Auteur Sujet: Roman - STORMBREAK  (Lu 9863 fois)

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Roman - STORMBREAK
« le: 06 décembre 2019 à 00:32:37 »
CHRONIQUES DES ROYAUMES D’ACIER

ACTS OF WAR III

STORMBREAK

AERYN RUDEL

— 1 —

LE MAJOR ASHETH MAGNUS regarda à travers la longue-vue et fronça les sourcils. « Cette caravane a l’air bien petite à mon goût. Horgrum, jette un coup d’œil. Quelque chose ne semble pas à sa place ? »

L’imposant tireur embusqué trollkin a déployé son fusil et regarda à travers la lunette. Ses yeux perçants manquaient rarement le détail. Il était étrange pour Magnus de voir Horgrum sans le Sergent Sharp, son observateur et son compagnon toujours présent, mais l’homme avait été blessé à Rynyr et était toujours en convalescence.

Le trollkin observa à travers sa lunette pendant un cours moment et ensuite déposa son arme. « trois chariots. Trente hommes. Pas de warjacks. Vayne di Brascio les dirige. »

« Trente ? » Prononça le Lieutenant Brigland. L’ancien chien de mer et actuel officier pionnier cygnaréen donnaient l’impression de quelqu’un qui venait de donner un coup de pied dans une pierre. « Seulement trente ? Ils en avaient promis au moins une centaine. »

« C’est ce qu’ils ont fait », dit Magnus en regardant derrière lui. Deux escouades de rangers se dissimulaient dans les broussailles le long d’un chemin de terre enherbé longeant le Fleuve Noir. Une petite force, mais rapide et silencieuses. Stryker ne pouvait pas consacrer plus d’hommes que cela pour faire pour rencontrer la caravane de la Tour Gris-vent. Le Colonel Jarov avait promis des soldats llaelais et toutes les armes et munitions qu’il pouvait consacrer – une centaine d’hommes, a-t-il déclaré. Il semblait qu’il n’avait tenu qu’un tiers de cette promesse.

Magnus leva une main paume à plat, pour que les rangers le rejoignent sur la route. Vingt hommes armés de carabines et de couteaux de combats sont apparus derrière lui.

La caravane – trois chariots, chacun tractés par une paire de chevaux de trait – se dirigea vers eux, bruyamment et indéniablement, avant de s’arrêter. Un grand homme vif, vêtu d’une cape doublée de pourpre, descendit du chariot de tête et s’approcha avec un large sourire sur un joli visage. Un pistolet cinémantique et un sabre mékanique pendaient à ses hanches, les instruments de travail d’un mage balisticien d’un de la Rose Améthyste.

« Major Magnus, c’est bon de te revoir », dit Vayne di Brascio. Asheth s’était déjà battu aux côtés du mage balisticien et savait qu’il était à la fois un guerrier talentueux et un espion rusé.

Magnus lui offrit sa main. « Content de te revoir aussi, di Brascio. J’espérais en voir beaucoup plus avec toi. »

Le visage de di Brascio s’est assombri. « Oui, je suis désolé. Le Colonel Jarov n’avait personne d’autre. »

« Cet homme connaît bien son métier, il doit y avoir une raison. Il est aussi en danger que nous. »

« De plus. Les forces khadoréennes ont attaqué tout ce qui sort de la tour et nous ont enfermés dedans. Je me suis donné beaucoup de mal pour arriver ici discrètement. »

« Quel genre de force khadoréennes ? » Magnus sentit un poids sur son estomac.

« Kommandos d’Assaut conduits par un homme en armure noire. Ils sont rapides et meurtriers, frappent puis se retirent avant que nous puissions rassembler des hommes ou des warjacks pour les poursuivre.

« Une armure noire », répéta Magnus. « Je connais cet enfoiré. C’est l’un des hommes de Strakhov. Nous l’avons croisé à Rynyr. »

« Alors tu connais le danger. Nous devrions sûrement bouger », a déclaré di Brascio.

« Tu viens avec nous ? »

Di Brascio grimaça. « J’espère que cela compensera quelque peu le fait de ne pas avoir amené tous les hommes qu’on a promis. »

« Ça le fait. Un peu », dit Magnus. Il appréciait le mage balisticien llaelais et particulièrement ses sensibilités mercenaires. La perspective que di Brascio les rejoigne, ne serait-ce que pour un temps, lui a plu.

« Un autre mage balisticien ne serait jamais de trop », acquiesça Brigland. « Mais il a raison, major –  nous devons retourner à Croix-des-Fleuves. »

Magnus examina le groupe de soldats llaelais que di Brascio avait amené. C’était des fantassins légers, peu entraîner à se déplacer silencieusement. Le fait qu’ils n’aient pas été attaqués en chemin pour le rencontrer en disait long sur les compétences de Vayne di Brascio en matière de furtivité.

Magnus pensait qu’ils prenaient un risque en partant de Croix-des-Fleuves avec l’ordre d’escorter cent hommes sur un terrain relativement sûr. Avec ce que di Brascio venait de lui révéler, c’est plus un risque, c’était l’équivalent d’une mission suicide.

Magnus soupira et se tourna vers ses deux meilleurs hommes. « Très bien, alors. Horgrum, tu embarques une escouade de rangers avec toi et dépêche-toi. Brigland, tu fais pareil, mais tu suis la caravane. »
Les deux hommes ont acquis et sont partis, prenant chacun dix rangers.

« Je suppose que tu restes avec la caravane », déclara di Brascio.

« Je n’aime pas ça, mais gardons nos gros flingues près des objets de valeurs », dit Magnus. Il jeta un coup d’œil au chariot de tête. « Je sais que je demande beaucoup à un mage balisticien, mais tu peux conduire l’une de ces choses ? »

. . .

MAGNUS SAVAIT QU’ILS SERAIENT ATTAQUÉS. Savaient que les khadoréens viseraient la caravane. Et pire encore, il savait qu’il ne pourrait pas l’empêcher.

Ce fut au crépuscule, juste au moment où ils atteignaient un tronçon de route cerné par la forêt des deux côtés. Les gazouillis des oiseaux de nuit, le faible grondement du Fleuve Noir maintenant à un kilomètre et les craquements constants de leurs propres roues de chariot se rejoignent pour former un paisible presque apaisant susurrus. Il a crié à l’embuscade et quand le premier coup de feu est venu des arbres, à leur droite, il s’est senti presque déçu.

Le champ d’énergie de Magnus a pulsé, privant la balle de son énergie cinétique ; elle a ricoché inoffensivement sur son armure. Un autre moment attendu : tirez d’abord sur le warcaster.

« Aux abris ! » s’écria di Brascio en sautant du chariot. D’autre balles ont fusé dans l’air. Des cris de douleur s’élevèrent des rangs des soldats llaelais qui marchaient aux côtés des chariots.

Magnus sauta du chariot, dégainant Pourfendeur. Il frappa le plat de la lame sur la croupe du cheval le plus proche de lui, et celui-ci s’emballa. L’animal à côté de lui n’avait d’autre choix que de suivre. Le chariot a remonté la route en direction de la source des coups de feu.

D’autres balles ont sifflé près de Magnus, certaines s’écrasant sur son champ d’énergie. Mais il se tenait bon, suivant le chariot. Quand il se trouva à moins de vingt verges du bosquet d’arbres où les khadoréens s’étaient cachés, il invoqua un sort. Des runes bleues se formèrent autour de sa main tendue alors que la magie coulait à travers lui.

Le sort catastrophe a éclaté a éclaté dans une goutte de flamme azurée sous le chariot, détruisant le véhicule. L’explosion a également libéré les chevaux pour qu’ils puissent fuirent, juste avant que les munitions du chariot détruit ne détone dans une explosion trois fois plus puissante que le sort. Les arbres proches de la route ont été soufflés en esquilles – ainsi que les khadoréens se cachant parmi eux.

Un autre coup de feu a retenti de l’autre côté de la route. La balle a percé le champ d’énergie de Magnus puis son épaulière droite, frappant le haut de son épaule et le faisant pivoter. Il se jeta à terre et roula sous le deuxième chariot. Les chevaux étaient effrayés mais bien entraînés ; ils n’avaient pas fui.

Un tir pénétrant ses défenses signifiait que l’élite de Strakhov était présente. Il avait affronté leur carabine perce armure, Murmure de la Mort, à Rynyr.

Le double rugissement du pistolet cinémantique de di Brascio retentit, suivi d’autres cris, même si Magnus ne pouvait dire si ces cris étaient amis ou ennemis. Il rampait sous le chariot alors que des formes noires avançaient sur la route, des éclats lumineux de tirs offraient un aperçu caractéristique de l’armure, des boucliers et des masques des kommandos d’assaut durant quelques secondes. Il y en avait, sans aucun doute, d’autres derrière eux.

Les troupes llaelaises se trouvaient dans une ligne de tir brutale devant le chariot de tête. Magnus pris position derrière eux, dégainant son fusil à mitraille.

« Doucement. Choisissez vos coups », dit-il. Il invoqua un autre sort, et cette fois les runes se formèrent autour des kommandos d’assaut qui avançaient, illuminant leur armure d’une lueur bleue subtile. « Feu ! »

Les fusils llaelais ont craché et quatre kommandos se sont effondrés au sol. Magnus en fit tomber un autre d’un coup de feu avec sa propre arme.

Davantage de coups de feu ont éclaté derrière les chariots, bien que ceux-ci soient plus aigus que celui des armes khadoréennes. Il reconnut les carabines des rangers cygnaréens, suivi du rugissement sourd du fusil de tireur embusqué d’Horgrum.

Magnus sourit. Les khadoréens pensaient engager une force plus réduite. Trois chariots et trente fantassins légers. Ils étaient trop impatients dû aux victoires faciles qu’ils avaient remportés contre les troupes de Tour Gris-vent. Ils ne s’attendaient pas à ce que vingt rangers les surprennent au beau milieu de leur propre embuscade.

D’autres carabines rugirent, et d’autres kommandos d’assaut s’effondrèrent. Ils ne se sont pas attardés après cette vague – les khadoréens se sont précipités vers la couverture des arbres à l’est de la route.

« Laissez-les foutre le camp. Regroupez-vous », cria Magnus. Le bruit des coups de feu diminua puis s’estompa complètement, laissant place au crépitement des flammes et aux gémissements des mourants.

. . .

MAGNUS NE POUVAIT DÉTERMINER avec précision combien de corps carbonisés gisaient sur le bas côté de la route. L’explosion avait taillé les khadoréens en pièces, mais compte tenu du nombre de membres, il l’estimait à vingt au moins.

« Nous en avons tué dix autres avec notre embuscade », déclara Brigland en faisant une grimace et en repoussant l’un des cadavres carbonisés. « Nous les avons surpris, mais cela ne se produira pas une deuxième fois. »

« C’est vrai, et ils reviendront », dit di Brascio.

Magnus rejeta cela. « Nous nous rapprochons de Croix-des-Fleuves et Stryker effectue des patrouilles tout le long des routes. Encore dix kilomètres, et ils ne risqueront pas une autre attaque. J’en mets ma main au feu. » Il s’est tourné vers le mage balisticien. « Plus important, combien d’hommes avons-nous perdus ? »

Di Brascio secoua la tête. « Seize et le chariot. »

« Bien trop », déclara Horgrum. Le trollkin s’appuyait sur l’un des chariots, nettoyant son fusil. « Mais, je suppose que nous avons eu de la chance.

« Non, il n’y rien de chanceux ici », répondit Magnus. « Chaque homme que nous perdons est un homme de moins que Strakhov devra affronter, et il a déjà suffisamment d’hommes pour nous submerger. » Magnus rengaina son fusil dans son étui. « Ce n’est pas une victoire. C’est juste une question de survie. »


— 2 —

LE SEIGNEUR GÉNÉRAL COLEMAN STRYKER lâcha les reines du cheval près du Fleuve Noir, le poids de son armure de warcaster pesant sur ses épaules alors qu’il descendit de cheval. Devant une petite crique de la rivière, un groupe important de Lames-Tempêtes attendait.

Un grand officié se détacha de la trentaine de personnes proche du rivage et se précipita vers lui.

« Capitaine Adkins », dit Stryker. « Vous pouvez m’expliquer pourquoi vous m’avez fait venir à 20 kilomètres au nord de Croix-des-Fleuves sans un mot d’explication ? »

Il avait reçu un message du capitaine, peu après l’aube, lui demandant d’urgence de venir seul à un endroit précis au nord de la ville. Il faisait suffisamment confiance au capitaine pour accepter sa demande, mais chevaucher six heures en armure complète l’avait rendu irritable.

« Monsieur, mes plus sincères excuses, mais je voulais que voyez cela en premier », déclara Adkins.

« Ok, je suis là », répondit Stryker. « Qu’est-ce que c’est ? »

« Nous avons arrêté deux péniches marchandes rhulique », expliqua Adkins. Stryker regarda le capitaine des Lames-Tempêtes, surpris et un peu agacé par le manque de détails. Les péniches rhulique sur le Fleuve Noir n’étaient pas inhabituelles : la Résistance traitait avec un certain nombre de compagnies mercenaires, faisant le commerce d’armes et de munitions, et une partie de la mission d’Adkins consistait à arrêter et fouiller ces vaisseaux. Il avait confié au capitaine Lame-Tempête de surveiller le fleuve, à la recherche ds forces khadoréennes et d’éléments du Protectorat de Menoth ayant établi des relations commerciales avec les forces khadoréennes à Merywyn. Stryker avait peu d’hommes à sa disposition, il ne pouvait donc en confier plus d’une centaine à Adkins, plus les trois anciennes canonnières khadoréennes. S’emparer de quelques péniches rhulique n’était guère considéré comme une urgence méritant de remonter jusqu’au Seigneur Général.

Le capitaine surpris l’agacement de Striker. « Je sais ce que vous pensez, monsieur, mais ce ne sont pas les mercenaires ordinaires auxquels nous avons affaire. »

C’est ce qu’il fallait pour piquer la curiosité de Stryker et un léger sentiment d’inquiétude commença à résonner dans son cerveau. « Tu ferais mieux de me montrer. » Adkins le conduisit à la plage de sable au bord de l’eau. À quelques mètres au large de la rive, trois des embarcations khadoréennes qu’ils avaient réquisitionnés après s’être emparé de Croix-des-Fleuves étaient alignées, bloquant le fleuve pour l’essentiel, leurs lourds cannons montés sur le pont pointant vers deux navires trapu.

Les autres embarcations étaient lourdes, très basses sur l’eau. Leurs ponts étaient bordés de soldats armés de carabines légères, de courtes haches de guerres et d’énormes boucliers. Stryker avaient vu et combattu aux côtés de Corps de Fusiliers d’Hammerfall à l’occasion ; les guerriers nains étaient un spectacle courant dans les cercles mercenaires.

« Qu’est-ce qu’ils foutent ici ? Demanda Stryker.

« Je ne sais pas, monsieur, mais j’ai estimé qu’il valait mieux les retenir jusqu’à ce que vous puissiez nous dire comment vous voulez que cela soit traité », déclara Adkins.

« Vous avez fait le bon choix capitaine », répondit Stryker. « Dites-moi ce que vous savez. »

Adkins soupira, clairement soulagé, puis se plongea dans son rapport. « Nous les avons arrêtés au blocus comme tous les navires. » Il pointa du doigt l’endroit où trois chaînes exceptionnellement lourdes étaient suspendues dans l’eau, constituant ainsi une barrière efficace. « Les deux vaisseaux sont pleins de Fusiliers, et ils ont refusé de nous laisser fouiller leurs cales.

« Vous pensez qu’ils font affaire avec le Khador ? » Demanda Stryker.

« Oui, monsieur ? En l’état actuel, ils sont plus en colère qu’une bande de frelons à l’idée d’être arrêtés. Ils ont demandé à parler à un responsable. »

« Nous devons savoir ce qu’ils transportent », déclara Stryker.

« Absolument, monsieur », dit Adkins, « mais ils sont assez tenus. J’ai peur qu’il n’y ait un incident si ne faisons pas attention. »

« par les Dents de Thamar » s’exclama Stryker. « La dernière chose dont nous avons besoin est un incident international sanglant avec Rhul. »

« Les ordres, monsieur ? » Demanda Adkins.

« Donnons leurs ce qu’ils veulent. Laissons-les parler à un responsable.

. . .

LE CAPITAINE DU CORPS DES FUSILIERS était l’un des nains les plus sales que Stryker ait jamais vu. Son visage buriné était un nid de rides et de ridules, et mâcher de la vernonia avait teinté de jaune sa barbe autour de sa bouche. Son armure et ses armes étaient vieilles et usées, et il ressemblait à une vieille paire de bottes n’ayant plus été ciré ni enfilée depuis des années.

« Nous avons un contrat et tu n’as pas le droit de nous arrêter », déclara le capitaine nain.

Stryker soupira et secoua la tête. Ils se tenaient sur le pont du vaisseau nain, lui et Adkins. Les rhulfolk n’avaient pas accepté de rejoindre la rive ou l’un des navires du Cygnar.

« J’en suis sûr, Capitaine Blackheel », dit-il. « Mais pas avec nous, ni avec le Llael. Si c’est avec le Khador, j’ai le droit de vous traiter comme des combattants ennemis. »

Le capitaine Vornek Blackheel plissa les yeux puis jeta un coup d’œil derrière lui, au seul membre non nain de son équipage, un imposant ogrun en armure de combat, se tenant debout, appuyé sur une terrifiante vouge de guerre. L’ogrun mesurait facilement deux mètre quarante de haut et, bien qu’il soit gris autour de sa bouche, ses yeux brillaient d’intelligence.

« Lieutenant Murgan », demanda le Capitaine Blackheel, « est-ce vrai ? »

L’ogrun renifla. « Si notre contrat est passé avec une force militaire ou occupante en guerre avec le Cygnar, et si nous envoyons des soldats ou des armes à cette force, alors, oui, le seigneur général a techniquement raison.

« Correct », dit Stryker. « Votre propre lieutenant comprend la situation ici, comme vous pouvez le remarquer. « Alors, maintenant vous devez- »

« Pardonnez-moi, Seigneur Général », dit l’ogrun. « Il y a plus que cela. Ces terres sont actuellement contestées par le Cygnar, le Llael et le Khador. Vous n’avez aucune souveraineté ici, donc techniquement vous bloquez une voie commerciale qui ne vous appartient pas. »

« Entendu, vous voyez », dit le Capitaine Blackheel, en crachant de la vernonia à un pouce de la botte de Stryker. « Nous avons le droit de livrer notre cargaison. »

« Eh bien, ce n’est pas tout à fait clair non plus », dit Murgan, attirant un regard noir de son capitaine.

« Je ne peux pas vous permettre de continuer si vous porter des armes à Khador », répondit Stryker sans détour.

« Vous ne pouvez pas nous le permettre ? » Le Capitaine Blackheel fourra de la vernonia dans sa bouche. « J’ai quarante canons sur ces bateaux qui disent que tu le peux. »

Stryker se raidit. « C’est ce que vous voulez ? J’ai assez de puissance de feu sur la rivière pour vous envoyer par le fond. Je ne veux pas en arriver là. »
Le Capitaine Blackheel jeta un regard noir à Stryker avant de hausser les épaules. « Je ne veux pas non plus me battre. Je n’ai rien contre vous, mais je n’ai pas traîné mon cul hors de mon poste à Hell’s Pass, sur ordre direct du Cartel Seaforge pour faire demi-tour maintenant. »

Murgan, l’ogrun, s’éclaircit la gorge et secoua la tête. Il sentit clairement que son capitaine en avait trop dit.

Stryker jeta un coup d’œil autour de lui, réfléchissant, regardant les visages des deux équipages prêts à s’affronter. Il devait encore y avoir un moyen de contourner cela. « Capitaine, je propose un compromis, si vous voulez bien l’écouter. »

Le capitaine nain inclina la tête puis soupira. « Crache le morceau. »

« Montrez-nous ce que contiennent vos cales. Si ce n’est rien qui puisse nuire directement à Cygnar ou à ses alliés, je vous laisse passer.

Les yeux du capitaine s’illuminèrent.

« J’accepte ton offre », dit-il bien trop vite au goût de Stryker.

. . .

LA CALE DU VAISSEAU NAIN était grande et remplie de caisses et de boîtes, toutes marquées de Hammerfall, la forteresse naine d’où provenait la majorité du Corps de Fusiliers.

« Je n’aime pas ça », murmura le Capitaine Adkins, en agitant une torche. Deux soldats nains était descendu avec eux, boucliers et carabines à portées de main. Le Capitaine Blackheel et son second ogrun étaient restés sur le pont. « Soit il ne sait pas ce qu’il transporte, soit il pense que nous ne le découvrirons pas. »
Striker hocha la tête et regarda son escorte. Si les deux nains écoutaient, ils faisaient pas montre de se soucier de ce qui se disait.

Il s’est dirigé vers l’une des plus grandes caisses, près de la cloison tribord. Son couvercle était cloué, mais il la brisa : son armure de warcaster lui procurait la force suffisante pour de telles tâches.

À l’intérieur, des objets cylindriques et trapus luisaient dans un nid de paille. Ils étaient faits de métal doré brillant, chacun ayant la taille d’un petit tonneau et marqué d’une écriture rhulique. À première vue, ils semblaient être de nature mékanique, peut-être des composants de warjack, mais ce n’était pas des cortexes. Il en avait assez vu pour le savoir.

Stryker plongea la main dans la caisse et s’empara d’une. Il était extraordinairement lourd, cinquante kilogrammes au moins. Seule son armure de warcaster lui permettait de soulever l’objet de la caisse sans difficulté.

Le tintement subtil de la magie se faufila sur les bras de Stryker, et le poids du cylindre devint soudainement beaucoup plus léger. Ses yeux s’écarquillèrent.

« Qu’est-ce qu’il y a, monsieur », demanda Adkins.

Stryker remit l’objet dans la caisse. « Nous avons fini ici. » Il se retourna vers les deux nains. « Ramenez-nous à votre capitaine. »

. . .

« POUVONS PAS PARTIR ? » éructa le Capitaine Blackheel, des postillons de vernonia éclaboussant le pectoral de Stryker. Les mains de l’obstiné capitaine se glissèrent sur la manche de sa hache. « Il n’y a rien dans cette cale qui soit dangereux pour toi et les tiens. »

Stryker laissa sa propre main reposer sur la poignée de Vif-Argent, et les visages des soldats les entourant se plissèrent de doute. Ils ne voulaient pas se battre. Du moins pas encore. « Vous n’en êtes pas sûr, n’est-ce pas, capitaine ? En vérité, vous n’avez aucune idée de ce que vous transportez, n’est-ce pas ? »

Le Capitaine Blackheel le dévisagea, mâchant la vernonia comme un vache ruminant. Son silence voulait tout dire.

« Je le pensais bien », déclara Stryker. « Donc, vous avez deux solutions. Vous pouvez faire demi-tour et repartir avec ma bénédiction, ou rester ici, parce que vous n’irez pas plus loin jusqu’à ce que je sache exactement ce que vous transporter. »

« Vous bloquez une route commerciale commune qui ne vous appartient pas, Seigneur Général », dit Murgan. « Le Cartel Seaforge n’appréciera pas que vous perturbiez leurs affaires. »

L’imposant ogrun était une formidable créature, et bien qu’il n’ait pas émis de menace, une tension planait entre eux. Stryker ne doutait pas que le Capitaine Blackheel était un soldat compétent, mais l’ogrun était plus que cela – il était un guerrier de force et prouesses.

« Si ce que contient votre cale s’avère être une arme, j’ai parfaitement le droit de la confisquer, et vous le savez », déclara Stryker. « Si vous préférez faire venir quelqu’un de Rhul pour m’expliquer ce que c’est, alors ne vous gênez pas, faites-le et nous pourrons peut-être parvenir à un accord. D’ici là, on en a fini ici. »

Les nains sur le pont ont fait pas en avant et quinze fusils se sont relevés d’un poil ou deux dans leur direction. Stryker savait qu’il pourrait tuer tout le monde sur le pont, si on en arrive là. Aucun d’eux n’était belliciste, et il avait les canonnières et quarante Lames-Tempêtes sur la rive.

Le Capitaine Blackheel a levé la main. « Baissez vos armes, les gars. Le seigneur général n’a pas peur de gens comme vous. » Il s’est tourné vers Stryker. « Je vais envoyer un message à Hammerfall, mais je doute que vous aimiez ce qui va suivre. »

Stryker pensait que cela résumait efficacement l’intégralité de la guerre, en ce qui le concernait.

. . .

UNE FOIS DE RETOUR SUR LA RIVE, Stryker pris Adkins à part. « Capitaine, vous ne devez raconter à personne ce que vous avez vu dans cette cale. Tenez ces bateaux ici. Compris ? »

« Bien sûr, monsieur. » Le capitaine Lame-Tempête hésita. « Et si les rhulfolk s’impatientent ? »

« S’ils essaient de forcer le passage, détruisez les deux vaisseaux », répondit Stryker « Nous ne pouvons pas risquer que le contenu de cale atteigne le Khador tant qu’on en sait pas plus. »

Adkins prit une inspiration hésitante et fixa Stryker dans les yeux. Lorsqu’il prit la parole, une partie de la déférence militaire avait disparu de son ton. « Je comprends, monsieur. Mais vous ne savez pas ce que sont ces choses, n’est-ce pas ? Vous avez une idée, au moins. »

« Non, pas vraiment », déclara Stryker. C’était principalement vrai. Il avait entendu des rumeurs provenant d’agents du SRC en qui il avait confiance, mais c’était tout ce qu’elles étaient : des rumeurs. Stryker faisait aussi confiance à Adkins, mais cette information pouvait être dangereuse et il n’avait que des mythes sur lesquels fonder ses propres craintes. « Mais je vais te confier une chose. Si c’est ce que je pense – et Morrow j’espère que ce ne sera pas le cas – alors il aurait dû être laissé au fond de l’océan.

— 3 —

AURUM LÉGAT LUKAS DI MORRAY, se précipitait dans les couloirs exigus de l’enceinte de la Garde du Creuset, passant devant des hommes et des femmes en uniformes et armures de garde en or et bleu sarcelle. Tous saluaient ou criaient un salut, et il répondait par un signe de tête ou un sourire. Il demeurait une figure glorifiée parmi ces guerriers et alchimistes, et ils avaient besoin de le voir ou d’être vu par lui. Si tout allait bien aujourd’hui, il les mènerait bientôt au combat.

Une énergie nerveuse s’empara de lui. Il était arrivé à Midfast, dans l’enceinte de la Garde du Creuset depuis plus d’une semaine, tout juste de Croix-des-Fleuves et des terribles semaines qu’il avait passés en prison khadoréenne à Rynyr. Il avait maintenant un unique objectif : mobiliser la Garde du Creuset pour marcher sur Croix-des-Fleuves et aider les cygnaréens et la force de la Résistance llaelaise occupant actuellement la ville. Bien qu’il ait dirigés cette force, il ne pouvait pas prendre cette décision seul. D’autres doivent avoir leur mot à dire en premier, et ils seraient tous dans la même pièce pour entendre son plaidoyer.

Il arriva au bout d’un long hall où se dressait une porte d’acier marquée du creuset radiant de la Garde du Creuset. Flanquée de deux soldats qui semblaient hors de propos dans l’enceinte. Ils portaient les cuirasses lourdes de la Marine Royale Ordique, sabres et pistolets aux hanches. L’armure de chaque fusilier marins arborait un chevron violet brillant qui les désignait comme des hommes du roi.

« Messieurs », prononça Lukas aux deux fusiliers marins, « je suis attendu à l’intérieur. »

Le fusilier marin de gauche acquiesça et ouvrit la porte. Au-delà, une des plus grandes pièces de l’enceinte n’étant pas réservée aux laboratoires ni aux logements des soldats. Une table ronde en acier tourné dominait l’espace et autour d’elle étaient disposés six chaises, cinq étant actuellement occupées.

Lukas entra dans la salle du conseil et la porte se referma derrière lui. Cinq visages se tournèrent vers lui. Il les connaissait tous. Le Maréchal Général Baldwin Gearheart, un camarade warcaster et le seul homme qui occupait une position dans la Garde au-dessus de celle de Lukas, se leva, ses yeux sombres scintillant au-dessus de sa moustache, et fit un geste vers une des chaises vides.

« Assieds-toi, Aurum Légat », dit Gearheart, de sa voix riche et imposante. « C’est bon de te revoir en un seul morceau, mon vieil ami. »

« Merci, Maréchal Général. » Lukas hocha la tête en direction de son ami et rival occasionnel. Ils n’étaient pas d’accord sur les questions militaires – Gearheart était beaucoup trop excentrique et imprudent aux yeux de Lukas – mais un profond respect pour les capacités et les réalisations de chacun existait encore entre eux.

Helt Langworth, dirigeant de l’Assemblée des Maîtres de l’Ordre du Creuset d’Or, était assis à sa droite. Le maître alchimiste au visage buriné inclina la tête en guise de salutation.

À côté de Langworth était assis la formidable Jean Resson Dagget. En tant que commandant de la Garde, elle avait la responsabilité du complexe de Midfast, tout comme elle avait été chargée de leur ancien quartier général, la Forteresse du Tonnerre, désormais entre les mains du Protectorat de Menoth. Personne n’en savait plus que Dagget sur les membres de la Garde du Creuset, et ses paroles avaient beaucoup de poids.

Les deux derniers membres du conseil étaient un duo. Le premier, c’était Creena Torcail, l’une des plus jeunes membres de l’Assemblée des Membres, bien qu’elle soit une puissante alchimiste et une diplomate perspicace. Elle servait de liaison entre la Garde du Creuset et son principal mécène. Ce mécène était représenté par le dernier membre du conseil, un grand homme vêtu d’un grand manteau marin, avec un large sourire carnassier traversant sa barbe noire.

« Je suis heureux de constater que les khadoréens ne vous ont pas trop fait mal », déclara le Roi Baird Cathor II. « Je remercie le Cygnar de nous avoir rendu l’un des fils les plus important de la Garde du Creuset. »

« Merci, Votre Majesté », répondit Lukas. « Je vous en suis également reconnaissant, et c’est la raison pour laquelle je vous ai prié de vous joindre à nous aujourd’hui. »

« Cette affaire en Llael, oui ? » Dit Baird, feignant l’apathie face à une situation dont il était à la fois bien informé et réellement préoccupé. Un bel exemple du soi-disant Roi Bandit. « Il ne fait aucun doute que le Seigneur Stryker est au milieu de tout ça.

« Et Asheth Magnus », ajouta Creena Torcail, une grimace sur le visage.

« Oh, allez, Creena », dit Gearheart. « Cet homme est un voyou essayant de se racheter. Nous devrions au moins lui accorder le bénéfice du doute, je devrais dire. »

« Si ce voyou était un des nôtres, ferait-il la même chose », déclara Helt Langworth en fronçant des sourcils et faisant un mauvais sourire à Gearheart. Les deux hommes avaient des objectifs similaires – la création et la mise à l’essai de nouvelles armes alchimiques – mais ils avaient parfois des opinions radicalement différentes sur la meilleure façon d’atteindre ces objectifs.

« J’ai constaté de visu que les années de mercenariat du Major Magnus étaient derrière lui », déclara Lukas. « Alyce et moi lui devons personnellement nos vies. »
« Mais vous ne nous avez pas réunis ici pour défendre l’honneur d’Asheth Magnus », déclara Baird.

« Non et je ne vous ferai pas perdre votre temps, Votre Majesté. J’en viens directement à présence, ici. Je veux mobiliser la Garde du Creuset pour marcher sur Croix-des-Fleuves et aider les forces du Cygnar et de la Résistance qui tiennent la ville. »

« Vous voulez dire les rejoindre défendre cette ville contre l’armée khadoréenne qui marche dans leur direction ? » exprima Baird en souriant. « Si nous ne perdons pas de temps les uns les autres. »

« Nous avons bien sûr, collecté des informations sur le conflit grandissant en Llael. », déclara Creena Torcail, son ton identique à celui d’un diplomate chevronné. « Des plans sont en cours pour assurer la survie d’Ord et de notre propre ordre. »

« Et je vous conseillerais de continuer à poursuivre ces plans », concéda Lukas, « mais nous devons faire quelque chose maintenant et notre meilleure ligne de conduite est de marcher sur Croix-des-Fleuves, de surprendre les khadoréens par notre implication et de sceller notre alliance avec le Cygnar et les forces de la Résistance de Llael. »

« Vous n’estimez pas que c’est un peu téméraire ? Ce n’est pas que j’aie une opinion d’une manière ou d’une autre », déclara Gearheart, essayant de cacher son enthousiasme derrière une façade de prudence. Cela pourrait tromper les autres, mais Lukas connaissait trop bien l’homme. Il sauterait sur l’occasion de mener la Garde du Creuset au combat.

« Je ne pense pas », répondit Lukas, en jouant le jeu. « Si nous n’aidons pas Croix-des-Fleuves, l’armée khadoréenne dirigée par Strakhov les écrasera avant de marcher sur Merywyn.

« Dagget s’éclaircit la gorge. « Autant je ne voudrais pas que nos amis de Cygnar et de la Résistance subissent une telle défaite, est-ce vraiment notre souci. Nous avons nos propres défenses à examiner. »

Luka s’attendait à une position plus conservatrice de la part du Commandant de la Garde. « Comme vous le savez, la Première Armée de Cygnar va attaquer Merywyn par le sud. Dans l’état actuel des choses, ils font face à une dure bataille et à un siège prolongé qui risque de ne pas aboutir. Si le Seigneur Général Stryker parvient à rassembler ce qui reste de ses propres forces et à rassembler le soutien de la Résistance de la Tour Gris-vent, il peut additionner ses troupes à la Première Armée. »

« Ce n’est pas une assurance de victoire », répliqua Baird. « Merywyn est une forteresse de Khador aussi puissante que Korsk à ce stade. »

« Je suis d’accord, Votre Majesté », déclara Lukas, « mais si la Garde du Creuset rejoint le Seigneur Général Stryker, il pourra vaincre Strakhov et apporter une force à Merywyn qui pourrait inverser le cours de ce conflit.

« C’est un énorme « si », Aurum Légat », répondit Dagget. « Nous pourrions engager nos forces pour cette cause et perdre. Cela nous rendrait dangereusement vulnérables aux représailles khadoréennes.

« Pourtant, nous sommes vulnérables actuellement », dit Lukas. « Vous ne le remarquez pas ? Si nous ne faisons rien, le Cygnar et la Résistance seront vaincus et le Khador inarrêtable. » Il se tourna vers Baird. « Votre Majesté, où imaginez-vous que la Kommandantura tournera ensuite ses attentions ? »

Baird fronça les sourcils. Contrairement à de nombreux rois, Il ne s’opposait pas à un conseil direct, même franc, mais il n’était pas un dirigeant porté à l’action ouverte. « Je ne suis pas un imbécile, Aurum Légat. Je vois la menace à ma porte. »

« Alors je vous supplie de soutenir ma proposition », déclara Lukas.

« Et qu’en est-il de l’Armée et de la Marine Ordique, Votre Majesté ? » Demanda Helt Langworth. « La Garde du Creuset est puissante, mais nous ne maîtrisons pas les ressources ou les effectifs d’une nation.

Baird gloussa. « Bien joué, Langworth. Vous souhaitez me voir engager plus que vos propres forces dans le conflit. La femme de celui-ci » – il fit un signe à Lukas « -me casse déjà les pieds à ce sujet. »

Lukas poussa un soupir de soulagement audible. Il avait eu peu de nouvelle d’Alyce depuis qu’ils avaient quitté Croix-des-Fleuves. Si elle avait rencontré Baird, alors elle était quelque part en Ord et en sécurité. « Je ne demande pas cela, Votre Majesté. Pas encore. »

« Maréchal Gearheart », dit Baird, « Vous êtes inhabituellement silencieux. Qu’en dites-vous ? C’est votre armée après tout. »

« L’excitation et l’espoir ont fait un bond en avant grâce à Lukas. Il avait compté sur l’écrasante personnalité de Gearheart, son ardeur au combat et son désir de voir la Garde du Creuset sur le terrain pour aider la cause de Lukas.

Gearheart fit semblant de se reprendre son sang-froid ; vraisemblablement, il avait besoin de maintenir l’apparence d’un homme considérant ses options. « L’aurum légat avance un solide argument. Mais permettez-moi de vous en présenter un autre. Nos gars et leurs équipements n’ont pas vraiment été testés. Ils sont bien entraînés, mais ils ont peu combattu avec notre armement de pointe. Ce conflit en Llael peut nous offrir l’occasion de mesurer leur courage et de voir nos armes en action autrement que lors d’essais sur le terrain. Nous pouvons évaluer et faire les ajustements nécessaires avant qu’ils ne soient appelés a défendre nos frontières. » Le maréchal sourit. « De plus, mes gars ont conçu quelque chose de nouveau que j’aimerais voir agir de près et personnellement. Enfin, pas trop près, si vous voyez ce que je veux dire. »

« S’ils sont appelés à défendre nos frontières » déclara Dagget, ignorant la dernière déclaration de Gearheart.

« Je pense que c’est une conclusion évidente, Commandant », répondit Lukas.

Il discerna plus que la position conservatrice habituelle de Dagget ici.

Elle avait l’air effrayée, et il ne pouvait pas lui en vouloir.

Helt Langworth expira un long et puissant souffle, comme s’il l’avait retenu pendant toute la réunion. « Je suis forcé d’être d’accord avec le Maréchal Gearheart … jusqu’à un certain point. La proposition de l’aurum légat nous offrirait l’occasion d’apprêter nos forces, mais nous devons être prudents. »

Baird se rassit sur sa chaisse. « Décrivez-moi cette mise en garde, Langworth. »

« Je dis que nous engageons certaines de nos forces à Croix-des-Fleuves – celles le plus en mesure de les aider – puis le résultat de cette bataille détermine si nous engageons davantage. Je pense que nous atteignons à la fois l’objectif d’aider nos alliés et de tester l’état de préparation au combat de la Garde du Creuset sans prendre trop de risques. »

Creena Torcail acquiesça. « Un compromis, et pas un mauvais. Mais ce sera quand même cher. »

Lukas réprima un sourire. Avec Creena, Gearheart et Langworth le soutenant, même avec prudence, son objectif était proche. Il ne restait plus que deux personnes à convaincre. « Commandant Dagget, je comprends votre réticence. Votre loyauté et votre dévouement envers les hommes et les femmes de notre ordre ont toujours été irréprochables, et ce que je propose va coûter la vie à certain d’entre eux- »

Dagget l’interrompit. « Ne vous trompez. Aurum Légat, ne prenez pas mon hésitation pour un manque de compassion pour nos alliés. Je comprends le danger si Croix-des-Fleuves tombe ». Elle soupira. « Le compromis de Maître Langworth est un compromis que je pourrais appuyer – dans des limites du raisonnable. »

Lukas savait que son influence sur la troupe de La Garde du Creuset ne pouvait être ignorée ou sous-estimée. Son soutien était crucial. Il pesa ses mots.

« Alors, nous avons un plan d’action » dit Lukas. « Nous avons un … »

Baird leva la main. « Un instant, Aurum Légat. J’ai entendu votre conseil, mais je dois quand même y réfléchir. »

« Bien sûr, mais nous avons peu de temps, Votre Majesté » ? répondit Lukas. « Strakhov marchera bientôt sur Croix-des-Fleuves. »

« Je serai rapide. Je vous le promets » dit Baird.

Lukas serra les dents et tint sa langue, malgré son sentiment que Baird était condescendant. Techniquement, il n’avait pas besoin de la permission du roi ordique pour mobiliser la Garde du Creuset, mais Baird avait été un généreux mécène et protecteur depuis la chute de la Forteresse du Tonnerre. Tous les autres, à l’exception de Gearheart, tiendraient compte de la décision du roi.

Le destin de Croix-des-Fleuves et de l’entièreté des Royaumes d’Acier pourrait reposer sur le caprice d’un seul homme.

Source VO
« Modifié: 02 février 2022 à 17:38:32 par elric »
Citation de: Maître Yoda
Trop gentil tu seras, dans le côté obscur tu l'auras.

Si vous constatez des fautes d'orthographe et/ou de conjugaison, des phrases à remanier pour une meilleur compréhension.
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Re : STORMBREAK - 1ere partie
« Réponse #1 le: 06 décembre 2019 à 00:33:02 »
— 4 —

STRYKER SE TENAIT SUR LA MURAILLE EXTÉRIEURE de Croix-des-Fleuves, au-dessus de la Grande Porte et de l’énorme pont au-delà. C’était l’un des rares créneaux intacts. Des ingénieurs et des tailleurs de pierre, le peu qu’ils restaient encore, supervisaient des groupes de citoyens de Croix-des-Fleuves qui réparaient à la hâte les murs la ceinturant.

Tout cela, c’est de la poudre aux yeux, vraiment, quelque chose pour que les habitants de cette ville assiégée aient l’impression de contribuer à leur propre défense. Rien de tout cela n’aurait d’importance lorsque l’Armée Khadoréenne, se regroupant à Rynyr, arriverait. Malgré les tentatives que Khador avait fait pour occuper et reconstruire la ville, il la réduirait en ruines et tueraient des milliers de personnes si cela signifiait vaincre les forces cygnaréennes et de la Résistance à l’intérieur. Il avait des informations selon lesquelles l’Armée Khadoréenne était en mouvement.

Dans la cour pavée à l’ombre de la massive porte en contrebas de Stryker, le Lieutenant William Harcourt reçoit ses instructions du Maréchal Ashlynn d’Elyse. La warcaster de la Résistance avait sa rapière mékanique, Némésis, et faisait la démonstration d’une simple fente. Elle ne portait pas son armure, donc ses bandages étaient visibles sous une chemise de mousseline ample. Les blessures récentes de Stryker les faisaient souffrir sous son armure de warcaster, mais, comme Ashlynn, les gens avaient besoin de les voir sur pieds, menant.

« Rappelez-vous, cette épée est mékanique, et lorsque vous portez votre armure, seul un autre warcaster peut la parer efficacement », a-t-elle déclaré et en un coup fulgurant de Némésis elle passa d’une garde haute à une brutale frappe oblique.

Harcourt l’imita avec sa lame cygnaréenne plus courte et plus utilitaire. Son coup, de taille, était puissant, mais ses pieds étaient mal placés, le laissant déséquilibré.
« Comme ça ? »

Ashlynn grimaça. « Non, horrible. Tu ressembles à une cigogne maladroite. »
Stryker gloussa. Harcourt leva les yeux vers lui, son visage empli d’inquiétude et de honte, et, nota Stryker, un peu d’agacement. « Monsieur, pourquoi m’enseignez-vous pas la grande épée caspienne ? Je ne suis pas un fichu escrimeur, vous savez. »

« Non, certainement pas », déclara Stryker, « mais la grande épée caspienne est une arme de mêlée de première ligne, et ce ne sera pas ton rôle sur le champ de bataille. Tu as besoin de maîtriser l’épée à une main et il n’y a personne de mieux que le Maréchal Ashlynn.

« J’apprécie le compliment, mais tu m’as probablement chargé d’une tâche impossible Coleman », répondit Ashlynn, luisante, bien que le soupçon d’un sourire ait fleuri sur ses lèvres.

« Fait du mieux que tu peux pour le lieutenant », dit Stryker. Elle ne lui faisait pas entièrement confiance – ni au Cygnar d’ailleurs — mais une camaraderie, parfois tendue, s’était développée entre eux.

Il regarda Ashlynn travailler sur la position d’Harcourt un peu plus longtemps, heureux de voir le jeune guerrier apprendre rapidement les gardes de base. Il n’était peut-être pas un épéiste de classe mondiale, mais il n’était pas un cas désespéré.

Le clip-clop de sabot en acier sur des pavés brisa le moment de silence, et le Capitaine Archer est entré sur la place. Le capitaine Lance-Tempête s’était remis de ses terribles blessures, mais sa jambe gauche se terminait au genou. Il avait été écrasé sous la chute de débris lors de la destruction d’Elsinberg, et il n’y avait eu aucun moyen de sauver le membre. L’un des forgerons locaux lui avait fabriqué une prothèse appropriée lui permettant de s’asseoir à cheval sur un cheval et de tenir les étriers. Stryker lui avait permis de reprendre ses fonctions parce qu’il avait besoin d’elle, avait besoin de sa force et de son leadership parmi les Lances-Tempête, mais il ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter du fait qu’elle ne retrouve jamais pleinement sa confiance.

Seigneur Général, Maréchal d’Elyse, salua le Capitaine Archer, « des éclaireurs ont repéré le Major Magnus en direction de Croix-des-Fleuves. Il sera ici d’ici une heure. »

« A-t-il les hommes promis par le Colonel Jarov ? » Demanda Stryker. Le capitaine Lance-Tempête secoua la tête. « Non, monsieur. Selon le rapport, il est à la tête de deux chariots et d’un petit groupe de soldats llaelais. »

« Des blessés ? » demanda Ashlynn, en rengainant son épée.

Archer hocha la tête. « Oui, il y a des blessés parmi les llaelais. »

« Lorsque Magnus arrivera, informez le Major Maddox et envoyez-les-moi tous les deux », déclara Stryker. « Maréchal d’Elyse, Voulez-vous vous joindre à moi ?

« Vous pensez pourvoir m’en empêcher ? Dit Ashlynn, mais Stryker détecta une boutade dans sa voix.

« Je n’y songerais même pas. »

. . .

ILS S’ÉTAIENT RÉUNIS DANS LA MODESTE MAISON que Stryker avait reconstruit pour en faire son propre logement dès qu’il avait eu la confirmation qu’elle n’appartenait à personne de vivant encore à Croix-des-Fleuves. Il prévoyait de la remettre à la ville si celle-ci survivait aux semaines à venir.

La pièce qu’il préférait pour ses conseils de guerre avait équipée de meuble assez grands pour recevoir une armure de warcaster si nécessaire. Le Major Asheth Magnus, le Major Elizabeth Maddox, le Maréchal d’Elyse et le mage balisticien Vayne di Brascio occupaient ces meubles. Il avait réservé le briefing à ses officiers supérieurs, laissait seulement le Colonel Hughs de côté, il supervisait le placement du peu d’artillerie dont ils disposaient.

« Très bien, dites-moi ce qui s’est passé », demanda Stryker à Magnus.

« Pour faire simple », répondit Magnus. « Nous avons été pris en embuscade par des forces khadoréennes dirigées par l’un de ces kommandos d’élite que nous avons rencontrés à Rynyr.

Il désigna le trou de balle dans son épaulière droite, l’œuvre d’une carabine Murmure de la Mort. « Nous avons quelques blessés, mais je les ai vus arriver, et ils ont pris plus cher que nous. »

« Ravi de l’entendre », dit Stryker. « Mais où sont les hommes et les munitions promirent par le Colonel Jarov ? »


« J’aimerais le savoir aussi », prononça Ashlynn. « Le Colonel m’a promis personnellement qu’il enverrait ces troupes. »

« Je suis désolé, ma dame », répondit Vayne di Brascio. « Le Colonel Jarov m’a demandé de vous présenter ses propres excuses.

« Je n’ai pas besoin d’excuses, capitaine », répliqua Ashlynn. « J’ai besoin de savoir pourquoi nous n’avons pas une centaine de soldats supplémentaires pour renforcer nos rangs. »

Di Brascio écarta les mains. « Les forces khadoréenne mènent une campagne de guérilla des plus efficaces contre la Tour Gris-vent. Il est très difficile d’entrer ou de sortir quoi ce sot de la forteresse sans subir de lourdes pertes. Le colonel a engagé tout ce qu’il croyait possible pour les défenses de Croix-des-Fleuves. »

« Donc, vous dites que nous avons reçu toute l’aide disponible de Tour Gris-vent », dit le Major Maddox en fronçant les sourcils.

« J’ai bien peur que ce soit le cas », répondit di Brascio.

« Eh bien, c’est ma contribution à cette catastrophique journée », déclara Magnus. « Pas besoin de me remercie. Quelles nouvelles des khadoréens à Rynyr.

« Autant j’apprécie vous battre, cette fois, je préfère que vos nouvelles soient les pires », répondit Stryker. « Depuis Rynyr, sa relation avec son ancien mentor était devenue un territoire nouveau pour eux deux. Au moins, il ne détestait plus l’homme.

« Le seigneur général a tenté une blague », déclara Magnus. « Nous devons être braves et réellement damnés. »

Toutes les personnes dans la pièce gloussèrent et Stryker fut reconnaissant pour cette touche d’humour. Cela pourrait rendre ce qu’il avait à dire plus facile à digérer.

« J’ai des informations du SRC selon lesquelles la majeure partie des forces khadoréennes de Laedry se sont jointes à celles de Rynyr. Elles sont déjà en mouvement, et les estimations les plus prudentes, le nombre de soldat s’élèverait au moins à vingt mille, soutenus par deux douzaines de warjacks lourds, dont plusieurs colosses de classe Victor. »

« le silence s’installa dans la pièce. Enfin Vayne di Brascio pris la parole : « Et quel est notre nombre ici ? »

« Pas plus de cinq mille soldats prêts au combat, une douzaine de warjacks, principalement des châssis légers, et pas de colosses. Nous avons de l’artillerie, mais pas assez pour protéger une ville de cette taille. »

« Avons-nous des nouvelles de Lukas ou d’Alice di Morray ? » Demanda Ashlynn.

Stryker secoua la tête. « Aucune. S’ils envoient de l’aide – et cela semble peu probable à ce stade – il y a peu de chance qu’elle arrive assez vite que pour avoir de l’importance. Pour être honnête, l’aide du Colonel Jarov était le seul scénario possible. »

« Pouvons-nous attendre à recevoir de l’aide du Seigneur Général Duggan de la Première Armée ? Demanda Magnus.

« Non, Major », déclara Maddox. « Il se concentre sur Merywyn, et même si nous pouvions faire traverser le Fleuve Noir à des troupes, elles seraient confrontées aux mêmes difficultés que Tour Gris-vent.

« Ce n’est pas tout. Nous avons un autre problème, mineur actuellement, mais qui mérite d’être surveillé », déclara Stryker. « Le Capitaine Adkins a arrêté deux péniches rhulique transportant un étrange chargement qui, à notre avis, est destiné à Khador.

« Foutu Cartel Seaforge », râla Magnus. « Jouer sur les deux tableaux, sans aucun doute. »

« La Résistance fait du commerce avec certaines factions d’Hammerfall depuis un certain temps. Principalement pour les armes et les munitions », ajouta Ashlynn, fronçant les sourcils. « Nous ne pouvons pas nous permettre de payer ce qu’ils demandent pour les hommes et les machines. »

« Adkins les retient jusqu’à ce qu’un envoyé de Rhul explique ce qu’ils transportent », poursuivi Stryker. Il n’était pas encore près de partager ses réelles craintes avec ses commandants, pas que ces craintes ne soient confirmées ou, encore mieux, infirmées.

« Tu crois qu’il y aura une bagarre ? » Demanda Magnus.

« Pas tout de suite, mais Rhul n’est pas content que l’on bloque le fleuve, et s’ils ont envie de lever le blocus, les clans ont certainement la puissance de feu pour le faire. »

« C’est la dernière chose dont nous avons besoin », déclara Maddox.

« D’accord, mais comparé à l’Armée Khadoréenne se rapprochant, ce n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan », dit Magnus « Quels sont vos ordres, Seigneur Général ? »

Le regard grave sur son visage révéla à Stryker qu’il savait déjà. « Nous devons conserver Croix-des-Fleuves le plus longtemps possible et empêcher Strakhov de rejoindre les forces khadoréennes à Merywyn. Nous devons donner autant de temps que possible au Seigneur Général Duggan pour attaquer la capitale et rallier les forces de la Résistance.

Ashlynn dit : « Il n’y en a pas beaucoup, mais certains de nos meilleurs combattants sont à Merywyn. Ils feront des ravages de l’intérieur. Je peux vous l’assurer. »

« Et les citoyens de Croix-des-Fleuves ? » Demanda Maddox.

« Nous leur donnons le choix », dit Stryker. « Ils peuvent rester et aider à défendre la ville, ou ils peuvent aller à Merywyn.

« Ce n’est pas vraiment un choix », répondit Magnus.

« Je suis d’accord, mais ce sont les options qui s’offrent à nous. »

La pièce redevint silencieux tandis que chacun réfléchissait à la voie à suivre. Dans leur esprit, la mort était constamment suspendue comme un linceul. Mais la pensée de l’échec du roi ou de la cause pesait plus lourdement sur eux.

« Mes ordres sont donc simples », déclara Stryker. « Nous endurons, et nous nous battons. »

— 5 —

PARFOIS, IL SEMBLAIT À STRYKER que sa vie était un boucle sans fin, répétant les mêmes horribles événements encore et encore. Il n’y a pas si longtemps, quand il avait regardé par dessus les murailles de Croix-des-Fleuves, un gigantesque armée khadoréenne, venue pour détruire tout ce pour quoi il avait œuvré. Maintenant, un autre armée, plus grande que la première, déferlait telle une vague rouge mécanisée vers Croix-des-Fleuves, inépuisable et implacable.

Il avait repris sa position au sommet de la Grande Porte, un structure en forme de forteresse qui protégeait le plus grand pont sur le confluent des fleuves qui a donné son nom à Croix-des-Fleuves. Les khadoréens avaient détruit les autres ponts assez grands pour supporter les warjacks et un grand nombre de troupes bien avant que Stryker n’ait libéré la ville pour la première fois, et ils auraient détruit celui-ci s’il ne les avait pas arrêtés.

La dernière fois que lui et tout Croix-des-Fleuves avaient affronté Khador, la ville était dans un bien meilleur était. Maintenant, ses murs étaient peu nombreux et ses citoyens assurés de la menace d’une destruction totale. Il avait remporté cette première bataille en grande partie grâce à l’utilisation par Magnus du Souffle Diabolique pour tuer des milliers de soldats khadoréens après leur entrée dans la ville. Cela le rendait encore malade, mais cela avait mené à la victoire. Il n’y aurait plus de surprise diabolique pour les khadoréens cette fois ; non, cette fois, ils réduiraient la ville et ses habitants en poussière.

Il avait discuté avec les anciens de Croix-des-Fleuves et leur avait donné le choix : rester et se battre ou fuir vers le sud. Beaucoup avaient choisi de rester, et bien qu’il fasse de son mieux pour les protéger, les pertes seraient monumentales. Il admirait leur courage ; le Khador s’était déjà emparé de Croix-des-Fleuves une fois, mais il l’avait presque rasé au moment de sa libération par le Cygnar, et sa population était de nouveau au bord du précipice de plus de morts et de plus de destructions. Pourtant, ils restaient, quel qu’en soit le prix.

Une partie de lui aurait souhaité qu’ils aient abandonnent tous leur maison. Cela faciliterait la défense de la ville, mais là encore, dans la même situation, il ne quitterait pas son foyer. Il se battrait. Il resterait. Peu importe le prix.

« Tellement », exprima le Lieutenant William Harcourt, le visage pâle. Il se tenait à côté de Stryker sur la muraille avant de la Grande Porte.

« Nous savions que ce serait le cas », dit Stryker. « Mais nous avons la Grande Porte. »

Le pont et la Grande Porte étaient le seul moyen d’introduire quoi que ce soit de lourd, comme des warjacks et de l’artillerie, dans la ville. Le fait qu’ils le contrôlent était l’un des rares avantages qu’ils avaient. Strakhov ne devrait pas être en mesure d’envoyer de l’infanterie et des warjacks sur la ville depuis plusieurs directions, mais il n’en avait pas vraiment besoin. Stryker ne pouvait pas l’affronter à découvert – il n’avait pas les hommes pour ça. Le commandant khadoréen pouvait simplement s’asseoir et pilonner la ville. Il était clair que sa priorité n’était plus de s’emparer de la ville intacte pour leur propre usage. À Elsinberg, Stryker avait vu de visu ce que des tirs de barrage concentrés pouvait faire. Ils avaient réduit la ville en cendres et détruit la majeure partie de l’armée qu’il commandait.

« Et moi qui pensais que Rynyr avait été violent », dit Harcourt. En contrebas, un sifflement aigu, de vapeur, retentit. Vî Arsouye avait senti l’était de nervosité de son warcaster.

« Rynyr a été violent. Ici c’est pire », déclara Stryker, puis le regretta. Harcourt blêmi et s’appuya d’une main sur la crénelle la plus proche.

« Lieutenant, j’ai connu pire et j’ai survécu. Malgré la peur, malgré le désespoir, nous avons un devoir envers le Cygnar et les citoyens de cette ville. Nous devons tenir le plus longtemps possible. »

Harcourt acquiesça et inspira difficilement. « Leurs armes seront bientôt à portée. »

« Le Major Magnus va les retarder », lui assura Stryker. Magnus dirigerait certaines des Lances-Tempêtes et quelques-uns de leurs warjacks légers pour cibler l’artillerie khadoréenne. S’il pouvait en détruire une partie ou les empêcher de cibler la ville, même pendant quelques heures, cela lui ferait gagner du temps. Ashlynn d’Elyse s’occuperait de l’intérieur de la ville, employant principalement ses propres troupes et les warjacks ayant survécu à Rynyr. Quand la Grande Porte tomberait, Stryker se replierait et se joindrait à elle pour faire subir aux khadoréens une sanglante bataille de rue en rue. C’était une affaire perdue d’avance, de toute façon. Il sauverait autant de civils que possible et espérait que Strakhov ne gaspillerait pas plus d’hommes et de ressources que nécessaire pour les chasser.

La majeure partie des forces cygnaréennes restantes étaient rassemblées derrière la porte. Lance-Tempête, infanterie pionnier, et tous les warjacks lourds qu’il leur restait. Le Colonel Hughs avait installé des batteries d’artillerie près de parties intactes de la muraille extérieure. Il n’avait ni la portée ni le nombre pour faire beaucoup de dégâts aux khadoréens, mais il pourrait ralentir leur avance.

« Il n’y a pas grand-chose de plus à regarder ici », déclara Stryker. Il avait grimpé au rempart pour voir l’armée qui se rapprochait, et maintenant, il en avait plu que suffisant. « Descendons au près du Major Maddox. »

Ils descendirent et Stryker sentit la présence des deux Défenseurs qu’il dirigeait. Les warjacks étaient deux des cinq lourds qu’ils avaient encore, sans compter Arsouye. Maddox dirigeait un Cyclone et une paire de Chargeurs plus légers, et Magnus avait pris le reste de leurs warjacks légers, deux Chasseurs et un autre Chargeur. C’est un nombre infime de warjacks pour affronter les douzaines de Strakhov et de ses contrôleurs à sa disposition.

Des rangs de pionniers et de Lames-Tempêtes avait rempli l’espace derrière la Grande Porte, et ils se sont écartés pour laisser passer Stryker et Harcourt. Stryker a offert un salut cordial ou s’est arrêté pour saisir l’avant-bras d’un soldat avec lequel il avait combattu lors d’une bataille passée. Il a vu la peur sans les yeux de ses troupes, mais aussi la détermination. Ils se battraient, et ils se battraient bien.

Harcourt salua les soldats de la même manière, bien qu’il soit plus décontracté. Il était nouveau pour eux, et sa rapide promotion après la découverte de son talent de warcaster aurait pu présenter des problèmes pour certains vétérans. À la surprise et au plaisir de Stryker, les soldats répondait au jeune warcaster avec un enthousiasme facile. Certains d’entre eux l’avaient vu combattre aux côtés de Vî Arsouye à Rynyr. Là-bas, Harcourt s’était bien acquitté de sa tâche, et des histoires comme celle-ci se répandaient rapidement au sein d’une armée. La bravoure d’un officier, même jeune, a toujours suscité le respect.

« Seigneur Général », cria Maddox de l’autre côté de la place. L’imposant Cyclone de la warcaster surgit parmi les rangs de soldats, et sa voix portait avec l’autorité d’un sergent instructeur.

Elle se précipitait vers lui, ses yeux brillant d’excitation et de quelque chose d’autre, quelque chose qu’il n’avait plus vu depuis un certain temps. De l’espoir.

« Qu’y a-t-il, Major ? » demanda Stryker.

« Monsieur, nous avons reçu des rapports intéressants de la part de nos éclaireurs de front », déclara Maddox. « Le message a été relayé par notre réseau d’éclaireurs, donc l’information a au moins un jour. »

« C’est noté. Dites-moi. »

« Il y a une autre armée en mouvement depuis l’ouest », a-t-elle déclaré. Les tripes de Stryker faisaient des nœuds. Il s’attendait à ce que les forces khadoréennes viennent de Laedry, mais la possibilité que davantage de troupes khadoréennes viennent de villes proches de la frontière, comme Rorchik, demeurait une possibilité terrifiante.

Maddox ressentit son inquiétude et secoua la tête. « Pas khadoréenne, monsieur. Autre chose. »

« Quoi ? Qui ? »

« Les rapports sont… étranges. Ils décrivent des warjacks et des troupes qui ne correspondent à aucune configuration connue. »

Le Cygnar avait des renseignements sur le Châtiment de Scyrah et la Convergence de Cyriss, deux nouvelles forces militaires étranges apparues dans les Royaumes d’Acier ces dernières années. Dans l’esprit de Stryker, cela signifiait que l’identité de l’armée venant de l’ouest ne pouvait signifier qu’une chose.

« C’est Lukas di Morray », déclara Stryker. « Cela doit l’être. »

« Monsieur, vous avez probablement raison, mais nous n’en sommes pas sûrs », répondit Maddox, son espoir personnel cédant sa place à la prudence d’un officier. « Ils pourrait s’agir de troupes de la Garde du Creuset, mais sans aucun message de di Morray et aucun moyen de le savoir avec certitude... »

« Les éclaireurs auraient reconnu n’importe qui d’autre », dit Stryker, autant à lui-même qu’à elle. Il sentit une déferlante lointaine dans sa poitrine, ressemblant à de l’espoir. « C’est eux. Avez-vous des chiffres ? »

Maddox hocha la tête. « Il pourrait être plus de cinq mille, bien qu’il y ait de nombreuses étranges machines avec eux.

« Strakhov n’a peut-être pas les mêmes rapports, nous ne pouvons donc pas les laisser se préparer. Nous devons les frapper fort, l’entraver, afin qu’il ne puisse engager aucune de ses forces à attaquer di Morray à son arrivée.

« Comment pouvons-nous faire cela ? » Déclara Harcourt.

Stryker montra du doigt les immenses portes en acier et en bois de la Grande Porte. « Nous lui donnons le pont. »

— 6 —

LES ORDRES PROVENAIENT D’UNE LANCE-TEMPÊTE qui avait failli tué son cheval pour atteindre Magnus et ses troupes depuis Croix-des-Fleuves. Ils devaient encore frapper l’artillerie s’ils le pouvaient, selon les ordres, mais leur objectif premier était maintenant d’attirer autant de troupes ennemis vers la ville et le pont que possible.

Magnus a congédié le Lance-Tempête et a examiné la menace devant lui. L’Armée Khadoréenne s’installait et leurs lignes étaient denses de Man-O-War, probablement provenant de Laedry. Il y avait moins de cavalerie que la première fois que Khador avait assiégé Croix-des-Fleuves, et l’infanterie légère était composée en grand nombre de kommandos d’assaut plutôt que de Gardes des Glaces. Strakhov favorisait les kommandos, qui se mouvaient plus rapidement, et leur présence au sein de l’armée n’était pas une surprise. Strakhov avait été intelligent avec ses forces – il avait placé ses chariots et ses troupes d’artillerie en plein milieu d’une large force de Man-O-War. Ils seraient difficiles à les atteindre sans couper à travers les guerriers les plus coriaces de Khador.

Magnus avait ses propres troupes, une centaine de Lances-Tempête soutenues par l’infanterie pionnier et des commandos placés sur le flanc droit de l’Armée Khadoréenne. C’était le plus mince et leur meilleure chance d’atteindre l’artillerie.

« Capitaine Archer », dit Magnus. Il était à pied et dû lever les yeux vers le capitaine Lance-Tempête. « Tu vas projeter tes Lances directement dans leurs dents. Frappe-les durement et faits un trou. Je couvrirai avec les warjacks et te suivrai après. »

« Oui, monsieur », dit-elle.

« Fonce et puis recule. »

« Monsieur ? » Dit Archer. « Je croyais que notre mission était de faire le plus de dégâts possible à l’artillerie. »

« Ça l’était », dit-il. « Mais il se peut que nous ayons des amis en chemin, alors nous devons faire croire à Strakhov que c’est notre objectif, et ensuite retraiter en ville. Vers la porte. »

Elle parcourut la ligne de Lance-Tempête, relayant ses ordres. Magnus n’avait pas servi longtemps avec Archer – c’était une protégée de Stryker – mais il l’avait vue se battre et commander, et elle était formidable dans les deux circonstances.

Les khadoréens l’avaient vu et avaient probablement deviné ses intentions. « Brigland », dit Magnus. « Tu as tout percuté ? »

L’ancien chien de mer hocha la tête. Il s’était installé dans son rôle de leader parmi les pionniers ; ils respectaient son style terre-à-terre et son implacable férocité au combat. « Je l’ai fait, monsieur. On est derrière vous. »

Magnus se tourna vers le trollkin proche de lui. « Horgrum, je veux que tu exploses tout ce qui s’approche de trop de moi pendant que j’achève les Man-O-War qu’Archer laisse derrière elle. »

Le grand trollkin grogna son assentiment. « Je détruirai tous ceux qui vous menacent. »

« Juste ceux qui me tombent dessus », clarifia Magnus. D’un geste il prit le commandement. « Très bien. Allons foutre le bordel. »

Il leva son bras et le laissa tomber. Les Lances-Tempête ont commencé à avancer, le Capitaine Archer en tête. Les obus des canons-boucliers des Man-O-War s’épanouirent, quoique trop courts. Ils devraient bien tôt faire des ravages.

