AR   Le Roi Dmitry de Khador entame la construction du Palais Stasikov à Korsk.

277 AR   Larkholm est reconstruite et rebaptisée Nouvelle-Larkholm.

283 AR   Le corps céleste Cyriss est découverte par l’Adepte Aldolphous Aghamore, un astronome de l’Ordre Fraternel ; le Culte de Cyriss est fondé peu après.

286 AR   La Garde des Colosses est officiellement dissoute. Le Roi Woldred le Diligent rédige l’Accord Manuscrit.

290 AR   Le Roi Malagant le Sinistre débute la persécution du clergé menite en Cygnar, Plus de deux cents prêtres sont pendus.

      Le premier grand rassemblement du Culte de Cyiss se réunit en un sommet secret.

293 AR   Le Roi Malagant le Sinistre déclare la religion morrowéenne religion officielle de Cygnar.

      Le Khador commence les Guerres Frontalières avec le Cygnar et convainc les tharn de combattre en son nom.

294 AR   l’Institut Khadoréen d’Ingénierie est établi à Korsk.

295 AR   La Reine Cherize Vanar disparaît le Jour Perdu. Le Roi Malagant le Sinistre décède peu après.

303 AR   Adolphous Aghamore meurt. Son corps est découvert dans un atelier encombré contenant une massive machine à moitié finie et des notations fragmentaires et absurdes de formules mathématiques griffonnées.

304 AR   Le Khador achève la construction du Palais Stasikov.

305 AR   Les forces khadoréennes et leurs alliés tharn sont détruits pendant le Siège de Midfast. Le soldat ordique Markus Graza s’élève après avoir été tué pendant le siège.

311 AR   Les prêtres du Culte de Cyriss rédigent son œuvre fondatrice.

313 AR   Les Guerres Frontalières s’achèvent officiellement avec la cession par l’Ord de Port vladovar au Khador et la cession par le Khador de Laedry au Llael. Le Cygnar et le Llael deviennent officiellement alliés.

326 AR   Le Cygnar achève la construction de la forteresse de Nordgarde.

      Le Culte de Cyriss invente le nexus astronométrique.

333 AR   Un prêtre cyrissiste nommé Helicratus détermine que les erreurs dans la Fonderie de l’Énumération ne sont pas des erreurs mais font partie d’un message longtemps crypté. En moins d’un an, la secte découvre que les chiffres sont des messages envoyés par Cyriss en personne.

335 AR   Helicratus traduit une directive de Cyriss. La déesse charge son sacerdoce de faire un avec les machines et d’abandonner la chair.

339 AR Le Culte de Cyriss achève le Galvaniseur, l’un des premiers vecteurs.

350 AR   La première observation du Deathjack est consignée.

356 AR   le Père Ghil Lucant, prêtre de Cyriss, découvre une nouvelle planète, qui porte son nom.

363 AR   Helicratus devient la première personne à subir une transcendance mécanique. La maîtresse de forge paria Lucidia attaque le temple et tue la majorité des personnes s’y trouvant. Le Père Ghil Lucant transfère son esprit dans un réceptacle mécanique.

370 AR   Ghil Lucant fonde la Convergence de Cyriss.

390 AR   Le dragon Everblight détruit Issyrah et est tué par une armée elfique. L’athanc d’Everblight serait enterré au Sommet du Monde.

393 AR   L’Union des Mékaniciens Khadoréens est fondée.

410 AR   La Convergence de Cyriss crée la Constellation, un dispositif complexe conçu pour abriter de multiples esprits et permettre une communication rapide entre eux.

460 AR   Début de la longue lutte entre la Convergence de Cyriss et les cephalyx pour le contrôle des sites d’importance géomantique.

464 AR Le Khador envahit l’Ord en raison de différends de longue date concernant la piraterie.

468 AR   La paix est déclarée entre le Khador et l’Ord après l’intervention de Cygnar.

470 AR   Jachemir Venianminov développe une armure Man-O-War à vapeur.

475 AR   Le Visgoth Sulon se déclare hiérarque et organise un pèlerinage ; des miliers de menites se rendent à Caspia.

478 AR   La construction de la Ligne Ferroviaire Korsk-Skirov est achevée.

482 AR   la Guerre Civile Cygnaréenne débute à Caspia entre les menites et les morrowéens.

483 AR   La Guerre de la Monnaie commence entre le Khador et le Llael.

484 AR   La Guerre Civile Cygnaréenne se termine avec la mort du Hiérarque Sulon. Les termes de la paix établissent le Protectorat de Menoth et cèdent la moitié de la ville cygnaréenne de Caspia au Protectorat en tant que capitale, qui est renommée Sul en l’honneur de Sulon.

      La Guerre de la monnaie prend fin.

500 AR   La Convergence de Cyriss tente une incursion en Ios. Les efforts se poursuivent durant les vingt années suivantes, mais chaque tentative est interceptée et détruite.

504 AR   Les tribus idrienne se soumettent au Protectorat.

      Le Protectorat et le Llael commencent à se battre pour des terres riches en minéraux dans le nord des Marches Sanglantes ; le Llael concède après des escarmouches mineures.

510 AR   Le Roi Ruslan Vigor de Khador attaque le Cygnar, déclenchant la Guerre du Bois d’Épines.

511 AR   La Guerre du Bois d’Épines se termine après la Bataille de la Langue, au cours de laquelle une force cygnaréenne surpassée en nombre bat l’armée khadoréenne. Le Roi Ruslan Vygor est tué au combat.

515 AR   Le maître de guerre Vinter Raelthorne II est couronné roi de Cygnar.

535 AR   le Hiérarque Caltor Turgis réunit le Temple Ménite, élargissant les frontières du Protectorat et ordonnant le construction du la Tour du Jugement.

539 AR   Le Roi Vinter Raelthorne II meurt. Le Roi Vinter raelthorne III est couronné roi de Cygnar.

546 AR   Le Khador abolit le servage.

551 AR   le Kayaz Simonyev Blaustavia fonde Navires et Chemins de fer Blaustavya.

566 AR   Le Deathjack est repéré au cours d’incidents distincts à Porsk et à Skirov.

569 AR   Naissance d’Ayn Vanar XI.

576 AR   Le Roi Vinter Raelthorne III décède.

       Vinter Raelthorne IV est couronné roi de Cygnar et commence immédiatement à purger ses ennemis politiques.

579 AR   Le Roi Vinter Raelthorne IV crée l’Inquisition.

581 AR   L’Ios ferme brutalement ses frontières aux étrangers.

582 AR   Arius devient le primarque de l’Église de Morrow.

      Vahn Oberen prend le contrôle de l’Inquisition.

      Le Commandant-Adepte Sebastian Nemo invente le Glaive-Tempête.

      Le Roi Vinter Raelthorne IV adopte l’« Edits contre l’Ensorcellement et la Sorcellerie Illicites », interdisant la sorcellerie en Cygnar.

584 AR   Les Invasions Scharde débutent. Les cryxiens rasent la ville d’Ingrane et capturent Gloria Haley.

      Les premiers sorciers sont jugés en public à Corvis. Deux hommes et cinq femmes sont pendus dans le Bois du Veuf, et plus de 250 personnes sont exécutées pour « sorcellerie illicite » à travers le Cygnar et le Llael.

587 AR   Ayn Vanar XI est couronnée reine de Khador.

      Le warcaster khadoréen Orsus Zoktavir commet le Massacre de Porte du Sanglier.

588 AR   La reine pirate Skarre Ravenmane bat la marine cygnaréenne dans la Passe de Gardevent.

      Fin des Invasions Scharde.

      Garrick Voyle devient le hiérarque du Protectorat de Menoth.

591 AR   L’Inquisiteur en Chef Dexter Sirac lance une expédition pour récupérer la witchfire au Château Moorcraig en Cryx.

593 AR   Cinq femmes sont jugées pour sorcellerie à Corvis. Toutes les cinq sont reconnues coupables et décapitées.

      Des forces méridionales détruisent le Fort Kravgold à la frontière entre Ord et le Bois d’Épines.

      Le navire pirate cryxien Aldibraxis découvre les Sorcières de Garlghast.

594 AR   Leto Raelthorne mène un coup d’état contre son frère, le Roi Vinter Raelthorne IV, et est couronne roi de Cygnar. Vinter fuit à l’est, dans les déserts au-delà du Protectorat de Menoth.

595 AR   Le Roi Rynnard di la Martyn de Llael meurt sans héritier. Une série de débats sur la succession donne bientôt lieu à de nombreux assassinats, obligeant tous les membres survivants de la lignée des Martyn à se cacher. Le Conseil des Dix finit par nommer le Seigneur Glabryn IX, premier ministre de Llael, pour gouverner le pays.

596 AR   D.H. Wexborne, capitaine du navire mercarien Seacutter devient le premier marin immoréen à revenir de Zu.

600 AR   Le cephalix Exulon Thexus s’empare de la Fonderie de l’Astérosismologie de la Convergence de Cyriss.

      Le warcaster Phinneus Shae mène une mutinerie réussie contre le capitaine de l’Exeter.

601 AR   Le Deathjack anéantit la compagnie de mercenaire Poing Rouge le long de la frontière Cygnar – Khador.

      La warcaster du Protectorat Feora reçoit le titre de Prêtresse de la Flamme et débute la réforme du Gardien du Temple de la Flamme en une armée enrégimentée.

602 AR   Le Protectorat de Menoth construit des usines secrètes pour la production de warjacks.

      Le Deathjack attaque les portes principales de Fort Falk.

603 AR   Vinter Raelthorne IV et mes forces alliées skorne envahissent Corvis. Son invasion est repoussée par la sorcière Alexia Ciannor et une armée de morts-vivants.

      L’Annonciatrice de Menoth est découverte et amenée à Imer pour rencontrer le Hiérarque Garrick Voyle.

604 AR   Le Khador lance une invasion à grande échelle de Llael ; en réponse, le Cygnar déclare la Guerre à Khador.

605 AR   Le Khador vainc l’Armée de Llaelesse et chasse le Cygnar de Llael après la chute de Merywn, après quoi les forces khadoréennes réduisent Crois-des-Fleuves en cendres. En réponse, l’Ordre du Creuset d’Or cède Leryn aux forces khadoréennes sans combattre et accepte de produire de la poudre explosive exclusivement pour l’armée khadoréenne.

      L’Annonciatrice de Menoth appelle tous les menites à s’installer en Protectorat. Le Hiérarque Garrick Voyle appelle à une croisade pour reconquérir l’Immoren occidental.

      Le Protectorat tente de raser les murs de Caspia. Cygnar contre-attaque Sul.

      Les forces du Protectorat dirigées par Féora, Prêtresse de la Flamme, brûlent le village llaelais de Myrr.

      Des pillards cryxiens frappent profondément en Cygnar, empoisonnant les cultures, et brûlant les silos à grains jusqu’à Brainmarché.

      Rhul fonde le Cartel Seaforge, celui-ci est chargé de superviser les opérations mercenaires en dehors des frontières du pays.

606 AR   Les forces de plusieurs armées s’affrontent lors de la Bataille du Temple de Garrodh.

      Les forces cygnaréennes franchissent les murs de Sul.

      La Première Bataille de Nordgarde s’achève par une défaite khadoréenne

      Le Grand Scrutateur Severius mène la Croisade du Nord du Protectorat en Llael occupé.

      La Reine Ayn Vanar se déclare impératrice du nouvel Empire Khadoréen.

      La Directrix Mère d’Acier est déclarée leader de la Convergence de Cyriss.

607 AR   Le Protectorat brise le siège cygnaréen de Sul. Les sul-ménites répliquent avec un assaut sur Caspia et capturent presque la capitale cygnaréenne avant la mort du Hiérarque Garrick Voyle. Severius est nommé hiérarque du Protectorat de Menoth.

      Les forces khadoréenne assiègent une fois de plus Nordgarde et sortent triomphantes de la Seconde Bataille pour Nordgarde. Les forces cygnaréennes brisées se retirent vers le sud jusqu’à Port Bourne, Corvis et Château Pont-de-Pierre, cédant le Bois d’Épines à l’Empire Khadoréen. Dû à la retraite, la route avec la ville cygnaréenne de Fellig est coupée, la laissant isoler. L’armée ordique occupe pacifiquement Fellig afin d’empêcher sa prise par Khador.

608 AR   Un cessez-le-feu, tendu, le long du Fleuve de la Langue du Dragon, entre le Khador et le Cygnar débute, tandis qu’une cessation similaire des hostilités à lieu entre les garnisons de Caspia et Sul.

      Des plus importantes fortifications sont érigées le long des frontières entre le Khador, le Cygnar et l’Ord. Pendant ce temps, des forces cryxiennes s’allient à la ruche cephalyx du Bois d’Épines pour construire un énorme nécrofactorium sur le continent, devant servir de distraction pendant que d’autres éléments tentent de ramener l’athanc de Nidoboros à Toruk.

      Le Seigneur Liche Morbus est détruit dans des circonstances suspectes.

609 AR   La Convergence de Cyriss commence à mener ouvertement sa Grande Oeuvre.

      Les forces menées par Coleman Stryker, Gurvaldt Irusk et le Hiérarque Severius attaquent le nécrofactorium au sein du Bois d’Épines. Les forces des vivants triomphent.

      Affaiblie par un poison arcanique, Victoria Haley envisage de rejoindre la Converge pour se soigner, mais choisit plutôt de se suicider dans une explosion de puissance arcanique, éveillant ainsi le plein potentiel de ses pouvoirs de manipulation du temps.

      Vinter Raelthorne réapparaît à la tête de la Quatrième Armée de Cygnaréenne. La Seconde Guerre Civile Cygnaréenne débute.

      Le Khador rompt son alliance avec le Cygnar et lance des attaques à travers le Bois d’Épines.

      Le seigneur de guerre mercenaire Asheth Magnus et le warcaster cygnaréen Allister Caine finissent par unir leurs forces pour amener une armée de mercenaires dirigées par Julius, le fils de Vinter, pour aider le Roi Leto de Cygnar. Après la mort de Vinter, Leto abdique en faveur de Julius et est installé en tant que conseiller royal.

      Victoria Haley et Constance Blaize sont attaquées par Saeryn et Rhyas, deux warlocks du dragon Everblight alors qu’elles transportent l’athanc du dragon Nidoboros à Orven. Lors de l’affrontement initial, le conteneur contenant l’athanc est percé. Tous les dragons, y compris Toruk, convergent vers le site et engagent le combat. Saeryn et Rhyas se coupent d’Everblight et œuvrent avec Haley à livrer l’athanc au dragon Blighterghast afin d’empêcher Toruk de gagner la Guerre des Dragons. En échange, Blighterghast jure de protéger le Cygnar des autres dragons et de mettre fin aux chasses d’Everblight.

610 AR   Les forces skorne envahissent le Protectorat de Menoth à la Tour du Jugement.

      Le Hiérarque Severius est tué et les tensions au sein de la direction du Protectorat sont intenses alors que les factions opposées au sein de l’église se disputent le contrôle.

      Le Roi Julius établit un traité avec le Khador pour légitimer la revendication de ce dernier sur Llael tant qu’aucun héritier au trône de Llael n’est trouvé. En secret, Julius a déjà trouvé une héritière et prévoit de l’utiliser comme excuse pour relancer la guerre, l’épouser, et fusionner le Cygnar et le Llael, avec leur enfant comme héritier des deux trônes.

611 AR   De nouveaux conflits éclatent entre le Cygnar et le Khador. Le Seigneur Général Coleman Stryker dirige une manœuvre offensive dans le Llael occupé par les khadoréens. L’Ordre du Creuset d’Or d’Ord envoie sa branche militaire, la Garde du Creuset, pour aider les cygnaréens et la Résistance Llaelaise.

      Troublée par l’imminence de la menace infernale, Zevenna Agha passe un accord avec les Défiants. La Vieille Sorcière estime que les libérer et leur permettre de récolter les âmes des malicieux tuera incidemment suffisamment d’infernalistes pour ralentir l’imminente invasion.

612 AR   Jacb Strathmoore, fondateur de l’Atelier de l’Étrange Lumière, conclut un accord avec la Vieille Sorcière lui permettant d’amener les Défiants sur Urcaen. Strathmoore entre au Urcaen à la recherche de sa femme et de sa fille décédée. La Malicieuse Récolte débute et des hordes de malfées apparaissent en force à la Bataille de Porte du Sanglier en Ord.

      Le Cygnar et le Khador s’affrontent au-dessus de Merywyn, dans des navires célestes. Le Seigneur Général Stryker meurt durant la bataille.

ÈRE DES INFERNAUX

Fin 612 AR   Avec leurs plans précipités par les actions des malfées de la Malicieuse Moisson et la mort de nombreux de leurs fidèles mortels, les infernaux mettent en œuvre la Revendication. Les infernaux envahissent Caen en de multiples endroits, dont une incursion directe dans le palais royal cygnaréen, obligeant les dieux en personnes à intervenir enenvoyant leurs archontes en Caen. Des alliances sont formées entre les différentes factions des Royaumes d’Acier pour combattre l’invasion infernale.

      Sebastian Nemo meurt et est placé dans un réceptacle mécanique par Aurora, Numen de l’Aérogenèse. Le destin de Nemo conduit à un schisme au de la Convergence de Cyriss, qui a construit une porte céleste à Fort Henge pour attirer la déesse Cyriss sur Caen.

      Une grande bataille a lieu à Fort Henge, où la plupart des maîtres infernaux de l’Ordre Nonokrion sont abattus ou chassés, leurs forces dispersées ou détruites. De nombreux réfugiés immoréens s’échappent par la porte céleste de la Convergence de Cyriss avant sa destruction.

613 AR   Le Sancteum publie une proclamation de tolérance religieuse, permettant aux cyrissistes et aux thamarites de pratiquer ouvertement leur foi.

      Les trollkin en Alchière décide d’ouvrir le commerce avec les Royaumes d’Acier. Les trollkin invitent les ambassadeurs de tous les Royaumes d’Acier dans le sous-continent.

      Tristan Durant mène une partie importante des sul-menites restants en pèlerinage en Zu.

      Les skorne sont chassés de l’Immoren occidental. Ios revendique les derniers forts skorne dans le Désert de Jaspe.

      La nation d’Ios subit une calamité inconnue, conduisant les iosiens et les nyss hors de sa frontière à s’installer de façon permanente au sein des Royaumes d’Acier.

      Rhul adopte une politique d’accueil des réfugiés et met en place un réseau de places franches pour soutenir ses nouveaux citoyens.
614 AR   Le Roi Julius de Cygnar épouse Dame Marjorie Sparholm, une noble cygnaréenne.

      L’Impératrice Ayn Vanar de Khador donne naissance à un fils.

      Kaetlyn di la Martin prend sa place en tant que reine de Llael et épouse Alvor Cathor, petit-fils du Roi Baird d’Ord.

      Les forces cryxiennes établissent de nouvelles propriétés sur le continent. Plusieurs nouveaux nécrofactoriums sont bâtits en Cygnar, en Ord et en Khador.

      La commune ménite d’Ichtier la Neuve est établie en Zu.

615 AR   Le Roi Julius et la Reine Marjorie sont parents de jumeaux.

      Des épidémies d’une maladie inconnue commencent à toucher des régions de Cygnar.

      Le Roi Julius nomme un nouveau maître de guerre, qui commence à réformer l’armée cygnaréenne en vue d’amélioration technologiques. En réponse, le Khador augmente la production de ses propres moyens militaires.

616 AR   Ichiter la Neuve se développe de façon exponentionelle à mesure que la foi menite se répand parmi la population de Zu. Début de la construction du Temple Zuais de Menoth.

      Les rumeurs d’activités cryxiennes s’amplifient.

617 AR   Un sentiment d’une paix fragile s’installe au sein de l’Immoren occidental alors que les Royaumes d’Acier continuent de se reconstruire à la suite de la Revendication. Des escarmouches mineures se produisent le long des frontières de Khador, d’Ord et de Cygnar ; pour la plupart, cependant, les Royaumes d’Acier bénéficient d’un répit de guerre comme ils n’en ont pas vu depuis de nombreuses années.

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Skorne / Makeda of House Balaash
« le: 21 août 2021 à 11:31:57 »

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Minions / Barnabas the Conquerer
« le: 13 août 2021 à 21:38:22 »

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La taverne de BG / Demande d'aide
« le: 23 juillet 2021 à 18:19:32 »
Hello,

J'ai besoin d'aide pour la création d'une base de donnée pour mon lexique Iron Kingdom.
J'ai plus de 10'00 entrées sur le fichier excell et il est plus que temps de passer à une solution plus pérenne.

Si d'aventure, parmi vous il y a une personne sachant manier Libreoffice Base, peut-elle me contacter.

Amicalement,
Nicolas

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Crucible Guard / Nouveauté
« le: 30 juin 2021 à 21:41:40 »
Hello,

Je crois pas les avoir vu passer



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Iron Kingdoms - RPG / Requiem - Monsternomicon
« le: 16 mai 2021 à 14:42:24 »
  • Archontes
  • Archonte Dhunien
  • Archonte Menite
  • Archonte Morrowéen
  • Archonte Primordial
  • Archonte Thamarite
  • Archonte du Vide
  • Argus
  • Argus, des Glaces
  • Trog des Marais
  • Trog des Marais Pêcheur au Chalut
  • Trog des Marais Oracle des Brumes
  • Nuées d'Os
  • Mawg-Fouisseur
  • Coléoptère Charognard
  • Coléoptère Cataphractaire
  • Cognifex Cephalyx
  • Asservi Cephalyx
  • Esclavagiste Cephalyx
  • Subjugueur Cephalyx
  • Vielleur Cephalyx
  • Broyeur Cephalyx
  • Croaks
  • Araignée de Cryptes
  • Revenant Entravé par la Mort
  • Deathjack
  • Immortel
  • Dracodile
  • Dragons
  • Drakes
  • Drake des Profondeurs
  • Drake des Brumes
  • Drake des Glaces
  • Drake de Mer
  • Terreur
  • Dregg
  • Dregg Pourvoyeur de Douleur
  • Ribleur des Dunes
  • Loup Crépusculaire
  • Eldritch
  • Enterré
  • Tourmenteur
  • Farrow
  • Chaman Farrow
  • Seigneur de Guerre Farrow
  • Brute Farrow
  • Géant Farrow
  • Feralgeist
  • Homme-Gator
  • Gorax
  • Griffon, des Cicatrices
  • Malfée
  • Batelier
  • Farfadet des Tonneaux
  • Horreur Putride
  • Gremlin
  • Homme Creux
  • Corbeau Meurtrier
  • Piégeur
  • Soeurs du Crépuscule
  • Bois-Sorcière
  • Malfée Cauchemard
  • Épouvanteur
  • Molosse Sanglant
  • Crotale
  • Chair et Gémissements
  • Abattoir
  • Affamé
  • Trask à Rostre Cornu
  • Brise-Coque
  • Infernaux
  • Curateur
  • Désolateur
  • Précurseur
  • Chagrineur
  • Hurleur
  • Lamenteur
  • Crieur
  • Harceleur d'Âme
  • Pilleur de l'Ombre
  • Liche de Fer
  • Vierge de Fer
  • Tas de Ferraille
  • Seigneur du Destin
  • Spectre Mécanique
  • Nécropantin
  • Coeliaque
  • Nécro-Canon
  • Nécro-Brute
  • Chasseur d'Âmes
  • Spectre Chasseur
  • [Bison Raevhen
  • déchiré
  • Saqu
  • Satyre
  • Nuée de Scylla
  • Ribbeur Sépulcral
  • Skigg
  • Éventreur Épineux
  • Steamjacks
  • Ver-Tatzyl
  • Noir
  • Coloré
  • Blanc
  • Vipère
  • Écorcheur du Bois d'Épines
  • Nécroserf
  • Thrullg
  • Chasseur de Totems
  • Troll
  • Commun
  • Sanguinaire
  • Nocturne
  • Pyrotroll
  • Mâchefer
  • des Marais
  • des Neiges
  • Vektiss
  • Lupomorphe, Sauvage
  • Ours(e) Veuf(ve)
  • Sylve
  • Sylve Protectrice
  • Sylve Gardienne
  • Sylve Sentinelle
  • Sylve Fatum
  • Sylve Fantôme

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Iron Kingdoms - RPG / Requiem - Royaumes d'Acier
« le: 11 mai 2021 à 21:38:15 »
Les terres connues sous le nom de Royaumes d’Acier ont été façonnées par des croyances fortes, les actes des dieux en personnes et des siècles de conflits. Elles abritent des peuples fiers dont l’identité et la culture sont inextricablement liés à la terre sur laquelle ils bâtissent leurs foyers et leurs villes, bien qu’ils aient survécu à la maladie, la famine, la guerre et les horreurs de la Revendication, les citoyens de ces royaumes – et les habitants des terres sauvages qui les entourent – savent que leurs principaux défis sont peut-être encore à venir.

COSMOLOGIE

De nombreux mythes et légendes racontés et repris autour des foyers et des feux de camp à travers l’Immoren occidental décrivent les origines du monde, la venue des dieux et la conception des animaux et des peuples qui peuples les villes et les terres sauvages du continent. L’une d’entre elles est la plus répandue, du moins parmi les royaumes à prédominance humaine. À l’origine, selon cette histoire, deux divinités ont émergé du chaos. L’un était un parangon masqué qui recherchait l’ordre en toutes choses. Il a créé le monde de Caen à partir du vide et a fait naître les cieux, ordonnant leur progression ordonnée à travers les cieux de ce monde nouveau. C’était Menoth, Le Créateur et Législateur, et là où il se déplaçait sur ce monde primitif, l’humanité émergeait de son ombre.

   Mais il ne fut pas seul. De l’obscurité des cieux nocturnes est venu le Ver Dévoreur. Si Menoth était l’apothéose de l’ordre, alors la Bête aux Mille Formes était le chaos incarné – une monstruosité en constante évolution dont l’unique but était de tuer, de ravager et de consommer tout ce qui lui tombait sous la dent. Tous deux étaient des ennemis naturels, et leurs brutaux affrontements ont façonné la surface du monde naissant, brisant la terre en continents et en îles, creusant de larges sillons dans la terre et élevant les montagnes vers les cieux.

   Un si jeune monde ne pouvait pas survivre si longtemps à une si titanesque lutte, et bientôt les deux dieux se retirèrent à Urcaen, un reflet spirituel du monde physique façonné disent certains, des cauchemars du Ver Dévoreur en personne. Là, les deux puissances pouvaient se battre pour l’éternité, et le font jusqu’à ce jour.

   Les trollkin, les ogrun et les gobbers de Caen raconte une histoire de la naissance du monde et de ses peuples différente. Selon eux, Dhunia est la mère de tous, une déesse dont le monde est la personnification de son corps, et elle est responsable de toute la vie qui abonde sur Caen, du plus humble brin d’herbe aux peuples soi-disant « supérieurs » qui constituent des empires et de puissantes armes de guerre. Dans leur récit, la Déesse et le Ver Dévoreur ont tous deux été formés à partir du fondement primordial, et les divers animaux et peuples du monde ont surgi à la suite du violent ravage du corps de Dhunia par le Ver. En tant que progénitures de cette union, les personnes d’ascendance dhunienne – qui autrefois étaient appelés les tribus molgur – font souvent écho aux aspects de leurs deux parents : non seulement la sagesse et la quiétude nourricière de Dhunia, mais aussi à la violente férocité du Ver.

   Dans ce récit, Menoth a été choisi parmi les plus puissants des enfants de Dhunia. La déesse cherchait un champion qui pourrait la défendre contre les prédations du Ver, et elle a donc choisi son plus puissant chasseur. Les humains sont nés du sillage mortel de Menoth. Certains l’ont rejoint dans sa chasse, tandis que d’autres ont voué un culte à sa proie.

   Les autres peuples de Caen ont des récits différents sur la Création du monde, des récits intégrant leurs propres divinités. Le peuple d’Ios, par exemple, était autrefois extraordinairement proche de ses dieux, qu’il appelait la Cour Divine et qui, selon ses adorateurs provenaient d’un royaume appelé le Veld en Urcaen. Mais la Cour Divine fut frappée par le malheur. Des forces affamées provenant de l’extérieur, de ce que les mortels considèrent comme la réalité, attendaient une occasion de percer de ce monde et de se régaler des âmes s’y trouvant, et ces êtres étranges, connus sous le nom d’infernaux, ont jeté leur dévolu sur les dieux iosiens.

   Afin de s’échapper, les membres de la Cour Divine sont venus vivre parmi leurs créations en Caen en traversant le Pont des Mondes – et ont fini par faire s’effondrer le passage derrière eux. Bien que la cause de la calamité soit inconnue, l’effondrement du Pont des Mondes a entraîné un terrible désastre que les iosiens appellent le Cataclysme, un événement qui à mis à bas leur empire autrefois grandiose et a créé une plaie béante sur la face du monde, donnant naissance aux violentes étendues désertiques connues sous le nom de Terres des Tempêtes, qui sont encore ravagées par les vents et la foudre plusieurs siècles après.

   La Cour Divine a vécu aux côtés des elfes pendant un certain temps, fondant finalement la nation d’Ios, entourée d’arbres. Cependant, les dieux, coupés de leur foyer en Urcaen, commencèrent à dépérir et, en 804 PR, ils quittèrent leur peuple. Presque exactement sept cents ans plus tard, un terrible événement se produisit en Ios. Les prêtres de l’absente Cour Divine sont devenus fous du jour au lendemain. Certains se sont suicidés ; d’autres se sont arrachés les yeux ou ont commis des actes d’une indescriptible sauvagerie contre leurs ouailles. Ce moment est connu sous le nom de la Déchirure, et on estime qu’il a été causé par une calamité s’étant abattue sur la Cour Divine, car seuls deux d’entre ont survécu : Scyrah et Nyssor, dont aucun ne furent en mesure de parler de ce qui s’était passé. Tout cela est mal compris par les personnes vivant au-delà des frontières d’Ios, car les iosiens ont toujours un peuple secret et isolationniste ne s’étant jamais senti à l’aise pour partager ses triomphes ou ses tragédies avec des étrangers.

   Les nains de Rhul racontent un autre récit. Ils croient qu’ils descendent des Pères Originels – les premiers nains, ayant été façonnés à partir de pierre vivante par le dieu-montagne Ghor. Bien qu’ils aient été destinés à être les esclaves de la montagne, ces treize intelligents et habiles nains ont finalement trompé et détruit leur créateur. Puis, depuis le sol fertile de Fleuve Ayers, ils ont façonné les Femmes d’Argiles, les premières matriarches des nains. Tous les rhulfolk d’aujourd’hui remontent leur lignée jusqu’à ces premiers ancêtres, du moins c’est ce que raconte le récit.

   Alors que les disciples humains de Menoth mettaient de l’ordre dans le monde, construisant des murs et des nations au cours de ce que l’on appelle maintenant l’Ère des Mille Cités, d’autres dieux sont finalement apparus parmi eux. Les premiers d’entre eux furent les jumeaux, Morrow et Thamar. Frère et sœur nés de parents humains, les Jumeaux se sont révélés être des penseurs radicaux dont les enseignements bouleverseraient des siècles de tradition – et sauveraient l’humanité ou la condamneraient.

Les Défiants

Morrow et Thamar ont été les premiers humains à accéder à la divinité, mais ils ne furent pas les premiers à défier la volonté de Menoth. L’histoire a oublié une poignée de mortels dont l’autodétermination était si forte qu’ils pouvaient faire plier le monde à leur volonté. Ils furent les premiers à remarquer l’étincelle du divin au sein de l’humanité, et ils ont perçu les édits du Législateur comme de l’esclavage à la fois au cours de cette vie et dans la suivante. Les noms de ces individus ont été perdus avec le temps, et ceux qui en parlent les appellent simplement les Défiants. Pour leur refus de se soumettre, ils ont été punis d’une manière terrible, jetés vivants dans l’enfer au sein d’Urcaen auquel le Créateur pensait qu’ils ne s’échapperaiento jamais.


   Bien que Morrow et Thamar aient beaucoup en commun, ils étaient aussi différents que le jour et la nuit. Morrow considérait le but la vie était la bienveillance, la pitié, l’abnégation plutôt que l’obéissance aveugle aux lois de Menoth. En ce sens, il épousait l’indépendance tout comme sa sœur, même si la sienne était plus révolutionnaire et mettait l’accent sur l’autonomisation personnelle en acquérant des connaissances dans la poursuite d’un éveil individuel.

   Les voies différentes des Jumeaux les conduisirent finalement au conflit, et Thamar finit par tuer Morrow dans une démonstration de puissance mystique sur les murs de Caspia avant que les disciples de Morrow ne la dépècent. À leur mort, les frère et sœur accédèrent à la divinité, et leurs écrits et enseignements ont été rassemblés dans l’Enkheiridion, le texte sacré de la foi de Morrow et un document clé pour les thamarites.

   En prouvant que les humains avaient le pouvoir d’accéder à la divinité, les Jumeaux ont offert à d’innombrables âmes une alternative au culte de Menoth. Cela a provoqué un schisme mortel, et des milliers de personnes furent immolées par les scrutateurs menites. Cependant, ce n’était pas la fin de leur histoire.

Suivant les exemples donnés par leurs divinités, au cours des siècles, certains disciples particulièrement pieux ou remarquables de Morrow, ainsi que ceux de Thamar, ont rejoint les Jumeaux en tant qu’ascendants, comme on appelle ces morrowéens, ou en tant que légataires, comme on appelle ceux ayant la divinisation sur la voie de Thamar. Certains de ces êtres saints étaient autrefois des prêtres ou des membres du clergé, mais beaucoup étaient simplement des individus incarnant le mieux certains aspects des enseignements des Jumeaux.

   Bien que l’essor des Jumeaux ait eu des répercussions politiques, sociales et théologiques importantes pour le peuple de Caen, le plus grand impact de leur ascendance était probablement à venir. En 600 PR, les premiers massifs vaisseaux noirs des orgoth – des envahisseurs venus de terres inconnues à l’ouest – débarquèrent sur les côtes de L’immoren occidental. En quelques centaines d’années, les orgoth avaient conquis la plupart des royaumes du continent.

   Les orgoth utilisaient une horrible magie qui rendait impossible toute résistance de la part des humains des Milles Cités. Les envahisseurs ont tué un nombre incalculable de personnes et en ont asservi des milliers d’autres, jusqu’à ce que la quasi-totalité de l’Immoren occidental soit soumise à leur sombre domination. Tout espoir semblait perdu jusqu’à ce que Thamar offre à l’humanité le Don. Parfois appelé le Don de la Magie, il a marqué le début de l’essor de la sorcellerie chez les humains – une capacité magique innée qui fut souvent accueillie avec crainte et superstition, mais qui permit finalement aux humains de s’unir et de trouver les moyens de se débarrasser des oppresseurs orgoth.

   Mais le Don ne vint pas sans prix. Pour apporter à l’humanité une arme aussi puissante, Thamar a été contrainte de conclure un marché effroyable. Après avoir contacté son frère au sujet de ses projets, Morrow a regardé vers l’avenir et ne vit qu’une seule solution qui pourrait épargner aux disciples de Jumeaux le joug des orgoth, et il offrit à sa sombre sœur l’autorisation de la mettre en œuvre. Afin de sauver l’humanité, Thamar a négocié un accord avec des choses surnaturelles attendant dans les abysses extérieurs, griffant aux confins de la réalité. Il s’agissait d’être à la faim insatiable, dotés d’un pouvoir proche de celui des dieux, et parmi eux se trouvaient ceux qui étaient prêts à aider – à un certain prix.

   Les immondes dieux des orgoth étaient, en fait, ces mêmes créatures infernales, mais elles n’étaient pas toutes unies. Les infernaux étaient organisés en groupes – appelés ordres – se faisant la guerre les uns contre les autres, et Thamar porta sa cause devant les infernaux de l’Ordre Nonokrion, ennemis des parrains des orgoth. Elle parvint à arracher le Don de la Magie à ces êtres terrifiants, mais le prix qu’ils exigeaient était vraiment effroyable. Des siècles plus tard, ils viendraient réclamer leur dû, un événement que le monde connaît maintenant sous le nom de Revendication.

   Ce sont les divinités les plus couramment vénérées dans les villes et villages de l’Immoren occidental, mais ce ne sont pas les seules. Au sein de l’Empire du Cauchemar de Cryx, le Père des Dragons Toruk est vénéré comme un dieu, et certains de ses descendants draconiques éparpillés sont également vénérés. Dans les marais et les marécages du monde, les hommes-gators et les trogs des marais vénèrent un dieu prédateur appelé Kossk, que certains considèrent comme une manifestation du Ver Dévoreur. Plus récemment, un astronome de l’antique Ordre Fraternel des Magiciens a découvert un corps céleste jusqu’alors inconnu dans les cieux. Il a découvert Cyriss, la déesse Mécanique, la Patronne des Mécanismes, qui est vénéré comme la divinité de l’astronomie, des mathématiques, et de l’ingénierie. Le culte de Cyriss était à l’origine une organisation clandestine dont les membres pratiquaient leur culte en secret et remplaçaient parfois leur propre chair par des mécanismes, mais dans les années qui suivirent la Revendication, le culte de la Patronne des Mécanismes s’est développé parmi les peuples des Royaumes d’Acier.

PR et AR

À travers les terres maintenues connues sous le nom de Royaumes d’Acier, l’histoire est divisée en deux époques distinctes définies par la lutte contre les orgoth. Ces années avant le début de la rébellion contre les orgoth comptent à rebours et sont répertoriées comme PR (Précédent la Rébellion, tandis que celles qui ont suivi comptent en avant et sont répertoriée comme AR (Après la Rébellion). Certains ont suggéré qu’une nouvelle ère commence avec la Revendication, mais jusqu’à présent, aucune nation n’a adopté un tel système pour son calendrier.

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Iron Kingdoms - RPG / Requiem - Races
« le: 25 avril 2021 à 21:17:12 »
RACES

Les humains sont de loin les plus répandus de tous les peuples sédentaires d’Immoren occidental, mais ils ne sont en aucun cas les seuls. D’Uldenfrost dans l’extrême nord de Khador à l’île étouffante de Morteseaux dans les Îles Schardes, une série d’autres races ont élu domicile sur le continent. D’astucieux gobbers construisent des communautés dans et parmi les villes humaines, d’imposants ogrun hurlent les ordres dans les usines et sur les quais, et les mercenaires et les commerçants nains rhuliques avisés marchandes le prix des biens ou des services dans les rues, tandis que des équipes de trollkin urbains vêtus de tartan et de cotte de mailles patrouillent dans leurs communautés. Dans certaines villes, les anciens habitants des Pics des Éclats vivent aux côtés des énigmatiques nyss et de leurs cousins du mystérieux Ios. Presque toutes les colonies permanentes des Royaumes d’Acier abritent divers peuples, langues et coutumes.

   Au-delà des villes, les étendues sauvages de l’Immoren occidental abritent un nombre encore plus grand de races diverses. Certains – comme le sauvage Tharn et leurs insondables maîtres druidiques, les capes noires – sont dangereux, tandis que d’autres saisissent simplement toutes les occasions qu’ils peuvent juste pour se débrouiller dans un monde périlleux.

   Cette section présente les races prédominantes des Royaumes d’Acier.

GOBBER


Malgré les nombreux défis auxquels les Royaumes d’Acier ont été confrontés ces dernières années, les gobbers ont maintes fois montré qu’ils étaient une race capable et résiliente. Certains pourraient pointer leur petite taille comme un signe de fragilité, mais en réponse, je souligne leur astuce, leur ingéniosité et leur force de caractère. Lorsque les royaumes humains ont vacillé au bord l’anéantissement, les gobbers étaient à en grand nombre, faisant de leur mieux pour recoller les morceaux.

En effet, en observant l’histoire des gobbers, on constate qu’ils se sont intégrés avec succès dans tous les grands royaumes. Bien que les gobbers aient parfois besoins de vivre dans la misère et de se déplacer dans les ombres pour éviter les persécutions, même les villes les plus restrictives ont conservé une enclave de leur espèce, travaillant dur dans leurs ateliers et faisant de leur mieux pour s’en sortir. On ne saurait trop insister sur la capacité des gobbers à s’adapter – et même à prospérer - à des cultures qui pourraient leur être hostile.

- Professeur Viktor Pendrake

Les gobbers sont un peuple aimable et curieux, enclin à la violence en dernier recours, ce qui les différencie de leurs cousins plus sauvages connus sous le nom de bogrim. Ils ont réussi à s’intégrer dans la société humaine dans les zones rurales et urbaines. Les gobbbers trouvent du travail en tant que avisés commerçants, ouvriers qualifiés et novateurs rétameurs avec une affinité naturelle pour l’alchimie et l’ingénierie.

PETITS MAIS PUISSANTS

Sveltes et nerveux, les gobbers sont des personnes de petites taille. Leur peau glabre est généralement d’un vert-gris tacheté. Cette coloration peut radicalement changer, souvent en fonction de l’humeur du gobber, et certains gobbers peuvent même contrôler cette teinte dans une certaine mesure. Ils possèdent également de larges yeux, de grandes oreilles pointues, des pieds trop grands, des mains agiles et une mâchoire proéminente avec une large bouche pleine de dents.

   Bien qu’ils fassent la moitié de la taille des humains, les gobbers ont trouvé une niche parmi les civilisations des Royaumes d’Acier et les vastes étendues sauvages de l’Immoren occidental. Bien que certains soient confrontés aux préjugés d’humains intolérants, ils ont réussi à s’intégrer dans presque toutes sociétés humaines. Parmi les peuples plus sauvages, les gobbers trouvent souvent une place en tant que commerçants de biens fabriqués dans les villes ou vendent leurs compétences en tant que rétameurs ou rafistoleurs.

CRÉATURES COMMUNAUTAIRES

Les gobbers sont l’une des trois races principales vénérant la déesse-mère Dhunia, bien qua la religion ne soit pas un aspect majeur de leur vie. En effet, ils semblent irrévérencieux et manquant de solennité aux membres de certaines cultures, mais il s’agit que d’une extension de leur curiosité et de leur mépris général pour les barrières sociales. La société gobber a peu de réglementation ou de hiérarchie, et tous les gobbers sont censés parler franchement et contribuer au bien-être général de leur famille et de leurs amis les plus proches.

   Les gobbers travaillant et vivant ensemble entretiennent une relation communautaire dans laquelle la propriété d’objets tels que les outils et les armes n’a plus de sens, un comportement qu’ils peuvent également adopter avec leurs amis et collègues d’autres races. Bien qu’ils ne considèrent pas le fait de prendre les biens d’autrui dans de telles circonstances comme un vol, ceux qui vivent dans la société humaine comprennent les normes humaines et ne sont pas autorisés à plaider l’ignorance comme un moyen d’échapper à la punition pour de tels crimes.

   De petite taille et naturellement doués pour se dérober au regard, les gobbers font des voleurs exceptionnels, mais leur succès dans ce domaine a conduit à de malheureux stéréotypes. La plupart des gobbers préfèrent créer des objets de valeur durable par l’habilité de leurs mains et des esprits tout aussi agiles que de survivre en pillant.

   Cela dit, ils sont souvent exploités dans des emplois mal payés, beaucoup vivent dans la pauvreté et se tournent parfois vers les professions criminelles comme alternative. D’autres vivent en tant que ferrailleurs semi-nomades, un commerce respectable parmi les gobbers, et voyagent de ville en ville pour récupérer des articles cassés et mis au rebut afin de les réparer et de les revendre.

NOMS DE GOBBER

Le nom d’un gobber est souvent un long nom unique combinant un nom personnel, les noms du père et de la mère et un surnom ou un épithète. Ces épithètes ont souvent un double sens, avec des éléments positifs et négatifs. Les composants d’un nom gobber sont généralement courts et rarement plus long qu’une seule syllable. Lorsqu’ils s’adressent à des gobbers, les membres d’autres cultures utilisent souvent des souvent des surnoms ou des noms plus adaptés aux traditions de dénomination du royaume.

Noms masculins : Ad, Ant, Az, Bert, Boll, Bork, Dag, Dar, Gek, Gork, Gul, Gun, Hek, Hok, Kanh, Kug, Lan, Lok, Mo, Mog, Nat, Nun, Oz, Pok, Rak, Tak, Tot, Tun, Tur, Un, Vog, Vorg, Zag

Noms féminins : Agghi, Ala, Anh, Ano, Ara, Bel, Dar, Enda, Gan, Gara, Geka, Gren, Kat, Lom, Mari, Meg, Nan, Rala, Ren, Sele, Tere, Ula, Vel, Walu, Wikka

Surnoms gobbers : -ak (intouchable, bruyant ou ennuyeux), -aken (robuste, têtu), -alok (sage, intelligent, modeste), -aneg (féroce, irrationnel), -anen (discret, nerveux ou peu sûr de soi), -bin (obsessionnel, destructeur), -dara (sain, longévité, conservateur, -ekka (radieux, maniaque), -gamun (calme et renfermé, maniaque), -kam (adroit, lâche), -obal (farceur, insensible), -omog (ami des animaux, bon cuisinier), -rel (observateur, passif), -ular (innovateur, tricheur), -uman (fidèle et déterminé, fanatique)

Par exemple, un gobber mâle nommé Az né de parents nommés Mog et Rala pourrait s’appeler Azralamogamun mais se faire appeler « Az » par ses compagnons non-gobbers.

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Iron Kingdoms - RPG / Requiem - Classes et sous classes
« le: 13 avril 2021 à 18:41:20 »
ALCHIMISTE

   Dans un laboratoire faiblement éclairé, un gobber verse la bile noire d’un troll sanguinaire dans une fiole en ébullition. Après quelques instants, la concoction commencer à bouillonner et à s’agiter alors que les tissus musculaires du troll se régénèrent dans la fiole à une vitesse hallucinante.

   Un sergent de la Garde du Creuset tourne une valve de son fusil, libérant un liquide sous pression qui recouvre la balle chargée dans son arme. Quand il tire, le corrosif foudroyant qui recouvre la balle transperce l’armure de sa cible et commence à ronger la chair en dessous.

   Une alchimiste malhonnête s’approche silencieusement d’un laboratoire du Creuset d’Or. Elle récupère une étrange pâte dans une pochette à sa ceinture et l’étale sur une fenêtre sécurisée. En quelques instants, le verre s’évapore en une légère brume, et elle se glisse à l’intérieur et commence à fouiller dans les notes et les formules éparpillées sur le plateau d’un bureau voisin.

   Peu importe comment ils choisissent d’exercer leurs compétences, les alchimistes ont une compréhension profonde du dangereux et tout-puissant art de l’alchimie. En mélangeant, en infusant et en raffinant habilement les ingrédients, ils peuvent produire une vaste gamme de concoctions différentes. Bien que les alchimistes ne soient pas connus pour leurs habilités au combat, leur compétence dans l’art de l’alchimie peut les rendre aussi dangereux que le soldat le plus entraîné.

SCIENCE SUFFISAMMENT AVANCÉE

Les alchimistes sont formés à l’art de raffiner et de combiner des ingrédients rares et exotiques pour créer de nombreux objets alchimiques, notamment de la poudre explosive, des pommades de guérison et de puissantes grenades alchimiques. Certains ont appris les secrets du métier dans le cadre d’un apprentissage au sein d’une organisation telle que l’Ordre du Creuset d’Or ; de nombreux autres ont été formés par l’un des nombreux alchimistes indépendants qui parcourent les Royaumes d’Acier.

RECHERCHE SUR LE TERRAIN

La vie d’un alchimiste aventurier est dangereuse. Certains alchimistes ont accès aux ressources d’une organisation établie, mais même eux doivent parfois recueillir personnellement des substances rares pour les employer dans de complexes créations alchimiques. Cela implique souvent de s’aventurer dans les terres sauvages à la recherche de réactifs naturels rares, dont nombres sont extrêmement difficiles à trouver ou doivent être récoltés auprès d’insaisissables et dangereuses créatures.

CONDITIONS DE TRAVAIL DANGEREUSES

Travailler avec des substances dangereuses et les employer sur le terrain nécessite un mélange extraordinaire de courage, de robustesse et d’agilité. Les alchimistes doivent faire preuve de perspicacité lorsqu’ils plongent dans les mystères les plus ardus des arcanes à la recherche des nouvelles façons d’extraire le pouvoir des liquides purifiés, des poudres et des catalyseurs. De nombreux potentiels alchimistes ont vu leur carrière interrompue par des brûlures défigurantes, des membres perdus, la cécité, la surdité ou une explosion fatale.

ARCHÉTYPE D’ALCHIMISTE

ALCHIMISTE DE COMBAT

Les alchimistes de combat combinent leurs talents alchimiques avec un entraînement au combat traditionnel, généralement en appui d’unités militaires plus conventionnelles. Transportant une variété de grenades alchimiques spécialisées, ils sont efficaces pour attaquer de nombreuses différentes cibles. Les équipes d’alchimistes de combat sont formés à l’orientation et la guerre d’escarmouche et sont souvent déployés avant une armée plus importante afin de neutraliser les menaces clés.

