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SOUTHERN KRIELS BRINEBLOOD MARAUDERS / Présentation [Fluff]
« Dernier message par Krador le 07 mars 2024 à 12:43:41 »


"Depuis leur forteresse-port caché, les Maraudeurs Sang-de-Saumure ravagent les côtes de l'Immoren, du golfe de Cygnar aux Terres sans vent.

Aussi impitoyables que joyeux, ces pirates trollkins récoltent à parts égales des richesses et des vengeances, ainsi que des réparations pour les injustices que les nations des hommes ont infligées aux trolls.

Mais il y a des horreurs pires que les pirates qui revendiquent la domination de la haute mer, et les Maraudeurs Sang-de-Saumure se sont retrouvés une fois de plus pris entre les Royaumes de Fer et les forces terrifiantes qui cherchent à les anéantir.

(traduit depuis le texte de présentation dans le store de PP).
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KHYMAERA SHADOWFLAME SHARD / Présentation [Fluff]
« Dernier message par Krador le 07 mars 2024 à 12:33:58 »


"Dans les profondeurs sans lumière des cavernes les plus profondes sous les montagnes de Wyrmwall, un cancer a prospéré sans être vu : une armée de draconiens fabriqués en chair, dont les formes ont été perfectionnées par l’influence du pouvoir de la déesse des machines, Cyriss, et qui ont été entraînés et guidés dans les arts de la subtilité et de l’assassinat par leur créateur Rhyas.

Aujourd’hui, ils sont contraints de faire connaître leur présence. Ces tueurs patients attendaient leur heure, se propageant sans être remarqués à travers les tunnels de la ruche en contrebas.
Mais une nouvelle force marche sur le monde de la surface qui menace d’avaler les ressources essentielles nécessaires à leurs plans à long terme.

Poussée à l’action, cet essaim d’armes vivantes tournera ses lames contre tous ceux qui se dresseront sur son chemin."


(traduit depuis le texte de présentation dans le store de PP).
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CYGNAR STORM LEGION / Présentation [Fluff]
« Dernier message par Krador le 07 mars 2024 à 12:27:40 »


"Après une ère de guerre sans fin, le puissant royaume de Cygnar a connu près d’une décennie de paix. Alors que la coopération, l’ouverture et la compréhension entre les nations se sont épanouies pendant un certain temps dans une véritable renaissance mékanique, les dirigeants du Cygnar savaient que la paix n’était durable que dans la mesure où ils se consacraient à la force de leur sécurité nationale.

C’est ainsi que la production à grande échelle d’une source d’énergie mécanique purement galvanique, la chambre à tempête, n’a conduit à rien de moins qu’à une révolution technologique qui a finalement donné naissance à la plus grande force de combat que Cygnar ait jamais connue : la Légion de la Tempête. 

Les mékaniciens arcaniques fraîchement recrutés s’appuyèrent sur les créations de leurs prédécesseurs et le programme de l’Académie Stratégique progressa considérablement, fournissant une nouvelle base pour la modernisation de la guerre arcanique et son introduction à la prochaine génération de Warcasters.

Les habitants de Cygnar sont rassurés de savoir que leurs villes et leurs territoires sont défendus par l’armée la plus avancée et la plus professionnelle de l’histoire des Royaumes de Fer, des guerriers et des valets de guerre qui manient le pouvoir même des orages dans leurs poings blindés.

La seule question qui se pose maintenant est de savoir si cela suffira."

(traduit depuis le texte de présentation dans le store de PP).
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Bonjour à tous,

Nous voilà de retour après 15 jours sans la fibre (problèmes de vandalisme chez orange donc plus d'internet) la vie est compliquée sans :'(
En ce moment on travaille beaucoup sur une commande de "Comtes Vampires" en expo et full pinceau (des photos en wip) et sur la fin d'une commande de Mortarion (Oui je traîne mais j'adore cette figurine sachant que je la fais aussi intégralement au pinceau !)

Si ça vous intéresse je serai dispo mardi 5 Mars dès 9H sur Discord en vocal pour parler des projets et besoins de chacun, et causer un peu comme la dernière fois, à Mardi :)
https://discord.gg/WXCzNzqKKu




Peintures réalisées par les élèves:











Vous pouvez nous contacter, nous rejoindre, partager et liker :) .

https://linktr.ee/vladd.l
Tel : 06.74.96.05.58
https://www.twitch.tv/vladdliontv

Merci à vous.

Dalaïs et Vladd
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Discussions Générales / Mise à jour du site avec la MK4
« Dernier message par Krador le 01 mars 2024 à 10:41:41 »
Hello GRUXXKi,


Je serais motivé pour mettre à jour le site par rapport à la MK4, notamment pour créer des nouvelles catégories pour les nouvelles factions : Orgoth, Khymaera, Dusk, etc...

Est-ce que c'est toi qui a la main dessus ? Si oui, pourrais-tu m'autoriser à créer des catégories sur le site, à inclure une nouvelle bannière MK4 pour le site, etc... ?

Je pense que le forum est le meilleur moyen d'archiver des articles. Et je pense en inclure pour le fluff, la description des factions et unités.
Après, cela peut compléter le site Facebook et le groupe Discord.

Merci à toi,


Krador / David
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Ma vidéo du FIJ, au coté des artisans :



N'hésitez pas à commenter et liker (sur Youtube) et à partager. Merci.

