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Début d'une "série" autour du travail sur un Titan Phantom Eldar :




Rediffusion de Lives Twitch, sous la forme d'une nouvelle playlist sur la chaine Youtube.


Photos du kit monté bientôt... en attendant, n'hésitez pas à me contacter pour vos commandes.
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Background – Histoire des Royaumes d’Acier / Roman - Poudrière
« Dernier message par elric le 21 juillet 2024 à 16:47:16 »
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Caspia, Cygnar


LA CHAMBRE DU CONSEIL INTÉRIEUR de Julius Raelthorne, premier du nom, convenait au jeune roi. Son père, Vinter Raelthorne, avait rarement utilisé cette pièce, préférant tenir les réunions du conseil dans la salle du trône du Château Raelthorne. Stryker avait assisté à plusieurs d’entre elles en tant que membre de la garde royale, il y a près de quinze ans. Le fils de Vinter, quant à lui, préférait un lieu de réunion moins grandiose. La chambre se trouvait derrière la salle du trône et était autrefois réservée aux réunions privées avec d’importants dignitaires. Elle était petite et la table en forme de U en bois de fer poli occupait la majeure partie de l’espace. Les murs étaient peints en bleu royal du Cygnar et décorés de portraits des différents rois ayant régné sur la nation. Stryker nota que le portrait de Vinter avait récemment été remis à sa place sur le mur.

La table était suffisamment grande pour accueillir tous les membres du conseil, dont Stryker était membre. Bien que son inclusion par le roi ait été autorisée, au mieux, à contrecœur. La plupart des hommes qui constituaient les plus proches conseillers de Julius s’étaient engagés à soutenir le jeune roi lors de la récente guerre civile ou, dans le cas d’Orin Midwinter, étaient des criminels exilés, autre fois loyaux envers son père, qu’il avait graciés. Stryker grimaça en regardant où Midwinter était assis – Midwinter était à la droite du Haut Chancelier Leto, qui à son tour était le plus proche de Julius au centre de l’U. Autrefois inquisiteur en chef sous Vinter Raelthorne, Midwinter avait été forcé de faire profil très bas lorsque son ancien suzerain avait été chassé du trône. Il avait soutenu Vinter puis Julius en exil, et le jeune roi l’avait gracié lorsqu’il était monté sur le trône, accordant à Midwinter le titre de Conseiller aux Arcanes. L’homme était un magicien accompli, mais leurs rumeurs sur ses activités pendant et après le règne de Vinter étaient pour le moins inquiétantes.

À la gauche du roi se trouvait le Commandant en chef des Éclaireurs Bolden Rebald, un maître espion et responsable du Service de Reconnaissance Cygnaréen. L’homme suivant était à la table était le Général Maître de Guerre Kielon Ebonhart, un puissant duc que Stryker connaissait bien. Stryker s’était entraîné sous les ordres du Duc Ebonhart il y a plus de dix ans, lorsque celui-ci était à la tête des Lames-Tempête. Ebonhart avait été l’un des nobles les plus importants à soutenir Julius au cours de la guerre civile.

Les deux autre hommes du conseil assis au bras du U, étaient le Navarch Galten Sparholm III, à la tête de la marine, et Lassiter Polk, maître mékanicien et chef de l’Armurerie Cygnaréenne. Stryker avait peu fréquenté ces deux hommes, mais il les connaissait par leur réputation et ils étaient tous deux capables.

Enfin, il y avait Stryker lui-même, assis aussi loin que possible du roi. Il était Seigneur Général de l’Armée Cygnaréenne, son rang n’étant surpassé que par celui du Maître de Guerre Kielon Ebonhart. Il assistait à toutes les réunions du conseil, mais le roi faisait rarement appel à lui pour obtenir des conseils. Julius écoutant principalement son oncle Leto pour les questions d’état, son maître de guerre pour les questions militaires, et Orin Midwinter pour presque tout le reste. Depuis la bataille de Fharin, Julius semblait accorder une grande confiance à l’ancien inquisiteur. Peut-être était-ce le lien avec son père qui avait attiré Julius vers Orin. Stryker ne comprenait pas pourquoi le roi accordait autant confiance à quelqu’un qui avait fait partie d’une organisation si universellement décriée.

Stryker était un marginal, un marginal dont l’opinion n’était ni recherchée ni appréciée. Sa véritable place était sur le champ de bataille, à la tête des soldats et des warjacks. Qu’il soit membre du conseil était probablement dû à Leto. L’ancien roi et lui avaient été proches, et Stryker souffrait de voir quelqu’un d’autre sur le trône, aussi légitime que soit la prétention du jeune homme.

« Votre Majesté », dit Leto, sa voix ramenant Stryker dans la conversation, « nous avons reçu une copie du traité signé par les envoyés de Khador, et il a été officiellement enregistré ». L’ancien roi sourit. « Nous sommes en paix ».

« Bravo, bravo ! » s’écria le Maître de Guerre Ebonhart, et les applaudissements emplirent la salle. Stryker y ajouta à contrecœur.

« Mais il y a de nombreuses questions qui nécessitent encore votre attention, bien sûr, Votre Majesté », déclara Midwinter après que les applaudissements se soient calmés.

« Sans aucun doute, Midwinter », répondit Julius. « Mais il y a un sujet urgent dont nous devons d’abord discuter. Une chose que je vous ai cachée pendant un certain temps par nécessité, et vous comprendrez bientôt pourquoi. Le Commandant en chef des Éclaireurs Rebald vous informera des détails ». Le roi fit un signe de tête au commandant en chef des éclaireurs.

Rebald s’éclaircit la gorge et se redressa sur sa chaise. Une étrange expression traversa le visage du maître espion. Il avait l’air nerveux. Stryker avait travaillé en étroite collaboration avec cet homme durant des années, et il n’avait jamais vu le commandant en chef des éclaireurs aussi agité. C’était étrange de la part d’un homme ayant tiré les ficelles d’un vaste réseau d’espions et d’assassins pendant des années.

« Oui, Votre Majesté », dit Rebald en se levant. « Je ne vais pas vous faire languir. Un héritier du trône de Llael a été trouvé ».

Un silence stupéfait.

Stryker observa les visages de chaque membre du conseil. Il y avait des yeux écarquillés et des visages cendrés. Lui aussi était choqué. Un héritier du trône de Llael avait des répercussions majeures. Tout d’abord, cela annulait les prétentions de Khador sur le pays, conformément au traité qu’ils venaient de signer – en supposant que le Khador accepte cette prétention.
Stryker retrouva sa voix en premier. « Qui est cette personne ? »

« Son nom est Kaetlyn di la Martyn », déclara Rebald. « Sa mère tait l’une des maîtresses du Roi Rynnard, une femme de petite noblesse ».

« Depuis combien de temps es-tu au courant, Rebald ? » demanda Leto. Le visage de l’ancien roi était pincé par l’irritation.

Rebald jeta un coup d’oeil à Julius, le regard fuyant, tendu. Encore une fois, Stryker fut frappé par le manque de sang-froid de l’homme. Cela ne lui ressemblait absolument pas.

« Le commandant en chef des éclaireurs a localisé la jeune fille peu de temps après mon accession au trône », déclara Julius.

Deux ans ! Pensa Stryker. Cela faisait deux ans qu’ils étaient assis sur ce secret monumental, et ils avaient manoeuvré le Khador pour qu’il signe un traité qui annulerait leurs prétentions sur le Llael. C’était sournois et brillant… et incroyablement dangereux. L’impératrice est trop intelligente pour ne pas sentir l’odeur nauséabonde des manœuvres politiques, et sa réaction une fois l’héritière révélée pourrait replonger les deux nations dans la guerre.

« Rebald a découvert l’héritière en Ord », poursuivit Julius, « et il m’a immédiatement informé de sa découverte, voyant la potentielle influence qu’elle pourrait nous accorder un jour ».

« Julius, c’est un jeu dangereux et insensé auquel tu as joué », déclara Leto, Le haut chancelier avait visiblement été tenu dans l’ignorance, tout comme le reste du conseil.

Les yeux de Julius se plissèrent et la colère apparut sur son visage. Stryker vit la colère de Vinter derrière les yeux de son fils. « Mon oncle, tu t’oublies », dit Julius. « Tu ne parles plus avec la voix d’un roi ».

Leto détourna le regard. « Mes excuses, Votre Majesté », dit-il d’une voix lente et mesurée. « Mais en tant que haut chancelier, je ne peux pas vous servir correctement si vous me cachez de telles choses ».

Julius acquiesça. « Je suis d’accord, mon oncle, et je te promets qu’il s’agit d’un incident isolé ».

« Alors, nous allons asseoir cette fille sur le trône de Llael ? » demanda Stryker. « Le Khador ne reconnaîtra pas la légitimité de sa revendication ».

Leto se tourna vers Stryker. « Seigneur Général », dit-il, « le traité qu’ils ont signé est légitime, tout comme la prétention de la jeune fille au trône. Ils seront obligés de l’honorer ou de violer le traité ».

« Vous allez donc les inviter à la guerre ? » dit le Duc Ebonhart, posant la question suivante de Stryker. « Mes excuses, Votre Majesté, mais nous venons de retrouver la paix. Pourquoi la gâcher ? »

« Je comprends votre réticence, Maître de Guerre Ebonhart », dit Julius. « Et je ne m’engagerais pas dans cette voie si elle ne servait pas à rendre le Cygnar plus fort ».

« Comment une autre guerre rendra-t-elle le Cygnar plus fort, Votre Majesté ? » demanda Stryker. Cela semblait ridicule, mais si Rebald et Midwinter étaient impliqués, il y avait là un angle d’attaque, un avantage à tirer. Julius se tourna délibérément vers Stryker, le fixant de son regard sombre. Pour un homme si jeune et si peu habitué à gouverner, le roi dégageait une force indéniable. C’était le même acier que celui de son père. Stryker espérait que, pour le bien de Cygnar, il serait mieux tempéré.

« Je vais l’épouser », déclara Julius.

« Et ajoutez les prétentions de Cygnar à celles de l’héritière », reprit Rebald. « Julius et ses fils et filles dirigeront les deux nations ».

C’était une démarche agressive, que l’oncle du roi n’aurait ni acceptée ni approuvée, mais si elle réussissait, elle augmenterait considérablement la taille du royaume de Julius et ajouterait au Cygnar ce qu’il restait de la puissance militaire de Llael. Ils deviendrait la plus grande nation des Royaumes d’Acier, contrôlant plus de terres arables et de ressources que toute autre.

« Et la Résistance ? » demanda Leto. « Il peuvent avoir leurs propres idées sur ce qu’il faut faire de cette héritière ».

« S’ils souhaitent continuer à bénéficier du soutien militaire du Cygnar contre le Khador, ils nous suivront ». S’esclaffa Julius. « Je ne m’attends guère à ce qu’ils demandent l’aide des khadoréens ». C’était une attitude froide à l’égard de la Résistance assiégée et ses dirigeants. Stryker avait combattu à plusieurs reprises aux côtés des troupes et des warcasters llaelais contre les khadoréens. Leur chef militaire, Ashlynn d’Elyse, une noble et warcaster llaelaise, était une femme passionnée mais raisonnable, et son opinion pouvait influencer les autres. « Si vous parvenez à convaincre Ashlynn d’Elyse de reconnaître l’héritière, vous pourriez obtenir le soutien de la Résistance », dit Stryker. « Mais nous devons la prévenir immédiatement. Elle n’apprécierait pas d’être tenue dans l’ignorance à ce sujet ».

« Merci pour votre conseil », répondit Julius, « mais ma future femme n’a pas besoin du soutien ou de l’approbation d’Ashlynn d’Elyse. Elle exige sa loyauté, tout comme moi ».

« De plus, la Résistance a oeuvré avec le Protectorat de Menoth », dit Rebald, nommant la nation de fanatiques religieux à l’est ayant revendiqué certaines parties de Llael. « Nous devrions les considérer comme compromis ».

« Quel choix avaient-ils ? » demanda Stryker. « Ils ne peuvent pas combattre à la fois le Khador et le Protectorat ».

« Assez », dit Julius. Il n’éleva pas la voix, mais son ton fut tranchant. « Je n’ai pas réuni mon conseil intérieur pour discuter de la Résistance Llaelaise ».

