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Sujets - elric

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FORCES D’EXCEPTION XIII

SECONDE VISION

Par Michael Sanbeg

Ses poumons étaient remplis de fumée. Sa gorge brûlait. Son masque, chaud contre son visage, n’offrait aucune protection. Il s’étouffait avec les cendres brûlantes, cherchant de l’air frais et n’en trouvant pas.

Les cieux scintillaient de flammes contre nature tandis que son armée brûlait. Le Vaisseau du Jugement avait disparu et ses hommes étaient rôtis dans leurs armures. Il retira son masque et le mit de côté, puis prit une grande inspiration. Elle avait l’odeur de la mort.

Le Testament de Menoth ferma les yeux, se souvenant de la vision. Il savait que la terre qu’il parcourait actuellement était le lieu ou ces flammes allaient jaillir et se croître. Le Vaisseau du Jugement, se déplaçant lentement parmi sa petite force, serait consumé, mais seulement s’il laissait cette destinée particulière suivre son cours.

Tracté par le seul préposé dont la force consacrée lui permettait de tirer le grand reliquaire, le Vaisseau grondait le long de l’accidenté sentier à travers le Bois Scintillant. À côté de lui, il y avait un trio de paladins de l’Ordre du Mur. Parmi ces guerriers saints se trouvait le Haut Paladin Dartan Vilmon. Le reste des forces du Testament était composé de dix chevaliers Exemplaires qui marchaient derrière le Vaisseau, d’une demi-douzaine de vengeurs servant d’éclaireurs et d’escortes, et d’un petit contingent de chœur de Menoth. De plus, le Testament commandait deux warjacks : un Templier et un Rédempteur.

Un vengeur émergea des épais vois à l’ouest et s’approcha. L’homme parla, mais le Testament ne pouvait entendre ce qui n’était pas dit. Il leva les yeux et vit le vengeur enveloppé de fumée.

De sa position à côté du Vaisseau, près de l’arrière de la colonne, Dartan Vilmon écouta le vengeur donner son rapport au Testament. Même d’où il se tenait, à une vingtaine de verges, il pouvait voir que le cavalier était mal à l’aise de s’adresser au silencieux warcaster. En effet, beaucoup trouvaient le Testament troublant. Le vœu de silence du warcaster le rendait incapable de donner tout sauf les ordres les plus simples, lui donnant un air de mystère insondable.

Le grondement révélateur de la chaudière d’un warjack attira l’attention de Vilmon sur le front de la colonne. Le Rédempteur du Testament s’approchait de lui, et lui ordonna inexplicablement de se déplacer vers l’arrière de la colonne. Des membres du chœur de Menoth suivaient le warjack. Vilmon se demanda e qui avait provoqué ce déplacement, et comme si en réponse, le calme de la forêt fut dissipé par le bruit écœurant des carreaux d’arbalètes frappant la chair. Trois des chevaliers Exemplaires s’effondrèrent au sol, des hampes à plumes noires dépassant de la jonction entre l’épaulière et la cuirasse ou des étroites visières de leurs casques.

La confusion se répandit le long de la colonne, et le Rédempteur bondi en avant tandis que d’autres carreaux jaillissaient des arbres, trouvant infailliblement les pistons vitaux dans ses bras et ses jambes. Encouragés par la mort de leurs camarades, les chevaliers se précipitèrent derrière le ‘jack. Le chœur suivit, exaltant un Hymne de Passage pour s’assurer que le Rédempteur ne puisse plus être frappé à distance.

« Bougez ! » Hurla Vilmon sur le soudain chaos de la bataille, et lui et ses frères se frayèrent un passage à travers les chevaliers toujours groupés autour du Vaisseau. Plusieurs autres tombèrent, des carreaux émergeant de leurs corps amurés. Le Rédempteur arrêta sa charge pour lancer une volée de fusée marteau céleste dans les arbres.

Le Rédempteur avait-il touché quelque chose, ce n’était pas clair, mais quelques secondes après son attaque, plusieurs douzaines d’iosiens encapuchonnés émergèrent de la forêt. Brandissant de longs et vicieux sabres, les assaillants submergèrent le warjack, semblant frapper partout à la fois. Aucun mouvement ne fut gaspillé, car ils trouvèrent toutes les faiblesses de la machine. Il fouetta avec sa masse, frappant un iosien avec suffisamment de force pour renvoyer son corps brisé dans les arbres. Alors que les premiers rangs de chevaliers se rapprochaient, le Rédempteur s’éloigna pitoyablement de l’ennemi, boitant et tressaillant violemment tandis que de la fumée s’échappait de son châssis.

Les iosiens atteindraient sans aucun doute sous peu le Vaisseau. Vilmon jeta un coup d’œil en arrière et vit les vengeurs se préparer à charger, mais le Testament stoppa leur mouvement, saisissant les rênes du chef et le maintenant en place.
Vilmon fonça, tranchant presque en deux l’iosien le plus proche avec une frappe en oblique. Il dégagea la lame et écrasa la poignée de la grande épée sur le visage d’un deuxième ennemi, lui brisant les dents, et le projetant en arrière plus loin, un iosien armé d’une lame incurvée attachée à une longue chaîne était enfermé au combat avec un autre chevalier. Vilmon se précipita entre eux et frappa vers le haut, sa lame mordant profondément dans le crâne de l’iosien. Il ressentit un mouvement derrière lui et se retourna pour parer un coup, puis riposta et ouvrit le ventre de l’agresseur d’un unique coup rapide.

Il jeta un coup d’oeil à la tête de la colonne et fut surpris de la trouver encore plus lourdement engagée que l’arrière. Pire encore, le Testament en personne se battait seul contre un autre attaquant brandissant lame à chaîne. Trois des vengeurs vivaient toujours et se battaient pour retenir un groupe d’iosiens encapuchonnés avec des épées dans chaque main. Le Templier était très endommagé, un de ses bras pendait piètrement à ses côtés, mais il combattait quand même.

   Vilmon se maudit silencieusement de ne pas avoir vu la ruse des iosiens. L’attaque contre l’arrière avait été une feinte, et assez évidente. L’ennemi ne s’intéressait pas au Vaisseau ; sa cible était le Testament de Menoth lui-même. La prise de conscience se fit rapidement, et les chevaliers les plus éloignés du conflit initial se retournèrent brusquement et coururent soutenir le warcaster. Le Testament semblait être blessé mais pas gravement, et Vilmon l’observa dévier chaque coup de chaîne de son adversaire avec sa grande hache.

   Les elfes à l’arrière de la colonne, voyant la victoire s’éloigner, disparurent à nouveau dans les arbres. Vilmon craignit qu’ils se regroupent simplement pour attaquer le front, mais le nombre d’iosien y avait également été violemment réduit, et ceux qui vivaient se retiraient déjà. La clameur du combat cessa lorsque le dernier des maraudeurs se fondit dans la forêt.

   Malgré leur triomphe, près d’un tiers des hommes du Testament avaient été tués. Dartan Vilmon rejoignît le warcaster en tête de colonne. Il surveillait le champ de bataille, son expression ne révélant ni déception ni satisfaction.

   « Vous saviez que nous triompherions », dit Vilmon.

   Le Testament de Menoth ne dit rien, mais sa main glissa pour se poser sur le Menofix à ses côtés.

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LES RENCONTRES DE PENDRAKE

Par Edrea Lloryrr ( transcrit par F. Wesley Schneider)

FANTÔMES DU PASSÉ

   Cher Professeur,

De la même manière que certaines bêtes naissent boiteuses, je me suis rendu compte que certains humains naissent courageux. Je pourrais imaginer que vous revendiquez vous-même cette distinction suspecte, et je ne veux pas vous offenser, car j’ai remarqué cent fois votre ténacité tempérée par la sagesse et la détermination. L’audace dont je parle est plutôt l’incarnation d’un homme qui, jusqu’à récemment, refusait d’être envoyé au loin, le seul survivant de mon excursion dans le Bois Scintillant : Alton Halstead.

   J’ai déjà admis mon intention de retourner dans mon pays natal et, après avoir renvoyé mon seul étudiant survivant avec mon précédent message, je me suis séparé des trollkin du Bois Scintillant. Moins d’une demi-journée après mon départ, j’ai trouvé mon élève-messager gambader, attiré par des pensées d’aventure. L’argument qui en a résulté s’est avéré inutile, tout comme mes assurances d’une mort criblée de flèches en entrant sur la terre de mon peuple. Ainsi, je me suis retrouvé en compagnie d’un admirateur berné qui s’accrochait à chacun de mes mots tout en ignorant le sens le plus élémentaire de chacun.

   Comme les humains pourraient reconnaître une ville spécifique par son architecture particulière, ce matin, le bruit familier du vent, le balancement des arbres et le parfum de l’air démentaient notre entrée en Ios. En haut d’une colline boisée, nous sommes tombés sur une dépression peu profonde, un ruisseau paresseux serpentant dans un ravin encombré par des plantes grimpantes. Encore une fois, j’ai tenté en vain de dissuader Halstead de me suivre, un choix probablement suicidaire. J’étais à mi-pente avant de remarquer la qualité flétrie et sans vie de la végétation qui m’entourait.

   M’arrêtant net, je me suis tourné pour faire taire Halstead sans sa démarche maladroite, mais j’ai remarqué une sinistre apparition noire se profiler derrière. Ma mâchoire s’est relâchée pendant un instant, Halstead eut un sourire et sembla sur le point de faire une boutade, quand la chose spectrale fondit sur lui telle une marée nocturne. Son corps tressaillit, comme frappé par une charge électrique, convulsant comme une marionnette. En un instant, il revint à lui, mais ses yeux n’étaient plus les siens – sans pitié et mort. Soupçonneuse et à moitié prêt à fuir, je m’assurai du poids de mes dagues sous mon manteau.

   Lorsqu’Halstead s’exprima ensuite, c’était étrange et contre nature, sa bouche bougeant dans des contorsions délibérées et maladroites. Plus troublants, les paroles qu’il a prononcés étaient en iosien. « Les étrangers sont interdits, petite », siffla Halstead d’une voix qui résonna autant dans ma tête que dans mes oreilles.

   Passant à ma langue maternelle, j’ai cherché à en apprendre plus de l’état de l’apprenti érudit. « C’est toi qui m’as suivi. Rappelle-toi ? »

   Halstead fut pris d’un rire épouvantablement, une respiration haletante – un son produit pas quelque chose qui avait depuis longtemps oublié comment utiliser les facultés d’un corps. « Oh, mais pour te suivre. Il n’y a que la mort ici », gémit la chose qui n’était pas Halstead.

   « Qui es-tu ? » Ai-je risqué, un souvenir glacial de sombres rumeurs s’élevant dans mon esprit.

   « Je ne suis qu’un souvenir de péchés – parjuré. » Ses paroles devinrent tristes. « N’entends-tu pas les cris de tous ces orphelins. Ne vois-tu pas les flammes dans les yeux ? Ils sont tout autour de moi – pour toujours ! »

   Je connaissais la chose et sympathisais vraiment pour mon compagnon. C’était un esprit sinistre du passé de mon peuple, un ancien prêtre iosien, déchu de sa foi et rendu fou par la trahison. Nous les connaissons sous le nom de « déchiré. »

Je suis aussi pieux que n’importe quel elfe, mais loin d’être un guerrier-saint. À ce moment, ma pitié et ma peur ne faisaient qu’un. « Je connais ton espèce, apparition. Libère le garçon et passe à autre chose ! »

   « Passe à autre chose ! » a-t-il ri. « Passez à quoi ?! « Lyoss à l’abandon ? Il n’y a rien là-bas si même je pouvais m’aventurer au-delà de l’enclos ! » En criant, il dégaina un couteau de la taille d’Halstead avec sa propre main. « Mais tu es passée. Passée dans le monde de ces animaux ? » En parlant, il fit courir le plat de la lame le long du visage d’Alton, en menace. « Emmenez-moi là-bas. »

   « Pourquoi ? » Ai-je demandé, pas impatient de conclure des accords avec les damnés. En réponse, il a tordu la lame et avec un sifflement faux, à fait courir son bord sur le côté du visage du garçon sans défense avant que je puisse crier : « Bien ! Bien ! Je vais te guider ! »

   L’unique réponse de la chose, un sourire trempé de sang, était épouvantable à voir.

   J’ai mené le déchiré jusqu’à une petite clairière, anonyme, mais que je savais être la frontière de ma patrie. La chose chuchotait en même temps, quelque chose qui ressemblait à une prière, répétée et sans signification, n’ayant rien de l’engagement de la foi. Je me suis arrêtée quand j’ai entendu la chose haleter, tombant en arrière comme brûlée.

   « C’est la porte », murmura-t-il, plus pour lui que pour moi. C’est en se concentrant sur moi, à quelques pas de franchir une barrière qu’il ne pouvait percevoir, qu’il fit sa demande, « Permets-moi de traverser. Donne-moi accès au royaume des sauvages et je te rendrai ton animal. »

   Comme en témoigne la demande du déchiré, je me suis rappelé que ces créatures ne peuvent franchir certaines barrières sans invitation, en particulier les frontières de notre pays. Il m’a hurlé : « Libère-moi ! Pardonne mes transgressions ! Parle pour ton peuple et fais taire les jérémiades d’un passé révolu ! »

   Quelque chose en moi était écœuré Plus que le dégoût instinctif que je ressentais envers une créature aussi peu naturelle, cette demande ressemblait à une hérésie, comme une trahison de mes ancêtres dont la vertu affligeait au déchiré sa malédiction.

   J’ai hésité et la chose a fait un pas menaçant vers moi mais a de nouveau été repoussé, le visage d’Alton se tordant de douleur. En repoussant ma répulsion, je sentais que je ne pouvais pas permettre à cette aberration de réclamer une autre vie – même celle d’un imbécile téméraire – simplement sur ma terreur confuse.

   « Traverse donc. » J’ai craqué, un goût amer en bouche. « Sois absous de tes crimes et ne trouble plus cette terre. »

   Aussitôt un bruit semblable aux sanglots d’une douzaine d’âmes tourmentées emplit mes oreilles, mais ces cris surnaturels furent noyés par un rire pitoyable. Libre, la chose traîtresse vint, son couteau étincelant dans la main qui n’était pas sienne, son visage recouvert du sang d’Alton Halstead.

   « Ton animal de compagnie, exilée », railla le déchiré, le couteau d’Halstead tranchant sauvagement. « Que son sang sans valeur soit sur ta conscience pour le reste de tes illusoires jours ! »

   J’ai dégainé mes propres poignards, supposant devoir parer le fou. J’ai réalisé son intention trop tard ; le perfide esprit se précipita sur mes lames, enfonçant l’une d’elles dans les entrailles d’Halstead. Son visage près du mien, il m’a éclaboussé d’une suffocation ensanglantée montant dans son corps, un regard de victoire cruelle brillant dans ses yeux captifs.

   Épouvanté, j’ai crié : « Scyrah te maudisse ! »

   Je ne sais pas quel pouvoir nos divinités détiennent encore sur ces âmes maudites, mais pour la seconde fois, j’ai vu le visage d’Hastead être secoué par la foudre. Une étrange bataille, entre la lumière vivante et une grisaille mortelle, faisait rage dans ses yeux avant que le corps du garçon ne devienne mou et glisse au sol.

   La présence sinistre au sein du jeune homme s’éleva comme la fumée d’une offrande brûlée. Il ressemblait à un prêtre pris au piège dans des vêtements spectraux, la dépression peu profonde des yeux et une bouche gémissante à peine visible. À sa poitrine fantomatique pendait une lourde amulette, marqué du symbole d’Ayisla, Suzeraine des défunts.

   « Garde ton animal de compagnie », s’exclama l’immortel fantôme. « Cette âme est trop faible pour m’amener au Veld, mais j’en trouverai une mieux adaptée. » Suivant un murmure de cris, le déchiré s’éloigna, plus profondément dans le Bois Scintillant, fusionnant avec les ombres des arbres anciens, et disparut.

   Pardonnez-moi professeur, car je ne sais quelle horreur j’ai libérée sur les terres de votre peuple.

