Le sifflet du Sergent Crawley réveilla le camp bien avant l’aube. « On bouge, les Cerbères ! Nous avons une piste brûlante ».
« Toute la compagnie se mit en branle. Il n’y eut pas de grognements ni de bavardages comme d’habitudes lorsqu’ils levaient le camp et se rassemblèrent au sein des unités leurs ayant été assignées. Dans chaque unité, deux hommes portaient une lanterne au lieu de la ramener au chariot d’avitaillement. Harrow attendait déjà pour ouvrir la voie vers la piste qu’il avait découvert.
Les traces de l’étrange warjack suivaient les empreintes de griffes du Massacreur le long d’un chemin de broussailles piétinées et d’arbres marqués. Un peu plus d’un kilomètre dans le sud de l’Octelande, les Cerbères rencontrèrent les conséquences de cette poursuite.
Personne n’eut besoin d’une fusée éclairante de Harrow pour voir la lumière cryxienne fumante s’échappant du corps en ruine du helljack. Sa cheminée avait depuis longtemps cessé de produire de la fumée, et aucune vapeur ne s’élèverait du moteur à la nécrotite froid. Deux lames-scies luisantes dépassait du châssis arrière de l’imposant Massacreur, mais Crawley attira leur attention sur une ligne sinueuse brûlée à travers l’épais fer noir de l’avant du helljack.
« Qu’est-ce qui pourrait faire ce genre de dégâts sur Caen ? »
Sam fronça les sourcils. « J’ai déjà vu des éclairs brûler à ce point, mais pas de façon aussi régulière ».
« En voici une autre », déclara Burns. Il montra une profonde entaille juste sous l’une des articulations de l’épaule du Massacreur. « On dirait un impact, mais il y a la même brûlure profonde ».
Sam laissa tomber une main sur la poignée de son épée. « Si j’étais joueuse, je parierais que ce qui a frappé le Massacreur à cet endroit a donné un sacré choc à son cortex. Il ne semble pas que l’explosion provienne du warjack que nous avons combattu à l’entrepôt.
« Non », dit Crawley. « Cela doit venir de son marshal ».
« Ou du warcaster », rétorqua Sam. « Soyons réalistes, d’après le peu que nous avons vu, il s’agit de quelque chose qui peut voler. Vous ne pouvez-pas dire qu’il n’y a pas de magie là-dedans ».
Personne ne le contredit.
« Ce qui m’intéresse, c’est ce que nous ne voyons pas ici », reprit Lister.
Le bras », acquiesça Sam. « L’autre warjack a poursuivi celui-ci pour récupérer son bras »
Burns siffla. « C’est un sacré warjack, un dur à cuire ».
Crawley désigna Harrow, qui faisait signe depuis un endroit situé cinquante mètres plus au sud. « Il a trouvé quelque chose d’autre ».
La Liche surveillante gisait dans un enchevêtrement, brûlée et abattue par la même arme qui avait aidé à abattre le Massacreur. Deux de ses trois crânes avaient été brisés en éclats d’os. Le troisième regardait fixement le ciel gris
McBride revint en courant après sa rotation d’éclaireur : « J’ai trouvé le warjack. Un quart de kilomètre. Et il n’est pas seul ».
« Avez-vous vu son warcaster ? »
McBride secoua la tête. « Non, mais il se tient dans une sorte de structure métallique éclairée. Il y a un plus petit ‘jack qui a l’air de réparer le grand ».
« Le réparer ? » dit Crawley.
« C’est ce qu’il semble, oui, sergent ».
Sam ordonna que le plein de charbon et d’eau soient fait aux grands gaillards. « Nous laisserons le chariot d’avitaillement ici », dit-elle. « Crawley, demande aux deux autres chariots de nous suivre, en restant à une centaine de verges derrières. Je ne veux pas que notre cible les voie avant que nous soyons prêts à leur faire coucou, mais je veux qu’ils entrent en action dès que nous serons au contact ».
« Oui’s » Il désigna le siège du conducteur du chariot de Gully. « Lisse, bienvenue dans l’encadrement. Ne prends pas tes aises ».
Le grand homme se glissa entre les deux conducteurs, souriant en les serrant entre ses bras. « Ça va être amusant ».
« Éteignez les lanternes », prononça Sam. « Laissez-les dans le chariot ».
À la lumière diffuse de la lune, Sam divisa les Cerbères restants en trois unités. La première comprenait Burns, Dawson, Morris et Fraser. Ils la suivirent tandis qu’elle dirigeait Gully et Foyle dans la direction indiquée par McBride. Lister et Crawley prirent les autres.