Stryker se faisait gronder comme un enfant dévoyé, réduit au silence par un roi qui n’était rien d’autre qu’un bâtard en exil il y a à peine trois ans. La voix de Stryker avait toujours été entendue à la cours de Leto. Son conseil était sollicité, on se fiait à son expérience. « Comme vous le souhaitez, Votre Majesté » répondit-il, réprimant sa colère et le ressentiment qui remontaient dans sa gorge telle une marée de vomi.

Il croisa le regard de Leto, et l’expression de l’ancien roi le blessa plus que la réprimande de son neveu. Il avait souvent fait naître la fierté, la joie et même la colère sur le noble visage de Leto à de nombreuses reprises, mais jamais la pitié. C’était subtile à présent, mais elle était présente.

Stryker s’assit dans son fauteuil et laissa les autres membres du conseil détailler les plans du roi. Il écouta, mais ne reprit pas la parole. Il était clair qu’il était un marginal, et sa voix n’avait pas plus de poids qu’un cri dans un ouragan.
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Background – Histoire des Royaumes d’Acier / Roman - Poudrière
« Dernier message par elric le 21 juillet 2024 à 16:42:05 »
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Cinq-Doigts, Ord


ASHET MAGNUS S’ASSIT À UNE TABLE BASSE, posant la lourde masse de sa prothèse de bras mékanique sur celle-ci. Autour de lui, dans cette pièce sordide mais spacieuse au bord du fleuve, se trouvait un groupe d’hommes à l’allure patibulaire, tous des mercenaires, armés et prêts à se battre et à tuer sur son ordre. Le pire de ces hommes – ou le meilleur, selon le point de vue – attendaient dans une petite pièce adjacente, en face de la table de Magnus.

« Qu’est-ce qui lui prend tant de temps ? » demanda Xavius Marlowe, un ordique décharné et ressemblant à un oiseau, qui se tenait près de l’unique fenêtre de la pièce, probablement pour échapper à la puanteur de l’armure de warcaster de Magnus. Magnus avait réglé la chaudière au minimum, mais le filet de fumée qui s’en échappait de la cheminée dans son dos emplissait la pièce d’une brume enfumée. Magnus sourit ; l’odeur de la rue du quai en contrebas ne pouvait pas être bien meilleure.

« Harrow connaît son affaire », déclara Magnus. « Laisse-le travailler ». Les lèvres de Xavius se retroussèrent d’irritation et il se retourna vers la fenêtre. Il était un ancien membre de l’Ordre du Creuset d’Or, un groupe d’alchimistes et d’arcanistes très respecté. Mais il avait fui son ordre, en grande partie à cause de son obsessions pour les poisons et les explosifs et de sa volonté de les tester sur les habitants de la ville ordique de Corbhen. Il était irritant, erratique et très, très compétent, aussi Magnus le tolérait il. En fait, la plupart des hommes dans cette pièce étaient profondément imparfaits et dangereux, le genre d’hommes qui suivaient la force et n’avaient aucune place pour la compassion ni même pour une véritable loyauté.

La porte face à Magnus s’ouvrit et Sebastian Harrow émergea. Les autres mercenaires présents dans la pièce étaient dangereux, mais Harrow était le seul véritable tueur parmi eux. Il était maigre et laid, son visage était un réseau de cicatrices d’où brillaient deux yeux bleu glacés. Il portait un pistolet lourd fixé à une hanche et un sabre à l’autre. Il essuyait ses mains avec un bout de tissu, qui en ressortit taché de cramoisi.

« Je reconnais que ces bâtards de la Section Trois sont des durs à cuire », dit-il.

« Qu’est-ce qu’il a craché ? » demanda Magnus.

Harrow sourit, montrant une bouche pleine de dents blanches et droites, une gueule de prédateur. « Le prince est mort et ils ont jeté son corps dans une forge ».

Magnus grimaça. Julius avait espéré trouver l’héritier llealais vivant et le garder ainsi, s’il était favorable au plans du jeune roi. « Sait-il pour la fille ? »

Harrow haussa les épaules. « Je n’ai pas plu lui soutirer cette information. Et crois-moi, j’ai essayé ».

L’homme le plus proche de Harrow, une ancien Tête d’Acier nommé Silus, frémit. Ils avaient tous vu Harrow interroger un prisonnier, et ses méthodes étaient brutalement efficaces.

« Penses-tu que le prince savait pour elle ? » demanda Silus. « C’était sa cousine, non ? »

« Difficile à dire », répondit Magnus. « La famille royale a été tellement fracturée. Quoi qu’il en soit, il la croyait probablement morte, ainsi que le reste de sa famille ».

« Alors je dis que nous partons de l’hypothèse qu’il savait et qu’il l’a dit aux khadoréens avant qu’ils ne le tuent », répondit Harrow.

Magnus réfléchit un instant. C’était logique. Le chef cygnaréen du SRC, le Commandant en Chef des Éclaireurs, Bolden Rebald, lui avait assuré que personne au sein du gouvernement khadoréen n’était pas au courant de l’existence de la princesse. Ce qu’il ne savait pas et ne pouvait pas savoir, c’était si quelqu’un en dehors des services de renseignement du Khador – quelqu’un ne cherchant pas un héritier llaelais – était au courant. La personne la plus susceptible de le savoir était un membre de sa famille : son cousin Lyan di la Martyn, récemment tué par des agents khadoréens. Puisque Magnus ne pouvait pas s’adresser à Lyan, il devait être d’accord avec Harrow et supposer que le mort avait donné aux khadoréens des informations sur la princesse Kaetlyn di la Martyn, qui semblait maintenant être l’unique héritière vivante du trône de Llael.

Magnus jeta un coup d’oeil dans la pièce. « Nous devons supposer que les khadoréens savent pour Kaetlyn, mais nous devons nous assurer que cette information ne quitte pas cette ville ». Ils avaient encore un problème, cependant, réalisa-t-il. Rebald avait dit qu’il y avait six agents de la Section Trois. Ils en avaient capturé un, mais où étaient les autres.

« J’ai de bonnes nouvelles », dit Harrow. « Il m’a dit où les autres se cachaient. Ils ont eu peur quand nous avons attrapé Ivan ici ». Il leva le pouce vers la pièce sombre d’où il venait de sortir. « Ils recherchent  probablement un navire pour les faire sortir ».

« Alors nous n’avons pas de temps à perdre », déclara Magnus. Il laissa sa conscience dérivers sans l’entrepôt vide en dessous d’eux, jusqu’au warjack léger qu’ils avaient amené avec eux. C’était l’un des modèles conçus par Magnus, assemblés à partir de morceaux d’autres warjacks, mais il n’en était pas moins mortel pour sa construction composite. Il pouvait sentir une petite étincelle dans l’obscurité froide de son esprit, une étincelle qu’il allait bientôt attiser en une flamme rugissante.

« S’agit-il d’une mission de capture ou de mise à mort ? » demanda Silus. Il n’avait pas l’air d’être gêné par l’une ou l’autre.

« Nous réglons les derniers détails », répondit Magnus en sortant le court fusil à mitraille de son étui au niveau de sa hanche. Il vérifia la charge et le rangea. Il plissa les yeux en direction de Silus. « Alors, qu’en penses-tu ? »

« Une mission d’anéantissement, alors », dit Harrow. « Tu n’auras à te plaindre de moi Plus simple ainsi. Et notre invité ? »

Magnus jeta un coup d’oeil par-dessus l’épaule du mercenaire vers la pièce derrière lui. Un léger gémissement ou peut-être un souffle s’échappa de l’obscurité.

« Dernier détail », dit-il.

Harrow sourit.

« Fais vite, Harrow », répondit Magnus, puis il ajouta « et sans douleur ».

Harrow dégaina son sabre. La lame émit un sifflement menaçant en raclant la gorge métallique du fourreau. « Il ne sentira rien ».

Le mercenaire entra dans la pièce derrière lui. Après un moment de silence sinistre, Magnus entendit un soudain éclat de voix khadoréen vacillant et terrifié. Il comprit la langue : l’homme plaidait pour sa vie.

Le doux bourdonnement d’une lame tranchant l’air coupa court à la supplication du khadoréen. Magnus entendit un bruit sourd, comme si quelqu’un avait laisser tomber quelque chose de lourd sur le sol. Quelques secondes plus tard, Harrow réapparut, cette fois essuyant le sang de son sabre.

« J’ai fait un joli nœud », dit-il.


* * *

LE NAVIRE S’APPELAIT Le Corbeau des Mers, et c’était un vieux navire marchand reposant au ras de l’eau. Il était amarré dans le District de la Proue du Capitaine de l’Île du Capitaine, acueillant les navires marchands. Magnus était heureux de voir que c’était le seul navire à son poste d’amarrage – ils bénéficieraient l’isolement dont ils avaient besoin. Cela ne voulait pas dire qu’ils étaient seuls ; on n’est jamais seul à Cinq-Doigts. Même en pleine nuit, sur une jetée au bout de l’Île du Capitaine, il y avait des gens vaquant à leurs occupations. Bien sûr, ces affaires, comme celle de Magnus étaient de toute façon celles qu’ils étaient préférables de mener dans le noir. Aucune des rares personnes qu’ils croiseraient ne laissa son regard s’attarder sur les quatre hommes en armure et la forme imposante du Renégat, dont la moitié supérieure était recouverte d’une toile de jute pour cacher qu’il ne s’agissait pas d’un simple laborjack. Sa scie tronçonneuse dépassait de dessus le linceul, et elle s’animait de temps en temps au fur et à mesure que l’impatience du warjack grandissait. Il voulait se battre. Magnus réprima ces pulsions;cela n’aiderait pas leur mission si le Renégat sciait un passant en deux.

« Pourquoi ce navire ? » demanda Xavius alors qu’ils s’approchaient du Corbeau des Mers. L’ancien alchimiste portait deux grenades alchimiques autour de sa poitrine, et tout le monde l’évitait à cause de cela.

« C’est un petit navire marchand », déclara Magnus. « Ce n’est pas le genre de chose que l’on recherche ».

Il arrivaient entre deux grands entrepôts, à l’abri des guetteurs – probablement des mercenaires – que les espions khadoréens avaient engagés. Ce n’était comme s’ils pouvaient simplement faire appel à un soutien militaire ; ils étaient une escouade de tueurs, intentionnellement coupé de tout soutien militaire pour défendre le déni plausible. Ils étaient acculés, et cela ne ferait que les rendre plus dangereux.

Les marins du Le Corbeau des Mers s’apprêtaient à appareiller. Il est probable que les agents restants de la Section Trois aient décidé que leur membre égaré ne reviendrait pas et qu’il était temps de fuir sans lui.

Ils étaient encore à trente verges du navire lorsqu’ils s’arrêtèrent dans l’ombre entre les bâtiments. « Je pense qu’ils doivent être dans la soute », dit Harrow. « Allons-nous frayer un chemin à travers tous ces hommes pour y arriver ? »

Magnus sourit. « Non, nous prenons une route plus directe ». Il se tourna vers Silus, qui portait un fusil à canon long, caché sous une lourde cape. « Je veux que toi et Harrow occupiez les hommes sur le pont pendant que Xavius et moi perçons un trou ».

Les yeux d’Harrow s’écarquillèrent, puis il sourit. Il avait une idée de ce que Magnus avait prévu. « Cela va faire beaucoup de bruit, et la garde, même à Cinq-Doigts, risque de le remarquer ».

« Alors, nous allons faire vite », dit Magnus.

Harrow acquiesça. « Tu es prêt, Silus ? »

L’ancien Tête d’Acier mit son fusil sur son épaule. « Il y a deux personnes sur le pont qui son manifestement des tireurs », dit-il. « Tu les vois ? »

« J’en ai un », répondit Harrow en dégainant son pistolet lourd à répétition. « Je prends celui se trouvant près du gaillard avant. Tu prends celui près du plat-bord bâbord ».

« Xavius, tu es avec moi ? » demanda Magnus en invoquant sa magie. Il se détourna du navire pour que son corps protège le cercle lumineux de runes se formant autour de sa main gauche. Les runes s’éteignirent et le Renégat devint irréel, ses contours se brouillant. Cela, l’obscurité et les capacités naturelles de Magnus et Xavius à se cacher les rendraient difficiles à repérer ou à abattre.