   Je me suis occupé d’Halstead, je l’ai bandé du mieux que j’ai pu. Je considère comme une petite bénédiction que ses blessures ne soient pas aussi graves que je l’avais imaginé. Nous ne sommes qu’à une courte distance de l’endroit où le déchiré a disparu. J’espère sincèrement que cette rencontre convaincra Alton de retourner vers des terres plus civilisées, avec mes lettres. Témérairement, mes pensées reviennent en Iso, espèrent que cette rencontre ne se soit pas un présage prophétisant ma réception. Une fois sur place, cher professeur, je communiquerai lorsque le temps et l’entremise le permettront.

Professeur Agrégé Edrea Lloryr

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Iron Kingdoms - RPG / Nq 52 - Codex de Corvis
« le: 06 juin 2020 à 23:34:29 »
CODEX DE CORVIS

PESTE & PESTILENCE

Par Brian R. James

LA FRATERNITÉ DU LINCEUL SANGLANT

Vers la fin du premier siècle AR, une terrible pestilence s’est répandue comme un feu de forêt dans l’Immoren occidental, semant la peu et la mort. Des citoyens malades ont afflué dans les sanctuaires et les temples, mais la prière et les connaissances médicales ont été tout aussi inefficaces face à ce terrible fléau.

L’impact du poumon de feu – telle qu’elle a été nommée – a été catastrophique. Bien que la maladie ait été partiellement responsable de l’éradication de l’occupation orgoth, elle a tué sans discrimination. Même dans les régions les moins touchées, 20 à 30 % de la population est décédée des suites de la maladie, et de nombreuses villes ont subi des pertes approchant les 70 %. Avec des milliers de morts dans les rues, certaines municipalités ont incendié des quartiers entiers plutôt que de tenter d’enterrer l’incroyable volume de cadavres.

Heureusement pour les immoréens assaillis, un jeune pieux arcaniste nommé Corben a mis au point un remède contre cette maladie mortelle. En quelques mois, le traitement spécialisé pour le poumon de feu a été rapidement et efficacement diffusé, stoppant largement l’épidémie à la fin de l’année 93 AR.

Après l’ascension de Corben en 102 AR, une secte monastique d’alchimistes morrowéens a été créée pour se consacrer exclusivement aux sciences biologiques, en particulier à l’étude de la pathologie, suivant le brillant exemple de Corben. Connue sous le nom de Fraternité du Linceul Sanglant, ce petit ordre peu connu perdure à ce jour, offrant ses services à travers les Royaumes d’Acier dans l’espoir de lutter contre la propagation des maladies.

REJOINDRE LE LINCEUL

Avec l’accord du Maître de Jeux, votre groupe peut rejoindre la Fraternité du Linceul Sanglant. L’adhésion à l’ordre suit les mêmes règles que celle d’adhésion à une compagnie d’aventuriers. (voir Iron Kingdoms Full Metal Fantasy Roleplaying Game : Core Rules, p. 151). Tous les personnages joueurs du groupe doivent accepter de devenir membres et satisfaire aux conditions d’adhésion détaillées ci-dessous.

Conditions : Tout personnage peut appartenir à l’ordre. Le groupe doit comprendre au moins un personnage ayant une carrière d’Alchimiste ou de Prêtre de Morrow. Seul un Alchimiste ou un Prêtre peut diriger une secte de la Confrérie. Les personnages ayant d’autre carrières sont supposés être des gardiens ou des experts qualifiés au service de l’ordre

Avantages : Chaque membre de la Fraternité commence le jeu avec des cuirs d’alchimiste (voir IKRPG : Core Rules, p. 251) et la capacité Alchimiste de Terrain (voir IKRPG : Core Rules, p. 162), qu’ils remplissent ou non les conditions préalables. Un personnage créé dans la cadre de la compagnie d’aventure ajoute Alchimie 1 et Médecine 1 à sa liste de compétences professionnelles Potentielle. De plus, chaque membre de la Fraternité ne doit réussir qu’un seul jet de progression pour combattre une infection au lieu des trois standards (voir « Progression » ci-dessous).

La Fraternité a adopté son nom à la suite du poumon de feu, lorsque la liquéfaction des tissus pulmonaires de la victime entraînait de graves quintes de toux qui se traduisaient par des expectorations sanglantes. À la mort, les draps tachés de sang de la victime étaient souvent posés sur le corps en vue de la crémation. L’emblème du Linceul Sanglant provient de ce rituel macabre.

Les membres de la Fraternité ont tendances à être réservés, voire moroses. Nombre d’entre eux viennent à l’ordre après avoir perdu des êtres chers à cause d’une maladie. Ceux qui sont enveloppés – comme les membres de la Fraternité s’appellent – sont de vigilants et infatigables croisés contre tous ceux qui emploieraient la maladie comme une arme.

Ceux qui sont enveloppés s’habillent généralement de vêtements épais et stériles, de couleur albâtre, et portent des masques à gaz pour les protéger contre les contagions inhalées. Nombre d’entre eux portent également un vaste ensemble d’équipements alchimiques conçus pour traiter des affections spécifiques.

ANATOMIE DE LA MALADIE

Les règles suivantes sont fournies pour les Maîtres de Jeux qui souhaitent élaborer leurs propres pestes et pestilences pour les déchaîner sur les malheureux habitants de l’Immoren occidental.

Pour créer une affection unique, attribuez simplement une valeur à chaque attribut répertorié ci-dessous, donnez à la maladie un nom intéressant (comme ceux créés avec l’article Disease Name Generator dans le No Quarter #19), puis déchaînez-la sur vos joueurs.

Les attributs suivants définissent différentes maladies dans le jeu.

DESCRIPTION : Une brève description de la maladie.

TAXONOMIE : La Fraternité du Linceul Sanglant utilise deux facteurs pour catégoriser la maladie : la classification et le type. Par exemple, le descripteur taxonomique de la langue noire est « peste parasitaire. »

TYPE : Bactérienne, fongique, parasitaire ou toxique.

CLASSIFICATION : Fièvre, peste ou miasme.

MÉTHODE DE CONTRACTION : Inhalation, cutanée ou ingestion. Pour en savoir plus, voir ci-dessous.

RÉSISTANCE : Lorsqu’un personnage est exposé à une maladie infectieuse, il doit faire un jet de résistance pour combattre la maladie. La stat utilisée pour modifier le jet est déterminée par la classification de la maladie : fièvres (PHY), pestes ( AGL) et miasmes (INT). Chaque maladie a un nombre cible représentant la gravité de la maladie, de modérée (nombre cible de 10) à extrêmement virulente ( nombre cible de 16+).

PROGRESSION : Si le joueur échoue au jet initial pour résister à la maladie, la cible contracte la maladie mais ne présente aucun symptôme, et un nouveau jet de résistance sera requis à l’intervalle indiqué. Si le personnage réussi trois de ces jets, la maladie est terminée. Après le premier échec d’un jet de progression, les premiers symptômes se manifestent.

L’intervalle détermine la fréquence à laquelle un personnage doit faire un jet de résistance pour résister à la progression d’une maladie. Une maladie pour avoir un intervalle de plusieurs semaines, jours ou seulement quelques heures. Un personne qui reste au repos durant toute la durée de l’intervalle de la maladie acquière un bonus de +2 sur les jets de résistances.

SYMPTÔMES : Manifestation de la maladie chez les personnes atteintes. Un échantillon des symptômes courants et de leurs effets est fourni dans cet article.

STADE AVANCÉ : Après trois échecs aux jets de résistance, la maladie passe au stade avancé et les symptômes deviennent graves. Au stade avancé, un personnage affecté ne peut plus retrouver sa vitalité par quelque moyen que ce soit et commence à souffrir des symptômes avancés.

TRAITEMENT SPÉCIAL : Certaines maladies ont des remèdes qui accordent des bonus aux jets de progressions, atténuent ls symptômes ou guérissent carrément l’affection.


INTRODUIRE DES MALADIES DANS VOTRE CAMPAGNE

Une bonne motivation pour introduire une maladie est d’augmenter la tension émotionnelle de votre campagne. Ne pensez pas aux maladies comme un moyen alternatif pour affliger un personnage joueur. Au lieu de cela, voyez ces contagions comme une opportunité d’ajouter un élément de drame, idéal pour interrompre une série de routines de combat. Les maladies servent de sinistre catalyseur pour encourager la pensée critique et l’action rapide. De nombreuses maladies nécessitent qu’une période d’incubation limitée avant que symptômes ne deviennent graves ou ne mettent la vie en péril. Et bien sûr, c’est un défi qui ne peut-être surmonté en chargeant avec des épées au clair ou des pistolets tonnants.

Type de Maladie

Les quatre types d’origines des maladies infectieuses sont bactériennes, fongiques, parasitaires et toxiques.

Bactérienne

Organisme unicellulaire vivant, la bactérie subsiste grâce aux nutriments produits par une vie plus complexe. De nombreuses bactéries excrètent des toxines en tant que déchets, mais le plus souvent, les symptômes d’une infection bactériennes sont causées par le propre système immunitaire du corps dans le but d’éradiquer les cellules envahissantes. Les affections bactériennes peuvent être transmises par voie cutanée, par ingestion ou par exposition à des fluides infectés.

Fongique

Les champignons se reproduisent généralement en libérant de minuscules spores dans l’air. Les infections fongiques sont causées par la libération de toxines par les champignons dans l’hôte sous forme de déchets. La plupart des maladies fongiques sont transmises par inhalation. De nombreuses maladies fongiques ne sont pas infectieuses et dépendent de l’exposition individuelle aux spores fongiques.

Parasitaire

Organismes aberrants vivant à l’intérieur et se nourrissant d’hôtes vivants, les parasites sont pour beaucoup le type de maladie le plus rible, car l’organisme est souvent répugnant et visible à l’oeil nu. La plupart des maladies parasitaires sont transmises par l’ingestion d’eau ou d’aliments contaminés.

Toxique

Moins connue que les autres types de maladies, la toxie est une maladie résultant de l’intoxication des tissus corporels due à une exposition directe à des éléments toxiques. Les exemples incluent l’hydragyrie (empoisonnement au mercure), l’empoisonnement à l’arsenic et la pneumoconiose dont souffrent les mineurs de charbons. Les maladies toxiques sont souvent causées par l’exposition à de l’eau ou des aliments contaminés, bien que certaines soient causées par l’inhalation de particules. Les maladies toxiques ne sont généralement pas contagieuses, car elles dépendent de l’exposition individuelle à une substance toxique.

Classification des Maladies

Les maladies, qu’elles soient infectieuses ou non, sont subdivisées en trois catégories : fièvres, peste ou miasme. La classification de la maladie détermine quelle statistique est utilisée pour le jet de résistance et la progression de la maladie.

FIÈVRE (PHY) – Maladie de Dépérissement

Les fièvres sont un type de maladie de dépérissement, attaquant principalement le système immunitaire de la victime tout en sapant ses forces. Contrairement aux pestes, les fièvres ne présentent généralement aucun signe sur la peau. Les symptômes comprennent généralement une élévation de la température corporelle (connue sous le nom de pyrexie), des frissons, des nausées, des douleurs musculaires et, dans des cas extrêmes, une perte de contrôle musculaire.

Peste (AGL) – Mal Défigurant

La peste est une maladie caractérisée par des marques de la peste, des lésions, des grosseurs ou d’autres défigurations de la peau. Si elle n’est pas traitée, la peste peut causer des dommages permanents à la peau, aux nerfs et aux membres. Tout comme les cicatrices de combats (voir Injury Table, IKRPG : Core Rules, p. 217), les personnages qui subissent un stade avancé de la peste subissent une pénalité de -1 sur les jets de compétences sociales dans lesquels les marques de la peste effraient ou dégoûtent le sujet de la tentative de compétence. Inversement, le personnage gagne un +1 aux jets de compétence Intimidation contre quiconque peut voir sa défiguration. Dans de nombreux cas, cette peur est justifiée, car une victime de la peste peut-être très contagieuse en raison de l’accumulation de la maladie dans les vésicules de la peau.

Miasme (INT) – Maladie Mentale

Les miasmes sont causés par un traumatisme au cerveau et sons responsables de toutes sortes de troubles neurologiques, notamment la schizophrénie, la manie et de nombreuses phobies. D’autres symptômes incluent des maux de tête, de la confusion, des hallucinations et une perte de mémoire.

Méthode de Contraction

Les trois méthodes généralement acceptées par lesquelles un individu peut contracter une maladie sont l’inhalation, la voie cutanée et l’ingestion.

INHALATION : De nombreuses infections, principalement bactériennes et fongiques, peuvent survivre en flottant dans l’air. L’infection survient lorsque l’infections est respirée dans les poumons. Les infections inhalées sont traitées comme un effet gazeux. Les personnages portant un masque à gaz (voir IKRPG : Core Rules, p. 274) un une protection similaire sont immunisés contre les infections contractées par inhalation.

CUTANÉE : Se produit lorsque du sang ou un autre fluide corporel infecté pénètre dans le corps par une coupure ou une rupture de la peau. De nombreuses infections cutanées sont transmises par la vermine. Un personnage doit subir des dommages directs d’un animal infecté ou d’un objet contaminé pour contracter une maladie cutanée.

INGESTION : Contagion généralement introduite par la consommation d’aliments cru ou mal cuits, d’eau contaminée, etc. Un personnage doit consommer du tissu contaminé pour contracter une infection d’ingestion.

INFECTIONS VIRALES

Invisibles pour la Fraternité du Linceul Sanglant, même avec leurs microscopes sophistiqués, les infections virales sont inconnues de la science médicale dans les Royaumes d’Acier. Ceux qui sont enveloppés et d’autres ordres de leur acabit attribueraient sans aucun doute une infection virale à l’un des quatre autres types. Contrairement aux bactéries, les virus ne sont pas des organismes vivants. Les virus ont besoin d’un hôte pour survivre, en transmettant leur contagion par l’infections de cellules vivantes (y compris les bactéries !). Les cellules infectées mutent ensuite et finissent par se rompre, libérant davantage de virus dans l’hôte.


Symptômes

Chaque infection est unique et possède ses propres indicateurs et symptômes spécifiques. Au cours des premiers stades d’une maladie, ces symptômes peuvent être relativement mineurs, comme une température élevée ou un léger inconfort. À mesure que la maladie progresse dans son stade avancé, des symptômes plus graves commencent à se manifester.
Vous trouverez ici un échantillon des symptômes utiles à l’élaboration d’une maladie personnalisée pour votre campagne. Les symptômes incluent des effets de jeu spécifiques notés après la description.

CÉCITÉ

Description : La cécité est la perte partielle ou totale de la vue. De nombreux cas débutent par une vision floue, une perte de la vision périphérique et une perte de la perception de la profondeur et/ ou des couleurs.

Effet : Un personnage atteint subit un -4 ACC (MAT) et -4 DEF, ne peut ni courir ni charger, ne peut pas effectuer d’attaques à distances et doit renoncer à son mouvement ou son action durant son tour.

AGRESSION IMPULSIVE

Description : Une augmentation soudaine de l’hostilité ou de l’agressivité. Cela ne nécessite pas de stimulant externe. L’individu ne peut être calmé par des moyens normaux.

Effet : Le personnage subit une pénalité de -2 aux jets sociaux autres que l’intimidation en raison d’une colère incontrôlée.

APHASIE

Description : Discours confus. Souvent due à des traumatismes crâniens ou cérébraux, elle peut entraîner à la fois l’incapacité à former certains (ou n’importe quels) mots et de comprendre le langage parlé par d’autres.

Effet : Un personnage souffrant d’aphasie subit une pénalité de -2 aux aptitudes sociales autres que l’intimidation.

FURONCLE

Description : Zones douloureuses et enflées de la peau accompagnées d’une accumulation de pus et de tissus nécrotique.

Effet : Le personnage devient une source d’infection de la maladie. Le chiffre cible des jets de résistance augmente de +1

CATALEPSIE

Description : Rigidité du corps et des membres, incapacités de bouger, perte de contrôle musculaire et ralentissement des fonctions corporelles (respiration, rythme cardiaque, etc.). Provient d’un trouble nerveux ou peut être provoqué par un grand choc émotionnel.

Effet : Le personnage subit une pénalité de -1 aux jets d’attaques et aux jets nécessitant une motricité fine.