Les Lances-Tempête s’élancèrent au galop, et Magnus avança, ses warjacks l’entourant le protégeant. Il tendit la main vers l’un des deux Chasseurs qu’il dirigeait et cibla un kovnik Man-O-War criant des ordres sur le flanc droit. À trois cents verges, le kovnik se prit un obus sur le plastron et explosa dans une gerbe de sang et d’armures.

« C’est un bon départ » dit Magnus, qui se lança dans un sprint en grimaçant alors que l’accumulation de vieilles blessures et l’âge lui procuraient des spasmes de douleur à travers le corps. Ces jours-ci, il semblait que la seule chose qui le maintenait droit était son armure et son refus d’arrêter. Il tira Pourfendeur de son dos et parcouru mentalement la liste de ses sorts. Il faudrait qu’il soit plus proche pour la majorité d’entre eux.

Il poussa tous ses warjacks pour ouvrir le feu, tirant en chandelle des obus des canons jumeaux du Chargeur et sélectionnant ses cibles – des officiers, si possible – avec les canons à longue portée plus précis des Chasseurs. La ligne de Man-O-War vacilla quelques précieuses secondes sous le barrage, juste au moment où les Lances-Tempête arrivaient au contact, percutant la ligne khadoréenne dans un étroit coin. Leurs électro-lances étincelant d’un bleu vif alors qu’ils fracassaient les boucliers et les cuirasses, et embrochant les soldats derrière ceux-ci.

Magnus pris pour cible les troupes khadoréennes à gauche et à droite des Lances-Tempête avec les armes de ses warjacks, empêchant la cavalerie d’être submergée. C’était comme cracher dans un océan – il y avait juste trop d’ennemis sur le terrain.

Les pionniers derrière lui ont tiré avec leurs armes alors qu’ils progressaient, une série de tirs ordonnés qui ont assailli la ligne ennemie d’un flot constant de balle.

Archer et les Lances-Tempête ont atteint le premier ensemble de chariots d’artillerie, et leurs électro-lances les ont arrosés d’éclairs galvaniques.

Magnus n’a pas eu le temps de voir la somme de dégât qu’Archer avait causé parce qu’une ligne de Man-O-War se profilait devant lui. Derrière eux se dressait une paire d’imposantes formes rouges, des warjacks Juggernaut armés de haches assez grandes que pour trancher un homme en deux d’un seul coup ou de tailler en pièces un warjack léger.

Les warjacks déchaîneraient les enfers sur les Lances-Tempête d’Archer, ils devinrent donc la cible immédiate de Magnus. Des runes tournoyèrent autour de son corps quand il invoqua sa magie et la déchaîna. Devant, le sort de catastrophe a explosé sous les pieds du Man-O-War les plus proches, les projetant comme des poupées de chiffon blindées et créant une voie directe vers les Juggernauts.

Magnus osa espérer qu’il avait tué le contrôleur du warjack ennemi dans l’explosion. Il prit Pourfendeur à deux mains et poussa son Chargeur dans une course effrénée vers le premier Juggernaut. Le Chargeur a frappé le Juggernaut avec son marteau de guerre, juste au-dessus de sa petite tête, bosselant la coque mais ne causant aucun dommage majeur. Il a distrait l’énorme machine suffisamment longtemps pour que Magnus s’approche et enfonce Pourfendeur à travers le bras droit du Juggernaut, tranchant à travers l’armure et les lignes hydrauliques offrant la puissance au membre maniant sa hache. Des étincelles et du liquide jaillirent, et le bras du warjacks chuta amorphe à ses côtés. Magnus esquiva un puissant coup du poing gauche puis tendit la main vers ses deux Chasseurs. Leurs canons rugirent et leurs obus perforant explosèrent dans et à travers la coque du Juggernaut, le projetant en arrière.

Magnus remarqua un mouvement du coin de son œil droit et se tourna pour lui faire face. Un kovnik Man-O-War le chargeait, son énorme hache dressée. Le vétéran khadoréen s’était rapproché alors que Magnus s’occupait des Juggernauts. Avec Pourfendeur, il para désespérément, grimaçant alors que la lourde hache mékanique éclatait sa parade, puis traversait son champ d’énergie, le projetant en arrière et le déséquilibrant.

La kovnik chargea à nouveau alors qu’une détonation éloignée mais puissante retentissait. Soudain, le genou droit du kovnik disparu dans une gerbe de sang et d’éclats. Il tomba sur son bouclier.

Magnus n’hésita pas. Il se précipita et balança Pourfendeur en un arc de cercle, ôtant la moitié supérieure de la tête du khadoréen.

Magnus s’arrêta, repris son souffle et salua, sachant qu’Horgrum le remarquerait.

Il s’est reconcentrer. Les pionniers avaient atteints les khadoréens et Brigland forma une ligne de tir. Ils ont arrosé tour après tours l’ennemi. Maintenant, les canons-boucliers Man-O-War faisaient des ravages dans les rangs des soldats cygnaréens, les cramant et les abattant. Malgré cette hécatombe, il leur faudrait tenir un peu plus longtemps.

Archer volta et ramena ses Lances-Tempête vers Magnus. Derrière elle, les épaves enflammées de trois chariots d’artillerie se consumaient.

Magnus recula, emportant ses warjacks avec lui. Ils avaient gravement endommagé l’un des Juggernauts, mais l’autre restait opérationnel, bien que beaucoup plus lent que ses homologues cygnaréens. L’armée qui défendait Croix-des-Fleuves était, dans l’ensemble, plus rapide et plus mobile, et bien qu’elle ne puisse pas se comparer avec la ligne de front khadoréenne, elle pouvait employer plus efficacement les tactiques d’harcèlements.

« Ramène-les vers l’arrière », cria Magnus tandis que les Lances-Tempête chevauchaient devant lui, et il entendit Brigland sonner la retraite.

Ils avaient secoué Strakhov mais n’avaient fait aucun réel dégât ; les kommandos d’assaut se précipitaient en masse sur le flanc droit afin de poursuivre les cygnaréens en fuite.

« Bien », prononça Magnus à haute voix. « Voyons jusqu’où ils nous suivront. »

— 7 —

« CE NE SONT PAS DES SOLDATS, MARÉCHAL », déclara le Capitaine Reece Keller en pointant le groupe de citoyens de Croix-des-Fleuves rassemblés en amas dépenaillés derrière une ligne de soldats llaelais et de hallebardiers Tête d’Acier rassemblés sur la place principale de la ville.

Ashlynn était reconnaissante au capitaine Tête d’Acier d’être resté à Croix-des-Fleuves avec quelques centaines de ses hommes, mais son évaluation directe et souvent grossière des questions militaires l’irritait au plus haut point. « J’en suis bien conscient, capitaine, mais ils se battent pour leur foyer. Leur refuseriez-vous cette opportunité ? »

« Je suis d’accord », dit le Capitaine Vayne di Brascio, lançant un regard noir à Keller. Le mage balisticien de la Rose Améthyste était un combattant de la Résistance llaelaise ayant combattu avec le père d’Ashlynn. Où qu’elle serve, il servait. Son habilité et son leadership étaient des atouts bienvenus à ses maigres forces.

Keller secoua la tête. « Seul la moitié d’entre eux détiennent une arme à feu. Les autres sont armés de …. » Il fit une pause puis désigna un homme corpulent vêtu d’une chemise mal ajustée ressemblant à une cotte de mailles. « Cet homme a couteau de boucher. »

« Alors, gardez-les derrières votre ligne et espérez que les combats n’arrivent pas jusque-là », déclara Ashlynn, sachant que cela pourrait se produire. Sa Mule, Soldat, dégagea de la vapeur et fit un pas en direction du Capitaine Keller, ressentant sa frustration envers le capitaine Tête d’Acier. « Stop, Soldat », dit-elle en tapotant la coque de la Mule. Il leva sa masse dans un salut maladroit et recula.

Keller sourit et salua la Mule. « Mes excuses, Soldat. » Puis à Ashlynn, il dit : « Tu sais, je suivrai tes ordres, mais je dois d’abord en avoir pour mon argent.

« Oui, un trait de caractère épuisant », dit-elle, « surtout chez un mercenaire. » Un bruit de tonnerre lointain s’éleva au-dessus de la ville et des panaches de fumée noire s’élevèrent dans l’air.

« Ça doit-être Hughs », dit Ashlynn. « Les khadoréens sont assez près de la ville pour l’artillerie. »

« Trop proche pour mon confort », déclara Keller.

Ils se tenaient sur la place centrale de la ville, ceinturées de maisons et de commerces, dont la plupart ont été récemment reconstruites. Les quatre rues principales de Croix-des-Fleuves se séparent dans les directions cardinales, permettant à Ashlynn de rapidement déplacer ses troupes dans n’importe quel quartier de la ville. Entre ce qui restait des forces qu’elle commandait à Rynyr et les Têtes d’Acier de Keller, elle avait environ un millier de soldats. Ses autres atouts étaient la Mule, Soldat, et un ancien warjack Rapace qu’ils avaient trouvé inerte et recouvert de toile d’araignée dans un vieux bunker avant la première invasion de Khador. Ils avaient réussi à le faire fonctionner, mais s’y connecter ressemblait à remonter le temps ; son cortex primitif était encore plus simpliste que celui de Soldat, vieux de deux siècles. Au-delà de cela, elle avait deux cents hommes et femmes de Croix-des-Fleuves, valides, mais sans formation militaire. Quand les khadoréens pénétreraient dans la ville, l’ennemi ne ferait qu’une bouchée des conscrits.

Provenant du sud, des bruits de sabots frappant les pavés résonnèrent sur la place, et l’un des cavaliers Tête d’Acier s’est arrêté près d’Ashlynn et de Keller.

« Nous avons un contact près des quais au sud », dit-il le visage lugubre.

Ashlynn y avait placé le Major Cocteau et certaines de ses meilleures troupes. Là où se dressait le pont méridional principal, le lit de la rivière y était plus étroit ; c’était l’endroit le plus probable que les khadoréens attaqueraient. Strakhov n’enverrait pas toute son armée contre la ville lors d’un assaut frontal. Non, il chercherait d’autres façons de les attaquer.

« Rapport », déclara Keller.

« Ils ont apporté leurs propres ponts », dit le cavalier Tête d’Acier, les yeux écarquillés de stupéfaction.

Vayne di Brascio secoua la tête. « Nous aurions dû nous y attendre de la part de gars comme Strakhov. »

Ashlynn s’irrita à ce commentaire, même si elle ne pouvait contester l’estimation du mage balisticien. Ils auraient dû s’attendre à quelque chose de sournois d’un ennemi qui avait passé toute sa carrière en tant qu’espion et assassin.

« Combien d’hommes ? » Demanda-t-elle au Tête d’Acier.

« Peut-être mille », répondit le Tête d’Acier. « On dirait des kommandos d’assaut, certains d’entre eux en armure noire. »

« Les kommandos, l’animal de compagnie de Strakhov », la main d’Ashlynn s’est levée jusqu’à son plastron, survolant la zone où elle avait été touchée à Rynyr par une carabine Murmure de la Mort.

« Quels sont tes ordres, Maréchal ? » Demanda di Brascio.

Elle prit sa décision. « Keller, reste ici et garde la place », déclara Ashlynn. « J’emmène cinq cents hommes sur les quais. Nous ne pouvons pas laisser les khadoréens pénétrer plus loin dans la ville. Capitaine di Brascio, tu me suis. »

Keller hocha la tête. « Nous allons tenir ici. Bonne chance, Maréchal. »

. . .

« JE DÉTESTE CE FOUTU PONT », déclara Stryker dans sa barbe alors qu’il déviait une hache Exterminatrice Man-O-War, d’un pas de côté, puis ouvrit l’homme de la tête au pied avec Vif-Argent. À ses côtés, Harcourt de la main invoqua un sort et lança un projectile mystique contre un uhlan, l’éjectant de sa selle. « Désolé, monsieur, je ne vous ai pas entendu. »

Striker ouvrit la bouche pour répondre, mais un tir de bouclier canon Man-O-War s’écrasa contre son champ d’énergie, le repoussant d’un pas. Un de ses Défenseurs intervint et pulvérisa le khadoréen avec son marteau disruptif.

Le pont grouillait de khadoréens, pour la plupart des Man-O-War, mais les rangs d’uhlans et de kommandos d’assaut n’étaient pas loin derrière. Strakhov avait également engagé certains de ses warjacks lourds sur le pont dès que Stryker avait clairement fait savoir qu’il le rencontrerait à découvert.

Strakhov avait put sentir le piège, mais il s’en fichait peut-être. Il avait suffisamment d’hommes et de machines pour que toute perte subie sur le pont soit minuscules par rapport à celle de Stryker. À un moment donné, il n’y aurait plus de cygnaréens à combattre, et Strakhov envahir la ville et prendre son pour nettoyer toute résistance.

S’il avait su pour l’armée approchant, armée dont Stryker pariait que c’était la Garde du Creuset, Strakhov n’aurait pas engagé autant d’hommes. Strakhov se demandait si la défaite que Strakhov avait subie à Rynyr des mains de Stryker avait influencé sa décision d’engager autant d’hommes sur le pont.

Stryker s’était rendu bien visible au cas où cela motiverait son adversaire.
Il avait précipité ses propres forces à mi-chemin du pont, dirigeant personnellement les Lames-Tempêtes survivantes. Il tenait Maddox et la plupart des pionniers en réserve derrière la porte pour une brutale contre-attaque s’ils étaient refoulés dans la ville.

Mais cela ne pourrait jamais arriver. Ils tiendraient plus très longtemps.

Stryker recula à nouveau et poussa ses warjacks en avant pour combler l’espace sur leur ligne de front. La ligne khadoréenne s’ouvrit un instant et la forme imposante d’un warjacks traversa. Ses haches jumelles et sa conception archaïque l’identifiait comme étant un Berserker, un châssis vieillissant qui avait la tristement célèbre réputation du cortex défaillant suivi d’une explosion catastrophique.

Le contrôleur du Berserker beuglait des ordres à la machine alors qu’elle se précipitait sur l’un des Défenseurs de Stryker. Stryker déchargea les lourds canons des warjacks par-dessus la tête des Lames-Tempêtes qui l’entouraient, et les obus ont percuté le Berserker en charge, noircissant son blindage et bosselant sa coque. Cela ne l’a pas ralenti.

Des explosions galvaniques des glaives-tempêtes émaillaient le Berserker, brûlant davantage son blindage mais ne causant dommage appréciable.

Stryker invoqua un sort. Des runes se sont formées autour de son Défenseur en avant, la magie coulant le long de ses relais galvaniques, accélérant sa foulée et ajoutant une puissance terrible à ses membres. Il bondit vers l’avant, soulevant son lourd canon pour intercepter l’une des haches du Berserker. Il a ensuite enfoncé son marteau disruptif dans la tête du ‘jack khadoréen, aplatissant celle-ci et la majeure partie de la coque derrière. Le Berserker bascula en arrière, les troupes khadoréennes se dispersant tandis qu’il percutait le pont, crachant de la fumée de ses dégâts.

Stryker s’était préparé à une explosion, mais elle ne provint pas … du Berserker.

« J’arrive ! » cria Harcourt, et l’effroyable sifflement des tirs d’artillerie étouffa tous les autres sons. L’obus frappa une cinquantaine de mètres derrière la position de Stryker, explosant dans un rugissement tonitruant. L’onde de choc le happa et le projeta vers l’avant. Il se cogna contre la coque de son Défenseur et s’effondra au sol, à bout de souffle.

Il se releva, s’aidant de la coque du Défenseur et se retourna pour regarder derrière lui. Un impressionnant cratère la surface du pont, et les corps de Lames-Tempêtes gisaient éparpillés autour de lui, brûlés et silencieux.

Harcourt titubé jusqu’à lui, son bras droit se balançant à ses côtés. Il avait été plus proche de l’explosion, et la coque antérieure bosselée de Vî Arsouye signifiait que le warjack s’était interposé entre le warcaster et l’obus explosif.

« Victor », marmonna Harcourt, grognant de douleur.

La forme imposante d’un colosse Victor s’élevait au-dessus des rangs des troupes khadoréennes à l’autre bout du pont. Il n’était pas seul – une autre monstruosité de six mètres, le plus courant Conquête, se déplaçait derrière lui. Les deux colosses étaient équipes de gargantuesques canons.

« Nous devons nous rapprocher des khadoréens et voir si Strakhov va bombarder ses propres hommes », déclara Stryker.

Harcourt se renfrogna. « J’ai la mauvaise impression qu’il le fera. »

« Tu as peut-être raison », répondit Stryker, grimaçant à l’idée de davantage de tués, « mais au moins, il ne bombardera pas la ville. »


« Modifié: 17 décembre 2019 à 20:16:12 par elric »
Citation de: Maître Yoda
Trop gentil tu seras, dans le côté obscur tu l'auras.

Si vous constatez des fautes d'orthographe et/ou de conjugaison, des phrases à remanier pour une meilleur compréhension.
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Re : STORMBREAK - 1ere partie
« Réponse #2 le: 06 décembre 2019 à 00:33:19 »
— 8 —

MAGNUS OBSERVA LE CANON surmontant la coque du Victor tonner, accompagner d’une boule de feu brillante et d’un boum perçant les tympans. L’obus atterri au milieu des forces cygnaréennes sur le pont, projetant des appendices lumineux de flammes dans toutes les directions. Des soldats et des bouts de soldats ont été projetés du pont vers l’eau en dessous.

« Il va être mis en pièces », déclara Archer. Le visage du capitaine Lances-Tempête était couleur cendre. Stryker serait au milieu de cette explosion, conduisant ses troupes depuis le front. Magnus avait interrompu leur retraite du flanc droit khadoréen pour se regrouper et décider où aller ensuite. Ils avaient réussi leur mission initiale, détruire une partie de l’artillerie de Strakhov et attirer une bonne partie de ses hommes vers la ville. Derrière eux, un raz de marée de troupes khadoréennes. Pour le moment, ils pouvaient les déjouer, mais l’armée de Strakhov fonctionnait comme une amibe géante, étendant des pseudopodes à tâtons pour frapper plusieurs parties de la ville à la fois sans sacrifier son intégrité globale.

« Nous devons lui donner plus de temps, le laisser se regrouper », déclara Magnus. Ils étaient à quelques centaines de mètres de la base du pont.

Des milliers de soldats khadoréens s’y étaient massés, et les deux colosses ainsi qu’une demi-douzaine de warjacks lourds étaient rassemblés sur le front. Strakhov serait proche, commandant le Victor et le Conquête, voulant sans doute se venger personnellement après avoir été contrecarré à Rynyr.

« Que proposez-vous ? » Demanda Archer.

« Chevauchez droit sur eux, leur faire mal, les occuper », répondit Magnus. « Tout pour que ces colosses restent concentrés sur nous.

« Nous serons comme une moule sur un rocher », dit-elle, bien qu’il n’ait ressenti aucune hésitation dans sa voix. Elle énonçait simplement un fait.

« Probablement, mais quel choix avons-nous ? Autant emporter autant de ces salauds que possible. Ralentissez-les, donnez à la Première Armée une chance de faire des dégâts à Merywyn. »

« C’est comme cela que meurt un guerrier », dit Horgrum, hochant la tête sagement.

« Je préfère ne pas me faire tuer, bien sûr, mais je suivrai vos ordres jusqu’au bout, monsieur », déclara Brigland.

Magnus gloussa. « Eh bien, peut-être qu’à la fin tu ne seras fait que prisonnier à la place. »

« Nous parlions de mourir. Il n’y a aucune raison d’évoquer de terribles possibilités, monsieur », déclara Brigland en frissonnant.

Magnus regarda autour de lui, les hommes qu’il avait rassemblés provenait de la lie de la société, des mercenaires ayant trouvé une place dans l’armée cygnaréenne, des parias qui avaient trouvé à la fois un but et une dignité. Il pourrait faire pire que de mourir avec ces gens.

« Capitaine Archer », dit-il. « Menez-nous. »

Elle salua, son propre sourire empli d’une fierté sinistre. « Oui, Major. »

. . .

STRYKER REGARDA LES LANCES-TEMPÊTES DU CAPITAINE ARCHER percuter les khadoréens au plus près de l’extrémité du pont. Une vague de pionniers s’ensuivit, et l’explosion lumineuse d’un sort de catastrophe vint ensuite. L’éruption de force mystique illumina les deux colosses khadoréens d’une lueur azur et projeta les soldats ennemis dans toutes les directions.

« En avant », cria Striker et agita Vif-Argent au-dessus de sa tête. Les colosses devraient de se concentrer sur Magnus pour le moment, offrant à ses propres forces un peu d’espace pour avancer. Un cri féroce retentit derrière lui, et Stryker chargeât, ses deux Défenseurs tonnant vers l’ennemi, les marteaux disruptifs s'abattant.

Harcourt et Vî Arsouye courant à ses côtés, le grand Cuirassier crachant des gouttelettes de vapeur en un cri de guerre strident.

Ils heurtèrent la ligne khadoréenne dans un chaos de lames et d’éclairs d’énergie galvaniques. La bataille devint un enchaînement de moment indistincts alors que la mémoire musculaire et les réflexes prenaient le dessus. La forme et la compétence se sont perdues dans une brutale mêlée. L’armure de warcaster de Stryker le protégeait de la plupart des coups, alors il les laissa pleuvoir pendant qu’il attaquait férocement avec sa lame, son poing et ses sorts, tissant une mosaïque de mort et de fureur abandonnant des corps brisés sur son passage.

La fureur de la bataille a également emporté Harcourt, et il combattait sous les coups de marteau de Vî Arsouye, tuant tout khadoréen ayant passé l’arme ou le poing du warjack. Malgré ses blessures, il portait des coups avec une efficacité appliquée que même Ashlynn d’Elyse apprécierait.

Stryker partageait sa vision entre ses warjacks et la sienne, un effort étant devenu une seconde nature. Parfois, il ne distinguait plus si c’était sa lame ou l’un des marteaux disruptifs d’un Défenseur qui avait coûté la vie à un ennemi.

Pourtant, il conservait une pensée cohérente à travers la brume de la bataille.

Tenir. Tenir. Tenir.

Les hommes et les femmes qui l’entouraient se battaient avec la même fureur, galvanisés par la colère de leurs officiers, et pendants un instant, les khadoréens ont reculé, pris de court par la férocité de l’attaque. Puis ce moment est passé, et les haches exterminatrices et les canons-boucliers des Man-O-War ont fait connaître leur présence.

Des Lames-Tempêtes sont mortes tout autour de Stryker. Il n’y avait pas moyen de repousser l’inexorable marée de corps armurés. Il a raté la parade d’une hache exterminatrice, et le plat de la lame frappa son crâne, le faisant chuter à genoux et le projetant d’un un monde de vertige.

Il leva sa lame pour repousser un autre hache Man-O-War, mais ce fut une tentative maladroite, et la lourde arme traversa son champ d’énergie et creusa un sillon sur sa cuirasse. Le coup expulsa l’air de ses poumons et le projeta sur le dos.

Serait-ce sa mort ? Mourir sur un pont qu’il avait pris à un ennemi pour le défendre et le perdre à nouveau ?

Stryker se releva, désireux de mourir debout l’arme à la main.

Un grondement distinct et lointain secoua le pont de pierre. Il s’attendait à voir la forme monstrueuse d’un warjack khadoréen tonitruer dans sa direction. Au lieu de cela, ses Lames-Tempêtes ont reculé d’un pas, apparemment confus. Il a vu la même réaction au sein de la ligne khadoréenne. Hésitation. Incertitude.

Le pont trembla, vibrant d’un grondement régulier, ne provenant de rien de présent sur le pont. Les combats se sont calmés puis stoppés alors que les deux camps s’empressaient de vérifier si leurs adversaires avaient déchaîné une nouvelle arme contre eux.

Les khadoréens se sont repliés d’une trentaine de pieds et Stryker en a profité pour évaluer les dégâts qu’ils avaient causés. Il avait perdu au moins une centaine d’hommes et un de ses Défenseurs était gravement endommagé. Ils ne survivraient pas à une autre offensive.

« Qu’est-ce que c’est ? » Demanda Harcourt, boitant à ses côtés. Un Vî Arsouye cabossé et bosselé surgit près de son petit maître.

« Je ne sais pas », déclara Stryker. Les réverbérations s’intensifièrent et un bruit, semblable à une respiration, lent et rythmé, rejoint ce grondement lointain. Ça lui rappelait une machine à vapeur.

Une soudaine explosion proche de l’arrière des forces khadoréennes, proche du pont, éclata non pas en flammes mais dans un geyser de liquide brûlant. Suivi d’un autre, puis d’un autre, et Stryker retraça le chemin d’une gouttelette du liquide inflammable avant qu’il n’atteigne les khadoréens. Cela ne produisait pas le bruit d’une artillerie en approche, pas le hurlement d’un obus traversant les cieux. Il s’agissait d’une mort silencieuse – jusqu’à ce qu’elle frappe, puis un déferlement de cris d’hommes et de femmes mourant sur le champ de bataille, perceptibles même à cette distance.

Des formes courtaudes métalliques apparurent à l’horizon et le bruit de respiration s’intensifia. Des flammes jaillirent des formes, et elles avançaient d’une manière que Stryker n’avait jamais vu. Elles ne se déplaçaient pas comme un warjacks ou ne mouvaient pas sur des roues comme les autres véhicules de combat. Elles glissaient sur le sol accompagné d’un bruit de vapeur ; comme des locomotives libérées de ses rails.

Stryker sentit une vague d’espoir soulever sa poitrine. Il brandit Vif-Argent en l’air. « En avant, Cygnar ! Nous ne sommes plus seuls ! »

. . .

ASHLYNN PARA UN COUP provenant d’une baïonnette d’un kommando d’assaut, le frappant de taille avec Némésis, puis d’un geste du poignet trancha le casque et le crâne de l’ennemi. L’homme est tombé, mais un autre a pris sa place. Les balles des kommandos non impliqués dans la mêlée bourdonnaient autour d’elle, ricochant sur son champ d’énergie ou achevant leurs mortels courses dans les soldats combattant à ses côtés.

Les quais grouillaient de combattants et elle et ses forces étaient arrivés au moment où les khadoréens attachaient un pont flottant enjambant la rivière. Il était grossièrement construit, bien que suffisamment solide et large pour permettre la traversée de trois hommes de front. Les khadoréens, au fait des lacunes de leur ennemi, avaient déployé deux warjacks Destructeurs pour empêcher qu’ils envahissent le pont et le repousse sur le fleuve. De l’autre côté, les rouges débutaient le déploiement d’un second pont.

Elle sentit que Soldat lui demandant d’engager les warjacks ennemis. Pourtant, elle le retint. Le pont ne supporterait pas son poids, sinon les khadoréens auraient envoyé leurs propres lourds. Au lieu de cela, elle utilisa sa catapulte à vapeur pour ralentir l’avancée des troupes khadoréennes affluant sur le quai ou pour viser le pont lui-même. Ce dernier n’étant pas une cible facile à atteindre.

« Ils vont nous submerger, Maréchal », déclara le Major Cocteau en tirant avec son canon à main, faisant tomber un kommando d’assaut sur le point d’envoyer ad patres un soldat llaelais. Le vieillissant leader de la Résistance combattait à ses côtés, bravant les lignes de front sans l’aide d’une armure de warcaster.

Ashlynn se précipita vers l’avant, embrochant un autre kommando et le faisant tomber à l’eau où le poids de son équipement l’entraînerait vers le fond.

« Nous tiendrons aussi longtemps que nous le pourrons », cria-t-elle, mais elle grimaça et les Destructeurs firent feu de leurs bombardes. Elle attrapa le Major Cocteau et le jeta au sol, se jetant sur lui. L’un des obus explosa à quelques verges, faisant exploser le parement d’un bâtiment voisin. L’onde de choc frappa son champ d’énergie, entrechoqua ses dents et projetant des corps llaelais dans toutes les directions.

Elle roula et se releva, soulagée de voir Cocteau faire de même. Son champ d’énergie l’avait sauvé, bien qu’un filet régulier de sang s’écoulait de son oreille droite.

« Regroupez-vous », cria-t-elle alors que des dizaines de soldats khadoréens se ruaient vers l’avant, remplissant l’espace laissé par l’attaque du Destructeur. Elle envoya Soldat à leur rencontre, et la Mule balança sa masse de bataille en un large arc de cercle, tuant deux kommandos et envoyant les autres refluer en arrière.

Des soldats llaelais fatigués la rejoignirent pour former une autre ligne vacillante. La petite ligne qui mentait au front du fleuve était suffisamment étroite pour qu’on ne puisse facilement les submerger, mais elle les entassait et en faisait une cible de choix pour l’artillerie. Elle se concentra et invoqua sa magie, illuminant les plus proches khadoréens d’une lumière dorée, les aveuglant de son éclat. Cela les empêcherait de tirer ou de se défendre correctement durant quelques instants. Des fusils llaelais retentirent tout autour d’elle, et une douzaine de kommandos d’assaut périrent.

« En approche ! » Cria Cocteau en bondissant devant elle, grognant lorsque quelque chose le frappa à l’épaule. Son champ d’énergie frémi devant son visage quand tout ce qui frappa Cocteau la frappa également, bien qu’il n’ait pas pénétré ses défenses arcaniques. Il tomba en arrière et Ashlynn le rattrapa. Elle aperçut deux kommandos d’assaut en armure noire avant qu’ils ne se fondent à nouveau dans la mer d’ennemis. Elle reconnut leurs armes – des carabines Murmure de la Mort.

Ashlynn traîna Cocteau dans la masse de ses propres troupes, et elles se sont écartées pour la laisser passer, comblant l’écart par la suite. Elle tenait en réserve le vieux Rapace qu’ils avaient découvert, mais maintenant elle l’envoya en première ligne rejoindre Soldat.

Cocteau avait un impact de balle sur sa cuirasse. Son souffle était devenu un sifflement bouillonnant. Elle le retourna et trouva un impact identique dans le dos. Cette balle perforante lui était destinée, et il l’avait ralentie avec son propre corps afin que son champ d’énergie absorbe son impact.

« Ça a traversé, vieux fou », dit-elle.

Il toussa du sang et sourit. « Mieux vaut moi que toi, Maréchal. Je te survivrai. »

Ils étaient désespérément à court d’infirmiers, alors elle désigna deux soldats costauds. « Ramenez-le à Keller. »

« Maréchal, non… », entama Cocteau.

« C’est un ordre », déclara Ashlynn, « pour vous trois. »

Les deux soldats emmenèrent Cocteau, et elle se concentra à nouveau sur la bataille, l’évaluant à travers les yeux de Soldat. Les Destructeurs s’éloignaient du premier pont, et les khadoréens en avaient déployé un second à une trentaine de mètres du premier, la forçant à prendre une décision : diviser ses maigres forces pour défendre les deux points ou concentrer tout ici. Toutes deux étaient perdantes.

« Capitaine di Brascio », cria-t-elle, et le mage balisticien de la Rose Améthyste se précipita à ses côtés. Il appuyait une escouade de soldats llaelais avec son pistolet cinémantique et son sabre mékanique.

« Je suis ici, Maréchal », dit-il.

« Prends deux escouades et attaquez l’autre pont. Retenez-les aussi longtemps que possible. »

Un regard grave est apparu sur le visage du mage balisticien. Il était conscient de la signification de cet ordre, et c’était se planter un couteau dans le cœur pour Ashlynn de donner cet ordre.

« Ce sera fait selon ta volonté, Maréchal », déclara di Brascio. Alors qu’il se retournait, Ashlynn tendit la main pour saisir la sienne.

« Merci, Capitaine. Ce fut un honneur de me battre avec toi. » Elle déglutit difficilement, sa voix tremblant.

Di Brascio prit sa main dans la sienne et embrassa doucement le dos celle-ci.

« L’honneur est pour moi, Dame d’Elyse », a-t-il chuchoté puis s’éloigna en courant en criant des ordres. Une groupe de soldats le suivi dans une ruelle et disparu.

Une secousse soudaine dans son esprit appris a Ashlynn que son Rapace avait reçu un coup direct de quelque chose de gros. Elle se concentra afin de regarder à travers ses yeux, juste à temps pour voir un autre obus de bombarde d’un Destructeur s’abattre. Ensuite … rien. La présence du Rapace avait disparu de sa conscience.

Soldat se battait toujours, écrasant les soldats ennemis. Elle le redirigea vers le premier pont ennemis puis couru le rejoindre.

Ils faisaient face à une énorme vague de troupes ennemies. Des centaines de personnes avaient traversé et certaines s’étaient réfugiées derrière les caisses et le matériel sur les quais ; d’autres s’étaient avancées vers elle, boucliers verrouillés, en une ligne de feu mobile.

Ashlynn a invoqué un autre sort alors qu’elle atteignait les troupes ennemies les plus proches, transformant sa lame et son corps en un flou éclatant de mort mékanique. Huit commandos sont morts, et elle se déplaça, conservant son énergie mystique pour une autre fauchage. Le groupe suivant de kommandos contenait l’une des élites en armure noire

Elle capta l’éclat lumineux du canon d’un autre fusil, et son sort rapidité lui permis de voir la balle hurler vers elle. Elle se tordit sur le côté et le projectile frappa son champ d’énergie, le traversant et éraflant sa cuisse gauche au lieu de lui faire un trou dans le ventre. C’était un sombre rappel que d’autre carabines Murmure de la Mort étaient présentes. Elle persévéra, laissant ses soldats la rattraper pour une dernière offensive avant qu’ils ne soient submergés.

Les visages des hommes et des femmes qui l’entouraient étaient résolus, inébranlables, dévoués. Elle prit une profonde inspiration et leva Némésis. « Pour le Llael ! »

Ils ont chargé, poignardant et tirant, sa propre lame moissonnant des ennemis à chaque pas. Des balles ont frappé son armure, ne réussissant pas à la percer, mais d’autres ont abattu des hommes et des femmes à ses côtés. Pourtant, elle s’enfonça davantage dans l’ennemi, et elle le tua en premier, tranchant sa carabine Murmure de la Mort en deux avant de lui enfoncer un bon mètre d’acier en travers du corps.

Un épouvantable vacarme strident s’abattit sur le champ de bataille. Le bruit effrayant de l’artillerie, de fusée, pensa-t-elle.

Et maintenant, ils nous bombardent pour nous ramener à l’Ère des Mille Cités, pensa-t-elle. C’est la fin.

Elle leva les yeux. Des douzaines de traînées de flammes s’élevaient par-dessus la ville. Alors qu’elles descendaient, elle se rendit compte qu’il ne s’agissait pas du tout de fusées – c’étaient des soldats en armure turquoise et or avec des fusées fixées sur le dos.

Un autre vacarme, et alors que la première vague approchait du sol, de vives explosions fleurirent parmi les rangs des khadoréens tandis que les soldats-fusées lâchaient des grenades avant de se poser.

Le claquement de carabines légères s’est joint aux explosions et d’autres troupes-fusées ont débarqué devant le pont khadoréen, arrosant l’ennemi de plomb.

Derrière elle, le vacarme des fusées s’élevait au fur et à mesure que d’autres soldats descendaient. Certains de ses soldats ont commencé à tourner leurs armes contre les nouveaux arrivants.

Les khadoréens se rempliaient pour faire face au nouvel ennemi qui les attaquait de l’autre côté du fleuve. Ashlynn, elle-même, se replia pour faire face à une grande jeune femme aux cheveux rouge vif en armure turquoise armée d’une paire de carabines. L’insigne du creuset irradiant de la Garde du Creuset se dressait fièrement sur son plastron.

« Maréchal d’Elyse », dit-elle. « Je me présente, Capitaine Elsa Swift. Nous sommes là pour vous aider. »

« Tenez bon ! » Cria-t-elle. « Ce sont des amis. »

— 9 —

LES LOCOMOTIVES SANS RAIL se précipitèrent en avant, déchargeant leurs canons sur l’armée khadoréenne, les éclaboussant d’un feu alchimique infernal.

Les warjacks s’avançaient entre les engins de batailles, certains avec un châssis connu de Magnus – Vanguard et Toro, bien qu’ils soient équipés d’armes comme il n’en avait jamais vu auparavant. L’infanterie lourde suivi, des hommes et des femmes engoncés dans de l’acier et portant d’énormes marteaux.

Ils se battaient près de la base du pont quand Magnus appela une retraite.

« Reculez », cria-t-il. « Reculez vers les » – il réalisa qu’il n’avait aucune idée de comment appeler ses alliés – « nos nouveaux amis ! »

Les khadoréens, désorientés par les bombardements alchimiques ne les poursuivirent pas, alors Magnus mena ses pionniers en ligne serrée vers la Garde du Creuset. Le Capitaine Archer divisa ses propres forces en deux lignes pour flanquer l’infanterie, leur offrant une couverture contre les tirs khadoréens.

Magnus atteignit la ligne des soldats armurés et des machines turquoises. L’une des grosses locomotives ralentit tandis que les autres continuaient d’avancer, pilonnant les khadoréens avec des explosions chimiques vives. La locomotive qui ralentit s’arrêta et sa trappe supérieure s’ouvrit. Une tête de femme apparu, tachée de graisse et de suie, et elle s’est extraite de son véhicule. Elle portait un long manteau en cuir foncé, en dessous duquel brillait un plastron et des épaulières.

« Major Asheth Magnus », cria-t-elle en sautant au sol. « Je suis le Capitaine Eira Mackay de la Garde du Creuset. »

Elle s’avança à grand pas et tendit sa main, que Magnus dans les deux siennes en souriant. « Capitaine, vous êtes la bienvenue. »

Le Capitaine Mackay sourit. « Je suis désolé de renoncer aux amabilités, mais j’ai besoin que vous me fassiez le point … » Elle fit un signe de la main en direction de la mer de soldats khadoréens, reculant et s’éloignant du pont alors que Strakhov se regroupait face à un nouvel et inattendu ennemi.

« Tu as donné aux rouges quelque chose à prendre en compte, alors j’ai certainement du temps à te consacrer. » Il se tourna et vit le Capitaine Archer se diriger vers lui.

« Capitaine Archer, Capitaine Eira Mackay de la Garde du Creuset », déclara Magnus.

Archer hocha la tête en direction du capitaine. « Ce sont de sacrées machines, Capitaine. »

« Les Intercepteurs Sans Rails font partie de nos technologies les plus récentes », déclara-t-elle en tapotant la coque de sa machine. « Rapide sur presque tous les terrains et bien équipé pour gérer à peu près n’importe quelle situation sur le champ de bataille.

La nature de la technologie de la Garde du Creuset fascinait Magnus, mais ils avaient d’autres priorités.

« Le Seigneur Général Stryker tient la Grande Porte. » Il désigna l’énorme pont enjambant le fleuve. « C’est l’unique moyen de faire entrer des engins lourds et un grand nombre de soldats dans la ville. »

Des éclairs d’énergie galvanique et le grondement tonitruant des canons du Défenseur étaient audibles même à cette distance, à quelques milliers de verges de la bataille. Magnus qui mourrait sous ces bruits – et si c’était quelqu’un qu’il connaissait. « Il ne peut pas tenir longtemps, et si Strakhov décide que le pont n’en vaut plus la peine, il se retirera et nous pilonnera avec de l’artillerie. »

Mackay acquiesça. « Alors, nous devons prendre ce pont. Nous avons appris que davantage de soldats pénétraient dans la ville par le sud grâce à des ponts de fortune. »

Magnus grimaça et dit : « Le Maréchal Ashlynn d'Elyse est probablement plongé dans la merde jusqu’au cou avec ce problème. »

« Nous lui avons envoyé de l’aide. Peut-être assez pour renverser la vapeur. » Les yeux du capitaine se rétrécirent et sa mâchoire se serra. « Luka di Morray m’a envoyé parce que nous sommes basés à Laeryn, mais nous n’avons ni les effectifs, ni la puissance de feu pour vaincre Strakhov à découvert. Nous l’avons talonné – maintenant, nous devons fortifier la ville. »

« Vous avez de l’artillerie avec vous ? » Demanda le Capitaine Archer.

« En quelque sorte. Les Intercepteurs Sans Rails et nos warjacks Vengeurs ont la même capacité, ils peuvent œuvrer de concert suffisamment pour empêcher Strakhov de se rapprocher avec sa propre artillerie.

« Y a-t-il une chance qu’il y en ait plus en chemin ? » Demanda Magnus, réalisant que la force de la Garde du Creuset était plus petit qu’il ne le pensait au départ.

« Mackay hocha la tête, mais avec prudence. « L’Aurum Légat di Morray est à la tête d’une autre force équipée de certains de nos moyens les plus lourds, dont les Vulcains, nos nouveaux colosses, mais il lui faudra du temps pour arriver ici.

Elle fit une pause puis ajouta : « Probablement trop de temps. »

« Ensuite, nous devons foncer sur le pont, repousser les khadoréens avant qu’ils ne se regroupent et retrouver Stryker au milieu », dit Magnus. « C’est simple comme bonjour, non ? »

« Je suis d’accord, Major. » Mackay remonta au sommet de son Intercepteur. « Soyons sérieux. »

. . .

« JE VEUX LES WARJACKS DEVANT » cria Stryker. « Les Lames-Tempêtes derrière, en rangs de cinq, explosant à coup de glaive tout ce que les ‘jacks ne repoussent pas.

Alors qu’il donnait ses ordres, il avança, plaçant ses Défenseurs en position. Harcourt avait également placé Vî Arsouye aussi sur le front, et le Cuirassier évacuait de la vapeur et faisait tourner son marteau d’avant en arrière, agité et impatient.

Stryker cria : « Nous poussons ces foutus rouges directement dans la Garde du Creuset. Maintenez la pression ! »

Un cri rauque retentit, et Stryker fit charger ses warjacks, les suivants en courant. Son corps tout entier lui faisait mal ; il n’était guère plus qu’une collection d’ecchymoses et de coupures sous son armure, mais devait encore tenir un peu.

Les étranges véhicules de la Garde du Creuset se dirigeait droit vers le flanc khadoréen de l’autre côté du pont dans un coin étroit, projetant des explosions alchimiques dans les rangs ennemis. Les khadoréens, cependant, ne restaient pas les bras croisés et ont mis la pression. Les deux colosses avaient riposté en tirant sur cette nouvelle menace – en fait, ils avaient déjà détruit l’un des véhicules de la Garde du Creuset.

Les khadoréens sur le pont poussaient en avant désespérées de s’emparer de la ville et de rencontrer leurs forces attaquant par le sud. Stryker avait des informations selon lesquelles Ashlynn y aurait combattu aux côtés d’autres Gardes du Creuset qui auraient, étonnamment, volé comme une pluie de fusées. Il n’avait pas eu le temps d’y réfléchir – ses warjacks étaient entrés en contact avec la ligne khadoréenne, et la bataille la consumé.

Les ‘jacks ont rencontré une ligne de haches Exterminatrice disposées comme des piques. Elles ont transpercé et frappé les machines cygnaréennes. Stryker a enregistré les dégâts sur les deux Défenseurs alors que les lourdes haches mékaniques faisaient des ravages, mais les coups mortels des marteaux disruptifs des Destructeurs fauchaient la vie de deux ou trois khadoréens pour chaque coup qu’ils encaissaient en retour.

Le pont était juste assez large pour que les warjacks se battent de front, les Lames-Tempêtes ont pleuvoir à bout portant des éclairs d’énergie galvanique dans les lignes de Man-O-War.

« Reste ici », dit Stryker a Harcourt, qui courait à ses côtés. Le visage du jeune warcaster était pâle et tiré. Les blessures qu’ils avaient subi lui causait une douleur considérable. Il ouvrit la bouche pour protester et cela plut à Stryker qu’il voulait se battre, mais il n’y avait aucune raison de risquer Harcourt. « Garde Vî Arsouye dedans, mais j’ai besoin que quelqu’un commande ici. Et c’est toi. »

Stryker ne donna à Harcourt aucune chance de discuter et se précipita vers Vî Arsouye, balançant Vif-Argent dans un kommando d’assaut trop éloigné de ses camarades. Il tua l’homme d’un geste rapide, puis leva les yeux vers le Cuirassier. « Je te manque ? »

Vî Arsouye souffla un jet de vapeur qui portait une note sarcastique, et le monde ne fut plus que combat et sang.

. . .

MAGNUS RÉPARTIT SES PROPRES TROUPES parmi la Garde du Creuset, soutenant leurs soldats d’assaut lourds avec son infanterie plus légère. Les pionniers commandés par le Lieutenant Brigland établirent une ligne de tir d’élimination. Cela permis aux troupes du Creuset de s’approcher suffisamment de l’ennemi pour l’écraser avec leurs marteaux thermiques, armes dévastatrices produisant une brume de chaleur scintillante devants leurs manieurs.

Le Capitaine Archer dirigea une vague de lances-Tempêtes devant les Intercepteurs Sans Rails, attirant le feu des troupes khadoréennes et les empêchant de se concentrer sur les véhicules.

Magnus, lui et ses warjacks, s’était placé près de ceux de ses nouveaux alliés. Les ‘jacks pouvaient être contrôlé par le Capitaine Eira Mackay depuis son Intercepteur – il avait l’impression qu’elle pouvait être un warcaster – ou par les ordres aboyés des contrôleurs qui couraient à leurs côtés. Il aurait préféré quelques ‘jacks plus lourds, bien sûr, d’autant plus qu’il semblait n’y en avoir qu’un seul type parmi les forces de la Garde du Creuset : une modification du vénérable Toro ordique avec des pulvérisateurs alchimiques fixés à chaque poing. Et ils devraient se rapprocher pour les utiliser. Strakhov avait déplacé un grand nombre de ses propres warjacks lourds sur le pont, et ils allaient bientôt faire face aux bombardes des Destructeurs et au feu nourri des deux colosses.

Le Capitaine Archer arriva au contact la première. Ses lances-Tempêtes découpant la ligne khadoréenne, les repoussant, mais une dizaine de vaillant cavaliers furent tués par des haches exterminatrices ou des piques uhlan.

Virent ensuite les Intercepteurs. Ils cessèrent d’employer leurs mortiers alchimiques à un vingt verges de l’ennemi pour éviter de frapper les soldats du Capitaine Archer. Puis, telles les locomotives implacables auxquelles ils ressemblaient, ils ont foncé sur les khadoréens, telle des béliers mobiles, écrasant les hommes et les chevaux sous eux.

Magnus frappa ensuite, guidant ses warjacks dans la mêlée, concentrant ses efforts pour empêcher les khadoréens de se concentrer sur les Intercepteurs. Son Chargeur et ses Chasseurs mieux équipés pour attaquer les ennemis à distance, ont été contraints à une mêlée risquée, taillant et fracassant avec marteau et hache.

Lorsque les warjacks de la Garde du Creuset se joignirent à la mêlée, des panaches écarlates de liquides alchimiques se répandirent sur l’ennemi et l’embrasèrent. Les cris d’agonie de ces hommes furent difficiles à entendre pour Magnus. Il avait vu la mort sous toutes sa noirceur sur les champs de bataille, mais brûler vivant était un destin trop horrible à envisager, même si ceux qui mouraient étaient l’ennemi.

Ils avaient créé une brèche dans la ligne khadoréenne, les repoussant alors que le coin des Intercepteurs Sans Rails étaient poussés vers le pont. Il y avait encore les deux colosses à gérer, mais au moins ils ne pouvaient pas employer leurs canons aussi près de leurs propres troupes. Pourtant, les machines géantes n’avaient guère besoin de telles mesures. Le Conquête resta près du pont tandis que le Victor s’élançait, dispersant les soldats cygnaréens et de la Garde du Creuset. Un poing titanesque écrasa un Intercepteur, l’aplatissant presque.


Magnus réorienta ses warjacks pour aider les Intercepteurs à tirer sur le Victor, en surveillant d’un œil le Conquête qui n’était pas encore entré dans la mêlée. Il savait que ses warjacks légers n’auraient que peu d’effets contre le Victor, mais il espérait qu’ils pourraient attirer ses attaques afin de permettre aux Intercepteurs de poursuivre continuer. Il aperçut le véhicule de Mackay fonçant vers le Victor et galopa à côté de lui, puis bondit et attrapa une poignée sur sa coque. Il grimpa et frappa son poing armuré sur la trappe. Elle s’ouvrit, l’éjectant presque de la machine en mouvement. « Vous voulez mourir d’un tir ami ? Qu’est-ce que tu fous ? » Cria Mackay.

« Attirer ton attention », grogna-t-il. « Garde tes Intercepteurs en direction du pont. Ne te concentre pas sur le Colosse. »

« C’est ridicule. Si je ne le fais pas, il taillera mes intercepteurs en pièces. »

« Seulement si tu engages ce foutu truc. C’est ce que Strakhov désire », déclara Magnus en pointant du doigt. « Pousse jusqu’au pont. Stryker engage dans l’autre sens. »

Des éclairs d’énergie galvanique transpercèrent le Conquête ainsi que de lourds obus provenant des Défenseurs de Stryker. Cela donnerait de quoi réfléchir à Strakhov, pensa Magnus.

Mackay ne semblait pas partager son sentiment. « C’est génial, mais on fait quoi de ce foutu Conquête ? »

« Quand tu seras assez près, concentre toutes tes attaques dessus. Si on peut l’éliminer, le pont est à nous. »

Elle se mordilla la lèvre et fit courir ses yeux, ceux d’un vétéran, sur le champ de bataille. De toute évidence, elle était un commandant compétant, ce qui lui laissait une décision judicieuse à prendre. « Si tu le dis. Si tu peux t’éloigner. D’accord. Je vais relayer l’ordre. Tu peux garder le Victor loin de nous pendant qu’on continue. »

« Je ferai de mon mieux », répondit Magnus en souriant. Il sauta de l’Intercepteur. L’écoutille se referma.

Mackay devait avoir un moyen de communication avec les autres Intercepteurs parce qu’ils interrompirent leur attaque à l’encontre du Victor presque immédiatement, s’éloignant de ses jambes, avançant à nouveau.

Magnus soupira. Il ne lui restait plus qu’a abattre un colosse avec trois warjacks légers.

J’ai fait pire, pensa-t-il.
« Modifié: 19 décembre 2019 à 18:21:05 par elric »
Citation de: Maître Yoda
Trop gentil tu seras, dans le côté obscur tu l'auras.

Si vous constatez des fautes d'orthographe et/ou de conjugaison, des phrases à remanier pour une meilleur compréhension.
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Re : STORMBREAK - 1ere partie
« Réponse #3 le: 06 décembre 2019 à 00:35:25 »
— 10 —

LE COMBAT S’INTENSIFIA alors qu’ils approchaient de l’autre extrémité du pont. Les khadoréens n’allaient pas y renoncer facilement, et le Conquête y montant la garde utiliserait bientôt ses canons s’ils dégageaient suffisamment de soldats khadoréens.

Stryker para une hache exterminatrice, coinçant le manche avec ses quillons puis fit glisser la pointe de Vif-Argent dans une poussée brutale qui embrocha le Man-O-War. Il avait appris deux ou trois chose en travaillant l’escrime avec Ashlynn. Avec ses Défenseurs, il tira à nouveau sur le Conquête. Les obus heurtèrent le flanc droit de la coque du colosse, le repoussant d’un pas et détruisant l’un de ses petits canons de campagne.

Les véhicules de la Garde du Creuset avaient échappé au Victor et poursuivi leur route vers le pont. Les warjacks lourds de Strakhov avaient détruit deux d’entre eux, bien que la Garde du Creuset ait concentré leurs tirs de mortier alchimique sur un Juggernaut et réduit le warjack en laitier fumant.

Maintenant, Stryker put voir l’éclat lumineux du sort Catastrophe de Magnus et les trois petits points bleus de ses warjacks légers près du Victor. Stryker secoua la tête. Magnus essayait clairement d’empêcher l’énorme machine d’attaque la Garde du Creuset afin qu’elle puisse atteindre le pont.

« Noble », murmura-t-il. « Noble suicide. »

Il esquiva une autre hache exterminatrice juste à temps, et le crépitement d’énergie de sa tête mékanique lui brûla le visage. Il fit un mouvement brusque de Vif-Argent pour se défendre, mais le marteau de Vî Arsouye s’abattit avec un impact tonitruant, écrasant l’homme. Le Cuirassier émit un jet de vapeur irrité.

« Désolé, je ferai plus attention », déclara Stryker, se demandant si c’était Harcourt ou le vieux warjacks agissant seul.

Il se replongea dans la bataille.

. . .

LE PREMIER PONT DE FORTUNE avait coulé – les soldats de la Garde du Creuset l’avaient fait explosé avec des grenades alchimiques – et les khadoréens de l’autre rive se dirigeaient vers le deuxième pont. Là-bas, le Capitaine di Brascio et d’autres soldats-fusées tenaient bon. Ashlynn aperçut un autre pont flottant porté par un groupe de Man-O-War, se hâtant vers une autre partie du fleuve suffisamment étroit pour le franchir.

« Nous devons arrêter ces Man-O-War », dit-elle en pointant Némésis vers les troupes ennemies transportant le pont flottant. Le Capitaine Elsa Swift, de la Garde du Creuset, tiré une salve d’une de ses carabines, explosant un kommando d’assaut qui la chargeait, puis se tourna vers l’endroit indiqué par Ashlynn.

« Je suis d’accord, Maréchal. Et nous devons nous en occuper rapidement. « Elle se retourna et cria. « Hommes-Fusée, escouades deux, trois et cinq – avec moi ! »

Swift sourit et tendit la main. « Je vous dépose ? »

Ashlynn réalisa ce qu’elle voulait dire et se rapprocha. Le Capitaine Homme-Fusée l’enveloppa de ses deux bras, puis le sol disparu dans un vacarme de feu et de bruit.

C’était comme être propulsé depuis un canon. L’estomac d’Ashlynn se retourna alors qu’elles décrivaient un arc par-dessus les entrepôts et les quais jusqu’à l’endroit où les khadoréens avaient positionné le pont suivant.

Elles atterrirent sur les quais e bois avec un bruit de dents s’entrechoquant, et Ashlynn s’éloigna, étourdie et momentanément désorientée.

« Désolé », dit Swift, le visage rouge. « Les fusées ne sont pas vraiment conçues pour transporter deux personnes. »

D’autres Hommes-fusée atterrirent autour d’elle et pointèrent leurs carabines sur les khadoréens de l’autre côté du Fleuve. Les fusils n’étaient pas assez puissants pour pénétrer les armures Man-O-War, mais ils larguèrent des troupes plus légères tout autour d’eux.

« Cette armure est trop résistante », dit Swift « et on ne peut pas les atteindre avec nos grenades. »

« Laissez-les installer le pont », déclara Ashlynn, « et essayer de la traverser. Je vais les retenir, puis vous et vos hommes utiliseront vos grenades pour le couler. »

Swift hocha la tête. « Cela peut marcher. »

« Il vaudrait mieux. Je suis à court d’idées. »

Les khadoréens ont mis le pont à l’eau. Il mesurait environ deux mètres quarante de large, assez grand pour permettre à deux ou trois soldats d’avancer de front. Les Man-O-War l’ont arrimé de l’autre côté, en utilisant surtout leurs lourds corps armurés.

Les kommandos d’assaut ont débuté la traversée, verrouillant leurs boucliers pour créer un impénétrable rempart. Les tirs de carabine des Hommes-fusée cinglèrent sur la surface métallique sans aucun effet appréciable. D’autres kommandos d’assaut traversèrent le pont et, par nécessité, Ashlynn se précipita à leur rencontre.

Elle transperça le premiers sur le pont avec Némésis, tirant à bout portant avec son canon à main sur le visage du suivant, puis projeta le troisième un l’eau d’un brutal coup de pied sur le bouclier.

Swift apparut à ses côtés, au milieu du claquement des tirs des carabines de ses Hommes-fusée. Le capitaine de la Garde du Creuset n’avait pas d’arme de mêlée, mais elle utilisait ses deux carabines comme une paire de lames courtes pour accrocher l’arme ou le bouclier de son adversaire, les écartant, puis déchargeant avec sa seconde carabine à une distance horriblement proche. Cela donnait un style de combat efficace, quoique peu orthodoxe.

« Bombes gravitationnelles ! » Cria Swift. Les Hommes-fusée derrière elle lancèrent de lourdes grenades sphériques, destinées à être larguées en survolant l’ennemi. Certains ratèrent, mais d’autres atterrirent au milieu du pont et explosèrent, projetant les khadoréen dans le fleuve et faisant voler des morceaux du pont.

Ashlynn vérifia auprès de Soldat. La Mule combattait près du site du premier pont, et grâce au relais optique du warjack, elle aperçut d’autres khadoréens avec un autre pont se déplaçant vers l’ouest. Swift les remarqua également. Elle tendit la main à Ashlynn et sourit. « Prêts pour un autre saut ? Il me reste peut-être pas assez de carburant. »

« Et si vous n’en avez pas assez ? » Demanda Ashlynn, mais tendit la main a Swift sans attendre la réponse.

. . .

AGNUS AVAIT COMBATTU DES WARJACKS LOURDS avec à peine plus que sa lame, sa magie et son habilité auparavant, mais affronter un colosse seul dépassait tout ce qu’il avait tenté sur le champ de bataille. Il commença rapidement à comprendre pourquoi il ne l’avait pas fait.

Un certain nombre de soldats d’assaut lourds de la Garde du Creuset étaient restés derrière, ainsi que trois escouades de pionniers, pour tenir loin de lui les troupes khadoréennes pendant qu’il s’occupait du Victor. Devant, les Intercepteurs Sans Rails atteignirent le pont et déversèrent des tirs de mortiers alchimique sur le Conquête. Stryker s’imposait de l’autre côté du pont, et ses troupes envoyaient des éclairs galvaniques et des tirs de canons lourds dans le colosse.

Le Victor se dressait devant lui, ses autocanons jumeaux dévastant la terre autour de lui, déchiquetant les troupes cygnaréennes et de la Garde du Creuset. Les khadoréens étaient moins présents ici – ils semblaient reculer, se massant à une centaine de verges du pont. Strakhov l’avait très certainement repéré quelque part au sein de cette mer de corps armurés rouges et en profitait pour l’écraser.

Il avait une réelle chance d’y parvenir – de mettre hors d’état le Victor plutôt que de le détruire. La première était un coup de poker, la seconde une virtuelle impossibilité. Il fit appel à ses Chasseurs et visa la jambe droite du Victor avec leurs canons perce-armure. Ils tirèrent tous deux et il se concentra pour guider le trajectoire des projectiles. Ils frappèrent la jambe du colosse et il trembla, mais la grande machine se tomba pas.

Magnus se précipita en avant, avec Pourfendeur, envoyant son Chargeur devant lui comme bouclier mobile. Les autocanons du Victor tirèrent, pulvérisant le warjack léger d’une grêle de balles. Elles sectionnèrent son bras droit, le détachant complètement de son corps.

Il continua sa course, roulant sous le coup le balayage du poing droit du Victor. Il le manqua mais fit voler son Chargeur. La présence du ‘jack disparut de son esprit alors était projeté en l’air, une épave distordue, morte à toute fin utile avant de toucher sol.

Il atteignit la jambe du colosse et la roua de coups. Une fois. Deux fois. Trois fois. Il propulsa chaque once de sa volonté dans les coups, et la lourde lame mékanique, faite pour tailler des warjacks, laboura profondément le membre en forme de pilier, tranchant les tuyaux hydrauliques et les relais arcaniques.

Les balles cinglèrent contre la jambe du Victor, de par l’autre côté, alors que les troupes khadoréennes tentaient d’abattre Magnus. L’énorme membre de leur propre machine offrait une couverture suffisante. Il effectua une dernière taillade qui produit un geyser de fluide hydraulique et de fumée, puis se jeta à plat ventre alors que le poing su Victor passait à nouveau au-dessus de sa tête.

Un de ses Chasseurs disparu de son esprit ; il avait été taillé en pièces par un groupe de Man-O-War. La Garde du Creuset et les troupes cygnaréennes le soutenant s’enfuirent vers le pont, et Magnus se releva et s’élança dans un sprint. Il ne savait pas s’il avait fait suffisamment de dégâts à la jambe du Victor pour l’empêcher de suivre.

Il sortit de l’ombre du colosse, ses autocanons labourant le sol autour de lui. Il attendit que l’horrible pression du poing s’abattant comme un météore l’achève. Il ne le fit pas. Il zieuta un coup en arrière tout en courant. Le Victor ressemblait à un homme avec un pied coincé dans la boue alors qu’il tentait de bouger une jambe qui ne répondait plus. Pourtant, le canon au-dessus de sa coque était tout sauf désactivé, et il pivotait dans sa direction.

Le boom tonitruant de l’arme du colosse résonant sur le champ de bataille, puis Magnus vola, projeté tête baissée par l’onde de choc de l’obus qui explosa à côté de lui. Son champ d’énergie pulsait autour de lui comme un cocon arcanique, le protégeant du pire de l’impact, mais l’impact sue le sol lui coupa le souffle.

Il se releva en titubant, incapable de reprendre son souffle. Il n’était qu’à quelques mètres du pont. Stryker courait vers lui, se déplaçant autour de l’épave du Conquête. Sa coque fumante servant de grande montagne d’acier, bloquant presque tout accès au pont. Quatre Intercepteurs Sans Rails de la Garde du Creuset traversèrent le pont côte à côte, leurs mortiers alchimiques tirant sur l’immobile Victor.

« Allez. Dépêche-toi », dit Stryker alors qu’il atteignit Magnus, tendant la main.
Magnus l’attrapa, essayant toujours de respirer, et laissa Stryker le porter à moitié. Sa vision s’assombrit, et il faillit s’évanouir, mais ils atteignirent le pont, et le monde se tut comme si la mort les avait enfin tous assourdis.
« Modifié: 14 mai 2020 à 00:37:56 par elric »
Citation de: Maître Yoda
Trop gentil tu seras, dans le côté obscur tu l'auras.

Si vous constatez des fautes d'orthographe et/ou de conjugaison, des phrases à remanier pour une meilleur compréhension.
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STORMBREAK - 2ème partie
« Réponse #4 le: 10 décembre 2019 à 20:04:21 »
— 11 —

LE CAPITAINE VORNEK BLACKHEEL FOURRA DE LA VERNONIA dans sa bouche et lança un regard noir aux cygnaréens sur la rive et dans les canonnières bloquant la rivière. Leur armure brillante et leurs armes propres – pas une tache d’honnête rouille sur la lance ou le canon du pistolet – l’irritait.

Il mâchait, crachait du jus sur le pont de sa péniche et jetait un coup d’œil à ses hommes. Là où les soldats et les chevaliers cygnaréens étaient des parangons de conduite militaire, les siens étaient sales, souvent ivres et manquaient généralement de discipline. L’oisiveté aggravait les choses. Plus d’un s’appuyait contre les plats-bords, essayant de cacher le fait qu’ils buvaient du uiske dans leur cantine au lieu de l’eau.

Murgan s’installa derrière lui, le lourd pas de l’ogrun faisant tanguer un peu le bateau.

« Pas de nouvelle du Seaforge », dit-il.

« Pas surpris. Ça va prendre des jours, peut-être des semaines, avant qu’ils nous envoient quelqu’un. » Vornek cracha à nouveau. « Ils nous laisseront livré à nous même comme ils le font toujours. »

« Ils sont assez loin, monsieur. »

Vornek gloussa amèrement. « Ils pourraient être de l’autre côté de la rue, et ils nous laisseraient comme de pauvres cons en attendant qu’ils soient prêts.

« Notre cargaison est importante », déclara Murgan. Il défendait toujours le Cartel Seaforge, un groupe qui lui avait dit qu’il pouvait soir se retirer au Fort Baram, le pire poste de tout Rhul, après que son khorune soit mort au combat. Mais c’était Morgan – fidèle à l’extrême.

« Alors pourquoi au nom des Pères sommes-nous ceux qui la livrent ? » La Seaforge gardait Vornek et ses hommes en quarantaine près de Hell’s Pass. Ils gardaient techniquement une route marchande moins fréquentée, mais en réalité, ils étaient invisibles.

Murgan ouvrit la bouche pour répondre, puis la referma d’un d’un coup. Vornek acquiesça.

« C’est ce que je pensais. »

Murgan changea de sujet. « Le commandant cygnaréen, le Capitaine Adkins, a offert un baril de bière en signe de bonne volonté. Il semble être un homme honorable. »

« Bière, hein ? » Dit Vornek, et se remplit de crachat à la mention du présent du capitaine. « C’est … gentil de sa part. »

« Comme je le dis, il semble être honorable. Il espère que son gouvernement et le Cartel Seaforge pourront trouver un compromis.

Vornek fonça les sourcils. La logique impénétrable et l’optimisme de l’ogrun étaient une aubaine pour son commandement et un foutu emmerdeur quand l’homme cherchait à se plaindre un brin. Il ouvrit la bouche pour répondre lorsqu’un coup de feu retentit par-dessus l’eau.

Vornek se retourna, cherchant la source du coup de feu. Leurs péniches étaient sises au milieu du fleuve, un trio de canonnières cygnaréennes devant, les bloquant. Les rives étaient dix verges de chaque côté, une plage rocheuse d’environ trois mètres laissant place à des broussailles et des tailles d’arbres occasionnels. Les cygnaréens avaient pris position près du fleuve. La plupart étaient des chevaliers lourdement armurés appelés Lames-Tempêtes armés d’armes d’hast mékaniques. Vornek les avait vus en action et, bien que puissants, ils manquaient de portée.

Un autre coup de feu retentit. Cette fois, l’un des chevaliers cygnaréens sur la plage s’effondra,  un trou dans sa cuirasse au-dessus du cœur.

