PARTIE DEUX
Alors qu’elle se tenait derrière une épaisse haie à la périphérie de l’hôpital de la garnison, Victoria Haley savait qu’elle n’avait pas réfléchi. Elle était consciente d’être impulsive et imprudente ; il lui avait semblé nécessaire de faire un geste avant qu’elle ne s’en dissuade. Pourtant, malgré l’air frais, elle ressentit un frisson d’excitation.
Demain, lorsqu’ils découvriraient qu’elle était partie, elle serait coupable d’une absence non autorisée, une faute grave. Non pas que son arrestation soit la préoccupation première de ses supérieurs, étant donné que leur principale préoccupation était de la maintenir en vie. Ils pourraient même conclure que son affliction l’avait rendue déséquilibrée, ce qui l’admettait, était peut-être vrai. Quoi qu’ils fassent de ses motivations, en tant que warcaster, sa vie valait plus que celles des autres. C’était un calcul froid, mais avec lequel elle était assez familière. Elle était un atout militaire spécial et sa vie n’était pas la sienne – elle appartenait à l’armée. Sa maladie avait-elle changé sa valeur perçue ? Ils devaient savoir que ses perspectives étaient sombres. Peu importe ce que les autres pensaient, cependant, elle savait que Nemo enverrait des gens à sa recherche.
Elle se demandait ce qu’elle pouvait bien espérer gagner seule dans ces conditions. Quelque chose au plus profond d’elle-même la poussait à agir, à prendre les choses en main. Elle ne pouvait pas rester sans tien faire alors que son destin reposait sur d’autres, surtout s’ils se raccrochaient à des bouts de ficelles. Dolan avait assez de son sang pour poursuivre son œuvre.
Repoussant le doute, elle se glissa dans les rues sombres de Port Bourne, loin de l’hôpital. Elle ralentit en approchant du périmètre extérieur du quartier militaire, où une sentinelle gardait la route la plus proche. Elle fut heureuse de constater que la porte était ouverte, même si elle était surveillée.
Lorsque la ville avait été récemment assiégée, le quartier militaire s’était refermé sur lui-même. Cela lui avait permis de rester en grande partie intact alors que le reste de la ville était envahi. Depuis que le Cygnar avait repris les rues et repoussé le Cryx dans le Bois d’Épines, le quartier militaire avait rouvert ses portes et accueilli de nombreux réfugiés de la ville, leur offrant un logement temporaire jusqu’à ce qu’ils puissent restaurer leurs propres maisons au milieu des rues dévastées par la guerre. Les soldats surveillaient toujours les allées et venues, attentifs aux potentiels troubles. Les deux postés ici semblaient ennuyés mais pas inattentifs, bien dans cette transe de vigilance familière à tous ceux qui montaient la garde.
Elle resta en retrait, cachée par l’ombre d’un bâtiment en briques adjacent à la route. Elle aurait pu se frayer un chemin devant les gardes en invoquant son rang. Mais elle n’était pas en uniforme, ce qui rendrait la rencontre plus mémorable, et elle voulait donner le moins d’indices possibles à ceux qui chercheraient à la retrouver. Elle attendit, réfléchissant à ce qu’elle savait de la disposition du quartier et de la ville.
« Ne bougez pas ! » dit vivement l’un des gardes. Haley sursauta, mais ils lui tournaient le dos, observant un groupe d’une demi-douzaines d’hommes et de femmes s’approchant depuis l’extérieur du quartier.
C’était un groupe de jeunes soldats, peut-être des cadets de l’Académie Stratégique revenant de permission. Ils s’arrêtèrent et s’efforcèrent de répondre aux questions des vigiles. Ils parlaient trop bas pour qu’elle entende leurs paroles, mais la posture et le rituel lui étaient familiers. C’était juste la distraction dont elle avait besoin. Sans chercher à se dissimuler, elle se dirigea vers la porte d’un pas assuré, choisissant son chemin pour éviter le regard des sentinelles.
L’un des plus jeune soldats de retour l’aperçut. Elle lui adressa un rapide sourire, et il cligna bêtement des yeux avant que le garde lui posant des questions n’exige à nouveau son attention. Haley s’éclipsa avant que quelqu’un d’autre ne regarde ce qu’il fixait. Elle s’inclina son corps de manière à ce que son bras mékanique soit moins visible à son passage. Elle tourna rapidement dans une autre rue latérale et attendit à nouveau dans l’ombre, contrôlant sa respiration et écoutant tout bruit de poursuite. Même ce peu d’excitation lui avait coupé le souffle, et elle dut en faire une pause pour récupérer.
Une petite victoire, mais qu’elle savoura. Elle continua d’emprunter les rues secondaires pour se rapprocher du fleuve. L’installation de maintenance de ‘jack de Lyle Garner était située au nord de la ville, facilitant l’accès aux lignes de ravitaillement desservant le front. Elle pouvait entendre le bruit de l’eau dévalant les chutes servant à détourner les eaux de ruissellement des écluses du fleuve.