DÉLIRE

Description : État de confusion mentale ou désorientation. Peut également entraîner des hallucinations et du délire, peut avoir un impact radical sur les cycles de sommeil et peut augmenter l’agitation et l’agressivité.

Effet : Le personnage affecté par le délire subit une pénalité de -1 aux jets d’INT.

DYSPNÉE

Description : Essoufflement. Peut devenir disproportionné par la prise de conscience de la personne affectée du symptôme, entraînant des étourdissements, des vertiges et même des évanouissements.

Effet : Le personnage affecté par la dyspnée doit dépenser un d’exploit pour courir ou charger.

DYSTAXIE

Description : Manque de coordination musculaire entraînant un manque de coordination des mouvements volontaires.

Effet : Le personnage subit une pénalité de -1 aux jets d’attaques et aux jets nécessitant une motricité fine.

ÉPISTAXIS

Description : Saignement de nez sévère. Dans les cas extrêmes, le saignement peut s’accumuler et sortir des orbites de l’individu.

Effet : Un personnage souffrant d’épistaxis perd 1 point de vitalité au cours de chacune de ses phases de maintenance en raison de saignements à moins qu’il ne consacre une action rapide pour arrêter l’écoulement du sang.

GANGRÈNE

Description : Nécrose des tissus à la suite de l’interruption de l’irrigation sanguine dans une partie particulière du corps, le plus souvent les extrémités. La partie affectée du corps ressemble à de la chair momifiée. S’il n’est pas traité, le tissu infecté finira par putréfier.

Effet : Le personnage affecté par la gangrène subit une pénalité de -2 aux jets PHY. Chaque fois que le personnage subit des dégâts, le total des dégâts subis augmente de 1 point.

HALLUCINATION

Description : Assister à des événements ne s’étant pas produits dû à une perception altérée ou erronée. Dans certains cas, les hallucinations peuvent affecter l’odorat, l’ouïe ou le toucher en plus de la vue.

Effet : Le Maître de Jeu détermine l’effet des hallucinations sur un personnage infecté.

INSOMNIE

Description : Incapacité de s’endormir ou de rester endormi pendant de longues périodes. L’insomnie prolongée peut provoquer des problèmes de mémoire, une fatigue mentale et un épuisement physique.

Effet : Le personnage subit une pénalité de -1 sur les jets d’INT en raison de la fatigue mentale.

LÉSION

Description : Plaies accompagnées d’une décoloration de la peau. Les lésions ont souvent pour conséquence que l’individu infect é propage la maladie.

Effet : Le personnage devient une source d’infection pour la maladie. Le nombre cible des jets de résistance augmente de 1.

SENSIBILITÉ À LA LUMIÈRE

Description : Une forte intolérance à la lumière souvent accompagnée de maux de tête. Ce symptôme peut conduire la personne infectée à rester dans l’ombre et dans d’autres endroits plus sombres.

Effet : Le personnage affecté par la sensibilité à la lumière subit une pénalité de -1 aux jets de PER lorsqu’il se trouve dans une zone de lumière vive.

TRISMUS

Description : État dans lequel les mâchoires sont maintenues fermées en raison d’un spasme des muscles de la mâchoire. Empêche de parler, de manger et peut altérer la respiration.

Effet : La portée de commandement d’un personnage affecté par le trismus devient 0, et il échoue automatiquement à tous les jets sociaux non-intimidant. Le contraire de la mélancolie.

MANIE

Description : État d’euphorie anormalement élevée. Peut conduire à un comportement trop ambitieux et imprudent et à une moindre reconnaissance du risque.

Effet : Le personnage souffrant de manie gagne un dé supplémentaire lors des jets pour résister aux effets de la Terreur. Défaussez le plus petit dé à chaque jet.

MÉLANCOLIE

Description : Dépression sévère. Influence négativement les états mentaux et physiques en réduisant l’enthousiasme ou l’autosubsistance. La mélancolie n’a pas besoin d’un motivateur externe.

Effet : Le personnage affecté par la mélancolie subit une pénalité de -1 à tous les tests de compétence et tous les jets d’attaques.

NAUSÉE ET VOMISSEMENT

Description : Gêne de l’estomac qui se traduit souvent par une vidange gastrique involontaire. Certaine maladies entraînent des vomissements de sang en raison des ulcères qui tapissent l’estomac.

Effet : Le personnage souffrant de nausée et de vomissement subit une pénalité de -1 aux jets d’AGL et de PHY.

PARÉSIE

Description : Maladie caractérisée par une faiblesse musculaire et un raidissement des membres pouvant évoluer vers une paralysie complète.

Effet : Le personnage affecté par la parésie subit une pénalité de -2 aux jets de FOR et AGL.

PAROXYSME

Description : Crises d’épilepsie (tremblement incontrôlables des membres) ou tremblements (tremblements incontrôlables des mains).

Effet : Le personnage souffrant de paroxysme subit une pénalité de -2 aux jets d’attaques à distance et aux jets d’AGL.

MARQUE DE LA PESTE

Description : Toute cicatrice de la peau résultant d’une maladie, les marques de la peste sont un symptôme commun à toutes les pestes. Extrêmement difficiles à dissimuler pu à enlever.

Effet : Traiter un personnage affecté par des marques de la peste comme ayant des Battle Scars (voir Injury Table, IKRPG : Core Rules, p. 217).

UVÉITE

Description : Vision déformée. Se distingue par des yeux extrêmement injectés de sang, bien qu’elle puisse ne toucher qu’un seul œil.

Effet : Le personnage affecté par une uvéite subit une pénalité de -1 aux jets de PER et aux jets d’attaque à distance.

Maladies de la Ménagerie

D’innombrables maladies ont balayé les Royaumes d’Acier au cours des siècles. Nous décrivons ici un petit échantillon des maladies qui affligent aujourd’hui l’Immoren occidental.

FLÉAU BOGRIN

Faussement attribuée aux vilipendés cousins des gobbers, la corruption bogrin est une infection virulente répandue le plus souvent parmi les tribus désertiques des Marches Sanglantes.

Taxonomie : Peste Bactérienne

Méthode de Contraction : Cutanée. La corruption bogrin est contagieuse mais n’est pas facilement transmissible. L’infection est élevée parmi certains cultes du Dévoreur en raison de pratique de l’auto-cicatrisation ritualisée à l’aide d’instruments non désinfectés.

Résistance : 13 AGL

Progression : Toutes les douze heures (16 AGL)

Symptômes : Larges plaies et grosseurs décolorées, lésions (précoces) ; lésions nerveuses, marques de la peste et faiblesse musculaire (avancé).

Stade avancé : Le personnage ne peut en aucun cas retrouver sa vitalité par quelque moyen que ce soit. Toutes les trois heures, le personnage doit faire un nouveau jet de progression. Si le personnage échoue à trois de ces jets, il souffre d’une Agilité altérée (-2 aux jets d’attaque). Si le personnage réussi trois jets, il combat la maladie.

Traitement Spécial : Les lugubres gens de la commune Mine de Pierson, sont connus pour fabriquer un cataplasme à base de malachite broyée qui peut aider à traiter la corruption bogrin.

LANGUE NOIRE

La langue noire est une maladie parasitaire observée pour la première fois parmi les habitants des Îles Scharde. La maladie est répandue parmi les kriels trollkin corrompus de la région, mais certains cas ont été signalés dans les villages côtiers du continent.

Taxonomie : Peste Parasitaire

Méthode de Contraction : Ingestion. Principalement contractée par la consommation d’eau contaminée par le parasite.

Résistance : 11 AGL

Progression : Toutes les huit heures (14 AGL)

Symptômes : Engourdissement de la langue, perte du goût (précoce) ; noircissement et gonflement de la langue empêchant la parole et rendant la déglutition difficile.

Stade Avancé : Le personnage ne peut en aucun cas retrouver sa vitalité par quelque moyen que ce soit. Toutes les trois heures, le personnage doit faire un nouveau jet de progression. Si le personnage échoue, il subit d3 points de dégâts. Si le personnage est incapacité, il meurt. Si le personnage réussit trois de ces jets, il combat la maladie.

Traitement Spécial : Le whisky serpent, une puissante liqueur distillée avec le sang des constricteurs des marais trouvés dans le Bois du Veuf, peut aider à traiter la langue noire (accorde un bonus de +2 aux jets de compétence Médecine pour traiter la maladie).

MAL DE LA PIERRE

Contagion rare dont souffrent les mineurs, le mal de la pierre affecte le système nerveux des personnes infectées, endommageant les tissus nerveux et musculaires.

Taxonomie : Fièvre Fongique Infectieuse

Méthode de Contraction : Inhalation. Contracté par l’inhalation de spores toxiques libérées par les champignons cidyne qui poussent dans certaines chambres.

Résistance : 14 PHY

Progression : Toutes les vingt-quatre heures (17 PHY)

Symptômes : Convulsion, courtes catalepsie (précoce) ; parésie (avancée).

Stade Avancé : Le personnage ne peut en aucun cas retrouver sa vitalité par quelque moyen que ce soit et souffre des symptômes avancés de la maladie. Toutes les trois heures, le personnage doit faire un nouveau jet de progression. Si le personnage réussit trois jets, il combat la maladie.

Traitement Spécial : Aucun.

DÉMENCE MÉKANIQUE

Une menace pour tous ceux qui manipulent régulièrement du mercure, la démence mékanique a été diagnostiquée pour la première fois après que le Magus Julian Montfort ait été frappé par la maladie lors de la création d’un prototype d’une armure de warcaster moderne.

Taxonomie : Miasme Toxique

Méthode de Contraction : Inhalation. Fréquemment provoquée de la fabrication des armures de warcaster, les vapeurs de mercure peuvent être inhalées par les armuriers pendant le processus de fabrication, à moins que soient des mesures pour se protéger.

Résistance : 12 INT

Progression : Toutes les six heures (15 INT)

Symptômes : Aphasie et uvéite (précoce) ; délire et hallucinations (avancé).

Stade Avancé : Le personnage ne peut en aucun cas retrouver sa vitalité par quelque moyen que ce soit et souffre des symptômes avancés de la maladie. Toutes les trois heures, le personnage doit faire un nouveau jet de progression. Si le personnage réussit trois jets, il combat la maladie.

Traitement Spécial : Un thé fait à partir du tubercule de feuille rouge trouvé dans le Bois d’Épines, même s’il est légèrement toxique, peut aider à traiter la démence mékanique (accorde un bonus de +2 aux jets de compétence Médecine pour traiter la maladie).

RAGE DU MAWG

la frénésie meurtrière des guerriers du Molgur était redoutée dans tout l’Immoren occidental. Pour certains Molgur, cette furie sanguinaire était plus qu’un simple désir de bataille, et d’une férocité induite par l’adrénaline, c’était le résultat de la rage du mawg. Une maladie parasitaire attaquant le cerveau et le système nerveux central, provoquant la manie et la soif de sang.

Taxonomie : Miasme Parasitaire

Méthode de Contraction : Cutanée/ Ingestion. Initialement contractée en consommant les glandes surrénales du mawg-fouisseur, la rage du mawg peut également être transmise par la morsure d’une créature infectée.

Résistance : 14 INT

Progression : Toutes les quatre heures (17 INT)

Symptômes : Paranoïa, trismus et sensibilité à la lumière (précoce), agression impulsive et dystaxie (avancé).

Stade Avancé : Le personnage ne peut en aucun cas retrouver sa vitalité par quelque moyen que ce soit et souffre des symptômes avancés de la maladie. Toutes les trois heures, par la suite, le personnage doit effectuer un autre jet de progression Si le personnage échoue, il subit d3 point de dégâts. Si le personnage est incapacité, il meurt. Si le personnage réussit trois jets, il combat la maladie, mais chute dans un choc commotionnel (voir IKRPG : Core Rules, p. 216 pour état sous le choc).

Traitement Spécial : Un reconstituant alchimique brassé avec un distillat de la glande surrénale d’un mawg-fouisseur (accorde un bonus de +4 aux jets de compétence Médecine pour traiter la maladie).

54
LES RENCONTRES DE PENDRAKE

Par Viktor Pendrake (Transcrit par Doug Seacat)

LA MORT DANS LES MARCHES, 3ème PARTIE

Il ne fait aucun doute que les skorne sont une espèce remarquable. J’ai ouvert les yeux : il y a beaucoup à apprendre de ces gens et nous devons les accueillir et nous devons les accueillir sans résistance. Ce n’est qu’en acceptant Vinter Raelthorne, roi légitime de Cygnar que nous embrasserons notre destin. Ce point a été mis en évidence lorsqu’on m’a montré une créature apprivoisée par des skorne, aussi déconcertante que puissante, plus petite et moins puissante que le titan, certainement moins intelligente que le cyclope, mais dotée d’un extraordinaire pouvoir surnaturel. Le terme skorne pour elle n’a pas de sens pour moi, mais je me suis mis à les appeler « basilics », adaptée d’un mot du caspien ancien signifiant « roi des reptiles ». C’est l’espèce la plus impressionnante de cette classification que j’ai rencontrée, se vantant de pouvoir focaliser une terrible vague d’énergie depuis leurs yeux, tuant facilement des créatures de deux fois leur taille et même faisant fondre du métal et brisant pierre ! Les dresseurs skorne ont transformé ces monstres en armes, et je comprends maintenant que nous ne pourrons jamais nous opposer à eux…

J’espère que ce message sera transmis à l’un de mes protégés, Lynus Wesselbaum ou Edrea lloryrr, et que quelqu’un pourra déchiffrer l’ancien code militaire par lequel j’ai intégré ce message dans la longue et obséquieuse lettre d’ineptie que j’ai été obligée de composer. Autant cela me fait mal que ce radotage soit mon dernier héritage, j’ai dû prendre le risque de pouvoir relater ce qui s’est passé.

   Après ma capture par les skorne, j’étais convaincu que la mort suivrait. J’ai perdu la notions des jours alors que nous nous enfoncions dans le désert balayé par le vent des Marches. J’ai enfin pu observer les Terres des Tempêtes, un phénomène que je ne peux pas accepter comme étant naturel. Les cieux étant fendus par d’incessants éclairs tandis que les nuages tourbillonnaient et bouillonnaient tel un être vivant.

   De l’intérieur de ma cage, j’ai observé des hautes tiges métalliques portées par des cyclopes à intervalles tout au long de notre caravane, chacun traînant une fine chaîne À de nombreuses reprises, j’ai vu le foudre s’écraser dans un éclair aveuglant et une explosion sonore pour frapper l’une de ces tiges et se disperser de manière inoffensive.

   Je suis gêné de constater que je dormais lorsque nous avons réussi à arriver au refuge, je n’ai donc pas observé l’apparence extérieure de cette fortification. L’étrange météo et ma condition de blessé ont comploté pour me faire délirer, tombant parfois dans une profonde inconscience. Je me suis réveillé pour me retrouver dans une petite cellule de pierre sèche, mes blessures habilement bandées.

   Une silhouette entra bientôt dans ma cellule, vêtue d’une étrange tenue et ne ressemblant pas à celles des idriens nomades, portant de longues pèlerines de tissu léger en couches pour couvrir toute la chair, y compris son visage. Jusqu’à ce qu’il enlève ses lourdes lunettes et découvre son visage, je ne pouvais rien juger de lui. À ce stade, j’ai vu un robuste et coriace visage, bronzé par une longue exposition au soleil. J’étais confus de faire face à un humain, pas à un skorne, et je l’ai pas reconnu avant d’avoir entendu sa voix.

   « Tiens, tiens, si ce n’est pas mon ancien élève. Vous pensiez peut-être devenu le maître, mais il est clair que nos rôles respectifs sont rétablis. » C’était saxon Orrik, nul autre que le condamnable ranger, autrefois mon supérieur dans l’Armée Cygnaréenne. Un homme que j’avais présumé mort après avoir entendu dire qu’il s’était aventuré vers l’orient, dans les Marches, pour suivre Vinter.

