Auteur Sujet: Nq 53 - Émerssion d’Ethrunbal  (Lu 3157 fois)

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Nq 53 - Émerssion d’Ethrunbal
« le: 30 janvier 2021 à 22:59:21 »
ÉMERSSION D’ETHRUNBAL

par Aeryn Rudel & David « DC » Carl

LA CORRUPTION AU REVERS

Issyrah en Ios occidental, 4356 (390 AR)

Scyr Koryn Dyshyr retira son épée du corps de la créature, grimaçant de dégoût devant qui puanteur qui s’échappait de la chose. L’épée, Velsyr, était tachée d’un étrange mélange de sang rouge foncé et d’ichor noir. Koryn espérait que cela ne nuirait pas à la lame ancestrale de sa famille.

« Capitaine, rapport », dit Koryn en se tournant vers son commandant en second accroupi sur un corps au milieu du boulevard.

Le Capitaine Lothwyn Breir secoua la tête, mit son fusil lourd à canon long en bandoulière et se leva. « Mort. C’est la même chose pour les quatre autres. » Derrière elle, d’autres membres de la garnison de la Défense du Territoire d’Issyrah déplaçaient des cadavres de la rue vers le vert veld à côté. Le boulevard et la grande place au-delà étaient vides, à l’exception de soldat armurés. Ils avaient rapidement évacué toutes les personnes de la zone avant de s’attaquer à la bête, mais celle-ci avait tué au moins cinq, probablement plus si l’on en juge par la panique générale qui avait gagné la zone.

Koryn chassa le sang de Velsyr et fixa le monstre qui les avait amenés ici. Sa forme générale était celle d’un iosien, mais son corps était couvert d’écailles gris-noir et une éruption d’épines acérées comme des rasoirs sortait de ses épaules, de son visage et de ses membres. Des ailes rabougries dépassaient de son dos et ses mains surdimensionnées comportaient d’immenses griffes. Le visage de la créature évoquait un rêve de fou : une énorme mâchoire distendue débordant de crocs très fin, des fentes pour les narines, une paire de cornes recourbées et de larges yeux déformés. Il l’avait combattue lui-même, et malgré son armure et son habilité avec une lame, il avait eu beaucoup de mal à abattre la bête.

« Qu’y a-t-il, Scyir ? » Le Capitaine Breir s’était approché de lui et avait poussé le cadavre de la créature avec une botte armurée. Sa famille, une maison mineure, avait servi la sienne depuis des nombreuses générations et elle était une soldate capable.

Koryn secoua la tête. « Je pense que c’était un iosien. Autrefois », dit-il. « Maintenant, je ne peux pas le confirmer, bien que j’aie un terrible soupçon. »

« Vous avez déjà vu quelque chose comme ça ? » Demanda le Capitaine Breir. Ses traits grossiers étaient plissés d’inquiétude. La garnison n’avait pas été appelée à défendre la population d’Issyrah depuis un certain temps et, bien qu’elle ait été bien entraînée, rien n’aurait pu à la préparer à cela.

« Pas vu », répondit Koryn, « mais j’ai entendu des histoires de créatures comme celle-ci, des histoires racontées par des visiteurs de Rhul. «  Ses mains avaient commencé à trembler et il agrippa la poignée de Velsyr pour le cacher. Il leva les yeux et vit le Fane abandonné d’Ayisla s’élever au-dessus de la ville. Depuis la Déchirure, l’ancienne demeure de la déesse de la nuit était devenue un lieu fui.

Il y avait une traînée de sang et d’ichor qui s’éloignait du cadavre et descendait le boulevard, en direction du fane. De longue tradition, Issyrah était une ville essentiellement nocturne, comme il convenait à la déesse autour de laquelle elle avait été construite, et des lanternes ornées étaient suspendues à de hauts poteaux ou à l’avant-toit des bâtiments. Même dans la nuit hivernale la plus sombre, Issyrah était une ville de lumière … sauf autour du Fane d’Ayisla. Là, l’obscurité régnait.

« Je ne comprends pas, Scyir », dit le Capitaine Breir. « Qu’est-ce qui, en Rhul, peut produire une telle créature ? »

Koryn détourna son regard du Fane d’Ayisla. L’ivresse du combat l’avait quitté, et maintenant ile ne restait plus qu’une peur froide. Il se tourna vers le Capitaine Brier, cherchant les mots pour répondre à sa question, et offrir une voix à la terreur prenant corps en lui. En fin de compte, il n’en prononça qu’une.

« Dragons. »

* * *

« Scyir Koryn de la Maison Dyshyr, vous devez être félicité pour votre rapide et efficace réponse à la tragédie », déclara le Narcissar Lyssya Syvas, faisant un signe de tête à Koryn depuis son pupitre. D’autres membres des maisons dirigeantes s’Issyrah se tenaient à des lutrins similaires autour de la grande salle, chacun sur une estrade de pierre blanche, bien qu’aucune ne soit aussi haute que celle du narcissar de la Maison Syvas.

« Merci, Narcissar », répondit Koryn. « J’ai simplement fait mon devoir. »

« Cependant », une jeune iosien aux cheveux courts et à l’allure martiale prit la parole. C’était l’Arsyr Vyar Rhyslyrr, qui était arrivé plus tôt dans la journée de la Porte des Brumes avec une impressionnante force de soldats et de myrmidons. L’arsyr était un influant descendant de sa maison, l’une des cinq grandes maisons militaires d’Ios. « Une créature difforme n’est pas une raison pour évacuer la ville. » Il s’arrêta et sourit à Koryn ; il n’y avait pas de chaleur dans son sourire. « Surtout maintenant que la Maison Rhyslyrr est là. »

La grande salle où les dirigeants d’Issyrah tenaient la séance était une immense salle circulaire, son plafond ouvert sur le ciel nocturne. Des lanternes bleue et jaunes illuminaient l’espace d’une lumière austère et peu accueillante. Le sol de pierre blanche de la grande salle se paraît du symbole de la déesse Ayisla, et Korin se tenait en son centre, se sentant petit et insignifiant sous le regard des représentants des maisons dirigeantes. Pourtant, il ne serait pas détourné de son objectif.

