ROYAUMES D’ACIER > Background – Histoire des Royaumes d’Acier

Roman - La Paie du Diable

<< < (2/2)

elric:

En fin de compte, il fallut un peu moins d’une heure pour positionner le chariot, ériger le trépied pour le palan et sortir Foyle du bourbier. Crawley inspecta le pied incrusté de boue de Foyle et le déclarer utilisable. Lorsque Sam ordonna au Rapace de se déplacer, le ‘jack le fit avec un léger boitillement à l’articulation de la cheville.

Dawson aida Morris à démonter et à ranger le trépied. Ils terminèrent juste au moment où Harrow revenait de sa tournée à l’arrière. Posant son sac et son arme sur le hayon du chariot, à côté de la jambe bandée de Lisse. Il ne signala aucun signe de poursuite : Cryx, Tête d’Acier ou autre.

Quelques instants plus tard, McBride et Crowborough revinrent pour signaler que tout était clair sur l’un ou l’autre des flancs. Le Lieutenant Lister vérifia sa montre à gousset et scruta les brumes devant lui. « Où diable est Robinson ? »

Les yeux de Dawson suivirent la trotteuse faisant le tour du cadran de la montre. Alors qu’elle terminait son tour, les yeux de Lister rencontrèrent ceux de Harrow. L’éclaireur ramassa son arme, laissant son sac derrière lui, et se glissa silencieusement dans le bourbier.

Sam s’approcha, les yeux rivés sur la silhouette de Harrow s’éloignant. « Qui manque ? »

« Robinson. L’éclaireur ».

« Faisons bouger la compagnie. Même configuration qu’avant, mais gardons les détachements plus proches ».

Les derniers bavardages s’estompèrent alors que les Cerbères avançaient péniblement. Le grincement des roues des chariots et le chuintement des moteurs à vapeurs semblaient d’autant plus forts que les hommes se taisaient.

Lorsqu’ils virent la fusée éclairante, quelques hommes accélérèrent le pas.

« Restez avec la compagnie », les avertit Lister. « Gardez la formation ».

Crawley répéta l’ordre du lieutenant avec emphase, et les hommes le transmirent le long de la ligne alors qu’ils s’approchaient de la fusée éclairante de Harrow et virent ce qu’il avait trouvé.

Sur un monticule luisant de terre moussue, Robinson gisait en morceaux.

L’un des coups l’avait sectionné en deux. L’autre était une blessure moins profonde, mais tout aussi mortelle. Ensemble, les blessures avaient drainé chaque goutte de sang de l’homme. Sous un masque rouge en dentelle, le visage de Robinson était blafard.

Silencieux, Crawley fit signe à deux unités de prendre position de garde de part et d’autre du cadavre. Il fit signe à la troisième de le suivre. Dawson était le plus proche, Crawley et les officiers rejoignirent Harrow à côté de sa terrible découverte.

« Ça ne ressemble pas à une lame », dit Sam. Même son murmure semblait trop élevé.

Harrow désigna les plaies brûlées. « Une sorte d’impact énergétiques, peut-être un éclair. Deux coups ».

Lister récupéra le gros flingue de Robinson. Son canon trapu avait été tranché en biais, la coupe aussi nette et tranchante que celle d’une tasse de thé qui serait tombée. Le métal sur les bords de l’entaille était décoloré, comme s’il avait été soumis à une intense chaleur.

Crawley pris Dawson par l’épaule et tranquillement transmis ses instructions pour s’occuper du corps. Avec une hâte mesurée, Dawson et Morris allèrent chercher une longueur de toile épaisse dans le chariot d’avitaillement et la posèrent à côté de Robinson. Burns et Craig les aidèrent à transférer les restes sur le tissu.

Pendant que les Cerbères travaillaient, Lister passa la main à l’intérieur de son col pour s’emparer d’un médaillon d’un ascendant entre ses doigts. Il murmura une prière en caspien.

Les hommes plièrent les extrémités du sac mortuaire. Ils le scellèrent en tissant une corde à travers les œillets en laiton de l’ourlet. Avec une économie humble, ils traînèrent le corps jusqu’au chariot d’avitaillement et le déposèrent dans l’espace à côté de Lise. Favorisant sa jambe blessée, Lisse se déplaça pour s’asseoir à l’avant avec les conducteurs plutôt que de s’asseoir à côté du mort.

« Quoi que ce soit qui lui ait fait ça… », grogna Lister dans son cigare.

« Nous allons le réduire, le briser et le livrer en pièces détachées au Vieux », répondit Sam. « Nous remplirons notre contrat et nous vengerons Robinson en même temps ».

« J’aimerais mettre la main sur celui exploite cette chose ».

Sam toucha son bras. Face au massif biceps de Lister, sa main paraissait petite. « Fais attention à ce que tu souhaites, mon vieil ami. L’important, c’est que nous faisions notre travail, et que nous prenions soins des nôtres, vivants ou morts. Mais si nous avons une chance de nous venger, nous la considérons comme un second bonus ».

Lister hocha la tête. Il garda le menton baissé et mordilla à pleines dents l’extrémité de son cigare éteint.

La marche reprit. Lister demanda à Crawley d’équiper tous les éclaireurs de fusées éclairantes. Le sergent les envoya deux par deux en leur recommandant de garder les fusées à portée de main et d’émettre un signal au premier signe de danger.

Les premiers éclaireurs revinrent quinze minutes plus tard.

Fleming salue Lister et Sam. « Nous avons trouvé un abri ».

Rose ajouta : « Ce doit être un dépôt de ravitaillement ».

« C’est donc que ce que les hommes de Baird faisaient ici », dit Sam. « Allons voir ».
Alors que les éclaireurs menaient les Cerbères hors de l’eau, la compagnie restait vigilante à tout s’approchait par les flancs ou l’arrière. Ils traversèrent une forêt clairsemée alors que le sol l’élevait et devenait plus sec.

Les nuages s’éclaircirent suffisamment pour révéler le soleil. Sa lumière dorée repeignit l’environnement sombre de couleurs vives. Une parcelle de champignons étonnamment jaunes grimpaient le long d’un arbre tombé tel un petit escalier. Une pierre couverte de lichen reposait comme une couronne de bijoux sur une colline en saillie, et à ses pieds gisait la carcasse d’un helljack défoncer. Les entailles dentelées et les lignes les plus nettes des brûlures d’énergie sillonnait son châssis en fer noir.

« Ce type n’est pas prêt de se relever », dit Lister, qui repoussa l’odeur nauséabonde des fumées de nécrotite. « Tu veux que Crawley jette un coup d’oeil ? »

Sam abaissa ses lunettes sur ses yeux et fronça les sourcils. « Vérifions d’abord le bâtiment. Ce qui a lutté avec ce monstre est probablement encore dans les parages ou pire encore, d’autres cryxiens dont nous pensions avoir vu le dernier ».

La structure hémicylindrique mesurait six mètres de haut et dix-huit mètres de long. Le bâtiment était composé de robuste pin renforcé par des contreventements en fer Des lucarnes recouvertes de treillis métalliques se trouvaient en haut des murs et du toit.

Quelqu’un s’était efforcée de dissimuler les côtés avec des broussailles et de jeunes arbres déracinés, mais les lianes rampantes n’avaient pas dépassé trente centimètres sur les côtés convexes de l’abri. À l’exception de quelques taches dépareillées, l’ensemble de la structure était peint en gris foncé, un excellent camouflage pour la brumeuse Octelande.

« Vous voyez là ? » dit Lister. Il pointa du doigt un pan de mur noir mat. « Tout cela a été construit ailleurs. Puis il a été transporté ici pour être assemblé ».

Sam acquiesça. Elle suivit des yeux Harrow et Bowie s’approchant pour jeter un coup d’oeil dans les coins les plus proches. Harrow donna le signal de fin d’alerte.

Sam emmena Gully et Foyle jusqu’à l’extrémité la plus proche du demi-tube et les fit monter la garde de chaque côté de l’entrée. Sur chaque porte, l’épée brisée d’Ord avait été peinte en gris clair au pochoir. Une lourde chaîne et un cadenas fermaient les portes.

Les chariots s’arrêtèrent derrière. Sur un signe de tête de Crawey, les conducteurs commencèrent à aller cherche de la nourriture et de l’eau pour les chevaux, mais les laissèrent attachés à leurs chariots.

Lister hocha la tête en direction des symboles. « Ton ami du village nous a fait un bon rapport », déclara-t-il. « Baird installe des dépôts de ravitaillement. Mais pourquoi ? »

« Regardons ».

Lister détacha sa pioche de son dos et cria « Swire ! ».

Un homme maigre à la moustache fine comme un crayon s’avança et salua.

« Tu te souviens du petit problème dans lequel Lisse s’était mis ? Celui dont tu l’as aidé à sortir ? »

« Oui, monsieur ».

« Tu l’as avec toi ? »

« Monsieur ! » Swire déposa son arme et son sac. D’un compartiment à l’intérieur de sa botte, il sortit un fin paquet en cuir. Il le déroula et retourna la doublure intérieure en feutre pour révéler un ensemble de rossignols en laiton, chacun avec une forme différente à son extrémité. Certains ressemblaient à des vagues, d’autres à une silhouette de femme, d’autres encore à des peignes de barbier.

S’agenouillant à côté de la serrure, Swire se déganta et attrapa le verrou d’une main nue. Il sonda le barillet à l’aide d’un simple râteau, ressentant les vibrations à l’intérieur. « Tss », dit-il en mettant le râteau de côté. Il prit un peigne et une clé à torsion. « J’aurais dû savoir que ce ne serait pas si facile ».

Pendant qu’il œuvrait, le Sergent Crawley s’approcha et jeta un coup d’oeil sur les outils de Swire. « Pourquoi ne m’as-tu pas appelé ? J’aurais pu l’ouvrir en- »

Le cadenas cliqueta. Swire le laissa pendre à la chaîne alors qu’il replaçait les peignes dans l’étui. « C’est fait, lieutenant ».


« Voilà pourquoi, Flippant. Bon travail, Swire ».
Swire replaça le kit dans sa botte et récupéra son sac et son arme. Au même instant, le soleil les quittait. Swire leva les yeux, secouant la tête avec incrédulité. « Je commençais juste à penser que je pourrais sécher ».

« Crawley prend en charge les hommes à l’extérieur », dit Sam, « Lister, je veux deux escouades à l’intérieur ».

Lister choisit ses hommes, dont Dawson, Morris et tous les garçons à l’exception Lisse. L’homme blessé les observait depuis le siège du conducteur du chariot d’avitaillement, déplaçant  son rasoir bien-aimé le long de sa mâchoire dans un geste nonchalant démenti par son intense regard, dirigé vers l’endroit où il préférerait sûrement se tenir, parmi ses compagnons.

La brume s’insinua entre les hommes, les bêtes, les chariots et les machines rassemblées. L’air s’alourdit avec la promesse de pluie, puis les premières gouttes éclaboussèrent les heaumes et les épaulières. Quelques secondes plus tard, une bruine régulière s’installait.

Lister ouvrit la voie à l’intérieur du bâtiment.

Des doigts de lumière blanche-bleue traversaient les lucarnes et effleuraient les caisses le long d’un mur, laissant l’autre côté du dépôt dans l’ombre. D’autres piles de caisses et de tonneaux se tenaient au centre de la spacieuse allées. Le bois des caisses était encore frais, les clous n’ayant aucune trace de rouille.

L’écusson ordique peint au pochoir juste au-dessus d’une étiquette collée indiquant CHARBON, MUNITIONS, PIÈCES OU PROVISIONS. Un soldat paresseux avait laissé derrière lui un seau de peinture séchée. Burns enleva le pinceau évasé et le porta à son visage en guise de moustache comique.

« Taille-les, Burns », déclara Lister.

« Relax, lieutenant Tu ne vois pas que nous avons tiré le gros lot ? »

« Nous ne prendrons que ce dont nous avons besoin » déclara Sam. « Réapprovisionnez les bennes à charbon. Crawley, tu vois s’il y a des pièces dont nous aurions besoin pour les grands gaillards. En dehors de cela, nous ne pillons pas le dépôt de ravitaillement du roi » ?

Burns laissa tomber la brosse et souleva son arme.

« Ce que je veux vraiment savoir », dit Sam, « c’est pourquoi Baird s’est donné la peine de laisser un dépôt de ravitaillement ici sans gardes.

Les Cerbères se dirigèrent vers le côté le plus éloigné de l’abri. Derrière les caisses empilées dans l’allée centrale, l’autre extrémité était plongée dans une pénombre bleue.

« Hsst ! » Lister leva le poing, les doigts fermés pour signaler l’arrêt. D’un regard, il fit signe à Harrow d’avancer.

L’éclaireur n’avança que de quelques pas avant de s’arrêter lui aussi pour écouter.

La plupart des Cerbères l’entendirent alors, le bruit d’un ressort se détendant dans une chambre bien huilée.

Harrow tenait sa volumineuse d’un bras tout en faisant des gestes avec l’autre. Ses doigts indiquaient une ombre se profilant au-dessus d’une pile de caisses distante.

L’énorme silhouette se détachait dans un dépôt plein de formes familières de boîtes et de tonneaux. Le haut de son corps courbé en parfaite symétrie, un ovale suivi de près par un carré strié. De chaque côté se trouvaient des formes plus complexes, deux rectangles avec des cylindres en saillie vers l’arrière et sur le côté. La lumière bleu-blanche se reflétait sur la carapace d’acier de la silhouette, non pas à partir des lucarnes situées au-dessus, mais depuis son propre torse, en dessous.

Sam prix en charge les signaux manuels. Elle envoya Harrow au centre pour prendre position derrière une caisse. Burns, elle l’envoya vers la gauche, Lister vers la droite. Elle fit signe à Dawson de soutenir Lister. Elle se déplaça derrière Harrow et signe aux personnes se trouvant derrière elle de se mettre à couvert.

Une ombre passa au-dessus de Sam. Elle leva les yeux vers un mouvement soudain à travers la lucarne centrale. Juste au moment où elle dégainait son pistolet à canon long et visa vers le haut, l’énorme silhouette derrière les caisses émit un bourdonnement sourd et plusieurs claquements séquentiels. Elle bondit en avant, éparpillant les caisses et les barils. Une lumière bleu-blanche jaillit des lentilles de verre sur son corps, aveuglant brièvement les Cerbères.