« Allons-y », dit Magnus, et Xavius et lui s’élancèrent d’entre les bâtiments. Magnus exhorta le Renégat à le suivre, et celui-ci jeta sa bâche et suivit avec empressement.

Ils étaient à mi-chemin du navire lorsqu’ils furent repérés, et des cris retentirent sur le pont du Le Corbeau des Mers, suivis de deux de coups de feu tirés derrière Magnus. Deux des hommes qui se trouvaient au-dessus du Renégat, tous deux armés de fusils, tressaillirent et s’effondrèrent sur le pont.

Magnus et Xavius coururent vers la jetée, parcourant la distante restante en quelques secondes. D’autres coups de feu retentirent, mais Magnus ne put dire s’ils provenaient du navire ou de ses propres hommes. Ils atteignirent le flanc du Le Corbeau des Mers, un mur de lattes de bois, et Magnus exhorta le Renégat à se rapprocher. Une balle ricocha sur sa coque et frappa le champ d’énergie généré par l’armure de warcaster de Magnus. Le mur invisible d’énergie s’embrasa en ralentissant la balle, rendant inoffensif son impact contre son plastron.

« Xavius, accroupis-toi », dit Magnus, accroupi sur la jetée, la tête baissée. L’ordique fit de même, et Magnus ordonna au Renégat d’utiliser son arme la plus puissante, la roquette oblitérateur attachée à son bras droit. Une bouffée de joie revint à travers son lien avec la machine, et il entendit le gémissement profond du lance-roquettes qui s’amorçait. Une balle frappa le champ d’énergie de Magnus, projetant des étincelles, et la balle rebondi sans danger sur la plaque de fer recouvrant son dos, privée de son énergie cinétique.
La fusée oblitérateur était prête et Magnus regarda à travers les yeux du Renégat, choisissant l’emplacement sur la coque du Le Corbeau des Mers.

Feu.

La fusée explosa avec un tonitruant rugissement et un éclair jaune vif. Une rafale d’énergie chauffée à blanc frappa Le Corbeau des Mers et fit un trou de près d’un mètre quatre-vingt de diamètre dans son flanc.

Magnus se leva d’un bond, entraînant Xavius à ses côtés. « Grenades ! »

L’alchimiste parut abasourdi, mais sa stupeur s’estompa rapidement. Il sortit deux cylindres métalliques de la bandoulière sur sa poitrine, appuya sur leurs gâchettes mécaniques et les jeta dans le trou que le Renégat avec fait.

Magnus capta un mouvement dans le ventre du vaisseau juste au moment où les deux grenades explosèrent, doubles explosions de bruit et de lumière. D’autres coups de feu retentirent derrière lui et au-dessus de lui. Magnus les ignora. Il sauta de la jetée et pénétra dans le trou pratiqué dans le flanc du navire.

Il atterrit dans un abattoir. Des corps et des morceaux de corps étaient éparpillés dans la cale et les murs avaient été peints d’un cramoisi criard. Il remarqua immédiatement deux des agents de la Section Trois, ou ce qu’il en restait.

Deux de plus.

La cale était basse de plafond, mesurant environ six mètres de large et neuf mètres de long. Les escaliers menant au pont se trouvaient à l’extrémité. C’était sombre et enfumé, mais un mouvement près des escaliers attira son attention.

Magnus dégaina son épée, la lame mékanique qu’il avait baptisé Pourfendeur, et la plaque runique qui lui conférait son pouvoir arcanique emplit la cale d’une étrange lueur bleue. Les silhouettes près des escaliers devinrent plus claires : trois hommes vêtus des vêtements sombres. Tous étaient encore sous le choc du souffle des grenades. Il ne pouvait pas leur laisser le temps de récupérer. Magnus s’éloigna du trou sur le flanc du Le Corbeau des Mers et convoqua le Renégat. Le saut du quai dans le navire était dangereux ; si le Renégat ratait son coup et tombait dans la baie, sa chaudière serait éteinte et il coulerait directement par le fond.

Le Renégat sauta, guidé par la volonté de Magnus, et atterrit à l’intérieur de la cale du navire, suffisamment fort pour faire tanguer le navire. Sa scie se mit à vrombir, un cri métallique frénétique annonciateur de destruction.

Des coups de feu éclatèrent de l’autre côté de la cale, et des projectiles frappèrent la coque du Renégat, déclenchant une vague de rage en son sein. Puis la cale s’illumina d’une lueur bleue, signe révélateur de la magie, et des runes se formèrent autour de la main tendue de l’un des hommes, qui s’était placé derrière ses compatriotes. Magnus pouvait désormais clairement voir le lanceurs de sorts : grand, aux traits marqués, avec des cheveux noirs clairsemés. Il tenait dans une main une hache de guerre lourde à un seul tranchant. Mais cet homme n’était pas simplement un agent de la Section Trois. Il était bien plus dangereux que son simple titre : c’était aussi un Seigneur Gris, l’un des tristement célèbres sorciers des glaces khadoréens et chercheurs de magie ancienne.

Le sort se déclencha avant que Magnus ne puisse s’écarter, et un souffle de givre glacial traversa la cale. La majeure partie de ce souffle frappa le Renégat, et Magnus sentit les dommages causés à certains de ses systèmes internes qui se grippèrent sous l’effet du sort de froid.

Son champ d’énergie et son armure le protégèrent du pire, mais il serra les dents de douleur quand le froid envoya ce qui ressemblait à des poignards de glace dans sa chair exposée.

« En avant », dit Magnus en serrant les dents, ordonnant au Renégat endommagé d’avancer. Il traversa la cale en trombe, sa scie hurlant dans l’obscurité. Magnus sortit son tromblon et visa l’un des hommes tentant de monter les escaliers menant au pont supérieur. Il pressa la gâchette et déversa sa volonté et sa magie dans les tirs, guidant les trajectoires des lourds projectiles. L’homme, probablement l’un des agents de la Section Trois, reçu les projectiles dans le dos et tomba à la renverse.

Le Renégat avait atteint l’autre côté de la cale. Sa scie s’humecta, déchirant le ventre et le ds d’un des hommes, aspergeant les murs de sang frais. Le Seigneur Gris recula et un autre sort se forma autour de sa main droite tandis que le Renégat dégagea son arme et se tournât vers lui.

De la glace et du givre apparurent soudainement sur la coque et les membres du Renégat, et celui-ci cessa de bouger, maintenu immobile dans une fine cage de glace.

Magnus chargea, jetant son tromblon et saisissant Pourfendeur à deux mains. Le Seigneur Gris leva sa hache. Des runes bleues apparurent sur la lame de l’arme tandis que Magnus abattait Pourfendeur d’un puissant coup.

Le Seigneur Gris était un combattant expérimenté. Il réussit à détourner l’épée de Magnus, mais la force du coup le projeta contre le mur de la cale. Il récupéra instantanément et se lança en avant, balançant la hache dans une large frappe de taille.

Il était plus rapide que Magnus l’avait prévu – il ne parvint pas à placer Pourfendeur à temps pour intercepter le coup. Dans une pluie d’étincelles, la hache, enchantée par de puissantes runes, traversa le champ d’énergie de Magnus et s’enfonça dans son plastron et la chair s’y trouvant. Il sursauta lorsque le métal glacé coupa sa peau, mais la hache s’était logée dans son armure. C’est alors que le Seigneurs Gris commit une erreur cruciale.

Il tenta de la dégager.

La fraction de seconde d’effort le laissa sans défense, et Magnus balaya le cou du Seigneur Gris avec Pourfendeur. Sa tête se détacha de son corps dans une giclée de sang, et son cadavre rejoignit les autres en basculant en arrière.

Magnus arracha la hache de son corps et un flot de sang coula le long de son armure. Il grimaça, non pas à cause de la douleur de sa blessure, mais parce que Bolden Rebald, le Commandant en chef des Éclaireurs de Cygnar, ne l’avait pas avertit que les agents de la Section Trois travaillaient avec un Seigneur Gris. Peut-être qu’il ne le savait pas – mais peut-être qu’il le savait.

Xavius était passé par le trou. L’ordique n’était pas d’une grande utilité dans un combat debout. Il tenait une liasse de papiers dans une main et regardait tour à tour les cadavres au sol. Rebald leur avait fourni des croquis des visages des agents de la Section Trois afin qu’ils puissent être facilement identifiés.

« Bon sang, celui-là n’a plus de visage », déclara-t-il. « Je pense que c’est l’un des salauds de rouges. Celui-ci, définitivement ». Il désigna un cadavre auquel il manquait les deux bras et une jambe, mais dont le visage était parfaitement intact.

« Viens ici et regarde ces deux-là », dit Magnus. « Vite ». Il reporta son attention sur le Renégat tandis que Xavius le rejoignait. Il canalisa une plus grande partie de sa magie à travers le cortex de la machine, brisant ainsi le sort qui la bloquait. La colère, chaude et féroce, reflua à travers sa connexion avec le warjack. On l’avait trompé en le privant d’une mort.

« Oui, ce sont les deux autres », déclara Xavius. « Qui est celui-ci ? » Il désigna le Seigneur Gris décapité.

« Une complication », répondit Magnus en grognant de douleur. La blessure était peut-être un peu plus profonde qu’il ne le pensait. Des coups de feu résonnaient toujours à l’extérieur de la cale. « Nous avons fini ici. Allons-y avant que Harrow ne tue ce foutu équipage ».
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Background – Histoire des Royaumes d’Acier / Roman - Poudrière
« Dernier message par elric le 21 juillet 2024 à 16:32:15 »
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Merywyn, Llael Occupé par le Khador


STRYKER MARCHAIT À NOUVEAU en tête d’un cortège de Chevaliers-Tempête, Tews à ses côtés, son large visage sombre.

« Par Morrow, je me sens pas à ma place », dit Tews.

Stryker ne dit rien, mais il ne pouvait guère contester cette affirmation. Il menait ses Chevaliers-Tempête non pas au combat, mais à travers l’immense cour vers l’un des plus grands bâtiments de tous les Royaumes d’Acier. La Grande Cathédrale de l’Ascendant Rowan à Merywyn surpassait à peu près toutes les autres structures morrowéennes dans le monde, à l’exception de la Cathédrale de l’Archicour de Caspia, le siège du pouvoir morrowéen.

Devant la puissante cathédrale et le long la voie de pierre banche menant à son entrée, deux régiments complets de soldats étaient alignés : l’un cygnaréen, l’autre khadoréen. C’était un choquant contraste de rouge et de bleu devant le blanc immaculé de la chapelle. Chevaliers-Tempête, chevaliers de l’épée et trois warcasters se tenaient au garde-à-vous du côté cygnaréen. Le Capitaine Sloan avait voyagé avec Stryker, le troisième warcaster, le Capitaine Jeremiah Kraye, et un contingent de chevaliers de l’épée étaient venus de Port Bourne pour les rejoindre à Merywyn. Stryker ne pouvait s’empêcher de penser que si Kraye avait été avec eux sur la route, ils auraient peut-être perdu moins d’hommes dans l’embuscade du Protectorat De plus, quatre warjacks – deux Cuirassés et deux Sentinelles – se tenaient devant l’ensemble des troupes cygnaréennes. Les cortexes des warjacks formaient une présence bourdonnante à l’arrière du crâne de Stryker, l’un plus fort que tous les autres. Il sourit alors que Vî Arsouye tournait la tête vers lui. Le warjack de confiance et marqué par les combats, laissa échapper de la vapeur dans un sifflement strident en guise de salut, ce qui sursauter le contrôleur à côté du Cuirassé.

Calme-toi, mon vieil ami, pensa Stryker en regardant le warjack. L’agressivité d’Arsouye et son instinct à chercher la bataille étaient renforcés par les problèmes qu’ils avaient rencontrés sur le chemin de Merywyn. Stryker ne pouvait pas blâmer le warjack.