« Qui, au nom du Père, tire ? » dit Vornek en s’accroupissant, se rapprochant du plat-bord. Les nains de sa barge n’étaient pas trop ivres pour se mettre à l’abri et la plupart avaient les boucliers et les carabines. « C’est nous ? »

Murgan s’accroupit à côté de lui. Les plats-bords lui offraient peu de protection, mais son énorme bouclier remplissait bien ce rôle. « Non, monsieur, ce n’est pas le bruit de l’une de nos carabines. Plus gros calibre, canon plus long. »

« Tireur Embusqué. » Vornek jeta un coup d’oeil sur le bord de son propre bouclier. Sur le rivage, les cygnaréens se retiraient de l’eau, le Capitaine Adkins et quelques-uns de ses hommes fournissant un écran pour que les autres puissent se mettre en sécurité. Une balle toucha le casque de l’officier cygnaréen, le faisant tomber. Vornek le crut d’abord mort, mais il se releva, du sang coulant sur son visage, criant à ses hommes de se replier vers les arbres.

« Un homme courageux, celui-là », grommela Murgan. « Peut-être devrions-nous- »

« Je sais ce que tu penses, mais ils ne nous tirent pas dessus, et tant qu’ils ne le feront pas, ce n’est pas notre affaire », déclara Vornek. « Souviens-toi, ils sont la foutue raison pour laquelle nous ne pouvons pas livrer notre cargaison. »

Les trois canonnières cygnaréennes grouillaient d’activité. Les hommes qui les équipaient portaient des fusils et des baïonnettes – les soldats cygnaréens appelés pionniers – et ils prirent positions de tir des deux bords de leurs vaisseaux. Chaque bateau comportaient également un canon léger sur son pont avant, mais eux-ci n’étaient pas entourés. Pour l’instant, ils n’y avaient pas de cible.

« Je veux des boucliers et des tireurs le long des plat-bords, les gars », cria Vornek. « Personne ne fait quoi ce soit sans que j’en donne l’ordre. »

Malgré leur ébriété, ses nains connaissaient leur métier. Bientôt les se hérissèrent de carabines derrière un écran d’acier rhulique.

Il y eut un moment de silence pendant un instant, puis une rapide rafale de coup retentit depuis la lisière des arbres surplombant le rivage, où les chevaliers cygnaréens tentaient de se mettre à l’abri. Vornek saisi le reflet d’une armure rouge entre les arbres et fit une grimace.

Le Khador était venu chercher leur cargaison.

Des balles pleuvaient sur les chevaliers, en laissant deux sur le carreau. Ils ripostèrent à l’aveugle avec des salves d’énergie galvanique provenant de leurs glaives. L’un des projectiles trouva sa cible, et un kommando d’assaut khadoréen dévala la pente vers le fleuve.

Les pionniers des canonnières firent alors feu, assaisonnant les arbres, visant haut pour éviter de toucher les chevaliers.

Les cygnaréens concentrèrent leur attention sur la rive ouest du fleuve, d’où semblait provenir l’attaque. Vornek eu un sentiment de malaise dans ses tripes, et il se tourna pour surveiller la rive est.

Le premier coup de canon tonna à travers le vacarme des tirs d’armes légères. Il toucha la canonnière cygnaréenne la plus proche de la rive est, au-dessus de la ligne de flottaison, et explosa, fendant le vaisseau cygnaréen en deux. Les soldats cygnaréens, sont certains engloutis par les flammes, sautèrent dans le fleuve alors que le bateau coulait.

Le chariot de guerre khadoréen s’approcha de la rive est pour tirer une autre bordée. D’autres kommandos d’assaut accompagnaient le chariot de combat khadoréen, et ils commencèrent à tirer – pas seulement sur les cygnaréens cette fois-ci.

Les balles frappèrent des boucliers nains et rebondissaient mais un des kommandos d’assaut, par habilité ou par chance, plaça parfaitement son tir. Le soldat du Corps des Fusiliers, un des plus récents membre de l’unité de Vornek, Torem, tangua en arrière, à quelques mètres de Vornek, son sang et sa cervelle s’écoulant sur le pont.

« Sang et enfer », grommela Vornek.

« Tir de réplique, capitaine ? » Demanda Murgan à côté de lui, sa voix lente et mesurée.

« C’était peut-être une balle perdue. » Une balle percuta le bouclier de Vornek, rendant le mensonge encore plus ridicule.

Le chariot de guerre fit à nouveau feu, l’obus traversant la rivière et atterrissant parmi les chevaliers cygnaréens de l’autre côté. Les hommes volèrent, carbonisés et taillés en pièces.

« Dans les arbres ! » cria le Capitaine Adkins, et ses chevaliers chargèrent, survivant à une autre fusillade des kommandos d’assaut.

L’équipage de la canonnière cygnaréenne restante réussit à tourner son canon monté sur le pont en direction du chariot de guerre et tira. Le tir fut franc et fit secoua le véhicule vers arrière, mais son blindage était trop épais. Le tir retour frappa la canonnière en hauteur, s’écrasant sur son pont et anéantissant son canon ainsi que les soldats qui s’en occupaient.

« Capitaine », dit Murgan, au ton pressant dans sa voix, « ce n’est qu’une question de temps avant qu’ils ne tournent ces canons contre nous. »

« Pourquoi le feraient-ils ? » Cria Vornek. « Ils veulent leur foutu cargaison, non ? »

« Ils pourraient savoir que nous prévoyons une négociation avec les cygnaréens », dit Murgan, avant de se pencher alors qu’une balle sifflait au-dessus de sa tête. « Il est possible que nous devions remettre cette cargaison à leurs ennemis. »

Vornek cracha du jus de vernonia sur le pont. « Des foutus rouges, des foutus bleus, que tous les dieux soient maudits. » Il jeta un coup d’œil autour de lui et remarqua que certains de ses hommes le regardaient, attendant qu’il prenne une décision, qu’il se batte ou qu’il s’asseye et attende. Nombres d’entre eux fixaient le corps de Torem, les yeux illuminés d’une autre chose qu’une brume d’ivresse. Ils étaient en colère.

« Sang et enfer », jura à nouveau Vornek. « Murgan ramène Valkar ici. »

Les sourcils de l’ogrun se soulevèrent et un fin sourire fleuri sur ses lèvres. « Tout de suite, monsieur. »

Il rampa à travers le pont vers une ensemble de larges portes double installées dans le bordage en bois. Elle menait à la cale où le Sergent Valkar travaillait sur le seul équipement utile que le Seaforge avait jugé bon de leur donner. Murgan ouvrit les portes, et à moitié rampant, à moitié glissant, il dégringola les marches dans l’obscurité, des balles sifflant par-dessus sa tête.

« Très bien, les gars ! » Cria Vornek une fois que Murgan eut disparu sous le pont. « Allumez ces foutus rouge, double tarif. »

Les péniches étaient si proches l’une de l’autre que les nains de l’autre purent entendre ses ordres. Il fronça les sourcils et ajouta : « Essayez de ne rien toucher de bleu. »

. . .

LE CAPITAINE MARIUS ADKINS CHARGEA DEPUIS LA RIVE DU FLEUVE, se tenant courbé, son glaive-tempête en avant. Une balle toucha sa large lame et l’arrêta à mi-chemin. Le projectile du tireur embusqué ayant failli le tuer, il y a quelque instant, l’avait secoué plus qu’il ne le pensait. Davantage de ses hommes couraient vers les arbres, et les troupes khadoréennes si trouvant. Ils devaient se rapprocher à bout portant pour faire face aux kommandos d’assaut. Leurs glaives et leurs armures plus lourdes feraient rapidement l’affaire des troupes ennemies plus légères, mais les kommandos d’assaut avaient une couverture et le nombre de leur côté.

Adkins s’avança, courant, rattrapant l’un de ses sergents, Terra Dade.

« Former la ligne, sergent », lui cria Adkins. « Formation d’assaut. »

« Oui, monsieur », dit-elle et agita son glaive en l’air. « Ralliement. Formation d’assaut. »

Les Chevaliers-Tempêtes resserrent les rangs, formant une ligne irrégulière. Ils étaient à quelques mètres des arbres, et Adkins pouvait voir les troupes khadoréennes accroupies derrière un couvert  léger, tirant sans discontinuer.

« Visez les arbres », ordonna Adkins. « Feu ! »

Vingt-cinq projectiles galvanique surchauffée furent lâchés. Il n’avait plus plu ces derniers mois ; les bois et sous-bois ne demandaient qu’à s’enflammer. Une douzaine d’arbres prirent s’embrasèrent, propulsant des flammèches dans le ciel.

Les coups de feu devant ralentirent, mais une nouvelle volée à l’arrière retenti. Adkins se retourna pour voir les rhulfolk, sur les péniches, alignés contre les plat-bords, en train de braquer leurs carabines à double canon sur un mur de boucliers. Les bruits, brefs et aigus des armes rhuliques l’ont d’abord empli d’effroi, mais ensuite il réalisa qu’ils ne tiraient pas sur lui ou ses chevaliers.

Un kommando d’assaut se découvrit et couru vers les arbres devant lui. Les tirs rhuliques l’abattirent.

« Eh bien, ça va aider », déclara le Sergent Dade. « Je suppose qu’ils ne sont pas totalement sans honneur. »

Adkins acquis, mais le bruit d’armes de l’autre côté du fleuve posait toujours un important problème. « Monte là-haut et engage ces kommandos. Emploie la fumée comme couverture. »

Les arbres en feu baignaient la zone d’un épais nuages de cendres. Adkins fit un geste de dissimulation. « N’offre pas de cibles à ce maudit chariot de guerre. »

Le Sergent Dade salua et chargea, criant des ordres pour que les autres Chevaliers-Tempêtes suivent.

Les nains bombardaient le chariot de guerre de tirs de fusils, mais c’était comme un essaim de mouche essayant de mastiquer un coffre-fort de banque. Un épais blindage enveloppait même les chevaux tractant le véhicule. Adkins doutait qu’un projectile de son glaive-tempête ne fasse rien de plus que roussir son blindage.

Les kommandos d’assaut à côté du chariot de guerre firent les frais de l’assaut nain ; ils se dispersèrent pour trouver refuge derrière le véhicule khadoréenne. Son canon tonna à nouveau, manquant de peu une canonnière cygnaréenne et explosant dans un geyser d’eau.

Adkins remarqua que les khadoréens ne visaient pas les péniches naines avec leur canon mais que les kommandos d’assaut tiraient sur les rhulfolk sur leurs ponts. L’ennemi voulait ce qui se trouvait dans ces cales, et il pouvait l’utiliser à son avantage.

Adkins courut vers le bord de l’eau, agitant son glaive-tempête dans les airs, essayant d’attirer l’attention des nains. Des balles s’enfonçaient dans la boue à ses pieds ou sifflaient par-dessus sa tête, mais il persista.

Finalement, le Lieutenant Murgan, l’ogrun, remarqua son comportement, le pointa du doigt et parla à son capitaine.

À travers la pantomime, Adkins essaya de transmettre ce qu’il voulait, et il cria : « Déplacez les péniches devant les canonnières ! »

De nouveau, l’ogrun l’observa et finalement hocha la tête et pointa son glaive de guerre.

Il comprit.

L’ancre de la péniche la plus proche fut relevée et dériva vers l’avant, des balles claquant sur sa coque et les boucliers nains de son équipage nain. Le chariot de guerre tira à nouveau qui manqua la proue avant que la péniche en bloque sa ligne de vue vers la canonnière la plus proche.

Adkins soupira de soulagement. Cela leur ferait gagner du temps, bien qu’ils n’aient actuellement aucun moyen de s’occuper du chariot de guerre ou de ses canons. C’est du moins ce qu’il pensait.

Un panache de fumée noire s’éleva du pont d’une des péniches rhulique et Adkins crut qu’elle avait pris feu. Puis, pour son plus grand plaisir, la forme imposante mais trapue d’un warjack lourd rhulique s’éleva de la cale de la péniche. Il avait déjà vu le modèle en action auparavant – son lourd bouclier et son canon gargantuesque le désignait comme un Avalancheur.

« Oh, Morrow, oui », souffla Adkins.

La minuscule forme d’un contrôleur rhulique était visible derrière l’Avalancheur, criant des ordres, mais Adkins ne prononça qu’un mot.

« Feu ! »

Le canon de l’Avalancheur dégorgea fumée et flammes, et l’obus lourd hurla dans l’air telle banshee vengeresse. Il percuta le chariot de guerre et explosa, l’explosion, projetant des cadavres de kommandos d’assaut dans toutes les directions. Le warjack tira à nouveau et, cette fois, son obus transperça le blindage du chariot de guerre et éclata à l’intérieur du véhicule. Un battement plus tard, il explosa avec un bruit et une chaleur assourdissantes, ne laissant qu’un cratère fumant.

Adkins sourit et leva le poing en l’air. Puis il se tourna et remonta la pente pour aider les Chevaliers-Tempêtes. Ils étaient au corps à corps avec les khadoréens et effectuaient un travail rapide et sanglant. Il espéra que le Sergent Dade en avait gardé quelques-uns pour lui.

. . .

« MERCI POUR VOTRE ASSISTANCE, CAPITAINE », déclara le Capitaine Chevalier-Tempête cygnaréen Adkins.

Vornek soupira et cracha. « Eh bien, ils nous tiraient aussi dessus… » Murgan s’éclaircit la gorge, et Vornek soupira. « Oui. Très bien. De rien. »

Ils se tenaient sur la plage, où les cygnaréens s’occupaient de leurs morts et de leurs blessés. Ils avaient perdu au moins dix de leurs chevaliers et une douzaine de pionniers sur les canonnières. Les pertes khadoréennes étaient plus importantes et les cygnaréens avaient également fait des prisonniers. Pendant une demi-seconde de n’avoir perdu que trois hommes, mais c’étaient des nains avec lesquels il avait servi pendant dix ans, plus des parents que des subordonnés.

« Nous avons des fournitures médicales sur les péniches », proposa-t-il.

« Nous les acceptons avec plaisir », dit Adkins. Il semblait reconnaissant, et même si Vornek détestait l’admettre, il commençait à apprécier l’humain.

« Vous avez fait preuve d’une excellente tactique, capitaine, avec nos péniches », dit Murgan. « Vous avez sauvé beaucoup de vos hommes là-bas. »

« Et j’ai failli me faire exploser la tête pour mon effort », répondit Adkins en gloussant.

Vornek renifla. « Je vous traiterais de fou si je n’avais pas fait cette même foutu chose moi-même plus de fois que je ne peux compter. »

« Pourquoi vous ont-ils attaqué ? » Demanda Adkins.

« Les rouges peuvent pas mal perfide. Murgan suppose ici qu’ils craignaient que nous concluions un meilleur marché avec votre roi et qu’on lui remette la cargaison dans notre cale, alors vaut mieux nous voir vous et moi mort que de risquer ça. »

Adkins enleva son casque et fit la grimace. La balle avait creusé un sillon dans son cuir chevelu, lui ôtant la peau et les cheveux en une ligne irrégulière. Il endurait cette cicatrice pour le reste de sa vie. « Eh bien, vous le ferez ? »

« Vornek ri et secoua la tête. « Je suis plus qu’un fantassin et une estafette, et je suis censé attendre que mes supérieurs se manifestent. »

« Je vous ai vu diriger vos hommes là-bas. » Adkins se dirigea vers le bord du fleuve. Il remplit son casque d’eau et la fit couler sur sa tête, nettoyant une partie du sang. « Vous n’êtes pas un fantassin, vous êtes un commandant de combat compétent. »

« Ce doux discours ne mènera à rien avec moi, Capitaine Adkins », répondit Vornek, mais il ne pouvait pas nier la vague de fierté qu’il ressentait aux paroles de l’homme. Cela faisait longtemps que personne n’avait fait l’éloge de ses talents au combat. « Mais je pourrais glisser un mot en votre faveur. »


— 12 —

DEPUIS LE PONT, STRYKER REGARDAIT les Intercepteurs sans Rails marteler le Victor immobile à coups de canon. D’énormes gouttes de feu alchimique éclatèrent contre la coque du colosse, brûlant et cratérisant son blindage.

Vî Arsouye relâcha un jet de vapeur et fit tourner son marteau d’avant en arrière. Le Cuirassier était impatient de donner un coup de main à ses nouveaux alliés pour abattre le colosse ennemi. Harcourt, quelque part derrière les lignes de soldats cygnaréen et de la Garde du Creuset, le tenait en échec.

Les canons des Intercepteurs n’étaient pas assez puissants pour passer les défenses du Victor la plupart du temps, mais avec sa jambe droite immobile grâce à l’oeuvre de Magnus, ils pouvaient ajuster leurs tirs sur les zones les plus vitales.

« Tu es blessé ? » demanda Stryker à Magnus. Le warcaster s’appuyait sur le flanc d’un intercepteur. Il avait affronté un Colosse face à face et avait survécu, mais là encore, Magnus avait l’habitude de survivre.

« Je vais bien, Seigneur Général », dit-il. « Comment allons-nous ? »

« Mieux », dit Stryker, « mais là-bas, il y a encore plus de khadoréens que nous ne pourrions gérer. »

Ils tenaient le pont, ce qui empêchait Strakhov de faire entrer ses warjacks et ses engins lourds dans la ville. On rapporte qu’Ashlynn et les étranges hommes-fusées de la Garde du Creuset repoussaient une invasion d’infanterie légère avec des ponts de fortune ailleurs dans la ville.

Stryker ouvrit la bouche pour en dire plus, mais une autre volée des Intercepteurs sans Rails le submergea. Il regarda avec une sombre satisfaction la disparition de la tête du Victor dans un nuage de fumée alchimique. Une autre explosion déchira sa poitrine, brisant son cortex en mille morceaux. L’énorme machine vacilla et s’effondra. Les soldats du Cygnar et de la Garde du Creuset sur le pont poussèrent des cris de joie.

« Quels sont tes ordres, monsieur ? » demanda Magnus, en s’éloignant de l’Intercepteur le soutenant debout. Il avait l’air plus vieux ces jours-ci, plus usé et las. Stryker se demanda combien de temps il pourrait continuer à se battre. Même à la fin, de trentaine, Stryker sentait les années l’user quotidiennement, et Magnus avait près de soixante ans, son corps était marqué de cicatrices et ravagé par la guerre et le temps. Il repoussa cette pensée, l’idée que son vieux mentor et ancien ennemi ne pouvait plus se battre le mettait très mal à l’aise.

« J’ai besoin de parler à quelqu’un en charge de cette ... » Stryker agita le bras devant les hommes et les engins de la Garde du Creuset ayant rejoint les siens sur le pont, « … force. »

« Je peux arranger ça ». Magnus frappa la coque de l’Intercepteur sans Rails le plus proche avec un gant.

La trappe en haut de la machine s’ouvrit et la tête d’une femme apparut. Elle portait une paire de lunettes à verres jaunes, et de la suie sombre maculait son visage. Lorsqu’elle sortit de sa machine, Stryker vit qu’elle portait une armure légère composée d’une cuirasse et d’une jupe en cuir renforcé. Le picotement à l’arrière de son cerveau lui dit qu’elle était plus que juste la conductrice de cet Intercepteur. Elle descendit et repoussa ses lunettes sur son front.

« Vous devez être le Seigneur Général Stryker », dit-elle en tendant la main. « Capitaine Eira Mackay de la Garde du Creuset. »

Stryker trembla. « Morrow au ciel, nous sommes heureux de votre aide, Capitaine. »

« Je suis heureux de l’offrir. » Elle sourit. « De warcaster à warcaster, ce fut un plaisir de vous voir en action vous et le Major Magnus. Vous êtes à la hauteur des histoires. »

L’intuition de Stryker était correcte : elle était un warcaster. Cela signifiait que les warjacks de la Garde du Creuset dans les rangs des soldats n’étaient pas sous la direction de contrôleurs.

« Merci, Capitaine », dit-il, un peu gêné par les éloges. « On a offert de quoi réfléchir aux rouges, mais Strakhov n’est pas près d’abandonner. »

Magnus se joignit à eux. « Non, il plus d’hommes et d’artillerie que nous. Maintenant que nous lui avons refusé le pont, il va utiliser ce dernier et nous attaquer sur l’ancien. »

Le Capitaine Mackay essuya la suie sur son visage et acquiesça. « Eh bien, nous pouvons utiliser mes Intercepteurs pour renforcer vos propres batteries d’artillerie, et nous pouvons les déplacer partout où ils sont nécessaires. Ils empêcheront Strakhov de rapprocher ses soldats et ses propres batteries. »

« Excellent. Ça aide », dit Stryker. « Des idées pour s’occuper de l’artillerie de Strakhov ? »

Le Capitaine Mackay envisagea. « Eh bien, le Capitaine Elsa Swift et ses hommes-fusées donnent aux khadoréens tout ce qu’ils peuvent gérer au nord. Si nous pouvons la libérer, elle pourra utiliser ses troupes pour frapper l’artillerie de Strakhov depuis les airs. »

« Je dirais que vous avez toutes les réponses, Capitaine », déclara Stryker. Le warcaster de la Garde du Creuset lui rappelait un peu le Major Maddox, qui pouvait également résumer une situation tactique en quelques secondes. « Major Magnus, tenez le pont avec le Capitaine Mackay. Je vais trouver le Major Maddox et voir si nous ne pouvons pas libérer certains de ces hommes-fusées. »

« Nous allons le faire, monsieur »,dit Magnus. « Capitaine Mackay, vous et les vôtres sont prêts pour une autre bagarre ? »

Elle renifla. « J’allais finir pas penser que jamais personne me le demanderait. »

. . .

AVEC UN GROGNEMENT, ASHLYNN ÉVENTRA un autre kommando d’assaut. Elle avait fait passer Némésis à travers le bouclier de l’homme, l’épinglant à son corps, rendant la lame plus difficile à extraire.

Profitant d’une accalmie, Ashlynn arpentait le champ. Ils avaient empêché à la plupart des kommandos d’assaut et leurs ponts d’accéder à la ville, se battant le long des quais et des jetées de Croix-des-Fleuves. Le Capitaine Elsa Swift et ses rapides soldats volants avaient fait le gros du job. Leurs bombes à gravité avaient détruit les ponts avant que trop de soldats ennemis ne puissent les traverser.

Le cri strident de réacteur d’un homme-fusée retentit lorsque Swift se posa sur le quai voisin. Derrière elle, une vingtaine d’autres hommes-fusées se posèrent, plusieurs blessés par les tirs des carabines des kommandos.

« Ils reculent », déclara Swift, en courant pour rejoindre Ashlynn. Elle grimaça. « Morrow, vous avez été occupé. »

Ashlynn baissa les yeux sur sa cuirasse éclaboussée de sang. Le sang avait natté ses cheveux et s’était frayé un chemin dans chaque crevasse et articulation de son armure et sur son corps. Mais cela ne la dérangeait plus – c’était le prix de la bataille. « Il s’avère que les hommes saignent quand on les tranche en morceaux avec une épée, Capitaine. »

Swift déglutit. Le capitaine n’était pas une lâche, mais elle tuait de loin, à distance. « Comme je l’ai dit, ils reculent. »

Ashlynn regarda autour d’elle. Ils se tenaient sur l’un des plus grands quais de la ville, derrière les bâtiments industriels et les entrepôts. C’était une zone suffisamment grande pur que la plupart de ses troupes puissent s’y regrouper. Elle n’avait pas eu d’autre choix que les disperser, combattant chaque tentative khadoréenne de franchir la rivière au fur et à mesure. Elle tendit la main vers Soldat, jetant un coup d’oeil à travers les yeux de la Mule. Elle avait laissé le warjacks derrière elle  la dernière fois que le Capitaine Swift l’avait transporté par les airs. Maintenant, elle le vit et sentit que la Mule était inactive, ignorant les ordres d’un contrôleur tout proche, les corps sanguinolents de soldats khadoréens à ses pieds. Elle sourit et invoqua Soldat à ses côtés.

« D’accord. Ils se retirent, mais je ne comprends pas pourquoi », déclara Ashlynn. « Nous avons essayé de les arrêter, et ils ont plus d’hommes et de ressources. »

Swift vérifia les chargeurs de ses carabines jumelles et haussa les épaules. « Le Capitaine Mackay et ses Intercepteurs sans Rails ont probablement offert de quoi réfléchir au grand pont. La dernière fois que je suis montée, je les ai vus abattre un colosse. »

Les sourcils d’Ashlynn se haussèrent. Si la Garde du Creuset avait abattu un colosse ennemi, c’était une bonne nouvelle. « Je suggère que nous retournions au centre-ville et que nous y rejoignions mes troupes. Je vais laisser quelques soldats ici au cas où les khadoréens redeviendraient fringants. Pouvez-vous également laisser quelques-uns de vos hommes-fusées ? Ils peuvent nous rejoindre plus rapidement si nous devons renforcer cette zone. »

« Bien sûr », dit Swift et elle se tourna pour donner des ordres.

Le pas sourd du soldat arrivant sur le quai était un bruit réconfortant. La grande forme droite du mage balisticien Vayne di Brascio à côté de la grande Mule plu également à Ashlynn. Il était bon au combat et un chef capable.

« Je vois que les khadoréens ont payé la facture au boucher ici », déclara di Brascio. « C’est la même chose aux endroits où ils ont tenté de traverser. »

Ashlynn hocha la tête. « Excellent, nous allons installer au centre-ville, rencontrer le Capitaine Keller, et réévaluer comment le Seigneur Général Stryker et le Major Magnus s’en sont sortis. On m’a dit qu’ils ont aussi reçu de l’aide de la Garde du Creuset. »

« Des soldats volants », dit di Brascio en secouant la tête. «  je n’ai jamais pensé voir une telle chose. »

Ashlynn était moins impressionnée par la technologie de la Garde du Creuset, mais qui pourrait nier leur utilité ? « Volant, marchant ou rampant, nous pouvons utiliser toute l’aide que nous pouvons obtenir. »

. . .

DE NOMBREUSES AUTRES PERSONNES QUE LES TROUPES IRRÉGULIÈRES et les Têtes d’Acier du Capitaine Keller qu’elle avait laissés, attendaient Ashlynn sur la place de la ville. Stryker, le Major Maddox, le Capitaine Archer et un grand nombre de lames-Tempêtes et de Lances-Tempêtes envahissaient la zone. Ils portaient tous les signes des acharnés récents combats.

« Maréchal d’Elyse », dit Stryker, qui se dirigea vers elle en traversant les rangs des soldats. Il avait l’air indemne malgré les cicatrices et les bosses de son armure – grand et digne, noble même. « Nous venions vers vous, mais il semble que ce ne soit pas nécessaire. Comment s’en sort-on sur les quais ? »

« Nous avons neutralisé la menace existante », dit Ashlynn, «  n grande partie grâce au Capitaine Elsa Swift. »

Elle montra le capitaine homme-fusée à côté d’elle.

« Seigneur Général », dit Swift, « c’est un plaisir de vous rencontrer. »

« Alors, c’est vous que j’ai vu survoler la ville », dit Stryker. « Impressionnant. »

Ashlynn était troublée par la présence de Stryker. « Pourquoi n’êtes-vous pas sur le pont ? »

Stryker se racla la gorge. « Nous avons sécurisé le pont pour le moment. D’autres soldats de la Garde du Creuset le tiennent, ainsi que leurs Intercepteurs sans Rails. Les khadoréens se sont retirés des murs de la ville. »

« Nous avons remarqué un retrait similaire », dit Ashlynn. « Que pensez-vous qu’il va se passer maintenait, alors ? »

« Ils vont nous frapper avec l’artillerie, et je veux rendre cela aussi difficile que possible. » Stryker se tourna vers le Capitaine Swift. « Je pense que vous pouvez nous aider dans cette entreprise. »

« Frapper les batteries depuis les airs », dit-elle en hochant la tête. « Nous pouvons le faire, mais nous aurons besoin d’un soutien au sol. »

« Vous l’aurez », répondit Stryker.

. . .

STRYKER MENAIT UNE COLONNE DE LAMES-TEMPÊTES à travers le Grand Pont, un warjack lourd Défenseur à ses côtés. Il avait débuté la bataille avec deux, mais l’un deux avait été gravement endommagé. Derrière lui, se trouvaient quatre Intercepteurs sans Rails. Le Capitaine Archer chevauchait devant lui lui, menant une ligne de Lances-Tempêtes.

C’était une petite force mais une puissante force, ses membres triés sur le volet, ses chefs étaient les meilleurs qu’il pouvait lancer sur la massive armée devant lui. Strakhov avait fait avancer son artillerie depuis l’arrière. Magnus en avait détruit certaines, mais le commandant khadoréen avait encore assez de canon de campagne et de mortiers pour infliger de graves dégâts.

Stryker ferait de son mieux pour contrecarrer cette intention.

Ils atteignirent le bord du Grand Pont, passant le Major Magnus et la ligne d’Intercepteurs sans Rails bloquant l’entrée. Son vieux mentor le salua. « Ne vous faites pas tuer maintenant, Seigneur Général. »

« Je ne compte pas me battre contre des colosses aujourd’hui, Major », lui répondit Stryker, le sourire aux lèvres. Lui et Magnus avaient atteint une nouvelle étape dans leur relation. Plus ennemis mais pas vraiment amis. Il y avait eut trop de trahisons et de vieilles blessures entre eux pour qu’il y ait des changements. Mais ils étaient devenus à l’aise l’un avec l’autre et, admettait Stryker, il était reconnaissant d’avoir les compétences et le leadership de Magnus.

Les Lances-Tempêtes d’Archer se mirent au galop devant lui – la pointe de la lance. Au-dessus de  lui, le Capitaine Swift et ses hommes-fusées braillaient dans le ciel. Stryker prit une profonde inspiration, ordonna à ses warjacks de charger et ils partirent à la guerre.

. . .

LE CAPITAINE ELSA SWIFT N’AVAIT JAMAIS VU autant de soldats au même endroit. Une mer de rouge s’étendait en dessous d’elle, des hommes armurés et des engins se massaient comme une grande amibe. Elle n’était pas étrangère au combat, mais la Garde du Creuset n’avait jamais participé à une bataille de cette ampleur. Elle savait que ce serait probablement le premier de nombreux autres.

Le vent hurlait à ses oreilles, noyant le hurlement de ses fusées. Des vols d’hommes-fusées zébraient le ciel tout autour d’elle. Leur première cible était une batterie de mortiers proche de la ligne de front khadoréenne. Ils s’embrasèrent alors qu’elle s’approchait, projetant leur charge utile mortelle vers les murs de Croix-des-Fleuves. Elle retira une bombe à gravité de sa ceinture et donna le signal de la main pour que le reste de ses hommes-fusées fassent de même.

Elle passa au-dessus du Seigneur Général Stryker, à des centaines de pieds en contrebas et vit les éclairs d’énergie galvanique alors que le chef des cygnaréens engageait le combat avec l’ennemi.

Les balles tirées du sol sifflaient maintenant dans les airs, et Swift fait appel à son courage pour donner le signal de plonger.

. . .

LA PREMIÈRE VAGUE DE BOMBES À GRAVITÉ FRAPPA, et Stryker s’émerveilla de la précision des hommes-fusées. Les bombes atterrirent tout autour des mortiers khadoréen et explosèrent, déclenchant les propres munitions de l’ennemi dans un panache lumineux de feu et de fumée.

Les troupes volantes durent plonger à base altitude pour larguer leurs bombes, ce qui les amena à portées des fusils khadoréens. L’ennemi toucha deux des soldats de la Garde du Creuset. Le premier chuta simplement de cent pieds, l’autre fut moins chanceux. La balle ennemie perça ou endommagea la source de carburant de ses fusées, et il disparut dans une boule de feu écarlate.

Pourtant, Stryker n’avait pas le temps de s’inquiéter de telles choses. Archer avait frappé la ligne khadoréenne près de la batterie d’artillerie suivante, en passant au travers. Stryker suivait de près, agrandissant le trou avec des tirs de son canon lourd.

Il lança un rayon générateur dans les khadoréens, principalement des Man-O-War et des kommandos d’assaut. Il semblait que Strakhov commandait peu de Gardes des Glaces. Ils étaient probablement amassés à Merywyn pour repousser l’éventuel siège de Cygnar sur la capitale.

Stryker se précipita au combat rapproché, balançant Vif-Argent en même temps que le marteau disruptif de son warjack. Il trancha l’armure et les chairs, envoyant des hommes et des femmes à Urcaen de chaque coup de lame. Les Chevaliers-Tempêtes sur ses arrières récoltèrent leur propre moisson de mort, mais l’ennemi ne tarda pas à les encercler. Les énormes fûts noirs des canons de campagne dépassaient des corps grouillants des khadoréens. L’ennemi ne pouvait pas faire grand-chose contre les hommes-fusées de la Garde du Creuset, à la place ils se concentraient sur Stryker.

Le temps ralenti et le monde de Stryker se dissout dans le miasme grisant du sang, de la douleur et de l’acier.

. . .

MAGNUS SE TENAIT SUR LES REMPARTS AVANT, au-dessus de la Grande Porte, avec le Major Hughs. L’artilleur pionnier grisonnant avait déployé les batteries de canons dont il disposait sur les parties intactes du mur. Celles -ci avaient eu peu d’effet sur les khadoréennes, mais ils avaient maintenant ajoutés les Intercepteurs sans Rails du Capitaine Eira Mackay au mélange. Hughs l’aida à les positionner pour une couverture maximale.

« Je ne sais pas comment vous pouvez les appeler artillerie », grommela Hughs. « Même pas un obus approprié pour charger ses maudits trucs. » Magnus observa les trois Intercepteurs sur le pont et les quatre autres à droite et à gauche de celui-ci lancer des projectiles alchimiques sur les soldats khadoréens grouillant autour de Stryker. Leur objectif était impressionnant et ils balayèrent les troupes ennemies sans que Magnus ne puisse remarquer une victime amie.

« Il me semble que tout va bien, Major », déclara Magnus.

Hughs haussa les épaules. « Oui, peut-être, mais je préfère faire confiance à la poudre et aux obus plutôt qu’à ces engins alchimiques. »

Il plissa les yeux, puis attrapa un pionnier proche, l’un de ses assistants d’artillerie. « Dis au Capitaine Mackay de déplacer les deux Intercepteurs occidentaux de trois mètres. Ils sont un peu trop court. »

Le pionnier s’en fut livré le message.

Hughs regarda Magnus avec un regard étrange. « Pourquoi es-tu ici avec moi au lieu de là-bas dans le feu de l’action ? »

« Je suis les ordres, Major. Tout comme vous. » Magnus n’aimait pas la question parce qu’il se demandait si Stryker avait, en fait, vu son état et avait décidé de laisser en arrière à cause de cela. Bien que Stryker n’en ait pas dit autant, le regard qu’il avait eu lorsqu’il l’avait extrait du champ en disait long. Magnus voulait croire que c’était à cause de l’animosité persistante entre eux, mais il ne pouvait pas se mentir à lui-même. Il ne le sentait plus. Stryker pourrait le laisser se reposer et récupérer. Il admit à contrecœur qu’il serait reconnaissant si c’était le cas.

C’était Stryker qui était au cœur de l’action maintenant, se battant vers le prochain emplacement d’artillerie. Strakhov l’avait encerclé avec des troupes de choc Man-O-War. Leurs boucliers et leurs corps armurés déviaient les bombes des hommes-fusées de la Garde du Creuset tournant en rond au-dessus.

« Combien d’autres emplacement Strakhov a-t-il ? » Demanda Magnus a Hughs.

Le vieux pionnier secoua la tête. « Trop. Nous retardons l’inévitable. Il a assez d’hommes pour absorber les dégâts que nous lui causons, puis nous frapper avec suffisamment de gros canons pour détruite la majeure partie de la ville. »

« N’oublie pas que les retards signifient plus de vies sauvées, Major », dit Magnus, irrité par le mépris acerbe de Hughs pour les hommes qui se battent pour mourir là-bas. « N’est-ce pas le but ? »

Hughs éclata de rire. « Imaginez cela – le sanglant Asheth Magnus me donnant des leçons de morale et sauvant des vies. »

Il cracha. « Vous avez peut-être trompé le Seigneur Général avec votre héroïsme sur le champ de bataille – vous avez toujours été bon pour tuer – toutefois, vous êtes le même sanglant traite que vous avez toujours été. »

Magnus serra les dents. Tous les dirigeants cygnaréens n’appréciaient pas sa présence, mais l’entendre si crûment le secoua et le surprit.

Il ouvrit la bouche pour réplique, mais Hughs s’éloignait en criant des ordres à un autre pionnier.

Magnus agrippa les remparts et regarda l’affrontement en dessous, essayant de se dire que Hughs était un vieux fou amer. Il y était parvenu, mais il ne pouvait pas dire que Hughs avait entièrement tort.
« Modifié: 01 février 2020 à 00:11:50 par elric »
Citation de: Maître Yoda
Trop gentil tu seras, dans le côté obscur tu l'auras.

Si vous constatez des fautes d'orthographe et/ou de conjugaison, des phrases à remanier pour une meilleur compréhension.
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Re : STORMBREAK - 2eme partie
« Réponse #5 le: 25 janvier 2020 à 13:17:41 »
— 13 —

« KOMMANDEUR », DIT SHEPTA. Le kommando d’assaut en armure noire était revenu après avoir mené l’attaque sur les fleuves qui traversaient la ville. « Nous avons subi des pertes au sud de la ville et nous efforts pour franchir le pont sur le fleuve ont échoué. »

Le kommandeur du Corps d’Assaut Oleg Strakhov pouvait à peine entendre son aide de camp dans le vacarme de la bataille. Il s’était positionné avec sa garde personnelle près de l’un des emplacements d’artillerie – un groupe de six canons de campagnes protégés par un détachement de Troupe de Choc Man-O-War. Il avait déplacé les troupes lourdes ici après avoir perdu une douzaine de mortiers à cause des bombes des hommes-fusées de la Garde du Creuset. Les Man-O-War absorberaient l’explosion des autres attaques et protégeraient ses canons.

Il grogna silencieusement à l’idée que la Garde du Creuset le surprenait. C’était un homme dont le fonds de commerce était les informations. Lukas di Morray lui avait échappé, c’est vrai, mais il n’avait jamais imaginé que l’homme convaincrait son ordre d’aider les cygnaréens. Pourtant, les cygnaréen ne s’étaient acheté que peu de temps, rien de plus. Strakhov avait plus d’hommes, plus d’armes à feu, plus de warjacks, et il décevrait pas Irusk à nouveau.

« Fais venir ici tous les autres kommandos d’assaut », dit Strakhov. « Nous écraserons les cygnaréens. »

Shepta regarda les murs de Croix-des-Fleuves. « Nous aurons de nombreuses victimes si nous continuons un assaut frontal », dit-elle.

« Oui, mais cela obligera Stryker à venir à nous et à apporter ses ressources sur le champ de bataille. S’il ne le fait pas, je le ferai sortir de son trou avec l’artillerie. »

« Comme vous dites, Kommandeur », dit Shepta puis tressaillit alors qu’un projectile alchimique atterrissait à seulement vingt verges, consumant une douzaine de Man-O-War dans de verte flamme. « Monsieur, vous êtes trop proche des lignes de front. Nous devons reculer. »

Strakhov regarda Shepta avec un regard noir. Elle avait raison. Il était trop près du front. Trop près de l’artillerie alchimique pleuvant du ciel, qui taillait les Man-O-War l’artillerie la plus proche. Trop près du Seigneur Général. Il était trop proche, mais était exactement là où Strakhov voulait être.

Le warjack de Strakhov, Torche, ressentit le mécontentement de son maître, et la scie dépeceuse de son bras droit criait après des vies. Cela donna à Shepta de se retirer.

« Amène-moi Nev », dit Strakhov, en nommant l’autre kommando d’élite, qui, avec Shepta, était son ombre jumelle depuis Rynyr. Il se tourna vers un kovnik Man-O-War nommé Vadim. « Je veux cinquante de tes meilleurs hommes avec moi maintenant. »

« Bien sûr, Kommandeur », déclara le kovnik.

« Qu’allez-vous faire ? » Demanda Shepta, l’inquiétude dans sa voix.

Strakhov prit une grande inspiration, luttant contre la douleur qu’elle provoqua. Les blessures infligées à Rynyr l’accompagnait encore. Des blessures infligées par Coleman Stryker. Il n’aurait pas pensé que le seigneur général quitterait la ville si tôt, et maintenant qu’il l’avait fait, Strakhov lui démontrerait sa folie.

Il dégaina une de ses lames de tranchée et la pointa vers l’épi de bleu dans sa propre mer de rouge. « Je souhaite parler au Seigneur Général Stryker »

. . .

STRAKHOV AVAIT OUBLIÉ LE TOURBILLON de la guerre ouverte, le chaos pressant de tous les côtés, et cela le revigora. Ses fonctions limitaient aux escarmouches et aux petites actions où il avait le net avantage de la surprise et de la furtivité. Maintenant, face à un ennemi qui pouvait le voir arriver, il se délectait des visages terrorisés des soldats cygnaréens abattus avec une lame et une carabine.

Lui, Shepta et Nev, avec une lance de Man-O-War, avaient profondément entaillé le flanc de l’offensive cygnaréenne. Strakhov se déplaçait à l’ombre de Torche, utilisant le volume et le lance-flammes du warjack pour empêcher les ennemis de le submerger.

Il avait besoin que Stryker le voie, qu’il remarque qu’il pouvait être une cible. Cela attirerait le général cygnaréen vers lui. Strakhov invoqua sa magie, les runes brillantes tournoyant autour de son corps dans un spectacle inimitable. Le sort « Rapidité » emplit ses membres d’une énergie trépidante.

Devant, deux Lames-Tempêtes faucha le Man-O-War et chargèrent. Nev leva sa carabine pour les abattre, mais Strakhov la repoussa et se précipita seul sur les deux chevaliers.

Ses armes étaient plus petites et plus courtes, mais bien plus rapides que les lourds glaives-tempêtes de ses adversaires. Il arrêta le coup de haut en bas du premier glaive avec son couteau de tranchée, et il glissa sans danger sur sa petite lame. Il enfonça ensuite sa seconde lame dans le crâne de la Lame-Tempête, perçant l’acier et les os avec une facilité satisfaisante.

La seconde Lame-Tempête décocha une frappe qui ne pénétra pas le champ d’énergie de Strakhov ; Il arracha sa lame de la tête du premier chevalier et donna un brutal coup de pied qui brisa le genou de la seconde Lame-Tempête, le jetant au sol.

Strakhov fit un pas en arrière, rengaina ses lames et s’empara de sa carabine Murmure de la Mort. Il tira dans la gorge du chevalier par terre, puis appela Torche à ses côtés.

Stryker l’avait vu et le ruban de chevaliers et cavaliers cygnaréens se déplaça dans la direction de Strakhov. Ils avaient décimé les Man-O-War gardant l’emplacement des canons, et réacteurs hurlants des hommes-fusées de la Garde du Creuset rugissaient par-dessus le champ de bataille. Strakhov allait perdre ces canons, mais il pourrait emporter un prix bien plus important.

« Là. On avance », cria-t-il en courant vers la tête de la ligne de Man-O-War le protégeant. Torche était à côté de lui ; Nev et Shepta étaient juste derrière lui.

Les hommes-fusées larguèrent leurs bombes, ravageant les canons de campagne par le feu, et les shrapnels, mais Stryker était proche. Le warcaster n’était pas à plus de cinquante mètres de là, se frayant un chemin à travers les soldats khadoréens pour atteindre Strakhov.

Ils frappèrent la principale concentration de Chevaliers-Tempêtes cygnaréens, et Strakhov ordonna à Torche de s’y vautrer. La scie dépeceuse découpa une sanglante voie dans les rangs ennemis, et Strakhov suivit, laissant ses Man-O-War garder la brèche ouverte avec leurs boucliers et haches exterminatrices.

Strakhov perdit de vue Stryker dans le mouvement de foule qui s’ensuivit, mais le warjack Défenseur dominant le champ de bataille marquait la position du seigneur général. Torche, en limite de contrôle de Strakhov, tirait, voulant se précipiter sur le warjack ennemi et le déchiqueter.

Les soldats cygnaréens se rapprochèrent, et le champ de bataille devint trop étroit pour les armes à feu. Strakhov, Shepta et Nev sortirent leurs couteaux de tranchée, et Strakhov renforça leurs défenses avec un autre sort. La magie endurcit leur armure et les rendit impossibles à déplacer contre leur volonté.

Tous trois s’abattirent sur les soldats se rapprochant, fonçant entre les Man-O-War, employant leurs masses et leurs boucliers pour éviter les lames ennemies.

Strakhov tua deux Chevaliers-Tempêtes en quelques secondes, plantant ses couteaux de tranchée dans la gorge et le ventre, les lames enchantées pénétrant l’armure et la chair sans soucis. Shepta et Nev laissèrent également des corps derrière eux. Ils étaient presque aussi doués que Strakhov en combat rapproché, et aucune Lames-Tempêtes n’avaient de chance contre leurs couteaux.

Ils s’avancèrent lentement vers le Défenseur, et firent tellement de dégâts sur l’ennemi que Strakhov craignit que Stryker ne batte en retraite. Puis comme s’ils se battaient à travers une forêt dense sur un terrain plat, ils franchirent les lignes cygnaréennes, et Stryker se tenait là, à pas plus d’une dizaine de pas. L’épée géante du warcaster siffla tandis que l’énergie galvanique faisait cuire le sang l’enrobant.

Strakhov sourit, la douleur de ses blessures – le tourmentant chaque jour depuis Rynyr, s’estompa. Stryker le vit aussi et baissa sa lame en garde basse, sachant qu’il avait presque soixante centimètres d’allonge sur son ennemi.

Le champ de bataille semblât d’agrandir davantage, chaque côté tendu alors que deux des plus puissants combattants s’affrontaient. Strakhov bougea le premier, virevoltant en avant dans une charge basse. Il envoya Torche sur le Défenseur et d’un geste de la min, Shepta et Nev à la droite de Stryker tandis qu’il allait à gauche. Les deux kommandos d’élite empêcheraient les Chevaliers-Tempêtes d’interférer.

Stryker le laissa venir, comptant sur sa lame plus longue comme facteur décisif. A Rynyr Strakhov ne se serait pas lancé dans un duel avec le warcaster cygnaréen. Désormais il en souffrait. Il souffrait de n’avoir la satisfaction de tuer un homme qui l’avait blessé dans sa fierté, dans sa chair, et dans son prestige auprès d’Irusk.

Stryker porta un rapide coup avec Vif-Argent, et Strakhov recula, puis changea de direction, se penchant en avant pour percuter sa lame droite sur la lourde lame, la frappant de travers. Il glissa sous la garde de Stryker, se releva et taillada avec son couteau de tranchée gauche.

Stryker recula vivement, la lame étincelant contre son champ d’énergie mais manquant son corps. Le seigneur général remonta sa lame obliquement, un coup massif que Strakhov n’avait aucune chance de bloquer. Mais il n’essaya pas. Au lieu de cela, il évita le coup et virevolta hors de portée.

Torche avait mutilé le Défenseur de Stryker, arrachant le bras canon du warjack ennemi, mais il avait aussi pris un gros coup de marteau du Défenseur. Grâce aux relais optiques de Torche, Strakhov pouvoir qu’ils avaient détruit un tiers des hommes de Stryker, mais les cygnaréens avaient éliminés deux des emplacements d’artillerie de Strakhov. Stryker allait bientôt battre en retraite ; il devait le faire. Le seigneur général pouvait-être impétueux et entêté, mais il ne sacrifierait pas sa vie vainement. Strakhov devait en finir ici.

Il se concentra pour bondir en avant quand il vit soudainement Nev se précipiter vers lui, les yeux exorbités, pointant quelque chose par-dessus l’épaule droite de Strakhov. Un bruit terrible emplit les airs, comme le gémissement strident de l’artillerie en approche, mais c’était plus sourd, plus profond, plus bourdonnant.

Strakhov se retourna, insouciant d’exposer son dos à Stryker, et vit ce que Nev pointait. À l’horizon, un trio de formes gigantesques se profilait, dominant son armée comme des monolithes d’acier et feu. Elles étaient de forme carrée et massive, leurs bras se terminant par d’énormes griffes en forme de pince. Les têtes des colosses étaient petites, nichées dans gigantesques plaques de blindage or et bleu sarcelle. Leurs épaules bleuissaient sous les flammes de multiples fusées. Ces fusées produisaient le bourdonnement qu’il avait entendu. La première d’entre elles atterrie à une centaine de verges devant lui et éclata dans un panache de feu liquide. Les cris d’angoisse des soldats khadoréens s’y trouvant traversa le champ de bataille tel un coup de poignard à ses oreilles.

« Kommandeur, nous devons battre en retraite ! » Cria Nev. « Il y a d’autres troupes de la Garde du Creuset attaquant par l’arrière. »

Il semblait désespéré, terrifié et Strakhov laissa presque cette peur l’envahir.

« Retraite », cria-t-il, et ce mot le choqua, lui faisant de la peine, brûlant son âme avec sa finalité.

Strakhov recula Torche, jetant un coup d’œil à travers les yeux du warjack en direction du Grand Pont de Croix-des-Fleuves. Des milliers de soldats cygnaréens et de la Résistance se précipitaient à travers pour rejoindre leurs nouveaux alliés dans l’attaque.

Il laissa Nev et Shepta le tirer dans les rangs de ses soldats dès que Torche fut à nouveau à ses côtés. D’autres fusées explosèrent autour d’eux liquéfiants les soldats avec du feu acide. Les colosses de la Garde du Creuset répandirent des flammes et du vitriol dans son armée, réduisant les hommes en  cadavres fumants.

Strakhov était engourdi par le poids de son échec, écrasé par lui, mais il avait un devoir envers les hommes et les femmes combattant à ses côtés.

La Garde du Creuset l’avait frappé par vagues, l’amenant à croire qu’il avait contenu leur attaque initiale. Maintenant, il n’aurait guère d’autre choix que de se battre et de risque l’anéantissement ou de se replier sur Merywyn dans l’espoir que ses ennemis laisseraient ses troupes battre en retraite pour panser leurs propres blessures. Ces deux choix n’avaient que peu d’attrait, et tous avaient leurs propres conséquences. S’il continuait à se battre, il risquait de perdre toute son armée. Sil se retirait vers Merywyn, il devrait admettre son échec à Irusk à nouveau.

Il ne pouvait pas dire quel destin il craignait le plus.


— 14 —

STRYKER S’APPUYA SUR VIF-ARGENT, regardant l’armée khadoréenne battre en retraite des plaines devant Croix-des-Fleuves. Il était épuisé, et la montée d’adrénaline du combat laissant place à un abîme béant de fatigue dans son sillage.

Il avait donné l’ordre de les laisser les khadoréens battre en retraite dès qu’il fut clair que c’était l’intention de Strakhov. Malgré le fait que le khadoréen avait risqué sa vie pour défier Stryker en duel, il avait repris ses esprits lorsque les colosses de la Garde du Creuset étaient apparus à l’horizon. Stryker, dans sa position, aurait fait de même, peu importe combien la pensée de la retraite l’affligeait.

Le champ devant lui était parsemé de corps, tant cygnaréen que khadoréen. Des médecins portant les couleurs cygnaréennes, llaelaises et de la Garde du Creuset voguaient parmi le choeur les plaintes des hommes et des femmes blessés, fournissant de l’aide là où ils le pouvaient et transportant les morts et les blessés.

« Eh bien, cela s’est mieux passé que ce à quoi je m’attendais », déclara le Capitaine Archer en s’arrêtant près de Stryker. Le Capitaine Lance-Tempête était aussi meurtri que lui, mais toujours en forme.

Stryker gloussa « Je dirai ceci. La Garde du Creuset sait réaliser une entrée. »

. . .

DE PRÈS, LES TROIS COLOSSES DE LA GARDE DU CREUSET étaient des merveilles d’ingénierie mékanique et alchimique. Stryker était surpris de voir qu’ils ne se déplaçaient pas comme les autres colosses. Au lieu de cela, ils étaient équipés de lourdes roues blindées qui les mouvaient à travers le champ à une vitesse faisant qu’ils ne seraient pas considérés comme lent parmi les warjacks légers.

Sous leur masse menaçante se tenaient des rangs ordonnés de la Garde du Creuset, des soldats armés d’étranges longs fusils et d’épées courtes. Il y avait aussi de l’infanterie lourde, équipée d’un de robuste armure, de canons à main et de redoutables pioches. Ils étaient impressionnants, mais plus impressionnants encore étaient les deux qui marchaient devant, venant à la rencontre de Stryker.

Il reconnut le premier homme. L’Aurum Légat Lukas di Morray était un allié, un ami même. L’autre homme était grand, distingué, son armure de warcaster impeccable, sa massive hache mékanique, assez rendre grande pour rendre le Boucher envieux. L’expérience se voyait sur son visage ridé, et sa moustache peignée avait quelque chose d’effronté, voir de chic. Il arborait un sourire exprimant qu’il était dans son environnement naturel.

« C’est bon de te revoir, Aurum Légat », dit Stryker en s’avançant pour saisir les mains du warcaster.

Lukas sourit, et son visage s’illumina de ce que Stryker espérait être une émotion réelle et non du sérum lui procurant ses capacités de warcaster. « Je suis désolé que nous ne soyons pas arrivés plus tôt, mais ils semblent que le Capitaine Mackay et le Capitaine Swift nous aient aidé à traverser la tempête. »

Il se tourna vers son compagnon. « Seigneur Général, je vous présente le Général Maréchal Baldwin Gearheart, commandant des forces armées de la Garde du Creuset. »

Stryker offrit sa main, et Gearheart la secoua, sa poigne étant forte et sûre. Stryker indiqua le colosse. « Merci Général Maréchal. Vos machines sont assez impressionnantes. »

Gearheart rit, sa gaieté était presque enfantine. « Les Vulcains sont notre plus belle réalisation. Je vous le dis, Seigneur Général, ce fut une joie de les voir en action. »

Il observa Lukas et lui fit un clin d’oeil. « Enfin. »

« Le Cygnar et moi vous sommes redevables, mais nous avons beaucoup à discuter », déclara Stryker. « Permettez-moi de vous présenter la ville que vous avez sauvée. »

. . .

STRYKER FIXA LONGUEMENT LES VISAGES FATIGUÉS, TENDUS autour de lui ; certains qu’ils connaissaient bien, d’autres qu’il venait de rencontrer. Ils s’étaient réunis dan l’une des auberges de Croix-des-Fleuves, celle-là même où il avait exécuté le traite et agent khadoréen Sebastian Harrow.

Deux des nouveaux visages étaient la warcaster noir de cheveux, le Capitaine Eira Mackay, et la blonde athlétique, le Capitaine Elsa Swift, qui commandait les hommes-fusées. Il avait vu ces derniers le survoler et faire pleuvoir des explosifs sur l’ennemi.

Les deux commandants de la Garde du Creuset, l’Aurum Légat Lukas di Morray et le Général Maréchal Baldwin Gearheart, prirent une table avec les deux capitaines de la Garde du Creuset.

Le reste du groupe se composait du Major Magnus, du Major Maddox, du Maréchal Ashlynn d’Elyse et du Capitaine Tête d’Acier Reese Keller. Stryker y aurait bien inclus le Lieutenant Harcourt, mais le compagnon warcaster avait un bras cassé et trois côtes fêlées. Il s’en remettrait, mais Stryker préférait que le jeune warcaster se repose plutôt que d’assister à cette réunion.

Stryker s’adressa au groupe tout en se tenant au milieu de la taverne. « Maréchal Gearheart, Aurum Légat di Morray, Capitaine Mackay et Capitaine Swift. Permettez-moi de commencer par vous dire combien nous vous sommes reconnaissantes de votre opportune aide. »

« Je n’aurais l’audace de mentir, Seigneur Général », répondit le Maréchal Gearheart. « Ça m’a fait du bien de me plonger dans le bain. La Garde a trop longtemps été silencieuse. »

« Les choses vont probablement redevenir bruyantes, Maréchal. Rapidement. »

Déclara Magnus. Il se tenait au bar Il s’arrêta pour prendre une longue gorgée à sa chope qu’il tenait. Il fit alors une grimace et détourna le regard. « Je suis désolé. Je ne voulais pas plomber l’ambiance. Nous avons triomphé contre toute attente aujourd’hui. »

« Non, tu as raison », déclara Ashlynn. « Strakhov a battu en retraite parce qu’on l’a pris au dépourvu, et qu’il a perdu plus qu’il n’avait prévu, mais il nous reste un long chemin à parcourir. »

« D’accord », déclara le Major Maddox. Elle s’était également servie une chope de bière du fût que Magnus avait trouvé. « Il se retire à Merywyn, sans doute. Cela va rendre le travail du Seigneur Général Duggan et de la Première Armée encore plus difficile. »

Stryker inspira profondément. « Ce n’est que la moitié. Je vous ai caché quelque chose, mais uniquement parce que nous avions toute une armée khadoréenne à notre porte. Maintenant que ce n’est plus le cas, il est temps de discuter du contenu des péniches rhuliques dont j’ai empêchée quelles livrent leur cargaison à Khador. »

Magnus, Ashlynn et Maddox se redressèrent tous trois. Ils avaient entendu parler du blocus, mais ils l’avaient probablement oublié.

« De quoi parlez-vous, Stryker ? » dit Ashlynn, une partie de la vieille méfiance s’échappant de sa voix.

« Je vais tout vous dire, mais il y a ici des personnes ne faisant pas partie de l’armée cygnaréenne. » Il jeta un coup d’oeil à la table des chefs de la Garde du Creuset. « Ce sont toujours des alliés précieux, et cette information les affectera également. »

« Il n’y a pas de commères à cette table, je vous assure », déclara Lukas di Morray. « S’il vous plaît. Parlez. »

« Vous oubliez que je suis présent, Seigneur Général ? » Le Capitaine Keller se leva de derrière le bar, une bouteille à la main. Il prit une gorgée et fit une grimace. « Eh bien, je vous quitte. »

Stryker secoua la tête. « Je n’ai pas oublié. Votre contrat avec le Maréchal d’Elyse n’est pas fin, n’est-ce pas ? »

« Vrai. »

« Ensuite, ce sont des informations dont vous avez besoin », déclara Stryker. « De plus, je me suis battu à vos côtés, et, vous n’êtes pas le mercenaire sans âmes que vous voudriez faire croire. »

Keller se gratta la tête et sourit. « Eh bien, on ne peut pas divulguer cela, n’est-ce pas ? »

« Alors, voila », dit Stryker. « Le Cygnar a développé une technologie nous permettant de voler »

Le Capitaine Swift gloussa. « Sans vouloir amoindrir vos informations secrètes, mais ce n’est pas vraiment nouveau. Vous avez vu mes hommes-fusées en action. »

« Je l’ai fait », dit Stryker. « Mais je parle pas de vol avec des fusées ou des ailes. Je parle de quelques chose de très différents, d’une technologie qui permettra à d’énormes véhicules de s’envoler, comme des navires sur l’eau. Des navires célestes, si vous préférez. »

La pièce devint silencieuse.

« Si c’est le cas, pourquoi le Cygnar n’a-t-il pas utilisé cette technologie pour aider le Llael ? » Dit Ashlynn.

Magnus posa sa chope et se renfrogna. « Je suis un peu curieux à ce sujet moi-même. »

Stryker savait ce qui allait arriver, que ça mettrait à rude épreuve les nombreuses et fragiles alliances qu’il avait forgées avec les gens dans cette pièce. « La simple vérité est que les navires célestes ne sont pas encore prêts. »

« je veux vous croire, Coleman », dit Ashlynn. « Je veux croire que le Cygnar utilisera cette arme pour défendre le Llael. Peux-tu me promettre ça ? »

« Je peux tout promettre dans ce conflit », dit Stryker, « mais ce que j’essaie de vous dire à tous, c’est que le Khador pourrait déjà avoir cette arme. S’ils sont plus en avance que nous dans son développement, cela mettra en danger ou même condamnera le prochain siège de Merywyn. »

Stryker laissa mijoter un instant, cela eu l’effet souhait.

« Comment savez-vous cela Coleman ? » Demanda Magnus en fronçant les sourcils. Il était généralement celui qui était au courant, celui qui détenait les informations que personne d’autre ne possédait. Stryker essaya de ne pas se réjouir d’avoir enfin surpris son ancien mentor.

« Nous avons depuis un certain temps que le Khador pourrait avoir une compréhension de cette technologie », déclara Stryker. « L’ingénieur ayant créé les concepts initiaux, eu, a fait défection et a pris contact avec le Kommandeur Strakhov. Lui et ses plans ont été récupérés, mais nous ne savons pas quels secrets il a partagé avec les khadoréens avant cela. »

Il est honteux de l’admettre à un groupe d’alliés. Cela fait passer le Cygnar pour un idiot au mieux et un inepte au pire.

« Et cette cargaison rhulique dont vous avez parlé », dit le Maréchal Gearheart. « Quelle est on importance ? »

« Je l’ai examinée. Cela signifie que les recherches du Khador sur la navigation aérienne a abouti et atteint un point proche ou dépasse nos propres progrès. »

« Je pense que je comprends la situation, mais que proposez-vous de faire à ce sujet ? » Demanda Lukas di Morray.

« J’ai besoin d’avertir Caspia, et j’ai besoin qu’ils fassent décoller nos navires célestes. C’est la seule chose qui pourrait empêcher le Khador de lancer la leur. »

« Je croyais que vous aviez dit qu’ils n’étaient pas opérationnels ? » Déclara
Ashlynn.

« Non, ils volent, mais ils ne sont pas prêts pour le combat », déclara Stryker. « Les khadoréens ne le savent pas, cependant, et si l’un d’eux survole Merywyn, cela pourrait les dissuader, nous donner le temps de frapper durement Merywyn. »

« Comment peut-on faire passer un message à Caspia ? » dit Magnus. « Il n’y a pas un télégraphe en état de marche dans un rayon de huit cents kilomètres. »

Stryker considéra cela. « Capitaine Swift, jusqu’où vos hommes-fusées peuvent-ils voyager avant d’avoir besoin de faire le plein ? »

Elle secoua la tête. « Ça ne marchera pas. On a peu de portée. Quelques kilomètres au mieux, et avec nulle part où se ravitailler, vous feriez mieux d’envoyer un cavalier. »

le Maréchal Gearheart se pencha et chuchota quelque chose à Lukas di Morray. Les sourcils du Légat Aurum s’élevèrent et il toussa, comme si Gearheart l’avait surpris.

« Messieurs, ce n’est pas le moment de chuchoter des idées », dit Stryker. » Si vous avez une suggestion, veuille la partager. »

Lukas di Morray s’éclaircit la voix. « La Garde du Creuset a une technologie qui vous permettrait d’envoyer un message à une de nos enclaves à Caspia presque instantanément. »

Une vague d’excitation et de soulagement déferla sur Stryker. « C’est une excellente nouvelle. Où est-elle ? »

« Eh bien, c’est le problème, Seigneur Général », dit Gearheart. Il avait ce même regard excité dans les yeux que Stryker avait vu sur le champ de bataille. « Mais il n’est pas insurmontable. »

« Est-ce que l’en d’entre vous va lâcher le morceau ? » Dit Magnus.

Luka di Morray soupira. « La technologie est à la Forteresse du Tonnerre, l’ancien quartier général de la Garde du Creuset à Leryn. »

Stryker maintenant comprenait. Leryn était sous le contrôle de la Croisade du Nord du Protectorat de Menoth. « Alors nous ne pouvons pas y accéder. Je ne vais pas attirer le Protectorat dans ce conflit. »

« J’ai des rapports selon lesquels la forteresse n’est pas bien gardée et le Protectorat a peu de connaissances de ce qui s’y trouve », dit Gearheart. « Une petite force déterminée pourrait prendre la forteresse, accéder à l’équipement du Relais Éthéré et envoyer votre message avant que les menites ne sachant ce qui les a frappés. »

« Je ne peux pas engager de troupes cygnaréennes dans une telle entreprise. Le Protectorat verra cela comme un acte de guerre », déclara Stryker, frustré d’avoir une splendide solution à portée de main mais toujours hors de portée. »

« Je vois plus que de simples chefs cygnaréens ici », déclara Ashlynn. « Je vois la Résistance, je vois la Garde du Creuset et je vois des mercenaires. »

« Gearheart rayonna. « En effet, Maréchal d’Elyse. »

« Combien d’hommes vous faudrait-il ? » Demanda Ashlynn à Gearheart.

« Une petite force d’hommes-fusées soutenue par, eh bien, quelqu’un comme vous, Maréchal, pourrait faire une brèche dans la forteresse, prendre par surprise ceux qui sont à l’intérieur, et ouvrir les portes. Puis, disons, cinq cents troupes terrestres soutenues par les Intercepteurs du Capitaine Mackay pourraient s’emparer de la forteresse.

« Ce n’est pas si mal », ajouta Magnus, ravivé. « Il semblerait que la Garde du Creuset reprenne sa propre forteresse soutenue par une poignée de Tête d’Acier. Aucun enchevêtrement politiques pour le Cygnar. »

Stryker apprécia également l’idée. « Ça pourrait marcher. Capitaine Keller, vous et vos Têtes d’Acier seriez-vous d’accord avec cela ? »

Le Capitaine Tête d’Acier haussa les épaules. « Pourquoi pas ? La paie est la même, non ? »

Quelque chose semblable à de l’espoir s’enflamma chez Stryker. « Maréchal d’Elyse, pouvez-vous organiser cette attaque ? »

Ashlynn fit un signe de la tête. « Je travaillerai avec le Maréchal Gearheart et l’Aurum Légat di Morray s’ils veulent bien de moi. »

« Indubitablement, Maréchal », déclara Gearheart.