Et sinon, tout autre chose... j'ai enfin changé de chaise :
Je vous montre ça en vidéo sur ma chaine.
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Tournois & Manifestations / Re : JFJ (Journées Figurines et Jeux) 2024 à Sartrouville
« Dernier message par Merci le 16 février 2024 à 14:38:28 »
Hello je pense que tu auras plus dimpact sur le discord Battle group

https://discord.gg/Yu6GmFgF
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Achats & Petites Annonces / ACHAT - Cartes skorne MK3
« Dernier message par Shi Vral le 13 février 2024 à 17:42:50 »
Je recherche désespéramment les cartes MK3 VF pour certaines figs que j'ai acquise après la fin de la distribution française et même l'annonce de la Mk4.

Si parmi vous quelqu'un trouve dans un coin ses vieilles carte inutilisées, je suis preneur des références suivantes :
Xekaar
Agonizer
Chiron
Abidan the Keeper

N'hésitez pas à me MP pour s'arranger.
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Tournois & Manifestations / JFJ (Journées Figurines et Jeux) 2024 à Sartrouville
« Dernier message par nicoleblond le 11 février 2024 à 23:30:27 »


Bonjour à toutes et tous, 2024 est la 16ème Edition des JFJ, toute l’Equipe de notre Club Sartrouville Figurine et Jeux est heureuse que l’évènement se fasse avec vous !!
Le lieu est au Gymnase Carnot (avec parking) à 10 minutes à pied de la gare de Sartrouville.

Les horaires :
Samedi 23/03/2024 de 10h à 20h, le dimanche 24/03/2023 de 9h à 18h

L'un des objectifs de notre convention est de permettre la découverte, que ce soit par la possibilité d'essayer un jeu, récent ou plus ancien, de se confronter à de nouveaux défis tactiques lors d'un tournoi, de comparer des techniques de peinture ou encore de découvrir tout simplement une marque de figurine.

Inscrivez-vous aux tournois (Alkemy / AOS / Asoiaf / Briskars / Conquest / Epic 6mm / Infinity / Kharn-Ages / Star Wars Legion / Seigneur des anneaux / Warhammer 40k). Peut-être que d'autres arriveront en plus (ces derniers sont ajoutés en fonction des demandes des organisateurs)
https://www.tabletoptournaments.net/t3_tournament.php?group=402

Concours de peinture (Slow, Speed et Open), animations diverses...

Comme la précédente édition en 2023, nous appliquons le nouvelle formule pour le Bring and Buy, nous mettons à disposition un espace dédié. Toute personne désireuse de vendre ces jeux et figurines devra réserver une table pour une durée maximum d’une journée. La personne vendra elle-même ces produits. La réservation doit se faire par l’envoi d’un mail à l’organisation pour s’inscrire et réserver une table de vente.
Contact : orgajfj@gmail.com
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Background – Histoire des Royaumes d’Acier / Roman - La Voie de Caine
« Dernier message par elric le 10 février 2024 à 17:58:26 »
PARTIE DEUX

Quatre jours Plutôt
596 AR, Printemps ; Fort Nordgarde


« Alors, qu’est-ce que ce sera cette fois-ci ? » Caine souriait devant une assiette fumante de mouton et de pomme de terre. « Dois-je tenir un registre des trains ? Peut-être noter le temps qu’il fait ? »

De l’autre côté de la table du wagon-restaurant privé, Rebald ne s’amusait pas. Derrière les rideaux de velours tirés, le monde défilait dans un cliquetis.

« Je ne pense pas », répondit froidement le commandant en chef, tranchant son mouton avec une fourchette et un couteau. « Il y a un complot visant à renverser le Roi Leto, capitaine. Je m’attends à ce que vous y mettiez un terme ».

Caine toussa, son dîner s’était coincé dans sa gorge. Rebald embrocha un autre morceau de mouton et le porta délicatement à sa bouche, ses yeux brillants tandis qu’il regardait Caine reprendre son souffle. « Un changement est toujours une chose dangereuse. Pour certains, cela apporte la prospérité, pour d’autres, la ruine. Ceux qui ont bien réussi sous Vinter craignent désormais pour leur avenir sous Leto. Malheureusement, cela les a conduits à prendre des décisions, dirons-nous, insensées ». Rebald perça le mouton et commença à la découper avec force, tranchant une bande de graisse. « Ces décisions nous ont obligés à agir ».

« De qui parlons-nous exactement ? » demanda Caine en essuyant ses larmes.

« Les nobles, bien sûr », répondit Rebald en posant sa fourchette. Il désigna d’un geste la carte déployée entre eux. « Ils rassemblent des forces ici, ici et ici. En tout cas, c’est ce que nous savons ». Rebald se tamponna la bouche avec une serviette.

Prenant une gorgée de vin, le chef des services secrets observa Caine avec curiosité. « Nous ne savons pas ce qu’ils comptent faire de ces non-partisans, mais pour le moment, ils semblent se contenter de semer la peur. Vraisemblablement, cela leur permet d’obtenir le soutien des citoyens. La seule chose certaine, c’est qu’ils veulent se débarrasser de Leto ».

Caine haussa les épaules. « Je pense que je pourrais comprendre cela, les circonstances étant ce qu’elles sont. Il a abrogé des accords commerciaux de longue date, nommé de nouveaux délégués commerciaux. Il a renversé la hiérarchie ».