   « Je vois que vous avez enfin trouvé un peuple prêt à supporter vos macabres habitudes. Bravo saxon. » Je ne gaspillerai pas une place précieuse dans ce message crypté pour relater l’histoire d’Orrik, celle-ci est bien retracée parmi les documents du tribunal militaire, ni les plaisanteries insultantes que nous avons échangées. Cela ne m’a apporté aucune satisfaction, et pourtant Saxon a manifestement apprécié mon sort.

   Il ne pouvait pas résister à l’envie de se réjouir de sa survie dans les Marches, de se vanter de la façon dont il était devenu le singulier maître du terrain désertique, le seul homme ou skorne qui avait cartographié avec précision les étendues des Terres des Tempêtes, et autres vantardises du même genre. Il semblait avoir gagné l’estime des skorne pour cela et pour sa relation avec Vinter Raelthorne, qu’ils ont appelé le Conquérant.

   Je ne pouvais pas résister à la harceler sur un sujet en particulier : « J’ai remarqué votre évidente absence lors de l’assaut de Corvis, saxon. Peut-être étiez-vous perdu dans une tempête de sable ? »

   Durant un instant, j’ai cru qu’il allait me tuer, ce qui avait, franchement, un attrait morbide. Saxon Orrik avait été expulsé de l’Armée Cygnaréenne pour un certain nombre d’atrocités, dont le traitement cruel des prisonniers capturés. J’avais peu d’espoir de sortir indemne de cette rencontre.

   Après avoir repris son sang-froid, Saxon a rétorqué qu’il avait manqué l’attaque de Corvis que parce qu’il avait été chargé de rester à la forteresse et de « s’assurer ce que des renforts avaient traversé. » D’autres cajoleries ont mis à jour le fait que l’attaque de Vinter contre Corvis, il y a trois ans, a échoué parque qu’une seconde armée destinée à renforcer la première n’est jamais arrivée. Le résultat d’une trahison depuis punie. Cela a conduit à d’inquiétantes conclusions sur la taille de l’armée skorne, ce qui est clairement l’intention de Saxon.

   Une fois qu’il en eut assez, il m’a sorti de ma cellule pour que je puisse supporter une diatribe pendant que nous inspections un énorme centre d’entraînement de la forteresse, et que l’on me montrait plusieurs inquiétantes créatures que les skorne asservissait et conditionnait à leurs services. Je vais annexer des notes abrégées de ces derniers et de ce que j’ai observé, bien que je n’aie jamais pu avoir une idée complète de l’installation, clairement énorme. Plus inquiétante encore était l’impression que l’armée principale avait déjà été envoyée. Si Saxon avait espéré m’impressionner, je dois admettre qu’il a réussi.

   Même pour Saxon, cette démonstration semblait une indulgence, et lorsque je lui ai demandé pourquoi il s’était donné la peine, il m’a traîné dans une grande salle. Je pouvais voir un sourire déformé familier sur ses lèvres alors qu’il me jetait aux pieds d’un grand trône. J’ai levé les yeux vers un visage, que j’ai immédiatement reconnu, malgré les rides, les cheveux plus gris et une particulière armure étrangère : Vinter Raelthorne IV, ex-roi de Cygnar, maintenant Conquérant de l’Empire Skorne. Saxon m’a saisi le cou et m’a forcé à me prosterner. Je n’étais pas en état de résister et j’ai beaucoup souffert avant qu’on me permette de me lever, haletant, en position assise.
   « Tuez-moi s’il le faut », ai-je dit, avec plus de fatigue que de bravade, « mais j’ai entendu suffisamment de discours aujourd’hui. »

   Vinter est décrit comme un tyran sans humour, et je savais qu’il avait tué beaucoup d’hommes pour moins. Il s’est plutôt adressé à Saxon. « Il n’a pas l’air de grand-chose. Par sa réputation, j’attendais quelqu’un … de plus grand. »

   Saxon ricana. « Sa réputation a toujours dépassé son talent. C’est un espion, et il devrait être exécuté. »

   Vinter fit un signe de tête. « Oui, mais il a peut-être son utilité. Il est rare que nous soyons honorés d’une éducation aussi approfondie. » Son ton traduisait le mépris et le rejet. « Toi, esclave ! »

   Il m’a dit cela, mais le terme était si offensant que j’ai été frappé de stupeur, clignant stupidement des yeux. Il a continué comme si c’était la bonne réponse. « Tu es choisi pour être gratifiés d’une grave responsabilité et d’un grand honneur. Je te demande d’immortaliser mes œuvres, de décrire et détailler mon empire. Tu iras à l’est et tu feras la chronique de ce qu’aucun autre homme n’a vu. »

   J’ai réfléchi à ces mots, et l’impact de cette déclaration m’est tombé dessus. Pourtant, je ne pouvais pas la digérer, car elle me semblait trop absurde. « Pourquoi ferais-je cette chose ? » J’ai osé demander.

   « Tu feras ce que je t’ordonne, ou tu mourras. Pas rapidement, ni sans douleur. » Cela a été prononcé sans malice, comme si ma vie ne comptait pas plus pour lui qu’un poisson accroché à un hameçon.

   Je ne pus m’empêcher de jeter un coup d’oeil à Saxon, et vis son visage rouge et mécontent ; il ne s’attendait manifestement pas à ce qu’on me donne une autre chance d’échapper à la mort. Une chance que je pourrais encore regretter d’avoir saisi.

   Mon audience pris fin, Vinter a proposé à Saxon de me ramener dans ma cellule, là pour écrire la lettre de pablum dans laquelle j’ai codé ce message. Saxon verra sans doute ma lettre perfide délivrée, car il aime l’idée de dévaloriser ma réputation de cette façon.

   Je m’aventure maintenant dans l’Immoren oriental. Mon rêve d’explorer un continent inconnu a été réalisé par le patronage forcé de ce qui pourrait être le plus grand ennemi de notre royaume. J’ai peur de ne jamais revenir ; Vinter finira par m’exécuter. D’autres devront continuer mon travail, car mon destin n’est pas mien. Souvenez-vous de moi.

~VP

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LES RENCONTRES DE PENDRAKE

Par Viktor Pendrake (Transcrit par Doug Seacat)

LA MORT DANS LES MARCHES, 2ème PARTIE

Quelle que soit la bonne fortune que j’ai reçue à la naissance, elle a pris fin telle les derniers grains de sable percolant à travers un sablier. Si jamais ce journal voyait la lumière de la civilisation, que celui-ci soit un avertissement pour ceux qui viendront après moi. Ne prenez pas le risque de suivre une armée étrangère et hostile au fin fond d’un territoire inexploré – en particulier, n’essayez jamais seul.

   Avant d’arriver à cette conclusion logique, j’ai quitté le village trollkin où Quimut se remettait de sa blessure infligée par les cyclopes. – je me suis enfui sans lui parler. Je me suis dirigé vers le sud-est, au-delà du Château des Clés et j’ai retrouvé les traces. Le soleil était impitoyable alors j’ai limité mon voyage au crépuscule et à la nuit, cherchant l’abri qui me permettrait de dormir tout la journée. Le temps était exceptionnellement cale, laissant les traces intactes.

   Alors que j’escaladais une colline escarpée, j’ai soudainement rencontré un soldat solitaire sur mon chemin. Je luttais face à cent, un tissu enroulé autour de mon visage, ne regardant que quelques mètres devant moi et marchant presque sur ses pieds avant que je ne remarque ses étranges bottes en cuir et ses jambières en acier ornés. En levant les yeux, j’ai ressenti un frisson d’étonnement de voir un unique guerrier skorne se tenant à une dizaine de verges de moi au sommet d’une colline. Nos yeux se croisèrent et sa bouche cruelle s’élargit d’un regard moqueur.

   Sans même mettre souvenu de les avoir dégainées, mes lames étaient dans mes mains. J’aurais dû tirer mon arc à la place ou battre en retraite, mais mon esprit se rappelait de l’invasion de Corvis, les nombreux innocents massacrés dans leur sillage. Je me suis souvenu du visage angoissé du bon Père Pandore Dumas qui me racontait l’histoire de sa torture aux mains des skorne. Je n’avais pas réalisé à quel point la colère patientait submergée dans les profondeurs de mon esprit jusqu’à ce que je voie ce sourire moqueur. J’ai avancé avec mes épées dénudées, irrationnellement emporté par la violence.

   Il n’avait tiré aucune de ses propres lames, même si j’en remarquais deux gainées à sa taille, chaque poignée et pommeau brillant dans le soleil couchant. J’ai compris pourquoi dans l’instant qui suivi, alors qu’une énorme ombre se projetait derrière lui. Une créature géante s’avança au sommet de la colline pour s’occuper de moi.

   Il n’y avait pas d’autres mots que « titan » pour capturer le sens de la masse et de la puissance alors que je regardais cette créature et que je voyais ses yeux injectés de sang se concentrer sur moi. Je n’ai pas eu le luxe de pouvoir consigner mes impressions, mais j’ai depuis examiné chaque souvenir de cette courte rencontre avec des détails atroces. Cette énorme monstruosité bipède ouvrit sa gueule béante entre ses défenses à pointe métallique pour émettre un bruit assourdissant, puis s’est mise en branle. J’ai essayé de m’écarter de son chemin, mais elle était trop rapide et trop proche.

   J’ai vu avec étonnement qu’il s’agissait d’une créature à six membres – ayant quatre bras dont la plus grande paire se terminait chacun par trois doigts, suffisante pour serrer comme des bandes de fer. La grande créature à la peau épaisse et grise-bleue semblait, au moins superficiellement, semblable au Kaelram que j’avais observé dans les franges nord du Protectorat. Ses ongles kératinisés et ses pattes épaisses était également similaire, ce qui me fait croire qu’il doit s’agir d’un type de pachyderme particulièrement intelligent et peut-être même utilisant des outils. Il portait des plaques d’armure sur ses avant-bras, chacune mortellement cloutées ; celles-ci auraient pu m’empaler sans grand effort, mais il avait choisi de me saisir à la place. Avant que je ne puisse m’étonner de cette petite miséricorde, ses bras inférieurs m’attrapèrent et me firent voler à travers la dune et sur un rocher voisin.

   Je me suis réveillé un peu plus tard pour me retrouver en cage et blessé – toussant du sang et ma poitrine enflammées par des côtes cassées. J’ai eu l’occasion de mieux observer les titans alors que nous nous rendions dans un camp d’armée skorne à proximité. J’ai eu la liberté de faire des croquis et d’écrire dans mon journal, tout en essayant d’ignorer la douleur. Je ne sais pas quel destin m’attend ; peut-être que les skorne considèrent les humains comme un mets délicieux. J’ai observé une ombre derrière cortège et je me demande su Quimut a réussi à me retrouver. J’ai l’intention d’abandonner ces pages pour qu’il les retrouve et j’espère qu’il se rendra dans l’ouest et qu’il m’oubliera. Je ne veux pas que sa mort soit sur mes mains. Je crains que mes expéditions n’aient connu une fin prématurée, et j’espère que la postérité sera bienveillante envers mon héritage.

56
LES RENCONTRES DE PENDRAKE

PENDRAKE DANS LES LANDES DE BLANCRISTAL

Je n’ai jamais été aussi heureux de me retrouver en la compagnie d’un trollkin aussi bruyant et aux mœurs aussi discutables que Rathlok et, si j’ose dire, je ne le serais jamais davantage après ce qui s’est produit dans les Châles de Givre suite à ce que nous y avons vu.

   Rathlok et moi avions péniblement parcouru le permafrost de ces collines vallonnées pendant presque une semaine, à la recherche de son kriel ancestral ainsi que des derniers membres de sa famille encore de ce monde.

   -Je ne m’étais pas rendu aussi loin au nord depuis des années, et j’avais oublié à quel point cela pouvait être difficile. Comme Rathlok le pensait, nous n’eûmes eu pas beaucoup de rencontres fâcheuses avant d’atteindre les plateaux, car nombre de créatures étaient effrayés par les chantonnements de mon Hurlemort d’ami.

   Bien que je trouvais ces vocalises agréables, j’avais bien peur qu’elles n’incitent les prédateurs rodant à des lieux à la ronde à venir inspecter d’un peu trop près la carcasse en lente voie de congélation en laquelle ce voyage était en train de me changer…

   Mon sang se réchauffa soudainement alors que nous venions juste de traverser un bosquet de sapin. Mes yeux s’emplirent alors de la vision d’une des créatures parmi les plus dangereuses que l’on puisse rencontrer dans les Royaumes : un troll sanguinaire.

   Fort heureusement, la bête était déjà occupée. Un groupe de femmes et d’enfants Nyss, visiblement hagards, se massaient derrière trois rôdeurs montés, dont les claymores scintillaient en  formant une véritable danse d’acier gelé, qui tenait la gigantesque bête à distance à l’aide de petites estocades bien senties. Le troll avait déjà déchiqueté un des Ulks dressés ainsi que son cavalier , et la neige fumait encore sous l’action du sang chaud fraîchement répandu…

   Quoique les Nyss montés sur leurs Ulks dressés affichaient toujours une détermination majestueuse, je pouvais voir une lueur de crainte dans leurs regards. Ils fuyaient visiblement quelque chose et ils n’étaient pas préparés à faire face à un tel adversaire.

   Le troll serra les poings, du sang s’en écoula alors à grosses gouttes : ses plaies cicatrisaient déjà, tandis que ses muscles se bandaient, leurs masses proéminentes semblant bien à l’étroit sous la peau de la créature… Il poussa un rugissement si assourdissant que le son aurait pu provoquer une avalanche, si nous nous étions trouvé un peu plus loin, dans les montagnes…

   Tout ceci ne pouvait connaître qu’une issue funeste pour tout le monde. Les trolls sanguinaires n’abandonnent pas leurs proies facilement (ils massacrent parfois des villages entiers rien que pour assouvir leurs faims) et ces guerriers ne céderaient pas un pouce de terrain en défendant leurs familles. D’un autre côté, Rathlok et moi n’allions probablement pas rallier le Kriel des Bragmaws sans combattre. Que Morrow me châtie, car j’ai souhaité à cet instant que les deux parties s’entre-tuent afin que nous n’ayons pas à nous frayer un passage en force.

   Mais une telle pensée s’avéra superflue, car Rathlok émit alors une sorte d’appel primal que je ne lui avais jamais entendu au cours de nos voyages épisodiques. Il usait d’un dialecte de Molgur-trul issu des anciens kriels, un appel surgi des tréfonds de lui-même qui fit marquer une pause au troll géant tandis que mon compagnon émergeait à découvert, les mains vides bien en vue des elfes afin qu’ils ne puissent pas le considérer comme un ennemi.

   Le troll sanguinaire fit un pas en arrière, baissa sa garde, et il grogna doucement à l’attention du vieux barde. Il paraissait apaisé, après seulement quelques secondes de l’appel bestial de Rathlok.

   J’aurais bien aimé demander aux Nyss les raisons pour lesquelles ils se trouvaient si loin au Sud et en si grand nombre, mais, saisissant l’occasion, les monteurs d’Ulks firent un preste signe à l’attention de des femmes et des enfants, qui se mirent à courir au-devant d’eux. Avant que je ne tourne la tête, ils étaient tous partis. Je les aurais bien suivis, si je n’avais été convaincu qu’ils n’auraient pas hésité à me tuer dans l’instant… Ils ne faisaient pas partie de l’éclat que j’avais rencontré auparavant et après une telle bataille, ils n’auraient certainement pas toléré la présence d’un étranger curieux…

   Le troll sanguinaire se saisit brusquement d’une seule main de la carcasse de l’ulk mort gisant à ses pieds, puis il émit un reniflement méprisant. Enfin, il partit à pas lourd sous le couvert des arbres. Rathlok continu à émettre son appel primal pendant quelques instants encore, ne s’arrêtant qu’une fois persuadé que la bête était désormais trop loin ou qu’elle s’était complètement désintéressée de nous. Grâce aux dieux, car je ne m’étais jamais trouvé aussi près d’un troll sanguinaire sans me sentir aussi mal à l’aise.

   Je me suis dirigé vers le Nyss blessé qui gisait à terre, mais il était trop tard pour lui. Il portait bien plus d’équipement et de vivre que ce qu’on serait en droit d’attendre d’un groupe nomade, comme si l’éclat lui-même émigrait. Nous étions bien trop tôt dans le printemps pour qu’ils n’entreprennent leurs cycles de migration annuels, ce qui signifiait que quelque chose avait dû les y pousser.