   De nombreux alchimistes sont issus de l’aile militaire de l’Ordre du Creuset d’Or, la Garde du Creuset. D’autres développent leurs talents au sein de compagnies de mercenaires ou en tant que mercenaires.
SYNTHÉTISTE

Les synthétistes cherchent à approfondir leur compréhension de l’alchimie. Ils ne se contentent pas de mélanger de simples et éprouvées recettes, ils cherchent à approfondir leur maîtrise de l’art en découvrant de nouvelles formules alchimiques et en affinant les formules existantes afin de prendre leur place parmi les plus grands maîtres de l’art.

ALCHIMISTE MALHONNÊTE
Les alchimistes malhonnêtes sont des délinquants qui emploient l’alchimie pour commettre leurs crimes – bien que pour certains, le premier crime ait été de pratiquer l’alchimie sans l’approbation d’un groupe tel que l’Ordre du Creuset d’Or. Fréquemment croisés dans les bas-fonds criminels des villes de l’Immoren occidental, les alchimistes malhonnêtes sont d’habiles empoisonneurs habitués à se débrouiller sans énormément de ressources. Privés du soutien d’une puissante guilde d’alchimistes, ces individus pleins de ressources ont dû voler une grande partie de ce qu’ils ont, y compris des formules copiées à partir des notes d’un autre alchimiste.

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Background – Histoire des Royaumes d’Acier / Suite
« le: 28 février 2021 à 23:19:59 »
Je continue de traduire, mais j'ai levé le pied et viennent de s'ajouter trois points de sutures au majeur droit pour ne pas avoir tenu mon couteau correctement  >:(

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ÉMERSSION D’ETHRUNBAL

par Aeryn Rudel & David « DC » Carl

LA CORRUPTION AU REVERS

Issyrah en Ios occidental, 4356 (390 AR)

Scyr Koryn Dyshyr retira son épée du corps de la créature, grimaçant de dégoût devant qui puanteur qui s’échappait de la chose. L’épée, Velsyr, était tachée d’un étrange mélange de sang rouge foncé et d’ichor noir. Koryn espérait que cela ne nuirait pas à la lame ancestrale de sa famille.

« Capitaine, rapport », dit Koryn en se tournant vers son commandant en second accroupi sur un corps au milieu du boulevard.

Le Capitaine Lothwyn Breir secoua la tête, mit son fusil lourd à canon long en bandoulière et se leva. « Mort. C’est la même chose pour les quatre autres. » Derrière elle, d’autres membres de la garnison de la Défense du Territoire d’Issyrah déplaçaient des cadavres de la rue vers le vert veld à côté. Le boulevard et la grande place au-delà étaient vides, à l’exception de soldat armurés. Ils avaient rapidement évacué toutes les personnes de la zone avant de s’attaquer à la bête, mais celle-ci avait tué au moins cinq, probablement plus si l’on en juge par la panique générale qui avait gagné la zone.

Koryn chassa le sang de Velsyr et fixa le monstre qui les avait amenés ici. Sa forme générale était celle d’un iosien, mais son corps était couvert d’écailles gris-noir et une éruption d’épines acérées comme des rasoirs sortait de ses épaules, de son visage et de ses membres. Des ailes rabougries dépassaient de son dos et ses mains surdimensionnées comportaient d’immenses griffes. Le visage de la créature évoquait un rêve de fou : une énorme mâchoire distendue débordant de crocs très fin, des fentes pour les narines, une paire de cornes recourbées et de larges yeux déformés. Il l’avait combattue lui-même, et malgré son armure et son habilité avec une lame, il avait eu beaucoup de mal à abattre la bête.

« Qu’y a-t-il, Scyir ? » Le Capitaine Breir s’était approché de lui et avait poussé le cadavre de la créature avec une botte armurée. Sa famille, une maison mineure, avait servi la sienne depuis des nombreuses générations et elle était une soldate capable.

Koryn secoua la tête. « Je pense que c’était un iosien. Autrefois », dit-il. « Maintenant, je ne peux pas le confirmer, bien que j’aie un terrible soupçon. »

« Vous avez déjà vu quelque chose comme ça ? » Demanda le Capitaine Breir. Ses traits grossiers étaient plissés d’inquiétude. La garnison n’avait pas été appelée à défendre la population d’Issyrah depuis un certain temps et, bien qu’elle ait été bien entraînée, rien n’aurait pu à la préparer à cela.

« Pas vu », répondit Koryn, « mais j’ai entendu des histoires de créatures comme celle-ci, des histoires racontées par des visiteurs de Rhul. «  Ses mains avaient commencé à trembler et il agrippa la poignée de Velsyr pour le cacher. Il leva les yeux et vit le Fane abandonné d’Ayisla s’élever au-dessus de la ville. Depuis la Déchirure, l’ancienne demeure de la déesse de la nuit était devenue un lieu fui.

Il y avait une traînée de sang et d’ichor qui s’éloignait du cadavre et descendait le boulevard, en direction du fane. De longue tradition, Issyrah était une ville essentiellement nocturne, comme il convenait à la déesse autour de laquelle elle avait été construite, et des lanternes ornées étaient suspendues à de hauts poteaux ou à l’avant-toit des bâtiments. Même dans la nuit hivernale la plus sombre, Issyrah était une ville de lumière … sauf autour du Fane d’Ayisla. Là, l’obscurité régnait.

« Je ne comprends pas, Scyir », dit le Capitaine Breir. « Qu’est-ce qui, en Rhul, peut produire une telle créature ? »

Koryn détourna son regard du Fane d’Ayisla. L’ivresse du combat l’avait quitté, et maintenant ile ne restait plus qu’une peur froide. Il se tourna vers le Capitaine Brier, cherchant les mots pour répondre à sa question, et offrir une voix à la terreur prenant corps en lui. En fin de compte, il n’en prononça qu’une.

« Dragons. »

* * *

« Scyir Koryn de la Maison Dyshyr, vous devez être félicité pour votre rapide et efficace réponse à la tragédie », déclara le Narcissar Lyssya Syvas, faisant un signe de tête à Koryn depuis son pupitre. D’autres membres des maisons dirigeantes s’Issyrah se tenaient à des lutrins similaires autour de la grande salle, chacun sur une estrade de pierre blanche, bien qu’aucune ne soit aussi haute que celle du narcissar de la Maison Syvas.

« Merci, Narcissar », répondit Koryn. « J’ai simplement fait mon devoir. »

« Cependant », une jeune iosien aux cheveux courts et à l’allure martiale prit la parole. C’était l’Arsyr Vyar Rhyslyrr, qui était arrivé plus tôt dans la journée de la Porte des Brumes avec une impressionnante force de soldats et de myrmidons. L’arsyr était un influant descendant de sa maison, l’une des cinq grandes maisons militaires d’Ios. « Une créature difforme n’est pas une raison pour évacuer la ville. » Il s’arrêta et sourit à Koryn ; il n’y avait pas de chaleur dans son sourire. « Surtout maintenant que la Maison Rhyslyrr est là. »

La grande salle où les dirigeants d’Issyrah tenaient la séance était une immense salle circulaire, son plafond ouvert sur le ciel nocturne. Des lanternes bleue et jaunes illuminaient l’espace d’une lumière austère et peu accueillante. Le sol de pierre blanche de la grande salle se paraît du symbole de la déesse Ayisla, et Korin se tenait en son centre, se sentant petit et insignifiant sous le regard des représentants des maisons dirigeantes. Pourtant, il ne serait pas détourné de son objectif.

« Je pense que c’est une erreur, Arsyr », déclara Korn, en espérant que le tremblement dans sa voix ne paraissait pas aussi évident à ses propres oreilles. « La présence de cette créature difforme ne peut signifier qu’une seule chose – un dragon. »

« Personne ne le nie », dit l’Arsyr Rhyslyrr. « J’ai vu la créature que vous avez tuée. Le fait qu’il s’agisse d’un dragon est incontestable. Je ne crois pas, cependant, qu’un dragon soit à proximité ou, comme vous l’avez suggéré, dans la ville. C’est clairement une impossibilité. »

« Comment expliquez-vous sa présence dans le centre d’Issyrah ? » Demanda Koryn, la colère face  au rejet de l’Arsyr lui donnant de la confiance. « La créature était clairement un iosien corrompu par la corruption d’un dragon. »

« Les conclusions auxquelles vous sautez ne sont claires que pour vous Scyir », dit le Narcissar Unas Thryn. Sa maison était réputée pour ses arcanistes, et il était le premier parmi eux. Le lutrin du Narcissar Thryn était le second le plus élevé après celui du Seigneur Syvas « Nous n’avons aucune preuve d’un dragon. La corruption d’un dragon, oui, et une grave menace en soin mais cette créature n’a pas été engendrée en Ios. Elle est venue d’ailleurs. Des montagnes du sud de Rhul, très probablement. »

« Effectivement », dit l’Arsyr Rhyslyrr. « Il doit descendre des montagnes du nord et a échappé à l’attention. Un manque de sécurité regrettable et qui sera corrigé. S’il y en a d’autres, la Porte des Brumes réagirait rapidement et avec plus d’hommes qu’il n’en faudrait probablement. Une précaution sensée et plus que suffisante. »

Le Narcissar Syvas leva ses fines mains, paumes vers l’extérieur dans un geste de conciliation. « Pour ma part, j’apprécie et je suis reconnaissant de la réponde rapide de ces défenseurs d’Ios à une menace qui nous pourrions bien surestimer. »

« Je comprends que vous croyez que la créature venait du Fane d’Ayisla », déclara l’Arsyr Rhyslyrr. Son sourire était presque imperceptible mais Koryn le remarqua malgré tout. « Une théorie improbable. »

« Pas une théorie, mais un fait avéré », répondit Kory, « J’ai interrogé des citoyens qui ont vu la créature sortir du fane. Je crois qu’il y a d’autres de ces créatures, ainsi que – comme je l’ai présenté à ce conseil – quelque chose de bien pire. » Il a pris une profonde respiration, sachant que ses prochaines paroles tomberaient dans l’oreille d’un sourd. « Comment une telle créature a réussi à se cacher sous la ville m’est inconnu et sans importance. Nous connaissons les récits historiques rhuliques de la dévastation infligée par l’une de ces créatures à leurs cités du nord. Nous devons évacuer Issyrah, faire venir plus d’hommes, plus de myrmidons _ »

L’arsyr interrompit Koryn. « Vous ne pensez pas que dix compagnies entières et six Manticores suffisent pour protéger Issyrah ? » Il secoua la tête. « Je ne devrais pas vous blâmer. Votre garnison n’a pas vu de vraie bataille depuis un certain temps. Peut-être que cela vous a rendu trop prudent. »

Koryn grinça des dents face à l’insulte, sachant que la Maison Rhyslyrr n’avait plus vu de combat que ses propres soldats, malgré tous leurs exercices tant vantés. Il tint sa langue. «  Très bien », dit-il en tournant ses paroles vers le narcissar. « Aurais-je encore la permission d’emmener une petite force au Fane et d’enquêter davantage ? »

« Par tous les moyens, Scyir », répondit le Narcissar Syvas. « Tu connais ton devoir. L’aesyr assurera la sécurité des rues d’Issyrah pendant que vous mènerez vos recherches. Prenez les hommes et les armes que vous jugez nécessaires et partez immédiatement. »

« Oui, menez vos recherches », dit impérieusement l’arsyr. « Vous trouverez peut-être d’autres de ces créatures corrompues, mais vous ne trouverez pas de dragons. Les sibylles auraient détecté un si grand mal parmi nous.

Koryn hocha la tête, et tourna les talons et commença à s’éloigner du demi-cercle des dirigeants des maisons. Il entendit des voix calmes et inquiètes derrière lui. Ils ne croyaient pas vraiment qu’il y avait un danger. Ils pensaient que la présence de l’arsyr et de ses soldats les plaçait à l’abri. Koryn espérait désespérément qu’ils avaient raison.

Koryn avait toujours vécu à Issyrah et jamais il n’avait été proche du Fane d’Ayisla pour vraiment voir sa beauté. C’était une unique tout de pierre blanche, effilée à mesure qu’elle s’élevait dans le ciel nocturne. Des symboles tourbillonnants représentant les lunes et les étoiles étaient gravés dans la pierre, le bleu indigo contre l’albâtre austère. Une fois, avant la Déchiture, le fane brillait d’une douce lumière bleuse, une balise dans le noir. Maintenant, les ténèbres l’avaient récupéré, et il ressentait vivement l’absence de la déesse, une vide mélancolique qui déchirait son âme.

« Capitaine Breir, prenez deux escouades et le Griffon et patrouillez le périmètre du fane », dit Koryn, se tournant pour s’adresser à son capitaine où elle se tenait à côté de deux imposants myrmidons : un Griffon et une Gorgone. Les machines de guerre se dressaient telle des statues d’ivoire, le bleu faible de leurs coeurs arcaniques rappelant subtilement leur puissance. Un iosien légèrement armuré dans un long manteau de cuir se déplaçait autour des deux myrmidons, un multi-outil arcanomékanique lourd dans sa main droite. C’était l’arcaniste Gyrish Vrir, qui avait servi dans la garnison de Koryn pendant de nombreuses années, gardant ses myrmidons en parfait état.

Derrière les myrmidons se tenaient quatre escouades de Garde de la Maisonnée du corps de sa garnison. Il commandait une force mixte de hallebardiers et de fusiliers. C’était la plus grande force qu’il n’avait jamais commandée personnellement sur le terrain, mais il se sentait toujours vulnérable, à poil.

« Oui, Scyir », répondit le capitaine Breir, qui commença à aboyer des ordres à la Garde la Maisonnée derrière elle. Bientôt, elle se mit en route vers la façade est du fane, avec cinq hallebardiers, cinq fusiliers, et le Griffon en remorque.

La zone autour du fane était assez sombre, mais ils avaient apporté leur propre lumière avec eux. Un homme sur dix portait une torche arcanomékanique qui diffusait une lumière d’un blanc éclatant, cela suffisait à éclairer tout la place où se trouvait le fane. Comparée au reste de la ville, le Fane d’Ayisla avait l’air ancien. C’est en grande partie parce qu’il était évité et tombait en ruine. La maçonnerie fissurée, les plantes grimpantes et les mauvaises herbes envahissantes, et l’obscurité omniprésente indiquait très clairement que la présence ayant habité autrefois ici avait fui depuis longtemps.

Le Capitaine Breir revint rapidement. Elle n’avait manifestement rien trouvé de malfaisant dans la zone. « La zone est dégagée, Scyir », dit-elle en mettant son fusil en bandoulière. « Dois-je donner l’ordre de pénétrer dans le fane ? »

Koryn hocha de la tête et tira Velsyr de son fourreau dans son dos. Il tenait la lame dans sa main droite et tira un pistolet lourd dans son étui à sa hache gauche avec sa main gauche. « Je prends la tête, Capitaine », dit-il en agitant son épée en direction du fane. Les bruits des hommes et des machines se déplaçant ensemble ne tarda pas à suivre.

L’entrée du Fane d’Ayisla était un unique portail sur le côté de la grande tour. Il étyait assez grand pour laisser passer facilement un myrmidon lourd. Alors qu’ils s’approchaient, la lumière éclaboussait l’intérieur du fane, révélant le sol poussiéreux de la grande antichambre juste au-delà de l’entrée. Outre la poussière, le fane semblait remarquablement intact.

Comme beaucoup de ceux qui vivaient à Issyrah, Koryn n’avait jamais mis les pieds dans le fane. Il avait espéré ressentir un certain sentiment de révérence maintenant qu’il était à l’intérieur. Il pensait qu’une structure ayant autrefois abrité une divinité vivante pourrait susciter la crainte ou l’émerveillement dans son âme. Mais tout ce qu’il ressentait, c’était le même vide qu’il avait éprouvé à l’extérieur, et derrière, la peur de ce qui aurait pu s’installer en l’absence de la déesse.

« On se sent mort ici », dit Gyrish. L’arcaniste avait l’habitude de dire tout ce qui lui passait par la tête. Cette fois, Koryn ne peut s’empêcher d’être d’accord avec son évaluation crue

Ils ne s’attardèrent pas, passant rapidement de l’antichambre à une autre grand pièce. Celle-ci était clairement destinée à être un lieu de culte. Une grande estrade était installée à l’extrémité nord de la salle, et le symbole d’Aysila occupait tout le mur derrière elle. Des symboles plus petits des autres divinités iosiennes avaient été gravés dans le sol.

« Scyr, regardez », dit Gyrish. L’arcaniste pointa son multi-outil sur un endroit juste sous l’estrade. Là, un grand trou de trois mètres de diamètre avait été pratiqué dans le sol en pierre.

Koryn rangea son pistolet et prit une torche arcanomékanique à un fusilier se tenant à côté de lui. Il fit un signe au Capitaine Breir, et elle chuchota des ordres aux hommes. Ils se dispersèrent dans la chambre, fusils et hallebardes pointés sur le trou.

« Viens », dit Koryn à la Gorgone. Le myrmidon réagit aussitôt, se déplaçant en douceur en direction de Koryn. Gyrish le suivit. Le léger bourdonnement et le scintillement visible du champ d’énergie du myrmidon et les deux grandes lames de combat attachées à ses avant-bras étaient quelques peu rassurants pour Koryn alors qu’il s’approchait du trou.

La lumière éclaboussa le trou, révélant un tunnel à quelque trois mètres sous le sol du fane. Le tunnel était encore plus large que l’embouchure du trou, six mètres peut-être.

Koryn fit signe à ses hommes d’avancer et ils s’enfoncèrent. Il remit la torche arcanomékanique à un hallebardier et rangea son épée. Comme s’il lisait dans ses pensées, le Capitaine Breir commença à ramasser de la corde dans les musettes des troupes de la garde de la maisonnée chargée de transporter l’équipement supplémentaire qui pourrait être nécessaire sur le terrain.

Les soldats ont commencé à descendre dans le trou, en utilisant la Gorgone comme point d’ancrage. Le Capitaine Breir et un peloton ont pris la tête. Dès qu’ils ont touché le sol, ils se sont avancés de dix mètres et agenouillés et couvert le passage avec leurs fusils. Koryn, Gyrish et le Griffon ont été les suivants. Koryn et Gyrish ont descendu la corde tandis que le myrmidon sautait simplement par-dessus le bord, son robuste cadre plus que suffisant pour absorber la chute de six mètres.

Avec Koryn et le Griffon dans le tunnel, le Capitaine Breir et ses fusiliers s’avancèrent plus loin, laissant suffisamment de place pour le reste de la Garde de la Maisonnée et la Gorgone.

La première chose que Koryn a remarqué quand il a posé le pied sur le sol du tunnel était une odeur curieuse, une odeur musquée qu’il n’arrivait pas à localiser. Il y avait une nature animale, mais sous cette odeur organique se trouvait une légère saveur âcre.

« Des ordres, Scyr ? » Demanda le Capitaine Breir une fois toutes leurs forces dans le tunnel.

« Prends deux escouades de fusiliers et passe en éclaireurs à dix mètres d’avances », dit-il. « Je suivrai avec les hallebardiers et les myrmidons. »

Elle hocha la tête et s’avança dans le tunnel avec ses hommes.

« Depuis combien de temps pensez-vous que c’est ici ? » Demanda Gyrish alors qu’ils commençaient à se déplacer lentement dans le tunnel.

« Quelque temps », répondit-il. « Ça ne ressemble pas à quelque chose d’artificiel. Je pense que la zone s’est effondrée ou a été rapidement creusée. »

« Creusé par quoi ? » Répondit Gyrish. « Et comment personne dans la ville n’aurait-il pu le remarquer ? »

« Je ne sais pas », répondit Koryn en secouant la tête. Son ton catégorique fit taire d’autres questions.

Le tunnel tourna à gauche, et le Capitaine Breir et ses fusiliers disparurent de leur vue en passant le coin.

Le silence s’installa le temps d’un battement de coeur puis un unique retentissement raisonna, le sol révélateur d’un fusil à canon long d’un garde de la maisonnée.

« Contact ! » Le cri du Capitaine Breir fut rapidement étouffé par une fusillade.

Koryn dégaina son épée et son pistolet et fit un signe au reste de la garde de la maisonnée de s’avancer. À côté de lui, il vit les mains de Gyrish briller d’un doux éclat bleu. Le champ de force à peine visible autour du myrmidon s’enflamma alors que l’arcaniste déversait de l’énergie dans sa matrice d’énergie.

« Position de garde », dit Gyrish au Griffon, qui leva sa hallebarde et son bouclier. « Avance rapide », dit Gyrish, cette fois au Griffon et à la Gorgone, et tous deux se déplacèrent rapidement vers les bruits de combat qui résonnaient dans le tunnel. Koryn et l’arcaniste les suivirent.

Les coups de feu cessèrent soudainement et furent remplacés par des cris. Alors que Koryn passait le coin, une vague de terreur le submergea et il sentit cette peur se répandre rapidement à travers les hallebardiers derrière lui.

Le Capitaine Breir et ses hommes engagés dans un combat avec un groupe de ce qui ressemblait à des civils iosiens. Le combat rapproché avait forcé les fusiliers à abandonner leurs armes à feu et ils se battaient avec des épées courtes qu’ils portaient comme armes de secours. Les étranges iosiens se battaient également avec des épées, même s’l était évident qu’ils n’avaient pas l’expertises de leurs ennemis.

Malgré leur supériorité, les fusiliers cédèrent soudainement du terrain, le visage transi. Koryn comprit rapidement pourquoi. Une horreur bizarre et couverte d’épines presque identique à la créature qu’il avait tuée sur la grande place, venait d’émerger d’un tunnel latéral et charcuta les fusiliers dans un flou de griffes et de crocs. La chose était entourée d’une aura palpable d’effroi, et les épéistes iosiens semblaient tirer un encouragement de l’horrible créature et se pressèrent en avant.

Koryn regarda le Capitaine Breir abattre un des épéistes ennemis, puis saisir un fusilier blessé par son plastron et le tirer en arrière. « Repliez-vous ! » Cria Koryn en ordonnant au Griffon de charger, tandis que Gyrish poussait la Gorgone en avant pour couvrir les fusiliers battant retraite. Le Capitaine Breir répéta l’ordre, et elle et les fusiliers se retirèrent pour permettre au Griffon, renforcé par la magie de Gyrish, de les traverser et directement foncer dans l’horreur corrompue.

« Charge ! » Koryn entendit Gyrish crier, et la Gorgone se précipita en avant, tailladant les épéistes iosiens avec ses lames d’avant-bras, en en abattant un et en empêchant les autres de rattraper les fusiliers qui battaient en retraite.

Koryn sentit la nauséabonde terreur de la créature corrompue disparaître soudainement alors que le Griffon extirpait sa hallebarde ensanglantée du cadavre de la bête. « En avant ! » Cria-t-il, et les hallebardes affluèrent autour de lui, engageant les épéistes restants entourant la Gorgone. Ils achevèrent rapidement leurs ennemis, les abattant avant que les épéistes ne puissent s’approcher suffisamment pour frapper.

La bataille était terminée et l’ennemi avait totalement anéanti. Dans le calme sinistre qui suivit, Koryn fit le point sur ses soldats et leur équipement.

« Gyrish », cria Koryn. « Voyez si les myrmidons ont subi de graves dommages. »

L’arcaniste hocha la tête et se précipita pour les inspecter. Hallebardiers et carabiniers l’accompagnèrent et se déployèrent pour sécuriser la zone.

« Trois blessés », dit le Capitaine Breir en essuyant ses mains ensanglantées sur son armure. « Peut-être quatre. Hyrek pisse le sang. Celle chose l’a presque tranché en deux. »

Koryn hocha la tête. Ça aurait pu être pire.

« Ces personnes nous attendaient quand nous avons passé le coin », dit Breir, en désignant l’un des épéistes morts.

Koryn s’approcha d’un cadavre et l’observa fixement. C’était une iosienne ; son visage était fin, décharné, et il y vit ce qui ressemblait à de petites écailles autour de sa bouche et de ses yeux. Des courtes épines jaillissaient de son menton/ Il regarda et vit que la plupart des hommes et des femmes qui les avaient attaqués portaient des difformités similaires. Ce n’étaient pas des monstruosités quelconques descendant des montagnes de Rhul – il s’agissait d’hommes et de femmes iosiens qui avaient été corrompus à Issyrah.

« Celui-ci est toujours vivant », cria Breir. Elle se tenait au-dessus de l’un des épéistes, un homme. Sa botte était plantée dans son dos.

Koryn se précipita, dégainant son épée. L’iosien cloué au sol par le Capitaine Breir luttait faiblement, essayant de ramper. Faiblement, Koryn entendit l’homme s’exprimer, murmurer quelque chose.

« Ethrunbal … »

Koryn se pencha en avant et plaça la pointe de Velsyr sur la nuque de l’homme. « Qui es-tu ? » Demanda Koryn.

La bouche de l’homme bougea en réponse, mais sa respiration s’affaiblissait, et Koryn s’agenouilla pour entendre les derniers mots de l’homme.

« Profanateurs … Ethrunbal… vous détruira », murmura l’homme, puis s’arrêta de bouger.

Koryn se leva. « Ethrunbal. Cela vous dit quelque chose, capitaine ? » Demanda-t-il. Le nom était inconnu sur sa langue, mais il le remplissait d’une peur non identifiable. Il avait du poids et de l’âge, et le dire à haute voix lui donnait l’impression de conjurer un esprit malveillant.

Breir secoua la tête. « Non, mais je pense que ces personnes sont ici depuis un moment », dit-elle. « Regardez leurs vêtements – vieux, déchirés, tachés. »

« Allons-y », lui dit-il. « Il y a peut-être d’autres de ces créatures ici. » Il fit un geste avec Velsyr vers le cadavre charcuter de la monstruosité corrompue.

Koryn renvoya les soldats de la maisonnée avec une escorte vers le fane avec l’ordre de rapporter ce qu’ils avaient trouvé et de transmettre le message qu’il allait poursuivre. Peu de temps après, Gyrish signala que les myrmidons étaient en grande partie intacts ; le rejeton draconique n’avait qu’abîmer le blindage du Griffon. Ses griffes n’avaient pas pénétré dans les rouages intérieurs vitaux en dessous.

Ils continuèrent.

Alors qu’ils se déplaçaient, Koryn remarqua que le sol descendait. De petits tunnels latéraux commencèrent à apparaître, mais Koryn les ignora – il voulait continuer à avancer sur ce qui semblait être l’artère principale de ces tunnels. Il était en tête, marchant à côté des myrmidons et de Gyrish. Il voulait que leurs armes les plus puissantes soient placées devant s’ils rencontraient d’autres rejetons draconiques.. Trois rangs d’hallebardiers suivaient derrière lui tandis que Breir et ses fusiliers couvraient l’arrière. Les fusiliers travaillaient souvent avec des hallebardiers et étaient entraînés à tirer sur les ennemis à travers les rangs des troupes amies. Ils pouvaient engager une menace derrière le groupe principal et devant celui-ci.

Il faisait de plus en plus chaud à mesure qu’ils s’enfonçaient dans le dédale de tunnels, et l’odeur âcre que Koryn avait remarquée dans le fane était devenue plus forte. C’était comme s’ils se déplaçaient à travers un être vivant, se frayaient un chemin à travers les veines et les capillaires d’une bête immense, se dirigeant vers un coeur malveillant. Les hommes se taisaient et une peur oppressante s’était installée sur eux. Koryn vit que nombre d’entre eux jetaient des regards nerveux par-dessus leurs épaules ou murmuraient d’une voix désespérée.

L’attaque suivante ne vint ni de l’avant ni de l’arrière, mais de la myriade de petits tunnels émergeant dans le couloir principal.

Un instant, le tunnel principal était calme et silencieux ; le suivant, il était animé avec des organismes écaillés se déversant des tunnels latéraux. Des coups de feu et des cris s’élevèrent alors qu’une demi-douzaine de créatures écailleuses de la taille de petits chiens fonçaient dans la garde de la maisonnée.

L’une des bêtes sortit d’un tunnel à deux pas de Koryn. Ce n’était pratiquement qu’une gueule, un orifice de crocs baveux soutenu par deux puissantes pattes. Deux petits bras griffus pendaient sous la grande gueule et une seule corne s’élevait du museau grossier de la créature. Elle était sans yeux ; l’espace où ses yeux auraient dû se trouver était recouvert par une plaque lisse d’écailles et d’os.

Koryn dégaina son lourd pistolet et tira. Il visa juste, et le lourd projectile frappa la patte droite de la créature, la renversant. Il bondit immédiatement avec un sifflement de colère et se précipita vers lui.

« En garde ! » Cria Koryn, et le Griffon s’avança, bouclier abaissé, sur le chemin de la bête chargeant.

Il jeta un coup d’oeil à sa gauche et fur soulagé de voir que Gyrish s’occupait de la Gorgone et la dirigeait là où un groupe d’hallebardiers et de fusiliers combattaient cinq autres minuscules monstruosités.

Koryn reporta son attention sur la menace immédiate, rengaina son pistolet et s’empara de Velsyr à deux mains. La créature chargea immédiatement dans le bouclier du Griffon, bouche bée. Ses mâchoires se refermèrent avec un claquement, et il arracha un morceau d’acier trempé du bord du bouclier avec cri de métal déchiré. Le Griffon frappa la créature avec sa hallebarde, mais la bête était petite et agile, et évita le coup en bondissant.

La bête était concentrée sur le Griffon, et Koryn tourna autour du myrmidon, le plaçant entre lui et son ennemi. « Attaque ! » Cria-t-i, poussant le Griffon à poursuivre son assaut avec sa hallebarde et le bord de son bouclier. La créature fit un bond en avant, les mâchoires claquant, mais le Griffon claqua le plat de son bouclier contre la créature bondissante. Elle rebondit sur le pavois d’acier et s’écrasa au sol sur le flanc. Voyant sa chance, Koryn contourna le myrmidon. Velsyr s’éleva au-dessus de sa tête. La créature se relevait lorsqu’il l’atteignit, et il plongea son épée dans son corps, accompagnant le coup de sorte que tout son poids poussa la lame proprement à travers la créature. Elle convulsa, les mâchoires claquèrent, puis s’affaissa au sol et s’arrêta de bouger.

Koryn posa un pied sur la carcasse et dégagea Velsyr. Un mélange de triomphe et de terreur le traversa – il avait les preuves dont il avait besoin, et ses pires craintes s’étaient réalisées. Ces créatures étaient sans aucun doute des rejetons draconiques, des monstres engendrés par le sang d’un dragon pour servir de serviteurs.

Il se retourna pour voir que sa garde, aidée par la Gorgone, avait tué quatre autres de ces rejetons draconiques, mais il vit aussi des corps d’elfes parmi les cadavres de leurs ennemis.
« Viens ! » Cria Koryn au Griffon et se précipita vers ses troupes dégainant à nouveau son pistolet. Il tira sur le dernier des rejetons draconiques mais le manqua. Peu importe, sa cible fut bientôt mise en pièce les hallebardiers l’entourant.

Il avait presque atteint le reste de la garde de la maisonnée quand un cri perçant résonna derrière lui du plus profond des tunnels. Il s’arrêta et se retourna. Le Griffon, qui se déplaçait derrière lui, s’arrêta également.

Au-delà de la lumière projetée par leurs torches arcanomékaniques, d’énormes formes se déplaçaient dans l’obscurité. Koryn sentit son courage fuir comme l’eau s’écoulant d’un barrage brisé alors que les rejetons draconiques mouvaient leurs corps grotesques dans la lumière.

Il y en avait trois. Les deux premiers étaient de la taille d’un cheval, des monstruosités à six membres recouvertes d’écailles blindées. Leurs longues queues barbelées fouettaient l’air. Ils se déplaçaient telle des loups, agiles et prédateurs, leurs têtes sans yeux ressemblant à des requins au ras du sol, comme s’ils cherchaient l’odeur d’une proie. Ces rejetons draconiques carnassiers, malgré leur létalité évidente, n’étaient rien en comparaison de l’horreur qui les suivait. Plus grand qu’un myrmidon lourd, il possédait lui aussi six membres : quatre pattes en forme de colonne soutenant un volumineux corps et une paire de bras se terminant par d’immenses lames osseuses, telles des faux. Sa tête, à trois mètres du sol, ressemblait à tous les rejetons draconiques qu’ils avaient rencontrés jusqu’a présent – en forme de balle, sans yeux et presque divisée en deux par une grande gueule pleines de crocs.

Koryn pouvait ressentir la terreur envahir ses hommes ; elle s’emparait également de son propre coeur avec une force colossale, mais il la repoussa. Ils devaient sortir du fane, remonter à la surface et avertir la ville. On ne pourrait pas nier ce à quoi ils étaient confrontés maintenant.

« Hallebardiers au front ! » Cria Koryn, en espérant que sa voix aiderait ses hommes. « En garde ! » Cria-t-il alors au Griffon, et le myrmidon, doté du courage irréfléchi des machines, s’approcha du rejeton draconique.

« Fusiliers ! » Il entendit le Capitaine Breir crier. « Trois rangs- »

Le grand rejeton draconique ouvrit sa gueule et hurla, noyant le reste des ordres de Breir. Puis il se précipita, ses énormes griffes faux levées.

« Attaque ! » Cria Koryn au Griffon, et le myrmidon s’avança, hallebarde levée. Koryn alors recula et tira un coup de feu sur l’un des rejetons draconiques ressemblant à un loup, le touchant au cou. Il bondit en arrière, les mâchoires claquant, mais paraissant indemne.

Bientôt, il atteignit les hallebardiers derrière lui. Les boucliers s’écartèrent, lui permettant de glisser entre la multitude de lames jusqu’à la relative sécurité derrière eux. Les hommes se déplaçaient rapidement et efficacement, mais leurs visages étaient blêmes et leurs yeux écarquillés lui indiquèrent qu’ils étaient au bord de la panique. Gyrish s’approcha de lui, et il sentit surgir la présence de la Gorgone derrière lui. Les mains de l’arcaniste s’illuminèrent en bleu, et à neuf mètres de là, le champ de force du Griffon s’enflamma de puissance.

« Frappe ! »Cria Koryn, et le Griffon balança sa hallebarde, employant la puissance additionnelle que Gyrsih lui avait prêtée pour ajouter de la force au coup. La lourde lame creusa le flanc du dragon. Il hurla et se fraya un chemin dans le Griffon, ses faux déchirant l’armure de la coque du myrmidon. Le Griffon recula sous l’assaut.

Les petits rejetons draconiques s’élancèrent alors vers l’avant, et Koryn pensa qu’ils chargeraient directement sur les lames relevées des hallebardiers. Au lieu de cela, ils s’arrêtèrent à six mètres de la ligne et plantèrent leurs griffes dans le sol rocheux du tunnel, et ouvrirent leurs mâchoires. Dans le gosier de chacun des rejetons draconiques, une lueur pulsée et sombre apparut, et les yeux de Koryn s’élargirent lorsqu’il comprit ce qui allait se passer.

« Boucliers ! » Cria-t-il, et les hallebardiers devant lui rapprochèrent leurs boucliers et baissèrent la tête.

Les rejetons draconiques semblables à des loups déversèrent des globes de feu noir tourbillonnants de leur gueule. Le feu d’ébène pénétra entre les boucliers rapprochés des hallebardiers et explosa. Une chaleur étouffante envahit tout, et Koryn entendit les cris d’agonie des hommes du premier rang alors que les flammes les consumaient. Leur sacrifice avait cependant protégé les hommes derrière eux ; et les reste des hallebardiers étaient brûlés mais toujours debout.

Le Capitaine n’était pas resté inactif pendant l’attaque initiale. Elle avait déplacé ses fusiliers vers l’avant et en deux pelotons séparé de six hommes chacun, juste derrière les hallebardiers. « Première escouade, à gauche ! Deuxième escouade, à droite !. Cria-t-elle. « Feu ! »

Les fusiliers ouvrirent le feu, leurs armes remplissant le tunnel de fracas et de fumée. Ils tirèrent à travers et par-dessus les hallebardiers, chaque escouade concentrant ses tirs sur un des rejetons ressemblant à un loup. À cette distance et avec la taille de leurs cibles, il était impossible de les manquer.

Une grêle de balles trouèrent les rejetons draconiques, et les deux furent déchiquetés, éclaboussant le sol du tunnel d’un sang noir Le danger était loin d’être écarté. Quelques secondes après que les petits rejetons draconiques aient été tués, le Griffon bascula, son corps métallique partiellement démembré par le plus grand rejeton draconique qu’il tenait à distance. Semblant indemne, l’énorme créature se précipita en avant, et les hallebardiers se déplacèrent pour rencontrer la bête.

Koryn entendit Gyrish crier des instructions à la Gorgone et, peu après, entendit le gémissement aigu de son canon de polarisation qui s’enclenchait. Un éclair bleu vif s’échappa du myrmidon et frappa le rejeton draconique alors qu’il avançait, emportant l’énergie cinétique et arrêtant l’énorme dans sa course. Malgré sa charge ralentie, le rejeton draconique était maintenant à portée du premier rang des hallebardiers.

Les hallebardiers se déchaînèrent, frappant facilement le rejeton draconique, mais leurs lames balayèrent inefficacement le corps écaillé de la créature. Il avança à nouveau, et ses griffes faux abattirent trois hallebardiers. La Gorgone se précipita alors en avant pour combler le trou laissé par les gardes de la maisonnée tombés au combat, en tailladant le rejeton draconique avec ses lames d’avant-bras.

« En avant ! » Cria Koryn en s’avançant. Les hallebardiers le suivirent, se déplaçant autour du myrmidon et du dragon, encerclant le couple, frappant la bête à chaque fois qu’il y avait une ouverture. Koryn les rejoignit, avançant pour taillader les pattes de la créature avec Velsyr quand l’occasion se présentait.

Le Capitaine Breir et ses fusiliers maintenant un tir constant sur le rejeton draconique, et Gyrish se tenait derrière eux, déversant une puissance arcanique dans le champ de force de la Gorgone, ajoutant de la force à ses coups.

Malgré leurs efforts, le rejeton draconique semblait infatigable et indifférent par ses blessures de plus en plus profondes. À chaque seconde qui passait, ses faux ouvraient d’énormes brèches dans le blindage de la Gorgone ou abattaient un hallebardier. Enfin, le sol du tunnel étant trempé de sang noir, le rejeton draconique titubât, ses pattes arrières le lâchèrent. Sa moitié inférieure s’effondra et la Gorgone bondit en avant et planta ses deux lames dans le cou de la bête. La tête du rejeton draconique se détacha de son corps dans une fontaine de sang noir, et elle s’affaissa au sol, enfin morte.

« Miséricordieuse soit Scyrah », prononça Gyrish en poussant Koryn pour inspecter l’épave du Griffon et les dommages causés à la Gorgone.

Koryn regarda autour de lui. Maintenant que la bataille avait pris fin, ses hommes semblaient hébétés. Ils s’appuyaient sur leurs armes, respirant fort, les yeux écarquillés et non concentrés. Il savait qu’il devait les faire bouger, les faire travailler, avant que la peur ne s’installe complètement.

« Détails des blessures, Capitaine Breir », cria Koryn. Breir était accroupie sur la forme prostrée d’un fusilier, sa main dans la sienne. Elle était proche de ses hommes, et il la regarda poser la main molle du fusilier sur sa poitrine et s’essuyer les yeux avec le dos d’une main gantée. Son coeur se brisa pour elle. Ils n’avaient jamais vécu un combat comme celui-ci. Ils s’entraînaient ensemble depuis de décennies, vivaient ensemble dans la garnison, s’étaient rapprochés, étaient devenus comme une famille, et maintenant cela. Voir une personne avec qui on avait partagé une vie pendant vingt, trente ans s’éteindre, et ne rien pouvoir y faire. Mais Breir était une soldate, l’un des meilleurs, elle se remit rapidement au travail.

« Rassemblez les blessés et les morts et ramenez-les », cria-t-elle, en mettant son fusil en bandoulière, puis en se penchant et en commençant à traîner l’homme à ses pieds hors de la scène de combat.

« Deux escouades à l’avant, unités mixtes », dit Koryn. « N’engagez pas le combat. Un tir pour nous avertir et ensuite revenez ici. »

Ils passèrent dix minutes à déplacer les morts. Il n’y avait aucun blessé ; les blessures que le rejeton draconique avait infligées avaient toutes été mortelles.

« Combien ? » Demanda Koryn quand le Capitaine Breir vint lui faire le bilan des victimes.

« Dix-huit », répondit-elle.

« Laissez-les », dit Koryn. « Nous quittons ces tunnels. Maintenant. »

« Le Griffon n’est pas récupérable », déclara Gyrish, en rejoignant Koryn et Breir. « La Gorgone est en bon état, mais elle a besoin de réparations. Vous voulez que je la stabilise maintenant ? »

Koryn ouvrit la bouche pour donner sa réponse mais s’arrêta net alors qu’n grondement profond et pénétrant réverbérait sur les parois du tunnel. Le sol trembla, et un souffle chaud et fétide les submergea, emportant avec lui une odeur de charogne comme rien qu’il n’avait jamais senti.

Gyrish et Breir fixèrent Koryn, les yeux écarquillés et effrayés.

« Retraite », dit-il, sa voix tremblant alors qu’un autre tremblement secouait le tunnel. « Retraite ! », Cria-t-il et il se mit à reculer. « Retournez au fane ! Maintenant ! »

Les gardes de la maisonnée n’eurent plus besoin d’être encouragé et ils commencèrent à bouger, deux fois plus vite, par le chemin d’où ils étaient venus.

Koryn entendit Gyrish crier à la Gorgone « Arrière-garde ! » L’arcaniste ensuite sprinta pour rejoindre Koryn et le Capitaine Breir. Ils se déplaçaient au centre même de la vingtaine de gardes survivants. La plupart des fusiliers avaient pris l’arrière, devant la Gorgone, tandis que les hallebardiers plus lents avaient pris la tête.

Un autre souffle d’air chaud traversa le tunnel – assez chaud pour rougir la peau exposée – et un grand frisson suivit. C’était la chose la plus bruyante que Koryn ait jamais entendue, et il plaça ses mains sur ses oreilles pour empêcher sa tête d’exploser. Il ne faisait aucun doute dans sa tête sur ce qui se trouvait au coeur de ces tunnels, et il savait qu’il n’avait pas le temps de battre en retraite de manière ordonnée.

« Courez ! » Cria Koryn, et ses hommes autour de lui commencèrent à courir comme des dératés. Certains lâchèrent armes et boucliers pour alléger leur charge, tandis que d’autres essayèrent de maintenir un semblant d’ordre militaire.

Ils dévalèrent le tunnel, en prenant un virange en L serré, puis les flammes arrivèrent. Au début, ce fut un grondement sourd et lointain, puis il s’amplifia et la chaleur se répandit dans le tunnel devant lui.

Les flammes étaient d’un jaune et vert sinistre, u mur d’agonie fulgurante qui consomma la Gorgone et la rangée arrière de fusiliers, détruisant mékanique, armure et chair avant qu’un seul ne puisse être émis. La courbure du tunnel atténua la progression de l’énorme flamme, où ils auraient tous été incinérés.

La panique s’empara des derniers gardes de la maisonnée, et Koryn n’y échappa pas. Ils coururent, les poumons en feu, des voix appelant les dieux frénétiquement. Le sol continuait à trembler et à se déformer, et finalement quand ils atteignirent enfin le trou par où ils étaient entrés pour la première fois, ils pouvaient à peine garder l’équilibre sur la terre agitée.

Le bord de la fosse était à trois mètres de haut, et Koryn ordonna aux hommes de faire la courte échelle les uns les autres pour l’atteindre. Il leur fallut cinq précieuses minutes pour sortir de la fosse : Koryn, Breir, Gyrish et dis gardes de la maisonnée. Puis ce fut une course folle à travers le fane. La maçonnerie se brisait et tombait du plafond, et de grandes fissures apparurent dans le sol, certaines assez larges pour qu’ils doivent sauter par-dessus. Le fane s’effondrait autour d’eux.

Ils firent irruption sur la place obscure autour du fane alors qu’une secousse massive secouait la terre. Ils basculèrent en avant et perdirent pied, impuissants face au soulèvement et à l’effondrement du sol.

Koryn pouvait entendre des alarmes retentirent dans toutes la ville et des cris de paniques alors que les citoyens d’Issyrah commençaient à réaliser leur péril.

Ils n’avaient aucune idée, pensa Koryn en rampant sur son dos. Il regarda la grande tour devant lui se pencher sur le côté et s’écrouler, des tonnes de maçonnerie debout depuis des millénaires furent réduites en ruines en quelques secondes.

Koryn réussi à se relever, saisissant la main du Capitaine Breir et la tirant de l’endroit où elle était étendue à côté de lui. Il ne vit aucun signe de Gyrish, mais certains des gardes de la maisonnée se relevaient également.

Ils coururent.

Koryn et Breir atteignirent le large boulevard qui reliait la place du fane. Là, il aperçut quelques soldats de l’Arsyr et une demi-douzaine de myrmidons qui attendaient, stupéfaits et immobiles. Une autre secousse fit vaciller tout le monde, les jetant au sol.

Koryn se retourna vers l’endroit où le fane se tenait autrefois et vit un trou gargantuesque l’avait avalé, une fosse gigantesque emplie de flammes bleues et blanches torrides.

Le dragon s’éleva de ces flammes, son corps étant une grande ombre qui masquait le ciel nocturne, engloutissant la lune et les étoiles sous sa forme nébuleuse. Ses ailes s’ouvrirent et elles s’étirèrent jusqu’au bout du monde. Il entendit sa voix, un grand vent soufflant qui le remplit d’une terreur incontrôlable.

« Ethrunbal », chuchota Koryn lorsque le dragon ouvrit les yeux, des sphères jumelles d’un vert lumineux, plus grandes que les lunes, qui fixaient les créatures insignifiantes ayant stupidement pénétré dans sa demeure et suscitant sa colère immortelle et intarissable.

Il y eut un grand vent aspirant alors que le dragon inspirait, et Koryn ferma les yeux. Il se réconforta en sachant que les flammes lui épargneraient la vue du destin d’Issyrah.

40
LA MUTINERIE DE SHAE

Par Doug Seacat

Il doit être traqué comme un chien sauvage. Sa respiration est un affront à notre grande entreprise et une insulte personnelle à chacun d’entre nous.

-Chef Alderman Baron Ethan Starke lors d’une réunion de l’Alliance Commercial Mercarienne

601 AR, le 22 Rowan, à bord de l’Exeter naviguant sur le Meredius.

Le grand galion à trois mâts Exeter coupait vers le sud à travers les eaux calmes de la Baie de Pierre. Ses voiles pendaient apathiques, les vents peu coopératifs les obligeants à compter sur leur moteur à vapeur additionnel. Bientôt, ils entreraient dans des courants plus violents et ils feraient leurs adieux aux côtes d’Ord et se retrouveraient dans les eaux agitées du nord du Cygnar. L’Exeter, le plus grand navire de commerce de la Ligue Mercarienne était un navire massif, avec deux ponts de lourds canon et beaucoup le prenaient pour un vaisseau de guerre.

Dans sa grande cabine, le warcaster Phinneus Shae se tenait debout, observant par le hublot et dégustant dans grande tasse le vin destiné à un grog, une expression sombre sur ses traits émaciés. Certains l’avaient déjà décrit comme étant beau, mais rares étaient les personnes qui emploieraient encore ce terme. Tout comme sa silhouette, son visage maigre et acéré étaient bronzés par le soleil et durci par le temps et affichait son lot de cicatrice. Ses yeux possédaient la noirceur particulière d’un homme qui avait assez souvent tué pour ne plus peser la valeur de la vie sur la même balance que les personnes à l’abri des actes sanglants. Sur la table derrière lui se trouvait une bouteille de vin avec une impressionnante étiquette, ainsi qu’une autre grande tasse vide.

Le nain était en retard, ce qui aigri l’humeur de Phinneus. Il n’aimait pas qu’on lui mente. Lorsqu’un homme – ou un nain – lui disait une chose, il s’attendait à ce qu’elle se réalise. C’était un manque de respect. Il trouvait aussi cela déroutant. Fait inhabituel, le financier rhulique avait déclaré à plusieurs reprises qu’il se réjouissait de pouvoir déguster ce millésime acquis à grands frais à Port Vladovar. Eux deux seuls à bord de l’Exeter comprenaient de telles choses et connaissaient la valeur du vin. Ils avaient prévu de briser son sceau avant d’enter dans des eaux plus agitées et le temps incertain des voies du sud, mais Shae ne voyait aucun signe de Joln Rockbottom, financier de l’expédition, trésorier et commissaire de bord de l’Exeter.