Haley était si heureuse d’avoir atteint sa liberté sans se faire remarquer qu’elle ne réalisa pas tout de suite que le quartier qu’elle traversait était particulièrement en mauvais état. Elle ralentit son allure et fit le point, remarquant que plusieurs des bâtiments autour d’elle avaient été entièrement réduits en décombres et n’avaient pas encore été reconstruits. Même lorsque la ville était intacte, il s’agissait d’un quartier pauvre, souvent négligé par la garde municipale tard le soir.
Il semblait que cette zone avait subi des bombardements de la part des khadoréens avant qu’ils ne passent, probablement pendant qu’ils repoussaient les défenseurs cygnaréens se repliant vers le quartier militaire. Il y avait également des signes de l’incursion cryxienne, comme la pierre fondue et les débris de métal bloquant une porte voisine ayant été arrachée de ses gonds. L’entrée était arrosée d’un liquide, et même à cette distance, elle reconnut l’odeur âcre de la bile.
Haley avait entendu de nombreuses histoires sur ce que la ville avait enduré, mais c’était autre chose que de voir la destruction de ses propres yeux. Elle avait manqué les batailles ici alors qu’elle s’était empressée d’aller à Corvis pour avertir Nemo de la tentative d’assassinat. Elle ressentit une pointe de culpabilité à cela, sachant que son absence avait été précisément ce que Deneghra avait prévu, facilitant l’invasion de Cryx sur les talons de Khador. Peut-être aurait-elle pu affaiblir ou ralentir les morts-vivants, permettant à davantage de civils de fuir. Les horreurs qu’ils avaient endurés aux mains des cryxiens ayant déferlés dans les rues sur les talons des khadoréens avaient été atroces – des milliers de personnes systématiquement massacrées et leur cadavres transformés en nécroserfs.
La lumière scintillante derrière les fenêtres au volets de plusieurs des bâtiments à moitiés détruits, suggérait une occupation, même si elle doutait que ce quartier ait été déclaré sûr. Ceux qui vivaient ici devaient donc être des squatteurs, et non des résidents légaux. Elle ne pouvait pas leur en vouloir d’essayer de survivre, en particulier avec la menace de l’hiver.
Alors qu’elle tournait eu coin de la rue, elle fut surprise de se retrouver face à un trio d’hommes rassemblés autour d’un baril de métal ouvert dans lequel ils avaient allumé un feu. Leurs vêtements n’étaient guère plus que des haillons superposés – vestiges de ce qui avaient été meilleurs vêtements, maintenant déchirés et salis. Leurs joues négligées et mal rasées étaient enfoncées sous des yeux maussades scintillant sombrement à la lumière des flammes. Elle s’arrêta brusquement et ses yeux rencontrèrent ceux du plus grand des trois, à sa gauche. Autour de sa tête était nouée une bande de tissu, mais dont les taches de sang étaient devenues noircies et sèches.
Les trois hommes se regardèrent et semblèrent parvenir à une sorte d’accord tacite. Le chef hocha la tête dans sa direction d’une manière que Haley n’aima pas. Ils s’avancèrent vers elle.
« Hé, vous avez de la monnaie madame ? » demanda la plus proche sur la droite, une homme avec la barbe la plus touffue du groupe. Il s’avança en même temps qu’il parlait, tendant sa main gauche. Sa main droite était posée contre sa jambe, tenant ce qui ressemblait à une fine massue ou à un bâton lisse mais lourd.
Une lueur de ce qui pourrait être du métal dans la main du grand homme bandé à gauche attira son attention, bien qu’il cacha immédiatement ce qu’il tenait derrière sa jambe. Il s’avança également vers elle, tandis que le troisième se tenait un peu à l’écart et se déplaçait sur le côté, autour d’elle, en décrivant un arc de cercle de quelques pas. Elle recula de quelques pas. L’homme au bandage tenta un sourire, même s’il semblait vide « Ne vous inquiétez pas. Donnez-nous de la nourriture et nous vous laisserons tranquille. Aidez-nous ».
« L’autre dit : « J’ai perdu ma maison lors de l’invasion. Vous pouvez me donner un peu d’argent, n’est-ce pas ? »
Malgré leurs assurances, leur posture était prédatrice . « Je n’ai pas d’argent », déclara Haley. Alors qu’ils recommençaient à se rapprocher d’elle, elle lança un avertissement, « Vous ne voulez pas faire ça ».
L’homme au bandage perdit son sourire. Le troisième homme, celui qui boitait légèrement, semblait s’efforcer de se placer derrière elle pour lui couper la retraite. « Ce n’est pas une question de volonté, madame. C’est une question de besoin », revendiqua le premier. « Donnez ce que vous pouvez, et vous ne serez pas blessé ». Elle pouvait sentir l’alcool dans son haleine et vit que ses yeux étaient injectés de sang. Il puait le désespoir. Dans d’autres circonstances, elle aurait pu le plaindre, mais alors qu’ils s’efforçaient de l’entourer, elle ressentit une soudaine pointe de peur.