« Nous avons une technologie avec nous permettant de recevoir un message mais pas d’en envoyer », ajouta Lukas di Morray. « je vais la mettre à votre disposition. »

« Alors nous avons une solution », dit Stryker, son enthousiasme tempéré par la colère d’Ashlynn. « Nous allons rester ici et attendre de vos nouvelles. »
« Modifié: 14 mai 2020 à 00:36:40 par elric »
Citation de: Maître Yoda
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Si vous constatez des fautes d'orthographe et/ou de conjugaison, des phrases à remanier pour une meilleur compréhension.
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Re : STORMBREAK - 2ème partie
« Réponse #6 le: 25 janvier 2020 à 13:18:01 »
— 15 —

ASHLYNN OBSERVAIT À TRAVERS LA LONGUE-VUE la Forteresse du Tonnerre. La lune était pleine, de sorte qu’elle pouvait distinguer la majeure partie de la courtine sud et des tours qui la relient, et, plus important encore, l’immense porte.

Elle éloigna la longue-vue et se tourna vers le Capitaine Swift. La cheffe des hommes-fusées, avec cinquante de ses hommes s’étaient posés au sein d’une petite forêt à environ un demi-kilomètre au sud de la forteresse. Le mage balisticien Vayne di Brascio s’appuyait contre un arbre à proximité, sa cape et son chapeau masquant presque complètement sa forme.

« D’accord, revoyons ça encore une fois », dit Ashlynn. « Donne-moi le plan. » Swift déploya une petite carte dessinée à la main par le Maréchal Gearheart et Lukas di Morray.

« Porte principale ici », dit-elle en pointant du doigt la grossière carte. « Au-delà, la cour. Elle est de bonne taille avec beaucoup d’espace pour manœuvrer. Il y a un atelier ici à côté de la courtine qu’ils utilisent probablement comme caserne. »
Ashlynn s’accroupit et désigna un grand groupe de bâtiments niché contre le mur ouest. « Et ça ? »

« Quartiers de vie. Un réfectoire, une cuisine, ce genre de vie. La forteresse est en grande partie souterraine. Tous les ateliers et laboratoires en tout cas. »

« Avons-nous une idée du nombre et du type de troupes présentent à l’intérieur ? » Demanda Vayne di Brascio.

« Certains », répondit Swift. « Nous avons des rapports indiquant que le Protectorat a retiré une bonne partie des forces présentent à Leryn, y compris des soldats tenant le donjon. Nous estimons à une compagnie de Garde de la Flamme soutenue par un peloton de chevaliers Exemplaires. »

Ashlynn avait l’expérience de la lutte contre et avec le Protectorat de Menoth lorsque leurs objectifs contre le Khador se rejoignaient. Elle savait que la Garde du Temple était une infanterie armée de lance et les chevaliers Exemplaires d’habiles épéistes. « Pas beaucoup de puissance de feu à distance alors, non ? Ça va aider. »

Swift roula la carte et la rangea. « Ils nous submergeront dès que nous aurons atterrit. L’armure exemplaire est une armure lourde, et nos carabines pourraient ne pas être à la hauteur. Nous aurons besoin de vous et du Capitaine di Brascio pour en retenir le plus possible pendant que nous nous occuperons de la porte. »

Ashlynn souhaitait avoir un ou deux warjacks, mais Soldat attendait plus loin dans la forêt avec le Capitaine Eira Mackay, Reece Keller et cinq cents cavaliers Tête d’Acier. Quand les portes seront ouvertes, ils entreront en trombe et, avec un peu de chance, submergeront le Protectorat. « Nous nous chargeons des chevaliers. Vous empêchez la Garde de la Flamme de nous submerger au début et ensuite, vous ouvrez cette porte. »

« Je vais transporter le Maréchal », déclara Swift en se tournant vers un homme-fusée costaud. « Moreland, tu prends le Capitaine di Brascio. »

Le mage balisticien haussa les sourcils. « C’est à plus d’un demi-kilomètre. Tu peux vraiment nous mener aussi loin ? »

Swift sourit dans le noir. « Nous n’avons encore laissé tomber personne. »

Di Brascio ne sembla impressionné. « C’est bien. Je n’aimerais pas être le premier, si vous voulez bien. »

Swift gloussa en tournant un cadran à sa ceinture. Ses fusées prirent vie. La lueur cramoisie de cinquante autres fusées illumina la forêt, et il fut temps de s’envoler.

. . .

ASHLYNN SE PRÉPARA À L’IMPACT alors qu’elle et le Capitaine Swift tombaient du ciel nocturne. La cour s’approchait d’elle avec une vitesse terrible, et elle sentit Swift ajuster frénétiquement les cadrans de sa ceinture pour ralentir leur descente.

Le fait que le sol se précipitait vers elles était le moindre de leurs problèmes. La Garde du Temple se déversaient du groupe de bâtiments à l’ouest de la cour. Leurs lances ardentes répandant une horrible lueur rouge sur le sol et les pavés.

Les fusées de Swift s’enflammèrent, ralentissant suffisamment leur descente pour que l’impact passe d’une fracture d’os à un simple claquement de dents Ce fut encore assez dur pour déclencher le champ d’énergie d’Ashlynn, et il s’épanouit autour d’elle alors qu’elle dégainait son épée et son pistolet contre la marée approchant de soldats du Protectorat.

Tout autour de ses hommes-fusées se posèrent, et le bruit de leurs carabines remplit la cour. La pluie de balles ralentit l’avance de la Garde des Flammes, et ils formèrent le mur de boucliers pour contrer l’assaut.

Le rugissement sourd des pistolets cinémantiques de Vayne di Brascio retentit tout près, et un soldat du Protectorat s’effondra avec un trou fumant à travers son bouclier et son casque.

« Foncez vers cette porte », cria Ashlynn à Swift, tirant de son canon à main, faisant tomber un autre Gardien de la Flamme.

Swift couru vers la massive porte en pierre et en acier, faisant hurler ses carabines, explosant les jambes de deux Gardiens de la Flamme se précipitant pour l’intercepter. « Escouade hommes-fusées une et deux, aux portes. »

Ashlynn jeta un coup d’oeil en direction de la porte. L’ouverture et la fermeture de l’énorme porte n’était pas clair, mais il y avait une guérite à proximité. Le Capitaine Swift et ses hommes-fusées se battirent pour y arriver, déchargeant leurs carabines sur une petite unité de Gardien de la Flamme protégeant le bâtiment.

Elle ne pouvait pas se concentrer dessus. Deux des Chevaliers Exemplaires se déplaçaient pour l’engager, avançant résolument à travers la Garde de la Flamme alors qu’elles tentaient de reformer le mur de bouclier. Un autre chevalier courut vers le Capitaine di Brascio. Ashlynn savait que les Chevaliers Exemplaires étaient de terrifiants épéistes ; leurs lames antiques enchantées pouvaient facilement faire le poids face à des armes mékaniques.

Les deux chevaliers se précipitèrent, l’un frappant haut, l’autre bas. Elle parvint à parer la frappe haute et se tordit sur le côté pour permettre à son champ d’énergie et à son armure d’absorber la majeure partie du second coup. Ils le firent, mais l’impact lui coupa le souffle et l’a fit tituber.

Les chevaliers s’avancèrent implacablement. Leur habilité et leur vitesse étaient impressionnantes. Cette fois, le premier tenta une frappe montante, rapide et puissante, synchronisée presque parfaitement avec le propre coup vers le bas d’Ashlynn. Les lames se rencontrèrent, sonnant ensemble, et le chevalier tenta de transformer sa frappe en riposte. Mais Ashlynn fut plus rapide. Elle fit rouler son poignet, transformant une parade en une fente, et enfonça la pointe de Némésis à travers la visière du chevalier et de son crâne.

Trente des soldats de la Garde du Creuset rompirent les rangs pour rejoindre leur capitaine, laissant une vingtaine d’autres derrière eux. Ashlynn se déplaça devant eux ; Vayne di Brascio se déplaça pour la rejoindre.

« Retenons-les, Capitaine », dit-elle.

« C’est ce que nous faisons, oui. C’est un honneur de me battre à nouveau à vos côtés, Maréchal d’Elyse », déclara-t-il en arrachant son sabre mékanique de son fourreau.

La ligne de Gardien de la Flamme avança lentement, leurs lances ardentes se levèrent, le mur de boucliers formés. Derrière eux, une autre menace se profilait, les formes aux armures ornementées de cinq Chevaliers Exemplaires. L’élite du Protectorat se frayait un chemin parmi les rangs de leurs frères mineures, chacun tenant une mortelle arme antique.

Ashlynn invoqua et déclencha un tourbillon de vent violent. Il dispersa la formation de la Garde de la Flamme, tuant une demi-douzaine d’hommes et brisant le mur de bouclier.

Maintenant, elle chargea, retournant son canon à main et le saisissant comme une massue. Une poignée de Gardiens de la Flamme étaient isolés devant leurs rangs, et elle en embrocha un et en allongea un autre avec la crosse de son canon à main.

Vayne di Brascio tua un soldat du Protectorat d’une brève frappe, puis lui et Ashlynn virevoltèrent vers les hommes-fusées. Les soldats de la Garde du Creuset arrosèrent de balles afin de décourager les soldats du Protectorat de charger.

Elle para la seconde attaque du chevalier avec la crosse de son canon à main et trébucha en arrière, déséquilibrée. Lasse du duel, elle poussa sa capacité innée de warcaster lors son attaque suivante. Némésis s’élança, rapide et puissante, brisant les défenses de l’Exemplaire et mordant dans et à travers son armure d’épaule, l’abdomen et le cou. Il s’effondra dans un jet de sang artériel.

Ashlynn prit une rapide inspiration et jeta un coup d’œil au Capitaine di Brascio alors qu’il combattait son propre chevalier. Il para la lame antique de son ennemi avec son sabre, puis déchargea les deux canons de son pistolet cinémantique dans le ventre de l’Exemplaire, le faisant tomber. Cela donna à di Brascio le temps nécessaire pour recharger – il inséra deux autres cartouches dans son arme.

Ashlynn ramena son attention sur son propre danger. Les Gardiens de la Flamme, enragés ou enhardis par la mort de leurs saints chevaliers, chargèrent, leurs lances ardentes telle un taillis. Ashlynn repoussa les premiers, puis recula, invoquant à nouveau sa magie. Elle pouvait sentir ses réserves d’énergie arcanique diminuer, mais elle en avait assez pour au moins un autre sort.

Les runes se formèrent. Son corps s’emplit d’une marée électrique de force et de fureur. Elle s’élança vers la ligne d’ennemis, tranchant et repoussant, employant la crosse de son canon à main pour écarter les boucliers et abattre les guerriers derrière eux. Sa lame étincelant à chaque battement de cœur, à chaque coup de feu.

Les tirs de carabines des hommes-fusées retentirent, déversant une pluie de balles dans la ligne de Gardiens de la Flamme, mais ils se rapprochèrent, quel que soit le danger. Elle sursauta alors que la pointe d’une lance ardente perçait son champ d’énergie et incisait son flanc. Elle tua l’homme la maniant avec d’un coup vers l’arrière, et elle remercia Morrow qu’il ne s’agisse que d’une blessure mineure.

Au autre bruit s’éleva au-dessus de la cour, au-dessus de l’anneau d’acier et du retentissement des coups de feu, un grincement lent attirant l’attention de tout ceux qui étaient enfermés dans le combat. Les énormes portes s’ouvrirent et derrière elles, les sabots tonitruants des Têtes d’Acier en train de charger.

. . .

LE CAPITAINE EIRA MACKAY ASSISE AU SOMMET de son Intercepteur sans Rails, regardant à travers une longue-vue. Les hommes-fusées avaient atterri dans la cour et les bruits de la bataille roulaient par-dessus les plaines sombres entre la Forteresse et la forêt.

Elle avait déplacé ses Intercepteurs jusqu’à l’orée des arbres, attendant que le Capitaine Swift et le Maréchal d’Elyse ouvrent les portes. Elle souhaitait quelques autres warjacks, mais tout ce que Croix-des-Fleuves pouvait se permettre était la Mule d’Ashlynn, Soldat, et un unique Suppresseur, un warjack lourd. Malgré cela, les cinq cents Têtes d’Acier derrière elle devraient suffire pour s’emparer de la forteresse.

« Elle est coincée maintenant », dit le Capitaine Reese Keller en contrebas, de là où il était assis, montant son cheval de guerre. Mackay détourna son regard de la lorgnette et le regarda. Le Capitaine Tête d’Acier n’était pas un bel homme, mais il semblait certainement modelé par une vie de violence et de guerre. Chaque trait, de ses cheveux coupés court à la pointe de sa barbe, exprimait une difficile vie de constant mouvement et de campagne. Pourtant, il y avait toujours un encouragement pour lui, une légèreté que Mackay avait rarement rencontré chez une mercenaire.

« Le Maréchal d’Elyse ? » Demanda Mackay. « Tu combats à ses côtés depuis longtemps. »

« Assez longtemps », répondit Keller. « J’ai ma part de nobles et d’aristocrates, mais celle-là », dit-il en riant, « elle n’a pas peur de se salir les mains. Bien et salement. Même un mercenaire comme moi peut l’apprécier. »

Mackay n’avait jamais servi avec le chef de la Résistance, bien que chaque homme et femme llaelais connaisse Ashlynn d’Elyse et le prix que sa famille avait payé lorsque le Khador a envahi le Llael. « C’est une grande cheffe. C’est un honneur de combattre à ses côtés, je dis. »

Keller la regarda et sourit. « Je ne sais si c’est un honneur, mais par les dents de Thamar, c’est amusant. »

Mackay reporta son attention sur la lorgnette. Elle commençait à s’inquiéter du fait que le Capitaine Swift et ses hommes-fusées ne pourraient ouvrir les portes avant que le les forces du Protectorat présente à l’intérieur ne les submergent. Puis les portes s’entrouvrirent, la lueur d’une centaine de lances ardentes se répandant à travers et sur le sol extérieur. Puis les portes s’ouvrirent en grand, et Mackay remarqua la mer de combattants à l’intérieur de la cour, la plupart d’entre eux portant les couleurs et les armures du Protectorat. Au centre de ce bourbier d’ennemis se trouvaient Ashlynn d’Elyse, sa lame tournoyant et étincelant contre les boucliers et les lames.

« Brave Morrow », souffla Mackay. « Les portes sont ouvertes ».

La voix du Capitaine Keller, profonde et claire s’éleva par-dessus le grondement des Intercepteurs sans Rails de Mackay. « Têtes d’Acier, il est temps d’être payé ! »

. . .

À L’INTÉRIEUR DE SON INTERCEPTEUR, MACKAY avait une vision limitée du monde extérieur. L’étroit hublot ne lui permettait de voir que ce qui était juste devant elle. Elle avait appris à employer ses warjacks comme des yeux, lui permettant d’utiliser les armes de son Intercepteur avec plus de précision. Elle regardait à travers les relais optiques du warjack Suppresseur se déplaçant le long de son véhicule. Cela lui apportait une image claire de la bataille à venir.

Les portes de la Forteresse du Tonnerre étaient ouvertes, et elle eut le souffle couplé en voyant l’ancienne demeure de son ordre si proche. Cela faisait des années qu’elle n’avait plus parcouru ses couloirs et aider à développer de nouvelles technologies dans ses laboratoires et ateliers. C’était son foyer, mais le Khador – et maintenant le Protectorat – lui avait volé.

Une vieille colère s’enflamma à nouveau, et elle poussa son Intercepteur vers les portes, lançant un projectile de feu alchimique de son canon. L’explosion passa par-dessus les têtes des Têtes d’Acier et les murs de la Tonnerre, explosant à l’intérieur d’un groupe de Gardien du Temple de la Flamme. Les flammes verdâtres de son tir d’artillerie se mêlèrent un instant au rouge flamboyant des lances de la Garde du Temple, puis les consumèrent.

Mackay sourit. La Garde du Creuset était de retour chez elle.

. . .

ASHLYNN PROTÉGEA SES YEUX de la fureur ardente du brasier alchimique et se détourna des cris d’agonie alors que ce brasier consumait ses cibles.

Le projectile de l’Intercepteur de tête, probablement celui du Capitaine Mackay, permis de dégager la zone autour d’elle, mais au moins une centaine de soldats du Protectorat restaient dans la cour. Elle chercha Vaine di Brascio, le vit se battre avec deux Chevaliers Exemplaires et s’élança l’aider. Alors qu’elle approchait du mage balisticien, elle ressentit la présence de Soldat dans son esprit alors que le warjack revenait à portée de contrôle.

Te voila, pensa-t-elle en regardant à travers les yeux du ‘jack. Elle vit les portes ouvertes de la Tonnerre et un rassemblement d’hommes-fusées combattant désespérément un groupe de Gardiens de la Flamme. Rentre dans le lard.

Elle attendit de sentir la masse de combat de Soldat écraser un bouclier du Protectorat et l’homme derrière lui avant de laisser le ‘jack œuvrer seul.

Ashlynn couru pour rejoindre le Capitaine di Brascio, luttant face aux lames étincelantes des deux Chevaliers Exemplaires. Elle avait rechargé son canon à main et s’arrêta un instant pour tirer dans le dos du premier chevalier. Il tomba sur son compagnon, le déséquilibrant et offrant au Capitaine di Brascio l’ouverture dont il avait besoin. Le mage balisticien décapita le menite et ensuite commença à recharger son pistolet cinémantique.

D’autres Gardiens de la Flamme se déversèrent des bâtiments est et Ashlynn commença à se demander si les rapports de la Garde du Creuset sur une forteresse « sans personne » étaient corrects.

Puis le Capitaine Keller et ses Têtes d’Acier déboulèrent dans la cour en une vague tonitruante d’acier et de cheval, et cela ne semblait pas avoir d’importance. Leurs longues haches firent une épouvantable moisson contre les soldats du Protectorat, fendant boucliers et crânes avec une atroce facilité.

Pour la première fois en une heure de combats, Ashlynn n’eut aucune cible, personne à tuer. Elle observa le carnage se dérouler autour d’elle, tandis que les corps ennemis s’accumulaient, elle réalisa qu’ils avaient gagné.

. . .

DES CORPS, PRINCIPALEMENT DES SOLDATS DU PROTECTORAT jonchaient la cour, et Eira Mackay fut reconnaissante que leurs propres pertes soient légères. Huit hommes-fusées semblaient un petit prix pour la reprise de la forteresse où leur ordre était né.

Elle marchait à côté de son warjack Suppresseur Ses giclées pyrodrauliques avaient contribué à mettre définitivement fin à la bataille. Elle se sentait un peu nue hors de son Intercepteur. La protection de ce cocon en métal rendait la bataille et ses conséquences plus supportables. Elle s’approcha du Maréchal d’Elyse conversant avec le Capitaine Keller.

« Enfermez les survivants dans cet atelier », déclara Ashlynn en désignant un bâtiment bas en pierre avec une robuste porte. « Nous trouverons quoi faire avec eux plus tard. »

« Vous voulez que j’en interroge quelques-uns ? » Demanda Keller.

Mackay rit. « Vous avez déjà essayé d’interroger un fanatique, Capitaine ? Vous obtiendrez plus d’informations d’une pierre. De plus, je peux vous dire ce qui doit arriver ensuite. »

« Je vous en prie », déclara le Maréchal d’Elyse. Elle repoussa une touffe de cheveux ensanglanté de ses yeux et ensuite l’attacha avec un bout de ficelle. « Vous pensez que nous avons d’autre combats à mener en bas ? »

« Possible, mais je m’attends pas à ce qu’ils gardent l’équipement du Relais Éthérique. Ils ne sauraient pas à qui ça sert, et ça ne ressemble à rien. »

Ashlynn sorti son épée et son pistolet. « Trouve-toi une arme. J’aimerais que vous veniez avec nous en bas, Capitaine Mackay. Keller, occupez-vous des choses ici, et voyez si le Capitaine Swift a besoin d’aide.

« Tout de suite, Maréchal », répondit le Capitaine Tête d’Acier et il s’éloigna. Mackay remarqua que son ton était moins assuré lorsqu’il s’adressait au Maréchal d’Elyse. Elle écarta un homme-fusée à proximité.

« Donne-moi ta carabine, soldat », dit-elle, et l’homme lui remis son arme. Elle vérifia le magasin, et tira le percuteur. « Très bien. Je suis prête, Maréchal. »

. . .

LE CAPITAINE MACKAY AVAIT RAISON, nota Ashlynn. Ils trouvèrent l’équipement du Relais Éthéré dans une salle de travail vide au premier niveau souterrain. Ashlynn s’était attendue à une résistance supplémentaire, mais il semblait que le Protectorat avait jeté tout ce qu’ils avaient dans la cour.

La machine n’était pas grande ; elle tenait sur une seule table de travail et ressemblait un peu à un télégraphe ordinaire. Mais c’était évidemment plus que cela, cependant. Des tubes remplis d’un liquide jaunâtre dépassait du haut, et des tubes en cuivre saillaient de ses côtés et montaient au plafond. Un jeu de touches, comme celles d’une machine à écrire, était intégré à l’avant.

Le Capitaine Mackay se rendit à la machine et cliqua sur quelques-unes des touches. Un faible bourdonnement emplit la pièce, et Ashlynn détecta la subtile odeur de l’ozone.

« Donnez-moi la lettre », dit Mackay. « Je vais l’envoyer à l’enclave du Creuset d’Or de Caspia. »

Ashlynn remit la lettre manuscrite que Stryker lui avait confié. Naturellement, elle l’avait lu. C’était comme il l’avait dit : un appel désespéré à la couronne pour qu’elle avance la date de l’assaut sur Merywyn et une demande que le premier navire céleste soit lancé, prêt au combat ou non.

Mackay saisit les mots dans le Relais Éthérique et appuya sur une touche de plus. Il eut un bruit, comme l’explosion d’un moteur à vapeur d’un warjack, puis Mackay se tourna vers elle et dit : « C’est tout. Espérons simplement que quelqu’un écoute. »


— 16 —

JE N’AI JAMAIS VU UN GUERRIER RHUL, dit Horgrum en se grattant les excroissances pierreuses sur le menton. « Ce sont de féroces guerriers ? »

Magnus étouffa un rire. Le tireur embusqué était n’était qu’enfer et sang avec son énorme fusil Raevhen Expresse, mais dire qu’il manquait de grâce sociale était un euphémisme. Son observateur, le Sergent Sharp, le reprenait généralement, mais l’homme se remettait toujours des blessures qu’il avait reçues à Rynyr.

« Eh bien, pour commencer, ils sont appelés rhulfolk ou nains. Et oui, ils peuvent être de formidables guerriers, mais nous n’allons pas les combattre juste parler. »
Horgrum acquiesça. « Je comprends. »

Il s’arrêta et regarde derrière lui les pionniers et les Chevaliers-Tempêtes les suivants. De plus, deux  warjacks Chasseur suivait Magnus le long du Fleuve. « Peut-être que je ne comprends pas. Nous avons amené beaucoup de soldats. »

« Eh bien, c’est dans le cas où la discussion tourne mal », dit Magnus en claquant le trollkin sur l’épaule.

Ils s’approchaient du site de ce qui était autrefois un blocus et de ce qui était maintenant le théâtre d’une récente bataille. Certains des arbres proche du rivage brûlaient et Magnus remarqua des tas de cadavres khadoréens et pas mal de cadavres cygnaréens. Deux péniches rhuliques et une paire de canonnières cygnaréennes flottaient côte à côte sur le fleuve, comme pour se protéger mutuellement.

Trois Lames-Tempêtes descendirent la rue vers eux, et magnus vit que le Capitaine Adkins était parmi eux. Le Chevalier-Tempête ne portait pas son casque ; un bandage recouvrait le haut de sa tête. Des traces de sang séché sur son visage.

« Major Magnus », déclara Adkins.

Magnus leva la main pour arrêter la centaine de soldats qu’il avait amenés avec lui. « Vous allez bien, Capitaine ? On dirait que vous avez pris un coup sur la tête. »

« Très bien, monsieur, un tireur embusqué khadoréen contre du bon acier cygnaréen. L’acier a gagné. »

Horgrum renifla. « Vous avez de la chance que les tireurs embusqués humains soient de si mauvais tireur. »

« Merci … soldat », déclara Adkins, l’air perplexe sur son visage. « Il secoua la tête. « Désolé, monsieur, mais pourquoi avez-vous amené tant de soldats avec vous ? »

« Le Seigneur Général veut obtenir ce que ces rhulfolk transportent. D’une manière ou d’une autre. »

« Monsieur, je ne pense pas que ce sera nécessaire. Des envoyés du Seaforge sont en route, et le, euh, capitaine du Corps des Fusiliers qui a combattu avec nous – nous a vraiment sauvé la vie – est un individu persuasif. Il encourage un contrat avec le Cygnar. »

« Eh bien, ce sera facile, n’est-ce pas ? » répondit Magnus. « Maintenant, emmenez-moi auprès de ce capitaine. Horgrum ici présent veut voir un Rhul avant que ses pierres de menton ne tombent.

. . .

ADKINS MENA MAGNUS À LA PLAGE, où les soldats rhuliques et cygnaréens étaient mélangés. Un unique ogrun, énorme et imposant, se détachait parmi les nains et les humains.

« Là, c’est le Lieutenant Murgan », dit Adkins, montrant l’ogrun. « C’est l’aide de camp du capitaine rhulique dont je vous ai parlé. »

Il fit une pause. « là-bas. Le Capitaine Vornek. »

« Ces rhulfolks sont … Très petits », déclara Horgrum.

« Ne te laisse pas berner par cela », répondit Magnus. « Ils sont forts et presque aussi résistants que ton peuple. »

Magnus se tourna vers l’un des sergents pionniers qu’il avait amenés avec lui. « Faite venir les médecins avec nous pour travailler et surveiller la route. »
Le sergent salua et commença à relayer les ordres de Magnus.

Ensuite Magnus dit : « Présente-moi, Adkins. Horgrum, installe-toi dans la broussaille, là. Je veux que toi et ton fusil gardiez l’oeil ouvert. »

Adkins escorta Magnus jusqu’au fleuve où le capitaine nain assis sur une caisse, fourrant des feuilles de vernonia dans la bouche. Son armure et son équipement étaient du Corps des Fusiliers, mais tous deux semblaient bien usés. L’ogrun, debout à côté de lui, grisonnant et expérimenté d’après son apparence, semblait plus éduqué, plus calme.

« Capitaine Vornek Blackheel », dit Adkins, « voici le Major Magnus. Il est venu parler des termes au nom du Seigneur Général et de la couronne cygnaréenne. »

« Alors, c’est toi Asheth Magnus ? » Déclara le capitaine nain. « J’ai entendu parler de toi. »

Magnus fixa le soldat rhulique et sourit. « Eh bien, j’ai mené une vie mouvementée. »

Le nain cracha un jet de jus de vernonia au sol. « Tu es plus vieux et maigre que je ne le pensais, même avec cette armure. »

L’ogrun s’éclaircit fortement la gorge et regarda le Capitaine Vornek et fixa le Capitaine Vornek du regard.

Magnus secoua la tête, essayant de ne pas s’emporter. « Le Capitaine Adkins me dit que vous avez sauvé ses hommes. »

« C’est vrai », déclara Vornek, « bien qu’il se soit bien acquitté. Pour un humain. Tu as beaucoup de soldat avec toi, Major Magnus. »

« Nos ennemis apparemment communs nous ont attaqués. Le seigneur général pense qu’il est sage de renforcer nos rangs pour une protection mutuelle. »

Magnus savait que le capitaine reconnaîtrait le mensonge, mais le dénoncerait-il ?

« Alors, tu veux notre cargaison ? » Demanda Vornek.

« Nous voulons t’aider à remplir ton contrat, Capitaine, maintenant que le Khador a violé ses conditions », déclara Magnus. « Pour l’honneur et la réputation de votre illustration compagnie et aussi pour maintenir une relation favorable avec la couronne cygnaréenne. »

Magnus haussa les sourcils en prononçant la dernière partie. Ce Capitaine Vornek n’était pas un imbécile ; il savait que le Rhul jouait un jeu dangereux en traitant avec le Khador et le Cygnar. Magnus avait assez de troupes ici simplement pour prendre la cargaison, mais il ne voulait pas en arriver là, il devait donc donner au Cartel Seaforge un moyen de lui donner la cargaison et ne pas perdre la face dans le processus.

Vornek ricana et cracha. « Honneur et réputation, oui ? Eh bien, moi et les miens sommes un peu à court sur ce point, donc je suis censé attendre que les envoyés du Seaforge prennent cette décision. »

Magnus fit un signe de tête. « Ils vous ont confié cette cargaison, j’ai donc supposé que vous auriez l’autorité de traiter avec moi. »

Le visage du capitaine nain se renfrogna. Magnus avait touché un point sensible. « Les rouges ont essayé de nous tuer, et mes supérieurs au Cartel n’ont pas jugé bon de nous envoyer ici avec rien de plus qu’un Avalancheur rouillé. Cela ne me donne peut-être pas l’autorité, mais c’est sûr que ça me donne le droit. »

« Capitaine », dit l’ogrun Murgan, « nous devrions peut-être attendre... »

Vornek repoussa le commentaire de l’ogrun. « Tu me paies ce que les khadoréens paient et tu peux vider les cales. »
Magnus lui tendit la main. « Capitaine, tu as un accord. »

« Merci les pères », déclara Vornek en saisissant la main de Magnus. « Maintenant, trouvons un foutu truc à boire. »


— 17 —

STRYKER PARCOURU LES TROIS RANGÉS de lourdes caisses dans l’ancien entrepôt à moitié calciné, ses murs criblés d’impacts de balles. Le bâtiment était en ruine, mais il était à l’écart de la route et il avait besoin de secret.

« C’est tout ? » Stryker se retourna. Derrière lui se tenaient le Major Magnus, le Major Maddox et les deux chefs de la Garde du Creuset, l’Aurum Légat Lukas di Morray et le Général Maréchal Baldwin Gearheart.

Magnus acquiesça. « Ça l’est, et bien plus que ce à quoi je m’attendais. Vous voulez nous dire ce que contiennent ces caisses, monsieur ? »

Stryker haussa les sourcils. « Vous n’avez pas regardé ? »

« Vous m’avez ordonné de ne pas le faire », dit Magnus en haussant les épaules.

« Quand cela ne vous a-t-il jamais arrêté ? » Stryker sourit et secoua la tête. « Oui, je vais le montrer à tous, bien que ce ne soit qu’un élément de la technologie que j’ai mentionnée. »

« Nous sommes tous très impatients de savoir pourquoi vous êtes si inquiet », déclara Lukas di Morray.

« Et vous pourriez partager cette merveilleuse technologie avec certains alliés », ajouta Gearheart, sans prendre la peine de cacher son impatience.

Stryker ignora la question pour l’instant. « Beth, pouvez-vous me donner un coup de main ? »

À part lui, seul le Major Maddox portait actuellement l’armure de warcaster.

« Bien sûr », dit-elle.

Stryker arracha le couvercle de l’une des caisses et les chefs militaires rassemblés se pressèrent pour jeter un coup d’oeil. Comme il l’avait vu dans la cale de la péniche naine, la caisse contenait une douzaine de cylindres métalliques trapus, de couleur or, avec une écriture rhulique sur le côté. Chacun ayant à peu près la taille d’un petit tonneau.

« Prenez-en un, Major », dit-il à Maddox.

Elle le regarda curieusement puis plongea dans l’une des caisses. « Le cul de Thamar, c’est lourd », s’exclama-t-elle en sortant l’un des objets.

« Maintenant », déclara Stryker. « Mais concentre-y ton énergie arcanique, comme tu le fais avec un warjack. »

« D’accord, mais je ne vois pas comment ... » Maddox s’interrompit. « Attendez. C’est plus léger. Je ne comprends pas. »

« Continue à te concentrer », déclara Stryker. « Donne-lui encore quelques secondes. »

L’entrepôt était silencieux. Tous observaient attentivement Maddox. La première fois que Stryker avait vu ce qui allait se passer, cela l’avait choqué, voire impressionné.

Maddox glapit de surprise tandis que le cylindre flottait hors de portée. « Par le nom de Morrow ? »

Stryker saisit le cylindre et le repoussa au sol. Il y eut une légère résistance mais pas énorme. Une fois qu’il enleva la main de l’objet, il se stabilisa et demeura au sol.

« Que s’est-il passé ? » Dit Lukas di Morray, ses yeux brillant de méfiance et de fascination. « Quelles sont ces choses ? »

« C’est compliqué, mais je vais vous expliquez les bases. Nous appelons cela un noyau d’entraînement, et il réagit lorsque le Major Maddox a employé sa turbine arcanique pour y impulser de l’énergie. Quand il a absorbé assez d’énergie arcanique, il repousse la gravité dans un sens, un peu comme s’il repoussait deux aimants ensemble. »

Les yeux du Maréchal Baldwin étaient aussi larges que des soucoupes, et il s’avança pour examiner le cylindre. « Quelle charge … ces cœurs d’entraînement peuvent-ils soulever ? »

« D’une source d’énergie de la taille d’une turbine arcanique ? » Répondit Stryker. « Pas beaucoup plus que ce que vous avez vu – assez pour soulever cent quatre-vingts kilogrammes. »

« Mais si l’on devait ajouter plus de puissance », demanda Lukas di Morray, « vous pourriez soulever quelque chose de plus grand ? »

« Exact », déclara Stryker. « Nous l’appelons le Moteur Céleste, et nous avons perfectionné un moyen de faire passer d’immenses quantités d’énergie arcanique à travers ces noyaux, fournissant… eh bien, fournissant une portance essentiellement illimitée. »

« Au nom de Morrow, où Rhul a-t-il acquis cette technologie ? » Demanda Magnus. « La dernière fois que j’ai vérifié, ils déployaient pas de warjacks. »

« Je pense que ce que nous voyons ici, c’est que Khador remplit les blancs », déclara Stryker. « Strakhov a obtenu quelque chose de l’ingénieur qui a fait défection, mais ce n’était pas suffisant, alors ils se sont tournés vers le Rhul pour aider à terminer le processus. Il est possible que le Rhul ne comprenne même pas vraiment le but des noyaux d’entraînements qu’ils ont fabriqués. »

« Dites-m’en plus sur ce moteur céleste, Seigneur Général », déclara Lukas di Morray. La posture de l’homme était passée de fascinée à méfiante. De toute évidence, il en comprenait les implications.

« J’ai peu de ne pas pouvoir entrer dans les détails, Aurum Légat », répondit Stryker sachant qu’il était sur un terrain instable avec un allié dont il avait désespérément besoin, « parce que je ne comprends tout simplement pas la mékanique impliquée. C’est le domaine du Général Artificier Nemo, pas le mien. »

« Alors dites-nous ce que vous prévoyez de faire avec cet engin », déclara le Maréchal Gearheart. Ses yeux brillaient d’excitation. Il n’y avait aucune inquiétude chez cet homme ; tout ce qu’il voyait, c’était une nouvelle technologie, qu’il pouvait utiliser au combat.

« Comme je l’ai dit plus tôt, le but est de produire des navires célestes qui pourraient fournir un avantage inconnu jusqu’ici contre nos ennemis », déclara Stryker. « Ils pourraient également déplacer de grands nombres de soldats et détruire des cibles terrestres. »

« Ennemis ? » Déclara Lukas di Morray. « le Khador et le Cryx je suppose, mais vous avez un roi jeune, j’ai entendu dire qu’il était un peu téméraire. »

Il jeta un regard vers Magnus. « Avec une telle puissance, cette liste d’ennemis pourrait s’allonger. »

« Jules est un bon roi », répondit Magnus, la colère à peine dissimulée dans sa voix. « Il ne cherche pas à conquérir, il cherche à protéger l’Immoren occidental. Et cela inclus nos alliés. »

« Et si vos alliés ne veulent pas de cette protection ? » déclara di Morray, les joues rouges. La situation, remarqua Stryker, devenait incontrôlable.

Maddox dit : « Ils n’ont pas tort. C’est dangereux. Vous la savez. »

« Écoutez-moi tous, s’il vous plaît », dit Stryker. « Nous avons des problèmes plus important. Des problèmes plus immédiats.

« J’ai la sensation de remarquer un problème très grave et immédiat juste ici », déclara di Morray, en montrant les caisses de noyaux d’entraînement.

« Oui, je comprends ce que vous dites », répondit Stryker, en essayant de garder son sang-froid. « Mais s’il vous plaît, il y a une situation plus grave ici. »

« Alors, expliquez-le, s’il vous plaît », déclara di Morray.

« Nous n’avons atteint que récemment ce niveau de raffinement sur nos propres noyaux d’entraînement », dit Stryker. « Si ceux-ci sont destinés à Khador, alors ils sont prêts à les utiliser au même titre que nous. »

« Mais si le Khador a construit ses navires célestes, où sont-ils ? » Demanda le maréchal Gearheart. »

« Ces noyaux d’entraînements étaient destinés à Merywyn » expliqua Magnus. « S’ils construisent une sorte de super arme, le meilleur endroit par la déployer serait une ville qu’ils détiennent et proche d’une position stratégique ennemie. Corvis. »

Di Morray ouvrit la bouche puis la referma en clignant des yeux. « Je … vois ce que vous voulez dire par une situation plus grave. À quel point pourraient-ils être proche ? »

« Je n’ai aucun de moyen de le savoir », répondit Stryker. « C’est pourquoi il était primordial que je prévienne Caspia. »

« J’ai de bonnes nouvelles sur ce front, au moins », déclara le Maréchal Gearheart. « Nous avons reçu un message via le Relais Éthérique de la Forteresse du Tonnerre. Ils l’ont prise avec un minimum de pertes et ont envoyé votre message. »

Stryker prit une profonde inspiration et expira lentement. Le soulagement l’envahi, à la fois que son message ait été envoyé et que Ashlynn et les forces de la Garde du Creuset l’accompagnant aient survécu. »

« Ils ne pourront pas tenir la forteresse longtemps », déclara di Morray. « D’autres troupes marcheront certainement sur la Tonnerre et tenteront de la reprendre. Le Capitaine Mackay continuera d’envoyer votre message jusqu’à ce qu’elle reçoive une réponse ou qu’il ne soit plus sûr de rester à la Tonnerre. Peu importe ce qui arrive en premier, que ce soit bien ou mal. »

« Quelles sont les chances que quelqu’un écoute à l’autre bout ? » Demanda Stryker, son soulagement s’évaporant.

« Je ne peux dire. Il s’agit moins de transmettre le message à l’enclave de la Garde
du Creuset à Caspia et plus d’espérer que celui qui le reçoit comprenne l’urgence. »

« Il y a d’autres mauvaises nouvelles, Coleman », déclara Magnus.

L’utilisation de son prénom attira immédiatement l’attention de Stryker. « Dis-moi. »

« Le capitaine nain responsable de ces péniches à un œuf à peler avec le Cartel Seaforge. Il a été assez franc avec les informations sur sa cargaison, sa destination … et combien de fois les khadoréens en ont pris livraison. »

Le sang de Stryker se glaça. « Combien ? »

« Six. Tous des envois de cette taille ou plus grand. »

« La seule raison pour laquelle ils auraient besoin de tant de noyaux d’entraînement est qu’ils construisent plus d’un navire céleste … » Stryker déglutit. « Et s’ils étaient sur le point d’achever l’un d’entre eux.

« Qu’est-ce que cela signifie pour la Première Armée et le Seigneur Général Duggan ? » Demanda Maddox.

« Cela signifie que le Khador aurait le pouvoir d’araser Corvis, la Première Armée et tout ce qui se trouve sur leur chemin », déclara Stryker.

« Mais ils ne l’ont pas encore », répondit le Maréchal Gearheart.

« Non. » Irusk l’aurait utilisé.

« Quels sont vos ordres, Seigneur Commandant ? » demanda Magnus, et Stryker put voir dans ses yeux qu’il connaissait la seule voie qui s’offrait à eux.

« Nous abandonnons Croix-des-Fleuves et marchons sur Merywyn immédiatement », répondit Stryker. « Nous abandonnons la chronologie de la Première Armée, et le Seigneur Général Duggan pourrait ne pas être en mesure de mobiliser la Première Armée à temps pour nous aider, mais nous ne pouvons pas risquer que le Khador ne rende opérationnel ne fusse qu’un seul navire céleste. »

Lukas di Morray secoua la tête. « Nous sommes avec vous, pour l’instant, mais quand cette guerre sera finie – que les ascendants veulent que nous survivions – le Cygnar devra rendre compte de ce secret. »

Stryker hocha la tête avec lassitude. « Si. Si les ascendants veulent que nous survivions. »


— 18 —

LE KOMMANDEUR DU CORPS D’ASSAUT STRAKHOV ENTRA DANS MERYWYN comme s’il se rendait à sa propre exécution. Il avait campé son armée à l’extérieur des murs de la ville sur ordre d’Irusk. Il n’y avait pas de place pour les héberger à l’intérieur, mais leur présence aurait un effet dissuasif supplémentaire sur la Première Armée de Cygnar à Corvis.

Strakhov avait reçu une convocation personnelle d’Irusk quelques heures après son arrivée à l’extérieur de la capitale de Llael. La missive était courte et précise : Venez et venez seul.

Maintenant, il chevauchait le long de la rive ouest du fleuve, l’endroit que tous les llaelais fortunés avaient autrefois appelé leur foyer. Leurs maisons servaient désormais de logement personnel aux officiers ou aux soldats khadoréens. Il avait vu nombres de ces derniers en chemin, et tous le saluaient. A-t-il vu du dégoût ou de la répugnance dans leurs yeux quand il passait ou était-ce le poids de ses propres échecs qui pesait sur lui, étouffant sa confiance ?

Il atteignit le manoir qu’Iruk avait réquisitionné et, sans surprise, c’était le domicile le plus modeste du coin. Irusk n’était pas un homme se souciant beaucoup du luxe. Comme Strakhov, il était plus à l’aise avec la vie austère d’un soldat qu’avec le style de vie somptueux d’un aristocrate.

Strakhov descendit de cheval et se dirigea vers la porte d’entrée du manoir. Deux soldats de la Garde des Glaces l’ouvrit pour lui, et un court chemin de pierre menait à la porte d’entrée. Deux autres soldats l’escortèrent à l’intérieur dans un petit couloir, puis vers ce qui semblait être un bureau. Des livres tapissaient les murs et l’odeur du vieux papier, du cuir et du tabac à pipe emplissait la pièce.

Irusk – grand, droit, son uniforme impeccable – se tenait au centre de la pièce. Il tenait deux verres pleins d’un liquide clair.

« Kommandeur Strakhov », dit-il. « Merci d’être venu si rapidement. »

Strakhov fit un pas dans la pièce et la porte se referma derrière lui. La honte et la culpabilité montèrent dans sa gorge comme de la bile, et il les ravala, laissant la colère bouillonnante derrière les deux émotions les consumer complètement.

« Nous avons perdu Croix-des-Fleuves, Kommandant Suprême », dit-il. « Il y a eu des facteurs imprévus, mais je suis prêt à accepter les conséquences de mes actes. »

Irusk le fixa, son expression illisible, et prit l’un des verres.

« C’est du uiske rhulique », dit-il. « les nains connaissent leur métier. »

« Kommandant Suprême, n’avez-vous pas entendu ce que j’ai dit ? » Strakhov s’était préparé à la colère d’Irusk, pas pour boire du uiske avec lui.

« Oui, oui, je vous ai entendu. Maintenant, prends ce verre et bois ». Irusk laissa échapper un soupir irrité.

Strakhov accepta le verre d’uiske et, comme ordonné, le vida. Celui-ci lui brûla la gorge et lui réchauffa l’estomac. Il soutint le regard d’Irusk.

« Perdre Croix-des-Fleuves est regrettable, mais nous ne nous attendions pas à ce que la Garde du Creuset intervienne dans ce conflit. Eux et l’Ord se sont longtemps tenus à l’écart de ces guerres. »

Irusk se rendit à une table voisine où reposait une bouteille en cristal, grande, lourde et trapue, comme les rhulfolks. Il se servit une mesure libérale puis versa deux autres doigts à Strakhov. « Sirote-le cette fois. Il en vaut la peine. »

Strakhov se sentait plus confiant maintenant – Irusk avait reconnu l’attaque de la Garde du Creuset comme un facteur atténuant. « J’ai pensé qu’il était préférable de retirer mon armée ici, de renforcer les défenses de Merywyn, et de ne pas risquer des pertes catastrophiques. »

« Oui, je te l’accorde que tu as pris une décision difficile en amenant ton armée ici. C’était probablement la bonne. Croix-des-Fleuves est une perte supportable, mais tu as également échoué à récupérer la cargaison rhulique, et maintenant, j’ai appris qu’elle est tombée entre les mains des cygnaréens. »

Strakhov fit une grimace. « Oui, Kommandant Suprême. »

Il ne semblait pas y avoir grand-chose d’autre à dire. Il savait que ces noyaux d’entraînement étaient vitaux pour le Projet Broyeur de Nuage, et il n’avait pas réussi à les livrer. Cela, plus que Croix-des-Fleuves, serait probablement sa perte. Irusk but son uiske en silence pendant un moment, et Strakhov savait que le Kommandant Suprême le laisser mariner dans son mécontentement. Ensuite, Irusk déclara : « Cela aussi peut-être supportable. »

« Comment cela, Kommandant Suprême ? » Demanda Strakhov, confus et pris au dépourvu. Cela le força à admettre toute l’étendue de son échec. « Si je comprends les plans récupérés du traître cygnaréen, alors le Projet Broyeur de Nuage a subi un sérieux revers. »

Irusk sourit, un signe tout à fait désagréable. « Penses-tu que je serais assez stupide de n’avoir qu’une seule source pour un élément aussi vital pour nos plans ? »

« Non, Kommandant Suprême », répondit Strakhov. Irusk, il le savait, était un homme qui avait des plans dans des plans dans des plans. Même l’imprévu lui important souvent peu.

« Bien, maintenant bois ton uiske parce que j’ai quelque chose à te montrer. Quelque chose qui éclipse ton échec à Croix-des-Fleuves et restaurera … dirons-nous, ton esprit de combat. »

. . .

IRUSK LE MENA DANS UN QUARTIER DE LA RIVE lourdement patrouillé par la Garde des Glaces, en vérité, il en était saturé. Tous deux montaient à cheval, escortés par un peloton complet d’uhlans.

Irusk ne dit rien alors qu’ils passaient point de contrôle après point de contrôle jusqu’à ce qu’ils atteignent finalement une zone de nouvelle construction. Ils avaient construit un barrage sur le fleuve, créant ainsi un immense lit de rivière sec, sur un kilomètre de long et la moitié en largeur. À l’intérieur, des hommes pullulaient sur la forme colossale de … quelque chose.

« Là », dit Irusk, s’immobilisant au bord de l’immense espace.

Strakhov eu du mal à trouver des mots pour exprimer la crainte qu’il ressentait. Il n’avait jamais rien vu de tel. Au début, il pensa qu’il s’agissait peut-être d’une sorte de cuirassé, un grand voilier à coque de fer. Puis il réalisa qu’il était bien plus grand que tout ce qui existe dans la flotte de Khador, et qu’il n’avait pas de mâts. Sa forme était à peu près triangulaire avec un pont ou une superstructure à une extrémité et un long pont bas, comme celui d’une barge, s’étendant sur des centaines de verges. Deux colosses, peut-être trois, pouvaient parcourir ce pont avec aisance, les bras tendus, et ne pas s’approcher du bord.

Enfin, de façon ahurissante, le grand vaisseau flotta à trois mètres du sol. Sur son fond se tenaient un emplacement évident de canon et cinq curieuses demi-orbes protégées par un blindage. Strakhov laissa son regard se diriger vers le haut jusqu’à ce qu’il voie la moitié supérieure de ces orbes saillir sur ce qui allait devenir le pont du navire ou quoi que ce soit d’autre. Ces orbes supérieurs n’étaient solides mais d’étranges sphères de bandes rotatives contenant une pierre ou un cylindre incandescent.

« C’est … c’est Stormbreaker ? » souffla Strakhov. Il comprenait la technologie que le traître cygnaréen leur avait remise et il pensait comprendre son application. Mais cela, ce gigantesque et merveilleux mastodonte dépassait tout ce qu’il avait imaginé.

« Oui, le futur et le point final de cette guerre », répondit Irusk.

« La cargaison depuis Rhul », dit Strakhov. « Comment avez-vous progressé jusqu’ici sans elle. »

Irusk fronça les sourcils. « Comme je l’ai dit, j’ai une autre source. »

Strakhov s’efforçait de comprendre tout ce qu’Irusk lui disait. « Où ? Qui ? »

Irusk pointa le fond de l’énorme navire « Tu remarqueras peut-être certaines pierres archaïques incorporées dans la conception. »

Strakhov plissa les yeux et put distinguer un anneau de pierre noire, comme du basalte, parfaitement intégré dans les demi-sphères au bas de Stormbreaker. Il avait déjà vu cette sorte de pierre auparavant, dans la nature, constituant les étranges automates du Cercle Orboros.

« Quand sera-t-il prêt ? » demanda Strakhov, l’excitation l’emportant maintenant sur sa crainte et sa peur de la colère d’Irusk. Les possibilités d’une telle armes étaient enivrantes.

« Celui-ci dans une semaine », déclara Irusk. « Les deux autres, trois jours plus tard. »

« Deux autres ? »

Irusk souri, et c’était à la fois moins terrifiant et bien plus que ce qu’auparavant. « Oui, Kommandeur. Bientôt, nous commanderons les cieux, et alors… aucune nation ne pourra se dresser devant nous. »
« Modifié: 14 mai 2020 à 00:35:26 par elric »
Citation de: Maître Yoda
Trop gentil tu seras, dans le côté obscur tu l'auras.

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STORMBREAK - 3ème partie
« Réponse #7 le: 25 janvier 2020 à 13:18:25 »
— 19 —

LE GÉNÉRAL ARTIFICIER SEBASTIAN NEMO regardait une centaine d’hommes et de femmes se précipiter, tel des fourmis, sous un mastodonte d’acier flottant. Les éclats lumineux des torches à souder et la plus vive lueur d’arcs d’énergies galvanique projetaient leurs ombres en d’étranges et tortueuses formes sur le sol. Ils travaillaient sur une chose n’ayant jamais été, une merveille d’ingénierie et de compétence mékanique. Le navire céleste de classe Perce-Nuage S.S. Leto Raelthorne ressemblait à un navire de guerre de la marine cygnaréenne, bien qu’il soit considérablement plus grand. Il mesurait nonante et un mètres de la proue à la poupe, avec une largeur de quelque vingt-cinq mètres. Il possédait quatre ponts principaux et un pont supérieur suffisamment grand pour permettre à deux Murailles-Tempêtes de se côtoyer et d’avoir de la place. Sa forme était élégante, raffinée, un coin effilé inversé d’acier bleu et de laiton brillant, une puissante pointe de flèche prête à percer le ciel.

Le bruit de sa construction était une cacophonie bienvenue, et la musique de l’invention et de l’industrie résonnaient dans le gigantesque hangar. La conception du navire céleste n’appartenait pas entièrement à Nemo – d’autres avaient prêté leur expertise dans les détails banals de la coque, du blindage et de la structure – mais c’était ses compétences qui avait débloqué la réalisation ultime du navire céleste : le vol.

L’énorme turbine arcanique au sein de la coque du grand navire déployait une immense puissance dans les noyaux d’entraînement de l’engin. Ces composants, une fois chargés, résistaient à l’attraction de la terre elle-même.

« Général Artificier ? »

Nemo sursauta. Il était complètement absorbé par la prodigieuse machine devant lui. « Oui, qu’y a-t-il, Finch ? »

La Chasseuse de Tempête Finch était l’ombre armurée bleu de Nemo, une forge-tempête et un ingénieur qualifié et une grande aide pour Nemo. Ces jours-ci, c’est souvent elle qui faisait le travail pratique, transformant ses idées et ses théories en réalités réalisables.

« Monsieur, la portance est en baisse de vingt pour cent sur le navire céleste quatre », dit-elle, en baissant les yeux sur les notes qu’elle avait griffonnées au dos de son bras gauche.

Nemo sourit derrière sa moustache. C’était une habitude qu’elle lui avait prise ; ses avant-bras étaient souvent recouverts de marques de crayons gras lorsqu’il travaillait sur un projet. « As-tu vérifié les convertisseurs galvaniques ? Ces noyaux d’entraînements sont pointilleux sur leur énergie. Le voltage doit être parfait. »

Finch sourit timidement. « Je suis désolée, monsieur. J’aurais dû vérifier cela en premier. »

Il chassa son auto-admonestation. « C’est de l’innovation pure. Nous travaillons tous un peu dans le noir. Même moi. »

« Je m’y mets tout de suite », déclara-t-elle.

« Combien de temps avant qu’il ne soit armé ? » Demanda Nemo. Le conflit croissant pesait lourdement sur son esprit. Les rapports du Seigneur Général Stryker restaient éparts et souvent incomplets, car il semblait passer d’une catastrophe à l’autre. Indemne, bien sûr. Les navires célestes ajouteraient une dimension à la guerre qui pourrait leur assurer une rapide victoire.

Finch inspira par le nez. C’était un sujet avec lequel elle n’était pas à l’aise, il le savait.

« Crache le morceau », dit Nemo.

« Nous concentrons toutes nos énergies pour le faire décoller, monsieur. Nous avons mis de côté l’armement pour le moment. » Nemo acquiesça, bien que la nouvelle l’inquiéta. Une fois achevé. Le Perce-Nuage sera équipé de batteries d’Émetteurs-Tempêtes et d’une douzaine de canons, un véritable cuirassé du ciel. Pour l’instant, il n’était guère plus qu’une barge flottante surdimensionnée. « Je veux que ces canons soient prioritaire. Je vais te fournir de la main-d’œuvre. »

« Très bien, monsieur », déclara Finch, le soulagement inondant son visage. « Je vais m’occuper de ces convertisseurs galvaniques maintenant. »

Nemo fit un signe de tête et laissa partir Finch. Il s’appuya sur son accumulateur tempête, utilisant le surdimensionné Sceptre Foudroyant comme une canne. Il regrettait à devoir porter son armure de warcaster aujourd’hui. Elle pesait sur lui malgré la turbine arcanique qui la rendait plus légère et plus maniable. Il devenait trop vieux pour se promener en armure d’acier. Pourtant, le devoir l’exigeait, et il avait des apparences à conserver. Et il ne pouvait certainement pas se résoudre à demander une chaise pendant que ses mékano et assistants se tenaient debout pendant qu’ils travaillaient.

Une agitation à l’entrée du hangar attira l’attention de Nemo. Les immenses portes étaient ouvertes, laissant entrer le soleil de l’après-midi déclinant ; ils avaient prévu de sortir le navire céleste du hangar aujourd’hui, une fois la nuit tombée et d’effectuer quelques tests d’altitude.

Un petit homme trapu en armure de plaques ornée s’approchait. Il ressemblait un peu à warjack rabougri, avec des jambes arquées et un large torse. Le Général Galt Langworth était un soldat de carrière et bon dans son domaine. Il avait gravi les échelons de la Première Armée grâce à ses compétences et son esprit, et commandait maintenant les 2ᵉ et 5ᵉ divisions de la Première Armée ici à Corvis. Techniquement, Nemo était co-commandant des forces de Corvis, mais il avait peu de temps ou d’intérêt pour les affaires quotidiennes de l’armée.

Une garde d’honneur de dix Lames-Tempêtes flanquait le Général Langworth. Les chevaliers semblaient déplacés parmi la foule de mékaniciens et de forges-tempêtes.

« Général Artificier », Langworth le salua alors qu’il s’approchait. Il était quinze centimètres pus petit que Nemo, bien que si la différence de taille le dérangeait, il ne l’exprimait jamais. « J’ai des nouvelles de Port Bourne. »

Nemo haussa un sourcil. Quelque chose dans la voix de Langworth le troublait.. C’était assez étrange qu’il visite le hangar et n’envoie pas de messager. « Vous avez de mauvaises nouvelles, je suppose. »

Langworth hocha la tête. « Oui. Nous avons reçu un message du Seigneur Général Dugan, qui a reçu lui-même un message du Seigneur Général Stryker. »

« Stryker ? Comment ? Il n’y a plus un seul poteau télégraphique debout dans tout le Llael. »

« Il a eu l’aide du Creuset Doré. Ils ont utilisé leur propre technologie pour relayer le message. »

Nemo conserva cette courte information pour plus tard. Si le Creuset Doré avait un moyen de délivrer rapidement des messages sans avoir besoin d’un télégraphe, cela valait la peine d’être exploré. « Eh bien, ne me tenez pas en haleine. »

« Le Khador a obtenu la technologie Navire Céleste », déclara Langworth, le visage grave.

Si Langworth l’avait frappé au visage, le choc aurait autant achevé que l’effroyable nouvelle de l’homme. Ils savaient que le Khador essayait de réaliser la même technologie qui propulsait le propre navire céleste de Cygnar, mais d’après tout les rapports, ils étaient à des années de toute percée.

« C’est absurde », dit Nemo. « Nous l’aurions su. »

Bien sûr, ce qu’il ne pouvait se résoudre à avouer à voix haute, c’était que les informations provenaient toutes de leurs espions en Khador ; ils n’avaient jamais pensé à regarder en Llael.

« Langworth secoua la tête. « Je suis aussi déconcerté que toi Sebastian mais Stryker pense que ses renseignements sont bons. Mais c’est pire que ça. Il pense que le Khador a terminé ou presque terminé son propre navire céleste. Il marche sur Merywyn maintenant, et il a demandé que nous et le Seigneur Général Duggan fassions de même »

La bouche de Nemo s’ouvrit et il lutta pour trouver ses mots, une sensation totalement étrangère pour lui. Il se calma. Le comment n’avait plus d’importance.

« Tu es ici juste pour me dire ça ? »

« Non, Stryker a demandé que nous fassions décoller le Perce-Nuage immédiatement et que nous nous dirigions vers Merywyn. »

« Il n’est pas armé », déclara Nemo.

« Mais il va voler ? »

« Eh bien, oui », dit Nemo, « mais… » Il secoua la tête et soupira.

Langworth tendit la main et la posa sur le bras de Nemo. Ils n’étaient pas exactement amis, mais le général savait ce que le navire céleste signifiait pour Nemo. Langworth déclara : « Il peut transporter des troupes et des warjacks dans la ville une fois le siège débuté. »

« Et c’est un belier volant de nonante et un mètres si nécessaire », déclara Nemo, qui tapa la pointe de son accumulateur tempête sur le sol de frustration.

« Je ne voulais pas le dire », déclara Langworth, « mais si le Khador met même en vol un seul navire armé … » Il regarda la masse flottante du navire céleste cygnaréen « Nous savons tous les deux de quoi le nôtre est capable. Morrow sait ce que les leurs feront. »
« Il sera grand, blindé et transportera plus de foutu canons qu’une flottille de cuirassés. », déclara Nemo. Il regarda à nouveau le navire céleste. La plupart des travaux s’étaient arrêtés, les hommes et les femmes observaient fixement leurs deux généraux, des regards inquiets sur le visage. « J’aurai besoin de tous les Lames-Tempêtes que vous avez en réserve, plus un complément de warjacks lourds et au moins d’un des Hurricanes. »

« Que voulez-vous dire par « j’ai besoin » ? », demanda Langworth. « Tu ne vas pas embarquer sur cette chose. Tu voleras au milieu d’un siège et qui sait quoi d’autres. »

Nemo rit. « Si tu penses que tu lanceras le Perce-Nuage sans moi à bord… »

Il laissa filer la méchante chose qu’il s’apprêtait à dire. Ce n’était pas de la faute à Langworth, et s’en prendre à lui ne servirait à rien. « Galt, écoute-moi. Personne ne comprend mieux ces moteurs que moi, et personne ne peut piloter ce navire jusqu’à Merywyn.
Langworth détourna le regard, sa bouche travaillant comme s’il mâchait quelque chose de dur et rigide. Enfin, il s’exprima : « Eh bien, je ne peux pas t’ordonner de ne pas y aller »

« Non, tu ne peux pas », répondit Nemo, offrant au général un sourire fatigué. « Ce n’est pas exactement comme ça que j’envisageais le vol inaugural. »

Langworth lui tendit la main, rugueuse et calleuse après des années passées à tenir le pistolet et l’épée. « Bonne chance, Sebastian. Morrow soit avec toi. »

Nemo serra la main de Langworth. « Maintenant, donne-moi ce dont j’ai besoin. Je prévois qu’il soit dans les airs demain soir. »
Langworth hocha la tête et s’éloigna.

Nemo se retourna vers le navire céleste et cria : « Finch, tu ferais mieux de vérifier tous les relais galvaniques. »


— 20 —

« COMMENT ORLA A-T-ELLE ÉTÉ CAPTURÉE ? » Demanda le Lieutenant Gastone Crosse, gardant la voix basse malgré la terreur bouillonnant dans son ventre. Quelques-uns des autres clients de la taverne s’étaient détournés de leurs boissons pendant un instant pour le regarder, mais le Gorax Doré n’était pas exactement l’endroit où les gens se mêlaient des affaires des autres. C’est pourquoi il l’utilisait comme lieu de contact avec les différents hommes et femmes composant les forces de la résistance qu’il commandait au coeur de Merywyn occupée.

Le Sergent Havish Orril, qui avait annoncé la nouvelle, avait blêmi. Le soldat llealais semblait guindé et mal à l’aise avec l’uniforme qu’il avait l’habitude de porter à Tour Gris-vent. Il avait également l’air effrayé. Gastone se demanda si cela avait moins avoir avec la communication de mauvaises nouvelles à un officier qu’avec le pistolet à double canon orné à la hanche de Gastone. Pilleur d’Âmes et son effroyable réputation allaient de pair avec celle de Gastone.

« Nous avons fait une erreur », déclara le Sergent Orril. « On s’est un peu trop approché de la caserne près de la porte ouest. »

Gastone tendit la main vers le pichet de vin bon marché à sa table et versa une rasade au sergent. « Bois ceci et dis-moi ce qui c’est passé. » L’homme hocha la tête et vida le verre. « Ils étaient en état d’alerte pour une quelconque raison, se déplaçant comme une fourmilière en colère. D’habitude, il n’y a pas de soldats dehors si tard. Trop saouls ou trop paresseux pour patrouiller correctement.

Gastonne acquiesça. Cela coïncidait avec l’arrivée d’Orla. Il avait appris qu’elle était en ville, directement envoyée par le Colone Jarov de Tour Gris-vent, avec un message important pour lui. Le  Lieutenant Orla Viadro avait combattu à ses côtés à Merywyn pendant des mois, ils avaient des sueurs aux rouges jusqu’à ce que Jarov la rappelle à Tour Gris-vent et la fasse alterner avec le prochain groupe de soldats. Le colonel avait fourni à Gastone autant de combattants qu’il avait pu et les avait fait entrer en douce dans la ville. « Continue. »

« Nous marchions près des casernes et … » Il jeta un coup d’oeil sur le pistolet de Gastone. « Je suis vraiment désolé, monsieur. Je l’ai conduite tout droit vers ces rouges. »

Gastone serra les dents. Orril était nouveau, et il avait passé la plupart de ses jours de soldat en tant que soldat llaelais. Se déguiser en combattant de la résistance lui était étrange – il n’avait pas encore développé la méfiance d’un guérillero chevronné. Gastone l’avait envoyé à la rencontre d’Orla pour plus de sécurité, car il était le seul disponible.

« T’a-t-elle dit ce qu’elle transportant ? » Demanda Gastone.

Orril acquiesça lentement. « Elle l’a fait, monsieur. Elle avait un message de Dame Ashlynn d’Elyse en personne. »

« Sang et enfer. » Gastone engloutit une gorgée de son propre verre et fronça les sourcils à cause du goût aigre. « Rassemble tous ceux que tu peux trouver et rejoignez-moi à l’entrepot dès que vous le pouvez. »

« Qu’allons-nous faire, monsieur », demanda Oril.

« Nous partons en mission de sauvetage. »

. . .

GASTONE ÉTUDIAIT LE PETIT GROUPE DE RÉSISTANTS dont il disposait. Ils se tenaient autour d’un brasero au milieu d’un entrepôt abandonné près des quais. C’étaient de bons soldats- d’anciens de l’armée llaelaise, disciplinés et bien rodés aux techniques de guérilla. Enfin, à l’exception du Sergent Orril, mais les compétences de cet homme en tant que contrôleur compensaient son manque d’expérience. Ils n’avaient pas l’air de soldats, bien sûr ; ils cachaient armes et armures sous de volumineux vêtements et manteaux. Gastone avait couvert sa propre armure légère de warcaster sous un long manteau de cuir et de tissu en lambeaux qu’il avait conçu à cet effet.

Il avait six résistants pour s’introduire dans une caserne khadoréenne où se trouvaient au moins trente membres de la Garde des Glaces. Ils auraient la surprise de leur côté, mais pas grand-chose d’autre.

Parmi les quelques atouts, il y avait un seul warjack, un ancien Nomade de Gastone appelé Hachoir pour la joie évidente qu’il prenait en employant sa gigantesque lame de bataille pour fendre les ennemis humains en deux. Il avait peint la coque de Hachoir en noir de jais et ne l’employait que lorsque c’était nécessaire et uniquement la nuit. Tout warjack autre qu’un châssis khadoréen ferait s’abattre toute la ville sur eux. Hachoir était actuellement lié à Gastone, et son esprit était un mélange de colère sourde et d’un désir presque enfantin de plaire à son maître. Les Nomades étaient de vieilles machines, vieilles de plusieurs siècles, et ils développaient souvent des caprices et des personnalités difficiles à gérer. Hachoir n’était pas trop mal – mieux que la plupart des warjacks de second ordre avec lesquels Gastone avait travaillé dans le passé.