« Je veux que vous serriez les flancs, à gaucher et à droite », dit-elle tout à tour en désignant Lister et Crawley. « La cible principale est celle que nous avons déjà vue, mais si le petit tente de s’échapper, arrêtez-le. J’envoie Foyle et Gully plein gaz. Nous savons qu’il ne sert à rien d’essayer de la faire tomber, alors je vais essayer de l’immobiliser. Prenons exemple sur les cryxiens, et éliminons ses bras ».
« Et si le contrôleur se montre ? »
Sam hocha la tête. « Dans ce cas, nous changeons d’objectif. Si nous agissons rapidement, nous aurons le warjack inopérant avant de devoir nous soucier des renforts. D’autres questions ? »
Il n’en eut pas.
« D’accord, Cerbères. Récupérons notre prime et sortons de ce maudit marais ».
Sam ouvrit la marche au milieu. À ses côtés, Gully et Foule aplatissaient les broussailles. Dans le sud, le tonnerre lointain faisait écho à leurs lourds pas. Sam freina Foyle pour permettre aux warjacks d’avancer au même rythme que les autres, juste assez vite pour que les courber les fumées noires s’échappant derrière eux.
Alors que les Cerbères avançaient, un éclair en provenance du sud dessina la silhouette de la colline. Un autre coup de tonnerre retentit, bien plus proche que le précédent. Après avoir cligné des yeux pour éviter l’éblouissement de la foudre, les Cerbères virent ce que McBride avait repéré plus tôt.
La structure se trouvait à une trentaine de verges en contrebas de la crête d’une colline, abritée à l’est, à l’ouest et au sud par des bosquets de frênes et de chênes. La lumière de la structure éclairait les branches et les quelques feuilles restantes des arbres argentés. Deux lueurs mobiles et des rafales d’étincelles occasionnelles ajoutaient un sentiment d’industrie à ce lieu autrement solitaire.
Avec une base ne dépassant pas trois mètres de diamètre, le bâtiment reposait sur une fondation circulaire de ce qui semblait être de l’acier poli. Chaque surface était incrustée d’un métal plus sombre, dont a couleur réelle était masquée par les lumières bleu-blanche. Quatre gracieuses entretoises soutenaient un agencement de poutres bimétalliques qui, à leur tour, soutenaient une étrange coupole à quatre lobes à environs quatre mètres cinquante au-dessus du sol.
Il y avait un autre carré placé à l’intérieur du carré extérieur, décalé de quarante-cinq degrés. Des poutres descendaient des tuyaux de caoutchouc ondulé d’épaisseur variable, de la largeur d’un doigt d’homme à la circonférence de son bras. Les plus gros tuyaux s’ajustaient contre le châssis de gros warjack, le maintenant en place, tandis que les plus petits tubes partant des colonnes de soutien de la structure se connectaient à des ports situés dans l’abdomen du warjack. Les lentilles de verre les plus proches des ports brillaient d’énergie, bourdonnant alors qu’elles semblaient recharger la machine de guerre.
Il ne faisait aucun doute qu’il s’agissait du même warjack que les Cerbères avaient combattu à l’entrepôt d’avitaillement ordique. Les blessures étaient identiques, y compris le bras tranché, maintenant suspendu à des câbles à côté du trou béant de son épaule.
Un autre automate mékanique avança prudemment à travers les colonnes et les tuyaux de ma station et autour du gros warjack. Il se déplaçait sur trois pattes au lieu de quatre, son économie de mouvements ressemblaient plus à un mécanisme qu’à une machine de guerre, chacun de ses membres trouvant soigneusement sa place avant que l’un des autres ne bouge.
Les trois jambes de l’automate convergeaient vers une base en acier. Sous celle-ci pendant l’extrémité inférieure d’une bobine rayonnait d’une énergie blanche-bleue. Sous le socle reposait deux engrenages rotatifs en laiton supportant un cylindre trapu. Insérée dans des plaques de chrome et des lentilles bleues cette section abdominale supportait encore un rotor en laiton. Le tout était surmonté d’une « tête » d’où dépassaient une scie radiale fixe, une petite griffe en acier et le sommet de la bobine de verre formant l’axe de l’automate.
L’automate à trois jambes étendit sa scie pour découper un coin déchiqueté du châssis à l’épaule du warjack lourd. Alors que des étincelles jaillissaient du métal, deux globes de la taille d’un heaume descendit du plafond de la structure.
Elles ressemblaient à de simples sphères chromées flottantes, chacune dotée d’une lentille « oculaire » supérieure et de deux lentilles inférieures et d’une pince attachée par un simple bras à engrenage et piston. Tenant compte d’un ordre invisible, elles saisirent le métal déchiré et le maintinrent fermement pendant que l’automate de réparation cisaillait le métal endommagé.
« McBride n’a remarqué qu’une des petites tout à l’heure », dit Sam. « Descendons-les avant qu’il n’y en ait d’autres ».
