ROYAUMES D’ACIER > Background – Histoire des Royaumes d’Acier
Roman - Convergence Sombre
elric:
Aurora
Les yeux de Nemo s’élargirent lorsqu’Aurora leva son bâton polynomial pour signaler la libération des prisonniers. Sa main burinée relâcha sa prise sur sa propre arme alors qu’il les voyait commençait à s’éloigner de ses soldats.
Aux tendons détendus de ses doigts, Aurora vit que Nemo était sur le pont de canaliser jusqu’à la dernière once de puissance dans une tempête de représailles sir elle avait ordonné l’exécution des prisonniers plutôt que leur libération. Elle n’avait jamais eu l’intention de commettre une telle atrocité, mais elle devait s’avouer qu’elle avait mis en scène la libération de manière délibérément provocante. En pensant aux vestiges calcinés de ses troupes, elle décida qu’elle était allée aussi loin qu’elle l’avait osé dans son effort pour déséquilibrer son adversaire.
Elle avait réussi à la mettre en colère, à l’apaiser, à l’intriguer et à l’effrayer en un laps de temps bien plus court qu’elle ne l’avait espéré, même si elle regrettait son argument sans grâce de « protection religieuse ». Elle ne pensait pas qu’il l’accepterait tel quel, mais elle avait sous-estimé son impatience face aux concessions de la diplomatie.
Il était temps de modifier sa tactique, au moins pour une courte période. Nemo semblait intrigué par le peu qu’elle avait révélé sur la Convergence, mais elle avait espéré une réaction plus forte. Il y avait bien plus qu’elle pouvait lui dire en toute sécurité. Il était temps, cependant, de le laisser demander avant qu’elle n’en révèle davantage. Jusqu’à ce qu’il reprenne le contrôle de leur conversation Aurora décida qu’elle prolongerait la discussion. Chaque minute qu’elle gagnait était une minute de plus vers le succès de sa mission.
« J’aime vos Patrouilleurs-Tempête », dit-elle. « Les éléments mékaniques sont peut-être un peu grossier, mais pour la puissance brute, j’en ai rarement vu de semblables. Est-ce une autre de vos contributions à l’arsenal de Cygnar ? »
L’attention de Nemo demeura fixée sur la ligne de femmes et d’enfants se déplaçant à travers le champ. Les petits enfants tenaient les mains de leurs mères ou s’accrochaient à leurs jupes tandis qu’elles se frayaient un chemin sur le terrain piétiné.
Ils atteignirent bientôt la zone où les tempêtes arcaniques de Nemo avait réduit ses troupes et ses vecteurs à l’état de ferraille et retourné la terre sous eux. Un petit garçon trébucha sur le rebord d’un cratère laissé par l’obus d’un Encodeur. Il tomba, glissa et se remit sur ses pieds avec un bref sourire avant que sa mère ne le rappelle à ses côtés et ne lui serre la main. Les autres ramassèrent les plus jeunes et les portèrent à travers les sillons de la terre alors qu’elle s’approchaient des engins de combat.
Aurora vit le regard de Sebastian Nemo rencontrer celui de Margaret Jernigan. La costaude mékanicienne grimaça et offrit une grimace d’excuse en levant les yeux vers le général. Dans cet échange, Aurora perçut quelque chose de différent de la relation entre un commandant et une subordonnée.
C’était prometteur.
Nemo mit ses mains en porte-voix et cria : « Dites à Blackburn d’envoyer un cavalier avec le paquet ».
Pendant que Nemo regardait les captifs marcher vers le camp de Cygnar, Aurora inspectât son assistante.
Remarquant qu’elle était examinée, Caitlin Finch leva ses lunettes sur son front et la fixa. Ses narines se dilatèrent de défi, mais elle gâcha l’effet en soufflant sur une mèche rebelle de cheveux blond sable. Malgré le comportement juvénile de la femme, Aurora révisa légèrement à la hausse son estimation de l’âge de l’adepte. La chasseuse de tempête ne semblait si jeune que lorsqu’elle se tenait aux côtés de son général âgé. Elle n’avait que quelques années de plus qu’Aurora ce qui rendait son poste élevé dans l’armée cygnaréenne – plus connue pour ses vieillards que ses jeunes femme – d’autant plus impressionnante.
Aurora se souvint d’une rumeur qu’elle avait entendue un jour d’un optifex chargé d’analyser les rapports de renseignement. Apparemment, Sebastian Nemo accordait une faveur particulière à certaines femmes officiers sous son commandement. Il y avait eu des spéculations selon lesquelles le warcaster vieillissant nourrissait un faible pour les jeunes beautés, une faible qui pourrait être exploité par un agent provocateur de la Convergence. Après avoir été témoin de l’interaction entre le général et son assistante, cependant, Aurora décidé qu’il y avait peu de chances qu’une romance naisse entre eux. Leur langage corporel ressemblait plus à celui d’une fille précoce et son père critique.
D’un autre côté, le regard las que Nemo avait jeté sur Margaret Jernigan était plein de possibilités. Étaient-ils d’anciens amants ? Même s’ils n’étaient que des compagnons d’armes, les plans d’Aurora pour la mékanicienne étaient doublement dangereux, mais potentiellement deux fois plus gratifiants.
Aurora avait peu d’expérience personnelle avec les relations familiales ou amoureuses. Tout ce qu’elle savait sur la manipulation des autres, elle l’avait appris en tant qu’étoile brillante au centre d’un petit système conçu pour l’élever comme l’enfant parfait de le mère d’acier.
Aurora n’avait jamais connu son père. À l’âge de trois ans, se mère avait mérité d’être transférée dans le vaisseau mécanique le plus avancé jamais conçu. Des années plus tard, Aurora reconnaîtrait ce fait comme une fière réalisation, mais elle ne se souvenait pas d’avoir reçu un câlin de la femme s’appelant autrefois Viana et qui avait pris le nom de Directrix après avoir été transférée dans son premier vaisseau mécanique. Elle ne se souvenait même pas de la couleur des yeux ou des cheveux de sa mère, seulement du masque de chrome sans émotion qu’elle avait adopté comme visage. Aurora se souvenait à peine de l’odeur de la peau de sa mère, une peu qui avait depuis longtemps été réduite en cendres.
Au lieu de cela, les souvenirs d’Aurora étaient remplis d’une série sans fin de questions, d’exigence, de tests et d’exhortations à faire plus d’efforts, à obtenir plus et à exceller dans tout ce qu’elle entreprenait. Ses tuteurs optifex l’avaient formée aux mathématiques, à l’astronomie et à l’ingénierie mékanique et mécanique.
Son éducation précoce avait inspiré à Aurora le désir d’accroître les connaissances de son peuple, de laisser sa marque dans les réalisations technologiques qu’elle pourrait ensuite démontrerait sur le champ de bataille Au moment où sa mère avait décidé qu’elle devrait plutôt rejoindre la prêtrise, il était trop tard. Aurora avait déjà décidé de son propre avenir.
« Un bon premier pas », dit Nemo, reportant son attention sur Aurora tandis que les villageoises et Margaret Jernigan poursuivaient leur passage vers le camp cygnaréenne. « Cependant, Sa Majesté ne sera pas satisfaite tant que vous n’aurez pas complètement retiré vos forces du territoire cygnaréen.
« Territoire », dit Aurora, heureuse de revenir aux questions actuelles des souvenirs passés. « Les frontières. Ne somme-nous pas tous des enfants de Caen ? » Je ne veux pas dire au sens religieux, bien sûr. Métaphoriquement, ne sommes-nous pas tous des résidents du même monde, pas seulement de cette planète, mais de l’univers entier ? »
« Je suis conscient de l’intérêt des cyrissistes pour les principes géomantiques et astronomiques », déclara Nemo. « Mais cela ressemble plus à de la philosophie qu’à de la science ».
Aurora entendit le murmure des ailes en laiton. Elle regarda Nemo et Finch lever les yeux pour voir Sabina revenir planer à ses côtés.
« Peut-être vous demandez-vous pourquoi nous qui vénérons la Patronne des Mécanisme vénérons aussi les savants nescients n’ayant pas embrassé notre foi ».
« Je présume que c’est parce que vous appréciez toute avancée dans les études scientifiques ». Nemo n’essaya pas de masquer son agacement.
« Oui ! Pardonnez-moi, général. Je ne voulais pas vous rabaisser. Il est rare que j’ai l’occasion d’expliquer nos méthodes à des étrangers ».
Le visage de Nemo se figea une seconde. Aurora se demanda si elle avait confirmé ou contredit une hypothèse qu’il avait sur la Convergence. Ou sur elle.
« Pour nous », continua-t-elle, « il n’y a pas de différence entre la science et la dévotion spirituelle. Nos prêtres sont des astronomes, des ingénieurs, des mékaniciens et des mathématiciens. Nous nous efforçons de découvrir les secrets de l’univers, et non de les dissimuler avec des paraboles et de sermons destinés à préserver l’establishment en décomposition ».
« Vous voulez du changement », dit Nemo. « Mais qu’est-ce que vous voulez changer ? »
« Tout ! » répondit Aurora. « Tout ce qui peut être améliorer. Plus nous comprenons les systèmes du monde, mieux nous pouvons améliorer la vie de chacun ».
« Tout le monde ? Ou tous ceux qui vous rejoignent ? »
Il avait posé la bonne question. « Personne n’a besoin de nous rejoindre pour bénéficier des avancées que nous réalisons. Vous êtes vous-même la preuve de ce principe. Combien de vos conceptions militaires se sont avérées avoir des applications bénéficiant à la société dans son ensemble ? Et combien de vos propres réalisations technologiques sont fondées sur les connaissances que vous avez glanées dans les temples cyrissistes ? »
« Personne n’a partagé ces réalisations avec mon peuple. Nous ne les avons découvertes qu’en enquêtant sur des comportements criminels – y compris des signes de nécromancie ».
Aurora hocha la tête, conservant une expression d’admission réticente. « Toutes les personnes qui acquièrent des connaissances ne sont pas aptes à les utiliser. La Convergence rejette la sorcellerie noire des cryxiens ».
« Alors pourquoi quelqu’un chercherait-il dans vos temples cachés des secrets permettant de tromper la mort ? »
Aurora hésita, sachant que ses prochaines paroles choqueraient la mère d’acier et tous les membres du directoire de la Convergence s’ils apprenaient qu’elle les avait dis à un étranger. « Par le passé – le passé lointain – certains membres égarés de notre ordre ont étudié la technologie cryxienne. Quiconque poursuit de tels sujets n’est pas guidé par la Patronne mais par sa propre compréhension imparfaite de ses codes ».
Une fois de plus, le visage de Sebastian Nemo se figea. Aurora savait qu’elle l’avait surpris par sa franchise.
« Viser la perfection n’est pas une garantie de succès », dit Aurora. « Vous avez dû connaître vos propres échecs. N’en avez-vous pas appris autant, sinon plus, que vous avez appris de vos triomphes ? »
« Admettez-vous que votre capacité à stocker une âme humaine à l’intérieur d’un soldat mécanique est basée sur la nécromancie cryxienne ? »
« Non », répondit Aurora. « La nécromancie est l’antithèse de la philosophie cyrissiste. Nous nous consacrons à la préservation du noumène non corrompu, ce que vous pourriez considérer comme « l’esprit et l’âme ». Mais oui, une maître de forge véreuse a osé étudié les helljacks et les liches cryxiennes. Lorsque sa transgression a été découverte, elle a été chassée comme une hérétique. Notre procédé, la Procédure Anima Corpus n’est en aucun cas lié à la nécromancie. Il a été perfectionné.
« La Procédure Anima Corpus », dit Nemo. « Cela ressemble exactement à un terme pour ressusciter les mort. Je connais plus d’un prêtre qui s’écrirait « Nécromancie ! » en l’entendant ».
« La différence est que nos méthodes ne détruisent pas les âmes mais les soutiennent pour les transférer dans un vaisseau mécanique. Ainsi, nous préservons l’esprit de nos plus grands érudits et philosophes afin que les générations futures ne soient pas privée de leur sagesse ». Aurora fit un signe de tête en passant devant Nemo et Finch, vers un cavalier s’approchant des lignes de Cygnar. « Comme vous l’avez appris de vos captifs, ce ne sont pas de simples automates mais des esprits vivants au sein de corps mécanique.
« Qu’en est-il de vos vecteurs et serviteurs ? » demanda Nemo.
« Nul doute que vous les avez déjà désassemblés et trouvé leurs nœuds d’interface et leurs moteurs de calcul », déclara Aurora. « Contrairement aux vaisseaux réservés aux noumènes humains, les vecteurs et les serviteurs sont de pures machines ».
« Que vous pouvez contrôler exactement comme je contrôle mes warjacks, oui ? »
« Pas exactement », déclara Aurora. « Mon contrôle sur mes vecteurs est bien supérieur à votre connexion avec vos warjacks. Mes machines sont également exemptes des bizarreries sans aucun doute charmantes pour lesquelles les vôtres sont célèbres. Elles fonctionnent exactement comme je le veux. Elles sont parfaites ».
Il y a, bien sûr, quelques différences entre le cortex d’un warjack et le nœud d’interface d’un vecteur. Et Aurora était parfaitement consciente des limites de ses vecteurs et des warjacks cygnaréens dont les fluxions de la Convergence avaient déclaré abominations les semblants de pensée humaine. Une fois la Grande Oeuvre terminée, ils seraient éradiqués.
Malgré sa détermination à partager autant de vérité que possible avec Sebastian Nemo, Aurora jugea prudent de ne pas le faire volontairement.
Au lieu de cela, elle regarda sa moustache blanche se contracter presque imperceptiblement alors qu’il traitait l’information. Elle imagina des centaines de pensées se disputant la première place dans son esprit. Il est certain qu’un cerveau aussi abondant que le sien était sûrement sa propre forme de constellation, un assemblage contenant une multitude de spécialisations.
Nemo n’était pas seulement l’un des principaux warcasters de Cygnar. Il était aussi un maître tacticien, ingénieur et mékanicien capable de superviser et de corriger les efforts des plus grands spécialistes de son pays. C’était un polyglotte des sciences : cinétique, électrique, hydraulique et arcanique. Quel trésor serait son esprit, si seulement il pouvait l’inciter à rejoindre la Convergence. Peut-être que là où d’autres ont échoué dans leurs démarches auprès du célèbre Sebastian Nemo, Aurora pourrait réussir.