« Je pense que c’est une erreur, Arsyr », déclara Korn, en espérant que le tremblement dans sa voix ne paraissait pas aussi évident à ses propres oreilles. « La présence de cette créature difforme ne peut signifier qu’une seule chose – un dragon. »

« Personne ne le nie », dit l’Arsyr Rhyslyrr. « J’ai vu la créature que vous avez tuée. Le fait qu’il s’agisse d’un dragon est incontestable. Je ne crois pas, cependant, qu’un dragon soit à proximité ou, comme vous l’avez suggéré, dans la ville. C’est clairement une impossibilité. »

« Comment expliquez-vous sa présence dans le centre d’Issyrah ? » Demanda Koryn, la colère face  au rejet de l’Arsyr lui donnant de la confiance. « La créature était clairement un iosien corrompu par la corruption d’un dragon. »

« Les conclusions auxquelles vous sautez ne sont claires que pour vous Scyir », dit le Narcissar Unas Thryn. Sa maison était réputée pour ses arcanistes, et il était le premier parmi eux. Le lutrin du Narcissar Thryn était le second le plus élevé après celui du Seigneur Syvas « Nous n’avons aucune preuve d’un dragon. La corruption d’un dragon, oui, et une grave menace en soin mais cette créature n’a pas été engendrée en Ios. Elle est venue d’ailleurs. Des montagnes du sud de Rhul, très probablement. »

« Effectivement », dit l’Arsyr Rhyslyrr. « Il doit descendre des montagnes du nord et a échappé à l’attention. Un manque de sécurité regrettable et qui sera corrigé. S’il y en a d’autres, la Porte des Brumes réagirait rapidement et avec plus d’hommes qu’il n’en faudrait probablement. Une précaution sensée et plus que suffisante. »

Le Narcissar Syvas leva ses fines mains, paumes vers l’extérieur dans un geste de conciliation. « Pour ma part, j’apprécie et je suis reconnaissant de la réponde rapide de ces défenseurs d’Ios à une menace qui nous pourrions bien surestimer. »

« Je comprends que vous croyez que la créature venait du Fane d’Ayisla », déclara l’Arsyr Rhyslyrr. Son sourire était presque imperceptible mais Koryn le remarqua malgré tout. « Une théorie improbable. »

« Pas une théorie, mais un fait avéré », répondit Kory, « J’ai interrogé des citoyens qui ont vu la créature sortir du fane. Je crois qu’il y a d’autres de ces créatures, ainsi que – comme je l’ai présenté à ce conseil – quelque chose de bien pire. » Il a pris une profonde respiration, sachant que ses prochaines paroles tomberaient dans l’oreille d’un sourd. « Comment une telle créature a réussi à se cacher sous la ville m’est inconnu et sans importance. Nous connaissons les récits historiques rhuliques de la dévastation infligée par l’une de ces créatures à leurs cités du nord. Nous devons évacuer Issyrah, faire venir plus d’hommes, plus de myrmidons _ »

L’arsyr interrompit Koryn. « Vous ne pensez pas que dix compagnies entières et six Manticores suffisent pour protéger Issyrah ? » Il secoua la tête. « Je ne devrais pas vous blâmer. Votre garnison n’a pas vu de vraie bataille depuis un certain temps. Peut-être que cela vous a rendu trop prudent. »

Koryn grinça des dents face à l’insulte, sachant que la Maison Rhyslyrr n’avait plus vu de combat que ses propres soldats, malgré tous leurs exercices tant vantés. Il tint sa langue. «  Très bien », dit-il en tournant ses paroles vers le narcissar. « Aurais-je encore la permission d’emmener une petite force au Fane et d’enquêter davantage ? »

« Par tous les moyens, Scyir », répondit le Narcissar Syvas. « Tu connais ton devoir. L’aesyr assurera la sécurité des rues d’Issyrah pendant que vous mènerez vos recherches. Prenez les hommes et les armes que vous jugez nécessaires et partez immédiatement. »

« Oui, menez vos recherches », dit impérieusement l’arsyr. « Vous trouverez peut-être d’autres de ces créatures corrompues, mais vous ne trouverez pas de dragons. Les sibylles auraient détecté un si grand mal parmi nous.

Koryn hocha la tête, et tourna les talons et commença à s’éloigner du demi-cercle des dirigeants des maisons. Il entendit des voix calmes et inquiètes derrière lui. Ils ne croyaient pas vraiment qu’il y avait un danger. Ils pensaient que la présence de l’arsyr et de ses soldats les plaçait à l’abri. Koryn espérait désespérément qu’ils avaient raison.

Koryn avait toujours vécu à Issyrah et jamais il n’avait été proche du Fane d’Ayisla pour vraiment voir sa beauté. C’était une unique tout de pierre blanche, effilée à mesure qu’elle s’élevait dans le ciel nocturne. Des symboles tourbillonnants représentant les lunes et les étoiles étaient gravés dans la pierre, le bleu indigo contre l’albâtre austère. Une fois, avant la Déchiture, le fane brillait d’une douce lumière bleuse, une balise dans le noir. Maintenant, les ténèbres l’avaient récupéré, et il ressentait vivement l’absence de la déesse, une vide mélancolique qui déchirait son âme.