Dégainant son épée paralysante, Sam regarda à gauche et à droite. L’obscurité masquait les mouvements de ses unités de flanc, mais elle hocha la tête comme si elle les avait vus – ou comme si elle leur faisait simplement confiance pour être là ou elle les avait dirigés.
« Allez, mes grands gaillards », prononça-t-elle à ses warjacks : « Tout droit au milieu, double cadence ».
Elle courut avec eux. Juste au moment où Foyle approchait sa pleine vitesse, le plus grand automate de réparation sortit de la station de recharge et tourna sa « tête » inhumaine dans leur direction. L’une des sphères flottantes le suivit, serrant sa pince dans un geste nerveux.
« Ils nous ont repérés », déclara Sam. « Chargez! »
Foyle décupla sa vitesse, levant sa lance paralysante haut alors qu’il suivait la pointe de l’épée de Sam en direction de l’automate réparant le warjack. Sam resta plus proche de Gully, qui leva son espadon au-dessus de sa tête et suivit son homologue plus petit.
L’une des sphères flottantes émit un cri d’alerte aigu, et s’agrippa à un pilier proche en simulant la peur humaine. L’autre se mit immédiatement à fuir vers l’est, en émettant des sifflements et des vrombissements d’alarme.
Tenant toujours son épée d’une main, Sam dégaina son long pistolet et visa tout en continuant d’avancer. Elle tira. Des étincelles et du verre brisée jaillirent du serviteur en fuite, faisant taire son alarme et le projetant au sol.
Se fut le seul signal dont l’unité de Crawley avait besoin. Se précipitant hors de la couverture des aulnes, l’unité de Crawley tomba sur le plus grand automate de réparation. Elle vrombit et poussa des cris d’alarme, ressemblant plus à un ‘jack sous l’assaut de soldats professionnels qu’à un orgue pris d’assaut par un enfant curieux. Sa scie fixe s’avança, mais Crawley l’écrasa avec sa pioche, Swire écrasa la bobine saillante alors que l’énergie qui s’en dégageait formait un arc de soudage. Les autres tombèrent sur les jambes de l’automate, brisant les rouages en laiton et écartant les jambes de la base.
Derrière son compagnon abattu, le warjack lourd s’agitait dans son berceau de recharge. À un signal silencieux, les supports cylindriques se retirèrent. Un gémissement de colère du bras-scie s’amplifia tandis qu’il se retournait pour faire face à ses attaquants.
Cette fois, il était trop tard. La lance paralysante de Foyle s’enfonça profondément dans le plastron argenté du warjack. Des éclairs crépitèrent le long de la lance, et le warjack frappé frissonna dans une danse d’électricité. « Gully, brise le bras ! » Sam pointa son épée.
Le grand warjack bondit de tout son poids. Son espadon cisailla les engrenages mécaniques entraînant l’axe de scie dans l’unité d’épaule. Avec un pathétique gémissement de décélération, la fureur montant du lance scie se dissipa.
L’unité de Lister avait déjà intercepté la seconde petite sphère, qui s’était enfuie dans la direction opposée. Avec de féroces mais précis coups, les Cerbères l’abattirent avec leurs pioches. La pointe de la hache de Craig attrapa le « coude » de la sphère et la cloua au sol. Bowie acheva le travail en empalant son châssis sphérique. Avec un pitoyable gémissement, l’automate émit ses dernières protestations.
De retour au berceau de recharge, sur l’ordre de Sam, Foyle retira sa lance et planta à nouveau. Cette fois, la lance creusa un profond sillon dans le châssis chromé du warjack, mais la pointe ne pénétra pas assez profondément pour paralyser la machine. Pourtant, alors que le warjack blessé levait son bras partiellement reconnecté pour frapper, Gully le trancha d’un unique coup.
Même sans bras, le warjack lourd luttait contre les grands gaillards. « Abattez-le ! » leur dit Sam. Ils frappèrent l’ennemi avec leurs boucliers. Sans bras, il n pouvait rien faire de plus que de se tordre et vrombir d’un désespoir impuissant.
« Attendez ! » appela Sam. Lorsque les machines de guerre firent une pause, elle plongea son épée paralysante dans l’abdomen du warjack ennemi. Telle une version plus petite que la lance de Foyle, son épée crépita d’un époustouflant éclair. Le warjack démembré frissonna, ses jambes s’agitant en involontaire danse. Comme par sympathie, la foudre explosa juste au-dessus de la colline, le tonnerre éclatant en même temps que l’éclair. « Très bien, Cerbères, abattez-le ! »
Les trois unités convergèrent vers la warjack tandis que Sam ordonnait aux grands gaillards : « Dehors ! »
Une qu’ils se furent rapprochés avec leurs pioches, les Cerbères surent instinctivement où frapper, brisant les engrenages exposés et bosselant les groupes motopropulseurs au point de les rendre inutilisables. Ils continuèrent jusqu’à ce que les lentilles bleues du warjack clignotent et que Sam s’écrie : « Ça suffit. Maintenant, tenez-le bien ».