Phinneus comptait peu d’hommes comme amis. L’équipage le tenait en haute estime, mais se taisait à chaque fois qu’il s’approchait. Ils hochaient la tête et se tournaient vers lui comme un officier plutôt comme prostituée engagée. Il trouvait le capitaine particulièrement désagréable et évitait sa compagnie au moindre prétexte. Phinneus se jugeait chanceux que l’homme semblait également désintéressé d’inclure le warcaster à sa table. Pourtant, le nain le divertissait ; il appréciait ces moments de complaisance partagée. Il se demanda s’il lui avait dit ou fait quelque chose pour offenser Rockbottom la dernière fois qu’ils avaient discuté et réalisa que quelques jours s’étaient écoulés depuis qu’il avait même vu le trésorier sur le pont.

Il y eut un coup sec sur sa porte. Phinneus grogna : « Tu es en retard », en l’ouvrant. Le personnage, avec un chapeau à la main, n’était pas le petit Rockbottom. Au lieu de cela ; Shae reconnut la corpulente silhouette et l’attitude effrayante du maître de quart chef, Monsieur Walls. Phinneus connaissait Walls, avec un cache-oeil et l’habitude de s’équiper d’autant d’armes à feu qu’il pouvait harnacher à son large torse, comme l’un des combattants les plus robustes et plus dangereux du navire. Pourtant, maintenant, il avait l’air humble et embarrassé. Sa dignité, quelle qu’elle soit, était gâchée par son compagnon de tous les instants, le singe criant perché sur son épaule.

« Je vous demande pardon, Maître Shae, je suis désolé de vous déranger comme ça, à cette heure. Mais j’aimerais vous parler, si vous le permettez. »

« Pas de problèmes. Vous voulez un peu de vin ? » Shae ferma la porte derrière Walls et tira une chaise à la table. Le maître de quart déclina les deux offres.

« Pas de vin pour moi, monsieur. Ca ne me convient pas, de peur que ce ne soit pas du rhum. Bien sûr, si vous voulez partager un déoigt avec mon ami, je vous en serais reconnaissant. » Shae pensa que Walls plaisantait, jusqu’à ce que l’intendant lui tende une petite tasse en métal apparemment gardée dans la poche de sa veste à cet effet. Shae n’avait pas d’autre que choix que de remplir la tasse avec une quantité de ce cher millésime et de regarder douloureusement le singe la soulever des deux mains et l’engloutir d’un seul coup en une seule lampée gourmande. Il tendit la tasse pour plus avec un cri exigeant, mais Shae l’ignora.

« Que puis-je pour vous, Monsieur Walls ? » Shae n’avait pas fréquemment interagi avec le maître de quart, sauf pour confirmer le ravitaillement de ses warjacks et pour une anecdote après la bataille. L’homme était un redoutable combattant, l’un des membres de l’équipage que Shae respectait le plus dans une bagarre, mais sinon, ils n’avaient pas grand-chose en commun.

« Eh bien, monsieur, je me sens étrange de venir ici, mais je ne savais pas vers qui d’autres me tourner. » Walls s’exprimait à voix basse, et son seul bon œil se dirigeait vers la porte. « Il y a un problème en préparation. »

« Vous savez que je n’interviens pas dans les affaires avec l’équipage. »

« Oui monsieur, je le sais. Je ne sais à qui d’autre me tourner. C’est à propos de Rockbottom. J’ai peur pour sa vie, et encore plus pour ce qui pourrait arriver à l’équipage s’il lui arrivait quelque chose. L’humeur des hommes est aussi mauvaise que jamais, je l’ai vu. »

« Qu’est-il arrivé à Rockbottom. »

« L’oeil du maître de quart s’écarquilla de surprise. « Vous ne savez pas, monsieur ? Le capitaine la choppé et l’a mis aux fers ; il est enchaîné dans la cellule comme un gorax. »

« Quand est-ce arrivé ? »

« Il y a quatre jours. J’ai pensé que c’était une sorte de plaisanterie, on que le capitaine ait le sens de l’humour. Je pensais que Rockbottom le relâcherait au bout d’une nuit ou deux, mais il est toujours là et maltraité. Plusieurs officiers sont allés le voir. La rumeur voir qu’il soir pendu demain ! »

Shae réalisa qu’il était encore plus déconnecté qu’il ne le pensait. « Ça n’a aucun sens. »
Walls acquiesça avec enthousiasme : « Ça n’a aucun sens, monsieur. Mais le capitaine est de mauvaise humeur. Il a annulé notre escale à Ceryl, réduits les rations de rhum, et certains disent que nous ne serons pas tous payés. C’est bien connu que c’est Rockbottom qui assure la sécurité de la paie du navire. »

« Vous devez avoir une idée de ce dont il s’agit. »

Walls serra son chapeau plus fort. « Le capitaine a accusé Rockbottom d’avoir volé. D’après la façon dont Walls le prononçait, Shae soupçonnait qu’il en savait plus qu’il n’en disait. Sur un vaisseau comme celui-ci, un petit pot-de-vin était à prévoir, et Rockbottom appréciait certainement son luxe. En fin de compte, ce sont les maîtres de quart qui s’occupaient du ravitaillement, donc si quelqu’un connaissait la vérité d’une telle accusation, c’était bien Monsieur Walls.

« Vous aimeriez que j’aille parler au capitaine, »

« Je vous serais redevable si vous le vouliez, Maître Shae. Voyez si vous pouvez lui faire entendre raison. Il vous écoutera. »

« Je ne vois pas pourquoi il le ferait. Il n’a pas l’habitude de me demander conseil. » Voir Walls normalement stoïques et impitoyables réduits à cela, venir le supplier avec le chapeau à la main, eut un impact, tout comme la pensée du nain enfermé dans la cale. « D’accord. Je ne m’attends à rien, mais je lui parlerai. »

Monsieur Walls recula vers la porte. « Merci monsieur, les hommes vous sont redevables. »

* * *

Phinneus Shea décida de porter son armure de warcaster comme la chose la plus proche d’un uniforme et un rappel de sa valeur. La ligue l’avait embauché – à peu de frais – depuis que l’Exeter faisait une tentante juteuse cible pour de nombreux voyous en mer. Si ce n’était pas des pirates cryxiens, des corsaires ordiques de la Maison Mateu ou d’autres compagnies marchandes concurrentes cherchaient à envoyer le vaisseau par le fond. Le navire aurait coulé à plusieurs reprises sans sa présence et les warjacks se tenant prêts dans la cale arrière.

Compte tenu les limites du capitaine, il maintint la turbine arcanique de son armure au ralenti et ne produisait pas plus de fumée qu’un cigare. En traversant les ponts supérieurs, il ne vit aucunes plaisanteries habituelles, d’insultes ou de rires bruyants habituels parmi l’équipage parmi l’équipage qui montait la garde du soir. Plus révélatrice était la paire de fusiliers marins tendus avec des fusils et des uniformes impeccables devant la porte du capitaine. La Ligue avait engagé ces anciens soldats comme mercenaires dévoués pour aider à repousser les abordeurs et à protéger le navire au port. Ils recevaient de meilleurs quartiers que le gros de l’équipage, restaient avec les officiers et servaient de rappel à qui l’équipage du navire finalement répondait. Compétents et disciplinés, bien plus redoutables que même des matelots chevronnés, ils étaient clairement postés devant la cabine du capitaine en ce moment comme un avertissement. Ils ne l’ont laissé passer qu’après que l’un deux eut vérifié à l’intérieur.

En contraste frappant avec les quartiers de l’équipage, et même la petite cabine privée de Shae, le capitaine disposait d’une grande et somptueuse suite qui occupait la majeure partie du pont arrière. Avec son mobilier en bois du poli, ses tapisseries coûteuses qui ornent les murs et ses nombreuses décorations en laitons, elle était l’équivalent de n’importe quelle cabine d’amiral dans la marine cygnaréenne ou ordique. Beaucoup de membres de l’équipage avaient pris l’habitude d’appeler sarcastiquement le Capitaine Laross Fargen « le Commodore » dans son dos, en raison de ses manières arrogantes et de sa posture militaire. Il agissait certainement comme si le flotte commerciale de la Ligue était une marine et l’Exeter son navire amiral.

Le Capitaine Fargen l’attendait aux côtés de son second-capitaine, un vieux loup de mer dépourvu d’humour chauve et cicatrisé et avec des traits du visage aplati nommé Rask Materly. Il avait toujours une expression qui suggérait qu’il avait essayé d’avaler quelque chose de trop gros. Le capitaine n’avait pas non plus l’air agréable. Il était devenu gras à cause d’une alimentation riche et son menton disparaissait dans son large cou en une séquence de plus charnus. Il s’habillait en couches de soie mais dégageait toujours un fumet désagréable d’ail et de veille sueur qu’aucune quantité de parfum llaelais ne pouvait masquer. Les deux se tenaient au fond de la pièce, près des portes ouvertes menant à un balcon de poupe et le regardaient avec méfiance.

« Maître… Shae, une visite inattendue. Il y a une heure, j’aurais pu vous offrir une certaine hospitalité.

« Puis-je vous parler en privé, Capitaine ? »

« Bien sûr, tout pour notre intrépide warcaster. » Il n’y avait aucun sarcasme dans sa voix, mais son sourire n’était absolument pas sincère. « Rejoignez-moi sur balustrade. » Il fit un signe de la min pour indiquer le balcon à l’arrière du navire où il préférait parler aux invités. Rask demeura derrière, mais à quelques verges seulement, de sorte que tout sentiment d’intimité était une illusion d’espoir.

Shae n’avait aucune envie de feindre des plaisanteries, alors il alla droit au but. « Je voudrais m’enquérir de Rockbottom, monsieur. »

« Oui, j’ai bien pensé que c’était peut-être votre but. Je sais que Monsieur Walls est venu vous voir. L’homme semble avoir besoin d’une leçon de loyauté et de chaîne de commandement. »

Shea ignora ce trait d’esprit. « J’ai cru comprendre que Rockbottom est en cellule. Puis m’enquérir sur la cause ? »

« En quoi cela vous concerne-t-il ? C’est une affaire interne. » Son ton était saccadé et son visage rouge.

« Rockbottom est un de mes amis. Je me renseigne sur son bien-être. »

« Son bien-être, maître Shae, est gravement menacé. Cet homme est un escroc, un voleur et un traître. Je veux l’utiliser comme exemple pour montrer aux hommes que je tolérerai pas de telles conspirations. Vosu dites que c’est un ami. Est-il possible que vous aussi, vous ayez profité de ses indiscrétions ? »

Les yeux de Shae se plissèrent dangereusement. « Que dites-vous exactement, capitaine ? »

« Je sais qu’il m’a volé pour mettre de l’argent dans les poches de mes hommes, en achetant leur soutien et leur amitié. J’ai reçu un courrier de notre quartier général disant qu’il a dénaturé les objectifs de plusieurs de nos expéditions et trahit la confiance qu’ils lui accordent en tant qu’officier de leurs finances. Ce navire n’est pas à son service. Rockbottom a mis mon statut en péril, et cela ne sera pas toléré. » Ses yeux avaient pris une lueur particulièrement suspecte. « Un warcaster serait sûrement utile à Rockbottom. Peut-être vous a-t-il donné certains « cadeaux » en signe de bonne volonté, pour s’assurer votre soutien ? »

« Je ne suis pas ici pour contester votre autorité, capitaine. Je vous suggère de surveiller votre ton. »

« Surveiller mon ton ? C’est mon vaisseau, monsieur. Sur ce navire, je suis l’autorité suprême. La seule autorité. Je ne tolérerai pas qu’un nain fourbe trempe ses doigts visqueux dans ma poche et emploie ensuite mon argent pour semer l’insurrection. Joln Rockbottom sera exécuté, mais uniquement après qu’il eut souffert. Quiconque a conspiré avec lui gagnera le même sort. »

Shae fixa le capitaine durant plusieurs secondes. Alors qu’ils ne s’étaient jamais entendus, cette paranoïa glaciale était autre chose. Cela suggérait que l’homme avait perdu sa raison. « Comment l’exécuter peut-il aider votre position ? Les hommes savent que Rockbottom a arrangé les finances de ce voyage. Le punir est une chose, mais l’exécuter… »

Les yeux du capitaine étaient devenus vides. Son seul signe d’émotion était un tremblement dans ses bajoues charnues. « Les hommes peuvent endurer un peu de privation comme leçon. Mais vous avez clairement indiqué votre loyauté. Il est bon de savoir où nous en sommes. »

L’unique avertissement que Shae eut fut le regard furtif du capitaine. Il se retourna, laissant sa main tomber sur le manche de son coutelas juste au moment où la silhouette robuste de Rask Materly lui rentrait dedans. Le vieil homme s’était déplacé plus silencieusement que Shae ne l’avait prévu. La force de l’impact le projeta contre la rambarde arrière qui se brisa et le fit sombrer dans les vagues sombres et froides qui tourillonnaient dans le sillage du navire.

* * *

L’Exeter avait un équipage assez important pour exiger un cachot ; le Capitaine Fargen ne tolérait guère l’inconduite ou l’insubordination et utilisait généreusement ses six cellules. Elles étaient disposées en carré dans un renfoncement humide et sombre de la cale inférieure, chacune étant une cage aux dimensions inconfortables, même pour un nain, avec de l’humidité suintant des parois. L’air ne circulait pas. Il était épais et nauséabond, avec les odeurs fétides des prisonniers jetés ici pour récupérer des beuveries. Une seule nuit dans ces cellules corrigeait la plupart des comportements, et le souvenir de leurs tailles suffisait à garder un équipier capricieux droit avant que les vieilles habitudes ne réapparaissent.

Joln Rockbottom s’était assis le dos contre la coque, essayant de maintenir son équilibre malgré ce qui semblait une éternité sans nourriture, presque rien à boire, et assis fans l’obscurité avec une entrave rouillée attaché à sa jambe gauche. Cette jambe avait cessé de palpiter, mais il ne pouvait plus rien sentir à cet endroit maintenant, sauf une démangeaison persistante. L’entrave n’était pas dimensionnée pour un nain, était beaucoup trop grande pour sa cheville, et coupait cruellement dans son mollet. Son agonie lancinante l’avait auparavant distrait des nombreuses autres marques et ecchymoses sur ses bras, son torse et son visage.

Une agitation à l’extérieur de sa cellule interrompit ses ruminations. Gaverne, le ruffian qui surveillait les cellules se disputait avec quelqu’un puis poussa un cri inhabituel. Des pas traînants de bottes suivirent alors que Garvern s’exprimait d’un ton blessé : « Vous n’aviez pas besoin de me cogner. J’voulais juste savoir ce que c’était. L’ cap’ a dit : pas de visiteurs. »

L’épaisse porte s’ouvrit. Rockbottom leva la main pour cligner des yeux contre l’éblouissement de la torche. Il fallut un moment à ses yeux pour s’ajuster et il ne vit qu’une imposante silhouette affalée. Un homme se pencha et fourra quelque chose de rond et de dur entre ses mains. Rockbottom réalisa que c’était un bol, et l’odeur qui s’en dégageait – lui retourna l’estomac – fit que ses doigts tremblants trouvèrent la cuillère et il commença à enfourner le ragoût tiède dans sa bouche. « C’est du rat ? Le goût est merveilleux. »

Lorsque le sentiment de normalité revint, il reconnut son visiteur comme étant Creb « Doc » Killingsworth, le cuisinier, barbier et chirurgien du navire. C’est un grand homme à la peau sombre, bien musclé, et d’ordinaire quelqu’un que Rockbottom évitait en traversant le pont. Quelque chose de malveillant se cachait dans les yeux de Killingsworthn quelles que soient l’heure et les circonstances. L’homme avait l’habitude de mâcher son cigare et de regarder tout le monde autour de lui comme s’il cherchait une excuse pour employer l’un des nombreux instruments tranchants qu’il gardait accrochés à sa tenue. Doc demanda à Gavern : « La clé. Maintenant. »

Le geôlier du navire hésita, évalua ses chances de rester en vie s’il protestait, puis se retourna pour obéir. « Pas sur ma tête », marmonna-t-il en passant une grande clé à Doc.

Le cuisinier du navire enleva la pince métallique et demanda à Gavern de rapprocher la torche pour qu’il puisse examiner la blessure. Rockbottom faillit s’évanouir au retrait de l’entrave. Il refusa même de regarder son pied. Doc fourra une volumineuse bouteille dans les mains du nain, et il reconnut l’odeur du rhum bon marché. « Bois. » Commanda Doc d’une voie semblable à du gravier s’écoulant.

Rockbottom engloutit une longue gorgée au goulot de la cruche sale et en avala tellement qu’il faillit s’étouffer avec le fort liquide. Il pleura des larmes en voyant Doc tirer un de ses plus gros hachoirs d’une boucle à sa hanche. « Je suppose que vous n’êtes pas ici en votre qualité de cuisinier du navire. Vous auriez dû venir me voir il y a quelques jours. »

« Grangrène. La jambe doit partir. » Ses yeux restaient étrangement mélancoliques alors qu’il prononçait ce sinistre verdict.

« Je vous donne vingt couronnes pour utiliser un couteau plus propre. » Rockbottom ne put retenir un gloussement presque hystérique. « Je me sens bien ! Laissez-la respirer un peu sans l’entrave pendant une journée. Essayez demain. » Ses protestations furent infructueuses. « Le capitaine ne va-t-il pas m’exécuter ? Quel est le problème ? » Doc l’ignora et mâchonna son cigare en serrant une corde autour du genou du nain et le stabilisant d’une main épaisse. Doc leva le hachoir et il attrapa la torche.

* * *

En heurtant les eaux froides et avides du Merdius, la plupart des individus en tenues complète et en armure de warcaster auraient coulé, auraient été engloutis et oubliés. Phinneus Shae, cependant, était un homme prévoyant qui avait réfléchi aux dangers de combattre sur un navire. Après avoir accepté de servir la Ligue Mercarienne en tant que warcaster, il avait investi dans un processus coûteux pour permettre à son armure de supporter une courte immersion et d’améliorer ses qualités de compensation de poids pour une flottabilité additionnelle.

Cela fournit peu de confort immédiat lorsque l’on est projeté de nuit au milieu d’un océan avec rien d’autre que des morceaux de rambarde cassée pour compagnie. Shae s’était accroché à l’une de ces stabilités additionnelles et réfléchi à ses options. Il avait peu de temps ; les lanternes arrières du navire s’effaçaient dans le brouillard nocturne. Il rassembla son pouvoir arcanique pour animer le vent et les courants et se pousser en direction du navire. Il nagea de toutes ses forces et utilisa la puissance de son armure et de sa magie pour l’aider. Il pouvait sentir les cortex de ses warjacks à bord du navire, à la limite de sa conscience, mais ils étaient hors tension et inutiles pour lui maintenant. Il se concentra sur eux comme une balise pour l’inciter à plus d’efforts. Il sembla tenir bon durant un moment mais le navire commençait à s’éloigner.

Une lumière clignota vers l’arrière du navire, plus près de la ligne de flottaison, suivie d’un bruit de claquement à peine perceptible. Shae pensa que quelqu’un avait décidé de l’achever à coups de fusil jusqu’à ce qu’il remarque quelque chose barboter dans l’eau à proximité. Il aperçut une lueur d’acier qui devait être un harpon rattaché à une longueur de corde. Un sursaut de force lui permit d’attraper la corde avant qu’elle ne coule davantage. C’était tout ce qu’il pouvait faire dans on était d’épuisement pour s’accrocher à la corde. Il vit une imposante ombre tirer la ligne depuis un sabord dans la section arrière du pont inférieur.

Il tapa lourdement et leva les yeux pour voir le Bosco Balasar Grogspar. Le trollkin avait l’air particulièrement massif ici, sur le pont-batterie inférieur avec son plafond bas. Son lance-harpon reposait contre la coque près du sabord. « Un peu tard pour une baignade. »

Toute réplique spirituelle que Shae aurait pu lâcher fut gâchée par une longue quinte de toux. Le bosco était grincheux, mais toujours juste. Quand Shae retrouva sa voix, il se sentit obligé de l’avertir. « Le capitaine m’a jeté par-dessus bord. Il ne sera pas content que tu m’aies repêché. »

Grogspar digéra cette information et haussa les épaules. « S’il voulait que je vous laisse vous noyer, il aurait dû me le dire. Un homme passe par-dessus bord, je le remonte, aussi simple que cela. »

Ce n’était pas une approbation retentissante, mais il faudrait faire avec. Shae dit d’une voix rauque : « Allez chercher Monsieur Walls. S’il vous plaît. » Il ajouta ce dernier après que le regard furieux du trollkin d’être commandé. Le bosco tuta sa pipe avant de se détourner, secouant la tête et murmurant quelque chose d’incompréhensible sur l’ascendance de Shae. La plupart des hommes dans sa position auraient probablement été inquiets pour leur survie, mais Phinneus Shae constata que ses pensées se tournaient naturellement vers la vengeance. Le désir lui brûlait comme un tison chaud dans ses entrailles alors qu’il frissonnait contre l’humidité et le froid et imaginait diverses façons de tuer le capitaine.

* * *

Épuisé et endolori après sa baignade, Phinneus Shae s’assoupit brièvement. Il se réveilla au bruit d’une dispute et se trouva appuyé contre le canon le plus proche, une énorme bête de calibre « canon royal », 9000 livre et trois mètres soixante de long. Le Bosco Grogspar et le maître de quart Walls débattant à voix basse, se rapprochèrent. Grogspar grogna : « Ce dont vous parlez, c’est d’une mutinerie. Pure et simple. »

« Putain que oui. Quel autre choix avons-nous ? Ce fils de pute de capitaine a promis qu’il pendrait Rockbottom au grand mât à l’aube et a jeté Shae à la baille sans raison. Je te garantis qu’il viendra me chercher et toi après. Cet homme a perdu la raison. »

« Il n’a aucune raison de venir me chercher. Je fais mon travail. » Le trollkin croisa les bras avec entêtement.

« Que se passe-t-il entre vous deux ? » Ils se calmèrent à l’approche de Shae, toujours trempé et ressemblant à un chat noyé. La dure et sinistre lueur dans ses yeux démentait son apparence. La fumée des cheminées sur son dos montait jusqu’au plafond bas.

Monsieur Walls fronça les sourcils avec une expression troublée, et même son singe semblait inhabituellement calme. « Désolé, maître Shae, tout ce désordre est de ma faute. Je n’aurais pas dû vous impliquer dans tout ça. »

Shae écarta les excuses : « Un seul homme doit répondre de ce qui m’a été fait. »

Monsieur Walls hocha la tête : « C’est de cela que Grog et moi parlions. Nous ferions mieux de faire vite pour que les gars nous soutiennent avant que la nouvelle de votre retour ne se répande. Bien sûr, il préfère argumenter avec moi plutôt que de faire quoi que ce soit. » Il jeta un coup d’oeil au maître d’équipage.

Grogspar le fixa, ses lèvres compressant la tige de sa pipe. « Bande d’irresponsables idiots. Et après ? Vous serez tous tués ou chassés pour le reste de votre vie. »

Shae hésita. En vérité, son désir de vengeance avait chassé toutes les autres pensées et il n’avait pas envisagé la suite. « C’est ma bataille. Pas la vôtre. Je vais m’assurer que cela soit fait, et vous deux vous pouvez rester en dehors de ça. Je ne soufflerai pas un mot de l’aide qui m’a été apportée. »

Le visage de Walls se marbra et il sembla en colère pour la première fois. « Les dents de Thamar ! » Il pointa un doigt vers Shae comme pour discipliner un enfant. « Que pensez-vous que les hommes feront une fois que vous aurez tué le capitaine. Une fois que vous serez sur le pont avec la lame à la main, ils décideront de vous soutenir ou de vous stopper. Nous avons besoin d’un plan avant que vous ne fassiez couler le sang sur le pont. » Le maître d’équipage marmonna dans sa barbe. Il n’aimait clairement pas ce scénario.

Le tempérament de Shae ne se calma pas précisément, mais les paroles eurent un effet. Les pensées de ce qui pourrait arriver après son acte lui vinrent. Il allait devenir un hors-la-loi plutôt qu’un warcaster très respecté. Un avenir sombre, mais que pouvait-il faire d’autre ? Accepté d’être tué comme un mouton ? Le warcaster croisa les bras et regarda le maître d’équipage borgne. « Qu’est-ce que vous suggérez ? »

Une lueur s’illumina dans l’oeil de l’homme comme s’il avait espéré la question : « Les hommes détestent le cap’, tous, mais le risque peut les effrayer. Nous avons besoin de leur aide, de pas nous planter. Vous êtes une terreur au combat, mais vous ne pouvez pas mener les officiers et les fusiliers marins seuls. Vos ‘jacks sont aussi au mauvais endroit. Si nous voulons survivre, nous devons avoir Hawk à nos côtés. Ralliez-la, l’équipage suit. Sinon, on est bon pour la planche. »

« Cela semble beaucoup plus compliqué que de s’occuper du capitaine. » Il vit le visage de Walls se marbrer à nouveau et leva la main pour prévenir une réplique. « Très bien, comment rallie-t-on Hawk ? » Il n’avait toujours pas envie de mener une mutinerie, mais décida qu’il valait mieux faire une chose après l’autre.

Walls suggéra : « Primo on sort Rockbottom de là. On traîne pas ! Une souris pourrait déjà être en train de couiner si on vous avait entendu entrer ! »

Les deux hommes se retournèrent et faillirent tomber sur le Bosco Grogspar, debout telle une muraille, les bras croisés et fronçant les sourcils par-dessus sa pipe. « Et toi, Bosco ? » lui demanda Shae, espérant qu’il n’aurait pas à tuer le trollkin qui venait de lui sauver la vie.

« Je vais aider pour le nain, mais pas plus. » Walls frappa le trollkin sur le bras, gagnant un regard noir en retour, et les trois se précipitèrent vers la prison.

* * *

L’un des hommes à l’extérieur de la prison frappa Monsieur Walls avec un couteau et gagna une balle de pistolet pour sa peine. Il mourut instantanément et glissa le long du mur du fond. Le son alerta Gavern la clé en main à l’intérieur, qui ouvrit la porte, le gourdin à la main. Shae trancha le bois à la base d’un rapide coup de son coutelas, puis passa devant l’homme qui se vautra sur le plancher. En entrant dans la salle de garde principale, qui relie les cellules, ils s’arrêtèrent brusquement.

Doc Killingsworth était à l’intérieur, les regardant avec son regard sombre habituel, son tablier et ses mains couvertes de sang. Il avait un tranchoir maculé de sang dans une main et une sorte de trophée macabre dans l’autre. Cette vision les fit tous s’arrêter. Personne ne s’embrouillait avec Doc. Shae loucha sur la masse sanglante que l’homme tenait ; « C’est un pied ? » Demanda-t-il, incrédule.

Doc le regarda comme s’il avait oublié qu’elle était là et la jeta avec un mépris désinvolte par-dessus son épaule dans un pot de chambre dans un coin. Sha garda son coutelas mékanique prêt mais sa pointe se rabaissa, et il laissa le chirurgien du navire faire le premier pas. Plutôt que de s’avancer pour attaque, l’homme tira son cigare. « Rabattre le caquet du cap ? »

« De manière définitive à ce salaud. » Répondit Walls, ignorant la protestation de Grogspar.

« Bonne idée. » La grimace de Doc se transforma en sourire. « J’en suis. » Sur ce, il lança une clé scintillante dans les airs, que Shae attrapa sans effort. Doc indiqua la cage appropriée d’un signe de tête. « Je pense qu’il sera heureux de vous voir. »

* * *

Grâce à une grande quantité de rhum, Rockbottom était de meilleure humeur que prévu. Ivre et délirant ne le rendait pas non plus très utile. Il parut assez surpris de voir Shae. « Vous ! Je ne vous ai même pas filer un petit quelque chose. Que faites-vous ici ? » Shae se dit avec amertume que cela signifiait probablement que le financier rhulique était coupable de tout ce que le capitaine estimait, mais cela ne méritait pas d’être exécuter. « L’expression de Rockbottom devint plus sérieuse : « Je suis désolé d’avoir manqué votre vin. »

Shae secoua la tête. « Il y aura d’autres bouteilles. »

Ils n’eurent pas le temps de converser plus longtemps, car un bruit de pas lourd et soudain retentit à l’extérieur de la salle. Ils entendirent le lâche Gavern les balancer sans hésitation à voix basse. « C’est l’un des lieutenants fusiliers marins, Barrows », grommela Shae. Il s’était battu aux côtés de l’homme à plusieurs reprises mais ne se faisait aucune illusion sur la fidélité du mercenaire à autre chose que l’argent. Walls dégaina ses pistolets et Phinneus fit de même, mais il ressentit un sentiment désagréable. Ils pourraient tirer quelques coups, mais ils étaient coincés comme des rats.

L’instinct le poussa à repousser les autres loin de la porte au moment même où des coups de feu faisaient des trous dans le bois et les aspergeaient d’éclats. Les fusiliers marins donnèrent un coup de pied à la porte, mais les deux premiers moururent sous les tirs de pistolet. Sachant que Walls était un rapide de la gâchette, Shae retint son tir pour la prochaine chose en mouvement dans le couloir, au-delà de la fumée. Il y eut des cris et de la consternation alors que Grogspar et Doc retournaient la table à carte voisine pour se planquer derrière elle, sachant que cela n’arrêterait pas les balles mais pourraient au moins un peu les dissimuler. Rockbottom gloussa sans le soudain silence, trouvant apparemment l’idée d’être abattu, après avoir été sauvé et perdu son pied, hilarante.

La voix du Lieutenant Barrows leur parvient. « Phinneus Shae et qui se soit avec vous, vous avez trois secondes pour vous rendre ou l’on vous enfume ! »

« Étouffer à mort, encore mieux … » constata Rockbottom, avant que Grogspar ne le fasse taire avec une main charnue sur sa bouche.

Shae essaya de trouver quelque chose pour gagner du temps quand il entendit des cris et le bruit de nouveaux combats à l’extérieur. Après avoir rechargé son arme, il tint calme, Walls, tendus, à côté de lui. Ils entendirent le bruit des lames tranchant les chairs. Une silhouette mince, indistincte la fumée, apparut dans l’embrasure de la porte. Ils tirent leur pistolet droit jusqu’à ce qu’ils entendent une voix féminine familière. « Vous feriez mieux de me tuer ou tirer sera la dernière chose que vous ferez. »

Walls rengaina ses pistolets et sourit joyeusement : « Hawk ! T’es une vision heureuse, gamine. »

Shae relâcha sa propre gâchette un peu plus lentement et rangea son pistolet dans son étui. La femme dévisageait et tenait sa paire de coutelas ensanglantés prête. Elle s’approcha de lui, l’une de ses armes dansant inconfortablement près de sa aine, et examina l’hétéroclite groupe rassemblé derrière lui. Derrière elle, ils virent un certain nombre de membres d’équipage expérimentés ayant accompagné Hawk et combattu à ses côtés. Elle parla à Monsieur Walls comme si Shae n’était pas là. « Tout le navire sera en armes dans quelques minutes. »

Walls lui fit signe de la tête avec un sourire comme si elle ne pointait pas un coutelas menaçant vers le warcaster. « Content de te voir, Hawk. On est dans la merde, on a besoin de ton aide. »

Hawk est une femme grande et élancée de carrure athlétique, le visage aussi marqué que n’importe lequel des hommes du navire ; le seul petit défaut de sa beauté, bien que pour la majorité des personnes cela ajoute à son attrait exotique. Elle semblait prendre plaisir à narguer les hommes à bord en s’habillant de façon provocante, mais personne n’avait jamais commis deux fois l’erreur de pousser ses affections. Pour autant que Shae le sache, elle n’avait emmené un homme dans sa couchette, bien que plusieurs soient morts en essayant. Il ne respectait aucun autre combattant à bord. Il l’avait vue tuer une douzaine de pirates sans plus d’égard que de flâner sur le pont. Elle était rémunérée au titre de « maître d’armes », chargée de former l’équipage et d’aider les fusiliers marins à repousser les abordages, et pas quelqu’un que Shae s’attendait à venir combattre ces mêmes fusiliers marins pour sauver sa peau.

Shae et Hawk n’avait jamais beaucoup parlé. En fait, elle avait souvent semblé faire tout son possible pour l’éviter, et il ne savait pas pourquoi. Enfin, elle se retourna et s’adressa à lui franchement. « Vous m’avez forcé la main. J’avais un plan moins compliqué pour sauver Rockbottom. » Son expression suggérait qu’elle tenait Shae pour responsable d’avoir gâché sa mission. « Maintenant, ça va être sanglant. »

* * *

Quand Shae demanda à Hawk pourquoi elle était venue, elle répondit de façon abrupte. « Rockbottom me doit bien ça. Plus que tout autre, il me le doit. Même la mort ne l’empêchera pas de me payer. » Elle ne donna pas de détails, et Rockbottom semblait plus sobre, voir carrément effarouché, à sa vue. Le fait qu’il se soit attardé auprès de Doc donna plutôt une claire indication de son état d’esprit. Shae ne pouvait imaginer l’ampleur de ce dans quoi Rockbottom avait pu s’embarquer alors que d’autres angles de ce problème apparaissaient. Tout cela lui donnait l’impression de chevaucher une tempête hors de contrôle. Il n’aima pas la sensation. En même temps ; une excitation familière, la tension de la bataille, commença à couler dans ses veines.

Ils n’eurent pas beaucoup de temps pour parler. Un bon nombre des membres d’équipages les plus expérimentés accompagnaient Hawk, et ils se rassemblèrent davantage alors qu’ils se dirigeaient vers la cale inférieure. Déjà, ils entendirent la cloche d’une alarme tinter en haut. Combiné avec les cris qui s’élevaient ici entre les hommes, ce fut une cacophonie totale. Même Walls ne parvint pas à les calmer.

Malgré l’intervention de Hawk, personne ne semblait prêt à se mutiner. Walls se disputait bruyamment avec l’artilleur le plus chevronné tandis que plusieurs autres criaient par-dessus eux. La plupart des jeunes membres de l’équipage semblaient prêts à paniquer alors qu’ils poussaient, avec des visages crispés et inquiets, pour écouter. Ils ne ressemblaient pas à un groupe sur le point de prendre le contrôle d’un navire.

Shae finalement fit feu de son canon à main pour attirer leur attention. « Nous n’avons pas le temps pour cela. Les fusiliers marins se préparent à pénétrer ici avec des armes à feu. Chaque homme doit faire ce que sa conscience exige. Le Capitaine Laross Fargen a tenté de m’assassiner sans provocation. Il mourra de ma main, et quiconque le soutiendra mourra aussi. »

Malgré tout ce qui s’était passé, c’était un équipage endurci, pas comme ceux que l’on trouvait sur les navires marchands ordinaires, et ils n’aimaient pas les menaces. Le même compagnon artilleur qui s’était disputé avec Walls se fraya un chemin et demanda : « Tu penses que tu pourrais tous nous tuer ? »

L’autre main de Shae reposait déjà sur sa lame, et il lança à l’homme un regard qui le priva d’une partie de son panache. « S’il le faut, je le ferai. »

Monsieur Walls vit que la conversation prenait une mauvaise direction et s’éclaircit la gorge. « Regardez-moi les gars, vous me connaissez tous. Vous connaissez tous Rockbottom ici et comment il a été bon avec vous, a veillé sur vous, a veillé à ce que vous ayez votre part. Il n’y a rien de sacré dans la fonction du cap’. Il a des devoirs envers ses hommes tout comme ses hommes ont des devoirs envers lui. Ce petit fils de pute a trahi son devoir. Son autorité ne vaut pas le seau à pisse dans le coin, ni ce qu’il y a dedans. Viens un moment où un type doit décider s’il doit se faire cracher dessus sans se plaindre, ou se lever comme un homme et se battre. C’est le moment de le faire. »

Ses paroles eurent un impact sur un certain nombre d’entre eux, en particuliers les vieux loups de mer. Quelqu’un cria : « Tu es dans quel camp, Hawk ? »

Ils se calmèrent tous pour entendre ce qu’elle avait à dire. Elle regarda Shae, et un pendant une seconde son coeur se serra. Il était certain qu’elle le lâcherait et retournerait l’équipage contre lui. Elle se pencha près de lui et lui dit tout bas : « Tu es prêt pour ça ? Tu es prête à assumer la responsabilité de ce que tu as débuté ? »

Shae imagina un certain nombre de protestation, la première était que ce n’était pas son choix de se faire jeter par-dessus bord. Il vit la tension apparaître sur sa mâchoire. Il fit un signe de tête. « Je nous tirerai de ce foutoir qui arrive. » Il n’était pas tout à fait sûr de ce qu’il acceptait, mais cela sembla la satisfaire.

Hawk se retourna et cria aux hommes : « Pourquoi j’ai pas encore appelé à la mutinerie ! Mais vous imaginer le casse-tête de faire face à un warcaster et ses potos. Maintenant que l’idiot a essayé de tuer le seul qui aurait pu se dresser contre nosu, il est temps pour nous de le faire. Il est temps d’avoir un nouveau capitaine. »

Sa confiance avait plus de pouvoir que la magie, et Shae fut étonné de voir comment l’équipage changea. Ils restaient plus effrayés et anxieux que confiants, mais pour le moment il semblait prêt à intervenir.

Le Maître de Quart Walls se tourna vers Shae. « Que devons-nous faire en premier Maître Shae ? » Soudainement, ils se tournèrent vers lui pour savoir comment s’y prendre. Peut-être naturellement, étant donné qu’il avait mené le combat lorsque le navire avait été attaqué par des outsiders. Shae retrouva son calme tout spontanément.

« Nous devons prendre l’armurerie. Si nous ne mettons pas la main sur de véritables armes, ce sera vite fini. Monsieur Walls, prenez vos meilleurs hommes et suivez-moi. » Il se tourna vers le bosco trollkin, que se tenait avec sa pipe en bouche, l’air encore incertain de ce qu’il faisait là. « Grogspar, vous pouvez rejoindre mes ‘jacks et les allumer ? Cela prendra du temps, mais nous en aurons besoin. Vous êtes le seul en qui j’ai confiance pour le faire. »

Grogspar hésita un instant, puis acquiesça ombrageux. Le seul signe qu’il n’était pas toujours pas satisfait fut la façon dont il repoussa plusieurs membres d’équipages lent dans un mur lointain alors qu’iils ne s’écartaient pas assez rapidement de son chemin.

Shae se tourna vers le compagnon de l’artilleur qui l’avait confronté. « Pensez-vous pouvoir charger un des royaux sur monte-charge ? Si on peut le hisser, ça pourrait être utile. » Le compagnon eut l’air surpris d’être appelé et se tint plus droit alors que le défi quittait son visage. Il convint que cela pouvait être fait, s’ils pouvaient atteindre le cabestan sur le pont principal pour actionner la plate-forme.

« On ne peut pas être acculés en bas. Prenez tous les hommes sur lesquels vous pouvez compter et dirigez-vous vers le pont supérieur. Pas de temps à perdre, bougez ! »

* * *

Lorsqu’ils se rendirent à l’armurerie, sur le pont-batterie supérieur, ils purent entendre les bruits de batailles et de la fuite dans de nombreuses directions. L’agitation confuse rendait impossible de déterminer quel côté faisait quoi. L’expression de Shae était sinistre et, craignant les aléas de la loyauté de l’équipage, ils se hâtèrent. Il s’attendait à ce que beaucoup perdent leur détermination une fois qu’ils se retrouveront face à face avec des officiers bien armés sur le pont supérieur.

Doc portait Rockbottom sur son épaule malgré les protestations du nain. Son moignon avait été cautérisé et enveloppé et Doc lui avait promis un bon pilon quand ils pourraient coincer un charpentier. Ils ne trouvèrent aucun endroit particulièrement bon où sûr pour mettre le commissaire de bord, alors ils le traînaient avec eux. Il n’arrêtait pas d’exiger de se rendre dans ses quartiers pour pouvoir récupérer son arme de poing crache feu, mais Shae décida que Rockbottom décida que Rockbottom pouvait attendre jusqu’à ce qu’il ait dessoûlé.

Plusieurs sous-officiers avaient pris des positions d’abri derrière des caisses dans la pièce à l’extérieur de l’armurerie, et une balle siffla à l’oreille de Shae avant qu’il ne se replie. L’air s’épaissît d’une brume et d’une pluie battante alors que Shae invoquait une tempête contre nature. Il ordonna aux hommes d’avancer derrière et de se tenir bas alors que les balles volaient. Ils rejoignirent les caisses et sautèrent par-dessus pour taillader et empaler les hommes qui gardaient la porte.

Alors qu’ils achevaient leur sanglante œuvre, ils entendirent des bottes et des bruits de pistolets armées provenant d’une autre direction mais ce n’étaient que des membres d’équipages fidèles venus se joindre au combat. Plusieurs boitaient et au moins un en avait en avait prise une dans son flanc. Cet homme blêmi à la vue de Doc, et essaya de lui faire signe de s’éloigner, mais l’implacable chirurgien plaqua Rockbottom contre le mur pendant qu’il vérifiait d’autres blessures. Doc sortit un cruel outil qu’il employa, Shae le savait par expérience personnelle, dans la douloureuse procédure d’extraction des balles.

Shae et Walls défoncèrent la porte, forcèrent l’homme à se rendre et commencèrent à distribuer des armes à feu et des lames. En abandonnant leurs gaffes et leurs gourdins pour de vraies armes, cela améliora le mental des hommes.

Quelque part au milieu de tout cela, Shae ressentit le picotement bienvenu des connexions du cortex lorsque les chaudières des warjacks s’allumèrent. Il pouvait les sentir, toujours sous la cale arrière, à mi-navire. Bien qu’encore plus légers que les ‘jacks militaires de même qualité, leur taille et leurs poids réduisaient considérablement leur mobilité sur le navire. Les planches du pont supérieur, renforcées et blindées, pouvaient les soutenir, mais aucun des espaces internes n’était assez solide.

Laissant la livraison d’armes à d’autres, Shae, Doc, Hawk et Walls quittèrent Rockbottom en bas et grimpèrent les escaliers en passant des membres d’équipages fraîchement armés. Shae reconnu les bruits habituels des tirs de fusil des fusiliers marins, tenant probablement une position sécurisée autour de la plage arrière du capitaine. Avec des fusils et une couverture, ils seraient presque impossibles à déloger.

* * *

42
Background – Histoire des Royaumes d’Acier / Vilcornu
« le: 17 novembre 2020 à 22:26:00 »
Vilcornu

Par William Shick

Rorsh lança un regard noir au ciel brûlant de midi, concentrant chaque parcelle de méchanceté sur la lueur éblouissante cinglante. Face à un tel air renfrogné, n’importe quelle autre créature de Caen se serait repliée dans l’ombre, mais confiant que même Rorsh ne pouvait pas mettre sa menace à exécution, le soleil brillait d’autant plus.

Le farrow céda finalement avec un grognement mécontent et haussa les épaules, gêné sous son lourd manteau de cuir. Comme d’autres de son espèce, Rorsh n’avait jamais pensé que quelque chose d’aussi simple que le soleil pouvait lui causer un malaise, mais cette chaleur était bien au-delà de tout ce qu’il avait jamais connu. Il grogna en essayant de trouver une position qui ne frottait pas à vif son corps couvert de sueur.

Il maudit à nouveau d’avoir accepté cette mission pour l’autoproclamé « Seigneur Carver ». Dans les Marces Sanglantes, parcourant des lieues à travers un désert brûlant avec comme destination finale, un rocher géant dont aucun être vivant ne se souciait. Rorsh recentra son regard sur le puissant Vilcorné au lion, sa surface escarpée se terminant par un imposant sommet qui dominait le paysage environnant tel un tyran.

Il jugea que lui et ses bêtes de guerre étaient encore au mieux à trois jours de leur destination, même si l’intérêt que l’endroit avait pour son employeur actuel dépassait largement l’entendement de Rorsh. Il se souvenait du farrow infatué de lui-même jasant à propos d’os, d’augures et de signes. Quelque chose à propos d’un pouvoir antique et de sombres présages avait fait briller les yeux du Seigneur Carver comme ceux d’un voleur en présence d’une grande salle aux trésors.

Peut-être que s’il ne s’était pas enivré de l’alcool de grain ayant coulé librement cette nuit-là, il se souviendrait de quoi ce sanglant Urcaen Carver avait rabâché. Plus importnat encore, il aurait peut-être eu assez de bon sens pour rire au nez du Porteur de la Destruction la Plus Massive lorsqu’il lui avait proposé ce job – bien que cela se serait sans doute terminé par l’introduction de la puissante lame du roi des farrow, Main de Dieu, dans son crâne.

Au lieu de cela, il avait accepté de se rendre dans ce misérable désert et de repérer la région avant Carver et son équipe. Ce qu’il était censé trouver, eh bien, c’était juste une autre information ayant disparu avec l’arrivée de la gueule de bois.

Il se maudit alors et gratta un sabot désespérément dans le sable chaud. À ce stade, l’air frais du Bois d’Épines lui semblait bon, ou même le climat glacial du nord du Khador. Tout sauf cette intolérable chaleur, dans cet interminable désert, au service de l’insupportable autoproclamé roi des farrow.

Un cri de panique le ramena de sa torpeur de la scène de chaos devant lui. Le bruit du bois qui se fendille et se brise alors que ses deux sangliers fouillaient le butin de leur dernière embuscade céda la place à des lourds grognements et ébrouements. Il est clair qu’ils avaient trouvé quelque chose à leur goût. Rorsh pouvait sentir leur satisfaction grâce à son lien avec eux, le doux arôme de fruit frais faisant saliver sa bouche même s’il était loin du chariot qu’ils avaient défoncés. Sa puissante bête de guerre Brine avait déjà revendiqué le meilleur repas.

Rorsh était encore en train de s’habituer à ses nouvelles bêtes après n’avoir été lié à Brine si longtemps. Parfois, il trouvait leur esprit frustrant et difficile à lier ; à d’autres moments, comme maintenant, il se trouvait assailli par leurs pensées et leurs émotions. Jusqu’à présents, elles s’étaient montrés assez loyales et il l’avait eu aucun mal à les contrôler quand cela comptait le plus. Il devait admettre que leur présence avait été extrêmement utile au cours des dernières semaines de voyage, car elles lui avaient fourni d’énormes réserves de vitalité dans les quelques escarmouches que son groupe avait menées en chemin.

Il eut un sourire de contentement, testant la connexion qu’il avait avec elles. Elles étaient un cadeau de Carver. Merci, supposa-t-il, d’avoir accepté de participer à cette mission inutile. Les canons géants sur leur dos avaient été modifiés pour tirer des projectiles d’un potentiel explosif encore plus grand que ceux des sangliers canonniers standard, si répandus aujourd’hui dans les armées de Carver. Bien sûr, cette puissance avait un prix, comme toujours. Les charges de poudres plus lourdes utilisées dans les munitions spécialisées surchauffaient rapidement les canons et pouvaient infliger de graves brûlures aux bêtes. Et puis il y avait la question des obus eux-mêmes. Rorsh préférait voyager léger et Carver n’avait pas été disposé à fournir des chariots de ravitaillement, de sorte qu’il n’avait encore autorisé les sangliers artilleurs à employer leurs nouvelles armes.

Pas besoin de gaspiller une bonne carte jusqu’à ce que vous en ayez réellement besoin.

Tandis que les deux sangliers artilleurs se contentaient des caisses de produits, Rorsh se tourna vers le survivant humain dont les cris de panique l’avaient arraché à son combat contre le soleil brûlant. La jambe de l’homme avait été cassée là où ma charrette était tombée sur lui après que Brine l’ait percuté, et il se débattait maintenant, piégé et impuissant, tandis que la puissante bête de guerre farrow se nourrissait de la chair des autres marchands. Du sang s’accumulait autour du museau et des défenses de Brine, donnant une apparence encore plus effrayante à l’énorme bête. Bien qu’ayant déjà consommé près de quatre hommes, la faim brûlait toujours dans les yeux de Brine – des yeux qui fixaient maintenant le marchand survivant.

« S’il vous plaît ! Aie pitié ! » Les mains s’accorchèrent au manteau de Rorsh, ce qui frotta le cuir épais sur sa chair douloureuse. « Ne laissez pas cette chose me manger, je vous en supplie ! »

Il y eut un craquement bruyant alors que Brine engloutissait la dernière jambe de son repas actuel, suivi d’un claquement de lèvres humide, et d’une déglutition presque comique. Comique, supposait Rorsh, pour tout le monde sauf l’humain piégé.

Une fois les caisses de fruits et de légumes terminées, les deux sangliers artilleurs se déplacèrent, un jus collant s’écoulant de leur museau. Chacun d’eux avait la même apparence que Brine. Rorsh savait qu’un porc ne se nourrissait pas uniquement de fruits. C’était, après tour, une espèce complexe.

Brine baissa la tête et fixa les deux bêtes de guerre légères avec un regard glacial, un grognement guttural émanant de sa gorge. Les deux sangliers s’arrêtèrent mais ne reculèrent pas.

