Auteur Sujet: Nq 45 - Les Défenseurs de la Thrace  (Lu 1641 fois)

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Nq 45 - Les Défenseurs de la Thrace
« le: 07 février 2020 à 18:15:42 »
LES DÉFENSEURS DE LA THRACE

par Aeryn Rudel & David « DC » Carl

La fiction suivante dépeint la lutte désespérée entre les anciens menites ayant colonisé ce qui est maintenant le Cygnar central et les tribus sauvages de barbares Molgur qui habitaient cette région sauvage. L’histoire se concentre sur prête-guerrier menite Valent Thrace, qui allait bâtir la grande muraille connue sous le nom de Bouclier de Thrace.

LES OMBRES DE LA THRACE

MUR DU DRAGON SUPÉRIEUR, 2815 PR
Valent, fils de Varus, se tenait sur les remparts de terre de la Thracia, s’appuyant fortement sur son bouclier abîmé. Il regardait par-dessus un no man’s land désolé qui s’étendait sur une centaine de verges, depuis les murs en bois brut de la palissade du village jusqu’à la limite des arbres de la dense forêt au-delà. La zone avait été défriché par le feu et les lames, les imposants troncs avaient abattu pour leur bois et pour ne laisser nulle part où se cacher. Autour de ses souches calcinées, le sol était jonché de flèches, de fragments d’armes et de dizaines de cadavres.

Les villageois avaient ramassé leurs propres morts, mais les corps de leurs ennemis avaient été laissés à pourrir. Maintenant, l’odeur de putréfaction était toujours dans son nez, et il regardait les corps avant que la palissade ne se désintègre lentement sous l’attention des charognards et des nuées de vermines. Valent pensait qu’il était devenu insensible à des telles images, que la mort violente n’était plus un mystère ni un choc pour lui. Ses tripes ne bougeaient plus à la vue d’innocents tailladés et partiellement dévorés. Son corps ne battait plus de rage à la vue des appels à pitié étouffés par des hommes attachés à un pieu et lentement écorchés vifs. Sa main d’épée ne serait plus par réflexe à la simple pensée des responsables de ces atrocités : les démons Molgur qui se cachaient dans la forêt au-delà de ses maigres murs.

Il avait acquis ce stoïcisme – certains pourraient l’appeler insensibilité – après de longues années à combattre un ennemi qui semblait humain mais qui semblait dépourvu de toute humanité. Il se disait, ainsi qu’à la centaine d’hommes et de femmes dont il avait la charge, que les terribles cruautés qui leur étaient infligées étaient la volonté inébranlable de Menoth, une épreuve de foi et de juste persévérance. Dernièrement, cependant, ces paroles avaient un goût de cendre sur sa langue et ressemblaient de plus en plus à des paroles adressées à un dieu qui ne s’en souciait plus.

Il repoussa les pensées blasphématoires avec un certain effort. S’attarder sur de telles choses ne servirait à rie. Il secoua la tête et passa ses mains dans ses cheveux emmêlés, puis se tourna et observa le village ceinturé par le mur. La colonie que son père avait nommée Thracia était composée de trente maisons de torchis entourant le temple de Menoth, un bâtiment trapu au centre du village. Deux larges voies en terre bordés de maisons de villageois couraient du nord au sud et d’est en ouest et se croisaient sur la place du temple. Autour de l’ensemble du village se dressait une palissade en bois, avec des remparts en terre établit en dessous.

Les habitants de Thracia erraient sans réfléchir entre les bâtiments, s’arrêtant de temps en temps pour tourner leurs visages cendreux et affamés vers les remparts et les quelques hommes armés au sommet. Le père de Valent, Varus, les avait conduits ici il y a cinq hivers, abandonnant la relative sécurité des colonies menites mieux établie pour les terres sauvages et fertiles au pied des grandes montagnes au nord-ouest. La région était habitée par le Molgur, des tribus de barbares humains adorant la terrible entité connue sous le nom du Ver Dévoreur. Les tribus étaient petites et mal organisées, et les menites, armés d’armes et d’armures de bronze, avaient rapidement tué ou chassé le Molgur vivant près du site où la Thracia serait bâtie.