« Capitaine Breir, prenez deux escouades et le Griffon et patrouillez le périmètre du fane », dit Koryn, se tournant pour s’adresser à son capitaine où elle se tenait à côté de deux imposants myrmidons : un Griffon et une Gorgone. Les machines de guerre se dressaient telle des statues d’ivoire, le bleu faible de leurs coeurs arcaniques rappelant subtilement leur puissance. Un iosien légèrement armuré dans un long manteau de cuir se déplaçait autour des deux myrmidons, un multi-outil arcanomékanique lourd dans sa main droite. C’était l’arcaniste Gyrish Vrir, qui avait servi dans la garnison de Koryn pendant de nombreuses années, gardant ses myrmidons en parfait état.

Derrière les myrmidons se tenaient quatre escouades de Garde de la Maisonnée du corps de sa garnison. Il commandait une force mixte de hallebardiers et de fusiliers. C’était la plus grande force qu’il n’avait jamais commandée personnellement sur le terrain, mais il se sentait toujours vulnérable, à poil.

« Oui, Scyir », répondit le capitaine Breir, qui commença à aboyer des ordres à la Garde la Maisonnée derrière elle. Bientôt, elle se mit en route vers la façade est du fane, avec cinq hallebardiers, cinq fusiliers, et le Griffon en remorque.

La zone autour du fane était assez sombre, mais ils avaient apporté leur propre lumière avec eux. Un homme sur dix portait une torche arcanomékanique qui diffusait une lumière d’un blanc éclatant, cela suffisait à éclairer tout la place où se trouvait le fane. Comparée au reste de la ville, le Fane d’Ayisla avait l’air ancien. C’est en grande partie parce qu’il était évité et tombait en ruine. La maçonnerie fissurée, les plantes grimpantes et les mauvaises herbes envahissantes, et l’obscurité omniprésente indiquait très clairement que la présence ayant habité autrefois ici avait fui depuis longtemps.

Le Capitaine Breir revint rapidement. Elle n’avait manifestement rien trouvé de malfaisant dans la zone. « La zone est dégagée, Scyir », dit-elle en mettant son fusil en bandoulière. « Dois-je donner l’ordre de pénétrer dans le fane ? »

Koryn hocha de la tête et tira Velsyr de son fourreau dans son dos. Il tenait la lame dans sa main droite et tira un pistolet lourd dans son étui à sa hache gauche avec sa main gauche. « Je prends la tête, Capitaine », dit-il en agitant son épée en direction du fane. Les bruits des hommes et des machines se déplaçant ensemble ne tarda pas à suivre.

L’entrée du Fane d’Ayisla était un unique portail sur le côté de la grande tour. Il étyait assez grand pour laisser passer facilement un myrmidon lourd. Alors qu’ils s’approchaient, la lumière éclaboussait l’intérieur du fane, révélant le sol poussiéreux de la grande antichambre juste au-delà de l’entrée. Outre la poussière, le fane semblait remarquablement intact.

Comme beaucoup de ceux qui vivaient à Issyrah, Koryn n’avait jamais mis les pieds dans le fane. Il avait espéré ressentir un certain sentiment de révérence maintenant qu’il était à l’intérieur. Il pensait qu’une structure ayant autrefois abrité une divinité vivante pourrait susciter la crainte ou l’émerveillement dans son âme. Mais tout ce qu’il ressentait, c’était le même vide qu’il avait éprouvé à l’extérieur, et derrière, la peur de ce qui aurait pu s’installer en l’absence de la déesse.

« On se sent mort ici », dit Gyrish. L’arcaniste avait l’habitude de dire tout ce qui lui passait par la tête. Cette fois, Koryn ne peut s’empêcher d’être d’accord avec son évaluation crue

Ils ne s’attardèrent pas, passant rapidement de l’antichambre à une autre grand pièce. Celle-ci était clairement destinée à être un lieu de culte. Une grande estrade était installée à l’extrémité nord de la salle, et le symbole d’Aysila occupait tout le mur derrière elle. Des symboles plus petits des autres divinités iosiennes avaient été gravés dans le sol.

« Scyr, regardez », dit Gyrish. L’arcaniste pointa son multi-outil sur un endroit juste sous l’estrade. Là, un grand trou de trois mètres de diamètre avait été pratiqué dans le sol en pierre.

Koryn rangea son pistolet et prit une torche arcanomékanique à un fusilier se tenant à côté de lui. Il fit un signe au Capitaine Breir, et elle chuchota des ordres aux hommes. Ils se dispersèrent dans la chambre, fusils et hallebardes pointés sur le trou.

« Viens », dit Koryn à la Gorgone. Le myrmidon réagit aussitôt, se déplaçant en douceur en direction de Koryn. Gyrish le suivit. Le léger bourdonnement et le scintillement visible du champ d’énergie du myrmidon et les deux grandes lames de combat attachées à ses avant-bras étaient quelques peu rassurants pour Koryn alors qu’il s’approchait du trou.

La lumière éclaboussa le trou, révélant un tunnel à quelque trois mètres sous le sol du fane. Le tunnel était encore plus large que l’embouchure du trou, six mètres peut-être.

Koryn fit signe à ses hommes d’avancer et ils s’enfoncèrent. Il remit la torche arcanomékanique à un hallebardier et rangea son épée. Comme s’il lisait dans ses pensées, le Capitaine Breir commença à ramasser de la corde dans les musettes des troupes de la garde de la maisonnée chargée de transporter l’équipement supplémentaire qui pourrait être nécessaire sur le terrain.

Les soldats ont commencé à descendre dans le trou, en utilisant la Gorgone comme point d’ancrage. Le Capitaine Breir et un peloton ont pris la tête. Dès qu’ils ont touché le sol, ils se sont avancés de dix mètres et agenouillés et couvert le passage avec leurs fusils. Koryn, Gyrish et le Griffon ont été les suivants. Koryn et Gyrish ont descendu la corde tandis que le myrmidon sautait simplement par-dessus le bord, son robuste cadre plus que suffisant pour absorber la chute de six mètres.