« Tu es sûr, Sam ? » demanda Lister.
« Je sais ce que je fais. Ne bougez pas ».
Tandis que les Cerbères coinçaient les membres restants du warjack, Sam plongea sa lame profondément dans le châssis. Sur son signe de tête, Lister s’approcha et retira le métal à l’aide de sa pioche. Après avoir jeté un coup d’oeil à l’intérieur, Sam poignarda à nouveau, élargissant la blessure. Elle recommença trois fois, jusqu’à ce que Lister écarte le métal pour révéler le cortex bleu brillant.
En quelques coups de lame supplémentaires, Sam coupa les connexions. Les dernières lueurs du warjack s’éteignirent, et ses membres s’affaissèrent dans un vrombissement pitoyable. Elle sortit son trophée.
« Voilà qui devrait donner au Vieux de quoi étudier. Chargez le reste de cette chose sur le chariot, ainsi que les autres ».
Il fallut quelques minutes à Lisse et aux conducteurs pour arriver, tant l’assaut avait été rapide. Une fois le chariot tourné, Sam ordonna à Gully et Foyle de faire basculer le corps du warjack ennemi dans le chariot et de le pousser sur plancher renforcer de fer. L’unité de Lister porta le bras tranché de la machine et le souleva par-dessus le côté du chariot pour qu’il rejoigne le corps.
« Ce n’est pas aussi lourd que ça en a l’air », remarqua Lister.
« Il est quand même sacrément lourd, si tu veux mon avis », grogna Burns. « Monsieur ! »
Une fois le gros du travail effectué, Lister et Burns retournèrent chercher les sphères abattues. Sam fit signe à Harrow et, ensemble, ils grimpèrent la colline pour jeter un coup d’oeil au-delà. Quelque part, la ville cygnaréenne de Calbeck se trouvait de l’autre côté du fleuve.
Les restes des Cerbères sécurisa le warjack lourd pour le transport et ajouta les plus petits automates au chargement. Au total, la cargaison était plus lourde que ce que le chariot avait l’habitude de transporter, mais Crawley approuva le travail à contrecœur.
Alors qu’ils achevaient, Lister gravit la colline pour rejoindre Sam et Harrow, mais ils revenaient déjà en courant. « On bouge ! » dit Sam. « On bouge vite ! »
Lister rejoignit Sam et Harrow. « Qu’est-ce qu’il y a ? »
« Warcaster », répondit Sam. « Cette fois, elle a amené des amis.
Les conducteurs des chariots claquèrent les rênes. Lisse se laissa tomber dans le chariot, se retournant pour s’asseoir le dos contre le siège. Il tenait son gros flingue prêt à l’emploi tandis que le reste des chiens courait à côté du chariot qui accélérait.
Ils tournaient la tête à chaque nouvel rayon de l’aube naissante, apercevant parfois leurs poursuivants. Depuis le chariot, Lisse pointa le doigt vers le haut et prononça : « Que Morrow nous préserve ! »
Sept silhouettes ailées s’élevaient au-dessus de la crête de la colline et descendaient vers les Cerbères se retirant.
Celles qui se trouvaient sur les deux flancs semblaient parfaitement identiques : dans l’éclat furtif de l’orage, leurs corps brillaient de chrome et de laiton. Leurs silhouettes toutes en courbes étaient indéniablement féminines, mais elles mesuraient plus de deux mètres de haut et étaient entièrement métalliques, de leurs visages immobiles aux bords acérés de leurs ailes en laiton. Chacune tenait dans une main de tranchantes lames d’acier. Dans l’autre, un lourd gantelet laissait entrevoir un pouvoir inédit.
Leur chef différait dans chaque détail. Ses ailes étaient trois fois plus larges que celles de ses subordonnées, chaque plume étant reliée à son propre système motorisé. Les élégantes lignes de son armure étaient à la fois plus épurées et plus élaborées que les autres, des ailes impériales de sa coiffe jusqu’aux hauts talons de ses bottes étincelantes. Elle tenait un massif bâton, lui-même doté d’un mécanisme se hérissant de la même énergie bleu-blanche que celles que les Cerbères avaient vue à la station de recharge. Pourtant, malgré tous ces traits distinctifs, ce qui distinguait la cheffe de ses serviteurs était l’expressif visage humain sous le casque, la chair humaine exposée au niveau de ses épaules et l’expression de colère humaine dans ses yeux.
« C’
était un ange ! » cria Dawson à Lisse.
« Nous avons ce pour quoi nous sommes venus », hurla Sam. « Il est temps de partir. Allez, allez, allez ! »
Les chevaux furent rattrapés par la panique des humains, hennissant alors qu’ils tiraient la lourde cargaison sur le terrain accidenté. Chaque fois que les roues heurtaient une ornière, Lisse rebondissait d’un côté à l’autre. Le warjack sans bras commença à glisser vers lui. Avec sa bonne jambe, il se poussa dans le coin chariot et se prépara au pire.