Rebald hocha la tête, faisant tournoyer le vin dans son verre. « Oui, ne serait-ce que pour éliminer les pommes pourries. Le problème ici n’est pas le mécontentement que son ascension a provoqué. Avec suffisamment de temps, Leto aurait peut-être commencé à gagner leur confiance, l’un après l’autre. Ainsi, il aurait réduit l’influence des dissidents restants. Le problème est qu’il n’aura pas ce temps. Les nobles ont réussi, d’une manière d’une autre, à générer un important capital pour son éviction. Trop, trop tôt. Comme vous le voyez sur la carte, ils en ont déjà assez pour créer une menace crédible pour la sécurité de Leto ». Rebald observa la réaction de Caine, sans sourciller.

« C’est vrai. Ils se font donc aider », marmonna Caine en se frottant le menton. « J’ai l’impression que c’est là que j’interviens dans votre grand plan ».

« En effet, capitaine ». Rebald parcourut la carte du regard, son doit se posant sur Merywyn, la capitale du Llael. « Nous avons un informateur. Kreel. Il a identifié le mystérieux bienfaiteur de notre noble. Un certain Thaddeus Montague, trésorier royal du Roi Rynnard de Llael. Vous remarquerez que le domaine du Baron Malsham se trouve juste au sud de la frontière de Llael, et de Merywyn elle-même. Cela impliquerait certainement le baron dans le complot, même s’il faut pour le moment sauver les apparences. Une fois que vous serez déployés sur son domaine, vous garderez un œil sur ses affaires sous couverte de protection. Pendant ce temps, je veux que vous infiltriez Merywyn et que vous rencontriez cet informateur ».

« Je ne comprends pas. Vous voulez que je garde un baron et que je sorte en douce ensuite pour discuter avec ce Kreel ? »

« Vous allez là-bas pour tuer, Caine », corrigea Rebald. « Pendant que votre détachement fera preuve de bonne foi envers nos nobles, vous infiltrerez Merywyn pour couper la tête du serpent. Par l’intermédiaire de Kreel, vous parviendrez à ce trésorier. Interrogez-le. Apprenez ses motivations si possible, mais tuez-le de toute façon ».

« Pourquoi moi, Rebald ? Vous n’avez pas suffisamment d’assassins à votre disposition pour de telles choses ? » Caine se gratta le menton, jetant un coup d’oeil distrait à la carte.

« D’après Kreel, Montague est bien gardé. Et pourtant, ce n’est que la moitié du problème ». Rebald sirota son vin. « Il y a… des complications que je pense que vous êtes bien placé pour gérer. Comprenez que nous vivons une période délicate entre notre nation et le Llael. Bien qu’ils soient toujours officiellement nos alliés, il n’y a qu’une seule chose que le Roi Rynnard craint plus que la racine de réglisse, et c’est le Roi Leto ».

« Je ne comprends pas », Caine secoua la tête. Reblad leva les yeux de sa carte, irrité.

« Le régime de la nation la plus puissante de l’Immoren occidental est renversé à sa porte, et vous ne voyez pas en que cela pourrait inquiéter Rynnard ? » demanda doucement Rebald, mais Caine secoua simplement la tête.

« Je comprends cette partie. Qu’est-ce que vous voulez dire à propos de cette foutue réglisse ? »

Rebald haussa les épaules. « Il est de notoriété publique que Rynnard tombe gravement malade à la moindre saveur ». Rebald tapota la carte pour se recentrer. « Maintenant, comme j’y arrivais, il est impératif que vous ne soyez pas arrêté ou identifié. Un agent cygnaréen découvert en train d’assassiner un courtisan royal ne serait rien de moins qu’un désastre. Sur ce point, je crois que j’ai le meilleur homme pour ce travail ». Rebald, toujours absorbé par la carte, traça une ligne à travers la frontière de Llael. « Vous voyez, alors que les relations diplomatiques semblent se poursuivre normalement, Rynnard n’a cessé d’augmenter les patrouilles frontalières. Il est même allé jusqu’à mobiliser des forces dans le sud ces derniers mois. Juste au nord de la frontière, il a fortifié sa demeure, la capitale de Merywyn. La ville était déjà suffisamment défendable auparavant, le Fleuve Noir servant de fossé à l’est et les murs de la ville créant un épais périmètre de tous les côtés. Récemment, il a doublé la garnison là-bas, et les portiers vérifient méthodiquement les papiers de tous ceux qui s’approchent.

Caine haussa les épaules, indifférent, « Je pourrais me débarrasser de mon armure et me faire passer pour un roturier assez facilement.

« Vous pourriez. Ce serait une affaire triviale de vous forger les papiers nécessaires. N’oubliez pas, cependant, que vous n’avez aucune idée de ce qui vous attend. Les renseignements indiquent que votre cible est bien protégée. Si Kreel a raison sur ce point, entrer sans armure ni armes vous priverait d’un considérable avantage tactique. Est-ce vraiment ce que vous voulez ? »

Caine fronça les sourcils. « Ech. Je suppose que non ».

« Ne pourriez-vous pas simplement vous infiltrer dans la ville depuis les murs extérieurs ? »

Caine secoua la tête. « Je ne maîtrise pas les déplacements vers des endroits que je ne peux pas voir. Je ne sais pas où je finirais si je tentais de telle cascade. Au milieu d’un mur, j’imagine ».

