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[Nouvelle] L'art de la noblesse

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Gary Bobo:
   Salut à tous et à toutes ! Ça fait un moment que je n'ai pas posté de texte ici, il faut vraiment que je me force à être plus régulier. Enfin bref ! Je vous propose la suite des aventures du vieux mercenaires Mordecai dans la capitale Llaelaise ! Pour éviter l'effet pavé, je vais diviser le texte en plusieurs parties et voici la première !
   Bonne lecture et surtout n'hésitez pas à me donner votre avis !



   Un vrai lien d’amitié se crée entre Mordecai et Borok, et c’est avec joie (lorsqu’ils obtinrent leurs parts sur la vente de la cargaison de Bolden Keller), qu’ils dilapidèrent leurs écus en boissons, jeux et bonnes compagnies. En deux mois à peine, le besoin de retrouver du travail se fit sentir. Borok, lassé de ses aventures, préféra rentrer chez lui en Rhul. Mordecai, que les tables de jeux ont laissé endetté, se fit engager dans la garde personnelle d’un bourgeois de Merywyn nommé Clancy di Morosini. Le vieux mercenaire se fit très vite remarquer grâce à son expérience du combat et ses talents martiaux et se retrouva « Capitaine » de la petite garde privée du bourgeois.


-       Et là, je profite qu’il soit à terre pour lui envoyer un bon coup de hache directement dans le cortex ! ajouta Solovei d’un ton enjoué.
   L’ancien soldat Kharde aimait raconter ses aventures. Il y ajoutait parfois quelques fioritures, mais elles n’étaient jamais déformées ou exagérées, et c’est ce qui avait plu à Mordecai lorsqu’ils avaient fait connaissance. Le vieux mercenaire avait toujours apprécié les bonnes histoires et l’affrontement du Kharde avec un Ironclad avait été particulièrement trépidant.
-       Excellent ! dit Mordecai, enthousiaste. J’avoue que tu m’impressionnes gamin, mais tu as encore pas mal de boulot avant de m’égaler !
-       Ah ouais l’ancêtre ? Peut-être veux-tu que l’on règle ça dehors ? répondit Solovei sur le ton de la plaisanterie.
   Tout deux éclatèrent de rire. L’ancien soldat Kharde leva son verre, Mordecai sa pipe, tout en soufflant de longs nuages gris. Le vieux mercenaire pensait avoir encore le dessus sur le jeune soldat, s’imaginant reverser la table entre eux, dégainant ses armes et croisant le fer au milieu des lits et cantines du dortoir des gardes.
   Ils entendirent le bruit des roues sur le gravier, et le cocher qui stoppait ses chevaux. Une voix puissante se fit alors entendre, maugréant des paroles trop éloignées pour être comprises. Cela, ils le savaient, était le signe que le travail allait reprendre.
   Solovei vida son verre d’un trait, son nez aquilin disparaissant dans son boc. Lorsqu’il le reposa sur la table, Mordecai s’aperçu que de fines gouttes d’alcool ambré perlait sur sa moustache noire qui commençait tout juste à grisonner.
   Peu après, la porte du dortoir s’ouvrit et un homme entra dans le dortoir. Comme Mordecai et Solovei, il portait une cotte de mailles sous une armure de cuir souple, par-dessus laquelle il revêtait un tabard vert foncé, que leur employeur, comme beaucoup d’autres bourgeois, avait fait faire pour se rapprocher de la noblesse. Des jambières et des bottes de cuir venaient compléter la tenue, ainsi qu’un casque d’acier. Le tulwar qui pendait à sa ceinture révélait clairement ses origines orientales.
   Le capitaine fixa le jeune Idrien, dont les traits fins semblaient légèrement crispés, les lèvres pincées. Son long nez était masqué par son casque, mais le vieux mercenaire voyait briller son regard vert posé sur lui.
-       Alors ? Comment ça c’est passé ? lança Solovei à Farhan.
-       Forcément mal vu ce qu’on vient d’entendre, commenta Mordecai.
-       De la pire manière possible, soupira l’Idrien. J’ai emmené Clancy chez la Duchesse Canice del Viscario. Il a absolument voulu participer à la réception sans invitation. Ce fut un calvaire pour le convaincre de repartir, les gardes lui ont refusé l’entrée et la Duchesse l’a même ouvertement ignoré ! Du coup je crois qu’il va péter quelques assiettes ce soir.
   Cette dernière remarque fit rire les deux autres, qui se remémoraient avec délectation l’état farcesque dans lequel Clancy di Morosini, leur employeur, pouvait se mettre lorsqu’il piquait une crise.
-       Vraiment pas de quoi rire ! J’ai passé une journée de chiotte ! protesta Farhan.
-       Désolé gamin, dit alors le vieux Capitaine qui continuait malgré tout de rire.
   Irrité, le jeune Idrien jeta son casque sur sa couche et alla se débarbouiller à l’aide d’une cuvette emplie d’eau claire, tandis que Mordecai et Solovei riaient et racontaient l’épisode du mouchoir maculé.
-       Le seigneur Morosini souhaite vous voir immédiatement Capitaine, dit soudain une voix flutée.
   Les rires cessèrent, Mordecai ne répondit pas tout de suite. Surpris par l’irruption de la jeune servante qui venait d’entrer dans le dortoir, il la regarda incrédule. Son visage était inexpressif, atténuant sa beauté juvénile encadrée par de magnifiques cheveux blonds nouées.
-       J’arrive Elie.
   Le vieux Capitaine prit son casque dans le coffre au pied de son lit, le mit et se dirigea vers la servante qui l’invita à le suivre.