L’un des barils percuta la caisse que Burns avait choisie comme couverture. L’impact repoussa son arme. Il cria de surprise en tombant en arrière.

Le warjack lourd se dirigea vers lui, son allure quadrupède étrange. Chacune de ses pattes en forme de crabe s’achevait par un petit bloc en forme de sabot. Les jambes supportaient un torse massif en chrome qui, à son tour, soutenait un châssis supérieur gros et ovoïde. De chaque côté, des engrenages et des pistons en laiton soutenaient un bras : l’un court et bourdonnant, l’autre se terminant par une main mékanique à quatre doigts. Des panneaux situés sur l’abdomen et les épaules, ainsi que plusieurs lentilles autour d’un œil central en verre central.

Burns se releva en titubant et fit sauter sa pioche de son épaule. Il beugla et leva son arme. Avant qu’il ne puisse frapper, l’étrange ‘jack l’attrapa au niveau du torse. D’un geste mékanique rapide, il le projeta contre les caisses alignées contre le mur.

Un bruit assourdissant emplit le dépôt lorsque Harrow fit feu avec son arme. Un lourd projectile frôla l’articulation entre l’épaule de l’étrange ‘jack et son bras bourdonnant. Enflammé, l’obus ricorcha à travers l’une des lucarnes latérales. Alors que des fragments de verre traversaient le treillis métallique, Harrow recula, ouvrant la culasse de son arme pour recharger.

L’étrange ‘jack laissa tomber Burns sonnés et avança, chaque pas gazouillant une note aiguë de ressorts huilés. Son petit bras gauche gémit de plus en plus fort avant qu’un disque d’acier n’en sorte, déchiquetant la caisse constituant l’unique abri de Sam. Des céréales et des haricots secs se répandirent à côté d’elle.

« Reculez ! » cria Sam. Elle suivit son propre conseil et se réfugia à l’abri d’une autre caisse.

« Filets ! » rugit Sam. « Faites le tomber ! » Il fit pivoter sa lourde chaîne de filet par-desus sa tête et la lança vers les jambes de l’étrange warjack.

Dawson et Morris lancèrent leurs propres filets l’instant d’après. Deux autres furent lancés par des hommes derrière eux peu après, chacun parfaitement projeté. Les lourdes chaînes s’enroulèrent autour des six jambes du warjack, les liant l’un à l’autre.

Le warjack hésita, son châssis supérieur pivotant d’un côté à l’autre alors qu’il se penchait en avant, des lentilles lumineuses inspectant sa situation. Puis, tel un crustacé flottant, il écarta ses jambes vers l’extérieur. Les filets s’étendirent sur les jambes dépliées. Le warjack lévita vers le haut, rétractant ses jambes d’un mouvement fluide alors que les filets glissaient.

Les filets ne servent à rien », dit Sam. « Tirez à volonté ! »

Alors que les Cerbères déchargeaient leurs projectiles, l’ombre sur le toit traversa une fois de plus la lucarne. Elle avait à peu près la taille d’un homme, mais un large vêtement s’étendait de chaque côté, comme une cape dans le vent. Entre les coups de feu et le crépitement régulier de la pluie, une autre harmonique traversait le plafond du dépôt.

Sam sortit son pistolet, visa alors que l’ombre traversait la lucarne, et tira. Son tir s’écrasa sur la vitre. Elle se couvrit le visage d’un bras et détourna le regard lorsque des éclats tombèrent à travers le grillage. Elle rechargea et cria « Marshal sur le toit ! »

Une fois la nouvelle cartouche en place, Sam releva à nouveau son arme. Son viseur suivant le bruit des pas, hésitant à chaque fois qu’un projectile explosait sur le warjack ennemi ou parmi les ravitaillements.

« Bon sang, Cerbères, attention aux munitions ! » beugla Lister en battant en retraite.
Harrow et Morris battirent en retraite avec lui. Dawson hésita lorsqu’il remarqua Burns étendu parmi les débris des caisses. Celle qui se trouvait derrière lui mentionnait « MUNITIONS ».

Alors même que Lister lui criait de battre en retraite, Dawson sprinta vers Burns. Il garda la caisse basse, se jetant à plat centre lorsque le bras de l’étrange ‘jack l’atteignit. Sa griffe en chrome brillant le frappa durement sur le côté de la tête. Son casque absorba une grande partie de l’impact, mais il secoua la tête et cracha du sang alors que Burns levait un regard brouillé.

Dawson attrapa Burns par la cuirasse « Allez, on bouge. Cette chose est arrivée ici d’une manière ou d’une autre. Il doit y avoir une autre porte de l’autre côté ».

Ensemble, ils dépassèrent leur agresseur en courant vers l’extrémité du dépôt. Ce qu’ils virent les arrêta net.

Il n’y avait pas de porte à l’autre bout du dépôt, mais un énorme trou ouvert dans le sol. Un énorme passage humide partant vers l’est, assez grand pour accueillir toute la compagnie et ses warjacks. Des éclats de bois formaient des crocs tout autour de la gueule ouverte, et des empreintes sombres et boueuses s’échappaient des lèvres molles de terre.

Les cadavres étendus de part et d’autre ne faisaient l’impression d’une bouche affamée dans le sol. Trois soldats ordiques gisaient parmi les ruines des caisses les plus proches. Leurs visages exsangues fixaient le plafond.

Une odeur nauséabonde de nécrotite s’échappait du trou. Le lourd cliquetis des pistons en fer résonnait dans le tunnel, s’amplifiant à chaque pas. « Oh, bon sang », dit Burns. « Il faut sortir d’ici ».

Avant qu’ils n’aient pu faire un pas en arrière, six tonnes d’os et de fer surgirent du passage souterrain. Son châssis endommagé et les amas de terre moussue réparties sur son bras et son torse l’identifiait comme le même Massacreur qu’ils avaient vu allongé dans la lande extérieure. À chaque pas, le helljack renvoyait une motte de terre humide, jusqu’à ce que ses pieds griffus crissent sur le sol du dépôt de fourniture. Il tendit un bras griffu tout en levant l’autre au-dessus de ses énormes épaules.

Burns cria, « À plat ventre ! »

Burns et Dawson se jetèrent au sol tandis que le helljack passait à toute vitesse. Il percuta l’étrange warjack, ses griffes noires s’accrochant à l’épaule de son ennemi.

Burns bascula le canon de son gros flingue pour le recharger. « Touchons-le par derrière ».

« Lequel ? » demanda Dawson. Magnifié par la structure fermée, le choc du fer et de l’acier devint assourdissant.

« J’ m’en fiche ! » rugit Burns, « mais ne le ratez pas ».

Ils tirèrent simultanément. Les deux projectiles explosèrent contre le dos du helljack. L’un deux laissa un cratère rougeoyant dans la fournaise. L’autre éventra la cheminée du Massacreur. Des fumées de nécrotite s’échappèrent pour couvrirent les deux warjacks.

Le warjack chromé saisit le Massacreur par le bras, sa poigne à quatre doigts entaillant la lourde armure. Une lame en forme de coin traversa son poignet pour pénétrer le fer épais de l’avant-bras du helljack. Le fer hurla alors que la lame s’abattait encore et encore. De l’huile chaude éclaboussa le châssis chromé du quadrupède.

Dawson jeta un coup d’oeil en direction du passage souterrain. Une nouvelle silhouette se tenait juste à l’intérieur des mâchoires.

Au-dessus de l’entrée planait une abomination d’os noir amuré tournant lentement. Trois crânes brillaient sous un heaume tripartite, ses segments reliés par des épaulières luisant de nécrotite. Trois lanternes agitées étaient suspendues à une cage thoracique débordant de vapeurs nocives. Sous tout cela pendait un épais appendice en forme de queue entrelacée de trois petites vrilles, dont l’une était coupée à mi-longueur. Dans le gantelet noir sur l’un de ses trois bras grêles, le surveillant liche de fer agrippait son bâton à trois dents.

Muet de peur, Dawson frappa le bras de Burns jusqu’à ce que le grand homme se retourne pour voir le maître du Massacreur.

« Qu’est-ce qu’on fait ? » demanda Dawson à voix basse.

Burns répondit avec une improbable vulgarité avant d’ajouter :  « Retourne voir les autres ! »

Les hommes baissaient la tête et courait vers les warjacks s’affrontant. Alors qu’ils évitaient la titanesque bagarre, une autre volée de projectiles explosa contre l’étrange warjack. La grosse machine trembla et relâcha son emprise sur le helljack.

Le Massacreur repoussa son ennemi dans des débris de caisse, mais le warjack chromé ne bougea que de quelques pas avant que ses quatre pattes n’accrochent. Il recula, slammant le Massacreur contre le côté éclairé de l’entrepôt.

« Ne tirez pas, ne tirez pas ! » cria Burns alors que lui et Dawson traversaient les décombres. Ils coururent jusqu’à Sam. À côté d’elle, Lister et Harrow alternaient les tirs et les rechargements de leurs gros flingues.

« Qu’est-ce que tu pensais faire ? » cria Sam à Dawson. Derrière elle, Foyle s’avança dans l’entrée de l’entrepôt, maintenant élargie sous la forme de ses larges épaules.

« Sauver mon cul », répondit Burns à la place de Dawson, qui restait sans voix. « Et au fait, on a une putain de liche de fer de l’autre côté ».

« Gully ! » cria Sam au warjack se trouvant à l’extérieur. « Déplace-toi vers l’arrière ! » Tous les Cerbères tressaillirent lorsqu’un effroyable bruit de métal tranchant résonna dans l’entrepôt. Avec ses deux massifs bras, le Massacreur serra le bras de son ennemi. Ses griffes s’enfoncèrent dans la plaque chromée et elle tordit le membre de son ennemi vers l’arrière. Alors que les rouages de l’épaule hurlaient de protestation, le Massacreur arracha le bras, le déchirant de l’épaule du warjack.

Le warjack chromé recula, le torse se tordant d’un côté à l’autre comme s’il était confus.

« Continuez à tirer ! » hurla Sam.

Les Cerbères lâchèrent une nouvelle volée. La plupart des projectiles ricochèrent sur l’épaule arrondie du warjack, mais quelques-uns bosselèrent légèrement son blindage.

Son prix à la main, le Massacreur écarta son ennemi et fonça dans l’allée, loin des Cerbères, vers le grand trou dans le sol.

Le warjack chromé le poursuivit. Dans un autre hurlement de métal, il lança une lame de scie sur le helljack en fuite. Le disque hurlant frôla l’épaule du helljack et alla creuser un trou dans le mur du fond.

« Foyle, frappe-le ! » Sam pointa son épée paralysante sur le warjack restant.

Les chiens s’écartèrent d’un bond tandis que le rapace fronçait à travers le bâtiment, repoussant de lourdes caisses en courant. Son massif ennemi se retourna juste au moment où la lance paralysante projetait des étincelles sur son abdomen incurvé. Le warjack lourd frissonna et recula, mais seulement pendant une seconde avant que son bras-lame de scie ne vienne frapper le petit Foyle contre les caisses situées dans l’ombre.

D’autres Cerbères affluèrent dans le dépôt. « Capitaine ! » cria Fleming. « Il y a quelqu’un sur le toit ! »

« Je sais » cria-t-elle en retour. « Un problème à la fois. Cerbères, arrachez-lui les pattes ! »

Alors que ses hommes passaient des gros flingues aux pioches, Same leva les yeux vers la lucarne. Ce qui s’y trouvait n’était plus visible.

Burns et Lister menèrent l’assaut contre le warjack ennemi. Les pointes de leurs pioches produisaient des étincelles et laissaient des égratignures, mais le warjack lourd réagissait à peine aux coups. Au lieu de cela, il lança un autre projectile à bout portant sur Foyle.

La lame de scie s’enfonça profondément dans le châssis du Rapace. Des éclairs scintillèrent sur les bords de la plaie alors même que de la fumée noire se déversait à l’arrière de sa fournaise détruite.

« Abattez-le ! », tonna Lister. À peine s’était-il exprimé que l’étrange warjack courut devant la ligne de front tel un crabe, chargeant les Cerbères se tenant entre lui et l’entrée du dépôt. « Arrêtez-le. Ne le laissez pas s’échapper ».

« Attendez ! » cria Sam, et l’instant d’après, tous purent voir ce qu’elle avait remarqué. Le warjack se précipitant ne laissa aucune trace dans son sillage, ne dérangea aucune des caisses sur son passage.

Ce n’était rien d’autre qu’une apparition.

Derrière eux, des tonneaux tombèrent au sol tandis que le véritable warjack ennemi fonçait vers le passage dans lequel le helljack s’était engouffré.

« Poursuivez-le » dit Sam. Comme s’il comprenait ses paroles, le warjack ennemi s’arrêta juste à l’intérieur de l’abri de l’entrepôt. Il se retourna, ajustant la visée de son lance-scie.

« À couvert ! » cria Lister.

Les Cerbères se dispersèrent, mais ils n’eurent pas besoin de s’en soucier. La lame-scie du warjack ne visait pas une cible vivante, mais une caisse portant l’inscription MUNITIONS. Des dizaines de boîtes de cartouches de fusil s’éparpillèrent sur le sol.

Lister explosa en une litanie de jurons en caspien. Sam cria : « Dehors ! Dehors maintenant ! Dehors ! »

Le warjack continuait de lancer des lames-scie sur les caisses de munitions tandis que les Cerbères se précipitaient pour sortir du dépôt. Son second tir déclencha une série de boum lorsque les étincelles trouvèrent la poudre.

La troisième brisa une autre caisse au moment où Foyle élargissait encore l’entrée, s’échappant juste derrière les Cerbères. La quatrième explosa lorsque la lame-scie traversa les cartouches qu’elle contenait.

À l’extérieur, les Cerbères se précipitèrent sous un torrent de pluie. L’entrepôt trembla tandis que les explosions cascadaient sur toute la longueur. Les lucarnes furent les premières à exploser, inondant les Cerbères de fragments de verre et de fer. Les flammes envahirent Foyle alors que la masse du Rapace abritait les hommes fuyant devant lui.

Les chevaux hurlèrent. Dans leur panique, ceux qui étaient attelés au chariot de Gully s’enfuirent alors que les conducteurs les conducteurs leur criaient de s’arrêter. Les autres équipes réussirent à peine à contrôler leurs animaux, les détournant du dépôt explosant.