« Un moment, s’il vous plaît », dit Nemo. Il fit un geste à Finch, qui abaissa le Patrouilleur-Tempête en position accroupi alors que la cavalier s’approchait. Non armé mais vêtu d’une armure-tempête bleue de la tête au pied, l’homme se tenait sur ses étriers et levait une sacoche en cuir au-dessus de sa tête. Finch s’en empara. Le cavalier salua et fit tourner son cheval pour retourner au camp.
Finch passa a sacoche à Nemo, qui ouvrit les fermoirs et regarda à l’intérieur. Il souleva une chambre à essence dans une main, la pesant. « C’est l’esprit intact d’un homme ? »
« Elle contient ses pensées et ses émotions naturelles. Son âme, si vous voulez. Son noumène ».
Nemo remit la chambre dans la sacoche et en ferma les fermoirs.
« Pensez-y », déclara Aurora. « Vous n’avez entrevu qu’une fraction de notre technologie, mis vous devez voir qu’elle est bien supérieure à la votre. Ce n’est pas une critique à votre égard, général. C’est la différence entre un esprit brillant enfermé dans une prison de – quoi ? s- septante ans – et une centaine d’esprits brillants travaillant de concert pendant des siècles ».
Nemo passa la sacoche à Aurora, mais Sabina l’intercepta. Elle se détourna, protégeant Aurora avec son corps en cas de piège. Sabina ouvrit la sacoche et examina son contenu avant de se retourner pour saluer son commandant.
Les yeux d’Aurora étaient fixés sur Nemo. Après avoir relâché la sacoche, il fit tourner ses articulations avec une grimace.
« Sentez-vous le poids des années sur vos épaules, général ? Imaginez maintenant ce poids levé. Imaginez votre esprit en sécurité dans un corps ne ressentant aucune douleur, pouvant être remplacé ou améliorer à tout moment. Sachant ce que vous êtes capable de créer maintenant, pensez à ce que vous pourriez faire dans cent ans ».
« Quel âge avez-vous ? »
« Quoi ? »
« Vous n’avez pas l’air plus vieux que mon assistante. Quel âge as-tu, Finch ?
« Vingt-sept, monsieur ».
« Vous avez plus de vingt-sept ans ? » demanda Nemo.
« Je… » La question prit Aurora par surprise . « Non. J’ai vingt-cinq ans, mais j’ai déjà plus d’accomplissement... »
« Pourquoi hésitez-vous à abandonner votre corps humain ?
« Je n’hésite pas. Je suis impatiente d’accomplir le transfert ».
« Quel âge doit-on atteindre avant de voir son noumène transféré dans un vaisseau mécanique ? Est-ce un honneur réservé aux personnes âgées ? »
« Le Directoire Fluxion croit, dans sa sagesse, que toutes les âmes devraient mûrir dans leur corps de naissance avant de faire la transition ».
« Vous ne partagez pas leur avis, n’est-ce pas ?’
« La sélection n’est pas sans imperfections », répondit Aurora. « Même si le Directoire Fluxion peut être influencé par les sentiments, et il y a un élément politique... »
Sabina se pencha près de son oreille et parler dans un murmure mékanique. « Numen, nous devrions peut-être retourner au nœud de réalignement ».
Sabina venait de lui permettre de faire toutes les excuses qu’elle souhaitait pour se soustraire à la tournure malvenue de la conversation.
« Dois-je poursuivre cette discussion avec quelqu’un d’autre ? » dit Nemo. « Peut-être devriez-vous vous entretenir avec un supérieur ? »
« Je parle au nom de la Convergence », déclara Aurora. Sa mâchoire se contracta si fort qu’elle siffla presque les mots. « Mais nous en avons assez dit pour le moment. Vous pouvez retourner à votre camp ».
Le regard de Nemo se fixa sur ses yeux, la pesant et la jugeant.
« Assez ! » dit Aurora. Elle s’envola vers le haut. D’un coup d’aile superflu, elle projeta un vent sur Nemo et son assistante avant de repartir vers Calbeck.
Sabina la rattrapa quelques secondes plus tard, la sacoche serrée dans un main, l’acier nu de son épée brillant dans l’autre. Lorsqu’elles se furent retirés hors de portée d’écoute, elle prononça : »Numen, pourquoi avez-vous libéré tant de prisonniers. Cela affaiblit notre position ».
« Cela met également à rude épreuve les ressources limitées du camp cygnaréen. Et il y a d’autres raisons que je n’ai pas besoin d’expliquer ».
Aurora jeta un coup d’oeil en arrière pour voir le patrouilleur de Nemo le ramener lui et son assistante, à leur camp. Le général jeta un coup d’oeil à Aurora. Il avait une fois de plus baissé ses lunettes sur ses yeux. Avec ses cheveux blancs flottant dans le champ galvanique de son armure, les lentilles rondes lui donnaient un aspect de hibou.
Le Projecteur d’Émergence Transfinie suivit Aurora et Sabina jusqu’à Calbeck. L’engin de combat n’avait besoin que de la moindre commande gestuelle pour obéir à ses souhaits. Elle souhaitait que toutes ses forces soient aussi obéissantes.
« Mes excuses, Numen. Je souhaite seulement vous protéger. Plus je comprendrai vos plans, mieux je vous pourrai vous servir ».
« Alors monte la garde sur le pinacle de la tour », dit Aurora. « Garde les yeux sur le camp cygnaréen. Bien assez tôt, tu verras le reste de mon plan se dérouler ».
elric:
LA SIXIÈME HARMONIQUE
La machine est corrompue par les déficiences de la chair.
Nemo
De retour au camp, Nemo envoya Finch ramener le Patrouilleur-Tempête et ordonna au Jimmies d’effectuer une dernière inspection des deux engins de combat. Il voulait qu’ils soient prêts à l’action à tout moment. Malgré les résultats indéterminés du pourparler, ils ne pouvait se défaire du sentiment qu’une autre attaque pouvait survenir à tout moment.
Il frissonna en pensant à ce qu’il avait appris de cette Convergence. Malgré les protestations contraires d’Aurora, il partageait l’inquiétude de l’Aumônier Geary : le confinement d’âmes dans des corps mécaniques équivalait à de la nécromancie. Il eut la chair de poule quand il pensa à ces équivalents technologiques des liches de fer.
Alors que Finch manœuvrait délicatement le Patrouilleur-Tempête à travers le campement grandissant, le Major Blackburn s’approcha de Nemo.
« Nos troupes ont complément encerclé Calbeck et creusé des tranchées à l’est et à l’ouest. Les faux transports ont rempli leur mission et rien n’indique que l’ennemi ait détecté la ruse. Les éclaireurs de l’autre côté du fleuve ne signalent aucun signe de Cryx ou d’un quelconque emplacement de la Convergence en dehors de la centrale électrique déjà sécurisée. Un petits groupes de rangers reste là et fait un rapport visuel toute les demi-heures ».
« Et le camp ? »
« L’atelier et d’autres tentes clés ont été éloignés des lignes de front. Nous avons placé les réfugiés dans des tentes juste au sud du camp principal », répondit-il. « L’Aumônier Geary était impatient de s’entretenir avec vous après le pourparler, mais je l’ai chargé du bien-être physique et spirituel des villageois ».
« Bien joué ». Bien que Nemo appréciait les conseils de l’aumônier en privé, il souhaitait une autre conférence avec la druidesse sans la présence de Geary ne vienne perturber le cours de son enquête. Blackburn était un officier aussi perspicace qu’il était courageux. « Et Mags ? Sergent Jernigan ».
« Elle aura un coquard de la taille d’un œuf d’oie, mais Geary l’a guérie en premier. Dès qu’il a eu fini de prier, elle a insisté pour reprendre le travail ».
« Et vous l’avez laissée partir ? »
« J’ai laissé cette décision à Geary. D’après ce que j’ai entendu en m’éloignant de leur dispute, il perdait ».
Nemo réprima un petit rire. Considérant la façon dont Mags traitait son général, il imagina que le chevalier Précurseur n’avait eu aucune chance. « Très bien. Retrouvez-moi à la tente des cartes dans une heure ».
« Oui, monsieur ». Blackburn salua, mais ses yeux s’attardèrent sur le visage de Nemo.
« Qu’y a-t-il ? »
« Si je peux me permettre, monsieur, quand avez-vous mangé pour la dernière fois ? »
Nemo voulu demander à Blackbunr s’il était un chevalier-tempête ou une matrone d’une pension de famille. Ce n’était pas la première fois que Finch où l’un des autres officiers de Nemo devait lui rappeler de manger.
Pour eux, c’était une question d’auto-préservation, estima-t-il. Lorsqu’il passait trop de temps entre les repas, il était plus susceptible de dégrader un officier.
« Ce sera tout, major ».
Blackburn effectua un autre salut avant de se retirer.
Jugeant préférable de calmer sa faim avant d’interroger la druidesse, Nemo s’arrêta à la tente mess. À son apparition, les fantassins déjà attablé se mirent au garde-à-vous.
« Repos », prononça Nemo. Il salua le soldat qui se leva d’un bond pour débarrasser une table pour son service personnel et désigna la marmite à soupe. Alors que le soldat commençait à assembler un plateau, Nemo secoua à nouveau la tête. « Juste le bol, une cuillère et un morceau de pain noir. Non, un plus petit morceau. À quoi je ressemble pour toi ? À un titan skorne ? »
Derrière lui, un jeune soldat ricana avant de se taire.
Nemo se retourna pour jeter un regard noir sur la table. Les convives devinrent très silencieux. Pendant un moment, le seul bruit était le claquement des cuillères sur les bols et l’aspiration prudente de la soupe. Avec un dernier lent regard de l’assemblée, Nemo prit sa soupe et quitta la tente, répriment son propre sourire sous l’effet de sa désapprobation. On aurait pu penser qu’il avait pointé un canon-tempête sur les troupes, vu la façon dont elles s’étaient recroquevillées sous son regard.
Il trempa son pain et le mâcha en marchant vers la tente où il avait laissé Bronwyn. Alors qu’il s’approchait, il remarqua deux soldats debout à l’extérieur de la tente, l’un tenant le bâton noueux de l’arme de la druidesse, semblable à une hache.
Bien qu’il était impatient de l’interroger, Nemo ne voulait pas débuter l’interrogatoire avec un bol dans les mains. Il engloutit le reste du pain et de la soupe et jeta le bol vide dans les bras d’un soldat passant par-là.
Nemo entra dans la tente et trouva la druidesse assise, non pas sur le tabouret qu’ils lui avaient fourni, mais sur le sol nu. La tête baissée, sa capuche noire dissimulait son visage. Elle avait les doigts entrelacés dans l’herbe brune de l’automne, non pas fermement comme si elle s’accrochait à la terre, mais doucement comme si elle message subtil de la terre.
Nemo prit le tabouret pour elle. Alors qu’il s’asseyait, la druidesse leva les yeux vers lui.
« Que faisais-tu ? Demanda-t-il, « Tu communique avec quelqu’un ? »
Bronwyn secoua la tête. « Je médite simplement. Je suis heureuse de voir que vous êtes revenu vivant. Peu de membres du Cercle reviennent de leurs affrontement avec ces cyrissistes ».
« Que peux-tu me dire d’autre à leur sujet ? »
Bronwyn secoua la tête à nouveau. « On en sait peu. Parfois, nous découvrons un de leurs temples souterrains. Nous les chassons, sinon ils tuent tous ceux qui tentent de le faire. Lorsque certains s’échappent pour avertir d’autres membres du Cercle, nous revenons en force pour les trouver partis, leurs repaires abandonnés.
L’expérience de Nemo avait été similaire, mais sans les conflits militaires. « Qu’avez-vous appris des machines que vous avez capturées ? »
« Nous les détruisons », cracha Bronwyn. « Ce sont des abominations ».
« Mais vous pourriez apprendre tellement de chose en les étudiant... » Nemo réalisa que les druide n’appréciaient pas la technologie comme lui et la Convergence. « Avez-vous trouvez des preuves de nécromancies dans les temples de Cyriss ».
La druidesse fronça les sourcils et considéra la question. « Non », pour finalement répondre. « Mais leurs soldats mécaniques, avant ils étaient des êtres humains, n’est-ce pas ? »
Nemo hésita à partager ce qu’il avait appris sur la Convergence avec un autre ennemi, même si la druidesse avait été utile jusqu’à présent. « Oui, ils l’étaient ».
Browyn secoua la tête. « C’est mal d’interrompre le cycle de la nature de cette manière. Il n’y a pas de vie sans mort, pas de renouveau sans décadence ».
« Vous vénérez le changement ».
« C’est une façon de voir les choses ».
« Tout comme cette warcaster de la Convergence », dit Nemo. « Ou du moins, c’est ce qu’elle dit ».
Bronwyn plissa le nez comme si elle détectait une puanteur. « Le changement n’est bénéfique que lorsqu’il renouvelle le monde ».
« Eh bien, je suis d’accord avec cela », dit Nemo. Il n’avait jamais souscrit à la notion de changement pour le plaisir. Même les progrès de la connaissance humaine n’étaient bonnes que tant qu’elles restaient sous la garde des personnes qui les appliquaient au profit des autres. C’était la principale différence entre Morrow et sa sœur. Les thamarites s’efforçaient d’obtenir l’avancement personnel et non partagé. Après son entretien avec Aurora, il soupçonnait qu’elle avait plus de points communs avec la sombre jumelle.
« Comment vos gens géraient les vecteurs auparavant ? » demanda Nemo. « Tu dois sûrement avoir de l’expérience pour... »
Un formidable boom retentit du côté du camp sud. Nemo sortit de la tente pour voir un panache de fumée s’élever près du nouvel emplacement de l’atelier des mékaniciens.