***
   Ils traversèrent un couloir, puis montèrent un escalier de pierre qui déboucha dans le hall de la demeure. Toujours sur les pas de la servante, Mordecai emprunta l’escalier principal recouvert d’un sublime tapis rouge et or.
   Elie était presque encore une enfant lorsqu’elle avait été engagée il y a de cela des années par Clancy. C’était une orpheline qui se cachait derrière un visage froid pour se protéger des autres. Quand il entra au service trois mois auparavant, Mordecai s’attacha rapidement à elle et lui évita de nombreux ennuis avec des ivrognes un peu trop insistants.
   La jeune servante le guida vers une petite porte qui, Mordecai le savait, menait au petit salon où Clancy aimait s’isoler. La servante toqua. Lorsqu’un « entrez » retentit de l’autre côté, elle fit entrer le Capitaine avant de s’éclipser.
   Le petit salon était une pièce richement décorée, comme le reste de la demeure de Clancy di Morosini. Le parquet lisse et brillant reflétait les dizaines de flammes qui dansaient doucement sur les chandeliers et le lustre. Des divans et des fauteuils brodés d’or étaient disposés un peu partout, quelques guéridons exhibaient des vases et autres statuettes. De nombreuses toiles étaient accrochées aux murs, certaines représentant des paysages, d’autres des scènes.
   Clancy faisait face à l’une des fenêtres dont la vue donnait sur le jardin. Le soleil se couchait, teintant la pièce d’une lueur rouge-orangée. Mordecai apercevait les innombrables flèches de Merywyn.
   Le bourgeois se tenait droit comme un i, les mains jointent dans le dos. Il portait une robe bleue brodée d’argent et ornée de perles.
   Le silence se prolongea de longues minutes durant lesquelles Mordecai attendit sans dire mot. Il savait que le bourgeois tentait de contenir sa colère et que le moindre mot le ferait hurler. Soudain, Clancy laissa exploser sa rage, et envoya valdinguer un vase proche.
-       La Duchesse m’a refusé l’entrée ! hurla-t-il plein de rage. Par ma naissance, par mon sang je fais parti de cette noblesse dont elle m’a refusé la compagnie ! il se tourna vers Mordecai, ses mains gesticulant, ses yeux le fixant comme si c’était lui qu’il fallait convaincre.
   Le visage du bourgeois était dénaturé par la colère, son nez court retroussé comme s’il percevait un tas de fumier proche, ses lèvres minces déformées en un rictus. Sa robe voltigeait autour de lui, au rythme de ses mouvements incessants, faisant face tour à tour au Capitaine et à la fenêtre, comme s’il pu apercevoir la Duchesse de là.
-       Cette position de bourgeois, de misérable marchand n’est qu’un moyen pour permettre au nom de ma famille de retrouver sa gloire, son prestige. Je suis noble de sang ! Et quelle preuve Madame la Duchesse ? demanda-t-il dans le vide. Quelle preuve Capitaine ? interrogeant soudainement Mordecai, comme s’il se souvenait tout à coup de son existence.
   Mordecai cacha sa surprise et répondit du tac au tac :
-       La particule mon seigneur.
-       Exactement ! cria-t-il satisfait de la réponse. Elle est le symbole du prestige aristocratique de ma famille, celle des di Morosini !
   Son calme revenant, Clancy repris sa stature fière face à la fenêtre. Son visage rouge de colère reprenait peu à peu sa pâleur.
-       J’ai besoin de me distraire, Capitaine, peut-être même de me défouler. Ce soir nous allons à la réception de Boudewyn. Faites préparer le carrosse. Prévenez également Solovei et Farhan, ils viennent avec nous.