Quelques instants après, l’ensemble du bâtiment se gonfla et fissura lorsque la réaction en chaîne atteint les charges les plus importantes. En quelques secondes, tout le bâtiment crépita de flammes, et la pluie sifflait son mécontentement en tombant sur l’incendie.

Secouant la tête et tapant sur leurs oreilles assourdies, les Cerbères se relevèrent. Sam fut la première à parler. « Allez de l’autre côté. Ce tunnel doit débaucher quelque part à proximité de cette maudite butte avant qu’elle ne plonge sous la ligne de flottaison.

Sam courût à côté de Dawson, qui pointa du doigt une forme brillante émergeant d’un trou à environ à vingt-quatre mètres. « Là ! »

« Gully ! » cria Sam au Nomade se tenant à l’autre bout du dépôt. Elle pointa la machine reculant. « Stop moi ce ‘jack ! »

Elle courut après le Nomade, Dawson et quelques Cerbères sur ses talons.

Le warjack chromé courait après l’ennemi lui ayant volé son bras, ignorant apparemment le massif Nomade chargeant pour l’intercepter, l’espadon levé. Le warjack chromé pivota à la taille et lança une lame-scie au moment même où l’épée de Gully s’abattait. Des étincelles explosèrent lorsque la lame rencontra la lame. L’impact projeta Gully assez loin de sa position pour que son corps effleure le warjack ennemi et tombe en avant à travers dans un bosquet de jeunes arbres.

Sam pointa son pistolet mais l’abaissa à nouveau lorsque le warjack chromé disparut dans le voile gris d’une pluie battante.

Gully s’efforça de se relever. Une énorme bosse froissait le haut de son châssis, mais tous ses membres fonctionnaient toujours.

Sam se tourna vers l’entrepôt en flammes. La lumière orange de l’incendie colorait les verres de ses lunettes. Elle leva la tête lorsque quelque chose se déplaçait à contre courant de la fumée et de la pluie au-dessus d’elle. Sans hésiter, elle releva son pistolet et tira.

Tous les Cerbères s’accroupirent. Ceux ayant un gros flingue visèrent plus le ciel, mais ils ne remarquèrent aucune cible.

À l’intérieur de l’entrepôt en feu, des caisses de pin crépitaient. Une autre volée d’explosions suivit.

« Sortez ces chariots de là ! », cria Sam. « Cerbères, éloignez-vous. Je ne veux pas que quelqu’un soit touché par une foutue caisse de munitions ».

Alors qu’elle éloignait les Cerbères, Crawley signala la disparition de deux hommes. Sam lui répondit d’envoyer une reconnaissance rapide autour du feu, mais de ne pas perdre plus d’hommes.

« Qu’as-tu vu, Sam ? » Lister toussa. « Qu’est-ce qu’il y avait sur le toit ? »

Elle releva ses lunettes, révélant une bande claire là où la fumée n’avait pas réussi à noircir ses yeux. « Je ne sais pas », dit-elle. « Mais je te promets que nous allons le découvrir ».

elric:
PARTIE TROIS
Les Cerbères trouvèrent les corps des hommes disparus non loin des ruines fumantes du dépôt d’avitaillement ordique. Les hommes n’étaient pas tombés près des flammes, mais leurs corps gisaient brûlés et tordus de l’autre bout de la structure.

Contre toute attente, Lisse insista pour rester debout à l’aide d’une béquille que Harrow avait tallée dans une branche de frêne. Les autres Cerbères surveillaient l’épais bandage enroulé autour du haut du mollet de Lisse. Le Sergent Crawley avait donné l’ordre général que dès que quelqu’un verrait du sang couler, Lisse serait ramené au chariot, quel que soit le nombre d’hommes nécessaires pour le faire.

Lisse éleva la voix par-dessus le clapotis de la pluie. « Ils ont dû tomber sur la liche de fer pendant que nous nous battions à l’intérieur de l’entrepôt ».

« Il n’y a pas pire façon de faire », déclara Burns.

Même pas brûler ? » demanda Dawson. Lui et Burns cousirent l’un des morts dans un sac de toile, tandis que Swire et McBride firent de même pour l’autre.

Burns hocha la tête, son visage inhabituellement sobre. « La brûlure est horrible, mais ce qu’est que de la douleur. Tu meurs, c’est fini. Ces cryxiens, leurs liches de fer et certains des autres monstres ne font pas que vous tuer. Ils extraient votre âme et l’utilisent pour nourrir leurs malfaisantes machines ».

Dawson n’ajouta rien.

Une fois les sacs scellés, Lister murmura une prière pour les corps. Morris et environ la moitié des autres hommes passèrent la main sous leur plastron pour toucher leur médaillon d’ascendant et ajouter leurs propres invocations silencieuses à la cérémonie improvisée.

Lorsque Lister eut terminé, Sam retira ses lunettes et s’avança. « Nous prendrons bien soin de Bates et Hughes jusqu’à ce que nous puissions les ramener chez eux », déclara-t-elle. « Il y a plus à dire sur chacun d’eux, mais pour l’instant nous avons un travail à achever. Quand nous aurons fini, nous boirons à leurs souvenirs, et je raconterai la fois où un gobber a vendu à Hughes une demi-part dans un cheval qui parle ».

Quelques-uns des hommes sourirent à la mention de l’incident par le capitaine. Burns s’essuya les yeux d’un revers de la main. « Il était tellement crédule ».

« Tu veux que je te rappelle qui a acheté l’autre moitié ? » demanda Sam.

« Je ne vois pas ce que tu veux dire, capitaine ». Burns feignit l’innocence.

Quelques-uns des hommes forcèrent un rire, mais l’hilarité n’atteignit jamais leurs yeux.

« Une fois que la pluie se sera suffisamment calmée pour le suivre, nous retrouverons ce warjack. Et cette fois, nous allons le faire tomber, peu importe à quel point ses jambes sont glissantes. Nous le livrerons au Vieux, et nous toucherons la prime, non seulement pour nous, mais aussi pour Robinson, Bates, Hughes, et pour leurs familles ».

« Bien dit, bien dit », déclara Crawley. Ses yeux étaient rougis par la fumée, mais il ne les frotta pas. Au lieu de cela, il polit les lentilles de ses lunettes et les remis en place. « Maintenant, j’ai besoin de voir nos grands gaillards ».

Les Cerbères ramenèrent les morts jusqu’au chariot, où ils déposèrent les sacs à côté de celui contenant les restes de Robinson. Alors que les autres les regardaient partir, Sam rappela Crowborough : « J’ai besoin que tu transmettes un message ».

« Oui capitaine. Où ? »

« Eh bien, c’est la partie délicate. Donne-moi ta carte ». Lorsqu’il le fit, Sam encercla trois points de l’autre côté du Fleuve de la Langue du Dragon. Elle remit à Crowborough une lettre pliée. « Uniquement pour le Vieux. Tu le trouveras dans l’une de ces zones. Commence par la plus proche en premier.

Lister remit une bourse à Crowborough. « Prends le coursier. Traverse au Bac de Callbeck s’il est en activité. Sinon tu devras passer à gué à Oxbridge.

« Oui, monsieur », répondit Crowborough, saluant tour à tour. « Oui’s ».

Il courut vers le chariot d’avitaillement, n’accordant qu’un instant pour saluer les soldats tombés au combat, avant de réquisitionner un manteau de pluie à capuchon et le plus rapide des chevaux de salle. En quelques minutes, il s’éloigna des flammes mourantes du dépôt de ravitaillement.

Le Sergent Crawley fit grimper les mékaniciens sur les deux warjacks, leurs efforts étant entravés par la pluie battante. Une fois qu’il peut assurer à Sam qu’ils étaient en état de marche, le capitaine mena les Cerbères vers le sud, la direction dans laquelle ils avaient vu pour la dernière fois le helljack Cryx et l’étrange warjack chromé s’enfuir.

« Tu penses que le lance-scie veut récupérer son bras ? » demanda Lister à Sam. Ils marchaient côte à côte avec Crawley devant les chariots. Burns, Morris, Dawson et Lisse les protégeaient, leurs gros flingues rechargés et prêts à l’action.

« C’est ce qu’il semble », dit Sam. « Tout comme il semble que la liche voulait se procurer un morceau de ce warjack. Si le Cryx apprend ses secrets avant que le Vieux n’ait une chance de les découvrir… » Elle laissa sa phrase en suspens.

« Je n’ai jamais vu un warjack comme celui-là », reprit Burns. « Ce ne sont certainement pas des cygnes ou des rouges. Pas les fanatiques non plus. Serait-ce les elfes ? »

« Il est assez bizarre pour les iosiens », déclara Lister.

« Non, la façon dont il se mouvait, ça ne ressemble pas du tout à de la magie elfique », déclara Crawley. « C’est beaucoup plus mékanique. C’est quelque chose de complètement nouveau. As-tu vu sa cheminée ? »

« Non », dit Sam.

« Moi non plus. Cette chose fonctionne avec une forme d’énergie complètement différente ».

« Tu es sûr que ce n’est juste pas une nouvelle mékanique ? »

Non, je ne suis pas sûr », déclara Crawley. « Cela ne semble pas magique. Pas seulement mékanique. C’est quelque chose de nouveau ».

« Je commence à comprendre pourquoi le Vieux est si intéressé par cette chose », ajouta Sam.

La pluie fluctuait. Au plus fort, elle fumait contre les cheminées brûlantes de Foyle et Gully. Lorsqu’elle n’était qu’une bruine, elle semblait s’évaporer avant même toucher le fer chaud.

Un tonnerre lointain annonçait une pluie plus féroce à venir, mais Sam garda les chiens en mouvement tout au long de sa soirée. Elle passa d’unité en unité, félicitant les hommes pour le courage dont ils avaient fait preuve, leur demandant comment ils voulaient dépenser leurs primes à leur retour à Tarna. Elle menaça certain d’entre eux d’une partie de cartes, un stratagème suscitant un sourire ou un refus ferme, même chez les hommes les plus traumatisés. Lorsque le crépuscule et la pluie rendirent toute poursuite inutile, elle fit halte.

Crawley ordonna à l’unité de Dawson d’ériger un abri en bâche sur les warjacks. Aussi imparfait soit-il, il empêchait la pluie de tomber sur la tête des mékaniciens pendant qu’ils martelaient les bosses que l’étrange warjack pilonné sur le corps de fer de Foyle.

Lorsqu’ils achevèrent, les hommes se tirent sous l’abri pendant un moment, profitant du refuge contre la pluie.

« Ce que je veux savoir, c’est ce que le capitaine a vu sur le toit », dit Crawley. « Qui contrôlait ce warjack ? Nous étions du mauvais côté de ce combat. Qu’as-tu vu Morris ? »

« Juste une ombre », répondit-il. « Nous étions trop occupés à essayer de faire basculer ce warjack. Peu importe le nombre de filet qu’on lui lançait, ce satané engin ne voulait pas tomber ».

« Nous n’avons pas eu plus de chance avec les gros flingues », déclara Dawson. « Mais au moins, il sait qu’il s’est battu ».

« On a joué de malchance en n’ayant pas les grands gaillards avec nous », dit Burns. « Sam a envoyé Gully partout », reprit Lisse. « Cela aurait été mieux si elle avait été là pour le guider. Le grand gaillard n’est pas des plus brillants avec autre chose que de simples instructions. Il lui a fallu une éternité pour se déplacer de l’autre côté du dépôt ».

« Dis, vous étiez dehors, Lisse », dit Dawson. « Qu’avez-vous vu sur le toit ? »

« Je ne regardais pas au début », déclara Lisse. « Plus tard, après l’explosion, j’aurais juré avoir vu quelque chose voler au-dessus.

« Voler ? » demanda Morris.

« Je sais, ça paraît fou. Au début, j’ai pensé qu’il s’agissait d’un jeu de lumière sous la pluie. Ais j’aurais juré avoir vu quelque chose avec des ailes ».

« Quelque chose comme un oiseau ? »

« Un putain de gros oiseau, peut-être », dit Lisse. « Mais non, la forme était différente. Ses ailes ne battaient pas comme celles d’un oiseau. C’était plus comme s’il planait. C’était presque comme… nah ».

« Allez, crache », dit Burns.

« Eh bien, c’était presque comme une personne avec une grande paire d’ailes sur son dos ».

« Une personne ? » demanda Burns. « Des ailes dans son dos ? »

« J’ai eu l’impression durant seconde de voir quelque chose », dit Lisse. « La bataille nous a distraits. D’ailleurs, je t’ai dit que je n’avais rien vu en réalité ».

« Ha ! » rit Burns. « Ta mortelle égratignure t’as fait voir des anges ! »

« Attention à ce que tu dis, Burns ! »

« J’ai toujours pensé que ce serait le lieutenant qui finirait pas avoir des visions divines ».

« Je te préviens… »

« Je vous crois », prononça Dawson.

« Ne lui fais pas plaisir, gamin », dit Burns. « Il a fait courir Lucille sur son cuir chevelu un peu trop souvent, il s’est entaillé le cerveau ».

« Ne parle pas de Lucille », prévint Lisse.

« Je dis juste que j’ai cru voir quelque chose, moi aussi », dit Dawson. « Quelque chose qui volait dans la pluie alors que le warjack s’enfuyait. Ça aurait pu être… vous savez… en forme d’ange ».

« C’est tout ce que je dis », déclara Lisse. « Quelque chose avec des ailes. Ce genre de forme ! »

« En forme d’ange », se moqua Burns. « Je vais vous laisser à votre réunion de prière les filles avant que vous ne commenciez à vous tenir la main et chanter des hymnes.

« Après le départ de Burns, Dawson regarder Lisse et voulu poser une question ;

« Je ne veux même pas l’entendre », reprit Lisse. Le grand homme quitta le refuge.

Quelques heures plus tard, Dawson retourna au camp après avoir fait son tour de garde. Le clapotis constant de la pluie sur son capuchon avait menacé de l’endormir, mais il était resté attentif à tout signe de lueur cryxienne verte ou de l’étrange rayonnement bleu-blanc qu’il avait vu sur le warjack chromé.

Une fois que les mékaniciens eurent fait tout ce qu’ils pouvaient pour Gully et Foyle, les hommes se relayèrent sous l’abri pour manger leurs repas de haricots blancs et de bacon. Peu après que

Dawson les ait rejoints, le Lieutenant Lister entra péniblement dans la tente, se penchant sur son bol pour le protéger de l’averse.