« Nous les chopperons au changement de poste », déclara Gastone, « les frapperons fort et rapidement. Nous allons employer Hachoir pour nous faire entrer, puis tenir l’entrée pendant que nous chercherons Orla. »

« Je suis déjà rentré dans ces casernes » déclara le Caporal Hammond ; c’était un ancien soldat khadoréen, corpulent et musclé devenu combattant de la résistance llaelaise. C’était un ancien Troupe de Choc Man-O-War avec une femme llaelaise. Lorsque les rouges avaient détruit Elsinberg, la femme y vivait. Après ce que les khadoréens avaient fait, le choix de rejoindre la résistance avait été facile pour Hammond. « Ils gardent les prisonniers dans des cellules pas trop loin de l’entré. Si nous sommes rapides, nous pouvons expédier les gardes et récupérer Orla en quelques minutes. »

« Oh, je pensais que ça allait être difficile », déclara Gastone en riant. « D’accord, faisons ça. »

. . .

« PORTAIL, COUR EN ENTRÉE PRINCIPALE », dit Hammond, s’accroupissant à côté de Gastone dans l’étroite allée entre deux bâtiments. La caserne se trouvait devant, dans une rue calme et nichée contre le mur ouest.

« Des gardes ? »

« Trois devant la porte », répondit Hammond. « Deux Garde des Glaces et un Troupe de Choc Man-O-War. »

« Bon sang », dit Orril derrière eux. Ses yeux étaient grands et blancs dans l’obscurité. Un des autres soldats le fit taire.

« Eh bien, ils doivent s’attendre à quelque chose pour qu’ils apportent ce genre de puissance de feu », dit Gastone en souriant. « Ça ne devrait pas être un problème pour Hachoir. « Il a un ouvre-boîte. »

Hammond frissonna.

« Désolé », dit Gastone, « mais ce n’est plus ton frère. C’est l’ennemi. »

Hammond hocha la tête et regarda ailleurs. « Je sais. Je me suis engagé envers le Llael et tout ce que cela signifie. »

« Bien, alors préparez-vous. Hachoir et moi y allons. Je veux que toi et Orril nous suiviez. Pas de coup de feu tant qu’on n’est pas à l’intérieur.

Hammond acquiesça et relaya les ordres de Gastone. Chacun des résistants combattait avec un pistolet et une épée courte ; ils étaient tout aussi habiles avec l’un ou l’autre.

Gastone porta son esprit dans le cortex d’Hachoir. Il avait caché le Nomade dans une autre ruelle à une centaine de mètres. Gastone et la grosse machine frapperaient les portes de devant de deux directions et tenteraient de s’occuper des gardes avant qu’ils ne puissent tirer.

« C’est parti », marmonna Gastone en courant hors de l’allée. Il émergea au milieu de la rue, à une vingtaine de mètres de la caserne. Le Man-O-War se tenait devant les hautes portes en bois, la hache exterminatrice et le boucler canon pointant dans la direction générale de Gastone.

Gastone se dirigeait vers le porte. Hachoir sortit de la ruelle plus loin dans la rue, l’espadon levé haut.

Le warjack attira immédiatement l’attention des khadoréens, et les Gardes des Glaces tâtonnèrent après leurs fusils en bandoulière dans le dos.

Gastone ne leur donna pas le temps de tirer. Il invoqua un sort, des runes sombres s’enroulèrent autour de son corps. Même dans ces conditions, il n’aimait pas utiliser le sort de feu noir, une incantation murmurée dans son esprit par Pilleur d’Âmes alimentant les appétits de l’arme maudite.

Des flammes noires gouttaient de sa main tendue et englouti un membre de la Garde des Glaces. Il n’a pas crié, il est juste tombé à terre, se tordant d’horreur. Gastone sentit la force vitale de l’homme sortir de son corps et pénétrer le sien. C’était un plaisir grisant et sombre qui lui donnait un sentiment de puissance et de malaise à la fois. L’énergie vitale du Garde des Glaces demeura dans l’esprit de Gastone, un écho de la douleur et de la terreur, mais aussi une ressource de force arcanique supplémentaire.

Hachoir avait atteint le Man-O-War, et Gastone poussa la vitesse et la puissance à travers son bouclier. Le Man-O-War leva son bouclier pour repousser la gigantesque lame du Nomade, mais il découpa le bouclier et l’armure derrière lui, tranchant le khadoréen en deux. Le sang et les viscères du cadavre violemment attaqué se répandit sur le deuxième Garde des Glaces. Il trébucha en arrière, momentanément aveuglé, et droit sur le couteau de Gastone. La lame glissa entre les côtes de l’homme, trouva son coeur, et laissa tomber l’homme mort tandis que Gastone s tordait et la libérait.

De l’autre côté de la rue, Hammond et Orril abandonnèrent leur couverture avec le reste des résistants et coururent dans sa direction.

Les khadoréens avaient barré la porte de la caserne de l’intérieur, mais elle n’était pas conçue pour retenir un warjack lourd. Gastone ordonna à Hachoir de reculer de quelques pas, puis le Nomade démoli la porte avec une épaule blindée. Le bois se brisa, et elle s’ouvrit, révélant une petite cour et l’entrée de la caserne proprement dite, une porte trop petite pour admettre quoi que ce soit de la taille d’Hachoir.
La porte de la caserne était ouverte, de la lumière se déversant dans la cour alors que les Gardes des Glaces se précipitaient dans la nuit. Gastone et Hachoir entrèrent en premier, chargeant dans un trio de khadoréens. L’espadon d’Hachoir jaillit et deux hommes s’écroulèrent morts.

Gastone poignarda le troisième à la gorge, éloigna le corps à coup de pied et dégaina Pilleur d’Âmes.

Orril, Hammond et les reste des combattants de Gastone se rendirent dans la cour, et Gastone se permit d’espérer. Leur assaut initial s’était bien passé – pas un seul coup de feu. Il y avait plus d’ennemis par-delà, mais pour le moment ils étaient seuls.

Il se retourna. « Orril, tu restes ici avec Hachoir. Il suivra tes ordres. »

Orril fit un signe de tête et jeta un coup d’oeil au warjack, son espadon était pourpre, ses yeux brillaient d’un horrible désir.

Hammond, tu viens avec moi. Les autres, restez avec le sergent Orril. Si nous ne sortons d’ici dix minutes, vous foutez le camp. Compris ? »

Tous hochèrent la tête. Gastone se sentit encore bizarre de donner des ordres à des soldats expérimentés. Il était de loin le plus jeune présent, et tous ces hommes et femmes avaient une plus réelle expérience du combat. Mais Ashlynn d’Elise l’avait imprégné de leur confiance et il œuvrait chaque jour pour en être digne.

. . .

ILS DESCENDIRENT UN BREF ESCALIER et arrivèrent dans un couloir bien éclairé. Hammond menait, pistolet et épée courte tous deux prêts. Il semblait savoir où il allait, et quand le couloir se ramifia en deux, il tourna à droite sans hésitation. Gastone le perdit de vue pendant un instant, puis le bruit d’un pistolet rempli l’espace restreint.

Gastone passa le coin pour trouver un soldat de la Garde des Glaces mort au sol, la majeure partie de son crâne emporté, et Hammond aux prises avec un autre. Gastone se précipita et plongea son couteau dans le dos du Garde des Glaces alors qu’il s’éloignait d’Hammond, l’ancien Man-O-War en profita pour plonger son épée courte dans le coeur de l’homme, et deux corps se retrouvèrent sur le sol du couloir.

Hammond reprit son souffle en haletant. « Pardon, il m’a surpris. Les cellules sont devant. »

Il désigna une solide porte en acier au bout du couloir. « Eh bien », dit Gastone, « maintenant, ils savent que nous arrivons. »

« Ils se seront terrés là-dedans, à attendre », déclara Hammond « Ordres ? »

« Nous entrons mais pas complètement non préparés. » Gastone fit appel à la magie, cette fois-ci un sort qu’Ashlynn lui avait appris. C’était magie était bonne, naturelle, saine. Les runes se formèrent et fusionnèrent autour d’eux. « Ok, on va passer la porte, euh, sans l’ouvrir. »

« Quoi ? »dit Hammond.

« Suis-moi. » Gastone Chargea dans le couloir. Il ne ralentit pas quand il atteignit la porte. Il la traversa, son sort rendant son corps temporairement immatériel. Il eut un moment de désorientation quand il traversa l’acier, puis se retrouva dans une chambre en pierre, un côté étant réservé aux cellules barrées. Une demi-douzaine de Gardes des Glaces étaient agenouillés devant la porte, les fusils dressés. Leurs yeux s’écarquillèrent sous le choc lorsque Gastone apparut devant eux tel un fantôme vengeur et il ne leur laissa pas la chance de se remettre. Il vida les deux canons de Pilleur d’Âmes, choppant deux Gardes des Glaces. Il serra les dents contre la terrible sensation de leur énergie vitale se déversant dans l’arme à feu, en lui.

Hammond arriva derrière lui, son pistolet flamboya, et un autre Garde des Glaces tomba. À ce moment-là, les trois autres reprirent leurs esprits et vidèrent leurs fusils. Gastone se jeta devant Hammond. Trois projectiles heurtèrent son champ de puissance, le faisant chanceler, mais sans le pénétrer.

Hammond enfonça son épée courte dans la poitrine du khadoréen le plus proche pendant que Gastone rechargeait Pilleur d’Âmes et faisait le point sur son environnement. Il y avait quatre cellules, toutes vides sauf une. Le Lieutenant Orla Viadro, une grande femme élancée aux courts cheveux blonds et aux yeux bleus, se tenait près des barreaux de la dernière cellule. Elle avait l’air indemne, mais elle serait les barreaux de sa cellule avec une intense force. Il savait qu’elle préférerait de loin tenir un pistolet ou une épée plutôt que de regarder la bataille se dérouler devant elle. Il lui en confierait volontiers l’un ou l’autre s’ils survivaient.

Avec Pilleur d’Âmes rechargé, Gastone tira à nouveau, tuant un autre Garde des Glaces et arrachant la force vitale de l’homme. Il frissonna et rengaina l’arme dans son étui. Il en avait assez pour le moment, et la terreur et la douleur des derniers instants de sa victime tourbillonnaient dans tête. Il sortit son couteau et se précipita sur un soldat de la Garde d’Hiver, qui retourna son fusil pour l’employer comme gourdin. Gastone esquiva une frappe maladroite, d’un geste tint son couteau tel un pic à glace, et l’enfonça dans et à travers le sommet du crâne de l’ennemi. L’homme tituba et tomba au sol.

Hammond termina son propre ennemi et la pièce devint silencieuse.

« Lieutenant, ça ne vous dérange de me faire sortir d’ici ? » Demanda Orla.

« Désolé, Orla », répondit Gastone. « Attends. »

Lui et Hammond vérifièrent chaque Garde des Glaces pour les clés, les trouvant, bien sûr, sur le tout dernier cadavre. Des coups de feu retentirent en haut à travers les couloirs de pierre, et Gastone s’arrêta pour vérifier la situation à travers les yeux d’Hachoir. Le Nomade combattait dans la cour, balançant son espadon dans les Gardes des Glaces qui affluait de la caserne. Des coups de feu provenant d’Orril et du reste des résistants résonnèrent autour de lui. Après un moment, il fit marche arrière, sachant qu’ils seraient bientôt dépassés.

Hammond ouvrit la cellule d’Orla, et elle s’empara d’un couteau et d’un fusil sur l’un des cadavres.

« Où est le message ? » Demanda Gastone.

« Dans ma tête », dit Orla en posant une main sur son bras, son visage grave.

« Ces morts ne savaient pas que je transportais un message. Aucun d’entre eux ne doit savoir ce qui va se passer. »

« Alors nous ferions mieux de foutre le camp », déclara Gastone en tirant Pilleur d’Âmes. Le pouvoir de l’arme lui remonta le bras en une vague de picotements. Il aurait bientôt son dû.

. . .

ILS FIRENT IRRUPTION DANS LA COUR où avait lieu une fusillade chaotique. Les soldats de Gastone s’étaient planquées derrière Hachoir ; mais l’un d’entre eux était déjà au sol, et le bras droit du sergent Orril pendait mollement à ses côtés.
Il y avait au moins dix Gardes des Glaces dans la cour, mais Gastone, Hammond et Orla avaient un avantage momentané. Les khadoréens ne les connaissaient pas et la plupart avaient le dos tourné.

« Derrière moi », dit Gastone. « Occupez-vous de tout ceux que je rate. »

« Que vas-tu faire ? » Demanda Orla. Cela faisait des mois qu’elle n’avait pas combattus à ses côtés, elle n’avait donc aucune idée des secrets supplémentaires qu’il avait débloqués avec Pilleur d’Âmes. Une partie de lui ne voulait pas lui monter, mais actuellement, il n’avait pas le choix.

Il frissonna et laissa l’énergie vitale qu’il avait arrachée aux Gardes des Glaces tués il y a peu de temps se déverser dans Pilleur d’Âmes. Les runes le long des deux canons de l’arme se mirent à briller, et le temps ralentit jusqu’à un lent écoulement. Il tira. Pilleur d’Âmes cracha des flammes, et un soldat du Khador tomba raide mort. Il tira à nouveau et souffla une autre vie. Il rechargea avec une aisance indolente, les cartouches sautant presque dans le pistolet de leur propre gré. Il pressa deux fois sur la détente, et Pilleur d’Âmes draina la vie de ses ennemis.

Le pouvoir afflua dans son esprit et ses membres, ténébreux et séduisant, et il en voulait plus encore, envie de laisser Pilleur d’Âmes faire autant de victime qu’il le pouvait. Heureusement, il n’y avait plus d’ennemis, et pendant un instant, pour le plus bref battement de coeur, il voulut continuer à tirer, peu importe qui ou quoi étaient ses cibles. Il repoussa cette terrible impulsion et rengaina Pilleur d’Âmes dans son étui.

« Assez ! » Siffla-t-il et il réalisa tardivement que tout le monde le regardait, les yeux écarquillés, la bouche ouverte sous le choc.

« Qu’est-ce que tu viens de faire ? » Demanda Orla, son regard se posant sur Pilleur d’Âmes. « C’est ce satané pistolet, n’est-ce pas ? »

« Cela n’a pas d’importance », dit-il. « Pas maintenant. Nous devons te faire sortit d’ici. Toute la ville aura entendu les coups de feu. »

Elle hésita, comme pour discuter, mais finit pas hocher la tête. « Bien, Ouvre la voie. »

. . .

ILS RETOURNÈRENT VERS L’ENTREPÔT, les bruits d’une ville en colère derrière eux. Ils avaient été rapides et efficaces – et cela avait en partie un rapport avec Pilleur d’Âmes, même si Gastone détestait l’admettre. À cause du pistolet maudit, il n’avait perdu qu’un seul homme. Orril s’était pris une balle dans l’épaule droite, et Hammond lui extrayait à la lumière d’un autre brasero. Le sergent serrait les dents et essayait de ne pas crier.

Quand Gastone fut sûr que l’ennemi ne les avait pas suivis, il amena Orla à l’écart. « Es-tu blessée ? »

« Non, je ne suis pas blessée », répondit-elle. « Ils essayaient de comprendre quoi faire de moi quand tu es arrivé. »

« Tu as dit que tu avais un message d’Ashlynn. J’ai besoin de le connaître ? »
Orla hocha la tête. « Elle est en route avec le Seigneur Général Stryker, ce qui reste de son armée, et des éléments de la Garde du Creuset. »

« Attends. Ils attaquent Merywyn ? » Répondit Gastone, choqué. « Ils n’ont pas le nombre ou les ressources pour de genre d’initiative. »

« Ils l’auront quand le Seigneur Général Duggan arrivera avec la Première Armée de Port Bourne », déclara Orla. « Mais finalement, cela n’a pas d’importance. Ils savent que le Khador a une sorte de super arme, une sorte de - » Elle secoua la tête comme si elle n’arrivait pas à croire ce qu’elle disait - « une sorte de navire céleste. Gros, beaucoup d’armes, comme un navire de guerre qui vole. »

« Non, c’est ridicule. »

« Je te dis seulement ce que m’a dit Jarov. Et cela provient directement du Maréchal d’Elyse. Elle a besoin que vous trouviez où ils gardent cette chose. »

Il secoua la tête, acceptant l’absurdité de ses propos. Orla ne lui mentirait pas ni n’exagérerait, et tout autre réaction que l’acceptation lui ferait perdre du temps.

« Eh bien, ils ne peuvent pas super bien cacher un truc de ce genre. Ça ne devrait pas être long à trouver. De combien de temps disposons-nous ? »

« Trois jours », déclara Orla.

« Que vont-ils faire si et quand nous trouverons ce …navire céleste », dit Gastone.

« Aucune idée. » Orla avait l’air aussi déconcertée qu’il le pensait, décida-t-il. « Je suppose qu’ils nous le diront quand ils arriveront. »
« Modifié: 25 mai 2020 à 15:19:00 par elric »
Citation de: Maître Yoda
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Si vous constatez des fautes d'orthographe et/ou de conjugaison, des phrases à remanier pour une meilleur compréhension.
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Re : STORMBREAK - 1ere partie
« Réponse #8 le: 25 janvier 2020 à 13:21:53 »
— 21 —

LE FLEUVE S’ÉCOULAIT, et Stryker appréciait la brise contre son visage et le paysage pastoral. C’était un sursis momentané à la fumée, le sang et la mort qu’ils avaient laissée derrière eux.

Il se tenait sur le pont d’une des péniches naines, les mêmes péniches louées par les khadoréens pour livrer des noyaux d’entraînement pour leur navire céleste. Le Capitaine rhulfolk Vornek Blackheel avait été disposé à un nouvel arrangement : Magnus le payait le triple de ses honoraires pour utiliser les péniches et sa petite force de Corps de Carabiniers.

« L’armée atteindra bientôt mes murs de Merywyn », dit Magnus, approchant derrière Stryker. Le guerrier vieillissant avait l’air hagard, et son armure et ses armes mékaniques bricolées lui donnaient toujours l’air plus mercenaire qu’officier cygnaréen.
Stryker fit un signe de tête. « Ashlynn a-t-elle informé son informateur dans la ville ? »

Le Maréchal d’Elyse avait promis qu’elle avait un homme à l’intérieur, un homme qui pourrait être en mesure de découvrir où les khadoréens abritaient leur navire céleste.

« Oui, c’est ce qu’elle dit. Alors, on va faire comme à Rynyr, alors, je suppose ? »

« Toi, le Maréchal d’Elyse, l’Aurum Légat di Morray et moi avons bien combattu ensemble », déclara Stryker « Je pense que nous le ferons à nouveau. »

Magnus fronça les sourcils. « Cela sera plus facile si Nemo peut faire décoller notre bateau. »
Une partie du message qu’il avait envoyé à Port Bourne comprenait un appel urgent au Général Artificier Nemo. Faites décoller le Perce-Nuage, le navire céleste cygnaréen encore en cours de construction. »

« Aucune discussion là-bas », déclara Stryker.

Magnus acquiesça. « Eh bien, qu’avons-nous ? Deux cents soldats plus une poignée de nain sur ces bateaux ? Comment allons-nous même pénétrer dans la ville ? On ne va sûrement pas faire de brèche dans les murs. »

Jusqu’à présent, Stryker avait tenu la plupart de ses commandants dans l’ignorance jusqu’à un certain point. Il ne pouvait pas prendre le risque que les informations soient dévoilées et parviennent à Merywyn avant lui. Maintenant avec tous ses principaux atouts sur les péniches, il pouvait révéler son plan.

« L’homme d’Ashlynn peut nous faire entrer dans la ville », répondit Stryker. « En fait, nous sommes censés le rencontrer à quelques kilomètres en amont sur le fleuve. »

« Donc, le siège servira de distraction, pendant que nous entrerons – et quoi ? Et nous détruirons ce navire céleste nous-mêmes ? »
« C’est le plan », admis Stryker. « Une petite force de combattants d’élite devrait pouvoir traverser la ville pendant que les khadoréens affrontent la menace à l’extérieur de leurs murs. »

« Comment sommes-nous censés mettre hors d’usage quelque chose de la taille d’un cuirassé ? » Demanda Magnus. « Tu aurais besoin d’une armée pour cela. »

« C’est plus simple que tu ne le penses. Il suffit de s’assurer que le navire céleste ne puisse décoller. Entre Lukas di Morray et moi, nous devrions pouvoir désactiver les turbines arcaniques des navires. Après ça, ce ne sont plus que des tonnes de métal inerte. »

Le Capitaine Vornek Blachell sortit de la cale derrière eux. Le rond visage de l’officier nain semblait figé en permanence, mais Stryker reconnaissait un officier capable quand il en voyait un. « Votre Maréchal Delees a dit que nous devons nous arrêter au bord du fleuve. »

Stryker ri. « Vous feriez mieux de ne pas laisser le Maréchal d’Elyse vous entendre prononcer son nom comme cela. »

Le guerrier nain secoua la tête. « Je ne suis pas dupe. On dirait qu’elle pourrait me tuer ainsi que la plupart de mes hommes sans transpirer. »

« Elle le pourrait », dit calmement Magnus. « Pour s’amuser. »

. . .

ASHLYNN D’ELYSE QUITTA LA PÉNICHE et se rendit sur la rive, les genoux un peu tremblants, l’estomac qui tourne. Les bateaux n’étaient certainement pas son moyen de transport préféré, mais elle avait évité de vomir devant ses soldats.

Gastone Crosse et une poignée de résistants se tenaient à quelques mètres de là, et Ashlynn sourit malgré sa tête douloureuse et son estomac qui tournait. Il y avait longtemps qu’elle n’avait pas vu Gastone, et il était passé du statut de voleur et de criminel effronté mais habile à celui de l’un des meilleurs combattants de la résistance. Son sourire s’effaça lorsqu’elle vit sa main sur la crosse du pistolet à double canon à la hanche. L’arme maudite était un lourd fardeau, et Ashlynn craignait qu’elle ne consume un jour son protégé.

« Dame d’Elyse », déclara Gastone en s’approchant. Son visage était encore jeune, mais des cernes sous ses yeux et une barbe de trois jours lui donnaient l’air plus vieux et plus fatigué que le jeune homme enthousiaste qu’elle avait connu auparavant. Il portait son armure de warcaster sous un long manteau en loques ; il semblait avoir plus de points communs avec Asheth Magnus qu’avec un warcaster du Llael.

Ashlynn tendit la main et pris Gastone par les épaules. « Tu as l’air bien. »

« J’ai l’air d’un désastre ambulant », rit Gastone. « Tu m’as fait pourchasser des fantômes pendant trois jours sans dormir. »

C’était le Gastone dont elle se souvenait.

« Tu l’as trouvé ? » dit Stryker. Lui et Magnus avaient également débarqué, avec le warcaster de la Garde du Creuset Lukas di Morray. Les Lames-Tempêtes et les soldats llaelais avait débarqué de la péniche pour former un périmètre serré autour de leurs chefs.

« Morrow au-dessus, c’est le Seigneur Général Stryker », s’exclama Gastone. « Dois-je m’incliner ou faire la révérence ? »

Magnus renifla. Ashlynn lança un regard noir à Gastone, mais ne pouvait pas tout à fait cacher son sourire.

« Eh bien, Lieutenant », dit Stryker, « l’un ou l’autre. Je m’en fiche tant que vous répondez à ma question. »

Gastone n’était pas dans la chaîne de commandement de Stryker, mais Ashlynn était heureuse de le laisser remettre Gastone à sa place.

« Désolé, euh, monsieur », répondit Gastone en baissant la tête. « Ces derniers jours ont été éprouvants. »

« Pour nous tous », ajouta Magnus. « Maintenant, qu’as-tu trouvé ? »

Gastone sortit une carte roulée de sous son manteau et s’accroupit sur le rivage sablonneux. Il étendit la carte, une représentation grossière mais précise de Merywyn. Ils se pressèrent autour du jeune warcaster.

« Vous voyez comment le Fleuve Noir traverse le centre de la ville ? » Dit Gastone en tapotant sur une épaisse ligne noire. « Eh bien, ici et ici, ils l’ont endigué. »

Ashlynn se pencha plus près. « C’est ou plutôt, c’était – principalement un lieu de manufacture pour l’armée llaelaise. »

« C’est vrai », déclara Gastone « et les rouges ont rapidement pris possession de cette zone et l’ont convertie pour leur propre usage. Ce sont uniquement les soldats khadoréens qui entrent et qui sortent, et c’est ainsi depuis des années. »

« Vous pensez que le navire céleste est là ? », demanda Luka di Morray. « Vous en êtes certain ? »

« Il n’y a nulle part ailleurs où l’on pourrait garder quelque chose d’aussi grand et le garder hors de vue du reste de la ville », répondit Gastone. « Ils doivent être là. S’ils ont barré et drainé la rivière, ils ont beaucoup d’espace pour travailler. »

« Cela a du sens », déclara Stryker. « C’est notre objectif. Maintenant, pouvez-vous nous faire entrer dans la ville ? »

Gastone enroula sa carte et se releva. « Ces deux péniches ? »

Ashlynn hocha la tête. « Oui, environ deux cents soldats et une demi-douzaine de warjacks. »

« Ce sera difficile, mais il y un affluent du fleuve menant à un ancien tunnel de contrebande au pied du mur de la ville », dit Gastone.

« Les rouges ne le connaissent pas, et il vous mènera au centre de la ville. »

« Pourrait-on faire entrer une force plus importante de cette façon ? » Demanda Magnus.

Gastone secoua la tête. « C’est surtout un marécage. Une sorte de barrière naturelle et pratiquement infranchissable pour tout ce qui ressemble à une armée. »

« Okay, biffons l’idée d’une fin facile au siège, alors », soupira Magnus.

« Est-ce que les khadoréens patrouillent dans cet affluent ? » Demanda Ashlynn.

Gastone répondit : « C’est rare, mais pas impossible que nous tombions sur une ou deux canonnières. » l jeta un œil aux péniches. « Celles-ci ne ressemblent pas à des péniches militaires, donc elles pourraient ne pas éveiller de soupçons immédiatement si nous en croisons une. »

« Vous voulez dire que cela pourrait nous permettre de nous approcher suffisamment pour détruire un bateau de patrouille avant qu’ils ne puissent donner l’alerte », déclara Stryker.

« C’est ce que je ferais », répondit Gastone.

« Eh bien, vous pourriez avoir votre chance », dit Ashlynn. « À bord. On a besoin que tu nous guides vers ce tunnel. »
Elle tapota l’épaule armurée de Gastone. « Ce sera bien de se battre à nouveau avec toi. »

Il rougit et toussa, un aspect étrange pour un jeune homme qui était devenu un guerrier redoutable au dire de tous.

« Et toi, Maréchal », réussit-il à répondre.

. . .

ASHETH MAGNUS PRIS UNE GORGÉE DE UISKE dans la flasque du Capitaine Blackheel et ensuite la rendit au guerrier nain. Il toussa. « Vous êtes sûr que ce n’est pas du liquide de nettoyage pour cortex.

Le Capitaine Blackheel haussa les épaules et s’enfila une gorgée. « Connaissant mes gars, c’est possible. »

Ils se tenaient à la proue d’une des péniches rhuliques, seuls, à l’exception de quelques nains en armures faisant de leur mieux pour ressembler à des marchands. Magnus, Lukas di Morray et la moitié des soldats qu’ils avaient amenés avec eux étaient sur cette péniche, tandis qu’Ashlynn, Stryker et le reste de leurs forces étaient sur l’autre.

Ils étaient passés du large cours du fleuve à un petit affluent obstrué de cyprès et de racines enchevêtrées. Heureusement, les péniches avaient un faible tirant d’eau et négociaient facilement le marécage.

« Vous savez, mes gars ne sont pas les meilleurs tireurs ni les plus habiles du Corps de Carabiniers», dit le Capitaine Blackheel, un trouble dans sa voix ; il ressemblait à un homme faisant des aveux. « Mais ils sont assez coriaces et loyaux et assez têtus pour voir le travail accompli. »

« Je n’en doute pas », déclara Magnus. « Cela ne doit pas être votre combat, vous savez. »

« Ce n’est pas le cas, mais nous pourrions toujours utiliser une partie de cet or cygnaréen. » Blackheel s’arrêta et détourna les yeux. « Et ce serait bien de participer à un combat honnête. Le Seaforge nous garde enfermé pour la plupart. Les gars n’ont pas eu une bonne bagarre depuis des lustres. »

« Eh bien, je peux vous promettre cela et même plus », déclara Magnus. Il jeta un coup d’oeil aux murs proches de Merywyn. La plupart des forces cygnaréennes, llaelaises et de la Garde du Creuset qu’ils amenaient de Croix-des-Fleuves devaient avoir atteint la ville. Si les rapports étaient corrects, la Première Armée du Seigneur Général Duggan arriverait bientôt du sud également. Stryker pariait qu’un siège de Merywyn permettrait de distraire les khaodréens suffisamment longtemps pour qu’une petite équipe puisse trouver et mettre hors service le navire. C’était risqué, mais Magnus ne voyait pas de meilleure solution.

« Nous avons de la compagnie », dit le Capitaine Blackheel en indiquant l’endroit où un panache de fumée noire s’élevait dans le ciel depuis un virage de l’affluent.

« Ça pourrait être un patrouilleur », dit Magnus. Il regarda l’endroit où se tenait Ashlynn d’Elyse à la proue de la deuxième péniche. Il pointa vers l’avant, et elle hocha la tête.

« Je vais descendre » dit Magnus. « Si c’est un bateau de patrouille, laisse-les te voir, laisse-les s’approcher. Vous n’êtes qu’un groupe de marchand rhulique ayant pris un mauvais virage. »

« Le Capitaine Blackheel rit. « Je ne sais pas pour les marchands, mais nous avons définitivement pris une mauvaise voie. »
. . .

ASHLYNN PRIT CONTACT AVEC SOLDAT. La grande Mule était dans la cale, entourée de troupes et de warjacks inertes. Elle avait fait chauffer sa fournaise et l’alimentait maintenant. La fumée serait épaisse en dessous mais tolérable pendant un court instant. Ses pensées et instincts maussades fleurissaient dans son esprit tandis que sa conscience rejoignait la sienne.

Elle se pencha sur un des plats-bords et tourna son regard vers l’autre bateau tandis que Magnus descendait sous les ponts. Il était sans aucun doute le warcaster le plus reconnaissable d’entre eux. Stryker et elle pouvaient cacher leur armure de warcaster dans une certaine mesure ou même l’enlever Mais le membre prothétique de Magnus révélait son identité à quiconque savait ce qu’il cherchait.

Le patrouilleur khadoréen prit le virage de l’affluent, une longue embarcation basse avec un canon sur un support pivotant à la proue. Il y avait une demi-douzaine de soldats à bord, dont deux Man-O-War et un tireur embusqué Faiseur de Veuve.

Ils ralentirent en s’approchant des deux barges, et l’un des soldats était assigné au canon.

« Ahoy », appela le Capitaine Blackheel. « Je pense que nous sommes perdus. »

« Jeter l’ancre. Maintenant ! » cria l’un des soldats khadoréens. « Préparez-vous à être abordés. »

Le Capitaine Blackheel leva les mains. « Nous ne sommes que des marchands de Ghord. Avons un chargement de uiske nains que nous sommes censés livrer. Nous ne voulons pas d’ennuis. »

« J’ai dit, jetez l’ancre », répéta le soldat, et le Capitaine Blackheel regarda dans la direction d’Ashlynn. C’était tout le signal sont elle avait besoin.

« En avant, Soldat », dit-elle, et les doubles portes de la cale s’ouvrirent lorsque la Mule vint s’écraser sur le pont, faisant tanguer le bateau de façon alarmante.

Le patrouilleur avait son canon braqué sur la péniche du Capitaine Blackheel, mais il était difficile de rater un warjack de trois mètres soixante apparaissant sur le pont d’un bateau. Le canon pivota dans leur direction.

Feu, pensa Ashlynn à Soldat et la catapulte à vapeur de la Mule se déchargea avec un grand bruit de souffle. Elle guida le projectile et l’obus percuta le canon du patrouilleur et explosa, le faisant exploser ainsi qu’une bonne partie de la proue.

Le patrouilleur resta à flot, et les deux Man-O-War à bord gardèrent assez de sang froid pour tirer leurs boucliers canons. À si courte portée, ils ne pouvaient pas rater – deux obus frappèrent la coque de la péniche. Les explosions projetèrent Ashlynn sur le pont. Pire encore, Soldat perdit pied et tituba dans un fracas retentissant, s’écrasant à partiellement sur le pont.

Les bruts aigus de tirs de fusils résonnaient de la deuxième péniche, et derrière Ashlynn, le grésillement des éclairs des glaives-tempêtes. Elle se releva et dégaina son pistolet. Elle dit à Soldat de rester où il était ; de toute façon, il faudrait un autre warjack lourd pour le remettre sur ses pieds.

Le pont grouillait maintenant de Lames-Tempêtes et l’autre péniches était remplie de Corps de Carabinier. Bientôt, le bateau de patrouille et tous ceux qui se trouvaient à bord furent mis en pièces par les tirs combinés des fusils et des glaives-tempêtes, et il coula lentement au fond de l’affluent.

« Cela aurait probablement pu mieux se passer », dit Stryker, en traversant un groupe de Lames-Tempêtes et en regardant par-dessus le bord de la péniche. « Je ne pense pas qu’on va couler, au moins. »

« Cela aurait pu aussi se passer bien pire », déclara Ashlynn, en rangeant son pistolet. « Pouvez-vous m’aider à relever Soldat ? »
Stryker acquiesça et descendit dans la cale. Il remonta avec le Lieutenant Harcourt et Vî Arsouye  en remorque. Le Cuirassier souffla une forte vapeur en apercevant Soldat couché, dons le haut du corps s’était écrasé sur le pont. Soldat répondit par un faible sifflement. Cela ressemblait un peu à l’embarras pour Ashlynn.

« Relève-le » dit Harcourt. Le jeune warcaster se déplaçait encore avec précaution ; il avait été blessé à Croix-des-Fleuves, mais il était une précieuse ressource dont ils ne pouvaient pas se passer.

Vî Arsouye saisit Soldat sous les bras et sortit du trou dans le pont pour le remettre sur ses pieds. Un sentiment de soulagement et de gratitude se dégageait de la connexion qu’Ashlynn partageait avec le warjack.

De retour sous les ponts, pensa ashlynn à la Mule, et Soldat et Vî Arsouye descendirent dans la cale.

Le tonnerre retentit au loin et Ashlynn réalisa qu’elle entendait des pièces d’artillerie. Le siège avait débuté.

. . .

L’AFFLUENT SE RÉTRÉCISSAIT ALORS QU’IL S’APPROCHAIT DE LA VILLE, et les explosions régulières de l’artillerie faisait un cacophonique vacarme. Stryker et Ashlynn se tenaient sur le pont de la péniche ; Gastone était dans la timonerie, s’assurant que les péniches trouveraient leur chemin vers son entrée dissimulée.

Les arbres devenaient plus denses et l’eau moins profonde faisait craindre à Stryker qu’ils n’échouent. Les murs de Merywyn s’élevaient au-dessus de leurs têtes. Le mur proprement dit ne commençait à s’élever qu’à environ deux mètres cinquante sur le flanc d’une abrupte falaise. Pas étonnant que le Khador n’ait pas consacré de nombreuses ressources militaires à la zone.

Gastone sortit de la timonerie et le rejoignit à la proue. « C’est juste devant », dit-il, en montrant une partie de la falaise cachée par les arbres.

Stryker plissa les yeux. Un contour sombre se matérialisa derrière les arbres, suggérant une ouverture. Alors qu’ils s’approchaient, il devint plus clair, une ouverture sombre dans le mur de pierre. Il n’y avait pas beaucoup d’espace entre la ligne de flottaison et le ciel du tunnel, probablement juste assez pour permettre aux péniches de passer.

Ils voguèrent dans l’obscurité et les bruits du siège s’éloignèrent et s’étouffèrent. L’odeur de vieux trucs pourris imprégnait le tunnel, et Stryker était en fait reconnaissant de la puanteur du charbon brûlé des deux péniches.

Ils voyagèrent en silence pendant quelques minutes, et le tunnel s’élargit, permettant aux deux péniches de voyager côte à côte. Gastone tenait une lanterne sourde près du bord de proue, et il ouvrit et ferma le volet pour créer un faisceau de lumière vacillante. Devant eux, dans l’obscurité, une autre lumière s’illumina.

« Okay, mes gens nous attendent », déclara Gastone. « Ce signal signifie que le passage jusqu’à la ville est dégagé. »

Stryker hocha la tête, soulagé. Au moins, ils pénétreraient dans la ville. Après cela, la tâche qui lui incombait semblait presque impossible. Il n’osait espérer l’aide de la Première Armée ni même du Général Artificier Nemo. Il devrait très probablement mettre hors de service le navire céleste khadoréen par ses propres moyens.

Un débarcadère de pierre apparut dans la pénombre, et un quai branlant se projeta dans l’eau sombre. Un groupe d’hommes et de femmes se tenait sur le débarcadère, attendant.

Ils pilotèrent les péniches jusqu’au quai et les ancrèrent, et Stryker ordonna le déchargement des troupes et de l’équipement. Le débarcadère n’était pas assez grand pour contenir toute leur force, ils durent donc décharger par étapes. À l’extrémité ouest du débarcadère, un autre tunnel s’élevait en pente raide, assez grand pour permettre à un warjack lourd de tenir debout. Stryker se demandait qui avait utilisé ce tunnel et qu’ils avaient introduit en contrebande dans Merywyn au fils des ans.

« Je dois vous fournir plus d’informations », déclara Gastone lorsque Stryker, Ashlynn et Magnus se furent rassemblés sur le débarcadère. Lukas di Morray s’était également joint à eux.

« Cela ressemble à de mauvaises nouvelles », dit Magnus.

Gastone rit. « Tout n’est que mauvaises nouvelles depuis que je suis monté sur l’un de ces bateaux. »

Il déroula à nouveau sa carte et la posa sur le sol à côté de la lanterne sourde. « Le siège attirera certainement la plupart des forces kahdoréennes du côté ouest de la ville, mais il n’est pas exactement possible de savoir où se trouve le navire céleste. »

« Que regardons-nous ? » Demanda Lukas di Morray, fronçant les sourcils. Gastone déclara : « Vous avez deux obstacles majeurs sur le chemin. Tout d’abord, il y a une caserne assez importante ici. » Il désigna un endroit sur la carte, non loin de l’endroit où ils feraient surface dans la ville. « Il s’agit principalement de Gardes des Glaces et de Man-O-War. Ils ne seront pas à pleine capacité, mais il y aura là assez de soldats pour vous ralentir. »

Ashlyn hocha la tête. « Bien. Quel est le deuxième problème ? »

Gastone tapota à nouveau la carte, mais cette fois plus loin dans la ville et plus près de l’endroit où ils soupçonnaient que le Khador gardait son navire céleste.

« C’est votre vrai problème. C’est une fonderie et un dépôt d’armes lourdes. Normalement, ce ne serait pas un problème, mais avec une armée qui frappe à leur porte, ils auront toutes les pièces d’équipements utilisables opérationnels dans cette installation.

L’anxiété quasi constante que Stryker avait ressentie depuis qu’il avait découvert que les khadoréens disposaient de la technologie du moteur céleste devint une sirène aiguë dans son esprit. Il repoussa la peur et le doute – cela ne servait à rien. Il devait prendre une décision rapidement qui leur offrirait une chance.

« Nous allons nous séparer », dit Stryker. « Un tiers de nos forces frappera la caserne, un tiers la fonderie, et le dernier tiers s’attaquera au navire céleste. »

« Cela affaiblira nos chances », déclara Magnus, « mais je suis d’accord. Je ne vois pas d’autre solution. »

« Je vais frapper la caserne » dit Ashlynn. « Je vais prendre Soldat t tous les soldats llaelais. Nous somme légers et rapides, et nous pouvons prendre le dessus sur les khadoréens avant qu’ils ne sachent qui les frappe. »

« Et je vais attaquer la fonderie », déclara Lukas di Morray. Contrairement à de nombreux warcasters que Stryker connaissait, le commandant de la Garde du Creuset ne portait pas son armure de warcaster à moins qu’il n’aille au combat. Il la portait maintenant, une énorme armure bleu sarcelle et or équipée d’injecteurs de sérum qui donnaient à l’homme sa puissance arcanique. Il tenait un puissant marteau mékanique à deux mains qui semblait capable d’envoyer un warjack lourd à la ferraille. « J’ai deux warjacks Vindicateurs et trois unités d’infanterie lourde. Cela devrait suffire à occuper leur fonderie. »

Stryker acquiesça. Ils connaissaient tous les enjeux, et Ashlynn et Lukas avaient choisi leurs meilleurs plans d’action. Il n’avait pas besoin de donner des ordres ni même de faire des suggestions. Ils étaient devenus une force cohésive qui se complétait et se soutenait mutuellement.

Magnus, toi et moi allons prendre le Lieutenant Harcourt, les Lames-Tempêtes et Vî Arsouye et attaquer le navire céleste », déclara Stryker. Il souhaitait avoir plus de warjacks à sa disposition, mais le Major Maddox, qui dirigeait le contingent cygnaréen assiégeant Merywyn, en avait plus besoin que lui.

« Nous devrions prendre le Capitaine Blackheel et son Corps des Carabiniers avec nous », dit Magnus. Il jeta un coup d’oeil par-dessus son épaule à l’endroit où l’officier rhulique et son imposant second ogrun déchargeaient leur propre équipement, y compris un warjack Avalancheur.

« Pas une mauvaise idée », dit Stryker. « Cet Avalancheur sera utile. »

« Alors nous somme d’accord », dit Ashlynn, et regarda chacun d’entre eux, une étrange expression sur son visage. « Nous avons eu nos différents, mais ce fut un honneur de nous battre à côté de chacun d’entre vous. »
« Je vous dois la vie à tous les trois » répondit Lukas di Morray, « mais ce fut un privilège de me joindre à votre cause. Notre cause. »

« Eh bien, je me bats depuis longtemps », dit Magnus, la voix pleine de lassitude, peut-être de regrets. « Pour des rois, pour de l’argent, pour de mauvaises raisons. Peut-être que celles-ci sont les bonnes. »

Stryker les regarda chacun à leur tour, dans les yeux. « J’espère sincèrement vous revoir après cette guerre.

« Pour le Llael », déclara Ashlynn.

« Pour le Cygnar », ajouta Stryker.

« Pour des amis et des alliés honorables », entonna Lukas.

Magnus grogna. « Pour l’espoir qu’il y ait une boisson sacrément forte à la fin de tout ça. »
« Modifié: 31 mai 2020 à 23:12:11 par elric »
Citation de: Maître Yoda
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Re : STORMBREAK - 1ere partie
« Réponse #9 le: 29 janvier 2020 à 23:03:03 »
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LES CASERNES KHADORÉENNES ÉTAIENT PLUS GRANDES QUE CE QU’ASHLYNN PRÉVOYAIENT, plus forteresse que bâtiments, avec haut murs et une solide porte en bois renforcé. Ces portes étaient actuellement ouvertes, et les soldats khadoréens se déversaient dans la rue en un flot continu d’armure pourpre. Ils marchaient vers l’est, vers l’endroit où Stryker et Magnus se battaient probablement pour se frayer un chemin vers le fleuve.

Ashlyn et Gastone avaient quitté Stryker et les autres non loin de là où émergeait le tunnel des contrebandiers dans un bâtiment abandonné du quartier industriel. Elle dirigeat soixante soldats llaelais, soutenus par sa Mule, Soldat, et le mage balisticien Vayne di Brascio. Gastone avait une douzaine d’autres combattants et son propre warjack, un Nomade à coque noire appelé Hachoir.

Alors que le siège tonitruait au-delà des murs et les khadoréens remplissant les rues de troupes, Ashlynn pointa son épée alors qu’ils atteignaient les casernes et ordonna l’attaque. « Pour le Llael ! »

Ils eurent quelques secondes de surprise lorsque les lignes de soldats ennemis réalisèrent le danger, et elles ne furent pas gaspillées. Soldat fit feu de sa catapulte à vapeur au milieu de la Garde des Glaces et des Man-O-War, vaporisant les Garde des Glaces légèrement armurées et envoyant deux Man-O-War valdinguer. Vaine di Brascio, Gastone et les réguliers llaelais firent feu de leurs armes le battement de coeur suivant, parsemant les rangs khadoréens de balles.

Ils tuèrent une douzaine d’ennemis lors de la première volée, puis Ashlynn, Gastone et leur warjacks rejoignirent la mêlée Les khadoréens avaient la supériorité de feu, mais ni warjack ni warcaster. En mêlée, contre elle et Gastone, l’ennemi serait gravement désavantagé.

Ashlynn atteignit le premier groupe de Garde des Glaces, désorienté par l’attaque surprise. Elle embrocha un homme avec sa lame, Némésis et en abattit un autre avec son pistolet. Soldat avait foncé sur deux Man-O-War, faisant tomber leurs haches exterminatrices et martelant leurs corps armurés dans la rue.

Le boom fracassant du pistolet à deux canons de Gastone retentit, et une horrible lueur verdâtre s’éleva de l’arme. Son Nomade tailla une autre grappe de Garde des Glaces, coupant les hommes en deux et laissant leurs cadavres démembrés saigner dans son sillage.

Les khadoréens retrouvèrent bientôt un semblant d’ordre. Les Man-O-War se répandirent dans la rue et formèrent un mur de bouclier tandis que la Garde des Glaces se retirait vers la porte ouverte.

« Ne les laissez pas fermer la porte ! » Cria Ashlynn et elle invoqua sa magie. Elle déclencha un tourbillon de vent sur les Man-O-War, perturbant le mur de bouclier assez longtemps pour laisser Gastone et son Nomade passer à travers.

Vayne di Brascio avait vu également le danger, et il mena les réguliers llaelais dans la mêlée, tirant avec son pistolet cinémantique et faisant tournoyer son sabre mékanique.

Ashlynn fit un pas de côté pour éviter une hache exterminatrice, s’empara du manche de l’arme et tira son propriétaire en avant, sur la lame de Némésis. Le Man-O-War mourant s’effondra tandis  Soldat en repoussait deux autres, mais un troisième frappa la jambe droite de la Mule. Ashlynn ressentit les dégâts dans son esprit, et cela se transforma en rage, Bêtement, elle ordonna à Soldat de tirer sur le Man-O-War à bout portant avec sa catapulte à vapeur. L’obus projeta le khadoréen dans l’air et l’envoya vingt verges plus loin avant d’exploser, projetant des morceaux de lui pleuvoir dans la rue.

Ashlynn livra bataille. Elle retourna son pistolet et le saisi par la canon, en faisant une massue rudimentaire puis fonça. Elle taillada et écrasa, brisant des crânes et massacrant des armures et al chairs exposées avec Némésis. Une partie de son esprit demeurait avec Soldat, et elle focalisa les attaquant sur les Man-O-War rejoignant le combat depuis un autre bâtiment.

Elle aperçut Gastone du coin de l’oeil. Le jeune warcaster était un derviche tournoyant de destruction. Il tira et rechargea son pistolet à double canon avec une vitesse surnaturelle, l’arme maudite brillant d’une lueur bizarre cruelle. Il avait promis qu’il maîtrisait l’arme, l’avait soumis à sa volonté, mais le sourire sauvage sur son visage alors qu’il aspirait les âmes de ceux qu’il tuait l’étonna.

Elle n’eut pas le temps d’y consacrer plus de temps. Pour le moment, Gastone et Pilleur d’Âmes tuaient pour leur camp et c’était suffisant. Le monde devint flou de sang et d’acier. Des hommes et des femmes criaient et mouraient, certains à elles, d’autres à eux, et elle continua à se battre. Une partie d’elle savait qu’elle n’avait pas besoin de gagner ici, il suffisait de maintenir les troupes dans la caserne assez longtemps pour donner une chance à Stryker et Magnus. Mais cela ne l’empêchait pas de vouloir la victoire.

Une douleur lancinante soudaine affligea son côté gauche, alors qu’un Man-O-War plantait son exterminatrice dans son champ d’énergie et sa cuirasse L’arme n’avait pas pénétré l’armure, mais elle n’en avait pas besoin – la force du coup lui brisa des côtes. Elle cria et se retourna pour taillader le Man-O-War, mais sa tête disparut dans une gerbe de sang et d’éclats d’obus avant qu’elle ne puisse porter un coup.

« En avant », cria Ashlynn, et elle sentit un léger changement dans la bataille. Ses troupes avancèrent, repoussant les khadoréens à coups de baïonnette et tirs à bout portant. Une trentaine de khadoréens gisaient morts sans la rue, mais il y en avait beaucoup plus à l’intérieur de la caserne.

Ashlynn et Gastone franchirent les portes et pénétrèrent dans une cour bordée d’une demi-douzaine de bâtiments trapus. Une kovnik isolé de la Garde des Glaces hurlait des ordres près de l’un des bâtiments, probablement la caserne principale, et la Garde des Glaces en jailli. Des balles pleuvaient des soldats khadoréens sur les murs au-dessus de la cour, mais ils s’arrêtèrent lorsque l’espace ne fut plus qu’une mêlée mouvante de corps khadoréens et de llaelais.

Gastone s’approcha d’elle, les canons de Pilleurs d’Âmes toujours fumant. « Ça va ? »

Elle le repoussa. « Je vais bien. Continue à te battre. » Il disparut dans la mêlée, et elle continua à se battre.

. . .

L’AURUM LÉGAT LUKAS DI MORRAY POUSSA UN PROFOND SOUPIR, grimaça et appuya sur le déclencheur de son régulateur de sérum. Le doux sifflement retentit puis un feu alchimique jaillit dans ses veines. Il serra les dents. La douleur passa et un sentiment de force et de détermination pris place. Cette sensation était artificielle, un sous-produit du sérum, mais addictif tout de même.

« Monsieur, cible droit devant », dit un sergent troupe de choc. Marchant à ses côtés et pointant du doigt. Comme les autres, l’officier d’infanterie lourde emportait un canon pneumatique et une solide pioche.

Ils remontaient une large avenue du quartier industriel, de hauts immeubles s’entassaient autour d’eux, la plupart du temps vides. Les plaintes stridentes de l’artillerie et les explosions étouffées des munitions alchimiques emplirent l’air tout comme le Cygnar, et ses alliés attaquaient les murs de la ville. La plupart des citoyens de Merywyn s’étaient enfuis chez eux et Lukas n’avait croisé qu’une poignée en chemin.

La fonderie se trouvait au bout d’un cul-de-sac s’appuyant contre un mur de soutènement près du Fleuve Noir. De la fumée et de la chaleur s’échappaient du bâtiment trapus, et les formes massives de warjacks lourds khadoréen – une paire de Juggernauts et un seul Spriggan – se dirigeaient dans leur direction. Des soldats du Corps de Destruction Man-O-War marchaient à côtés des warjacks,  avec leurs longs marteaux de glace mékanique assez puissants pour briser les armures les plus lourdes.

« Formez les rangs », cria Lukas. « Les troupes de choc à l’arrière, les troupes d’assaut à l’avant. »

Il en avait trente de chaque. Les troupes d’assaut déclenchèrent leurs canons pneumatiques au-dessus des têtes des troupes de choc jusqu’à ce que ces derniers soient aux corps à corps avec leurs marteaux thermiques.

Les soldats de la Garde du Creuset se mirent en formation, et Lukas était content que les rues du quartier industriel soient larges. Il agrippa Regulus, son marteau mékanique, la chaleur de son inducteur de réaction exothermique déferlait sur ses gants. Il conduisait les dernières pièces de sa petite mais puissante force, deux warjacks lourds Vindicateur. Leurs cortex étaient pratiquement nouveaux, et leur esprit n’était guère plus que des ardoises vierges, prêtes et désireuses d’accepter les ordres. Ils étaient faciles à contrôler mais n’avaient généralement pas l’instinct de combat des warjacks plus expérimentés. Chacun portait un canon à air comprimé à chambre multiple pouvant tirer une série de munitions alchimiques et un marteau lourd pour le combat rapproché.

Les khadoréens les avaient vu, et Lukas remercie Morrow que l’ennemi manque actuellement d’armes à distance. Cela pourrait changer, et des canons de campagne et des warjacks équipés d’artillerie pourraient se cacher à l’intérieur. Les forces qui s’alignaient contre eux se rapprochèrent rapidement, et l’épaisse armure khadoréenne serait difficile à pénétrer. Il pourrait aider à cela. Lukas invoqua un sort, et alors que les runes se formaient, le sérum dans son sang s’activa, et une agréable combustion, car elle alimentait sa magie.

Il pointa son index droit, et un rayon de flamme jaune frappèrent le Juggernaut de tête, l’aspergeant de lumière et affaiblissant l’intégrité structurelle de son blindage.

« Ciblez le Juggernaut », cria Lukas, et trente troupes de choc vidèrent à l’unisson leurs canons pneumatiques, un chuintement telle une toux géante. Les projectiles furent projetés au-dessus des troupes d’assaut et atterrirent en grappe autour du Juggernaut. Ils éclatèrent en globes lumineux de flamme jaune, consumant entièrement le warjack.

Lukas concentra son énergie sur les deux Vindicateurs et cibla les deux derniers warjacks avec leurs canons. Il choisit une munition de décrépitation et tira, ajoutant une brume tourbillonnante d’un vert acide aux flammes ardentes des troupes de choc. Lorsque les flammes s’éteignirent, le Juggernaut était couché face contre terre, son châssis noirci et corrodé. Le corps d’une demi-douzaine de soldats du Corps de Destruction gisaient dans un état similaire à côté du Juggernaut. Les cris d’un contrôleur s’élevaient au-dessus du crépitement des flammes, et le Spriggan, en grande partie indemne, fracassa l’épave du Juggernaut, sa lance baissée. Derrière lui, le second Juggernaut marchait lentement, flanqué d’une douzaine de soldats du Corps de Destruction. Plus loin derrière, dans la fonderie, une paire de Destructeurs émergèrent, les gueules noires des canons de luers bombardes pointant dans la direction de Lukas.

Lukas puisa plus de puissance arcanique de son sérum et jeta un sort. Des runes se formèrent dans les rangs des soldats d’assaut lorsque les bombardes des Destructeurs tirèrent. Les obus atterrirent au milieu des troupes de la Garde du Creuset, annihilant une poignée d’entre eux, mais le sort de Lukas avait protégé les autres de l’explosion.

Le Spriggan arriva ensuite au contact des troupes d’assaut, enfonçant sa lance à travers l’un des malheureux soldats. Il heurta son boulier sur un autre soldat, le projetant sur le côté du bâtiment, où il laissa une tache rouge vif avant de chuter de six mètres vers la mort.

« Continuez de tirer ! » Cria Lukas aux soldats d’assaut. « Offrez à ces satanés Destructeurs quelque chose à penser. »

Il avança, agrippant Regulus, au son des canons pneumatiques tirant. Il entraîna les deux Vindicateurs avec lui et essaya de ne pas se concentrer sur les Man-O-War du Corps de Destruction supplémentaire sortant de la fonderie. Il était évident par leur présence que les khadoréens ne produisaient pas que des warjacks et de l’artillerie dans cette installation.

Il traversa le rang des soldats d’assaut, en direction du Spriggan. Il ordonna à ses deux Vindicateurs d’engager le Juggernaut endommagé et de fournir un écran contre les tirs des bombardes.

Les marteaux thermiques des troupes d’assaut auraient du mal à pénétrer le blindage du Spriggan, et ils se dispersèrent autour de luin essayant d’éviter sa terrible lance et le balayage mortel de son bouclier de combat. Le bouclier était l’enjeu principal, et Lukas chargea derrière le warjacks, dopant son sang avec une autre dose de sérum. Il transféra immédiatement cette énergie arcanique dans Regulus, grimaçant tandis que le sérum rongeait sa chair tel un corrosif. Il frappa le bras gauche du Spriggan avec son marteau derrière le bouclier, écrasant le blindage et les délicats rouages mékaniques se trouvant en dessous.

Le bras du Spriggan s’affaissa, et il se retoura, balaçant sa lance comme une massue. Lukas abattit Regulus dans une maladroite parade, mais essayer d’arrêter une hampe de trois mètres soixante en acier trempé balancé par un warjack lourd était un exercice absurde. Son champ d’énergie s’évanouit ; l’impact expulsa l’air de ses poumons et le projeta en arrière. Il atterrit sur le dos mais réussit à garder son arme.

Deux soldats de la troupe de choc l’aida à se relever, et il sourit sinistrement alors que ses troupes d’assaut submergeaient le Spriggan. Sans son bouclier, leurs marteaux se sont levés et abattus avec une précision et un impact mortel.

Lukas s’arrêta un instant alors que ses chairs se refermaient et qu’une côte cassée se recollait. Le sérum rongeait sa chair et la restaurait, un cycle perpétuel d’agonie et de régénération.

Les Vindicaters étaient au contact du Juggernaut, et Lukas guida leurs marteaux. La coque de la machine khadoréenne se déforma, mais elle n’était pas sans défense. Elle n’était pas sous la direction d’un warcaster, mais les warjacks khadoréen avaient suffisamment d’instinct martial naturel pour en avoir à peinde besoin. Sa hache de glace creusa dans le canon d’un des Vindicateurs, tranchant à travers des relais et des tuyaux d’alimentation alchimiques, pulvérisant des liquides combustibles dans un large arc.

Lukas déversa plus de sa puissance dans les coups des Vindicateurs, et le Juggernaut s’effondra, broyé et vaincu.

« Rangs ! » Cria Lukas, et les troupes d’assaut formèrent une ligne devant lui et derrière les Vindicateurs. Les soldats du Corps de Destruction se rapprochèrent, plus d’une douzaine, balançant leurs marteaux de glace dans des arcs d’énergie saphir. La moitié d’entre eux visèrent les Vindicateurs tandis que l’autre moitié s’est écrasée sur la première ligne des troupes d’assaut. La mêlée se transforma en une affreuse mêlée de marteau. L’armure des soldats de la Garde du Creuset était comparable à celle du Man-O-War, mais les armes khadoréennes étaient plus puissantes et avaient une portée plus longue. L’impact glacial du marteau de glace allait faire des ravages.

« Troupes d’assaut, continuez à tirer ! » Cria Lukas, et les guerriers de la Garde du Creuset continuèrent de projeter leurs munitions sur les deux Destructeurs. Cela ne les arrêta pas, et les souffle enflammé de leurs bombardes traversa la fumée alchimique.

Lukas se prépara à l’impact, mais les obus volèrent haut et frappèrent les bâtiments de chaque côté de la rue. Il pensa qu’il s’agissait d’un tir perdu jusqu’à ce que la deuxième volée atteigne le même endroit et que les décombres commencent à pleuvoir.

« En arrière ! En arrière ! » Cria Lukas, mais il était trop tard. Deux des bâtiments s’effondrèrent dans un grondement, déversant des tonnes de briques et de débris sur les soldats de choc qui fuyaient l’avalanche.

La poussière retomba, et plus de la moitié des soldats de la Garde du Creuset se trouvaient sous les débris. Leurs membres armurés sortaient des décombres, et certains d’entre eux respiraient faiblement, les pauvres âmes en dessous écrasées et étouffées.

Il ne restait d’autre plan d’action que de se battre. Alors que les khadoréens commençaient à charger les mortiers qu’ils avaient apportés de l’intérieur de la fonderie. Lukas espéra que Magnus et Stryker s’en sortaient mieux que lui.

. . .

LE KOMMANDANT SUPRÊME IRUSK N’AVAIT JAMAIS VU quelque chose d’aussi glorieux que les trois navires célestes Stormbreaker planant sur le lit de la rivière asséché. Chacun mesurait trente mètres de long, un épais blindage surmonté d’une haute structure de pont en forme de T. Sous chaque navire se trouvaient cinq demi-orbres blindées abritant les moteurs célestes qui permettaient au navire de se soulever. Enfin, quatre canons surdimensionnés hérissaient le fond de chaque navire. Il avait conçu les Stormbreaeker pour faire pleuvoir la mort sur tout ce qui se trouvait en dessous, dévastant toute ville qui oserait défier l’impératrice.

Des centaines de mékaniciens et de soldats grouillaient autour de ces énormes machines. Ils chargeaient des munitions et des warjacks et effectuaient des réglages de dernière minute sur les moteurs.

Irusk se tenait sous une tente de commandement installée sur le lit de la rivière afin de pouvoir superviser les derniers travaux. Au loin, il pouvait entendre le siège à l’extérieur de la ville, mais ils étaient à des kilomètres des murs de la ville, au centre de Merywyn. Rien que les atteindrait ici. Les forces de Strakhov et du Kommandant Ivdanovitch tiendraient les cygnaréens à distance pendant des jours. Ensuite, les Stormbreaker s’envoleraient et mettraient fin à ce conflit pour toujours.

Irusk but une gorgée de uiske dans un verre posé sur une table devant lui. Le chemin avait été long pour arriver ici, éprouvé par de nombreux échecs et tribulations personnelles, mais maintenant, devant lui se trouvait la clé de la victoire totale, et de l’estime éternelle de l’impératrice.

Il regarda à sa gauche alors qu’un panache de poussière apparaissait à quelques centaines de verges. De la poussière apparut un groupe de cinq Uhlan Croc d’Acier et un sixième cavalier, le Kommandeur du Corps d’Assaut Strakhov.

Les chevaux s’approchèrent de la tente et se mirent en rang. Strakhov démonta, son armure de warcaster rayée et abîmée ajoutant une fumée noire à la poussière. Clairement, il arrivait directement de la bataille.

« Vous n’avez pas à vous risquer sur les lignes de front au-delà des murs, kommandeur », déclara Irusk.

« J’ai le devoir envers mes soldats, Kommandant Suprême, de me battre à leurs côtés », répondit Strakhov.

Irusk hocha la tête, sachant que le Kommadeur cherchait des moyens de compenser ses propres défaillances, et qu’un homme tel que lui ne trouverait que du réconfort dans l’action. « Qu’est-ce qui vous amène ici, alors ? »

« La Première Armée de Port Bourne est presque sur nous », dit Strakhov. « Et nous avons des rapports sur une force ordique arrivant du nord. »

Irusk gloussa. « Quelqu’un a convaincu le vieux Roi Baird de finalement tester sa chance contre nous dans une bataille ouverte. »

« Nous ne pouvons pas espérer les vaincre tous les trois dans une bataille ouverte. »

« Es-tu aveugle ? » Dit Irusk en riant. « Regarde devant toi, Kommandeur. Regarde la terreur que nous allons bientôt déchaîner sur nos ennemis. Trois fois plus de personnes nous menaçant ne pourraient pas se tenir devant nos Stormbreakers. Nous verrons la destruction s’abattre sur eux depuis les cieux. »

Strakhov secoua la tête. « Ce sont de puissants vaisseaux, Kommandant Suprême, mais non testés. N’avez-vous pas - ? »

« Je n’ai aucun doute, Kommandeur » répondit sèchement Irsuk. « La victoire est devant nous, Embrassez-la. »

« Je suis désolé, monsieur », dit Strakhov, « mais il y a plus. Nous avons subi des attaques de l’intérieur. Des éléments cygnaréens et llaelais ont frappé l’une de nos principales casernes et une importante fonderie. »

Cela surpris Irusk, puis le mis en colère. « Comment ? Il n’y a pas de passage à travers les murs. »

« Aucun à notre connaissance, mais je crois que nos ennemis ont reçu de l’aide de l’intérieur de la ville », déclara Strakhov. « De plus, les rapports que j’ai indiquent que ces attaques ne sont pas des attaques de simples soldats. Des warcaster dirigeant des warjacks en font partie – Ashlynn d’Elyse ainsi que l’Aurum Légat Lukas di Morray, Commandeur de la Garde du Creuset. »

L’alarme se propagea dans l’esprit d’Irusk. Ces noms évoquaient la panique, et davantage les noms que Strakhov n’avait pas mentionnés.

« Montre-moi où se trouvent cette caserne et cette fonderie », déclara Irusk en se dirigeant vers une grande table contenant une carte détaillée de Merywyn.

Strakhov indiqua les installations demandées, et leurs emplacements étaient exactement comme Irusk craignait. Ils étaient près du lit de la rivière drainée, les endroits les plus logiques où il puiserait des renforts si les ennemis attaquaient les Stormbreakers alors qu’ils étaient encore au sol.

« Rassemble tous les soldats et les warjacks que tu peux. Immédiatement », dit Irusk.

« Ashlynn d’Elyse et Lukas di Morray ne vont nulle part, monsieur. Je pourrais y envoyer des renforts et les détruire. »

« Ils sont une distraction », pesta Irusk. « Stryker vient ici. »

Les yeux de Strakhov s’écarquillèrent, mais il hocha la tête. « Oui. Ça a du sens. C’est ce que je ferais. »

« Kovnik ! » Cria Irusk au mékanicien proche, Ivan Drashka. Il était une redoutable présence, un grand homme musclé avec une tête rasée et un bras prothétique.

Le Kovnik Drashka se précipita et salua. « Kommandant Suprême ? »

« Je veux les trois Stormbreaker dans les airs le plus vite possible » déclara Irusk.

« Nous somme toujours en train de charger des munitions, monsieur » dit Drashka. « Et il faudra un certain temps pour chauffer les turbines- »

« Une heure tout au plus, Kovnik. Aucune excuse », déclara Irusk, sa voix tranchante comme un rasoir.

Draskha pâlit, une apparence étrange sur l’imposant homme marqué par la guerre. « Je veillerai à ce que ce soit fait. »

Il salua à nouveau puis s’éloigna en courant, sa voix portant sur le lit vide du fleuve en criant des ordres.

« Je peux avoir cent kommandos ici en vingt minutes », dit Strakhov, « avec Torche. »

« Fais-le. Maintenant. » dit Irusk en se tournant vers l’un de ses assistants. « Apporte mon armure immédiatement. »

Alors que Strakhov s’éloignait, Irusk observa les Stormbreakers. Ils ne ressemblaient plus à des machines révolutionnaires. Ils semblaient vulnérables et leur sort était dangereusement lié au sien.

Il n’aimait pas cette possibilité.

. . .