***
   La demeure de Garrick Boudewyn était immense et d’un luxe rare. Le principal usurier de Merywyn s’était fait bâtir une luxueuse habitation en plein centre des quartiers chics, dont la terrasse donnait sur un immense jardin orné de fleurs et d’arbres exotiques, ainsi que de sublimes fontaines de marbre.
   Les nombreux convives formaient de petits groupes qui bavassaient, pendant que des serviteurs en livrés allaient et venaient de la terrasse au jardin avec de grands plateaux d’argent garnis de mets et de coupes. Les bourgeois et les aristocrates qui composaient les convives faisaient presque tous partis de la clientèle soigneusement accumulée de Garrick. Tous lui devaient de l’argent ; il disposait ainsi d’une influence non négligeable dans la sphère aristocratique. Ce dernier détail n’était pas sans agacer Clancy, qui le jalousait. Le vin avait un goût aigre dans sa bouche, et il se débarrassa bien vite de sa coupe.
   Clancy discutait de politique et de la famille royale avec un petit groupe, tandis que derrière lui Mordecai se tenait en retrait, la main sur son sabre.
   Le bourgeois se désintéressa soudain de la conversation et se dirigea vers un groupe plus petit. Mordecai suivit. Clancy marcha à grand pas vers Garrick Boudewyn et la Duchesse Canice del Viscario en grande conversation. Garrick était un homme large d’épaules et de ventre. Sur son visage bruni par le soleil, on comprenait qu’il avait travaillé toute sa vie pour parvenir à ce statut. On voyait par sa barbe noire bien taillée et l’assortiment de ses chausses à son pourpoint bleu que l’homme prenait soin de son apparence. Il portait un chapeau de même couleur pour cacher ses cheveux épars. La Duchesse, d’une extrême beauté, portait une robe verte brodée d’or et de perles.
   Lorsqu’il fut arrivé à leur hauteur, il s’adressa à la Duchesse :
-       Bonsoir votre Grâce, dit-il en tendant sa main pour baiser celle de la Dame.
-       Il semblerait que le vin me soit monté à la tête mon cher Garrick, je vais vous laisser, dit-elle sans prêter attention à Clancy.
-       Bien, votre Grâce, répondit-il en lui baisant ostentatoirement la main.
   La Duchesse s’en fût à la vitesse du vent, tandis que Garrick affichait une mine réjouie face à Clancy, dont la bouche se déformait en un rictus haineux. Mordecai venait se placer derrière son maître, prêt à dégainer, lorsqu’un homme vêtu d’un plastron couvert d’un tabard mauve et jaune apparu derrière l’épaule de Garrick.
-       Mon pauvre ami, commença Garrick. Je suis navré de voir la Duchesse vous porter un tel mépris, continua-t-il sarcastique.
   Clancy encaissa calmement la pique que venait de lui lancer son bedonnant adversaire, attendant qu’il finisse pour pouvoir répliquer.
-       Sachez, mon ami, que je vous ai aperçu tantôt et que je fus surpris de vous voir rester à l’extérieur de la demeure. Il est surprenant que vous n’ayez pas été invité, auriez vous égaré votre billet ?
   Le triomphe se lissait dans le regard sombre du bourgeois, tandis que Clancy restait pétrifié à cette révélation : Garrick avait été invité par la Duchesse. Les poings serrés, Clancy semblait bouillonner de rage, mais c’est d’une voix profonde et calme qu’il répliqua :
-       Il est tout à fait surprenant que la Duchesse accorde quelque intérêt à un paysan assoiffé d’ascension sociale. J’émets cependant l’hypothèse d’une curiosité malsaine chez notre dame pour les ambitions vaines et les espoirs fous de cloportes tels que vous, mon cher Garrick. Après tout votre nom suinte la médiocrité et la boue, par l’absence évidente d’un élément essentiel que ne l’on ne peut pas gagner, car il se transmet par un sang bleu…
   Il laissa sa phrase en suspens pour admirer le pourpre qui était monté au visage de Garrick, qui tripotait nerveusement sa montre à gousset, faisant jouer le clapet comme pour se contrôler. Puis il ajouta sur le même ton acerbe :
-       … et le votre n’est que glaire !
   Alors que Clancy semblait satisfait de sa tirade, fier d’avoir humilié le gros bourgeois qui lui faisait face, Garrick ôta son gant et le gifla avec. A la vue de ce spectacle, Mordecai poussa un long soupir d’exaspération. Ces deux-la s’affrontait dans une quête d’ascension sociale pour laquelle aucun rival ne pouvait être toléré. Cette rivalité passait par des tentatives d’humiliation toujours plus violentes et virulentes, pour faire perdre toute crédibilité à l’adversaire.
-       C’en est trop ! cria Garrick. Vous dépassez les bornes, je ne tolérerai pas que l’on m’insulte de la sorte ! Excusez-vous ou battez-vous ! dit-il d’un ton impérieux.
   Tous les convives se tournèrent vers les deux hommes, attendant la réponse du maître de Mordecai.
-       La vérité n’exige aucune excuse, dit-il en fixant son adversaire.
-       Vos calomnies n’attendront pas pour être punies, le duel aura lieu ici même et immédiatement, par l’épée et ce jusqu’à ce que mort s’en suive !
   Tous s’écartèrent pour former un cercle autour des deux hommes. Les bourgeois étaient suspendus à leurs lèvres, car le duel était une distraction très appréciée dans ces milieux de bourgeois qui voulaient fricoter avec l’aristocratie Llaelaise.
   Ils avaient malheureusement fait preuves de toute la noblesse dont ils étaient capables.
-       Dann sera mon champion, ajouta Garrick.
   L’homme en plastron et tabard qui était derrière lui s’avança.
-       Mordecai défendra mon honneur, répondit Clancy.
   Un homme en pourpoint jaune et tenant une canne ornée d’ambre se détacha du public.
-       J'arbitrerai si vous le voulez, bien mon cher Garrick.
-       Avec joie monsieur Ashburn, lança Garrick.
   Mordecai s’avança face à son adversaire. Monsieur Ashburn s’approcha de Dann qui tira sa lame pour que Clancy l’inspecte, puis ce fut le tour de Mordecai, qui dégaina son sabre et le présenta à Garrick. Le bourgeois l’examina pendant ce qui sembla être une éternité, probablement pour irriter le Capitaine et perturber sa concentration. Mais le vieux mercenaire garda la tête froide et patienta, ce n’était pas la première fois que Clancy le faisait jouer à ce petit jeu.
   Puis ils s’éloignèrent et se mirent en garde face à face.
-       Ce duel se fera jusqu’à la mort d’un des duellistes, vous commencerez quand je donnerai le signal, dit l’arbitre.
   Jaugeant les deux duellistes, il s’exclama :
-       Mais je pense que l’un d’eux mourra de vieillesse avant que j’ai pu prononcer le début de ce duel ! Quelques rires se firent entendre. Mais il ne faut en rien juger l’adresse d’un combattant à cela mes amis, mais à la vitesse et la dextérité du maniement de sa canne ! La foule des convives éclatèrent de rire.
   Se reprenant Ashburn enchaina :
-       Sur ce, Messieurs les champions, allez-y ! s’exclama-t-il.
   Les deux champions s’élancèrent et frappèrent, croisant le fer. Ils échangèrent quelques coups, puis Dann enchaina de furieux coups d’estoc et de taille que Mordecai parait et esquivait sans difficultés. Les puissants assauts de Dann l’épuisaient. Alors, d’un geste souple du poignet, il fit dévier la lame de son adversaire avant de plonger la sienne sous son plastron. Dann, les yeux écarquillés de surprise, eut un hoquet et s’effondra.
   Toute l’assistance applaudi et cria de joie face à la mort d’un champion.
-       Monsieur di Morosini sort vainqueur du duel ! s’exclama joyeusement l’arbitre.
   Mordecai s’essuya le front et remarqua le malaise chez monsieur Ashburn lorsqu’il croisa le regard furibond de Garrick, qui était à nouveau humilié.