En face des cygnaréens, les khadoréens avaient rassemblés leur propre démonstration de force martiale. Des rangées de Man-O-War Troupes de choc, robustes soldats enfermés dans d’énormes armures à vapeur, se tenaient à côtés de rangées de Crocs de Fer à l’armure plus conventionnelle, leurs larges boucliers reposant sur le sol, les piques plantées, les pointes s’élevant vers les cieux tel un bosquet de pointes. Deux warcasters khadoréens furent reconnus par Stryker parmi les troupes. Le premier était le Kommandeur de Front Sorscha Kratikoff, une guerrière aussi froide et impitoyable sur le champ de bataille que toux ceux qu’il affrontés, grande et glacial comme un glaçon, une forme donnée et une fonction meurtrière. Parmi les khadoréens se trouvait également la Kommandeur Strakhov, à la mâchoire carrée et aux cheveux noirs, un soldat robuste, marqué par les batailles, aimé par sa nation et détesté par ses ennemis. Stryker avait affronté les deux au combat à de nombreuses reprises. Et, bien sûr, il y avait des warjacks khadoréens, des monstruosités d’acier et de fer semblant toujours primitifs à Stryker, mais il les avait affrontés au combat, et leur efficacité était incontestable.

Devant Stryker et Tews marchaient deux hommes, tous deux majestueux et royaux. Le premier était l’ancien roi de Cygnar, Leto Raelthorne, qui avait récemment abdiqué son trône au profit de son neveu et fils de son frère, le tyran Vinter Raelthorne. À dix-neuf ans, Julius Raelthorne ressemblait plus à son père qu’à son oncle. Grand et mince, avec des cheveux noir et des traits carrés et acérés, le jeune roi se déplaçait avec la grâce et l’assurance d’un guerrier. Le jeune roi dégageait une froideur de prédateur faisant frémir Stryker. Tout comme son père.

Stryker se faisait encore à l’idée du fils de Vinter Raelthorne, un tyran qu’il avait aidé à chasser du trône il y plus de quinze ans, une homme qu’il avait contribué à vaincre lors de la récente tentative de Vinter de revenir en Cygnar en tant que roi légitime. Leto avait abdiqué pour éviter une longue guerre civile qui aurait coûté cher au Cygnar, et Stryker pouvait comprendre le raisonnement de son ancien roi. Mais il y avait beaucoup de Vinter dans Julius, et contrairement à sa relation avec Leto, Stryker n’avait pas la confiance du jeune roi.

« Serrez les dents, capitaine », dit Stryker, remarquant enfin le commentaire de Tews. « Ce sera bientôt terminé, et nous pourrons rentrer chez nous ».

« Oui, monsieur ». Tews fixait les troupes khadoréennes à sa gauche, et si Stryker connaissait l’esprit de son ami comme il le pensait, Tews essayait probablement de calculer le nombre de khadoréens qu’il pourrait tuer si les choses tournaient mal.

Il y avait peu de chance que la violence éclate, cependant. Ils étaient ici à l’invitation de l’Impératrice Ayn Vanar en personne pour signer un traité qui mettrait fin aux combats entre leurs deux nations. Après une coûteuse guerre civile et avec un nouveau roi sur le trône, le Cygnar avait besoin de temps pour guérir, et la fin de la guerre de dix ans avec le Khador leur offrirait ce temps.

Sur les grandes marches de la cathédrale attendait leur hôte, l’Impératrice Ayn Vanar, une femme majestueuse aux cheveux de jais, à la peau ivoire et aux yeux sombres. Elle paraissait petite, voire fragile, mais elle avait de l’acier dans le sang, et elle dirigeait le Khador d’une main de fer depuis plus d’une décennie. À ses côtés se trouvait un homme que Stryker reconnut immédiatement. D’une beauté sombre et vêtu d’une armure cramoisie baroque, le Grand Prince Vladimir Tzepesci était un noble puissant régnant sur une vaste étendue du Khador et dont la lignée pouvait remonter jusqu’à l’antiquité ; comme Stryker, c’était un warcaster. C’était aussi un impitoyable et brillant chef militaire. Stryker avait croisé le fer avec Vlad à plusieurs reprises, et le khadoréen était à la fois habile et sournois. Sa présence ici en contribuait guère à apaiser les doutes de Stryker.

« Impératrice Ayn Vanar », prononça Julius lorsque le petit cortège de cygnaréens s’arrêta au pieds des escaliers. Il inclina la tête mais ne s’inclina pas ; après tout, il parlait à un égal. « Merci d’avoir accepté de nous rencontrer ici à la Cathédrale. C’est un magnifique bâtiment, en quelque sorte épargnée par tous les… conflits que cette ville a connus ces derniers temps ».

L’impératrice sourit, mais son sourire n’atteignit pas ses yeux. « Bien sûr, Roi Julius. Il est normal que nous nous rencontrions dans un endroit où vous seriez plus à l’aise, puisque vous avez gracieusement fait le long voyage jusqu’à notre ville ».

« Leur ville, » murmura Tews.

Stryker lança un regard de reproche au capitaine, mais il eut la même réaction à la déclaration de l’impératrice. Les khadoréens s’étaient emparés de Merywyn lorsqu’ils avaient envahis le Llael, et ils occupaient désormais une grande partie de cette nation. Le Cygnar était allié au Llael et avait aidé la Résistance Llaelaise à combattre les envahisseurs. Tout cela était désormais terminé, du moins en ce qui concerne la participation du Cygnar, même s’il était peu probable que la Résistance reconnaisse le traité que son roi s’apprêtait à signer.

« Votre Majesté, je vous présente le Grand Prince Vladimir Tzepsci », dit l’Impératrice Vanar en posant légèrement sa main sur l’épaule armurée de Vlad.

Julius inclina la tête en direction du warcaster. « Prince Tzepesci, j’ai beaucoup entendu parler de vous », dit-il. « Vous êtes un puissant ennemi pour le Cygnar, et je me réjouis de vous compter parmi nos alliés ».

« Vous m’honorez, Votre Majesté », répondit Vlad en s’inclinant. « Je suis moi aussi impatient de vous compter parmi mes amis et alliés ». Son accent était plus perceptible que celui de la reine, les consonnes plus aiguës, certains mots plus prononcés.

Stryker avait assisté à de nombreuses négociations officielles, et il connaissait assez bien le ballet des plaisanteries feintes, mais celui lui déplaisait toujours entendre le roi s’exprimer si gentiment à un homme ayant probablement massacré des centaines, voire des milliers de soldats cygnaréens.

« Je remarque que le Général Stryker vous accompagne, Votre Majesté », dit Vlad en regardant par-dessus l’épaule de Julius.

Julius jeta un coup d’œil à Stryker et à sa garde d’honneur composée de Lames-Tempête. « Bien sûr, le seigneur général est un membre apprécié de mon conseil ».

« Je n’en doute pas », répondit Vlad. « Il est bon de vous revoir, Seigneur Général, dans des circonstances… plus agréables ».

« Stryker hocha la tête. « Et vous, Prince Tzepzsci. Notre dernière rencontre fut bien moins… agréable que celui-ci ».

La tension était palpable. Des hommes qui, autrefois, s’étaient qualifiés d’ennemis acharnés ne pouvaient pas mettre leurs différends de côté aussi facilement, et ils recouraient aux armes à leur disposition : dans ce cas, des paroles acerbes et des plaisanteries forcées.

« J’ai cru comprendre que vous aviez rencontré des problèmes sur la route », dit Vlad.

« Nous avons été attaqué, oui. Une tentative d’assassinat contre notre roi par le Protectorat de Menoth ». Stryker fut surpris que Vlad soit déjà au courant de l’attaque.

« Ils craignent la force que nous tirerons tous deux de notre alliance », répondit la reine. La colère traversa son visage. « Mais attaquer un souverain de cette manière est impensable et indigne des zélotes du Protectorat ». Sryker fut impressionné par les talents d’actrice de l’impératrice. Sa sincérité en aurait trompé plus d’un, mais pas Stryker. Il se demandait à quel point elle serait en colère si Amon Ad-Raza avait réussi. Elle-même avait récemment tenté de tuer Leto. Bien sûr, tout cela avait été pardonné au nom de l’opportunisme politique.

« J’étais bien protégé, Votre Majesté », dit Julius. Le roi avait avait peu parlé de l’attaque et ne semblait guère troublé par celle-ci. « Les assassins n’étaient pas à la hauteur de Seigneur Général Stryker et de ses Chevaliers-Tempête ».

« Bien sûr », dit Vlad. « Les prouesses au combat du seigneur général sont bien connues ». La tension revint , et avant que Stryker ne puisse répondre à Vlad, le Haut Chancelier Leto l’interrompit net.

« Votre Majesté », prononça l’ancien roi, « nous avons beaucoup à faire. Peut-être devrions-nous débuter ».

Julius regarda son oncle et sourit. Quelque chose traversa son visage, une infime crispation des lèvres, un plissement à peine perceptible des sourcils. De l’irritation ? Se demanda Stryker. Puis cela passa et le jeune roi dit : « Bien sûr, mon oncle. C’est une occasion capitale et j’ai hâte de commencer ».

« S’il vous plaît, suivez-moi, Votre Majesté », déclara l’Impératrice Vanar. Les grandes portes de la cathédrale s’ouvrirent derrière elle, révélant un vestibule aux murs de pierre blanche, chaque mur portant le symbole de Morrow gravé en or dans la pierre. Au-delà se trouvait la chapelle proprement dite.

L’impératrice et Vlad pénétrèrent dans la cathédrale, suivis de Julius et Leto.

« Garde d’honneur, entrez », dit Stryker en faisant signe à la douzaine de Lames-Tempête qui constituait la garde d’honneur du roi de le suivre. L’intérieur de la cathédrale était à couper le souffle, sa majesté étant un hommage approprié à Morrow et à l’ascendant à qui elle était dédiée, l’un des onze mortels élevé par Morrow pour le servir personnellement.

La propre garde d’honneur de l’impératrice attendait dans la nef, une douzaine de Crocs d’Acier en armure rouge ciselée d’or se tenant devant le grand autel. Un piédestal en marbre avait été placé au centre de la nef et une seule feuille de parchemin était posée dessus. C’était le traité que Julius et l’impératrice signerait.

La nef était remplie de gens, pour la plupart des nobles issus des deux nations, et Stryker reconnut des hommes et des femmes de l’Assemblée Royale Cygnaréenne ainsi que des personnalités plus éminentes, telles que le Duc Kielon Ebonhart, l’un des premiers à soutenir Julius Raelthorne lorsqu’il monta sur le trône. Le calme régnait dans la cathédrale, ce silence fécond précédant souvent de grands événements.

Bien sûr, tous les détails du traité avaient été réglés depuis des semaines par les conseils internes des deux dirigeants. La signature était simplement un spectacle pour les masses, une façon pour Julius de souligner le début de son règne et de trouver la faveur de ses sujets pour mettre fin à la guerre. Stryker n’avait pas grand-chose à voir avec les termes du traité ; le nouveau roi faisait rarement appel à lui, et le présence de Stryker au conseil intérieur n’était que symbolique. L’idée de ce revirement monumental, l’un des nombreux qu’il avait subis au cours des trois dernières années, le plongeait dans le doute. Il avait été le seigneur général du Roi Leto et faisait partie intégrante de l’effort de guerre cygnaréen. L’ancien roi lui avait souvent demandé son avis et ses conseils, mais il semblait désormais qu’il n’était plus guère qu’une figure de proue.

Il avait été informé des termes du traité. La paix entre les deux nations reposait en grande partie sur le reconnaissance par le Cygnar des revendications du Khador sur les parties de Llael dont il s’était emparé, puis par le rétablissement de lignes commerciales lucratives pour soulager l’économie tendue du Khador et sur la promesse de futurs échanges commerciaux, font un passage sans encombre vers la terre exotique de Zu. Julius avait plaidé et réussi à insérer une clause restrictive dans le contrat qui stipulait que si un véritable héritier du trône de Llael se présentait, la prétention du Khador serait annulée et ils retiraient leurs troupes. Bien entendu, il y avait peu de danger à cela. Aucun des descendants du dernier monarque de Llael, le Roi Rynnard, n’avait été vu depuis plus d’une décennie, et tous étaient présumés morts. L’addendum de Julius au traité visait simplement à montrer au peuple llaelais – les alliées de Cygnar - qu’il n’avait pas été complètement abandonné. Stryker avait du mal à comprendre comment les habitants de Llael ne pouvaient pas se sentir trahis par le nouveau monarque de Cygnar.