Les foyers et la palissade avaient été montées peu de temps après, et Thracia avait connue une année de paix et de prospérité relative. Puis le Molgur était revenu.

Valent se souvenait clairement de la première attaque. Une douzaine de bestiales guerriers étaient venus dans la nuit, se faufilant à travers la nuit sans lune avec l’intention de tuer. Les sentinelles de la palissade avaient été laxistes, et le Molgur avaient déjà enjambé le mur, leurs haches trempées de sang, au moment où la première corne d’alarme retentit. Le chaos qui s’ensuivit avait coûté la vie à vingt villageois. Il avait fallu des heures à Valent pour rallier les guerriers de Thracia et pourchasser et détruire tous le Molgur à l’intérieur des murs.

Varus ayant été tué, son manteau et son autorité étaient passés à Valent, qui avait immédiatement demandé à son peuple de fortifier la palissade et de défricher la forêt autour. Au cours des deux années suivantes, les attaques s’étaient intensifiées alors que plusieurs tribus Molgur se regroupaient pour attaquer les colons menites. La menace avait été constante, exigeant que des hommes armés escortent les villageois jusqu’aux champs au-delà des murs, mais cela n’avait pas suffi. Chaque semaine, des hommes et des femmes mouraient, et quel que soit le nombre de Molgur tués, leur nombre n’avait jamais semblé diminuer. Finalement, la terreur avait vaincu le peuple de Thracia, et ils s’étaient complètement retirés derrière leurs murs. Leurs récoltes s’étaient fanées, et lorsque Valent avait envoyé des hommes chasser le gibier, les plus souvent ils étaient capturés, attachés à un pieu en lisière de la forêt à la vue de tous, et torturés à mort dans le cadre d’un ignoble rituel du Dévoreur. Le Molgur ne pouvait pas franchir la palissade, mais sa sécurité était à double tranchant. Elle les protégeait des haches du Molgur mais les condamnait probablement tous à la lente agonie de la famine et de la maladie.

Le cri strident et soudain d’une corne de guerre Molgur arracha Valent à la misère qui régnait dans ses murs et focalisa son attention sur l’horreur qui se manifestait au-delà d’eux. Il se retourna pour voir un groupe de personnages imposants sortir de la licière des arbres au bord de la clairière, bien au-delà de la portée des arcs des menites. Bien que théoriquement humains, les guerriers Molgur ressemblaient plus à des bêtes qu’à des hommes ; ils se déplaçaient rapidement et se tenait au ras du sol, comme des prédateurs en chasse. Tous étaient nus, à

Le cri strident et soudain d’une corne de guerre Molgur arracha Valent à la misère qui régnait dans ses murs et focalisa son attention sur l’horreur qui se manifestait au-delà d’eux.

 l’exception de morceau de cuir et de peaux autour de leurs reins, et de morceau d’armure qu’ils avaient récupérés sur les morts. Leur peau exposée était couverte de motifs bigarrés et de symboles peints dans des teintes sourdes de rouge et de noir, une iconographie sacrée pour le Ver Dévoreur. La plupart du Molgur était orné de divers charmes et fétiches suspendus à des lanières de cuir brut autour des poignets, du cou et des chevilles – des morceaux de cornes, d’os et d’autre macabres trophées pris à des ennemis morts. Il ne portait pas de bouclier et n’était pas armés d’armes de jet, au lieu de cela, chacun d’eaux maniait une énorme hache à deux mains en pierre ébréchée ou, dans de rares cas, en cuivre ou en bronze grossièrement forgé.

Valent s’empara de son bouclier, glissa ses bras dans ses boucles et saisit le cor de chasse suspendu à sa ceinture. Il plaça la corne sur ses lèvres et souffla un long appel. Le cor du Molgur avait déjà envoyé les villageois s’enfuir chez eux ; son appel était un signal à ses guerriers à se rassembler sur les remparts.

Le Molgur émergeait encore de la forêt, et ils étaient maintenant des douzaines à se tenir en demi-cercle au bord du champ de bataille ouvert devant le mur. Ils n’ont pas pénétré dans la clairière ni réagi de quelque façon que ce soit au cor de chasse de Valent.