Titi:
Je t'encourage à continuer ! Ça fait toujours plaisir d'avoir de la lecture dans la section. :)
Pour mon avis : c'est de bon ton que de décrire un peu la vie quotidienne des personnages, par contre je suis toujours étonné que des mercenaires aient tous un langage aussi châtié. ;)

Gary Bobo:
   C'est vrai que leur langage n'est pas très "réaliste", mais je préfère garder les jurons pour les situations qui l'exigent, je ne suis pas vraiment fan de l'emploi des "grossièretés" tout le temps, même si j'avoue que je suis le premier à en garnir mon vocabulaire toutes les 2 phrases ><. Merci de tes encouragements ça me fait très plaisir !

Gary Bobo:
Màj, 2è partie !

Gary Bobo:
   Et voici la 3è partie ! et la 4è !

***
   Assis derrière le carrosse, Mordecai et Farhan discutait à voix basse.
-       Magnifique duel capitaine ! chuchota l’Idrien, visiblement enjoué. Tu as vaincu cet homme avec une facilité déconcertante !
-       Pas de quoi s’extasier, répondit-il tout bas. Ces duels et ce bourgeois commencent vraiment à me lasser.
   Farhan parut surpris. Le carrosse bifurqua dans une rue, secouant les deux mercenaires qui furent momentanément déstabilisés.
-       Tu penses vraiment nous quitter ?
   Mordecai resta un moment silencieux, comme plongé dans ses pensées. Sa main serrant sa blague au fond de sa poche.
-       Je suis en train de cumuler un tas d’ennemis très influents dans la cité. Ce n’est pas la première fois que j’humilie Garrick Boudewyn. De même que l’arbitre de ce soir, Arias Ashburn, dont j’ai déjà battu le champion, ainsi qu’une bonne partie des convives d’hier soir. Ca devient vraiment très dangereux pour moi de rester ici et pour Solovei et toi également, tant que vous resterez au service de Clancy.
   Farhan hocha la tête mais ne répondit rien, semblant comprendre que, peut-être, il devrait reconsidérer sa décision de rester au service de Clancy di Morosini plus longtemps, que la paye soit bonne ou non.
   Le carrosse bifurqua à nouveau. La demeure de Clancy était en vue, sa haute flèche dominant tous le quartier. Mordecai ne pu s’empêcher de penser qu’il était regrettable que cette œuvre architecturale, ne soit que le résultat d’une rivalité entre deux bourgeois complexés.