Les autres dispositions du traité prévoyaient le retrait des troupes  du Khador des terres cygnaréennes saisies au combat, telles que le forêt du Bois d’Épines, et le rétablissement de précieuses routes commerciales sur le Fleuve Noir, une voie navigable majeure traversant le Cygnar et pénétrait dans le Llael occupé par le Khador.

Tout cela semblait trop facile à Stryker. Bien sûr, ils souhaitaient tous la fin de la guerre. Le Khador et le Cygnar s’affrontaient depuis des années, et certaines des batailles les plus sanglantes s’étaient déroulées dans la nation voisine, le Llael, depuis l’invasion du Khador. Stryker avait personnellement dirigé des milliers d’hommes et fait couler plus de sang, qu’il pouvait s’en souvenir en Llael, pour repousser les khadoréens. Il avait également été témoin de la brutale soumissions des llaelais. Alors, les laisser simplement garder leur butin de guerre l’horripilait. Le retour d’une forêt  actuellement remplie d’horreurs cryxiennes et de quelques accords commerciaux lucratifs ne semblait pas être un échange équitable.

Il avait fait part de ses inquiétudes au roi, mais avait été critiqué par d’autres membres du conseil intérieur, dont beaucoup possédaient des terres ancestrales dans les régions du Bois d’Épines saisies par le Khador. Que cela ait joué un rôle dans leurs décisions n’avait pas d’importance ; ils avaient bien plus d’influence sur Julius Raelthorne que Stryker.

Il chassa ces pensées de son esprit alors qu’ils s’approchaient du piédestal. Il leva la main, et les Chevaliers-Tempête derrière lui se déployèrent, s’alignant sur les positions de leurs homologues Crocs d’Acier.

L’impératrice attendait à la table, Vlad un pas derrière elle. Julius s’approcha, et Leto se mit en retrait, correspondant à la position de Vlad. Il y avait un cérémonial dans ces procédures, une partie de spectacle, et tout cela paraissait incroyablement creux à Stryker.

Les dirigeants des deux nations les plus puissantes des Royaumes d’Acier se regardèrent. Le sort de millions de personnes reposait sur le traits de leur plume.

Deux encriers d’argents se trouvaient à côté du traité, ainsi que deux plumes blanches. Julius prit sa plume le premier et attendit que l’impératrice fasse de même.

L’impératrice prit sa plume et les deux souverains les trempèrent dans les encriers.

« À la paix, à l’amitié et à une alliance durable », prononça Julius en griffonnant son nom au bas du traité. Stryker n’ignorait pas que l’impératrice avait attendu que le jeune roi signe en premier.

« Que Cygnar et Khador soient frères à partir de ce jour », dit l’impératrice en apposant son nom en-dessous de celui de Julius.

La cathédrale éclata sous une salve d’applaudissements et quelques acclamations éparses. Stryker n’ajouta pas sa voix au vacarme montant ; il ne pouvait s’empêcher de se demander si les désastres étaient plus souvent annoncé par des applaudissements volontaire que par les cris de douleurs des opprimés.
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« Dernier message par voodoo le 19 juillet 2024 à 16:41:14 »
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« Dernier message par elric le 14 juillet 2024 à 14:14:10 »
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Nord de Corvis


LE SEIGNEUR GÉNÉRAL COLEMAN STRYKER marchait en tête d’un long cortège de Chevaliers-Tempête. Son visage buriné était plissé d’inquiétude, le faisant paraître plus âgé que ses trente-cinq ans. Il passa une main dans sa mèche de cheveux rouge et regarda derrière lui. Il dirigeait une force plus réduite qu’il ne l’aurait souhaité, mais il ne seraient exposés que pour un court moment.

Ils étaient en route pour Merywyn, la capitale du Llael déchirée par la guerre, où les plus féroces ennemis du Cygnar les attendaient, mais il n’y allaient pas pour poursuivre leur conflit qui durait depuis des décennies, mais pour inaugurer une nouvelle ère de paix. Il avait combattu les khadoréens pendant des années et, d’après son expérience, la paix n’était pas un concept que la nation septentrionale de Khador considérait avec beaucoup d’enthousiasme.

 Il avait quitté Corvis il y a un jour et avaient suivi le Fleuve Noir vers le nord à bord d’une petite flotte de navires remplis de soldats et de dignitaires cygnaréens, mais ils avaient maintenant une partie du fleuve connu pour être en proie aux attaques des hommes-gator venant du Marais Bloodsmeath voisin. Les sauvages humanoïdes reptiliens avaient la mauvaise habitude de couler les navires passant sur leur territoire. Ainsi, il avait été décidé que pendant que le reste du convoi cygnaréen poursuivait sa route par bateau, Stryker et une petite force de Chevaliers-Tempête escorteraient le roi par voie terrestre. Il leur suffirait de marcher seize kilomètres sur la Grande route Commerciale du Nord pour atteindre le point où la flotte cygnaréenne es récupérerait, mais cela signifiait de passer près du Bois Scintillant, une forêt située à proximité des énigmatiques iosiens, des elfes xénophobes qui voyaient d’un très mauvais œil tout humain pénétrer sur leur territoire.

« Je n’aime pas ça. Nous sommes trop exposés, et trop peu nombreux », dit Stryker au Chevalier-Tempête musclé qui marchait à ses côtés. Le Capitaine Garvin Tews avait retiré son casque, dévoilant ses traits et sa mâchoire carrée. Il approchait la cinquantaine, mais était toujours en excellente condition de combat, et le poids de sa lourde armure de Lame-Tempête et du grand glaive-tempête voltaïque qu’il portait ne semblait pas le déranger du tout.

« Vous savez que notre roi pense qu’une plus petite force sera moins visible », déclara Tews.

« Et qu’en penses-tu, capitaine ? » demanda Stryker avec un sourire las.

« Je vous demande pardon, monsieur, mais je pense que le Roi Julius devrait laisser les questions de stratégie, en particulier lorsqu’elles concernent sa propre sécurité, à ceux qui ont plus… d’expérience » dit Tews en se mordillant la lèvre.

Le sourire de Stryker s’élargit. Tews était militaire depuis près de trente ans. C’était un chevaliers, comme tous les membres des Lames-Tempête, mais il était aussi un soldat, un fantassin dans l’âme.

« Les éclaireurs sont en retard », déclara Stryker. Il avait envoyé une escouade de rangers pour voir si la route présentait de potentiels dangers.

« Pas de beaucoup », répondit Tews en haussant les épaules. « Qu’est-ce qui vous inquiète, Seigneur Général ? »

« Probablement rien, mais nous approchons du Bois Scintillant, et il est proche de la route. Nous serions coincés entre elle et le fleuve à l’ouest ».

« Avez-vous peur d’une embuscade ? » demanda Tews.

« C’est que je la tendrais », déclara Stryker.

Tews se frotta le menton. « Maintenant, vous m’inquiétiez », dit-il. « Mais par qui, Iosiens ? »
« Il a pire que les elfes au sein de cette forêt », déclara Stryker. Il avait pris sa décision. Il leva un poing armuré. « Compagnie, halte », dit-il et le cliquetis des armures et des armes résonnant derrière lui lui apprit qu’une centaine de chevaliers avaient immédiatement suivi son ordre. Il regarda les rangs des chevaliers jusqu’à ce que deux imposants Cuirassés se dressent au-dessus des humains. L’un deux était son warjack personnel, Vî Arsouye. L’autre Cuirassé était contrôlé par un autre warcaster, le Capitaine Kara Sloan, qui, avec huit membres de la garde royale, protégeait le roi. Julius montait à cheval à proximité, dominant ses chevaliers. Stryker tendit son esprit vers Arsouye, et le cerveau mékanique du warjack devint un bourdonnement sourd à l’arrière de son crâne. Arsouye était irrité, anxieux. Il voulait se battre, mais il n’y avait rien à faire. Stryker maîtrisa les émotions du ‘jack et le calma.

« Lieutenant Archer », dit Stryker à un Chevalier-Tempête se trouvant à proximité. « Informez le roi que je pense qu’il est préférable que lui et le Capitaine Sloan retent là où ils sont pendant que la moitié de notre force part en éclaireur. Dites-lui que cela nous retardera d’environ trois heures ».

« Oui, monsieur », répondit le Lieutenant Archer en se précipitant vers le centre de leur courte colonne.

« À quoi penses-tu, Coleman ? » demanda Tews en s’approchant. Stryker connaissait le capitaine Lame-Tempête depuis quinze ans ; ils avaient combattu et saigné ensemble sur d’innombrables champs de bataille. Le fait qu’il utilise le prénom de Stryker ne dérangeait pas le seigneur général le moins du monde. Ils étaient plus que des frères d’armes, ils étaient des amis.

« Je n’arrive pas à mettre le doigt dessus », répondit Stryker, « mais il y a quelque chose qui cloche ».

« Tu penses pas que les khadoréens nous attaqueraient à la veille de notre traité de paix, n’est-ce pas ? »

Stryker secoua la tête. « Non, ce serait stupide, et il y a une chose que l’Impératrice Vanar n’est pas, c’est être stupide ».

« Et bien, tes intentions signifient généralement que la violence se profile à l’horizon ». Tews posa son casque sur sa tête et leva son lourd glaive-tempête, une épée à deux mains à large lame alimentée en énergie galvanique. Dans les mains d’un homme comme Tews, une telle arme pouvait facilement trancher un homme en armure en deux. « Cela fait longtemps que nous n’avons pas eu une bonne bagarre. Et le roi n’est pas mauvais avec une lame. J’espère néanmoins qu’il ne fera rien d’irréfléchi s’il s’agit de sang ».

Stryker grimaça. « Désolé, capitaine, mais le roi ne me confie pas son humeur, ses désirs et ses projets en général. Je n’ai pas sa confiance comme j’avais celle de Leto »

Deux ans s’était écoulés depuis la coûteuse guerre civile qui avait vu Julius, le fils de l’infâme tyran Vinter Raelthorne IV, monter sur le trône de Cygnar. L’oncle de Julius, Leto, avait abdiqué pour éviter une nouvelle effusion de sang, et une nouvelle ère avait commencé en Cygnar, une ère fans laquelle Stryker était de plus en plus éloigné de son nouveau roi.

Le Lieutenant Archer revint peu de temps après. « Monsieur », dit-elle, le visage plissé d’inquiétude.

« Crache le morceau », dit Tews. « Le seigneur général n’est pas du genre à tirer sur le messager ».

« Le roi va continuer à avancer derrière vous, mais gardera une bonne distance », déclara-t-elle. « Il pense qu’un retard de trois heures ne serait pas politiquement prudent ».

« Difficile de protéger un homme qui ne vous écoute pas », déclara Stryker, « mais il est le roi. Archer, peux-tu commander un warjack ? »

Elle acquiesça. « J’ai reçu une formation de base ».

« Bien. Amène les deux Sentinelle sous le commandement du Capitaine Sloan », déclara-t-il, désignant un type de warjack léger armée d’un solide bouclier et d’une mitrailleuse à grande vitesse. « Je les veux près du roi. Arsouye va m’accompagner ».

« Oui, monsieur », répondit-elle et elle se dépêcha d’exécuter ses ordres.

Il tendit son esprit vers Arsouye et exhorta le gros warjack à le rejoindre en tête de colonne. Le cuirassé l’atteignit rapidement, laissant échapper un souffle de vapeur strident en guise de salutation. Arsouye tenait son gigantesque marteau sismique dans un poing métallique et ouvrait et fermait l’autre. Le warjack sentit l’anxiété de Stryker à travers leur connexion.

« Très bien », prononça Stryker en se tournant vers la cinquantaine de Chevaliers-Tempête formant la tête de la colonne. « Je veux que les glaives-tempête soient activés, et je veux des yeux sur la lisière des arbres. Compris ? » Un choeur de « oui, monsieur » répondit. Il sortit sa propre arme, la grande épée mékanique Vif-Argent, des fermoirs magnétiques situés à l’arrière de son armure et la balança sur une épaule. « Alors, on bouge ».
* * *
LE BOIS SCINTILLANT ÉTAIT UN ÉPAIS enchevêtrement de chênes et d’ormes noueux, s’étendant loin à l’est. C’était un endroit sauvage entre les nations de Llael et Cygnar et les étendues arides des Marches Sanglantes à l’est. Des tribus de trollkin vivaient encore dans ces bois et cette fière race guerrière avait eu une histoire apre avec le Cygnar ,mais Stryker ne s’attendait pas à une attaque de leur part. On racontait que d’autres créatures plus sauvages vivant au sein du Bois Scintillant, mais les forces de Stryker étaient trop nombreuses pour constituer une cible tentante pour une bande de tharn. Qu’est-ce qui le rendait si inquiet ? Alors qu’il s’approchait de la lisière de la forêt, il ne pouvait se défaire de l’impression que quelque chose lui échappait.