Valent entendit le cliquetis métallique des hommes armurés se diriger vers lui. Quelques instants plus tard, quatorze menites armés et armurés se tenaient à sa gauche et à sa droite, chacun saisissant l’un des rares précieux arcs qu’ils avaient amenés avec eux du sud. Il jeta un coup d’œil aux personnes décharnées, aux yeux creux, et aux hauberts aux écailles ternes enfilés sur des corps émacié. C’étaient tout ce qui restait des cinquante combattants que son père avait amenés pour protéger la colonie. En plus de leurs arcs, chacun portait un carquois de flèches, une hache au court manche et un petit bouclier rond de planches de bois recouvert de cuir. Seuls lui et le sénéchal du village, Ternius, portaient des épées.

« Que font-ils ? » Demanda Ternius, se frayant un chemin à travers les hommes pour se venir se tenir aux côtés de Valent. Ternius état un homme maigre et féroce dans la cinquantaine, gris de cheveux et de barbe, mais toujours capable de se battre. « Ce n’est pas leur genre d’annoncer leur présence ou de venir vers nous en si grand nombre en plein jour. »

Valent hocha la tête mais ne répondit pas. Ternius avait raison. Quelque chose était différent, et cela le remplissait d’un terrible pressentiment. Les hommes sur les remparts le regardaient, leurs yeux le suppliant de prononcer quelques mots pour les encourager à lutter contre la terreur au-delà du mur. Il n’avait rien à leur offrir. Au lieu de cela, il sortit son épée et la pointa vers la gauche puis vers la droite. « Dispersez-vous le long du mur nord », ordonna-t-il. « Je veux que les flèches soient encochées et que l’approche de la porte nord soit couverte. Baeren, Orthus, placez-vous à la porte sud ; ils pourraient nous attaquer des deux côtés. » Alors que les hommes se rendaient à leur position, Valent ajouta « Menoth vous accompagne. » Les mots sonnaient creux, et il se sentait gère à l’aise en les prononçant, tout comme ses hommes devaient se sentir peu de réconfort en les entendant.

Ternius demeura à côté de lui, une main sur la poignée de son épée. Son visage buriné était impossible à déchiffrer. « Ils en train de craquer, Valent » dit-il finalement. « Aucun homme, quelle que soit sa foi, ne peut supporter cette folie - » et il agita la main de son épée devant la foule du Molgur, « au risque de s’y perdre. »

Valent serra les dents, entendant la voix de son père dans cette sombre évaluation. « Je suis parfaitement conscient de notre situation, Ternius », répondit-il amèrement, se tournant pour faire face à l’homme plus vieux. « Ne crois-tu pas que tous mes moments autre que de sommeil sont consumé par elle ? N’as-tu pas pensé que je prie chaque nuit pour un signe, un salut ? » Il s’approcha de lui et ramena son visage à quelques centimètres de celui de Ternius. « Il n’y a que le silence », murmura-t-il férocement. « Nous avons été abandonnés à notre sort. » Il fit une pause, laissant la rage et le désespoir l’envahir, puis il exprima ce qui avait hanté chacun de ses moments ces dernières années. « C’est une punition du Créateur pour la folie de mon père. »

Ternius fit un pas en arrière, la bouche serrée de rage. Il était un ami et un disciple de Varus avant la naissance de Valent, et comme beaucoup dans le village, il tenait l’homme comme un parangon de la foi ménite. Valent remarqua que Ternius serrait ses poings et, pendant un moment, il se demanda s’ils allaient en venir aux mains.

Le Molgur, au-delà du mur, mit fin à de telles pensées.

Un chœur de cris perçants retentit à travers la clairière, et Valent se retourna pour remarquer cinq femmes Molgur émerger de la forêt, leurs corps nus peints de motifs bigarrés de rouge et de noir. Il avait déjà vu de telles femmes auparavant. C’étaient les chamanes du Molgur, et ce sont leurs couteaux de pierre qui faisait couler le sang de son peuple pour nourrir l’appétit de leur dieu blasphématoire. Elles sautaient et faisaient des cabrioles, leurs contorsions rythmiques suggérant une danse ritualisée sauvage. Au centre des chamanes marchait un homme dénudé à la taille, la poitrine décharnée recouverte de pourpre – bien que Valent ne puisse pas dire si c’était des peintures Molgur ou le propre sang de l’homme.