LE CAPITAINE EIRA MACKAY N’AVAIT JAMAIS VU UNE TELLE MER DE ROUGE. Elle se déployait devant le hublot de la tourelle de son intercepteur sans rail tel une mer ondulante de corps armurés et d’imposantes machines. Les khadoréens les attendaient, et Eira savait qu’ils étaient deux fois plus nombreux que ses propres forces.

Dans la tourelle, sa vision était limitée, mais elle commandait l’un des Vulcains et pouvait donc regarder à travers les relais optiques du colosse, utilisant sa hauteur pour obtenir une vue d’ensemble du champ de bataille.

Un autre Vulcain se déplaçait à côté du sien, celui-là commandé par le Général Maréchal Baldwin Gearheart. Au-dessous, il y avait des warjacks lourds, des cygnaréens et de la Garde du Creuset et quelques modèles llaelais acquis à la Tour Gris-vent. Derrière les warjacks, Eira et ses intercepteurs sans rails venait en ligne désordonnée, et derrière eux se trouvaient les miliers de soldats qu’ils commandaient : Chevaliers-Tempêtes, Infanterie de la Garde du Creuset et soldats llaelais. Des forces disparates réunies par une unique cause.

Le tonnerre lointain et roulant de l’artillerie de la ville retentit. Les canons à longue portée qu’ils devaient affronter avant d’engager les troupes ennemies.

« Daniels », appela-t-elle son chargeur, « charge le canon principal. »

« Chargez le canon principal. Oui, Capitaine », répondit-il. Elle entendit le bruit sourd de Daniels chargeant un obus alchimique dans la canon.

« Garrison, du calme », dit-elle à son conducteur en dessous. « Reste en ligne avec les autres. »

Son conducteur disposait également d’un étroit hublot pour guider l’intercepteur.

Mackay tira du canon de l’intercepteur puis les roquettes Aqua Mortuum du Vulcain. Aucune des munitions atteignit les murs de Merywyn, mais elles atterrirent parmi les troupes ennemies, tuant des soldats et endommageant des machines.

Son intercepteur trembla lorsque le Vulcain Gearheart déchargea ses propres munitions, et le reste des intercepteurs tirèrent de leurs canons. Des explosions distinctes provenant d’autres warjacks retentirent, elle sourit alors que les rangs de soldats khadoréens se désintégraient presque entièrement sous la tempête.

Sa joie fut de courte durée lorsque l’artillerie khadoréenne entra en hurlant. À travers les yeux du Vulcain, elle remarqua un intercepteur sans rail réduit en pièces, des dizaines de soldats de la Garde du Creuset incinérés, et l’un des warjacks llaelais, une Mule, réduite en miettes.

« Daniels, recharge », cria-t-elle, mais la terre trembla. Elle sentit plutôt qu’elle ne le vit l’obus d’artillerie s’approcher. Une étrange expérience, presque une expérience de hors-corps l’a saisie alors qu’elle regardait l’obus, à travers les yeux de son Vulcain, frapper juste à gauche de son Intercepteur et exploser. Le monde tourna, l’onde de choc la frappa violemment, la faisant tournoyer dans tourelle, son champ d’énergie fusant en un cocon protecteur pendant que son intercepteur roulait. Elle entendit Daniels ou peut-être Garret crier, puis ce fut l’obscurité.

Quand Mackay se réveilla, l’intercepteur était stable et sa tête palpitait, mais elle avait maintenu sa connexion avec le Vulcain, et le déplaça pour venir se tenir à côté de son véhicule accidenté. Elle baissa les yeux vers la partie principale de l’Intercepteur et frissonna. Le tir d’artillerie avait percé un trou à l’avant du véhicule, juste au-dessus du poste de conduite. Il ne restait plus grand-chose de Garrison. Et Daniels avait visiblement été projeté à l’intérieur de l’Intercepteur – sans champ d’énergie pour le protéger, les multiples impacts avaient ravagé son corps.

Elle attrapa les plaques d’identification de Daniels autour de son cou et repêcha celles de Garrison parmi les boyaux qui recouvrait le siège du conducteur. Elle s’empara d’un canon à main sur un râtelier et ouvrit la trappe supérieure à coups de pied. Le bruit et la fumée s’infiltrèrent, un effroyable amalgame de la guerre. Elle déglutit et plongea à travers la trappe, la terreur lui tordant les tripes. Elle ne craignait ni la guerre, ni la guerre, ni la mort, ni le combat, mais le fait d’être confronté à toutes ces choses en dehors du cocon protecteur de son intercepteur la terrifiait. Elle bougea quand même.

Elle rampa de l’Intercepteur à la roue droite de son Vulcain à quelques pas de là. L’énormité de la machine était stupéfiante, lui donnant une poussée d’agoraphobie momentanée. Elle se leva et fit le point.

Des soldats circulaient maintenant autour de Mackay, certains l’interrogeant et jetant des regards inquiets dans sa direction.

« Continuez, continuez », cria-t-elle. « Je vais bien. »

Elle prenait du retard et elle ne voulait pas que cela se produise. Elle grimpa sur les roues de son Vulcain, s’accrochant à l’une des échelles d’accès. En avant, projeta-t-elle à l’énorme machine, et il repartit vers l’avant, accélérant tandis que des obus d’artillerie explosaient tout autour d’elle. Elle employa à nouveau sa hauteur pour avoir une idée du déroulement de la bataille. Leurs warjacks et leur infanterie lourde étaient au corps à corps avec les khadoréens, bien qu’ils aient laissé un sillage de corps derrière eux. L’artillerie avait fait des ravages. Les warjacks suivirent, tirant du canon ou balançant de massives armes de combat sur les troupes ennemies ou les warjacks khadoréens.

Mackay continua à déverser les munitions alchimiques de son Vulcain dans l’ennemi jusqu’à ce qu’un obus d’artillerie chanceux éclate contre sa poitrine, la projetant en arrière et la jetant presque de son perchoir. L’obus n’avait pas brisé l’armure du colosse, mais il ne pourrait pas résister à de nombreux autres impacts directs.

Ne menace plus importante se profilait à l’horizon. Un Conquête, un colosse khadoréen, se précipitait dans leur direction. Alors qu’il approchait, l’immense double canon surmontant sa coque tira, un panache lumineux de feu et de fumée. Les obus de canon sifflèrent, manquant la tête de peu. Elle riposta, poussant son guidage dans les fusées et marqua un coup direct. Les roquettes ne brisèrent pas l’armure, mais leur charge utile alchimique la corroda, la rendant plus faible pour les attaques ultérieures.

Ils étaient trop proches pour des attaques à distance maintenant, alors le Conquête chargea, un poing gargantuesque armé. Mackay sauta du Vulcain et roula à ses pieds, poussant sa volonté dans les membres pesants du Colosse. Les deux énormes machines se rencontrèrent dans une collision qui fit grincer des dents alors que la bataille se déroulait autour de Mackay dans une marée de lumière et de bruit.

. . .

STRYKER COURAIT LE LONG DU FLEUVE, un barrage nouvellement construit s’élevant devant lui. Dans son dos, il y avait cinquante Lames-Tempêtes ; à côté de lui, le Lieutenant Harcourt et l’imposante silhouette de Vî Arsouye. Lui et Magnus s’étaient séparés un kilomètre avant. Son vieux mentor emmenait la force du Corps de Carabiniers et l’Avalancheur dans les rues tortueuses de Merywyn. Ils étaient plus rapides, et la propre force de Stryker plus lourde, le gantelet qui percerait, tandis que Magnus éloignerait le gros de l’ennemi.

Devant eux, une force de kommandos d’assaut, une centaine, peut-être plus, se dirigeait vers eux. C’était un spectacle déconcertant, mais bien moi que les formes gigantesques qui dépassent du barrage. Il ne pouvait pas voir l’entièreté du navire céleste khadoréen, juste ce qui semblait être des structures imposantes au sommet de coques gargantuesques, trois, peut-être un pont ou un centre de commandement. Une terreur vive le saisit. Il avait accepté que les khadoréens aient développé un navire céleste et même battu le Cygnar à plate couture en en achevant un. Maintenant, face à la réalité, ils y avaient trois navires célestes terminés, son esprit se brouilla de vision de flammes s’abattant des cieux, réduisant en poussière et en ruines comme les grands dragons d’autrefois. Trois.

Il n’avait pas le temps de s’attarder sur ces pensées apocalyptiques, et la mise hors service d’un ou plusieurs des vaisseaux khadoréens était l’unique moyen d’éviter cet effroyable destin.

Normalement, il devrait arrêter ses Lames-Tempêtes, les aligner et les laisser trancher les khadoréens qui s’approchait avec des éclairs d’énergie galvanique. Mais il n’avait pas le temps. Le siège lui avait offert un petit avantage – l’ennemi devant leurs portes avait éloigné la plupart des troupes et des warjacks khadoréens Il semblait avoir pris Irusk et Strakhov au dépouvu dans une certaine mesure, sinon il aurait à faire face à une force beaucoup plus importante.

Stryker jeta un sort dans les dernières frénétiques secondes avant de se joindre au combat, renforçant l’armure de ses Lames-Tempêtes avec une force arcanique. Des runes fleurirent également autour du corps d’Harcourt, offrant probablement à Vî Arsouye une protection additionnelle. Le vieux warjack serait vital pour leur cause.

Les kommandos d’assaut vidèrent leurs carabines, mais les armes légères ne causèrent aucun domage significatif à Stryker ou à ses troupes. Son champ d’énergie et l’armure arcanique qu’il avait fournie au Lames-Tempêtes repoussaient facilement les balles.

Stryker entra en contact en premier, balançant Vif-Argent dans une frappe par-dessus sa tête qui trancha le premier malheureux kommando d’assaut de la tête au sternum. Il arracha son arme fumante, laissant les balles et les bayonettes rebondir sur son armure et son champ d’énergie.

Arsouye vint ensuite, et son marteau sismique dégagea une large zone d’ennemis, projetant leurs corps sans vie dans la rivière.

Irusk, décida-t-il, doit être désespéré s’il envoie des kommandos d’assaut en mêlée avec les Lames-Tempêtes. Malgré leur nombre, leur armure légère et leurs armes les rendaient mal équipés pour faire face à l’épaisse plaque et aux glaives-tempêtes de leurs ennemis.

Ça devenait un massacre, une lente mouture de sang et de puanteur d’ozone des décharges voltaïques. Stryker savait que le but de ses ennemis n’était pas de le vaincre mais de les ralentir, de l’empêcher d’atteindre les navires célestes pendant un certain temps encore. Ils n’avaient pas encore décollé, mais Irusk ne devait pas être loin de cet objectif.

« Poussez », Cria Stryker. « Abattez-les ! »

Les Lames-Tempêtes resserrent les rangs derrière lui, formant un coin serré avec lui et Vî Arsouye comme pointe, et ils tranchèrent et formèrent leur chemin à travers l’ennemi. Ils franchirent une bonne trentaine de mètres le long de la rivière, passèrent les barrages, et maintenant, Stryker pouvait voir les navires célestes khadoréens dans toute leur épouvantable gloire.

Chaque navire était trente pourcents plus grand que le navire cygnaréen Perce-Nuage. Chaque pont intermédiaire était un treillage ouvert, et chaque pont supérieur était une étendue plate qui pouvait contenir des douzaines de warjacks. Cinq globes blindés couvraient l’intégralité de chaque navire et abritaient probablement les moteurs célestes. Enfin, quatre canons en copule dépassaient du fond de chaque navire, plus gros que tout ce que Stryker avait jamais vu sur le terrain.

Si les navires célestes s’envolaient, ils détruiraient tout ce pour quoi il s’était battu. Il laissa cette effroyable pensée le motiver à continuer, accordant une force induite par la panique à ses coups et le portant en avant.

. . .

MAGNUS ENTENDIT STRYKER ARRIVER AU CONTACT avec les kommados d’assaut alors qu’il descendait une rue étroite de Merywyn. L’anneau d’acier et le grésillement des décharges d’énergies galavaniques étaient indubitables.

« On dirait que le seigneur général prend du bon temps », déclara le Capitaine Blackheal aux côtés de Magnus. Le corps de carabinier rhulique semblait presque étourdi par l’excitation.

« Nous somme sur le point de le rejoindre », dit Magnus en jetant un coup d’oeil derrière lui, où quarante autres nains s’était accroupi à côté et autour du courtaud, mais toujours massif Avalancheur. Le second du capitaine, l’énorme ogrun Urgan, criait des ordres à la machine, la guidant avec la teneur affirmée d’un contrôleur de ‘jack.

Ils avaient devancé Stryker, et lorsqu’ils retournèrent au bord de la rivière, le souffle de Magnus se bloqua dans sa gorge. Les trois navires célestes khadoréens seraient l’une des choses les plus merveilleuses qu’il ait jamais vues s’ils n’étaient pas aussi terrifiants. Peu de choses que Magnus avait rencontrés sur le champ de bataille l’effrayaient, mais les trois monstres métalliques flottants dans le lit du fleuve asséchaient sa bouche et lui volaient la force de ses membres.

« Par les Pères », dit le Capitaine Blackheel, « nous les avons aidés à les fabriquer. »

Ce n’était pas une question, et le ton du nain voulait tout dire. Il reconnaissait la menace non seulement pour sa propre vie ou celles de ses alliés, mais pour sa patrie, pour la patrie de chacun.

Magnus refoula sa peur et se concentra. Stryker était en plein combat avec une foule de kommandos d’assaut, mais ils avaient d’autres problèmes. Une petite force de Man-O-War remontait du lit du fleuve, dirigé par le Kommandeur Strakhov. Son warjack personnel, Torche, tonnait à côté de lui C’était le problème immédiat. Au-delà de cela, Magnus aperçut Irusk dans le lit du fleuve diriger des soldats et des machines sur des rampes de chargement et dans les navires célestes. Strakhov n’était donc qu’une distraction – mortelle, mais une distraction tout de même.

« Capitaine, je veux vos carabiniers sur ces kommandos d’assaut », dit Magnus. « Murgan, vous et l’Avalancheur, avec moi. »

le Capitaine Blackheel fit un signe de la tête. S’il n’aima pas que Magnus lui donne des ordres à lui et à ses nains, il ne le montra pas. « Murgan, fais ce qu’il dit. »

« Où allons-nous ? » demanda le grand ogrun, en détachant son bouclier et en portant et en épaulant sa vouge de guerre.

« Refaire connaissance avec le Kommandeur Strakhov. »

. . .

STRAKHOV JURAIT LOURDEMENT. Les kommandos d’assaut se faisaient tailler en pièces. Il n’avait pas d’autre choix que de les envoyer pour intercepter Stryker, mais cela lui faisait mal de voir de courageux hommes et femmes donner leur vie simplement pour ralentir l’ennemi. Les Stormbreakers étaient plus importants. Ils le savaient, il le savait, mais c’était une vérité amère.

Il était clair qu’ils ne résisteraient pas longtemps, et qu’ils ne ralentiraient pas suffisamment Stryker pour faire a différence. Strakhov avait embarqué le peu de Man-O-War qu’Irusk ne chargeaient pas à bord des navires. Le kommandant suprême craignait toujours que la bataille ne déborde sur les navires célestes eux-mêmes. Strakhov s’était empressé de renforcer les kommandos d’assaut e tralentir encore et peut-être même vaincre Stryker.

Il avait confiance en lui. Stryker avait trop dispersé sa petite force entre les attaques sur les casernes et la fonderie. Strakhov étendit sa volonté jusqu’à Torche, se préparant à charger, sa vision tournée vers Stryker Ils s’étaient rencontrés lors d’un combat en tête-à-tête à Croix-des-Fleuves, et il avait envie de reprendre leur duel.

Il pouvait sentir l’impatience de Torche d’engager le Vî Arsouye alors que sa déchiqueteuse hurlait. Ils étaient sur le point de prendre le dessus sur Stryker lorsque terrible grondement de l’artillerie approchante retentit – et Torche disparut dans un souffle de flammes et de fumées.

Les dommages causés au warjack beuglèrent dans l’esprit de Strakhov même s’ils étaient minimes : le blindage roussit, un relais galvanique réduit à cinquante pour cent de sa capacité opérationnelle. Le coup était venu d’un côté enregistrant ce qu’il voyait. Asheth Maagnus et un ogrun en armure archaïque le chargeaient avec un warjack rhulique en remorque, un Avalancheur. Derrière eux se trouvaient des rangs de guerriers nains. Le Corps de Carabiniers formait une double ligne de tir et commença à tirer sur les kommandos d’assaut.

Strakhov secoua la tête et jura. Il aurait dû savoir que Magnus se cacherait quelque part dans les environs. Malgré les années d’inimitié entre Stryker et Magnus, ils semblaient pratiquement unis comme des siamois durant ce conflit.

En quelques secondes, Strakhov calcula les chances d’une victoire. Il savait que Magnus le clouerait surplace jusqu’à ce que Stryker achève les kommandos d’assaut ; et qu’ensemble, ils le submergeraient. Cependant, cela ne servirait pas du tout les intérêts de la Mère Patrie.

Il battit en retraite.

. . .

« Modifié: 31 mai 2020 à 23:19:38 par elric »
Citation de: Maître Yoda
Trop gentil tu seras, dans le côté obscur tu l'auras.

Si vous constatez des fautes d'orthographe et/ou de conjugaison, des phrases à remanier pour une meilleur compréhension.
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Re : STORMBREAK - 3ème partie
« Réponse #10 le: 17 mai 2020 à 18:19:06 »
STRYKER OBSERVA L’OGRUN MURGAN en train d’écraser son bouclier dans le dos d’un kommando d’assaut, brisant probablement la colonne vertébrale de l’homme, puis décollant la tête d’un autre d’un coup de sa vouge de guerre. Magnus rejoignit la mêlée peu de temps après, se frayant un chemin sanglant à travers les khadoréens pour retrouver Stryker au milieu de ce qui était devenu rien de moins qu’un abattoir.

Le combat pris fin brusquement, une vingtaine de kommandos d’assaut restant jetant leurs armes et battant en retraite. Quelques Lame-Tempête, ensanglanté, allaient les poursuivre, mais Stryker les appela. La vraie menace était en dessous.

Magnus ouvrit la bouche, peut-être pour fournir un rapport, mais un bourdonnement faible et aigu se fit entendre jusqu’à devenir un terrible cri aigu le noyant. L’un des navires célestes khadoréens, ses énormes cheminées crachant des torrents de fumée noire, s’éleva du sol, un pesant léviathan à qui l’ont eu donné des ailes.

Les deux autres navires célestes restaient au sol, les portes de leur immense baie ouvertes, et continuaient à charger des troupes et des munitions.

« Allez, allez, allez ! » hurla Stryker en pointant Vif-Argent. Il ne restait plus de temps pour une quelconque approche, mais une charge d’enfer vers le navire céleste le plus proche. Il reposait à deux cents verges de là, en bas du talus escarpé du lit du fleuve asséché.

Stryker et Magnus menaient la force combinée de rhulfolk et de lames-Tempêtes sur la pente, dérapant et glissant en descendant. Harcourt réussit à maintenir Arsouye sur ses pieds, et d’une manière ou d’une autre, l’Avalancheur réussit à rester debout également.

Ils touchèrent le lit du fleuve et coururent. Le souffle de Stryker brûlait dans ses poumons. Cent cinquante verges maintenant. Les portes d’une autre soute se fermèrent et ses moteurs se joignirent au terrible rugissement sonore du premier navire.

Il en restait un.

Cent verges, et il repéra une force de Garde des Glaces, une centaine ou plus, probablement récemment arrivé de plus loin dans la ville, se déplaçant pour les intercepter.

Les troupes ennemies les atteindraient avant qu’ils n’atteignent le dernier navire céleste. Stryker jeta sa tête en arrière et hurla de frustration.

« Grimpez dans ce maudit navire ! » Cria le Capitaine Blackheel. Le visage du rhulfolk était écarlate – courir ne faisait pas exactement partie de sa stratégie de combat. « Nous allons ralentir ces rouges pour vous. »

Stryker hocha la tête, détestant le fait qu’il n’avait pas le temps de reconnaître la bravoure et le sacrifice potentiel de ce nouvel allié.

Lui, Magnus et les Lames-Tempêtes se détachèrent du Corps de Carabiniers, les bruits des coups de fusil et le grondement du canon de l’Avalancheur s’estompant derrière eux.

L’embarquement des khadoréens était presque terminé, mais Stryker n’était plus qu’à vingt verges du dernier navire céleste. Une petite force de Man-O-War se tenait en haut de la rampe de chargement. Ils avaient réalisé que Stryker les atteindrait avant qu’ils ne puissent décoller.

Les Man-O-War vidèrent leurs boucliers cannons, labourant le sol devant Stryker et Magnus. Leurs deux champs d’énergies crépitèrent, les laissant indemnes mais secoués. Un petit nombre de Lames-Tempêtes n’eurent pas autant de chance.

« Arsouye d’abord ! » Cria Stryker à Harcourt, et le Cuirassier sprinta devant, galvanisé par la force arcanique d’Harcourt. Le warjack toucha la base de la rampe et la chargea tel un bélier doué de conscience et expressif. Des tirs directs des canons boucliers des Man-O-War fleurirent en rouge et noir sur la coque d’Arsouye, mais il défonça la porte de la baie — une énorme ouverture d’environ neuf mètres de haut et au moins aussi large – avec son marteau. Le Cuirassier se fraya un chemin et concentra les attaques ennemies sur lui tandis que Stryker, Magnus et ce qui restait des lames-Tempêtes gagnaient la rampe puis la baie de chargement au-delà.

Les yeux de Stryker s’adaptèrent à l’obscurité enfumée de la soute, un espace caverneux tel une vaste tombe en métal. À l’intérieur, il y avait des supports et des étagères pour le chargement, ainsi que des baies pour les warjacks. Celles-ci étaient heureusement vides, mais une douzaine Man-O-War c’étaient déjà problématiques.

Les portes de la baie demeuraient ouvertes et l’image choquante du sol disparaissant et laissant place au ciel ouvert rendait Stryker mal à l’aise. Comme si le moment collectif de retenue du souffle était passé, la bataille reprit, et Stryker plongea à nouveau dans la mêlée.

Les Man-O-War étaient redoutables, mais la présence d’Arsouye et de trois warcasters les surpassait. En quelques minutes, il n’y avait plus que des soldats cygnaréens dans la baie de chargement. Les dernières Lames-Tempêtes commencèrent à s’occuper des blessés, et Stryker leur laissa un moment de répit. Il n’y aurait encore de violents combats à mener.

Il s’appuya sur Vif-Argent, haletant. Agnus s’appuya avec un bras contre un mur, son visage était couleur du lait, et Harcourt s’assit sous Arsouye. Le warjack souffla un petit trille de vapeur et s’accroupit pour protéger son nouveau maître.

« Ça va, Harcourt ? » Demanda Stryker. Il n’insulterait pas Magnus en s’inquiétant de son étant.

Le jeune warcaster évita la question de Stryker. « Je reprends juste mon souffle, monsieur. »

Il se cala contre le marteau sismique d’Arsouye, et le warjack le tira doucement sur ses pieds. Stryker ne pouvait s’empêcher de ressentir un moment de nostalgie — Arsouye était à lui depuis de nombreuses années, et son ancien compagnon de bataille lui manquait.

« Une idée de l’endroit où se trouvent les moteurs célestes ? » Dit Magnus, en secouant le sang de Pourfendeur.

Stryker secoua la tête. « Pas exactement, mais as-tu remarqué ces sphères blindées quand on s’est approchés ? »

Magnus hocha la tête.

« Je suppose que ce sont les logements des moteurs célestes. » Stryker regarda autour de la baie, à la recherche des sorties. Il y en avait deux : un ascenseur à vapeur pour transporter les soldats, l’équipement et les warjacks au pont supérieur, et une solide porte métallique dans le mur ouest.

« Par là », dit Stryker.

« On ne peut pas faire passer Arsouye par là », fit remarquer Magnus. Stryker réfléchit. « Nous le laisserons ici avec la moitié des Lames-Tempêtes. Ensuite, nous utiliserons l’ascenseur pour les amener sur le pont supérieur. »

« Et nous ? »

« Nous allons trouver le moteur céleste le plus proche et le désactiver. »

« Juste un ? » Demanda Magnus.

« D’après les plans que j’ai vus de notre propre navire céleste, il faute plusieurs moteurs célestes opérationnelles pour faire voler quelque chose d’aussi lourd. Ils auront besoin de chaque once de portance qu’ils peuvent obtenir. »

« Je n’ai pas envie de percuter la ville », déclara Magnus.

Stryker sourit avec lassitude. « Si nous désactivons un moteur céleste, cela ne devrait pas nous faire tomber, mais cela forcera l’engin à atterrir. »

« T’es sûr de ça ? » Demanda Magnus.

« Non », admis Stryker, « mais nous ne pouvons pas laisser cette chose en l’air. »

« Cela laisse encore deux navires », déclara Harcourt. « Même si nous en écrasons un, deux de ces choses peuvent détruire notre armée, puis Corvis, Port Bourne, Caspia… »

« Il n’a pas tort », dit Magnus, et soudain quelque de sinistre et de froid traversa son visage. « attends. Tu pourrais piloter ce truc ? »

« Moi ? Je n’en ai aucune idée. J’ai vu les plans de notre propre navire céleste, mais celui du Khador pourrait facilement être compétemment différent », dit Stryker.

« Personne n’a dit qu’il fallait le piloter correctement », déclara Magnus Il avait un regard dans les yeux qui pouvait être effrayant ou ressembler à de la joie. Stryker ne pouvait pas faire la différence quand il s’agissait de Magnus, mais il comprenait ce que voulait dire l’ancien mercenaire.

« Peut-être », dit-il.

« Nous avons un bélier volant de cent cinquante-deux mètres », poursuivi Magnus. « Dans quelle mesure notre propre navire est-il prêt pour le combat ? »

« Je n’ai aucun moyen de savoir ou même si Nemo a reçu notre message. »

« Mais il y a une chance si c’est l’un des nôtres contre l’un des leurs. Si deux contre un, il n’y a aucune chance », déclara Magnus.

La pièce était devenue froide et silencieuse, alors que chaque home et chaque femme envisageait ce que cette décision signifierait finalement. Stryker savait qu’ils les suivraient, mais il détestait donner l’ordre. Cela n’avait pas d’importance, il devait le donner de toute façon.

Très bien. Tous, dans l’ascenseur », ordonna-t-il. « On va se battre pour aller sur le pont. »

. . .

TANDIS QU’ILS ÉMERGEAIENT DES PROFONDEURS DU NAVIRE CÉLESTE dans le vaste vide bleu au-dessus, les genoux de Magnus ployèrent à cette vue. Le pont principal s’étendait sur une trentaine de mètres d’étendue d’acier plat et gris, interrompu uniquement par les marques des emplacements des ascenseurs des cales. Ils étaient à une trentaine de mètres du plancher des vaches, tout Merywyn s’étendait en dessous d’eux comme une carte détaillée. Une énorme masse de soldats khadoréens près de la muraille occidentale combattait une beaucoup plus petite force cygnaréenne et llaelaise. Puis, alors que le navire se déplaçait, il aperçut une autre armée, une mer bleue de troupes approchant du sud, et une autre force, un peu plus petite approchant du nord. Tout cela n’aurait pas d’importance s’ils ne mettaient pas hors services les vaisseaux.

Au moment où l’ascenceur se stoppa, ils étaient attaqués. Une autre force de Man-O-War, cette fois soutenue par un warjack Destructeur, ouvrit le feu sur eux. Les explosions projetèrent Magnus sur le pont, son champ d’énergie absorbant la plupart des nombreuses détonations.

Stryker chargea directement, Harcourt et Vî Arsouye pas loin derrière, les Lames-Tempêtes dans leur sillage. Magnus se releva, essayant de ne pas regarder au-delà du pont, le vide du ciel s’ouvrant de chaque côté.

Il invoqua sa magie et lança le sort Flou sur les Lames-Tempêtes avant de courir pour les rattraper. Arsouye s’était jeté sur le Destructeur avec son marteau sismique, écrasant le blindage et faisant reculer d’un pas le grand warjack. Magnus se précipita vers les deux warjacks, tranchant un Man-O-War d’un coup de Pourfendeur.

Soit Arsouye ou Harcourt l’avait vu venir, et le Cuirassier se déplaça vers la gauche, offrant à Magnus une ligne dégagée vers la jambe droite du Destructeur. Magnus concentra sa volonté, se glissa sous la bombarde du Destructeur, et lui taillada la jambe, une, deux, trois fois. Le fluide hydraulique gicla, et le warjack se tourna sur sa bonne jambe pour le fondre avec sa hache. Il se jeta  à plat ventre sur le pont, et la hache passa au-dessus de sa tête. Le sifflement du marteau sismique d’Arsouye vient un instant plus tard, déformant la coque du Destructeur telle une fine tôle et détruisit son cortex. Il bascula, huit tonnes de ferraille inerte.

Stryker, Harcourt et les Lames-Tempêtes s’occupèrent rapidement des Man-O-War, mais non sans un coût. Une demi-douzaine de cadavres de Cygnaréens gisaient parmi les khadoréens morts.

Par-dessus eux, la superstructure du pont se dressait à dix-huit mètres dans les airs ; derrière aux, le gémissement hydraulique d’un autre ascenseur s’élevant vers pont supérieur retentit, apportant probablement plus de troupes.

« Je vais retenir tout ce qui arrive avec cet ascenseur », déclara Magnus. « Je vous ferai gagner autant de temps que possible. »

Stryker hocha la tête. « Si je ne vous vois pas après ça… »

« Tu peux t’estimer chanceux », déclara Magnus en souriant, bien qu’il saisisse l’avant-bras de Stryker pendant un moment. « Aller. »

« Harcourt, tu es avec moi », déclara Stryker. « Reste en contact avec Arsouye aussi longtemps que tu le peux. »

« Ils se tournèrent et sprintèrent vers le pont.

Magnus se prépara à résister à la marée.

. . .

STRYKER ET HARCOURT ATTEIGNIRENT l’entrée de la structure du pont, une petite porte au bas d’un pilier trapu en acier. Rien de plus grand qu’un homme ne pouvait entrer par cette porte, et même alors uniquement une personne à la fois. La prise du pont ne serait pas chose facile.

Comme on pouvait s’y attendre, la porte était verrouillée.

« Reculez », dit Stryker, en pointant Vif-Argent et en lâchant un projectile d’énergie galavanique. Des étincelles jaillirent, et la porte chuta vers l’intérieur, révélant d’étroits escaliers métalliques qui montaient.

Harcourt dégaina son canon à main et son épée mékanique. Stryker tenait Vif-Argent près de son corps ; l’arme n’était pas conçue pour des espaces étroits, mais il se débrouillerait. « J’y vais en premier. »

« Le pont et le centre de commandement doivent être au sommet », déclara Harcourt, derrière Stryker en montant les escaliers.

Stryker se déplaça prudemment d’un étage à l’autre. Il y avait plus de portes à chaque palier, mais il continuait à monter, ses jambes devenant lourdes dû à l’effort de grimper en armure.

Stryker bondissait en avant à chaque tournant des escaliers, sachant qu’il risquait de se heurter à une larme ennemie ou de recevoir un coup de canon à main à une portée horriblement rapprochée.

Il s’avéra que ce fut le premier.

Le Man-O-War attendait, sa hache exterminatrice contre le mur. Stryker ne le vit pas avant d’avoir franchi le coin du dernier palier. Il réussit à se tourner sur le côté une fraction de seconde avant que l’arme ne frappe, mais elle traversa son champ d’énergie et endommagea son armure. Le coup expulsa l’air de ses poumons et le projeta en vas des escaliers. Le Man-O-War le suivit, brandissant sa hache telle une lance. Il avait clairement l’intention d’utiliser son poids et son élan pour embrocher Stryker.

Le Man-O-War était à mi-chemin lorsque le canon à main d’harcourt détonna. Le coup de feu frappa le casque du soldat khadoréen mais ne le pénétra pas. Au lieu de cela, il propulsa le khadoréen sur le dos. Sautant par-dessus Stryker alors que le Man-O-War s’abattait, Harcourt empoigna sa lame à deux mains et l’enfonça dans la cuirasse du khadoréen, la tordit et dégagea l’arme.

Stryker se releva et vint derrière Harcourt.

« Tu as appris une ou deux choses du Maréchal d’Elyse », dit-il.

Harcourt se tourna vers lui, le visage pâle, et hocha la tête. « Surtout pour leur tirer dessus puis les poignarder. »

Stryker frappa le jeune warcaster dans le dos et continua de monter les escaliers.

Ils atteignirent le sommet peu de temps après. Une autre porte.

Ils doivent nous attendre de l’autre côté », dit Stryker, sachant que le pont serait très bien protégé.

Harcourt questionna : « Des sorts ? »

« Bouclier mystique », répondit Stryker. « Alors je veux que tu les chopes avec ton canon à main. L’un de nous doit survivre assez longtemps pour piloter le navire céleste.

Il n’y avait pas de peur dans les yeux d’Harcourt, juste une détermination résignée. Il connaissait son devoir. Il n’était pas juste qu’un jeune warcaster aussi prometteur meure de cette façon, mais Stryker savait qu’il n’existait pas de mots pour le réconforter.

Ils lancèrent chacun leurs sorts, et leurs champs d’énergie brillèrent tandis que le sort bouclier mystique leur apportait une énergie protectrice. Stryker fit un signe de tête à Harcourt puis a la porte.

Des coups de feu retentirent avant qu’il ne puisse pénétrer dans l’endroit, mais les balles rebondirent sur son champ d’énergie. Le pont formait un large demi-cercle, des tableaux de bord d’un côté sous d’immenses fenêtres s’ouvrant sur le ciel. Il y avait la Garde des Glaces, une douzaine au moins, et deux Man-O-War flanquant ce que Stryker supposait être le kapitan du navire. Il avait espéré que pourrait être Strakhov ou Irusk, mais les warcasters khadoréens étaient probablement à bord de l’un des autres navires. Il pouvait les deux navires célestes devant eux, les canons sur le ventre tirant sur ce qui devait être l’armée cygnaréenne et ses alliés.

Sryker souleva Vif-Argent, reconnaissant de l’espace pour la manipuler. Le canon à main d’Harcourt détonna et un soldat de la Garde des Glaces tomba. Les autres se dirigèrent vers Stryker, leur intention étant de l’assaillir. Il virevolta et sabra, Vif-Argent tranchant à travers les corps avec la puanteur de la chair cuite.

Un éclair d’énergie bleue traversa l’air, frappant l’un des Man-O-War et le faisant reculer d’un pas. Le kapitan dégaina un canon à main et tira sur Stryker, le rata et touchant plutôt l’un de ses propres hommes dans le dos.

Avant que Stryker ne puisse crier un ordre, Harcourt se joignit à la mêlée, utilisant son canon à main dans sa main gauche telle une massue tout en manipulant son épée de l’autre. Davantage de la tutelle d’Ashlynn d’Elyse, imagina Stryker.

Il ne restait plus que trois Garde des Glaces. Strykers’éloigna d’Harcourt pour s’occuper d’eux et se concentra sur le Man-O-War et le kapitan. Il para la hache exterminatrice du Man-O-War et virevolta dans l’allonge du soldat, mais ne l’attaqua pas. Au lieu de cela, il sabra le kapitan, qui rechargeait à la hâte son canon à main. Vif-Argent décolla le haut de la tête de l’homme dans une goutte de sang, puis Stryker virevolta à nouveau, découpant la jambe d’un Man-O-War, l’invalidant au sol. La fureur et le désespoir le poussaient à présent ; toute prétention de technique s’effaça. Il frappa le dernier Man-O-War avec une force brute, poussant la force mystique dans ses coups. Son premier coup trancha la hache de l’homme en deux. Le second lui arracha le bras droit au niveau du coude. Le dernier dans son casque, fendant l’acier jusqu’au hausse-col. Il tomba raide mort.

Stryker se retourna. Harcourt se tenait au-dessus des cadavres de ses ennemis, du sang coulant sur son visage alors qu’il titubait vers Stryker.

« Où es-tu touché ? » Demanda Stryker.

« Un coup de hache », dit-il. « Une blessure au cuir chevelu. Je suis juste étourdi. »

Stryker voulu vérifier la blessure, mais à quoi bon ? Rien de tout cela n’aurait d’importance assez tôt. Il se tourna vers les commandes et réalisa avec un soulagement silencieux qu’elles n’étaient pas trop différentes de celles qu’il pouvait voir sur un vaisseau à voile standard. Il y avait même une roue, et à côté, des commandes et des leviers. Il comprenait suffisamment le khadoréen pour lire les mots pour l’altitude et la poussée, bien que si ce navire céleste était comme le vaisseau cygnaréen, ces commandes n’enverraient que des messages aux ingénieurs surveillant le commandes du moteur céleste, indiquant de réduire ou d’augmenter la puissance des noyaux d’entraînements, ce qui à son tour, augmentait ou diminuait la vitesse et l’altitude. Il ne pouvait pas contrôler le navire lui-même – seulement les hommes qui le faisaient fonctionner.

« Comprenez-vous cela ? » Demanda Harcourt.

Stryker regarda par les immenses fenêtres devant lui le dirigeable le plus proche.
« Nous ne faisons pas de vol de précision ici », dit-il en posant les mains sur la roue. « Je vais juste viser la proue… »

Il tourna la roue vers le navire céleste khadoréen. Il y eut moins de résistance qu’il ne s’y attendait, et ainsi le navire tangua follement à tribord, le jetant Harcourt et lui par terre.

Stryker se releva et repris la barre, la stabilisant avant que le vaisseau ne s’éloigne de sa route. Cette fois, il procéda avec plus de prudence et de finesses et réussi à aligner la proue, plus ou moins, avec sa cible. Il attrapa le levier marqué poussée et le poussa en avant, ressentant un léger élan de sympathie pour les ingénieurs en dessous qui suivraient les ordres, les croyant de leur kapitan, ce qui signifierait finalement leur mort. Il ne se passa rien pendant quelques secondes, puis les moteurs rugir et le bruit du vent qui s’engouffrait devint un hurlement croissant.

« Ça y est » déclara Stryker, alors que le navire céleste khadoréen devant eux se rapprochait. Même si’ils se rendaient compte du péril imminent, ils ne seraient pas capables de manœuvre à temps. « William, je veux te dire - »

« Monsieur, regardez ! » Dit Harcourt en pointant du doigt.

Stryker se retourna pour voir un autre navire céleste venant du sud, un vaisseau tout à fait différent des autres. C’était plus un cuirassé qu’une barge, plus petit que les vaisseaux khadoréens, avec une large proue blindée qui se rétrécissait vers la poupe. Son pont était bas, continu du pont supérieur, et derrière lui, des bobines-tempêtes géantes emplissaient le ciel d’un feu bleu.

Nemo venait d’arriver.

. . .

SOULAGEMENT ET TERREUR ENVAHIRENT MAGNUS à l’approche du navire céleste cygnaréen. Son arrivée signifait que Neo avait reçu le message de Stryker, mais le Perce-Nuage se dirigea vers le vaisseau khadoréen avec un angle d’attaque évident, son pont rempli de soldats et de warjacks.

Magnus avait d’autres problèmes, ce qui lui fut rapidement lorsqu’une hache de la Garde des Glaces s’écrasa dans son champ d’énergie et rebondit sur sa cuirasse. Magnus ouvrit le torse de l’homme et lui et le balança par-dessus bord alors qu’il essayait de se retenir.

Les khadoréens étaient nettement plus nombreux que lui, et les renforts ennemis arrivaient depuis le bas à un rythme soutenu. C’était un problème, mais un dilemme plus grave était le fait que son bleu amical ne serait pas visible au sein d’un océan rouge ennemi pour les troupes cygnaréennes à bord du Perce-Nuage. Le Perce-Nuage flottait au-dessus du navire khadoréen afin que ses troupes puissent tirer sur l’ennemi. Il devait trouver un moyen de se signaler.

Magnus examina la mêlée tourbillonnante et trouva Vî Arsouye au milieu d’un enchevêtrement de Man-O-War et de Gardes des Glaces, balançant son marteau et aplatissant les hommes ou les projetant par-dessus bord pour les faire plonger vers leur mort. Le grand Cuirassier, avec sa coque bleue abîmée et sa silhouette incontournable, était aussi grand qu’un drapeau que Magnus pourrait lever. Le warjack était à une dizaine de mètres et une douzaine d’ennemis se tenaient entre eux. Maintenant, il avait besoin de faire de la place.

« Protégez-moi ! » Hurla Magnus à un deux Lames-Tempêtes, et les deux chevaliers se placèrent devant lui pour faire face à une autre attaque des khadoréens. Magnus se concentra et invoqua un sort, l’épuisement de ses réserves mystiques le stupéfiant presque. Les runes se formèrent, et à dix verges de là, le pont du navire khadoréens explosa vers le haut dans une gerbe d’acier, déchiquetant les soldats khadoréens les plus proches de l’explosion et en envoyant d’autres voler.

Il courut vers l’avant sur le pont brûlé, abattant un Garde des Glaces gravement blessé avec Pourfendeur. Au-dessus, les soldats du Perce-Nuage Raelthorne commencèrent à tirer, des pionniers et fusiliers déversant tir après tir dans la mêlée d’amis et d’ennemis.

« Arsouye ! » Cria Magnus en s’approchant du Cuirassier. Le warjack était toujours lié à Harcourt, et il y avait une petite chance, petite, que le warcaster vive et regarde à travers les yeux d’Arsouye. « Signale le navire. »

Arsouye écrasa un autre Garde des Glaces et libéra un souffle de vapeur interrogateur.

« Harcourt, bon sang, fais signe au Raelthorne », cria Magnus, puis tressaillit quand une balle rebondit sur son champ d’énergie. Le tir venait d’en haut.

Les yeux d’Arsouye clignotèrent, et Magnus sentit le subtil picotement de la présence d’un autre warcaster. « Harcourt, emmène-le au bord du pont. »

Vî Arsouye bondi en avant, labourant les derniers Gardes des Glaces et Man-O-War qui l’entouraient tel un train fou. Le warjack ne prit même pas le temps d’employer son marteau – défonçant simplement l’ennemi ou l’écrasant sous ses pieds.

Magnus couru derrière le Cuirassier, abattant tous les khadoréens assez rapide pour se mettre hors du chemin du vieil Arsouye. Le warjack atteignit le bord du pont, là ou les hommes à bord du Perce-Nuage pouvait facilement le voir, et agita son marteau. Agnus s’empressa de jeter un sort et lança un projectile arcanique en l’air, une traînée d’énergie dorée qu’il espérait voir agir comme une fusée éclairante.

Les tirs depuis le vaisseau cygnaréens cessèrent, puis il descendit juste sous le pont principal du navire céleste, un exploit de pilotage possible uniquement par quelqu’un connaissant intimement la machine.

« Saute » cria-t-on depuis derrière Magnus, et il se tourna pour voir Stryker et Harcourt se précipiter dans sa direction, leurs champs d’énergies pulsant en bleu alors qu’ils déviaient les lames et les balles ennemies. « Tous sur le Raelthorne ! »

« Quoi ? » Demanda Magnus, incapable de croire ce qu’il entendait. « Il y a pas une foutue rampe ou … »

Stryker le dépassa et sauta depuis le navire khadoréen. Il resta suspendu dans les airs durant une fraction de seconde et heurta le pont du Perce-Nuage au milieu d’une douzaine de fusiliers.

Harcourt et la douzaine de Lames-Tempêtes restants le suivirent puis Arsouye plongea. Douze tonnes de warjack percuta le pont renforcé du vaisseau cygnaréen avec un bruit semblable à celui d’une montagne tombant sur le sommet d’une montagne.

Les tirs reprirent depuis le pont du vaisseau cygnaréen, tandis que les fusiliers et les pionniers dissuadaient les soldats khadoréens de suivre.

Magnus secoua la tête, combattit tous les instincts hurlants de son cerveau et sauta.

. . .

LES DEUX NAVIRES KHADORÉENS SE PERCUTÈRENT dans un bruit surnaturel, une explosion de métal brisé, de bois éclaté et le grondement sourd de mille canons.

Du pont du Raelthorne, Nemo regardait les deux vaisseaux plonger vers le sol, un enchevêtrement flamboyant de métal brûlant. Ils étaient suffisamment éloignés de la ville pour que les navires s’écrasent sans danger dans le fleuve, projetant une puissante écume de vapeur et d’eau.

« Tous mes hommes sont là, Général Artificier », dit Stryker, la voix fatiguée. Les cheveux roux du warcaster étaient enchevêtrés, et son armure cabossée et ses yeux fatigués exprimaient des jours et des jours de combat. « Abattons ce chaland flottant. »

Nemo secoua la tête. « Ce Perce-Nuage n’est pas armé. »

« Quoi ? » Prononça Asheth Magnus. « Vous avez lancé cette chose dans moyen de gérer ce truc ? »

Il pointait du doigt l’imposante forme du dernier navire céleste khadoréen, à quelques kilomètres de là. Si Stryker avait l’air épuisé, Magnus semblait sur le point de s’écrouler ; l’homme n’était pas beaucoup plus jeune que Nemo, bien que ni l’âge ni la fatigue n’aient empêché son emportement.

« On n’a pas eu le temps », répondit Nemo, essayant d’être patient. « Je l’ai lancé dès que nous avons reçu le message de Stryker. »

« Eh bien, nous pouvons l’éperonner ? » Dit Stryker. Son visage s’assombrit. Il venait de survivre à une mort presque certaine, mais il était là, prêt et disposé à entreprendre le même plan d’action. C’était un soldat jusqu’au bout.

« Cela pourrait fonctionner, mais le Raelthorne est beaucoup plus petite que l’abomination d’Irusk. » Une partie de Nemo voulait sans aucun doute savoir comment, par le souffle de Thamar, ils avaient réussi à faire décoller une telle masse de métal du sol « Nous pourrions nous y fracasser  nous briser et chuter telle une pierre, sans y avoir fait de dégâts réels. »

« Alors à quoi jouons-nous ici ? » Demanda Magnus.

« Ce navire est chargé avec autant de soldats et de warjacks qu’il peut en transporter, y compris un Ouragan », déclara Nemo. « La réponse est simple : nous le rattrapons et nous l’abordons. »

« On peut le rattraper ? » Demanda Stryker. « Il a déjà viré vers Corvis, avec une bonne longueur d’avance. »

« Une sacrée foutue bonne question », déclara Magnus, « et pour aggraver les choses, je parierais qu’Irusk est à bord de celui-là. Il a perdu Merywyn, et vous savez qu’il veut nous faire payer pour ça. Il détruira Corvis et la plupart de la Première Armée sur son chemin. Par dépit, si ce n’est que par méchanceté. »

« Le Raelthorne est plus rapide, sans aucun doute », déclara Nemo, « mais le vaisseau khadoréen est trop loin devant. »

« Ça aiderait si on trouvait des rames et qu’on ramait ? Crachat Magnus.

Nemo hésita, l’oeil brillant, manifestement sur le point de répondre aux sarcasmes de Magnus, mais il se tourna vers Stryker. « Non, nous ne pouvons pas rattraper le vaisseau khadoréen, pas selon la puissance propre du Raelthorne. »

Les yeux de Stryker se rétrécirent. « Que proposes-tu ? »

« Moi, je ne suggère rien », déclara Nemo. « Mais je vous dis que les turbines arcaniques de ce Perce-Nuage sont alimentées par des Accu-Tempêtes. »

Stryker compris immédiatement, mais l’inquiétude sur son visage n’était pas particulièrement convaincante.

« Général Artificier… » Commença-t-il. « Sebastian, nous ne parlons pas de suralimenter un warjack- »

« Ne pensez-vous pas que je le comprends, Seigneur Général ? » Lâcha Nemo. « Vous ne pensez que je connais pas le risque que nous prenons ?

Stryker baissa la tête. « Mes excuses. J’ai parlé à tort et à travers. » Nemo soupira. Stryker vit sa colère s’évaporer, une émotion plus terrible couvrir ses traits : le doute. « Non, mon garçon, tu as simplement dit la vérité, mais je ne vois aucune alternative. »

« Très bien alors. Je te fais confiance, bien sûr. Comment puis-je aider ? »

« Garde le bon cap pendant que je descends. » Nemo rassembla un sourire las. « Les choses pourraient devenir un peu cahoteuses. »

Magnus rigola, bien qu’il soit vide et sans gaieté. « Vous êtes tous les deux cinglés, mais j’en suis pour un foutu cuivre, pour une couronne chopée à Thamar. »

Nemo jeta un coup d’oeil sur le pont – à Stryker, à Magnus, aux officiers et aux soldats qui occupent leurs postes. Tous avaient leur regard fixé sur lui, mais ils savaient qu’il n’avait jamais été doué pour les discours. Les exposés de faits étaient plus de son domaine, même les faits les plus difficiles. »

« Nous allons rattraper Irusk », déclara le général artificier. « Nous aborderons ce navire et nous mettrons fin à cette guerre. »

Mais il n’avait pas l’air très sûr de lui.
« Modifié: 31 mai 2020 à 23:21:09 par elric »
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Re : STORMBREAK - 4ème partie
« Réponse #11 le: 20 mai 2020 à 22:03:43 »
— 23 —

UNE DÉFLAGRATION ÉCLATA AU-DESSUS D’ASLHYNN D’ELYSE lui fit claquer des dents, et elle pensa que le ciel pourrait se précipiter sur eux. Mais elle ne leva pas les yeux, ne détourna pas son attention de la tâche à accomplir. Le Man-O-War troupe de choc qui se tenait devant elle, cependant, n’était pas aussi concentré. Sa hache exterminatrice s’affaissa alors que son casque s’inclinait vers le ciel. Ashlynn employa cette fraction de seconde d’inattention pour enfoncer Némésis dans son casque et son crâne. Elle jeta alors un regard vers le ciel alors que son ennemi s’effondrait sur le sol.

Deux des navires célestes khadoréens s’étaient fracassé l’un dans l’autre, et tous deux retombaient sur terre, traînant des flammes, de la fumée et une pluie de débris. Les soldats llaelais, enfermés dans une bataille désespérée dans la cour de la caserne khadoréenne, se mirent à applaudir, mais ce fut une expression fugace.

Les khadoréens, eux aussi, se préoccupèrent de la question de la vie et de la mort sur le terrain, et la mêlée reprit. La cour était principalement remplie de Gardes des Glaces, qui affluaient toujours de la caserne.

Ashlynn, le Lieutenant Gastone Crosse et le mage balisticien llaelais Vayne du Brascio avaient mené une petite force à la caserne pour empêcher l’ennemi de submerger les troupes de Stryker et de Magnus alors qu’ils cherchaient à monter à bord ou à mettre hors d’état de nuire les vaisseaux célestes khadoréens. Compte tenu des destructions ci-dessus, il semble que les cygnaréens aient atteint les deux objectifs contre au moins deux de leurs cibles. Retarder l’ennemi ici ne semblait plus nécessaire.

Ashlynn scruta la cour, parant les haches des Gardes des Glaces et ignorant les occasionnelles balles qui s’écrasaient sur son champ d’énergie.. Elle aperçut Gastone en train de se battre aux côtés de son Nomade à la coque noire, l’étrange lueur verte de son canon à main maudit projetant l’ombre de son warjack, énorme et vacillante, sur les pavés. Vayne di Brascio se battait dans un groupe de llaelais, employant son pistolet cinémantique et son sabre pour tuer l’ennemi et protéger ses alliés

Elle s’avança vers Gastonne, rassemblant au fur et à mesure les troupes llaelaises. Elle utilisa son armure, son champ d’énergie et sa lame mékanique pour se frayer un chemin à travers la foule ennemie. Elle laissa sa Mule, Soldat, derrière elle, près de la porte, sa masse de combat dégageant ce qu’elle espérait être leur voie pour s’échapper.

Elle atteignit Gastone alors que le jeune warcaster tirait sur un autre Garde des Glaces à bout portant, faisant exploser la majeure partie de la tête de la femme et arrachant l’âme de son cadavre. Ashlynn grimaça, mais l’arme maudite de son protégé était un problème pour une autre fois.

« Lieutenant », cria-t-elle ? Gastone tourna vers elle des yeux vitreux, ses mains rechargeant inconsciemment et adroitement son arme. Elle rencontra son regard. « Nous devons partir. Maintenant. »

Elle désigna le ciel.

Gastone leva les yeux et sembla revenir à lui. Il sourit et quelque chose comme du soulagement passa brièvement sur ses traits.

« Le seigneur général a réussi, je vois », dit-il. « Dommage qu’il en reste un. »

Ashlynn ignora le propos. « Nous devons pousser jusqu’à la porte et sortir de cette caserne. »
Gastone fit un signe de tête. « Bien qu’il y ait beaucoup de rouge entre ici et là-bas. »

Ashlynn ne pouvait être que d’accord. La cour grouillait d’ennemis. Les officiers savaient que deux cibles prioritaires étaient à leur portée. « C’est un ordre, Lieutenant. »

« Bien sûr, Maréchal », répondit Gastone en pointant du doigt. « Mais d’abord recueillons le Capitaine di Brascio. »

Le mage balisticien se tenait seul, entouré de soldat llaelais morts, tailladant et tirant dans une frénésie d’acier et de fumée.

« Allez vers la porte », dit Ashlynn. « Frayez-vous un chemin. Je vais chercher di Brascio. »

« D’accord. Allons-y, Cleaver », ordonna Gastone. Son nomade souffla une note affirmative et l’a ponctué en en tranchant par-dessus son maître un Garde des Glaces chargeant. Puis le Nomade s’avança ; Gastone et les autres soldats llaelais lui emboîtèrent le pas.

Ashlynn invoqua sa magie et améliora sa vitesse de déplacement et le temps de réaction avec son pouvoir arcanique avant de sprinter à travers les khadoréens s’approchant. Les membres de la Garde des Glaces étaient des soldats du rang, non entraînés ni équipés pour affronter un warcaster dans un combat individuel ou même à dix contre un. Elle se fraya u chemin avec une relative facilité, et ils renoncèrent rapidement à l’intercepter. Les imposants Man-O-War, cependant, étaient un vrai problème, et la petite unité khadoréenne lourdement armurées dans la caserne avaient ses boucliers côte à côte et fonçait vers Vayne di Brascio.

Elle atteignit le mage balisticien juste au moment où le mur de bouclier de Man-O-War s’abattait sur lui. Elle frappa le khadoréen de tête, mais Némésis glissa sur son bouclier. Elle fit un bond en arrière pour éviter le coup descendant de la hache exterminatrice et de celle de son compatriote à côté de lui.

« Maréchal, que faites-vous ? » cria di Brascio en rechargeant son pistolet cinémantique à double canon.

« Te sortir d’ici », grogna-t-elle, parant une autre hache exterminatrice et faisant cracher son canon à main sur son propriétaire. La lourde munition fit reculer la tête du khadoréen en arrière mais ne pénétra pas – il ne brisa pas les rangs.

Di Brascio tourna le dos au sien, puis déchaîna la double détonation de son cinémantique. Ils étaient entourés par les troupes khadoréennes. La Garde des Glaces, renforcée par la présence des Man-O-War, avait établi une ligne de tir, et une douzaine de tromblons furent alignés dans leur direction. La Garde des Glaces comptait évidemment sur les boucliers et les épaisses armures des Man-O-War pour repousser toutes balles perdues. C’était un risque qu’ils durent juger utile de prendre dans l’espoir de tuer l’un des plus importants chefs de la Résistance Llaelaise.

« Sang et enfer », siffla Ashlynn en attrapant di Brascio et en les faisant tourner tous les deux, plaçant son armure et son champ d’énergie entre lui et la Garde des Glaces. Le tonnerre remplit la cour et son champ d’énergie se mit à briller. Elle tituba et se mit à genoux lorsque deux projectiles passèrent au travers et frappèrent sa cuirasse et ses épaulières.

Di Brascio fit feu, avec son pistolet cinémantique, sur le mur de bouclier de Man-O-War. Là où le tir d’Ashlynn n’avait pas réussi à pénétrer, la balle ensorcelée de si Brascio perça le bouclier, l’armure et l’homme dedans. Un Man-O-War tomba, créant un trou dans leur ligne, et Ashlynn se leva, ignorant le sang coulant sur son épaule où une balle d’un Garde des Glaces avait transpercé l’armure et les chairs.

Elle invoqua un sort, sachant que ce serait son dernier combat, son dernier effort avant que les khadoréens ne l’abattent. Mais elle mourrait l’épée à la main, et cette épée serait rouge du sang de ses ennemis. Des runes se formèrent autour de son corps, et le monde autour d’elle ralenti tandis qu’elle plainait grâce à des ailes arcaniques. Elle tomba parmi les Man-O-War restants en un clin d’oeil. Son épée brilla et un ennemi mourut. Le khadoréen à côté de lui avança sa hache exterminatrice pour parer, mais il se déplaçait tel un insecte pris dans la sève. Ashlynn le transperça avant qu’il ne puisse bouger son arme de plus de quelques centimètres.

Le pistolet cinémantique de di Brascio retentit à nouveau, et Ashlynn put presque voir la balle en vol, un tison rougeoyant de la mort se dirigeant vers puis à travers un autre Man-O-War.

Cela ne pouvait durer. Le monde accéléra à nouveau, rugissant à nouveau de vie avec le tonnerre et les cris alors que le sort se dissipait. Ashlynn se tenait au-dessus des corps de quatre Man-O-War. Pas assez, et l’ennemi se rapprochait, un empressement glacé gravé sur leurs visages. Aujourd’hui, ils allaient liquider une légende, et chacun d’eux avait le malheur d’être le héros qui donnerait le coup de grâce.

Ils paieraient ce privilège avec le sang, jura-t-elle. Ashlynn souleva Némésis et se prépara à charger quand le boucan de tirs d’armes légères, rapides et en masses, retentit au-dessus de sa tête.

Des traînées de flammes s’élancèrent dans le ciel, tandis que des formes familières descendaient des cieux. La moitié des hommes-fusées ouvrirent le feu avec leurs carabines en descendant, aspergeant les khadoréens d’une grêle de balles. Les autres larguèrent des bombes à gravités, et des gerbes de feu projetèrent les corps ennemis comme des poupées démembrées dans toutes les directions.

Le chaos total régnait dans la cour alors que les troupes de la Garde du Creuset débarquaient. Revigorée, Ashlynn replongea dans la bataille. Un sombre espoir remplaça l’inutilité résignée et offrit une vigueur renouvelée à son bras armé.

Cela se termina rapidement – bientôt mes morts ennemis jonchèrent la cour. Les survivants tombèrent à genoux pour se rendre, l’empressement dans leurs yeux remplacés par une peur blanche.

« Maréchal », prononça quelqu’un, mais les oreilles d’Ashlynn tintaient et sa vision étaient brouillées. La force quittait ses membres et elle tomba en avant, dans les bras d’une silhouette familière, dont les fusées dégageaient encore de la fumée.
« Je te tiens, Maréchal. Je te tiens. »

. . .

ASHLYNN OUVRIT LES YEUX ET SE TROUVA couchée sur le ventre sur une paillasse rugueuse dans une pièce en pierre ordinaire. Elle portait encore son armure, le poids de celle-ci la pressait contre le matelas de paille. Elle gémit et se mit en position assisse. Il y avait d’autres paillasses, sur chacune était alité un soldat llaelais blessé. En regardant autour d’elle, elle réalisa qu’elle était à l’intérieur de la caserne khadoréenne où elle avait failli mourir.

Ceux qui s’occupaient des blessés, dans la caserne, la remarquèrent assise droite, et une grande femme, portant le kit d’un homme-fusée de la Garde du Creuset se précipita dans sa direction. Ashlynn avait combattu aux côtés du Capitaine Elsa Swift plus d’une fois durant ce siège et fut heureuse de la voir.

« Maréchal, vous devriez vous reposer », déclara Elsa, en demandant à l’un des médecins de la rejoindre.

Ashlynn se leva et fit une grimace. La pire douleur provenait de son épaule droite, à la balle du Garde des Glaces avait percé son champ d’énergie et son armure. Elle pouvait encore bouger ce bras, cependant, donc ce n’était peut-être pas trop grave.

« Je n’ai pas le temps de me reposer, Capitaine », répondit Ashlynn. Elle fit signe de tête à l’infirmier, un homme aux cheveux noirs en uniforme cygnaréen. « Pansez la blessure de mon épaule. »

« Vous devez enlever cette épaulière »,dit le médecin.

Elsa se plaça derrière Ashlynn et l’aida avec les sangles. « Je ne vais pas discuter avec vous , Maréchal. Si vous dites que vous êtes aptes à vous battre, alors je vous crois sur parole. »

« Bien, maintenant, dites-moi ce qui se passe là-bas. » Elsa souleva l’épaulière, et le médecin pris sa place.

Il examina la blessure avec douceur.

« La balle a traversé les chairs », murmura-t-il. « Le saignement s’est arrêté et il n’y a aucun dommage à l’os. »

Ashlynn grogna une réponse, puis serra les dents alors que le médecin versait du coagulant sur la plaie avant de se mettre au travail avec du fil et une aiguille.

« La grande nouvelle est que l’armée ordique est en route », déclara Elsa. Les yeux d’Ashlynn s’écarquillèrent. « Vraiment ? »

Ils contournent la frontière del’Ombrie et remontent sur Midfast », déclara Elsa. « Dix mille divisions de boucliers. »

« Alors nous avons gagné », dit Ashlynn.

« Eh bien, il y a encore beaucoup de soldats khadoréens à l’intérieur et à l’extérieur de la ville », averti Elsa. « Ils ne vont probablement pas battre en retraite de sitôt, et il y a toujours un de ses maudits vaisseaux dans les airs. »

« Là. Cela devrait tenir », dit le médecin en tapotant l’épaule d’Ashlynn. Il les quitta pour soigner les plus gravement blessés.

Ashlynn fléchit son épaule ; c’était un peu mieux. « Je ne peux pas faire grand-chose à ce sujet. Stryker et Magnus en ont éliminé deux, nous devons leur faire confiance pour s’emparer du troisième. »

Elsa hocha la tête, le visage pâle. « Ce dernier vaisseau se dirige vers Corvis et La Première Armée Cygnaréenne. Irusk pourrait prendre Merywyn, mais il pourrait détruire Corvis et tuer des milliers avant que ses forces ne se rendent. »

« Cet homme a un nid de vipère pour âme », cracha Ashlynn. Elle détestait ne pouvoir rien faire pour éviter une telle destruction, mais il y avait encore beaucoup à faire ici. « Où sont le Lieutenant Crosse et le Capitaine di Brascio. »

« Dans la cour, ils vous attendent », dit Elsa en souriant. « Ils ne pensaient pas non plus que vous vous reposeriez longtemps. »

Ashlynn sourit et pris Némésis – quelqu’un l’avait soigneusement appuyée contre la paillasse à portée de main. Elle vérifia si le lien avec Soldat était toujours actif et fut soulagée de constater que la vieille Mule était toujours opérationnelle. « Merci, Capitaine. Pour tout. »

« Heureuse de vous aider », répondit Elsa. « J’ai des rapports indiquant que la porte est est mal défendue. J’allais mes Hommes-Fusées et, euh, aggraver la situation. Vous voulez vous joindre à nous ? »

Ashlynn gloussa en s’armant. « Tenter juste de m’arrêter. »

— 24 —

LE CIEL AU-DESSUS DE MERYWYN GROUILLAIT DE GÉANTS. Le Major Elizabeth Maddox n’avait jamais vu une telle chose, n’avait jamais imaginé un champ de bataille qui ne soit pas fait de terre, de pierre et de sang. Aujourd’hui, en tournant ses yeux vers le ciel et les vaisseaux qui s’y battaient, elle comprit que la guerre avait changé pour toujours.
Un seul vaisseau céleste khadoréen restait. Les deux autres s’étaient heurtés en plein ciel – Stryker et Magnus y avaient sans doute contribué – et n’étaient plus que des épaves fumantes dans le fleuve. L’un d’entre eux était encore un problème presque insurmontable – les canons hérissés du bas de sa coque pouvaient réduire une armée ou une ville en cendres. Le vaisseau gargantuesque volait vers le sud, loin de Merywyn, avec le Perce-Nuage cygnaréen à sa poursuite.

Maddox détourna son regard du ciel ; elle avait des préoccupations plus pressantes sur le terrain, principalement les hautes murailles de Merywyn et la masse grouillante de troupes khadoréennes devant eux. L’armée cygnaréenne qu’elle commandait occupait le milieu d’une grande ligne de soldats et de machines alliées qui, bien que forts et compétents, étaient largement en infériorité numérique. Les formes imposantes des Vulcains de la Garde du Creuset et la présence de leur infanterie lourde équilibraient quelque peu les chances, mais le succès dépendait de l’arrivée du Seigneur Général Duggan et de la Première Armée de Corvis.

Le champ d’énergie de Maddox s’est soudainement enflammé autour d’elle alors qu’une autre volée d’artillerie volait par-dessus les murs de la ville, et l’un de ses obus heurta le sol devant elle, réduisant un warjack Vanguard llaelais en éclats mortels. Un Chevalier-Tempête à ses côtés – Evans pensa-t-elle – attrapa un morceau de blindage surchauffée au visage et tomba dans une gerbe de sang.

« Chevaliers-Tempêtes », cria Maddox, essuyant le sang d’Evans sur son visage, «  tir de volée ! »

Elle s’empara de Tempête et libéra un projectile d’énergie voltaïque. Une ligne d’éclairs crépitants rejoignit une centaine d’autres. Des colonnes irrégulières de feu azur furent lancées dans les lignes du Khador, laissant des soldats morts dans leur sillage.

Maddox toucha les cortex des warjacks qu’elle contrôlait – deux Défenseurs et un Chargeur lesquels comprenaient presque tous les warjacks restants de Croix-des-Fleuves. Elle fit feu les canons des Défenseurs, projetant les obus au-dessus des têtes de ses troupes pour atterrir au centre de la ligne khadoréenne. Plus de soldats moururent, mais les rouges avaient une réserve apparemment inépuisable.