Le roi et la moitié des Chevaliers-Tempête avaient allongé la distance entre eux et la partie de la colonne de Stryker, même s’ils étaient encore trop proches au goût de stryker. S’il y avait une attaque, il voulait prendre le plus gros avant l’arrivée du reste de ses hommes. Il jeta un coup d’oeil derrière lui. Le roi se tenait au milieu d’une groupe serré de Chevaliers-Tempête. Julius portait une armure similaire, et sa couleur bleue le rendait difficile à repérer parmi ses chevaliers par un ennemi. La poignée de l’épée du père de Julius, Régicide, dépassait de l’épaule du jeune homme – il était un épéiste doué, bien que loin d’être aussi impitoyable et sauvage que son père, qui fut singulièrement terrifiant avec une lame.

La route qu’ils suivaient, en terre battue offrant une assise stable aux soldats et aux warjacks, longeait le Fleuve Noir. Elle se rétrécissait considérablement face l’envahissant présence du Bois Scintillant, comme si l’antique forêt essayait de dévorer la route.

Bientôt, ils seraient contraints de former une colonne étroite, à moins de dix mètres entre le fleuve et la lisière de la forêt. Tous les yeux étaient rivés sur la pénombre parmi les arbres, à la recherche d’un mouvement. Stryker laissa ses sens dériver vers Vî Arsouye, se donnant ainsi un meilleur point de vue à trois mètres du sol.

Il n’y avait rien… puis un éclair blanc, et les muscles de Stryker se tendirent rapidement. Le suite ne fut pas une surprise, et il invoqua rapidement sa magie pour créer un champ d’énergie protecteur autour de lui et des Chevaliers-Tempête les plus proches. La vue des runes qui se formaient autour de son corps suffit amplement à alerter ses homme de l’imminence de la bataille, mais il cria malgré tout l’ordre « Chevaliers-Tempête, formez les rangs ! »

Il y avait cinquante Chevaliers-Tempête à l’avant de la colonne et cinquante autre plus loin, protégeant le roi. Les hommes autour de lui formèrent rapidement une ligne, leurs glaives-tempête pointés vers les arbres, une haie mortelle d’énergie voltaïque. Stryker était au centre avec Arsouye à côté de lui, le gros warjack frappant son marteau dans son poing ouvert, presque tremblant d’excitation à l’idée de ce qui allait se passer.

« Stable ! » cria Tews, près de Stryker.

Soudainement la forêt s’anima d’ombres blanches et du claquement révélateur de cordes d’arbalètes frappant leur aiguillons, puis une grêle de carreaux jaillit des arbres.

Stryker s’était attendu à ce que les Chevaliers-Tempête les plus proches de lui soient protégés par son sort, mais les éclairs ne furent ni ralentis ni déviés par la magie.

Du coin de l’oeil, il vit un de ses Chevaliers-Tempête chuter. Un carreau d’arbalète avait fait mouche. Celui qui les attaquait était assez habile pour trouver les ponts faibles de l’armure d’une Lame-Tempête.

« Feu ! » cria Stryker. Ses Chevaliers-Tempête actionnèrent le bouton de tir sur les poignées de leurs glaives-tempête, et des éclairs électriques s’élancèrent vers les arbres. Ils tiraient à l’aveugle, mais Stryker entendit des cris de douleur dans la forêt.

La zone boisée, ensuite, dégorgea de dizaine de guerriers en armure blanche brandissant de larges épées tranchantes et des boucliers portant l’icône en forme de boucle et de croix du Menofix, le symbole sacré du dieu Menoth. C’étaient des chevaliers du Protectorat, la nation théocratique à l’est de Cygnar, qui s’était récemment étendue au nord de Llael. Stryker n’eut pas le temps de réfléchir à leur présence ici qu’ils percutaient sa ligne de Chevaliers-Tempête dans un fracas d’acier contre acier.

La rage est le dégoût bouillonnaient en lui. Il avait combattu ces fanatiques à de nombreuses reprises, et leur adhésion aveugle et violente à leur religion avait coûté de nombreuses vies.

Avec Vif-Argent, un rencontra un chevalier chargeant, repoussant le coupé d’épée du guerrier du Protectorat avec sa bien plus lourde arme, puis ripostant et abattant Vif-Argent en un puissant arc tranchant. La lourde lame déchira le plastron du chevalier ennemi, le fendant jusqu’au sternum. Le chevalier fut mort debout, et Stryker repoussa le corps.

Il tendit son esprit vers Arsouye et envoya le warjack charger au milieu de l’ennemi, balançant son marteau sismique en décrivant de large arcs. Il n’était pas possible de parer un tel coup, et les chevaliers du Protectorat furent écrasés, leurs armures pulvérisée, leurs corps brisés.
Stryker jeta un coup d’oeil à sa gauche et à sa droite ; ses Chevaliers-Tempête ne s’en sortaient pas bien. Les guerriers du Protectorat était habiles et leurs lames légères et rapides trouvaient les lacunes de l’armure Lame-Tempête.
Tews criait et frappait avec son glaive-tempête. Il abattit un chevalier du Protectorat puis en tua un autre en la chargeant avec avec une décharge d’électricité.
Arsouye subissait des dégâts, mais pour l’instant ils étaient légers, et les cadavres en armures s’accumulaient autour des pieds du grand warjack.
Stryker s’apprêtait à rejoindre la position de Tews lorsque deux minces panaches de fumée apparurent au-dessus de la ligne des arbres. Cela signifiait qu’une chose : des warjacks. Les ‘jacks du Protectorat surgirent de la forêt à une trentaine de verges de la position de Stryker. Ils étaient plus petits qu’Arsouye, leur blindage était peinte en blanc et rouge, et les Menofixes étaient bien visibles sur leur coque. Les deux warjacks brandissaient de longues lames tranchantes dans chaque poing et se déplaçaient rapidement et gracieusement. Pire encore, ils n’étaient pas seuls.
L’homme qui émergeait de la forêt, derrière les warjacks, portait peu d’armure, et son massif torse était nu, exposant des muscles et du tissus cicatriciels. Son visage était couvert par un masque doré et il brandissait un lourd fléau dans une main, la majeure partie de son chaîne étant enroulée autour de son bras. Stryker le connaissait : il s’appelait Amon Ad-Raza, un warcaster tout comme lui et l’un des combattants les plus meurtriers du Protectorat.
La raison de l’attaque était on ne peut plus claire. La paix entre le Cygnar et le Khador signifiait que l’une ou l’autre des nations, ou les deux, pourraient tourner leur attention vers un ennemi commun : le Protectorat de Menoth. Cela menacerait les possessions du Protectorat en Llael. Le Cygnar avait envisagé que le Protectorat réponde au traité d’une manière ou d’une autre, mais une attaque sur la route, si près de la frontière de Cygnar et contre le roi en personne, avait été la moins probable.
Stryker avait écouté son instinct, l’ayant conduit en toute sécurité à travers plus de dangers qu’il ne pouvait s’en souvenir. Julius n’était pas dans la partie avant de la colonne là ou Amon Ad-Raza avait probablement considéré qu’il se trouverait. Le warcaster avait levé la main trop tôt ce qui avait donné une chance à Stryker.

Il regarda en direction de l’endroit où était positionné le roi, à environ cinquante verges de la position de Stryker ; la garde du roi avaient formé une cercle protecteur autour de lui, un mur mortel formé de glaives-tempête. Une vague de panique traversa Stryker lorsque Julius s’éloigna de la Protection de ses gardes pour engager deux chevaliers du Protectorat ayant réussi à atteindre sa position. Pourtant, Stryker n’avait pas à s’inquiéter. La lame du roi était un être vivant, un serpent d’acier et de sang, et il maniait Régicide avec une telle vitesse qu’elle ne semblait rien peser. Julius bloqua un coup d’épée du premier chevalier, puis faucha l’ennemi d’une riposte si rapide que Stryker ne la vit pas. Le Chevalier du Protectorat était debout, l’instant d’après, il gisait en deux morceaux aux pieds du roi. Julius tua le chevalier restant d’un coup sec, faisant passer Régicide à travers le plastron de l’homme, son corps, puis son dos armuré. Julius dégagea sa lame et retourna calmement sous la protection de ses chevaliers.

Stryker concentra à nouveau son attention sur son environnement immédiat, abattit un autre chevalier ennemi chargeant sur lui et appela Arsouye à sa position. Il aurait besoin du gros Cuirassé pour s’occuper des warjacks ennemis. Il ressentit l’empressement d’Arsouye, puis les pas tonitruants du warjacks fonçant vers Stryker.

Amon Ad-Raza avait engagé les Chevaliers-Tempête les plus proches, et ses warjacks les transperçaient dans un déluge d’acier et de sang. Stryker fonça, sans se soucier des ennemis, les abattant lorsqu’ils se trouvaient sur son chemin ou laissait Arsouye les écraser.

Amon regarda dans sa direction alors que Stryker s’approchait, et des runes jaune vif se formèrent autour du poing lourd du guerrier du Protectorat. Une torride chaleur entoura Stryker lorsque le sort prit effet, et son champ d’énergie s’enflamma alors qu’il tentait de compenser. Son armure de warcaster finit par encaisser le plus gros, et l’acier chauffé  brûla la peau de ses bras et de ses jambes. Il serra les dents contre la douleur et courut, invoquant un sort de son cru. Un éclair jaillit de sa main tendue, un éventail d’énergie bleu-blanc se dirigea vers son ennemi. Amon n’était pas encombré par une armure, et son entraînement au sein de l’Ordre monastique du Poing l’avait rendu incroyablement agile. Il esquiva la foudre en bondissant, évitant les éclairs avec une facilité qui sembla enfantine.

Les Chevaliers-Tempête derrière Stryker combattaient toujours les chevaliers du Protectorat, et ceux qui les précédaient essayaient toujours de repousser les warjacks d’Amon Ad-Raza. Stryker ordonna à Arsouye de s’attaquer aux warjacks ennemis pendant qu’il poursuivait Amon. La sensation excitante du premier coup porté par le Cuirassé à l’aide de son marteau sismique fut transmise par leur lien, suivie de la satisfaction d’Arsouye lorsque la coque du premier warjacks s’écrasa.

Stryker jeta un coup d’oeil vers le reste des forces cygnaréennes et le roi. Des silhouettes en armure bleue se déplaçaient maintenant dans sa direction. Le roi était parmi eux ; il se jetterait sans doute dans la bataille aux côtés de ses hommes. Stryker ne pouvait pas permettre cela, ne pouvait pas permettre à Amon Ad-Raza de se rapprocher à ce point de Julius.

Stryker se trouvait à six mètres de son ennemi quand Amon lança son fléau en avant, la lourde balle à l’extrémité arrivant sur Stryker comme un grand météore doré. Il se tourna sur le côté et l’arme le manqua de peu. Amon ramena son bras en arrière. L’arme revint vers lui.

Stryker était maintenant assez proche pour frapper avec Vif-Argent. Il était rapide et habile, et il avait canalisé sa volonté dans le coup, mais Amon s’enfuit en dansant. Vif-Argent frappa dans le vide.

À nouveau, le fléau d’Amon se dirigea vers lui. Cette fois, Stryker tenta de le dévier avec son arme. Il y parvint – partiellement. Il écrasa la tête du fléau, mais celui-ci le frappa quand même d’un coup sec et le projeta en arrière, son plastron enfoncé au-dessus de son abdomen.