« Menoth nous protège », entendit Valent murmurer Ternius derrière lui, la voix de ce dernier étant pleine d’horreur. « C’est Neras ».

Valent prit une inspiration et sentit le poids terrible du désespoir s’installer sur lui. Neras avait été parmi le dernier groupe de chasse qu’il avait envoyé, il y a deux semaines. Le groupe avait été pris en embuscade par le Molgur à quelques kilomètres du village mais avait réussi à se frayer un chemin vers Thracia. Tous sauf Neras. Il avait été blessé lors de la première embuscade, et les autres avaient été forcés de le laisser derrière eux. Tous croyaient – espérait, en vérité – que Neras soit mort de ses blessures avant que le Molgur ne le trouve. L’estomac de Valent était retourné à l’idée de ce qui attendait l’homme.

Depuis les murs menites, tous les yeux étaient fixés sur le spectacle qui se déroulait à la lisière de la forêt. Un Molgur força Neras à s’agenouiller pendant que les chamanes dansaient et hurlaient autour de lui. Les guerriers flanquaient les groupes en deux lignes décalées et ajoutaient leur propre chant, profond et retentissant, au cri strident des femmes. Neras s’agenouilla sans bouger, la tête baissée, l’image même d’un homme résigné sur son sort.

Valent vit qu’une des femmes tenait une lame dans sa main droite – l’un des couteaux fins et cruellement tranchants que tous les chamanes Molgur portaient. Il savait ce qui allait suivre, et il jeta un coup d’oeil aux hommes le long des remparts. Leurs arcs n’avaient pas la portée pour abattre le Molgur ou accorder à Neras une mort rapide. Il se força à regarder le chant sauvage s’intensifier, devenir plus fort et plus frénétique. Ses hommes devaient le voir accepter sans hésiter la suite. S’il hésitait, comment pourrait-il s’attendre à ce qu’ils restent résolus.

Les chamanes ont soudainement cessé de danser et leurs hurlements se sont tus dans le grondement sourd du chant des guerriers Molgur. Deux des femmes se sont avancées pour saisir Neras par les bras, tandis que celle qui brandissait le couteau en pierre s’approcha par-derrière et lui attrapa les cheveux de sa main gauche. Puis sans cérémonie, elle tira la tête de Neras en arrière, tendit la main droite et passa son couteau sur sa gorge dans un mouvement sauvage.

Même de l’endroit où il tenait, au sommet des remparts, Valent vit le jet de sang. Neras sursauta et se débattit, son apparente apathie oubliées alors que sa vie jaillissait de son corps. Les femmes Molgur le retinrent cependant, jusqu’à ce qu’il cesse de se débattre et s’affaisse .

Tout le long du mur, Valent pouvait voir que ses hommes s’étaient regroupés par deux ou trois, oubliant leurs ordres pour chercher le réconfort des paroles de chacun. Il ne les réprimanda pas ; il n’y avait as de menace immédiate, et ils étaient toujours en sécurité derrière leurs murs. Par le passé, le Molgur avait déjà pratiqué des rituels similaires sur de menites capturés, bien qu’il ne se souvienne pas que tant de sauvages aient été présents auparavant.

Les chamanes du Molgur élevèrent à nouveau la voix dans un cri strident, et celles qui avaient retenu Neras reculèrent, laissant son corps sans vie tomber au sol. Les cinq femmes tournèrent le dos au village et firent face à la forêt les bras levés. Leur mélopée stridente prit une allure de chant à mesure qu’il s’accordait avec le chant plus profond des guerriers.

Valent sentit quelque chose s’accumuler dans l’air, quelque chose de vieux et d’innommable, une énergie le faisant se sentir vulnérable même derrière ses murs. Il vit les arbres de la forêt commencer à se balancer directement sur le chemin des chamanes du Molgur, et il entendit le gémissement des troncs d’arbres se brisant sous quelque chose d’incroyablement énorme et lourd.