Jamais au cours de sa vie d’adulte elle n’avait eu peur des gens ordinaires. Le plus souvent, elle avait peur pour eux. Sur le champ de batailles, les occasions de ressentir la peur, voire le désespoir, n’avaient pas manqué. Plus que pour elle-même, elle avait craint pour ceux qui servaient à ces côtés, les inévitables victimes. Sa magie l’avait toujours accompagnée. La capacité de s’emparer des objets, des personnes, avec son esprit et de les déplacer où elle le souhaitait. Déchaîner une explosion d’énergie arcanique par une simple pensée. Créer une bulle de protection ou le temps s’écoulait différemment pour elle que pour ceux qui s’opposaient à elle. Avec son pouvoir à sa disposition, être encerclée n’était pas du tout intimidant. Elle pouvait séparer les ennemis un par un à sa guise, en particulier lorsqu’elle dirigeaient ses warjacks comme des extensions de sa personne. Celui lui avait semblé divin, et elle l’avait pris pour acquis, s’en délectait, sachant que cela faisait partie d’elle, comme ses poumons et son coeur.
Maintenant, c’était parti – ou inaccessible, du moins. Elle pouvait sentir sa magie juste au-delà de sa portée. Si elle l’a joignait maintenant, le poison arcanique persistant dans son corps pourrait la tuer. Étendant ses sens, elle sentir la lueur des cortexes de warjack au loin, mais aucun n’était assez proche.
Mais elle était plus qu’une warcaster, il y avait sa formation de soldat, d’officier. Elle redressa les épaules et projeta sa confiance, fixant le chef apparent. « Reculez », ordonna-t-elle. « Je suis officier dans l’armée. Vous ne voulez pas vous attirer de graves ennuis ».
Elle vit immédiatement qu’elle avait fait une erreur. Peut-être que d’autres personnes, à un autre endroit et à un autre moment, auraient été intimidées, mais elles ne l’étaient pas. L’expression de l’homme bandé passa de vide et affamée à furieuse : ses yeux et ses narines s’écarquillèrent, et sa bouche se crispa. La posture des deux autres trahissait une colère commune similaire.
« C’est censé nous
impressionner ? » demanda l’homme à la tête bandée, en haussant le ton. « C’est de votre faute si c’est arrivé ! C’est de votre faute si ma femme est morte, si ma maison a été détruite ! L’armée n’a pas réussi à les arrêter et s’est cachée derrière ses murs. Malédiction sur l’armée ! » Il lui cracha dessus et s’élança, tendant sa main libre. Elle pouvait voir un petite couteau dans l’autre. Son ami se rapprochait également.
Haley aurait dû les éviter et s’enfuir, mais elle vit le couteau et ses réflexes entrèrent en action. Jusqu’à ce moment, son bras mékanique était caché sous sa veste, qu’elle avait drapée sur le côté. Sans réfléchir, elle attrapa le poignet du couteau de l’homme avec sa main mékanique. Elle n’avait pas autant de force qu’elle en aurait avec sa turbine arcanique, mais c’était suffisant pour contrôler ses mouvement. Elle serra, espérant le forcer à lâcher le couteau. Cela fonctionna, peut-être trop bien.
Dès que l’acier froid de sa prothèse le saisit, il poussa un cri étranglé, ses yeux s’agrandissant de panique. Elle serra trop fort, et quand il recula, elle sentit et entendit quelque chose céder dans son poignet. Le couteau tomba de ses doigts, mais ses yeux devinrent fous, à la fois terrifiés et furieux. Il se balança maladroitement sa main libre, essayant de la frapper du revers de la main.
Haley esquiva hors de sa portée, mais se retrouva trop près de l’homme au gourdin, qui la frappa en serrant les dents. Elle dévia le coup avec son bras vivant, ne pensant pas qu’elle portait pas d’armure à cet endroit. L’impact provoqua une poussée de douleur lancinante qui lui traversa le coude. Elle riposta avec un coup de poing de représailles, mais la douleur et sa faiblesse la privèrent de sa force. En pleine santé, elle l’aurait aplati, mais au lieu de cela, elle se contenta d’ébranler légèrement sa tête. Le troisième homme, maintenant proche d’elle, lui porta un coup de pied à l’arrière du genou.
Elle se tordit et chuta, atterrissant durement sur les pavés. Elle donna un coup de pied et ressenti un choc accompagné d’un grognement de douleur. Puis le bâton retomba, s’enfonçant dans ses côtes. Une explosion de douleur la traversa, envoyant des points lumineux dans ses yeux et l’empêchant de penser. Elle se mit en boule et se couvrit la tête avec son bras mékanique tandis qu’ils donnaient des coups de pied encore et encore, évacuant leur rage. Haley s’était habituée à la douleur, mais elle la submergeait toujours. Elle paniqua alors qu’elle peinait à respirer.
Après ce qui sembla être un long moment, les coups de pieds s’arrêtèrent, puis des mains se posèrent sur sa taille, tâtonnant autour de sa ceinture. Elle se tordit et donna un nouveau coup de pied, couvrant toujours sa tête avec ses bras. Les mains se retirèrent. Elle leva les yeux et vit l’homme couvert de bandage se faire tirer en arrière par les autres. Sa main blessée pendait à son côté. « Elle n’a rien »dit-il, la voix tremblante. Il respirait difficilement, les yeux écarquillés.