Avec Koryn et le Griffon dans le tunnel, le Capitaine Breir et ses fusiliers s’avancèrent plus loin, laissant suffisamment de place pour le reste de la Garde de la Maisonnée et la Gorgone.

La première chose que Koryn a remarqué quand il a posé le pied sur le sol du tunnel était une odeur curieuse, une odeur musquée qu’il n’arrivait pas à localiser. Il y avait une nature animale, mais sous cette odeur organique se trouvait une légère saveur âcre.

« Des ordres, Scyr ? » Demanda le Capitaine Breir une fois toutes leurs forces dans le tunnel.

« Prends deux escouades de fusiliers et passe en éclaireurs à dix mètres d’avances », dit-il. « Je suivrai avec les hallebardiers et les myrmidons. »

Elle hocha la tête et s’avança dans le tunnel avec ses hommes.

« Depuis combien de temps pensez-vous que c’est ici ? » Demanda Gyrish alors qu’ils commençaient à se déplacer lentement dans le tunnel.

« Quelque temps », répondit-il. « Ça ne ressemble pas à quelque chose d’artificiel. Je pense que la zone s’est effondrée ou a été rapidement creusée. »

« Creusé par quoi ? » Répondit Gyrish. « Et comment personne dans la ville n’aurait-il pu le remarquer ? »

« Je ne sais pas », répondit Koryn en secouant la tête. Son ton catégorique fit taire d’autres questions.

Le tunnel tourna à gauche, et le Capitaine Breir et ses fusiliers disparurent de leur vue en passant le coin.

Le silence s’installa le temps d’un battement de coeur puis un unique retentissement raisonna, le sol révélateur d’un fusil à canon long d’un garde de la maisonnée.

« Contact ! » Le cri du Capitaine Breir fut rapidement étouffé par une fusillade.

Koryn dégaina son épée et son pistolet et fit un signe au reste de la garde de la maisonnée de s’avancer. À côté de lui, il vit les mains de Gyrish briller d’un doux éclat bleu. Le champ de force à peine visible autour du myrmidon s’enflamma alors que l’arcaniste déversait de l’énergie dans sa matrice d’énergie.

« Position de garde », dit Gyrish au Griffon, qui leva sa hallebarde et son bouclier. « Avance rapide », dit Gyrish, cette fois au Griffon et à la Gorgone, et tous deux se déplacèrent rapidement vers les bruits de combat qui résonnaient dans le tunnel. Koryn et l’arcaniste les suivirent.

Les coups de feu cessèrent soudainement et furent remplacés par des cris. Alors que Koryn passait le coin, une vague de terreur le submergea et il sentit cette peur se répandre rapidement à travers les hallebardiers derrière lui.

Le Capitaine Breir et ses hommes engagés dans un combat avec un groupe de ce qui ressemblait à des civils iosiens. Le combat rapproché avait forcé les fusiliers à abandonner leurs armes à feu et ils se battaient avec des épées courtes qu’ils portaient comme armes de secours. Les étranges iosiens se battaient également avec des épées, même s’l était évident qu’ils n’avaient pas l’expertises de leurs ennemis.

Malgré leur supériorité, les fusiliers cédèrent soudainement du terrain, le visage transi. Koryn comprit rapidement pourquoi. Une horreur bizarre et couverte d’épines presque identique à la créature qu’il avait tuée sur la grande place, venait d’émerger d’un tunnel latéral et charcuta les fusiliers dans un flou de griffes et de crocs. La chose était entourée d’une aura palpable d’effroi, et les épéistes iosiens semblaient tirer un encouragement de l’horrible créature et se pressèrent en avant.

Koryn regarda le Capitaine Breir abattre un des épéistes ennemis, puis saisir un fusilier blessé par son plastron et le tirer en arrière. « Repliez-vous ! » Cria Koryn en ordonnant au Griffon de charger, tandis que Gyrish poussait la Gorgone en avant pour couvrir les fusiliers battant retraite. Le Capitaine Breir répéta l’ordre, et elle et les fusiliers se retirèrent pour permettre au Griffon, renforcé par la magie de Gyrish, de les traverser et directement foncer dans l’horreur corrompue.

« Charge ! » Koryn entendit Gyrish crier, et la Gorgone se précipita en avant, tailladant les épéistes iosiens avec ses lames d’avant-bras, en en abattant un et en empêchant les autres de rattraper les fusiliers qui battaient en retraite.

Koryn sentit la nauséabonde terreur de la créature corrompue disparaître soudainement alors que le Griffon extirpait sa hallebarde ensanglantée du cadavre de la bête. « En avant ! » Cria-t-il, et les hallebardes affluèrent autour de lui, engageant les épéistes restants entourant la Gorgone. Ils achevèrent rapidement leurs ennemis, les abattant avant que les épéistes ne puissent s’approcher suffisamment pour frapper.

La bataille était terminée et l’ennemi avait totalement anéanti. Dans le calme sinistre qui suivit, Koryn fit le point sur ses soldats et leur équipement.

« Gyrish », cria Koryn. « Voyez si les myrmidons ont subi de graves dommages. »

L’arcaniste hocha la tête et se précipita pour les inspecter. Hallebardiers et carabiniers l’accompagnèrent et se déployèrent pour sécuriser la zone.

« Trois blessés », dit le Capitaine Breir en essuyant ses mains ensanglantées sur son armure. « Peut-être quatre. Hyrek pisse le sang. Celle chose l’a presque tranché en deux. »

Koryn hocha la tête. Ça aurait pu être pire.

« Ces personnes nous attendaient quand nous avons passé le coin », dit Breir, en désignant l’un des épéistes morts.

Koryn s’approcha d’un cadavre et l’observa fixement. C’était une iosienne ; son visage était fin, décharné, et il y vit ce qui ressemblait à de petites écailles autour de sa bouche et de ses yeux. Des courtes épines jaillissaient de son menton/ Il regarda et vit que la plupart des hommes et des femmes qui les avaient attaqués portaient des difformités similaires. Ce n’étaient pas des monstruosités quelconques descendant des montagnes de Rhul – il s’agissait d’hommes et de femmes iosiens qui avaient été corrompus à Issyrah.