Lorsque la bête sortit de la forêt, dominant le Molgur devant elle, cela se semblait guère réel, le fruit d’un horrible rêve éveillé. Il entendit une inspiration collective de ses hommes et pris conscience que sa propre bouche bougeait sans le vouloir, prononçant une prière désespérée au Créateur.


Valant n’avait jamais vu Ternius effrayé, et il trouva la peur de l’homme contagieuse, l’horreur creusant son cœur et ses entailles, dévorant son courage.


La créature invoquée par le Molgur se dressait était aussi haute que le mur ceinturant le village. Il se tenait sur deux pattes et ses longs bras puissants se terminaient par des mains aux doigts grossiers. Une fourrure blanche et épaisse recouvrait son corps et pendait en longues touffes sur ses bras et autour de ses sabots fendus. Sa tête au museau grossier, à pratiquement cinq mètres du sol, était couronné d’une paire de cornes torsadées, comme celle d’un bélier, mais faites d’os.

À côté de Valent, Ternus avait sorti son épée et agrippait le haut de la palissade avec son autre main, ses phalanges blanches. Il se tourna pour regarder Valent, ses yeux écarquillés, déglutissant d’une terreur muette. Valant n’avait jamais vu Ternius effrayé, et il trouva la peur de l’homme contagieuse, l’horreur creusant son coeur et ses entailles, dévorant son courage. Valent était reconnaissant que les villageois ne puissent pas voir ce qui se passait au-delà des murs. Il ne pouvait guère imaginer la panique qu’un tel spectacle provoquerait.

Le Molgur cessa de chanter et un silence mortel s’abattit sur la clairière. La bête regardait fixement les chamans se tenant devant elle, tapant le sol de son massif sabot. Les femmes s’éloignèrent, loin du cadavre de Neras, tandis que les guerriers flanquaient le monstre en deux lignes – deux lignes pointant directement vers la porte nord de la palissade du village. La créature s’avança à grande enjambée, chaque pas faisant trembler le sol, puise pencha et renifla le cadavre de Nera. Au bout d’un moment, elle se redressa sur toute sa hauteur, et de tête colossal pivota de sorte qu’elle donne sur la clairière du village. Valent sentit que quelque chose s’était passé entre la bête et le Molgur, bien qu’aucun mot n’ait été prononcé. Une offrande avait été faite et acceptée.

Il savait au plus profond de lui ce qui allait suivre, avant même que la grande bête n’abaisse sa tête et ne se précipite à travers la plaine ouverte vers le village. « Archers ! Abattez-le avant qu’il n’atteigne la porte ! » Cria-t-il. Sa voix secoua les hommes de leur paralysie de terreur, et ils s’empressèrent de former une ligne de front sur le rempart nord.

La bête se déplaçait rapidement, ses sabots transformant la terre brûlée en paillis. Le Molgur couraient derrière leur champion en une foule déchaînée, leurs voix s’élevant dans un chœur de cris de guerre hurlant.

Valent leva son épée. « Bandez et tirez ! » Cria-t-il. À côté de lui, quatorze hommes bandèrent leur arc et tirèrent des flèches à pointe de fer sur la bête chargeant. La plupart des flèches sifflèrent devant lui ou s’enfoncèrent dans sa peau sans effet apparent ; celles qui frappèrent son crâne cornu rebondirent, brisées et inutiles.

Les péchés plantés par le père sont récoltés par ses enfants », dit-il doucement, citant le Canon de la Vraie Loi. « Je vais vous faire gagner du temps. »
« Il est trop grand ! » Dit Ternius, en lui saisissant le bras. « Laisse-le se rapprocher. Peut-être que la porte tiendra. » Valent acquiesça, tout en sachant qu’il n’y avait aucune vérité dans les paroles de Ternius.

« Ciblez le Molgur ! » Cria Ternius, et les hommes bandèrent une fois de plus leur arc. Cette fois-ci, leurs flèches sifflèrent par-dessus la bête et s’enfoncèrent dans des cibles beaucoup plus faciles. Valent regarda avec une triste satisfaction quatre guerriers Molgur et l’une des chamanes s’écrouler face contre terre, une flèche menite logée dans la poitrine, le torse ou le crâne.