   Mais quoi ? Les Nyss ne sont pas enclin à laisser les cadavres des leurs ou des vivres derrières eux, même au beau milieu d’un champ de bataille, et cela me perturbait.

   Quelques minutes plus tard, j’ai manqué m’évanouir quand le Kriel de Rathlok à surgi de sous les arbres Ils avaient entendus son appel depuis leur départ du village. Après quelques étreintes entre vieux proches, Rathlok et les membres du kriel Bragmow étaient enfin réunis, et nous nous réchauffions bientôt tous auprès d’un bon feu, une fois de retour au village.

   Après le long récit des lointaines aventures vécues par mon compagnon (le tout arrosé d’une généreuse quantité de boisson) il disparut bien vite dans l’une des huttes, en compagnie d’une poignée de femelle encore vierges, me laissant seul avec le chef des Bragmows. Nous avons eu une longue conversation à propos des nyss et de la manière dont des familles entières de ces « elfes gelés » quittaient le Nord. Les trollkin tenaient une seule chose pour sûre : seul un grand mal pouvait pousser les Nyss à s’arracher à leurs foyers, mais eux, ils n’étaient plus effrayés depuis que leur hurlemort de fils prodige était de retour au bercail.

   J’ai été promu membre adoptif du kriel pour avoir ramené Rathlok chez lui et on m’a convié à demeurer surplace aussi longtemps qu’il me serait nécessaire. Je m’étais résolu à m’en retourner vers le Sud et à suivre la piste des Nyss que nous avions rencontré.

   Ce qui avait débuté comme la réunion de famille d’un vieil ami évoluait en une énigme que je n’ai pas l’intention de laisser sans réponse. Pour quelle raison ces Nyss quittaient-ils leurs terres ancestrales ? Où allaient-ils et que fuyaient-ils ? Pourquoi n’ai-je jamais demandé ce qui entre dans la composition de cette bière blonde à l’odeur de vieille mule que les trollkin ingurgitent et serai-je un jour débarrassé de son odeur ?

   Il se passe décidément bien plus de choses dans le Nord gelé que nous n’en avons connaissance. Les dieux m’en soient témoin, qu’il ne s’agisse que d’un seul problème isolé qui ne portera pas à conséquence pour nous comme tous les autres phénomènes particuliers qui s’y déroule.

   Si seulement nous avions pu être aussi chanceux…

57
Minions / Malvin & Mayhem
« le: 28 mai 2020 à 12:18:59 »

60
LES RENCONTRES DE PENDRAKE

par Alten Ashley (Racontée par Nathan Letsinger et Doug Seacat)

LE VIEIL HOMME ET LE DÉSERT

Nous aurions aussi bien pu poursuivre un ribleur des dunes à travers les sables mouvants brûlés par le soleil si ce n’était l’obstination de l’idrien. Le souvenir que Quimut se faisait du chemin la dernière fois qu’il avait vu le vieil home était remarquable, et de là, nous avons suivi la piste vers un petit campement fortifié skorne plus à l’est que je ne m’étais aventuré dans les terres sauvages des Marches Sanglantes.

Les défenses extérieures faisaient montre de signe d’un combat récent – elles avaient clairement repoussé un assaut trolls. Une énorme statue skorne en basalte orné de bijoux, se dressait bizarrement sur les carcasses de nombreux trolls et trollkin, le sol étant imprégné de sang récent. Un peu de surveillance révéla qu’il ne restait qu’une douzaine de skorne et un titan. J’aurais pu prendre le camp seul, mais Quimut insista pour que nous prenions toutes les précautions au cas où les ravisseurs de Pendrake le menaceraient en nous repérant.

Quimut roda dans le périmètre sombre tel un loup crépusculaire, tranchant la gorge des skorne en patrouille pendant que je pointais attentivement mon fusil sur la massive bête à la peau de cuir. Rien de ce qui respire ne peut survivre à la vieille jenny. Le premier coup de feu l’a fi bondir en mugissant pour me charger. J’ai tenu bon et j’ai tiré deux autres coups de feu avant qu’elle ne s’effondre et se stoppe à quelques centimètres de ma botte. Les skorne se précipitèrent hors de leurs tentes, mais Quimut et moi nous en sommes rapidement occupés.

Pendrake ne fut pas retrouvé – s’il avait jamais été là, il avait clairement été emmené plus profondément dans le territoire skorne, hors de notre portée.

Alors que nous arrivions à cette conclusion, l’enfer s’est déchaîné. Plus rapide qu’une vipère ver-tatzyl, la statue de basalte, immobile jusqu’à présent, nous a attaqué avec sa hallebarde. Mes réflexes félins nous ont sauvés tous les deux. J’ai tiré Quimut au sol et j’ai empêché que sa tête roule sur le sable. Poussé par une force surnaturelle, le gardien de pierre nous a attaqué encore et encore alors que nous fuyions à travers le campement.

Une averse soudaine éclata des nuages au-dessus de nous, de telles tempêtes anormales sont courantes dans les Marches orientales. Je maudissais alors que nous nous battions pour sortir du camp avec la statue à nos trousses. J’ai chargé une balle imprégnée dans Jenny sachant qu’elle ne détonerait probablement jamais. L’idrien nous a conduits dans un ravin alors que le gardien s’approchait à la vitesse d’un bison raevhen. Quand il a lancé son grappin sur la falaise, j’ai cru que l’idiot avait la tête. Puis j’ai entendu le bruit. Un rugissement d’est fait entendre lorsqu’un mur d’eau a rempli le ravin et qu’une crue soudaine nous a engloutis.

En enlaçant la corde, nous nous sommes remontés pendant que le gardien était emporté par le torrent. Ce fut la dernière fois que nous avons vu ce diabolique skorne. Nous sommes retournés au campement et nous avons fouillé. J’ai alors trouvé un colis adressé au Colonel Eli Brocket de la Garnison de Corvis dans la main d’un vieil homme. En lisant la lettre, il me semblait que le Professeur avait changé de camp et s’était accoquiné avec ce foutu vieux Vinter. Note de l’éditeur : voir NQM#5].

Quimut a refusé de croire à toute trahison. Nous nous sommes disputés durant des heures concernant cette lettre. Le maudit idrien voulait qu’elle soit déchirée et dispersée, mais j’ai refusé de détruire notre seul indice. Après des paroles dures, nous nous séparâmes – Quimut se dirigea vers les Terres des Tempêtes tel un idiot têtu pendant que je portais à l’ouest.

Après réflexion Pendrake a probablement été forcé d’écrire cette chose honteuse. Je ne peux pas imaginer le vieil homme rejoindre les skorne. J’espérais trouver un de ces types pédants que Pendrake garde comme assistants à l’Université de Corvis, mais il n’y avait aucun signe d’eux. Je n’ai pas eu d’autre choix que de remettre la lettre à l’armée locale, et sans aucun la liront-ils sous un jour sombre. En voyant la dévotion que Pendrake a instillée à Quimut, je me sens troublé Ce n’est pas dans mes habitudes de m’immiscer, mais je me sentirais mieux si je pouvais trouver quelqu’un d’assez fou pour aller vers l’orient, courir après la vieille buse. Mais tous les contres n’ont pas une fin. Parfois, un mystère reste mystère. C’est peut-être le bon moment pour moi de chercher le vieux Turgol et Grissel, et de voir si ces mercenaires trollkin pourraient employer un homme qui sait comment tirer au fusil. Quiconque veut s’occuper de Pendrake et Quimut devrait venir me payer un verre.

61
UN DEUXIÈME INCIDENT

Fiction par Simon Berman

La lumière du soleil déferlait d’un ciel bleu clair. En traversant la vallée de la montagne, la lumière rebondissait d’un sommet à l’autre couvert de givre, en traversant la petite garnison et le village avant d’arriver dans les yeux aveuglés par la neige du rhulfolk qui montait la garde au sommet d’un tour de guet en pierre.

Malgré l’éblouissement, le nain ressentait le froid brutal de l’air du printemps même à travers son armure isolée. Le froid s’abattait sur son visage exposé et buriné, provoquant une grimace. Même le feu vif de son armure de warcaster ne pouvait pas empêcher le froid de s’infiltrer par son col. Il frotta ses mains gantées l’une contre l’autre et regarda le maillet mékaniquement augmenté qu’il avait laissé appuyé contre le parapet de pierre. Il savait que l’arme serait douloureuse à ramasser et il soupira. Malgré tout, Gorten Grundback décida qu’il était heureux d’être de retour dans son pays.

Il regarda à nouveau le terrain ouvert et enneigé devant le mur de la garnison qui protégeait le village d’Heffgrun. Gorten soupira et se tourna vers son compagnon, un autre rhulfolk vêtu de soies noires recouvertes d’une lourde cape de laine blanche pour se protéger du froid mordant. « Pourquoi moi ? Si c’est comme vous le dites, le Conclave aurait dû mobiliser une véritable armée. »

Le jeune nain haussa un sourcil. « Vous devez vraiment le demander ? Peut-être que vous êtes parmi les humains depuis trop longtemps. » Son expression suggéra une lassitude que Gorten trouva surprenante chez un nain d’au moins dix ans son cadet. Il devait se rappeler que Bulin Jhord était le frère cadet du seigneur de pierre du Clan Jhord, qui était l’un des treize dirigeants descendant directement des Pères Originels. Jhord était le gardien des secrets des dieux nains, et son clan gérait la collecte de renseignement pour le Conclave. L’espionnage était trop sordide pour les parangons comme les seigneurs de pierre puissent la gérer personnellement, aussi traditionnellement, l’un des plus jeunes frères et sœurs de Jhord recevait le poignard cérémonial Corbelgriffe, une lame que Gorten avait remarqué à la ceinture de Bulin. Elle symbolisait le commandement du corps d’espion de Rhul. Bulin était donc au courant des secrets les plus sombres de l’état rhulique, un grand fardeau et une grande responsabilité pour quiconque, quel que soit son âge. La vue de ce poignard rendait Gorten mal à l’aise. On disait que c’était une relique détenue par le Père Originel Jhord en personne. Des questions de religion et de politiques troublait Gorten et lui rappelait pourquoi il préférait parcourir les royaumes humains et mener des batailles pour des étrangers.

Bulin s’exprima à nouveau : « Le Conclave est plus lent à se bouger maintenant qu’à tout autre moment depuis des siècles. Ils observent à l’ouest, vers Khador, et remarque l’impératrice affamée. Elle a déjà englouti le Llael, et même avec toutes ses autres préoccupations, je suis sûr qu’elle est tentée par nos minéraux. Le hiérarque du Protectorat s’est également invité à cette sauterie, et maintenant même les iosiens émergent de leur forêt. » D’un geste de la main, il ajouta : « Je ne sais pas pourquoi je vous dis cela vous avez mené la moitié de ces batailles pour bon nombre de clients. »

Gorten haussa les épaules. « Je suis là maintenant, non ? Tu paies bien, Bulin, mais j’ai renoncé à une nombreuse somme pour être ici aujourd’hui. Fais-moi plaisir et répond à ma question. Pourquoi le Conclave n’envoie-t-il pas la Garde du Conclave ou une force officielle depuis Fort-Horgen ? »

« Il y a un important débat, comme toujours au Conclave. Techniquement, la partie sud où se trouve Leffenworn est en dehors des limites de notre protection. Cela peut sembler sans-âme, mais certains seigneurs pensent qu’ils ont obtenu ce qu’ils méritaient, vivant si loin de nos patrouilles. »

« Personne ne mérite ce qui leur est arrivé - » se moqua Gorten.

« Bien sûr que non. Mais ces seigneurs de clan ont raison sur le plan juridique ; nous n’avons jamais prétendu pouvoir protéger la partie sud entre Fort-Horgen et Brunder. Ces gens ont déménagé là-bas attirés par des mines inexploitées, mais nous ne pouvons pas protéger toutes les montagnes. »

« Tu as des détails de ce qui s’est passé à Leffenworm ? » Demanda Gorten. « Cette lettre que tu m’as envoyée fait croire à un massacre. » Il fit la grimace.

Bulin acquiesça d’un signe de tête sinistre. « Lorsque j’ai reçu les rapports pour la première fois, je ne savais pas trop quoi penser. Vous savez que des choses étranges se produisent parfois dans des villages isolés ou dans les cols. Il y a eu cette affaire avec le gorgandur il y a quelques années. Pourtant, il y a généralement un ou deux survivants, et ce premier rapport m’a mis mal à l’aise. J’ai envoyé deux de mes hommes les plus fiables en reconnaissance et ils sont revenus ébranlés. Ce ne sont pas pieds tendre, vous comprenez, mais des vétérans qui ont vu leur part de fosses communes et de chirurgies sur le champ de bataille. Ils m’ont dit que l’endroit ressemblait à un abattoir après le massacre de la saison. Ils ont vu les feux de camps de ce qui semblait être une importante force peut-être campée dans la vallée voisine, mais ils étaient trop effrayés par ce qu’ils avaient vu dans ce village pour enquêter de plus près. Au moins un mois s’était écoulé depuis l’incident, et le sang était encore gelé sur les murs et visible sous formes de taches rouges sous la neige plus fraîche. Ils ont dit qu’ils pouvaient le voir scintiller comme des rubis », le nain s’arrêta une fois de plus. « Ce qui est vraiment étrange, c’est qu’à part les taches de sang, il n’y avait pas de cadavres. Pas de faune locale non plus, comme si tout ce qui était naturel avait fui. »

Gorten leva un sourcil et grogna une épithète. « Tu penses que cela signifie quoi ? Cryxiens ? »

Bulin secoua la tête. « C’était aussi ma premiere impression, mais nous les aurions déjà vus. Les morts-vivants ravagent certainement certaines parties de Llael, mais nous n’avons aucune preuve réelle de leur présence près de Rhul. J’ai été plus inquiet par quelques rapports que nous avons eus sur des nyss – nyss qui sont parfois vu en compagnie de créatures d’apparence non naturelle. Peut-être la corruption. » Il jeta un regard inquiet vers les montagnes qui bordaient leur vallée. « J’ai un lien avec le SRC qui a mentionné quelques, euh, incidents en Llael l’année dernière impliquant des elfes nyss et des choses corrompues. Il y avait des mentions de chaudrons remplis de sang et de la récolte des cadavres après la bataille. Tout cela m’a semblé familier. »

« Cela ressemble à ce que nous avons vu dans l’ouest l’année dernière lorsque j’étais avec le 33ème Corps d’Hammerfall. Des rejetons draconiques et d’autres saloperies », songea Gorten.