Rebald acquiesça, faisant tournoyer distraitement le vin dans son verre.

« Alors, quelle que soit la façon dont vous vous y prendrez, gagner la ville représentera un défi. Je vous laisse le soin d’élaborer votre propre stratégie, mais si vous souhaitez l’utiliser, j’ai réquisitionné un prototype de warjack qui pourrait s’avérer utile pour une telle occasion ».

Rebald leva son verre, finissant le reste de son vin. De l’autre côté de la table, il étudia Caine.

« Il y a une dernière chose à faire ». Inspirant probablement, il sortit un petit sac de feutre de sa poche. Il le tint un moment, puis le jeta par-dessus la table pour atterrir devant Caine.

« C’est quoi ? » Caine se rassit, regardant le sac comme si une souris les avait rejoints à table.

« Une intuition. Si l’histoire du trésorier ne colle pas, considérez-la comme votre prochaine mission. Sinon, rangez-le au fond de l’une de vos poches et oubliez-le ».

Sans un avertissement, ils purent percevoir le grincement de leur train. Le sifflet à vapeur retentit, annonçant une gare à venir. Hochant la tête, Rebald se leva. « Notre arrêt, capitaine ».

* * *

Trois jours plus tard, Caine s’ennuyait et s’agaçait à parts égales. Quittant sa chaise sur le pont supérieur du navire, il sortit. Alors que les berges du fleuve défilaient lentement, il fouilla dans les poches de son long manteau de cuir à la recherche cigarillo.

Le bateau à vapeur, Katie, avançait péniblement depuis des heures et ils n’étaient pas plus près de leur destination, pour autant qu’il puisse en juger. Ils étaient partis de Nordgarde en cette claire matinée de printemps mais plus ils parcouraient le Fleuve Anguille, plus la journée devenait morne. Le Fleuve Eel était un affluent sinueux du Lac d’Eaux-Aveugles, dans l’extrême nord du Cygnar, et s’enfonçait progressivement dans le bourbier de marécages et de bois couverts de mousse, mieux connu sous le nom de Marais Bloodsmeath. Ici et là, des quais et des débarcadères s’étendaient jusqu’à eux depuis le rivage, avec des maisons sur pilotis nichées juste au-delà de la lisière des arbres, mais plus ils avançaient, plus les colonies devenaient clairsemées. Caine gratta une allumette et tira une longue bouffée sur son cigarillo. Quel genre de personnes pouvait bien vivre dans un endroit I ? Il secoua la tête.

En fin d’après-midi, ils devraient atteindre la rive du lac, au Ponton de Perry. C’est là que son premier commandement débuterait pour de bon. Dans les ponts inférieurs, près de soixante combattants, des munitions, des warjacks et d’autres éléments logistiques avaient été chargés. C’était à lui de les commander et d’en assumer la responsabilité. Alors qu’il faisait rouler la riche fumée de feuille de Hooaga sur sa langue, il trouva l’idée ridicule. Depuis quand gagnait-il sa vie dans la rue ? Les années écoulées s’estompaient dans son esprit telle la fumée de son cigare lorsqu’il expirait, incorporelles et vagues.

« Ah, vous voila, monsieur ».

Une voix familière l’interrompit alors que la porte de la cabine s’ouvrait. Caine fit signe à son adjudant sans prendre la peine de se retourner. L’homme s’approcha en s’étirant et en baillant de fatigue. Tandis que les deux hommes regardaient la paresseuse Anguille, le lieutenant fusilier, un jeune homme au visage encore plus jeune, saisit la rambarde en fer, prenant une profonde inspiration.

« Par Morrow, ça pue ! » s’exclama-t-il.

« Essaye de grandir à côté d’une usine de papier, Gerdie », répondit Caine avec un sourire narquois. Le ponctuel compagnon de voyage de Caine grimaça à cette idée avant de reprendre la parole.

« Le capitaine dit que nous devrions arriver dans les prochaines heures. Tout est sous contrôle pour le moment, alors j’ai pensé que je pourrais vous dire un mot », poursuivit Gerdie.

Caine acquiesça et tira une nouvelle fois sur son cigarillo.

« Eh bien, monsieur, c’est juste que depuis vous avez débarqué à Nordgarde avec ce monsieur, disons, « anonyme » et que vous avez réquisitionné ce détachement ainsi que moi-même, eh bien, vous n’avez pas prononcé grand-chose d’autre que « patrouille frontalière ». Donc, si vous ne me trouvez pas insubordonné, monsieur… »

Caine roula des yeux à la formalité, mais Gerdie poursuivit. « Pourquoi diable nous emmenez-vous dans ce marais puant ».

Pourquoi en effet ? Caine sourit, mesurant sa réponse par rapport à la conversation qu’il avait eue avec le Général en Chef des Éclaireurs quelques jours auparavant.

« Des mercenaires, Gerdie. Ils campent près du Ponton de Perry. Ils sèment la panique dans la région ».

