Auteur Sujet: Nq 8 - Les Rencontres de Pendrake  (Lu 3095 fois)

0 Membres et 1 Invité sur ce sujet

Hors ligne elric

  • [BGT] Animateur
  • Brave
  • ********
  • Messages: 1853
    • Voir le profil
Nq 8 - Les Rencontres de Pendrake
« le: 12 juin 2020 à 23:24:06 »
LES RENCONTRES DE PENDRAKE

Par Edrea Lloryrr ( transcrit par F. Wesley Schneider)

FANTÔMES DU PASSÉ

   Cher Professeur,

De la même manière que certaines bêtes naissent boiteuses, je me suis rendu compte que certains humains naissent courageux. Je pourrais imaginer que vous revendiquez vous-même cette distinction suspecte, et je ne veux pas vous offenser, car j’ai remarqué cent fois votre ténacité tempérée par la sagesse et la détermination. L’audace dont je parle est plutôt l’incarnation d’un homme qui, jusqu’à récemment, refusait d’être envoyé au loin, le seul survivant de mon excursion dans le Bois Scintillant : Alton Halstead.

   J’ai déjà admis mon intention de retourner dans mon pays natal et, après avoir renvoyé mon seul étudiant survivant avec mon précédent message, je me suis séparé des trollkin du Bois Scintillant. Moins d’une demi-journée après mon départ, j’ai trouvé mon élève-messager gambader, attiré par des pensées d’aventure. L’argument qui en a résulté s’est avéré inutile, tout comme mes assurances d’une mort criblée de flèches en entrant sur la terre de mon peuple. Ainsi, je me suis retrouvé en compagnie d’un admirateur berné qui s’accrochait à chacun de mes mots tout en ignorant le sens le plus élémentaire de chacun.

   Comme les humains pourraient reconnaître une ville spécifique par son architecture particulière, ce matin, le bruit familier du vent, le balancement des arbres et le parfum de l’air démentaient notre entrée en Ios. En haut d’une colline boisée, nous sommes tombés sur une dépression peu profonde, un ruisseau paresseux serpentant dans un ravin encombré par des plantes grimpantes. Encore une fois, j’ai tenté en vain de dissuader Halstead de me suivre, un choix probablement suicidaire. J’étais à mi-pente avant de remarquer la qualité flétrie et sans vie de la végétation qui m’entourait.

   M’arrêtant net, je me suis tourné pour faire taire Halstead sans sa démarche maladroite, mais j’ai remarqué une sinistre apparition noire se profiler derrière. Ma mâchoire s’est relâchée pendant un instant, Halstead eut un sourire et sembla sur le point de faire une boutade, quand la chose spectrale fondit sur lui telle une marée nocturne. Son corps tressaillit, comme frappé par une charge électrique, convulsant comme une marionnette. En un instant, il revint à lui, mais ses yeux n’étaient plus les siens – sans pitié et mort. Soupçonneuse et à moitié prêt à fuir, je m’assurai du poids de mes dagues sous mon manteau.

   Lorsqu’Halstead s’exprima ensuite, c’était étrange et contre nature, sa bouche bougeant dans des contorsions délibérées et maladroites. Plus troublants, les paroles qu’il a prononcés étaient en iosien. « Les étrangers sont interdits, petite », siffla Halstead d’une voix qui résonna autant dans ma tête que dans mes oreilles.

   Passant à ma langue maternelle, j’ai cherché à en apprendre plus de l’état de l’apprenti érudit. « C’est toi qui m’as suivi. Rappelle-toi ? »

   Halstead fut pris d’un rire épouvantablement, une respiration haletante – un son produit pas quelque chose qui avait depuis longtemps oublié comment utiliser les facultés d’un corps. « Oh, mais pour te suivre. Il n’y a que la mort ici », gémit la chose qui n’était pas Halstead.

   « Qui es-tu ? » Ai-je risqué, un souvenir glacial de sombres rumeurs s’élevant dans mon esprit.

   « Je ne suis qu’un souvenir de péchés – parjuré. » Ses paroles devinrent tristes. « N’entends-tu pas les cris de tous ces orphelins. Ne vois-tu pas les flammes dans les yeux ? Ils sont tout autour de moi – pour toujours ! »

   Je connaissais la chose et sympathisais vraiment pour mon compagnon. C’était un esprit sinistre du passé de mon peuple, un ancien prêtre iosien, déchu de sa foi et rendu fou par la trahison. Nous les connaissons sous le nom de « déchiré. »

Je suis aussi pieux que n’importe quel elfe, mais loin d’être un guerrier-saint. À ce moment, ma pitié et ma peur ne faisaient qu’un. « Je connais ton espèce, apparition. Libère le garçon et passe à autre chose ! »

   « Passe à autre chose ! » a-t-il ri. « Passez à quoi ?! « Lyoss à l’abandon ? Il n’y a rien là-bas si même je pouvais m’aventurer au-delà de l’enclos ! » En criant, il dégaina un couteau de la taille d’Halstead avec sa propre main. « Mais tu es passée. Passée dans le monde de ces animaux ? » En parlant, il fit courir le plat de la lame le long du visage d’Alton, en menace. « Emmenez-moi là-bas. »

   « Pourquoi ? » Ai-je demandé, pas impatient de conclure des accords avec les damnés. En réponse, il a tordu la lame et avec un sifflement faux, à fait courir son bord sur le côté du visage du garçon sans défense avant que je puisse crier : « Bien ! Bien ! Je vais te guider ! »

   L’unique réponse de la chose, un sourire trempé de sang, était épouvantable à voir.