« Surveillez-là », dit-il aux gardes en se déplaçant pour avoir une meilleure vue. Il aperçut d’abord la massive silhouette d’un Cuirassé-Tempête s’éloignant en titubant de la source de l’explosion. Son bras droit avait disparu, ainsi que sa lance de combat. Une toile d’énergie voltaïque cascada sur son châssis avant de disparaître. Au moins quelqu’un sur les lieux avait eu le bon sens d’éloigner les warjacks de l’explosion, pensa Nemo.
La fumée pâle se dissipa suffisamment pour révéler le châssis en lambeaux du Foudroyant. À ses pied gisait le corps du second Cuirassé-Tempête. Nem baissa ses lunette de protection pour épargner ses yeux des fumées.
Un autre boom assourdissant secoua le camp. L’explosion souffla sur Nemo un vent chaud et nocif. Nemo reconnut le bruit comme étant une explosion de foyer. Le Cuirassé-Tempête marchant tomba en avant, propulsé par l’explosion de son propre réservoir de carburant. Des charbons ardents arrosèrent les tentes les plus proches, les enflammant. Une fumée noire s’éleva d’un point proche de la détonation originale.
La clameur autour du camp s’amplifia. Avant qu’elle ne puisse se transformer en chaos, la voix du Major Blackburn ordonnait le sauvetage, le contrôle des flammes et le renforcement de la sécurité du périmètre. Ses officiers les plus proches le reprirent, relayant les ordres à leurs lieutenant, puis à tous les soldats du camp. Les autres cris étaient des cris de coordination, pas de panique.
« Un blessé ici ! » cria un homme.
« Plus de seaux ici ! » cria un autre.
Traçant un chemin à travers la fumée, Nemo suivit le son de la voix de Blackburn jusqu’à ce qu’il trouve l’homme.
« Une autre attaque ? » demanda Nemo.
« Non, monsieur. Pas pour autant que nous puissions l’affirmer. Les premiers rapports suggèrent un dysfonctionnement du Foudroyant ». Il tourna la tête pour tousser. « Soit ça, soit... »
« Sabotage », grogna Finch, se matérialisant à côté de Nemo.
Blackburn hocha la tête.
« Victimes ? »
« Nous avons tiré deux mékaniciens des flammes, mais la deuxième explosion nous a obligé à reculer. Dès que le contrôle du feu aura… Là, ils en ont une autre ». Deux soldats sortaient Mags Jernigan. Ses bras noircis traînaient sur l’herbe. Là où sa jambe mékanique rejoignait son genou, il ne restait qu’un moignon rouge criard.
Une main glacée se crispa sur le vente de Nemo.
Blackburn claqua des doigts : « Portez-la à l’Aumônier Geary sur le champ ! »
« Monsieur », cria un autre homme au Major Blackburn. Il portait une autre personne sur son épaule. Les robes roussies pendant à son armure bleue l’identifiaient comme le compagnon warcaster Benedict. « Celui-ci est en vie, mais à peine ».
« Emmenez-le aussi à Geary », dit Blackburn.
« Priorité ? »
« Cet homme d’abord », dit Blackburn. Il jeta un coup d’oeil à Nemo pour confirmer. En tant que commandant faisant face à la probable perspective d’une bataille, il devait placer la vie d’un warcaster avant celle d’une mékanicienne, peu importe ses sentiments personnels. Bien que cela lui fasse mal, Nemo hocha la tête en soutient de la décision de Blackburn. Il sortit un tissu de sa poche de ceinture pour couvrir son nez et sa bouche.
Tandis que les soldats lançaient quelques derniers seaux d’eau sur les carcasses fumantes des Cuirassés-Tempête, Nemo évalua leur état.
Le Foudroyant semblait être la source de l’explosion initiale. Ses bobines galvaniques étaient noircies et à moitié fondues. Un bras pendait sur le côté tandis que l’autre gisait sur le sol à dix verges de là. De profondes entailles dans le châssis faisaient craindre à Nemo que les dommages n’aient atteint le cortex, auquel cas le warjack serait une épave totale.
Nemo déplorait les dégâts autant que les blessures qu’il avait remarqués sur Mags. Chaque warjack avec lequel il se connectait ressemblait plus à une créature vivante qu’à une machine, celui-ci plus que la plupart. Il avait pratiquement reconstruit le Foudroyant de fond en comble après la bataille du Temple de Garrodh. Bien que cette expérience lui ait donné confiance dans sa capacité à la faire à nouveau, il lui faudrait plusieurs jours, et non des heures, pour que le warjacks soit prêt pour le combat.
La question de savoir comment il avait explosé le troublait profondément.
Il y a quatre ans, lorsqu’il débutait le développement du warjack alimenté par la foudre, Nemo avait détruit deux fois un prototype en surchargeant ses bobines galvaniques. Pourtant, il avait résolu ce défaut de conception, ainsi que le problème de protection du cortex du warjack. Pour faire exploser ce modèle récent, il fallait bien plus qu’une erreur de mékanicien. Finch avait eu raison lors de sa réaction initiale.
Ça ne pouvait être qu’un sabotage.
Malgré les dommages subis par sa boîte à feu, le Cuirassé-Tempête ayant échappé à la seconde explosion semblait pouvoir être sauvé. Celui au sol, cependant, était complètement perdu. Heureusement, son bras armé demeurait intact. Cela demanderait beaucoup d’effort, mais le mékaniciens pourrait la fixer sur l’autre Cuirassé-Tempête.
Pour que l’explosion du Foudroyant ait causé autant de dégâts aux trois warjacks, il fallait qu’ils se trouvent très près les uns des autres, bien plus près que ne le permettraient les protocoles de sécurité. La personne ayant fait cela le savait et les avait disposés en conséquence. Il devenait de plus en plus clair que le saboteur faisait partie des propres troupes de Nemo, faisant de l’acte non seulement un sabotage mais une trahison.
« Apporte les rapports à la tente des cartes », dit Nemo avant de quitter Blackburn. Finch le suivi en silence.
Ils avaient parcouru la moitié du chemin jusqu’à la tente des cartes quand une silhouette sombre se précipitait vers eux., la cape ramenée en arrière telle une paire d’ailes noires. Finch leva son arme pour le défendre, mais Nemo contenta de se renfrogner lorsque la druidesse s’arrêta devant lui. Derrière elle venaient deux gardes, les yeux écarquillés et le souffle coupé. « Monsieur attention ! »
« Je suis venu offrir mon aide », déclara Bonwyn. Elle se tenait à l’aise, les yeux mi-clos, respirant aussi facilement que si elle ne venait pas de s’éloigner en courant de deux soldats armés.
Nemo lança un regard noir au gardes n’était pas parvenu à la garder enfermée. L’un d’entre eux portait la bourse de la druidesse et la dague à sa taille. L’autre tenait sa hache noueuse. « Depuis combien n’est-elle plus sous votre garde directe ? »
« Pas plus de deux minutes, monsieur ! » répondit le premier homme.
« Je serai venue plus tôt mais ils se sont montré plus vigilants et plus rapides que je ne le pensais. Il a fallu un certain temps pour leur échapper ».
« Tu dis que tu veux nous aider », répondit Nemo. « Qu’elle aide peux-tu nous offrir ? »
« J’ai entendu les cris des blessés. Si tu me rends ma bourse. Je peux aider à les soigner ».
Nemo ne faisait clairement pas confiance à la cape noire. En toute autre circonstance, il aurait aimé voir avec quelle facilité elle pourrait échapper à la détention après l’avoir mise aux fers. Pourtant, il savait que les druides possédaient de puissants pouvoirs de guérison, tant naturels que mystiques. Alors que l’Aumônier Geary consacrait ses prière au Lieutenant Benedict, peut-être que les soins de Bronwyn amélioreraient les chance de survie de Mags.
« Rendez-lui sa bourse », dit Nemo. « Emmenez-la à la tente des blessés. Et essayez de ne pas la perdre cette fois ».
« Monsieur ! »
Nemo et Finch retournèrent à tente des cartes, où Blackburn les rejoignit pour signaler un total de six victimes dont trois grave. Tous sauf le compagnon warcaster étaient des mékaniciens, et tous, sauf Mags, étaient des mékanciens de terrain nouvellement arrivés.
Finch pinça les lèvres au froncement de sourcils de Nemo. « Pensez-vous qu’ils ont ciblé les mékaniciens ».
« Je pense qu’ils ont ciblé le Foudroyant et le Lieutenant Benedict », dit-il. « Mais oui, il es possible que nos mékaniciens aient été une cible secondaire. Si c’est le cas, cela pourrait signifier qu’ils espèrent une guerre d’usure, réduisant à la fois notre capacité à déployer des warjacks et notre capacité à les réparer.
Blackburn hocha la tête. « Il n’y a eu aucun signe d’infiltration, à l’exception de cette druidesse ».
« Elle vient de s’échapper de sa tente », déclara Finch. « Qui peut dire qu’elle ne s’est pas éclipsée plus tôt et n’est pas revenue pour se donner un alibi ? »
Nemo admira le raisonnement de la jeune chasseuse de tempête, mais il avait déjà envisagé cette possibilité. « J’étais avec elle juste avant l’explosion. Même si elle aurait put faire son travail pendant que toi et moi étions absents, il semble peu probable qu’elle soit restée au camp après avoir organisé l’explosion. De plus, je doute qu’un druide ait l’expertise mékanique pour provoquer une telle surcharge. Quoi qu’il en soit, Blackburn, demande à nos hommes d’examiner la tente où elle était retenue. Vois s’il y a des signes qu’elle se soit échappée et soit revenue avant l’explosion. Et remplace les hommes qui la surveillent dans la tente des blessés ».
« La tente des blessés ? » Blackburn haussa les sourcils. Nemo décrit brièvement l’offre de la druidesse.
Blackburn acquiesça, mais son visage trahissait son incrédulité à l’idée que Nemo puisse laisser une telle liberté à l’étrangère.
« Exprime-toi. »
« Ce n’est rien, monsieur », dit Blackburn, qui s’empressa de revoir son expression.
Nemo s’efforça de contenir sa colère. Il réalisa qu’il n’était pas en colère contre Blackburn. Il était en colère contre lui-même, effrayé par les soupçons prenant forme dans son imagination.
« Qu’est-ce que Benedict faisait avec le Foudroyant, de toute façon ? » demanda-t-il.
« Il venait juste de revenir après avoir conduit les Lucioles dans les bois à l’est avec le chariot leurre. Peu de temps avant votre retour, lui et le Sergent Jernigans repositionnaient les Cuirassés-Tempête. Les mékaniciens que nous avons interrogés ne peuvent pas expliquer pourquoi ».
« Mags a ordonné qu’ils soient déplacés ? » demanda Nemo.
« je n’en suis pas certain ».
« Donc ça pourrait être Benedict qui a ordonné les déplacement des warjacks ? »
Blackburn secoua la tête. « Ce n’est pas clair, monsieur ».
Nemo soupira mais pas de soulagement. L’incertitude s’enroulait entre ses poumons tel un vieux ressort.
« Les éclaireurs ? »
« Tous présents, bien qu’ils y ait eu quelques rencontres rapprochées avec les gardes mécaniques. L’ennemi compte près de mille hommes, y compris ces vecteurs et ces serviteurs. Il semble qu’il y en ait encore plus à l’intérieur. Nous avons repéré des entrées à chacun des quatre pieds entourant la tour. Les anges et leur chef s’envolent également d’un pont partiellement dissimulé juste au-dessus des arches. En dessous se trouve la foreuse – sonde, moteur ou quoi que ce soit – qu’ils ont enfoncée dans le sol. On ne sait pas combien d’espace il leur reste sous la surface. Nous avons vu des sentinelles au sommet, aussi, juste en dessous de cette orbe ».
« Et les prisonniers libérés ? »
« Tous confinés dans des abris à l’arrière du camp », répondit Blacburn/ « Nous avons envoyé des cavaliers dans les villages les plus proches pour réquisitionner des fournitures supplémentaires. En attendant, les officiers du mess ont reçu l’ordre de réduire les portions d’un quart ».
« Sécurité du camp ? »
« Une autre inspection est en cours. Les rapports initiaux suggèrent qu’il n’y a pas eu de violation, mais je vais remplacer la garde sur la druidesse et inspecter personnellement la tente où elle a été confinée ».
« Très bien. Rompez ».
Blackburn salua et quitta la tente.
« Tu es craints que Mags ait saboté les warjacks, n’est-ce pas ? » demanda Finch.
Nemo fronça les sourcils, mais il était indéniable qu’elle avait deviné son inquiétude.
« Il y a encore une chance que ce soit Benedict, mais le timing pointe vers Mags. Le problème est que nous avons besoin de Benedict ainsi que de tous les mékaniciens que nous pouvons déployer. Jusqu’à ce que je sache à qui de ces deux-là je peux faire confiance, je ne peux pas compter sur eux ».
« Peut-être que ce n’est aucun des deux », déclara Finch. « Peut-être que c’était réellement un accident ».
« Impossible. Il n’y qu’un nombre limités de personnes dans ce camp ayant les compétences pour provoquer cette explosion ».
« Je me porte garante pour toi si tu te porte garant pour moi », répondit Finch.
La pauvre plaisanterie de Finch ne fit rien pour apaiser ses inquiétudes. Il vit sur son visage qu’elle ne croyait pas non plus que l’explosion ait pu être un accident.
« Prions pour qu’ils se remettent tous les deux », dit-elle. « Si l’un d’eux meurt, nous ne saurons peut-être jamais la vérité ».
« Tiens ta langue... » commença Nemo. La remarque de Finch lui avait donné une idée. Il prit une plume et un parchemin sur la table et griffonna une note à la hâte. Il tamponna l’encre humide et plia le papier. Il le tendit à Finch. « Apporte-le en premier à l’Aumônier Geary - Non, ne l‘ouvre pas. Ensuite, assure toi de tes forges-tempête. Après avoir reçu leurs rapports, rejoints moi dans la tente des blessés ».
« Oui, monsieur ». Malgré son vif salut, Finch lui lança un regard inquiet avant de quitter la tente.
Quand elle fut partie, Nemo s’assit et ferma les yeux. Il laissa le poids des années et de la mémoire le retenir tandis qu’il comptait les secondes. Après cinq minutes, il se leva et ouvrit le rabat de la tente avec la pointe de son bâton. Il sortit dans la lumière du soleil de l’après-midi, portant l’arme plutôt que de s’appuyer dessus.