Les khadoréens n’avaient pas fait avancer le gros de leurs troupes, mais ils avaient engagé de l’infanterie lourde et beaucoup de leurs warjacks, dont deux Conquêtes. Elle regarda l’un des Conquêtes au corps à corps avec un Vulcain de la Garde du Creuset, et les deux monstrueuses machines se rentrer dedans en un fracas qui résonna sur le champ de bataille.
Les troupes khadoréennes s’éloignèrent des deux colosses luttant pour éviter d’être piétinés, créant un petit trou dans leur ligne. Maddox n’allait pas laisser passer l’occasion.

« Capitaine Yarbrough », cria-t-elle à un Chevalier-Tempête voisin, « prenez votre compagnie et soutenez ce Vulcain. Agrandissez ce trou. »

Yarbrough fit un signe de tête. « Oui, m’dame. »

Il se mit à crier des ordres aux autres chevaliers. Trois cents Chevaliers-Tempêtes quittèrent la ligne cygnaréenne et avancèrent compact vers le Vulcain et les troupes de la Garde du Creuset derrière lui.

« Tous les autres », cria Maddox en levant Tempête, « en avant ! »

Elle était sur le point de charger lorqu’un sifflement strident retentit derrière elle. Maddox tressaillit, s’attendant à une nouvelle volée d’artillerie, mais elle se retourna et vit à la place un messager se déplacer dans les rangs. La femme portait l’équipement du ranger du SRC et sifflait en avançant, annonçant sa présence et le fait qu’elle avait un message important.

« Attendez ! » Cria Maddox et les Chevaliers-Tempêtes l’encerclèrent, créant une barrière protectrice de chair et d’acier.

« Major Maddox », dit la ranger, le souffle coupé, les joues rouges à causes de l’effort, « je suis le sergent Connors. J’apporte des nouvelles du sud. »

« Est-ce le Seigneur Général Duggan ? La Première Armée est-elle arrivée ? » Demanda Maddox, l’espoir s’épanouissant dans sa poitrine.

Connors secoua la tête. « Je ne sais pas, m’dame. Je viens de Nordgarde, pas de Corvis. Je— »

Le gémissement d’un obus d’artillerie résonna au-dessus de sa tête, et Maddox attrapa la ranger et la tira contre elle. L’obus atterri à trente verges ; le champ d’énergie de Maddox s’éclaira à cause de l’onde de choc et des éclats d’obus, pas assez pour blesser les Chevaliers-Tempêtes armurés autour d’elle, mais potentiellement mortel pour un ranger non armuré.

Maddox relâcha Connors et la repoussa doucement. « Continuer. »

« Je … euh… merci », bégayât la ranger.

« Sergent », Maddox agita sa main, « nous sommes au milieu d’une guerre sanglante. Maintenant, crachez le morceau. »

« Oh. Oui bien sûr. Une grande force de Soldats ordique est passée à Nordgarde il y a trois jours », prononça finalement Connors.

« Plus de Garde du Creuset ? » Dit Maddox. Ce serait certainement utile. Leurs soldats et leurs machines se sont révélés extrêmement efficaces, même en petit nombre.

« Non, m’dame », la corrigea Connors. Des soldats ordiques, une dizaine de milliers. »

Maddox resta bouche bée et elle secoua la tête. « Répétez, sergent. »

« Des soldats ordiques, la Division Bouclier de Midfast sous le commandement du Général Vascar. » Malgré les hurlements de l’artillerie, le sifflement des balles et les cris des mourants, Connors sourit.

« Y a-t-il autre chose ? »

« Oui ? Le Roi Baird est parmi eux », déclara Connors.

Maddox rejeta la tête en arrière et se mit à rire. Alyce di Morray avait ait plus que convraincre son oncle de leur venir en aide ; elle avait réussi à faire sortir le vieux roi bandit sur le terrain. Il ne prendrait pas part aux combats, bien sûr, mais sa présence galvaniserait et inspirerait ses troupes. « À quelle distance sont-ils ? »

« Je les ai dépassés il y a deux jours », dit Connors. « Ils devraient atteindre Merywyn dans six heures. »

Maddox réfléchit. Le Général Vascar aurait peut-être des rapports sur les vaisseaux célestes qui se battent actuellement au-dessus d’eux, mais elle ne pouvait en être sûre.

« Des ordres, m’dame ? » Demanda Connors.

« Je veux que vous délivriez un message au Général Vascar. »

« Quel message ? »

Maddox pointa le ciel. « Dites-lui de diriger son artillerie vers les cieux. »

— 25 —

L’AURUM LÉGAT LUKAS DI MORRAY ESQUIVA le marteau de glace d’un Man-O-War, l’énergie glaciale transformant instantanément la sueur sur son front en givre. Il envoya son épaule dans le khadoréen, le propulsant en arrière, puis abattit son propre marteau d’un coup sec. Régulus écrasa le casque et le crâne du Man-O-War, la chaleur des injecteurs thermiques fusionnant l’acier et la chair éclatée en un alliage sanglant.

Les mortiers khadoréens étaient devenus silencieux. Ils avaient fait leur travail – la moitié ou plus des troupes de Lukas gisaient sous une montagne de gravats. Le seul point positif de cette bataille désormais vaine est qu’elle avait permis au Seigneur Général Stryker et au Major Magnus d’aborder et de saborder deux des vaisseaux khadoréens. Il avait observé deux Brise-Tempête se renter l’un dans l’autre et puis s’écraser dans le Fleuve Noir. Le troisième avait continué vers le sud, un vaisseau cygnaréen à sa poursuite.

Il devait battre en retraite, mais des hommes et des femmes étaient piégés et mouraient sous les décombres derrière lui. Un autre brigade de Démolition Man-O-War avait émergé de la fonderie à ‘jack devant, l’un criant des ordres à un Juggernaut. Il lui restait un Vengeur ; l’autre gisait écrasé sous un bâtiment. Un Vengeur et deux douzaines de fantassins lourds avaient peu de chances contre l’ennemi.

« Sergent », lança Lukas à un soldat d’assaut à proximité, « prenez la moitié de votre escouade et commencez à nettoyer ces décombres. Sauvez-en autant que vous pouvez. »

« Monsieur ? » répondit le soldat. « Nous devrions battre en retraite. »

« Pas encore. Je vais les retenir et vous donnez le plus de temps possible. Maintenant, vite, allez-y. »

Le soldat d’assaut fit ce qu’on lui avait ordonné, et bientôt une douzaine d’autres retournaient les décombres et extrayaient leurs frères et sœurs des ruines.

« Les autres avec moi », lança Lukas. Il s’avança à grand pas à côté de son Vengeur. Quinze soldats de choc se mirent en ligne derrière lui.

Lukas pointa Régulus et appuya sur l’interrupteur d’injection de son armure. Le sérum alchimique afflua dans son corps et une force arcanique emplit ses membres et son esprit. « Chargez ! »

Alors qu’ils débutaient un sprint, un cri rauque s’éleva autour d’elle de la part des soldats qui le rejoignaient. Le Vengeur souffla un violent jet de vapeur, et il lui ordonna de faire feu de son canon à compression alors qu’ils s’rapprochaient. Le feu alchimique explosa autour de l’ennemi – pas assez pour les blesser grièvement mais assez leur faire mal alors que ses forces comblaient l’écart.

Lukas repoussa un marteau de glace ennemi, écrasa la jambe du Man-O-War qui le maniait et poussa à travers la ligne ennemie. Son Vengeur le suivit, balançant son propre marteau d’un côté à l’autre, élargissant la brèche. La cible de Lukas était le Juggernaut. Les relais optiques du warjack khadoréen clignotaient pourpre. Il souffla de la vapeur et de la fumée tel un taureau en colère et déboula comme une avalanche rouge.

Lukas ralentit son rythme, laissant son Vengeur charger en avant, et transféra la force arcanique excessive qu’il avait puisé dans son sérum dans sa première frappe. Le marteau du Vengeur s’écrasa contre la coque du Juggernaut, le faisant reculer. Contrairement à la plupart des warjacks, qui nécessitait un contrôleur ou un warcaster compétent, les modèles khadoréens maîtrisent une compétence naturelle au combat dû à l’âge et l’expérience, ce qui manquait aux autres. Le Juggernaut faisait maintenant une démonstration d’une partie de cette compétence. Le Vengeur porta un autre coup, mais lorsque son marteau s’abattit, le Juggernaut attrapa l’arme par le manche avec sa main libre et balança sa hache de glace dans un puissant coup remontant.

Lukas sentit l’arme du Juggernaut mordre dans la jambe droite de son warjack. Puis un frisson glacé traversa son esprit lorsque le cortex de son Vengeur se saisit. Le gel envahi sa coque. Lukas observa avec horreur le Juggernaut frapper à nouveau, fendant le bras gauche de son warjack. Ensuite, le juggernaut enfonça son poing dans la coque, juste au-dessus de la tête du Vengeur, écrasant son cortex et mouchant sa présence dans l’esprit de Lukas comme si quelqu’un avait soufflé une bougie.

Le contrôleur du Juggernaut, un Man-O-War, aboyait ses ordres. Instructions simples : tuez le warcaster ennemi.

Lukas recula alors que le Juggernaut avançait, lançant à la hâte un sort pour renforcer son armure. Un geste largement futile – l’arme du warjack khaodréen le trancherait en deux, ou le ‘jack l’écraserait à coup de poing.

Il esquiva le premier coup de la hache de glace et riposta avec Régulus, écrasant et fondant en partie l’épaule blindée du Juggernaut. Les dégâts étaient insignifiants, et le poing du warjack s’abattit sur lui tel une grande comète rouge. Son champ d’énergie éclata autour de lui dans une lumière dorée, mais le coup le fit tomber et l’envoya voler. Il s’écrasa au sol, sur le dos, perdu son souffle et du sang. Le sérum commença à souder ses chairs, réparant les organes réduits en bouillie et les os brisés, mais cela n’aurait pas d’importance : le Juggernaut le démolirait avant que son sérum ne puisse le reconstituer.

Lukas se releva en s’appuyant sur son arme. Devant lui, ses soldats d’assaut combattant les Man-O-War dans un effort futile. Trois de ses hommes étaient déjà morts. Derrière lui, les troupes de choc sortaient leurs frères des décombres. Il en avait sauvé quelques-uns au pris de la vie d’autres.

Il cracha du sang, appuya sur son interrupteur d’injection, puisant presque tout le sérum, et fit face à son destin. Le Juggernaut s’approcha avec un sifflement de vapeur. S’il avait été dans une meilleure forme, Lukas aurait trouvé cela rigolo, presque comme si le ‘jack s’esclaffait.

Le Juggernaut leva sa hache et son ombre masqua le soleil. Lukas injecta ses dernières forces arcaniques dans Regulus et prépara un dernier coup avant de mourir. Mais la hache du Juggenaut ne retomba pas. Au lieu de cela, un cri strident et plaitif empli l’ait, suivi d’une explosion de flamme jaune contre la coque du Juggernaut. Le warjack recula, un trou fumant dans le blindage au-dessus de sa tête.

Lukas ne gaspilla pas l’occasion ni même tenta de localiser ses mystérieux bienfaiteurs. Il chargea, écrasant Régulus dans la tête du Juggernaut, poussé par toute la puissance arcanique qu’il put rassembler. Le warjack s’effondra, sa tête à moitié fondue, à moitié écrasée, et Lukas sauta par-dessus pour porter un coup à deux mains, écrasant le cortex du warjack et soufflant la lumière de ses relais optiques.

Le fracas des tirs d’armes légères retentit derrière lui, et il se retourna pour voir une ligne de nains, boucliers collés et carabines braquées, se déplaçant sur les décombres. Ils tirèrent à leur arrivée, concentrant leurs attaques sur les Man-O-War, repoussant l’ennemi et offrant à ses propres troupes une chance de se rallier et de former leur propre ligne.

Un warjack trapu, Lukas reconnut l’Avalancheur qui les avait accompagnés durant la remontée du fleuve – apparu, la forme imposante de l’ogrun Murgan le dirigeant en hurlant des ordres. À côté de l’ogrun vint la forme corpulente du Capitaine Corleg Blackheel, son visage déformé par un air renfrogné alors que lui aussi criait des ordres et poussait des jurons.
« Faites-les reculer, les gars ! » s’écriait Blackheel. « Tirez et aboulez. Tirez et aboulez. »

Les khadoréens se replièrent vers la fonderie, et Lukas les laissa battre en retraite, rassemblant ses soldats pour rejoindre leurs alliés.

« Capitaine Blackheel », dit Lukas, en s’approchant du capitaine nain mercenaire. « Vous êtes le bienvenu. »

Blackheel rit et cracha un jus de vernonia qui manqua de peu la botte gauche de Lukas. « C’est nouveau. Mais c’est agréable d’être désiré. »

« Vous étiez avec Magnus et Stryker, n’est-ce pas ? Je suppose qu’ils sont parvenus à monter à bords des vaisseaux célestes. »

« Oui, j’espère que vous avez vu les deux s’écraser dans le fleuve », répliqua Blackheel. « J’ai perdu un tiers de mes fusiliers pour que cela arrive. » Son visage s’assombrit, et son air renfrogné s’accentua. Lukas détecta sa colère mais aussi une constante et profonde tristesse. Malgré les défauts du Capitaine Corleg Blackheel, exilé à un poste misérable au milieu de nulle part, il se souciait toujours profondément de ses soldats.

Les khadoréens, maintenant sans warjack et en infériorité, avaient disparu à l’intérieur de la fonderie, mais Lukas savait qu’ils avaient encre des mortiers et peut-être d’autres pièces d’artillerie.

« Si vous voulez m’aider, capitaine, j’aimerais que vous concentriez le canon de votre warjack sur cette fonderie », dit-il.

Blackheel grogna un accord. « À nous deux, nous avons assez de puissance de feu pour tout faire s’écrouler autour d’eux. »

Il fit un signe de tête aux soldats de la Garde du Creuset qui continuait à extraire leurs frères des décombres. « Vous aimeriez peut-être prendre une petite revanche. »

Lukas eut un sourire fatigué. « Peut-être bien. »

« Modifié: 23 septembre 2020 à 17:25:56 par elric »
Citation de: Maître Yoda
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Re : STORMBREAK - 3ème partie
« Réponse #12 le: 25 mai 2020 à 15:20:13 »
— 26 —

LE SEIGNEUR GÉNÉRAL COLEMAN STRYKER REGARDAIT le dernier Brise-Tempête s’éloigner de plus en plus, bien que sa masse titanesque remplissait encore le hublot avant du Perce-Nuage. À ses côtés, Magnus, Harcourt et une douzaine d’autres officiers fatigués par la bataille observaient et attendaient.

L’équipage du Perce-Nuage maintenait le puissant navire sur le bon cap, envoyant et recevant des ordres d’en bas, où les puissants moteurs célestes propulsait le vaisseau dans les airs. Nemo était descendu il y a dix minutes, en promettant qu’il pourrait pousser les moteurs du vaisseau cygnaréen. Stryker en savait suffisamment sur les dons particuliers de Nemo en matière d’ingénierie mékanique et arcanique pour se douter que le vieux warcaster pourrait faire ce qu’il avait promis. Cela l’inquiétait. Le stress de la bataille était une chose pour un homme de l’âge de Nemo ; le stress d’amplifier la puissance arcanique d’un vaisseau colossal en était un autre.

« Lord Général », cria l’un des pilotes – il avait une extrémité d’un tube de communication collé contre son oreille, recevant des informations d’en bas. Il se tenait à la barre principale, un système compliqué d’interrupteurs et de cadrans affichaient des informations que Stryker comprenait à peine. Tout ce qu’il pouvait distinguer, c’était les indications de cap et d’altitude. »

« Qu’y a-t-il, capitaine ? » Demanda Styker.

« Le Général Nemo dit de garder le cap actuel … et de se tenir », dit le pilote.

« Qu’est-ce que ce vieux- ? » Débuta Magnus, puis le navire frissonna. Stryker sentit un bourdonnement à l’arrière de son crâne. Une sensation familière – elle indiquait la présence d’une puissante magie.

« Accrochez-vous à quelque chose », dit-il en s’agrippant à un tableau de bord à proximité. Le bourdonnement dans sa tête se transforma en un gémissement grave, et la proue du Perce-Nuage au-delà du hublot principal crépita de zébrures d’éclairs voltaïques bleus.

Un moment, le vaisseau céleste khadoréen était à des kilomètres de là, en bonne voie pour Corvis et la Première Armée. L’instant d’après, l’estomac de Stryker remonta dans sa gorge alors que le monde extérieur devenait flou. Cela s’acheva brusquement, projetant en avant toutes les personnes présentes sur le pont, dont certaines s’écrasèrent douloureusement contre les cloisons et les tableaux de bord.

« Qu’a-t-il fait ? » Demanda Harcourt.

Le Brise-Tempête remplissait la vue de son immensité ; ils n’étaient pas à plus de cent verge de son côté tribord. Son pont grouillait de soldats et de warjacks, des éclairs de lumière provenant de canons et de tirs d’armes légères se dirigeaient vers le Perce-Nuage, créant un brouhaha staccato alors que les balles et les projectiles d’artillerie criblaient sa coque.

« Il nous a donné une chance », déclara Stryker. « Magnus, Harcourt, vous êtes avec moi. On aborde ce foutu truc. »

. . .

SOLDATS ET WARJACKS REMPLISSAIENT LE VENTRE du Perce-Nuage : une petite armée attendant que les immenses portes de la baie s’ouvrent et les déversent sur le pont du vaisseau céleste khadoréen. Autour d’eux, leur propre vaisseau tremblait et se débattait lorsque l’artillerie ennemie le percutait. Il ne pouvait pas riposter, sa seule défense étant les troupes sue Stryker mènerait au combat.

Il pouvait ressentir la peur autour de lui. Les Lames-Tempêtes et les pionniers qu’il commandait étaient sans aucun doute courageux, mais ce qui se trouvait hors du Perce-Nuage signifiait une mort certaine. Il ressentit sa propre peur, une note familière de panique qu’il n’avait jamais s’installer dans son esprit. Ressentir la peut était humain, la surmonter était courageux, mais l’ignorer était insensé. Il se souvint de ces paroles qui lui avaient été dits il y a plus de vingt ans par un jeune Asheth Magnus alors qu’il expliquait à Stryker les réalités de la guerre. Il jeta un coup d’oeil à son ancien mentor – maintenant grisonnant et usé par la guerre – et se rendit compte que de tous les hommes et les femmes avec lesquels il avait servi, il ne voulait personne d’autre à ses côtés, en ce moment, plus qu’Asheth Magnus.

« Dix secondes ! » Cria un sergent pionnier. Elle se tenait à côté des commandes devant ouvrir les portes de la baie.

Stryker vérifia sa connexion avec les trois warjacks qu’il dirigeait, deux Cyclones et un Mur-Tempête. Il aspirait au confort familier de Vî Arsouye, mais le vieux Cuirassé était maintenant lié au Lieutenant Harcourt. Arsouye garderait Harcourt en sécurité et le guiderait tout autant que le jeune warcaster guidait l’acariâtre warjack.

Stryker démarra sa turbine arcanique et activa l’accu-tempête sur la poignée de Vif-Argent. L’énergie voltaïque de sa propre arme suivie de celle de cinquante glaives-tempêtes éclaira l’intérieur de la coque du Perce-Nuage d’un saphir vacillant.

« Soldats du Cygnar », dit Stryker, « que vos lames frappent vite et juste, que votre armure vous protège de l’ennemi, et que la grâce de Morrow veille sur nous depuis de l’autre côté. »

Les portes de la baie s’ouvrirent, laissant entrer une bouffée d’air glacé et le bruit effrayant des tirs et de l’artillerie. Le pont du Brise-Tempête se profilait à l’horizon. Il n’y aurait pas de rampe, pas de plongeon gracieux de leur vaisseau vers celui de l’ennemi. Le Perce-Nuage s’écraserait contre le vaisseau céleste ennemi et dégorgerait ses troupes en masse.

Le ciel disparut dans un flou de gris et de rouge, et Stryker se prépara à l’impact. « Battez-vous sur le pont ! »

Ils entrèrent en contact avec boum creux et le grincement de l’acier déchiré. Ils furent projetés en avant et Stryker transforma cet élan en charge. « Pour le Cygnar ! »

Des centaines de voix se joignirent à la sienne et bondirent dans la folie.

. . .

LES KHADORÉENS FURENT MOMENTANÉMENT PRIS AU DÉPOURVU par la descente téméraire du Perce-Nuage, et des dizaines d’entre eux furent écrasés sous la coque du vaisseau céleste alors que celui-ci fusionnait presque avec le vaisseau khadoréen. Le chaos qui en résulta offrit à Stryker et à ses forces suffisamment de temps pour émerger de leur vaisseau, de former une ligne de Lames-Tempêtes à l’avant et de pionniers à l’arrière – et engager l’ennemi de manière ordonnée. Au-delà de cela, Stryker ne put faire grand-chose en termes de stratégie sur le champ de bataille. Ils plongèrent dans la mêlée, en infériorité numérique et n’auraient qu’à en tirer le meilleur.

Stryker brandissait Vif-Argent avec une férocité brute, coupant la ligne de front khadoréenne composées principalement de Man-O-War. Derrière eux, des cibles moins solides, des kommandos d’assaut et des Gardes des Glaces, vidaient leurs armes à travers les brèches momentanées de leur propre ligne de front.

Magnus se battait à proximité, utilisant deux warjacks légers, des Chargeurs, pour frapper et écraser l’ennemi.

Stryker esquiva une hache exterminatrice, tua son propriétaire, puis poussa le cadavre dans un autre Man-O-War, créant une brèche dans les boucliers verrouillés devant lui. Les balles des kommandos d’assaut derrière pénétrèrent son champ d’énergie mais furent complètement stoppées. Il fait un signe à une unité de Lames-Tempêtes de Charger à travers la brèche, et ils tailladèrent l’infanterie légère khadoréenne avec une efficace brutalité.

Stryker prit un moment pour surveiller le champ de bataille. Le pont du Brise-Tempête s’étendait à trois cents verges de sa position actuelle. Le Perce-Nuage avait percuté la proue du vaisseau khadoréen. Maintenant, entre ses forces et le pont du grand vaisseau se trouvaient des centaines de soldats khadoréens et une douzaine de warjacks. Le seul point positif était qu’Irusk n’avait aucun colosse à bord. Stryker toucha le cortex du Mur-Tempête émergeant derrière ses troupes. L’imposant warjack devint un aimant pour le feu ennemi, mais son blindage était trop épais pour succomber aux armes légères. Il pointa ses canons vers le centre de la ligne khadoréenne et fit feu. Les obus éclatèrent à quarantes verges, suffisamment proches pour qu’il puisse ressentir l’onde de choc, et martelèrent les Man-O-War et Garde des Glaces, créant ainsi plus de brèches pour ses propres soldats.

Stryker poussa le Mur-Tempête vers l’avant, voulant mettre à profits ses deux mitrailleuses. Il réussit à transmettre toutes ces pensées et ses ordres à ses warjacks tout en continuant à abattre des ennemis. C’était une compétence que chaque warcaster apprenait : diviser son esprit sur le champ de bataille, une moitié dans votre tête et l’autre moitié dans l’esprit mékanique de ses warjacks.

Stryker embrocha un kommando d’assaut que le chargeait avec sa baïonnette baissée, brûlant les entrailles de l’homme avec de l’énergie voltaïque avant de la pointe de Vif-Argent. Les corps s’entassaient, mais les forces khadoréennes semblaient infinies et ses propres pertes s’accumulaient.

Le flux et le reflux de la bataille amena Stryker près du bord du pont du Brise-Tempête. Quand il jeta un coup d’oeil par-dessus bord du vaisseau, il put voir le Fleuve Noir s’étendre à des centaines de pieds plus bas. Au loin, mais pas assez loin, Corvis surgit et une masse tentaculaire de soldats cygnaréens se déplacer vers le nord en direction de Merywyn. Ils seraient à portées des armes du Brise-Tempête dans quelques minutes.

. . .

MAGNUS REMARQUA LA FUTILITÉ DE LEURS EFFORTS au moment où il quittait le Perce-Nuage. Il y avait trop de khadoréen, trop peu de cygnaréens et pas assez de temps avant que le Brise-Tempête ne pointe ses canons sur la Première Armée puis sur Corvis.
Malgré tout, il combattit.

Il combattit l’ennemi avec ses warjacks, défonçant Man-O-War et Gardes des Glaces à coups de marteaux de Chargeurs, puis détruisant tous ceux qui étaient encore debout avec Pourfendeur. C’était comme essayer de sortir d’un banc de sable. Au moment où tu progressais, le sable se déplaçait et à nouveau tu plongeais au fond.

La tour de contrôle et le pont du Brise-Tempête se trouvaient à des centaines de verges, mais celui aurait tout aussi bien pu être à des centaines de kilomètres. Ils ne l’atteindraient jamais avant qu’Irusk ne transforme l’armée du Seigneur Général Duggan en champ de cadavres et ne détruise Corvis. Il pouvait entendre les bruits sourds et lointains des canons de warjacks en dessous, probablement des Défenseurs, mais ils n’avaient tous simplement la portée nécessaire pour atteindre le vaisseau céleste khadoréen ou le pouvoir de percer sa coque s’ils le pouvaient.

Magnus continuait à se battre, tuant, poussant, laissant le combat couler sur lui telle une marée de sang et de fumée. Ses membres lui faisaient mal, et chaque fois qu’une balle ou une hache de Man-O-War clignait sur son armure, cela percluait son corps de douleur.

Il avait passablement tailladé dans la ligne khadoréenne,, et les Lames-Tempêtes le suivaient, une ligne bleue das une mer rouge. Ils taillaient et tiraient, mais sans son soutien direct ou celui de ses warjacks, ils auraient été rapidement débordés. Stryker se battait à vingt ou trente verge de là, utilisant le Mur-Tempête pour faire créer des trous dans la ligne khadoréenne mais le colosse était leur plus grand atout et devint donc rapidement la plus grande cible.

Des Destructeurs et quelques Décimeurs ainsi que des boucliers canons ciblèrent le Mur-Tempête et lancèrent une fusillade combinée contre lui. Le colosse cygnaréen disparut un instant sous une grêle de feu et de fumée. Et quand cette fumée se dissipa, le Mur-Tempête bascula en arrière, sa coque ruinée, la délicate mékanique en dessous réduite en mâchefer.

Le gros boum de la chute du Mur-Tempête secoua le pont, et les khadoréens se mirent à applaudir. Magnus tua un Garde des Glaces ayant baissé sa garde un instant pour exprimer sa joie, se réjouissant d’avoir coupé court la joie de l’homme en lui coupant la tête.

Les khadoréens repoussaient leurs ennemis. La destruction du Mur-Tempête les avait galvanisés, et ils sentaient la victoire à portée de main.

Pire encore, plus d’ennemis rejoignaient la bataille, émergeant des entrailles du vaisseau céleste grâce à des monte-charge motorisés. Plus de Man-O-War et plus de warjacks ajoutaient leur masse enveloppée de métal à une force déjà énorme.

Ils ne pourraient pas gagner. Magnus le savait, et Stryker devait l’être aussi. Le seigneur général était une source flamboyante d’énergie voltaïque, intouchable, mais les soldats autour de lui mourraient en masse alors que les khadoréens avançaient, employant leur nombre croissant comme un bélier. Il ne faudrait pas longtemps avant qu’ils ne concentrent suffisamment de puissance de feu sur Stryker et lui-même pour mettre fin au conflit pour de bon.

Le pont trembla à nouveau et Magnus tomba à genoux. Un Man-O-War entreprenant à proximité se précipita en avant et abaissa sa hache exterminatrice pour trancher sa cible en deux. Mais Magnus projeta son bras droit mékanique, attrapa la lame descendante par son manche et enfonça soixante centimètres de lame de Pourfendeur dans le bouclier, le plastron et le corps du Man-O-War. Magnus arracha Pourfendeur, répandant du sang et des entrailles sur le pont recouvert de sang.

Une autre secousse violente secoua aussi bien les khadoréens que les cygnaréens, et Magnus se retourna, cherchant sa source sur le pont. Il crut un instant que l’ennemi avait fait monter un colosse de la cale du vaisseau. Puis, alors qu’une autre onde de choc vibrait à travers le Brise-Tempête, il réalisa que le bruit et l’énergie venaient en fait d’en dessous d’eux.

Irusk avait fait tiré les canons du vaisseau. La Première Armée était à portée. Le Brise-Tempête était aussi un bombardier, et lorsqu’il serait plus près, à l’infernale canonnade des cygnaréens il ajouterait le bombardement.

Magnus invoqua ses warjacks et pressa les deux Chargeurs vers l’avant. Il rassembla autant de Lames-Tempêtes que possible et commença à se battre en direction de la position de Stryker. La chance était avec lui – Stryker avait également réalisé ce qui se passait et il charcutait l’ennemi vers lui.

Les deux warcasters se rencontrèrent dans une mer de soldat en fureur, les effroyables rafales des canons du Brise-Tempête étouffant même les bruits du combat rapproché.

« Nous ne pouvons pas gagner ici », cria Magnus. « Irusk tire déjà sur la Première Armée. »

« Je sais », répondait Stryker, son visage blême par une couche de suie et de sang. « Nous ne pouvons tout simplement pas les arrêter. »

« Pas comme ça, en tout cas » répondit Magnus, mais son esprit avait commencé à travailler sur le problème, s’inquiétant tel un chien pour son os. Une idée germa en lui dans un éclair de perspicacité, atroce et désespérée mais possible.

Stryker dû remarquer l’image dans ses yeux, détecter les pensées rusées et souvent imprudentes de son ancien mentor. « Vous avez une idée, n’est-ce pas ? »

« Ce vaisseau est chargé à ras de gueule … » Il s’interrompit et para la hache d’un Garde des Glaces. Le soldat avait en quelque sorte traversé l’écran des Lames-Tempêtes et des warjacks qui l’encerclaient, lui et Stryker. Magnus admira presque le courage et la chance de l’homme alors qu’il brisait le crâne du khadoréen avec une droite transversale de son poing mékanique. « Où en étais-je ? Ainsi, le vaisseau est donc chargé à bloc de munitions. »

Un autre détonation des canons du Brise-Tempête les secoua.

Stryker secoua la tête. « Non, Nous trouverons un autre moyen. »

« Il n’y a pas d’autre moyen ! » Cria Magnus, les premiers stigmates de doute et de peur qui allaient bientôt s’amplifier se frayaient un chemin dans ses pensées. « Je suis le seul qui puisse survivre assez longtemps pour descendre dans la soute et faire exploser les munitions là-bas. »

« Tu ne le sais pas », répondit Stryker en regardant autour de lui, les yeux écarquillés et désespérés. Le seul autre warcaster était Harcourt. Le visage de Stryker s’assombrit. Le seigneur général ne confierait pas une telle mission au jeune warcaster.

« Si, je le fais. Nous le savons tous les deux. »

Le vaisseau trembla une fois de plus lorsque les canons du Brise-Tempête crachèrent leur mort sur les soldats cygnaréens au sol. Ils n’avaient aucun moyen de déterminer quel genre de dommage Irusk avait déjà causé aux troupes, mais plus ils attendaient, plus ce serait sans aucun doute pire.

Quelque chose passa sur le visage de Stryker, une émotion à laquelle Magnus ne s’attendait pas. Il n’appellerait pas cela de la tristesse, mais le vide dans les yeux du warcaster exprimait la perte. « Vous n’êtes pas obligés de faire ça. Vous n’avez pas à vous rattraper- »

« Si, Coleman », Magnus lui coupa la parole. Il ne voulait pas entendre ce que Stryker pourrait dire ensuite. Il ne voulait pas entendre l’énumération de ses péchés contre son pays, contre ses amis. Il les connaissait bien trop.

« Je pourrais vous ordonner de ne pas le faire. » Stryker arborait un sourire triste. « Je pense que vous écouteriez, pour une fois. »

Magnus lui rendit le sourire. « Je voudrais … Seigneur Général, mais laissez-moi faire cela. S’il vous plaît. »

Le dernier fut exprimé avec émotion, et une partie de lui voulut blâmer le pont qui tanguait et Brise-Tempête qui tremblait du pont à la coque. Pourtant, ce serait un mensonge.
Stryker relâcha l’avant-bras de Magnus et recula. Il souleva Vif-Argent en un salut, son visage étonnamment jeune protégé par la lame, un visage que Magnus avait vu mûrir, passant d’un enfant doué à un son égal, voir supérieur sur le champ de bataille. Un visage qu’il avait nommé protégé, ennemi, et maintenant … il ne savait pas. « Ami » semblait un mot si trivial pour décrire ce qu’ils étaient.

« Que Morrow te guide et te protège, Asheth », prononça alors Stryker, plongé dans la bataille, disparaissant avec un cri rauque et l’arc flamboyant de sa lame voltaïque.

Magnus prit une profonde inspiration et convoqua ses warjacks à ses côtés. L’ascenseur le plus proche, ayant amené les plus récents renforts khadoréens, étaient à cinquante mètres à travers des dizaines, voire des centaines d’ennemis. Il souleva Pourfendeur, et fit feu avec les canons de ses Chargeurs et se battit pour avancer.

. . .

IRUSK REGARDAIT LA BATAILLE SE DÉROULER depuis le pont du Brise-Tempête avec un sourire sur le visage. Le Perce-Nuage était toujours attaché à la coque de son navire, mais il n’était pas armé, et il avait vomi son contingent de soldats sur le pont de son vaisseau en une unique désespérée fois. Ils n’avaient pas assez de soldats et même si Irusk subissait des pertes considérables, cela n’aurait pas d’importance.

« Incendiaires maintenant », dit Irusk au commandant de batterie, un grand kovnik de la Garde des Glaces au visage austère, debout à son poste près du hublot avant du pont.

Le kovnik appela les salles à canon, criant des ordres dans le tube de communication pour que les artilleurs en bas changent les munitions des énormes canons dans le ventre du Brise-Tempête.

Irusk croisa ses mains derrière son dos et attendit patiemment le bruit des canons principaux déclenchant le feu et l’enfer sur l’ennemi en bas. Il allait perdre Merywyn. C’était un fait simple, et il avait également perdu deux Brise-Tempête ainsi que tous leurs équipages et leurs warjacks. Pour la plupart des chefs, ce serait une défaite cuisante ; Irusk, cependant, ne voyait que la voie à suivre, une voie jonchée de cygnaréens morts qui s’achevait dans les ruines en flammes de Corvis.

« Rapport », ordonna Irusk, en désignant un autre soldat. Celui-ci visionnait depuis l’un des postes d’observation du vaisseau, son visage pressé contre l’oculaire de l’un des nombreux périscopes du vaisseau. Elle avait une vue imprenable sur ce qui se trouvait directement sous le navire.

« La Première Armée recule, Kommandant Suprême. » Elle s’arrêta, leva les yeux, un sourire sinistre sur son visage. « Ils laissent derrière eux de nombreux soldats morts et des warjacks endommagés. »

Irusk réprima un sourire. Il n’aimait pas les manifestations d’émotions et il était trop tôt pour faire la fête. Il avait beaucoup trop perdu ces derniers temps que pour faire la fête, mais de la satisfaction ? Oui, il pourrait s’y adonner.

« Continuez à tirer », dit-il au commandant de batterie.

Le kovnik hocha la tête et continua de crier des ordres dans le tube.

Sur le pont, la bataille avait tourné au bourbier de mort et de sang. Les soldats d’Irusk avaient arrêtés l’avancée des cygnaréens, et ils étaient encore à une certaine distance du pont. Stryker et Magnus allait se battre jusqu’à la fin, jetant tout ce qu’ils avaient sur les forces d’Irusk, mais ils perdraient, et ensuite ils regarderaient Corvis brûler.

« Kommandant Suprême », dit une voix grave et grinçante derrière Irusk.

Irusk se retourna pour voir la silhouette anguleuse et marquée par la bataille du Kommandeur du Corps d’Assaut Strakhov. L’oeil unique du warcaster était fixé sur quelque chose au-delà d’Irusk, quelque chose sur le pont.

« Qu’est-ce qu’il y a, Kommandant ? » Demanda Irusk.

« Regardez là-bas », répondit Strakhov en pointant du doigt.

Irusk tourna son regard. Au début, il ne remarqua qu’un océan d’armures rouges, ses propres troupes se fracassant en vagues conquérantes contre l’ennemi. Puis il vit une perturbation à une extrémité de sa ligne, près du bord tribord du pont du Brise-Tempête. Une partie de l’épaisse masse des khadoréens cédait du terrain et était repoussé … par quoi ?

« C’est Magnus », dit Strakhov. « Lui et quelques warjacks. »

« A-t-il perdu la tête ? » Se demanda Irusk à voix haute. « Où va-t-il ? »

« L’ascenseur. Il l’emmènera près des salles à canons et ensuite aux baies de bombardements. » Irusk livra l’information avec la froideur détachée d’un stratège né. Il savait ce que Magnus faisait parce que c’était ce qu’il ferait.

« Il mourra avant d’atteindre l’ascenseur », poursuivi Irusk, regardant les soldats tomber morts ou mutilés par l’extermination tourbillonnante de la lame de Magnus.

Strakhov ne dit rien pendant un moment, puis : « C’est Asheth Magnus. Il aurait dû mourir mille fois, sur mille champs de bataille, et pourtant il est là, tailladant nos troupes et progressant vers cet ascenseur. »

Les paroles de Strakhov sonnaient juste. Magnus n’avait pas seulement évité la mort – il l’avait trompée, plus de fois qu’il n’était facile de compter.

« Très bien. Prenez quelques kommandos d’assaut et descendez. S’il arrive au magasin, tuez-le », ordonna Irusk.

« Il ferait un prisonnier de valeur », s’aventura Strakhov, bien qu’Irusk puisse voir aux traits pincés du warcaster qu’il n’était enchanté par cette ligne de conduite.

« Ne prenons aucun risque. Tuez-le. »

« Selon votre bon vouloir. Ce sera fait, Kommandant Suprême. »
« Modifié: 16 octobre 2020 à 13:36:42 par elric »
Citation de: Maître Yoda
Trop gentil tu seras, dans le côté obscur tu l'auras.

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Re : STORMBREAK - 4ème partie
« Réponse #13 le: 31 mai 2020 à 23:22:29 »
— 27 —

L’UN DES CHARGEURS DE MAGNUS EXPLOSA DANS UN flot de lumière vive qui occasionna une douleur vive mais passagère au fond de l’oeil droit de Magnus. Il se retourna pour voir le warjack s’affaler sous les haches exterminatrices d’une douzaine de Man-O-War. L’autre warjack demeurait opérationnel, bien que les munitions commençaient à manquer. Un autre groupe de soldats khadoréens tentait de lui barrer la route, et il injecta de l’énergie arcanique dans les deux canons du Chargeur et tira. Il était trop près pour quelque chose d’aussi imprudent, mais son champ d’énergie le protégerait de l’onde de choc.

Le double canon fit feu, et la voie s’ouvrit devant lui dans une grêle de brume rouge et de corps brisés. L’onde de choc le secoua et sa tête tourna pendant un moment, mais il pouvait voir l’ascenseur maintenant – ou du moins la fosse béante sur le pont où se trouvait l’ascenseur. Il ne faisait aucun doute qu’Irusk et Strakhov avaient vu son sanglant parcours depuis le pont et compris ou du moins soupçonné sa destination.

Les soldats khadoréens commencèrent à affluer dans le trou qu’il avait fait, mais il poussa les dernières miettes de son énergie arcanique dans le Chargeur, jetant un sort qui le transformerait en efficace bélier. Des runes se formèrent autour du warjack alors qu’il chargeait, Magnus le suivant de près.

Le sort communiqua une force cinétique terrifiante au corps du warjack, lui permettant de traverser la Garde des Glaces et les Man-O-War sans ralentir. En passant, Magnus taillada les ennemis tombés, les mutilant ou les tuant, gardant un chemin dégagé derrière lui. Il avait eu la chance d’avoir réussi jusqu’à présent, mais il avait toujours eu de la chance en ce qui concerne sa propre mortalité.

Sryker avait concentré ses efforts pour empêcher les khadoréens de submerger complètement Magnus, et à cause de cela, il avait subi de lourdes pertes. Magnus savait qu’il devait tirer le meilleur parti du temps que Stryker lui avait procuré.

À dix verges de la cage d’ascenseur, Magnus aperçut une série d’échelons métalliques de l’autre côté qui descendaient dans le ventre du vaisseau. Il n’avait aucune idée de la profondeur du truc, et il y avait d’autres problèmes plus urgents. Un Juggernaut fonçait vers lui depuis le côté bâbord du vaisseau, projetant les soldats khadoréens et cygnaréens hors de son chemin. Aucun contrôleur ne criait des ordres à proximité, donc Magnus devina que ce warjacks était contrôlé par l’un des warcasters sur le pont.

Il était parfaitement conscient que si le Juggernaut l’atteignait, il mourrait, et que tout espoir de sauver les milliers de soldats cygnaréens en contrebas et les dizaines de milliers de vies innocentes à Corvis mourrait avec lui. Stryker et ses warjacks étaient trop loin pour l’aider, il vérifia rapidement le statut du Chargeur restant. Il était endommagé mais pas trop. Il l’envoya foncer vers le Juggernaut, incapable d’amplifier ses attaques ou sa vitesse, car il avait besoin de conserver son énergie arcanique pour ce qui allait suivre.

Il sabra le torse d’un Garde des Glaces qui tentait stupidement d’arrêter sa progression et débuta une course. Deux Man-O-War se tenait au bord de la cage d’ascenseur, le dernier obstacle. Le Juggernaut se tenait à sa droite. Il envoya un ordre au Chargeur alors qu’il s’approchait du warjack khadoréen. S’il avait été un soldat humain, il aurait peut-être refusé son ordre ; malgré son esprit mékanique, une vague question de question lui fut posée à travers le lien avec Magnus. Le warjack s’exécuta, cependant, et juste avant d’atteindre le Juggenaut chargeant, il tomba au sol dans un tacle roulant maladroit aussi peu artistique et laid que tout ce que Magnus avait vu. Mais il fut efficace. Le petit warjack cygnaréen s’enfonça dans les jambes du Juggernaut, et l’élan et le poids stupéfiant du plus gros warjack emporta sa moitié supérieure vers l’avant tandis que ses jambes s’emmêlaient dans les membres du Chargeur. Il s’écrasa sur le plus petit warjack avec un fracas assourdissant, assez bruyamment pour être entendu par-dessus le feu continu des canons du Brise-Tempête.

La présence du Chargeur dans l’esprit de Magnus s’éteignit ; la volumineuse masse du Juggernaut l’avait écrasé. Mais le warjack khadoréen passerait de précieuses minutes à se remettre sur pied. Ce temps lui serait suffisant.

Magnus courut vers le bord du puits, son épée tenue basse comme une lance. Il frappa le premier Man-O-War à à pleine vitesse, enfonçant sa lame à travers le bouclier de l’homme et dans son corps. Son compagnon, qui se trouvait à proximité, porta un coup maladroit contre l’épaule de Magnus avec sa hache exterminatrice, mais il ne pénétra pas l’armure.

Le Man-O-War embroché par Magnus poussa un petit cri alors qu’il basculait par-dessus bord la cage d’ascenseur, et Magnus le suivit sans hésitation. Les ténèbres s’ouvrirent sous eux alors qu’ils chutaient, les bruits de la bataille au-dessus se transformant en un rugissement lointain.

Ils atterrirent rudement, Magnus sur son ennemi. Son champ d’énergie s’illumina comme jamais vu auparavant, et l’impact chassa l’air de ses poumons. Sa vision se flouta, mais il refusa de s’évanouir.

Lentement, il roula du cadavre du Man-O-War – la chute avec Magnus au-dessus de lui l’avait écrasé comme un escargot sous le talon d’une botte – et se mit à genoux. Il essaya de respirer, mais une douleur lancinante dans sa poitrine s’intensifia.

Des coups de feu éclatèrent au-dessus de lui alors que les soldats khadoréens s’entassaient en haut de la cage de l’ascenseur, pointant des fusils et de boucliers canons vers lui.
Magnus se leva et regarda autour de lui, les balles éclairant son champ d’énergie tel un essaim d’abeilles en colère. Il fit un bond en avant, loin du carré lumineux du soleil qui brillait dans la cale depuis le haut. Il passa de la lumière à l’obscurité totale. Des palans à warjacks pendaient tous autour de lui, des squelettes mékaniques dans l’obscurité. Des caisses de munitions jonchaient l’espace, mais pas grand-chose d’autre.

Magnus sortit son fusil à mitraille et vérifia la charge. Sa tête lui faisait horriblement mal, surtout à cause de la chute, mais il n’avait pas non plus dormi depuis près de trente-six heures. Il était pour le moins heureux de ne plus avoir à partager son attention entre son esprit et le cortex d’un warjack.

Les tirs d’armes à feu du dessus se turent, il n’était plus une cible viable. Il trébucha dans l’obscurité vers une trappe ferme dans l’imposante cloison. Il n’avait aucune idée de l’endroit où elle pouvait mener ou de ce qui se trouvait derrière, mais il devait se mettre en mouvement. Le magasin des canons devait se trouver quelque part en dessous. Pour ponctuer cette pensée, le vaisseau céleste trembla alors que ses canons lâchaient une autre bordée sur les forces du Seigneur Général Duggan au sol. Ils seraient bientôt assez proches pour bombarder les cygnaréens.

Il écouta le tonnerre des canons se dissiper. Contrairement avant, où il ne s’agissait que d’une simple monstrueuse décharge, il détectait des rafales individuelles. Les canons étaient manipulés par plusieurs équipages d’artilleur, et bien qu’ils recevaient l’ordre de tirer en même temps, ils n’étaient pas vraiment synchronisés. C’est peut-être son esprit étriqué qui lui jouait des tours, mais il aurait pu juger que l’un des coups de canon sonnait plus proche.

Il respira et se dirigea vers la trappe pour tourner la roue en son centre, ouvrir la porte et passer son fusil à mitraille dans l’étroit couloir au-delà. Il était vide. Tous les soldats d’Irusk portant une arme devaient être au-dessus.

Le couloir s’étendait sur trente mètre, puis se ramifiait à gaucher et à droite. Les canons tirèrent à nouveau, et cette fois il était certain que l’un d’entre eux était proche. Le bruit de ces tirs se répercutait à travers les parois métalliques du couloir jusqu’au côté tribord du navire. Il se mit à courir lentement – tout ce qu’il pouvait faire à ce stade – et tourna à gauche au croisement.

Le couloir suivant faisait quinze mètres et se terminait par une trappe. À l’extérieur de celui-ci se tenait un impressionnant Man-O-War dans une armure que Magnus n’avait jamais vu auparavant. Le khadoréen portait une armure fortement modifiée par rapport à l’armure standard – plus lourde, plus volumineuse – et au lieu du combo habituel arme et bouclier, celle-ci tenait deux boucliers à pointes, deux moitiés d’un solide mur d’acier. Monté sur l’épaule du Man-O-War se trouvait un canon, dont l’extrémité était un œil noir qui pivota dans la direction de Magnus.

Magnus fut tellement choqué par ce colosse de métal qu’il en oublia presque le fusil à mitraille dans sa main, mais finalement l’entraînement et l’expérience entrèrent en jeu – il souleva l’arme et tira. Il aurait tout aussi bien pu essayer de couler un cuirassé avec une fronde. La gerbe de son tir rebondit sans danger sur les boucliers du Man-O-War, et le khadoréen fit un grand pas dans sa direction.

Magnus se jeta au sol alors les flammes et le tonnerre rugit au-dessus de sa tête. Son fusil à mitraille était bruyant, mais la cacophonie du canon du Man ressemblait plus à l’explosion d’une grenade. Sa vision se troubla et ses oreilles tintèrent d’un bruit strident.

Magnus se leva et recula sur ses pas, se plaquant dans l’angle de l’intersection. Le cliquetis du foudre Man-O-War résonnait derrière lui, lent et inexorable.

Il remit son fusil à mitraille dans son étui et serra Pourfendeur à deux mains. La lame mékanique pouvait facilement traverser l’armure d’un warjack, et elle pourrait transpercer la peau de fer du Man-O-War. IL devrait être assez proche et peut-être survivre à un tir de ce méchant canon. Dans son état diminué – son corps lui faisait mal, ses oreilles bourdonnaient, une douzaine de petites plaies pesaient sur sa force physique et mentale – il y avait plus de risques qu’il ne le souhaitait.


Il invoqua un sort, un enchantement mineur qui amplifierait sa vitesse et l’agilité de ses mouvements. Au fur et à mesure que les runes se formaient et disparaissaient, ses membres devinrent plus légers, plus vifs, mais il évita à penser que cela suffirait.

Le canon du Man-O-War apparut dans l’angle, faisant saille devant l’énorme soldat armuré. Magnus bondit. Il injecta la force arcanique dans son coup alors que Pourfendeur se précipitait vers le bas entaillant le canon et le tranchant soigneusement en deux. Son élan, cependant ; le porta directement sur le chemin du Man-O-War, et il n’eut pas le temps de retrouver son équilibre. Le bouclier à pointes se balança de haut en bas, et Magnus ne put l’éviter. Son champ d’énergie clignota, puis le bouclier s’écrasa sur son flanc droit, déformant son épaulière et l’écrasant au sol.

Une douleur fulgurante s’empara de son bras droit, Magnus avait une clavicule brisée ou une épaule démise. Il passa Pourfendeur dans sa main gauche. Le Man-O-War se dressait au-dessus de lui, ses deux boucliers s’ouvrant pour une double frappe. L’attaque laissa un petit espace de quelques centimètres entre les deux pavois et au-delà d’eux, l’armure plus légère de la tenue de combat du khadoréen.

Son sort toujours actif, Magnus surprit son ennemi en se levant et en lançant une attque sournoise, maladroite mais précise. Pourfendeur se faufila dans l’espace entre les boucliers, sa pointe aiguisée creusant un sillon dans le plastron et le casque du Man-O-War. L’épée de Magnus mordit dans l’os avant de se libérer dans une gerbe de sang.

Le Man-O-War ne s’effondra pas, pas même mort. Son armure et les boucliers qu’il serrait par de la mort le maintenait debout tandis que son sang et sa cervelle se déversaient sur le devant de son armure.

Magnus contourna le khadoréen mort. Son épaule palpita – quand il tenta de lever son bras droit, les os frotant les un contre les autres. Il étouffa un cri et dégaina à la place son fusil à mitraille, le tenant dans sa main droite. La partie mékanique de son bras fonctionnait encore tant qu’il n’essayait pas de le lever au-dessus des yeux.

D’autres tirs de canon retentirent de l’autre côté de la porte, et l’équipe d’artilleurs qi se trouvait à l’intérieur était probablement assourdie par le bruit de leur propre artillerie ; sinon ils auraient pu aider le Man-O-War qu’il venait de tuer.

Magnus ouvrit la porte, et une vague écrasante de chaleur et de fureur venant de l’intérieur le fit chanceler. Il regarda une pièce replie d’hommes et de femmes, de nombreux gigantesques objets en forme de cône en mouvement sur des chariots – des obus d’artillerie à une échelle que Magnus n’aurait jamais cru possible. Ils poussaient ces projectiles vers le centre de la pièce, où un unique artilleur était assis, encapsulée dans un siège complexe, un système de leviers à ses côtés, la tête insérée dans un casque qui couvrait ses yeux et se connectait à la moitié inférieure d’un périscope. Le siège pivota sous les yeux de Magnus, et l’artilleur tira l’un des leviers. La salle trembla – Magnus ressentit plus qu’il n’entendit le bruit énorme qui l’accompagna. Il fit vibrer tout son corps, et expulsa le souffle de ses poumons.

Toutes les personnes dans la pièce s’arrêtèrent un instant, titubant par le grand coup de canon. Personne n’a même remarqué Magnus. Quand ils purent tous respirer et bouger à nouveau, les khadoréens poussèrent leurs projectiles vers un tube central, une grande chambre faisant saillie au-dessus du siège de l’artilleur. Deux Man-O-War se tenait là, bien qu’ils n’aient ni boucliers ni armes, et Magnus compris bientôt pourquoi. Ils avaient besoin de leurs mains libres pour une autre tâche. La chambre du canon s’ouvrit et un boîtier en douille vide de la taille d’un homme de grande taille tomba et s’écrasa au sol. Le Man-O-War l’a déplacé hors du chemin et alla récupérer le prochain projectile sur un chariot à proximité.

Maintenant, Magnus agit. Il dirigea son fusil à mitraille du mieux qu’il put, insuffla toute la force arcanique qui lui restait dans le tir et fit feu. Le tir déchiqueta deux Gardes des Glaces proche du fusil et fit un trou dans le plastron d’un Man-O-War.

Trois morts en un seul tir.

Magnus lâcha le  fusil à mitraille aors que les soldats dans la pièce se tournaient vers lui. Avec sa blessure, il n’avait aucun moyen de le recharger. Il saisit Pourfendeur par la main gauche – il n’était guère plus compétent avec sa main gauche – et chargea dans la pièce.

Il n’y avait peut-être une douzaine de khadoréens présents au plus, Gardes des Glaces par l’aspect de leurs uniformes. L’un d’eux était un officier armé d’un sabre plutôt que de la hache habituelle. Ils abandonnèrent tous les énormes obus qu’ils déplaçaient et attrapèrent des tromblons suspendus à des baudriers ou des râteliers sur les murs.

Magnus courut vers le premier groupe, coupant avec Pourfendeur, sans se soucier de l’élégance de ses coups, ni même de la rapidité particulière de sa main gauche. La lame mékanique tranchait à travers les haches et les canons des fusils qu’ils tendaient vers le haut pour parer puis dans leurs propriétaires. Le sang coulait, les soldats moururent et Magnus passa à autre chose.

Il ne pouvait pas se laisser submerger. Même l’infanterie légère comme la Garde des Glaces pouvait représenter une menace, étant donné son état diminué. Il se concentrait sur des individus ou des groupes de deux ou trois personnes, employant ses sorts pour renforcer ses mouvements ou son armure au point où les attaques de ses ennemis étaient annulées et les siennes grandement améliorées. Enfin, il ne resta plus que le kovnik, un Man-O-War, et l’artilleur essayant de se décrocher de l’enchevêtrement d’équipement qui constituait son siège.

Le kovnik de la Garde des Glaces et le Man-O-War s’approchèrent simultanément de Magnus. Le Man-O-War avait mis la main sur une clé d’un mètre de long et l’a manié comme un grand bâton. Il avançait tandis que le kovnik se tenait en retrait, attendant pour tirer avec son tromblon.

Magnus céda du terrain, relevant Pourfendeur pour repousser le premier coup du Man-O-War/ La grande clé s’écrasa avec une force écrasante, mais l’arme était encombrante, et Magnus la laissa glisser sur son épée. Ensuite, il brisa son poignet en un court moulinet. Le coup manquait énormément de puissance, en particulier avec la main gauche de Magnus, mais la mékanique fit le job – Pourfendeur trancha le bras droit tendu du Man-O-War, le sectionnant au coude.

Un cri creux retentit de l’intérieur du casque du Man-O-War alors qu’il s’éloignait. Le kovnik en profita pour vider son tromblon. Magnus n’était pas prêt pour le tir – il le prit en pleine poitrine. Son champ d’énergie arrêta presque tout, mais suffisamment de projectiles touchèrent son plastron pour le faire reculer et l’empêcher de se rapprocher.

Le kovnik rechargea à la hâte son arme, se déplaçant avec agilité dans la pièce. Un autre groupe de coups de canon retenti des profondeurs du vaisseau, et chaque seconde gaspillée par Magnus coûtait la vie à d’autres cygnaréens. Il n’était pas prêt à poursuivre le kovnik dans la pièce ou de le laisser s’éloigner pour avertir les autres, mais il avait abandonné son fusil à mitraille.

Magnus invoqua ses énergies arcaniques, sachant que cela affaiblirait son champ d’énergie et le rendrait vulnérable à un autre coup de tromblon du kovnik. De la même manière, il pointa Pourfendeur et des runes blanches se formèrent autour du corps du kovnik, tournant en anneaux concentriques.

Conscient du péril, le khadoréen s’arrêta et ponta son tromblon. Alors que son doigt pressait la détente, ses yeux s’écarquillèrent – Magnus put voir le blanc même à une douzaine de pas – et il cria.

La mort était toujours laide, et Magnus était devenu très sensible aux réalités du combat, mais son estomac se crispa lorsqu’il regarda le kovnik littéralement cuire de l’intérieur, hurlant alors que l’énergie arcanique brûlait ses entrailles, noircissait sa peau et faisait éclater ses yeux dans leurs orbites. Cela se termina rapidement et miséricordieusement. Magnus n’avait jamais utilisé le sort convection sur une cible vivante, et il détestait être incapable d’offrir une mort plus propre à son ennemi.

L’artilleur était l’unique soldat qui restait dans la pièce et il se blottissait entre deux racks d’obus d’artillerie. Magnus se dirigea vers lui.

« S’il vous plaît, ne me tuez pas », supplia l’homme. Alors que Magnus approchait, il réalisa que l’homme n’était guère plus qu’un garçon, pas plus de vingt ans.

Magnus baissa sa lame et réalisa à quoi il devait ressembler – hagard, la moitié de son corps remplacé par de la mékanique, et éclaboussé par le sang d’une douzaine d’ennemis. Cela jouerait en sa faveur. « Si tu veux rester en vie, j’ai besoin d’informations. »

« Je ne peux pas .. », commença le garçon, une sorte de loyauté envers ses compatriotes l’emportant sur sa terreur pour le moment. Mais Magnus ne pouvait pas laisser cela se produire.

Il s’accroupit et regarda le soldat dans les yeux. « Tu as vu ce qui est arrivé à ton kovnik, n’est-ce pas ? »

Le garçon hocha lentement la tête, les yeux écarquillés et terrifiés.

« Aimerais-tu en faire l’expérience également ? Aimerais-tu savoir ce que ça fait d’être cuit de l’intérieur ? » Magnus se sentit coupable d’avoir employé la mort sinistre du kovnik de cette manière. Ironiquement, il y a six mois, il n’aurait pas hésité à utiliser une telle tactique.

« Qu’est-ce que vous voulez ? » Demanda le jeune khadoréen.

« Où est le magasin principal ? »

Le khadoréen déglutit et regarda ailleurs. Sa terreur était palpable, mais il trouva la force de dire : « Je ne vous dirais rien. »

« Brave garçon », dit Magnus en se levant.

Le khadoréen leva les yeux, trouvant la force de croiser le regard de Magnus. Il avait vu des dizaines de jeunes hommes et femmes courageux comme celui-ci trouver leur courage avant la fin, et souvent cette fin était directement liée aux actions de Magnus. Mais pas cette fois. Ce khadoréen pourrait encore mourir, mais pas de sa main. Magnus laissa son épée plonger. « Quel est ton nom, soldat ? »

« Premier Artilleur Iosif Darovich », dit le garçon, alors, « Qu’allez-vous faire ? »

Magnus y réfléchit. Il y avait probablement suffisamment d’artillerie dans cette salle pour que sa détonation déclenche les munitions dans les magasins à proximité, y compris le principal. Cela déclencherait une réaction en chaîne qui pourrait paralyser tout le vaisseau et l’envoyer s’écraser sur la terre.

« Il va faire exploser le magasin », dit une voix derrière Magnus, comme si elle lisait ses pensées à voix haute.

Il se retourna et vit la forme décharnée et armurée noire du Kommandeur Strakhov. Un duo de kommandos d’assaut accompagnait le warcaster, des carabines Murmure de la Mort à l’épaules.

Magnus sourit et acquiesça. « Je suppose que tu m’as repéré depuis le pont, et même quelqu’un d’aussi, euh, rigide dans sa réflexion pourrait faire deux plus deux. »

Strakhov montra ses dents, mais ce n’était pas un sourire, mais plutôt un grognement de prédateur. Il tira les longs couteaux de sa ceinture et s’avança. « Vous ne pouvez pas nous vaincre au combat, Major Magnus. »

« Kommandeur, sachez que je ne lui ai rien dit », cria le Premier Artilleur Iosif Darovich.

Strakhov tourna son unique œil vers le garçon, ses fines lèvres se dressant dans un sourire sans joie. « Bien sûr que vous l’avez fait. »

« Non, je le jure, je ne trahirais jamais- »

Strakhov fit un signe de tête à l’un de ses kommandos d’assaut, et le soldat tira un seul coup. La tête du jeune artilleur fit un bond arrière et répondit sa cervelle sur le mur derrière lui. II glissa au sol.

« Il disait la vérité », dit Magnus, les lèvres retroussées de dégoût. « Tu as honoré sa bravoure par la mort. »

« Honneur ? » Strakhov fit le tour de la pièce. « Il a vu ses camarades mourir par votre épée et n’a rien fait pour vous arrêter. »

« Comment aurait-il pu ? » Dit Magnus, espérant faire parler Magnus. « Un artilleur à peine sorti des couches contre un warcaster ? »

Il recula de quelques pas, essayant d’avoir une vue dégagée sur les râteliers d’obus d’artillerie colossaux à droite de Strakhov tout en plaçant l’essentiel du siège de tir du canon entre eux.

Strakhov saisit le mouvement et s’avança dans la pièce. « Même si cela me peine de le dire, il aurait eu de l’honneur à mourir par votre épée. »

Il fait un signe à ses deux kommandos de se déplacer autour du siège, flanquant Magnus.
« Je pense que tu confonds idiotie et honneur, Kommandeur. »

Strakhov aboya de rire. « Que connaissez-vous, vous un traître, de l’honneur ? »

Magnus ne répondit rien. Les paroles de Strakhov le blessa, et tout comme sa réticence à tuer le jeune Iosef Darovich, la sensation était nouvelle pour lui ».

« Venez, Magnus, je peux vous offrir une mort rapide », proposa Strakhov. « Où, si vous préférez, vous pouvez poser votre arme et vous rendre. »

« Oh, ça te plairait », dit Magnus. « Mais j’ai une autre chose en tête. »

Strakhov rit froidement. « Je ne vois pas de détonateurs. Je ne vois aucun moyen de déclencher l’artillerie dans cette pièce. Votre autre option est la mort. »

« Eh bien, tu as raison sur ma seule option », dit Magnus. « Je n’ai apporté ni détonateurs, ni explosifs, ni rien du genre, car je n’ai pas prévu de quitter cette pièce de toute façon. Je suis le détonateur. »

Le visage de Strakhov s’effondra, et son seul œil s’écarquilla. La réalisation de ce qui allait se passer frappa le warcaster au moment même où une autre canonnade secoua le vaisseau.

Le sort vint à l’esprit de Magnus dans un éclair de symboles et de puissance. Il s’était suffisamment passé de temps entre son dernier sort et la fin du combat pour que sa turbine arcanique tourne à pleine puissance. Il en avait besoin maintenant besoin pour le sort qu’il s’apprêtait à lancer.

Strakhov chargea, traversant la pièce en trois pas de géant. Il leva ses couteaux, mais Magnus ne fit rien pour l’arrêter. Le warcaster khadoréen arriva trop tard. Bien trop tard.

Les runes se formèrent, l’énergie se développa et le cri de désespoir et de fureur de Strakhov se transforma en gémissement perçant. Le sort oblitération se forma en une tache de flamme blanche près des râteliers d’obus, puis s’étendit avec un rugissement assourdissant.

Strakhov percuta Magnus, le monde s’effondra et le tonnerre et les flammes les emportèrent tous les deux.

. . .

STRYKER OBSERVAIT LE LIEUTENANT HARCOURT fendre le crâne d’un homme avec son sabre, tiré sur un autre à bout portant avec son canon à main, puis se retirer avec aisance derrière Vî Arsouye. Stryker se fraya un chemin à travers la masse de soldats ennemis pour atteindre le jeune warcaster, et malgré leur situation, il était pas peu fier du guerrier qu’Harcourt était devenu en quelques mois seulement.

« Où est Magnus ? » Cria Harcourt en chargeant une cartouche dans son canon à main.

« Il es descendu », cria Stryker. « Il va … nous faire gagner du temps. »

Harcourt dû voir le regard grave de Stryker, mais il hocha simplement la tête. « Les ordres, monsieur. »

« Nous allons tenir notre position. Tuez autant que possible jusqu’à ce que Magnus réussisse ou que nous mourions dans la tentative. »

Une canonnade fracassante retentit sous le Brise-Tempête. Stryker pouvait à peine concevoir les pertes que le Seigneur Général Duggan devait déjà avoir subies. Les tours de Corvis se rapprochaient de plus en plus à chaque seconde qui passait, et il ne faudrait pas longtemps pour qu’Irusk ouvre le feu sur la ville.

« Je suis avec vous, Seigneur Général », dit Harcourt.

Stryker fit un signe de tête et jeta un coup d’œil à Vî Arsouye.

« Tu tiens toujours le coup, mon vieux ? » Demanda-t-il en tapotant la coque de la grande machine.

Arsouye souffla un court jet de vapeur et aplatit ensuite un Man-O-War avec son marteau sismique. Le warjack et les deux warcasters qui l’accompagnaient avaient créé un œil dans la tempête de la bataille, et Stryker prit quelques précieuses secondes pour faire le point sur leur situation. Il avait perdu la moitié de ses troupes, la moitié de ses warjacks, y compris le Mur-Tempête, et il avait envoyé son mentor et meilleur combattant sur le terrain en mission suicide. Les khadoréens avaient cédé du terrain, mais le pont et Irusk étaient inaccessibles. Le Perce-Nuage s’était stabilisé en attachant une série d’ancres à la coque du Brise-Tempêten et le plus grand vaisseau céleste remorquait maintenant le vaisseau cygnaréen. Ce serait toujours une voix d’évasion si Magnus réussissait, bien qu’il se fasse peu d’illusion, il quitterait ce vaisseau jusqu’à ce qu’il tombe au sol en une épave en flammes.