Le bête n’était plus qu’à vingt verges de la porte maintenant, et elle n’avait pas ralenti. Elle apparaissait comme une force de la nature, un ouragan ou un tremblement de terre ayant pris forme physique. Elle sauta le peu profond fossé à la base du mur et s’écrasa contre la porte sans ralentir. Valent sentit tout le mur trembler et entendit le bruit effrayant des lourdes poutres de bois qui se brisaient sous l’assaut.

« Continuez de tirer ! » Cria Valent aux hommes autour de lui. Il se tourna ensuite vers Ternius et l’entraîna le long du rempart de terre, en direction du village. Les habitants de Thracia avaient été attirés hors de chez eux par le bruit de la bête à la porte, et ils s’éloignaient du mur nord en groupes disparates. Valent se rapprocha de Ternius. « J’ai besoin de toi pour emmener Baeren, Orthus et six autres de nos guerriers et mener notre peuple par la porte sud.

« Quoi ?! » Dit Ternius, s’éloignant de lui. « Abandonner Thracia ? Nous serons massacrés là-bas ! Ton père- »

« Assez ! » Le coupa Valent. « Mon père ne suivait pas la volonté du Législateur quand il nous a conduits au nord, Ternius. Il suivait la sienne. Notre peuple est en train de mourir. Il n’y a pas d’avenir ici. » Le mur trembla à nouveau lorsque la bête frappa la porte, ponctuant la déclaration de Valent. « J’ai besoin que tu mènes notre peuple loin de tout cela » dit Valent, le ton radoucit, presque suppliant.

Ternius le fixa un instant puis dit : « Je vais le faire. Mais où irons-nous ?

« Va au sud. Ramenez-les chez nous. L’une des colonies vous accueillera. »

Ternius fronça les sourcils. « Tu ne nous accompagnes pas », dit-il gravement.
Les péchés plantés par le père sont récoltés par ses enfants », dit-il doucement, citant le Canon de la Vraie Loi. « Je vais vous faire gagner du temps. »

Ternius tendit la main et agrippa l’épaule du jeune homme. « Menoth te donne de la force, Valent. Nous nous reverrons à Urcaen. » Ensuite, il se tourna et commença à crier les noms des guerriers qui l’accompagneraient. Valent regarda le groupe descendre des remparts et se précipiter vers la porte sud. Les hommes restants avaient épuisé leurs carquois et regardèrent Valent pour obtenir d’autres ordres.

Il le regarda et pointa son épée vers la porte, maintenant ployant vers l’intérieur. Elle allait s’effondrer d’un moment l’autre. « Prenez vos haches ! » Cria-t-il à la demi-douzaine d’hommes encore sur les remparts. « Rejoignez-moi à la porte ! Que le Créateur témoigne de votre sacrifice en ce jour ! » Il ressentit un féroce élan de fierté lorsque chaque homme prit al hache à sa ceinture, fixa son bouclier à son bras et commença à quitter les remparts.

Valent se dirigea vers la porte, ces quelques guerriers le suivant derrière lui. Il pouvait entendre les voix rauque du Molgur à l’extérieur du mur, brisées seulement par les cris profonds de la bête. Lui et ses hommes s’arrêtèrent à une vingtaine de mètres de la porte en ruine, au milieu de la route qui divisait les moitiés est et ouest du village. Derrière eux, les habitants de Thracia fuyaient par la porte sud, et Valent pouvait entendre la voix de Ternius par-dessus le vacarme, criant des ordres et des paroles d’encouragement.

« Formez une pointe derrière moi », déclara Valent, et les hommes obéirent, créant un triangle imparfait avec Valent à sa tête. Il déplaça son grand bouclier ovale devant lui, présentant à l’ennemi le Menofix arborant sa surface. Il leva alors les yeux vers la palissade en bois, qui semblait maintenant si modeste, et offrit une prière silencieuse à Menoth. Qua sa mort ait un sens, supplia-t-il au Législateur. Ne punis pas mon peuple pour l’orgueil de mon père.