Des soldats le saluèrent sur son passage. Il les ignora jusqu’à la tente des blessés.
À l’intérieur, le tente était divisée en trois, avec de lourdes bâches en guide de murs. Dans la partie centrale, quatre mékaniciens étaient allongés sur des lits de camps, les bras et le visage bandés. Deux essayèrent de se mettre au garde-à-vous à l’entrée de Nemo, mais il leur fit signe de se recoucher. « Repos ».
De la bâche de droite, Nemo entendit l’Aumônier Geary entonner des prières à Morrow. Un infirmier traversa la barrière de toile en tenant un plateau en fer blanc de bandages souillés.. Nemo grimaça en remarquant cela. Il ajouta sa propre prière silencieuse pour que Benedict survive.
Il se dirigea vers la cloison de gauche. Avant même de la toucher, il sentit les nauséabondes vapeurs s’accumuler derrière la bâche. En l’ouvrant, il vit Bronwyn accroupie à côté du lits de Mags Jernigan.
La druidesse avant enlevé les bandages et déposé des lignes d’herbes humides écrasées le long des horribles brûlures de Mags. Sous le regard de Nemo, Bronwyn prit une autre boulette de feuilles mâchées dans sa bouche et la déposa sur le dos de la main brûlée de Mags. Peu importe la puissance de l’art de la druidesse, Nemo craignit que Mags ait bientôt besoin plus qu’une jambe mékanique.
La druidesse avait allumé un petit feu sur le sol. Au-dessus mijotait une casserole d’eau infusée de Morrow-savait-quoi. Bronwyn jeta une autre poignée d’herbes sur la surface bouillonnante et utilisa une aile d’oiseau pour ventiler la vapeur vers Mags.
La mékanicienne était à moitié inconsciente. Ses lèvres remuèrent et elle gémit un mot à peine articulé que Nemo ne put comprendre.
Il s’était arrêté à l’entrée. Bronwyn se tourna pour le regarder. « Fermez le rabat. Nous ne devons pas laisser s’échapper les vapeurs curatives.
Nemo fit un pas à l’intérieur. « Comment va-t-elle ? »
« Très mal », répondit Bronwyn.
« Quelle est cette infâme concoction ? » Il préférait ses potions et teintures préparées dans un laboratoire, pas dans le chaudron d’une druidesse.
« Cela l’aidera à dormir ».
« J’ai besoin de parler avec elle ».
Bronwyn soupira et posa l’aile sur le rebord de la marmite mijotant. « Ses brûlures sont très profondes », déclara-t-elle. « Je pourrais faire plus si près d’une ligne de force, mais cette tour mécanique interfère avec le flux naturel des énergies ».
« Nous chasserons ces envahisseurs ».
« D’ici là, il sera peut-être trop tard », déclara Bronwyn. « Même si elle survit, le nœud est peut-être endommagé ».
« Comment ? » dit Nemo. « Comment peuvent-ils faire ça ? »
« Même nos puissants les plus érudits ne le savent pas avec certitude », déclara Bonwyn.
« Partout où nous avons combattu ces cyrissistes, ils ont laissé le monde blessé. Nous pouvons sentir la faiblesse de la terre ».
Nemo se soucia peut de l’effet que la Convergence avait sur les capes noires, et cela devait se remarquer sur son visage.
« Les blessures sur la face de Caen nuisent à tous ceux qui y vivent, qu’ils sachant ou non puiser la puissance de la terre. Et n’oubliez pas que les forces de la Convergence emploie cette puissance pour faire fonctionner leurs machines. N’es-tu pas préoccupé par ce qu’ils espèrent accomplir avec le mal qu’ils causent au monde ? »
Nemo était en effet inquiet.
« Cette femme ailée », dit Bronwyn, « comment s’appelle-telle ? »
« Aurora... » murmura Mags.
« Mags, m’entends-tu ? » Nemo lui prit la main, vit le peu de peu qu’il restait, et changea d’avis. Le moindre contact ne lui apporterait probablement qu’une agonie.
« Bastian ».
« As-tu parlé à Aurora à Calbeck ? » demanda-t-il.
« Oui », dit-elle lentement. Nemo ne put dire si c’était la réticence ou la blessure qui lui avait arraché la syllabe.
« Que t’a-t-elle dit ? »
« Elle a dit qu’elle aillait libérer les femmes et les enfants », répondit Mags. « Et que je pouvais aller avec eux ».
« Ce n’est pas tout ce qu’elle a dit ? Que t-a-telle promis ? »
« Rien – Elle ne m’a rien promis du tout ».
« Mags, tu n’es pas l’unique blessée dans l’explosion. Quatre des mékaniciens sont gravement blessés. Benedict plus gravement que toi ».
« Benedict ? Ce n’est encore qu’un gamin ». Sa voix se brisa.
« Pourquoi as-tu rapproché les warjacks ? »
« Après avoir vu toutes ces machines à Calbeck, je voulais être sûr que nous étions prêts... »
Le mensonge suintait à chacun de ses mots, Nemo le percevais de plus en plus. « Je sais que c’est toi Mags. Ce que je ne sais pas, c’est pourquoi. Que t’ont-ils promis ? »
La bâche s’ouvrit et l’Aumônier Geary pénétra dans la pièce. Ses yeux se rétrécirent quand il regarda Bronwy, et sa potion mijoté. Ils se rétrécirent encore quand il remarqua que Mags Jernigan était réveillée.
« Comment va le Lieutenant Benedict ? » demanda Nemo.
Geary secoua la tête. « Je suis désolé, Général. Ses blessures étaient trop importantes pour que même le pouvoir divin de Morrow puisse le soigner ».
« Pardonnez-moi », gémit Mags.
« Nemo se tourna vers elle. « Qu’est-ce qu’ils t’ont promis ? »
Mags leva son bras esquinté d’environ un centimètre ou avant que sa force ne s’épuise.
Nemo eut sa réponse.
« Un nouveau corps », dit-il. « C’est ça, n’est-ce pas ? »
Des larmes stria son visage brûlé.
D’un coup, il comprit. Comme lui, Mags avait longtemps souffert des infirmités de la vieillesse. Elle avait donné sa jambe pour le Cygnar et ses seins sans autre raison que l’indifférente cruauté du cancer. La vie militaire lui était toujours resté e travers de la gorge. Combien lui en voulait-elle de ne pas avoir accélérer sa demande d’une meilleure jambe.
L’ultime pitié qu’il ressentait pour ses blessures s’évanouit, remplacée par de la rage. Personne ne pouvait compatir davantage aux affronts de l’âge, des blessures et de la maladie, sans parler de la perpétuelle lassitude de celui qui avait consacré une vie entière à l’armée. Mais une chose que Nemo ne pourrait jamais pardonner était la traîtrise.
Il tourna le dos à Mags et se fraya un chemin à travers la cloison en toile. Bronwyn le suivit. « Que veux-tu faire d’elle ? Tout ce que tu voudras, je le ferai ».
Nemo regarda la druidesse. Était-elle en train de demander s’il voulait qu’elle tue Mags. Ou était-ce une noire fantaisie née sa de propre pulsion de vengeance ? « Laisse-la dormir. Je veux qu’elle soit complètement rétablie et apte à faire face à une cour martiale ».
Bronwyn retourna dans la chambre de Mags.
Nemo sorti de la tente des blessés, l’Aumônier Geary à ses côtés. Aux gardes à l’extérieur, il dit : Placez le Sergent Jernigan sous bonne garde. Personne d’autre que la druidesse ou le chirurgien ne doit lui parler sans ma permission expresse ».
« Oui, Monsieur ».
Alors qu’ils s’éloignaient Nemo se souvint qu’il avait demandé à Finch de le rejoindre à la tente des blessés. Pourtant, il détesta l’idée de demeurer un instant de plus auprès de la traîtresse – il ne pouvait plus la considérer comme son amie.
L’idée que Mags – le Sergent Jernigan – ait été retournée contre son pays natal par ce culte de la mort – la trahison facilitait l’adoption du point de vue de Geary sur la Convergence – était trop difficile à accepter.
La colère fragmenta ses pensées. Il sentit une veine palpiter sur sa tempe. Tel un warjack en surchauffe, il avait besoin de se défouler avant que sa fureur ne lui fasse du mal. Mais il n’avait pas le temps de se retirer, ni même de boire une apaisante tasse de thé. Au lieu de cela, il tourna son attention vers l’autre sujet.
« Comment va Benedict ? » demanda-t-il au Précurseur.
« Il se rétablit, mais il lui faudra des jours avant qu’il ne soit apte au service ». L’Aumônier Geary se racla la gorge. « Général, bien que je sois heureux d’avoir été utile à votre interrogatoire, je dois vous dire que je n’aime pas perpétrer des tromperies aussi cruelles à notre propre peuple ».
« Moi non plus, quand on peut les éviter ». Il observa à travers le camp, vers le nord, où la grande tour de la Convergence s’élevait au-dessus du village de Calbeck. « Vous serez heureux d’apprendre que le temps de la tromperie est terminée, Aumônier ».
Geary hocha la tête, sa main se portant sur la masse à sa hanche. Conseiller en temps de paix, il est combattant en temps de guerre. Il se battrait aux côté des Chevaliers-Tempête, tuant tour à tour les ennemis et soignant les alliés.
Le prêtre toussa lorsque Bronwyn émergea de la tente blessés. La druidesse l’ignora et s’adressa à Nemo. « Elle va dormir maintenant ».
« J’apprécie ton avertissement, Bronwyn. Tu dois retourner à ta tente maintenant. Les gardes te garderont en sécurité pendant la bataille qui nous attend ».
« Je ne te serai d’aucune utilité dans ma tente », répondit-elle.
« Tu veux dire que tu préfère que nous te libérions ? »
« Mon peuple ne peut pas combattre à vos côtés dans cette bataille contre la Convergence », déclara-t-elle. « Mais si tue le permets, je le ferai ».
Nemo fixa son regard sur elle, se demandant quels secrets se cachaient derrière ses brillants yeux verts. Il pris sa décision.
« Finch, prépare tes forges-tempête. Je veux la patrouilleurs de chaque côté de la ligne de front, et envoie un message aux deux équipes flanquant. Aumônier Geary, présentez-vous au Major Blackburn. Vous combattrez avec les Chevaliers-Tempête. Je veux que toutes les unités soient prêtes à bouger dans une demi-heure.
« Et moi ? » demanda Bronwyn.
Nemo fit un signe au garde tenant la longue hache de la druidesse. Il la prit à l’homme et la tendit à Bonwyn.
« Tu vas venir avec moi », dit-il. Aide-nous à porter la tempête à Calbeck.
elric:
Aurora
Sous le nexus astrométrique, d’énormes engrenages se mirent en branle alors qu’Aurora et Sabina revenaient de leur inspection de Calbeck. Contrairement à la clameur animale qu’Aurora avait entendue à son arrivée à Calbeck, ce bruit ne semblait que chaotique. Alors qu’elle écoutait attentivement, Aurora perçut la précision mathématiques des centaines de clics et de gémissements différents. À sa manière, l’apparente cacophonie était aussi belle que n’importe symphonie, aussi sainte que n’importe quelle équation.
« Numen ! » cria Sabina. Alors que son visage chromé ne trahissait aucune émotion, Aurore perçut l’exaltation dans la voix mékanique de son lieutenant. « Le réalignement à commencé ! »
Contrairement à son lieutenant, Aurora pouvait encore sourire. Alors même qu’elle se le permettait, elle pensa avec regret à la manière dont Sebastian Nemo avait retourné ses paroles contre elle. Son sourire se figea sur son visage, aussi froid et réfléchi que celui de ses anges mécaniques.
Aurora se demanda si elle était vraiment aussi transparente que le suggérait les piques de Nemo. Verbalement, elle avait toujours été capable de déjouer les autres avec une grande facilité. Pourtant, la plupart des personnes l’entourant, comprenait-elle, était des esprits enchâssés dans des corps mékaniques dépourvus des fragiles sens humains confondant et blessant leurs émotions. Au-delà d’eux, elle n’était entourée que de machines insensibles, belles dans leurs fonctionnelle perfection, mais incapables de proposer de défis.
Même si elle reconnaissait son mépris pour les autres continuant d’attendre l’honneur du transfert, comme le Recenseur Bogdan, Aurora ne comprenait pas pourquoi elle devait partager leur sort. Plus que quiconque, elle s’était montrée digne d’un vaisseau physique parfait.
Pourtant, il y avait quelque chose chez Nemo lui permettant de toucher son coeur – ou, plus exactement, au coeur même de ses pensées.
Possédait-il un aperçu particulier de sa psyché en raison de sa grande intelligence et de ses réalisations ? Après tout, lui et elle n’étaient pas si différents à cet égard. Le titre d’Aurora, Numen de l’Aérogénèse, était la preuve son plus grand accomplissement : le vol. N’était-ce pas tout aussi digne que n’importe quelle avancée technologique que Nemo avait faite pour les forces de Cygnar ?
« Numen ! » cria Sabina.
La tour se dressait devant elle. Aurora s’inclina, virant de bord avant de pouvoir toucher le coin sud-est.
Elle secoua la tête pour chasser les récriminations inutiles envahissant son esprit. Se concentrant une fois de plus sur le son des engrenages géants – le son de la progression vers du Grand Oeuvre – Aurora exécuta un tonneau parfait et plongea sous les arches pour filer à l’abri de son aire.
Ses officiers attendaient son arrivée. De chaque côté, ses anges mécaniques intervinrent pour la flanquer. Sabina prit position deux pas derrière l’épaule droite d’Aurora.
Le Recenseur Prime Pollux se tenait au côtés des autres premiers préfets de chaque type de vaisseau mécanique : l’obstructeur à bouclier verrouillable, l’éradicateur à boucliers protéiformes sur les deux bras, le réducteur brandissant un projecteur d’essaim sur un bras et une lame rétractable sur l’autre, le perforateur lanceur de javelots, et le mortel réciprocateur avec son énorme bras protéiforme. Les soldats mécaniques saluèrent son arrivée avec un salut parfaitement séquencé. Le pont d’observation trembla lorsqu’ils bougèrent leurs pieds à l’unisson.
