Auteur Sujet: Nq 71 - Renaissance  (Lu 3638 fois)

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Hors ligne elric

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Nq 71 - Renaissance
« le: 26 mars 2017 à 23:07:58 »
RENAISSANCE

Par Douglas Seacat

Le Fanum de Scyrah à Shyrr, 4575
L’éveil était déconcertant. Dormir pour elle, ce n’était pas comme son peuple; ni ses rêves comme les leurs. Le sommeil qui était son existence n’était pas l’inconscience – c’était plutôt un rapport profond avec les terres qu’ils avaient réservés pour ses enfants adoptifs. Son esprit avait été propulsé vers l’extérieur tel un tulle sur la terre.

Elle avait observé de loin leur rassemblement semblable à des fourmis inquiètes et essaimant en de multiples points de conflits, essayant de repousser les skorne. Elle avait touché chacun d’eux pendant qu’ils luttaient, prêtant force et inspiration et témoignant de leurs derniers moments. Chacun était un sacrifice fait en son nom. Elle sentait la lumière s’éteindre comme un éclat d’un chagrin infini – la fin non seulement d’une vie, mais d’une lignée. Chaque lumière était si facilement soufflée, disparaissant d’un simple coup ou tir. Elle recueillit tendrement les petites lueurs au fur et à mesure qu’elles s’évanouissaient, enveloppant chacune d’elles de la protection dont elle pouvait disposer, leurs accordant un moment de tranquillité avant qu’elles ne passent toutes vers le Veld, où les ténèbres rodaient.

Le réveil a forcé une plus vaste partie de sa conscience à réintégrer sa chair vivante et divine. Ce qui avait été fragmenté en milliers de tâches commencèrent à se rassembler. Elle du se réorienter. Des paroles sonores chantaient et résonnaient des murs sacrés, comme de puissante volontés exploitant une énergie qui ne leur appartenait pas.

L’injustice et la corruption l’entouraient. Des choses contre nature s’étaient immiscés dans sa chambre, et il lui fallut un moment pour s’unir avec son corps physique pour comprendre la scène. Ses gardiens Chevaliers du Fanum [Fane Knights] étaient étendus, massacrés, l’un près de son cercueil de pierre, son armure luisante teintée de rouge. Un fragment de son esprit en était déjà conscient, avait recueilli son âme, avait apaisé son regret. Non loin de son cercueil reposait le caveau de son frère, fendu et descellé, sa glace partiellement fondue. Elle s’était déjà levée, et avait défié les intrus. Des mots fâcheux avaient été échangés. C’était plusieurs battements de cœur avant que sa plus grande conscience ait su ce qui avait été dit.

Une assemblée d’eldritch les avaient confrontés, celle connue de son frère. Le meneur brandissait Voass, l’épée de Nyssor, qui lui avait été volée, pas maintenant, mais des années bien avant. Elle lutta pour distinguer à partir de cet instant. Le flux du temps engluait son éveil d’une manière qu’elle trouvait désagréable.

Chaque intrus lui fut connu en un instant, leurs passés mis à nu. Ce n’est pas leur chef qu’elle a regardé en premier. Ses yeux se posèrent plutôt sur celui qui avait mené le rituel – une antique créature qui était morte depuis bien plus longtemps qu’elle n’avait été vivante. Il s’appelait Tyros, avait été un auricant de son vivant. Comme les autres, il avait choisi le blasphème au lieu de la mort. Une petite parcelle de son essence demeurait, un écho des dons transmis lors du premier acte de la création par Lacyr, que Tyros avait autrefois servis comme prêtre. En pensant à son nom, elle se rappelait avec une douleur vive les derniers moments de sa sœur -mère, la première à échouer au seuil, à défaillir et à dépérir. Son noble héritage avait été réduit à cela.

Le temps se figea. Elle a regardé l’ancienne abomination. Tyrios était imprégné de vilenie, envahi de la puanteur d’égocentrisme narcissique, pris au piège dans un crâne qui aurait dû être changé en poussière. Depuis longtemps, il avait amassé le pouvoir volé, maîtrisé les arts occultes. Des runes entourent sa forme, vestiges de son rituel. La lueur froide de ses yeux desséchés s’obscurcit d’incertitude alors qu’elle le regardait avec une intense fureur. Il réalisa qu’il n’était pas invincible et ressenti l’effroi pour la première fois en mille ans. Il faisait face au courroux d’une déesse en colère.

Elle fit un geste brusque, comme pour écarter un insecte. Toute cette magie invoquée fut balayée par un vent froid. Les liens de la volonté qui maintenait son essence unie se dissipèrent et durent défait. Pour toi Lyliss, pensa-t-elle, une prière par sa sœur disparue. L’antique eldritch s’effondra en une fine poussière grise, et le feu glacial englouti son âme verte hurlante, fuyant par le toit du fanum. Elle l’observa avec une satisfaction sardonique.

Puis elle se sentit fatiguée. Chaque action avait un coût. Elle se tourna vers les autres et réfléchit à leur accorder le même sort. Ça lui coûterait trop cher. Elle sentait le regard glacé de Nyssor tandis qu’il éveillait lentement son propre esprit de son état congelé. Par sa propre force déclinante, tous sauf un intrus disparurent. Leurs formes étaient intactes, contrairement à Tyrios, mais bannies de la source de pouvoir à Everseal, où son frère Nyrro avait jadis vécu, un frère maintenant au-delà du blasphème.

Pourtant, il restait un eldritch. Pourquoi? Scyrah s’en étonna, mais était consciente que l’esprit de Nyssor était trop fragile pour supporter une communion mentale avec elle.