Un ordre mental rapide et décisif de Rorsh mit fin au défi de Brine. Vous partagez celui-ci. Rappelez-vous, nous sommes une grande et heureuse famille maintenant.

Il sentit Brine commencer à résister, mais quand Rorch augmenta la pression de son ordre mental, la bête de guerre recula à contrecœur, levant son museau ensanglanté et laissant échapper une bouffée chargée de viande pourrie alors que ses épaules s’affaissaient comme celle d’un enfant irritable qui sait qu’il n’arriverait pas à ses fins.

Les yeux de l’homme s’écarquillèrent frénétiquement entre Brine et les deux petites guerres. « S’il vous plaît, ne faites pas ça ! » Il se mit à sangloter de terreur.

Rorsh le regarda fixement et lui fit un sourire malicieux en allumant un cigare provenant de la poche intérieure de son manteau. Il tira une bouffée savourant le goût amer du tabac. Il secoua la tête vers les bêtes salivantes et dit simplement : « Des bouches à nourir. Tu comprends. »

Alors que les bêtes de guerre entamèrent leur repas hurlant, Rorsh fixa les sommets escarpés du Vilcornu, tirant profondément sur son cigare. Bientôt, pensa-t-il, envisageant déjà d’être de retour dans la fraîcheur du Bois d’Épines. Bientôt.

Alors qu’ils s’approchaient de la base de l’imposant Vilcornu, Rorsh mâchouillait le cigare dans bouche. Il pouvait sentir l’agitation de Brine à la vue de ce qui se passait en face. Devant la base de la montagne se dressait un camp en entier. Les grandes étendues de tissu rouge, doré et noir suspendues au-dessus du sol par de longs piquets marquaient sans équivoque le camp comme étant skorne.

Rorsh maudit sa chance en déplaçant sa peau à vif sous son lourd manteau. Rien n’est jamais aussi simple qu’il n’y paraît. Mais on ne fait fortune simplement.

Resserrant sa prise mentale sur ses bêtes de guerre, Rorsh s’avança vers le camp, agitant un foulard blanc qu’il avait tiré d’une des nombreuses poches de son manteau. Il se renfrogna en voyant que le tissu était tellement maculé de crasse et de sang qu’il aurait tout aussi bien pu agiter un membre ensanglanté.

Il s’avança en essayant de paraître aussi peu menaçant que possible alors qu’il était entouré de trois énormes sangliers tiré d’un conte grymkin cauchemardesque. Il ne fallut pas longtemps à un guetteur pour remarquer la joyeuse bande et donner l’alarme. Rorsh dû admettre que les orientaux étaient efficaces lorsqu’ils se rassemblèrent pour défendre leur camp. Il s’arrêta juste hors de portée des écorcheurs et cria au skorne agité : « Parlez au chef. Bonne affaire pour lui ! »

Rorsh retint son souffle alors qu’il regardait son message se propager le long de la ligne skorne. Il espérait que sa compréhension imparfaite de la langue ne terminerait pas avec la décomposition de son corps sous ce soleil brûlant. Les skorne n’avaient pas l’habitude de converser avec des étrangers.

Il continua à calmer l’agitation de Brine, mais il était à deux doigts de déclencher la pleine puissance des canons de ses sangliers artilleurs si les choses tournaient mal. Il poussa un soupir alors qu’un guerrier skorne perçait les rangs, son énorme armure cataphractaire montée de puissantes cornes, une hallebarde de méchante apparence tenue lâchement en main. Légèrement derrière le cataphracte, un skorne agile, le visage caché derrière un masque déformé de doloriste. Contrairement aux doloristes que Rorsh avait déjà vu, celui-ci portait une étrange arme d’hast avec une sorte de griffe à une extrémité. Dans son autre main, il tenait une chaîne en fer attachée à une misérable créature que Rorsh reconnut comme étant un bébé titan.

Le tyran skorne regarda les intrus avec désinvolture : « Vous avez mon attention. »

Rorsh étira son coup comme s’il n’avait aucun souci à se faire, prenant son temps avant de répondre : « Vous payez. Moi et les miens tuons pour vous. » Il fixa le skorne dans les yeux, les dents légèrement dénudées.

Le doloriste avec son étrange arme d’hast cria quelque chose d’incompréhensible, mais la menace était suffisamment claire. Les skorne n’étaient pas connus pour louer des choses qu’ils pouvaient simplement asservir. Les paroles du doloriste avaient presque certainement réitéré ce fait.

Rorsh détourna le regard du tyran et se tourna vers le doloriste. Parlant en farrow, il dit : « Vous pourriez essayer. » Il haussa les épaules à ses bêtes de guerre et eut un large sourire malveillant. « Mais mes amis sont plus grands que les vôtres. »

Le farrow sentit une morsure d’acier froid dans sa chair lorsque l’étrange arme d’hast se referma autour de son coup. Apparemment, ce skorne pouvait se déplacer beaucoup plus vite que ce que Rorsh croyait. De toute évidence, son importance était passée même si les paroles du farrow ne l’avaient pas été. Le visage masqué du doloriste était si proche du sien qu’il pouvait sentir la douce haleine maladive du skorne. « Un coup de poignet et tu es de la viande pour tes porcs ! » Il fut surpris d’entendre les mots parfaitement grogner en farrow, mais il ne laissa jamais le sourire quitter son visage.

Sentant Brine proche du point de rupture, Rorsh imposa sa volonté sur son compagnon. Une crise maintenant serait très malheureuse pour tous.

Rorsh ne dit rien. Il fit simplement un geste avec ses yeux d’acier au doloriste de regarder e bas pour remarquer que dans sa main il tenait un bâton de dynamite, la mèche brûlant déjà. « Me voici, tout amical, et vous allez tout gâcher », grogna-t-il dans sa barbe.

« Assez ! » La voix du tyran faisant retentir le mot skorne à travers les sables stériles fit que même Brine sursauta. Peut-être n’était-il pas content d’être exclu de la conversation. Il regarda les puissantes bêtes de guerre de Rorsh de haut en bas avant de prononcer en skorne : « Quel est ton prix, farrow ? »

Rorsh lécha ses lèvres desséchées. « Mille, monnaie jaune. Et de la nourriture pour moi et mes bêtes. »

« Trois cents », répondit le tyran en le regardant froidement.

« Huit. »

« Quatre. »

Rorsh baissa les yeux sur la mèche. Il ne leur restait que quelques secondes avant qu’il ne doive passer au plan B – un plan qui impliquait une très désagréable explosion.

« Cinq cents », grogna le farrow.

Le tyran fit une longue pause avant de répondre. « Accepté. »

Rorsh sourit en éteignant la mèche brûlante avec ses doigts calleux. Deux jours de paie pour un emploi. Peut-être que le désert n’était pas si mal après tout.

* * *

Rorsh gloussa alors qu’il allumait un autre bâton de dynamite et le lançait dans les rangs de Gardien du Temple de la Flamme approchant de la ligne de front skorne. Le bâton roula sur le sable chaud du désert et explosa bien derrière les solides boucliers des guerriers du Protectorat. Nombre d’entre eux tombèrent, des taches rouges fleurissant sur plusieurs tuniques blanches.

Avant que les autres ne puissent reprendre pied, Rorsh envoya un ordre mental à ses sangliers artilleurs. L’odeur de chair de porc brûlée remplit ses narines, ce qui provoqua des gargouillis de faim alors que le duo envoyait deux salves mortellement surchargées dans les Gardiens de la Flamme vacillant.

Rorsh alluma un autre cigare tout en touchant l’esprit de Brine, libérant toutes les contraintes mentales qu’il avait mises en place. L’énorme bête de guerre poussa un hurlement de rage et chargea en avant dans un Pénitant fumant. Le lance-flammes du warjack projeta un liquide brûlant sur Brine, mais la rage de la bête aveugla la douleur. Avec une force fracassante, il percuta le ‘jack léger, ses massives cornes l’arrachant du sol. Un poing dévastateur suivit d’un autre alors que Brine défonçait le blindage et déchirait les membres du warjack brisé.

Les troupes du Protectorat étaient venues en force à la base du puissant Vilcornu il y a trois jours, à la recherche de quelque chose au milieu des pics escarpés et des grottes. Ce qu’ils voulaient, Rorsh ne pouvait que le deviner, mais de ses rapports avec le Protectorat, il savait qu’ils avaient un penchant pour les ruines et les textes qui s’effritent – exactement le genre de chose qu’une personne pourrait trouver dans une ancienne montagne de roche comme le Vilcornu.

Ses nouveaux employeurs cherchaient leurs propres trophées, enterrés quelque part dans le noyau rocheux du Vilcornu. Rorsh ne s’était pas soucié de leur demander ce qui les avait amenés ici, et ie nui lui aurait probablement pas révélé. Il savait seulement qu’il y avait trop d’intérêt pour ce tas de cailloux sans valeur. Pourtant, aussi longtemps qu’ils étaient ici, il était sûr de trouver du travail sans soucis.

Brine tourna son regard vers le dernier Gardien de la Flamme. Rorsh ferma les yeux en tirant une longue bouffée de son doux cigare et écouta le bruit des os croquer dans la massive mâchoire du cochon. Il sourit en sentant la poussée de puissance le remplir, puisant la force de ses bêtes de guerre au moment où il soufflait la fumée du cigare. Au début, il avait été difficile de gérer la puissance de trois bêtes distinctes, mais Rorsh avait été ravi de la rapidité avec laquelle il avait maîtrisé le délicat exercice d’équilibre qui lui était demandé.

Rorsh regarda les lignes du Protectorat se rétablir après le premier assaut. Sue la base de la taille de la force déployée devant les lignes skorne, cette première attaque avait simplement été une attaque exploratoire pour évaluer la force de l’adversaire. Maintenant, le réel combat débutait.

Des rangs de chevaliers errants dans une armure blanche étincelante avancèrent avec des boucliers tenus haut. Derrière eux avançaient plus de Gardien de la Flamme, leurs grands boucliers serrés l’un contre l’autre, et des fanatiques légèrement vêtus couraient parmi le groupe blanc de soldats comme des insectes sur un terrier. Les warjacks interclés dans leurs lignes envoyaient des panaches de fumée peignant des lignes noires à travers le ciel. Rorsh pouvait voir plusieurs Croisés, ainsi que d’autres Pénitents et plusieurs Vigilants, leurs puissants poings-boucliers créant un solide mur d’armures.

Il entendit un bruit sourd par-derrière alors que les skorne lançait de grosses boules explosives à l’aide de leurs catapultes. Les projectiles s’écrasèrent sur les Vigilants, les baignant dans le feu mais griffant à peine leurs boucliers blancs polis. Rorsh s’approcha et se prépara à ajouter ses sangliers artilleurs à la ligne de tir skorne. Il trouva une place un peu derrière un troupeau de farrow brigands réduits en esclavage, que le chef de corvée doloriste Morrjkar commandait sévèrement. Une fumée âcre s’échappait de leurs fusils en fonte brute alors qu’ils tiraient sur les lignes du Protectorat, bien qu’ils soient clairement hors de portées.

Rorsh regarda impassiblement ses camarades farrow se jeter en avant dans l’implacable mur blanc. La plupart furent abattus sous une grêle de carreaux d’arbalètes des errants, mais quelques-uns entrèrent en contact et causèrent un peu de ravages avant d’être eux-mêmes brutalement abattus. La honte. J’aurais pu en employer quelques-uns pour bloquer moi-même certaine balles.

Le commandant skorne cria des ordres et une ligne d’écorcheurs venator se déplacèrent avança, leurs armes sifflant la mort alors qu’elles propulsaient une cruelle salve dans les forces du Protectorat avançant. Les zélotes hurlèrent et tombèrent en serrant leurs blessures, tandis que les errants employèrent leurs bouciers pour se protéger du plus gros des aiguilles arrivant. Rorsh donna des ordres mentaux et les canons des sangliers artilleurs rugirent à nouveau, envoyant des explosions mortelles dans les rangs des chevaliers. Ses lèvres se recourbèrent en un sourire sauvage alors que les sangliers rechargeaient leurs canons. Il laissa son esprit se glisser à nouveau dans celui de Brine, savourant le familier sentiment du désir de bataille de la bête de guerre. Bientôt, mon vieil ami.

Les lignes du Protectorat rompirent les rangs et commencèrent à charger la ligne rouge de guerriers skorne. Les prétoriens rencontrèrent les Gardiens de la Flamme alors que les lances et les boucliers se heurtèrent aux doubles lames. Rorsh ordonna à ses sangliers artilleurs de tirer sur un imposant Croisé, leur permettant ainsi de donner à leurs explosions une force encore plus mortelle.

Les obus creusèrent de grands trous dans la machine, détachant un bras et paralysant les deux jambes. Rorsh visa et tira sur le warjack avec son fusil farrow à levier sous garde avant de relâcher Brine de sa laisse mentale et de se précipiter avec lui dans le chaos tourbillonnant.

La mêlée était une mer brutale de corps armuré, les forces s’affrontant comme une avalanche se rencontrant dans une vallée. Rorsh pataugea dans la foule, son hachoir tranchant les armures et les chairs avec facilité, savourant les doux jets de sang cuivré de ses mortelles œuvres. Il puisa dans la fureur de Brine et la force des sangliers artilleurs pour devenir un vortex de destruction au milieu du chaos.

La lame d’un errant glissa sous sa garde, coupant la chair explosée. Rorsh envoya immédiatement la blessure à l’un de ses sangliers artilleurs et une grande entaille apparu dans la peau de la créature. Rorsh avait a peine fini de s’occuper de l’errant qu’une lance lui transperçait la cuisse, déchirant la chair tandis que le fer de lance brûlant cuisait la viande depuis l’os.

Rorsh transmit à nouveau la blessure à ses bêtes de guerre mais décida qu’il était trop vulnérable au milieu du violent corps à corps des combattants. Il enflamma un bâton de dynamite et le jeta au sol. Les quelques guerriers farrow ayant vu ce qu’il avait fait essayèrent de s’éloigner du mortel explosif mais furent bloquer par des camarades derrière eux.

Rorsh s’échappa avant que la dynamite n’explose, son souffle tuant ses ennemis du Protectorat et les alliés skorne. Une fois libéré de la bousculade du combat, il fit le point sur la situation.

La Bataille faisait rage autour de lui, aucun des deux camps n’ayant le dessus, mais le nombre favorisait clairement le Protectorat. Brine traçait un sanglant sillon de destruction à travers les lignes du Protectorat, et Rorsh réalisa avec une certaine crainte que son compagnon s’était trop éloigné, hors de portée mentale.

Rorsh était sur le pont de siffler pour que Brine revienne quand il vit un des Vigilants foncer sur sa position. Avec un flot de puissance arcanique, il transforma le sol autour de lui en boue avant d’ordonner à ses sangliers artilleurs d’intercepter le ‘jack chargeant. Les pieds du Vigilant glissèrent sur le sol meuble, interrompant l’élan de sa charge alors que les deux sangliers artilleurs s’abattaient sur lui. Satisfait que le menace était géré. Rorsh se retourna pour rappeler Brine.

Il entendit deux puissants coups de poing frappant la chair, suivi d’un souffle de vent avant qu’une force terrible ne le fasse tomber. Luttant pour reprendre son souffle, il sentit un poids écrasant sur sa poitrine et se rendit compte que le corps brisé d’un sanglier artilleur s’était écrasé sur lui, forçant l’air à sortir de ses poumons. J’ai toujours su que ce moulin à paroles de Carver serait ma mort.

Rorsh poussa sur le tas de chair, essayant de se libérer du poids étouffant. Chaque effort expulsait un peu plus d’air de ses poumons brûlants. Alors qu’il prenait une dernière respiration, sa vision se brouilla et l’obscurité le rattrapa.

* * *

L’agréable odeur d’une viande en cuisson s’inflitra dans les narines de Rorsh, et son estomac gargouilla. Il tenta de se relever pour découvrir la source de ce séduisant arôme, mais ses membres ne répondirent pas. L’odeur délicieuse se transforma en une odeur de carboniser, et il commença à se débattre et à hurler frénétiquement alors qu’une douleur incandescente transperçait son corps.

« Bien. Notre invité est réveillé.’

Rorsh cligna des yeux, et la lueur rouge des charbons ardents dans une lourde tente prit lentement forme. Un scrutateur masqué se tenait devant lui, tenant un tison ardent. De la fumée s’échappait toujours des morceaux qui y étaient attachés.

Des morceaux de ma chair.

Rorsh grogna et se tordit les poignets dans les liens de fer. Il était fermement attaché à la table du scrutateur. Plusieurs assistants en robe sacerdotale se précipitèrent préparant divers instrument et scandant des prières basses à leur divinité. Deux chevaliers exemplaires, lourdement armés, veillaient à l’entrée de la tente, leurs casques dorés dissimulant leurs visages. Au moins, il parlait couramment la langue humaine, si tant l’homme tenait à parler.

Le scrutateur enfonça le tison dans sa poitrine exposée, et Rorsh poussa à nouveau un hurlement. Il sentit un liquide cuivré dans sa bouche et su qu’il s’était mordu la joue. Il fixa d’un regard malveillant le masque sans expression du scrutateur. « C’est pas vraiment comme ça que je traiterai un invité. » Il ricana à sa blague à travers ses yeux larmoyants.

La voix du scrutateur retentit étrangement à travers son masque doré lorsqu’il dit : « L’unique raison pour laquelle tu n’as pas encore été immolé par le feu sacré est que j’ai des questions. Des questions qui nécessitent des réponses. Donne-les-moi et la douleur s’arrêtera. » Il s’arrêta alors qu’il s’emparait d’un autre tison d’un préposé agenouillé. « Ne le fais pas, et je te promets que l’agonie de ta chair impure sera sans fin. »

Le scrutateur attendit une réponse, mais Rorsh en avait déjà fini avec la conversation. Il savait très que quoi qu’il dise ou ne dise pas importait peu. Il se mit à la recherche de Brine, tâtonnant désespérément pour trouver le lien familier et le pouvoir qu’il détenait. Mais il ne ressentit rien d’autre que la douleur de sa chair brûlante lorsque le scrutateur reprit sa sainte œuvre.

* * *

Brine errait, perdu et confus. Son esprit empressé de comprendre ce qui s’était passé. Il s’était repu de la chair de ses ennemis, se délectant de leur terreur alors que le sang chaud coulait dans sa gorge et que son odeur enivrante emplissait ses naseaux. Puis tout était devenu vide. Rorsh avait disparu au milieu de la bataille. Il avait laissé Brine seul.

Dans sa confusion, Brine s’était déchaîné dans une rage qui ne connaissait aucune limite. Il n’y avait aucun ami, aucun ennemi, seulement le besoin de ressentir à nouveau la réconfortante connexion avec son maître.

Lorsque la bataille pris fin. Brine s’était simplement assis et avait attendu le retour de Rorsh. Il n’avait même pas eu le désir de se régaler des monticules de délicieuses chairs qui l’entouraient. L s’était juste assis et attendait.

C’est au milieu des morts que Brine avait ressenti un tintement au fond de son esprit. Cela l’avait éloigné du bord de son noir désespoir de perdre Rorsh. Il s’était senti obligé de le suivre. Pour des raisons qu’il ne comprit pas, Brine se leva de son macabre couchage et commença à marcher.

Le sentiment devenait plus fort à chaque pas. Il y était presque maintenant. L’excitation montait en lui lorsqu’il sentit l’esprit de Rorsh au loin. Il renifla d’anticipation lorsqu’il aperçut enfin des feux de camp et des tentes devant lui. Ces tentes contenaient Rorsh. Grâce à son faible lien avec son maître, il put sentit que Rorsh souffrait. Les tentes faisaient mal à son maître. La rage enfla en lui à cette pensée. Il récupérait Rorsh et toutes les tentes du monde ne l’arrêteraient pas.

Rorsh était haletant, luttant contre la douleur menaçant de le consumer. Le scrutateur babillait sur les surs les droits anciens et les lieux de pouvoir et de destin prédit. Rorsh avait cessé de prêter attention aux propos de l’homme. Il était juste heureux qu’en ce moment l’homme semble aimer davantage exercer sa voix que le tison sur son corps. Il n’était pas sûr de pouvoir en supporter plus.

Peu à peu, il prit conscience d’une présence familière chatouillant au fond de son esprit. Elle était faible, mais devenait inexorablement plus puissante.

Brine !

Le simple fait de savoir que Brine était vivant rempli Rorsh d’une force nouvelle. Il se banda contre les liens et le scrutateur stoppa son discours. « Tu es déjà prêt à parler, farrow ? »
Rorsh recourba ses lèvres dans un demi-sourire sauvage et répondit à voix basse : Je vais te dire. Laisse-moi partir, et j’oublierai tout ça. »

Le scrutateur grogna : « Espèce de moins que rien ! Je vais- » Une alarme provenant de l’extérieur de la tente le stoppa. « Toi ! », dit-il en attrapant l’un des prêtres. « Va voir ce qu’il se passe. Vite ! »

L’homme s’inclina bas et se précipita hors de la tente. Les gardes exemplaires ne bougèrent même pas quand il passa.

« Décide-toi », grogna Rorsh en tendant son esprit vers Brine. « Le deal n’est pas éternel. »

* * *

Brine écrasa les hommes sous ses poings et fit voler leurs corps à grands coups de défenses. Il pouvait ressentit l’appel de Rorsh, guidant Brine vers lui. Il exigeait du sang.
Brine aimait le sang.

Il trépigna et renâcla alors que ses muscles se bandaient. Tel un éclair, il bondit en avant, tête baissée, dispersant les hommes comme des feuilles dans le vent. Rorsh lui parlait à travers leur lien, l’aiguillonnant à continuer. Brine ne pensait qu’à Rorsh.
Bientôt, il serait à nouveau avec son maître.

* * *

Les bruits de la bataille à l’extérieur détournaient l’attention du scrutateur de Rorsh pour le moment. Temps que le farrow avait prévu d’employer à bon escient.

Brine était suffisamment proche maintenant que Rorsh sentit un déluge familier de force à travers leur lien mental. Il s’abreuva comme un homme mourant de soif avale de l’eau fraîche. Ses blessures commencèrent à se refermer, les brûlures redevenir des chairs roses. Il banda ses muscles contre les entraves de la table du scrutateur et les sentit commencer à céder. Il puisa davantage de force dans Brine et essaya à nouveau. Ses muscles se gonflèrent et les bandes de métal rompirent.

Voyons maintenant ce que cet imbécile masqué a à dire sur son manque d’hospitalité.

Le scrutateur se retourna juste à temps pour voir Rorsh se libérer et appela ses gardes. Avant même qu’ils ne puissent sortir de leur veille impassible, les formes des deux gardes s’envolèrent dans al tente avec un impact mortel, écrasant le scrutateur stupéfait et le piégeant sous leur masse.

Brine se tenait à l’ouverture de la tente, frémissant de la violence qu’il venait d’exercer. Rorsh enfila son lourd manteau de cuir, rengaina ses armes et se dirigea avec désinvolture vers son grand compagnon, son ami le plus fidèle.

« Je savais que tu y arriverais. » Il tapota Brine sue le cou, puis se pencha pour murmurer de façon menaçante : « La prochaine fois, ne sois pas si long. »

Brine renâcla à nouveau, et Rorsh tourna son attention vers le scrutateur luttant pour se libérer des corps des exemplaires morts. Le farrow grogna, puis attrapa le tison ayant cuit sa chair et le porta jusqu’au brasero. Il maintint le tison sur les charbons ardents, tout en fixant le scrutateur pendant ce temps. Alors qu’il se déplaçait avec le tison brûlant, l’homme cessa de repousser les corps qui le coinçait.

Rorsh se pencha et retira le masque du scrutateur.

À son crédit, le visage de l’homme demeurait aussi impassible que le masque qu’il portait, alors même que Rorsh soulevait le tison chauffé à blanc et le tenait à quelques centimètres de sa peau blanchâtre. Au bout d’un moment, le farrow grogna et se leva. Avec beaucoup de soin, il sortit un bâton de dynamite de la proche de son manteau et plaça la mèche sur le tison jusqu’à ce qu’elle s’enflamme.

« Vous auriez dû accepter mon deal. Il montra les dents dans un méchant sourire alors qu’il laissait tomber la dynamite allumée près du corps coincé du scrutateur.

Il regarda le tison, puis sortit un nouveau cigare et l’alluma avec le métal chaud. Il aspira la fumée profondément, souriant en savourant le goût. Puis il se retourna et se dirigea vers l’obscurité avec Brine sur ses talons.

Rorsh souriait toujours lorsque l’explosion illumina la nuit.

* * *

Rorsh regardait le soleil brûlant, un sourire satisfait sur son visage alors qu’il se prélassait à l’ombre du puissant Vilcornu. Brine se reposait à quelques pas de là, son esprit endormi était un fouillis d’émotion et d’images alors qu’il rêvait. Rorsh ferma les yeux et laissa la connexion le submerger à nouveau. Depuis sa nuit dans le camp du Protectorat, il se sentait tellement plus doux.

Il avait perdu les deux sangliers artilleurs, mais il trouva que cela ne le dérangeait pas beaucoup. Moins de bouches à nourrir. De plus, il doutait qu’il soit difficile de convaincre Carver de lui en prêter quelques autres.

Même penser à Carver ne chassa pas le sourire du farrow. Le roi autoproclamé des farrow avait le don de se faire des ennemis – et un chef avec des ennemis avait beaucoup de travail pour des personnes comme Rorsh.

Le bruit d’une caravane qui approchait tira Rorsh de son agréable transe. Il zieuta au loin. Elle était légèrement gardée, tout comme les trois autres qui étaient passées par là ces derniers jours.

Rorsh réveilla Brine alors que le premier chariot traversait la zone d’explosion de la dynamite que Rorsh avait enfouie dans le sable. Pour un bout de roche cuit par le soleil, le Vilcornu avait quelque chose d’important tout d’un coup. Merde si Rorsh savait quoi, mais il ne se souciait jamais vraiment de la situation dans son ensemble de toute façon.

Il souleva son fusil farrow et tira sur le bout de mèche légèrement exposé du bâton de dynamite. De plus, un endroit avec des problèmes est l’endroit idéal pour des farrow comme moi. Et il est certain qu’il y a un tas d’ennuis qui se préparent ici.

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BOIS D’ÉPINES – FORTUNES CAPRICIEUSES

Par Aeryn Rudel

Le Capitaine Corleg Ironforged enleva son casque, le retourna et déversa un mince filet de sueur dans la boue. Il tenait, de la boue jusqu’aux chevilles, au bord d’une vaste tourbière qui s’étendait à perte de vue, directement sur le chemin qui lui et ses hommes suivaient depuis près d’une semaine. Leur marche à travers le nord du Bois d’Épines et le Marais Bloodsmeath avait fourni une visibilité limitée, et il n’était pas tout à fait certain qu’ils allaient dans la bonne direction pour finalement arriver à Corvis. L’épaisse canopée des arbres qu’ils venaient de passer leur avait offert un peu de répit face à l’inhabituelle intense chaleur de l’été, mais il savait que l’eau trouble serait comme un bain chaud. Pour aggraver les choses, sa lourde armure de Garde des Forges ne ferait qu’intensifier l’éclat brûlant du soleil dans la zone plus exposée devant, bien qu’elle puisse également éloigner les hordes d’insectes piqueurs.

Il posa son marteau mékanique à deux mains sur une épaule et regarda autour de lui. Il ne semblait y avoir aucune voie dégagée à travers le marais, également rempli d’épais bosquet d’arbres chargés de mousse. Il se retourna pour remarquer que le reste de sa Garde des Forges s’était également arrêté. Derrière ses propres hommes, un petit groupe de Fusiliers du Haut Bouclier se faufilait dans la boue, haches à la main, boucliers et fusils pendus dans le dos. Il y avait également une douzaine de farrow, des éclaireurs embauchés pour traverser le Bois d’Épines.

« Capitaine Vornek » Cria Corleg. « Un moment, s’il vous plaît. »

Un des fusiliers hocha la tête et leva la main pour arrêter ses hommes . Son épaulière noire le désignait comme officier, mais Vornek Blackheel était probablement l’exemple le plus triste d’officier rhulique que Corleg ait jamais rencontré. Ses hommes, provenant de l’isolé Fort Baram, dans les Pics des Falaises du Tonnerre, étaient une collection d’ivrognes, de fainéants et d’incompétents – à qui l’on avait permis de garder leur commission au sein du Corps de Fusiliers défiait la raison. Mais avec l’accroissement des conflits dans les Royaumes d’Acier, les ressources étaient limitées et un commandant devait faire avec les ressources à sa disposition.

Vornek se faufila dans la boue vers lui, écrasant en vain le nuage de mouches mordantes qui planait autour de sa tête. Il était grand pour une rhulfolk et toujours en forme malgré sa soixantaine. Son nez était une masse écrasée de veines rouges évoquant une vie de violence et une prédilection de pour les boissons fortes. Ses armes étaient cependant en bon étant et leur propriétaire semblait toujours tout à fait capable de les employer.

« Que voulez-vous ? » Demanda Vornek d’un ton bourru. « Besoin d’une pause ? »

« Non, capitaine. Je n’ai pas besoin d’une pause », commença Corleg. « Comme vous le savez sans doute, nous sommes clairement perdus. » Il pointa un doigt sur l’étendue brune verdâtre du marais devant eux. « C’est un marais. Je pensais que nous avions laissé le marais derrière nous. Je sais que nous n’avons pas encore atteint le Bois du Veuf. Nos guides ne semblent pas nous « guider » dans la bonne direction. »

L’autre homme fronça les sourcils, se gratta la barbe, puis cracha une boulette de vernona. « Eh bien, à quoi vous attendiez-vous ? Ce sont des farrow. »

Corleg se retint d’étrangler le capitaine du Corps de Fusiliers. Ils étaient en principe du même rang, Bien que la façon dont Vornek avait pu dépasser celui de récureur de latrines demeurait un mystère pour lui. Le Seaforge, cependant, connaissant l’état de Vornek et de ses hommes, avait accordé à Corleg le commandement de leur opération conjointe. « Oui, capitaine », dit Corleg en serrant les dents. « C’est exact, Ce sont des farrow. Vous avez dit qu’ils pouvaient nous mener à travers la forêt, afin d’éviter les barrages khadoréen qui surveille le Fleuve Noir.
D’après mes estimations, nous devrions avoir atteint les ruines de Fort Rhyker maintenant. »

Vornek fouilla dans une poche à sa ceinture, en sortit une nouvelle pincée de feuille séchée et la fourra dans sa bouche. « Oui », dit-il enfin. « Ils nous ont conduits dans un marais à la place. »

Corleg prit une profonde inspiration, luttant contre l’envie de crier sur le capitaine du Corps de Fusiliers. La situation n’était pas entièrement de la faute de Vornek. Ils avaient perdu leur seule carte détaillée de la région lors d’une escarmouche avec une patrouille khadoréenne peu après être entrée dans le nord de la forêt. Cela avait ajouté du poids à l’argument en faveur de l’embauche de farrow comme guide, une décision que Corleg regrettait maintenant.

Il essaya de se souvenir des particularités de cette région. Il pensait que la carte avait montré une zone marécageuse autour d’u grand lac à l’ouest de Fort Rhyker, marqué de sceaux d’avertissement. Cela les écarterait de plus de vingt kilomètres de leur chemin. Il se tourna vers Vornek. « Que proposez-vous maintenant ? Nous ne pouvons pas tirer notre chariot à travers un marais, et l’Avalancheur sera considérablement ralenti par l’eau. »

« Nous pourrions probablement nous débrouiller avec le ‘jack, mais le chariot pose un problème. Bien sur, foutre dieu, il ne flottera pas », déclara Vornek, en jetant un coup d’oeil à l’endroit où une demi-douzaine de guerriers ogrun au service de Fort-Horgen traînant un chariot rempli de caisses et de boîtes à travers la boue. Derrière lui, un Avalancheur crasseux et éclaboussé de boue avançait lentement, suivant à peine le rythme des ogrun. « Peut-être devrions-nous revenir sur nos pas et essayer de trouver une autre route. »

Corleg secoua la tête. « Non. Nous sommes à court de nourritures et de carburant, et entre les patrouilles khadoréenne et les campements tharn, c’est une chance que nous soyons arrivés ici intacts. Nous ne pouvons pas nous promener au hasard dans les bois. »

Vornek regarda autour de lui pendant un moment, plissant les yeux à travers les arbres. Il pointa vers l’avant et la gauche, dans ce qui aurait pu être une direction sud-est. « Je pense que je peux voir une zone plus solide par là. Nous devrions traverser le marais et nous diriger vers le Fleuve Noir. Prenons nos repères. »

« Et abandonner notre cargaison ? » Dit Corleg, incrédule. « Le Seaforge nous a engagés pour livrer des armes et des munitions à Corvis. Je ne vais simplement pas- »

« Je n’ai pas parlé d’abandonner notre cargaison », déclara Vornek, en lui coupant la parole. « Ne te met pas la rate au cours bouillon. »

Corleg allait l’ouvrir pour lâcher une réplique sanglante, mais un cri à glacer le sang derrière Vornek l’arrêta net. Le Capitaine du Corps de Fusilier se retourna, tirant sa carabine de son dos dans un mouvement étonnamment aisé.

Corleg remit son casque sur sa tête et s’empara de son marteau à deux mains. Devant, un groupe de grands humanoïdes écailleux sortait du marais. Corleg les reconnut instantanément comme des hommes-gator, des reptiliens primitifs connus pour leur grande force et leur sauvagerie. Les hommes-gator avaient surpris deux membres du Corps de Carabiniers proche de l’eau et les avaient abattus avec de lourdes armes ressemblant à des haches.

Vornek positionna son bouclier devant lui et fit feu d’une seule main. Un hommes-gator se tenant au-dessus d’une de ses hommes titubé en arrière, enserrant une plaie bouillonnante à sa gorge. « À moi, les gars ! » cria Vornek en se précipitant vers l’avant. Le reste des fusiliers recula et vint positionner leurs boucliers autour de leur chef.

D’autres hommes-gator émergèrent du marais, et huit des brutes écailleuses se précipitèrent vers le Corps de Carabinier. Corleg agita son marteau par-dessus sa tête et entendit ses hommes arriver par-derrière. « Flanc gauche ! En avant ! »

Comme un seul, les dix Gardes de la Forge se déplacèrent vers la ligne du Corps de Fusiliers, et à leur approche, la voix retentissante de Vornek retenti. « Boucliers et ont tirs, les gars ! » En réponses, chaque fusilier planta son bouclier dans la boue et positionna sa carabine dessus.

Les farrow, n’ayant manifestement aucun désir d’engager le corps à corps avec les hommes-gator, se retirèrent et ouvrirent le feu avec les lourds et rudimentaires fusils qu’ils portaient. Douze tirs plus tard, ils avaient réussi à tuer un seul homme-gator et se replièrent bien derrière les fusiliers.

Les nains ouvrirent le feu sur les hommes-gator avec leurs propres armes. Sous la rafale, quatre hommes-gator s’effondrèrent en sifflant, et les autres ralentirent leur avance, désormais méfiants à l’égard des armes des nains, Leur hésitation permit à Corleg et à ses hommes de les atteindre, et ces rhulfolk s’avancèrent en ordre rapproché, marteaux en mains.

Corleg fit tourner son marteau par-dessus sa tête pour créer un élan, puis écrasa la lourde arme contre le premier ennemi qu’il rencontra. La tête du grand marteau mékanique s’enflamma à l’impact, et l’homme-gator de deux mètres cinquante fut fracassé et projeté au sol. Il entra en collision avec l’un de ses compagnons et tous deux s’effondrèrent dans un enchevêtrement de membres. Les carabines des fusiliers tirèrent en masse une demi-seconde plus tard, et les deux hommes-gator à terre restèrent immobiles et simplement flottèrent silencieusement dans une mare rouge s’élargissant.

Les deux hommes-gator restant, voyant qu’ils étaient cruellement en infériorité numérique et surpassés, tentèrent de fuir sous l’eau. L’un d’eux fut abattu avant de pouvoir plonger ; l’autre disparu sous la surface du marais.

La bataille se termina si rapidement que les ogrun tractant le chariot n’eurent même pas le temps de s’emparer de leurs armes et de se joindre à la mêlée. Ils s’étaient, maintenant, déplacés et créaient une barrière protectrice autour des troupes nains, leurs voulges formant une petite mais mortelle haie.

« Rechargez ! » Cria Vornek. « Gardez les rangs. Il y a peut-être d’autres de ces salauds écailleux dans l’eau. »

« Capitaine », Dit Corleg en s’éclaboussant de boue pour se tenir aux côtés de Vornek. « Vos hommes se sont acquittés… très bien. »

« Surpris, hein ? » Dit Vornek avec un sourire amer. « Je sais que nous ne sommes pas ce à quoi vous êtes habitués à Fort-Horgen. Nous sommes sales, laids, et grossiers, et la plupart d’entre nous boivent assez noyer un ogrun, mais nous en mesure d’assurer. »

Corleg toussa et hocha la tête, quelque peu gêné par la brutale évaluation que Vornek faisait de ses hommes. « Oui, eh bien- »

Vornek se retourna sans attendre de réponse. « Toi ! » Cria-t-il, en pointant du doigt le plus gros des farrow. « Viens par ici. » Le farrow se déplaça pour se tenir devant lui.

« J’espère que vous êtes meilleurs tireurs autrement que ce que vous avez montré jusqu’à présent », dit le capitaine du Corps de Fusiliers. « Il y aura forcément d’autres hommes-gator dans ce marécage puant. »

« Lersh peut se battre davantage… » grogna le farrow en rhulique, puis son visage avec ses défenses s’ouvrit un en sourire affreux, « … si payer plus. »

« Payer plus !? » Dit Corleg. « Nous t’avons payé pour nous conduire au Fleuve Noir, et tu nous as conduits dans ce marais ! »

Le farrow secoua sa tête difforme. « Alors nous laisser petits boucliers et nous partir. »

« C’est magnifique, porcinet », répondit Vornek en haussant les épaules. « On s’est facilement occupé de ces hommes-gator, et nous sommes assez nombreux pour qu’ils n’attaquent plus. Douze farrow seuls, cependant ? Vous serez boulottés avant d’avoir parcouru un demi-kilomètre. » Il poussa sa carabine sur le gros farrow pour se faire comprendre.

Lersh plissa le museau, regarda les cadavres des hommes-gator flottant dans la boue et se gratta le ventre. Finalement, il grogna et dit « Nous nous battre pour petits boucliers. Pas payer plus. »

Vornek gloussa. « Bien. Peut-être n’es-tu pas aussi stupide que je le pensais. »

« Je suppose que vous voulez continuer à travers le marécage », dit Corleg à Vornek après que Lersh soit parti. « Comment proposez-vous de faire ça ? »

Vornek se retourna vers le chariot nain et sourit. « Facile. On fabrique un bateau. »

* * *

Le Mortitheurge Helkara descendit du radeau de roseaux et se dirigea vers une grande île moussue située près de la rive ouest du Lac d’Eaux-Aveugles. L’île était couverte de huttes herbeuses des hommes-gator, le plus grand village des créatures reptiliennes qu’elle ait jamais rencontrés. En tant que chef de corvée doloriste, il était de son devoir de commander les formidables, quoique primitifs hommes-gator, au combat, et elle avait eu de nombreuses relations avec eux dans le passé, mais elle savait que cette fois ce serait différent.

Devant, un trio de guerriers hommes-gator ouvrait le chemin à travers le village. Sa considérable force de coureurs de sang avait été laissée à environ un kilomètre derrière dans le marais ; le chef homme-gator, un puissant bokor appelé Barnabas le Sanglant, lui avait demandé de venir seule. Elle aurait pu refuser si ce n’était pas Barnabas qui avait fait cette demande et si son besoin n’avait pas été aussi pressant. L’archidomina lui avait ordonné de prendre contact avec la grande nation des hommes-gator qui peuplaient les marécages autour du Lac d’Eaux-Aveugles dans le Bois d’Épines et de réquisitionner un certain nombre de leurs guerriers – et peut-être l’un de leurs grands shamans – pour servir l’Empire Skorne lors de la prochaine grande campagne à l’ouest.

Malheureusement, elle ne pouvait simplement pas pénétrer dans le domaine de Barnabas le Sanglant et exiger un hommage comme elle l’avait fait tant de fois avec des groupes moins nombreux d’hommes-gator. De toute évidence, Barnabas était un puissant bokor homme-gator, avec des compétences martiales et magiques rivalisant avec celles des plus redoutables tyrans skorne. Il était également connu pour être totalement imprévisibles, sujet à des accès de rage meurtrier et possédait des illusions de grandeur qui incluaient des aspirations à la divinité. En bref, il était tout aussi susceptible d’assassiner et de manger Helkara que d’écouter ou de négocier avec elle.

Par le passé, elle avait eu affaire au second de Barnabas, un bokor nommé Calaban, lorsqu’elle avait besoin de guerriers hommes-gator. D’après son expérience, c’est Calaban qui était le véritable cerveau de l’alliance des hommes-gator, et c’est lui qui avait coordonné son expansion. Calaban lui avait même demandé d’éviter de traiter directement avec Barnabas, mais le vieux bokor homme-gator s’était intéressé, pour une raison insondable, à son arrangement avec de la Congrégation d’Eaux-Aveugles. Cette fois, Barnabas avait exigé qu’elle lui parle en lieu et place.

Ils avaient atteint le centre du village, un espace dégagé qui contenait une massive hutte, comme une longue maison, ornée de ce qui pouvait être des trophées des exploits passés de Barnabas, des os de créatures massives et méconnaissables aux morceaux de grandes machines que les humains appelaient warjacks. Ils étaient si nombreux que les fondations de la longue maison étaient presque caché, donnant l’impression que la demeure de Barnabas avait été entièrement bâtie à partir des restes de ses ennemis tombés au combat.

Barnabas en personne était assis sur une sorte de trône placé devant sa longue maison. Il était en grande partie contruit à partir d’os, de crânes et de restes d’armes brisées. Au sommet du trône s’élevait un crâne massif avec des crocs dont les orbitres reptiliennes vides regardaient la clairière. Barnabas assis vers l’avant, les doigts griffus enroulés autour du manche d’une hache à deux mains primitive. Son visage était partiellement masqué par une cagoule en cuir en lambeaux, mais Helkara avait une vue dégagée des longs crocs d’ivoire qui dépassaient de la mâchoire supérieure et inférieure de son museau reptilien.

Un autre homme-gator se tenait à droite du trône, ses écailles peintes de motifs tourbillonnants blancs qui le couvraient de la tête au pied. Il tenait dans une main une courte lance dentelée, à sa lame de pierre étaient suspendus des plumes, des os et des morceaux de métal. Helkara remarqua que cet homme-gator semblait être le seul du village à oser s’aventurer si près du grand bokor.

Barnabas bougea sur son trône à l’approche Helkara et éloigna son escorte d’un simple geste de la main. Les gardes se tinrent presque droits, découvrant leur gorge, puis se retirèrent. Helkara se tenait maintenant, seul et sans armes, à moins de quelques pas de ce qui était sans doute l’homme-gator le plus puissant de l’Immoren occidental.

« Grand hok-shisan », prononça Helkara d’une voix rocailleuse en Quor-Gar, la lange de l’homme-gator, dévoilant sa gorge de la même manière que les gardes. C’est un incroyable geste de soumission et attendu par les hommes-gator lorqu’ils étaient interpellés par un inférieur, ce qu’elle était certainement, à son grand dégoût. « J’offre les salutations de mon grand chef, le plus grand guerrier de mon peuple. »

« Écaille rouge », déclara Barnabas. Sa voix était un grognement profond et affamé qui remplit Helkara d’une peur sans nom. Elle ne s’était jamais aussi sentie menacée, aussi vulnérable. Elle réalisa soudain qu’elle ne s’était jamais sentie auparavant comme une proie. « Tu es venu pour mes guerriers. Oui ? »

Helkara était assez familière avec la langue des hommes-gator et n’avait aucune difficulté à comprendre Barnabas. Cependant, parler Quor-Gar était une autre affaire, car elle incorporait un langage corporel complexe et des sons gutturaux en plus des mots prononcé. Comme elle n’avait pas de queue et d’autres éléments essentiels de l’anatomie de l’anatomie homme-gator, ses réponses devraient être brèves et simplistes.

« Oui », dit-elle. « Mon grand-chef en a besoins. » Elle fit une pause et pris une inspiration. « Elle demande, est-ce que le hok-shisan apportera aussi sa hache ? »

Les yeux de Barnabas se plissèrent, et sa queue se tressauta d’un côté à l’autre, comme celle d’un ferox en colère. « Imprudent ! Votre chef a été malavisé d’envoyer un inférieur pour traiter avec moi », dit-il, puis il fit claquer ses mâchoires d’un claquement menaçant. Ses longs doigts écaillés se resserrent autour du manche de sa hache, et Helkara sentit l’air s’épaissir, le monde en quelque sorte se rétrécir inversement proportionnel à son mécontentement. « Et qu’offres-tu pour cette faveur ? Ton « grand chef » ne t’a certainement pas envoyé mendier devant mon trône sans rien. »

Helkara serra les dents. Traiter à un tel désavantage avec cette créature sauvage était exaspérant, mais elle n’osait pas le contrarier. Elle gratta le sol avec son pied droit, creusant un trou peu profond dans la boue, et à nouveau découvrit sa gorge. C’était le geste ultime de soumission qu’elle connaissait et qui devait transmettre le désespoir et le besoin. « J’offre des armes en acier fin », dit-elle. « Et l’amitié de mon grand chef. »

Elle resta immobile et silencieuse. Tout mouvement pouvait-être interprété comme une insulte – ou pire encore, une action hostile. Elle était heureuse que les hommes-gators aient confisqués ses armes ; elle doutait qu’elle eût été capable de les tenir en mains par pur instinct de survie.

Barnabas se leva soudainement et se déplaça rapidement à travers le court espace entre eux. Il était massif, facilement de la taille d’une brute cyclope, et l’odeur qui l’accompagnait – un mélange de viande avariée, de terre marécageuse et de puanteur reptilienne – était presque accablante. Il se déplaçait à quelques pas d’elle, et ses sens, aiguisés par des années d’études avec les plus puissants mortitheurges skorne, étaient presque submergés par la force de sa volonté, son vieil et indomptable esprit, dont sa propre magie était sûrement issue.

« Tu as de la chance, petite écaille rouge », dit Barnabas en la regardant, la puanteur de son haleine pourrie la submergeant comme un vent chaud et croupissant. « Aujourd’hui, j’ai choisi d’être généreux. »

Helkara osa lever les yeux vers l’énorme bokor homme-gator. « Tu enverras mes grands chefs guerriers. »

Barnabas fit un pas en arrière et laissa ses mâchoires s’ouvrir, l’équivalent homme-gator d’un signe de tête. « Je le ferai », dit-il. « Mais d’abord, j’ai besoin de toi. »

« Parle », dit Helkara, le soulagement inondant son corps – le soulagement parce qu’elle avait une chance d’accomplir sa mission, et soulagée parce qu’elle pourrait éviter d’être mangée vivante.

« Des intrus s’immiscent dans mon domaine – des nains, bien armées d’acier et de feu », déclara Barnabas. « Je ne sais pas pourquoi ils s’approchent, et je m’en moque. Tu les tueras pour moi. »

« Oui, grand hok-shisan. »

« Garvak te montrera le chemin », dit Barnabas, en désignant d’un doigt griffu le bokor qui se tenait à côté de son trône. Helkara pouvait également sentit une puissante magie chez cet homme-gator, bien que moins puissante que celle de son maître.

« Elle découvrit à nouveau sa gorge. « C’est un honneur de tuer ces intrus pour vous, hok-shisan. »

« Alors ne perds pas de temps », répondit-il en retournant à son trône. « Reviens quand c’est fait, et ton chef aura les guerriers dont elle a besoin. Sers-moi bien et peut-être pourrons-nous parler d’une assistance plus personnelle. »

* * *

Bornek baissa son bras et le canon de l’Avalancheur tonna dans un souffle de fumée et de flammes. L’obus explosif frappa un groupe d’hommes-gator à moins de vingt verges de là, projetant leurs corps brisés dans toutes les directions. Le reste de ses fusiliers s’était aligné devant le warjack, les genaux dans l’eau et tirant sur l’essaim de maraudeurs reptiliens qui avait soudainement émergé du marais.

Corleg et ses Gardes des Forges se tenaient devant les fusiliers avec une demi-douzaine de guerriers ogrun. Vornek, bien, sûr, connaissait la réputation de la Garde des Forges, mais il ne les avait jamais vus dans le feu de l’action. Vornek regarda Corleg et son lieutenant, un nain trapu nommé Borl, se tenir au centre de la ligne de Gardes des Forges, leur lourde armure encaissant les coups de hallebardes sans soucis. Derrière la ligne de Gardes des Forges se tenaient les guerriers ogrun ; ils frappaient par-dessus la tête de leurs compatriotes nains, abattant les hommes-gator à chaque coup de voulges.