Le Recenseur Prime Septimus s’avança. « Toutes les troupes sont prêtes pour la bataille, Numen ».
Aurora n’avait pas informé les autres de son plan visant à contraindre la mékancienne cygnaréenne à saboter les warjacks de Nemo, et l’inattendue explosion dans le camp ennemi les avait mis en état d’alerte.
Jernigan avait agi encore plus tôt qu’Aurora ne l’avait prévu. Cela montrait une erreur de calcul de sa part, peut-être, mais aucun de ses conseillers n’avait besoin de le savoir. Quoi qu’il en soir, la ferveur avec laquelle Pollux menait ses troupes dans une révérence formelle suggérait qu’elle continuerait à récolter les bénéfices du détournement par Septimus du crédit pour le sauvetage des réducteurs capturés.
« Bien joué, Recenseur Prime », dit-elle. « Les cygnaréens pourraient attaquer prochainement, mais si c’est le cas, ils le feront sans l’aide de leurs plus puissants warjacks ».
Septimus répondit : « Avec ou sans ses machines, il vaut mieux être préparé. Ce Sebastian Nemo s’est montré très agressif ».
« En effet », dit Aurora. « Mais nous sommes maintenant bien préparés à une telle réponse ».
Le Recenseur Prime inclina son gracieux cou. « Votre stratagème est des plus astucieux », dit-il. « La Mère d’Acier approuve ».
Sa formulation alarma Aurora. « Vous avez communiqué avec elle pendant que j’étais en pourparler ? »
« Bien sûr, Numen. La Mère d’Acier m’avait donné d’explicites instructions pour la tenir au courant de tous les contacts avec l’ennemi ».
« Bien sûr », répéta Aurora, son ressentiment grandissant.
« Maintenant que le réalignement à débuté », déclara Septimus, « nous n’avons plus qu’à rester un peu plus longtemps avant de nous retirer de ce site. Nul doute que vous rentrerez chez vous pour recevoir les honneurs de la Constellation ».
« Tout comme vous, Recenseur Prime. Sans aucun doute ».
Septimus inclina la tête et recula de quelques pas. Ce faisant, le Recenseur Bogdan s’avança. « À l’exception des victimes de ce matin, tous les vecteurs et serviteurs sont prêts pour le combat, Numen. Ils sont disposés selon vos instructions, dans tous le village. L’Axiome prime monte la garde devant les lignes centrales cygnaréenne avec un Projecteurs d’Émergence Transfinie sur chaque flanc. Où que tu voles, des vecteurs attendent tes ordres. Trois directives optifex, chacune avec trois serviteurs d’accumulation, sont prêtes à soutenir les vecteurs. La quatrième reste avec le nexus astrométrique pour surveiller le réalignement depuis la salle de contrôle ».
« Très minutieux, Recenseur ».
« Numen », dit Sabina. « Les anges mécaniques se tiennent prêts à vous défendre au combat ».
« J’en veux quatre trios avec moi et quatre sur chaque flanc, Première Préfète », dit Aurora. « Placez un trio sur le toit de la tour, et demandez à vos deux trios les plus compétent de me faire rapport sue le pinacle pour les ordres spéciaux ».
Un faible clic de sa boîte vocale indiqua la surprise de Sabina, mais elle répondit : « À vos ordres, Numen ».
« Recenseur Prime, où sont les protecteurs d’âmes en acier ? »
« Ils montent la garde dans tout le nœud de réalignement, Numen. Dois-je les envoyer sur le terrain ? »
« Prenez-en un pour soutenir les lignes de front », déclara Aurora. « Placez les autres ici, un par ascenceur ».
« Ce sera fait, Numen ».
« Retournez à vos postes », dit Aurora. « Pas vous, Recenseur Bogdan ? Vous m’accompagnerez jusqu’à la chambre de contrôle. Je souhaite observer le processus de réalignement ».
« À vos ordres, Numen ».
Bogdan ouvrit la voie vers les tubes ascenseur. Après avoir chuchoté un ordre à l’un de ses subordonnés, Sabina suivit Aurora, deux autres de ses gardes du corps suivant à une discrète distance. Trois autres trios se rendirent au ascenseurs restants pour les rejoindre dans la tour au-dessus.
L’ascenseur les amena au niveau de contrôle. Aurora replia ses ailes pour se frayer un chemin dans les étroits passages. Bogdan se précipita devant elle, ouvrant la porte de la salle de contrôle avant de reculer pour lui permettre d’entrer.
Les optifex des différentes tations avaient troqués leur casque de combat contre des lunettes aux verres teintés qui protégeaient leurs yeux de la constante lueur des panneaux de contrôle. Quelques-uns avaient revêtu des lunettes multi-specifications élaborées, leurs lentilles transférables formant de brillantes pétales autour de leurs yeux.
Bogdan ouvrit la voie, écartant les optifex étant si absorbés par leur travail qu’ils n’avaient pas remarqué l’arrivée de leur cheffe. Ils s’inclinaient et s’éloignaient ou, si nécessaire, se pressaient dans de peu profondes niches entre les machines pour permettre à Aurora de passer.
Un coin relativement spacieux de la chambre était consacré à une grande sphère représentant Caen. Un visage chromé de Cyriss tournaient autour du globe.
À la fois moniteur et sanctuaire, la sphère représente les mers de la planète en acier brossé ? Les continents connus étaient gravés dans le laiton, tandis que les zones insondables du globes demeuraient vierges. Les lignes sombres représentaient les rivières et les lacs, tandis que les filaments de verre formaient un réseau bleu-vert à travers le globe.
C’était la clé de la Grande Oeuvre : les voies connues parmi les sauvages druides sous le nom de « lignes de force », mais les ingénieurs de la Convergence comprenaient comme le réseau de puissance géomantique. Lorsque les adorateurs de Cyriss les aligneraient correctement, ils transporteraient la déesse à Caen même, où elle établirait un ordre parfait et permanent.
« Ici, Numen ». Bogdan se détourna du globe et indiqua un tableau mékanique avec son bâton. La majeure partie de sa surface était remplie de jauges et de cadrans indiquant la profondeur des sondes géomantiques, la contrainte thermique sous l’axe principal, le rapport de couple actuel et d’autres valeurs critiques.
Bogdan indiqua une rainure verticale sur un côté du panneau, une fine feuille de laiton s’élevant lentement de bas en haut. Au fur et à mesure que les sondes de la tour s’enfonçaient dans la terre, croisant le flux d’énergies géomantiques, le Nexus les poussait vers un nouvel alignement. Alors qu’Aurora regardait, une autre carte vient se chevaucher. D’un coup d’oeil, elle calcula sa progression.
« Douze pour cent ? » demanda-t-elle.
Bogdan leva les yeux vers le panneau, loucha une seconde et hocha la tête. « Précisément, Numen. Vous avez l’oeil vif ».
« Combien de temps avant que le réalignement soit stable ? »
« Environ septante-neuf minutes, Numen ».
« Un chiffre de bon augure ». Comme tous les vrais adorateurs de la Patronne des Mécanisme, Aurora voyait la main de Cyriss dans chaque prime.
Ils quittèrent la salle de contrôle et retournèrent à l’ascenseur, auquel Aurora ordonna de revenir au pont d’observation.
« Alors qu’ils descendaient au-delà du niveau contenant la chambre de méditation du recenseur prime, Aurora se tourna vers le recenseur : « Dites-moi, Bogdan, êtes vous présent lorsque le Recenseur Prime Septimus communique avec la Mère d’Acier ? »
« Non, Numen. Je l’attends dans le couloir ».
« Et puis il se confie à vous, n’est-ce pas ? »
Bogdan grimaça. « S’il vous plaît, comprenez, Numen, tout ce que le recenseur prime partage avec moi… En tant que mon supérieur, il attend de moi la plus grande distinction ».
« Comme il se doit », répondit Aurora. « Il récompensera sans doute la loyauté la prochaine fois que tu demanderas un transfert ».
Bogdan se détendit et hocha la tête.
« Depuis combien de temps êtes-vous au service du recenseur prime ? »
« Et bien, cela fait presque sept ans... » Aurora remarqua sans son hésitation qu’il comprenait ce qu’elle voulait dire. Septimus ne ferait rien pour élever son sbire à un niveau égal au sien.
Bogdan jeta un regard à Sabina avant de reporter son regard sur le sol de l’ascenseur. Sans les regarder, il dit : »Bien sûr, si jamais j’entends quelque chose que la Numen de l’Aérogenèse devrait savoir... »
Aurora sourit. Il n’y avait rien d’autre à dire.
Ils sortirent sur le pont d’observation Bogdan salua Aurora et prit congé, descendant l’escalier automatique pour rejoindre ses directives optifex en bas.
« Numen », prononça Sabina. Elle s’approcha et inclina la tête vers Aurora. Ce geste commençait à agacer Aurora, car la taille de sa première préfète la faisait ressembler à une mère se penchant pour parler à un enfant. « Il est de mon devoir de vous protéger de tous les dangers, pas uniquement au combat ».
« Tu me dis de ne pas faire confiance à Bogdan ».
« Non, Numen. Je sais que tu ne lui fais pas confiance. Je suggérerais que vous soyez plus prudente lorsque vous cherchez à dresser contre le recenseur prime. S’il répète à Septimus ce que tu as dit, le recenseur prime en informera sûrement la mère d’acier ».
« Tu crois que je le crains ? »
« Non, Numen. Si vous le craigniez, je n’aurai pas besoin de vous mettre en garde ».
« Ne t’inquiète pas trop pour les prêtres », répondit-elle. « Il n’y a pas de source plus concentré de commérages et d’intrigues dans toute la Convergence. C’est précisément à cause de la position de faiblesse de Bogdan que personne ne le prendra au sérieux s’il parle de mon enquête. Il a plus à perdre et beaucoup moins à gagner en me dénonçant qu’en se confiant à moi ».
« Si vous le dîtes, Numen. Tes calcul sont bien plus précis que les miens ».
« Numen ! » appela un garde du corps. « Il y a du mouvement parmi les forces de Cygnar ».
Aurora se dirigea vers le bord sud du pont d’observation. Une autre unité d’infanterie s’élançait pour occuper la tranchée la plus proche. Il était difficile de discerner un mouvement à une telle distance, mais à la façon dont ils descendirent prudemment, Aurora eut l’impression que la tranchée était déjà pleine de soldat.
De chaque côté des tranchées, les Patrouilleurs-Tempête avançaient comme des crabes. Entre eux, Nemo et son assistante guidaient leurs warjacks légers, et à la surprise d’Aurora, l’un des warjacks lourds qu’elle avait cru détruits dans l’explosion. Le Cuirassé-Tempête se déplaçait avec un léger contretemps, mais il semblait intact malgré la décoloration de son bras armé. Aurora se demanda si Magaret Jernigan en personne avait réparé la machine. Si c’était le cas, Nemo pourrait avoir une autre surprise bientôt.
Derrière les warjacks, le reste de la cavalerie Lance-Tempête galopait vers l’est en direction des bois. Les soldats s’y étant dissimulés étaient déjà en mouvement, avançant régulièrement à travers les arbres.
En regardant vers l’ouest, Aurora remarqua une activité similaire. Il n’y avait aucun signe des forges-tempête. Il était possible que Nemo veuille les garder en réserve, mais Aurora n’aimait pas ça.
« Ça pourrait être une feinte, Numen », dit Sabina.
Aurora savait que le sabotage ou un autre événement avait incité Nemo à frapper avant la fin de sa mission Elle avait gardé Margaret Jernigan loin du nœud de réalignement. Il n’y avait aucun moyen pour qu’elle puisse connaître le calendrier d’Aurora. À moins que Septimus le lui ait révélé.
« Ce n’est pas une feinte », répondit Aurora. « Il a l’intention de nous chasser du village ».
« Mains nous sommes plus nombreux que ses forces. Est-il fou ? »
« Cela dépend de ce que tu entends par ‘fou’ ».
« S’il est en colère, il fera des erreurs ».
« Espérons-le », répondit Aurora.
Que Septimus l’ait trahie ou non, elle avait fait assez d’erreurs pour la journée. Il était maintenant temps de faire ses preuves au-delà de tout doute que le recenseur prime pourrait distiller dans l’esprit de sa mère. S’il ne lui permettait pas de le retarder assez longtemps pour achever le réalignement, alors elle avait une inébranlable ligne de conduite vers un total triomphe.
Elle se rendrait sur le terrain et tuerait Sebastian Nemo.
elric:
LA SEPTIÈME HARMONIQUE
Les âmes humaines sont l’équation divine de la conscience rendue manifeste.
Nemo
Nemo éleva l’accumulateur-tempête au-dessus de sa tête, et son armée se mit en mouvement. Tous ses officiers savaient ce qu’il voulait : une frappe rapide et désorientant au centre, suivie d’un virage tactique directement vers la tour de la Convergence. Nemo était certain que cette étrange structure était le clé de tout ce que les forces ennemies voulaient à Calbeck. S’il pouvait la faire tomber, ils n’auraient plus aucune raison de rester.
Du moins, c’est ce qu’il avait parié. Il courait vers l’avant, ignorant les plaintes de son dos douloureux.
À sa droite courait Caitlin Finch. Sa jovialité d’autrefois avait disparu, remplacée par la sombre détermination que Nemo avait si souvent remarqué sur le champ de bataille. Des éclairs scintillaient le long de son arme. Dès qu’il souhaiterait qu’elle amplifie son contrôle sur les warjacks, elle serait prête.
À sa gauche courait la druidesse Bronwyn. Il ne pouvait plus discerner son expression. Au moment où ils s’étaient préparés pour avancer, elle avait relevé sa capuche et couvert son visage de son écharpe noire. Elle traînait l’arme derrière elle, lame vers le haut. Nemo pouvait à peine l’imaginer la maniant dans la mêlée, mais il avait aussi remarqué la puissance de ses sorts.
De chaque côté, ils étaient escortés par des Chevaliers-Tempête. Le Major Blackburn menait la Garde-Tempête sur la droite, laissant la gauche à son capitaine Lame-Tempête et aux artilleurs-tempête. La masse haute, l’Aumônier Geary courait avec le capitaine. Derrière lui, son enseigne tenait haut la bannière du chevalier Précurseur afin que tous sachent où trouver l’aumônier.