Un autre éclair illumina les cieux. Plutôt qu’un coup de tonnerre, un cri lancinant accompagna l’éclat blanc-bleu. Le rayon jaillit du bâton de la warcaster. Là où il toucha l’imposant châssis de Gully, le rayon laissa une ligne chauffée à blanc. Des flammes s’élevèrent là où l’intense chaleur touchait l’huile ou des débris sur la peau métallique du warjack. La blessure passa du blanc au rouge tandis que Gully poursuivait sa route, se laissant distancer par Foyle qui s’approchait du chariot pour lui disputer la tête.
Un éclair bleu-blanc frappa le sol à côté du chariot, recouvrant ses passagers de gazon mouillé et de détritus tout en faisant tomber Burns et McBride au sol. Burns fut le premier à se relever. Il saisit McBride par la ceinture et le remis sur ses pieds. « Cesse de lambiner ! »
Une autre explosion se produisit. Dawson se retourna pour en voir la source. Les éclairs d’énergie jaillissaient des gantelets des anges mécaniques, l’un après l’autre. Ils tombèrent tout autour des Cerbères battant en retraite, les renversant et projetant le chariot d’un côté à l’autre.
Les autres répondirent à l’appel de Sam alors qu’ils s’approchaient de l’endroit où ils avaient laissé les deux autres chariots. Dans la confusion de la tempête, de la pénombre de l’aube et du chaos de la retraite soudaine, les conducteurs et les mékaniciens s’efforçaient de faire demi-tour avant que leurs soldats n’arrivent.
Dawson regarda sur le côté pour voir Morris courir à côté de lui, puis regarda en arrière juste au moment où un autre ange lançait un éclair d’énergie. La terre explosa entre eux, les couvrant tous les deux de fragments enflammés. Ils se regardèrent, incrédules et soulagés d’avoir survécu. Ils continuèrent à courir, frappant les débris brûlant sur leur peau.
Un autre rayon provenant du bâton de la warcaster attrapa Gully en fuite. Cette fois, le faisceau déchira son blindage, faisant exploser ses réservoirs en laiton et étain dans l’avarie, ainsi qu’une longue langue de flamme et de fumée noire. La machine de guerre réussit encore quelque pas avant de s’écraser dans un tas de vapeur, de feu et de fumée.
L’épée de l’ange trancha Morris en deux, des côtes à l’omoplate. Du sang chaud aspergea Dawson au visage tandis que Morris luttait pour respirer, son poumon ouvert béant à travers sa cage thoracique scindée. Il prononça un mot, mais n’en sortit que du sang. Dawson n’eut pas besoin de l’entendre. Il le reconnut à la forme des lèvres de Morris : « Isla ».
« Dawson, sors de là ! » hurla Burns.
Un autre trio d’anges descendait. Elles abattirent leurs épées à l’unisson. Telles les lames d’une charrue, ils se penchèrent pour tracer des sillons.
Une fois de plus, Dawson se jeta à terre. Il se releva plus léger et se retourna un instant, telle un chien courant après sa queue, pour voir ce qu’on lui avait arraché. Ce n’était que son paquetage.
Au-dessus de lui, un autre projectile explosa. Il leva les yeux pour voir le panache crémeux du tir de Burns se détachant des ailes d’un autre ange mécanique. Que ce soit par instinct ou par dessein, leurs ailes se repliaient pour les protéger de chaque projectile approchant.
« Ce n’est pas bon », cria Dawson, « les ailes sont des boucliers ! » Il essaya de courir, se rendit compte qu’il s’était égaré et se retourna, cherchant un signe de sa compagnie. Il se concentra sur le bruit sourd du chariot et courut vers lui.
« Te voilà ! » Burns l’attrapa par le bras et l’entraîna. « Je pensais qu’ils t’avaient eu ».
« Ils ont tué Morris », cria Dawson. « Les anges emploient leurs ailes comme boucliers ».
« OK. Dis-le à Sam. Cours ! »
Ils n’eurent pas beaucoup à courir. Sam était occupé à transformer en avantage l’encombrement des trois chariots qui convergeaient vers le même espace. « Formé un cercle ! Foyle, va à l’arrière. Écrase-les s’ils s’approchent ».
Lister et Crawley répétèrent ses ordres, chacun à sa manière. Tandis que les anges mécaniques et leur maîtresse tournaient au-dessus, les hommes se recroquevillèrent derrière un abri.
« Capitaine », dit Dawson, à moitié essoufflé. « Les anges mécaniques, ils utilisent leurs ailes pour se protéger des tirs ».
Sam secoua la tête, comme si elle ne pouvait pas croire la nouvelle.