Corleg brandissait son marteau comme s’il était fait d’étain léger et de bois au lieu de dix-huit kilogrammes d’acier amélioré mékaniquement. Il s’estompait autour de sa tête et frappait chaque cible avec une rapidité et une précision exceptionnelles. Là où il atterrissait, les os étaient broyés, la chair réduite en bouillie et la vie de l’homme-gator soufflée. Le reste des Gardes des Forges combattait presque aussi bien que leur chef, et malgré le nombre d’ennemis, la puissance combinée des nains et des ogrun avait repoussé les hommes-gator et les tenait à distance… pour le moment.

Les ogrun et les Gardes des Forges étaient suffisamment espacés pour que les fusiliers derrière eux ait une vue dégagée de l’ennemi à travers leur ligne. Les guides farrow se tenaient près de l’Avalancheur comme s’ils étaient dirigés et tiraient avec leurs fusils sur tous les hommes-gator qui franchissaient devant les Gardes des Forges et les ogrun pour engager directement le warjack. Ils protégeaient aussi nommément la cargaison Seaforge, une douzaine de caisses en bois sur une barge rudimentaire ayant été bricolée à partir des restes du chariot nain.

Vornek se tenait légèrement en retrait des fusiliers, à côté de l’Avalancheur, afin de pouvoir facilement le diriger. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas contrôlé un warjack, mais une fois la bataille commencée, les techniques lui étaient revenues.

Peu après midi, ils avaient été attaqués par une force impressionnante d’hommes-gator soutenus par – et c’est la chose qu’il n’arrivait toujours pas à comprendre – des guerriers skorne. Les assaillants avaient émergés d’un grand bosquet de cyprès et avaient directement foncé au milieu des nains surpris. Ils avaient perdu la moitié du Corps de Fusiliers à ce moment-là, plus quelques Gardes des Forges pour démarrer. Lui et Corleg avaient sonné la retraite et leur groupe avait réussi à atteindre une position assez défendable, dos à un enchevêtrement impénétrable de palétuviers. Les obus explosifs de l’Avalancheur, les tirs constants des fusiliers et des farrow, et les efforts des Gardes des Forges et des ogrun avaient repoussé – mais cela n’allait pas durer éternellement.

Un chaman homme-gator accompagnait la force ennemie combinée, avec un imposant gator bipède ayant facilement la taille de l’Avalancheur. Le bokor avait tenu sa bête à l’écart de la bataille, mais il avait projeté des éclairs d’énergie noire sur les lignes naines qui flétrissaient la chair de tout nain frappé par eux. Pour autant que Vornek puisse dire, les skorne étaient dirigés par une grande femme armée d’une sorte arme d’hast, un croissant de lune posé sur une solide hampe en métal. Elle se tenait à côté du chaman homme-gator et semblait lancer ses propres sorts, bien que Vornek ne puisse discerner aucun élément offensif de sa sorcellerie. Elle commandait également une petite force de guerriers skorne armés de poignards qui étaient horriblement rapides et assez agile, semblait-il, pour esquiver les balles.

Une cacophonie de cris et de grognements fit tourner Vornek. Les farraow pointaient leurs fusils sûrs une autre créature géante gator alors qu’elle chargeait à travers le marais derrière leur position. Sa cible était évidente. Les hommes-cochons tirèrent à l’unisson mais manquèrent ou ne réussirent tout simplement pas à pénétrer l’épais cuir de la bête.

« Tourne-toi ! » Hurla Vornek à l’Avalancheur. Le warjack répondit immédiatement et fit pivoter son volumineux corps vers la bête de guerre approchant. Il tira un seul coup de canon à bout portant, éclaboussant le marais avec une partie des entrailles de la créature. La blessure était probablement mortelle, mais elle ne ralentit pas l’énorme gator, qui enfonça le bouclier de l’Avalancheur, le saisi fermement avec ses greffes, puis roula sur le dos. Le poids de la bête tira le warjack dans l’eau, et un énorme nuage de vapeur s’éleva lorsque la chaudière de l’Avalancheur fut submergée et brusquement éteinte.

Vornek s’éloigna de l’énorme gator ; il avait fait tomber le poids massif du warjack sur lui et se débattait à l’agonie. Sans l’Avalancheur, il savait qu’ils avaient de sérieux problèmes.

« Tenez la barge ! » Cria Vornek aux Farrow en pointant sa carabine sur l’esquif chargé de la cargaison qui avait en quelque sorte échappé à la bête de guerre qui chargeait.

La chute du warjack avait galvanisé les gators et les skorne ; et ils chargèrent en masse vers l’avant. Les Gardes des Forges et les ogrun abattirent les premiers, puis Corleg agita son marteau par-dessus sa tête, signalant à ses hommes de battre en retraite.

« Continuez à tirer, les gars ! » Hurla Vornek. « T’nez les éloignés des Gardes des Forges ! » Les fusiliers restant lâchèrent une grêle de plomb qui stoppa l’avance ennemie pendant quelques précieuses secondes, permettant à Corleg et au ogrun de passer derrière eux.

« Nous ne pouvons pas le retenir sans le warjack ! » Cria Corleg, retirant son casque pour obtenir pour gagner un bref répit face à l’étouffante chaleur.

« Non, nous ne pouvons pas », acquiesça Vornek. « Ils sont trop nombreux, et une fois que le bokor aura lâché sa bête sur nous, nous serons de la nourriture pour gator.
« Alors, nous mourrons honorablement », dit gravement Corleg.

« Hah ! » Vornek se mit à renifler. « Je n’ai pas l’intention de mourir honorablement ou autrement. Retiens juste ces putains de gators pendant quelques minutes. »

Corleg hocha la tête et remis son casque sur sa tête. « Gardes des Forges ! Avec moi ! » Les guerriers nains lourdement armés formèrent un triange grossier autour de leur chef et retournèrent dans la mêlée. Les ogrun les rejoints et le Corps de Fusilier continua les tirs d’interdiction.

Vornek traversa le marais jusqu’à l’Avalancheur inerte. La bête de guerre en dessous était bien morte maintenant. Il s’accroupit à côté du canon du warjack dépassant de l’eau et ouvrit la culasse. À l’intérieur se trouvait un obus non tiré. Il se pencha et le dégagea, grognant sous l’effort pour le soulever. L’obus mesurait quarante-cinq centimètres de long et pesait près de dix kilogrammes.

Vornek souleva le projectile hors du canon de l’Avalancheur et se tourna vers les farrow gardant la barge. « Lersh ! » cria-t-il au chef des farrow. « Pousse cette barge par ici. »

* * *

Helkara sourit férocement lorsque le warjack bascula dans le marais. Sans cela, les nains seraient des cibles faciles. « Nous devrions attaquer de toute nos forces maintenant », dit-elle à Garvak, le bokor homme-gator que Barnabas avait envoyé avec elle.

Ses mâchoires s’ouvrirent en accord. « La proie est faible maintenant. » Il se tourna vers l’imposante bête gator et elle sentit sa volonté se développer comme une soudaine pression dans l’air alors qu’il lui donnait un ordre tacite. La bête s’avança derrière le mur d’hommes-gator poussant en avant dans les rangs des nains et des ogrun.

Helkara leva son bâton et le pointa vers les nains. Ses coureurs de sang n’eurent plus besoin d’être encouragés et commencèrent à se déplacer vers la gauche et la droite. Ils frappaient par les flancs une fois que les hommes-gator avaient engagés les nains armurés et les ogrun en mêlée. Elle ne ressentit pas elle-même le besoin de se battre, mais il suivit de près l’avancée des hommes-gator, employant sa mortitheurgie pour améliorer leur force et leur résistance. C’était son rôle et son but : animer la chair primitive des sauvages qui servaient l’Empire Skorne.

La bataille devint rapidement un massacre, et de nombreux nains armurés et ogrun tombaient sous les coups des hommes-gator ou de la grande bête combattant à leurs côtés. D’autres nains, et ce qui semblait être des farrow, étaient positionnés derrière la mêlée, tirants avec des fusils courts sur n’importe quel ennemi non engagé. Elle ne leur prêta aucune attention – ils tomberaient rapidement une fois que l’infanterie lourde naine serait éliminée.

Soudain, Helkara entendit l’une des voix naines s’élever au-dessus du vacarme de la bataille. Elle ne parlait pas leur grossière langue gutturale, mais le sens était assez clair. Les nains lourdement armurés et la plupart des ogrun se retirèrent du combat et commencèrent à se replier vers la ligne de tirs des nains et ce qui semblait être une barge flottante chargée de caisses et de boites. Trois des ogrun, dans un héroïsme finalement inutile, chargèrent l’énorme bête de guerre gator, le tuant par de multiples frappes de leurs lourdes voulges. Les ogrun furent abattus quelques secondes plus tard par des hommes-gator et des coureurs de sang.

Il y avait énormément de corps dans l’eau maintenant que certains des hommes-gators s’étaient arrêtés pour prendre des trophées ou arracher des morceaux de chair à dévorer. Cela ralentissait considérablement leur progression et offrait aux nains le temps de se rassembler autour de l’esquif. Cependant, les nains avaient interrompu leur retraite et essayaient de sauver une partie de leur cargaison en déchargeant certaines caisses et en les transférant dans les bras des ogrun ou des farrow.

Helkara enfonça son bâton dans le dos d’un homme-gator mâchouillant un bras de nain arraché d’un cadavre flottant. « Bouge ! » Cria-t-elle, « Eux ! » L’homme-gator siffla, mais laissa tomber sa proie et obéit, se dirigeant vers une proie plus fraiche autour de l’esquif nain. Quelques autres encouragements de ses hommes permirent aux autres hommes-gator d’avancer une fois de plus, et elle les suivis de près, les poussant à poursuivre leur chemin grâce à son pouvoir mortitheurgique.

Garvak, le bokor, faisait les cent pas à côté d’Helkara et leva les griffes alors qu’il invoquait sa volonté pour jeter un sort. Elle sentit son pouvoir et compris instantanément qu’il allait accentuer la nature prédatrice des hommes-gator qu’elle affectait. Elle prêta son propre pouvoir au sort, s’assurant qu’il durait plus longtemps. Les coureurs de sang d’Helkara se déplaçaient rapidement sur les flancs des hommes-gator ; ils achevaient rapidement tous les nains encore vivant après la vague initiale.

Les nains étaient à une centaine de verges environ, et ils avaient maintenant abandonné l’esquif et se retiraient rapidement dans le marais. Ils ne tiraient plus avec leurs armes et semblaient être complètement concentrés sur la fuite, mais ils n’avaient pas abandonné les caisses et les boîtes qu’ils transportaient, et leur retraite était ridiculement lente.

Alors que les coureurs de sang s’approchaient de l’esquif et que les hommes-gator nageaient autour, Helkara que la cargaison avait été disposée d’une manière spécifique. Quatre grandes boîtes se trouvaient au centre de la barge, et le reste des boîtes et des caisses étaient disposées autour de celle-ci en un cercle grossier. De plus, ce qui semblait être un grand cylindre métallique avec une extrémité arrondie était coincé entre les caisses centrales, à peu près de quarante-cinq centimètres de long dépassant d’elles.

La disposition du cylindre métallique et des caisses fit soudainement tilt dans son esprit, envoyant une vague glaciale de terreur parcourir son corps. Cela se transforma en pure horreur quand l’un des nains se retourna soudainement et pointa son fusil sur l’esquif – qui était maintenant positionnée au centre des hommes-gator et des coureurs de sang.

Helkara ouvrit la bouche pour crier un avertissement, mais la détonation aiguë du fusil nain retentit avant qu’elle ne puisse prononcer un seul mot.

* * *

Corleg observa Vornek pointer sa carabine sur l’obus de l’Avalancheur coincé entre deux caisses de poudre explosive et retint son souffle. Le projectile était très peu visible, et l’esquif était facilement à cinquante verges. Il n’était pas sûr qu’elle exploserait si elle était touchée par une balle, et il était encore moins sûr que le plan de Vornek aurait l’effet escompté par le capitaine du Corps de Fusilier.

Ils avaient pris la cargaison la plus précieuse de l’esquif et placé des caisses d’armes – épées courtes, poignards et haches – autour de la poudre explosive. Dans un monde parfait, les armes agiraient comme des shrapnels mortels une fois que l’obus aurait explosé, amplifiant considérablement le rayon de destruction de la bombe.

Les hommes-gator et les skorne grouillaient maintenant autour de l’esquif, et Corleg entendit Vornek prendre une profonde respiration puis la relâcher lentement. Il vit le fusil s’écraser contre l’épaule du capitaine du Corps du Fusilier et entendit le craquement de la détonation, puis le monde s’est dissout dans le tonnerre et les flammes.

L’obus explosa, puis fit exploser la poudre explosive qui l’entourait. L’explosion secondaire fut un rugissement enveloppant que Corleg ressentit plus qu’il n’entendit ; l’onde de choc de l’explosion s’abattit sur Vornek et lui et les fit décoller de terre. Corleg s’écrasa dans la boue à 3 mètres de là, pour une fois reconnaissant d’être dans un marais.

Il commença à pleuvoir des morceaux de débris et des morceaux d’hommes-gator et de skorne, et Corleg vit l’un des Gardes des Forges tomber après avoir été frappé par un torse d’homme-gator sans membre. Il se leva et se retourna vers l’endroit où se trouvait l’esquif. La barge avait été complètement anéantie, et la plupart des hommes-gator et des skorne avaient tout simplement disparu – bien que leurs restes éparpillés, suspendus aux arbres, soient un rappel assez macabre.

Une poignée d’hommes-gator avaient survécu, y compris le bokor. Ces quelques chanceux avaient probablement été protégés de l’explosion par leurs compagnons. La cheffe skorne avait également survécu, et Corleg la regarda se relever, employant son bâton pour se tenir debout.

« Cela s’est bien passé », dit Vornek à voix haute en s’extrayant de la boue à la droite de Corleg. Le capitaine du Corps de Fusilier remua son doigt dans son oreille et secoua vigoureusement la tête.

« Ne vous méprenez pas, Vornek », commença Corleg. « Votre… plan… nous a sauvé la vie, et je suis reconnaissant, mais nous avons perdu plus de la moitié de notre cargaison. Je ne pense pas que le Seaforge voie cela comme le meilleur résultat. »

« Nous somme vivant ; nos ennemis sont morts. C’est à peu près tout ce qu’il y a de mieux », répondit Vornek en haussant les épaules. « Ces choses arrivent. Je suppose que le Seaforge sera heureux que nous ayons réussi à sauver quoi que ce soit. »

« Peut-être », répondit Corleg en soupirant. « Et maintenant ? »

« Petits boucliers, nous devons partir », dit soudainement Lersh, le chef des farrow. Le grand farrow était arrivé derrière eux. Lorsqu’ils se retournèrent au son de sa voix, il pointa son fusil sur le bokor homme-gator, se retirant rapidement avec la cheffe skorne et les hommes-gator survivants. « Celui-là appartient à Barnabas, ls plus grand guerrier gator.

Vornek grimaça. « Il y aura plus de gators sur le chemin, alors. » Il regarda en arrière dans la direction de l’ennemi qui battait en retraite et ajouta : « Au moins. »

Le farrow hocha la tête vigoureusement. « Plus de gators bientôt. Oui. Peut-être autres, aussi. »
« Très bien », dit Corleg. « Rassemblons ce que nous pouvons et sortons de ce marécage. »

Vornek fixa Lersh du regard. « Peux-tu nous conduire au fleuve ? Sans croiser le blocus khadoréen au nord de Corvis ? »

Lersh offrit au capitaine du Corps de Fusilier un sourire en coin. « Pas d’inquiétude, petits boucliers. Lersh connâit le chemin maintenant. Le fleuve est à l’est. Pas d’homme du Khador là-bas. Lersh n’a aucun doute cette fois. »

Source

44
PICS DES FALAISES DU TONNERRE

Par Aeryn Rudel

MERCENAIRES

Depuis les décombres à l’extrémité ouest du ravin, des douzaines de cordes d’arbalètes ont cogné contre leurs arcs avec un claquement sourd et projetèrent un nuage bourdonnant de carreaux rouges. Murgan souleva son bouclier et s’accroupit alors que les carreaux tombaient, protégeant avec peine son corps de deux mètres sous sa surface protectrice. Les projectiles cognèrent contre le bronze martelé mais n’emportèrent personnes.

« Tenaces les bâtards, n’est-ce pas ? » Au genou de Murgan, le Capitaine Vornek Blackheel tapa contre un carreau elfique planté dans la terre à moins de deux centimètres de son pied. « Précis, aussi. » Le capitaine du Haut Bouclier sourit, ses yeux sombres brillent dans l’ombre sous le bouclier de l’ogrun.

Murgan baissa les yeux et grogna d’assentiment. « Oui, ils sont certainement motivés. Mais par Dhunia, que font les iosiens ici ? »

Vornak renifla. « D’après mon expérience, les elfes n’ont pas besoin de beaucoup motivation pour assassiner un non-elfe. Mais nous ne gardons aucune position stratégique. Fort Baram, c’est le trou du cul du monde. »

Vornek avait raison. Fort Baram avait acquis sa réputation auprès du Cartel Seafoge. Les ivrognes, les voleurs et les mécontents qui voulaient éviter l’exil ou l’exécution à Rhul se retrouvaient expédiés à Baram pour exécuter le reste de leurs peines. Ils demeuraient si loin des sentiers battus et n’avait si peu de conséquences pour Rhul et Khador et que le Searforge pensaient que les habitants du fort ne pouvaient pas nuire à la réputation du Cartel.

La forteresse trapue se tenait derrière la ligne naine, au plus profond du côté khadoréen des Pics des Falaises du Tonnerre. Le laissez-passer négociable signifiant que les marchands voyageant de Khador à Fort-Horgen passaient souvent par Fort Baram, qui étaient tenus par trois escouades du Corps des Carabiniers du Haut Bouclier et un guerrier ogrun vieillissant. Les nains étaient chargés de s’assurer que les caravanes du Cartel Searforge passent sans encombre et avaient rarement affaire à quelque chose de plus agressif qu’un marchand grincheux se chamaillant pour le péage de la cargaison. Au moins, cela permettait de passer le temps entre le jeu, les combats et la consommation d’alcool jusqu’au coma éthylique.

Bien que la majeure partie de la garnison de Baram ait été obligée de servir sous les ordres de Vornek Blackheel, un homme capable et bourru, quelques personnes avaient choisi la garnison éloignée. C’était l’endroit où se rendre pour être oublié. Pour Murgan, cependant, c’était aussi un endroit où il pouvait se permettre d’oublier.

Un ogrun vétéran sans korune avait peu de place dans la société naine ou ogrun. Le korune de Murgan avait été tué au combat il y a plus de dix ans. Bien que les événements qui aient conduit à la mort de son maître aient échappé à son contrôle, la survie de Murgan avait été considéré comme un échec monumental de sa part. Il avait peu d’option. On s’attendait à ce qu’il prenne sa retraite, touche une maigre pension et vive le reste de ses jours en méditant sur son échec. Murgan avait plutôt demandé la permission de rester et de servir le Cartel Seaforge. La demande avait été rejetée, mais Murgan avait persisté et le Cartel avait fini par céder – à condition qu’il occupe de son choix. Il avait été affecté (certains diraient « condamné ») à Fort Baram, où il servait le Capitaine Blackheel depuis des années.

Alors qu’il aidait Vornek à lutter contre les nombreux inadaptés à Fort Baram, Murgan avait lentement récupéré une certaine confiance et une certaine estime de soi. Son association avec Vornek ne ressemblait en rien à ce qu’il avait partagé avec son korune, mais il avait développé une relation avec l’imprévisible capitaine du Haut Bouclier qui oscillait entre « ami » et « compagnon de cellule ».

« Je suppose que nous devrions riposter », déclara Vornek. « Non pas que les cinq dernières volées aient fait beaucoup plus que démonter à quel point nous sommes de pauvres tireurs. » Il jeta un coup d’oeil sur les lignes de guerrier nains à sa gauche et à sa droite et se renfrogna à travers sa barbe. « Vous entendez ça, misérable fils de pute ? » Cria-t-il. « Vous ne pourriez pas toucher la partie large du derche de Toruk s’il s’asseyait sur vous ! » Les insultes de Vornek provoquèrent quelques imprécations sans enthousiasme et ce qui ressembla à un épisode de vomissement vigoureux.

« Kurn ? » Demanda Murgan au capitaine. Kurn était l’ivrogne le plus notoire de Fort Baram.

Vornek hocha la tête. « Toujours. Je pense qu’il buvait ce truc qu’on emploie pour nettoyer les résidus de poudres des canons des carabines.

Murgan regarda la ligne de guerriers nains. Chacun était en possession de l’équipement standard du Corps des Carabiniers du Haut Bouclier : plastrons en acier, grèves, gantelets et le solide bouclier rectangulaire qui couvrait son propriétaire de son cou à ses chevilles. L’armement principal du corps consistait en une carabine de guerre lourde à double canon, assez légère pour être maniée à une seule main mais avec suffisamment de puissance pour pénétrer le blindage. Chaque membre du corps des carabiniers portait également une hache de guerre à manche court pour le combat au corps à corps.

Ce n’était des carabiniers ordinaires, cependant, et l’état de délabrement des guerriers du Fort Baram aurait horrifié n’importe quel autre officier supérieur du Haut Bouclier. En fait, plusieurs officiers supérieurs du Haut Bouclier avait demandé au Seaforge de faire expulser toute la garnison de Fort Baram du corps. Ces tentatives avaient échoué – chaque ordre avait besoin d’un endroit pour stocker ses déchets. Pourtant, l’état des guerriers de Baram et de leur équipement était tout simplement déplorable. Des taches de rouille, certaines aussi grandes que le poing de Murgan piquaient l’armure de presque tous les nains, et la plupart des carabines n’avaient pas été correctement nettoyées depuis des mois. Murgan aurait surpris si une seule hache de guerre dans toute la garnison possédait un tranchant assez aiguisé pour couper le pain, sans parler de fendre l’acier. Il sentait la sueur et le vomi âcre des nains les plus proches de lui, et beaucoup d’entre eux vacillaient sous le poids de leur équipement, habitués à un mode de vie sédentaire axé sur les beuveries plutôt que sur la préparation au combat.

Murgan se tenait au centre de la ligne de nain, à côté de Vornek. Deux fois plus grand qu’un guerrier nain, il se détachait de son entourage telle une épée parmi des poignards. Son énorme bouclier rond était aussi large qu’un nain était grand, et son glaive cranté au bout d’une hampe en fer de trois mètres soixante. Son équipement était en bon étant, son bouclier robuste, le tranchant de son glaive affûté comme un fil de rasoir.

« Relever ! » Cria Vornek, et vingt boucliers de combat cognèrent le sol plus ou moins à l’unisson. Les fûts de vingt carabines rhuliques glissèrent dans la large encoche au sommet de chaque bouclier. Cette encoche permettait au guerrier du Haut Bouclier de pointer sa carabine tout en profitant de la protection vitale de son bouclier.

« Feu ! »

Une fusillade assourdissante retenti, et le champ de gravats à l’autre bout du ravin explosa en shrapnel. Alors que la poussière et la fumée se dissipaient, un unique cadavre elfique devint visible, partiellement exposé derrière un petit monticule de gravier.

« Hah ! Nous en avons un ! » Dit Vornek. Puis son ton jubilatoire s’aigrit. « Mais, merde ? Un seul elfe mort en six volées ? À ce rythme, nous en avons pour quinze jours. »

« Nous attendons donc quinze jours », dit Murgan. Il posa son bouclier devant lui, se préparant à l’inévitable volée retour. Le reste des hommes du corps s’installait derrière leur propre bouclier lourd, gémissant, jurant et rechargeant sans enthousiasme leurs carabines. Les quelques nains tombés sous les volées elfiques étaient maintenant traînés derrière la ligne et dans la forteresse.

« Quoi ? » Demanda Vornek, confus.

« Nous les attendons dehors », dit Murgan en montrant son bouclier. Sa surface était éraflée, mais pas un seul carreau elfique ne l’avait pénétré. On pouvait en dire autant de la plupart des boucliers nains. « Leurs arbalètes ne sont pas assez puissantes pour percer nos boucliers, et ils n’ont certainement pas une réserve infinie de carreaux… »

« Mais nous avons assez de poudre et de munitions pour tenir durant des semaines », termina Vornek. Il se mordilla la lèvre inférieure. « Je déteste l’idée de rester ici à ne rien faire. Mais ce n’est pas la pire que j’ai entendue. »

« Un tel éloge », gloussa Murgan. « Mais je ne pense pas que nous devrons tenir longtemps. Cette attaque sent le désespoir, si vous voulez mon avis. Si nous tenons bon, je pense que nous leur forcerons la main. Pour leur faire faire quelque chose d’irréfléchi. »

Les elfes avaient pris position à une centaine de verges des portes de Fort Baram, dans un champ de blocailles dense, où les fortes pluies de l’année dernière avaient provoqué un éboulement. Parce que les caravanes marchandes avaient pu se frayer un chemin, Vornek n’avait pas pris la peine de nettoyer le bazar. Cela avait semblé être une dépense inutile de temps et d’énergie. Malheureusement, les énormes tas de rocher et de débris offraient maintenant aux attaquants iosiens une excellente couverture.

Murgan remarqua un mouvement soudain à l’autre bout du ravin. Deux iosiens avaient émergés de derrière un gros rocher et avancé rapidement. Ils disparurent derrière un monticule de blocaille avant qu’il ne puisse signaler leur position.

« Tu as vu ? Dit Murgan à Vornek.

« Ouais. Ils avaient l’air différents des autres, n’est-ce pas ? » Répondit Vornek.

« Manteaux noirs. Et ils ne portaient pas d’arbalètes. Autre chose. Un fusil peut-être. » Une lueur se reflétant sur une surface métallique où les deux elfes aux manteaux noirs avaient disparu, puis un bourdonnement profond et pénétrant s’éleva de leur position. Murgan fut sur le point de crier un avertissement lorsque qu’un craquement aigu se fit entendre dans le ravin. La tête d’un guerrier nain à sa gauche – une jeune recrue nommée Ulik – éclata comme une pastèque trop mûre et l’éclaboussa de son contenu chaud et rouge. Le cadavre s’inclina vers l’arrière, permettant à l’ogrun de clairement voir le trou à hauteur d’oeil dans le bouclier d’Ulik.

« Tireur embusqué ! » Cria Murgan en se jetant à terre.

Vornek se tenait simplement là, bouche bée, regardant le bouclier troué d’Ulik et la moitié supérieure manquante de sa tête.

« À terre, imbécile ! » Murgan lâcha son glaive et tira le capitaine abasourdi du Haut Bouclier à côté de lui. Les tireurs embusqués tirèrent à nouveau, au moment où Murgan projetait le visage de Vornek dans la poussière. Puis loin sur la ligne, un autre guerrier nain – Murgan ne sut dire qui – se mit à crier. Une autre détonation suivi et les cris cessèrent.

Vornek leva la tête et cracha une bouchée de terre. « À terre ! Maintenant ! » Cria-t-il. Le reste de la ligne n’eut plus besoin d’être encouragé. Le ravin résonna soudainement du cliquetis métallique chaotique de dix-huit guerriers entièrement armurés se jetant face contre terre.
« Tant pis pour l’attente. » Vornek tourna son visage sale vers Murgan. « Ces foutus tireurs embusqués peuvent nous arracher la tête à loisir. »

« Il n’y en a que deux », déclara Murgan. Il avait du mal à s’exprimer avec son visage écrasé sur le sol, mais il faisait une cible si grande qu’il n’osait pas lever la tête. « Nous pourrions nous précipiter sur leur position. »

« Trop tard pour ça. » Le ton de Vornek était grave. « Nos invités aux oreilles pointues ont d’autres idées. »

Tentant le destin, Murgan leva prudemment la tête pour suivre le regard de Vornek. Deux dizaines d’elfes se précipitaient vers eux, leurs longues et fines lames dégainées et scintillantes sous le soleil de l’après midi. Une stupéfiante silhouette en armure blanche les conduisait. Elle tenait son épée nue au-dessus de sa tête alors qu’elle chargeait sans effort sur le sol accidenté du ravin.

Vornek se mit debout en grognant. « Les salauds ont utilisé leurs tireurs embusqués pour donner au reste de leurs soldats le temps de charger », dit-il acide. « Malin. »

Murgan se mit debout et vit la ligne de nains se hisser sur ses pieds, former les rangs et se préparer à répondre à la charge des elfes. Il abaissa bouclier et prit son glaive en main. Le dressant sur son épaule droite comme une lance. Il gratifia Vornek d’un sourire contraint. « Au moins, nous n’aurons pas à attendre. »

Vornek renifla et pointa sa carabine vers les iosiens en approchent. « Oh, excellent. Je suis ravi qu’ils aient décidé d’en finir avec moi. »

CHÂTIMENT DE SCYRAH

Les nains ouvrirent le feu et furent momentanément masqués par l’épaisse fumée qui jaillissaient de leurs carabines. Kaelyssa put presque sentir les minuscules projectiles de métal siffler vers elle. Elle se jeta en avant dans un roulé-boulé, laissant les balles passer inoffensivement par-dessus sa tête. Le plongeon ne ralentit cependant pas son élan vers l’avant, et elle se releva à pas plus d’une douzaine de pas du premier rang des guerriers nains.

Les deux escouades de chasseurs de mage de Kaelyssa chargeaient à ses côtés. Ils étaient bien entraînés, hautement qualifiés et habitués à faire face à des situations difficiles, mais ils n’étaient pas habitués à des combats aussi peu subtils. Sans myrmidons pour percer la ligne naine, elle avait été forcée d’employer ses chasseurs de mage dans un rôle pour lequel ils étaient mal adaptés. Assassins discrets, les chasseurs de mage frappaient en cachette et prenaient leurs cibles à leur insu. Charger sur un terrain découvert contre un adversaire bien armé et préparé allait l’encontre du style de combat qu’ils avaient perfectionné au fil des siècles.

Mais quel choix avaient-ils ?

Les rejetons draconiques étaient juste derrière. Ils les traquaient depuis les portes de la base Klywen, de l’autre côté des Pics des Falaises du Tonnerre, et maintenant ici. La nyss qui les dirigeait s’était révélé être une traqueuse accomplie, et même la considérable habilité de Kaelyssa en matière de déplacement secret n’avait pas suffi à les égarer. Les poursuivants corrompus les avaient rattrapés une fois, et Kaelyssa et ses chasseurs de mages s’étaient retrouvés coincés dans un petit canyon. Cette bataille avait coûté cher. Des rejetons draconiques et des flèches noires avaient tu la moitié de sa force. Elle pouvait sentir le sinistre souvenir de cette bataille brûler sous son armure : une blessure sur le haut de sa causse droite infligée par une lame nyss. Cette blessure lui procurait des douleurs atroces et des vagues d’engourdissement le long de sa jambe à chaque pas. Alors qu’elle fonçait tête baissée dans la bataille, Kaelyssa savait qu’elle n’était pas aussi rapide ou agile qu’elle le devrait, mais elle avait déjà combattu dans des conditions bien pires.

Les nains se tenaient entre elle et la voie la plus rapide vers la base Nyreth, où une légion de Garde de l’Aube attendait. Sans ces renforts vitaux, Kaelyssa savait que la horde de rejetons draconiques assiégeant la base Klywen submergerait la garnison elfique en défense durant la semaine. Elle avait été forcée de laisser tous ses myrmidons derrière elle pour soutenir les défenseurs ; que sa petite force ait échappé au siège et ait réussi à échapper aux rejetons draconiques et les nyss corrompus était presque miraculeux. Elle ne serait pas arrêtée par une dérisoire force naine dans un for en ruine au milieu de nulle part.

Le coeur de Kaelyssa se mit à battre la chamade alors qu’elle et ses chasseurs de mages traversaient la ligne naine. Elle invoqua un linceul de ténèbre. Cela garderait les canons nains à distance jusqu’à ce qu’ils puissent être à portée de frappe. Son objectif était simple, briser et continuer. Elle ne pensait pas que les nains donneraient la chasse. Ils seraient bientôt avoir des rejetons draconiques jusqu’au cou.

Elle avait chargé le centre même de la ligne naine, contre ce qu’elle percevait comme la menace la plus importante. Le guerrier ogrun dominait ses camarades nains, son énorme bouclier rond bosselés et marqué mais intact. Il tenait son glaive, prêt à frapper par-dessus le bord de son bouclier et à repousser sa charge.

Quand elle et ses chasseurs de mage ne furent plus qu’à quelques pas de ligne naine, celle-ci tira à nouveau. À bout portant, le linceul des ténèbres de Kaelyssa n’offrit aucun salut contre la fusillade. Dans sa vision périphérique, elle vit plusieurs chasseurs de mages se faire souffler. Elle eut peu de temps pour s’attarder sur cette perte ; le volume du bouclier du guerrier ogrun se dressait devant elle et la pointe brillante de son glaive s’élançant vers elle. En plus d’être étonnamment rapide pour sa taille et le poids de son armure, l’ogrun avait également près d’un mètre quatre-vingts de portée sur elle. Elle ne ralentit pas, mais rompit son épée Vengeance dans une courte frappe croisée qui fit tomber la hampe du glaive de l’ogrun de travers. Il passa devant son visage, s’embrasant contre le champ d’énergie entourant son énergie, et effleura de manière inoffensive son épaulière gauche.

L’ogrun recula son arme pour une autre frappe. Il était maintenant à portée de frappe, mais il était une muraille presque qu’infranchissable derrière son bouclier, et Kaelyssa n’avait aucune envie de se battre contre un adversaire beaucoup plus grand avec une allonge et une armure supérieures. Au lieu de cela, elle souleva Vengeance au-dessus de sa tête comme pour le frapper. Il leva haut son bouclier pour parer le coup, le mouvement aveuglant momentanément sa vision. C’était l’ouverture dont elle avait besoin. Kaelyssa se ressaisit et bondit en avant, et son pied droit trouva le bord supérieur du bouclier de l’ogrun. Ignorant l’éclair de douleur qui la transperça, elle repoussa avec sa jambe droite et sauta par-dessus sa tête dans un saut acrobatique. À l’apogée du saut, elle abattit Vengeance dans une frappe qui aurait dû lui décoller la tête du corps. Sa jambe affaiblie modifia sa trajectoire de quelques millimètres, assez pour la détourner de son objectif. Au lieu du cou de l’ogrun, Vengeance se planta dans son épaule armurée. La lame enchantée trancha le solide acier et entailla la chair en dessous mais la blessure n’était pas mortelle.

Kaelyssa atterrit derrière l’ogrun dans ce qui aurait dû être une position de combat équilibrée, mais l’atterrissage s’avéra plus que ce que sa jambe blessée pouvait supporter. Au moment de la réception, quelque chose céda et elle sentit un flot de sang couler le long sa sa jambe sous son armure. Son agilité l’empêcha de chuter, mais elle trébucha et enfonça la pointe de Vengeance dans le sol pour se rattraper. La vitesse de l’ogrun la surprit à nouveau alors qu’il se tournait sur lui-même pour amener le poids massif de son grand bouclier vers elle.

Déséquilibrée, Kaelyssa ne put esquiver le coup, et le bord bronzé du bouclier de l’ogrun lui explosa au visage avec la force d’un warjack fou. Son champ d’énergie s’enflamma alors que le bouclier s’y fracassait, mais l’effort qu’elle avait mis dans son attaque l’avait dangereusement épuisé, et la force et l’élan de l’ogrun ont traversé la barrière protectrice avec une facilité déconcertante. Son nez et sa joue gauche se sont brisés. Le sang à gicler et elle s’est écrasée au sol.

La vision de Kaelyssa se brouilla et ses membres ne répondirent plus à ses ordres. Son esprit était plus que douleur. Elle savait qu’elle était au sol. Elle savait que Vengeance lui avait échappé. Ce qu’elle ne comprenait pas, c’était pourquoi elle était toujours en vie.

« Stop ! Srop ! Bon sang ! J’ai dit stop! » Kaelyssa parlait suffisamment bien le rhulique pour comprendre les ordres simples hurlés par la voix impétueuse du nain. Les bruits du combat s’estompèrent.

Sa vision commença à s’éclaircir, et ce qu’elle vit l’a remplie d’horreur et de soulagement. L’ogrun la dominait, tenant la lame de son gigantesque glaive à quelques centimètres de sa gorge. À côté de lui, un nain à la barbe grise portant un affichant un insigne de capitaine sur l’épaule – celui qui avait appelé le cessez-le-feu, supposa-t-elle – pointait sa carabine sur sa tête. Derrière, se tenait d’autres guerriers nains, le dos tourné vers elle et leurs fusils pointés vers les survivants de ses chasseurs de mages. Prudemment, son équipe se retirait, les visages marqués d’inquiétude pour leur chef.

« Alors l’elfe », commença le capitaine nain, un sourire suffisant sur son visage. « Qu’as-tu à dire pour ta défense ? »

L’ogrun écarta son glaive, permettant à Kaelyssa de s’asseoir. Elle cracha un peu de sang et une dent cassée et fixa le capitaine nain du regard. La rage et la honte luttait dans son esprit. Être vaincue par un adversaire aussi modeste était un scandale qu’elle pouvait à peine imaginer. Mais l’enjeu était bien plus que sa fierté blessée. L’ogrun et le nain ne l’avaient pas tuée purement et simplement ; peut-être pourrait-elle tourner cette défaite à son avantage.

« Es-tu sourde ? Pourquoi nous avoir attaqués ? »

Le côté gauche du visage de Kaelyssa était engourdi et il lui était difficile de s’exprimer. Finalement, elle répondit d’une voix basse et monotone : « Je devais passer le col. »

Le visage du capitaine se tordit en un grognement. « Eh bien, tu aurais pu demander, bon sang ! »

« Je ne demande pas la permission aux étrangers », cracha-t-elle, incapable de cacher le mépris qu’elle ressentait.

Il rejeta sa tête en arrière et rit. « Et regarde ce qui se passe quand tu ne le fais pas ! Ton joli minois est tout cassé, non ? »

Kaelyssa jeta un coup d’oeil à sa droite, là où Vengeance se trouvait au sol à quelques pas de là. L’idée de prendre son épée et de découper le sourire moqueur du visage nain était si tentante, qu’elle valait presque la peine de mourir.

« Vornek », intervint l’ogrun, son ton baryton grave impérieux. « Ça n’aide pas. »

Les paroles surprirent Kaelyssa : peut-être avait-elle mal jugé la relation entre les deux. Les ogrun servait généralement les rhulfolk, mais le ton de celui-ci impliquait une relation d’égal à égal.

L’ogrun retira son glaive, puis pointa l’extrémité vers le ciel et planta la hampe dans le sol. « Je suis Murgan Grimspear », dit-il. « Voici le Capitaine Vornek Blackheel, commandant de Fort Baram. » Il désigna la forteresse de pierre trapue derrière elle avec son bouclier. « Nous n’avons jamais eu de problèmes avec les iosiens avant cela, alors peut-être comprendrez-vous notre inquiétude justifiée concernant votre attaque non provoquée. »

Kaelyssa n’avait jamais entendu un ogrun parler, et elle fut momentanément surprise par son ton mesuré et sa maîtrise évidente de la langue naine. Elle l’observa pendant un moment. Ce n’était pas un jeune home, comme la plupart des ogrun qu’elle avait rencontrés. Sa crinière était mouchetée de gris, son visage marqué par les ans et l’expérience. C’était un vétéran, un guerrier habile et probablement digne d’un certain respect. Elle parlertait à ce Murgan.

« Comme je l’ai dit, nous devions passer le col. Nos raisons de la faire ne vous concernent pas. Nous serions passés avec le moins de victimes possibles pour vos hommes. Vous vous êtes montrés plus résolus que je ne l’avais prévu. »

« Résolus ?! » Vornek pointa sa carabine sur Kaelyssa. « Tu veux dire que tu ne t’attendais pas à ce qu’on t’humilie. »

Murgan secoua la tête. « je ne peux m’empêcher de faire écho au sentiment de mon compagnon nain. », dit-il. « Vous auriez pu nous contourner. L’effusion de sang n’était pas nécessaire. »

« Je n’avais pas le temps », répondit Kaelyssa. «  Je ne verse pas le sang à la légère, ogrun. Même quand il est si justement mérité. » Elle jeta un regard méprisant à Vornek. Il était comme la plupart des étrangers qu’elle avait rencontrés : grossier, impulsif et ne méritait pas plus de considération que le temps qu’il fallait pour faire planter une lame entre ses côtes.

« Pourquoi êtes-vous si pressé ? » Demanda Murgan. « Qu’est-ce que vous ne dites pas ? »

Kaelyssa soupira et se leva lentement, grimaçant alors que la blessure à sa jambe propageait de nouvelles vagues tourments. Elle se penchant, s’empara de Vengeanc et le replace rapidement dans son fourreau dans son dos. Elle regarda les rangs nains et elfes qui occupait le petit ravin. Les nains étaient robustes et résistants dans leur lourde armure et leurs boucliers épais. Ses chasseurs de mages étaient souples, agiles et polyvalents, aussi bien au corps à corps qu’à distance. Elle dut admettre que les deux forces se complétaient l’une l’autre. Avec cette prise de conscience, la décision fut simple.

« Murgan », dit-elle, faisant à l’ogrun l’honneur d’employer son nom, « je ne peux pas te dire d’où nous venons ni où nous allons, mais je vais te dire ceci. Il y a des rejetons draconiques derrière moi. Ils nous chassent depuis des jours, et je n’ai plus la force de les vaincre ni le temps et la vitesse pour les distancer. »

« Oh, c’est foutrement merveilleux ! » S’exclama Vornek. « Donc, non seulement tu nous as attaqué sans provocation, mais tu as nous aussi amené une horde rejetons draconiques ! Tu ne veux pas aussi me shooter dans les couilles ? »

Kaelyssa fixa Vornek, puis repoussa son attention sur Murgan. « Les circonstances qui nous ont amenés ici sont désormais sans importance. La simple vérité est que les rejetons draconiques seront bientôt là, probablement dans l’heure qui suit, et aucun de nous ne possède la force de les arrêter seul. »

« Vous proposez une alliance ? » Dit Murgan en se grattant le menton. « Intéressant. »

« Une alliance !? » Vornek se tourna vers son compagnon avec horreur. « Tu ne peux honnêtement pas envisager de lui faire confiance !? Il y a des nains morts et saignant ici, et c’est d’sa faute. »

« Calme-toi, Vornek », répondit Murgan. « Je ne suis pas ravi de la perspective. Mais si ce qu’elle dit est vrai – et je pense que c’est le cas — alors quel choix avons-nous ? Je ne veux pas voir d’autres nains mourir alors que nous pouvons faire quelque chose pour l’empêcher. »

« Celui-ci te donne de sages conseils, nain », dit froidement Kaelyssa. « Tu devrais y faire attention. »

Vornek abaissa sa carabine et la passa dans son dos. Chaque mouvement était exagéré, plain de mépris et de dégoût, comme si brandir un pistolet sur Kaelyssa était profondément insultant. « Bien, j’accepte une alliance temporaire – et je veux dire foutrement temporaire - » dit-il, le dégout dans la voix. « Si nous survivons aux rejetons draconiques – s’il y en a – alors toi et moi arrivons à une sorte de compte de ce que tu as fait. »

Kaelyssa hocha la tête. « Très bien. Qu’en dis-tu, Murgan ? »

L’ogrun déposa son bouclier et détacha les courroies maintenant ses épaulières armurées sur ses épaules. Sous l’épaulière gauche, son gambison rembourré était taché d’un rouge vif. «  Je dis que nous devrions soigner nos blessés et rentrer ceux qui sont incapables de se battre à l’intérieur de la forteresse. Ensuite, nous nous réunirons et nous trouverons le meilleur moyen de combattre et de survivre à tes rejetons draconiques.

LÉGION D’EVERBLIGHT

Elyshyvah se permit un sourire en coin alors qu’elle et se force s’approchaient de l’embouchure du petit ravin qui contenait sa proie. Elle pouvait difficilement contenir l’élan de fierté face à la gloire qui allait bientôt être sienne, mais le sourire disparut presque aussi vite qu’il était apparu, et le visage de la bergère de guerre nyss repris son masque habituel de réserve glacée.

Elle leva son bâton de combat et fit signe à ses patrouilleurs d’avancer. Alors que ses guerriers nyss corrompus se déployaient derrière elle en rangs bien ordonnés, ils se déplacèrent dans une démarche rapide et prédatrice qui dévorait le terrain accidenté avec une efficacité silencieuse. Tueurs polyvalents, chaque patrouilleur portait un arc court et courbé dans sa main droite griffue et une longue épée incurvée gainée à sa ceinture. Les patrouilleurs pouvaient manier les deux armes avec un talent meurtrier.

Pour Elyshyvah, les prouesses de combat des patrouilleurs restaient secondaires par rapport à leur valeur d’éclaireurs et de pisteurs polyvalents. Sans eux, elle n’aurait pas pu suivre a proie depuis leur base elfique isolée sur l’étendue accidentée des Pics des Falaises du Tonnerre. Sa maîtresse Vayl, Disciple d’Everblight, assiégeait les iosiens avec une armée de rejetons draconiques et de nyss corrompus, puis lui avait confié l’immense tâche de traquer la warcaster iosienne et de s’occuper d’elle.

Elyshyvah commandait maintenant six escouades de patrouilleurs nyss. Elle avait également reçu deux imposants protecteurs néphilim, des rejetons draconiques humanoïde massif assez intelligent pour respecter ses ordres. C’était un honneur sans égal de pouvoir faire confiance à des bêtes issues du sang de Vayl.

Vayl avait averti Elyshyvah que la warcaster en fuite et ses chasseurs de mage étaient des tueurs discrets. Bien qu’Elyshyvah ait pris l’avertissement au sérieux, elle s’était sentie insultée que Vayl insiste sur une telle prudence ; elle pourrait habilement maîtriser les redoutables rejetons draconiques et se battre à leurs côtés au cœur du combat, et elle était sûre de pouvoir vaincre la warcaster. Elle avait hâte de coincer et de tuer cette Kaelyssa et de faire ses preuves auprès de Vayl.

Malheureusement, Kaelyssa s’était révélée être une redoutable adversaire et Elyshyvah ne l’avait rattrapée qu’une seule fois. Bien que la bataille ait été glorieuse, Kaelyssa et nombre des chasseurs de mage avaient réussi à s’échapper du champ de bataille et à s’enfoncer dans les montagnes. Ils avaient réussi à capturer vivant l’un des iosiens, auprès de qui Elyshyvah avait appris le nom de sa proie.

Elyshyvah avait poursuivi avec ténacité, et sa persévérance avait porté ses fruits. Un éclaireur avancé avait rapporté que les iosiens avaient engagé un groupe de nains dans un ravin à moins d’un kilomètre de leur position. Kaelyssa n’avait nulle part où s’enfuir.

Elle serait coincée entre les forces d’Elyshyvah et les nains. Une fois qu’Elyshyvah en aurait fini avec Kaelysa, elle pourrait facilement s’occuper de la dérisoire force naine.

Il était temps, La poursuite était terminée, et le prédateur se régalerait de la chair de sa proie. Elyshyvah leva à nouveau son bâton de combat, et les deux néphilim se déplacèrent pour la flanquer. Leurs imposantes formes et leurs armures ornées la remplissaient de confiance. Quel ennemi pourrait se dresser contre elle avec de telles créatures à ses côtés ?

Elle avança. Ses patrouilleurs et ses néphilim n’eurent pas besoin d’encouragements et la suivirent.

Devant, le ravin se rétrécissait en un amas de blocailles et de rochers tombés. Elle et ses patrouilleurs se frayaient un chemin avec facilité.

Au-delà du champ de blocailles se tenait une petite forteresse de pierre, ses portes simples en bois s’étendaient à travers le ravin. Une seule ligne de guerriers rhuliques se tenait devant la porte, de lourds boucliers rectangulaires emboîter pour créer un court mur d’acier et de bois. Au sommet de chaque bouclier reposait un fusil à canon court, pointé vers sa force avançant. Elyshyvah vit un certain nombre de cadavres iosiens éparpillés devant la ligne naine, ce qui lui fit comprendre que les rhulfolk étaient sortis victorieux de leur bataille contre les iosiens. Cependant, la demi-douzaine de cadavres elfiques ne constituait pas la totalité des forces de Kaelyssa, et elle ne vit pas le corps de la warcaster parmi eux. Qu’avaient fait les nains avec Kaelyssa ?

La réponse était évidente. Les nains avaient forcé Kaelyssa et ce qui restait de ses chasseurs de mage à se rendre et les retenaient dans la forteresse. Il ne faisait aucun doute que les avides rhulfolk considérait Kaelyssa comme une otage de valeur ; peut-être pensaient-ils la rançonner. En fin de compte, ce n’était pas grave ; ils ne priveraient pas Elyshyvah de sa proie.