Dawson observa Lister ôter de sa bouche son éternel cigare et le ranger dans une pochette de sa ceinture. Les mèches grises de la barbe de l’homme scintillaient à la lumière des lanternes de travail. Contrairement au cuir chevelu soigné de Lisse, la calvitie de Lister semblait entièrement naturelle. Là où les cheveux avaient autrefois bordé son cuir chevelu, il n’avait plus que deux tatouages noirs de chien infernaux à l’arrière de son crâne.

Il mangeait avec une précision mékanique : la cuillère dans la bouche, six mastications, avaler, recommencer. À chaque bouchée, ses épais sourcils formaient un profond sillon sur son front, comme s’il se concentrait sur la bataille menée dans son bol.

Les hommes baissèrent légèrement le ton, mais ignorèrent la présence du lieutenant. Ils se demandaient quel cordonnier de Tarna fabriquait les meilleures bottes imperméables, si le Roi Baird ou le Roi Leto avait l’équipe de cuisine la plus talentueuse, et si la célèbre maîtresse Malvina était naturellement rousse ou si elle avait acheté ses cheveux à un alchimiste. Ce dernier différend inspira une série de vantardise et de dénégations sans enthousiasme jusqu’à ce que Burns vienne trancher le litige par une anecdote concise qui fit rougir même quelques vétérans.

Dawson attendit que Lister ait raclé son bol avant de s’éclaircir la gorge. « Excusez-moi, lieutenant. Je me demandais… » Il pointa l’arrière du crâne de Lister. Lorsque l’homme leva un sinistrement un sourcil, Dawson se racla la gorge à nouveau. « Je veux dire, j’ai entendu dire que vous étiez présent lorsque le Capitaine McHorne avait remporté la charte de la compagnie ».

Listers se retourna pour fixer durement les autres hommes présents. « Qui a raconté des histoires ? »

Craig et Bowie partirent sans un mot. Burns croisa les bras alors qu’il s’appuyait contre le genou de Gully, souriant comme un homme s’attendant à profiter d’un divertissement. Lisse et Harrow émergèrent de la pluie, le second portant deux bols tandis que le premier s’asseyait sur un tabouret de mékanicien et mettait de côté sa béquille. En acceptant son bol, Lisse leva les yeux, haussant les sourcils devant tous les visages muets. « Qu’est-ce qui se passe ? »

Burns haussa les épaules et tenta sans enthousiasme d’effacer le sourire sur son visage.

« D’accord », déclara Lister. Il poussa son bol vide vers Dawson, et pointa du doigt Burns. « Donne-moi ça ».

Burns lui lança un autre des tabourets de mékanicien. Lister cala son cul assez puissamment dessus que pour enfoncer les pieds de cinq centimètres dans le sol. Il sortit son cigare de sa proche et le pointa en direction de Dawson.

« On parle beaucoup de cette partie. Chaque fois qu’une petite commère en parle, elle devient de plus en plus folle. Certaines des versions que j’ai entendues, eh bien, elles ne méritent pas d’être répétées. La chose qu’elles ont toutes en commun, c’est que le type que le type qui raconte l’histoire n’était pas présent – à moins que ce ne soit moi ».

Le Sergent Crawley n’était-il pas là aussi ? »

« Qui allez-vous croire, moi ou lui ? » Il enfonça son cigare dans le coin de sa bouche.

« Vous, monsieur ».

« Vous avez sacrément raison, moi. Maintenant, ouvrez grand vos oreilles, car si j’entends encore un récit sur la façon dont Sam à séduit ce dilettante khadoréen ou lui a fait les poches après l’avoir saoulé au vin ambré, je m’occupe du ménestrel responsable ».

« C’était en 603, sur le Griffon Doré, un casino flottant naviguant sur le Fleuve Rohannor de Merin àBerck. Les festivités comprenaient un tournoi de cartes sur invitation, et c’est ainsi que nous avons été impliqués ».

« Vous et le Capitaine Sam ? » demanda Dawson.

« Et Crawley. Sam et lui se connaissent depuis le Marché de la Rouille à Merin. Ils s’étaient engagés ensemble plusieurs fois pour d’autres compagnies, uniquement en tant que mékno. C’est comme ça que j’ai connu Flippant, et il m’a présenté Sam. Quoi qu’il en soit, c’est Sam qui avait été invitée au tournoi. Elle n’aimait pas l’idée d’y aller seule, alors elle nous avait invité pour veiller sur elle.

Dawson acquiesça. L’éclair d’un large sourire attira son regard. Il se retourna juste à temps pour voir Lisse recouvrir son expression d’une autre cuillerée de haricots.

« Nous voila donc, Sam la joueuse, moi les muscles et Crawley notre observateur ».

« Observateur ? »

« Celui qui garde un œil sur les spectateurs. Tu ne connais rie au jeu sérieux ? »

« Pas vraiment, monsieur. Non ».

« Cela explique pour quoi il s’est engagé dans ce groupe », déclara Burns. « Il ne sait reconnaître un gros coup quand il en voit un ».

« Ferme-la, Burns ». Lister pointa Dawson du doigt. « C’est une chose de garder un œil sur les autres joueurs. La plupart des bons joueurs peuvent le faire sans l’aide d’un observateur. Mais dans les grandes salles de jeu, et sur les bateaux fluviaux de luxe comme celui-ci, tu dois également garder un œil sur le public. Certains joueurs ont des partenaires dans la foule, qui peuvent voir les mains des autres joueurs et donner avertir leur joueur ».

« C’est pourquoi on ne voit jamais Sam ramasser ses cartes », reprit Lisse. « Elle ne qu’incliner les coins pour jeter un coup d’oeil ».

« C’est exact. Même ainsi, c’est suffisant pour qu’un observateur aux yeux perçants récupère ta main ».

« Vous n’avez pas dit que Crawley était votre observateur ? »

« Oui, mais seulement pour chercher d’autres observateurs. Il n’était pas là pour avertir Sam ».

Bruns ricana : « Si vous le dites, lieutenant ».

« Je commence à penser que les latrines n’ont pas été creusées assez profondément aujourd’hui ».

« Tu sais, peut-être que je vais me taire et écouter un peu ».

« Bonne idée. Maintenant, où en étais-je ? »

« Crawley en train de faire un repérage », dit Dawson.

« Correct. Crawley était sur le balcon, en face de Sam. Je suis derrière elle, prêt à attraper n’importe quel observateur. Sam fait comme si elle ne connaissait aucun d’entre nous, ce qui est la façon de faire de tous. Mais tout le monde sait que la moitié des gens qui regardent sont là avec les joueurs. Ce sont surtout des gardes du corps, des maîtresses, des amants, des pickpockets, des joueurs fauchés espionnant la concurrence, de riches aristocrates cherchant un joueur à soutenir, toutes sortes de choses.

« Le premier jour, les joueurs sont divisés en deux. Cette nuit-là, une première moitié est éliminée. Fippant garde un œil sur le public. Il désigne quelques observateurs, mais avant que je n’aie à intervenir, les gardes du bateau sont déjà sur eux. La sécurité est renforcée. Je pense que c’est bon signe ».

« Le deuxième soir, le tournoi se résume à une seule table. Sam joue un jeu traditionnel. Certains des autres joueurs la testent, essayant de lui faire perdre son sang-froid. Quand ils voient qu’elle ne sera pas dupe, ils ajustent leurs propres jeux. Très vite, tout le monde devient vraiment ennuyeux avec ses paris. Tout le monde sauf un gars ».

« Dorenski », déclara Dawson.

« Ce n’était pas le nom qu’il utilisait, mais oui, c’est lui. L’arrière-arrière-petit-neveu de Grigor Dorenski, ancien kapitane de la Garde des Glaces.

Dawson tourna la tête pour cracher, mais il s’arrêta quand il vit que personne d’autre ne faisait de même. Il déglutit. Il remarqua également que les hommes qui s’étaient éclipsés auparavant se tenaient maintenant juste la lumière de la lampe, avec une demi-douzaine d’autres.

Il vit que Sam se tenait parmi les spectateurs, en retrait, comme pour éviter d’être repérée. Elle écoutait avec les autres.

« Nous ne crachons pas sur la Garde des Glaces », dit Lister. « C’est Telyev Zerkova de l’armée khadoréenne qui a trahi les Cerbères.

Aussitôt, tous les hommes présents dans la tente tournèrent la tête et crachèrent, à l’exception de Harrow. Dawson regarda autour de lui, mais personne d’autre ne donna l’impression d’avoir remarqué inaction.

« Zerkova, qui a retourné la Compagnie Cerbère contre le Khador pendant la Guerre Ordique. C’est lui qui avait engagé les Cerbères pour prendre Porte du Sanglier, ne s’attendant pas à ce qu’ils réussissent. Lorsque le commandant de la compagnie, Grigor Dorenski a pris le site en une unique action, il a chassé la garnison ordique vers le sud, où elle s’est réfugiée à Midfast, qui était attaquée par la propre armée de Zerkova. Ces renforts inattendus ont suffisamment renforcé la ville pour en chasser l’armée de Zerkova.

« Plutôt que d’admettre qu’il était lui-même à l’origine de son embarrassante défaite, Zerkova a refusé d’honorer son contrat avec les Cerbères. Après cela, Dorenski a révisé la charte de la compagnie avec son propre sang. Même s’ils étaient le dernier employeur de Caen, il n’accepterait pas un seul kuppek rouge. Nous faisons de même aujourd’hui, honorant ainsi la décision de Dorenski. Tu le sais, n’est-ce pas Dawson ? »

« Oui, monsieur », répondit Dawson. « Mais cela semble bien plus vivant qu’en vous le raconter ».

Burns toussa, mais tout le monde l’entendit distinctement dire « Lèche-cul ! »

« Hrumph ! » Lister mâchonna son cigare tandis que ses yeux étudiaient le visage de Dawson. « Bien sûr, c’est plus vivant quand je le raconte. Je suis un Cerbère depuis plus longtemps que n’importe qui, sauf Sam et Flippant ».

« Vous n’allez pas nous dire que vous étiez présent au siège de Porte du Sanglier, n’est-ce pas, lieutenant ? » demanda Burns.

« Tu es prêt à aller chercher cette pelle ? »

« Non, monsieur ».

Bon, où en étais-je ? »

« La table finale », dit Dawson. « L’arrière-arrière-petit-neveu de Dorenski ».

« C’est vrai. Il ne se faisait pas appeler Dorenski, mais ce n’était pas inhabituel. La plupart des joueurs nobles voyageaient sous une fausse identité pour épargner à leurs familles la disgrâce lorsqu’ils perdaient et la notoriété lorsqu’ils gagnaient. Bien entendu, il n’est pas difficile de découvrir la véritable identité d’un joueur. Je savais qui était assis en face de Sam, et elle aussi ».

« Savait-elle qu’il avait parié la charte de la Compagnie Cerbère ».

« Qui de nous deux raconte cette histoire ? Toi ou moi ? »

« Vous, lieutenant ».

« Je commence à penser que Burns a eu une mauvaise influence sur toi ».

« Rien de plus vrai », déclara Lisse.

Burns leva le poing pour le frapper au bras, mais Lisse l’arrêta d’un doigt menaçant.

« Ah, je vais le garder pour quand ta jambe sera guérie ».

« Je vais te battre jusqu’à ce que tu perdes connaissances avec cette mauvaise jambe. Tout comme ce warjack et son bras ».

« Les garçons », avertit Lister.

« Monsieur », répondirent à l’unisson Burns et Lisse.

Lister retira le cigare de sa bouche et pointa à nouveau Dawson du doigt. « Oui, Sam savait que Dorenski possédait la charte des Cerbères. Tout le monde le savait. C’était l’unique chose pour laquelle il était connu. De temps à autre, quelqu’un lui offrait deux kuppeks en échange ».

« Pourquoi ? » demanda Dawson.

« Tu vois, la Compagnie des Cerbères était inactive depuis si longtemps que personne ne pensait qu’elle valait deux pièces de cuivre. Peu importe que Dorenski ait dit qu’il ne le vendrait pas pour cent milles koltinas. Pour lui, la charte de la Compagnie était une question d’honneur familial. Pour les autres, c’était devenu une mauvaise blague ».

« La seule qui ne le pensait pas était Sam ». Lister tira longuement sur son cigare, comme s’il était allumé et qu’il aspirait la fumée profondément dans ses poumons. Lorsqu’il relâcha son souffle, ses yeux se fixèrent sur un point situé bien au-delà des hommes ou des warjacks se tenant devant lui. Puis, sans que personne ne le lui demande, il reprit son récit.

« Finalement, le jeu se réduisit à trois joueurs, Sam, Dorenski et un petit rynien aux yeux de serpent, pas plus grand que Flippant », Lister détendit ses paupières fin d’imiter le regard fendu d’un reptile. « Sam jouait toujours avec prudence. Dorenski et le rynien lancèrent tour à tour de grosses mises. Au point où ils avaient multiplié par cinq ou dix leurs mises d’ouvertures.

« Ils se bluffaient l’un l’autre aussi. Chacun des hommes n’étant qu’à moitié capable de lire l’autre. Chaque fois que l’un d’entre eux était sur le point de perdre, l’autre poussait une main trop loin. De temps en temps, Sam grignotait l’un ou l’autre, mais aucun d’eux ne se reculait quand elle avait une bonne main ».

« Je devenais méfiant, mais chaque fois que je regardais Flippant, il secouait la tête. S’il y avait quelque chose de bizarre, je ne le repérais pas plus. Mais ensuite, cela n’eu plus d’importance. Dorenski fit tapis et le rynien suivi sa mise. Dorenski perdit ».

« Mais comment Sam a-t-elle pu gagner la charte s’il était hors jeu ? » demanda Dawson.

Burns roula des yeux vers le toit de toile. Le ruissellement devenait plus bruyant que la pluie battante.

« La maison déclara un entracte d’une heure. Je suis allé au bar pour parler à Sam. Flippant avait eu la même idée, mais elle n’est jamais venue. Elle était restée à la table et discutait avec Dorenski. Au moment où nous revenions, ils avaient conclu un accord.

Sam partagea ses jetons pour qu’il reste dans la partie Le rynien n’apprécia pas du tout, mais la maison soutient l’arrangement ; rien dans leurs règles ne s’y opposait ? Il pouvait perdre le reste de ses jetons. Inutile de dire qu’il n’aimait pas plus cette idée. Il resta. Mais à partir de ce moment-là, le jeu changea du tout au tout ».