« Si c’est vrai, Sam », dit Lister, arrivant par-derrière, « alors notre seul espoir pourrait être de couper et de courir ».
Ils se jetèrent au sol alors que les anges mécaniques déclenchaient une autre volée d’explosions d’énergie. Quelques secondes plus tard, les pilotes plongèrent vers les Cerbères, tranchant avec leurs lames acérées. Un trio d’anges balaya Foyle, qui porta un coup avec sa lance paralysante qui semblait lente comparée à la légèreté des anges. Un autre trio tomba sur deux conducteurs, dont les cadavres éviscérés chutèrent au sol.
Dawson se releva. « Lieutenant, nous avons déjà tant perdu. Gully n’est plus. Morris est mort. Nous ne pouvons pas simplement nous enfuir maintenant. Ils vont nous abattre !
« Ressaisis-toi, soldat ».
« Et le chef ? » demanda Sam. « Est-ce que ses ailes la protègent aussi ? »
« Je ne- » débuta Dawson. « Je parie que non. Ses ailes sont beaucoup plus grandes que les autres. Elle vole différemment aussi. Je ne vois pas comment elle pourrait les déplacer à temps ».
Sam réfléchit à son opinion.
« En plus », ajouta Dawson. « Elle n’est pas comme les autres. Sous cette armure, elle est de chair et de sang. Si nous la blessons, elle pourrait se retirer ».
Sam fit un calcul silencieux et hocha la tête. « D’accord, Dawson. Je vais couvrir ce pari ». Avec un coup d’oeil vers le haut, elle baissa la voix. « Faites passer le message à tous les hommes. La prochaine fois qu’ils s’approchent, la première, la première salve est pour tous ces grands anges. Rechargez rapidement. Si nous parvenons à l’attirer, nous pourrons alors concentrer tous les tirs sur leur chef ».
« Lister, Crawley et Dawson se passèrent le mot à voix basse. Les soldats préparèrent leurs gros flingues, tandis que les conducteurs et les mékaniciens dégainèrent les pistolets qu’ils portaient sur eux en cas d’urgence ou de cheval boiteux. « Deuxième salve, tous sur le chef », rappela Dawson à l’un des conducteurs.
Le tonnerre se fit entendre, mais pas en provenance du sud. Cette fois, le grondement venait de l’est, et il fut suivi par éclair.
« Oh, merde ! » s’écria Burns. « Ils nous ont encerclés ».
Sam pencha la tête, écoutant. Levant les yeux pou s’assurer qu’aucun ange n’était prêt à lui tomber dessus, elle saut sur le chariot d’avitaillement, et se tint droite, scrutant l’ouest à la recherche d’un signe de ce qui approchait.
Le bruit du tonnerre se transforma en grondement de sabots de chevaux. Une demi-douzaine d’hommes montés se dirigeaient vers les chariots des Cerbères. Devant eux se trouvaient une bannière cygnaréenne.
« Sam, descends ! » hurla Crawley.
Sans s’arrêter de regarder, Sam se pencha en avant, tombant du chariot et s’écrasant sur le sol. Un trio d’anges mécaniques passa devant l’espace qu’elle venait d’occuper, leurs épées tranchant des morceaux des panneaux du chariot.
Leur chef plongea l’instant d’après, son bâton rayonnant frappant le siège du conducteur avant de se retirer ?
Sam secoua la tête « On dirait qu’elle et moi avons eu la même idée.
« Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? » demanda Crawley.
« Même plan, mais cette fois on sait qu’elle arrive. Tous tirent sur le chef ».
« Comment peux-tu être sûr qu’elle reviendra ? »
« Je vais lui donner une raison ».
Sam remonta sur le chariot, se redressa et braqua son canon à main. Alors que Crawley et Lister lui beuglaient de sauter, elle attendit que les anges descendent. Elle pointa son canon sur le trio, s’abaissant à demi accroupie, stabilisant la crosse de son pistolet avec sa main gauche. Alors qu’elles arrivaient à portée, Sam plia les genoux et bondit en arrière, se tournant pour faire face à la direction opposée.
La warcaster se dirigea directement vers Sam, son bâton débordant déjà d’énergie. Sam tira alors qu’elle retombait à l’abri entre les chariots.
Le grondement des gros flingues assourdit les Cerbères. Les projectiles ricochèrent à quelques pas du warcaster, déviées par une invisible énergie protégeant son corps. Malgré la défense, ses ailes se replièrent sous l’impact, son corps armuré s’écartant de la trajectoire prévue.
À proximité, les anges mécaniques poussèrent des cris métalliques à la vue de leur chef tombant du ciel. Ils plongèrent vers elle.