Gerdie arpenta le pont, un froncement de sourcils se dessinant sur son visage. « Pourquoi ? Qu’avons-nous à craindre d’eux, à moins qu’ils ne travaillent pour le Khador ? »

« Nous ne savons pas. Nous ne savons même pas où ils se trouvent. Le fait qu’ils soient là et qu’ils grandissent de jour en jour suffit à inquiéter les nobles. Ils ont mis Leto au défi d’agir. Alors nous voila ». Caine regarda son adjudant déconcerté plissé des yeux et s’appuya contre la rambarde. Son cigare réduit à l’état de mégot, il tira une dernière fois dessus avant de le jeter par-dessus bord.

Gerdie acquiesça. « D’accord. Nos ordres indiquent que nous devons loger chez le Barn Malsham, neveu du Duc de Nord-forêt. Quel est le plan ? Établir un périmètre de défense au domaine ? Patrouiller les hameaux voisins ? Envoyer nos éclaireurs en reconnaissance à longue distance pour voir s’ils peuvent trouver cette ‘menace » ? »

« Ech, c’est à peu près ça, Gerdie Si nous avons de la chance, nous pourrons peut-être aussi découvrir pour qui ils travaillent », répondit Caine en se penchant par-dessus la rambarde. Gerdie haussa un sourcil. « Avec respect, monsieur ? Il nous faudra peut-être un certain temps pour les trouver dans ce bazar ». Gerdie désigna le vaste marécage les entourant.

« C’est vrai. Mais j’ai entendu dire que le Sergent Reevan est un vrai vieux briscard. S’ils sont là, je suis sûr qu’il les trouvera ». Le duo longea la rambarde du bateau, s’approchant de la proue.

« Et le reste des hommes ? Vous attendez-vous vraiment à un combat ici ? » Gerdie regarda par-dessus la proue, l’inquiétude se lisant sur son visage. Devant lui, l’Anguille s’ouvrait enfin largement sur Eaux-Aveugles. Les nuages devant eux donnaient à l’eau libre un aspect gris et froid, et un vent soufflait sur le lac. Caine regarda devant lui et hocha la tête. « Je ne l’exclurais pas ».

Les deux hommes regardèrent le Ponton de Perry apparaître enfin à travers. Ce n’était qu’un petit groupe de bâtiments et de quais, vu de loin, mais il s’agrandissait de seconde en seconde. Même s’il essayait de le minimiser, les enjeux de ce premier commandement commençaient à lui peser. Gerdie le regardait, impassible.

* * *

Alors que les dernières troupes de Caine franchissaient la rampe d’embarquement, Katie siffla. Caine regarda les grandes cheminées du bateau à vapeur souffler avec impatience pendant que la roue de carrier du quai soulevait les caisses des ponts inférieurs. Des caisses en bois émergèrent les unes après les autres, posées délicatement sur le quai. Caine fut émerveillé lorsque la grue produisit trois monstruosités de fer depuis la cale de I. Les yeux de ses machines anthropomorphes étaient fermés, leurs foyers éteints. Des Chargeurs, légers et rapides, il en avait reçu deux, ainsi que le meurtrier au canon lourd, connu sous le nom de Défenseur. Chacun d’entre eux furent soigneusement placé sur de lourdes charrettes tirées par des chevaux de trait pour le voyage à venir. Presque après coup, une caisse singulière émergea au bout du crochet de la grue, remarquable par sa taille et son absence de pochoirs d’identification. Caine se souvint de la mention de Rebald concernant un prototype avec une curiosité croissante.

Gerdie s’occupait de mettre en formation le long des quais bondés, tandis que les ouvriers travaillaient autour d’eux. La voix juvénile de l’officier subalterne était parfaitement capable d’aboyer des ordres d’exercice malgré le vacarme et les hommes s’alignèrent par escouades. La roue de carrier s’éloigna enfin de Katie et sa roue à aube commença à brasser l’eau. Elle poussa un unique irritable sifflement en guise d’adieu. Alors que Caine s’approchait de Gerdie, le jeune adjudant se tourna et salua. Étouffant sa réticence à l’égard des formalités, Caine rendit le salut devant les hommes rassemblés.

« Tout l’équipement et le personnel sont présents et comptés, monsieur. Sur vos ordres, nous sommes prêts à partir ». Caine regarda longuement les rangs d’hommes au garde-à-vous devant lui et inspira profondément. Il vit les fusiliers avec leurs fusils de précisions à l’épaule, puis des pionniers emmitouflés dans de longs manteaux de cuir, et à côtés d’eux, un mélange d’éclaireurs à l’allure dépenaillée. Un habitant s’approcha d’eux, menant deux chevaux gris tachetés par les rênes. Caine prit la bride qui lui était offerte et se mit en selle.

« Allons-y, alors ».

* * *

La nuit tombait lorsque Caine et son cortège atteignirent les portes en fer noir du domaine familial Malsham. L’obscurité couvrait les cieux et une brume humide les avait accompagnés tout au long du chemin.

Le chemin les avait menés à travers une terre traîtresse. Aux abords du Ponton de Perry, la civilisation avait disparu dans un enchevêtrement de bois recouverts de mousse et de marais sans fin. Tout autour d’eux, le terrain était animé par des chants d’oiseaux inconnus et le coassement des grenouilles. Ils finirent par traverser les grandes tourbières de Cear Brynn. Ici, les accotements de l’étroite route étaient bordés de piles de tourbe, dont certaines étaient hautes comme deux hommes. Les tourbières elles-mêmes étaient vivantes, les ouvriers extrayaient la tourbe du sol humide avec une bêche et une pelle. Bizarrement, ils s’étaient arrêtés de travailler pour regarder la longue procession de Caine. Ils lui semblaient bien maussades, mais il ne pouvait guère les blâmer. L’humidité de cet endroit lui faisait dans le dos, et les portes s’ouvrant devant eux n’auraient pas être plus accueillantes. Éperonnant son cheval, il traversa au galop l’ancienne entrée en fer noir.