« Je m’attendais à ce que Dorenski et Sam oeuvrent ensemble, mais il ne sembla pas que ce soit ce qu’ils avaient en tête. Quand Dorenski avaient une main forte, il s’en prenait à Sam avec autant d’ardeur qu’au rynien. La différence c’est que le rynien ne l’appris que trop tard que Dorenski avait changé son jeu. Avant même qu’il ne s’en rende compte, Dorenski l’avait éliminé ».

« C’est alors que Dorenski a sorti la charte et l’a posée à côté de ses jetons. Ce n’est qu’à ce moment-là que nous avons compris le marché que Sam avait passé avec lui. Elle avait accepté de le soutenir à une condition : si au final, elle le battait, elle gagnerait la charte ainsi que son argent ».

« Mais s’il ne voulait pas la vendre à n’importe quel prix, pourquoi la jouait-il ? »

Lister haussa les épaules. « C’est là que beaucoup de gens se trompent quand ils racontent l’histoire. Il se peut que le fait de jouer avec l’honneur de sa famille lui ait procuré des sensations fortes. Certains pensent qu’il a vu en Sam quelque chose qui l’a poussé à perdre pour elle. D’autres disent qu’il n’a jamais pensé qu’il perdrait. Peut-être qu’il avait juste trop bu de brandy. La vérité, c’est que seul Dorenski le sait ».

Dawson acquiesça, réalisant que sa bouche était ouverte, il la referma. « Que s’est-il passé ensuite ? »

« Vous savez ce qu’il s’est passé. Sam l’a battu ».

Dawson le fixa, une expression d’attente sur le visage, mais Lister haussa les épaule, et mâcha son cigare.

« Mais n’y a-t-il pas plus dans l’histoire ? »

« Bien sûr, vous connaissez déjà cette partie. Sam a investi l’argent qu’elle avait gagné dans des warjacks, des gros flingues, des filets, tout l’équipement de qualité que vous, les Cerbères, apprécier tenir à travers des territoires abandonnés des dieux telle l’Octelande. Deux ans plus tard, les Cerbères étaient redevenus une compagnie de mercenaires respectée, même si, à vous voir, je comprends que certains puissent penser que nos standards se sont dégradés ».

« Mais vous ne lui avez pas demandé pourquoi elle a joué avec Dorenski au lieu de simplement le défier au sujet du contrat.

Lister retira son cigare, inspecta la partie humide et le remis en bouche. « En fait, je l’ai fait ».

« Qu’a-t-elle dit ? »

« Elle a dit que Dorenski avait besoin d’une raison pour mettre ce contrat sur la table, alors elle lui en a donné une ».

Lister se leva et s’étira le dos en regardant son auditoire. Près de la moitié de la compagnie s’était rassemblée autour de la tente. « Je sais que le Sergent doit être à la recherche de certains d’entre vous. Vous feriez mieux de vous présenter avant que je ne l’envoie vers vous. Les autres, allez-vous vous reposer. Maintenant que la pluie a disparu, nous allons partir ».

Le rassemblement se désagrégea tandis que Lister s’éloignait. Harrow tendit sa béquille à Lisse, et les deux grands hommes sortirent ensemble.

Dawson pensa être le dernier à partir, mais en sortant de la tente, il entendit la voix du capitaine. « Beau travail, Dawson ».

« Capitaine ? » Ses sourcils se rejoignirent en une question. « Vous avez demandé à Lister de raconter l’une de ses vieilles histoires préférées. Il n’y a rien de tel pour encourager les Cerbères après une journée noire ».

« Je ne voulais pas être indiscret », répondit-il.

« Quoi, l’histoire du jeu de cartes ? »

« C’est juste avant de quitter Tarna, les Caporaux Burns et Harrow m’ont dit… je veux dire, c’est plutôt comme s’ils avaient suggéré…c’est-à-dire qu’ils ont laissé entendre que je ne devrais peut-être pas être si curieux ».

Sam sourit : « Mais vous avez été assez curieux pour poser des questions sur la partie ».

« Eh bien, j’avais entendu une version différente, et quelqu’un a dit que j’aimerais peut-être entendre celle du lieutenant ».

« Maintenant que vous l’avez entendue, laquelle pensez-vous être la vraie ? »

Dawson hésita, réfléchit. Il haussa les épaules. « Je pense qu’elles sont toutes les deux vraies, dans la mesure du possible ».

« Dans la mesure du possible ? »

« Tout le monde voit les choses sous un angle différent. Pendant un petit moment, à l’entrepôt, Burns et moi avons vu l’arrière de ce nouveau warjack. Et nous avons vu la liche de fer avant tout le monde. Vous avez vu ce qu’il y avait sur le toit, mais seulement à travers la vitre. Et puis, il y a eu l’incendie, la fumée, et puis la pluie. Tout le monde a vu le combat sous un angle différent, certain d’entre nous mieux que d’autres, certains d’entre nous moins bien. Et il y a beaucoup de choses que personne n’a vues ».

Le sourire de Sam s’effaça. Elle regarda attentivement le visage de Dawson, tournant la tête comme elle essayait de le voir sous un nouvel angle. « Y a-t-il quelque chose que vous voulez me demander à propos de la partie, Dawson ?

« Avez-vous eu peur ? » demanda-t-il aussitôt. « Quoi que vous ayez conclu avec Dorenski, est-ce que cela vous a faire grande de perdre ? »

Sam cligna des yeux, apparemment surprise. Son sourire revint peu à peu et elle dit : « Vous savez quoi, Dawson, j’ai eu la peur de ma vie. Vous voulez savoir autre chose ? »

« Oui’s »

« C’est comme ça que j’ai su que j’allais gagner.

* * *

elric:

Le sifflet du Sergent Crawley réveilla le camp bien avant l’aube. « On bouge, les Cerbères ! Nous avons une piste brûlante ».

« Toute la compagnie se mit en branle. Il n’y eut pas de grognements ni de bavardages comme d’habitudes lorsqu’ils levaient le camp et se rassemblèrent au sein des unités leurs ayant été assignées. Dans chaque unité, deux hommes portaient une lanterne au lieu de la ramener au chariot d’avitaillement. Harrow attendait déjà pour ouvrir la voie vers la piste qu’il avait découvert.

Les traces de l’étrange warjack suivaient les empreintes de griffes du Massacreur le long d’un chemin de broussailles piétinées et d’arbres marqués. Un peu plus d’un kilomètre dans le sud de l’Octelande, les Cerbères rencontrèrent les conséquences de cette poursuite.

Personne n’eut besoin d’une fusée éclairante de Harrow pour voir la lumière cryxienne fumante s’échappant du corps en ruine du helljack. Sa cheminée avait depuis longtemps cessé de produire de la fumée, et aucune vapeur ne s’élèverait du moteur à la nécrotite froid. Deux lames-scies luisantes dépassait du châssis arrière de l’imposant Massacreur, mais Crawley attira leur attention sur une ligne sinueuse brûlée à travers l’épais fer noir de l’avant du helljack.

« Qu’est-ce qui pourrait faire ce genre de dégâts sur Caen ? »

Sam fronça les sourcils. « J’ai déjà vu des éclairs brûler à ce point, mais pas de façon aussi régulière ».

« En voici une autre », déclara Burns. Il montra une profonde entaille juste sous l’une des articulations de l’épaule du Massacreur. « On dirait un impact, mais il y a la même brûlure profonde ».

Sam laissa tomber une main sur la poignée de son épée. « Si j’étais joueuse, je parierais que ce qui a frappé le Massacreur à cet endroit a donné un sacré choc à son cortex. Il ne semble pas que l’explosion provienne du warjack que nous avons combattu à l’entrepôt.

« Non », dit Crawley. « Cela doit venir de son marshal ».

« Ou du warcaster », rétorqua Sam. « Soyons réalistes, d’après le peu que nous avons vu, il s’agit de quelque chose qui peut voler. Vous ne pouvez-pas dire qu’il n’y a pas de magie là-dedans ».

Personne ne le contredit.

« Ce qui m’intéresse, c’est ce que nous ne voyons pas ici », reprit Lister.

Le bras », acquiesça Sam. « L’autre warjack a poursuivi celui-ci pour récupérer son bras »

Burns siffla. « C’est un sacré warjack, un dur à cuire ».

Crawley désigna Harrow, qui faisait signe depuis un endroit situé cinquante mètres plus au sud. « Il a trouvé quelque chose d’autre ».

La Liche surveillante gisait dans un enchevêtrement, brûlée et abattue par la même arme qui avait aidé à abattre le Massacreur. Deux de ses trois crânes avaient été brisés en éclats d’os. Le troisième regardait fixement le ciel gris

McBride revint en courant après sa rotation d’éclaireur : « J’ai trouvé le warjack. Un quart de kilomètre. Et il n’est pas seul ».

« Avez-vous vu son warcaster ? »

McBride secoua la tête. « Non, mais il se tient dans une sorte de structure métallique éclairée. Il y a un plus petit ‘jack qui a l’air de réparer le grand ».

« Le réparer ? » dit Crawley.

« C’est ce qu’il semble, oui, sergent ».

Sam ordonna que le plein de charbon et d’eau soient fait aux grands gaillards. « Nous laisserons le chariot d’avitaillement ici », dit-elle. « Crawley, demande aux deux autres chariots de nous suivre, en restant à une centaine de verges derrières. Je ne veux pas que notre cible les voie avant que nous soyons prêts à leur faire coucou, mais je veux qu’ils entrent en action dès que nous serons au contact ».

« Oui’s » Il désigna le siège du conducteur du chariot de Gully. « Lisse, bienvenue dans l’encadrement. Ne prends pas tes aises ».

Le grand homme se glissa entre les deux conducteurs, souriant en les serrant entre ses bras. « Ça va être amusant ».

« Éteignez les lanternes », prononça Sam. « Laissez-les dans le chariot ».

À la lumière diffuse de la lune, Sam divisa les Cerbères restants en trois unités. La première comprenait Burns, Dawson, Morris et Fraser. Ils la suivirent tandis qu’elle dirigeait Gully et Foyle dans la direction indiquée par McBride. Lister et Crawley prirent les autres.

« Je veux que vous serriez les flancs, à gaucher et à droite », dit-elle tout à tour en désignant Lister et Crawley. « La cible principale est celle que nous avons déjà vue, mais si le petit tente de s’échapper, arrêtez-le. J’envoie Foyle et Gully plein gaz. Nous savons qu’il ne sert à rien d’essayer de la faire tomber, alors je vais essayer de l’immobiliser. Prenons exemple sur les cryxiens, et éliminons ses bras ».

« Et si le contrôleur se montre ? »

Sam hocha la tête. « Dans ce cas, nous changeons d’objectif. Si nous agissons rapidement, nous aurons le warjack inopérant avant de devoir nous soucier des renforts. D’autres questions ? »

Il n’en eut pas.

« D’accord, Cerbères. Récupérons notre prime et sortons de ce maudit marais ».

Sam ouvrit la marche au milieu. À ses côtés, Gully et Foule aplatissaient les broussailles. Dans le sud, le tonnerre lointain faisait écho à leurs lourds pas. Sam freina Foyle pour permettre aux  warjacks d’avancer au même rythme que les autres, juste assez vite pour que les courber les fumées noires s’échappant derrière eux.

Alors que les Cerbères avançaient, un éclair en provenance du sud dessina la silhouette de la colline. Un autre coup de tonnerre retentit, bien plus proche que le précédent. Après avoir cligné des yeux pour éviter l’éblouissement de la foudre, les Cerbères virent ce que McBride avait repéré plus tôt.

La structure se trouvait à une trentaine de verges en contrebas de la crête d’une colline, abritée à l’est, à l’ouest et au sud par des bosquets de frênes et de chênes. La lumière de la structure éclairait les branches et les quelques feuilles restantes des arbres argentés. Deux lueurs mobiles et des rafales d’étincelles occasionnelles ajoutaient un sentiment d’industrie à ce lieu autrement solitaire.

Avec une base ne dépassant pas trois mètres de diamètre, le bâtiment reposait sur une fondation circulaire de ce qui semblait être de l’acier poli. Chaque surface était incrustée d’un métal plus sombre, dont a couleur réelle était masquée par les lumières bleu-blanche. Quatre gracieuses entretoises soutenaient un agencement de poutres bimétalliques qui, à leur tour, soutenaient une étrange coupole à quatre lobes à environs quatre mètres cinquante au-dessus du sol.

Il y avait un autre carré placé à l’intérieur du carré extérieur, décalé de quarante-cinq degrés. Des poutres descendaient des tuyaux de caoutchouc ondulé d’épaisseur variable, de la largeur d’un doigt d’homme à la circonférence de son bras. Les plus gros tuyaux s’ajustaient contre le châssis de gros warjack, le maintenant en place, tandis que les plus petits tubes partant des colonnes de soutien de la structure se connectaient à des ports situés dans l’abdomen du warjack. Les lentilles de verre les plus proches des ports brillaient d’énergie, bourdonnant alors qu’elles semblaient recharger la machine de guerre.

Il ne faisait aucun doute qu’il s’agissait du même warjack que les Cerbères avaient combattu à l’entrepôt d’avitaillement ordique. Les blessures étaient identiques, y compris le bras tranché, maintenant suspendu à des câbles à côté du trou béant de son épaule.

Un autre automate mékanique avança prudemment à travers les colonnes et les tuyaux de ma station et autour du gros warjack. Il se déplaçait sur trois pattes au lieu de quatre, son économie de mouvements ressemblaient plus à un mécanisme qu’à une machine de guerre, chacun de ses membres trouvant soigneusement sa place avant que l’un des autres ne bouge.

Les trois jambes de l’automate convergeaient vers une base en acier. Sous celle-ci pendant l’extrémité inférieure d’une bobine rayonnait d’une énergie blanche-bleue. Sous le socle reposait deux engrenages rotatifs en laiton supportant un cylindre trapu. Insérée dans des plaques de chrome et des lentilles bleues cette section abdominale supportait encore un rotor en laiton. Le tout était surmonté d’une « tête » d’où dépassaient une scie radiale fixe, une petite griffe en acier et le sommet de la bobine de verre formant l’axe de l’automate.