Avant qu’ils n’arrivent, la warcaster ailée se redressa d’un bond pour se percher – comme Sam l’avait fait l’instant d’avant – sur le bord du chariot d’avitaillement. Elle secoua ses ailes repliées comme une cape et regarda Sam avec des yeux bleus glacés. Puis, d’un air surpris, elle se toucha la joue et regarda le sang sur ses doigts.
Sam fixa son adversaire, tandis qu’autour d’elle, les Cerbères rechargeaient leurs gros flingues et leurs pistolets.
La warcaster leva les yeux au ciel lorsque la cavalerie cygnaréenne arriva. À leur tête se trouvait un homme aux cheveux blancs vêtu d’une armure bleue et or. Il maniait lui aussi un bâton, mais au lieu de l’étrange éclat de l’ange, le sien crépitait d’éclairs.
La warcaster ailée sauta du chariot, prenant son envol alors même que les Cerbères visaient. Avant que quiconque puisse mirer, les anges mécaniques s’approchèrent pour la protéger de leurs ailes. Ensemble, ils s’envolèrent vers le sud, dépassant la colline solitaire et s’enfoncèrent dans l’obscurité de la tempête.
L’un après l’autre, les Cerbères se levèrent pour examiner leur environnement.
« Occupez-vous de ces feux », grogna Crawley, attrapant un seau de sable et ouvrant la voie vers le coin enflammé du chariot d’avitaillement.
Sans un mot, Dawson partit dans la direction opposée. Lisse se redressa sur sa béquille et commença à le suivre, mais Harrow secoua la tête. Ensemble, ils regardèrent Dawson s’agenouiller près du corps de Morris. Ils virent qu’il parlait au mort, mais ne purent entendre les paroles. Lorsque Dawson eut terminé, il retira trois médaillons du cou de Morris et les plaça autour du sien.
Les cavaliers prirent des positions offensives autour du triangle de chariots, mais leur chef descendit de cheval et se dirigea directement vers Sam. Sans préambule, il dit : « J’ai reçu votre message ».
« Nos efforts nous permettent de vous montrer plus que depuis je l’ai envoyé », déclara Sam.
« Bon timing, Vieux », déclara Burns. « Vous êtes arrivé juste à temps pour nous voir terminer le travail sans aucune aide ».
Les sourcils blancs de l’homme se levèrent, mais au lieu de répondre à Burns, il se tourna vers Sam. « Est-ce celui qui a acheté la moitié d’un cheval qui parle ? »
D’une main, Sam étouffa un rire. « Caporal ‘Pare-balles’Burns, Général Artificier Nem o ».
Nemo regarda le trou de balle dans le casque de Burns. « Un trou dans le crâne et il est de retour sur le terrain ? C’est merveilleux ce qu’ils peuvent faire avec des blessures à la tête de nos jours ».
« Il ne faut jamais sous-estimer la détermination d’un Cerbère ». Sam ne jugea pas nécessaire de préciser comment Burns avait mérité le trou de balle. « Venez voir ce que leur sacrifice vous a apporté. Vos récompenses sont un peu plus abîmées, mais nous les avons ».
Le capitaine conduisit Nemo au chariot et lui montra le warjack démembré et les automates qui l’accompagnaient. Nemo souleva le serviteur sphérique et regarda dans sa lentille morte. Il passa un doigt dans l’orifice du projectile l’ayant fait chuter et lança un regard triste à Burns.
« Bravo, Sam. Je serai plus qu’heureux de signer ce bonus dont nous avons discuté ».
« Ne parlez pas trop vite », dit-elle. « J’ai autre chose à vous montrer ».
Elle le conduisit jusqu’au sommet de la colline, juste au moment où l’aube perçait les nuages gris. Sam fit signe à Nemo de la rejoindre au bord d’une proéminence surplombant le fleuve. Là, ils contemplèrent la Langue du Dragon. Là, ils observèrent de l’autre côté de la Langue du Dragon, le spectacle qui l’avait tellement effrayée alors qu’ils se préparaient à déplacer les chariots.
Au loin, ils aperçurent une ville riveraine grouillante d’activité dans le halo bleu-blanc. Sam regarda Nemo alors qu’il examinait la scène qu’elle avait déjà vue.
Les formes mécaniques étaient partout, mais sans l’échappement de vapeur révélateur caractéristique produit par un travail mékanique. L’étrange lumière émanant de leurs casques, et de diverses autres ouvertures, révélait leur nature inhumaine.
Celles qui gardaient les rues extérieures de la ville portaient de lourdes masses et des boucliers, illuminés de la même manière par les étranges énergies communes aux warjacks et aux « anges » que les Cerbères avaient vaincus. Les boucliers étaient particulièrement curieux, leur conception en croissant suggérant un but inconnu. Derrière ces défenseurs se tenaient des rangs de hallebardiers, leurs silhouettes n’étaient pas moins féminines en raison de leur édification en acier.