***
-  Messieurs, lorsque que je vous le dirai : vous ferez dix pas. Au dixième vous vous retournerez et ferez feu. Si vous manquez tous deux votre cible, vous devrez en finir à l’épée, dit Ashburn.
   La soirée était magnifique, des centaines de chandelles brillaient dans les jardins et sur la terrasse. Mordecai était dos à dos avec son adversaire. A quelques mètres de là, l’eau du canal s’écoulait lentement, émettant un faible ruissellement. La foule des convives avait les yeux braqués sur eux. Comme il le pensait, la petite réception de Clancy avait tourné en une nouvelle occasion d’humilier Garrick, et c’est au pistolet que le duel se disputait.
   Quelque chose le dérangeait chez son adversaire. C’était un jeune homme à l’air suffisant qui regardait avec mépris, qui répondait au nom de Kade. Mais il n’aurait su dire ce que son visage juvénile avait de familier.
   Qu’est-ce qu’il attend ? se demanda le vieux mercenaire. Ashburn, qui arbitrait à nouveau le duel, semblait prendre un malin plaisir à faire monter la tension chez les spectateurs en tardant à entamer le décompte.
   D’ordinaire calme, le pouls de Mordecai commença à s’emballer. Le poids dans son estomac se fit plus lourd et il regretta d’avoir bu ce verre de vin que lui avait servi Elie un peu plus tôt dans la soirée.
   Il plongea la main dans sa poche et saisit sa blague en argent, dont le contact froid le rassura et lui fit fugitivement oublier sa gène.
-  Un ! cria gaîment Ashburn.
   Les duellistes firent un pas. Une sueur glacée commença à perler sur le front ridé de Mordecai, coulant dans ses yeux.
-   Deux !
   Ils firent un second pas. D’un revers de manche il essuya son front, mais ses yeux étaient douloureux, irrités.
-  Trois ! cria Ashburn, se tournant vers la foule pour qu’elle se joigne à lui.
   Mordecai sentait ses boyaux se nouer sous la douleur. Il luttait pour rester debout, s’efforçant de focaliser son attention sur l’échange qui allait survenir. Un goût de bile remonta le long de sa gorge jusque sur sa langue, mais il s’efforça de ne rien laisser paraitre.
-  Quatre ! hurlèrent-ils tous en cœur.
   Leurs cris résonnaient sourdement à ses oreilles. Le vieux mercenaire respirait difficilement, alors que ses pieds avançaient au rythme que lui imposait ce public.
-  Sept !
   La main de Mordecai était prise de violent tremblement, alors qu’il tentait de s’agripper du mieux qu’il pu à son arme. Sa vue commença à se brouiller. Ses pieds avançaient mécaniquement au son du décompte, lui parvenant à présent comme un sourd grondement.
- Dix ! hurlèrent-ils de concert, leurs voix résonnant comme un glas enjoué.
   Ignorant la douleur qui explosait dans son ventre, Mordecai fit volte-face et pointa son arme sur la silhouette indistincte de son adversaire. Un coup de feu retentit. Il sentit une douce chaleur se répandre depuis son ventre et couler le long de sa jambe.   
   Le vieux mercenaire n’avait eu le temps de presser la gâchette. Il baissa les yeux et vit alors ses vêtements se tinter de rouge. Lâchant son arme, il s’effondra. Malgré sa vue brouillée, il distingua la mine réjouie de Kade, son jeune adversaire, qui se penchait sur lui. La lumière des chandelles soulignait les longues cicatrices qui zébraient sa joue droite jusqu’à de minces lèvres et faisait briller d’une lueur dorée sa tignasse couleur paille.
-  Je t’ai enfin eu vieille carne ! lui chuchota-t-il calmement à l’oreille. Je suis impressionné que malgré ton grand âge tu soies parvenu à lever ton arme, je n’oublierai pas ta bravoure.
   Mordecai ne comprenait pas le sens de ses paroles. Son esprit était embrumé, tandis que son corps s’engourdissait peu à peu.
   Kade fouilla les poches de Mordecai et en tira sa blague à tabac, qu’il agita sous son nez. A cette vue, Mordecai sentit une rage s’emparer de lui. Recouvrant ses esprits, il voulu lever son pistolet, qu’il avait toujours à la main, mais son bras ne répondit pas à l’ordre qu’il lui donnait. Il resta sur le sol, inerte, les doigts lâches autour du manche.
-  Tu n’en n’auras plus besoin je crois, lui susurra le jeune homme.
   Kade ouvrit la blague et en huma le contenu d’un air satisfait.
-       J’ai toujours voulu l’avoir, ajouta-t-il en désignant le petit objet. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé de te la prendre, mais je ne pensais sincèrement pas pouvoir te l’arracher de ton vivant.
   Un éclair fusa dans le cerveau engourdi de Mordecai, un souvenir mis de côté avait ressurgit dans son esprit. Kade se leva et, le poussant du pied, fit rouler le vieux mercenaire dans les eaux sombres et froides du canal.