L’automate à trois jambes étendit sa scie pour découper un coin déchiqueté du châssis à l’épaule du warjack lourd. Alors que des étincelles jaillissaient du métal, deux globes de la taille d’un heaume descendit du plafond de la structure.

Elles ressemblaient à de simples sphères chromées flottantes, chacune dotée d’une lentille « oculaire » supérieure et de deux lentilles inférieures et d’une pince attachée par un simple bras à engrenage et piston. Tenant compte d’un ordre invisible, elles saisirent le métal déchiré et le maintinrent fermement pendant que l’automate de réparation cisaillait le métal endommagé.

« McBride n’a remarqué qu’une des petites tout à l’heure », dit Sam. « Descendons-les avant qu’il n’y en ait d’autres ».

Dégainant son épée paralysante, Sam regarda à gauche et à droite. L’obscurité masquait les mouvements de ses unités de flanc, mais elle hocha la tête comme si elle les avait vus – ou comme si elle leur faisait simplement confiance pour être là ou elle les avait dirigés.

« Allez, mes grands gaillards », prononça-t-elle à ses warjacks : « Tout droit au milieu, double cadence ».

Elle courut avec eux. Juste au moment où Foyle approchait sa pleine vitesse, le plus grand automate de réparation sortit de la station de recharge et tourna sa « tête » inhumaine dans leur direction. L’une des sphères flottantes le suivit, serrant sa pince dans un geste nerveux.

« Ils nous ont repérés », déclara Sam. « Chargez! »

Foyle décupla sa vitesse, levant sa lance paralysante haut alors qu’il suivait la pointe de l’épée de Sam en direction de l’automate réparant le warjack. Sam resta plus proche de Gully, qui leva son espadon au-dessus de sa tête et suivit son homologue plus petit.

L’une des sphères flottantes émit un cri d’alerte aigu, et s’agrippa à un pilier proche en simulant la peur humaine. L’autre se mit immédiatement à fuir vers l’est, en émettant des sifflements et des vrombissements d’alarme.

Tenant toujours son épée d’une main, Sam dégaina son long pistolet et visa tout en continuant d’avancer. Elle tira. Des étincelles et du verre brisée jaillirent du serviteur en fuite, faisant taire son alarme et le projetant au sol.

Se fut le seul signal dont l’unité de Crawley avait besoin. Se précipitant hors de la couverture des aulnes, l’unité de Crawley tomba sur le plus grand automate de réparation. Elle vrombit et poussa des cris d’alarme, ressemblant plus à un ‘jack sous l’assaut de soldats professionnels qu’à un orgue pris d’assaut par un enfant curieux. Sa scie fixe s’avança, mais Crawley l’écrasa avec sa pioche, Swire écrasa la bobine saillante alors que l’énergie qui s’en dégageait formait un arc de soudage. Les autres tombèrent sur les jambes de l’automate, brisant les rouages en laiton et écartant les jambes de la base.

Derrière son compagnon abattu, le warjack lourd s’agitait dans son berceau de recharge. À un signal silencieux, les supports cylindriques se retirèrent. Un gémissement de colère du bras-scie s’amplifia tandis qu’il se retournait pour faire face à ses attaquants.

Cette fois, il était trop tard. La lance paralysante de Foyle s’enfonça profondément dans le plastron argenté du warjack. Des éclairs crépitèrent le long de la lance, et le warjack frappé frissonna dans une danse d’électricité. « Gully, brise le bras ! » Sam pointa son épée.

Le grand warjack bondit de tout son poids. Son espadon cisailla les engrenages mécaniques entraînant l’axe de scie dans l’unité d’épaule. Avec un pathétique gémissement de décélération, la fureur montant du lance scie se dissipa.

L’unité de Lister avait déjà intercepté la seconde petite sphère, qui s’était enfuie dans la direction opposée. Avec de féroces mais précis coups, les Cerbères l’abattirent avec leurs pioches. La pointe de la hache de Craig attrapa le « coude » de la sphère et la cloua au sol. Bowie acheva le travail en empalant son châssis sphérique. Avec un pitoyable gémissement, l’automate émit ses dernières protestations.

De retour au berceau de recharge, sur l’ordre de Sam, Foyle retira sa lance et planta à nouveau. Cette fois, la lance creusa un profond sillon dans le châssis chromé du warjack, mais la pointe ne pénétra pas assez profondément pour paralyser la machine. Pourtant, alors que le warjack blessé levait son bras partiellement reconnecté pour frapper, Gully le trancha d’un unique coup.

Même sans bras, le warjack lourd luttait contre les grands gaillards. « Abattez-le ! » leur dit Sam. Ils frappèrent l’ennemi avec leurs boucliers. Sans bras, il n pouvait rien faire de plus que de se tordre et vrombir d’un désespoir impuissant.

« Attendez ! » appela Sam. Lorsque les machines de guerre firent une pause, elle plongea son épée paralysante dans l’abdomen du warjack ennemi. Telle une version plus petite que la lance de Foyle, son épée crépita d’un époustouflant éclair. Le warjack démembré frissonna, ses jambes  s’agitant en involontaire danse. Comme par sympathie, la foudre explosa juste au-dessus de la colline, le tonnerre éclatant en même temps que l’éclair. « Très bien, Cerbères, abattez-le ! »

Les trois unités convergèrent vers la warjack tandis que Sam ordonnait aux grands gaillards : « Dehors ! »

Une qu’ils se furent rapprochés avec leurs pioches, les Cerbères surent instinctivement où frapper, brisant les engrenages exposés et bosselant les groupes motopropulseurs au point de les rendre inutilisables. Ils continuèrent jusqu’à ce que les lentilles bleues du warjack clignotent et que Sam s’écrie : « Ça suffit. Maintenant, tenez-le bien ».

« Tu es sûr, Sam ? » demanda Lister.

« Je sais ce que je fais. Ne bougez pas ».

Tandis que les Cerbères coinçaient les membres restants du warjack, Sam plongea sa lame profondément dans le châssis. Sur son signe de tête, Lister s’approcha et retira le métal à l’aide de sa pioche. Après avoir jeté un coup d’oeil à l’intérieur, Sam poignarda à nouveau, élargissant la blessure. Elle recommença trois fois, jusqu’à ce que Lister écarte le métal pour révéler le cortex bleu brillant.

En quelques coups de lame supplémentaires, Sam coupa les connexions. Les dernières lueurs du warjack s’éteignirent, et ses membres s’affaissèrent dans un vrombissement pitoyable. Elle sortit son trophée.

« Voilà qui devrait donner au Vieux de quoi étudier. Chargez le reste de cette chose sur le chariot, ainsi que les autres ».

Il fallut quelques minutes à Lisse et aux conducteurs pour arriver, tant l’assaut avait été rapide. Une fois le chariot tourné, Sam ordonna à Gully et Foyle de faire basculer le corps du warjack ennemi dans le chariot et de le pousser sur plancher renforcer de fer. L’unité de Lister porta le bras tranché de la machine et le souleva par-dessus le côté du chariot pour qu’il rejoigne le corps.

« Ce n’est pas aussi lourd que ça en a l’air », remarqua Lister.

« Il est quand même sacrément lourd, si tu veux mon avis », grogna Burns. « Monsieur ! »

Une fois le gros du travail effectué, Lister et Burns retournèrent chercher les sphères abattues. Sam fit signe à Harrow et, ensemble, ils grimpèrent la colline pour jeter un coup d’oeil au-delà. Quelque part, la ville cygnaréenne de Calbeck se trouvait de l’autre côté du fleuve.

Les restes des Cerbères sécurisa le warjack lourd pour le transport et ajouta les plus petits automates au chargement. Au total, la cargaison était plus lourde que ce que le chariot avait l’habitude de transporter, mais Crawley approuva le travail à contrecœur.

Alors qu’ils achevaient, Lister gravit la colline pour rejoindre Sam et Harrow, mais ils revenaient déjà en courant. « On bouge ! » dit Sam. « On bouge vite ! »

Lister rejoignit Sam et Harrow. « Qu’est-ce qu’il y a ? »

« Warcaster », répondit Sam. « Cette fois, elle a amené des amis.

Les conducteurs des chariots claquèrent les rênes. Lisse se laissa tomber dans le chariot, se retournant pour s’asseoir le dos contre le siège. Il tenait son gros flingue prêt à l’emploi tandis que le reste des chiens courait à côté du chariot qui accélérait.

Ils tournaient la tête à chaque nouvel rayon de l’aube naissante, apercevant parfois leurs poursuivants. Depuis le chariot, Lisse pointa le doigt vers le haut et prononça : « Que Morrow nous préserve ! »

Sept silhouettes ailées s’élevaient au-dessus de la crête de la colline et descendaient vers les Cerbères se retirant.

Celles qui se trouvaient sur les deux flancs semblaient parfaitement identiques : dans l’éclat furtif de l’orage, leurs corps brillaient de chrome et de laiton. Leurs silhouettes toutes en courbes étaient indéniablement féminines, mais elles mesuraient plus de deux mètres de haut et étaient entièrement métalliques, de leurs visages immobiles aux bords acérés de leurs ailes en laiton. Chacune tenait dans une main de tranchantes lames d’acier. Dans l’autre, un lourd gantelet laissait entrevoir un pouvoir inédit.

Leur chef différait dans chaque détail. Ses ailes étaient trois fois plus larges que celles de ses subordonnées, chaque plume étant reliée à son propre système motorisé. Les élégantes lignes de son armure étaient à la fois plus épurées et plus élaborées que les autres, des ailes impériales de sa coiffe jusqu’aux hauts talons de ses bottes étincelantes. Elle tenait un massif bâton, lui-même doté d’un mécanisme se hérissant de la même énergie bleu-blanche que celles que les Cerbères avaient vue à la station de recharge. Pourtant, malgré tous ces traits distinctifs, ce qui distinguait la cheffe de ses serviteurs était l’expressif visage humain sous le casque, la chair humaine exposée au niveau de ses épaules et l’expression de colère humaine dans ses yeux.

« C’était un ange ! » cria Dawson à Lisse.

« Nous avons ce pour quoi nous sommes venus », hurla Sam. « Il est temps de partir. Allez, allez, allez ! »

Les chevaux furent rattrapés par la panique des humains, hennissant alors qu’ils tiraient la lourde cargaison sur le terrain accidenté. Chaque fois que les roues heurtaient une ornière, Lisse rebondissait d’un côté à l’autre. Le warjack sans bras commença à glisser vers lui. Avec sa bonne jambe, il se poussa dans le coin chariot et se prépara au pire.

Un autre éclair illumina les cieux. Plutôt qu’un coup de tonnerre, un cri lancinant accompagna l’éclat blanc-bleu. Le rayon jaillit du bâton de la warcaster. Là où il toucha l’imposant châssis de Gully, le rayon laissa une ligne chauffée à blanc. Des flammes s’élevèrent là où l’intense chaleur touchait l’huile ou des débris sur la peau métallique du warjack. La blessure passa du blanc au rouge tandis que Gully poursuivait sa route, se laissant distancer par Foyle qui s’approchait du chariot pour lui disputer la tête.

Un éclair bleu-blanc frappa le sol à côté du chariot, recouvrant ses passagers de gazon mouillé et de détritus tout en faisant tomber Burns et McBride au sol. Burns fut le premier à se relever. Il saisit McBride par la ceinture et le remis sur ses pieds. « Cesse de lambiner ! »

Une autre explosion se produisit. Dawson se retourna pour en voir la source. Les éclairs d’énergie jaillissaient des gantelets des anges mécaniques, l’un après l’autre. Ils tombèrent tout autour des Cerbères battant en retraite, les renversant et projetant le chariot d’un côté à l’autre.

Les autres répondirent à l’appel de Sam alors qu’ils s’approchaient de l’endroit où ils avaient laissé les deux autres chariots. Dans la confusion de la tempête, de la pénombre de l’aube et du chaos de la retraite soudaine, les conducteurs et les mékaniciens s’efforçaient de faire demi-tour avant que leurs soldats n’arrivent.

Dawson regarda sur le côté pour voir Morris courir à côté de lui, puis regarda en arrière juste au moment où un autre ange lançait un éclair d’énergie. La terre explosa entre eux, les couvrant tous les deux de fragments enflammés. Ils se regardèrent, incrédules et soulagés d’avoir survécu. Ils continuèrent à courir, frappant les débris brûlant sur leur peau.

Un autre rayon provenant du bâton de la warcaster attrapa Gully en fuite. Cette fois, le faisceau déchira son blindage, faisant exploser ses réservoirs en laiton et étain dans l’avarie, ainsi qu’une longue langue de flamme et de fumée noire. La machine de guerre réussit encore quelque pas avant de s’écraser dans un tas de vapeur, de feu et de fumée.

L’épée de l’ange trancha Morris en deux, des côtes à l’omoplate. Du sang chaud aspergea Dawson au visage tandis que Morris luttait pour respirer, son poumon ouvert béant à travers sa cage thoracique scindée. Il prononça un mot, mais n’en sortit que du sang. Dawson n’eut pas besoin de l’entendre. Il le reconnut à la forme des lèvres de Morris : « Isla ».

« Dawson, sors de là ! » hurla Burns.

Un autre trio d’anges descendait. Elles abattirent leurs épées à l’unisson. Telles les lames d’une charrue, ils se penchèrent pour tracer des sillons.

Une fois de plus, Dawson se jeta à terre. Il se releva plus léger et se retourna un instant, telle un chien courant après sa queue, pour voir ce qu’on lui avait arraché. Ce n’était que son paquetage.

Au-dessus de lui, un autre projectile explosa. Il leva les yeux pour voir le panache crémeux du tir de Burns se détachant des ailes d’un autre ange mécanique. Que ce soit par instinct ou par dessein, leurs ailes se repliaient pour les protéger de chaque projectile approchant.

« Ce n’est pas bon », cria Dawson, « les ailes sont des boucliers ! » Il essaya de courir, se rendit compte qu’il s’était égaré et se retourna, cherchant un signe de sa compagnie. Il se concentra sur le bruit sourd du chariot et courut vers lui.

« Te voilà ! » Burns l’attrapa par le bras et l’entraîna. « Je pensais qu’ils t’avaient eu ».

« Ils ont tué Morris », cria Dawson. « Les anges emploient leurs ailes comme boucliers ».

« OK. Dis-le à Sam. Cours ! »

Ils n’eurent pas beaucoup à courir. Sam était occupé à transformer en avantage l’encombrement des trois chariots qui convergeaient vers le même espace. « Formé un cercle ! Foyle, va à l’arrière. Écrase-les s’ils s’approchent ».