« Celui-ci est toujours vivant », cria Breir. Elle se tenait au-dessus de l’un des épéistes, un homme. Sa botte était plantée dans son dos.

Koryn se précipita, dégainant son épée. L’iosien cloué au sol par le Capitaine Breir luttait faiblement, essayant de ramper. Faiblement, Koryn entendit l’homme s’exprimer, murmurer quelque chose.

« Ethrunbal … »

Koryn se pencha en avant et plaça la pointe de Velsyr sur la nuque de l’homme. « Qui es-tu ? » Demanda Koryn.

La bouche de l’homme bougea en réponse, mais sa respiration s’affaiblissait, et Koryn s’agenouilla pour entendre les derniers mots de l’homme.

« Profanateurs … Ethrunbal… vous détruira », murmura l’homme, puis s’arrêta de bouger.

Koryn se leva. « Ethrunbal. Cela vous dit quelque chose, capitaine ? » Demanda-t-il. Le nom était inconnu sur sa langue, mais il le remplissait d’une peur non identifiable. Il avait du poids et de l’âge, et le dire à haute voix lui donnait l’impression de conjurer un esprit malveillant.

Breir secoua la tête. « Non, mais je pense que ces personnes sont ici depuis un moment », dit-elle. « Regardez leurs vêtements – vieux, déchirés, tachés. »

« Allons-y », lui dit-il. « Il y a peut-être d’autres de ces créatures ici. » Il fit un geste avec Velsyr vers le cadavre charcuter de la monstruosité corrompue.

Koryn renvoya les soldats de la maisonnée avec une escorte vers le fane avec l’ordre de rapporter ce qu’ils avaient trouvé et de transmettre le message qu’il allait poursuivre. Peu de temps après, Gyrish signala que les myrmidons étaient en grande partie intacts ; le rejeton draconique n’avait qu’abîmer le blindage du Griffon. Ses griffes n’avaient pas pénétré dans les rouages intérieurs vitaux en dessous.

Ils continuèrent.

Alors qu’ils se déplaçaient, Koryn remarqua que le sol descendait. De petits tunnels latéraux commencèrent à apparaître, mais Koryn les ignora – il voulait continuer à avancer sur ce qui semblait être l’artère principale de ces tunnels. Il était en tête, marchant à côté des myrmidons et de Gyrish. Il voulait que leurs armes les plus puissantes soient placées devant s’ils rencontraient d’autres rejetons draconiques.. Trois rangs d’hallebardiers suivaient derrière lui tandis que Breir et ses fusiliers couvraient l’arrière. Les fusiliers travaillaient souvent avec des hallebardiers et étaient entraînés à tirer sur les ennemis à travers les rangs des troupes amies. Ils pouvaient engager une menace derrière le groupe principal et devant celui-ci.

Il faisait de plus en plus chaud à mesure qu’ils s’enfonçaient dans le dédale de tunnels, et l’odeur âcre que Koryn avait remarquée dans le fane était devenue plus forte. C’était comme s’ils se déplaçaient à travers un être vivant, se frayaient un chemin à travers les veines et les capillaires d’une bête immense, se dirigeant vers un coeur malveillant. Les hommes se taisaient et une peur oppressante s’était installée sur eux. Koryn vit que nombre d’entre eux jetaient des regards nerveux par-dessus leurs épaules ou murmuraient d’une voix désespérée.

L’attaque suivante ne vint ni de l’avant ni de l’arrière, mais de la myriade de petits tunnels émergeant dans le couloir principal.

Un instant, le tunnel principal était calme et silencieux ; le suivant, il était animé avec des organismes écaillés se déversant des tunnels latéraux. Des coups de feu et des cris s’élevèrent alors qu’une demi-douzaine de créatures écailleuses de la taille de petits chiens fonçaient dans la garde de la maisonnée.

L’une des bêtes sortit d’un tunnel à deux pas de Koryn. Ce n’était pratiquement qu’une gueule, un orifice de crocs baveux soutenu par deux puissantes pattes. Deux petits bras griffus pendaient sous la grande gueule et une seule corne s’élevait du museau grossier de la créature. Elle était sans yeux ; l’espace où ses yeux auraient dû se trouver était recouvert par une plaque lisse d’écailles et d’os.

Koryn dégaina son lourd pistolet et tira. Il visa juste, et le lourd projectile frappa la patte droite de la créature, la renversant. Il bondit immédiatement avec un sifflement de colère et se précipita vers lui.

« En garde ! » Cria Koryn, et le Griffon s’avança, bouclier abaissé, sur le chemin de la bête chargeant.

Il jeta un coup d’oeil à sa gauche et fur soulagé de voir que Gyrish s’occupait de la Gorgone et la dirigeait là où un groupe d’hallebardiers et de fusiliers combattaient cinq autres minuscules monstruosités.

Koryn reporta son attention sur la menace immédiate, rengaina son pistolet et s’empara de Velsyr à deux mains. La créature chargea immédiatement dans le bouclier du Griffon, bouche bée. Ses mâchoires se refermèrent avec un claquement, et il arracha un morceau d’acier trempé du bord du bouclier avec cri de métal déchiré. Le Griffon frappa la créature avec sa hallebarde, mais la bête était petite et agile, et évita le coup en bondissant.