Les oreilles d’Haley bourdonnaient, mais elle aspira en une irrégulière bouffée d’oxygène dans ses poumons.
« Allons-y », dit le premier d’une voix suppliante. « Nous allons avoir des ennuis ».
Une autre demanda : « Elle est morte ? Ça risque d’être grave ? »
La première à nouveau : « Non, elle est vivante. Il faut qu’on sorte d’ici ! » Ce n’étaient pas de véritables criminels, juste des hommes désespérés et brisés.
Le temps qu’Haley parvienne à respirer à un rythme plus normal, ils étaient partis. Les taches s’estompèrent lentement, mais chaque respiration produisait une nouvelle douleur dans ses côtes. Elle se surpris à glousser, le son légèrement étourdi. Elle reprit le contrôle d’elle-même et s’assit, puis se força à se remettre sur ses pieds vacillant. Le monde tourna.
C’était à cela qu’elle était réduite. Trois hommes désespérés et affamés ayant été chassés de chez eux l’avaient vaincue. Elle avait repoussé une interminable marée de khadoréens à Nordgarde – combattu le Seigneur Liche Asphyxious et Deneghra au Temple de Garrodh – et s’était faufilée à Morteseaux pour affronter le reine des pirates satyxis. Elle connaissait désormais sa véritable valeur : elle n’était rien sans son pouvoir. Elle regarda sa main mékanique. Elle avait méprisé cette partie d’elle-même, mais maintenant, c’était tout ce sur quoi elle pouvait compter.
En grimaçant, elle boita vers le bruit de l’eau tombant, vers les écluses. Elle sentait quelque chose au loin, de petites lueurs telles des étoiles scintillant au fond de son esprit. Les cortexes des steamjacks et des warjacks. Heureusement, cela n’avait pas provoqué l’apparition du poison, et elle pouvait sentir où ils se trouvaient. Trouver la plus grande concentration d’entre eux la guiderait vers sa destination.
* * *
Elle devait faire peine à voir lorsque le Chef Lyle Garner ouvrit la porte latérale de son atelier, et la trouva là, appuyée contre l’encadrement, battue, sale et à bout de souffle. C’était un homme corpulent au visage large et amical, dont la majeure partie de sa joue gauche tachée par une grande tache de vin. Elle ne fut pas surprise de constater qu’il avait travaillé. Sa salopette était tachée de graisse et il s’essuyait les mains avec un chiffon en ouvrant la porte.7
« Major Haley ! Tu n’es pas censé être à l’hôpital ? » Ses yeux s’écarquillèrent lorsqu’il constata son état. « Est-ce que tu vas bien. Qu’est ce qui s’est passé ? » Il regarda par dessus son épaule, comme s’il s’attendait à voir des poursuivants derrière elle.
« Ça a l’air pire que ça ne l’est », répondit-elle, en entrant et en le dépassant. « Mais j’ai besoin de m’asseoir ».
L’intérieur de cette partie de l’atelier avait été transformé d’un bureau en habitation. Il contenait un chaos légèrement ordonné qui était d’une certaine manière réconfortant et familier pour Haley, rappelant des bâtiments similaires, souvent érigés à la hâte dans des garnisons ou des tentes attachées aux forces armées s’installant n’importe où pour une période de temps donnée. Elle pouvait voir où il dormait, un lit avec des couvertures froissées à côté d’une petite cuisinière à bois. Il y avait aussi une simple table qu’il utilisait probablement pour prendre ses repas et son café du matin. De l’autre côté de la pièce, un solide bureau était jonché de pièces de machines, d’engrenages et d’un assortiment d’outils éparpillés.
Par une porte intérieure ouverte, elle vit l’obscurité d’une autre pièce, beaucoup plus grande, le garage principal de l’atelier. La faible lueur des appareils mékaniques, provenant des condensateurs alchimiques et des accumulateurs arcanodynamiques. La lueur révélait de grands dispositifs squelettiques, des étaux et des cadres pour contenir des pièces de machine plus grande afin qu’elles puissent être examinées ou usinées sous tous les angles. Elle savait qu’il y aurait des grues attachées aux machines à vapeur pour soulever les pièces trop lourdes pour être portées par une personne. Elle pouvait sentir quelques cortexes là-dedans, et bien d’autres au-delà de ces pièces spécifiques. Cet atelier n’était qu’un petit bâtiment d’un complexe plus vaste où des centaines de mékaniciens militaires travaillaient sur une infinie série de machines cassées et abîmées, essayant de les rendre aptes au combat pour l’armée.
Le chef mékano l’a dirigea vers l’une des nombreuses vieilles chaises et en pris une autre pour lui. Elle ressentit un soulagement immédiat en s’enfonçant dans la chaise défoncée et laissa échapper un profond soupir. Sa tête tournait et une douleur profonde coïncidait avec les battements de son coeur. Même sans les coups qu’elle venait de recevoir, elle avait dépassé les limites de son endurance.
Garner se pencha en avant, visiblement inquiet. « Tu as été attaquée, »
« Une tentative d’agression en venant ici. Ça n’as pas d’importance ».