***
   Ce fut le craquement du bois léché par les flammes qui le réveilla.
   Mordecai ouvrit péniblement les yeux. Les paupières colées par la crasse et le sang. Il resta allongé sur le flanc, confus, sentant la chaleur du feu dans son dos. A l’odeur il comprit qu’il était quelque part dans les égouts de Merywyn, qui s’étendaient à travers les ténèbres face à lui en une myriade de tunnels et d’alcôves. Les pierres des murs, du plafond et du sol étaient couvertes de mousses où ruisselait l’humidité. Mordecai percevait le bruit de gouttes d’eau qui tombaient et le crépitement de flammes. Sa poitrine lui faisait mal et, lorsqu’il y porta la main, il s’aperçut que son torse était couvert de bandages propres.
   Quelqu’un derrière lui éternua bruyamment. Le son se répercutai sur les parois de pierre, résonnant dans les tunnels, peut-être jusqu’à l’autre bout de la ville.
   Le vieux mercenaire se tourna pour faire face au feu. Il fut d’abord ébloui par l’intense lumière des flammes, l’obligeant à plisser les yeux. A mesure qu’il s’habituait à la lumière, il découvrait celui qui lui faisait face. L’homme était vêtu d’un long manteau noir à capuche, orné d’épaulières que la lumière faisait briller d’une lueur jaune. En examinant plus attentivement, Mordecai vit qu’elles étaient vertes et or. Il avait rabattu sa capuche sur son visage, ne laissant apparaitre qu’un long nez et une épaisse barbe brune entourant de minces lèvres. Le sabre et le pistolet de Mordecai étaient posés près de l’homme. Mordecai estima qu’il n’aurait pas le temps de récupérer ses armes avant que l’homme l’ai abattu.
   Au-dessus du feu cuisaient deux rats embrochés. Mordecai pensa qu’il s’en dégageait une odeur étrangement appétissante pour un animal aussi peu ragoûtant. Alors qu’il dévorait les rongeurs du regard, l’étranger en retira un du feu et le tendit au vieux mercenaire.
   Mordecai se redressa, saisit la brochette sans un mot et se mit à manger. De son côté, l’étranger avait prit le sien et le mangeait lentement. Son estomac lui était encore douloureux, mais la faim prenait le dessus, et il se jeta sur la viande offerte. Il ignorait si cela était dû au mal qui l’avait frappé, ou d’être passé si prêt de la mort, mais il trouva cette viande particulièrement savoureuse.
   Arrachant avec les dents un morceau de viande, le vieux mercenaire mastiquait longuement, perdu dans ses pensées. Comment ne l’avait-il pas reconnu ? Kade avait brièvement fait partie des Briscards, qui l’avaient rejeté à cause de son comportement violent, Mordecai le marquant personnellement au fer pour ses fautes. Il portait un autre nom à l’époque, mais ça n’avait plus d’importance.
   Il avait donc nourri un ressentiment tel qu’il était allé jusqu’à s’engager chez Garrick pour pouvoir tuer Mordecai.
   Mais surtout, ce jeune blanc-bec avait sa blague.
-       Une chance que je vous ai repêché, dit doucement l’inconnu, extirpant le mercenaire de ses pensées. Vous avez l’air d’avoir passé une sale nuit.
-       On peut dire ça comme ça. Comment m’avez-vous trouvé ? demanda Mordecai.
   L’homme avala le morceau de rat qu’il mâchait avant de répondre.
-       Je vous ai vu flotter au milieu d’une bouée, alors je vous ai récupéré…
-       Une bouée ? l’interrompit-il.
-       C’est le nom que les gens comme moi donnent aux paquets d’ordures qui se formes dans l’eau et que l’on récupère pour trouver quelques bricoles à vendre. Bref ! je vous ai sauvé et  soigné votre blessure, ainsi que le poison qu’on vous avait administré.
   Mordecai resta silencieux. Il se demandait quel genre de mendiant pouvait soigner des blessures par balle et guérir du poison. Il pensa que cela n’avait aucune importance, ce qui comptait, c’était qu’il pouvait encore respirer.
-       Vous ne me demandez pas ce qui m’est arrivé ?
-       La plupart des gens sont rongés par la curiosité et se mêlent de ce qui ne les regarde pas, mais moi j’en sais assez pour comprendre qu’il ne vaut mieux pas poser de question.
-       Comment vous appelez-vous ? demanda Mordecai, intrigué par son bienfaiteur.
-       Borvo.
-       Mordecai.
-       Dans ce cas, Mordecai, je pense que c’est sur ces bonnes paroles que nous nous disons adieu.
   Le vieux mercenaire se leva et salua Borvo, qui lui rendit ses armes, et le regarda partir.
   Il trouva rapidement une échelle qui le ramena à la surface. Il se retrouva dans une rue d’un quartier modeste, visiblement peu fréquentée. Le soleil était déjà haut dans le ciel, Mordecai disposait donc d’encore un peu de temps pour planifier sa vengeance contre Garrick, avant que la nuit tombe.