« Oui, je me souviens de ces rapports. Cela pourrait être lié. Je ne peux pas prétendre comprendre les détails, mais il semble y avoir une nouvelle menace en cours, une qui grignote les bords de Rhul. Elle bouleverse les clans, mais surtout ceux qui se trouvent en périphérie, et vous savez le peu d’influence qu’ils ont à Ghord. Les guerres croissantes des Royaumes d’Acier les ont troublés, et la découverte d’une menace réelle déjà présente à Rhul pourrait amener certain des membres les plus impatients du conseil à adopter un comportement alarmant. L’incident suscite naturellement un tollé croissant, mais question est de savoir s’il faut éliminer le cancer qui sévit dans cette région et dépenser nos énergies à consolider nos frontières aux points de passage défendables. Le Conclave décidera éventuellement d’agir, mais il n’est pas utile que deux clans ne puissent pas s’entendre sur le soutien qu’ils peuvent apporter. Peu de gens se soucient vraiment des clans pauvres des montagnes vivant en marge de la société. J’aimerais faire quelque chose, mais tant que le Conclave ne se sera pas exprimé, je ne peux pas agir officiellement. C’est pourquoi nous nous tournons vers vous. »

« Alors, comme d’habitude, Bulin ? » Gorten roula les yeux et sourit. « Beaucoup de mot pour me dire que vous comptez sur l’ vi Grundback pour sauver vos fesses à nouveau. »

Le jeune nain rit. « C’est à peu près ça, oui. » Son visage redevint sérieux, alors qu’il déplaçait son poids d’un pied sur l’autre, bougeant sans cesse dans le froid brutal. « Je dois vraiment vous remercier encore une fois d’avoir parcouru une si grande distance pour une récompense aussi modeste. »

Gorten secoua la tête avec tristesse. « Je dois être fou de venir jusqu’ici pour la petite somme que tu offres. Ces ‘jacks ne se nourrissent pas seul. » Il pointa un pouce par-dessus son épaule vers le petit groupe de ‘jacks rhulique ci-après, alimenté et préparé par une équipe d’ingénieurs. « Je suis ici depuis trois heures et nous bouffons déjà du charbon. Je n’ai même pas encore effectué de première patrouille. »

« Eh bien, j’apprécie. Cette garnison est éloignée, mais le village est assez grand pour mériter une protection. Heffgrun est vital pour le commerce du fer sortant des Pointes Blanches vers Laedry. Il y a au moins deux cents civils là-bas, et je ne veux pas voir un autre Leffenworn. » Prenant un moment pour assimiler tout ce qu’on lui avait dit, le warcaster laissa son regard passer de ses warjacks à travers la garnison fortifiée, puis à travers le sol plat et enneigé jusqu’à la limite des arbres. La lumière du soleil était encore aveuglante alors qu’elle scintillait sur le sol gelé, et Gorten loucha, pensant un instant qu’il avait vu quelque chose bouger rapidement parmi les arbres. Il l’ignora, pensant que l’histoire de Bulin ‘avat contaminé. Il était sur le point de s’exprimer lorsqu’une flèche à plumes noires frappa le parapet à quelques centimètres de son bras, dérapant dans un flou et ricochant contre son armure. Gorten se jeta sur le sol en pierre de la tour de guet. Alors que d’autres flèches voulaient au-dessus de lui, il saisit son maillet et actionna l’interrupteur qui poussa la fournaise de son armure à pleine puissance. L’adrénaline montant, il remarqua à peine à quel point le manche de Père des Forges était froid, même à travers ses gants armurés.

Gorten regarda où Bulin se tenait et ne vit qu’une petite mare de sang. Un peu plus loin, l’un des gardes de la garnison s’effondra sur le parapet avec trois flèches dans sa poitrine comme s’il avait été choppé au milieu de la chute. Gorten pris un instant pour regarder autour de lui, puis s’accroupit et se laissa tomber par-dessus et se laissa tomber par le rebord de la passerelle de la tour, chutant d’un étage, dans la cour enneigée en contrebas.

Il appuya sur l’interrupteur qui enclenchait les accumulateurs de son arme et réalisa que Bulin était là, nouant un morceau de tissu arraché à sa cape à l’entaille sur son bras. Le chiffon blanc était déjà trempé de sang. Il grogna en terminant d’attacher le pansement improvisé et sourit sardoniquement. « Je suppose que vous allez gagner votre croûte, Gorten. »

Le warcaster fit une grimace et ne prit pas la peine de répondre. Il était déjà en train d’étendre son esprit, ressentant les cortex de ses warjacks. Son esprit s’est immédiatement rempli de la connaissance de la quantité de carburant et de munitions que chacun des ‘jacks transportait, et il fit une prière silencieuse, reconnaissant que l’attaque ait lieu alors que son équipage se préparait à patrouiller. Il pouvait voir à travers les yeux de son groupe de combat que les mékaniciens terminaient leurs vérifications de combat et qui n’étaient pas nécessaire se précipitaient déjà au contrôle des warjacks de réserves de la garnison. Sans plus attendre, Gorten se mit à courir vers les portes principales de du fort, commandant à ses ‘jacks de le suivre. »

Les civils mineurs et leurs familles se précipitèrent vers le donjon intérieur de la garnison, et Gorten jura brutalement alors qu’il manoeuvrait ses warjacks autour d’eux. Des flèches commencèrent à joncher la cour, abattant les gardes de la garnison avec une précision inquiétante, étant donné que les assaillants ne pouvaient même pas voir leurs cibles de l’autre côté des murs. Une unité de carabiniers se rassemblaient derrière lui verrouillait leurs boucliers et se préparait à s’aventurer pour soutenir le warcaster mercenaire. Alors que Gorten s’approchait de la porte, un garde signala qu’il était encore temps de sortir, et les immenses portes en fer s’ouvrirent avec le bruit de grincement de machines.

Sa première pensée fut que cette victoire pourrait être facile à remporter. Une douzaine de personnages vêtus de noir que Gorten identifie rapidement comme des nyss s’approchaient de la garnison dans une ligne d’escarmouche. Ils avançaient en trottinant doucement sur la neige, tirant des flèches dans le fort au fur et à mesure de leur progression. Au moment où Gorten élabora un plan de contre-attaque, des dizaines d’autres nyss surgirent de sous la neige à une courte distance du fort. Alors que les flèches ricochaient sur le champ d’énergie fourni par son armure, le warcaster serra les dents et ordonna à son nouvellement acquis – et extrêmement cher – de riposter. Il y eut un bruit sourd et trois des archers disparurent dans une explosion de neige teintée de rouge.

Il jeta un coup d’oeil par-dessus son épaule pour voir les carabiniers entrer sur le champ de bataille et fit signe aux gardes de fermer les portes. Il se retourna vers le champ por remarquer de massives créatures émergeant de la lisière des bois, leur chair blanche et lisse entrecoupée par des rochers semblant émerger de leurs squelettes. De plus petites bêtes – des bouches aux crocs tranchant et des jambes sautillantes – couraient autour d’elles et se dirigeaient vers la forteresse. Gorten entendit les portes se refermer derrière lui et commença à se demander quelle somme supplémentaire il pourrait obtenir du Clan Jhord quand cette maudite journée serait enfin terminée.

62
ALLER SEUL

Récit par Douglas Seacat

Saxon Orrik regardait avec impatience les deux Cetrati qui lui barraient le chemin. Les skorne lourdement armuré refusait de bouger jusqu’à ce qu’un coursier émacié arrive de la salle derrière eux, se prosterne et soulève une fine tige enveloppée de tissu rouge. Voyant ce signal d’approbation, les Cataphractères ont levé leurs lances et se sont déplacés sur les côtés du portique. Ils reprirent leurs positions attentives. Juste derrière eux se tenait une paire de gardiens ancestrales dont l’attention silencieuse était ressentie par Saxon alors qu’il passait devant. Ses bottes ne faisaient aucun bruit sur les pierres posées avec précision de la Forteresse sur l’Abîme alors qu’il suivait le coursier esclave.

À intervalles réguliers, des soldats skorne occupaient des niches le long de la sale voûtée, mais moins que ne le pensait Saxon. Tous des vétérans grisonnants, ils lui lançaient un regard noir avec une hostilité qu’il s’était habitué à ressentir. Même le skorne qui avait bénéficié de ses conseils lors de la traversée du désert ne pouvait lui pardonner d’être humain. L’exemption qu’ils accordaient à leur Archdominar Suprême en tant que Réincarné ne s’appliquait pas à Saxon.

Le coursier l’a conduit non pas à la salle d’audience centrale mais à la promenade supérieure du mur de la cour intérieure. Saxon entendait clairement le hurlement des Terres des Tempêtes à travers les murs, s’élevant et s’abaissant avec une cadence familière. La fureur des Terres des Tempêtes empêchait la cour d’être à ciel ouvert, et son grand plafond en forme de dôme faisait de cette plus grande salle de la forteresse un triomphe de l’architecture skorne. Ses terrains de parades abrités pouvaient abriter une armée. Ils avaient accueilli la puissance rassemblée de l’Armée de l’Extrême Occident lorsque cette force s’était rassemblée pour entendre leur Conquérant les envoyer à la guerre un an plus tôt.

Cette silhouette particulière se tenait maintenant à la balustrade supérieure, portant une armure à plaques intégrales. Sa stature et son allure le rendaient imposant quelle que soit sa tenue vestimentaire, mais lorsqu’il était entièrement équipé pour la guerre, il ressemblait à un dieu. Même après cinquante-trois ans, ses cheveux longs, sa moustache, et sa barbe bien taillée demeuraient noir corbeau, sans un soupçon de gris. Saxon, lui-même âgé de sept ans de plus, était convaincu que les années l’avaient marqué plus sévèrement, bien qu’il soit toujours maigre et en forme après une décennie à tester ses limites dans le désert sans pitié. Le ranger s’était mis à se raser la tête sous son turban en tissu et l’exposition constante au soleil et au vent avait bronzé et altéré ses traits.

Vinter s’est tourné pour faire face à son visiteur avec un froncement de sourcils familiers et le regard troublant de son unique œil et le cache-oeil orné de bijoux couvrant la cavité de son jumeau perdu depuis longtemps. Son énorme épée, Régicide, une larme qu’il n’avait jamais rengainée, s’appuyant contre la rambarde à portée de main. Ils se tenaient tous les deux seuls, sans garde du corps. Le coursier s’était empressé de disparaître dans l’un des minces passages latéraux conçus pour permettre aux esclaves de passer invisibles de leurs supérieurs.

Saxon s’est profondément incliné et a baissé les yeux sur la pierre. « Votre Majesté ». Il préférait honorer Vinter comme son roi plutôt que d’employer des modes de discours skorne.

« Relève-toi. » Saxon a fait sa révérence et s’est tenu au garde-à-vous, les yeux baissés. Il pouvait sentir le regard de son seigneur, le jaugeant. Après une longue pause, Vinter a repris la parole, sa voix inhabituellement détachée. « Au moins, tu me sers toujours. Ou je me trompe ? »

« Vous ne vous trompez pas, mon seigneur. » Après un silence, il s’est senti obligé de demander : « Est-ce que tout va bien ? »

« Tout va bien ? » Vinter a répété cette phrase comme si elle l’amusait, et un petit sourire effleura ses lèvres. Dans l’instant suivant, son visage est devenu sévère. « J’ai soif. » Il a hoché la tête vers une flasque qui pendait à la ceinture de Saxon.

« Bien sûr, mon seigneur. » Saxon s’est immédiatement avancé et incliné en levant la flasque d’eau. « Vinter a pris une seule grande gorgée, comme s’il n’avait pas bu depuis des jours.

Cette affaire inhabituelle avec l’eau rappelait à l’esprit de Saxon un vieux souvenir. Il se souvenait avoir remis une flasque d’eau à son suzerain des années plus tôt alors qu’ils se tenaient tous les deux au milieu des dunes et planifiaient la première expédition qui n’avait pas réussi à s’emparer de Corvis. Cela a donné à Saxon un sentiment d’appréhension. Il avait appris à se présenter devant son seigneur l’esprit vide et à répondre à toutes les demandes sans hésitation Vinter était enclin à tester ceux qui le servaient, et il ne faisait rien sans but.

Vinter n’a pas fermé la flasque mais l’a retourné. Le liquide clair s’est déversé sur les pierres à ses pieds. « La loyauté est une ressource limitée en tout homme. Elle finit par s’épuiser et les laisse vaines. Tous trahissent, avec le temps » Il a lancé le récipient vide à Saxon.

Saxon Orrik ne croyait pas un instant que son seigneur parlait de sa propre loyauté. « Vous n’avez pas eu de nouvelle de l’Archdomina Makeda ? »

« J’ai eu des paroles. Une variété de rapports dénués de sens. Leur ton est manifestement neutre et ne me dit rien. Plus important encore, Morghoul est resté silencieux. Je lui ai confié une tâche et je n’ai d’autre choix que de conclure qu’il a échoué. D’autres sources le confirment vivant et en compagnie de Makeda. On doit supposer qu’il s’agit d’un complot. » Vinter s’était exprimé avec un calme absolu et ne faisait pas montre d’humeur ou d’inquiétude, ce qui a refroidi Saxon plus que si l’ancien roi cygnaréen avait hurlé de rage.

Saxon a attendu, mais lorsque Vinter ne s’est plus exprimé, le ranger a proposé : « Je voulais me renseigner sur le trafic inhabituel d’officiers que j’ai observés ces dernières semaines Des vétérans de l’Armée de l’Occident sont revenus ici pour demeurer inactifs pendant que des soldats moins expérimentés les remplacent. J’avais d’abord pensé que c’était votre volonté. »

« Non. C’est la main de Makeda. Je dois avouer qu’elle m’a surpris. Je ne m’attendais pas à ce qu’elle ou Morghoul me renversent si tôt. Cela prouve ce que je pense de leur espèce depuis longtemps. Ils ressemblent plus à l’humain qu’ils ne le croient. » Le sourire de Vinter aurait pu refroidir la glace. « J’ai anticipé cela. Il est vital de ne pas devenir trop dépendant d’une seule arme. »

Cela a impressionné Saxon d’entendre Vinter parler de cette manière du possible dénouement de plus d’une décennie d’une œuvre difficile et sanglante. « Qu’attendez-vous de moi, mon seigneur ? Je pourrais mener une force pour appréhender le Maître Tourmenteur Morghoul et vous l’amener pour l’interroger.

« Non. Il est trop tard pour ça. Je respecte ton habilité, mais tu ne pourrais appréhender Morghoul. J’ai une utilisation différente en tête pour toi. Il est impératif que tu conserves et développe la niche que tu t’es forgé, même si tu dois avoir l’air de m’abandonner. Continue à guider les skorne et offre tes services à tous ceux qui te le demanderont. »

Saxon Orrik a hoché la tête, mais son visage ridé trahissait l’inquiétude. « Comme vous l’ordonnez, mon seigneur. Si je peux me permettre, qu’en pensez-vous ? Voulez-vous boucler la forteresse ? »

« la forteresse est perdue. » Vinter a prononcé ces mots sans aucun poids, comme s’il commentait la saveur de son dernier repas. « Je dois m’attendre à ce que Makeda ait compromis ma hiérarchie de commandement. Ne te méprends pas, ils ne s’empareront pas de cet endroit sans coût. Nombreux sont ceux qui sont impatients de mourir pour ma cause, et je leur en offrirai l’occasion. Halaak est théoriquement à toi, mais je m’attends à ce que les seigneurs des maisons trouvent des excuses pour me trahir assez tôt. Assurer leur obéissance nécessiterait une démonstration personnelle, et je ne perdrai pas ce temps. Ma voie va vers l’ouest, pas l’est. »

« Si la forteresse tombe, quel est votre plan, mon seigneur ? »

« Je me battrai et mes ennemis mourront. » Vinter haussa les épaules et sa main a effleuré le pommeau de son épée. « Makeda peut s’emparer de cette forteresse, mais elle apprendra à regretter ses choix. Des possibilités sont en cours. Il est préférable que tu ne connaisses pas les détails. Pour l’instant, fais-toi apprécier de Makeda. Trouve Asheth Magnus, s’il vit, et deviens précieux pour lui. Apprends ce que tu peux. Je te contacterai. »

Saxon Orrik s’est profondément incliné. « Cela sera fait. » En reculant, Saxon ressentait les effets d’une excitation plus profonde. Il savait que son ancien élève, Viktor Pendrake, s’était échappé pour retourner en Cygnar, échappant à la mort par un inexplicable caprice du destin. Saxon y a vu une opportunité – une chance de délivrer par sa propre lame une vengeance attendue depuis longtemps. Si l’occasion se présentait, il avait l’intention de la saisir.

63
BATAILLES RÉCENTES

Par Simon Berman

La série « Batailles Récentes » présente des scénarios qui permettent aux joueurs de participer à des engagements clés au cours des dernières années de guerre dans l’Immoren occidental. Certains d’entre eux représentent de petites mais cruciales batailles où seul le warlock ou le warcaster a changé le cours de l’histoire. D’autres décrivent de grands affrontements impliquant des armées massives et de multiples warcasters ou warlocks.

MESURES DÉSESPÉRÉES

UNE COLLINE TROP LOIN : TROLLOÏDE CONTRE CYGNAR

Grissel soupira en essuyant le sang de Retentissant laissé par la dernière vague de pionniers. Les batailles de la matinée avaient été pires que ce que Calandra avait promis mais pas encore aussi terribles que Grissel l’avait craint La 4ème Armée Cygnaréenne avait lancé trois vague contre les trolloïdes défendant la Vallée Crael, mais les kriels tenaient toujours bon. Pour l’instant.