   J’ai mené le déchiré jusqu’à une petite clairière, anonyme, mais que je savais être la frontière de ma patrie. La chose chuchotait en même temps, quelque chose qui ressemblait à une prière, répétée et sans signification, n’ayant rien de l’engagement de la foi. Je me suis arrêtée quand j’ai entendu la chose haleter, tombant en arrière comme brûlée.

   « C’est la porte », murmura-t-il, plus pour lui que pour moi. C’est en se concentrant sur moi, à quelques pas de franchir une barrière qu’il ne pouvait percevoir, qu’il fit sa demande, « Permets-moi de traverser. Donne-moi accès au royaume des sauvages et je te rendrai ton animal. »

   Comme en témoigne la demande du déchiré, je me suis rappelé que ces créatures ne peuvent franchir certaines barrières sans invitation, en particulier les frontières de notre pays. Il m’a hurlé : « Libère-moi ! Pardonne mes transgressions ! Parle pour ton peuple et fais taire les jérémiades d’un passé révolu ! »

   Quelque chose en moi était écœuré Plus que le dégoût instinctif que je ressentais envers une créature aussi peu naturelle, cette demande ressemblait à une hérésie, comme une trahison de mes ancêtres dont la vertu affligeait au déchiré sa malédiction.

   J’ai hésité et la chose a fait un pas menaçant vers moi mais a de nouveau été repoussé, le visage d’Alton se tordant de douleur. En repoussant ma répulsion, je sentais que je ne pouvais pas permettre à cette aberration de réclamer une autre vie – même celle d’un imbécile téméraire – simplement sur ma terreur confuse.

   « Traverse donc. » J’ai craqué, un goût amer en bouche. « Sois absous de tes crimes et ne trouble plus cette terre. »

   Aussitôt un bruit semblable aux sanglots d’une douzaine d’âmes tourmentées emplit mes oreilles, mais ces cris surnaturels furent noyés par un rire pitoyable. Libre, la chose traîtresse vint, son couteau étincelant dans la main qui n’était pas sienne, son visage recouvert du sang d’Alton Halstead.

   « Ton animal de compagnie, exilée », railla le déchiré, le couteau d’Halstead tranchant sauvagement. « Que son sang sans valeur soit sur ta conscience pour le reste de tes illusoires jours ! »

   J’ai dégainé mes propres poignards, supposant devoir parer le fou. J’ai réalisé son intention trop tard ; le perfide esprit se précipita sur mes lames, enfonçant l’une d’elles dans les entrailles d’Halstead. Son visage près du mien, il m’a éclaboussé d’une suffocation ensanglantée montant dans son corps, un regard de victoire cruelle brillant dans ses yeux captifs.

   Épouvanté, j’ai crié : « Scyrah te maudisse ! »

   Je ne sais pas quel pouvoir nos divinités détiennent encore sur ces âmes maudites, mais pour la seconde fois, j’ai vu le visage d’Hastead être secoué par la foudre. Une étrange bataille, entre la lumière vivante et une grisaille mortelle, faisait rage dans ses yeux avant que le corps du garçon ne devienne mou et glisse au sol.

   La présence sinistre au sein du jeune homme s’éleva comme la fumée d’une offrande brûlée. Il ressemblait à un prêtre pris au piège dans des vêtements spectraux, la dépression peu profonde des yeux et une bouche gémissante à peine visible. À sa poitrine fantomatique pendait une lourde amulette, marqué du symbole d’Ayisla, Suzeraine des défunts.

   « Garde ton animal de compagnie », s’exclama l’immortel fantôme. « Cette âme est trop faible pour m’amener au Veld, mais j’en trouverai une mieux adaptée. » Suivant un murmure de cris, le déchiré s’éloigna, plus profondément dans le Bois Scintillant, fusionnant avec les ombres des arbres anciens, et disparut.

   Pardonnez-moi professeur, car je ne sais quelle horreur j’ai libérée sur les terres de votre peuple.

   Je me suis occupé d’Halstead, je l’ai bandé du mieux que j’ai pu. Je considère comme une petite bénédiction que ses blessures ne soient pas aussi graves que je l’avais imaginé. Nous ne sommes qu’à une courte distance de l’endroit où le déchiré a disparu. J’espère sincèrement que cette rencontre convaincra Alton de retourner vers des terres plus civilisées, avec mes lettres. Témérairement, mes pensées reviennent en Iso, espèrent que cette rencontre ne se soit pas un présage prophétisant ma réception. Une fois sur place, cher professeur, je communiquerai lorsque le temps et l’entremise le permettront.

Professeur Agrégé Edrea Lloryr
Citation de: Maître Yoda
Trop gentil tu seras, dans le côté obscur tu l'auras.

Si vous constatez des fautes d'orthographe et/ou de conjugaison, des phrases à remanier pour une meilleur compréhension.
Hop, -> Mp  ;)

Hors ligne elric

  • [BGT] Animateur
  • Brave
  • ********
  • Messages: 1853
    • Voir le profil
Re : Nq 8 - Les Rencontres de Pendrake
« Réponse #1 le: 12 juin 2020 à 23:25:41 »
Texte en entier
Bonne lecture  ;)
Citation de: Maître Yoda
Trop gentil tu seras, dans le côté obscur tu l'auras.

Si vous constatez des fautes d'orthographe et/ou de conjugaison, des phrases à remanier pour une meilleur compréhension.
Hop, -> Mp  ;)