La bête était concentrée sur le Griffon, et Koryn tourna autour du myrmidon, le plaçant entre lui et son ennemi. « Attaque ! » Cria-t-i, poussant le Griffon à poursuivre son assaut avec sa hallebarde et le bord de son bouclier. La créature fit un bond en avant, les mâchoires claquant, mais le Griffon claqua le plat de son bouclier contre la créature bondissante. Elle rebondit sur le pavois d’acier et s’écrasa au sol sur le flanc. Voyant sa chance, Koryn contourna le myrmidon. Velsyr s’éleva au-dessus de sa tête. La créature se relevait lorsqu’il l’atteignit, et il plongea son épée dans son corps, accompagnant le coup de sorte que tout son poids poussa la lame proprement à travers la créature. Elle convulsa, les mâchoires claquèrent, puis s’affaissa au sol et s’arrêta de bouger.

Koryn posa un pied sur la carcasse et dégagea Velsyr. Un mélange de triomphe et de terreur le traversa – il avait les preuves dont il avait besoin, et ses pires craintes s’étaient réalisées. Ces créatures étaient sans aucun doute des rejetons draconiques, des monstres engendrés par le sang d’un dragon pour servir de serviteurs.

Il se retourna pour voir que sa garde, aidée par la Gorgone, avait tué quatre autres de ces rejetons draconiques, mais il vit aussi des corps d’elfes parmi les cadavres de leurs ennemis.
« Viens ! » Cria Koryn au Griffon et se précipita vers ses troupes dégainant à nouveau son pistolet. Il tira sur le dernier des rejetons draconiques mais le manqua. Peu importe, sa cible fut bientôt mise en pièce les hallebardiers l’entourant.

Il avait presque atteint le reste de la garde de la maisonnée quand un cri perçant résonna derrière lui du plus profond des tunnels. Il s’arrêta et se retourna. Le Griffon, qui se déplaçait derrière lui, s’arrêta également.

Au-delà de la lumière projetée par leurs torches arcanomékaniques, d’énormes formes se déplaçaient dans l’obscurité. Koryn sentit son courage fuir comme l’eau s’écoulant d’un barrage brisé alors que les rejetons draconiques mouvaient leurs corps grotesques dans la lumière.

Il y en avait trois. Les deux premiers étaient de la taille d’un cheval, des monstruosités à six membres recouvertes d’écailles blindées. Leurs longues queues barbelées fouettaient l’air. Ils se déplaçaient telle des loups, agiles et prédateurs, leurs têtes sans yeux ressemblant à des requins au ras du sol, comme s’ils cherchaient l’odeur d’une proie. Ces rejetons draconiques carnassiers, malgré leur létalité évidente, n’étaient rien en comparaison de l’horreur qui les suivait. Plus grand qu’un myrmidon lourd, il possédait lui aussi six membres : quatre pattes en forme de colonne soutenant un volumineux corps et une paire de bras se terminant par d’immenses lames osseuses, telles des faux. Sa tête, à trois mètres du sol, ressemblait à tous les rejetons draconiques qu’ils avaient rencontrés jusqu’a présent – en forme de balle, sans yeux et presque divisée en deux par une grande gueule pleines de crocs.

Koryn pouvait ressentir la terreur envahir ses hommes ; elle s’emparait également de son propre coeur avec une force colossale, mais il la repoussa. Ils devaient sortir du fane, remonter à la surface et avertir la ville. On ne pourrait pas nier ce à quoi ils étaient confrontés maintenant.

« Hallebardiers au front ! » Cria Koryn, en espérant que sa voix aiderait ses hommes. « En garde ! » Cria-t-il alors au Griffon, et le myrmidon, doté du courage irréfléchi des machines, s’approcha du rejeton draconique.

« Fusiliers ! » Il entendit le Capitaine Breir crier. « Trois rangs- »

Le grand rejeton draconique ouvrit sa gueule et hurla, noyant le reste des ordres de Breir. Puis il se précipita, ses énormes griffes faux levées.

« Attaque ! » Cria Koryn au Griffon, et le myrmidon s’avança, hallebarde levée. Koryn alors recula et tira un coup de feu sur l’un des rejetons draconiques ressemblant à un loup, le touchant au cou. Il bondit en arrière, les mâchoires claquant, mais paraissant indemne.

Bientôt, il atteignit les hallebardiers derrière lui. Les boucliers s’écartèrent, lui permettant de glisser entre la multitude de lames jusqu’à la relative sécurité derrière eux. Les hommes se déplaçaient rapidement et efficacement, mais leurs visages étaient blêmes et leurs yeux écarquillés lui indiquèrent qu’ils étaient au bord de la panique. Gyrish s’approcha de lui, et il sentit surgir la présence de la Gorgone derrière lui. Les mains de l’arcaniste s’illuminèrent en bleu, et à neuf mètres de là, le champ de force du Griffon s’enflamma de puissance.

« Frappe ! »Cria Koryn, et le Griffon balança sa hallebarde, employant la puissance additionnelle que Gyrsih lui avait prêtée pour ajouter de la force au coup. La lourde lame creusa le flanc du dragon. Il hurla et se fraya un chemin dans le Griffon, ses faux déchirant l’armure de la coque du myrmidon. Le Griffon recula sous l’assaut.

Les petits rejetons draconiques s’élancèrent alors vers l’avant, et Koryn pensa qu’ils chargeraient directement sur les lames relevées des hallebardiers. Au lieu de cela, ils s’arrêtèrent à six mètres de la ligne et plantèrent leurs griffes dans le sol rocheux du tunnel, et ouvrirent leurs mâchoires. Dans le gosier de chacun des rejetons draconiques, une lueur pulsée et sombre apparut, et les yeux de Koryn s’élargirent lorsqu’il comprit ce qui allait se passer.

« Boucliers ! » Cria-t-il, et les hallebardiers devant lui rapprochèrent leurs boucliers et baissèrent la tête.

Les rejetons draconiques semblables à des loups déversèrent des globes de feu noir tourbillonnants de leur gueule. Le feu d’ébène pénétra entre les boucliers rapprochés des hallebardiers et explosa. Une chaleur étouffante envahit tout, et Koryn entendit les cris d’agonie des hommes du premier rang alors que les flammes les consumaient. Leur sacrifice avait cependant protégé les hommes derrière eux ; et les reste des hallebardiers étaient brûlés mais toujours debout.