Lister et Crawley répétèrent ses ordres, chacun à sa manière. Tandis que les anges mécaniques et leur maîtresse tournaient au-dessus, les hommes se recroquevillèrent derrière un abri.

« Capitaine », dit Dawson, à moitié essoufflé. « Les anges mécaniques, ils utilisent leurs ailes pour se protéger des tirs ».

Sam secoua la tête, comme si elle ne pouvait pas croire la nouvelle.

« Si c’est vrai, Sam », dit Lister, arrivant par-derrière, « alors notre seul espoir pourrait être de couper et de courir ».

Ils se jetèrent au sol alors que les anges mécaniques déclenchaient une autre volée d’explosions d’énergie. Quelques secondes plus tard, les pilotes plongèrent vers les Cerbères, tranchant avec leurs lames acérées. Un trio d’anges balaya Foyle, qui porta un coup avec sa lance paralysante qui semblait lente comparée à la légèreté des anges. Un autre trio tomba sur deux conducteurs, dont les cadavres éviscérés chutèrent au sol.

Dawson se releva. « Lieutenant, nous avons déjà tant perdu. Gully n’est plus. Morris est mort. Nous ne pouvons pas simplement nous enfuir maintenant. Ils vont nous abattre !

« Ressaisis-toi, soldat ».

« Et le chef ? » demanda Sam. « Est-ce que ses ailes la protègent aussi ? »

« Je ne- » débuta Dawson. « Je parie que non. Ses ailes sont beaucoup plus grandes que les autres. Elle vole différemment aussi. Je ne vois pas comment elle pourrait les déplacer à temps ».

Sam réfléchit à son opinion.

« En plus », ajouta Dawson. « Elle n’est pas comme les autres. Sous cette armure, elle est de chair et de sang. Si nous la blessons, elle pourrait se retirer ».

Sam fit un calcul silencieux et hocha la tête. « D’accord, Dawson. Je vais couvrir ce pari ». Avec un coup d’oeil vers le haut, elle baissa la voix. « Faites passer le message à tous les hommes. La prochaine fois qu’ils s’approchent, la première, la première salve est pour tous ces grands anges. Rechargez rapidement. Si nous parvenons à l’attirer, nous pourrons alors concentrer tous les tirs sur leur chef ».

« Lister, Crawley et Dawson se passèrent le mot à voix basse. Les soldats préparèrent leurs gros flingues, tandis que les conducteurs et les mékaniciens dégainèrent les pistolets qu’ils portaient sur eux en cas d’urgence ou de cheval boiteux. « Deuxième salve, tous sur le chef », rappela Dawson à l’un des conducteurs.

Le tonnerre se fit entendre, mais pas en provenance du sud. Cette fois, le grondement venait de l’est, et il fut suivi par éclair.

« Oh, merde ! » s’écria Burns. « Ils nous ont encerclés ».

Sam pencha la tête, écoutant. Levant les yeux pou s’assurer qu’aucun ange n’était prêt à lui tomber dessus, elle saut sur le chariot d’avitaillement, et se tint droite, scrutant l’ouest à la recherche d’un signe de ce qui approchait.

Le bruit du tonnerre se transforma en grondement de sabots de chevaux. Une demi-douzaine d’hommes montés se dirigeaient vers les chariots des Cerbères. Devant eux se trouvaient une bannière cygnaréenne.

« Sam, descends ! » hurla Crawley.

Sans s’arrêter de regarder, Sam se pencha en avant, tombant du chariot et s’écrasant sur le sol. Un trio d’anges mécaniques passa devant l’espace qu’elle venait d’occuper, leurs épées tranchant des morceaux des panneaux du chariot.

Leur chef plongea l’instant d’après, son bâton rayonnant frappant le siège du conducteur avant de se retirer ?

Sam secoua la tête « On dirait qu’elle et moi avons eu la même idée.

« Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? » demanda Crawley.

« Même plan, mais cette fois on sait qu’elle arrive. Tous tirent sur le chef ».

« Comment peux-tu être sûr qu’elle reviendra ? »

« Je vais lui donner une raison ».

Sam remonta sur le chariot, se redressa et braqua son canon à main. Alors que Crawley et Lister lui beuglaient de sauter, elle attendit que les anges descendent. Elle pointa son canon sur le trio, s’abaissant à demi accroupie, stabilisant la crosse de son pistolet avec sa main gauche. Alors qu’elles arrivaient à portée, Sam plia les genoux et bondit en arrière, se tournant pour faire face à la direction opposée.

La warcaster se dirigea directement vers Sam, son bâton débordant déjà d’énergie. Sam tira alors qu’elle retombait à l’abri entre les chariots.

Le grondement des gros flingues assourdit les Cerbères. Les projectiles ricochèrent à quelques pas du warcaster, déviées par une invisible énergie protégeant son corps. Malgré la défense, ses ailes se replièrent sous l’impact, son corps armuré s’écartant de la trajectoire prévue.

À proximité, les anges mécaniques poussèrent des cris métalliques à la vue de leur chef tombant du ciel. Ils plongèrent vers elle.

Avant qu’ils n’arrivent, la warcaster ailée se redressa d’un bond pour se percher – comme Sam l’avait fait l’instant d’avant – sur le bord du chariot d’avitaillement. Elle secoua ses ailes repliées comme une cape et regarda Sam avec des yeux bleus glacés. Puis, d’un air surpris, elle se toucha la joue et regarda le sang sur ses doigts.

Sam fixa son adversaire, tandis qu’autour d’elle, les Cerbères rechargeaient leurs gros flingues et leurs pistolets.

La warcaster leva les yeux au ciel lorsque la cavalerie cygnaréenne arriva. À leur tête se trouvait un homme aux cheveux blancs vêtu d’une armure bleue et or. Il maniait lui aussi un bâton, mais au lieu de l’étrange éclat de l’ange, le sien crépitait d’éclairs.

La warcaster ailée sauta du chariot, prenant son envol alors même que les Cerbères visaient. Avant que quiconque puisse mirer, les anges mécaniques s’approchèrent pour la protéger de leurs ailes. Ensemble, ils s’envolèrent vers le sud, dépassant la colline solitaire et s’enfoncèrent dans l’obscurité de la tempête.

L’un après l’autre, les Cerbères se levèrent pour examiner leur environnement.

« Occupez-vous de ces feux », grogna Crawley, attrapant un seau de sable et ouvrant la voie vers le coin enflammé du chariot d’avitaillement.

Sans un mot, Dawson partit dans la direction opposée. Lisse se redressa sur sa béquille et commença à le suivre, mais Harrow secoua la tête. Ensemble, ils regardèrent Dawson s’agenouiller près du corps de Morris. Ils virent qu’il parlait au mort, mais ne purent entendre les paroles. Lorsque Dawson eut terminé, il retira trois médaillons du cou de Morris et les plaça autour du sien.

Les cavaliers prirent des positions offensives autour du triangle de chariots, mais leur chef descendit de cheval et se dirigea directement vers Sam. Sans préambule, il dit : « J’ai reçu votre message ».

« Nos efforts nous permettent de vous montrer plus que depuis je l’ai envoyé », déclara Sam.

« Bon timing, Vieux », déclara Burns. « Vous êtes arrivé juste à temps pour nous voir terminer le travail sans aucune aide ».

Les sourcils blancs de l’homme se levèrent, mais au lieu de répondre à Burns, il se tourna vers Sam. « Est-ce celui qui a acheté la moitié d’un cheval qui parle ? »

D’une main, Sam étouffa un rire. « Caporal ‘Pare-balles’Burns, Général Artificier Nem o ».

Nemo regarda le trou de balle dans le casque de Burns. « Un trou dans le crâne et il est de retour sur le terrain ? C’est merveilleux ce qu’ils peuvent faire avec des blessures à la tête de nos jours ».

« Il ne faut jamais sous-estimer la détermination d’un Cerbère ». Sam ne jugea pas nécessaire de préciser comment Burns avait mérité le trou de balle. « Venez voir ce que leur sacrifice vous a apporté. Vos récompenses sont un peu plus abîmées, mais nous les avons ».

Le capitaine conduisit Nemo au chariot et lui montra le warjack démembré et les automates qui l’accompagnaient. Nemo souleva le serviteur sphérique et regarda dans sa lentille morte. Il passa un doigt dans l’orifice du projectile l’ayant fait chuter et lança un regard triste à Burns.

« Bravo, Sam. Je serai plus qu’heureux de signer ce bonus dont nous avons discuté ».

« Ne parlez pas trop vite », dit-elle. « J’ai autre chose à vous montrer ».

Elle le conduisit jusqu’au sommet de la colline, juste au moment où l’aube perçait les nuages gris. Sam fit signe à Nemo de la rejoindre au bord d’une proéminence surplombant le fleuve. Là, ils contemplèrent la Langue du Dragon. Là, ils observèrent de l’autre côté de la Langue du Dragon, le spectacle qui l’avait tellement effrayée alors qu’ils se préparaient à déplacer les chariots.

Au loin, ils aperçurent une ville riveraine grouillante d’activité dans le halo bleu-blanc. Sam regarda Nemo alors qu’il examinait la scène qu’elle avait déjà vue.

Les formes mécaniques étaient partout, mais sans l’échappement de vapeur révélateur caractéristique produit par un travail mékanique. L’étrange lumière émanant de leurs casques, et de diverses autres ouvertures, révélait leur nature inhumaine.

Celles qui gardaient les rues extérieures de la ville portaient de lourdes masses et des boucliers, illuminés de la même manière par les étranges énergies communes aux warjacks et aux « anges » que les Cerbères avaient vaincus. Les boucliers étaient particulièrement curieux, leur conception en croissant suggérant un but inconnu. Derrière ces défenseurs se tenaient des rangs de hallebardiers, leurs silhouettes n’étaient pas moins féminines en raison de leur édification en acier.

D’autre formes mécaniques – des hommes cette fois – patrouillaient dans les zones intérieures de la ville de Calbeck. Elles ne portaient pas d’armes distinctes, mais marchaient le poing levé, l’un renforcé d’une lourde lame perforante, l’autre hérissé de canons. Aux intersections des rues les plus grandes, des plus petits warjacks à trois jambes et de plus grands à quatre jambes montaient la garde.

Un nouveau bâtiment s’élevait au-dessus de tout cela, étendant es quatre vastes jambes arquées pour toucher les quatre coins de la ville. Bien plus grande que la station de recharge, c’était une tour de laiton, d’acier et de verre, imprégnée de l’étrange lumière bleu-blanc alimentant toutes leurs machines. Quatre pétales s’ouvraient autour d’un énorme orbe gris au sommet de la structure. Les élégantes lignes de la tour exprimaient autant l’art que l’efficacité, pointant vers le ciel telle la cathédrale d’un dieu extraterrestre.

Sous les yeux de Sebastian Nemo, la warcaster volante et ses anges mécaniques virent se poser au sommet de la tour inachevée. La warcaster se tourna pour regarder en arrière vers la rive ordique. Ses yeux se tournèrent directement vers la colline sur laquelle Sam et Nemo se tenaient.

Le Général Artificier baissa sa longue-vue. « Qu’est-ce que tu m’as apporté, Sam ? »

« Certains garçons s’inquiétaient que tu nous aies envoyés à la chasse au gobber ».

Nemo lui jeta un regard dur, mais son expression s’adoucit. « Je ne pensais pas que vous m’apporteriez un dragon ! Mais vous, Capitaine Samantha MacHorne, vous m’avez amenée directement dans l’antre du dragon ».

« En gardant cela à l’esprit, et compte tenu des difficultés que nous avons rencontrées, je manquerais à mon devoir envers les garçons, et les hommes, si je ne suggérais pas qu’un bonus supplémentaire soit de mise ».

Jetant un coup d’oeil de l’autre côté du fleuve, en direction de Calbeck occupée, Nemo hocha lentement la tête. « Je vais réviser votre lettre de crédit en conséquence ».

« Vous voulez qu’on vous escorte quelque part ? »

« Non », répondit Nemo. « J’enverrai un messager pour amener le reste de mes forces ici. Je ne sais pas ce que ce nouvel ennemi de l’autre côté du fleuve à l’intention de faire là-bas, mais tu peux parier que je vais le découvrir ».

* * *
Dawson compta les pièces avant de signer deux copies du reçu. L’employé de la banque les contresigna tous les deux et en remit un à Dawson, ainsi qu’une bourse en peau de veau. « Avec la courtoisie de l’établissement, Soldat Dawson. C’est toujours un plaisir de faire affaire avec les Cerbères ».

« Au moins quand nous avons les poches pleines grâce à un nouveau contrat, n’est-ce pas ? »

« Je vous assure, monsieur- »

Dawson lui fit un clin d’oeil. « Je plaisante. Quand commencera-t-elle à recevoir l’argent ? »

« Le prochain coursier arrivera à Carre Dova dans deux jours. La jeune Isla devrait recevoir la paiement le lendemain ».

« Et le médaillon ? »

« Oui, soldat, et le médaillon. Le récépissé de livraison devrait nous parvenir dans une semaine environ ». L’employé hocha la tête, impatient de s’attirer les faveurs d’un nouveau client. Dawson s’éloigna, souriant en secouant la tête.

En quittant la banque, il aperçut une trollkin familière vendant des poulets rôtis au bout d’un bâton qu’elle tenait en bandoulière. Dawson lui fit signe de s’approcher et leva un doigt. Lorsqu’il vit un cul-de-jatte se frayer un chemin sur la promenade en s’agrippant à une paire de blocs, il modifia sa commande par deux, et remit le second au mendiant.

Le mendiant lui dit ; « Je vous connais ? »

Dawson haussa les épaules et déposa une poignée de pièces dans la poche de l’homme. « Achète-toi quelque chose à boire ».

Alors que Dawson s’éloignait, le mendiant l’interpella. « J’aime ta nouvelle veste, Cerbère », dit-il. « Je me souviens de toi maintenant ».

Dawson arracha un pilon et lui fit un signe au revoir avec.

En tournant le coin de la rue, il faillit entrer en collision avec Bowie, qui arrivait de la rue transversale. « Te voilà, Dawson !  Sam veut que tous les garçons reviennent à l’entrepôt pour le premier briefing ».