Elle souleva à nouveau son bâton et les patrouilleurs derrière elle s’arrêtèrent. Environ cinquante verges séparaient sa force de la ligne rhulique. Elle estima qu’ils étaient trois fois plus nombreux que les nains – probablement plus.

Un fusilier nain s’avança et abaissa son bouclier, le posant sur son pied droit. Sa barbe était grise et son armure légèrement plus ornée que celle de ses camarades. « Fais demi-tour ! » Cria-t-il en khardique, une langue avec laquelle elle était vaguement familière. « Avance encore et nous ouvrirons le feu ! »

Amusée par la bravade du commandant nain, Elyshyvah répliqua : « Où sont les iosiens, nain ? SI tu me le dis, je te laisserai peut-être vivre. »

« Les iosiens sont morts ! » répondit le commandant nain en désignant les cadavres elfiques avec son fusil. « Tu n’as plus rien à faire ici. Fait demi-tour maintenant. C’est ton dernier avertissement ! » Sur ce, il prit son bouclier et reprit sa place au centre de la ligne naine.

« Imbécile », marmonna Elyshyvah. Elle essaierait de capturer ce commandant nain. Son insolence exigeait une attention particulière.

« En avant ! » Aboya-t-elle. Ses patrouilleurs bondirent en avant pour former trois rangs devant elle. Les nains n’ouvrirent pas le feu comme elle s’y attendait mais se sont accroupis derrière leurs boucliers. « Encochez ! » Les patrouilleurs encochèrent des flèches noires aux cordes et bandèrent leurs arcs. Elle les laissa tenir le temps d’une respiration. « Tirez ! »

Un essaim de flèches s’élança des lignes des patrouilleurs et s’abattit sur la ligne naine. Le lourd impact de leurs pointes de fer frappant l’acier et le bois fut choquant dans les confis du ravin.

Elyshyvah s’attendait à ce que la moitié de la ligne naine s’effondre dès la première volée. Horrifiée, elle vit que pas un seul nain n’était tombé. Leurs boucliers étaient hérissés de flèches, mais aucune n’avait pénétré. Elle crut détecter un léger ton moqueur dans la voix du commandant nain alors qu’il hurlait l’ordre de riposter.

Les fusils nains prirent vie, crachant de la fumée et du plomb sur le premier rang des patrouilleurs. Toutes les autres troupes auraient été massacrées sous la grêle des tirs, mais ses patrouilleurs s’étaient jetés au sol une fraction de seconde avant que les nains tirent. Ne trouvant aucune cible nyss, les lourdes balles des carabines rhulique gaspillèrent leur énergie mortelle contre le sol et les parois du ravin.

Il semblait qu’à cette distance, ils étaient dans une impasse : les nains ne pouvaient toucher les rapides et agiles patrouilleurs avec leurs fusils, mais ses patrouilleurs ne pouvaient pas non plus pénétrer les boucliers des nains avec leurs flèches. Elle pourrait ordonner aux patrouilleurs de concentrer leur tir sur une seule cible, et sans aucun doute un tel barrage supplanterait la plus robuste des défenses. Mais cela prendrait du temps, et pire encore, cela pourrait forcer les nains à se retirer dans leur forteresse, la forçant à assiéger – elle était mal équipée pour entreprendre cette tâche – pour réclamer sa proie.

Face à la possibilité d’un siège prolongé, la décision fut simple. Les boucliers nains les protégeaient des flèches nyss, mais ils seraient beaucoup moins efficaces contre les lames nyss maniées au corps à corps. Elyshyvah leva son bâton de combat et abattit d’un coup sec son extrémité tranchante. « Chargez ! Tuez-les ! » Cria-t-elle.

Des dizaines de lames furent tirées de leur fourreau, et les rangs nyss scintillèrent d’acier. Puis la force s’élança vers l’avant, se délectant de la joie viscérale du combat, de la lame et du sang.

La Ligne naine éclata en fumée et en bruit alors qu’elle tira une nouvelle salve. Cette fois, les nyss étaient plus proches et eurent moins de temps pour éviter les tirs. Une demi-douzaine de patrouilleurs furent abattus, mais la vaste majorité s’écrasa contre les nains pour plonger leurs lames par-dessus les boucliers de leurs adversaires et trancher la chair et l’armure. Elyshyvah et ses néphilims s’enfoncèrent dans le flanc gauche de la ligne, son bâton de combat et les lourdes hallebardes des néphilims faisaient des ravages.

Les nains abandonnèrent leurs fusils dans la mêlée et tendirent la main dans le dos pour tirer de robustes haches de guerre d’un seul coup. Ils maniaient ces armes avec une habilité surprenante, mais furent surpassés par les nyss plus rapides. Il ne fallut pas longtemps avant qu’ils ne soient mis en déroute.

Elyshyvah et les néphilims avaient décimé le flanc gauche nain, et elle les lâcha pour qu’il puisse massacrer à volonté. Momentanément seule sur le champ de bataille, elle se lança à la recherche d’une autre cible et espionna le commandant rhulique au centre d’une mêlée désespérée. Il combattait dos à dos avec une autre guerrier nain, des cadavres de patrouilleurs jonchant le sol à leurs pieds. Cependant, les deux hommes étaient encerclés et put voir une tâche de cramoisi sur la cuisse gauche du commandant là où une lame nyss l’avait blessé. Elle sourit, souleva son bâton de combat et se précipita vers la mêlée.

Elle les avait presque atteints lorsque les portes s’ouvrirent. Elle se retourna pour voir surgir près de deux dizaines de chasseurs de mage. La moitié avait leur lame en main et chargea pour engager les nyss en mêlée. Les autres avaient des arbalètes et tirèrent dans la mêlée tournoyante. À leur tête se trouvait une personne familière en armure blanche : Kaelyssa. Une imposante silhouette armurée, un ogrun de la taille d’un néphilim chargeait à côté d’elle. Il portait un énorme bouclier rond attaché à son bras gauche et tenait un lourd glaive avec une longue hampe à sa droite. Il s’élança dans les patrouilleurs, en écrasant l’un d’entre eux d’un coup de bouclier et en faisant volé la tête d’un autre d’un simple coup de glaive.

L’esprit d’Elyshyvah s’emballa. Les iosiens et les nains étaient alliés. Comment l’animosité pure et simple et la guerre s’étaient-elles transformées en coopération ? La réponse lui vint aussitôt et l’emplit d’une sinistre fierté. Ils s’étaient alliés pour combattre une menace plus grande que celle qu’ils se posaient l’un à l’autre. Ils s’étaient alliés pour faire face à Elyshyvah.

Elle et ses patrouilleurs étaient toujours plus nombreux que les alliés, et elle avait toujours ses deux néphilims protecteurs, maintenant au coeur de la mêlée et abattant les ennemis à chaque coup de leur puissante hallebarde. Ce ne serait pas une victoire facile, mais cela ne ferait que la rendre plus douce.

« Kaelyssa ! » Cria Elyshyvah. Elle pointa son bâton de combat vers la warcaster elfe, qui s’attaquait aux patrouilleurs avec son canon à traits runiques.

Dans le vacarme de la bataille, Kaelyssa entendit le défi d’Elyshyvah. Elle se retourna, replaça son canon à traits runiques dans son étui et dégainé son épée de l’endroit où elle était suspendue dans son dos. Elle s’avança vers la nyss, une concentration mortelle claire dans son allure mesurée.

Elyshyvah remarque que le côté gauche du visage de la warcaster elfe était lourdement bandé. En fait, une gaze ensanglantée obscurcissait son œil gauche. Blessée et à moitié aveuglée, Kaelyssa serait gravement désavantagée en combat au corps à corps. Elyshyvah ne put s’empêcher de sourire alors qu’elle levait son bâton de combat et chargeait. Elle allait bientôt prouver sa valeur, lorsqu’elle poserait la tête de Kaelyssa devant la Disciple d’Everblight.

Source

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Background – Histoire des Royaumes d’Acier / Noirs Secrets
« le: 07 septembre 2020 à 22:53:08 »
NOIRS SECRETS

par William Shick

AU PLUS PROFOND DU BOIS D’ÉPINES, 608 AR

Grizbile regardait attentivement à travers la lunette de son fusil, concentrant sa vision améliorée sur la poitrine du Garde des Glaces conduisant un chariot de ravitaillement lourdement chargé. Les khadoréens avaient fréquemment envoyé du ravitaillement dans cette région au cours des derniers mois, mais récemment, l’activité avaient atteint un niveau fébrile et maintenant les caravanes de ravitaillement se présentaient presque quotidiennement. Grizbile ne pouvait plus se rappeler quand les entrepôts de Jarl avaient été aussi pleins. Il était temps que quelque chose se produise enfin en leur faveur.

Le pyg guérillero prit quelques respirations profondes avant d’expirer lentement, sentant tous ses muscles et ses tendons devenir complètement immobiles alors que son doigt abaissait la détente de son fusil. Il y eut un grand bruit et Grizbile sentit la crosse familière du fusil contre son épaule. Il hocha la tête de satisfaction en voyant sa cible se raidir et une fleur de sang cramoisie tacher le rouge vif de son armure thoracique. Plusieurs autres détonations résonnèrent à travers la forêt alors que les pygs de Grizbile ouvraient le feu, chacun visant à provoquer le maximum de confusion parmi la caravane. Grizbile vécu l’attaque dans sa tête, cochant la liste mentale avec un détachement froid, comme Jarl lui avait appris : S’occuper d’abord des conducteurs et de cheveux de tête et arrière pour piéger les chariots du centre. Ensuite, cibler les officiers, ne laissant aux hommes paniqués personne vers qui se tourner pour prendre la tête.

La confusion s’enracinant parmi les hommes, il appartenait à Ganch et ses sapeurs de transformer la scène en un véritable chaos. Au moment opportun, la terre autour des khadoréens assiégés éclata. Le bruit des gros flingues retentit dans les airs alors que les sapeurs tiraient dans le dos de ceux qui essayaient désespérément d’établir une sorte de défense. Sans chef, assailli à la fois devant et derrière, il était temps d’asséner le coup de grâce.

Un mugissement de vapeur s’échappa à travers les bois denses et le sol trembla alors que huit tonnes d’acier trempé et de fureur mékanique éclata dans la forêt. Avec la force d’une locomotive emballée, le Nomade percuta le chariot central, brisant le bois et le projetant dans plusieurs malheureux khadoréens qui furent écrasés sous lui. Le warjack se tourna alors pour planter son énorme espadon dans quelques membres de la Garde des Glaces survivants à sa portée, les découpant en morceaux dans des gerbes de sang cramoisi.

Un khadoréen courageux réussi à se faufiler sous les grands coups de la machine et frappa avec sa propre hache dans un puissant coup par-dessus sa tête. L’homme eut à peine le temps de manifester un regard d’horreur alors que son coup le plus puissant provoquait simplement une étincelle sur la coque en acier du warjack avec que l’énorme automate en fer ne l’attrape pas la poitrine avec ses puissants doigts en acier et l’écrase en bouillie sanglante. Face à cette nouvelle menace, les quelques khadoréens restant se retournèrent pour fuir, désespérés d’échapper au tourbillon mortel s’abattant sur eux.

Avec une facilité déconcertante, Grizbile rechargea son fusil et visa le dos d’un des soldats en fuite. L’homme tomba mort avant même d’avoir entendu la détonation du fusil. Alors que le pyg se préparait à tirer à nouveau, il vit une silhouette agile et armurée sortir de la forêt pour intercepter les deux derniers khadoréens, un Vanguard violet et blanc la flanquant. Les deux hommes paniqués s’arrêtèrent alors cette nouvelle menace apparut devant elle. Avec la grâce d’une duelliste, la femme leva son élégante lame en signe de salut d’escrimeur et leur demanda de tirer les haches de leur ceinture. Elle ne leur donna qu’un instant avant de les rejoindre, sa lame frappant comme une vipère d’acier. Elle traversa l’espace qui les séparait et gaina sa lame d’un mouvement fluide alors que les corps des khadoréens touchaient le sol à l’unisson parfait.

Grizbile passa son fusil sur son dos et s’approcha d’elle. Il fut bientôt rejoint parla forme tachée de terre de Granch, qui affichait un sourire écarquillé d’une oreille à l’autre.

« On pourrait penser que le puissant Empire du Khador offre un plus grand défi à une bande de voleurs disparates comme nous, hein, mon frère ? » Il gloussa et frappa fortement Grizbile sur l’épaule.

Grizbile grogna. « Tu n’as pas encore affronté une véritable armée. Et si tu étais un peu plus sage, tu prierais Dhunia pour que les rafles restent facile. »

La réprimande ne fit rien pour tempérer l’humeur du jeune pyg ; rien ne le faisait. « Une bonne alliée que Jarl a trouvé pour nous. Ashlynn et ses warjacks. »

Il regardait avec admiration le Nomade, qui avait posé sa lame et redressait maintenant le chariot qu’il avait envoyé voler comme du petit bois il y a quelques minutes. Une épaisse fumée noire s’échappait de la cheminée du warjack, et le gémissement de la vapeur et des pistons perçait l’air alors qu’il accomplissait sa tâche.

« Oui, elle et ses warjacks sont certainement précieux. Mais elle demande et coûte beaucoup pour son aide – et pas seulement en butin. » Cracha Grizbile. Il n’aimait pas le marché que Jarl avait passé avec la femme. Lui donné une plus grande partie des bien qu’ils pillaient était une chose, mais accepter de la soutenir dans son propre combat en était une autre. Le peuple avait déjà assez de combats sur les bras.

Il vit Ashlynn entament une discussion avec le chef de bande trollkin, Hadrin Oathheart, « Nous avons eu une bonne chasse aujourd’hui. » Elle releva une bâche sur le chariot arrière pour révéler une plaine cargaison de charbon noir. « Bien que j’adore mes frères de fer, ils ont un appétit insatiable. »

Elle tapota le châssis de son Vanguard personnel comme un chien fidèle, et il laissa échapper un doux sifflement de vapeur. Grizbile ne l’avait jamais vu séparée du ‘jack depuis qu’ils combattaient ensemble. Elle avait même insisté pour qu’il continue de fonctionner sous terre, dans le complexe de tunnels qu’ils utilisaient comme base d’opérations – l’un des nombreux complexes que les trollkin sous le commandement de Jarl avaient débarrassé des cryxiens. Alors que l’aire souterraine était assez grande pour accueillir le warjack léger, la chose crachait suffisamment de fumée âcre même lorsqu’il était au ralenti. Granch et ses sapeurs avaient déployé des efforts considérables pour creuser des puits de ventilations, en s’assurant de les placer avec soin dans des zones où la fumée serait masquée par l’épaisse végétation du Bois d’Épines.

Grizbile se rapprocha d’Hadrin. Le grand champion trollkin était un puissant guerrier, mais il n’avait pas encore acquis les compétences du métier de bandit. « Nous devons agir rapidement. On ne sait pas s’il y a d’autres khadoréens derrières. » Grizbile pouvait déjà voir ses frères de batailles passer par la routine de la préparation u transport, mais cette partie de l’opération le rendait mal à l’aise.

Hadrin le regarda pendant un moment avant de hocher la tête et de transmettre le message, en cygnaréen, à Ashlynn. Grizbile était bien considéré par Jarl et accompagnait le légendaire bandit trollkin quand il était encore considéré comme une hors-la-loi, de sorte que ses paroles avaient un poids supplémentaire avec le champion.

Ashlynn leva son regard bleu perçant sur le grand trollkin. « Même si une autre caravane nous tombait dessus, nous avons suffisamment de force pour les affronter. » Une fois de plus, Grizbile se trouva reconnaissant que Jarl ait insisté pour qu’il apprenne très tôt les bases du cygnaréen et du khadoréen.

Hadrin se retourna vers lui. « Elle a raison. »

Grizbile fronça les sourcils, son humeur demeurant inchangée. « Peut-être, mais c’est nous qui devons faire les surprises. Contrairement à ses warjacks, nos proches ne sont pas remplaçables. »

Hadrin grogna, et pendant un instant Grizbile crut que le champion allait s’emporter. Même son statut élevé auprès de Jarl n’allait pas plus loin. Hadrin n’était certainement pas obligé de l’écouter.

Hadrin se retourna et répéta son désir de faire avancer les choses rapidement. Grizbile vit les traits lisses du visage d’Ashlynn se contracter légèrement ; le pyg imaginait qu’elle n’était pas habituée à recevoir des ordres, surtout d’un trollkin. Elle fit signe de tête à Hadrin, cependant, et soudain, les yeux de son Vanguard flamboyèrent. Avec un fort grondement, il se dirigea vers un autre chariot avec elle tout près derrière.

« Je ferai attention à la façon dont tu parles de son frère de fer », déclara Granch, « surtout quand tu n’arrives qu’à son genou. » Il poussa Grizbile avec espièglerie.

« Au moins, ses frères ne causent pas des masses », déclara Grizbile. « Allez, on a du taf. »

* * *

Le Capitaine Maxwell Finn traversa le camp combiné de cygnaréens et de khadoréens. Une barbe d’un jour couvrait sa mâchoire, tandis que de la boue et des débris de forêt s’accrochait à sa tenue par endroits. Il ressemblait moins à un officier qu’à un grymkin sauvage conjuré par les ténèbres du Bois d’Épines. Sa mini sulfateuse signature était attachée dans son dos. Avec son kit de commando, Elle représentait une charge avec laquelle même le pionnier le plus en forme aurait dû mal. Finn, cependant, mouvait cela comme si les trente-six kilogrammes d’équipements sur son dos ne pesaient rien du tout.

Il avait passé près d’une semaine à travers la forêt, à la recherche d’installation cryxiennes souterraines. Il était sale, puait probablement pire qu’un Écorcheur du Bois d’Épines mort, mais pire que cela, il avait faim. Des biscuits secs, du fromage moisi et de la viande séchée plus proche du cuir que la viande séchée pouvait nourrir un soldat mais affamait l’esprit d’un combattant. Il se retourna vers les visages hagards des pionniers marchant en file derrière lui. Bien qu’ils se déplacent avec détermination, les yeux étaient vides. Ce dont ses hommes et lui avaient besoin, c’était un repas chaud, d’un pantagruélique. Morrow aide le cuistot qui essayerait de faire respecter la ration alimentaire à ses hommes aujourd’hui.


En traversant le camp, Finn ne put s’empêcher de s’émerveiller à la vue des soldats khadoréens et cygnaréens se déplaçant et se mêlant les uns aux autres. La plupart des groupes mixtes qu’il vit étaient des officiers, et ils demeureraient rarement ensemble plus longtemps que nécessaire pour se transmettre les missives ou discuter de toute question logistique. Pourtant, leurs communications étaient de plus en plus faciles, depuis l’attaque ratée contre le bastion central cryxien. À la pensée de cet engagement brutal, Finn passa inconsciemment son doigt sur sa dernière cicatrice, obtenue à la suite d’un contact rapproché avec des cœliaques. Il avait perdu beaucoup de bons hommes dans ce combat. Et donc, il pensa, sans se réjouir, que les khadoréens ne l’auraient jamais cru possible.

Après la défaite, les deux forces s’étaient repliées pour se regrouper et panser leurs blessures. La majeure partie de l’armée cygnaréenne s’était déplacée vers le sud, vers le Fleuve de la Langue du Dragon, tandis que les khadoréens s’étaient regroupés dans la partie nord du Bois d’Épines, chaque armée cherchant à rester près de ses lignes de ravitaillement respectives. Malgré cela, il y avait encore de nombreux campements mixtes cygnaréens et khadoréens de part et d’autre de la ligne de partage des eaux. Le bataillon de Finn était l’un de ceux qui étaient partis vers le nord avec les khadoréens. Peu importe leurs sentiments l’un pour l’autre, la première bataille contre le Cryx avaient mis la nouvelle alliance à l’épreuve. Ce que tout le monde avait pensé être une brève union de convenance était devenu une affaire plus longue. Maintenant, ayant vu la taille et la portée de la menace cryxienne, personne ne pensait que le combat se terminerait rapidement ou facilement.

Même s’il détestait encore les khadoréens, il devait admettre que toutes les batailles et les guerres qu’il avait livrées, celle-ci lui semblait la plus juste – même s’il se battait aux côtés d’un ennemi détesté. Le fait est qu’ils ne se battaient pas pour des frontières ou une idéologie ou simplement parce que l’humanité avait un besoin inné qui nécessité une bonne guerre de temps en temps.

Sa rêverie fut interrompue par l’odeur du ragoût chaud qui flottait dans l’air. L’odeur était si divine qu’elle faisait grogner son estomac et il dut avaler la salive accumuler dans sa bouche. Il était à environ six mètres de la tente du mess quand il entendit une voix crier son nom.

« Capitaine Finn ! Capitaine Finn ! »

Finn se tourna pour remarquer un jeune lieutenant cygnaréen courir vers lui, un bout de papier à la main. Finn soupira lourdement et se détourna avec beaucoup d’effort de la tente du mess. Le lieutenant failli lui rentrer dedans avant de se mettre maladroitement au garde-à-vous.

« Capitaine Finn, j’ai l’ordre de vous présenter immédiatement au major du QG du camp. » Sans réfléchir, Finn grogna, un son grave et dangereux. Il força son agacement quand il vit l’aide reculer d’un pas. Ce n’était pas de sa faute si Finn allait manquer son repas.

Finn se retourna et aboya, « Sergent Fullet ! Devant et au centre ! » Grâce à la discipline qu’il avait pratiquée, un homme rompit les rangs et se mit au garde-à-vous devant lui. « Je dois me présenter au QG combiné. Vous, sergent, vous devez vous assurer que les hommes reçoivent toute la bouffe chaude qu’ils veulent. En ce qi me concerne, on nous doit une semaine de repas, et ne laissez pas ces misérables officier de cuisine vous dire le contraire. »

Les yeux fatigués de Fullet s’illuminèrent à l’ordre. « Oui, monsieur ! »

« Oh, et Fullet, quand tu auras fini ici, apporte-moi le plus grand bol que tu peux, au QG. J’ai le sentiment qu’on va encore y passer un long moment.

Fullet fit un clin d’œil, la vie lui revenant sur son visage à la perspective de se remplir le entre de bouffe chaude. « Je vais vous apporter une pleine marmite, monsieur. »

Un sourire ironique se dessina sur les traits rugueux de Finn. Il se tourna vers le lieutenant et dit : « Très bien fils, montre le chemin. »

* * *

La tente du QG du camp était située au centre, ayant servi de repaire pour la disposition du reste du camp. Même s’alliant les uns aux autres, les soldats cygnaréens et khadoréens avaient gardé une frontière stricte entre leurs espaces de vie. Étant donné la taille de l’armée combinée, les troupes avaient été divisées en plusieurs grandes centre opérationnels supervisés par les hauts commandements cygnaréen et khadoréen. Chaque centre avait ensuite été divisé en camps abritant deux bataillons ou plus, dont beaucoup constituaient le conglomérat des forces des deux nations. La division avait réduit le chaos et la confusion lors des efforts de regroupement continus après la première bataille contre le Cryx.

Finn se fraya un chemin au-delà du lourd rabat en toile et entra. Le centre de la tente était occupé par une grande table en bois couverte de plusieurs cartes. Divers marqueurs représentaient les positions actuelles des autres QG opérationnels des armées ainsi que des repaires cryxiens connus ou suspectés. Au grand dam du haut commandement des deux armées, le sol sous le Bois d’Épines semblait criblé de cavernes et de tunnels, offrants à l’ennemi des endroits apparemment infinis où se cacher.

« Capitaine, merci de vous joindre à nous », prononça chaleureusement le Major Lionel Standish. « Je me rends compte que vous venez de rentrer d’une opération prolongée, mais je crains que nos alliés khadoréens viennent de découvrir une nouvelle cible. Un ayant gravement perturbé une route d’approvisionnement vitale. » Son visage moustachu avait une expression désolée.

Standish se tourna vers le groupe de trois officiers khadoréens qui se tenaient en face de lui. Chacun était vêtu d’une tenue militaire complète. Finn remarqua avec une certain humour sombre que même leurs bottes étaient impeccablement polies. Il reconnut deux des officiers : le commandement du bataillon khadoréen du camp, la Kovnik Anya Kardovich, et le Lieutenant Vasko Sergi.

Finn avait eu plusieurs interactions avec Vasko et avait même mené quelques opérations conjointes avec lui sur le terrain. Bien que l’homme ait conservé ses airs de commandant khadoréen dans le camp, il était un guerrier habile au combat – et Finn l’avait vu se mettre en danger pour protéger les hommes sous son commandement. S’il ne connaissait rien d’autre de l’homme, ce seul fait suffisait à lui faire gagner le respect de Finn. De plus, contrairement à la plupart des officiers khadoréens, lui et Vasko avait toujours été droits l’un envers l’autre. S’il devait se rendre dans l’enfer du Bois d’Épines avec des khadoréens dans son dos, il voudrait que l’un deux soit Vasko.

Finn ne reconnut pas le troisième officier. En le regardant, il vit le khadoréen prendre sa mesure également. Il était clair que l’homme n’approuvait pas le crasseux capitaine du sud. Finn était sur le point de le classer comme étant juste un autre pompeux officier quand il aperçut la fine traînée de fumée qui flottait dans le dos de l’homme. Avec une certaine surprise, il réalisa que cet homme était un warcaster khadoréen, bien qu’il ne l’ait jamais rencontré sur le champ de bataille.

Le Major Standish débuta les présentations par un signe de la main. « Capitaine Finn, je crois que vous connaissez déjà la Kovnik Kardovich et le Lieutenant Sergi. » Finn fit un signe de tête à chacun d’eux. « Et voici », dit Standish au warcaster khadoréen, « le Kovnik Andrei Malakov. » Finn fit un nouveau signe de tête au warcaster mais ne reçut qu’un signe de tête dédaigneux en réponse.

La Kovnik Kardovich débuta : « Comme le Major Standish l’a déclaré, au cours des dernièrs semaines, plusieurs de nos caravanes de ravitaillement ont disparu. Au début, nous pensions qu’elles étaient victimes d’attaques sporadiques et non coordonnées de la part des cryxiens. Nous étions préparés à cela, bien sûr. » Elle fixa Finn d’un regard froid en poursuivant : « Les dommages collatéraux sont un simple fait de guerre. »

Ce commentaire fit frémir Finn. C’était typique de l’attitude de l’élite khadoréenne.

« Cependant, un schéma s’est dégagé indiquant que ces frappes ne sont pas aléatoires mais sont plutôt exécutées depuis un point central, ici. » Elle pointa un doigt fin et ganté sur la carte au centre de la table. Un cercle griffonné marquait une zone d’environ trente-deux kilomètres au nord de leur position. « Nous ne pouvons pas permettre à cette menace de continuer à entraver nos lignes d’approvisionnement. »

Finn étudia la carte. « Et qu’en est-il de la disposition des cryxiens ? Nos éclaireurs ont-ils fait rapport ? »

Le Major Standish jeta un regard mal à l’aise vers Kardovich. « Cette mission est menée sous le commandement khadoréen. Ils m’ont assuré que leur évaluation de la situation était exacte. »

Finn fronça les sourcils, mais avant de pouvoir répondre, Vasko s’exprima. « L’ennemi est là, Capitaine Finn. Vous pouvez être certain que nous comprenons la menace présentée et que nous recherchons une réponse appropriée.

« C’est pourquoi vous êtes ici », coupa Kardovich. « Votre équipe a éliminé plus de repaires cryxiens que toute autre dans ce camp. D’après nos informations, cette nouvelle planque représente une force importante. »

« Vous voulez donc que nous résolvions votre problème à votre place ? » Grogna Finn.

« Malheureusement, Capitaine, seul, même vous n’auriez aucune chance. » La voix de la kovnik était clinique dans son évaluation. « Nous avons des informations sur le fait que cette planque inclut un important soutien de la part de warjack. Pas conséquent, vous et vos hommes serez attachés au Kovnik Malakov avec le Lieutenant Sergi et des éléments de sa force. » Elle fixa le capitaine pionnier avec un regard sévère. « Ne vous y trompez pas, ce ne sera pas une simple recherche et destruction. »

Finn le fixa, intrépide face au regard du kovnik. « Nous y arriverons, monsieur. C’est que font les pionniers. »

« Veillez à ce que ce soit fait, capitaine », dit le Kovnik Kardovich. « Vous pouvez vous retirer. »

Finn s’énerva contre le khadoréen, pensant le renvoyer devant Standish, son commandant actuel. Il regarda le major, qui haussa les épaules de bonne humeur et lui fit un signe de la tête. Finn leva la main en guise de salut puis sortit de la tente, un léger doute persistante au fond de son esprit. Quelque chose puait, mais il serait damné s’il savait ce que c’était.

Il rejeta la pensée. IL n’y avait rien à faire pour l’instant. Il faisait confiance à ses hommes pour faire le job et ils lui faisaient confiance pour les ramener vivants à la maison. C’était assez bien. Le reste se réglerait comme ça.

Maintenant, où état Fullet avec son ragoût.

* * *

Une activité animée remplissait les salles du complexe de cavernes alors que les trollkin vaquaient à leurs occupations sous le Bois d’Épines. Plusieurs trollkin chargeaient certains des derniers butins du groupe dans des chariots de ravitaillement destinés au camp principal de Jarl. Grizbile était satisfait de voir que grâce à leurs efforts, leurs amis et leurs familles seraient bien approvisionnés. Ils avaient beaucoup enduré ces dernières années, et il était temps qu’ils trouvent un peu de réconfort dans leurs foyers ravagés par la guerre.

Ashlynn se tenait à proximité, discutant tranquillement avec un mage balisticien vêtu de noir profond avec des fioritures violet foncé, Fynch di Lamsyn. Fynch était l’un des confidents les plus fiables d’Ashlynn ; Grizbile voyait rarement les deux séparément. L’homme était assez aimable et, lors d’une récente escarmouche, son habilité avec son pistolet cinémantique avait sauvé la vie d’Hadrin Oathheart, lui ayant valu une solide amitié avec Hadrin et plusieurs des champions du leader trollkin.

Grizbile aperçut Granch, qui lui sourit et lui fit signe de s’approcher. Lui et plusieurs autres pygs jouaient à un jeu de hasard qu’ils avaient de leurs invités llaelais. Granch était même allé jusqu’à tailler ses propres cubes à six faces à partir de morceaux de pierre taillés dans le mur de la caverne. Si Grizbile ne comprenait pas l’attrait d’un jeu où l’on perd régulièrement ses affaires, il s’avança quand même. Il sentit son humeur s’éclaircir alors qu’il regardait son frère gagner plusieurs tours de jeu, poussant à chaque fois un cri de victoire alors qu’une chance aléatoire le guidait.

Il commença presque à s’amuser, cédant aux cajoleries et à l’exubérance de Granch, quand il y eut un cri de l’entrée de la caverne et un pelletier solitaire entra en courant. Grizbile se renfrogna en entendant le trollkin appeler Hadrin, toujours en conversation avec Ashlynn et Finch. L’omniprésent Vanguard dominait le trio, la fumée s’échappant de ses cheminées. Le pelletier gesticula rapidement alors qu’il transmettait toutes les informations en sa possession à Hadrin et aux deux humains. Grizbile n’eut pas besoin d’entendre les paroles pour savoir que c’était une très mauvaise nouvelle. Il remarqua immédiatement leurs corps se crisper et le Vanguard commença à bouger bruyamment sur ses pieds, reflétant l’agitation d’Ashlynn. Après un rapide dialogue, Hadrin se retourna, et sa voix retentissante emplit la caverne.

« Nous avons une importante force khadoréenne qui s’approche de notre position. Ils semblent qu’ils recherchent leurs caravanes perdues. » Il leva la main pour calmer la clameur grandissante alors que la nouvelle se diffusait. « Nous avions prévu cela. Nous devons seulement les retenir assez longtemps pour que les réserves restantes soient enlevées en toute sécurité. Alors, allons-y. »

Grizbile vit un sourire fleurir sur le visage de Granch. Il savait à quoi pensait son frère.

« Écoute », dit-il en attrapant son frère durement par l’épaule. « Ce n’est pas comme attaquer une caravane de ravitaillement non préparée. C’est un vrai combat, alors ne fais rien de stupide. »

Granch fit juste un clin d’oeil. « Hé, je vais faire attention. Tu n’as pas besoin de t’inquiéter pour moi. » Il étreignit Grizbile puis se dépêcha de rassembler ses sapeurs. Grizbile le regarda partir, l’excitation clairement visible à l’occasion d’un vrai combat, et secoua la tête.

« Je m’inquiéterai toujours pour toi, petit frère », marmonna-t-il dans sa barbe. Il jeta un dernier regard vers Granch, puis dessanglât son fusil alors qu’il se dépêchait de trouver son propre groupe.

* * *

Le Capitaine Maxwell Finn grinça des dents alors qu’il luttait contre le recul de la mini-sulfateuse qu’il tenait entre ses mains. Les muscles épais de ses bras se gonflèrent alors qu’il maintenait la mitrailleuse lourde stable et tirait à travers les lignes de trollkin. Les munitions de gros calibre de la sulfateuse percutaient les rochers et les caisses de ravitaillement pour pulvériser le bois et la pierre au moment même où elles perforaient l’armure et s’enfonçaient dans la chair molle en dessous.

Finn jura à nouveau dans sa barbe alors qu’un pionnier à sa gauche était touché par une balle trollkin. L’homme chuta, un gargouillis sortant de sa bouche alors qu’il tentait désespérément d’endiguer l’écoulement de sang de son coup, là où il avait été touché. Finn avait encore du mal à croire qu’il s’agissait d’une bande trollkin hors-la-loi qu’ils affrontaient. Les khadoréens l’avait pris lui et Standish pour des imbéciles.

Depuis qu’ils s’étaient infiltrés dans le complexe de tunnels, il ressentait une constante sensation au fond de son esprit. Au cours des dernières semaines, il avait nettoyé plus de tunnel cryxiens qu’il ne pouvait compter, mais celui-ci était presque entièrement différent, ne partageant avec les autres que de faibles similitudes de construction. Les tunnels cryxiens empestaient la mort et la pourriture et étaient souvent jonchés de débris provenant de la macabre œuvre des nécrotechs. Malgré une légère humidité, ces tunnels avaient une bonne ventilation et étaient loin de l’enfer oppressant dont Finn se souvenait. Lorsqu’ils avaient découvert des signes de vie – des lits, des latrines et des foyers – il avait tout de suite su que quelque chose n’allait pas.

« Sergent Éclaireur ! », brailla-t-il entre deux rafales de sa mini sulfateuse. Le sergent éclaireur Landon Codwell couru sans effort vers Finn alors que le reste de son escouade de rangers lâchait un tir de couverture. Les hommes de Finn étaient coincés dans l’une des cavernes centrales du complexe de tunnels. Heureusement, l’endroit était rempli d’affleurements rocheux ainsi que de chariots, de lourds barils et de caisses de ravitaillement, ce qui offrait une couverture suffisante.

« Capitaine ». Le sergent éclaireur salua rapidement.

Une balle brisa l’oreille de Finn et percuta une paroie de pierre à sa droite, et il jura alors que plusieurs éclats de roche s’enfonçaient dans ses bras exposés. « Sergent, j’ai besoin que vous et vos hommes me trouviez un chemin détourné. Ces foutus trollkin s’amusent des fous avec nous, et tant que le Kovnik Malakov n’aura pas fait descendre ces fichus ‘jacks ici, nous continuerons à nous faire défoncer. »

Le sergent hocha la tête et se glissa dans un tunnel faiblement éclairé, poussant un sifflement strident. Le reste de son équipe se fondit alors dans le terrain environnant, silencieux comme des fantômes.

Finn lâcha une nouvelle salve et se dirigea vers la position du Sergent Fullet. Fullet et ses hommes étaient recroquevillés, faisant bon usage de la vaste couverture de la zone, tirant sur la ligne trollkin. Alors que les choses empiraient, Finn remercia pour le fait que jusqu’à présent, les seules véritables victimes avaient été les réserves de munitions de ses hommes.

« Fuller, rapport. » Aboya Finn.

« Ils nous ont bien coincés, monsieur. Je ne sais pas combien de temps on pourra encore supporter. Le Sergent Corley et ses commandos ont hâte de tenter leur chance. Il est à peu près sûr qu’ils peuvent s’approcher et ralentir la cadence. »

Finn grogna. « Oui, je suis sûr que les garçons de Corley pourraient le faire, en plus. Mais la dernière chose dont on a besoin est de se retrouver dans une mêlée avec des trollkin déterminés. Codwell nous trouve un autre moyen d’entrer. »

« Monsieur … » Débuta Fullet, puis s’arrêta.

« Allez-y, sergent », dit Finn.

« Monsieur, pourquoi diable affrontons-nous les trollkin ? Je croyais qu’on chassait le Cryx. »

Finn s’arrêta un instant, il s’était déjà posé la même question, mais il aurait le temps de découvrir plus tard pourquoi leurs « alliés » khadoréens les avaient mal informés. « Le commandant nous a envoyé pour découvrir qui interceptait les fournitures du Khador et y mettre fin. Trollkin ou Cryx, cela ne change rien. »

Il y eut un cri à travers les lignes de bataille, et Finn se retourna pour remarquer une vague de guerrier trollkin se précipiter vers eux, se déversant autour de la couverture éparpillées – et pire encore, des tunnels qui bordaient la grande caverne centrale.

« Je suppose que les garçons de Corley vont se battre après tout », déclara Fullet.

Finn poussa un cri et s’exposa à nouveau avec sa sulfateuse. Un rapide examen de la situation lui apprit que ses hommes étaient en difficultés. Ses oreilles captèrent soudain le son caractéristique des warjacks qui résonnaient dans la caverne. Le problème était que le son venait de devant lui, et non de derrière.

Finn sentit une peur froide s’emparer de lui lorsqu’il vit deux Nomades émerger de l’un des principaux tunnels de la caverne, une épaisse fumée noire s’échappant de leurs cheminées alors qu’ils couraient derrière la charge de trollkin. D’où diable venait-il ? Se demanda-t-il. Les trollkin n’ont pas de satanés warjacks ! C’était la dernière chose dont il avait besoin pour l’instant.

Finn s’efforça de se calmer, de se concentrer sur la situation. Des années d’expérience de combat lui permirent de voir la bataille se cristalliser devant lui. Il était sur le point de donner l’ordre à ses hommes de se replier quand il vit la charge trollkin éclater dans une grande explosion alors que le boucan assourdissant secouait la caverne. Il reconnut les bruits sourds distincts des bombardes derrière lui. Malakov s’était finalement décidé à se pointer – et si l’homme ne faisait pas attention, il allait faire tomber toute la caverne au-dessus d’eux.

* * *

Grizbile regarda la charge des guerriers trollkin soudainement inondées de flammes. Il savait que les warjacks khadoréens allaient inévitablement imposer leur présence, mais c’était une autre chose de voir leur potentiel destructeur se déchaîner, surtout dans les limites étroites de la caverne. La poussière remplissait l’air et des rochers tombaient de murs tandis que le choc de l’explosion secouait le sol. Leur élan étant stoppé par le bombardement, les trollkin se retrouvèrent sous l’assaut de tout un contingent de khadoréens, principalement des Gardes des Glaces mêlés au xpionniers cygnaréens. Les trollkins avaient pris le dessus au début, mais ils étaient maintenant désespérément en infériorité numérique.

Alors qu’il observait le champ de bataille, Grizbile aperçut Ashlynn, son Vanguard de compagnie près d’elle alors qu’elle se dirigeait vers le centre de la bataille en cours. Il savait que même elle avait peu d’espoir de renverser le cours de la bataille, mais elle pouvait aider à ralentir l’assaut et donner aux trollkin et aux llaelais une chance d’évacuer les biens volés. Des runes arcaniques brillèrent autour de sa main avant de se déplacer pour se fondre autour de Hadrin et de ses champions. Leur vitesse s’accrut, les mouvements des champions devinrent un flou alors qu’ils avançaient pour engager la nouvelle menace avec le warcaster qui les suivait de près.

Grizbile visa à travers la lunette de son fusil et tiré au centre d’un groupe des Gardes des Glaces qui avaient commencé à se déverser derrière les lignes cygnaréennes. C’est lorsque son groupe avait engagé les pionniers cygnaréens au lieu des khadoréens que le pelletier trollkin l’avait remarqué, et il avait été surpris, c’est le moins qu’il puisse dire. Il semblait maintenant clair que, de façon assez effrayante, les deux forces œuvraient ensemble.

Il désépaula et hocha la tête pour lui-même en voyant sa cible tomber. Cassant son fusil, il se retourna vers Ashlynn. Avec son sabre, Némésis, dans une main et son énorme canon à main dans l’autre, la femme était aux côtés des champions d’Hardrin, engageant un groupe de Garde des Glaces. Plus de runes entouraient sa lame, qui brillait tel un éclair dans sa main. Là où elle frappait, des cadavres chutaient. Les ennemis dont elle ne s’occupait pas était brutalement abattu par la vilaine guisarme de son Vanguard. Le warjack se déplaçait en parfait accord avec sa maîtresse, s’interposant entre elle et toute menace sur son flanc exposé, un grand frère d’acier et de vapeur gardant fidèlement sa petite sœur.

Grizbile chercha des signes de Granch au milieu du chaos, mais il semblait que lui et ses sapeurs n’avaient pas encore fait connaître leur présence. Pour Griebile, c’était pour le mieux. Cette bataille n’était pas un endroit où son frère avait besoin être.

Un de ses compagnons guérillero poussa un cri, et Grizbile se tourna pour voir l’imposante forme rouge d’un Destructeur khadoréen se profiler à l’horizon. La grande machine émis un hurlement de vapeur avant que des runes arcaniques ne la ceinturent et qu’elle ne charge le Nomade le plus proche d’une soudaine explosion de vitesse. Le warjack mercenaire fut légèrement plus rapide et fit descendre son espadon caspien en un arc de cercle qui fendit le blindage d’épaule du Destructeur et traversa le bras canon du warjack ennemi. Mais alors que l’attention d’Ashlynn était partagée, le warcaster khadoréen consacra toute son énergie à l’assaut de son warjack.

Le Destructeur planta sa hache d’un geste puissant à l’endroit qui reliait l’épaule au torse du Nomade. Dans une pluie d’étincelles, l’arme du khadoréen trancha l’articulation, faisant tomber le bras du Nomade au sol, sa main agrippant toujours son espadon. Son adversaire étourdi, le Destructeur porta plusieurs autres attaques, arrachant le blindage et anéantissant les délicats rouages internes du warjack mercenaire. Avec un bruit de métal tordu et de vapeur fusant, le Nomade s’effondra. Le Destructeur poussa hurlement de victoire alors que de la vapeur s’échappait de sa face. Juste à ce moment-là, deux autres monstrueuses machines émergèrent de derrière les lignes ennemies, un khadoréen, droit comme un i, en armure de warcaster se promenant négligemment juste derrière elles.

Serrant les dents de frustration et essayer de calmer sa panique croissante, Grizbile chargea une autre cartouche dans son fusil et visa soigneusement le nouvel arrivant. Ses muscles se tendirent alors qu’il expirait à mi-chemin, sentant une immobilité parfaite envahir son corps pendant un bref instant. Doucement, il appuya sur la détente.

Le fusil rugi et Grizbile vit un éclair chatoyant enrober le warcaster alors que la balle s’écrasait dans son champ d’énergie. Plusieurs autres membres de l’unité de pyg tentèrent de suivre son exemple, mais les lourds warjacks khadoréens se déplacèrent pour cacher me warcaster vulnérable. En rechargeant, Grizbile entendit deux tirs distincts de bombardes et le gémissement des obus voguant dans les airs. À ce moment, il sut avec une clarté cristalline où ces obus étaient dirigés. Il s’efforça de se dégager, même s’il savait qu’il était trop tard. Il fut à peine à terre que toute sa réalité était consumée dans un torrent de feu.

* * *

Finn regardait les warjacks de Malakov et la Garde des Glaces de Vasko faire des ravages sur le champ de bataille. L’arrivée des khadoréens aurait pu être mieux chronométrée, mais Finn n’allait pas se plaindre.

Malgré la fureur de l’assaut khadoréen, le centre des lignes trollkin demeurait derme, brisant les efforts des nordistes telle une vague sur un brise-lame. Les trollkin reculaient, mais beaucoup plus lentement que cela n’aurait dû être le cas étant donné l’avantage numérique des forces alliées. Finn ne savait pas comment, mais la façon dont le combat se déroulait lui indiquait que les trollkin avait le soutien d’un warcaster.

Le capitaine se mit à couvert derrière une stalagmite rugueuse et rapidement rechargea sa mini-sulfateuse avec sa dernière bande de munitions. En regardant de l’autre côté de la ligne, il vit la forme caractéristique de Vasko se précipiter vers lui de couverture en couverture. L’officier khadoréen se pressa contre la stalagmite que Finn employait comme couverture.
« Capitaine », dit Vasko.

Finn grogna. Il était toujours furieux de la rétention d’information par les khadoréens. Ignorant le lieutenant nordiste, il appela Fullet, qui se trouvait juste en face de lui, employant un chariot renversé pour se mettre à l’abri, alors qu’il s’apprêtait à tirer dans le tourbillon de la bataille.

« Fullet ! L’équipe de Codwell nous a trouvé une solution. Nous allons l’utiliser pour nous glisser derrière ces salauds et les choper dans un bon vieux tir croisé. »
Vasko parla. « Si cela ne vous dérange pas, Capitaine, je me joindrai à vous. » Il rechargeait son tromblon pendant qu’il s’exprimait, « Je voudrais mettre fin à ce combat le plus rapidement possible pour mes hommes. »

Le capitaine cygnaréen acquiesça et fit signe à Fullet et à ses pionniers de se préparer à bouger. Bien qu’ils soient fatigués, l’idée de passer à l’offensive avec le légendaire Maxwell Finn en tête leur avait clairement remonté le moral. Ils se déplacèrent rapidement, restant à couvert entre les deux avant de s’élancer dans l’un des tunnels auxiliaire reliés à la caverne principale.

Finn murmura un petit merci pour le fait qu’avec l’ennemi si fortement engagé, il y avait peu de chances que lui et ses hommes aient des ennuis en chemin. Il s’émerveilla de l’habilité des rangers, qui pouvaient facilement se déplacer dans le labyrinthe de tunnels et de passages qu’ils venaient de repérer. En quelques minutes, le groupe émergea d’un tunnel qui sortait derrière la ligne principale trollkin. Grâce à une série de signes de mains rapides, Finn plaça ses hommes dans la position d’enfilade parfaite.

Il scruta le terrain, Se préparant à donner l’ordre de tirer, il aperçut une personne qu’il n’avait plus vu depuis la Guerre Llaelaise. Là, tenant le centre de la retraite du combat trollkin contre les khadoréens, se tenait Ashlynn d’Elyse, Némésis clignotant telle une chose possédée dans sa main. Comme un barrage qui se brisait, le souvenir d’hommes et de femmes de valeur, llaelais et cygnaréens, ayant combattu et étant morts à ses côtés dans cette guerre, inondèrent l’esprit de Finn. S’il donnait l’ordre, Ashlynn se joindrait à cette liste.

« Monsieur ? » Demanda Fullet, le visage marqué par la préoccupation. « Vos ordres ? »
Vasko les regarda. « Éliminez la warcaster ennemi ! Rapidement, alors que nous avons l’avantage. »

Finn se renfrogna. Il jeta un autre coup d’oeil à Ashlynn, bravant l’enfer pour offrir à ses alliés le temps de s’échapper. Combien de fois la femme avait-elle été dans la même situation au fil des ans ? Combien de courageux cygnaréens avaient été sauvés par ses actions dans les différentes batailles communes de la Guerre Llaelaise ?

« Capitaine Finn, donnez l’ordre de tirer ! » Cira Vasko. Il se tourna vers les pionniers. »Feu ! » Hurla-t-il. Mais aucun d’eux ne bougea.

Au diable les khadoréens. Il n’allait pas faire leur sale boulot à leur place. En ce qui concerne Finn, il avait accepté de combattre les cryxiens avec eux, et il ne semblait pas y avoir de cryxiens ici. Le Llael était un allié de Cygnar depuis des siècles ; les khadoréens, pendant quelques semaines seulement.

« Lieutenant, ne vous avisez pas de donner des ordres à mes hommes ! » Grogna Finn. Il se tourna vers Fullet. « Ne tirez pas. »

« Vous n’êtes pas sérieux ! Cette femme est une ennemie de l’Empire du Khador et a engagé vos propres forces ! » Vasko était furieux, mais Finn avait fini d’être le garçon de courses des khadoréens pour aujourd’hui.

Voyant que Finn ne plierait pas, Vasko attrapa le fusil du pionnier le plus proche et visa le dos, non gardé, d’Ashlynn. Avant qu’il ne puisse appuyer sur la détente, Finn le chopa d’une poigne rude et le frappa au visage. Fullet resta bouche bée devant son supérieur autant par choc que par respect.