Le domaine était ancien et bâti sur le meilleur terrain qu’ils aient vu depuis des lieues. Finies les maisons longues en bois sur pilotis du Ponton de Perry, avait disparu au profit d’une construction traditionnelle en pierre et en mortier. Le manoir était élégant même, précédé d’une longue cour paysagée avec des allées en pierre concassées et des arbustes. De même, les quartiers des domestiques, les écuries et d’autres structures du domaine étaient opulents par rapport aux établissements antérieurs de la région. Gerdie poussa son cheval pour rattraper Caine, hochant la tête en direction du manoir. « Eh bien, c’est une belle maison, si les ouaouarons vous beuglent pour dormir la nuit ».

Caine sourit et hocha la tête. En regardant devant lui, il aperçut l’entrée principale du manoir, avec une file de serviteurs rassemblés pour les recevoir. « Installez les hommes pour la nuit. Je vais rencontrer notre hôte ».

Gerdie hocha la tête et emmena son cheval.

Caine se retourna pour voir les lentes charrettes avancer devant les soldats. Gerdie fut rapidement au milieu des choses, se coordonnant avec les serviteurs pour diriger les formations les unes après les autres vers leurs logements. Caine balança une jambe et descendit de cheval, un jeune serviteur en blanc s’avança pour prendre les rênes. Caine tapota le museau de sa jument avant de la laisser emmener.

« Monsieur ? »

Un murmure provint de derrière lui. Caine se retourna. Le Sergent Reevan, un ranger grisonnant et plutôt bâti, enveloppé dans une cape brune grise, le regardait avec circonspection, ressemblant à s’y méprendre à un animal en cage.

« Si cela vous dérange pas, capitaine, es gars et moi aimerions explorer le territoire plus tôt, si vous me suivez ».

« De retour au matin ? Renifla Caine.

« Très certainement. Nous vous ferons un bon rapport des choses, pour disons, un cercle de trois verges ? »

« J’aimerais avoir un œil sur la frontière. On dit que le Llael est verrouillé. Jetez y un coup d’oeil ».

« Très certainement, monsieur ».

À l’entrée du manoir, une dame s’avança, sa longue robe cramoisie arborant un motif floral brodé, encadré par un col et des poignets en reticella. Au sommet de sa tête, de longues tresses auburn étaient coiffées de rubans et son visage était poudré de blanc, comme c’était la mode parmi l’élite de Corvis dans le sud. Elle était une femme aussi belle que Caine pouvait l’imaginer. Alors qu’elle descendait les marches pour le saluer, Caine entendit le sergent rire à côté de lui.

« Même si cela peut vous contrarier, j’ai préparé mon premier rapport de reconnaissance, monsieur ». Celle-là est prise ».

Caine toussa, lançant un regard noir à l’homme. Le sergent recula avec un sourire ironique. Caine s’inclina à l’approche de la Baronne Sarah Fane Malsham, puis lui baisa la main qu’elle lui tendit.

« C’est un grand honneur pour moi de vous accueillir chez moi, Capitaine Caine. Je m’excuse que mon mari, le baron, soit indisposé pour le moment, mais nous serions très heureux si vous pouviez prendre votre repas avec nous ? »

* * *

Caine mangeait sa nourriture, essayant de lui donner un sens. C’était tiède, amer et… non identifiable. Qu’est-ce que c’était ? À l’autre bout de la table longue de six mètres de long, le Baron Ivor Malsham. Il était assis, flanqués de serviteurs, et observait la lutte de Caine avec un mépris à peine voilé. Au milieu de la table, à sa droite, la baronne l’encourageait à goûter le plat blanc et filandreux. Après quelques bouchées, il déglutit difficilement et tendit la main vers la corbeille de pain, dont il saisit plusieurs morceaux.

« Le ris de veau à la sauce à la cardamome et au vin est un mets délicat que peu de cuisiniers en dehors de Llael savent préparer correctement. Cela ne vous convient-il pas ? » renifla le baron en plissant les yeux. Caine regarda la table de long en large, mal à l’aise. Déjà qu’on lui avait demandé d’enlever son armure au profit d’une tenue de soirée. Pis encore, les serviteurs du baron avaient jugé bon de lui fournir des vêtements qui n’étaient pas à sa taille.

Il connaissait le regard qui lui était adressé depuis la table. Il l’avait enduré à plusieurs reprises auparavant, notamment de la part de son propre père. Il serra la mâchoire un instant, essayant de se calmer. La pensée d’un mouvement rapide, d’un pistolet dégainé et d’une balle dans le visage du baron apporta un peu de paix. En conséquence, il se trouva en mesure de produire un sourire sincère.

« Je suis sûr que c’est bon, baron », dit Caine en prenant du pain. Il en déchira un morceau pour le mâcher lentement. Le baron fronçait toujours les sourcils, les yeux rivés sur Caine.

« En vérité, j’ai moi-même trouvé cela désagréable au début », déclara la baronne avec un sourire chaleureux.