« Oh, allez », se plaignit Dawson. « J’aimerais qu’elle choisisse quelqu’un d’autre pour aller chercher les garçons cette fois-ci. Je viens juste d’acheter mon dîner ».

« Elle ne t’envoie pas », déclara Bowie en le dépassant pour se diriger vers le Marché de la Rouille. « C’est moi qu’elle envoie ».

elric:
INDEX DES ROYAUMES D’ACIER
Ancienne Ichtier : Une antique cité au sein du Protectorat dans le sud profond, considérée comme la source de la civilisation menite de l’Immoren occidental et le Canon de la Vraie Loi originale.

Lac Barbotal : Il s’agit d’un immense lac et d’un fleuve au coeur de Rhul, et de la soure du Fleuve Noir. Les cités rhuliques de Ghord, Ulgar et Brunder se situent sur ses rives.

Groupe de bataille : Un wacaster et les warjacks qu’il contrôle.

Berck : Ville portuaire ordique, plus grande ville d’Ord et port d’attache de la Marine Royale Ordique.

Fleuve Noir : Le plus long fleuve de l’Immoren occidental, qui relie le Rhul, le Llael et le Cygnar. Merywyn, Corvis et Caspia-Sul se reposent sur ce fleuve et forme la frontière orientale de Cygnar, la séparant des Marches Sanglantes.

Cape Noire : Terme appliqué aux énigmatiques mystiques et potentiellement dangereux faisant partie d’une ancienne société secrète s’appuyant sur le pouvoir destructeur des éléments et de la nature sauvage.

Morteseaux : Ville portuaire cryxienne et siège de sa flotte de pirates.

Marches Sanglantes : Une grande région géographique aride entre le Désert de Jaspe et l’Immoren occidental, occupées par des tribus idriennes, farrow et l’Armée de l’Extrême Occident Skorne.

Caen : Nom du monde contenant les Royaumes d’Acier, Immoren, Zu, etc. On oppose parfois le monde matériel au monde spirituel d’Urcaen.

Carre Dova : Ville portuaire ordique, située sur la rive septentrionale de la Baie de la Pierre.

Caspia : Capitale de Cygnar, la « Cité des Murs » et l’unique ville humaine à ne pas être tombée aux mains des orgoth.

Ceryl : Ville portuaire cygnaréenne, siège de l’Ordre Fraternel des Magiciens et de la flotte septentrionale de la marine cygnaréenne.

Pierres Bavardes : District de Cinq-Doigts sur l’Île de l’Hospice, remarquable pour son grand cimetière rempli lors d’une ancienne peste sur l’île.

Colosse : Massifs prédécesseurs des modernes steamjacks, ces grandes machines ont été construites à l’origine pendant la Rébellion contre les orgoth.

Cortex : Dispositif mékanique hautement arcanique conférant au steamjack son intelligence limitée.

Corvis : Ville du nord-est cygnaréen située à la jonction du Fleuve Noir et la Langue du Dragon, également appelée la « Cité des Fantômes ».

Vallée de Crael : Vallée agricole du nord de Cygnar, au sud de Brainmarché, brièvement prise et tenue par Madrak Cuirdefer et les Kriels Unis.

Cryx : Également connu sous le nom d’Empire du Cauchemar, un royaume insulaire de nécromanciens, de morts-vivants et de pirates situé au sud-ouest et dirigé par Toruk le Père des Dragons.

Cygnar : Le plus méridional des Royaumes d’Acier, gouverné par le Roi Leto Raelthorne et portant le Cygnus sur son drapeau.

Tour du Bois Profond : Forteresse frontalière septentrionale cygnaréenne, détruite en 608 AR.

Dragon : Créatures immortelles et non naturelles engendrées par le Seigneur Toruk, le premier et le plus grand d’entre eux. Les dragons sont hostiles les uns envers les autres, et en particulier envers leur géniteur, et s’intéressent rarement aux affaires des êtres inférieurs.

Fleuve de la Langue du Dragon : Le fleuve s’étend de Corvis à la Baie de Pierre séparant le Cygnar de l’Ord et sur laquelle reposent un certain nombre de villes telles que Port Bourne, Tarna et Cinq-Doigts.

Drer Drakkerung : Ruines de l’ancienne capitale orgoth sur l’Île de Garlghast, désormais revendiquée par le Cryx et considérée comme le siège du Seigneur Liche Terminus.

Mur-Levant : Forteresse cygnaréenne du sud-est, le long du Fleuve Noir.

Fellig : Ville Cygnaréenne septentrionale du Bois d’Épines, actuellement partiellement occupée par des troupes ordiques et coupée de Cygnar.

Ruissepêche : Ancienne ville cygnaréenne au nord du Fleuve de la Langue du Dragon, rasée en 607 AR par la Croisade du Nord du Protectorat.

Cinq-Doigts : Ville portuaire ordique connue pour ses jeux d’argent, ses gangs criminels et son commerce de contrebande, également sous le nom de « Port de l Tromperie ».

Garlghast : La plus septentrionale et la plus grande des îles Scharde, site de l’ancienne capitale orgoth de Drer Drakkerung.

Ghord : Capitale de Rhul, sur la rive nord-est du Barbotal.

Gobber : Race de petite taille composée d’individus curieux, agiles et entreprenants qui se sont bien adaptées aux villes humaines. La plupart des gobber mesure environ nonante centimètres de haut. Les gobber sont connus pour avoir d’indéniables aptitudes pour les appareils mékaniques et l’alchimie.

Mage Balisticien : Arcaniste capable de canaliser son énergie arcanique dans des tirs runiques tirés à l’aide de ses pistolets cinémantiques.

Hammerfall : Forteresse rhulique occidentale protégeant les approches occidentales à travers les montagnes de Ghord.

Col de l’Enfer : Ancienne cité ogrun autrefois conquise par l’Empire khardique et faisant maintenant partie de Khador.

Fort-Horgen : Forteresse rhulique méridionale protégeant les approches sud de l’intérieur rhulique, y compris la route de Leryn et le Fleuve Noir.

Haute-Muraille : Ville côtière cygnaréenne, siège de la flotte méridionale et quartier général de la Troisième Armée Cygnaréenne.

Imer : Capitale du Protectorat de Menoth, ville relativement récente située près des Collines d’Erud.

Immoren : Continent comprenant les Royaumes d’Acier, Ios, Rhul, l’Empire Skorne et les terres les séparant. Une grande partie d’Immoren reste inexplorée et ses habitants n’ont eu que peu de contacts avec les autres continents.

Ios : Nation isolationniste située à l’est des Marches Sanglantes,, Ios a été fondée bien avant les nations humaines par les survivants d’un empire détruit appelé Lyoss.

Iosien : Habitant d’Io, une race elfique d’une grande longévité subissant un long déclin progressif et confrontée à une catastrophe cosmologique imminente.

Royaumes d’Acier : Initialement, les quatre nations fondées après la Rébellion orgoth : Cygnar, Khador, Llael et Ord. Le Protectorat de Menoth, fondé après la Guerre Civile Cygnaréenne et ayant récemment déclaré son indépendance vis-à-vis de Cygnar, devint le cinquième Royaume d’Acier. Avec la conquête de Llael, il reste peu de ce royaume.

Contrôleur : Personne ayant appris à donner des ordres verbaux précis à un steamjack  pour le diriger dans la conduite du travail ou de la bataille. Une compétence professionnelle très utile, bien que dépourvu de la polyvalence ou de la finesse offerte par le contrôle mental direct des steamjacks exercé par un warcaster.

Khador : Le plus septentrional des Royaumes d’Acier, autrefois un royaume et aujourd’hui un empire. L’Empire Khadoréen est dirigé par l’Impératrice Ayn Vanar.

Khardov : Ville industrielle de l’ouest du Khador, qui est également une plaque tournante majeure du chemin de fer khadoréen.

Korsk : Capitale de Khador et la plus grande ville de ce pays, située sur la rive orientale du Lac Grand Zerutsk.

Lac Grand Zerutsk : Le plus grand des trois grands lacs entourant Korsk dans le centre de Khador.

Leryn : Ancienne ville de Llael et lieu de naissance de l’Ordre du Creuset d’Or, aujourd’hui siège de la Croisade du Nord du Protectorat. Occupé par les khadoréens pendant la Guerre Llaelaise et ensuite prise par le Protectorat.

Llael : Autrefois le Royaume d’Acier le plus oriental ; largement conquis durant la Guerre Llaelaise de 604 – 605 AR et actuellement divisé entre le Khador, le Protectorat et la Résistance Llaelaise.

Mékanique : Fusion de l’ingénierie mécanique et de la science des arcanes.

Mercir : Ville côtière méridionale cygnaréenne, siège de la Ligue Mercarienne.

Meredius, le : Océan occidental, travers avec succès par les orgoth.

Merin : Capitale de l’Ord.

Merywyn : Ancienne capitale du Llael, actuellement la plus importante ville industrielle du territoire occupé par les khadoréens.

Midfast : Ville et forteresse ordique septentrionale, le long de la frontière khadoréenne.

Empire du Cauchemar, l’ : Cryx.

Nordgarde : Ancienne forteresse de la frontière nord cygnaréenne, assiégé et prise par le Khador en 608 AR, servant actuellement de forteresse de réapprovisionnement pour l’armée khadoréenne.

Nyss : Cousin des iosiens, les nyss sont une race de chasseurs sauvages voulant revendiquer de larges portions du Khador septrional comme leur territoire. Largement décimé par l’émergence de la Légion d’Everblight, les nyss survivants sont en grandes parties des réfugiés dépendant de Khador et d’Ios.

Ogrun : Race de grande taille et physiquement puissante, réputée pour sa force et son honneur. La plupart des ogrun sont citoyens de Rhul, mais on les trouve dans tous les Royaumes d’Acier et également en Cryx.

Olgunbosque : Forêt située au su de l’Ord et principale source de bois d’oeuvre de cette nation.

Ord : Royaume d’Acier situé sur la côte ouest entre le Khador et le Cygnar, largement neutre dans les récentes guerres et considéré comme un havre pour les compagnies de mercenaires.

Orgoth : Redoutable race humaine ayant envahi et asservi l’Immoren occidental pendant des siècles. Les orgoth sont arrivés en grand nombre sur les rives occidentales d’Immoren et ont rapidement conquis les royaumes humains de l’époque, avant d’être chassés il y a un peu plus de quatre cents ans.

Protectorat de Menoth : Théocratie du sud-est dédiée au dieu Menoth. Considéré comme le cinquième royaume d’acier, il n’existait pas à l’époque des Traités de Corvis.

Rougemuraille : Forteresse llaelaise à la frontière khadoréenne, détruite en 604 AR.

Tir Runique : Balles spécialement conçues pour inscrire des runes, utilisées par les mages balisticiens pour canaliser leurs énergies mystiques.

Rhul : Nation naine du nord-est, bordant le Khador, le Llael et l’Ios ; les natifs sont appelés rhulfolk.

Rhulfolk : Nains de Rhul. Un peuple tenace et compétent commerçant depuis longtemps avec les nations humaines.

Îles Scharde : Groupes d’îles au sud-ouest de Cygnar, nommé d’après la plus grande des îles devenue le coeur de Cryx. La majorité des Îles Scharde font partie de l’Empire du Cauchemar tandis que celles qui sont contestées sont la proie de Cryx.

Sul : Ville du Protectorat occidental, anciennement la partie de Caspia à l’est du Fleuve Noir, cédée après la Guerre Civile Cygnaréenne.

Esprit d’Outre-Tombe : Quartier de Cinq-Doigts connu pour sa production d’alcools, une source majeure de revenus pour la ville.

Steamjack : Automate mékanique à vapeur conçu dans grande variété de configurations et de tailles, utilisé à la fois pour le travail et la guerre au sein des Royaumes d’Acier, Cryx et Rhul.

Tarna : Ville ordique méridionale sur le Fleuve de la Langue du Dragon, le site où les premiers ensorceleurs ont été découverts lors de la Rébellion contre les orgoth.

Thuria : Ancien royaume humain conquis par le Tordor des siècles avant l’arrivée des orgoth actuellement divisé entre le sud de l’Ord et le nord de Cygnar.

Thurien : Groupe culturel composé des peuples du sud de l’Ord et du nord de Cygnar partageant des ancêtres communs.

Tordor : Ancien royaume humain réputé pour sa grande flotte.

Tordoréen : Groupe culturel des peuples du nord de l’Ord, comprenant notamment la noblesse terrienne la plus puissante et la lignée royale.

Trollkin : Robuste race apparentée aux trolls pur-sang. Les trollkin vivent à la fois dans leurs propres communautés en marge de la civilisation et parmi les cités humaines.

Uldenfrost : Petite ville de trappeurs et de chasseurs situées à l’extrémité septentrionale et occidentale de Khador.

Umbrie : Ancien royaume humain centré sur ce qui est aujourd’hui le Khador oriental et anciennement le nord-ouest de Llael.

Urcaen : Mystérieux royaume cosmologique étant la contrepartie spirituelle de Caen, où résident le plupart des dieux et où la plupart des âmes passent pour expérimenter l’au-delà. Il est divisé entre les domaines divins protégés et les étendues sauvages infernales où rode le Ver Dévoreur.

Veld : Nom iosien de l’Urcaen.

Néant : Deux significations différentes : le vide entourant Urcaen d’où surgissent les maudits morts-vivants ; et où les âmes skorne sont jetées après la mort si elles ne sont pas abritées au sein de pierres sacrées. On ne sait si ces deux usages décrivent le même lieu.

Warcaster : Arcaniste né avec la capacité naturelle de contrôler les steamjack avec leur esprit Avec une formation appropriée, le warcaster devient un atout militaire singulier et parmi les plus grands soldats de l’Immoren occidental, chargé de commander des dizaines de troupes et leur propre groupe de bataille de warjack sur le terrain. Acquérir et former des warcasters est une priorité pour toute force militaire employant des warjacks.

Warlock : Arcaniste capable de se lier à des bêtes sauvages ou asservies et de les contrôler mentalement.

Warbeast : Bête sauvage liée à un warlock.

Warjack : Steamjack très perfectionné et bien armé, créé ou modifié pour la guerre.

Zu : Continent peu exploré au sud d’Immoren, engagé dans un lucratif commerce avec les immoréens pour certaines marchandises exotiques.

elric:
Bonne lecture  :)

Navigation

[0] Index des messages

[*] Page précédente

Utiliser la version classique