« C’est pour avoir désobéi aux ordres, Lieutenant » Dit Finn alors que le khadoréen s’écrasait au sol.

Finn fit la grimace en secouant sa main et en regardant ses pionniers. « Gardez vos munitions pour les morts-vivants. Ce combat est déjà gagné. »

Ils virent la bataille arriver à son paroxysme. Ashlynn et ses deux warjacks restants tinrent la ligne contre les envahisseurs khadoréens alors que les trollkin et les llaelais restants fuyaient de l’un des tunnels principaux, traînant avec eux ce que les blessés pouvaient avec eux alors que les tirs de tromblons et les tirs de fusils des pionniers les harcelaient. Lorsque ses alliés furent sorits de la caverne, elle se retira. Malakov envoya l’un de ses Destructeurs en avant vers le tunnel mais avant que le warjack ne puisse les poursuivre, il y eut un grondement semblable au tonnerre et l’ouverture s’effondra dans un tas de roches et de débris. Pendant un bref instant, un étrange silence envahit la caverne.

Finn examina les suites de la bataille. Des cadavres de trollkin, de cygnaréens et de khadoréens dans la caverne. Certains auraient pu dire que c’était une attitude incorrecte, mais Finn était heureux de voir que le nombre de morts khadoréens dépassait de loin les pertes cygnaréennes. Ils étaient peut-être unis face à un ennemi commun, plus importants que chaque côté ne pouvait affronter seul, mais il était clair pour lui que les anciennes habitudes ne changeraient jamais. Que ce soit dans une semaine ou un an, l’alliance se dépérirait et mourrait une fois la menace vaincue. C’était peut-être dur à supporter pour un homme réfléchi. Heureusement, Finn était un homme de bataille.

Il aperçut le warcaster khadoréen, Malakov, qui traquait, sa fureur palpable. Finn s’approcha de son capitaine avant que Finn ne lui fasse signe de reculer.

Malakov enfonça un doigt ganté dans la poitrine de Finn quand il s’approcha. « Expliquez-moi pourquoi je ne devrais pas vous exécuter maintenant ! Vous avez non seulement agressé un officier khadoréen, mais vous avez laissé une criminelle connue et dangereuse fuir ! »

Finn ne cligna même pas les yeux. « Je ne suis pas ici pour faire votre sale boulot, Kovnik. Notre alliance est contre le Cryx et le Cryx uniquement. Et je suis l’officier responsable de mes hommes – pas vous, et certainement pas le Lieutenant Vasko. » Il repoussa la main de Malakov. Le khadoréen le fusilla du regard, mais il semblait à court de mots. Finn continua, la voix dur. « Si jamais vous mettez à nouveau mes hommes en danger pour les intérêts de votre mère patrie, il y aura des comptes à rendre. » Les yeux toujours rivés sur ceux de Malakov, Finn aboya à Fullet : « Sergent, prépare les hommes à partir. »

« Oui, monsieur », répondit immédiatement Fullet. Il regarda Malakov avec inquiétude et ajouta : « Et les khadoréens ? »

« Ils connaissent le chemin retour. » Finn tourna le dos au warcaster, le congédiant carrément. « De plus, ces fichus warjacks bougent trop lentement, et j’ai rendez-vous avec une pleine casserole de ragoût. »

« Oui, monsieur ! » Fullet salua et s’éloigna pour commencer à donner des ordres aux hommes.

Finn jeta un dernier coup d’oeil sur le terrain. Ils devaient récupérer leurs morts, mais il ramènerait tous ses gars à la maison, même s’il devait les porter.

* * *

Grizbile se réveilla pour remarquer une silhouette floue au-dessus de lui. Il se sentait mal et ses jambes étaient étrangement engourdies, mais le plus dérangeant de tout était qu’il avait l’étrange sensation de bouger. Il se battit pour se vider la tête et fut pris le besoin de vomir. Lorsqu’il eut fini, il jura qu’il n’avait pas mangé autant depuis une semaine. Il se rendit compte qu’il était porté sur une civière au-dessus du sol.

Sa tête tournant toujours, il entendit l’incomparable voix de Granch. « Doucement, grand frère. Tu as pris un sacré coup. » Les mots étaient ternes, presque creux, sans l’exubérance habituelle de son frère.

« Que s’est-il passé ? » dit-il d’une voix rauque, la gorge sèche.

Granch le regarda, une hébétée engourdie dans les yeux. « Nous avons perdu. »
L’expression de Grizbile bouillonna. « Et … les stocks ? »

« Grâce à Ashlynn, nous avons pu sortir les plupart à temps. » Le jeune pyg eut un regard triste. « On ne peut pas en dire autant de nos frères de batailles. »

Grizbile prit un moment pour laisser l’information pénétrer, puis força autant de joie qu’il ait jamais fait dans sa voix alors qu’il tendait la main pour tapoter le trollkin. « Mais nous … avons survécu … n’est-ce pas ? »

Il vit les yeux de Granch scintiller sur sa forme allongée, puis Granch releva la tête, fixant son regard sur la route.

« Ouais, grand frère. On a survécu. »

Source

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Background – Histoire des Royaumes d’Acier / Ombre Corrompue
« le: 30 août 2020 à 22:56:35 »
OMBRE CORROMPUE

Le haut crémateur résistait à l’envie de jurer. Les vents violents du col de la haute montagne sifflaient à travers les évents des lances de ses hommes. Les vents résonnaient dans les chambres creuses des armes et sa phalange maintenant sonnait comme un choeur d’âmes damnées. Le Haut Crémateur Zahari grinça des dents contre les blasphèmes qui perlait à ses lèvres à la pensée de l’attention qu’un tel vacarme attirerait sûrement sur son détachement, déjà dangereusement exposé sue l’étroit et verglacé chemin de la corniche.

Zahari ordonna sans hésitation à son subordonné, « Précepteur, double-temps ! » L’ordre fut répété, et il entendit les hommes entamer immédiatement une marche plus rapide. Le vent ayant balayé tout chance d’approche silencieuses, Zahari se mit à chanter un hymne-cadence qui fut immédiatement repris par les soldats. Le haut crémateur s’écarta un moment pour observer les progrès de tout le détachement. Les phalanges de Gardien de la Flamme se déplaçaient dans un ordre précis ; entre eux se trouvaient de petits groupes de prêtres-combattants et d’autres éléments de soutien. Il regarda un nuage de fumée apparaître au coin du col, s’échappant de la fournaise de l’armure de warcaster du Testament. Immédiatement derrière l’imposante silhouette se cachaient les formes encore plus imposantes de ses warjacks personnels. Même les vents violents des montagnes n’avait pu dissiper le nuage de cendres qui jaillissaient des cheminées des warjacks. Alors que Zahari se déplaçait au rythme de la marche, ses pensées revinrent à la façon dont il était arrivé dans ce misérable et glacial endroit.

La convocation du haut scrutateur était arrivée aux premières lueurs de l’aube. Bien qu’il se permette certains luxes, comme les beaux meubles en bois sombre qui décoraient sa chambre, il se dispensait des préposés dont certains de ses pairs ne pouvaient pas se passer. Il se rendit à la rencontre du Haut Scrutateur Telnus avec ce qu’il considérait comme une hâte digne, assez vite pour éviter de déplaire, mais certainement pas avec la précipitation qui suggérait la peur. Zahari regretta son allure dès son entrée dans la chambre du haut scrutateur. Le prêtre doyen n’était pas seul mais accompagné de la silhouette emblématique du Testament de Menoth. Le corps massif du Testament état rendu encore plus intimidant dans les espaces restreints de la chambre de réception du scrutateur. Même sans son armure de warcaster bénie, sa chaleur et sa fumée, le chef de l’Ordre de la Précession dominait la réunion par la force de sa présence. Le vieux scrutateur, qui normalement attendait l’attention de quiconque dans sa chambre, semblait disparaître dans l’ombre, malgré sa place derrière le bureau central de la pièce.

S’inclinant bas, Zahari se sentait transpirer. En sa qualité de Haut Crémateur, il traitait souvent avec des membres de la Précession, mais leur silence et leur sombre mandant le mettaient toujours mal à l’aise. Le Haut Scrutateur Telnus se racla la gorge. « Haut Scrutateur Zahari. C’est quelque peu irrégulier, mais une affaire urgente a été soulevée. Vous emmènerez quatre phalanges de Gardien de la Flamme de la Tour du Jugement à travers la frontière cygnaréenne sans incident. Vous devez ensuite vous diriger vers le sud-est dans les Montagnes du Mur du Dragon et localiser le site abandonné du Temple Menite Jentian.

Le vieux scrutateur s’arrêta et regarda le Testament. Le warcaster fixa directement Zahari, son visage impassible largement dissimulé par son masque, son expression étouffée aussi profondément que sa voix. Le haut scrutateur poursuivi. « Le Testament indique que le site doit être nettoyé et ensuite interdit à ceux qui le blasphémeraient. Le Conseiller de Guerre Scisson a été informé et des dispositions ont été prises. » Il tendit à Zahari une liasse de papiers. « Ces documents répondront à vos besoins en équipement et fourniront une autorisation suffisante pour détacher les troupes nécessaires à votre commandement. Le Testament voyagera avec vous et pourra prendre le commandement si et quand cela que cela sera jugé nécessaire. Il supervisera notamment le nettoyage du site. Les restes des prêtres de la secte Jentian doivent être traités avec respect et enterrés avec une cérémonie en bonne et due forme une fois que le Testament aura jugé que leurs âmes ont été libérée dans la Cité de l’Homme. Menoth te protège, Haut Crémateur. »

Zahari clignota contre le vent qui hurlait sur son visage, se rappelant la longue pause avant qu’il ne réalise que le Haut Scrateur l’avait renvoyé. En d’autres circonstances, Zahari aurait fait un commentaire sarcastique face à un tel traitement de la part d’un pair, mais la présence du Testament rendait toutes ces questions de rang et de protocole sans importance. Le Haut Crémateur réprima un autre blasphème contre le vent et rédigea une note mentale pour payer en retour le Haut Scrutateur Telnus pour son comportement grossier et ce maudit voyage dans les montagnes.

Le Haut Crémateur plissa les yeux, scrutant la vallée à travers la fente de vision de son casque. Quelque part en bas, il y avait un petit village de charbonniers cygnaréens. La communauté y vivait sans être dérangée depuis des siècles, depuis que les menites jentian avait quitté le temple construit par leur fondateur Jent pour rejoindre le Protectorat naissant. Zahari n’avait aucune envie particulière d’éradiquer les cygnaréens mais était tout à fait disposé à les éliminer s’ils devaient résister. Il espérait qu’ils seraient dociles mais s’attendait à ce que tous ceux qui choisiraient de vivre dans un tel endroit soient des péquenauds prêts à défendre leurs primitives maisons par la violence.

La première phalange quittait le sentier pour atteindre le fond de la vallée lorsque des détonations de fusils brisèrent les rêveries de Zahari. Les Gardiens de la Flamme resserraient déjà les rangs, mais la première salve en avait abattu au moins un rang d’entre eux, y compris le précepteur. De la fumée des armes à feu s’échappa de la lisière des arbres et Zahari vit un groupe de cavalier et de warjacks se diriger vers les Gardiens de la Flamme. Sans hésitation, Zahari s’est rangé derrière les rangs avec la phalange la plus proche de lui, faisant bouger une unité de purificateurs pour qu’elle prenne une position d’appui derrière lui, et donna l’ordre d’avancer à double vitesse. Il savait que même avec des boucliers collés les uns contre les autres, ses hommes auraient peu de chance contre les tirs massifs des cygnaréens en dessous. Ils doivent s’échapper du goulot d’étranglement ou mener une bataille d’usure en étant totalement exposés.

Menant sa phalange vers le bas, plusieurs Gardiens de la Flamme tombèrent à la deuxième volée de tirs des fusiliers, leurs robes blanches disparaissant sur le sol enneigé. Alors qu’ils atteignent le fond de la vallée, il vit que les premiers Gardiens de la Flamme avaient déjà collé leurs boucliers et se préparaient à repousser une charge de chevaliers cygnaréens à cheval. Zahari fut satisfait de voir qu’ils répondaient sans crainte face à la lourde charge de cavalerie, mais avec leur nombre réduit par les tirs de fusils, ils ne pourraient pas survivre à une attaque concertée.

Zahari considéra ses options et cria l’ordre de charger. Les Gardiens de la Flamme en tête se précipitèrent contre les chevaliers venant en sens inverses avec un rugissement qui résonna contre les falaises rocheuses de la vallée. Bien que la plupart de ces Gardiens de la Flamme aient été abatttus, leur brave contre-charge avait contraint l’élan de la cavalerie. La propre phalange de Zahari s’est écrasée contre les chevaliers et les chevaux qui ralentissaient, leurs lances hurlant et crachant la Fureur de Menoth sur les cygnaréens. Ses purificateurs de soutien se déplaçaient au sein de la mêlée tourbillonnante, les flammes enveloppant leurs ennemis, transformant le sol en un mélange gluant de neige fondue, de boue et de sang d’hommes mourants.

En quelques secondes, il était clair qu’ils avaient pris le dessus sur des ennemis surpris de perdre leur avantage. Zahari ordonna à ses hommes de resserrer les rangs et de coller leurs boucliers les uns contre les autres alors qu’ils commençaient à se déplacer entre les arbres. Les cygnaréens se replièrent plus loin parmi la limite des arbres, et le haut crémateur regarda par-dessus son épaule pour voir le Testament venir parmi eux. Les cheveux à l’arrière du cou de Zahari se dresser en présence du silencieux champion de Menoth et sut que la victoire tait à leur portée.

* * *

La lisière des arbres fournissait aussi peu de couverture que le Capitaine Kraye l’avait prévu. La ligne de front des fusiliers était déjà en train de tomber parmi la mince couverture des pins. Il se concentra un moment, ressentant la montée de ses pouvoirs alors qu’il dotait temporairement les fusiliers d’une agilité surnaturelle. Les soldats se retirèrent facilement, car les Gardiens de la Flamme venant en sens inverse devait décoller leurs boucliers pour continuer leur poursuite au milieu de la forêt. Les fusiliers se sont placés en ligne de combat et ont tiré une seule salve sur les Gardiens de la Flamme, maintenant dispersé. Plusieurs sont tombés, mais l’avantage était toujours aux menites. Les brasiers qu’ils avaient allumés avec leurs lances et leurs purificateurs commençaient à lécher les arbres, la fumée obscurcissant leurs mouvements.

Kraye leva sa carabine Radliffe, se stabilisa dans ses étriers et aperçut le Gardien de la Flamme le plus en avant. Il venait de poser le doigt sur la gâchette lorsque la tête disparut dans un nuage de brume rouge. Le warcaster grogna dans un mélange d’irritation de satisfaction à l’égard du tir de précision de son compagnon. Le jeune mage balisticien portait son armure de warcaster avec plus de fanfaronnade que Kraye appréciait, mais il ne pouvait rien trouver à redire sur l’habilité de l’homme.

Kraye poussa son cheval de guerre Malagant vers la gauche, entament sa propre retraite plus loin dans les arbres. « Bon tir, fiston. Maintenant, dégage avant qu’un de ces menites ne transforme ta tête passoire ! » Le visage du compagnon passa d’une satisfaction suffisante face à ses propres compétences à l’inquiétude face à l’avertissement de son warcaster.

« Je pourrais faire quelque chose de ce garçon s’il s’en sort aujourd’hui », marmonna Kraye en se concentrant sur le fonctionnement arcanique des trois warjacks qui l’accompagnaient. Les deux Chasseurs et un seul Cyclone commencèrent à se déplacer à une vitesse surnaturelle, suivant le rythme du warcaster qui se regroupait avec sa force principale. Les menites se frayaient un chemin dans la forêt à une vitesse plus rapidement qu’il ne l’avait prévu, et la fumée commençait à devenir plus problématique qu’il ne l’avait espéré.

Les lances tempêtes attendaient dans la clairière comme il l’avait ordonné. Kraye ralentit Malagant au trot alors qu’il s’approchait d’eux. « Messieurs, vous saurez où vous on aura besoin de vous, mais j’aime m’entendre parler. Capitaine Temms, prenez le flanc gauche et roulez sur les traînards à l’arrière de la colonne Menite. Lieutenant Sethson, vous serez sur moi pendant que nous chargeons leurs principaux éléments dans un angle oblique. Restez à l’écart des couloirs de tir des ‘jacks ; ça va être mouvementé là-bas. »

« Monsieur, nous avons subi des pertes plus lourdes que prévu lors de notre fausse charge », dit le Capitaine Temms, d’une voix ferme mais inquiète. Kraye remarqua que le capitaine saignait lui-même de quelque part sous son casque.

« Je suis désolé d’entendre cela capitaine, mais vos hommes sont-ils suffisants pour mener à bien leur part du plan ? »

« Monsieur, oui, mais si la résistance est plus lourde que prévu, nous ne pourrons pas mener une action d’arrière-garde dédiée. »

Kraye hocha la tête. « C’est parfait Capitaine. Vous ne nous avez pas encore déçus et je ne pense pas que vous le ferez maintenant. Restez à l’écart de leur warcaster et éliminez ces foutus prêtres. Faites votre devoir, Capitaine. »

Temms salua et fit chevaucher ses chevaliers intelligemment vers la gauche, en faisant une longue boucle au galop pour rattraper les menites contre la falaise qu’ils venaient de descendre.

Kraye se retourna et vit que ses hommes suivaient son plan rapidement établit. Cette fausse retraite désordonnée devrait entraîner les menites parmi les terrains accidentés et les arbres plus épais de la vallée où les warjacks et les soldats de Kraye pourraient les frapper tel un marteau contre l’enclume des lances-tempête du Capitaine Temms.

Ce genre de plan improvisé était le pain et le beurre des opérations de reconnaissance cygnaréenne, et Kraye pensait que sa tactique était bonne. L’opération entière était un ensemble d’arrangements ad hoc qui avaient commencé lorsque Kraye avait découvert pour la première fois la piste d’une colonne menite ayant traversé le Fleuve Noir en direction de l’ouest. Il avait chevauché dur pendant deux jours pour les apercevoir dans les contreforts est des Montagnes du Mur du Dragon. Sachant qu’ils ne pouvaient se diriger que vers un seul passage dans cette direction, il décida qu’il en savait suffisamment sur leurs mouvements pour agir, mais aussi qu’il ne pouvait pas le faire seul. Il se tourna vers le sud et se précipita vers Mur-Levant. Là, il avait rédigé un rapport suffisamment court pour devoir répondre plus tard du manque d’informations et réquisitionna tous les rangers, fusiliers, et mékaniciens que la garnison pouvait le permettre. Il y aurait paperasse désagréable concernant la quantité de charbon et d’autres fournitures avec lesquelles il s’était enfui (sans parler des non-combattants pour le travail). Les lances-tempête avaient été une heureuse trouvaille. Deux pelotons du 18ème Chevaliers-Tempête étaient arrivés pour des manœuvres d’entraînement depuis Caspia le matin où la force de frappe de Kraye se préparait à partir. En entendant la situation, le Capitaine Temms avait insisté pour accompagner Kraye de sa propre initiative.

Kraye avait mené une marche forcée trois jours durant vers l’ouest puis de deux jours vers le nord à travers le Mur du Dragon. Il n’avait aucune idée de la raison pour laquelle le Protectorat devait envoyer une interdiction dirigée par un warcaster au coeur du Cygnar, mais il était sûrement nécessaire d’interrompre leur tâche. Il ne pouvait espérer que sa prédiction concernant la route des menites était correcte.

Il avait poussé un soupir de soulagement le soir du sixième jour hors de Mur-Levant lorsqu’il vit les menites descendre dans la vallée qu’il avait supposée – et espérée – qu’ils choisiraient. Les hommes n’avaient pas ronchonné, bien que ce fût leur sixième nuit sans feu et avec des rations froides, mais le warcaster savait que c’était un mélange de stoïcisme et de peur pour la bataille à venir. Même avec l’avantage de l’embuscade, il s’attendait à un combat acharné. Il avait deviné que les troupes du Protectorat étaient deux fois plus nombreuses que les siennes. Pire encore, il y avait un warcaster parmi eux, ce qui signifie que Kraye ne pouvait espérer que sa seule présence l’emporte.

Il pouvait voir que les lignes de front de ses rangers et de ses fusiliers se repliaient, ne s’arrêtant que pour déclencher des volées intermittentes et attirer les menites plus profondément dans les bois. Alors que les soldats du Protectorat atteignaient l’extrémité d’une grande clairière enneigée, Kraye leva son sabre mékanique. Espérant que le peloton du Capitaine Temms avait eu assez de temps, Kraye abaissa son sabre et cria « Chargez ! » Ses Chasseurs tirèrent en réponse, leurs massifs obus perçant la carapace d’un warjacks lourd orné de menofixes complexes. Le ‘jack chancela juste au moment où les lances-tempête de têtes l’atteignirent, leurs armes y déchargeant de l’électricité crépitante, le faisant exploser dans une pluie d’éclats et d’engrenages.

Kraye commença à manœuvrer son cheval au coeur des combats, sachant qu’il devait s’en prendre au meneur warcaster menite. Il sentait ses warjacks suivre le rythme, s’arrêtant uniquement pour tirer dans les rangs ennemis, lui ouvrant la voie vers les fournaises fumantes du groupe de bataille du Protectorat. Kraye plissait les yeux à travers la fumée de la forêt désormais flamboyante. Les menites avaient été minutieux, laissant une grande partie de leur chemin en feu et ne semblaient pas gênés par celui-ci.

Alors même que Kraye visait l’imposante silhouette masquée qu’il savait être sa proie, il se demandait comment sa fragile embuscade pouvait espérer réussir face à un ennemi prêt à raser tout ce qui se trouvait derrière eux.

* * *

Les éclaboussures de sang sur la pierre irritait Saeryn. L’air, ici, était suffisamment lourd de présages et d’augures sans l’ajout d’un autre sceau à lire. Pourtant, déchiffrer les symboles présents contenus dans ce signe inconnu serait une agréable distraction des cris des humains mourants alors que ses rejetons se reconstituaient sur la chair des morts et des mourants.

Saeryn secoua la tête, vidant ses pensées et ses sens des subtiles corruptions qui s’étaient abattues sur cette vallée. Ses proies avaient volé bas ici, s’arrêtant peut-être même sur un sommet voisin avant de continuer son chemin, et les énergies qu’elles laissaient sur leur chemin était toujours agitée, invisibles pour la plupart. Elle fixa la longue série de taches de sang, permettant à son esprit de se détendre et de considérer les motifs. Une telle prédiction n’était pas son fort, mais tout indice de l’avenir qui pouvait être glané était inestimable. Obtenir la victoire dans la bataille à venir serait une chose précaire.

Les significations commencèrent à s’unir dans les sceaux sanglants et malformés, et les yeux de Saeryn se rétrécirent de concentration. Elle se sentit au bord de la compréhension lorsque le villageois qui avait fourni le sang du présage convulsa, aspergeant du sang de la blessure à sa gorge. La nouvelle éructation obscurcit les schémas qu’elle était sur le point d’interpréter.

Saeryn lança par réflexe un Dard Mortel dans le coeur de l’homme, mettant fin à ses souffrances. Elle soupira. Eh bien, la corruption des frères et sœurs de son maître aurait sans doute entravé avec ses tentatives de prophétie. Elle leva les yeux et fit signe à deux voraces de venir se régaler du corps à côté d’elle. Le village dans lequel elle se trouvait était petit et banal, à l’exception des créatures draconiques qui festoyaient des cadavres qui jonchaient maintenant le sol. Elle regarda un groupe de patrouilleurs ramasser les flèches sur les morts avant que les machoires des rejetons draconiques n’endommagent les précieuses munitions.

Les provisions étaient rares mais leur objectif était presque atteint. Saeryn ne doutait pas que la piste du dragon menait plus au sud le long du Mur du Dragon. Il ne restait plus qu’à mener sa force à quelques kilomètres de ce col pour confirmer la destination de la fragile piste de la corruption, visible uniquement à ses yeux particulièrement doués. Mais il y avait de nombreux ennemis à éviter et la confrontation était inévitable. Sa petite force de rejetons, de nyss, et plusieurs ogrun n’avaient presque plus de rations. Si les rejetons s’affaiblissaient, elle devrait envisager de les nourrir avec les cadavres de ses troupes – une stratégie malheureuse mais pas inacceptable. Pourtant, il vaudrait mieux trouver des victimes plus appropriées. Elle jeta un coup d’oeil à la fumée s’élevant des arbres au fond de la vallée.

Au début, Saeryn avait été consternée de trouver deux forces humaines au milieu de son chemin. Maintenant, elle y voyait une opportunité. Absorbés par leurs propres agendas et batailles, leur chair pourrait fournir la nourriture dont ses bêtes auraient besoin pour le long voyage de retour vers le nord. Saeryn regarda l’épéiste nyss, Jessyr, qui lui servait d’adjudant dans cette mission, lui tournant le dos, il surveillait ses subordonnés pendant qu’ils traînaient des cadavres hors des maisons pour mieux nourrir les rejetons. Sentant ses yeux sur lui, il se leva et se retourna.

Les mains de Saeryn s’agitèrent dans une série de gestes rapides, indiquant qu’il devait rassembler leurs troupes et se préparer au combat. Les rejetons pourraient se nourrir plus tard, car pour l’instant, il serait préférable d’attaquer les humains au milieu de leur combat. Jessyr hocha la tête et se tourna pour exécuter ses ordres.

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LANDES NOUEUSES – TOMBE D’UN IMMORTEL

Par Aeryn Rudel

Elyshyvah regarda le soleil de midi et grimaça. Elle s’était rarement aventurée aussi loin au sud, et la chaleur de la fin de printemps était presque intolérable. Devant elle s’étendait un marais qui avait fini par fusionner avec les Landes Noueuses. Ses eaux calmes et saumâtres étaient réchauffées et grouillaient de nuages de moustiques agressifs. Pour une nyss habitué à la glace, au vent et à la neige, le terrain était plus infernal que tout ce qu’elle avait jamais rencontré. Revenant à l’ombre de la lisière de la forêt, elle laissa les branches du chêne noueux la protéger des rayons du soleil.

Derrière Elyshyvah, une douzaine de patrouilleurs nyss s’étaient réfugiés à l’ombre, supportant la chaleur sans se plaindre. Ils, tout comme elle, affichait les bénédictions d’Everblight sur leur chair, mais les leurs étaient bien plus évidentes : des jambes transfigurées leur accordaient un déplacement plus rapide, et des pointes osseuses dépassaient de leurs membres et visages. La corruption d’Elyshyvah était beaucoup plus subtile, avec peu de manifestations au-delà d’un motif de taches violacées qui couraient de la base de son coup au bas de son dos. Comme bergère de bataille, ses dons étaient plus orientés vers ses talents de sorcière et la manipulation des redoutables rejetons draconiques de la Légion.

Le dernier membre du groupe d’Elyshyvah se cachait plus loin en arrière, dans les ombres plus épaisses de la forêt. Le nephilim se tenait silencieux, ses mains griffues serrées autour de la crosse d’une immense arbalète et sa tête sans aveugle se déplaçant lentement d’un côté à l’autre, voyant tout à travers un sens qui n’était pas tout à fait évident.

Le groupe avait voyagé depuis le nord à travers la grande forêt que les humains et les trollkin appelaient l’Olgunholt, en prenant bien soin de passer inaperçue. Les serviteurs d’Everblight avaient de nombreux ennemis si loin au sud, et le petit groupe serait une proie facile pour les bandes bien armées de trollkin et d’humains de la région. Sa petite force, cependant, était assez habile pour entrer et sortit du territoire ennemi rapidement et silencieusement. Sa maîtresse, Vayl, également connue sous le nom de Consul d’Everblight, l’avait choisie elle et ses patrouilleurs pour cette même raison, les chargeant d’infiltrer des zones dangereuses à la recherche d’objets présentant un intérêt particulier pour Vayl – et à travers elle, le dragon Everblight. En raison d’une grande latitude et d’une grande autonomie, liberté qui lui avait permis de récupérer avec succès plusieurs importants artefacts pour sa maîtresse.

Pour mener à bien ses missions, Elyshyvah avait malheureusement souvent du oeuvrer avec ceux qui seraient considérés comme des ennemis dans d’autres circonstances. Tel était le cas actuellement, Vayl avait forgé une alliance avec une sorcière humaine appelée Fiona la Noire, qui connaissait l’emplacement d’un ancien site Orgoth que les deux souhaitaient explorer. Elyshyvah et son groupe de patrouilleurs avaient été dépêchées pour rencontrer l’un des subordonnés de la sorcière humaine. Elyshyvah connaissait peu de choses sur Fiona la Noire, si ce n’est qu’elle adorait la déesse humaine Thamar.

« Elyshyvah », murmura derrière elle une voix profonde et masculine. Elle n’avait pas entendu Ryvar s’approcher, mais elle était soudain très consciente de la proximité du patrouilleur assassin.

Elyshyvah se tourna pour lui faire face, plantant la crosse de son bâton de combat dans le sol devant elle. « Qu’est-ce qu’il y a, Ryvar ? Demanda-t-elle d’un ton glacial.

Clairement plus grand qu’Elyshyvah, Ryvar était grand selon les standards des nyss, même pour ceux affichaient la corruption du dragon. Ses membres étaient musclés et ses mains adroites aux longs doigts étaient tout aussi à l’aise pour manier son épée courbe, tirer avec l’arc recourbé dans son dos ou étrangler un adversaire avec sa seule force. Lui et son partenaire, Kyryl occupaient une position unique parmi les patrouilleurs d’Everblight ; ils formaient une équipe d’assassins compétente chargée d’éliminer des cibles spécifiques choisies par les warlocks du dragon.

« Nous sommes impatients de partir », déclara Ryvar de sa voix basse et chuintante. Le chuintement était un souvenir de bataille des années précédentes, quand un guerrier tharn lui avait ouvert la gorge. « Vayl exige une action rapide dans cette affaire. »

Les doigts d’Elyshyvah se serrèrent autour de son baton. « Je suis consciente de ce dont Vayl à besoin, Ryvar », dit-elle. « N’oublie pas que j’ai servie la Consule avec compétence pendant de nombreuses années. »

« Bien sûr », répondit Ryvar en hochant la tête, un sourire subtil fleurissant dans un coin de ses fines lèvres. « Bien que tu n’aies pas été aussi capable de ces derniers temps. » Il jeta un coup d’oeil à la jambe gauche d’Elyshyvah. Une cicatrice livide y marquait la chair ivoire, juste en dessous du bord de sa jupe en cuir bouilli. La warcaster iosienne Kaelyssa lui avait infligé cette blessure plus d’un an auparavant. Après avoir participé à la destruction d’une forteresse iosienne dans les Pics des Falaises du Tonnerre, Elyshyvah avait suivi Kaelyssa jusqu’à une forteresse naine où l’iosienne s’était réfugié et avait engagée la warcaster dans un combat unique. La récompense de son orgueil avait été une écrasante défaire et une blessure qu’elle porterait le restant de ses jours.

Pire encore, ses patrouilleurs survivants l’avaient extirpée de la bataille et emmenée, faible et honteuse, devant Vayl. La consule d’Everblight ne s’était pas emportée et ne l’avait menacée de douleur et de mort ; Vayl n’avait pas besoin de mesures aussi grossières. Au lieu de cela, elle avait simplement ordonné à Elyshyvah de soigner ses blessures et lui avait demandé de retourner à ses fonctions quand elle le pouvait. Quand, plus tard, Elyshyvah avait rassemblée ses patrouilleurs, elle avait découvert que Ryvar et Kyryl avait été ajoutés à son groupe – leur présence rappelait subtilement que l’échec ne serait pas toléré une seconde fois.

« Retourne dans l’ombre, Ryvar », dit Elyshyvah. « Je ne voudrais pas que tu gaspilles tes forces par cette chaleur avant que j’aie besoin de toi. »

« Selon tes désirs », répondit Ryvar en s’inclinant. « Lorsque tu auras besoin de nous,Kyryl et moi seront là. » Il revint ensuite vers sa compagne, qui était accroupie au pied d’un chêne particulièrement grand et déformé, faisant courir une pierre à aiguiser sur le tranchant de son épée.

Retournant son attention vers le marais, Elyshyvah fut soulagée de voir une douzaine de formes se déplaçant lentement à travers la boue. Un personnage en robe noire, vraisemblablement le représentant de Fiona.

« Melech », cria Elyshyvah à son arbalétrier nephilim. La créature tourna sa grande tête sans yeux vers elle au son de son nom. « Viens à moi. » Il répondit immédiatement et se déplaça pour se tenir à côté d’elle. L’énorme rejeton draconiques la dominait, et sa masse la remplissait de fierté et de confiance.

Elyshyvah resta à la lisière de la forêt, à la vue de tous, laissant les humains patauger dans la boue. Elle n’était pas prêtre à pénétrer à nouveau dans le marais si elle n’était pas obligée. Lorsqu’ils atteignirent le zone qui séparait le marais de la forêt, elle se retourna pour s’adresser à ses marcheurs. « Restez ici. Je veux des arcs en main, mais pas de flèches encochées et ne tirez pas à moins que je n’en donne l’ordre. » Ensuite, elle quitta l’ombre des arbres, suivie par Melech.

Les humains qui s’approchaient portaient des chemises et des pantalons amples et étaient armés de pistolets d’un assortiment d’armes de combat rapproché, principalement des épées à paniers et des haches à manche court. Leur peau était bronzée et tannée à cause d’une exposition au soleil et aux embruns salés de l’océan. Ils avaient l’air maigre et dur, bien que quelque peu indiscipliné. Le chef était habillé de la même manière que les autres, bien que sa tenue soit principalement noire et semble à la fois plus propre et de meilleure qualité. Il ne portait pas d’arme mais un prêtre de la sombre déesse avait probablement d’autres moyens de se défendre.

Le groupe s’arrêta à une douzaine de mètres, et l’homme en noir s’avança seul. Derrière lui, les autres observaient la forme massive de Melech, leurs mains s’attardant sur les crosses de pistolets et des poignées d’épée. L’homme en noir semblait complètement impassable face au nephilim, et il marchait d’un pas rapide dans la direction d’Elyshyvah.

Les cheveux foncés du thamarite étaient coupés court, sa barbe avait été soigneusement taillée autour sa bouche et de son menton. Son front était large et dégagé, et ses yeux brillaient d’un bleu vif qui lui rappelaient le ciel clair du nord. Elle supposait qu’il était avenant selon les normes que les humains jugeaient de telles choses.

« Vous êtes Elyshyvah ? » demanda l’homme en Aeric, son accent barbare trahissant sa méconnaissance de la langue. « Quelles langues pouvez-vous parler ? »

Sa maîtrise des langues humaines était limitée, mais elle avait une connaissance pratique du khardique et du cygnaréen. Elle choisit ce dernier, car l’homme n’avait pas l’air du nord. « Je suis elle », dit-elle.

« Je m’appelle Garrus », répondit-il, également en cygnaréen. « Ma maîtresse m’a demandé de vous donner ceci. » Il tendit un morceau de parchemin plié, qu’Elyshyvah prit et ouvrit. Sur le parchemin était griffonné le symbole que Vayl lui avait dit d’attendre : des flèches tripartites sur un champ noir. C’était le symbole de la déesse Thamar, la divinité que Fiona servait. C’était aussi le signe que c’était le représentant choisi par Fiona.

Elsyshyvah hocha la tête et rendit le parchemin à Garrus, qui le rangea sous sa robe. « Tu nous emmèneras au tombeau », dit-elle.

« Je le ferai », répondit Garrus, « tant que vous comprenez les termes. »
« Les conditions n’ont pas changé », dit Elyshyvah, en se hérissant. « L’épée appartient à ta maîtresse, le tome à la mienne. » Elle posa une main sur l’avant-bras massif et écailleux de Melech. » Je respecterai l’accord aussi longtemps que tu le feras », dit-elle.

« Bien », répondit Garrus, ignorant la subtile menace d’Elyshyvah. « Alors, continuons. »

* * *

Garrus marchait à quelques pas derrière la femelle nyss et l’imposant rejeton draconique à côté d’elle. Ses guerriers, qu’elle avait appelés « patrouilleurs », se déplaçaient devant elle, dans la direction qu’il lui avait indiquée sur la base des notes codées que Fiona lui avait fournis. Ses propres hommes suivaient derrière lui en une ligne irrégulière. Ils marchaient côte à côte en petits groupes de trois ou quatre avec toute l’habilité que l’on pouvait attendre d’hommes plus habitués aux ponts roulants d’un navire qu’à l’enchevêtrement des profondeurs de la forêt. Pourtant, les chiens de mer avaient été triés sur le volet parmi l’équipage du Mauvaise Fortune, le propre navire de Fiona, et il savait qu’ils étaient maîtrisaient les pistolets, les épées et les haches qu’ils portaient.

Elyshyvah ne s’était plus exprimé depuis que les deux groupes avaient commencé à se déplacer vers le sud, vers leur but. Elle et ses « hommes » semblaient assez sauvages. L’effet de la corruption du dragon sur leurs corps l’intéressait cependant, et il se réjouissait de la rare occasion de l’observer de près.

Le rejeton draconique que les accompagnait était encore plus intrigant que les nyss que les nyss corrompus. Garrus savait qu’il était probablement l’un des rares humains de l’Immoren occidental à s’approcher si près de l’un des bêtes et à en vivre pour en parler. Humanoïde, il se tenait sur deux larges pattes griffues, et ses longs bras nerveux se terminaient par des mains à quatre doigts. Le rejeton draconique tenait une arbalète de la talle d’une petite baliste, indiquant à Garrus qu’il possédait un intellect au-delà de celui d’une simple bête. C’était une créature fascinante, et il n’aimerait rien de plus que de l’étudier plus en détail- de préférence sur sa table de vivisection.

Garrus reporta ses pensées sur la tâche à accomplir. Fiona lui avait confié avant tout le soin de rechercher le tombeau orgoth et de récupérer Harrowdim, la légendaire lame réputée y être enterrée. L’intérêt de Fiona pour la lame était compréhensible ; la magie déchue des orgoth était irrésistible pour quiconque cherchait à mieux comprendre l’occultisme. Il était honoré qu’elle l’avait choisie pour accomplir cette tâche.

Finalement, le terrain se retrouva complètement dépourvu de vie. Garrus fonça les sourcils, perplexe. Rien de ce qu’on lui avait dit ne l’avait amené à s’attendre à ce genre de dévastation. Sous leurs pieds, le sol craquait et crissait alors que leur pas réduisait les couches de détritus en poudre grise. Il jeta un coup d’œil à la cheffe nyss et vit que son expression était sombre.

« Que s’est-il passé ici ? » demanda-t-elle en cygnaréen, jetant un œil au paysage silencieux et mort.

« La puissante magie nécromantique des orgoth pouvait affaiblir et tuer des êtres vivants », répondit Garrus en s’approchant pour se déplacer à ses côtés. « mais je m’attendais à ce que de telles énergies se soient estompées depuis longtemps… » Elyshyvah hocha la tête, mais son expression demeura sombre et ils continuèrent en silence.

Le groupe émergea bientôt dans une clairière de terre crayeuse d’où les souches d’arbres depuis longtemps morts se dressaient telles les dents pourries d’une grande bête décrépie. Au centre s’élevait un large monticule de pierre et de terre entouré de six piliers gravés de runes, chacun mesurant environ 3 mètres de haut et semblant être de construction plus récente que l’antique tumulus. Un côté de la tombe était dominé par une ouverture sombre, délimitée de pierre noire et si grande qu’elle aurait pu facilement accueillir quelque chose la hauteur d’un homme et plusieurs fois sa largeur. L’énorme dalle de pierre qui aurait dû sceller la tombe gisait sur le sol à proximité. La femelle nyss grogna, et Garrus lui-même ressentit une pointe de consternation en remarquant que le sceau avait été brisé.

Elyshyvah fit un geste à son groupe et les patrouilleurs prirent position autour de la clairière, brandissant leurs arcs plutôt que leurs courtes et courbes épées. Le rejeton draconique resta près d’elle. Garrus plaça ses propres hommes plus près du monticule et se déplaça ensuite pour examiner de plus près l’un des monolithes.

L’observant, Elyshyvah demanda : « Et ces piliers ? Ils ne sont pas orgoth. Reconnais-tu les runes ? »

Garrus fronça les sourcils. « Ils sont le fait des trollkin. Une mise en garde, peut-être, ou une sorte de gardien. »

« Gardien ? Vont-ils nous barrer le passage ? »

Garrus secoua la tête. « Je ne pense pas ; ils sont probablement destinés à limiter la propagation de toutes les énergies persistantes ici.
Elyshyvah hocha la tête avec raideur avant de s’éloigner pour discuter avec l’un des patrouilleurs, un grand mâle que Garrus avait remarqué se tenir à l’écart des autres.

« Yorvek », cria Garrus en direction de son groupe de chiens de mer Un homme à la peau sombre, avec des pistolets en bandoulière sur la poitrine, se redressa devant lui. « Nous allons pénétrer, Bosco », dit Garrus. « Je veux que les torches soient allumées et les armes prêtes. Choisis deux hommes pour monter la garde. »

« Oui », répondit Yorvek avant de se retourner vers ses hommes.

Garrus tourna son attention vers Elyshyvah et vit qu’elle avait donné des ordres similaires aux siens. La plupart des patrouilleurs et son rejeton draconique se dirigeaient vers l’ouverture du tumulus ; les deux derniers se tenaient à la lisière de la clairière. Le grand mâle avec qui elle avait précédemment parlé lui tendait une torche allumée ; il semblait rester derrière.

« Je suis prête », dit Elyshyvah en s’approchant du monticule. Elle désigna l’entrée avec son bâton à lames. « Tu iras en premiers. »
Garrus fit une grimace face à son évidente méfiance. Lui-même n’était pas très heureux à l’idée d’avoir dix nyss corrompus et un rejeton draconique dans son dos alors qu’il descendait dans une tombe sombre et hantée, mais il doutait qu’Elyshyvah le trahisse avant qu’ils n’aient complètement exploré le tumulus. Il était beaucoup plus préoccupé par la possibilité de pièges orgoth.

Eh bien, il devrait juste en tirer le meilleur parti. Les nyss risquaient de faire trébucher quelque chose par leur ignorance, et il ne pouvait pas prendre le risque.

« Très bien », dit-il, « mais c’est vital pour vous et les … vôtres de suivre mes instructions. Les orgoth n’apprécie pas les intrus. Il s’empara d’une torche allumée par Yorve et la tint en l’air. La lumière diffusée révéla un passage abrupt de pierre lisse et travaillée qui menait sous terre. L’air vicié et moisi qui flottait des profondeurs de la tombe sentait légèrement la pourriture. « Restez derrière moi », dit-il à ses hommes par-dessus son épaule en franchissant le seuil dans l’obscurité.

* * *

Elyshyvah envoya son rejeton draconique derrière les humains et le suivit dans les ténèbres. Forcément, elle put entendre ses griffes cliqueter sur le sol de pierre ; il n’avait pas besoin d’une torche pour les voir. Ses patrouilleurs la suivirent, progressant prudemment dans un environnement artificiel.

Le cortège avançait lentement, un rythme déterminé par la progression prudente du prêtre en tête. Elyshyvah étudia les murs du couloir descendant régulièrement tour en progression. Ils étaient nus pour la plupart, mais elle apercevait parfois ce qui ressemblait à des runes trollkin gribouillées dans la pierre. D’autres endroits montraient des visages finement sculptés, méfiants et démoniques. Ils faisaient partie d’un motif général qu’elle savait être associé aux ruines et aux artefacts orgoth.

À plusieurs reprises, le groupe tomba sur des squelettes éparpillés dans le passage incliné, suggérant une intrusion plus récente. À ces occasions et à plusieurs autres, le prêtrs thamarite ordonna aux autres de s’arrêter pendant qu’il examinait les murs et leurs marques. Semblant connaître les chemins orgoth et leurs pièges, il les mettait en garde contre le fait de marcher sur certaines pierres. À plusieurs reprises, il enfonça ses doigts dans des ouvertures presque invisibles, provoquant des grincements à l’intérieur des murs, désactivant ainsi toutes les mortelles surprises qui auraient pu leur arriver.

Après une longue période d’obscurité éclairée par les torches, Elyshyvah remarqua une lueur devant elle. La lumière jaunâtre augmenta progressivement en intensité, débordant dans le passage et projetant d’étranges ombres déformées sur les murs. En approchant, elle se rendit compte que cela émanait d’une grande chambre ouverte au bout du passage.

Garrus et ses hommes pénétrèrent dans la pièce sans hésitation. Elyshyvah souleva sa main droite et leva son index et son majeur. Derrière elle, elle entendit les patrouilleurs répondre à son signal en rengainant leurs épées et en décrochant leurs arcs. La chambre devant elle semblait assez grande – assez grande pour permettre le tir de projectile.

Alors qu’Elyshyvah se déplaçait dans la chambre circulaire, elle fut stupéfaite par sa taille. Bâtie entièrement en pierre taillée et s’étendant sur des dizaines de mètres de diamètres, elle s’enorgueillissait d’un plafond en forme de dôme qui s’élevait à dix mètres ou plus. Le plafond était couvert d’étranges sigles et d’autres visages bestiaux qu’elle avait remarqué dans le passage. Une massive fosse contenant un grand feu dominant le centre de la pièce, ses flammes d’un jaune vif brûlant avec une luminosité anormale et sans combustible apparent.

Bien que largement vide, la chambre comportait un trône de pierre noire monumental reposant une estrade surélevée directement en face l’entrée, au nord. Dispersés devant le trône se trouvaient les restes brisés de dizaines de squelettes. La plupart d’entre eux tenaient encore des armes en fer rouillées ou des grossières armes en pierre et étaient recouverts de restes de vêtements ou d’armures en lambeaux. Sur le trône se trouvait le cadavre momifié d’un grand homme vêtu d’une armure d’acier élaborée. Une épée nue reposait sur ses genoux.

Garrus et ses hommes avaient commencé à s’approcher du trône, se tenant à l’écart du foyer. Avec Melech derrière elle, Elyshyvah suivit. Ses patrouilleurs s’étendirent le long du périmètre de la chambre, arcs à la main et flèches encochées.

À l’approche du trône, Elyshyvah put discerner plus de détails sur l’antique armure portée par son occupant. Elle ressemblait décidément à celle des orgoth. Cuirasse, cretons et avant-bras portaient tous des visages humanoïdes grotesques, étrangement allongés pour s’adapter à la pièce d’armure qu’ils ornaient chacun. Un casque conique à face ouverte, avec des cornes en acier torsadées, était posé sur la tête inclinée du cadavre.

Lorsqu’Elyshyvah rejoignit Garrus devant le trône, il pointa du doigt la grande épée qui reposait sur les genoux du guerrier orgoth et dit : « C’est Harrowdim. » L’arme à un seul tranchant ressemblait à un fauchon à deux mains. Des visages bestiaux hurlants se mouvaient et se tordaient à la surface de la lame, leurs visages torturés brillaient d’un léger vert acide.

« Alors, prends-la », répondit-elle.

Garrus secoua la tête. « Je ne pense pas que ce sera facile », prévint-elle. « Harrowdim est un prix trop important pour ne pas être gardé. » Il regarda le trône et le personnage qui s’y trouvait, perdu dans ses pensées.

Elyshyvah regarda les restes squelettiques devant le trône. Ils portaient tous les signes révélateurs d’une mort violente : côtes fêlées, crânes brisés et armes fracassées. La plupart étaient clairement là depuis de nombreuses années, mais des lambeaux de chair desséchée s’accrochaient aux os de quelques-uns, indiquant une mort plus récente. L’un des squelettes était plus petit et plus fin que les autres, et il tenait n massif volume recouvert de cuir teint en bleu profond. Ses yeux se fixèrent sciemment sur sa surface, mais elle ne donna aucun signe extérieur d’intérêt.

La voix de Garrus ramena son attention sur le trône et l’épée. « Je ne vois aucun signe barrières ou de pièges. Il doit y avoir un gardien. » Il se retourna et scruta les murs, mais son froncement de sourcils indiqua qu’il ne voyait pas plus de signes d’une autre entrée qu’elle.

« Un gardien, nous pourrons nous battre », dit-elle sans ambages. « Comment le trouver ? »

Garrus la regarda de façon égale, un sourire prédateur sur les lèvres. « Nous l’attirons. »

Il se tourna vers ses hommes, qui se tenaient à une courte distance et désigna un homme aux cheveux clairs près du seuil de la chambre. « Toi », cria-t-il. « Prends l’épée. » Le chien de mer hésita, puis jura alors que ses compagnons le regardaient avec des visages sombres. Il se dirigea vers le trône, le pistolet levé, essayant de ne pas marcher sur les squelettes qui s’amoncelaient devant lui.