Le baron lui lança un regard noir avant de fixer son attention sur sa propre assiette. Caine remarqua que la moustache et la légère barbe de l’homme ne cadraient absolument pas avec son visage en forme de rongeur. Longues et torsadées par la cire, elles s’animaient au fur et à mesure qu’il mâchait. Elles se tortillaient comme si elles avaient l’intention d’échapper à son visage narquois.

Le regard de Caine se porta sur la baronne alors qu’il cherchait du pain. À sa grande surprise, il découvrit qu’elle le regardait déjà avec des yeux d’un vert liquide. Après que le moment se soit prolongé une seconde de trop, ils se retournèrent tous les deux vers leur nourriture avec embarras.

Le baron étudia son assiette comme s’il s’agissait d’un présage. Mâchant pensivement, il leva les yeux vers Caine et déglutit.

« Je suis curieux de savoir ce que vous faites ici capitaine. Votre arrivée ne va pas sans quelques désagréments pour nous ».

Caine but une gorgée de vin. « Je trouve cela étrange, baron. N’est-ce pas vous qui avez demandé au roi d’agir ? N’a-t-il pas répondu à vos demandes ? »

Le baron se moqua. « Demander la sécurité de ses frontières et de ses terres est une chose. Qu’une armée s’abatte sur sa maison en est une autre ».

« S’il te plaît, Yvor. Tu vas offenser notre invité »,intervint la baronne.

Tais-toi et laisse les hommes parler ! » siffla le baron. La baronne baissa les yeux sur son assiette et ne répondit pas.

« Soyez rassuré, baron. Le Roi Leto fait de votre sécurité une priorité. Si loin de la frontière, Nordgarde est à plus d’une journée de cheval. Nous ferions mieux de nous positionner ici, si nous voulons trouver ces maraudeurs dont vous parlez ».

« Suggérez-vous que mes affirmations sont mensongères ? »

Caine cligna des yeux. « Je n’ai rien dit de tel. Pourquoi le demandez-vous ? »

Le baron fronça les sourcils. Avec un sang-froid retrouvé, il s’éclaircit la gorge. « Nous vous accueillerons bien entendu jusqu’à la fin de vos travaux. Cependant, je suis plutôt enclin à ce que cela se fasse rapidement. Les apparences d’un noble sous occupation sont… des plus inconvenantes. Je ne m’attendais pas à ce qu’un roturier tel que vous me comprenne ».

La baronne blêmit, mais se retint de s’exprimer.

« Baron, aussi tentant que cela puisse paraître pour nous deux, je n’irai nulle par tant que le travail ne sera pas fini ».

* * *

Le lendemain, le détachement de Caine fut mis au travail. Les pionniers creusèrent et fortifièrent un périmètre autour du domaine, pis établir des points d’observation le long du nord et du sud de la piste de Serinye. Les rangers effectuèrent des reconnaissances avancées depuis le marais Orgoth jusqu’à Cear Brynn, et presque jusqu’au Ponton de Perry.

Caine mit au point d’honneur à ce que le baron soit accompagné dans ses allées et venues. Lors de deux excursions distinctes, le baron se rendit inutilement au Ponton de Perry. Ses affaires rapidement conclues les deux fois, Gerdie transmit à Caine que le noble semblait prêt à fuir l’escorte. Sur le domaine, le baron se tint à l’écart, évitant Caine et ses hommes autant que possible.

Caine rencontra Reevan après la première nuit, et confirma que le poste à la frontière septentrionale était bien surveillé, mais le ranger vétéran recommanda quelques points par lesquels ont pouvait se faufiler. À quelques reprises, Caine et la baronne se croisèrent alors qu’elle passait du temps du temps à visiter le domaine sur son cheval.

Malgré toute l’activité au sein du domaine, il n’y avait eu aucun signe de mercenaires à l’extérieur. Les soupçons de Gerdie se confirmaient.

La deuxième nuit, Caine prépara un cheval afin d’explorer en personne le chemin vers Merywyn. Au crépuscule, il emprunta la route Turpin vers le nord pendant une lieue. Alors qu’il arrivait en vue de la frontière, il s’écarta du sentier comme Reevan lui avait conseillé. Il trouva les conseils du sergent opportuns. S’arrêtant à l’ombre d’épaisses broussailles, il vit un contingent de soldats llaelais passer en trombe, et d’autres encore s’avancer sur la piste. Devant une telle résistance, il décida qu’il valait mieux de laisser son cheval en arrière et l’attacha dans une clairière isolée. Il traversa le bois pendant une demi-heure avant de rejoindre la route. D’après ses calculs, il avait parcouru une lieue en Llael. À l’approche de sa capitale, il se retrouva à deux reprises dans les broussailles, alors que d’autres soldats parcouraient la route. Caine ne put s’empêcher de penser que le Llael se préparait à quelque chose de grand et semblait effrayé, comme Rebald l’avait dit. Enfin, à portée de lunette de la capitale, il s’arrêta pour observer.

Merywyn projetait des lumières colorées dans le ciel nocturne et ses grands murs se dressaient fièrement au-dessus de la périphérie de forêts anciennes. Derrière la sécurité de ces hauts murs, il pouvait voir des dizaines de hautes flèches s’étirer dans les cieux nocturnes. Les flèches étaient emblématiques de la ville et impressionnantes par leur savoir-faire.