Il eut l’air confus. « Dois-je monter la garde ? »
« Non ». Elle s’exprima d’une voix austère, même si l’effort provoqua un choc de couleur dans sa tête. « Maintenant, arrête de faire des histoires et écoute ! » Il obéit immédiatement, les yeux écarquillés. « Personne ne doit savoir que je suis ici. C’est extrêmement important. J’ai besoin de ton aide ».
Elle se redressa sur sa chaise et un brasier d’agonie balaya son flanc, la faisant grimacer. Elle passa doucement sa main valide sur ses côtes, sondant l’étendue des bleus. Elle ne pensait pas quelque chose soit cassé, mais le poison l’avait rendue particulièrement vulnérable. Tout ce qu’elle faisait lui faisait mal.
« Bien sûr, major. Tout ce que tu veux ».
Rassuré par la rapidité et la sincérité de sa déclaration, elle déclara : « Tu as toujours été là pour moi, mais je prends un risque ici. J’ai une requête inhabituelle ».
« Je ne sais pas réparée les gens, major, seulement les machines. Peut-être devrions-nous faire venir ton médecin ».
« Dolan est la
dernière personne à qui je veux parler. Il a déjà fait tour ce qu’il pouvait pour moi. Écoute, Chef . . Lyle. Je sais que nous n’avons pas eu le temps de nous parler avant. Mais j’ai beaucoup apprécié ta visite à l’hôpital ». Elle réalisa qu’elle n’était pas très logique et s’arrêta pour rassembler ses pensées. « Écoute, nous avons vu beaucoup de choses depuis que tu m’as rejoint pendant la Guerre en Llael. Tu as fait fonctionner mes machines dans les pires circonstances. Je ne confie Thorn à personne d’autre qu’à toi. Ces machines que tu répares me maintiennent en vie. Je l’ai pris pour acquis, je ne sais si je t’ai jamais remercié pour ça ». Elle se sentit devenir étonnamment émotive, ses yeux larmoyant légèrement. Il lui fallut un effort de volonté pour se contenir. C’était la douleur, le contrecoup de l’adrénaline dépensée. Elle se sentait fatigué et la pièce tournait.
« Tu n’as pas besoin de- »
« Si », l’interrompit-elle. « Si, j’en ai besoin. Il y a des dizaines de personnes autour de moi, tout le temps, qui m’aident à faire mon travail, en tant qu’officier, en tant que warcaster. Ils m’ont été invisibles, ou presque. Ce n’est pas normal. Depuis que mon pouvoir m’a été ôté, je suis devenue plus conscient des choses que j’ai mal faites. Des choses que j’ai négligées. Je n’aurais pas pu faire ce que j’ai fait sans des gens comme toi ».
« Nous ne faisons que notre devoir, major ». Son visage rougit d’un nuance plus proche de sa tache de naissance, et elle put voir que ses paroles l’avaient affecté, suscitant à la fois fierté et embarras. « Mais je ne pense pas que tu sois venu ici pour me remercier ».
Haley déglutit et dit ; « Écoute, Lyle, je suis en train de mourir. Non, c’est vrai. Je n’ai pas voulu y faire face. Tout le monde a essayé de garder espoir, mais cela ne changera rien. Personne à l’hôpital ne peut rien faire pour changer ce qui m’arrive. Ni le Pair Vigilant Dolan, ni les prêtres de Morrow, ni le Général Artificier Nemo. Le temps nous est compté. Je le sens ».
Maintenant, c’est lui qui pleurait. « Qu’est-ce que je peux faire ».
Elle prit une grande inspiration. « J’ai une idée, étrange et improbable. Pour l’instant, c’est le seul véritable espoir que j’ai ». Elle s’arrêta une seconde, puis dit : « J’espérais que tu pourrais me mettre en contact avec une personne vénérant Cyriss ».
Il cligna des yeux à cette question. Elle remarqua un bref éclair de peur et d’appréhension avant que son expression ne devienne prudente. « Je n’ai rien à voir avec ces gens. Pourquoi me demande-tu ça ? »
Sa véhémence la fit sursauter, mais elle comprit rapidement à quel point la question devait lui sembler pertinente depuis les événements de Calbeck. Les rumeurs se répandaient comme une traînée de poudre à Port Bourne au sujet de l’attaque de la ville voisine, dont les disciples de Cyriss étaient responsables. Le Général Nemo était respecté et aimé parmi les équipes d’assistance, et sa vie était en jeu.
Ses souvenirs remontèrent au début de la Guerre Caspia-Sul, lorsque les soldats non-morrowéens commencèrent à dissimuler leurs menofixes. Du jour au lendemain, l’Armée Cygnaréenne était devenue un endroit inhospitalier pour un ménite pratiquant, même si la plupart des cygnaréens qui adoraient le Législateur n’avaient rien de commun avec les fanatiques du Protectorat. Les choses avaient empiré après le le Seigneur Commandeur Stryke ai débuté la traque de traîtres présumés, rassemblant les menites à l’est du Cygnar afin de les interroger. Le Cygnar s’enorgueillissaient de sa tolérance, mais celle-ci s’était évanouie lorsque le royaume avait été menacé.