Grissel avait amené ses forces sur cette colline au début de la bataille. C’était le terrain le plus élevé à proximité des lignes ennemies et son peuple avait improvisé des barrières et des pièges pour rendre l’ascension encore plus difficile pour l’ennemi. Les pertes dans le groupe de combat de Grissel avaient été légères jusqu’à présent – une poignée de guerriers des kriels étaient morts lors de la première charge de pionniers et le pyrotroll Maks avait été anéanti par le tir dirigé des fusiliers. Il y avait un certain nombre de blessés, mais aucun n’était si gravement blessé qu’ils ne pouvaient pas continuer à se battre. Dans les quelques moments de calme, Grissel avait ressenti leur perte, mais elle savait qu’il y en aurait beaucoup d’autres à pleurer avant la fin de la journée. Ils étaient plus nombreux et se battaient en terrain découvert ; Grissel avait du mal à imaginer une situation qu’elle aimerait moins. Angus le Sombre et Calandra occupaient les positions des deux flancs. Le gros de ses propres troupes était concentré avec elle au centre.

Alors que la fumée du dernier assaut commençait à se dissiper, Grissel pouvait voir une grande partie du champ de bataille pour la première fois depuis des heures. À sa gauche, Calandra et son groupe hétéroclite tenaient les cygnaréens à distance tout en profitant de la couverture offerte par un muret à la lisière d’un champ. Grissel y vit un groupe de soudards s’éloigner du mur avec une vitesse surprenante, choper une bande de mercenaires hallebardiers non préparés et les déchiqueter avec un tir de barrage. Enragé, un autre groupe de Têtes d’Acier contre-chargea uniquement pour être mis en déroute par le feu nourri des pygs couvrant la retraite des soudards par-dessus le mur. Grissel acquiesça gravement. La force de Calandra était toujours en sécurité.

Grissel regarda attentivement le bas de la colline à sa droite. Elle pouvait voir Angus le Sombre et ses hommes tenir des positions d’escarmouche dans une cour de ferme en ruine. Alors qu’elle regardait, une ligne de pionniers bondit en avant pour attaquer un petit groupe de champions trollkin, tirant avec les fusils tandis qu’ils chargeaient. Malgré les blessures affreuses, les champions tirent bon et abattirent les pionniers à coup de hache. Les vétérans combattirent avec une coordination sans effort alors que chaque membre du kulgat se déplaçait inconsciemment pour compléter les attaques de ses frères de sang. Les pionniers furent réduits en un tas de cadavres en quelques secondes, mais alors même que les champions rugissaient de triomphe, des volées de tirs de fusiliers éloignés firent chuter au sol le kithkar.

Un tas de mercenaires armés de longues hallebardes se détacha de l’armée principale pour engager les champions couverts de sang au centre de la ligne d’Angus. Grissel regarda le Sombre avancer, engageant la majeure partie de ses forces pour soutenir les champions assiégés. Alors que ses guerriers et ses trolls se mettaient en position, Grissel pouvait voir un grand groupe de cygnaréens tapi dans les bois sur le flanc extrême droit d’Angus. En quelques instants, ces renforts cachés s’écrasèrent sur la ligne de trolloïde non défendue.

« Kithkar Loknor, emmenez vos Grands Cavaliers à travers ces soldats sur notre flanc droit ! » Beugla Grissel. De déplaçant à une vitesse contredite par sa grande taille, Loknor reforma les Grands Cavaliers en lignes orientées vers l’est alors même qu’il approuvait de la tête. Les énormes bisons reniflèrent et secouèrent la tête tandis que leurs cavaliers les poussaient sur une ligne de bataille. Les animaux, d’apparence disgracieuse, étaient trompeusement lents à prendre de la vitesse, mais en quelques instants, la ligne de la massive cavalerie fit trembler la terre alors qu’elle descendait la colline en tonitruant pour soutenir Angus et son groupe de combat.

Alors que le grondement s’estompait, Grissel commanda à plusieurs unités de guerriers des kriels de renforcer les Grands Cavaliers et les gens d’Angus. Un scribe de pierre doyen haussa un sourcil tandis que les combattants se déplacèrent rapidement vers l’est. « Chantesang, je ne veux pas remettre en cause votre jugement, mais nous sommes déjà isolés sur nos flancs. Envoyer tant de nos guerriers à Angus est presque certainement ce sur quoi les cygnaréens escomptent. »

Grissel acquiesça avec lassitude. « Je sais, doyen. Nous devons juste tenir le coup assez longtemps pour que le Sombre puisse récupérer son flanc. Cette colline est le meilleur terrain que nous ayons eu aujourd’hui et nous devons la conserver le plus longtemps possible. Une fois que le flanc du Sombre sera sécurisé, nous nous retirerons vers une position moins isolée.

Grissel se détourna du doyen à temps pour voir une grande force de cavalerie mercenaire se détacher et commencer à galoper vers la colline. « Dhunia veille sur nous. Ils arrivent. »

CONTEXTE DU SCÉNARIO

Au printemps 608 AR, la 4ème Armée de Cygnar a marché sur les trollkin tenant la Vallée Crael pour un certain nombre de raisons. La région avait été colonisée par des fermiers cygnaréens jusqu’à ce que les forces sous Madrak Cuirdefer s’en emparent par la force au début 607 AR. Bien qu’ils aient déplacé les agriculteurs sans violence notable, ces trollkin étaient toujours considérés comme des envahisseurs hostiles par les cygnaréens. Le 4ème Armée marcha sur la région de sa propre initiative, proposant d’aider les habitants qui se sentaient négligés par le Roi Leto.

Les attaquants cygnaréens n’avaient le soutient d’aucun des warcasters notables, mais ils possédaient un net avantage en nombre et avaient également embauché une importante force Tête d’Acier de Roc Ternon. Au cours de cet engagement, la 4ème Armée a combattu impitoyablement et imprudemment, ses commandants ne semblant pas intéressés à préserver la vie de leurs propres soldats. Ils ont lancé vague après vague de pionniers, de fusiliers et de mercenaires dans la mêlée. Bien qu’ils aient finalement forcé les trollkin à se retirer, leurs pertes étaient encore plus élevées que prévu.

Les trollkin défendant leur colonie récemment revendiquée étaient lourdement en infériorité numérique, cependant avec trois meneurs expérimentés ils se sont superbement comportés. À un moment crucial de la bataille, le noyau de la force dirigée par Grissel Chantesang s’est retrouvé sur le front des flancs de son armée tout en tenant une colline d’importance tactique. Obligée de détourner une partie de ses forces pour soulager le flanc assiégé d’Angus le Sombre, Grissel a été partiellement encerclée par des éléments de la 4ème Armée et des mercenaires Tête d’Acier. Elle s’est finalement retirée de cette position, mais elle l’a maintenue assez longtemps pour permettre à Angus de sécuriser son flanc et de préserver ainsi la ligne de trolloïde assez longtemps pour organiser une retraite ordonnée et minimiser les pertes humaines.

65
BATAILLES RÉCENTES

Récit par Douglas Seacat

La série « Batailles Récentes » présente des scénarios qui permettent aux joueurs de participer à des engagements clés au cours des dernières années de guerre dans l’Immoren occidental. Certains d’entre eux représentent de petites mais cruciales batailles où seul le warlock ou le warcaster a changé le cours de l’histoire. D’autres décrivent de grands affrontements impliquant des armées massives et de multiples warcasters ou warlocks.

Ce qui suit décrit deux batailles liées entre elles, impliquant les forces de la forteresse khadoréenne de Corbelgarde et de la forteresse cygnaréenne de Nordgarde. Ces batailles ont eu lieu pendant les événements de WARMACHINE : Superiority et l’impact significatif des événements décrits dans WARMACHINE : Legends.

NOUS AVONS DES ORDRES

FIN 606 AR

Ils entendirent le son de sa voix en colère bien avant que le vieux warcaster n’entre dans l’immense atelier. Les portes latérales basses heurtèrent le mur avec fracas contre le mur alors que le Commandant-Adepte les ouvrait, un bruit perçu à travers l’énorme espace, même par-dessus du cliquetis du métal sur du métal, le grondement des feux de forge et le bourdonnement électrique des condensateurs incandescents faisant passer la foudre d’un long sceptre à un autre. Malgré son boitement évident et ses cheveux ébouriffés, le mékanicien avait suffisamment de présence pour faire reculer les ouvriers les plus proches. « Qui a le culot d’outrepasser mes ordres ? » Exigea-t-il de la salle au grand complet.

Le Capitaine Dominick Darius fit une pause au milieu de l’ouverture de l’écoutille de son armure à vapeur reconstruite et regarda Nemo avec une expression choquée. Malgré le fait que Nemo ait pratiquement pris le contrôle de cette installation – l’un des plus grands hangars de construction de l’Armurerie Cygnaréenne – pour l’assemblage et le prototypage de warjacks de priorité absolue ici. Les yeux de Darius se tournèrent vers les hommes bien habillés et zélés rassemblés devant lui, puis retournèrent vers Nemo.

Bien qu’il ne soit pas inhabituel que des généraux et des nobles visitent périodiquement l’Armurerie connue par beaucoup de ses ouvriers sous le nom de « Domaine de Nemo », il est rare qu’ils viennent en si grand nombre à la fois. La plupart des dignitaires rassemblés dans la chambre se tournèrent vers Nemo avec diverses expressions d’indignation ou de surprise. Un homme mince, cependant, affichait un sourire ébahi et uniforme formel orné d’un style qui avait disparu du service une décennie plus tôt. Bien qu’il n’ait pas de couronne, personne ne pouvait manger de reconnaître l’homme « Ce serait moi, mon vieil ami », répondit Leto, son ton à la fois amusé et légèrement désolé. « Je m’excuse de t’avoir alarmé. »

Bien qu’ébranlé un court instant de trouver le roi dans « sa » chambre, Sebastian Nemo ne s’arrêta qu’un court instant et son air renfrogné ne disparut pas. « Votre Majesté, cela ne suffira tout simplement pas. Je ne peux pas laisse le Capitaine Darius abandonner ce travail. Nous sommes à un moment crucial. » Plusieurs des hommes rassemblés se hérissèrent au ton du commandant, mais le roi ne s’en offusqua pas.

Le Commandant en Chef des Éclaireurs Bolden Rebald, aux traits sinistres, parlait à côté du roi. « Nous avons entendu parler d’une attaque imminente sur Nordgarde. La 1ère Légion Frontalière et la 4ème Légion d’Assaut d’Irusk se rassemblent, et l’ensemble de Corbelgarde pourrait être impliqué. Nous ne doutons pas de la fiabilité de ces informations ; nous ne pouvons pas nous le permettre. Nordgarde a immédiatement besoin d’un renfort de warcaster et de warjack lourd immédiatement, et nous n’avons pas le temps de faire des réaffectations majeures depuis Caspia ou d’autres garnisons méridionales. Port Bourne et Fort Falk disposent de certains moyens que nous pouvons utiliser si nous agissons immédiatement, mais il est peut-être déjà trop tard. »

Les yeux de Nemo s’élargirent alors même que sa colère retombait. « Le Major Haley se tient à Nordgarde. Elle a toute ma confiance. »

Le Commandant en Chef des Éclaireurs acquiesça. « D’accord. D’ordinaire, le Major Haley pourrait suffire. Certes, nous avons une puissante garnison à Nordgarde, mais le timing joue contre nous. » Il tendit à Nemo un épais rouleau de plusieurs cartes annotées avec notes gribouillées à la hâte. « Gurvaldt Irusk a soigneusement planifié, bien sûr. Il a organisé ses légions à Elsinberg. Dans l’espoir d’échapper à notre attention et a envoyé le Kommandeur Karchev pour diriger l’avant-garde. Nordgarde se remet toujours d’une attaque sonde plus tôt dans le mois. Il est clair maintenant qu’il s’agissait d’une frappe délibérée visant à paralyser le plus grand nombre de warjacks lourds. Nous n’avons pas de force de frappe suffisante et les lignes de pionniers sont mal soutenues. Ce sera un massacre.

Nemo pâlit en observant les notes, et son ton se radoucit. « J’irai, Votre Majesté. »

« Vous », dit le roi, coupant le warcaster, « avez l’ordre de vous reposer et de soigner les blessures que vous avez subies dans le Bois d’Épines. »

Nemo garda son ton et son expression respectueux mais ferme. « Ma part dans ce travail est terminé. J’ai présenté les plans et les diagrammes, mais je ne peux confier ce projet à personne d’autre que Darius. L’avenir de notre nation dépend du travail accompli ici. Croyez-moi, je l’enverrais sur le terrain si nous étions plus avancés mais pas à ce stade. »

Le roi soupira. « Je t’en préserverais, Sebastian. Je sais que tu n’es pas remis de tes blessures. Ce sera un combat dur, mieux adapté aux jeunes hommes. »

Le Capitaine Darius prit la parole, clairement mal à l’aise avec une telle auguste compagnie. Il choisit ses mots avec plus de soin qu’il ne le montrait habituellement. « Commandant, laissez-moi partir. Maître Lassiter Polk sait quoi faire. Vous êtes toujours blessé et vous avez besoin de repos. »

Nemo écarta cette suggestion « Je suis aussi rétabli que possible. Les vieux ne se rétablissent pas, ils boitent. Je respecte beaucoup Maître Polk, mais ce travail le dépasse. » Il se tourna vers le roi. « Cette usine doit débuter sa production sans délai, et cela ne se produira pas si le Capitaine Darius décède à Nordgarde. Non. Si Irusk veut se battre, je suis son homme. » Une flamme illumina ses yeux, affectant chaque homme présent. Le roi sourit à Nemo avec une admiration ouverte et hocha légèrement la tête.

« Très bien. Prépare-toi à partir immédiatement. Que Morrow veille sur toi. » Le roi fit un signe de tête à Nemo, le congédiant, et se tourna vers les généraux rassemblés. « Apportez une copie de la feuille de route et des ordres de mission dans les quartiers de Nemo. Envoyez des courriers rapides aux points d’escale pour qu’ils préparent les fournitures et les lieux de repos. Envoyez également à Port Bourne et Fort Falk afin qu’ils puissent avoir des warjacks et de la cavalerie prêts pour l’arrivée de l’adepte-commandant. En vitesse, mes seigneurs. »

Nemo s’attarda un instant, voyant le Capitaine Darius debout avec une main sur son armure à vapeur et une expression de regret. Le jeune homme dégrafa son casque de cuir, révélant un épais tissu cicatriciel à l’endroit où il avait perdu une oreille lors des derniers combats dans le Bois d’Épines, et se tourna vers son supérieur. Le Commandant Nemo frappa Darius sur l’épaule. « Tu auras ta chance assez tôt, fils. »

Le mékanicien hocha la tête, clairement triste, et serra les mains du vieux warcaster. « Bonne chance, monsieur. Faîtes leur bouffer du fer cygnaréen. »

CONTEXTE

Après avoir consolidé leurs gains llaelais, les forces khadoréennes ont rapidement tourné leur attention vers une épine majeure de leur flanc, Nordgarde. Alors que la forteresse la plus au nord de Cygnar résiste depuis des décennies aux attaques et escarmouches périodiques de son homologue khadoréenne, Corbelgarde, l’intensité a augmenté aux cours des batailles récentes. De petites attaques sondes ou des échanges de tirs de tireurs embusqués ont dégénéré en affrontements déterminés de compagnies et de bataillons entiers soutenus par des warjacks et de l’artillerie. Le Cygnar a résisté à ces attaques, mais non sans de coûteuses pertes. Dirigés par le Seigneur de Nordgarde, le Comte Earl Hagan Cathmore, les dizaines de milliers de soldats cygnaréens stationnés ici et dans les lignes de tranchées périphériques ont fini par croire, malgré les hostilités croissantes, que Khador ne risquerait jamais les pertes nécessaires pour détruire ce bastion septentrional. En cela, ils se trompèrent lourdement. L’Armée Khadoréenne démontrera bientôt la volonté de lancer la plus grande frappe sur la frontière septentrionale de Cygnar depuis la Guerre du Bois d’Épines.