Nemo accrus ses pensées, faisant courir le Cuirassé-Tempête sauvegardé et les Lucioles, résistant à la tentation de laisser les warjacks légers dépasser le lourd. Il garda les Lanciers aussi loin que possible de chaque côté, lui donnant la plus grande portée possible pour canaliser ses sorts à travers le terrain.
Au-delà des Lanciers, les forges-tempête poussèrent les Patrouilleurs juste assez près pour soutenir les warjacks avec leurs cannons foudroyant, mais assez loin de chaque côté pour qu’ils puissent s’élancer rapidement vers le flanc est ou ouest. Contre des chances aussi inégales, Nemo devait être capable de changer rapidement de tactique.
Alors qu’ils couraient à travers le terrain, les soldats de la Convergence formèrent les rangs pour les stopper. Les plus en avant brandissaient d’étranges boucliers festonnés. Nemo vit le but derrière leur conception : Avec un clic audible même à travers le terrain, chaque bouclier en forme de croissant de lune se verrouilla avec le suivant. Le résultat fut un mur continu d’acier tenu devant les soldats, dont chacun brandissait également des longues masses et d’inhabituelles hallebardes.
Lorsque les hallebardiers levèrent leurs armes, Nemo eut une nouvelle révélation : Les lames de hache glissèrent, permettant au fer de lance de saillir.
Au-delà du mur d’infanterie mécanique, Nemo vit les anges s’envoler. Il repéra Aurora parmi l’un des trois groupes. Tandis que les deux autres groupes se dispersaient sur les flancs, la Numen de l’Aérogenèse et ses gardes volaient vers Nemo. Elle restèrent hors de portée, mais il savait que ce n’était qu’une question de temps avant qu’il ne doive l’affronter, warcaster contre warcaster.
Et bien qu’elle connaisse sa réputation, Nemo estima qu’Aurora pourrait être surprise par la portée de ses éclairs.
Un éclair blanchit le champ de bataille depuis l’ouest. Un instant plus tard, un autre frappa de l’est. Des éclairs jaillirent des canons-tempête des Patrouilleurs. Leurs extrémités dansaient parmi les soldats les plus éloignés du mur de boucliers. Des membres d’acier, des fragments de laiton, des masses et des hallebardes brisées jaillirent des endroits touchés.
Le reste de la ligne avança jusqu’à arriver à portée du groupe de combat de Nemo.
Avec le plus léger des coups de pouce mental, Nemo activa les blasters-tempête des Lucioles. Des éclairs galvaniques jaillirent pour frapper le centre du mur de bouclier. Les éclairs brisèrent leurs cibles avant de bondir vers le camarade le plus proche de la victime. Une autre explosion, et ils commencèrent à percer des trous dans le mur de bouclier.
Alors que les fusils firent feu depuis l’est et l’ouest, Nemo envoya le Cuirassé-Tempête directement au milieu des défenseurs mécaniques. Percevant ses ennemis à travers les capteurs de son warjack, il se sentit tel un géant pataugeant dans la bataille. Avant d’être au contact, le Cuirassé-Tempête leva son glaive générateur. La foudre s’enroula autour de l’épée et s’élança vers l’avant, déchirant un soldat armé d’une hallebarde avant de bondir pour en anéantir un autre derrière lui.
Plus de tirs résonnèrent de l’est. Un instant plus tard, les bois à l’ouest firent écho au bruit, et un vacarme croissant de cris indiqua que l’infanterie chargeait de chaque côté. Les soldats passèrent devant les engins de combat de la Convergence alors que des rayons bleus et blancs éclatèrent pour déchirer les hommes. De brefs éclairs au-dessus du sol montraient où les serviteurs en orbite interceptaient les tirs avant de tomber, détruits, sur le sol.
Nemo s’arrêta un instant, considérant les dégâts causés à la ligne de front des soldats mécaniques. Ils avaient un eu plus souffert à l’ouest.
Fermant à moitié les yeux, Nemo se concentra sur le Lancier sur son flanc droit. Puisant dans les canaux arcaniques qu’il avait développés au fil des années d’études, il invoqua un cercle de runes flamboyantes autour de son corps. À force de volonté, il déversa des éclairs à travers l’arc nodale à l’intérieur du Lancier. La tempête s’abattit sur les soldats mécaniques, sautant d’un corps d’acier à l’autre jusqu’à ce que plusieurs gisent brûlés et mutilés sur le sol.
Loin derrière les troupes mécanique, trois explosions retentirent, l’une après l’autre. Ces bruits indiquèrent à Nemo que ses rangers avant commencés à ouvrir les prisons. D’est en ouest, l’infanterie se dirigeait vers l’intérieur pour les rejoindre, s’emparant des rues extérieures pour contrôler l’exode des captifs avant que les combats n’atteignent le centre du village. Avec leur attention concentrée sur son assaut rapide, les forces de la Convergence devraient maintenant choisir entre défendre leur position et récupérer le prisonnier en fuite.
Les restes du mur de bouclier de la Convergence se séparèrent pour permettre à une équipe d’assaut de passer. Des troupes mécaniques lourdes portant des boucliers sur les deux bras se précipitèrent en avant. Alors qu’elles chargeaient, des lourdes lames triangulaires jaillirent de leurs boucliers.
Les artilleurs-tempêtes envoyèrent quelques-uns des attaquants au sol avant qu’ils ne s’approchent. Les autres s’écrasèrent contre les chevaliers. Les lames de leurs boucliers protéiformes transpercèrent l’armure cygnaréenne, laissant des corps mutilés au sol.
Les Lames-Tempête ripostèrent, mais la plupart de leurs glaives se heurtèrent aux impénétrables boucliers. Ceux qui passèrent à travers tranchèrent des membres d’acier et laissèrent des viscères de laiton éparpillés dans leur sillage.
Nemo reporta son attention sur le Cuirassé-Tempête. Avec le lourd glaive, il trancha en deux un soldat armé d’une masse. Il tendit la main ouverte du warjack pour écraser la tête d’un autre.
Et puis le colosse s’avança.
Il rugit telle une armée d’engins de combat, la terre tremblant sous la force du champ de déplacement sous chacune de ses titanesques jambes. Les soldats mécanique se dépêchèrent pour éviter d’être piétiné. Trois forets coniques géants, chacun plus grand qu’un warjack léger, jaillissaient des extrémités de ses bras. Il avança en haussant les épaules tel un boxeur, les forets tournant en hurlant.
De l’une des unités lourdes montées sur ses épaules, un projectile tiré avec bruit pneumatique aigu. Un monstrueux harpon traversa le châssis du Cuirassé-Tempête de Nemo. L’instant d’après, son lourd câble de remorquage propulsa l’énorme warjack vers l’avant, le traînant à travers le champ de bataille vers le colosse de la Convergence.
Alors que Nemo dirigeait la main ouverte du Cuirassé-Tempête pour s’emparer du câble, le warjack percuta le colosse. Nemo eut à peine le temps de lever le glaive générateur dans un futile geste de défi avant qu’un des trois forets ne s’abatte sur lui., broyant la lame et le bras en dessous en limaille d’acier. Le bruit du métal cisaillé traversa le champ de bataille. Amis et ennemis se retournèrent pour voir le warjack se débattre alors que le second bras de forage tombait sur son dos.
Alors que le Cuirassé-Tempête était détruit, un autre harpon fut lancé vers l’ouest. La pointe de l’arme n’atteignit pas l’orbe crépitant du canon foudroyant, mais il ne demeurait qu’une brume de sang à l’endroit où se tenait le forge-tempête. Alors que le colosse ramenait son harpon, le forgeron survivant tira sur la manette du conducteur pour éloigner l’engin de combat du mortel ennemi.
Nemo entendit un autre bruit pneumatique, cette fois-ci provenant du corps principal du colosse. Un deuxième et un troisième suivirent en succession rapide. À sa gauche, les corps de trois chevaliers-tempête volèrent en arrière, chacun empalé par une longue pointe d’acier. Le colosse cracha à nouveau et quatre hommes moururent sur la droite.
« Disperser-vous ! » cria Blackburn en reconnaissant le danger des projectiles groupés. Un instant plus tard, les hommes situés de part et d’autre de lui bondirent en arrière, le corps fiché au sol. Alors que Blackburn se retournait pour crier un ordre, Nemo vit le lieutenant adjoint empalé par la bouche, le corps arqué dans un impossible angle alors que la pointe le pliait en arrière.
Blackburn s’émut, tandis la main vers l’homme, puis s’arrêta. À la place, il cria son ordre à l’officier suivant dans la chaîne. Puis, il se retourna vers l’ennemi pour poursuivre le combat.
Même Sebastian Nemo, vétéran d’une centaine de terribles batailles, avait rarement vu une aussi dévastatrice puissance se déchaîner contre de cibles aussi vulnérables. La puissance destructrice de la machine de guerre de la Convergence lui coupa le souffle, le distrayant assez longtemps pour qu’il soit surpris d’entendre Finch crier : « Attention, monsieur ! »
Instinctivement, il s’accroupit et souleva l’accumulateur-tempête pour protéger sa tête. L’acier résonna contre l’acier tandis qu’il se jetait au sol. Tombant, il leva les yeux pour voir l’un des anges mécaniques se relever, sa tranchante épée comme un rasoir crépitant toujours de l’aura statique qu’elle avait captée de son bâton.
Maudissant sa propre inattention, Nemo roula sur ses pied, grimaçant lorsqu’il sentit une douleur aiguë dans sa hanche. Il n’était pas blessé, réalisa-t-il. Il était simplement en train de vieillir.
Et il était déterminer à continuer à vieillir ce qui signifiait en premier de rester en vie.
Ses yeux cherchèrent le prochain agresseur. Elle vint vers lui depuis l’ouest, la lame sur le côté, prête à lui trancher le cou. Il se prépara à parer le coup, mais une soudaine explosion de force invisible fit dévier l’assassin ailé de sa trajectoire. Il la retourna, redirigeant son champ de propulsion invisible pour la projeter au sol. Avant qu’elle ne puisse se relever, les trois Gardes-Tempête les plus proches lui tombèrent dessus. Leurs hallebardes voltaïques éventrèrent son corps d’acier et de laiton tandis que la foudre dansait parmi ses engrenages. Elle gisait immobile au sol.
Nemo se retourna pour voir la druidesse Bronwyn se relever de sa position accroupie d’où elle avait lancé son sort. Elle se détourna sans même un signe de tête pour reconnaître qu’elle lui avait sauvé la vie, la hache levée pour frapper un autre soldat mécanique menaçant un chevalier-tempête avec ses boucliers-lames.
Au-dessus de Bronwyn, un troisième ange mécanique plongea vers Nemo. Il leva son bâton, prêt à déclencher un éclair, mais il se retint car Bronwyn restait dangereusement proche. Contrairement à Finch et aux chevaliers-tempête, la druidesse ne portait as d’armure-tempête et n’était donc pas protégée de ses éclairs.
Au lieu de risquer de frapper Bronwyn, Nemo attendit que l’ange se rapproche de lui. Il poussa la tête du bâton vers elle, essayant de dévier sa course avant qu’elle ne puisse le décapiter. Son bâton perça son champ d’énergie scintillant pour frapper son épaule d’acier, mais pas assez fort pour la renverser. Nemo baissa la tête alors que sa lame pénétrait son champ d’énergie et vint frapper les bobines galvaniques sur son dos.
Elles crépitèrent et crachotèrent. Le générateur gémit et surchargea, mais elles ne tombèrent pas en panne.
Pas encore.
Alors que l’ange mécanique s’envolait à nouveau dans le ciel, Nemo attendit qu’elle soit au-dessus de la mêlée pour lancer la foudre sur elle. Les arcs blancs brûlèrent ses ailes et un bras. Pendant un instant, son champ de déplacement continua à fonctionner, portant son corps inerte à travers le champ avant de la déposer parmi les soldats cygnaréens.
Une autre vague d’infanterie mécanique se précipita pour soutenir la première. D’un coup d’oeil, Nemo remarqua que l’infiltration ne les avait pas détournés de son attaque. Ignorant les captifs en fuite, les forces de la Convergence concentraient tout leur attention sur le fait de repousser l’armée cygnaréenne hors du village, en particulier loin de la tour.
Nemo avait espérer partager leur attention, mais protéger la tour était leur priorité. D’une manière ou d’une autre, il avait besoin d’inciter Aurora à porter son attention ailleurs. Il connaissait un moyen, mais cela ne se ferait pas sans grands frais.
« Finch, amène le Patrouilleur-Tempête vers le colosse », il pointa vers l’est. Il cria un ordre similaire vers l’autre Patrouilleur à l’ouest, ou les officiers le relayèrent, cri après cri. Il vit le seul Patrouilleur-Tempête restant sur la plateforme de l’engin de combat recevoir l’ordre. L’homme se retourna vers Nemo, ses lunettes lui lançant un regard surpris. L’homme n’hésita pas. Au lieu de cela, il hocha la tête avec insistance pour accuser réception de l’ordre.
Nemo récita une prière silencieuse pour l’homme. Il espérait que la portée des Patrouilleurs était suffisamment grande pour frapper la colosse avec leurs canons-tempête tout en gardant le forge-tempête hors de portée du harpon.
Les chevaliers-tempête se battaient au corps à corps avec les soldas mécaniques. Les Lames-Tempête et les artilleurs-tempête tiraient dans la mêlée, sans se soucier de leurs camarades, dont l’armure les protégeaient de la foudre.
Alors que les Patrouilleurs-Tempête se mettaient en position, Nemo nota brièvement le placement de ses warjacks légers Lancier avant de concentrer toute son attention sur les Lucioles. Il les déplaça juste à portée du colosse et déclencha leurs blasters-tempête. La foudre bondit et dansa le long du bras droit du colosse, marquant le bas du châssis d’irrégulières lignes noires.
Le Patrouilleur-Tempête à l’ouest fit feu de son canon, suivant l’exemple de Nemo, et creusa de profondes plaies le long du flanc du colosse. L’un des trois forets de la machine s’envola en tournoyant, mais les deux autres poursuivaient la destruction du Cuirassé-Tempête pris dans son étreinte.