Elle se pencha en avant et dit : « Je me fiche de qui tu vénères, Lyle. Chaque foi a différentes sortes de croyants. Même au sein de l’Église de Morrow, chacun trouve sa propre voie. Je sais que tu n’as rien à voir avec Calbeck. Je ne serais pas là si tu n’avais pas ma confiance ».
Elle avait toujours été morrowéenne, même si sa relation avec la religion avait été parfois difficile. Après la mort de ses parents, elle avait été recueillie dans une abbaye où les sœurs avaient été effrayées par les premières manifestations de son pouvoir arcanique et avaient été de le faire disparaître. Pendant des années, elle avait nourri du ressentiment à l’égard de l’église. Elle n’avait pas passé beaucoup de temps à passer à de telles choses jusqu’à son hospitalisation.
Le Chef Garner se rassit et sembla se détendre légèrement. Il secoua la tête et dit : « Tous les technophiles et mékanos-vapeur ne sont pas des disciples ».
« Je comprends. Mais je sais que certains mékano la vénèrent, et j’ai cru te voir avec son symbole une fois ».
Son visage rougit à nouveau. « Je m’y suis intéressé brièvement. Je suis allé à une réunion ou deux, mais ce n’était pas pour moi. M’a mis mal à l’aise. Maintenant, je suis content d’avoir de pas avoir accepté ».
Haley s’avachit. « Oh », dit-elle. « Je n’avais pas envisager cette possibilité. Je dois les trouver ».
« Pourquoi ? » Il se rongea l’ongle du pouce.
Elle s’arrêta un instant, ne sachant pas quoi dire étant donné qu’elle n’avait qu’un début d’idée. « Il pourrait y avoir une solution à ma maladie connue des membres de cette secte. Une mince chance, mais c’est tout ce que j’ai. J’ai besoin de savoir si c’est possible. Et ce n’est pas quelque chose que mes supérieurs autoriseraient ».
Il fronça les sourcils et dit : « Je ne suis pas vraiment membre, mais je connais des gens qui le sont ». Il leva les yeux vers elle et s’empressa d’ajouter : « Des gens bien. Il ne feraient jamais rien contre le Cygnar ».
Elle se pencha à nouveau en avant. « Je dois les rencontrer. Où plutôt, je dois organiser une rencontre avec quelqu’un s’y connaissant en corps mécanique ». Les mots semblaient étranges au moment où elle les prononça. Il était clair, à son expression de surprise, qu’il ne s’attendait pas à quelque chose de ce genre. Elle expliqua : « J’ai entendu dire que certains cultes les utilisaient. J’ai besoin de trouver quelqu’un qui comprenne comment cela fonctionne – quelqu’un qui connaisse leur technologie avancée, et pas seulement leurs croyances. Tout ce que je veux, c’est parler. Je ne suis pas une menace pour eux, bien au contraire ».
« Sais-tu ce que tu me demande, major ? » La voix de Garner était rauque. « C’est pas le bon moment pour poser des questions sur Cyriss. Je pourrais perdre mon travail. Ou pire.
Haley regarda sur le côté. Elle n’avait pas pleinement considéré le péril qu’elle lui faisait courir. « Je comprendrai si tu ne veux pas faire ça. Si tu décide de m’aider, je ferai tout ce que je peux pour te protéger d’une éventuel retour de bâton ».
Il se leva et commença à faire les cent pas ; « Cela va prendre du temps, si tant est que je puisse le faire. Tes gens vont te chercher ».
« C’est vrai », admit-elle. « Ils commenceront à me chercher dès demain matin, quand ils se rendront compte que je suis partie ».
« Tu devras rester ici et faire profil bas. Il ne devrait pas être difficile pour moi de m’assurer que personne n’entre ici ; la plupart de ce que je fais ici concerne mes propres projets. Je travaille de l’autre côté de la rue, à la fonderie centrale . . . Je ne sais pas,ça pourrait marcher. Je ne sais pas combien de temps il faudra pour prendre les dispositions nécessaires. Il faudra me promettre de ne pas mettre le nez dehors ».
Elle sentit sa vision se troubler sous l’effet des larmes avant de réaliser consciemment que ses paroles impliquaient qu’il était d’accord de l’aider. Elle ressentit une intense bouffée de gratitude lui voler presque la voix. « Tu va le faire ? »
« Bien sûr », répondit-il, comme offensé. « Mais il va falloir faire de la place. Je peux dormir par terre, peut-être sous la table ou dans le garage. En premier, débarbouillons-nous. Je ne suis pas médecin, mais je connais les premiers soins. Je vais chercher ma trousse ».
* * *
Au cours des jours suivant, Haley considéra qu’elle avait échangé un lit d’hôpital contre un autre. Celui-ci était plus sale, puant, sombre et confiné que le précédent. Néanmoins, elle ressentit un regain d’énergie et d’enthousiasme stimulé par une pointe d’espoir. Elle avait le temps de réfléchir – trop de temps en fait. Elle chercha à se distraire, d’abord par de simples exercices, mais même ceux-ci devenaient plus difficiles. Elle se sentait chaque jour plus faible.