Il s’attendait à ce que sa prière s’évanouisse simplement dans l’éther, comme à chaque fois, mais cette fois, sa supplique ne fut pas accueillie par le silence. Valent sentit le poids soudain et étouffant d’une présence que son esprit pouvait à peine comprendre ; elle s’engouffra en lui, remplissant chaque fibre de son être d’une vaste et indomptable volonté. Il était vaguement conscient que la porte se brisait devant li lorsque la bête passa à travers. Comme dans un brouillard, il vit quatre de ses hommes lâcher leurs armes et s’enfuir, tandis que deux d’entre eux poussaient des cris de guerre rauques et se dirigèrent vers leur perte certaines. Puis la porte, ses hommes et la bête disparurent tout simplement, et il vit un imposant mur de pierre, si immense qu’il ne pouvait pas voir où il débutait ni finissait. Sur cette formidable barricade étaient accrochés d’immenses tapisseries arborant le Menofix, et au sommet, il remarqua de nombreux soldats, dont les boucliers arboraient également le symbole du Créateur. C’était une vision magnifique, et il sentit des larmes lui piquer les oeils.

La vision se poursuivit et Valent vit un grand soleil jaune se lever derrière le mur, aussi brillant et pur que la volonté de Menoth. Puis une voix s’exprima dans son esprit, une voix si glorieuse et terrifiante qu’il pensa que sa tête allait s’ouvrir, incapable de contenir son énormité. VOICI LA MURAILLE, tonna la voix. TU ES MON BOUCLIER. TU DOIS ENTRETENIR LA FLAMME SE TENANT ENTRE LES TÉNÈBRES ET CEUX QUI OBÉISSENT À LA VRAIE LOI.

Puis, aussi soudainement qu’elle soit venue, la présence le quitta, emportant avec elle la vision de la magnifique muraille. Les images et les bruits de Tharcia condamnée lui revinrent et Valent se retrouva à genoux devant la porte brisée. Il vit la bête accroupie sur le cadavre écrasé de l’un de ses hommes, une autre menite tenu dans un énorme poing. Il frappait le corps dans sa main contre le sol encore et encore, laissant une trace sanglante s’élargissant à chaque coup.

Valent se leva lentement et replaça son bouclier devant lui. « Je suis le bouclier », dit-il, son corps vibrant de puissance. « Je tiendrai ! ». Il cria ces derniers mots, ce qui fit tourner la tête cornue dans sa direction. Derrière lui, le Molgur s’écoulait par la porte, bien qu’il n’ait pas avancé loin. Il n’était pas pressé. Le village était leur, et il s’arrêta pour regarder le monstre qu’il avait déchaîné sur leurs ennemis faire son œuvre.

La bête se redressa sur toute sa hauteur et laissa tomber le cadavre ruiné de son poing. Il racla le sol et lança un regard noir à l’humain qui osait le défier, puis baissa la tête et chargea.

Valent appuya son bouclier contre son corps et plaça ses pieds, se préparant au formidable impact. Il sentit une soudaine chaleur dans sur bras droit et baissa les yeux pour voir des flammes jaunes éblouissantes scintiller le long de la longue lame de fer de son père. Il ne ressentait aucune peur, aucun regret. Il était un vaisseau vide à travers lequel Menoth déversait sa volonté.

La bête traversa l’espace entre la porte et Valent en l’espace d’un battement de coeur et frappa son bouclier avec sa massive tête cornue tel un bélier vivant. Il aurait dû être projeté au loin, écrasé par la terrible force de la bête du Molgur ou piétiné en piétiné en bouillie rouge sous ses sabots. Au lieu de cela, au moment de l’impact, le Menofix sur son bouclier s’embrasa d’une lumière dorée brillante, et il sentit rien de plus qu’une forte poussée contre les solides planches de bois. La bête, cependant, réagit comme si elle avait foncé dans la grande muraille de sa vision, rebondissant sur son absurdement petit bouclier avec un beuglement de douleur et titubant vers la porte.

Valent bondi en avant, esquivant un maladroit coup de poing de la bête et enfonça sa flamboyante épée jusqu’à la garde et sous sa cage thoracique. La créature poussa un lourd cri guttural et se mit à reculer, tirant presque la lame de la main de Valent. Il la tint fermement, et l’épée s’extirpa du corps de la bête alors qu’elle s’éloignait. De la fumée s’éleva de la lame tandis que les flammes sir sa longueur consumaient le sang de la créature.