Aux pieds du colosse, trois vecteurs légers se précipitèrent pour tendre leurs sondes vers les lésions du colosse. Des hommes en armure – mécaniques ou humains – s’avancèrent pour grimper sur ses massives jambes, des torches de soudure et des clés à molettes se balançant à leurs ceintures.
Essayant de ne pas penser à Mags Jernigan, Nemo s’en prit à eux. Une autre volée d’énergie électrique des lucioles fit fondre les membres d’un vecteur de réparation.
Les fusils continuaient à aboyer à l’est et l’ouest, leurs volées en cascade se brisant en tirs sporadiques alors que les soldats choisissaient d’opportunes cibles. De plus en plus de tirs se déplacèrent des troupes au sol vers la tour dominant Calbeck. Nemo vit des brefs éclairs d’énergie alors qu’un invisible bouclier déviaient les tirs. D’après ce qu’il pu remarquer, pas une seule balle ne pénétra le champ d’énergie.
Des serviteurs sphériques volèrent de la tour vers les fusiliers. Certains pulvérisèrent un liquide vert luminescent sur les soldats, soulignant leurs positions. D’autres explosèrent, projetant des éclats d’obus et des corps inertes dans toutes les directions.
Aurora réapparut, planant vers le colosse avec ses gardes du corps de chaque côté. Sous eux, une escouade de vecteurs disparates les suivait au sol. Il n’y en avait pas deux pareils, mais ils se déplaçaient à l’unisson, obéissant à l’ordre silencieux de leur warcaster.
Le colosse de la Convergence se tourna vers le Patrouilleur-Tempête occidental ratissant continuellement son corps avec des griffes d’éclairs. Il planait vers son ennemi, la terre sous son ombre agitée par le puissant champ de déplacement.
Le forge-tempête tira le manche du Patrouilleur vers l’arrière, essayant désespérément de conserver l’avantage de la portée tout en regardant avec admiration le colosse se profilant. Ce que le pilote n’avait pas vu, c’est l’engin de combat de la Convergence l’interceptant depuis l’ouest.
Nemo cria un avertissement, alors même qu’il réalisait qu’il n’y avait aucun moyen que sa voix puisse être perçue à une telle distance. Les chevaliers relayèrent son message à travers la ligne, mais il était trop tard.
Alors que l’engin de combat de la Convergence en forme de tour se rapprochait, deux de ses serviteurs en orbite se mirent en position de chaque côté. Ils clignotèrent d’une lueur bleu-blanche, fixant l’arme du Patrouilleur-Tempête avec des faisceaux de lumière apparemment inoffensifs. Puis la lentille cyclopéenne de l’engin de combat s’ouvrit et flamboya.
Un rayon contant de lumière bleu-blanche se dirigea vers le bas, frappant l’orbe crépitant du canon foudroyant du Patrouilleur. Le globe argenté s’agita et noirci, tremblant dans sa cage. Trois de ses nodules foudroyants s’éteignirent tandis qu’un autre éclatait, l’énergie galvanique se répandant pour bondir sur la passerelle.
Le Patrouilleur riposta, détournant ses éclairs du colosse vers l’engin de combat. L’un des serviteurs en orbite se glissa dans la trajectoire de la foudre, explosant dans une pluie d’acier fondu, mais épargnant son engin de combat de la foudre.
L’engin de la Convergence suivit le Patrouilleur battant en retraite, essayant de le ramener à portée du colosse. Nemo put remarquer dans les frénétiques gestes de l’homme que le pilote avait perçu le danger. Mais sans copilote pour l’aider, le colosse se rapprochait de plus en plus.
Avec un autre bruit pneumatique aigu, la gargantuesque machine de la Convergence tira son harpon. Il perça le canon foudroyant et traversa l’armature en acier. L’instant suivant, le câble de remorquage se tendit. Le Patrouilleur-Tempête chancela et s’appuya sur ses quatre pattes en forme de crabe. Sa masse était trop importante pour qu’il puisse reculer vers le colosse, mais il resta accroché.
Pendant quelques instants, le forge-tempête lutta avec le levier de commande. Il regardait les jauges quand les ombres d’une demi-douzaine d’anges mécaniques lui tombèrent dessus.
Depuis le sol, les Lames-Tempête tentèrent d’éloigner les assassins ailés avec des tirs d’éclairs, mais il était trop tard, les anges et leurs lames s’abattirent, l’un après l’autre, avec une peine une pause. Ils passèrent plus rapides que des oiseaux de proie, déjà hors de portée lorsque les éclairs convergèrent vers l’endroit où ils trouvaient l’instant d’avant.
Un autre éclat de lumière bleu-blanche attira son attention, et Nemo se retourna pour voir un cercle de lumière runique s’estomper autour d’Aurora. Il en déduisit qu’elle avait jeté un sort pour donner à ses assassins volants leur incroyable vitesse.
Tout ce qui restait du forge-tempête était de morceaux de tissu, d’acier et de chair sanglants suspendus à la passerelle du Patrouilleur-Tempête. Le véhicule sans surveillance trembla et tira contre le câble de remorquage du colosse, inutile sans conducteur.
À cet instant, Nemo vit l’inévitable issue de la bataille. Non seulement il ne parviendrait pas à atteindre la tour de la Convergence, mais il mourrait au combat, comme tous les soldats qui le suivraient.
elric:
Aurora
Aurora concentra ses galvaniseurs restants sur la réparation des dommages causés à l’Axiome Prime. Si elle ne l’avait pas distrait, Nemo aurait pu les détruire tous en même que les optifex. Heureusement, entre les frappes chirurgicales de ses anges et les dégâts qu’elle avait causé à son Patrouilleur-Tempête le plus proche, Nemo n’avait pas réussi à éliminer les unités de réparation.
C’était une erreur critique. Entre les galvaniseurs et les directives optifex, la machine la plus puissante d’Aurora resterait dans la bataille.
Elle jeta un coup d’oeil à l’est et à l’ouest pour surveiller les attaques des flancs. À tout moment, elle s’attendait à ce que d’autres forges-tempête émergent de l’orée du bois, mais aucun n’apparut. Leur absence la troublait malgré la proximité de son vecteur Modulateur.
Bien qu’elle fût tentée de surprendre Nemo avec le seul vecteur immunisé contre ses attaques de foudre préférées, elle savait qu’il restait vulnérable aux lames des soldats qui l’entouraient. Elle le garderait pour le moment opportun, quand Nemo sentirait qu’il avait l’avantage de la tempête, et elle pourrait lui montrer à quel point il se trompait.
Derrière elle, à Calbeck, l’infanterie cygnaréenne se retirait de sa mission de sauvetage, apparemment inconsciente du fait qu’Aurora n’avait engagé qu’une force symbolique pour s’opposer à eux. Comme elle l’avait ordonné, Pollux avait assigné quelques perforateurs pour faire semblant de tirer sur les villageois en fuite et leurs sauveteurs, bien qu’ils aient pour instructions de viser non pas les prisonniers non armés mais uniquement les soldats. Plus Aurora présenterait d’inutiles objectifs aux cygnaréens, moins ils consacreraient d’attention à la seule chose qui comptait vraiment : le nœud de réalignement.
L’assaut rapide de Sebastian Nemo avait fait payer un lourd tribut à l’infanterie mécanique. Aurora baissa les yeux pour voir des réducteurs et des perforateurs établir une fenêtre de tir de couverture pour tenir les chevaliers-tempête à distance tandis que le Recenseur Prime Septimus dirigeait ses fonderies d’énigmes à travers le terrain.
Les fonderies ressemblaient à Septimus, à l’exception de quelques caractéristiques essentielles : leurs membres supplémentaires ressemblaient aux sondes de réparation des Galvaniseurs, et sur leurs massives épaules reposaient des batteries de récepteurs pour les chambres d’essence récupérées.
Chacune d’entre elles portaient également un vaisseau de secours vide, prêt à recevoir l’âme du optifex humain ou – si l’impensable devait se produire – d’Aurora en personne. Des tels transferts sur le champ de bataille étaient loin d’être idéaux. Contrairement à la Procédure Anima Corpus, ils pouvaient échouer ou endommager l’esprit du sujet – c’est ainsi les prêtres mettaient en garde ceux qui risquaient de perdre leur vie au combat pour obtenir la vie éternelle au sein d’un vaisseau mécanique.
Dans un moment d’intense frustration, Aurora avait considéré la perspective de la mort comme un moyen de contourner l’autorisation de la directive fluxion, mais elle avait immédiatement rejeté cette idée. Non seulement elle aurait dû accepter la honte de la défaite, mais aussi l’idée même de se laisser délibérément mourir restait odieuse. Si jamais elle tombait au combat, ce ne serait pas parce qu’elle l’aurait permis.
Partout où les prêtres mécaniques se rendaient, ils s’arrêtaient pour récupérer les chambres d’essence des corps détruits des obstructeurs, éradicateurs et réciprocateurs tombés. Avec l’aide de leurs serviteurs d’accumulation en vol stationnaire, ils récupéraient ce qu’ils pouvaient de l’infanterie mécanique endommagée. Avec une rapidité et une économie à faire rougir les plus grands mékaniciens de terrains d’Immoren, ils rendaient les chambres d’essence aux combattants remis à neuf et les renvoyaient au combat.
Ailleurs, les directives optifex – des trios de prêtres – concentraient leurs efforts sur la réparation des troupes blessées. Deux directives restaient près des Projecteurs d’Émergence Transfinie, bien que les cygnaréens n’aient pas réussi à causer de significatifs dommages à l’un des engins de combat, les serviteurs de permutation en orbite autour des engins de combat se mirent en position pour optimiser le ciblage de l’arme à impulsion du Projecteur. Pourtant, au moment où ils détectèrent un tir entrant, ils se précipitèrent aussi rapidement de que serviteurs réflexes pour intercepter l’attaque. Quelques instant après chaque sacrifice, des serviteurs de remplacement émergeaient de l’usine d’assemblage logée au plus profonde de l’engin de combat.
Les serviteurs connectés pulvérisaient du lumichen survolaient l’infanterie cygnaréenne arrivant en sens inverse. La boue alchimique brillante mettait en évidence les positions des soldats alors même qu’elle s’épaississait pour obstruer les articulations de leur armure et inhiber leur mouvement.
Après que les serviteurs se soient éloignés, Pollux ordonna aux réducteurs et aux perforateurs d’attaquer pour de bon. Avec les taches lumineuses pour guider leur visée, les réducteurs parsemèrent l’ennemi de leurs projecteurs d’essaim. Les minuscules projectiles fleurissaient alors qu’ils volaient vers leurs cibles, leurs scies à ressort mâchouillant les armures et mutilant les corps en dessous.
Les perforateurs levèrent les bras et tirèrent des javelots protéiformes perforants sur les premiers rangs. L’infanterie de Cygnar tomba sous la grêle mortelle, leurs armures n’étant pas plus utiles que des tuniques en coton.
Aurora regarda Nemo détourner son attention de l’attaque vouée à l’échec de son Patrouilleur-Tempête sur son Axiome prime pour lancer une autre tempête arcanique à travers un Lancier. De nombreux éclairs traversèrent les réducteurs et les perforateurs, mutilant leurs corps mécaniques et laissant derrière eux des épaves brûlées et fumantes, trop peu pour que les optifex et leurs serviteurs puissent les réparer.
Aurora canalisa ses pensées à travers le corollaire en forme de toupie planant juste au-dessous d’elle. C’était le premier des vecteurs légers à bénéficier du champ de déplacement arcanique propulsant les serviteurs et accordant le vol véritable aux anges mécaniques. Le répétiteur arcanique profondément enfoui au sein de châssis globulaire magnifiait ses pensées, envoyant son contrôle mental plus loin sur le terrain. Ses bobines externes scintillaient avec des surtensions d’énergies arcaniques à partir du moment lorsqu’il avait absorbé une fraction de sa puissance résiduelle, la stockant pour une utilisation ultérieure. Elle fit appel à ce réservoir maintenant, récupérant cette partie de sa force mentale stockée et la déversant dans le Diffuseur.
Le vecteur léger tirait coup sur coup. À chaque fois qu’une pique déchiqueteuse émergeait du canon de son lanceur haute tension, des ailettes surgissaient à sa base. Guidées par les pensées d’Aurora, elles se courbaient pour guider les missiles au-dessus et autour des chevalier-tempête, les amenant infailliblement vers leur cible. Quatre piques déchiqueteuses s’enfoncèrent profondément dans la carapace en acier du Lancier, mais seulement la moitié du travail fut faite.
Chaque pointe incrustée envoyait de silencieux signaux aux vecteurs de la Convergence, aux vaisseaux mécaniques et aux prêtres les plus proches. Sentant leur cible désignée, le préfet des perforateurs fit avancer ses troupes et lancer une volée de javelots protéiformes vers le Lancier. Les missiles perforant mirent le warjack en lambeaux, coupant la portée de Nemo du côté ouest de la bataille.
Aurora envoya un Assimilateur planer vers l’est, vers le Lancier restant. Contrairement au Corollaire en forme de globe, le châssis supérieur du vecteur lourd ressemblait à des épaules humaines avec des bras asymétriques À son approche, les Chevaliers-Tempête et l’infanterie cygnaréens s’avancèrent pour lui bloquer la route. Le vecteur en vol stationnaire tira avec son canon à trois fûts sur les troupes ennemies. Alors que ses javelots segmentés s’arquaient juste au-dessus des soldats, Aurora déclencha leurs charges pour arroser les troupes en contrebas d’une horde de minuscules projectiles, chacun bourdonnant d’une paire de lames-scies tranchantes comme des rasoirs. Les micro-essaims disséminés laissèrent un nuage de sang et de limaille d’acier au-dessus des corps tombés, ouvrant la voie vers le Lancier.
Une fois la voie dégagée, Aurora envoya son Modulateur chargé de foudre passer devant l’Assimilateur et s’envoler.