La première nuit Garner l’aider à panser et envelopper ses blessures, principalement des éraflures superficielles et de nombreuses ecchymoses. Lorsqu’elle vérifia ses côtes, elle constata que les grandes taches violacées s’étendaient sur une bonne partie de son torse, affichant un éventail de couleurs meurtries. Son armures de warcaster la protégeait généralement de ce genre de mauvais traitements. Malgré des années de guerre et de bataille, Haley n’avait été malmenée à ce point qu’une seule fois : lorsqu’elle s’était battue contre sa sœur et qu’elle avait perdu son bras. C’était un souvenir sur lequel elle ne voulait pas s’attarder.
Garner revint le lendemain soir, l’air prudemment optimiste. Il avait pris contact avec des personnes, qui lui avaient dit qu’elles pouvaient organiser une rencontre avec quelqu’un de plus haut placé. Il éluda ses questions sur les identités. Elle pouvait comprendre qu’il protège ses amis. Ils seraient tous en danger s’ils étaient découverts. Elle se souvenait de la colère couvant chez Nemo lorsqu’il avait décrit son expérience à Calbeck. Cultistes de la mort, il les avaient appelés. Elle devait s’en tenir à l’idée que les cyrissistes que Garner connaissait étaient différents - et suffisamment raisonnables pour parler avec des étrangers.
La nuit suivante, le chef lui fit visiter son garage, lui parlant de ses composants comme s’il présentait ses proches. Avec une discrète fierté, il dévoila l’un de ses projets favoris, un vieux warjack léger Sentinelle abîmé qu’il avait restauré. C’était l’une des machines mises à la ferraille, tellement endommagées qu’elles ne valaient pas la peine d’être réparées. Les innombrables soudures et les morceaux de métal dépareillés montraient clairement qu’il avait travaillé longtemps sur l’engin, reconstruisant pratiquement tout son moteur à vapeur.
Haley ne l’interrogea pas sur la façon dont il avait obtenu cette machine. Les cortex fonctionnels comme celui qu’elle contenait étaient censés être récupérés pour être installés ailleurs, si possible. Mais elle savait que les procédures étaient parfois quelque peu rapides et vagues parmi les mékaniciens. Les officiers mékaniciens fermaient les yeux si un subordonné de confiance se chargeait d’un travail comme celui-ci, y voyant un moyen d’affiner leurs compétences. Si Garner réussissait, le Cygnar obtiendrait une Sentinelle fonctionnelle restaurée, celle qu’ils avaient radiés des registres. Dans le cas contraire, ils pourraient récupérer le cortex plus tard, et Garner serait probablement meilleur dans son travail grâce à tout ce qu’il aurait appris en essayant.
Haley toucha son châssis avec sa main mékanique tout en tendant son esprit pour se connecter au cortex, qui réagit immédiatement. Elle éprouva un sentiment de satisfaction à établir à nouveau cette connexion, à faire coulisser les verrous corticaux et laisser son esprit fusionner avec elle. Elle regarda à travers ses yeux et se vit, choquée de voir à quel point son propre visage était pâle et frêle. Elle passa un certain temps à communier silencieusement avec son esprit artificiel pendant que Garner parlait de conduits réflexes grillés, de fuites hydrauliques et de pistons tordus.
Bien qu’elle ait toujours favorisé le Lancier au combat, elle nourrissait un certain penchant pour la Sentinelle. Mesurant deux mètres quarante de haut et pesant plus de trois tonnes, c’était un ‘jack lourdement blindé et utile. La mitrailleuse remplaçant son bras droit était parfaite pour détruire les nécroserfs cryxiens ou les Gardes des Glaces khadoréen approchants, tandis qu’un épais bouclier à pointes était attaché à son bras gauche. Les Sentinelles étaient conditionnées pour se mettre en danger pour les soldats vivants ; plusieurs de ses officiers durent la vie à l’intervention d’un de ces warjacks. La surface du bouclier de celui-ci était criblée d’innombrables marques d’impacts, de bosses et de fissures.
Quelque chose dans ce bouclier lui fit réaliser que cette Sentinelle lui était très familière. En observant la machine de plus près, elle remarqua un mot inscrit sur son blindage d’épaule gauche confirmant son intuition.« Marque » était grossièrement gravé dans la peinture bleue, comme s’il avait gravé avec un couteau de tranchée il y a longtemps, peut-être des décennies. Elle ignorait si le nom désignait la machine elle-même, un ancien contrôleur ou quelqu’un à qui elle avait sauvé la vie, mais à un moment donné, elle avait certainement contrôlé cette machine. Étant donné le temps que Garner avait passé avec elle, il pouvait s’agir d’un engagement parmi d’autres. Il avait probablement été détruit en guise de sacrifice tactique et oublié, du moins par tout le monde sauf par le Chef d’Équipe Lyle Garner.
« Marque », prononça-t-elle à voix haute. Il était éteint, son moteur immobile, mais ses capteurs auditifs l’entendirent et elle sentit que son cortex la reconnaissait.