La bête réussit à faire quelque pas, se cramponnant à la plaie de son torse, puis s’effondra sur ses genoux, le sang s’écoulant de son corps et s’accumulant sur le sol. Valent leva son bouclier et s’avança vers la bête. Elle le regarda arriver, ses yeux noirs s’assombrirent de douleur et de fureur. Lorsqu’elle fut à portée de frappe, elle leva faiblement un bras pour le repousser, mais Valent écarta le coup avec son bouclier et s’approcha, ramenant son épée dans un flou de fer enflammé. La lame traversa l’épais cou comme s’il était fait de cire, et l’énorme tête cornue tomba à ses pieds sur le sol. Le corps de la créature s’effondra en arrière et s’écrasa sur la terre.

Valent se tourna pour faire face au Molgur rassemblé et vit sur leurs visages un mélange d’horreur et de crainte. Il pointa la lame brûlante vers eux, plaça son bouclier et le symbole sacré du Législateur devant son corps, et attendit. Ils le regardèrent silencieusement mais ne firent aucun geste pour attaquer. De longs instants s’écoulèrent, et le Molgur n’avança toujours pas. Finalement, l’un des guerriers se retourna simplement et repartit par la porte brisée. Un autre le suivit, puis un autre. Le Molgur quitta Thracia par un ou par deux, jusqu’à ce qu’il ne reste que Valent.

Il laissa tomber son épée à ses côtés, et les flammes qui jaillissaient le long de sa lame s’éteignirent et disparurent. Son bouclier était très lourd et la lassitude s’empara de ses membres. Derrière lui, il entendit des personnes s’approcher, et il se retourna lentement pour voir ces guerriers s’étant enfuis revenir, la honte sur leur visage. L’un d’eux, un homme aux cheveux noirs, nommé Caleon, tomba à genoux devant Valent.

« Mon seigneur »,dit Caleon, en utilisant le terme honorifique généralement associé aux prêtres-rois d’Ancienne Ichtier. « Que devons-nous faire maintenant ? »

Valent rengaina son épée et jeta un regard sur les murs en bois du village de son père. « Notre peuple est dispersé dans le sud », dit-il après une longue pause. « Nous allons unir tous ceux qui s’en tiennent à la Vraie Loi, sous la volonté du Créateur. J’ai prévu un bastion contre les ténèbres encore plus grand qu’Ichtier. » Il s’avança et plaça une main sur l’épaule de Caleon et sourit. « Suis-moi, mon frère, et ensemble nous bâtirons la Muraille. »
« Modifié: 07 février 2020 à 18:24:43 par elric »
Citation de: Maître Yoda
Trop gentil tu seras, dans le côté obscur tu l'auras.

Si vous constatez des fautes d'orthographe et/ou de conjugaison, des phrases à remanier pour une meilleur compréhension.
Hop, -> Mp  ;)

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Re : Nq 45 - Les Défenseurs de la Thrace
« Réponse #1 le: 07 février 2020 à 18:25:18 »
Texte en entier
Merci à Cyriss-Adept pour son aide.

Bonne lecture  :)
Citation de: Maître Yoda
Trop gentil tu seras, dans le côté obscur tu l'auras.

Si vous constatez des fautes d'orthographe et/ou de conjugaison, des phrases à remanier pour une meilleur compréhension.
Hop, -> Mp  ;)

Hors ligne Titi

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Re : Nq 45 - Les Défenseurs de la Thrace
« Réponse #2 le: 07 février 2020 à 19:00:05 »
Merci ! :)
C'est bien cool !
"Bon bin, plus qu'à attendre de voir à quoi va ressembler le futur Cygnar..."

Hors ligne hashut

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Re : Nq 45 - Les Défenseurs de la Thrace
« Réponse #3 le: 09 février 2020 à 05:59:31 »
C est quelle ref Valent chez PP svp?

(On peut le mettre par 10?)

Bien cool oui Merci

Hors ligne BicheNeuve

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Re : Nq 45 - Les Défenseurs de la Thrace
« Réponse #4 le: 09 février 2020 à 22:00:26 »
Épique. Un régal.
Merci.
Le doute détruit beaucoup plus de rêves que l'échec.