« Numen ! » cria Sabina, volant après elle avec cinq autres anges tout près. « Ne devrions-nous pas rester près du Conservateur ? »
Aurora l’ignora. Alors que les lames d’ablation et les boucliers des vecteurs lourds fournissaient une autre couche de sécurité personnelle, Aurora voulait une meilleure vue. Elle voulait voir comment Nemo réagissait à sa contre-attaque. Si cela avait fonctionné, elle espérait avoir attiré l’attention des Patrouilleurs-Tempête et Lucioles demeurant loin de l’Axiome Prime.
Le Patrouilleur se déplaça vers l’est, loin du colosse. Puis les Patrouilleurs-Tempête et les Lucioles redirigèrent leurs attaques non pas vers ses vecteurs d’attaques mais vers les Galvaniseurs et les prêtres réparant l’Axiome Prime. Un filet blanc de destruction voltaïque dansait aux pieds de l’Axiome Prime. Les engrenages et les lames s’envolèrent des Galvaniseurs, tandis que l’optifex trembla dans une brève mortelle danse avant de tomber au sol.
Entouré des runes révélatrices d’un warcaster, Nemo canalisa un autre sort, ajoutant son propre éclair à la tempête. Des éclairs d’électricité traversèrent le Lancier survivant et noircirent les jambes de l’Axiome alors qu’il achevait les unités de réparation en dessous de lui.
Aurora se maudit dans son souffle. Elle avait été imprudente en plaçant autant de ses unités de réparation critiques dans une si petite zone. En quelques éclairs, Nemo avait presque anéanti sa capacité à réparer ses unités les plus puissantes.
Des lumières stroboscopiques l’alerta d’une nouvelle menace venant de l’est.
Tant bien que mal, les forges-tempête s’étaient approchés du front des lignes cygnaréennes, leurs tours-tempête invoquant des nuages sombres au-dessus des forces de la Convergence. Alors que le vent artificiel balayait une bâche, Aurora réalisa qu’ils avaient avancé sous le couvert de l’infanterie cygnaréenne, ne révélant leurs armes qu’une fois leurs positions atteintes.
Et ils étaient deux fois plus nombreux sur le flanc est qu’elle ne l’avait prévu. « Qu’il soit maudit », grogna Aurora. Une fois de plus, Nemo avait dissimulé les véritables mouvements de ses troupes. Elle s’était attendue à voir les forges-tempête de chaque côté, mais au lieu de cela, ils étaient concentrés sur un seul flanc. Leurs éclairs s’abattaient parmi les troupes de la Convergence alors que les Patrouilleurs-Tempête se rapprochait pour les soutenir.
Une fois les soldats balayés du champ, les troupes cygnaréennes portèrent leur attention sur le Projecteur d’Émergence Transfinie. La fumée des fusiliers projeta un nuage sombre dans le ciel, et d’aveuglants doigts blancs jaillirent du canon du Patrouilleur.
L’un deux frappa un serviteur de permutation, le faisant exploser en une projection de métal en fusion sur le châssis de l’engin de combat. Il sauta sur un deuxième serviteur avant de dessiner des plaies noires sur le projecteur lui-même. Le géant à dix pattes chancela tandis que trois de ses pattes fondaient en même temps. Puis il chuta. Lorsqu’il toucha le sol, il projeta un mur de poussière et de détritus bloquant la vue d’Aurora sur le front est.
La rapidité de la dévastation coupa le souffle d’Aurora. Là où quelques instants auparavant sa ligne se tenait, il ne restait qu’une casse fumante.
La rage l’étouffa. Elle ne pouvait plus se contenter de défendre sa position. Elle devait frapper au coeur de l’ennemi.
« Suivez-moi ! » Aurora leva son bâton et plongea vers le commandant cygnaréen.
« Tout le monde ! » cria Sabina à tous les anges mécaniques à portées.
Ils formèrent leur propre tempête d’acier et de laiton. Leur éclair était le flash des lames binomiales, leur tonnerre le cri du bâton d’Aurora alors que son rayon polynomial déchiquetait les chevaliers entourant Sebastian Nemo.
Les chevaliers levèrent leurs lames, des éclairs jaillirent pour caresser les guerrières ailées. De nombreux doigts blancs ratèrent leur cible. D’autres encore enveloppèrent les gardes du corps qui plongèrent devant Aurora pour protéger leur chef.
L’un d’entre eux brûla le bout des ailes d’Aurora, un halo soudainement coruscant se reflétât sur les lames d’acier formant leurs plumes. Son champ d’énergie crépita et brilla, s’affaiblissant jusqu’à ce qu’elle sente les poils de son cou se soulever dans le champ statique. Pourtant, ses boucliers tenaient, et les éclairs réchauffait sa peau sans la brûler.
Les anges survivants tailladèrent les gardes du corps de Nemo. Les chevaliers n’eurent qu’un instant pour frapper avant que leurs assassins ailés ne s’envolent, mais plusieurs atteignirent leurs cibles lorsqu’un officier vêtu de banc cria : »Frappez, soldats, pour le Général Nemo, le Cygnar et Morrow ».
Ainsi enhardis, les chevaliers jetèrent tout leur courage dans leurs frappes, leurs glaives-tempête s’enfonçant dans les anges mécaniques. Aurora serra les dents au son du métal hurlant se détachant de ses gardes du corps alors même qu’elle s’élevait au-dessus des chevaliers, à la recherche de Nemo.
« Attention, monsieur ! » cria Caitlin Finch. Elle leva son bâton. Son aveuglante décharge bondit mais ne s’approcha pas d’Aurora.
C’est alors qu’Aurora aperçut Nemo, une boule de foudre dans une main, sa lance tremblant d’énergie dans l’autre.
Pendant un instant, elle eut peur de s’approcher de lui.
Aurora aperçut à peine la silhouette en robe noire avant qu’une immense force ne la frappe d’en bas. Il la fit dévier de sa trajectoire, la faisant culbuter par-dessus la ligne bleue des soldats cygnaréens. Quelques soldats eurent la présence d’esprit de braquer leurs armes sur elle. Des éclairs grésillants illuminèrent son champ d’énergie et l’étouffèrent dans un linceul d’énergie.
Hurlant, Aurora roula, enroulant ses ailes autour de son corps tout en poussant son champ de propulsion goémantique à la limite. En un instant, son désir de tuer se transforma en un besoin de s’échapper, de fuir ces imprévisibles ennemis. Derrière elle, d’autres anges mécaniques crièrent et tombèrent sous la foudre cygnaréenne. Un ombre la couvrait, mais avant qu’elle ait pu lever son bâton pour la frapper, elle sentit les mains de Sabina sur ses bras. La préfète abrita Aurora avec son corps et ajouta la force de son propre déplacement arcanique au sien. « Numen, vous êtes blessée ! »
Aurora haussa les épaules. « Je vais bien », lança-t-elle. L’instant d’après, elle cligna des yeux alors qu’un filet de sang coulait dans son œil. Touchant son front, elle sentit l’acier chaud de son heaume, à moitié fondu sous le contact d’un rayon galvanique. Avec son champ d’énergie affaibli, il avait rempli son rôle. La chair d’Aurora était brûlée et elle saignait, mais pas sérieusement. Elle jeta son casque endommagé. Ses cheveux se détachèrent et fouettèrent ses yeux.
Deux autres anges mécaniques les rejoignirent alors qu’elles battaient en retraite devant la force de Nemo. « Où sont les autres ? » demanda Aurora.
« Elles t’ont défendue jusqu’au bout, Numen », dit Sabina. Sa boîte vocale mékanique cliqueta, étouffant toute autre émotion.
Aurora se retourna pour remarquer quelques ailes mutilées parmi les chevaliers-tempête, ceux-ci les tailladant furieusement. Un bras argenté se tendit pour parer le coup d’un glaive crépitant, mais la lame s’affala. L’instant suivant, le bras faisait de même.
Aurora avait déjà croisé la mort, mais il n’était jamais facile de voir l’une de ses troupes tomber, surtout ses anges. Elle abandonna le dernier de son plan simplement pour défendre le site.
Nous balayerons le champ de ces seigneurs-tempête, jura-t-elle, et nos fonderies d’énigmes récupéreront l’essence de l’âme de nos morts dans le cimetière de nos ennemis.
Une fois qu’elle fut revenue en sécurité derrière ses propres lignes, Aurora scruta à nouveau le terrain. Même sans bénéficier de toute son attention, l’Axiome Prime capturé avait réduit le Patrouilleur-Tempête à l’état de ferraille. Des rubans d’acier tombaient à travers les triples forets de ses bras. Un autre harpon s’élança, manquant de peu une Luciole mais coupant en deux un fusilier s’avançant.
Le Modulateur arriva finalement à portée de la Luciole. Aurora fit appel à son esprit, projetant ses pensées à travers son nœud d’interface et de là dans une action mékanique. Alors que la puissance de son générateur de nimbus voltaïque augmentait, elle fit en sorte que le vecteur lève ses deux émetteurs d’arc galvanique pour projeter des faisceaux d’électricité pure, non pas sur le warjack, mais sur les forces cygnaréennes les plus proches.
La vague émise par le Modulateur transperça deux lignes de soldats cygnaréens. Ni les armures ni les corps humains ne pouvaient arrêter les rayons, qui traversèrent chaque victime pour se diriger vers la suivante et la suivante derrière elle. Sous les impitoyables rayons, les soldats touchés tressautèrent, tremblèrent un instant, puis retombèrent flasque.
Avec un sourire féroce de triomphe, Aurora se retourna pour voir ce que pensait Sebastian Nemo de son propre vecteur projecteur de tempêtes.
Il avait quitté sa précédente position. En fait, Aurora put voir aucun signe de lui jusqu’à ce qu’elle aperçoive les chevaliers-tempête et l’ensemble de l’unité de commandement de l’armée cygnaréenne courant à toute vitesse à travers poussière arrivant de l’est.
Là, dans la brume où les forges-tempête et le Patrouilleur avaient dégagé le champ des défenseurs de la Convergence et renversé le Projecteur d’Émergence Transfinie, le noyau du groupe de bataille de Nemo se précipita sans opposition dans le village. Le souffle d’Aurora se coinça dans sa gorge lorsqu’elle vit leur objectif. Ils chargeaient le nœud de réalignement.
« Ordonnez à Pollux de retirer toutes les unités ! » s’écria Aurore. Alors même qu’elle criait, elle retournait ses vecteurs et l’Axiome Prime pour revenir à la tour.
« Mais Numen », répondit Sabina. « Ceux du flanc ouest sont pleinement engagés sous de lourdes attaques- »
« Retire-les ! »
« Oui, Numen ». Sabina envoya l’un des anges pour relayer l’ordre. Au moment même où elle le faisait, l’Axiome Prime subissait le feu nourri de deux emplacements de canons auparavant silencieux. L’infanterie qui n’avait pas accompagné Nemo se jetait sur le Colosse.
Durant un cours laps de temps, Aurora envisagea de faire demi-tour avec l’Axiome pour les détruire. Aussi satisfaisant que cela aurait pu être, ce n’était pas la mission, et elle se souvint de la directive la plus sainte de son ordre : Rien ne doit entraver la Grande Œuvre.
Dirigeant tous ses vecteurs, elle se dirigea vers le nœud de réalignement.
En bas, elle vit Pollux coordonner la retraite vers la tour. Derrière lui, les réducteurs et les perforateurs tiraient sur le groupe de bataille de Nemo. En réponse, quelques perforateurs furent détruits par une langue de foudre d’une Luciole. Ils tombèrent avec leurs bras encore levés pour lancer leurs javelots. Les autres reculèrent en titubant face à une brutale volée de tirs de fusils en provenance de la rivière.
Les forces de Cygnar avaient enveloppé le village – et la tour !
Alors qu’elle voyait ses soldats se replier, Aurora ne remarqua ni énumérateurs ni fonderies d’énigmes parmi eux. Ils demeuraient au sol jusqu’à ce qu’Aurora puisse retourner le cours la bataille contre l’ennemi.
Bogdan et Septimus étaient-ils tombés ? Cela semblait inconcevable, pourtant, elle ne vit aucun des prêtres sur le terrain.
Aurora comprit que tout dépendait de la préservation de la sécurité de la tour encore un moment. La mort de quelques centaines de soldats était un petit prix à payer pour le succès de sa mission. La Grande Œuvre en dépendant, tout comme son propre avenir.
Les cygnaréens atteignirent le pied sud-est de la tour. Les éradicateurs qu’elle avait postés en tant que gardes tenaient bon, tenant les deux boucliers devant eux pour dévier les tirs de fusils et absorber les éclairs des warcaster et de leur Luciole.
Lorsque les chevaliers-tempête se furent rapprochés, les éradicateurs transformèrent leurs boucliers protéiformes, libérant les lourdes lames triangulaires avec lesquelles ils pouvaient sectionner de lourdes poutres en acier. En combat rapproché, aucun glaive-tempête ne pouvait réaliser avec eux en termes de puissance.
Mais alors tendit sa main âgée, et la tempête répondit. Dansant parmi les chevaliers en armure, la foudre sauta de combattant en combattant. Elle couronna brièvement les chevaliers cygnaréens, dont l’armure reçut et transmit la charge. Mais quand elle toucha les éradicateurs, elle les mit en pièces. Sans hésiter, les attaquants cygnaréens braquèrent leurs armes sur la lourde porte d’entrée de la tour, la hachant et la réduisant en cendres.
Alors qu’elle plongeait vers eux, Aurora vit qu’il était trop tard. Nemo, Finch et une demi-douzaine d’autres couraient à travers le portail détruit et dans l’entrée de la base. Deux douzaines d’autres se retournèrent et se placèrent pour couvrir leur siège, alors que des renforts arrivaient de l’est – infanterie, fusilier et forges-tempête.
« Numen, nous ne l’arrêterons jamais de cette façon », déclara Sabina. Aurora savait qu’elle avait raison.
« À l’aire ? » dit Sabina.
« Non », répondit Aurora. Les gardes qu’elle avait postés aux ascenseurs les ralentiraient, mais la plate-forme d’observation n’était pas importante. Son pavillon personnel non plus. Il lui restait un avantage et elle l’utiliserait. « On les prend par le haut ».
Navigation
[#] Page suivante
[*] Page précédente
Utiliser la version classique