Amon observa l’endroit où le reste des forces cygnaréennes avançait sur la route. Il réalisa clairement que sa cible n’était pas là où il l’avait initialement pensé. Stryker tenta de se rapprocher à nouveau, et Amon envoya son fléau en arc de cercle dans sa direction. Cette fois, Stryker tint bon et plaça Vif-Argent devant lui. Il fit un pas de côté alors que la tête du fléau se dirigeait vers lui et il frappa la chaîne le reliant à Amon. L’acier consacré était trop solide que pour être coupé, mais le coup changea la direction de la tête du fléau qui s’enroula autour de Vif-Argent. La force du coup faillit arracher l’arme des mains de Stryker. Mais le fléau d’Amon était coincé, et le warcaster du Protectorat allait l’arracher d’une seconde à l’autre. Stryker pressa la gâchette situé à la base de la poignée de Vif-Argent, déclenchant l’explosion voltaïque. Des éclairs s’élevèrent dans les cieux et le long de la chaîne du fléau, dont le manche métallique était tenu dans la main droite d’Amon.

Le corps d’Amon se figea sous l’effet de l’énergie galvanique le traversant. L’effet ne serait pas suffisant pour tuer le warcaster ou même lui causer des dommages durables, mais cela offrit à Stryker l’ouverture dont il avait besoin. Il se dégagea du fléau d’Amon et fonça en direction de son ennemi en lui assénant un large coup de taille. Amon avait suffisamment récupéré, mais ses réactions étaient ralenties. Il essaya de s’éloigner de la lame de Stryker une fraction de seconde trop tard. La pointe de Vif-Argent mordit le flanc d’Amon. Bien qu’Amon ne portait aucune armure, le coup de Stryker rencontra comme s’il en portait une. Les étranges méthodes de l’Ordre du Poing protégeaient leurs corps des blessures. Pourtant, la lame était entrée en contact, trancha la chair et les côtes se brisèrent sous l’impact.

Amon s’éloigna en trébuchant, tirant son fléau derrière lui. Du sang coulait de son flanc, mais Stryker ne pouvait dire l’étendue de la blessure. Il prit un moment pour surveiller Arsouye. À travers les yeux du warjack, il que vit que les deux warjacks du Protectorat étaient à terre, détruits par Arsouye et les attaques concentrées des Chevaliers-Tempête restants.

Stryker se retourna vers Amon, prêt à lancer une nouvelle attaque, mais le warcaster du Protectorat inclina la tête dans sa direction.

« Ne pensez pas que c’est fini, Seigneur Général », dit-il, sa voix grave mais toujours lointaine derrière son masque. « Vous ne pouvez endiguer le flot de ceux qui suivent la Vraie Loi, quelles que soient les alliances que vous concluez ».

Avant que Stryker ne puisse répondre, Amon se retourna et courut vers le Bois Scintillant, une main serrée sur son flanc blessé. En quelques secondes, il disparut dans les ténèbre de la forêt. Amon avait confirmé la raison de l’attaque, comme Stryker l’avait soupçonné. Pourtant, il ne pouvait rien faire de plus avec ces informations, et ce qui restait des chevaliers du Protectorat reculait. Il entendit Tews ordonner de les laisser partir.

Stryker inspira profondément et laissa son corps se détendre, laissant l’adrénaline refluer. Tews le rejoignit.

« C’est grave ? » demanda Stryker au capitaine des Lames-Tempête.

Tews secoua la tête. « Difficile à dire pour l’instant. Au moins cinq morts, dix autres blessés. Je suppose que les éclaireurs que nous avons envoyés en avant son morts aussi ».

« Bon sang », prononça Stryker dans un souffle. C’était le prix du commandement. Même la victoire avait un coût.

Le reste des forces cygnaréennes les avait rejoints, avec à leur tête le Capitaine Kara Sloan. La warcaster était grande et fine, avec des cheveux blonds courts et des taches de rousseur sur le nez. Elle tenait à deux mains un fusil à canon long mékanique. Stryker avait souvent combattu aux côtés de Kara, et il savait qu’on pouvait compter sur elle pour faire des ravages avec son arme.

« Seigneur Général », dit Kara, « Le roi est en sécurité. Je lui ai conseillé de rester en arrière ».

« Merci, Capitaine Sloan », répondit-il. « Je pense que nous en avons fini ici. Amenez davantage d’hommes pour s’occuper des morts et des blessés.

« C’était Amon Ad-Raza ? » demanda-t-elle, les yeux écarquillés.

Stryker acquiesça. « Je suis aussi surpris que vous ».

« Par Morrow, que faisait-il ici ? »

Stryker lui offrit un sourire fatigué. « Échouer à tuer notre roi ».
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Background – Histoire des Royaumes d’Acier / Roman - Poudrière
« Dernier message par elric le 14 juillet 2024 à 14:04:03 »
PARTIE I

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Cinq-Doigts, Ord, 1er Trineus, 611 AR


LE LIEUTENANT LONAN DUFF DESCENDAIT la passerelle de la frégate ordique HMS Colère de la Jouvencelle tout en respirant le désagréable parfum de Cinq-Doigts. Même si l’arôme mélangé de la fumée de charbon, des marmites et de la sueur rance des humain, n’était pas agréable, c’est ce que l’odeur représentait qui le dérangeait le plus. C’était l’odeur du rivage, là où il était le plus vulnérable.

Il était le dernier à quitter le navire ; le reste de l’équipage était parti depuis longtemps pour quelques jours de permission et les réjouissance que cela impliquait. Bientôt, ils se dirigeraient vers Zu, la mystérieuse terre située loin au sud, servant d’escorte à deux frégates de la Maison Mateu transportant des fournitures et des hommes jusqu’à leur avant-poste sur cette terre exotique.

Il faudrait deux jours pour acquérir toutes les fournitures nécessaires, et le Capitaine Vanus de la Colère de la Jouvencelle avait ordonné à son équipage de se reposer et de s’amuser. Ils resteraient en mer pendant trois mois après avoir quitté Cinq-Doigts et n’auraient pas beaucoup d’occasions de  suite.

Lonan avait fait pression sur le capitaine pour qu’il soit autorisé à rester à bord, mais Vanus n’avait rien voulu savoir. Le capitaine pensait que la réticence de Lonan à descendre à terre n’était due qu’à sa maladresse sociale et à son sens du devoir. Il ne pouvait pas avouer au capitaine le véritable raison ; que son nom n’était pas Lonan Duff, mais le Prince Lyan di la Martyn, peut-être le seul héritier vivant du trône de Llael, un pays maintenant occupé par l’Empire Khadoréen. Il ne pouvait pas dire à son capitaine que son père, le Roi Rynard di la Martyn, était mort dans de mystérieuses circonstances, que le pouvoir du roi était assumé par un gouvernement corrompu et que presque tous ceux qui prétendaient au trôné avaient été tués ou forcés de se cacher. Non, il ne pouvait dire cela à personne, alors il avait quitté la cabine du capitaine, pris son pistolet et son coutelas, et s’était forcé à descendre la passerelle vers une ville remplie de voleurs et d’assassins, une ville où des agents de l’ennemi pouvaient être embusqués dans chaque recoin sombre.

Lonan s’avança sur le quoi bruyant et animé. La ville se profilait à l’horizon, une collection apparemment infinie de bâtiments qui s’estompaient tel un tapis gris sur l’Île du Capitaine, l’une des nombreuses îles sur lesquelles Cinq-Doigts s’était répandue comme une infection. La Colère de la Jouvencelle était amarrée dans le quartier Rivergrav District, l’un des plus fréquentés de la ville. Des hommes et des laborjacks – des automates massifs animés par la vapeur – envahissaient la jetée, déplaçant des marchandises vers et depuis les nombreux navires et bateaux fluviaux qui y étaient ancrés.

Il avait appris à se perdre dans la foule et se laissa entraîner par le flot de gens qui descendaient la jetée. Le quai était un lieu de mouvement constant, les gens allaient ou sortaient, et il y avait peu de destinations à part une poignée de tavernes ou l’un des nombreux navires amarrés.

Il baissa son chapeau et remonta le col de sa veste, dissimulant ainsi son visage. Son long manteau était trop chaud pour le climat, mais il cachait la chemise en cotte de mailles qu’il portait en dessous. De nous jours, il ne quittait jamais le navire sans une forme de gilet pare-balles. Il n’avait aucune destination en tête, mais errer pouvait être dangereux. Plus il était visible longtemps, plus il était probable qu’il soit vu par quelqu’un connaissant sa véritable identité.

D’habitude, il n’était pas aussi prudent ni aussi effrayé. Après que la guerre en Llael eut atteint son paroxysme, la recherche des héritiers du Roi Rynnard n’avait guère été une préoccupation urgente. Lonan se cachait en Ord depuis la mort de son père, et la guerre avait facilité ses déplacements. Il s’était engagé dans la marine ordique sous un nom d’emprunt il y a presque dix ans, travaillant dur mais n’atteignant délibérément que le grade de sous-lieutenant. Ce grade intermédiaire cachait ses véritables capacités et son intelligence sous un manteau de maladresse feinte et d’indifférence professionnelle et lui offrait un certain anonymat tout en lui accordant suffisamment d’autorités pour éviter occasionnellement les situations dangereuses.

Il conservait encore quelques contacts en Llael, mais ils étaient restés silencieux durant des années. Il supposait qu’ils avaient été tués lors des combats ou qu’ils avaient fui le pays comme lui. Il avait donc été choqué de recevoir une missive de l’un d’entre eux lors de sa dernière escale, une lettre suggérant que la recherche des héritiers ru roi avait repris, mais pas par des agents de ce qui restait du gouvernement llaelais ni même de la Résistance qui luttait contre les envahisseurs khadoréens. La notre comportait une unique ligne, et elle l’avait glacé jusqu’à l’os. Elle disait : Khador recherche les héritiers survivants.

Les khadoréens contrôlaient des pans entiers de l’ouest de l’Immoren, dont la capitale Merywyn, et ils n’avaient aucun intérêt à voir revenir un roi llaelais. La Résistance le souhaitait peut-être, car un héritier légitime pourrait galvaniser la population, mais personne ne l’avait jamais contacté, le croyant probablement mort. Les khadoréens ne pouvaient le rechercher que pour une seule raison : l’éliminer et supprimer la possibilité qu’un fils de Rynnard s’assoie un jour sur le trône de Llael.

Il n’y avait aucun signe d’assassins dans les différents ports qu’il avait visité au cours du mois dernier, bien que sa peur augmentait à chaque fois que son navire accostait. Sa récente affectation sur la Colère de la Jouvencelle avait été une aubaine, et son voyage vers la nouvelle frontière de Zu le mènerait en haute mer pendant des moi, bien au-delà de la portée du Khador. Il devait juste survivre aux deux prochains jours à Cinq-Doigts.

Il connaissait intimement la ville, où il avait été stationné pendant près de sept ans au sein de la Marine Royale. C’était un endroit où il pouvait se cacher et se perdre dans la foule grouillante de la tentaculaire ville, un havre connu pour les pirates et les contrebandiers, mais maintenant, il semblait que c’était l’endroit idéal pour que les assassins frappent. Le seul endroit  sûr pour lui était la forteresse navale. Il pouvait y trouver une relative sécurité parmi les marins stationnés dans la garnisons de la Marine Royale.

Le seul problème était que la garnison se trouvait sur l’Île Belliqueuse, ce qui signifiait qu’il devrait traverser une bonne partie de la ville, en passant par l’Île du Poursuivant et l’Île Doleth, pour l’atteindre. Il jeta un coup d’oeil à la foule affairée sur le quai. Des centaines de marins et d’ouvriers vaquaient à leurs occupations tout autour de lui. La plupart étaient des humains, mais il y avait quelques trollkin et i pouvait apercevoir de temps en temps un imposant ogrun parmi eux.

Personne ne faisait attention à lui et il se fondait dans la foule. Lonan accéléra le pas, se déplaçant avec le flot des gens. Il lui faudrait traverser l’un des nombreux ponts reliant les îles de Cinq-Doigts pour atteindre sa destination, et le premier n’était pas très loin.

Il resta près des nombreux entrepôts qui bordaient la jetée, évitant ainsi le gros de la foule. Par la suite, il progressa bien, s’éloignant de l’immense marina pour se diriger vers la partie plus commerciale des quais. Ici, les poissonniers et autres marchands vendaient leurs marchandises, et la foule passait de marins et des matelots à un mélange plus cosmopolite. Lonan n’aimait pas ça ; son uniforme naval le distinguait.