D’autre formes mécaniques – des hommes cette fois – patrouillaient dans les zones intérieures de la ville de Calbeck. Elles ne portaient pas d’armes distinctes, mais marchaient le poing levé, l’un renforcé d’une lourde lame perforante, l’autre hérissé de canons. Aux intersections des rues les plus grandes, des plus petits warjacks à trois jambes et de plus grands à quatre jambes montaient la garde.
Un nouveau bâtiment s’élevait au-dessus de tout cela, étendant es quatre vastes jambes arquées pour toucher les quatre coins de la ville. Bien plus grande que la station de recharge, c’était une tour de laiton, d’acier et de verre, imprégnée de l’étrange lumière bleu-blanc alimentant toutes leurs machines. Quatre pétales s’ouvraient autour d’un énorme orbe gris au sommet de la structure. Les élégantes lignes de la tour exprimaient autant l’art que l’efficacité, pointant vers le ciel telle la cathédrale d’un dieu extraterrestre.
Sous les yeux de Sebastian Nemo, la warcaster volante et ses anges mécaniques virent se poser au sommet de la tour inachevée. La warcaster se tourna pour regarder en arrière vers la rive ordique. Ses yeux se tournèrent directement vers la colline sur laquelle Sam et Nemo se tenaient.
Le Général Artificier baissa sa longue-vue. « Qu’est-ce que tu m’as apporté, Sam ? »
« Certains garçons s’inquiétaient que tu nous aies envoyés à la chasse au gobber ».
Nemo lui jeta un regard dur, mais son expression s’adoucit. « Je ne pensais pas que vous m’apporteriez un dragon ! Mais vous, Capitaine Samantha MacHorne, vous m’avez amenée directement dans l’antre du dragon ».
« En gardant cela à l’esprit, et compte tenu des difficultés que nous avons rencontrées, je manquerais à mon devoir envers les garçons, et les hommes, si je ne suggérais pas qu’un bonus supplémentaire soit de mise ».
Jetant un coup d’oeil de l’autre côté du fleuve, en direction de Calbeck occupée, Nemo hocha lentement la tête. « Je vais réviser votre lettre de crédit en conséquence ».
« Vous voulez qu’on vous escorte quelque part ? »
« Non », répondit Nemo. « J’enverrai un messager pour amener le reste de mes forces ici. Je ne sais pas ce que ce nouvel ennemi de l’autre côté du fleuve à l’intention de faire là-bas, mais tu peux parier que je vais le découvrir ».
* * *
Dawson compta les pièces avant de signer deux copies du reçu. L’employé de la banque les contresigna tous les deux et en remit un à Dawson, ainsi qu’une bourse en peau de veau. « Avec la courtoisie de l’établissement, Soldat Dawson. C’est toujours un plaisir de faire affaire avec les Cerbères ».
« Au moins quand nous avons les poches pleines grâce à un nouveau contrat, n’est-ce pas ? »
« Je vous assure, monsieur- »
Dawson lui fit un clin d’oeil. « Je plaisante. Quand commencera-t-elle à recevoir l’argent ? »
« Le prochain coursier arrivera à Carre Dova dans deux jours. La jeune Isla devrait recevoir la paiement le lendemain ».
« Et le médaillon ? »
« Oui, soldat, et le médaillon. Le récépissé de livraison devrait nous parvenir dans une semaine environ ». L’employé hocha la tête, impatient de s’attirer les faveurs d’un nouveau client. Dawson s’éloigna, souriant en secouant la tête.
En quittant la banque, il aperçut une trollkin familière vendant des poulets rôtis au bout d’un bâton qu’elle tenait en bandoulière. Dawson lui fit signe de s’approcher et leva un doigt. Lorsqu’il vit un cul-de-jatte se frayer un chemin sur la promenade en s’agrippant à une paire de blocs, il modifia sa commande par deux, et remit le second au mendiant.
Le mendiant lui dit ; « Je vous connais ? »
Dawson haussa les épaules et déposa une poignée de pièces dans la poche de l’homme. « Achète-toi quelque chose à boire ».
Alors que Dawson s’éloignait, le mendiant l’interpella. « J’aime ta nouvelle veste, Cerbère », dit-il. « Je me souviens de toi maintenant ».
Dawson arracha un pilon et lui fit un signe au revoir avec.
En tournant le coin de la rue, il faillit entrer en collision avec Bowie, qui arrivait de la rue transversale. « Te voilà, Dawson ! Sam veut que tous les garçons reviennent à l’entrepôt pour le premier briefing ».
« Oh, allez », se plaignit Dawson. « J’aimerais qu’elle choisisse quelqu’un d’autre pour aller chercher les garçons cette fois-ci. Je viens juste d’acheter mon dîner ».
« Elle ne t’envoie pas », déclara Bowie en le dépassant pour se diriger vers le Marché de la Rouille. « C’est moi qu’elle envoie ».