Le Capitaine n’était pas resté inactif pendant l’attaque initiale. Elle avait déplacé ses fusiliers vers l’avant et en deux pelotons séparé de six hommes chacun, juste derrière les hallebardiers. « Première escouade, à gauche ! Deuxième escouade, à droite !. Cria-t-elle. « Feu ! »

Les fusiliers ouvrirent le feu, leurs armes remplissant le tunnel de fracas et de fumée. Ils tirèrent à travers et par-dessus les hallebardiers, chaque escouade concentrant ses tirs sur un des rejetons ressemblant à un loup. À cette distance et avec la taille de leurs cibles, il était impossible de les manquer.

Une grêle de balles trouèrent les rejetons draconiques, et les deux furent déchiquetés, éclaboussant le sol du tunnel d’un sang noir Le danger était loin d’être écarté. Quelques secondes après que les petits rejetons draconiques aient été tués, le Griffon bascula, son corps métallique partiellement démembré par le plus grand rejeton draconique qu’il tenait à distance. Semblant indemne, l’énorme créature se précipita en avant, et les hallebardiers se déplacèrent pour rencontrer la bête.

Koryn entendit Gyrish crier des instructions à la Gorgone et, peu après, entendit le gémissement aigu de son canon de polarisation qui s’enclenchait. Un éclair bleu vif s’échappa du myrmidon et frappa le rejeton draconique alors qu’il avançait, emportant l’énergie cinétique et arrêtant l’énorme dans sa course. Malgré sa charge ralentie, le rejeton draconique était maintenant à portée du premier rang des hallebardiers.

Les hallebardiers se déchaînèrent, frappant facilement le rejeton draconique, mais leurs lames balayèrent inefficacement le corps écaillé de la créature. Il avança à nouveau, et ses griffes faux abattirent trois hallebardiers. La Gorgone se précipita alors en avant pour combler le trou laissé par les gardes de la maisonnée tombés au combat, en tailladant le rejeton draconique avec ses lames d’avant-bras.

« En avant ! » Cria Koryn en s’avançant. Les hallebardiers le suivirent, se déplaçant autour du myrmidon et du dragon, encerclant le couple, frappant la bête à chaque fois qu’il y avait une ouverture. Koryn les rejoignit, avançant pour taillader les pattes de la créature avec Velsyr quand l’occasion se présentait.

Le Capitaine Breir et ses fusiliers maintenant un tir constant sur le rejeton draconique, et Gyrish se tenait derrière eux, déversant une puissance arcanique dans le champ de force de la Gorgone, ajoutant de la force à ses coups.

Malgré leurs efforts, le rejeton draconique semblait infatigable et indifférent par ses blessures de plus en plus profondes. À chaque seconde qui passait, ses faux ouvraient d’énormes brèches dans le blindage de la Gorgone ou abattaient un hallebardier. Enfin, le sol du tunnel étant trempé de sang noir, le rejeton draconique titubât, ses pattes arrières le lâchèrent. Sa moitié inférieure s’effondra et la Gorgone bondit en avant et planta ses deux lames dans le cou de la bête. La tête du rejeton draconique se détacha de son corps dans une fontaine de sang noir, et elle s’affaissa au sol, enfin morte.

« Miséricordieuse soit Scyrah », prononça Gyrish en poussant Koryn pour inspecter l’épave du Griffon et les dommages causés à la Gorgone.

Koryn regarda autour de lui. Maintenant que la bataille avait pris fin, ses hommes semblaient hébétés. Ils s’appuyaient sur leurs armes, respirant fort, les yeux écarquillés et non concentrés. Il savait qu’il devait les faire bouger, les faire travailler, avant que la peur ne s’installe complètement.

« Détails des blessures, Capitaine Breir », cria Koryn. Breir était accroupie sur la forme prostrée d’un fusilier, sa main dans la sienne. Elle était proche de ses hommes, et il la regarda poser la main molle du fusilier sur sa poitrine et s’essuyer les yeux avec le dos d’une main gantée. Son coeur se brisa pour elle. Ils n’avaient jamais vécu un combat comme celui-ci. Ils s’entraînaient ensemble depuis de décennies, vivaient ensemble dans la garnison, s’étaient rapprochés, étaient devenus comme une famille, et maintenant cela. Voir une personne avec qui on avait partagé une vie pendant vingt, trente ans s’éteindre, et ne rien pouvoir y faire. Mais Breir était une soldate, l’un des meilleurs, elle se remit rapidement au travail.

« Rassemblez les blessés et les morts et ramenez-les », cria-t-elle, en mettant son fusil en bandoulière, puis en se penchant et en commençant à traîner l’homme à ses pieds hors de la scène de combat.

« Deux escouades à l’avant, unités mixtes », dit Koryn. « N’engagez pas le combat. Un tir pour nous avertir et ensuite revenez ici. »

Ils passèrent dix minutes à déplacer les morts. Il n’y avait aucun blessé ; les blessures que le rejeton draconique avait infligées avaient toutes été mortelles.

« Combien ? » Demanda Koryn quand le Capitaine Breir vint lui faire le bilan des victimes.

« Dix-huit », répondit-elle.

« Laissez-les », dit Koryn. « Nous quittons ces tunnels. Maintenant. »

« Le Griffon n’est pas récupérable », déclara Gyrish, en rejoignant Koryn et Breir. « La Gorgone est en bon état, mais elle a besoin de réparations. Vous voulez que je la stabilise maintenant ? »

Koryn ouvrit la bouche pour donner sa réponse mais s’arrêta net alors qu’n grondement profond et pénétrant réverbérait sur les parois du tunnel. Le sol trembla, et un souffle chaud et fétide les submergea, emportant avec lui une odeur de charogne comme rien qu’il n’avait jamais senti.