Il se dépêcha de traverser le marché, ignorant les cris des marchands et les bruits sourds de la foule. Le pont vers l’Île du Poursuivant n’était pas très loin. Il quitta le Rivergrav pour se rendre dans l’autre partie de l’Île du Capitaine, moins peuplée. Il s’agissait du District de l’Esprit d’Outre-Tombe, le centre industriel de l’île, où de gigantesques usines crachant de la fumée dans le ciel et d’innombrables entrepôts où étaient stockés les marchandises dominaient l’horizon.

Il était plus vulnérable ici. Il n’était pas seul, mais la foule était clairsemée, et il y avait de nombreuses allées sombres et étroites entre les bâtiments pouvait facilement abriter un assassin. Il se faufila entre les personnes se trouvant sur son chemin, les observant au passage, à la recherche d’un indice lui permettant de penser qu’ils étaient autre chose que de simple visages sans la foule. Il pouvait voir le pont maintenant, une chose massive de pierre et d’acier s’élevant au-dessus du canal entre l’Île du Capitaine et celle du Poursuivant. Ce fut un soulagement. L’Île du Poursuivant était avant tout un marché, et la garde y était donc plus importante.

Il n’en resta pas moins prudent à l’approche du pont. Il y avait des gens qui allaient et venaient sur le pont, mais devant celui-ci se tenaient deux hommes vêtus de longs manteaux gris, sous lesquels on pouvait voir le renflement révélateur d’épées ou de pistolets. Ils n’avaient pas l’air à leur place, ni parce qu’ils étaient armés, ni à cause de leur tenue vestimentaire. C’est la façon dont ils observaient la foule qui le terrifia. Leurs yeux s’attardaient sur tous ceux qui passaient devant eux, un regard pénétrant et scrutateur.

Lonan s’arrêta, son coeur battant dans sa poitrine. Il était possible que les hommes ne le cherchaient pas. Ils pourraient être employés par l’un des infâmes Hauts Capitaines, de puissants criminel qui étaient le véritable pouvoir de Cinq-Doigts, et celui qui n’avait rien à voir avec un prince de Llael exilé. Il se frotta la bouche et regarda derrière lui. La voie était libre et il y avait un autre pont, moins utilisé, menant à l’Île du Poursuivant en passant par le Rivergrav. Il pouvait faire demi-tour et repartir par où il était venu.

Il jeta à nouveau un coup d’oeil vers le pont. Les deux hommes le fixaient directement. L’un d’eux fit signe de tête à l’autre et ils commencèrent à se diriger vers lui.

Il envisagea de dégainer son pistolet et d’abattre l’un deux immédiatement. Il rameuterait probablement la garde, ce qui lui assurerait une certaine sécurité, mais il repoussa rapidement l’idée. La garde était aussi corruptible que tout le reste à Cinq-Doigts. Il commença à se déplacer dans l’autre direction. Il ne courait pas. Pas encore. Il se déplaçait à contre-courant des gens sur les quais, les dépassant. Il jeta un coup d’oeil par-dessus son épaule. Les deux hommes étaient toujours derrière lui, marchant rapidement.

Lonan se rendit compte qu’il les avait vus trop facilement, comme s’ils s’étaient placés là pour le forcer à se déplacer dans l’autre sens. L’effrayer vers-

Il se cogna contre une muraille de muscles, une muraille avec une mâchoire carrée, des yeux sombres et un manteau gris. La muraille lui enfonça également une courte lame dans les côtes.

La lame traversa le manteau de Lonan, mais la cotte de maille en dessous l’empêcha de pénétrer dans sa chair. Pourtant, la force derrière la lame était immense et Lonan sursauta de douleur lorsqu’une de ses côtes se fendit. Il trébucha en arrière, et les yeux de son agresseur s’écarquillèrent de surprise – il ne s’attendait pas à une armure – et s’avancèrent vers lui. Cette fois, Lonan sortit son pistolet, un pistolet lourd à répétition pour lequel il avait dépensé près d’un mois de salaire. Il tira à bout portant, deux fois : à la poitrine, à la tête. Le sang gicla et l’homme tomba. Des cris d’alarme s’élevèrent de la foule sur les quais et les gens s’éparpillèrent. Devant lui, Lonan pouvait voir d’autres silhouettes grises se diriger vers lui. Il voulait leur tirer dessus, mais il y avait trop de monde entre lui et ses cibles. Paniqué comme il l’était, il ne voulait pas risquer de gaspiller ses balles sur des cibles inutiles.

Il regarda par-dessus son épaule. Les deux hommes derrière lui se rapprochaient. Il était en infériorité numérique et probablement moins armé. À sa gauche se trouvait l’entrée d’un immense entrepôt, et il pouvait voir des laborjacks se déplacer à l’intérieur tandis que des ouvriers se tenaient debout et le regardaient. Certains d’entre eux étaient armés. La plupart des citoyens de Cinq-Doigts avaient une bonne connaissance de la violence.
Il se retourna et couru dans l’entrepôt, dépassant deux ouvriers dont l’un lui cria quelque chose. L’intérieur de l’entrepôt était un labyrinthe de caisses et de boîtes, et il essayait de maintenir sa direction, espérant trouver une sortie de l’autre côté.

Les imposants murs de boîtes l’empêchait de voir si ses agresseurs l’avaient suivi. Qui étaient-ils ? Son contact avait déclaré que des agents khadoréens le recherchaient, mais ces hommes n’étaient pas des soldats, du moins pas dans le sens normal du terme.

Il poursuivit son chemin, transférant son pistolet dans sa main gauche et dégainant son coutelas avec sa droite. Les caisses et les cartons s’amenuisaient, et il avait des raisons d’espérer lorsque l’autre côté de l’entrepôt présentait un espace dégagé et un ensemble de grandes portes doubles menant à une large allée.

Il voulu s’élancer vers la sortie, mais il eut à nouveau le désagréable sentiment d’être suivi par un troupeau sur un chemin choisi pour lui. La perspective d’une échappatoire était trop tentante, cependant, et il se précipita vers la porte ouverte.

En sortant dans la rue, la première chose qu’il remarqua fut à quel point la rue était vide ; la suivante était le grand bâtiment en pierre juste en face de lui. Il n’eut même pas le temps de lever les yeux avant que le premier coup de feu retentisse.

Quelque chose frappa son épaule gauche et le fit tourner sur lui même. Son pistolet s’échappa de sa main et une profonde douleur brûlante lui transperça l’épaule. Il retourna en trébuchant dans l’épaule, je jetant vers la gauche alors qu’un autre projectile ricochet sur le sol en béton. Lonan courut vers la première rangée de caisse à sa gauche, les hautes piles créant un chemin  étroit semblable à une ruelle. Le sang coulait le long de son bras gauche et essayer de bouger le membre blessé ne faisait jamais qu’intensifier sa douleur jusqu’à une agonie brûlante. La balle avait traversé sa cotte de mailles sans ralentir et avait probablement enfoncé certains maillons dans sa blessure.

Il écoutait tout en bougeant, mais l’entrepôt était devenu silencieux. Seul le grondement lointain des chaudières des laborjacks perçait le silence. Il approchait de la fin de la rangée, qui s’ouvrait sur une autre rangée s’étendant de gauche à droite en forme de T. Il ne fut guère surpris lorsqu’un autre des assassins vêtus de gris apparut dans l’intersection, un long sabre courbé à la main.

Il jeta un coup d’oeil en arrière. Un autre assassin se dirigeait vers lui. Un étrange sentiment de calme s’installa en lui. Son mort était imminente ; ces hommes étaient bien assez nombreux pour l’assassiner. Il se rassura en si disant que cela mettrait fin à la fuite et à la dissimulation. Il n’avait jamais été très pieux, mais il y avait probablement une place pour lui sur Urcaen, une place qui lui offrirait un semblant de paix.

Mais il n’irait pas docilement à la mort.

« Je suis Lyan di la Martyn », cria-t-il, donnant de la voix à un nom qu’il n’avait plus prononcé depuis plus d’une décennie. « Lequel d’entre vous, bâtards, mourra le premier ? »

Il fonça vers l’assassin armé du sabre. L’homme se déplaça et se mit en garde, le bras droit tendu, la lame pointée vers le sol.

Lyan se précipita en avant puis esquiva tout en effectuant un large revers. Il avait été formé au maniement de l’épée à la cour de son père, avec les meilleurs instructeurs, et il n’avait pas perdu ses compétences au cours des dix années qui s’étaient écoulées depuis. Il était plus rapide et plus habile que son adversaire, malgré sa blessure. Sa lame heurta celle de son adversaire, et son arme était plus lourde, et son arme plus lourde écarta le sabre le temps d’un battement de coeur, assez longtemps pour qu’il puisse riposter et transformer son premier coup en une puissance entaille. Sa lame s’enfonça dans le cou de l’assassin, traversant la chair et se logeant contre la colonne vertébrale de l’homme. Le sang jaillit et Lyan libéra son arme alors que l’homme s’effondrait au sol.

Il se retourna pour faire face à l’attaquant suivant, qui ne se précipitait pas sur lui – il avait attendu calmement que Lyan en finisse avec son compatriote. La main du tueur était tendue et un anneau de runes encerclait son poing de particules d’un bleu arctique.

Il n’eut pas le temps d’éviter ce qui arrivait. Lyan leva ses bras sur son visage. Une explosion d’un froid à craquer les os suivit alors qu’il était enveloppé par le sort de l’ensorceleur khadoréen. Ses muscles se contractèrent, sa respiration se figea dans ses poumons et ce fut comme si chaque centimètre carré de sa peau exposée était assailli par une douleur engourdissante. Sa cotte de mailles n’offrait aucune protection contre cette attaque, et les anneaux d’acier fusionnèrent en une feuille de métal glacé.

Le froid surnaturel arracha la force de ses membres et Lyan tomba à genoux. Il avait tenu son épée et l’avait brandie à l’approche de l’homme. Son assassin était grand, avec des traits nets et des cheveux noirs et clairsemés. Ses yeux étaient bleus, froid et impitoyables, et ses lèvres dessinaient un sourire crispé. Dans une main, il tenait une lourde hache de guerre, dont la lame était ornée de runes brillantes.

Lyan tenta un coup maladroit sur l’arcaniste, qui s’écarta avec désinvolture, puis frappa d’un pied botté et arracha la lame de la main de Lyan.

« Vous êtes courageux, Prince Lyan », dit l’homme. Son accent khadoréen n’était pas prononcé, mais il était indubitable. « Je ne m’attendais pas à ce que vous soyez… si fougueux ».

Lyan ouvrit la bouche pour s’exprimer, mais son corps tremblait si violemment à cause du froid qu’il eut du mal à prononcer quoi que se soit. « Fais-le », dit-il. « J’en ai assez de faire semblant… de cacher qui je suis ».

L’homme acquiesça, son visage se tordant en un simulacre de sympathie. « Oui, ces jours sont révolus pour vous », dit-il, et à la surprise de Lyan, il laissa tomber la hache à côté de lui et passa sa main sous son manteau. Il en sortit une longue dague droite à la pointe méchamment aiguisée. « Mais je ne vous abattrai pas comme un vulgaire chien. Vous méritez une meilleurs mort que celle-là. Une mort noble. Pouvez-vous vous tenir debout, Prince ? Pouvez-vous mourir debout ? »

Lyan se rendit compte qu’il avait la force de se lever et qu’il ne voulait pas mourir à genoux. Il se releva, haletant, la douleur lui traversant le corps. Le froid surnaturel avait gravement endommagé ses organes internes. Sa vision se brouilla.

« Fais-le », murmura-t-il.

« Avec plaisir ». L’homme posa une main sur l’épaule de Lyan et plaça la pointe de sa dague sur son coeur. « Au revoir, Prince Lyan. Je vous promets que votre mort marquera le début d’une nouvelle ère de grandeur pour votre nation ».

Il poussa Lyan en avant, enfonçant la lame à travers sa maille et dans son coeur.

Le choc de la lame pénétrant dans son corps céda la place à une chaleur se répandant, et Lyan di la Martyn accueillit favorablement les ténèbres s’élevant pour l’engloutir.
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