***
   Mordecai vola des vêtements propres sur un étal, et pris un poignard à une petite frappe qui essaya de s’en prendre à lui. Puis il rejoignit la demeure de Clancy.
   L’ancien capitaine fut surpris de voir que l’endroit était animé, de nombreux carrosses étaient garés devant les murs de la bâtisse, dont un qui portait les armoiries de la Duchesse Canice del Viscario. Quelques gardes portant le tabard bariolé de Garrick étaient postés à l’entrée. Mordecai décida d’infiltrer l’endroit pour en savoir plus.
   Empruntant des ruelles adjacentes, il fit le tour de la propriété afin de trouver une faille dans la ronde des gardes. Il profita de la première occasion et escalada le mur pour atterrir dans les jardins. Se faufilant entre les arbustes, il se glissa par l’entre de service qui donnait sur le sous-sol où se trouvait le dortoir des gardes et celui des serviteurs.
   Mordecai descendit un escalier et traversa un couloir en direction des dortoirs, où il pourrait changer de vêtements pour s’immiscer entre les grouillots.
   Lorsqu’il y parvint tout était calme, quelques braises rougeoyaient encore dans le poêle en émettant de faibles crépitements. Il se changea et dissimula un petit poignard avant de quitter la pièce. Au détour d’un couloir, Mordecai aperçu un garde posté devant ce qui devait normalement être un débarras. Intrigué, il s’approcha l’air de rien. Le garde ne prêta même pas attention à lui. Lorsque Mordecai fut à sa hauteur, une faible toux résonna dans le débarras. Aussi vif qu’un argus, le vieux mercenaire tira sa dague et l’enfonça dans la gorge du garde. Celui-ci écarquilla les yeux de surprise, ses mains s’agrippant au bras de Mordecai, avant de s’effondrer en émettant un faible gargouillis sanglant.
   Mordecai dégagea le corps et ouvrit le débarras. Un homme était recroquevillé sur le sol. Celui-ci leva les yeux vers le vieux mercenaire, et vit la surprise et la joie apparaitre dans ses yeux.
-       Farhan ! s’exclama-t-il lorsqu’il reconnut l’Idrien, ligoté et bâillonné.
   Mordecai entreprit de le détacher avec son poignard.
-       Tu n’es pas blessé ? Tu peux marcher ? demanda-t-il en l’aidant à se relever.
-       Ca ira, merci. Sans toi je ne sais ce que je serais devenu ! Comment as-tu survécu ? Je t’ai vu sombrer dans le canal !
-       Plus tard ! Que s’est-il passé ? Pourquoi Boudewyn est-il ici ?
-       Après que ce Kade t’ait balancé dans l’eau, Garrick a fait tuer Clancy et nos hommes par sa garde, devant tous les convives ! Ils sont tous de mèche avec lui, et ils vont fêter leur victoire ce soir, même la Duchesse sera là !
-       Et Solovei ? demanda Mordecai.
   Baissant les yeux, l’Idrien secoua la tête.
-       J’aimerais que nous puissions venger sa mort, Farhan, mais je ne vois pas de moyen…
   Il posa la main sur l’épaule du jeune mercenaire, dont les yeux étaient rivés sur le sol. Mordecai glissa son autre main dans sa poche vide, et enragea silencieusement de laisser ainsi sa blague à Kade. Mais la demeure était bien trop défendue. Même s’ils réussissaient, ils ne pourraient sortir vivant. Il glissa son autre main dans sa poche vide
-       J’ai eu une idée avant que tu n’arrives, lança Farhan. Ce soir la garde devrait être très détendue, on ne devrait avoir aucun mal à mettre le feu au bâtiment.
-       Impossible, répondit le vieux mercenaire surpris. Nous n’avons pas de combustible, et le jardin risque de grouiller de convives.
   Une lumière étincelant au fond des prunelles noires de l’Idrien.
-       J’ai entendu quelques discussions de grouillots à travers la porte. Garrick veut que la fête soit entièrement à l’intérieur, car la terrasse est encore maculée. Pour ce qui est du combustible j’ai quelques amis en ville qui nous fournirons un alcool de contrebande Khadoréen. C’est du costaud, ça devrait bien brûler.
   Le vieux mercenaire fut surpris de constater que Farhan avait déjà tout pensé, qu’il ne restait plus qu’à aller chercher le matériel et à mettre le feu. L’idée de voir sa blague d’argent bruler dans la poche de Kade lui était plus supportable que de le savoir s’en servir.