Lorsqu’il atteignit le trône, l’homme tendit une main et lova ses doigts autour des bandes de cuir usés de la poignée de la grande épée. La sueur perlait sur son front. Il leva l’arme et un sourire se dessina sur son visage hâlé.

L’épée à la main, il se tourna et repartit vers Garrus. Il fit exactement trois pas avant de s’arrêter brusquement, ses traits se tordant d’agonie.

« Regardez la lame », chuchota Garrus.

Les visages se tortillant sur la longueur de Harrowdim étaient devenus beaucoup plus brillants. Leur illumination sinistre avait pris une qualité presque tangible, s’insinuant dans le bras du chien de mer telles des vrilles d’un éclat émeraude. L’homme tomba à genoux, les traits tirés par une évidente douleur alors que la terrible lueur verte enveloppait rapidement tout son corps.

Elyshyvah regardait avec une morbide fascination sa chair commencer à se flétrir, s’effondrant autour de ses os comme si la flamme verte qui brûlait son corps lui prélevait la vie. Sa bouche était ouverte et s’étendait de plus en plus à mesure que la peau devenait de plus en plus fine et tendue sur son crâne. Ses yeux se ratatinaient dans leurs orbites, s’effondrant vers l’intérieur avant de disparaître complètement. Remarquablement, il resta effroyablement vivant alors que l’épée aspirait avidement la vie de sa chair. Même après que l’homme ait été réduit à rien de plus qu’une enveloppe, il tremblait encore faiblement, les doigts grêles lovés autour de la poignée d’Harrowdim. Finalement, l’homme s’immobilisa et l’épée échappa à sa prise et claqua sur le sol de pierre.

L’épée brillait violemment et le rayonnement atteignit une intensité fulgurante qui obligea tous les personnes présentes dans la pièce à se protéger les yeux. La douloureuse illumination s’est lentement atténuée et fini par s’éteindre comme une bougie soufflée par le vent.

Elyshyvah retira son avant-bras de ses yeux et par réflexe lova ses doigts autour de son bâton de combat. Elle vit immédiatement que les humains avaient pointé leurs pistolets sur le trône et ses patrouilleurs avaient bandé leurs arcs, des flèches barbelées scintillant à la lueur des flammes. Melech siffla et leva son arme.

Le cadavre orgoth n’était plus un cadavre. Il se tenait devant le trône, la peau de bronze visible à travers les interstices de son armure. Le visage, sous le heaume, avait une allure noble, avec une large mâchoire, un nez crochu et des yeux enfoncés couleur d’onyx.

Le guerrier s’avança lentement et s’abaissa devant les restes du patrouilleur pour récupérer Harrowdim. Son mouvement fut suffisant pour briser la tension meurtrière dans la pièce. Le claquement sourd des cordes des arcs des patrouilleurs frappant les canons d’avant-bras en cuir retentit et fut rapidement suivi par le rugissement tonitruant des pistolets des chiens de mer. Une grêle de flèches et de coup de pistolet frappa le guerrier, le repoussant de plusieurs pas jusqu’à la base de son trône, mais ils tombèrent au sol dans une litière d’hampe brisée et de boules de plomb aplaties. La fusillade de projectiles semblant avoir eu peu d’effet.

Le tonnerre des coups de feu céda la place à la fureur désespérée du rechargement alors que les chiens de mer enfonçaient de nouvelles cartouches dans leurs armes.

Les patrouilleurs continuaient à tirer, encochant de façon régulière les flèches, tirant encore et encore.

Le guerrier orgoth souleva Harrowdim et sa large bouche se fendit en un sourire sauvage. Soudain, le bruit vif de l’arbalète de Melech remplit la pièce. L’énorme projectile heurta la cuirasse du guerrier, le renvoyant contre le trône. Le projectile avait pénétré l’armure et la chair derrière, laissant près de 60 centimètres du projectile empenné dépasser de son corps.

L’orgoth récupéra instantanément son équilibre. La rage sombre qui remplissait ses traits aquilins était antique et terrifiant. Il tendit une main, arracha le projectile de sa poitrine et le jeta. Ensuite, il s’empara d’Harrowdim à deux mains et disparut.
Un battement de coeur plus tard, Elyshyvah entendit Melech hurler. Elle se retourna pour voir le rejeton draconique à genoux devant le guerrier, le sang noir coulant d’une gigantesque blessure à l’abdomen. L’épée orgoth jaillit, et la tête du nephilim se détacha de son corps dans un jet de sang.

Une rafale de coup de feu de représailles suivit la mort de Melech, mais le guerrier disparut à nouveau. Elyshyvah lâcha sa torche et se retourna sur place, tenant son bâton de combat devant elle dans une position protectrice. La pièce entière avait éclaté en une cacophonie de voix nyss et humaine criant de confusion et de rage.

Le guerrier réapparut au milieu d’un groupe de chiens de mers, son épée dansant : une, deux, trois fois. Puis il disparut. Quelques secondes plus tard, il réapparut de l’autre côté de la chambre, à côté de deux patrouilleurs, et Harrowdim assouvit sa soif de carnage sur la chair des nyss. Les flèches des patrouilleurs et les tirs de pistolets des chiens de mer s’écrasèrent contre le mur alors que le guerrier disparaissait à nouveau.

Le silence régna un instant, puis l’orgoth réapparut sur son trône, Harrowdim se reposant à nouveau sur ses genoux. Des ruisseaux de sang coulant lentement le long de la lame gorgée de sang et sur les jambes armurées du guerrier avant de s’écouler sur le sol en pierre.

Les pistolets des chiens de mer et les arcs des nyss pointèrent vers le trône, ce qui poussa Elyshyvah et Garrus à crier presque à l’unisson dans leurs langues respectives : « Ne tirez pas ! »

Le guerrier orgoth fixa les personnes devant lui, ses yeux noirs étincelants. « Vous osez vous immiscer dans ma cour ? Demanda-t-il d’une voix retentissante, remplissant chaque espace de la colossale chambre. « Présentez vos respects devant ce trône ou vous souffrirez pour votre témérité. » Il s’exprima en cygnaréen, mais avec un accent qu’Elyshyvah n’avait jamais entendu.

Garrus s’avança et s’agenouilla devant le trône. « Pardonne notre intrusion, Excellence », dit-il, la voix tremblante. « Nous ne recherchons pas à susciter votre colère. »

Le regard du guerrier orgoth se tourna vers Elyshyvah. Elle sentit son poids sur elle comme une chose tangible, une malveillance sombre et étouffante. « Et vous, palote ? » Demanda-t-il. « Trop hautaine pour s’agenouiller devant meilleur que toi ? »

Elyshyvah inclina la tête. « Moi aussi, je ne veux pas manquer de respect, mais je ne peux pas m’agenouiller devant ce trône », dit-elle ; se demandant si ces paroles seraient les dernières. « Ma fidélité appartient à quelqu’un de plus grand que vous. »

« Plus grand que moi ? » Le guerrier rejeta la tête en arrière et rit. « Vous avez de la volonté, esquimau. J’admire ça chez un esclave. Agenouillez ou debout ; cela ne fait aucune différence pour moi. »

« Garrus se releva. « Je m’appelle Garrus », dit-il. « Celle que je sers m’a envoyé traiter avec vous. Ce qui nous a amenés à votre … salle. »

« Qu’est-ce que vous cherchez ? » s’enquit l’orgoth. « Je n’ai pas de trésor, et même mes esclaves ne sont plus que des os maintenant. »

Garrus, peut-être inconsciemment, jeta un coup d’oeil au cadavre ratatiné du chien de mer devant le trône. L’acte n’échappa pas à l’attention de l’orgoth.

« Bien sûr, tu cherches la lame », dit-il, en plaçant une main sur la pognée de Harrowdim. « Je ne vous la cacherai pas. » Il saisit l’épée par la lame et la tendit poignée en avant. « Avancez et prenez-l. »

« Ma maîtresse s’intéresse grandement à Harrowdim », admit Garrus, tout en s’éloignant du trône.

« Non ? » dit le guerrier, en souriant. «  Et vous ? » Il pointa la poignée vers Elyshyvah. Elle ne dit rien et resta simplement immobile.

Le guerrier remit l’épée sur ses genoux et s’installa à nouveau sur son trône. « Cela fait de longue années que personne de digne n’est venu chercher l’épée », dit-il.

« Que voulez-vous dire ? » Demanda Garrus.

« La lame s’est alourdie au fil des années. J’aurais tendance à la transmettre à quelque de digne de sa puissance », déclara le guerrier. « Peut-être l’un de vous. »

« Comment est-ce que je – vous – prouvons notre valeur ? » Demanda Garrus, jetant un coup d’oeil à Elyshyvah. Elle n’aima pas ce qu’elle vit dans les yeux de l’homme.

Le guerrier orgoth sourit, montrant une rangée nette de dents blanches parfaites. « Vous survivrez. »

* * *

48
Background – Histoire des Royaumes d’Acier / Tombée de la Nuit
« le: 03 août 2020 à 22:38:30 »
TOMBÉE DE LA NUIT

Par Simon Berman

Le Kommandeur Koldun Aleksandra Zerkova arpentait un large cercle, suivant approximativement le périmètre de la ficelle qui marquait les bords de l’excavation. L’air matinal était humide et la clairière sentait la terre récemment retournée. L’odeur était celle que Zerkova associe généralement à un danger et à un défi imminent ; peu de tombes pillées par l’Alliance des Seigneurs Gris ont livré leurs secrets sans exiger un prix en sang. Elle était prête à la payer – en fait, elle était surprise de la modicité de son coût jusqu’à présent.

Convaincre ses supérieurs d’autoriser cette expédition avait été l’étape la plus difficile. Les rares membres de la Prikaze de la Chancellerie qui avait connaissance de la nature de son bien précieux étaient décontenancés par l’objet lui-même et se méfiaient de prendre des risques après l’attaque sans précédent des iosiens. Ils avaient fallu des mois pour convaincre son commanditaire secret qu’elle avait identifié un artefact qui pourrait décongeler le dieu gelé ou, à défaut, pourrait au moins allumer l’antique torche qui était également tombé en sa possession. Le fait que la terrible arme orgoth qu’elle cherchait ait été enterré sous Drer Drakkerung sur île cryxienne Garlghast était un obstacle évident aux fouilles archéologiques. Son commanditaire avait finalement été influencé par sa suggestion que les iosiens auraient pu suivre ses mouvements lors de leur première frappe. S’ils la suivaient, a-t-elle suggéré, elle pourrait les faire courir dans tous les sens pour rien tout en poursuivant son objectif. Ce serait également l’occasion de mener des recherches sur le terrain concernant les armes orgoth qui pourraent être appliquées à l’effort de guerre des khadoréens. Cela avait coûté à Zerkova une certaine influence politique dans l’Alliance, mais elle avait prévalu. Zerkova avait obtenu l’autorisation de réquisitionner les forces dont elle avait besoin pour sa mission.

L’autorisation de Zerkova avait fonctionné avec une efficacité choquante : les objections bureaucratiques avait disparu face à l’autorité de son commanditaire, et son groupe de travail était à bord d’un transport destiné aux Îles Scharde du nord seulement trois semaines plus tard. Un seul navire jouait le rôle d’escorte, mais c’était l’un des puissants coque en fer de la Marine Khadoréenne, capable de détruire les navires de ligne en bois avec une facilité déconcertante. Malgré cela, le besoin de secret signifiait que la mission entière devait être abandonnée au premier indice que les forces navales cryxiennes savaient ce qu’elles faisaient. Pour échapper à la détection, leur traversée les a emmenées loin sur le Meredius – des eaux dangereuses pour un lourd coque en fer et un navire de transport. Zerkova n’avait jamais été aussi tendue que pendant le voyage, non pas parce qu’elle craignait la mort, mais en raison du risque réel que sa mission échoue avant même qu’elle débute. C’est avec un grand soulagement qu’elle a débarqué sur l’île sans nom à l’ouest de Garlghast après seulement un petit engagement avec une patrouille cryxienne. Les pirates dégénérés avaient été coulés en peu de temps et les survivants noyés dans les eaux froides de l’archipel. Satisfaites que personne ne se soit échappée pour avertir de leur présence, l’expédition se poursuivait.

Il a fallu moins d’une journée pour débarquer leurs troupes, leurs warjacks et leurs munitions. Au fur et à mesure que le camp était érigé, plusieurs ternions ont passé l’île au peigne fin à la recherche des ruines orgoth. Les éclaireurs et les Faiseurs de Veuves ont installé des postes d’observation à partir desquels ils pouvaient observer les mers et surveiller l’île Garlghast, pas si éloignée. Comme la plupart des Îles Scharde septentrionales, la zone de débarquement étai rocheuse et couverte d’un feuillage dense. Les conifères qui recouvraient l’île bloquaient la lumière du jour à quelques mètres des plages rocheuses. Non pas que cet endroit ait jamais beaucoup vu le soleil. Constamment gris, le ciel n’interrompait ses averses que pour un déluge occasionnel. Zerkova était habituée à des températures particulièrement basses, mais le froid humide qui régnait dans ce sinistre lieu semblait particulièrement lugubre.

Un bruit sourd, indécemment sonore dans l’air immobile, prit Zerkova de court. En regardant dans la fosse de fouille, elle a vu un magziev Seigneur Gris debout près d’un sceau de pierre partiellement levé, regardant absurdement sa main droite vide. Rapide comme un serpent, Zerkova se rapprocha su jeune officier, écartant ses longs cheveux pour révéler l’orbe lisse qui remplaçait son œil droit.

« Toi ! » dit Zerkova. « Pirov, correct ? »

« K-kirov, Dame Kommandeur », balbutia le magziev.

« Oui, K-k-kirov. Ton oncle souhaite ta mort, n’est-ce pas ? »

« Dame Kommandeur ? »

Zerkova a débuté doucement : « Eh bien, je t’ai pris dans cette équipe sur la base de sa recommandation. Il m’a dit que tu étais un bon garçon, capable et discret, pas quelqu’un qui - » Sa voix s’élevait nettement alors qu’elle poursuivait, « Ferais tomber son pied de biche dans le trou ! » De toute évidence, il était soit aveuglé par l’amour familial, soit il cherchait à te faire tuer. ! Ce n’est pas mon affaire s’il veut organiser un accident commode pour toi mais ne t’attend pas à ce que je reste là pendant que ton idiotie nous tue tous ! On n’est pas là pour pique-niquer, imbécile ! Et vous autres ! Qu’est-ce que vous regarder ! Retournez au travail ! » Avec un grognement, elle s’est précipitée dans sa tente. Le magziev, palot, se tourna pour faire face à ses camarades compatissants, prit une profonde inspiration et fit ce qu’on lui avait dit.

De retour dans sa tente, Zerkova s’étonna de la violence de sa réaction. Peut-être que la météo m’atteint-elle, pensa-t-elle. Pourtant, un peu d’instabilité est une bonne chose – elle permet de garder le personnel sur le qui-vive.

Le but ultime de Zerkova résidait dans une fosse commune dans les ruines hantées du dernier bastion orgoth dans l’Immoren occidental. Ici, les tyrans avaient choisi la mort au lieu de se rendre à Cryx et s’étaient annihilés dans une démonstration apocalyptique de puissance nécromantique. Des rumeurs et des allusions aux seins de textes obscurs parlaient d’une arme redoutable, peut-être une hallebarde, maniée par un serviteur cauchemardesque orgoth qui arpentait encore les chambres sous a tour dans laquelle ils avaient perpétré leur stupéfiant acte d’autodestruction.

On prétendait que l’arme brûlait indéfiniment grâce à l’énergie des âmes torturées, et Zerkova soupçonnait qu’elle avait provoqué les conflagrations qui avaient complètement rasé plusieurs villes pendant l’occupation orgoth. Une seule référence nommait l’arme : le Vayrg Krotunn. La phrase était cependant intraduisible et pouvait faire référence à l’arme ou à la créature qui la maniait. Malgré la fureur des incantations destructrices finales, Zerkova croyait que le Vayrg Krotunn avait survécu au cataclysme. Des textes anciens décrivant le donjon mentionnait de puissantes protections protégeant une crypte centrale, certains inscrits dans des langues nécromantiques autres que celle des orgoth. Elle avait reconnu des termes qui rappelaient les horribles rites de Morrdh et d’autres magies noires encore plus obscures. Les sources étaient fragmentaires et très éparses, et Zerkova était convaincu que personne d’autre n’avait réuni les connaissances nécessaires pour briser ces protections et récupérer la grande arme.

Alors que Zerkova observait à nouveau la fouille, le chef de fouille, le Seigneur Koldun Yurivovitch, l’a salué et s’est approché. Zerkova a rendu le salut et examiné le Seigneur Gris vieillissant. Yurivovitch était l’un des plus grands experts de Khador en matière de runes de malédictions orgoth, et il avait ouvert plus de tombes orgoth, de chambres de torture et de catacombes que tout autre Seigneur Gris vivant. Zerkova a simplement demandé : «  Nous sommes prêts ? »

« Oui, Kommandeur. Les protections sont brisées, et seuls les gardiens physiques restent à traiter, du moins dans les antichambres. « Le Seigneur Koldun s’exprimait sans hésitation.

« Très bien, envoie le Koldun Zevno et ses vagabonds maudits. Je suivrai avec vous et tes ternions subordonnés. Yurivovitch a salué et s’est empressé d’exécuter ses ordres.

Zerkova regardait la grande chape de la tombe être soulevée avec des pieds-de-biches puis renversé par un Juggernaut. Comme tous les ‘jacks que Zerkova avait amené, il était peint en gris terne avec des ornements noirs, seuls son lettrage et quelques décorations étaient en rouge vif de l’Empire Khadoréen. En effet, presque tous les membres du groupe de travail portaient des couleurs similaires pour mieux se fondre avec le terrain des Îles Scharde.

« C’est une bonne chose qui nous soyons silencieux », ont marmonné les officiers rassemblés après que la chute et le grondement se soient calmés. « Je ne voudrais alerter en bas. » Zerkova a fait semblant de ne pas entendre cela ou les ricanements réprimés qui en ont résulté.

Le Rastovnik Zevno a ordonné à ses vagabonds maudits de pénétrer dans la tombe violée. Les vicieux épéistes ont eu besoin de peu d’encouragement et se sont immédiatement précipité dedans, leurs grognements d’effort étouffés par leurs masques de fer.

Une série de marches descendait dans la tombe, et Zerkova observa les vagabonds maudits avalés par l’obscurité souterraine. Quelques secondes plus tard, le vacarme de la violence a éclaté d’en bas. Le sifflement et le charabia des gardiens du tombeau se mêlaient au fracas de l’acier, et Zerkova s’est demandé si Zevno serait capable de retenir les vagabonds maudits berserk dans les endroits étroits de la tombe. Pas que cela importait ; l’expédition en avait une solide réserve.

Finalement, les bruits de la mêlée ont diminué ; « Kirov », dit Zerkova, « Prend Andreyovitch et Irenkhov et vérifiez les vagabonds maudits. » Kirov s’est raidi, a dégluti et acquiescé. Il a fait signe à ses compagnons officiers subalternes et a disparu dans le trou. Ils savaient tous qu’il ne fallait pas remettre en question un ordre direct.

Quand Irenkhov a annoncé que la voie était libre, Zerkova a fait signe aux ternions qu’elle avait choisi de suivre et a débuté la descente. À chaque pas vers le bas, les artefacts orgoth qu’elle portait brillaient de plus en plus et leurs murmures s’amplifiaient. Dans la chambre principale du tombeau, elle a trouvé le sol jonché d’ossements et des armures brisées des gardiens animé nécromantiquement que les vagabonds maudits avaient détruits. Deux des vagabonds maudits étaient couchés face contre terre dans des mares de sang, et un troisième cadavre étaient assis contre le mur du fond. Les deux autres se tenaient accroupis contre le sol en pierre, frustrés que leurs appétits meurtriers ne soient pas satisfaits. Kirov se tenait à côté de l’entrée, le pied-de-biche tenu mollement à son flanc. Andreyovitch venait de terminer de nouer un bandage autour d’une profonde entaille dans la main gauche de Zevno.

« Kommandeur, j’ai trouvé quelque chose » Grogna Zevno, sa main droite serrée autour de son opposée. Zerkova s’approcha et jeta un coup d’oeil dans une pièce adjacente. Des tas d’armes en métal noir tapissaient les murs, tombés de support en bois pourris depuis longtemps. « Peut-être que nous nous sommes trompés ; cela semble être un arsenal, pas un tombeau. »

Zerkova a souri.

* * *

Des rideaux de pluie ondulaient lentement à travers la crique, disparaissant dans les eaux agitées et rendant les pierres glissantes et traîtresses. Morvahna sourit gracieusement à la gracile femme tharn qui se tenait devant elle. Elle a répété en silence le nom de la femme du Terth Cearban dans le but d’empêcher un faux pas. « Eylwitt » … comme le dialecte de cette tribu est difficile, pensait Morvahna. Comme ils sont devenus étranges par leur isolement.

Elle maintenait son regard serein même si la pluie augmentait et que les vagues commençaient à déferler sur ses pieds. Son voyage vers ce lieu sinistre avait été pénible. Le réseau d’énergies naturelles à travers les Îles Scharde avait été interrompu par la corruption de Toruk, obligeant à de longs détours. Depuis des décennies, les druides du Cercle Orboros n’avaient effectué que de brèves visites, et de nombreuses antiques pierres de voyage ont été endommagées par le temps et les conditions météorologiques ou délibérément souillées.

Trouver un passage sûr à travers le réseau de pierres sur Garlghast avait été difficile, mais Morvahna considérait que son objectif – unir toutes les tribus tharn directement sous le contrôle du Cercle – en valait la peine. Le puissant art qu’elle avait façonné pour libérer les tharn de leur antique malédiction s’était répandu même dans les tribus les plus reculées, mais elle n’avait jamais profité de l’occasion pour les visiter personnellement. Elle savait qu’on lui devait de la gratitude – mieux valait qu’elle en profite avant que cet idiot de Krueger ne vienne recruter pour son armée personnelle. Les tharn qui habitaient ici avaient une réputation de sauvagerie remarquable, même parmi les autres tharn. Les druides savaient que le Terth Caerban (nom à la fois de la tribu et de l’archipel sur lequel ils vivaient) adoraient le Ver Dévoreur à travers le totem d’un énorme requin, et qu’ils pratiquaient régulièrement des sacrifices vivants. Les détails de leur culte n’avaient guère intéressé les druides pendant les longs siècles de déclin que les tharn avait subis. Morvahna était également indifférente aux particularités de leur fois, mais ont ne pouvait nier la sagesse de rattacher plus étroitement les tharn de Garlghast. Ils pourraient au moins être incités à mieux entretenir les dernières pierres du Cercle. En outre, à la lumière des récents événements, il serait très pratique de disposer d’une source de combattants proche de Cryx.

Eylwitt s’agenouilla devant Morvahna, la tête baissée pour que Morvahna ne puisse voir qu’une crinière sombre de cheveux hirsutes, raidis avec des résidus de sel. Morvahna a jeté un coup d’oeil aux centaines d’autres tharn – hommes et femmes – qui se tenaient en demi-cercle silencieux sur les rochers glissants de la crique. Au premier coup d’oeil, ils ressemblaient beaucoup aux tharn du continent, bien que leur peau ait un aspect malsain. Ce n’est qu’en regardant de plus près que des différences apparaissaient. Les femmes arboraient souvent des palmes charnues entre leurs doigts, une adaptation fréquente aux plus puissants de leurs chamans et sorcières. Les hommes développaient parfois des zones de peau couvertes de fines écailles grises. Ces zones étaient lisses dans un sens, rugueuses dans l’autre et capables d’abraser la chair. Les dents pointues étaient omniprésentes chez les hommes et les femmes, bien qu’en raison d’une confusion de langage, Morvahna n’avait pas pu déterminer si cela était le résultat d’un rituel ou de naissance.

Elle a regardé Eylwitt, qui tenait maintenant en l’air un collier d’énormes dents de requin suspendues à un morceau de rugueuse et grise. La prêtresse tharn s’est levé et Morvahna s’est inclinée à son tour tandis qu’Eywitt plaçait le collier autour de son cou. Morvahna a levé la tête une fois de plus et a observé deux hommes tharn sortir de la foule. Ils tenaient une satyxis. La captive criait et luttait pour se libérer, mais n’a réussi érafler un de ses ravisseurs avec les restes de ses cornes brisées. Le gigantesque tharn a réagi en la poussant eu sol où elle s’est effondrée contre les pierres.

Morvahna a repensé à la récente bataille au cours de laquelle la satyxis a été capturée, peu après son arrivée parmi le Terth Cearban. La tribu avait réservé un accueil un peu froid à Morvahna et les dizaines de druides et de warbeasts qui l’accompagnaient, malgré le fait qu’elle ait brisé la terrible malédiction des tharn.
Morvahna a mis à profit son grand charme personnel, bientôt le Terth Cearban a insisté pour qu’elle soit accueillie comme l’une des leurs. Morvahna avait été informé que la meilleure façon d’y parvenir était de partager la violence, et une cible de raid approprié avait été trouvée.

Le Terth Cearban avait choisi un navire de pillage satyxis échoué récemment comme endroit pour renouer son amitié avec le Cercle. Morvahna et certains membres de la tribu locale se sont approchés du navire depuis la lisière des bois, piégeant les sorcières contre la mer. Une manœuvre typique, mais lorsque ses forces se sont rapprochées de leur proie, elle a été presque aussi surprise que les satyxis lorsqu’une meute de femmes tharn a émergé de l’océan. En quelques secondes, la bataille s’est transformée en massacre. Morvahna a regardé le Terth Cearban s’abattre sur les tombées. Leurs yeux blancs révulsés, alors qu’ils enfonçaient des dents tranchantes comme des rasoirs dans les gorges, les membres et les tripes des satyxis moribondes. Les eaux autour du navire échoué sont rapidement devenues rouges et seuls quelques survivantes ont été faites prisonnières ; les tharn étaient préoccupés par leur frénétique repas. Morvahna était fascinée. Le Terth Cearban rendait les tharn continentaux presque civilisés.

Les rêveries de Morvahna ont été interrompues lorsque les deux guerriers tharn ont traîné la satyxis captive à ses pieds. Personne ne comprenait les paroles de la prisonnière, mais il était clair d’après son ton qu’elle les maudissait en termes agressifs de son peuple. Eylwitt s’est levée et a retiré un couteau sacrificiel lourdement orné de la gaine à sa hanche. Morvahna n’avait jamais vu une telle lame de près auparavant. Les inscriptions sur la lame lui rappelaient les motifs scrimshaw sculpté sur les os de baleines par son propre peuple, qui vivait dans les îles loin au sud-est.

La prêtresse tharn a montré une bouche pleine de dents acérés et a tendu le couteau à Morvahna. Elle savait ce que l’on attendait d’elle et s’est avancée calmement vers la captive. Elle et la satyxis se sont regardées pendant un long moment, unis dans une haine mutuelle. Morvahna a déclaré : « Le Terth Cearban a reconnu l’Estoc de l’Automne comme l’Attor de toutes les îles et de toutes les mers ! L’Estoc de l’Automne se sent humble face à ce devoir et à ce privilège. Elle remercie le Cearban qui Dévore ! »

Avant d’avoir terminé les derniers mots de la cérémonie, elle avait entamé un puissant revers, traçant une longue entaille dans le ventre de la satyxis. La captive criait d’agonie et de rage alors que le duo de tharn qui la retenait lançait son corps loin dans les eaux de la crique. Elle s’est débattue dans les vagues agitées, essayant de garder la tête hors de l’eau et en même temps de maintenir ses entrailles en place. Morvahna commençait à se demander si le sacrifice n’aillait pas se noyer trop rapidement. Son inquiétude s’est rapidement apaisée lorsqu’une grande forme sombre est entrée dans les eaux de la crique.

Elle l’a regardé tourner deux fois autour de la satyxis avant de plonger hors de vue. Un long moment s’est écoulé, puis la femme a été projetée en l’air alors que la gueule d’un énorme requin faisait irruption sous elle. L’énorme était d’un blanc maladif, sa bouche remplie d’innombrables dents, et il faisait la taille d’une douzaine d’hommes disposés tête-bêche. La satycis pendait de sa gueule en s’agitant et en criant, mais le requin a fait un mouvement rapide de la tête expert et elle a disparu dans sa gueule. Seule sa main était encore visible lorsque le requin a plongé sous les vagues. Bientôt, il n’est resté qu’une éclaboussure d’eau rouge. Les tharn bordant la crique était extatique, criant : « Cearban ! Terth Cearban ! Cearban ! » Morvahna s’est tournée pour faire face à ses nouveaux partisans, se demandant précisément quel genre de personnes elle dirigeait maintenant.

* * *

Un vent froid balayait le sommet rocheux sans nom. Il bruissait à travers les arbustes clairsemés et rabougris et projetait de rafales de pluie intermittentes sur la cabale rassemblée ici. Un feu de joie brûlait avec éclats, sans être affecté par le vent et la pluie, fournissant une lumière vacillante dans l’obscurité. Trois femmes masquées étaient assises sur les rochers usés par le temps formant un amphithéâtre naturel dans le petit espace dégagé au sommet. Ils formaient un triangle asymétrique autour d’une sphère flottante. Tournant sans fin autour de chaque axe, l’Egregore émettait des ombres depuis sa coquille métallique noire, sapant la lumière du feu de joie. Sa coquille était percée de pores de la taille d’une tête humaine qui projetaient une lueur verte maladive en contrepoint malsain aux ombres qu’elle déversait dans le monde.

L’objet de l’attention du conclave était un grand cadavre émacié. Sa peau desséchée était noircie comme si elle avait été consommée dans un brasier, mais en fait cette décoloration provenait de milliers et de milliers de minuscules runes gravées dans sa peau et ses os saillants. Les orbites vides de ses yeux brillaient d’un vert semblable à celui de l’orbe qui planait à proximité. La chose semblait ignorer qu’elle était observée alors qu’elle appliquait un cruellement pointu pour couper la chemise de l’homme inconscient allongé sur un rocher plat devant elle.

« Hieronymos », a appelé l’une des sorcières. Le corps noirci a détourné le regard du captif.

« Oui, ma Dame ? »

La femme pâle s’est déplacée vers l’avant. « Que voyez-vous quand vous regardez la chair de ce mortel ? »

Hieronymos s’est arrêté comme s’il examinait la question. « Un potentiel infini », a-t-il prononcé d’une voix grinçante. « Comme il est étrange qu’une telle faiblesse puisse être transformé en force par la libération de la mort. »

Les sorcières échangèrent un regard approbateur et la première s’exprima à nouveau. « Vous êtes peut-être la plus grande de nos créations. Pas un simple acolyte ; certaine liches de fer pourraient vous regarder avec envie.

« Pourtant, il servira tout le monde à notre guise, Selene. » Morgaen a posé une main oisive sur la carapace mobile de l’Egregore. « Hieronymos, Érudit du Pic du Dragon et commandant des nécroserfs. La Reine Pirate s’en tient-elle à notre ordre? »

L’étrange appellation de Morgean n’a pas marqué de pause. « Ravenman est obéissante. Elle laisse les khadoréennes sans mari. »

L’Egregore a commencé à émettre un bourdonnement grave, plus ressenti qu’entendu, et les trois sorcières se sont déplacées pour le caresser. Selene a appuyé le côté de son visage contre sa carapace et a doucement roucoulé de façon incompréhensible, comme pour apaiser un nourrisson.

Quelques instants se sont écoulés et le bourdonnement de l’Egregore s’est calmé. Les sorcières sont restées proches de lui mais ont tourné leur attention vers Hieronymos, qui employait du charbon de bois pour dessiner des glyphes et des runes sur le torse de l’humain inconscient.

« Helleana », dit Selene, « Comment va la sorcière khadoréenne ? »

Selene a désigné Hieronymos. « L’attaque de notre servante la lus parfaite l’a incitée à se déplacer plus rapidement. Elle craint d’être découverte, mais son désir pour le Vayrg Krotunn éclipse son inquiétude. Regardez vers le nord-ouest et vous pourrez voir les âmes qui suivent ses babioles orgoth. »

Les sorcières se sont tournées comme une seule pour observer. De leur point d’observation, elles pouvaient remarquer une vague d’énergie se rassembler autour de la côte nord-ouest de l’Île Garlghast. Elle semblait se déplacer vers l’est, vers la cicatrice noircie qui avait consumé le centre l’île.

« Il est bon qu’elle soit bientôt à Drer Drakkerung ; le Seigneur Liche Terminus a besoin de nous une fois de plus dans le Bois d’Épines. » Morgean passa une main caressante dans un courant d’ombres tombant de l’Egregore. « Le Vayrg Krotunn est à elle, mais elle ne doit pas partir avec ses compagnons. Le destin exige la mort de ceux qui emporteraient nos trophées. »

Selene a marqué une pause. « Peut-être que Zerkova peut-être incité à rester. Ses prouesses simplifieraient les choses dans d’autres parties de notre foyer. »

« Peut-être », est intervenu Helleana. « Sinon, elle peut certainement aider à éliminer le Terth Cearban. Leur nombre augmente, et ils ne sont pas encore entièrement les enfants du Père des Dragons. » Les sorcières ont regardé Garlghast une fois de plus avant de prononcer ensemble : « Ne nous tenons pas au bord du précipice mais allons-y. » Les trois femmes se sont levées et ont commencé à descendre la montagne, l’Egregore au milieu d’elles.

Hieronymos a commencé à graver les runes qu’il avait tracées sur son captif avec des doigts tranchants et osseux. L’homme s’est réveillé en criant, alors qu’il mourait, le feu de joie s’est éteint, victime de la pluie et du vent alors que la nuit tombait sur Garlghast.

Source

49
FORCES D’EXCEPTION XI

DETTES DUES

Par Will Shick

Bois d’Épines, 608 AR

Le champ de bataille était jonché de morts, le sol tellement imprégné de sang et de flotte que le sol de la forêt était devenu un marais cramoisi. Au milieu du calme mortel de l’après bataille se dressaient trois agiles silhouettes, leurs corps vêtus de robes armurées, leurs visages cachés sous de démoniaque heaumes En leur centre, l’Egregore flottait silencieusement sur les vrilles de minuit. « Notre dette envers la sorcière-fantôme est remboursée », dit Helleana.

« Il est temps de réclamer notre dû et retourner auprès de notre maître », convenu Selene, et Morgean acquiesça. L’Egregore pulsait d’un vert maladif et les vrilles noires enroulées autour de lui s’étendaient et s’enroulaient langoureusement autour de son Cénacle, les enveloppant dans son obscurité huileuse. Le groupe chemina rapidement à travers le champ de bataille, ne s’arrêtant même pas pour apprécier le macabre spectacle de tant de morts khadoréens et cygnaréens.

Elles passèrent par l’entrée du nécrofactorium et descendirent les rampes en acier noir qui menaient aux vastes boyaux du complexe souterrain, où l’odeur maladivement douce de la nécrotite brûlante se mêlait à l’odeur de la graisse et des feux de forge fumants. La majesté pure du complexe du massif complexe industriel était impressionnante. Quoi que leur maître ait dit à propos d’Asphyxious, la réalisation du perfide seigneur liche ne pouvait être niée. Elles passaient fonderie après fonderie, chacune d’elles résonnants des bruits des nécrotechs engagés dans leur sombre œuvre : martelant de fer noir d’un helljack, fabricant des cortexes avec des mains étonnamment délicates et assemblant les pièces en quelque chose de bien plus grand que la somme de ses parties. C’est ici que le Cénacle de Sorcières de Garlghast trouva ce qu’il cherchait. Des rangées de heljacks et de bonejacks en fer noir attendant les ordres d’un maître. Autour des constructs flottaient plusieurs surveillants à trois têtes, effectuant les derniers soins sur les mortelles armes de l’Empire du Cauchemar.

En inspectant la salle, Selene déclara : « Les Massacreurs et les Enragés serviront au mieux les objectifs de notre maître »

Sur ses mots, l’Egregore se mit à pulser et les sœurs s’arrêtèrent comme si elles écoutaient une voix qu’elles seules pouvaient entendre.

Morgean se tourna vers Helleana, en fronçant les sourcils. « Mais comment pouvons-nous espérer en contrôler autant ? »

Helleana hocha la tête, partageant la préoccupation de sa sœur. « Oui, même pour nous trois, c’est peut-être trop. »

L’Egregore flottait silencieusement, mais ces vrilles noires s’épaississaient et se tordaient sous lui alors qu’elles rampaient lentement le long du sol en fer noir, serpentant entre les lourds pieds des helljacks et sur les carapaces trapues des bonejacks. Les sorcières regardaient attentivement, leurs visages en extase. Chaque vrille trouva à son tour la forme d’un des surveillants et s’enroula sur le corps de la créature, l’enveloppant dans l’obscurité durant un court instant avant disparaître dans sa chair métallique froide. Bientôt, tous avaient ressenti la caresse de l’Egregore.

Les liches de fer flottèrent toutes ensemble vers le cénacle. Alors qu’ils s’immobilisaient devant le trio, ils s’inclinèrent en signe de soumission. Leur triple voix grinçante grognèrent à l’unisson parfait : « Nous attendons vos ordres, maîtresses. »

Les sœurs regardèrent d’abord leurs nouveaux vassaux, puis les rangs des helljacks au-delà, des sourires sinistres traversant leurs visages.

La puanteur humide du nécrofactorium fit place à un parfum d’une mort fraîche lorsque le Conclave de Sorcières de Garlghast émergea de nouveau sur le champ de bataille. Derrière eux, des helljacks et des bonjacks se déplaçaient de façon tonitruante. Ce n’était une surprise pour aucune des sœurs lorsque la forme fantomatique de sorcière-fantôme Deneghra, vassale favorite d’asphyxious, prit forme devant elles.

La meurtrière warcaster se tenait silencieusement devant le trio pendant un moment, ses pointes-lames dépassant de son dos et s’agitant. Finalement, elle prit la parole. « Je vous ai promis des ressources à rapporter à votre maître, mais vous avez largement dépassé prétention.

L’Egregore pulsait d’une lumière verte maladive, et ses vrilles huileuses devenaient plus épaisses et plus substantielles en se tortillant autour des pieds du cénacle. Bien que soutenues par leurs constructs, les sœurs savaient que l’issue d’une confrontation avec personne aussi puissante que Deneghra n’était nullement assurée.

« Souvenez-vous de notre accord », déclara Helleana. « Nous avons pris que ce dont nous avons besoin pour la volonté du Père des Dragons se réaliser. »

Selene pris la suite de sa sœur. « Bien que vous contrôliez ce nécrofactorium, vos œuvres ne sont destinées qu’à servir ces desseins. »

« Nous nier équivaut à le nier lui », termina Morgean.

Elles observèrent Deneghra de près. La sorcière-fantôme se tenait silencieuse, mais les points de suture autour de son abdomen se tendirent tandis que son corps se crispait, ses doigts pâles se resserrant autour de la hampe de sa hallebarde Éclipse. Bien qu’elles aient conservée leur apparence sans émotion, les sœurs se préparaient déjà à la violence.

Deneghra s’exprima froidement. « Votre maître est Terminus, pas Toruk. Ne prétendez pas la contraire. » Après une pause tendue, la raideur quitta son corps et elle fit un pas de côté. « Ma dette est entièrement payée. »

Le cénacle poussa un soupir de soulagement intérieur et se prépara à partie. Avant qu’elles n’aient fait deux pas, un grand bruit s’éleva de la forêt à gauche et à droite et deux massifs Krakens émergèrent, leurs tentacules de fer s’agitant dangereusement devant le cénacle. En un clin d’oeil, Deneghra était parmi les sœurs. Bien que la sorcière-fantôme soit toujours à l’aise, la menace était plus que claire.

« Maintenant, c’est vous qui m’êtes redevable », dit Deneghra, la voix basse mais intense. Puis sa forme s’estompa dans l’éther. Les tentacules des Krakens se stoppèrent. Alors que les sœurs franchissaient les frontières du nécrofactorium, chacune regarda les autres, souriant légèrement.

« Notre maître sera très content », déclara Morgean.

L’Egregore pulsa faiblement alors qu’il tournait lentement sur ses vrilles de ténèbres.

« Oui », dirent les deux autres sœurs. « Cela s’est passé comme nous l’avions prévu. »

50
LES RENCONTRES DE PENDRAKE

Les Secrets des Druides

Par Edrea Lloryrr (transcrit par Nathan Letsinger)

Cher professeur, j’ai le regret de vous informer que tout ne s’est pas déroulé selon le plan prévu. L’expédition étudiante dans les Bois Scintillants visant à observer les réfugiés trollkin dans leur milieu naturel a échoué d’une manière des plus sanglantes. Plusieurs étudiants sont morts ou disparus, mais j’ai découvert leur funeste sort. J’espère que cette lettre vous trouvera sain et sauf à Corvis, car les étendues sauvages sont désormais infestée de danger épouvantables.

   Tout à commencer lorsque nous avons quitté le Bois du Veuf nimbé de brume et la route du Commerce du Nord pour traverser les territoires du Bois Scintillant. À des lieux de la vie confortable de l’université, les étudiants s’en sont remis à moi afin que je les guide au travers de ces frondaisons étroites et encombrés, jusqu’aux camps des trollkin que nous espérions observer.

   Si je puis me permettre, monsieur, je trouve typique de votre race cette idée que les iosiens seraient des maîtres de la survie en milieu sauvage. Cette suggestion que je partagerais certaines connaissances du simple fait de ma race et non pas de mon expérience est répugnante. Au lieu de les conforter dans cette idée, je leur aie rappelé vos leçons, et, prenant soin d’avoir toujours le soleil dans le dos, nous avons gardé le lointain Mont Shyleth Breen dans notre champ de vision, afin de mieux nous guider vers le Nord-Est, en direction des camps.

   Ce qui s’est produit ensuite m’a complètement pris au dépourvu. L’un des étudiants faisait office d’éclaireur : il s’agissait d’un jeune homme motivé d’à peine dix-huit ans, répondant au nom pittoresque de « Fiersoleil ». Il est revenu vers nous pour nous dire qu’il avait découvert une clairière entourée d’étranges obélisques de pierre : visiblement anciens, ils étaient couverts de runes à l’aspect déconcertant. Les étudiants dépassèrent Fiersoleil témérairement, chacun se précipitant pour contempler cette découverte. Vos mots me revinrent à l’esprit : « Méfiez-vous de tout ce qui paraît ancien, car il y a toujours une raison pour laquelle on ne l’a pas dérangé ». Je me suis également rappelé vos nombreux récits traitant des idiots qui n’avaient prêté attention à ce détail et vos admonestations : « on ne les appelle pas des bornes d’avertissement pour rien ! ».

   J’ai hâté le pas pour les rejoindre, mais il était déjà trop tard : ils s’étaient déjà rassemblés au pied du plus grand obélisque : couvert de mousse, ce dernier surgissait du sol tel un doigt crochu, pointant vers le ciel, accusateur. Soudainement, le piège se déclencha :les frondaisons environnant la clairière se mirent à pousser à une vitesse incroyable : l’herbe s’est mis comme à onduler, formant bientôt un mur impénétrable. Il devenait manifeste que quelque puissante force de la nature venait de nous cloîtrer dans la clairière, tels de poissons dragons dans un tonneau.

   Ce qui s’est produit ensuite à provoquer la panique de tous, moi exceptée, bien entendu. Le Jeune Fiersoleil s’est précipité vers la lisère de la clairière, sans doute désireux d’éprouver ses pouvoirs de sorcier. Avant qu’il n’soit fini son incantation, un éclair acéré de lumière verte explosa à ses pieds, cherchant à rejoindre le ciel. Complètement dénuée d’horreur, je l’observais avec le regard scientifique que vous avez cultivé : j’ai vu l’éclair traverser son corps : il le fit bouillir comme un poisson dans une marmite, sa force le déchiquetant littéralement en mille morceaux. Là où son sang souilla le sol, la végétation forestière explosa de vie, grandissant à vue d’œil. Nous avons d’abord cru que son incantation avait en quelque sorte connue un retour de flamme, mais quelques secondes plus tard, un second étudiant fut frappé par la même lueur diabolique, ce qui suffit à dissiper nos doutes.

   Cela va sans dire, la situation devenait assez alarmante, et j’étais persuadé que nous allions tous mourir. Inexplicablement, les éclairs cessèrent et deux créatures imposantes se frayèrent un chemin vers nous à travers bois. Je les ai reconnus immédiatement grâce à vos descriptions : des Sylves Gardiens. Je n’ai eu que le temps de crier « arrête ! » alors qu’ils se saisissaient des deux étudiants survivants, pour de se précipiter sous le couvert des arbres. Je n’avais d’autres choix que de les suivre, usant de mon don inné pour éviter d’être découverte.

   Leur longues enjambées m’ont rapidement distancée, et je n’ai vu aucune trace de leur passage, en dépit de leur taille et de leur poids. Après un instant de réflexion, je fus en mesure d’utiliser une de mes incantations afin de suivre à la trace le vêtement particulier de l’un des étudiants : j’ai réussi à les pister grâce à ce stratagème. Je survins au beau milieu du plus étrange et déstabilisant des tableaux.

   Assemblées devant moi, se tenaient un certain nombre de silhouettes vêtues de capes noires. Je réalisais alors que je me trouvais en présence de druide, les seuls êtres capables de construire de si puissants gardiens de pierre. Sur le sol, entre eux, reposaient des pierres minutieusement gravées, similaires à celles dont la Sylve Gardien qui se tenait à l’opposé de moi était composé. Des piles de bois élagué, liés entre elles, étaient disposées entre ces pierres. J’aillais être le témoin de la préparation de la cérémonie présidant à la conception d’un gardien. L’un des étudiants capturés avait été relâché ici : emporté par les druides, on l’avait emmené au centre du cercle, tandis que l’un des leur tirait une lame. J’ai réalisé qu’ils avaient l’intention de le sacrifier : son sang était nécessaire pour accomplir le rite.

   Alors que j’en appelais à mes pouvoirs, dans l’intention de les distraire à l’aide de n’importe quelle magie dont je pourrais me servir, d’autres créatures vinrent à mon aide, de manière inespérée. Des formes massives surgirent de sous les arbres et il y eut une série d’explosions assourdissantes, causées par l’utilisation de poudre.

   Il s’agissait d’un groupe de trollkin bien armés, semblable à ceux que nous avions été envoyés observer, et, visiblement, ils avaient leurs propres griefs envers les druides. Je n’ai aucune idée de la manière dont mon étudiant a survécu au choc. De véritables trolls se battaient au côté des trollkin, en une terrifiante vision, mais ils furent envoyés contre les g Sylves Gardiens : pour ma part, j’ai réussi à rester invisible. J’ai réussi à me glisser jusqu’à mon étudiant et à m’emparer de lui, sans me faire remarquer : nous avons alors trouvé un abri derrière un arbre. Les trollkin furent finalement victorieux, et, malgré leur perte, ils avaient poussé les druides survivants à fuir dans la forêt.

   Avec précaution, je me suis fait connaître, et, bien qu’il y eût quelques tensions, je fus en mesure de les convaincre que nous étions des amis : j’ai appris ainsi la situation de la région. Je vous fournirais le détail de cette conversation plus tard, mais les faits pertinents se résument à ceux-ci : les trollkin ont été à plusieurs reprises agressés par les druides et ils ont eu à souffrir de plusieurs enlèvements. Je n’ai réussi à récupérer qu’un seul de mes étudiants. J’ai envoyé le survivant avec ce message, y incluant les notes prises aux cours de mes études.

   J’écris ceci depuis un camp trollkin situé dans le Bois Scintillant mais rien de ce que je vois aussi ne correspond à ce à quoi je m’attendais. En peu de mot, ces bois sont désormais ravagés par les combats. Les natifs du Bois d’Épines et des Landes Noueuses se sont retranchés afin de faire face aux invasions skorne venues de l’est. Plus grave encore, les druides attaquent leur flanc de manière sporadiques mais dévastatrices. Ce n’est pas un endroit pour les freluquets, et je dois admettre éprouver une certaine admiration pour ces trollkin en dépit de leur mode de vie primitif.

   J’espère que vous ne trouverez pas indélicat de ma part d’avoir accepté cette tâche parce qu’elle me rapprochait de mon foyer. Beaucoup de choses ont changé en ce monde depuis que j’ai passé les Portes de Brume vers les royaumes humains. J’ai désiré de plus en plus y retourner afin de rendre visite aux proches et aux amis que j’ai laissé derrière moi. Je n’ai pas l’intention de rester en Ios, et je ne suis pas certaine de l’accueil que je vais y recevoir. Bien que je n’aie pas été exilé, ils n’approuvent pas ceux qui s’aventurent dans les cités des humains et il est bien possible que je sois confronté à une réception glaciale. Je vous écrirai de nouveau quand je le pourrais.

Meilleurs sentiments,

Professeur Agrégé Edrea Lloryr

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