Stryker souleva Vif-Argent et se prépara à replonger dans la mêlée. Il prit contact avec le seul warjack qu’il dirigeait encore, un Défenseur qui avait sinistrement et avec insolence ignoré tout ce qui l’ennemi lui avait balancé.

Le vaisseau trembla, et Stryker pensa d’abord que les canons du Brise-Tempête avaient à nouveau tiré, mais les secousses s’intensifièrent et gagnèrent en force.

« Qu’est-ce que c’était - ? » Débuta Harcourt, pis la première explosion secoua le vaisseau, et l’énorme vaisseau gîta sur le côté. Une colonne de feu émergea directement l’un des puits d’ascenseur proche de l’arrière des forces khadoréennes, incinérant des dizaines de personnes.

Le pont continua à s’incliner. Des soldats et des engins furent jetés au sol et commencèrent à glisser vers le bord du pont. Stryker planta Vif-Argent directement dans les poutres d’acier à ses pieds, poussant la force arcanique dans la frappe, employant l’arme comme un alpiniste pourrait utiliser un piolet. Les cris de bataille cédèrent la place aux cris de terreur des soldats sur le point de se précipiter vers leur perte. Stryker s’accrocha, voulant tendre la main à tous les soldats cygnaréens passant devant lui. Il vérifia la position de son Défenseur et vécut un horrible moment de vertige tout en voyant à travers ses yeux qu’il culbutait dans l’espace et tombait vers le sol. Il stoppa net sa perception, et la présence du warjack disparut de son esprit alors qu’il s’écrasait sur le sol à des centaines de mètres en dessous.

Une autre explosion déchiqueta le pont du côté bâbord, forçant le vaisseau à gîter dans cette direction. Stryker demeura immobile, haletant. Il n’avait aucune idée du nombre de ses soldats ou de ceux de l’ennemi qui étaient passés par-dessus bord. Le Perce-Nuage, miraculeusement, était indemne et toujours amarré au Brise-Tempête.

Il se remit debout et courut jusqu’à l’endroit où Harcourt et Arsouye gisaient dangereusement près du bord du pont. Une autre explosion éclata près du pont, et d’autres incendies et d’éclats d’obus jaillirent dans l’air.

Stryker tira Harcourt sur ses pieds et regarda Arsouye remonter lentement sur les siens. « Est-ce que ça va ? »

« Je ne suis pas blessé, si c’est ce que vous demandez », répondit Harcourt. « Dieux du ciel, il l’a fait. »

Stryker hocha la tête alors qu’un autre geyser de flammes jaillissait du pont du Brise-Tempête. Le vaisseau trembla à nouveau et il réalisa que Magnus avait déclenché une sorte de réaction en chaîne. Il savait aussi que cela signifiait, et le choc le frappa plus fort qu’il ne l’aurait cru. Il avait perdu de véritable amis dans cette guerre, et dans les nombreuses autres qui l’avaient précédée, les tenant même dans ses bras alors que leurs vies s’envolaient lentement. Il avait pleuré pour eux, s’était blâmé pour leur mort et portait le poids de cette responsabilité comme son propre fardeau. Maintenant, il ressentait autre chose, une profonde perte à laquelle il ne s’était pas attendu. Magnus avait été un traître dans tous les sens du terme. Il avait pris la vie de cygnaréen pour faire avancer la cause d’un usurpateur, peu importe que le fils de cet usurpateur soit maintenant assis sur le trône. Sa mort devrait ressembler à la justice, comme le moins qu’il puisse faire pour payer ses crimes. Au lieu de cela, Stryker ressentit un sentiment mitigé et, oui, du chagrin, pour un home dont le sacrifice final l’avait finalement acquitté de tout ce qu’il devait.

« Monsieur », dit Harcourt, « l’ennemi bat en retraite. »

C’était vrai, et pendant un instant Stryker poussa un soupir de soulagement. Il pourrait ramener ses soldats sur le Perce-Nuage et regarder de loin le Brise-Tempête, la colonne vertébrale de l’armée d’Irusk s’écraser devant lui. Les canons étaient devenus silencieux, et les, dieu seul sait, explosions provoquées par Magnus avait cessé. Ces deux choses s’ajoutèrent à quelque chose d’inquiétant. Magnus avait supprimé la capacité du Brise-Tempête à bombarder la Première Armée et Corvis, mais le gigantesque vaisseau restait obstinément dans les airs.

Stryker se précipita vers le bord du pont et jeta un coup d’oeil aux champs creusés et cratérisés en contrebas. Le Seigneur Général s’était retiré, mais il y avait des centaines sinon des milliers de cygnaréens morts éparpillés dans sa vision.

Le Brise-Tempête se déplaçait toujours à un bon rythme, aussi endommagé soit-il et tout en tractant le Perce-Nuage derrière lui. Sa trajectoire avait changé, et Stryker pouvait sentir le léger angle descendant. La proue du vaisseau pointait vers Corvis. Irusk n’avait peut-être plus de canons pour bombarder la ville, mais il avait le million de tonnes du vaisseau céleste qu’il pouvait lancer comme un grand météore dans un ultime effort pour mettre fin à la vie de cygnaréens par milliers.

Il comprenait maintenant pourquoi les khadoréens s’étaient retirés. Ils avaient subi des pertes dévastatrices lors des explosions, mais ils protégeaient désormais le seul actif qui comptait : Irusk et le pont. Combien de temps résistaient-ils avant de se rendre comme que leur Kommandant Suprême les considérait comme sacrifiable ?

« Harcourt, prenez tout le monde et embarquez à bord du Perce-Nuage », dit Stryker en empoignant le jeune warcaster par l’épaule.

« Quoi ? Je ne comprends pas, monsieur », répondit Harcourt, la peur s’élevant soudain dans sa voix.

« Magnus n’a pas fait assez de dégâts. Irusk va envoyer le vaisseau sur Corvis. »

Harcourt se contenta de regarder horreur muette.

« Faites-le, Lieutenant. » Stryker se tourna pour s’adresser aux centaines de soldats autour de lui. « Nous devons atteindre ce pont. Des milliers de vies innocentes en dépendant. J’ai besoin de vingt volontaires. Je ne mentirai pas : si nous réussissons, vous serez salués comme des héros, mais nous terminerons ce voyage à Urcaen quoi qu’il arrive. »

Une centaine de mains se levèrent, et des larmes et un flot d’émotion aveuglèrent presque Stryker. « En vérité, je suis béni de commander de si braves et nobles guerriers. »

Stryker choisit ses vingt soldats, tous jeunes, sans famille ou des plus âgés ayant déjà vu leurs enfants grandir. Le choix fut sinistre.

« Monsieur, nous avons peut-être quelque chose à bord du Perce-Nuage … «  commença Harcourt, plaidant.

« Non, William. J’ai besoin de toi pour commander maintenant. J’ai besoin qu’il te suive sur ce vaisseau et que tu en sauves le plus possible. J’irai jusqu’au bout. »

Stryker prit les mains gantelées du warcaster dans les siennes. « Tu m’as rendu fier, et je sais que tu continueras à faire de grandes choses. »

« Monsieur, s’il vous plaît. Le Cygnar a besoin de vous. »

Stryker secoua la tête. « Il a besoin d’hommes et de femmes forts pour le diriger. C’est toi. Trouve le Major Maddox quand c’est fini et dis-lui… »
Il s’arrêta et inspira. La prise de conscience soudaine qu’il ne reverrait plus jamais sa vieille amie, qu’il ne parlerait plus jamais de leurs années à l’académie, le broya.

« Monsieur ? » Dit Harcourt.

Stryker réalisa que tous les regards étaient rivés sur lui et que faire montre de faiblesse ici pourrait dissiper la bravoure de ceux qui en auraient besoin dans les prochaines minutes. « Trouve le Major Maddox et dis-lui que tu es son nouveau compagnon. Elle t’apprendra beaucoup mieux que moi. »

« Je le ferai, monsieur », répondit Harcourt en regardant ses pieds. Mais Stryker savait que ce ne serait pas le cas.

« Relevez la tête, Lieutenant », dit-il doucement. « Faites semblant, si vous devez le faire, mais ils doivent voir votre bravoure. »

« Harcourt leva la tête et hocha. Il s’essuya les yeux avec le dos de son gantelet. « Oui, monsieur. Je le ferai. »

« Maintenant, partez », dit Stryker en repoussant Harcourt.

Harcourt leva son épée, et quand il s’exprima, sa voix devint ferme et puissante. « Soldats de Cygnar, sivez moi. Retour au Perce-Nuage. »

Harcourt mena les centaines de soldats survivant dans le ventre du vaisseau céleste cygnaréen, et Stryker le regarda briser les amarres alors qu’il s’éloignait, mettant Harcourt et les autres en sécurité.

Il regarda autour de lui les vingt hommes et femmes restés à ses côtés. Il ne connaissait même pas tous leurs noms, mais cela n’avait pas d’importance. Il connaissait leur coeur et il savait qu’ils ne le laisseraient pas tomber.

. . .

KOMMANDANT SUPREME », dit un kovnik de la Garde des Glaces du nom de Lodeski à Irusk, la voix tremblante. « Nous avons subi des pertes importantes. »

La peur de l’homme rendit Irusk malade.

De sa position avantageuse, Irusk avait vu le pont entier de son vaisseau s’enflammer et se transformer en projectiles. Des centaines de ses soldats avaient été incinérés et démembrés, et ses canons s’étaient tus. La dernière chose qu’ils avaient besoin d’entendre de la part d’un de ses subordonnés était qu’ils avaient subi de lourdes pertes alors que la preuve en était aussi évidente que les cadavres carbonisés qui jonchaient le pont du Brise-Tempête.

« Descendez et assurez-vous que les ingénieurs maintiennent le vaisseau en l’air », déclara Irusk.

« Kommandant Suprême, le vaisseau est perdu, et je… »

Irusk attrapa le Kovnik Lodeski à la gorge. C’était un homme grand et chétif, pâle et mou. Comment avait-il pu atteindre le rang de kovnik était un mystère. « Descendez et assurez-vous que le vaisseau reste en l’air et sur sa trajectoire, kovnik, ou votre femme, vos enfants, toute votre famille vont souffrir de votre lâcheté. »

Irusk repoussa l’homme et attendit.

Lodeski se frotta la gorge, ses yeux se remplissant de terreur et de rage, et Irusk se demanda un instant lequel des deux gagnerait. Il n’eut même pas besoin d’y penser.

« Oui, Kommandant Supême. Ça sera fait. » Lodeski quitta le pont en courant et Irusk l’oublia en se tournant vers le reste de ses officiers.

« Vous, vous et vous. » Il désigna l’artilleur principal, le pilote et un kovnik Man-O-War. Ils étaient tout ce qui restait de ses officiers supérieurs à bord. Il supposa que Strakhov avait été tué dans les explosions sui avaient neutralisé les canons du Brise-Tempête. C’était une perte, mais pas insurmontable. Sa propre vie, ainsi que celles des officiers qui avaient été témoins de ce qui s’était passé aujourd’hui et qui pouvaient corroborer certains aspects lorsqu’il se tiendrait devant l’impératrice (ou être cornaqués et menacés de mentir ou d’exagérer si nécessaire), étaient bien plus importants.

Les deux hommes et la femme qu’il avait désignés se tournèrent vers lui avec un mélange de peur et d’espoir sur leurs visages.

« Venez avec moi sur le canot de sauvetage », dit Irusk. Le Brise-Tempête était équipé d’un petit dirigeable, assez grand pour contenir ses officiers supérieurs et les mettre en sécurité si nécessaire. « Le reste d’entre vous… Je vous remercie pour votre service. Votre impératrice entendra parler de votre sacrifice. »

Des visages perplexes l’accueillirent parmi une demi-douzaine d’hommes et de femmes. Ces visages perplexes se transformèrent en horreur quand il sortit son canon à main et tira sur le plus proche.

« Kovnik », dit-il au Man-O-War. « Ce vaisseau doit garder le cap. »

L’énorme soldat armuré acquiesça et pointa son bouclier canon. « Rejoignez-moi quand vous aurez fini ici. Je tiendrai le canot de sauvetage pour vous. » Il le pensait ; ce qu’il demandait à l’homme le rendait digne d’être sauvé.

Le tonnerre du bouclier canon noya les cris des soldats restants. Les autres officiers qu’il avait choisis de sauver avaient un visage pâle, mais ne dirent rien. Au lieu de cela, ils vivraient. Ils comprenaient les priorités.

Irusk quitta vivement le pont, jetant un dernier coup d’oeil au pont brisé du Brise-Tempête. Les troupes khadoréennes se dispersaient, leurs cohésions d’unités se disloquant alors que les soldats apprenaient leur destinée. Il aurait quitté le vaisseau avant qu’ils ne comprennent pleinement leur sort. Il consola en pensant que leur mort ne serait pas vaine et qu’un grand coup serait porté aux ennemis de la Mère Patrie.

La dernière chose qu’il remarqua avant de quitter le pont fut Coleman Stryker menant une petite unité de Lames-Tempêtes vers le pont.
Irusk sourit. Cette journée n’était pas sans bénédictions après tout.
« Modifié: 20 octobre 2020 à 16:33:44 par elric »
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Re : STORMBREAK - 4ème partie
« Réponse #14 le: 08 septembre 2020 à 16:59:51 »
— 28 —

LE VENT HURLANT D   ANS SES OREILLES et la douleur fulgurante sur son visage et ses bras réveillèrent Magnus. Il tombait, le fond du Brise-Tempête s’amenuisait au-dessus de lui alors qu’il plongeait vers le Fleuve Noir. Il essaya de bouger ses bras et ses jambes et découvrit qu’il était plus lourd qu’il ne devrait l’être. L’explosion avait endommagé son armure – à quel point, il n’en était pas certain.

Il se tordit dans les airs, se retournant pour voir l’eau sombre se précipiter à sa rencontre. Il toucherait dans dix secondes, peut-être moins. Il s’était presque résigné à ce sort quand il aperçut une autre silhouette tombant non loin de lui.

L’armure et la chair noircies et fumantes de Strakhov. Magnus comprenant maintenant comment il avait survécu à la détonation dans la salle des canons – il se souvint que Strakhov l’avait attrapé quelques secondes avant que son corps ne se déclenche, et que le champ d’énergie du warcaster plus le sien avaient dû le protéger de l’explosion. Strakhov aurait subi les plus fort de l’explosion, assez probablement pour le tuer.

Magnus s’émerveilla de l’absurdité de la chose. Il était prêt à mourir, à s’éteindre dans un embrasement ardent qu’il avait lui-même provoqué. Cela lui avait été refusé, et maintenant, en se précipitant vers le sol, de vieux instincts de survie se manifestèrent. Ses options étaient limitées. Heurter le Fleuve Noir sans turbine arcanique en état de marche le tuerait probablement à l’impact. Pourtant, il avait une chance, si mince qu’elle était pratiquement inexistante.

Luttant contre une douzaine de blessures superficielles, celle pas si superficielle, de son épaule droite, et le poids stupéfiant de sa propre armure, Magnus mit ses bras et ses jambes à l’horizontale et s’élança dans les airs en direction de Strakhov. Il avait mal jugé sa vitesse et percuta le warcaster, mais il réussit à s’accrocher. Il n’avait aucun moyen de savoir si Strakhov était vivant, mais cela n’avait pas d’importance : le bourdonnement de la turbine arcanique du warcaster khadoréen et le filet de fumée s’échappant de la cheminée de son armure suffisant à le renseigner.

Il tint le warcaster près de lui, plaçant le khadoréen face à l’eau. Magnus détecta un infime mouvement de la poitrine du warcaster – il s’accrochait toujours à la vie. Du moins, un peu plus longtemps. S’ils survivaient, le khadoréens aurait des cicatrices défigurantes pour le restant de ses jours. Son visage et la majeure partie de sa peau exposée étaient carbonisées, et des os luisaient sous la chair.

Théoriquement, les champs d’énergie produits par deux armures de warcasters, lorsqu’elles étaient à proximité, devraient se chevaucher et se renforcer l’un l’autre. Lorsqu’ils touchèrent l’eau, le champ d’énergie de Strakhov s’activa, mais Magnus n’eut aucun moyen de savoir si le sien possédait suffisamment de puissance pour renforcer celui du khadoréen. Si c’était le cas, les boucliers énergétiques combinés pourraient les sauver. Encore une fois, ce ne serait peut-être pas le cas.

Magnus repéra les forces cygnaréennes proche de la rive. Verraient-ils les deux warcaster heurter l’eau ? Reconnaîtraient-ils même que les deux hommes qui tombaient n’étaient pas simplement des débris éparpillés du vaisseau céleste en désintégration au-dessus d’eux ?

Ou simplement des cadavres de ceux déjà vaincus.

Rien de tout cela n’avait d’importance, car la gravité lui apporterait la réponse dans quelques secondes. Magnus ferma les yeux, s’accrocha fermement au corps de Strakhov et se prépara à l’effroyable impact à venir. Un cours élan d’un infime surgit en lui lorsque le picotement d’un champ d’énergie se forma autour de lui. Il fut immédiatement avalé et écrasé alors que sa respiration ses sens et sa vision furent broyés, suivit instantanément par le chic glacial de l’eau.

Ils plongèrent dans les ténèbres et Magnus s’accrocha d’une manière ou d’une autre à Strakhov. Le champ d’énergie créa une petite bulle d’air autour d’eux alors qu’ils6 coulaient, et Magnus prit une profonde inspiration. Mais ensuite, le champ d’énergie s’éteignit et l’eau s’engouffra à l’intérieur.

Magnus et Strakhov heurtèrent la vase au fond du fleuve, et ils restèrent là, embourbés dans trente centimètres d’une boue visqueuse, la faible lueur du soleil à quelques mètres au-dessus d’eux. Alors que l’oxygène s’amenuisait dans ses poumons, Magnus réalisa que ce serait la dernière lueur du soleil qu’il verrait.

. . .

STRYKER S’ATTENDAIT À PLUS de résistance alors que lui et ses vingt Lames-Tempêtes se dirigeaient vers le pont. Au lieu de se heurter à une muraille organisée de soldats khadoréens, ils rencontraient de groupes de soldats en fuit, plus soucieux de trouver un moyen de quitter le vaisseau que de combattre un ennemi aussi condamné qu’eux. Tout de même, certains rouges se souvenaient encore de leur appel du devoir.

Stryker forma ses soldats en angle avec lui à la pointe, et ils tailladèrent à travers la faible résistance sur leur chemin jusqu’à ce qu’ils soient à moins de vingt verges du pont. Il y avait une ligne de piquiers Crocs d’Acier, leurs boucliers ornés du dragon noir. Stryker connaissait cette compagnie de soldats vétérans, tous vétérans expérimentés n’ayant aucune autre famille que leurs frères et sœurs d’armes. Il n’y aurait pas de retraite pour ces guerriers.
Les Crocs d’Acier verrouillèrent leurs boucliers, abaissant leurs piques explosives en une haie hérissée. Le nombre était pair, vingt de chaque côté. Stryker et ses Lames-Tempêtes n’avaient qu’un seul avantage : ils pouvaient attaquer à distance.

« Projectile ! » Cria Stryker, et les Lames-Tempêtes s’espacèrent, les explosions brûlantes d’énergie voltaïque se déversant sur les khadoréens. L’armure Croc d’Acier était épaisse, et la puissance combinée de l’attaque galvanique ne fit tomber que deux vétérans.

Les Crocs d’Acier chargèrent, Stryker lança rapidement un sort pour protéger ses soldats de la redoutable puissance de leurs piques explosives ; un bouclier arcanique se forma autour des Lames-Tempêtes, et il savait que même s’il pouvait en sauver quelque-uns, les piques explosives étaient conçues pour pénétrer le blindage des warjacks. Les Crocs d’Acier frappèrent et leurs armes explosèrent avec une fureur effroyable. Six Lames-Tempêtes tombèrent ou furent projetés au loin avec des trous béants dans leurs cuirasses. Six autres furent jetés au sol et eurent du mal à se remettre debout alors que l’ennemi renversait ses lances et poignardait avec les pointes de lance sur la crosse de leurs armes.

Stryker se retrouva engagé avec quatre Crocs d’Acier à la fois. Leurs piques jaillirent, et il en repoussa deux, esquiva les autres, puis se mit à tourbillonner à l’intérieur de la garde de ses ennemis. Il écrasa le bouclier d’un Croc d’Acier d’un coup de pied et abattit l’homme à côté de lui avec une courte frappe montante. Une autre pique explosive pénétra et cette fois Stryker ne réussit pas à l’éviter. Elle éclata contre son champ d’énergie juste au-dessus de sa cuirasse. La chaleur et la pression l’enveloppèrent et le fracassa. Il observa une bosse fumante dans son armure – mais au moins ce n’était pas un trou béant. Merci Morrow pour ce petit miracle. Il bondit en avant, fendit le bouclier relevé et le casque du Croc d’Acier qui l’avait frappé. Puis la brume rouge du combat l’emporta, réduisant son monde à la portée de son épée et aux attaques de ses ennemis.

Stryker se battit avec une seule pensée en tête : ils se rapprochaient de Corvis et caque fois qu’il balançait sa lame, le Brise-Tempête se rapprochait de la mort de dizaines de milliers de personnes. Comptant trop sur son armure et son champ d’énergie, il lançait de grands coups avec Vif-Argent, la propulsant à travers l’armure de Croc d’Acier. Son imprudence lui avait occasionné trop de blessures : un coup de couteau profond à la cuisse droite, un coup d’une pique à l’arrière de sa tête qui brouilla sa vision et l’assomma presque. Mais finalement, son habilité, sa force et son désespoir l’emportèrent. Il se tenait au-dessus d’un champ de cadavre, à la fois khadoréen et cygnaréen. Il était vraiment le dernier homme debout – les vingt soldats qu’il avait emmenés avec lui avaient tous donné leur vie pour s’assurer qu’il vive encore un peu.

Il était seul.

Stryker souhaitait pouvoir reconnaître leur sacrifice et pleurer leur perte insensée, mais c’était un luxe qu’il ne pouvait pas se permettre. Avec lassitude, il souleva Vif-Argent et couru jusqu’à la base du pont. Comme sur le précédent vaisseau céleste khadoréen qu’il avait pris d’assaut avec Harcourt, l’écoutille menant au pont était fermée et barrée. Trois puissants coups avec Vif-Argent réduisit la porte en copeau et il se fraya dans l’obscurité. Un escalier menait à un étroit couloir. Il le gravit insouciant de tout danger, jusqu’à ce qu’il atteigne le pont.

Il ne trouva pas de groupe un soldat endurcis prêts à mourir pour leur nation et leur vaisseau mais un carnage. Plus une âme vivante sur le pont. Les pilotes, les artilleurs et les ingénieurs mékaniciens qui dirigeaient le vaisseau à partir d’ici avaient été tués sous les coups d’une hache exterminatrice ou abattus à bout portant. Il ne l’avait pas dit à Harcourt, mais il avait un plan désespéré pour dévier la route du Brise-Tempête et peut-être se sauver lui-même : il avait espéré forcer les officiers sur le pont à communiquer avec les ingénieurs en bas et changer la route et la vitesse du vaisseau khadoréen.

Mais Irusk avait clairement d’autres plans, et il avait été minutieux.

Il n’y avait aucun moyen de modifier la destination du vaisseau maintenant. Même la grande roue avait été mise en pièces, ne laissant qu’un moignon de métal noirci là où le pilote autrefois dirigeait le grand vaisseau.

Le Brise-Tempête était une bête increvable. Ils l’avaient blessé, mais rien ne semblait capable de la faire chuter. Magnus avait détruit ses canons, percé des trous béants dans sa coque, et portant il flottait toujours. Son équipage était mort ou mutiné, et il fonçait toujours vers Corvis comme une flèche propulsée par l’arc d’un dieu vengeur. Ils avaient saigné la bête, mais il n’y avait qu’un seul moyen de la tuer. Il faudrait lui porter un coup au coeur, ôter le moteur qui la faisait avancer et la maintenant en l’air, le moteur céleste dans le ventre du navire.

Il observa le carnage sur le pont et réalisa qu’il faisait face à un ennemi qui ferait n’importe quoi pour la victoire ou, dans ce cas, pour porter un coup fatal à son ennemi même dans la défaite. Irusk avait exécuté ses propres soldats pour s’assurer que des milliers d’innocents souffriraient. La cruauté de cet homme, même face à une perte complète, était intimidante.

Irusk n’avait jamais été du genre à se sacrifier, alors Stryker supposé qu’il s’était probablement échappé du vaisseau d’une manière ou d’une autre. Il espérait que le Kommadant Suprême observerait le moment où le dernier Brise-Tempête s’écraserait sur terre mais ne réussirait pas à frapper Corvis. Stryker infligerait une défaite de plus, un échec de plus, à Irusk avant la fin.

. . .

STRYKER CROISA DES DOUZAINES DE SOLDATS KHADORÉENS alors qu’il s’enfonçait dans les profondeurs du vaisseau céleste. Aucun ne tenta de l’arrêter ni même de se battre. Ils savaient que cette lutte était perdue ; la plupart couraient dans une autre direction dès qu’ils le voyaient. Les rares qui ne couraient pas rencontrait simplement son regard et attendaient. Le regard dans leurs yeux exprimait simplement : Mon combat est terminé. Tuez-moi où laissez-moi passer. Il les laissait passer chaque fois. Sauf une.

Un soldat avec une main mékanique se précipitait vers lui, transportant ce qui ressemblait à un coeur de warjack. Un équipement précieux s’il pouvait le faire quitter le vaisseau. La prothèse de l’homme indiquait qu’il avait un certain rang.

Stryker dégaina son épée et bloqua l’étroit couloir. « Où sont les moteurs célestes ? » Demanda-t-il. Il avait eu une idée approximative en voyant l’extérieur du vaisseau, mais il n’avait pas le temps de chercher.

Le khadoréen hésita puis regarda derrière lui.

« Si tu cours, tu ne feras pas cinq pas avant de te prendre un projectile. Tu sais qui je suis. »

« Pourquoi je vous balancerais quelque chose ? » Cracha l’homme dans un cygnaréen étonnamment bon. Il serra la sphère de couleur bronze du cortex de warjack contre sa poitrine.

« Si tu espères avoir une chance de quitter ce vaisseau avec ça, tu me le diras. Sinon, je te tuerai et j’attendrai que le prochain homme arrive. »

Le mékanicien fit une grimace puis finalement secoua la tête. « Derrière moi, à vingt verges, vous entendrez le bruit de la turbine arcanique. Je suppose qu’il vous est familier, oui ? »

Stryker s’écarta. « Alors allez-y, mon brave ennemi khadoréen. Que Menoth te protège du mal. »

L’homme ricana en passant. « Le seul mal sur ce navire, c’est vous. »

Stryker se demanda s’il penserait ça en voyant ce qui s’était passé sur le pont.

Il suivit les instructions de l’homme, courant dans le couloir jusqu’à ce qu’il entende le bourdonnement révélateur d’énergie arcanique vrombissant à travers les conduits voltaïques. Sa propre armure émettait un tel bruit, à peine audible sauf dans une pièce très calme. C’était ce bruit mais amplifié mille fois.

Le couloir se terminait en un large espace ouvert, la partie supérieure d’une des grandes demi-sphères sous le vaisseau. La turbine arcanique et le moteur céleste qui lui était attaché se trouvaient à l’intérieur d’une sphère armillaire en rotation rapide, un orbe flamboyant d’énergie bleu-blanche pulsant depuis et autour du moteur céleste. La turbine recueillait et amplifiait la puissance de la sphère armillaire, créant un balayage de l’énergie qui circulait en circuit fermé dans le moteur céleste et produisait suffisamment de puissance pour soulever des centaines de tonnes d’aciers et de soldats dans les airs.

La chambre était vide, un espace caverneux dépourvus d’ennemis. Il comprit que des centaines de khadoréens cherchaient un moyen de quitter le vaisseau, mais s’il réussissait, ils ne le trouveraient jamais.

Des passerelles s’étendaient du sol de la pièce jusqu’au vide ouvert où vide ouvert où était suspendu la sphère armillaire, maintenue en l’air par la même énergie qui accordait le vol au Brise-Tempête. Les bandes d’acier floues qui constituaient la sphère était une efficace armure. Stryker pourrait se frayer un chemin à travers elles, puis détruire la turbine arcanique, mais la désactivation d’un moteur ne forcerait pas le vaisseau à s’écraser au sol assez rapidement. Il atteindrait toujours sa cible. Non, il avait besoin de désactiver plus d’un moteur ; il avait besoin de créer une explosion assez colossale pour tous les désactiver.

Il se dirigea vers la passerelle la plus proche, cherchant des moyens de détruire le moteur céleste, et malgré sa connaissance de la mékanique arcanique, il ne put rien trouver qui lui permettrait de désactiver plus que ce seul moteur.

Il s’arrêta à quelques pas du monteur céleste, la sphère armillaire projetant un vent violent sentant l’ozone sur son visage. Des arcs d’énergies voltaïque dansaient autour du mécanisme. Un de ces arcs fusa vers lui et il leva son épée par réflexe. L’éclair frappa Vif-Argent, secouant Stryker avec sa force pure, et sa turbine arcanique gémit plus fort en absorbant l’énergie.

Il sut, alors, ce qu’il avait à faire.

Son armure de warcaster avait subi un certain nombre d’itérations, toute conçue par le génie de Sebastian Nemo. Une tenue lui permettant de surcharger stratégiquement sa turbine arcanique, puis de canaliser cette puissance dans son armure, décuplant sa force. Il avait rarement utilisé la fonction de l’armure de peur de surcharger sa turbine arcanique au point de tomber en panne. Si cela s’était produit, l’explosion qui en aurait résulté l’aurait réduit en atomes avec n’importe qui et n’importe quoi à moins de vingt pas.

La turbine arcanique reposant dans la sphère armillaire du moteur céleste avait une puissance mille fois supérieure à celle qui alimentait son armure. Une surcharge produirait une explosion qui fendrait le vaisseau céleste en deux.

Le moment était venu. Rien ne l’empêcherait de faire ce qu’il allait faire. Il pouvait sentir le Brise-Tempête se précipiter vers Corvis de seconde en seconde, et il savait maintenant qu’il pouvait l’arrêter, qu’il pouvait sauver des milliers d’âmes. Et il n’avait pas peur. La mort était sa constante compagne depuis des années. Au lieu de cela, ce qu’il ressentait s’apparentait à une perte. Du chagrin, peut-être. Il avait toujours envisagé, bêtement, de quitter l’armée, de prendre sa retraite, de vivre une vie qui n’était pas dictée par la guerre et les conflits. C’était plus un fantasme qu’autre chose, un fantasme qui pouvait être extirper par la balle d’un tireur embusqué ou l’épée d’un ennemi à tout moment. Mais le choisir sciemment, abandonner tout ce qu’il aurait pu être, était bien pire que la peur. Il se demandait si Magnus avait éprouvé le même sentiment de perte dans ses derniers moments. Il sourit. Il aurait la chance de lui demander à Urcaen bien assez tôt.

Stryker ferma les yeux et tint Vif-Argent devant lui, en posant son front sur la lame. Il eut l’instinct de prier, mais il ne trouva pas les mots.

« Pour le Cygnar », chuchota-t-il. Les mots furent captés et emportés par le vent hurlant de la sphère armillaire. Il s’avança, leva son épée et la fit tomber sur les bandes d’acier étincelantes. Vif-Argent traversa le métal, et la sphère se détacha dans une pluie d’éclats lumineux. Un morceau de la taille d’un bras de warjack passa devant sa tête, et cela aurait pu se terminer maintenant, mais Stryker sentit une autre présence dans la pièce avec lui. C’était peut-être l’adrénaline et la fatigue qui lui jouait des tours, mais il sentit qu’une main le guidait dans ses actions.

La turbine arcanique et le moteur céleste étaient suspendus dans les airs devant lui, pulsant de bleu et de blanc, un atome de puissance comme l’oeil d’un dieu en colère. Il prit une inspiration, pointa Vif-Argent et canalisa toute sa force arcanique dans son accu-tempête. Un éclair d’énergie voltaïque jaillit de la pointe de l’épée et ans la turbine arcanique, mais contrairement aux courtes rafales qu’il tirait sur ses ennemis, cette fois il lança un flux constant d’énergie dans la cible. Un lien d’énergie galvanique s’écoula de la turbine arcanique de son armure à travers sa lame et dans le moteur arcanique.

La lueur autour du moteur arcanique s’intensifia, et la turbine arcanique dans le dos de Stryker devint chaude puis brûlante. Il grinça des dents et injecta plus de puissance dans Vif-Argent, fermant les yeux alors que la douleur s’intensifiait. Il ne lâcha rien, même lorsque la peau de son dos craquela sous son armure, même lorsque ses cheveux prirent feu et qua la douleur bondit sur son crâne et son visage. Il prit conscience qu’il criait, mais il ne céda pas.

Morrow, s’il te plaît, fait que cela s’achève, alors que moteur le moteur céleste se surchargeait dans un gigantesque éclair d’énergie bleu-blanche qui se développa en une bulle de force destructrice absolue.

Coleman Stryker mourut dans la lumière.
« Modifié: 20 octobre 2020 à 16:34:43 par elric »
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Re : STORMBREAK - 4ème partie
« Réponse #15 le: 23 septembre 2020 à 17:26:29 »

— 29 —

NEMO LUTTAIT POUR RESTER ÉVEILLÉ, pour garder son corps défaillant droit et mobile pour quelques secondes de plus. Son armure fit le plus gros du travail, et il refusa l’aide des mékaniciens qui essayaient de le soutenir dans sa lente marche vers le pont.

Il avait mis tout ce qu’il avait dans moteurs du Perce-Nuage, les poussant dans leurs derniers retranchements avec chaque once de puissance arcanique qu’il avait pu rassembler. Cela avait fonctionné, et il avait rattrapé le Brise-Tempête, emboutit le pont du vaisseau khadoréen dans une tentative désespérée d’empêcher Irsuk de détruire la Première Armée et Corvis.

Il était resté presque comateux dans la baie médicale jusqu’à ce qu’il sente le vaisseau bouger à nouveau. Les médecins lui avaient dit qu’il avait été gravement blessé et les regards graves sur leurs visages en disaient plus que cela. Il était au-delà de la guérison. Et il en était conscient.

Nemo avait rassemblé suffisamment de force pour ordonner qu’on lui remette son armure. Un nuage noir de désespoir le suivait, mais quand il atteignit le pont et vit le Brise-Tempête se précipiter au loin d’eux, il pensa un instant que l’obscurité était simplement le poids de l’échec qui l’écrasait.

Puis une gigantesque couronne de lumière flamboyante s’épanouit. Toutes les personnes sur le pont se protégèrent les yeux ou s’éloigna du flash, mais pas Nemo. Il reconnut la signature énergétique. L’un des moteurs célestes avait surchargé. Il regarda avec une certaine satisfaction le vaisseau céleste se fendre en deux, sa partie arrière projetée dans la rivière tandis que sa section avant s’écrasait sur les quais et les entrepôts aux abords de Corvis. Il y aurait beaucoup de mort, mais rien de tel si le vaisseau avait heurté le centre-ville.

Puis il vit le Lieutenant Harcourt. Le jeune warcaster se couvrait les yeux, non pas pour les protéger du flash mais pour cacher les larmes qui coulaient sur son visage.

Némo réussit à faire dix pas sur le pont, à relever la tête de l’homme et à le regarder dans les yeux.

« Coleman ? » Croassa Nemo, sachant que c’était une question idiote. Savoir que cet éclat brillant de lumière était plus que la destruction d’un vaisseau céleste khadoréen. C’était le crescendo aveuglant final d’une vie remplie d’autant de douleur que de gloire.

« Non », répondit Harcourt.

Le nuage sombre se posa sur Nemo, arrachant le peu de force qu’il avait. Il réalisa qu’il tombait, plongeait dans cette noirceur, et l’accueillit avec gratitude.

. . .

L’OBSCURITÉ REFLUA, LA LUMIÈRE S’ACCRUT, et Magnus fut souleva par une force invisible. Au début, il pensa simplement qu’il était mort, que c’était son passage à Urcaen. Puis il brisa la surface du fleuve, aspira une grande gorgée d’air et expectora l’eau de ses poumons.
Cette toux et ce mouvement firent jaillir un profond sifflement du Mur-Tempête qui l’avait repêché dans le fleuve. Il le tenait aussi prudemment que possible dans une gigantesque main de métal, puis il se dirigea vers la rive, de l’eau jusqu’à sa taille.

« Pose-le, cria une grande et agile femme en armure de warcaster, un gros fusil cinémantique posé sur l’une de ses épaules. Magnus reconnut le Capitaine Kara Sloan. Il n’avait pas réalisé qu’elle faisait partie de la Première Armée, mais il supposait que ses compétences lui permettait de pouvoir se déplacer un peu. L’oeil et l’esprit vif, elle avait probablement vu sa chute et avait agi rapidement pour le repêcher. Il était également certain qu’elle lui avait tiré dessus plus d’une fois, avant que ne renfile le bleu.

Le Mur-Tempête plaça Magnus sur la pelouse herbeuse au bord du rivage puis, à sa surprise, plaça le corps mou du Kommandeur Strakhov à côté de lui. Les médecins se précipitèrent pour les aider tous les deux, mais Magnus leur fit signe de partir.

« Assurez-vous qu’il vive », dit-il en désignant Strakhov.

« Vous avez besoin de soins médicaux, Major », dit Sloan, en le fixant du regard, ses yeux évaluant, jugeant. Elle n’avait pas tort ; il ne pouvait plus compter ses blessures, et son corps tout entier semblait fait d’os brisés, d’élongations et de chair brûlée.

« Sans doute aucun, Capitaine », répondit Magnus, en étouffant la douleur, en la repoussant, comme il l’avait fait une centaine de fois auparavant. Il ne pouvait toujours pas bouger son bras droit, alors il tendit sa main gauche, gêné d’avoir besoin d’aider pour se relever. Quel vieil imbécile fatigué il devait faire.

Kara Sloan attrapa la main de Magnus, sa prise sûre et forte, et le tira debout. Il se souvint soudain que son armure de warcaster était inutilisable, et son poids le fit presque retomber là où il se tenait.

« Capitaine, je suis reconnaissant pour le sauvetage. Mais pour le moment, dites-moi l’état de la Première Armée. »

« Nous devons vous enlever cette armure, monsieur », dit Sloan

« En temps voulu. Rapport, capitaine. »

« Oui, monsieur », dit-elle à contrecœur. Contrairement aux warcasters et aux officiers avec lesquels il avait servi, le Capitaine Sloan ne s’était pas habitué à l’idée qu’Asheth Magnus porte le Cygnus et aie un grade supérieur. « Les premiers rapports font état de mille morts et au moins autant de blessés. Ce maudit vaisseau nous a pilonné jusqu’à ce que ses canons s’éteignent. »

Magnus sourit sinistrement et scruta le ciel. « Où est le Brise-Tempête ? »

Sloan désigna l’est et Magnus se leva. Le vaisseau était distant de deux ou trois kilomètres, longeant le fleuve et se rapprochant de Corvis, crachant de la fumée et des morceaux. Il pouvait observer la Première Armée déployée devant la ville, l’artillerie et les warjacks tirant sur le Brise-Tempête.

Il ouvrit la bouche pour dire au Capitaine Sloan que la Première devrait économiser leurs munitions lorsqu’un éclair brillant empli les cieux au-dessus de Corvis, un nimbe de destruction voltaïque comme il n’en avait jamais vu auparavant.

Des cris et des hurlements d’admirations s’élevèrent des soldats à proximité, et même de Sloan, normalement stoïque dit : « Les Dents de Thamar. »

Le Brise-Tempête craqua comme une planche pourrie brisée sur un genou. Sa partie arrière s’enfonça à moitié dans le fleuve tandis que le reste, presque propulsé par l’explosion l’ayant brisé, s’écrasait sur les quais aux abords de Corvis.

« Je ne comprends pas », dit Sloan. « Toutes nos soldats avaient quitté le Brise-Tempête. Comment est-ce arrivé ? »

« Vous avez déjà vu une turbine arcanique exploser, capitaine ? » Demanda Magnus, l’effarante réalisation s’installant lentement sur lui tel un linceul de fer.

Sloan aperçut le visage de Magnus et peut-être devina son effroi. Elle secoua lentement la tête.

« Ça ressemble à ça, mais en mille fois plus petit », dit-il, en essayant de contrôler le tremblement de sa voix. Ce n’était pas seulement de la fatigue. Une pensée rejoignit le chaos de la colère et du chagrin dans son esprit : Cela aurait dû être moi.

« Je ne comprends pas, monsieur », dit Sloan. « Comment ? »

Magnus tomba à genoux, le poids de son armure, le poids de ses décisions le poids de sa vie trop lourd à supporter plus longtemps. « Stryker. »
« Modifié: 21 octobre 2020 à 13:23:43 par elric »
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Re : STORMBREAK - 4ème partie
« Réponse #16 le: 01 octobre 2020 à 19:13:18 »
— 30 —

LES RUES DE CASPIA ÉTAIENT NOIRES DE MONDE. Des milliers et des milliers de personnes remplissait ses avenues étroites et sinueuses, créant ainsi leur mur à eux dans une ville connue sous le nom de ville des remparts. Ce n’était pas un rassemblement pour célébrer ou pour protester contre les événements qui faisaient habituellement sortir les foules de leurs foyers. Sous un plafond nuageux gris acier, le silence régnait à Caspia. Les gens se tenaient silencieux et sombre, beaucoup portant des brassards blancs représentant le Cygnus, le grand cygne de Cygnar, en noir.

Tous regardaient une ligne de soldats, dirigées par une centaine de lances-Tempêtes, flottant à leurs électro-lances le même cygne noir, se déplacer dans le centre de la ville. Derrière eux se trouvaient cent chevaliers Précurseurs laissaient la place au bleu brillant des Lames-Tempêtes, ceux qui avaient servi au plus près du sujet de la sinistre procession.

Le cercueil du Seigneur Général Coleman Stryker était une parfaite boîte blanche en acier émaillé. L’étoile rayonnante morrowéenne et le grand cygne avaient été gravés en argent sur sa surface – la nation de l’homme et son dieu – mais ce n’était pas pour ces choses qu’il avait sacrifié sa vie. Non, ils marchaient tout autour de lui, les hommes et les femmes qui s’étaient battus avec lui, pour lui, à cause de lui. Il était mort pour eux, et leurs mains le portaient à son dernier lieu de repos dans le Sancteum.

Le nom de ceux qui portaient le cercueil étaient une litanie de héros, qui avaient tous combattu aux côtés du chef de Division Tempête. Victoria Haley, Markus Brisbane, Elizabeth Maddox, et Kara Sloan, ils portaient tous leur ami et commandant. D’autres ne brillaient que par leur absence : Sebastian Nemo, et Asheth Magnus, le premier touché et s’accrochant à la vie dans le même conflit ayant emporté Stryker. Le second, qui s’était longtemps considéré comme un ennemi du seigneur général, s’était récusé de l’honneur de porter le cercueil, malgré les discrets du Haut Chancelier Leto Raelthorne et même du Roi Julius Raelthorne en personne. Magnus avait avancé l’excuse que ses blessures l’empêchaient d’exercer de telles fonctions, mais il était excusé parce que la vérité était aussi claire que les blessures qu’il affichait : il ne se sentait pas digne.

D’autres visages, alliés et amis, suivaient derrière les porteurs et leur précieuse cargaison. Ashlynn d’Elyse, William Harcourt et la grande forme imposante du vieux warjack Vî Arsouye. D’une manière ou d’une autre, Le Cuirassier réussissait à se déplacer avec un air sombre aussi révélateur et déchirant que n’importe lequel des petits humains à ses côtés.

Des centaines d’autres soldats suivaient : des chevaliers, des pionniers, des rangers, tous issus d’unités ayant servi sous le commandement du seigneur général.

Enfin, le cortège funèbre atteignit les murs du sanctuaire et les franchis. Là, des milliers d’autres soldats et de citoyens attendaient devant les imposantes flèches de la cathédrale de l’Archicour, le siège de l’Exarque Dargule et la plus grande église de Morrow du pays.

À l’intérieur, les porteurs portèrent le cercueil de Stryker à travers la nef, ses bancs remplis de personnes en deuil, et enfin jusqu’à l’autel, où il fut posé doucement par les quelques honorés. Les personnes qui étaient rassemblées autour de lui – l’Exarque Dargule, le Haut Chancelier Leto Raelthorne et le Roi Julius Raelthorne – étaient les plus hautes autorités du pays.

Le primarque débuta une prière, en exhortant Morrow à escorter un héros tombé à Urcaen où il reprendrait l’épée et combattrait les serviteurs du Ver. Cette prière, bien qu’appropriée, sonnait creuse et forcée, un rituel superficiel accompli pour un homme dont le cœur et l’esprit étaient plus préoccupés par les souffrances terrestres que par toute guerre au-delà du royaume des mortels.

Après la prière, le silence se fit et le Haut Chancelier Leto Raelthorne pris la parole. L’ancien roi parla clairement, humblement et honnêtement d’un jeune qui l’avait aidé à monter sur le trône, se détournant de ce qu’on lui avait enseigné sur l’honneur et le devoir de lutter pour quelque chose en quoi il croyait, quelque chose qu’il savait être juste. Ces paroles et les autre qui suivirent, trouvèrent un écho plus favorable dans le coeur et l’esprit des personnes présentes dans la cathédrale. Ils rappelaient, à chaque homme et femme, qui avait été Coleman Stryker – en vérité, un vaisseau imparfait qui s’était battu férocement, même avec acharnement, pour sa nation et pour ceux qui combattaient à ses côtés.

D’autres voix se joignirent à celle de Leto, alors que ceux qui avaient connu Stryker parlèrent de son héritage, de son impact sur leur vie. Les warcasters, tant cygnaréen et ceux issus de ses alliés, se souvinrent à voix haute qu’il avait dressé l’épée ou un préparé un sort pour défendre leurs vies, leurs foyers ou leurs nations.

Des dizaines de personnes s’exprimèrent et plus sûrement l’avaient désiré, mais les nuages gris avaient commencé à s’amonceler alors que la nuit tombait sur Caspia, et l’Exarque Dargule débuta une intonation, un hymne grave à Morrow, repris par toutes les personnes présentes. Les voix ne s’élevèrent pas en chant mais en prière consciencieuse, et cette fois, il y eut de l’honnêteté dans les paroles et une profonde tristesse qui montaient parmi les chevrons de la grande cathédrale.

Alors que la prière s’achevait et que les derniers mots furent prononcés, le soleil perça les nuages. Ses rayons lumineux frappèrent le mur de vitraux au-dessus de la nef de la cathédrale. Là, une représentation de Morrow avait été méticuleusement coulée, et comme le soleil frappait la sainte statue, elle projeta le reflet du dieu sur le sol de l’église. Ce n’était peut-être qu’une insignifiante coïncidence que l’épée de Morrow fut projetée sur le cercueil de Stryker alors que son arme était conduite par le primarque dans l’au-delà, mais cette lame brillante d’azur et de blanc éblouissant s’attarda après que le soleil disparaissait derrière les nuages, s’attardant dans l’obscurité qui suivit, et certains disent qu’elle s’attarde toujours sur le cercueil de Coleman Stryker alors qu’il repose dans le Sancteum parmi les héros tombés de Cygnar.

. . .

LE BUREAU ÉTAIT NOUVEAU. LE BÂTIMENT ÉTAIT NEUF. L’armure sur le support sous le drapeau cygnaréen était nouvelle – une véritable armure de warcaster, le Cygnus brillant et fier sur le champ bleu profond de la cuirasse. L’armure bricolée que Magnus avait porté pendant les deux dernières décennies n’était guère plus que ruine, découpée de son corps après qu’on l’eut traîné hors du Fleuve Noire.

Son titre était également nouveau. Il avait été promu au rang de général et avait reçu le commandement de la Division Tempête. Quand Leto lui avait annoncé quelques jours après les funérailles, il avait ri aux éclats. Il avait été salué comme un héros pour ce qui équivalait à de la chance. Il n’aurait pas dû survivre, et Stryker n’aurait pas dû mourir. Ils savaient tous que le meilleur homme s’en était allé dans sa tombe, tandis qu’un vieux soldat fatigué, autrefois qualifié de traître, le remplaçait.

Magnus était assis derrière son bureau nu, la seule vieille chose dans la pièce. Il était le dernier d’une race mourante. Sa génération s’était éteinte ou avait accepté une stature moindre dans le nouveau Cygnar. Vinter était mort, Nemo s’accrochait à la vie et la plupart disaient qu’il ne se réveillerait jamais et Leto avait abdiqué son pouvoir au fils de son frère, le frère que Magnus avait soutenu pendant vingt ans de trahison clandestine puis de guerre pure et simple. Tout cela semblait tellement inutile maintenant.

Ils avaient gagné, supposait-il. Irusk avait été vaincu, ses vaisseaux célestes détruits, Corvis sauvé. L’arrivée des forces ordiques et de la Première Armée à Merywyn avait mis en déroute les troupes khadoréennes restantes là-bas. Le Llael avait récupéré sa capitale, mais sa jeune reine régnait depuis Caspia, aux côtés d’un roi cygnaréen. Cependant, il n’y avait pas eu de célébrations dans les rues. Tous portaient toujours le Cygnus noir, et tout le monde savait que Khador avait été stoppé mais pas battu.

Un coup retentit à la porte et Magnus leva les yeux alors qu’un sergent d’état-major entra et salua.

« Qu’y a-t-il, Homes ? » demanda Magnus à son chef d’état-major, un autre élément dans sa vie. La plupart des soldats qu’il avait emmenés avec lui lorsqu’il avait rejoint l’armée cygnaréenne étaient soir mort, soit affectés à différentes divisions. Leto avait presque certainement installé des hommes et des femmes dans son état-major pour le surveiller. Peut-être même le Sergent Holmes.

« Le Lieutenant Harcourt est ici pour vous voir, monsieur », déclara le Sergent Holmes.

Magnus fronça les sourcils. Il n’avait pas de rendez-vous avec le jeune warcaster, et Harcourt avait été affecté au Major Maddox afin de continuer sa formation de compagnon. « Faites-le entrer. »

Holmes quitta, et Harcourt entra. Il avait toujours l’air de nager sans son armure, bien que comme Magnus, son équipement abîmé avait été remplacé par une nouvelle armure légère de warcaster. Il portait à deux mains un objet long enveloppé de tissus et s’arrêta à quelques pas du bureau de Magnus.

« Comment le Major Maddox vous traite-t-elle, lieutenant ? » Demanda Magnus.

« Elle a été bonne avec moi, monsieur », répondit Harcourt, puis il jeta un coup d’oeil au paquet dan ses mains/ Magnus réalisa que c’était une sorte d’arme – grosse et encombrante. « Elle, euh, m’a envoyé avec ça. Et avec de nouveaux ordres. »

Magnus se leva, bien que ses genoux soient soudainement pris de tremblement. « Montre-moi. »

Harcourt s’approcha et posa le paquet sur le bureau avec un doux bruit métallique. Il déballa l’objet et la lueur propre de l’acier et du laiton poli brilla.

Le coeur de Magnus s’emballa et sa gorge se serra. Il s’approcha et posa sa main gauche, celle de chair et de sang, sur la lame de Vif-Argent. La grande lame de la grande épée caspienne avait survécu pratiquement indemne à la dévastation qui avait tué son propriétaire.

« Elle a été trouvée dans l’épave il y a une semaine et envoyé de Corvis au Haut Chancelier Leto », dit Harcourt.

Magnus agrippa le bord de son bureau, soudainement irrité que ce rappel de ce qu’il avait perdu lui soit apporté, étendu devant lui, le forçant une fois de plus à revivre des décisions qu’il remettrait en question pour le reste de sa vie. « Pourquoi l’avez-vous amené ici, lieutenant ? »

Harcourt déglutit et fronça les sourcils. « Le Major Maddox m’a envoyé, monsieur. Je pensais que vous seriez … heureux de l’avoir. »

Magnus secoua la tête, la colère disparaissant dans un raz-de-marée de chagrin et de souvenir. Pas des souvenirs de sang et de trahison que Stryker et lui avaient partagés au cours des vingt dernières années, mais un souvenir plus ancien et plus fort, un souvenir auquel il n’avait pas cédé durant des décennies. Il se mit à parler, probablement parce qu’à ce moment-là il avait besoin de partager son souvenir ou peut-être parce que c’était la seule chose qui le sauverait du désespoir qui menaçait de le submerger.

« Je lui ai appris à se battre, tu sais », dit-il, ne se souciant pas que sa voix tremble, que ses yeux débordent de larmes depuis longtemps cachées. « Nous avions quitté son village et faisions route vers Caspia la première fois que je lui ai mis une épée dans les mains. Une grande épée caspienne, comme celle-ci. »

Harcourt demeura silencieux, sachant qu’il était témoin et non participant du moment.

« C’était à une époque où le don était interdit, vois-tu », poursuivis Magnus, « mais j’ai trouvé Stryker tout comme il t’a trouvé. Je connaissais son père et sa mère, et j’avais des raisons de soupçonner que leur fils serait un warcaster. »

Magnus posa sa main sur la poignée de Vif-Argent et souleva la lame de la table. « Il s’est plaint du poids de l’épée, la première fois, mais je l’ai vu la manier, et j’ai su qu’il était un guerrier né. »

« C’était le meilleur homme avec qui j’ai servi, monsieur », déclara Harcourt. L’aveu fit fleurir un sourir sur le visage de Magnus. Harcourt était un soldat professionnel depuis bien peu de temps par rapport à la durée de vie de Magnus, mais il ne doutait pas de la sincérité de l’homme.

« C’était un fils de pute têtu et obstiné », dit Magnus, son sourire s’élargissant. Il essuya ses yeux, ne se souciant pas que son chagrin soit si évident, si franc, et pour une fois, si honnête. Que lui restait-il d’autre ? « Il était aussi l’homme le plus courageux et le plus honorable que j’aie jamais rencontré. Je … l’admirais. »

Les dernières paroles, il ne les avait jamais exprimés à voix haute, ne s’était jamais laissé aller à la réflexion, mais la vérité le frappa aussi brutalement que n’importe quel coup d’épée échangé avec Coleman Stryker.

« Il était facile à admirer », déclara Harcourt. « Il a vu quelque chose en moi que je ne savais même que je possédais. Il a pris cette qualité ou ce don, et il l’a fait mien, en a fait quelque chose dont je pouvais être fier. »

Le jeune warcaster n’avait plus l’air accablé ou naïf ; en fait, Magnus ne l’avait jamais entendu aussi confiant en disant : « Peut-être est-ce vous qui lui avez offert cela. »

Magnus secoua la tête. Il ne voulut pas laisser son esprit s’égarer trop loin sur cette voie. Il avait peur de l’endroit où cela pourrait mener. « Vous avez parlé de nouveaux ordres, lieutenant. Dites m’en plus. »

Harcourt se racla la gorge et tendit à Magnus une enveloppe scellée qui portait le sceau personnel de Leto. Il l’ouvrit et trouva une unique lettre à l’intérieur. Dessus, il y avait deux phrases écrite de la main de l’ancien roi.

Je vous réaffecte le Lieutenant Harcourt pour la fin de sa formation de compagnon. Mes secondes chances dans cette vie son rare, Asheth ; ne laissez pas passer celle-ci.

Les secondes chances, pensa Magnus. Pour quoi faire ? « Lieutenant, vous comprenez ce que ça dit ? »

Harcourt fit un signe de tête. « Pas spécifiquement, mais je connais mes ordres. Vous m’avez beaucoup appris sur le terrain, et j’ai hâte d’en apprendre davantage avec vous. »

« Je suis passé par là, Harcourt », répondit Magnus. « Regardez où cela nous a mené. Regardez ce que cela a coûté. »

« Monsieur, si je peux m’exprimer librement », dit Harcourt, et quelque chose vacilla dans ses yeux, quelque chose que Magnus n’avait jamais vu auparavant chez le jeune warcaster, pas même quand il luttait pour sa vie. Le Lieutenant William Harcourt était en colère.

L’émotion intrigua Magnus. « Parlez, lieutenant. »

Harcourt prit une inspiration pour se calmer. « J’ai appris comment vous aviez grandi, Comment vous avez voulu renverser le Roi Leto et installer son frère Vinter sur le trône. Ils ont dit que vous étiez un traître, un lâche et un meurtrier. »

« Eh bien, c’est une approbation retentissante, Lieutenant », répondit Magnus. Aucune de ces étiquettes ne l’avait dérangé auparavant, pas même quand il était ces choses, mais les entendre de la part d’Harcourt, de cette façon, le blessait.

« Puis-je finir, monsieur ? » La voix d’Harcourt était tranchante.

« Bien sûr, lieutenant. »

« Et puis, j’ai servi avec vous, combattu à vos côtés, vous ai vu regardé diriger des soldats et gagner leur respect parce qu’il savait, monsieur. Il savait que vous suivre signifiait suivre un chef, un vrai cygnaréen.. Vous avez peut-être été toutes ces autres choses que les gens disaient que vous étiez, mais vous êtes tous aussi noble, compétent et courageux, et vous auriez donné votre vie pour le Cygnar et les hommes et les femmes qui se sont battus pour lui. Morrow avait juste des plans différents. »

Magnus resta silencieux, surpris par les paroles du jeune warcaster. La gentillesse de ces dernières et plus encore la conviction qu’il avait en elles. Il s’était considéré comme un agent du chengement, un mal nécessaire pour amener un Cygnar qui serait meilleur pour tous. Avec Julius sur le trône, il croyait avoir accomplis cela, mais il ne se faisait aucune illusion sur l’homme qu’il était devenu pour rendre cela possible.

Harcourt ne lui laissa pas le temps de s’étendre davantage. « Je veux devenir l’homme que j’ai vu combattre à Rynyr et Croix-des-Fleuves et Merywyn. Je veux apprendre de cet homme, je veux le voir brandir cette épée » — il pointa Vif-Argent — « et la porter fièrement. »

Magnus réalisa qu’il tenait toujours Vif-Argent, et un flot d’émotion le submergea. Avait-il encore une valeur dans ce nouveau monde ? Avait-il encore quelque chose à donner ? Il secoua la tête et reposa Vif-Argent sur son bureau. « Non, cette épée ne m’appartient pas. »

« Monsieur, je ne suis pas d’accord », commença Harcourt mais Magnus le réduisit au silence en levant la main.

« Je n’en suis pas digne », dit Magnus. « Peu le sont. »

Il fixa Harcourt, trouva les yeux du jeune homme – ils étaient d’un bleu profond, bleu Cygnar - et tint son regard. « Mais un jour, tu pourras l’être. »

Ce vieux doute avec lequel Magnus s’était familiarisé au cours des derniers mois revint sur le visage d’Harcourt. « Je ne sais pas, monsieur. Je ne sais même pas comment manier une grande épée caspienne. »

Magnus sourit, ressentant quelque chose comme de l’espoir pour la première fois depuis des mois, peut-être des années. « C’est une chose auquel je peux remédier. »

« Alors vous m’acceptez comme compagnon ? »

« Le Haut Chancelier l’a ordonné », répondit Magnus, «  et je suis un bon soldat. Je suis les ordres. Enfin, maintenant, je le fais. »

Harcourt salue, son vissage brillant de joie et peut-être du même espoir que Magnus ressentait.
« Excellent, monsieur Quand commençons-nous ? »

« Allez voir le Sergent Holmes à l’extérieur », répondit Magnus. « Il arrangera tout. Vous êtes congédiés jusqu’à ce que je vous appelle. »

Harcourt hocha la tête et sorti du bureau de Magnus, en fermant la porte derrière lui.

Magnus s’assit sur sa chaise, laissant la fatigue de l’âge et des batailles s’installer. Cette fois-ci, il eut l’impression d’avoir gagné plus que subit.

Il enveloppa à nouveau Vif-Argent dans le tissu bleu, puis il prit la lettre de Leto et la relut. Le Haut Chancelier avait parlé de secondes chances, et Magnus qu’il la voulait, mais pas pour lui.

Une fois, il y a longtemps, il avait pris sous son aile un talentueux jeune homme, un homme dont le destin flamboyant aussi brillant que tout ce que Magnus avait vu. Cet homme était devenu grand malgré lui malgré toutes ses tentatives de le démolir, voire de le tuer. Harcourt était la deuxième chance dont Leto parlait.

Alors qu’il pliait la lettre du Haut Chancelier et la rangeait, Magnus décidé que le Lieutenant William Harcourt deviendrait un grand warcaster, un grand homme grâce à lui.
« Modifié: 22 octobre 2020 à 14:38:04 par elric »
Citation de: Maître Yoda
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Re : STORMBREAK - 4ème partie
« Réponse #17 le: 16 octobre 2020 à 13:37:43 »
- À PROPOS DE L’AUTEUR -

Aeryn Rudel est un écrivain indépendant et concepteur de jeux à Seattle, Washington. Il est l’auteur de la série Actes de Guerre publiée par Privateer press, et ses nouvelles ont été publiées dans The Arcanist, Factour Four Magazine et Pseudopod, entre autres. Aeryn est un notoirement un dinosaure nerd, un connaisseur du baseball, et a maîtrisé l’art de se battre avec des objets en forme d’épée (mais pas de vraie épées). Il offre parfois des conseils douteux sujets de l’écriture et du rejet (principalement le rejet) sur www.rejectomancy.com ou Twitter @Aeryn_Rudel.
« Modifié: 02 février 2022 à 17:40:05 par elric »
Citation de: Maître Yoda
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Re : STORMBREAK - 4ème partie
« Réponse #18 le: 20 octobre 2020 à 16:35:02 »
FLASHPOINT

ACTES DE GUERRE I

par Aeryn Rudel

Le Seigneur Général Coleman Stryker est l’un des plus grands héros des Royaumes d’Acier. En tant que warcaster, Stryker commande les armées de Cygnar et dirige les puissants automates à vapeur connus sous le nom de warjacks.

Choisi par son roi pour libérer les terres conquises de Llael par l’ennemi de longue date de Cygnar, l’Empire de Khador, Coleman Stryker se voit contrait de travailler avec l’un de ses ennemis les plus acharnés : le mercenaire en exil Asheth Magnus, un homme à qui le roi de Cygnar doit la vie. Sans contrôle, Magnus pourrait facilement trahir Stryker, saper sa mission ou mettre le Cygnar à genoux. Mais pour revendiquer la victoire de son roi, Stryker devra trouver un moyen de faire confiance à un homme en qui il ne peut avoir confiance.

Alors que la guerre contre le Khador et ses propres féroces commandants se profile, le succès ou l’échec de Stryker deviendra le point de rupture qui déterminera le sort de tous les Royaumes d’Acier.

AFTERSHOCK

ACTES DE GUERRE II

par Aeryn Rudel

Dans la foulée de la défaite des khadoréens à Croix-des-Fleuves, le Seigneur Général Coleman Stryker s’avance plus profondément en territoire ennemi pour préparer un assaut majeur. Mais il n’est pas préparé à l’avalanche d’une énorme contre-attaque des khadoréens. L’Impératrice Ayn Vanar et le Kommandant Suprême Irusk envoient les plus redoutables warcasters de leur nation pour riposter contre les envahisseurs et sécuriser à tout prix ses territoires conquis. L’espoir prend la forme d’Ashlynn d’Elyse, warcaster et chef de la Résistance Llaelaise, une femme qui n’aime pas le Cygnar mais qui pourrait devenir une puissante alliée si elle était convaincue d’aider. Avec Asheth Magnus, l’ennemi devenu Stryker, cette improbable équipe doit se battre pour préserver bien qu’elle soit en infériorité numérique, surpassée et acculée avec seulement leur présence d’esprit et quelques warjacks pour sauver leur cause de l’annihilation totale…
« Modifié: 22 octobre 2020 à 14:41:07 par elric »
Citation de: Maître Yoda
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Re : STORMBREAK - 4ème partie
« Réponse #19 le: 21 octobre 2020 à 17:13:19 »
Cool !!! Et merci ! ;D
(Je n'avais lu que les 3 premiers chapitres en anglais...)
"Bon bin, plus qu'à attendre de voir à quoi va ressembler le futur Cygnar..."

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Re : STORMBREAK - 4ème partie
« Réponse #20 le: 22 octobre 2020 à 14:42:03 »
Bonne lecture  ;)

Un supplément de contexte avec le GKF de Coleman Stryker
« Modifié: 23 octobre 2020 à 10:19:30 par elric »
Citation de: Maître Yoda
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Re : STORMBREAK - 4ème partie
« Réponse #21 le: 25 octobre 2020 à 18:09:33 »
Mon ressentit.
J'ai plus aimée cette histoire. Les moments de tension et bravoures sont bien dosés.
Nous n'avons pas trop de WTF et de deus ex machina.
Et le dernier chapitre parvient à m'arracher ma petite larme  :'(

En conclusion, c'est Magnus qui a le meilleur narratif. J'espère qu'il aura une nouvelle version  8)
Citation de: Maître Yoda
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Re : STORMBREAK - 4ème partie
« Réponse #22 le: 25 octobre 2020 à 21:20:54 »
Oui, espérons... bien que... vu la tournure des événements narratifs... :-\
"Bon bin, plus qu'à attendre de voir à quoi va ressembler le futur Cygnar..."

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Re : STORMBREAK - 4ème partie
« Réponse #23 le: 26 octobre 2020 à 11:37:09 »
Elle très sympa et enfin, des perso crèvent !
"On peut violer les lois sans qu'elles crient" Talleyrand