À la place, elle se tourna vers l’eldritch, Goreshade, il fut appelé. Non. Ghyrrshyld, c’était son nom. Un malheureux. Le leader arrogant qui avait ravagé l’Ios, de mémoire récente. Il était imprégné de corruption et de folie alors que ses yeux le regardaient, provocants. Elle se souvenait de sa naissance, de la joie dans le coeur de sa mère. Elle le regardait jeter un enfant sans-âme [soulless] sur les marches de la Cour Consulaire [Consulate Cour]. Un enfant qui aurait pu mourir des décennies plus tard, pour empêcher la mort de la noble Maison Eyvreyn qui aurait trouvé un secret que les Questeurs [Seekers] avait longtemps cherché. Elle vit Ghyrrshyld fuir vers Eversael, saignant d’une blessure mortelle. Elle vit son cœur noircir quand il choisit d’échapper à la mort, en acceptant le sacrement blasphématoire de Tyrios.

Sur son front se trouvait une marque – un sceau forgé par Nyssor. En un instant, elle eut toutes réponses à ses questions au milieu de son élégante complexité. C’était une malédiction, un avertissement, et plus encore. Sous sa silhouette chatoyante et tortueuse se trouvait l’adresse et l’astuce possédées uniquement par le Sage Glacé [Frozen Sage], le Grand Artisant [Grand Crafter], et l’Architecte du Palais de Lyoss [Architect of the Palace of Lyoss] dans le Veld. Davantage d’éléments de son esprit se réunirent à la vue, provenant de loin, une conscience regroupée de tout ce qu’elle était et avait été.

Goreshade prononça des paroles provocatrices et une partie d’elle répondit. La majeure partie de son attention demeurant concentrée sur la marque. Nyssor avait remarqué quelque chose dans cet être, avait laissé le sceau en vue de sa probable propre destruction. Elle exigeait qu’elle fouille dans son être. D’anciens voiles de noirceur et de perfidie, d’anciennes marques laissées par le meurtre d’innombrables innocents. Là, elle découvrit le siège de sa volonté – un minuscule mais brillant diamant.

Autour d’eux, par-delà ces murs, son peuple combattait et mourrait. Elle n’avait pas la force de les sauver. Nyssor pas plus. Goreshade espérait, en tuant ses dieux, libérer leur divinité et réaliser ce salut. Il les maudirait tous, pour devenir ce qu’il était, pour supporter une existence qui était une atrocité enfermée dans des os froids et des tendons rigides. Son esprit avait été brisé par la mort.

Nyssor avait trouvé au sein de cet être souillé quelque chose d’unique, une marque à la fois belle et effroyable. Il pouvait réaliser ce que les dieux ne pouvaient faire. Seule la vie pouvait le changer. Il devait renaître en être de chair. Pas comme ce qu’il avait été, mais comme quelque chose qui avait préservé ses ténèbres aussi bien que la lumière. Tout cela était dans la marque de Nyssor. Elle jaugea quelle devait se sacrifier, comment il hâterait son extinction. Elle sentait son frère offrir sa force, le peu qui lui restait. Elle inclina la tête.

«Je te pardonne», dit-elle à l’eldritch et laissa éclore son pouvoir dans l’enveloppe desséchée de cet être.
Elle pria les enfants de Lacyr, qui lui avaient été confiés, leur demandant de le pardonner aussi.
« Modifié: 27 mars 2017 à 18:52:28 par elric »
Citation de: Maître Yoda
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Re : Nq 71 - Renaissance
« Réponse #1 le: 27 mars 2017 à 18:53:24 »
Traduction complète.
Bonne lecture
Citation de: Maître Yoda
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Hors ligne Yvain

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Re : Nq 71 - Renaissance
« Réponse #2 le: 27 mars 2017 à 20:56:54 »
Merci pour la traduction.
Texte très intéressant, bien qu'un peu expédié: Bonjour je suis Goreshade, j'ai tué des bébés, déclenché une guerre civile, massacré mes concitoyens, j'ai suivi des rituels impies pour me transformer en Mortvivants, comploté avec une nation ennemie, tenté de tuer les derniers dieux de mon peuple. Mais je suis pardonné en 5 min.

Cependant ce texte révèle deux énigmes sur le devenir de certains dieux :

"les derniers moments de sa sœur -mère, la première à échouer au seuil, à défaillir et à dépérir": le seuil (threshold) de quoi ? de Urcaen (the veld)

"où son frère Nyrro avait jadis vécu, un frère maintenant au-delà du blasphème.": Donc Nyrro a trahis le reste des dieux elfes, ce serait la cause du rivening ?


Tu as l'intention de faire aussi la traduction des articles sur ZU ? Sinon je peux faire un résumé demain.




Hors ligne Raistlin

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Re : Nq 71 - Renaissance
« Réponse #3 le: 28 mars 2017 à 11:22:29 »
Très bon boulot de traduction et effectivement le texte est très intéressant.
J'espère qu'il y aura plu de développement dans le command book scyrah mais vu la qualité de ceux sortis jusqu'à présent, j'ai un doute.
Reap mortals what they sow.

Hors ligne Titi

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Re : Nq 71 - Renaissance
« Réponse #4 le: 28 mars 2017 à 12:05:59 »
Merci pour la traduction ! :)
Espérons que tout ceci va bien être exploité par PP pour redonner une véritable densité au fluff !
"Bon bin, plus qu'à attendre de voir à quoi va ressembler le futur Cygnar..."

Hors ligne elric

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Re : Nq 71 - Renaissance
« Réponse #5 le: 02 avril 2017 à 17:24:41 »
Hello,
Pour ma part, c'est ce passage qui me fait tiquer.
Citer
c’était plutôt un rapport profond avec les terres qu’ils avaient réservés pour ses enfants adoptifs.
Pourquoi parler d'enfants adoptifs quand on sait que ces dieux ont créé les elfes.
Citation de: Maître Yoda
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