***
   Mordecai et Farhan quittèrent furtivement l’ex demeure de Clancy di Morosini et rejoignirent les amis de l’Idrien. Ceux-ci, deux idriens, possédaient une taverne très fréquentée. Mordecai ne s’adressa pas à eux, laissant son compagnon parler. Les deux taverniers leur donnèrent quatre barils et quelques bouteilles d’une eau de vie au parfum puissant et à la couleur cristalline, ainsi qu’une charrette.
   Les deux mercenaires transportèrent leur chargement jusqu’au quartier chic de Merywyn. Puis ils attendirent la nuit dans une ruelle. Lorsqu’elle fut tombée, et que les rues étaient faiblement éclairées par des lanternes, la demeure s’illumina de nombreuses chandelles et lanternes, des rires montèrent de l’intérieur.
   Mordecai et Farhan observèrent la garde. Les hommes en tabard bariolé ne gardaient que vaguement l’entrée de la demeure. Personne ne faisait de ronde le long des murs entourant les jardins. Profitant de cette chance, ils passèrent un par un les barils d’alcool par-dessus les murs et égorgèrent les deux gardes de Garrick à l’entrée.
   Ils disposèrent chaque baril et commencèrent à les vider tout autour de la demeure ainsi que sur les portes et autour des fenêtres, mais également dans l’escalier de service, d’où l’on entendait les rires et les chants des gardes incompétents. Les émanations d’alcool Khadoréen piquaient les yeux des deux mercenaires.
   Enfin, Mordecai sortit une allumette et y mit le feu.
   Les flammes prirent instantanément, courant le long du chemin de liqueur qu’ils avaient versé. Le feu lécha les portes et les fenêtres, crachant une fumée épaisse et noire, qui s’élevait haut dans le ciel nocturne. Des hurlements terrifiés se firent entendre à l’intérieur, suivis de bruits de verres brisés et de chaises renversés.
   Prenant une bouteille à la main, Mordecai déchira un morceau de tabard à l’un des gardes morts, enfonça le tissu par le goulot, et y mit le feu. Le projectile ainsi enflammé, le vieux mercenaire le lança à travers une fenêtre. La bouteille explosa et répandit l’alcool, qui prit immédiatement feu. Les cris de terreur furent remplacés par des hurlements de douleur. Ce premier projectile fut immédiatement suivit d’autres, jusqu’à l’épuisement des munitions. Mordecai et Farhan restèrent là à regarder l’incendie qui gagnait rapidement les étages.
   Soudain, le bruit de verre brisé résonna de l’autre côté de la demeure. Les deux mercenaires accoururent. Là était allongé un homme, les manches et le dos brulés, les cheveux roussis par les flammes. Ils levèrent les yeux et aperçurent une fenêtre brisée au premier étage. L’homme à terre tenta de se relever en toussant et crachant. Lorsqu’il jeta un regard incrédule aux deux mercenaires près de lui, une indicible terreur s’empara de lui. Quelque chose se brisant en lui, Kade, face contre terre, se mit à sangloter.
   Mordecai saisit son pistolet et l’abattit d’une balle dans la tête. Le coup de feu résonna un moment aux oreilles du vieux mercenaire, qui resta un instant figé, le bras tendu face au crâne sanglant de Kade. Étrangement, il avait l’impression d’avoir, d’une certaine façon, vengé ses compagnons Briscards. Le poing serré au fond de sa poche vide, il s’éloigna du cadavre encore chaud.
   Farhan s’avança et fouilla le cadavre, puis rejoignit son ancien capitaine dont les yeux vides observaient le cours tranquille du canal, dans lequel se reflétait la demeure en flammes.
-       Nous allons devoir y aller, l’endroit ne va pas tarder à être très fréquenté.
   L’Idrien saisit la main de Mordecai et y déposa un objet. Lorsque le vieux mercenaire regarda le creux de sa main, il y vit sa blague à tabac, intacte. Farhan vit un léger sourire apparaitre sur le visage usé du vieux mercenaire, une faible étincelle brillant au fond de son regard.
-       Merci mon ami.

***
   Alors qu’ils marchaient dans les rues encore sombres de la capitale Llaelaise, Mordecai sortit sa blague, bourra sa pipe et l’alluma. Il aspira quelques bouffées et souffla des ronds de fumées :
-       Bien.
-       Je vais me cacher chez un ami le temps que tout ça se tasse, tu devrais venir avec moi, proposa Farhan.
   Le vieux mercenaire prit son ami par les épaules.
-       Je crois que j’en ai assez de cette ville et de ses habitants, et plus particulièrement de ses bourgeois aristocratiques. Je vais partir dès ce soir, mon ami.
-       Dans ce cas je te souhaite bonne chance, Mordecai, lui dit-il mélancolique.
-       A toi aussi Farhan.
   Le vieux mercenaire quitta aussitôt L’Idrien. Il vola un cheval et quitta Merywyn en direction du sud.
   Quelques heures plus tard, les innombrables flèches de la cité Llaelaise était loin derrière lui. Il se rappela alors pourquoi il avait quitté ce pays pourri qui était le sien.

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