Durant sa convalescence, elle regardait Garner travailler sur le ‘jack après la fin de ses quarts de travail. Elle était trop faible pour directement aider. Ils comprirent vite que sa connexion mentale avec le cortex de Marque pouvait l’aider à tester ses connexions avec le reste du châssis. Garner expliqua qu’il n’avait pas été en mesure d’isoler un problème au sein du complexe réseau de conduits réflexes servant de système nerveux.
Ensemble, ils parvinrent à trouver le principal obstacle, un faisceau grillé sous le cortex ne permettant pas à l’énergie de passer. Avec un peu de travail, Garner reconstruisit le conduit avec un fer à souder voltaïque. Après avoir ouvert les évents d’aérations supérieurs et la hotte de l’atelier pour récupérer la fumée, il mit en marche le moteur du warjack. Elle exhorta Marque à avancer, et il fit son premier pas depuis son apparente destruction, ce qui provoqua un cri de joie de la part du mékanicien. Haley partagea son enthousiasme, trouvant qu’il était bon d’être à nouveau utile.
Par-dessus le bruit du moteur de la machine, ils entendirent un coup sec sur la porte latérale de la maison de Garner. Ils se figèrent tous les deux. Garner pointa du doigt un vieux casier vertical presque vide. Une fois qu’Haley réussit à se faufile à l’intérieur, il alla voir qui avait frappé.
Haley ne put rien voir ni entendre de sa position et il fallut quelques minutes avant qu’il ne revienne. « Tu peux sortir maintenant », dit-il, et il se dégagea. Son visage était sinistre.
« Mauvaise nouvelle ?, demanda-t-elle, son esprit se tournant vers l’idée que sa présence avait été découverte. Garner avait déjà affirmé que des gens la cherchaient dans toute la ville, et qu’une importance récompense avait été offerte pour savoir où elle se trouvait.
« Non . . . », dit-il, bien que sa voix soit étouffée. « C’était mon ami avec les cyrissistes locaux. Le rendez-vous est organisé ».
« Bien ! » Haley fit une pause et demanda : « Pourquoi cette tête ? »
« Je ne lui ai pas dit de venir directement ici. Il était censé glisser une note codée sous la porte en cachette, après quoi j’aurais été le chercher. On dirait que ses contacts ont voulu accélérer les choses. Cela me met mal à l’aise ».
Haley y réfléchit, pensant à la récompense offerte. « Comment accéléré ? »
« Ils veulent que cela se produise ce soir, dans un endroit isolé au sud de la ville, à l’écart de la route principale. Je sais comment s’y rendre. Je lui ai dit que je n’étais pas sûr que cela fonctionnerait, mais il m’a répondu que c’était un opportunité unique. Maintenant ou jamais. Quelqu’un est censé nous rencontrer là-bas, quelqu’un versé dans la technologie avancée entretenue par le cercle intérieur, quoi que cela signifie. Il demeura silencieux quelques secondes avant de dire : « Toute cette situation sonne faux. Je ne pense que tu devrais t’y rendre ».
Haley fronça les sourcils et réfléchit à son avertissement. « À quel point fais-tu confiance à cet ami ? »
« Celui qui est venu ce soir ? Complètement. Nous avons grandi ensemble, fait notre apprentissage ensemble, nous nous sommes enrôlés ensemble. Il prendrait une balle pour moi, et je ferais la même chose pour lui. Mais il est profondément impliqué au sein de cette religion. Il pourrait leur faire trop confiance. Je ne sais rien sur les autres personnes qu’il a fait venir ».
Haley pesa le pour et le contre. Il était tout à fait possible qu’ils aient été trompés, et que quelqu’un voulant toucher la récompense attendre de confirmer sa présence ici. Elle sera les lèvres. « Je dois le faire. J’apprécie et comprends ton inquiétude, mais il y aura toujours des risques ». Haley lui jeta un regard ferme. « Donne-moi tous les détails. Je vais devoir trouver le meilleur moyen de m’y rendre sans être vu ».
« j’ai un plan en tête. Cela inclus Marque ici ». Il frappa d’un coup de poing l’épaule en acier de la Sentinelle. « Il me servira de prétexte pour sortir. Nous lui ferons la plein, le préparons et le laisserons tourner au ralenti pendant la réunion ».
Haley secoua la tête. « Je ne peux pas te faire courir ce risque. C’est mon problème ».
Il lança un regard noir et dit : « Comme l’enfer ! As-tu réfléchi à la façon dont tu vas te rendre au lieu de rendez-vous. Ce n’est pas tout près. Pense à ce qui c’est passé en venant ici l’autre soir. Tu voudras avoir quelqu’un avec toi ».
Il n’avait pas tort. « D’accord, alors comment compte-tu nous y emmener ? »
« J’ai accès à un chariot, et avec Marque chargé à l’arrière et une bâche sur lui, il sera plus facile de te cacher. Je serai le conducteur. Il n’y aura pas beaucoup de renforts, mais ma clé à molette, et la mitrailleuse d’une Sentinelle, c’est mieux que rien ».
Haley soupira. Elle n’avait pas de meilleur plan pour franchir les sentinelles du mur extérieur sans être observé. « Bien. Mas tu restes avec le chariot, et ce morceau de métal aussi, pendant que je découvre si ces personnes peuvent m’aider ».