Malgré sa beauté, plus il en voyait, plus il fronçait les sourcils. La ville était inaccessible par l’est, bordée par le Fleuve Noir, et le côté ouest n’avait pas plus meilleure allure. La partie terrestre de la ville était entourée par une clairière d’au moins cent verges de large et, plus inquiétant encore, éclairée par des lampes à gaz. Il pouvait distinguer des patrouilles de gardes le long des remparts de la ville. Les portes de la ville étaient doublement épaisses, et bien qu’il y ait un peu de circulation, il était clair que les gardes surveillaient tous ceux qui entraient ou sortaient, vérifiaient les papiers et tenaient les registres.

« C’est sacrément étanche », cracha-t-il. Il fronça les sourcils, incapables de repérer un point d’approche qui ne soit pas visible par des gardes. Remettant sa lunette dans sa poche, il retourna à son cheval, repassant bientôt en Cygnar.

De retour au domaine, Caine attacha son cheval dans l’écure. Il se dirigea rapidement vers l’allée pour retrouver son chef mékano, Ewan. Le vieil homme était encore à l’oeuvre à une heure avancée de la nuit. Cette partie de l’écurie avait été transformée en atelier de mékanique, avec bancs d’outils et caisses de fournitures. Les trois warjacks de Caine se tenaient en ligne, des chaînes suspendues aux chevrons pour les maintenir en équilibre pendant que leurs fournaises étaient éteintes. De nombreux assistants gobbers bavards rampaient sur les redoutables machines de guerres, effectuant des ajustements avec un assortiment d’outils. Les créatures à la peau verte et à hauteur de taille s’arrêtèrent dans leur tâche et regardèrent Caine entrer.

« Tout vous satisfait, monsieur ? » Ewan fit un geste vers les warjacks. Les gobbers, tout aussi ahuris qu’Ewan, continuaient de fixer Caine. L’effet était paradoxalement comique et troublant à la fois.

« Oh, ne leur prêtez pas attention. Ils ont une courte capacité d’attention. N’est-ce pas, les garçons ? » Ewan gloussa lorsque les créatures répondirent dans un patois indigné avant de retourner à leur travail.

« Je pense qu’il est temps », dit Caine.

« Oh ? »

Caine pointa du doigt la caisse non marquée mise de côté avec le reste des fournitures, puis se tourna vers le mékanicien, les bras croisés.

« Construisez-le ».

Ewan hocha la tête impassiblement, s’essuyant les mains sur un chiffon. Les gobbers, eux, furent ravis. Leurs visages se fendirent d’un rictus et le ton de leur étrange langue monta jusqu’à devenir strident. Ils bondirent sur le sol de l’écurie et se ruèrent sur la caisse, brandissant des barres à mines dans leurs mains vertes et griffues.

Caine sortit, attrapant un cigarillo dans l’une des poches de son pardessus. Avec un soupir, il s’aperçut qu’il ne lui en restait plus que deux. Il en tira un, le passa lentement sous son nez. Il alluma une flamme sous un poteau de lanterne et aspira profondément. Il leva les yeux vers la lune, se détendant un instant dans l’air frais de la nuit.

« C’est un très beau cheval que je vous ai vu monter. Comment s’appelle-t-il ? » La voix de la femme sortit de l’ombre. Caine se retourna, surpris par la silhouette à la lisière des ombres.

« Ils… euh, s’appelle Nessa », répondit Caine en mâchonnant son cigare face à cette compagnie inattendue. Ses yeux s’écarquillèrent lorsque la baronne s’avança dans la lumière. Elle était une vision parfaite, délaissant sa robe de jour pour un simple corsage vert et une jupe blanche. Son maquillage poudré avait disparu, révélant une peau lisse. Ses cheveux auburn tombaient sur ses épaules. Il aperçut une large marque sous les cheveux et grimaça. Embarrassée par sa découverte, elle tressaillit et se détourna.

« On dit que si l’on se marie pour de l’argent, on en gagnera jusqu’au dernier cent », prononça-t-elle faiblement en regardant la lande. Avec une profonde inspiration, elle se retourna enfin. « Il n’y a pas de victime ici, capitaine. Je savais dans quoi je m’embarquais. Vous en avez un autre ? Demanda-t-elle en montrant le cigarillo.

Caine vit l’étendue de l’ecchymose, du cou à la clavicule. Son visage se durcit et il jeta son cigarillo par terre.

« Ce fils de pute… » cracha-t-il, ses pas le menant déjà vers le manoir. Il fit trois pas avant qu’elle ne s’agrippe à son bras.

« Non. Il ne faut pas ! S’il te plaît ! »

Il y avait de la terreur dans ses yeux. Il l’imagina ainsi devant le baron, et a rage s’empara de lui. Il libéra son bras. Elle trébucha contre lui et tomba à genoux.

« S’il te plaît ! » pleura-t-elle.

Caine s’arrêta et se retourna. Il la vit à terre et secoua la tête. S’approchant d’elle, il passa un bras autour d’elle et la soutint. Les larmes coulèrent sur ses joues et elle le regarda avec gratitude. En lui, son sang bouillait, mais remarquant ses lèvres si proches et ses beaux yeux se noyant dans les siens, il fut pris d’une autre impulsion. Il se pencha vers elle et l’embrassa fougueusement sur la bouche.

Elle ne résista pas.

* * *
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