Gyrish et Breir fixèrent Koryn, les yeux écarquillés et effrayés.

« Retraite », dit-il, sa voix tremblant alors qu’un autre tremblement secouait le tunnel. « Retraite ! », Cria-t-il et il se mit à reculer. « Retournez au fane ! Maintenant ! »

Les gardes de la maisonnée n’eurent plus besoin d’être encouragé et ils commencèrent à bouger, deux fois plus vite, par le chemin d’où ils étaient venus.

Koryn entendit Gyrish crier à la Gorgone « Arrière-garde ! » L’arcaniste ensuite sprinta pour rejoindre Koryn et le Capitaine Breir. Ils se déplaçaient au centre même de la vingtaine de gardes survivants. La plupart des fusiliers avaient pris l’arrière, devant la Gorgone, tandis que les hallebardiers plus lents avaient pris la tête.

Un autre souffle d’air chaud traversa le tunnel – assez chaud pour rougir la peau exposée – et un grand frisson suivit. C’était la chose la plus bruyante que Koryn ait jamais entendue, et il plaça ses mains sur ses oreilles pour empêcher sa tête d’exploser. Il ne faisait aucun doute dans sa tête sur ce qui se trouvait au coeur de ces tunnels, et il savait qu’il n’avait pas le temps de battre en retraite de manière ordonnée.

« Courez ! » Cria Koryn, et ses hommes autour de lui commencèrent à courir comme des dératés. Certains lâchèrent armes et boucliers pour alléger leur charge, tandis que d’autres essayèrent de maintenir un semblant d’ordre militaire.

Ils dévalèrent le tunnel, en prenant un virange en L serré, puis les flammes arrivèrent. Au début, ce fut un grondement sourd et lointain, puis il s’amplifia et la chaleur se répandit dans le tunnel devant lui.

Les flammes étaient d’un jaune et vert sinistre, u mur d’agonie fulgurante qui consomma la Gorgone et la rangée arrière de fusiliers, détruisant mékanique, armure et chair avant qu’un seul ne puisse être émis. La courbure du tunnel atténua la progression de l’énorme flamme, où ils auraient tous été incinérés.

La panique s’empara des derniers gardes de la maisonnée, et Koryn n’y échappa pas. Ils coururent, les poumons en feu, des voix appelant les dieux frénétiquement. Le sol continuait à trembler et à se déformer, et finalement quand ils atteignirent enfin le trou par où ils étaient entrés pour la première fois, ils pouvaient à peine garder l’équilibre sur la terre agitée.

Le bord de la fosse était à trois mètres de haut, et Koryn ordonna aux hommes de faire la courte échelle les uns les autres pour l’atteindre. Il leur fallut cinq précieuses minutes pour sortir de la fosse : Koryn, Breir, Gyrish et dis gardes de la maisonnée. Puis ce fut une course folle à travers le fane. La maçonnerie se brisait et tombait du plafond, et de grandes fissures apparurent dans le sol, certaines assez larges pour qu’ils doivent sauter par-dessus. Le fane s’effondrait autour d’eux.

Ils firent irruption sur la place obscure autour du fane alors qu’une secousse massive secouait la terre. Ils basculèrent en avant et perdirent pied, impuissants face au soulèvement et à l’effondrement du sol.

Koryn pouvait entendre des alarmes retentirent dans toutes la ville et des cris de paniques alors que les citoyens d’Issyrah commençaient à réaliser leur péril.

Ils n’avaient aucune idée, pensa Koryn en rampant sur son dos. Il regarda la grande tour devant lui se pencher sur le côté et s’écrouler, des tonnes de maçonnerie debout depuis des millénaires furent réduites en ruines en quelques secondes.

Koryn réussi à se relever, saisissant la main du Capitaine Breir et la tirant de l’endroit où elle était étendue à côté de lui. Il ne vit aucun signe de Gyrish, mais certains des gardes de la maisonnée se relevaient également.

Ils coururent.

Koryn et Breir atteignirent le large boulevard qui reliait la place du fane. Là, il aperçut quelques soldats de l’Arsyr et une demi-douzaine de myrmidons qui attendaient, stupéfaits et immobiles. Une autre secousse fit vaciller tout le monde, les jetant au sol.

Koryn se retourna vers l’endroit où le fane se tenait autrefois et vit un trou gargantuesque l’avait avalé, une fosse gigantesque emplie de flammes bleues et blanches torrides.

Le dragon s’éleva de ces flammes, son corps étant une grande ombre qui masquait le ciel nocturne, engloutissant la lune et les étoiles sous sa forme nébuleuse. Ses ailes s’ouvrirent et elles s’étirèrent jusqu’au bout du monde. Il entendit sa voix, un grand vent soufflant qui le remplit d’une terreur incontrôlable.

« Ethrunbal », chuchota Koryn lorsque le dragon ouvrit les yeux, des sphères jumelles d’un vert lumineux, plus grandes que les lunes, qui fixaient les créatures insignifiantes ayant stupidement pénétré dans sa demeure et suscitant sa colère immortelle et intarissable.

Il y eut un grand vent aspirant alors que le dragon inspirait, et Koryn ferma les yeux. Il se réconforta en sachant que les flammes lui épargneraient la vue du destin d’Issyrah.
« Modifié: 17 février 2021 à 20:59:14 par elric »
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Re : Nq 53 - Émerssion d’Ethrunbal
« Réponse #1 le: 17 février 2021 à 20:58:49 »
Texte en entier.
Pour les personnes désirant approfondir le sujet, je vous renvoie vers ma traduction du [urlhttp://www.battle-group.com/forum/index.php/topic,17394.0.html]Nq 53 - GKF - Everblight[/url]

Bonne lecture.
« Modifié: 17 février 2021 à 21:01:44 par elric »
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