Heureusement pour les défenseurs de Nordgarde, la nouvelle de l’attaque khadoréenne planifiée est parvenue au Service de Reconnaissance Cygnaréen. En réponse, l’Adepte-Commandant Nemo s’est précipité au nord depuis Caspia, rassemblent à la hâte des renforts et espérant atteindre Nordgarde à temps. Nombre de ses warjacks se sont déplacés en amont par bateau de Port Bourne et une force de cavalerie plus petites se sont directement précipités vers les tranchées avancées. Traverser le terrain difficile du Bois d’Épines et du Marais Bloodsmeath forcèrent Nemo à échapper à un certain nombre de patrouilles khadoréennes cherchent à couper les lignes d’approvisionnement de Nordgarde.

66
FORCE D’EXCEPTION XIV

DIGNE

Par Aeryn Rudel

Sythya ferma les yeux et passa sa main sur le dos écaillé du vorace. Elle sentit le rejeton réagir à son contact, cambrant son dos et émettant un sifflement grave et sauvage. Ses pensées primitives déferlèrent dans sa conscience. Elle pouvait sentir la sueur et la peur des humains enfermés de l’autre côté du camp, et sa faim était une chose vivant dans son esprit, toute dévorante et inexorable.
Comme elle en avait reçu l’ordre, elle s’empara des pensées du vorace, employant sa propre volonté pour encercler et commander celles des rejetons draconiques. Cela demanda un certain effort, mais la bête à ses côtés se calma et sa faim retira au fond de son esprit. Dans le vide laissé par cette faim vorace, elle sentit sa présence, et elle se délecta de la faible lueur d’Everblight existant à l’intérieur du vorace.

« Toi ! » La voix de Vayl était tranchante et les yeux de Sythya s’ouvrirent brusquement. La Disciple d’Everblight se tenait devant elle – la mort, le pouvoir et la beauté taillés dans la glace. « Rejoins les autres », ordonna la warlock en désignant le petit groupe de tentes à côté d’une palissade rudimentaire de l’autre côté du camp. Là, trois autres nyss s’étaient rassemblés : Kyra, Lyssan et Ravyl. Un vorace se tenait à côté de chaque nyss. Deux des minuscules rejetons se tenaient tranquillement, mais le troisième, à côté de Ravyl, était une frénésie de mouvement. Il fouettait sa tête et sa queue et creusait des sillons dans le sol gelé avec ses longues serres. Ravyl s’efforçait manifestement de contrôler la bête son visage un masque rigide de tension et de peur.

Sythya ordonna à son vorace de la suivre alors qu’elle se dirigeait vers les autres. Elle n’était pas arrivée à mi-chemin lorsque le vorace de Ravyl échappe à son contrôle et charge la palissade, où une douzaine de soldats humains capturés avaient été parqués.

Elle entendit Vayl siffler de surprise et de colère, et se tourna pour remarquer la sorcière étirerun long bras vers le vorace sauvage. Des vives runes bleues se formèrent autour de la main de Vayl et Sythya senti la température chuter brusquement, piquant sa peau avec ses griffes de froid brutal. Le vorace était à quelques verges de la palissade lorsque le sort de Vayl, se manifestant par une intense rafale d’air glacial, frappa le rejeton draconique.

Le vorace se stoppa immédiatement, sa peau grisâtre se recouvra soudainement d’une couche de glace et bascula sur le sol. Le sort n’avait pas tué la bête, bien que Sythya n’ait aucun doute que Vayl aurait pu facilement tuer le vorace si telle avait été son intention.

« Maîtresse ! » Plaida Ravyl. « Je n’ai perdu le contrôle que pendant un instant ! Je dois- »

La rage s’épanouit au sein de Sythya. Ravyl n’était pas digne du grand don d’Everblight, un don qu’elle était manifestement incapable de contrôler. Sa faiblesse ne pouvait être tolérée.

Elle transmit sa colère à son vorace, emplissant son esprit de son dégoût et de son indignation, puis le libéra de son contrôle. Il fit exactement ce qu’elle attendait et se lança tel un missile écaillé vers Ravyl. Elle eut le temps de pousser un cri de consternation et de chercher sa claymore gainée à sa hanche avant que le vorace ne lui tombe dessus et ne l’entraîne au sol.

« Arrête ça ! » La voix de Vayl était tel un rasor de glace dans l’esprit de Sythya, et elle réaffirma son contrôle sur le vorace et ordonna a la bête de revenir à ses côtés. Ravyl était toujours vivante, mais le vorace l’avait horriblement blessé. Elle se mit debout, en tenant son bras gauche sur le côté. Il était mâché jusqu’à l’os et attaché à l’épaule avec seulement un fin tendon ensanglanté.

« Pourquoi as-tu fait ça ? Demanda Vayl en se plaçant devant Sythya.

« Elle n’était pas digne », répondit Sythya, incapable de contenir le dégoût de sa voix. Par-dessus l’épaule de Vayl, elle vit une paire de légionnaires éloigner Ravyl pour soigner ses blessures.

Vayl l’observa un instant, ses yeux bleus glacés illisibles. « Ce n’est pas à toi de juger qui est digne et qui ne l’est pas. » Déclara Vayl. « Mais tu ne te trompes pas. » La warlock pointa l’endroit où se tenaient les maîtresses des bêtes. « Rejoins les autres. Le Prophète sera bientôt là. »

. . .

Elle n’avait jamais ressenti une telle crainte auparavant, n’avait jamais été autant absorbée par la présence d’un autre. Le pouvoir d’Everblight émanait du Prophète par vague, et elle pouvait sentir le grand athanc pulser dans sa poitrine tel le rythme cardiaque d’un dieu.

Thagrosh se tenait à côté de Vayl, son corps massif un instrument d’une majestueuse colère. « Vous m’avez dit qu’il y en avait quatre, Vayl » dit Thagrosh, sa voix résonnant à travers le camp.

Sythya vit Vayl se raidir et ses yeux se rétrécir, mais sa voix était froide et mesurée lorsqu’elle s’exprima. « Il y en avait », dit-elle. « Comme je vous l’ai dit, même pari ceux qui ont le don, certains ne peuvent pas supporter les rigueurs d’un tel pouvoir. Un bon contrôle de la corruption nécessite un esprit vif et endurant. »

Thagrosh grogna et secoua la tête. « Alors, voyons si ces trois autres valent mieux. »

Vayl hocha la tête. « Je vais libérer les humains, et vous verrez. »

« Armez-les d’abord », dit Thagrosh, sa voix portant le ton commandement indubitable. « Voyons comme vos maîtresses des bêtes se montre juste face à une menace réelle. »

Vayl se renfrogna. « Apportez leurs armes ! » Aboya-t-elle à l’adresse d’un groupe de légionnaires corrompus rassemblés en garde d’honneur pour le prophète. Quatre d’entre eux disparurent derrière les tentes puis revinrent, les bras chargés de rudimentaires mais efficaces haches. Sythya remarqua qu’ils n’avaient pas apporté les lourds fusils dont les humains étaient également armés lors de leur capture. Les légionnaires jetèrent la collection de haches au sol devant la palissade.

« Libérez-les », déclara Vayl, et deux légionnaires ouvrirent les portes de la palissade.

Les humains portaient une armure de plaques de métal, peints en rouge vif, sur de lourdes fourrures. Ils étaient grands et robustes, typiques des humains qui habitaient dans ces climats nordiques.

Thagrosh s’éloigna de la palissade ; sa présence même était terrifiante pour ces êtres inférieurs. Les humains virent leur chance et la saisirent, sortant de l’enceinte et s’emparèrent des armes.

Sythya ressentait du respect à contre coeur pour les humains. Ils ne fuirent pas, reconnaissant la futilité de toute tentative d’évasion. Ils tirent bon, les armes prêtes.

Sythya et les autres maîtresses des bêtes n’avaient pas besoin de se presser. Elles dégainèrent leurs claymores et chargèrent, poussant leurs voraces à faire de même. Les moments qui suivirent furent un flou sauvage d’acier et de sang, où elle put à peine faire la différence entre son esprit et celui du vorace. Encore et encore, elle sentit ses crocs et ses serres déchiqueter un corps, tout comme elle dû ressentir le solide choc de sa claymore tandis qu’elle se frayait un chemin à travers l’armure et la chair.

Quand ce fut fini, Sythya se tenait avec Kyra et Lyssan, pratiquement indemnes au milieu des cadavres ravagés des quatorze humains.

Thagrosh se déplaça pour se tenir devant elles, regardant Sythya et les autres maîtresses des bêtes avec un regard froid. « Elles se battent bien », déclara-t-il. « Je les emmènerai au sud avec moi. »

Sythya sentit son pouls s’accélérer aux paroles de Thagrosh. Elle avait été choisie pour suivre le Prophète. Aucun mot ne pouvait exprimer sa joie de manière adéquate.

« Vous pouvez avoir ces deux-là », déclara Vayl, faisant signe à Kyra et Lyssant. Les yeux de Thagrosh se rétrécirent. Vayl inclina légèrement la tête et ajouta « avec votre permission, Sythya restera avec moi. »

L’exaltation qu’elle avait ressentie quelques secondes plus tôt s’évapora et Sythya fut presque submergée de désespoir. Elle garda son sang-froid, cependant. Faire preuve de mécontentement face à al décision de Vayl revenait à provoquer un désastre.

« Pourquoi celle-ci ? » Demanda Thagrosh, l’irritation s’ajoutant à sa voix.

« Ces deux-là peuvent mener vos bêtes assez bien », déclara Vayl à Thagrosh. Elle se tourna ensuite vers Sythya. Il y avait un léger sourire aux coins des fines lèvres de Vayl, et Sythya sentit soudainement l’écrasante présence d’Everblight. « Avec une formation. . . supplémentaire, celle-ci peut se révéler digne de plus grande choses. »

« Très bien », acquiesça Thagrosh avec un signe de la main de dédain alors qu’il commençait à partir. « Envoyez les autres au fur et à mesure que vous les trouverez »

67
FORCE D’EXCEPTION VIII

Par Will Shick

Dicer’s Isle, Cinq-Doigts, Ord, Fin 608 AR

Le Seigneur Joln Rockbottom traversa effrontément la taverne Gueuse Saumâtre vêtu de ses plus beaux habits d’amirauté. Bien qu’il se démarque comme un paon parmi les corbeaux, il n’attirait pas particulièrement l’attention des clients de Gueuse, trop intéressé par le contenu de leurs chopes sales que pour se préoccuper de la pompe d’un seul nain. Le manque de fanfare, cependant, ne fit tien pour tempérer la prestance royale de Rockbottom lorsqu’il se fraya un chemin dans l’arrière-salle faiblement éclairée. En poussant la porte de bois brut, il scruta la pièce et vit une silhouette solitaire occupant une table proche du mur du fond. La silhouette était corpulente d’une manière similaire à la propre monture de Rockbottom, et la capuche de sa lourde cape grise masquait ses traits. La façon dont il appuyait sa chaise contre le mur montrait clairement qu’il n’était pas préoccupé par le danger implicite de son environnement. En levant les yeux, le nain encapuchonné laissa la chaise revenir sur ses quatre pieds d’un coup de poing avant de se lever pour saluer Rockbottom.

« Joln Rockbottom. Je suis heureux de constater que l’exil n’a pas fait grand-chose pour mettre un terme à votre sens impérieux de la mode. »

« Oui, bien que cela m’ait légèrement ralenti », Rockbottom tapa son appendice en bois avec sa canne en ébène et soupira. « Une punition que beaucoup en Rhul pensent probablement appropriée. »

« S’ils pouvaient voir les hauts lieux dans lesquels vous vous trouvez, ils pourraient croire que cette punition est suffisante. » Le nain faisait allusion à la pièce environnante, un soupçon d’humeur dans sa voix.

« Rockbottom fronça les sourcils, « La Gueuse peut sembler défraîchie, mais je trouve que les clients posent peu de questions et ne portent pas de jugement sur les affaires dont ils ne sont pas partis prenantes. »

« Tout à fait », répondit le nain encapuchonné et il fit signe à Rockbottom de s’asseoir à sa table. « Je comprends parfaitement la valeur de l’anonymat. »

Rockbottom se déplaça pour s’asseoir aussi gracieusement que possible malgré la jambe de bois qui constituait sa jambe gauche. « Alors, que désire un agent du Conclave à son fils rebelle ? »

« Le Conclave ne demande rien », déclara le nain, « moi en revanche, j’ai une offre appréciable à te faire. » Il s’affala sur sa propre chaise et repoussa sa capuche ; le mouvement provoqua l’ouverture de son manteau et Rockbottom aperçut le manche en acier noirci de la fameuse dague Corbelgriffe – le symbole de la fonction du maître-espion de Rhul. Il fallut toute la volonté, non négligeable, de Rockbottom pour réprimer la surprise qu’il ressentit en regardant dans les yeux l’un des nains les plus puissants de Rhul, Bulin Jhord. Bulin était le frère cadet de seigneur de pierre du Clan Jhord et, dans le cadre d’une longue tradition familiale, il avait été chargé de recueillir des informations pour les clans souverains de Rhul. Il se passait peu de choses à l’intérieur de cette nation à laquelle Bulin n’était pas au courant, et beaucoup, soupçonnait Rockbottom, dont lui seul était au courant.

« Et que peut bien vouloir le porteur de Corbelgriffe à un humble nain tel que moi ? » Demanda Rockbottom alors qu’il enlevait son chapeau d’amiral de sa tête avec un geste ample.

Bulin rit doucement. « Je sais que tu es beaucoup de choses, mais l’humilité est loin d’être l’une d’eux, Seigneur Rockbottom. Cependant, ta situation particulière te donne accès à des ressources dont j’ai grandement besoin. » Pendant qu’il parlait, toute trace d’humour quittait son visage : « La guerre continue de faire rage à travers le continent sans que rien ne l’arrête. Son vorace appétit a même commencé à s’aiguiser aux abords de Rhul. Les rejetons draconiques et leurs maîtres corrompus ont anéanti plusieurs villages. L’Empire Khadoréen ayant à peine digéré ses précédentes conquêtes, observe avidement les ressources de ses voisins. Le Cryx et la Croisade du Nord du Protectorat ont également été remarquées autour nos frontières. » Bulin soupira et Rockbottom vit des cernes autour des yeux du maître-espion. Le poids des responsabilités était gravé de façon indélébile sur son visage. « Maintenant, plus que jamais, j’ai besoin d’agents qui peut aller là où je ne peux pas. Ton Capitaine Shae est un warcaster très respecté et un criminel recherché. Un statut

« Tu ne t’attends pas à ce que je persuade Shae de devenir un espion rhulique ? » Ris Rockbottom. « Tu aurais plus de chance d’épouser l’Impératrice de Khador que de séparer Shae du Meredius. »

Bulin secoua la tête. « J’ai suffisamment d’agents près de chez moi, et mes contacts parmi les Hammerfall et les Horgenhold me permettent d’avoir un aperçu des guerres à l’étranger, du moins là où les mercenaires acceptent de l’argent. Ce dont j’ai besoin, c’est d’informations précises et fiables sur la situation le long de la Côte Brisée. » Bulin croisa les yeux de Rockbottom. « J’ai besoin que tu sois mes yeux et mes oreilles dans des endroits ou aucun autre fils de Rhul ne pourrait aller, et quand la situation l’exige, ma main clandestine. »

Rockbottom sourit à l’absurdité de l’offre. Lui, un agent du maître-espion du Clan Jhord, recherché spécifiquement pour le service du Conclave. « Bien sûr, je serais plus qu’heureux d’aider ma patrie dans ces moments difficiles. J’espère que mon service effacera toutes les prétendues indiscrétions des années passées, y compris les jugements douteux. »

Bulin leva une main : «  Tu te trompes, Joln. Je ne suis pas venu t’offrir un pardon ; de telles choses sont hors de mon pouvoir. Je suis venu pour louer tes services, ou plutôt ceux de ton capitaine. »

L’exubérance de Rockbottom faibli légèrement, mais étant toujours un homme d’affaires hors pair, il ne rata pas la chose. « Si tu cherches à passer des contrats, tu t’es adressé au bon nain. Cependant, garder un navire comme le Talion et son équipage sous contrat ne sera pas bon marché. Et à cela s’ajouterait mes honoraires personnels pour m’exposer à l’envoi de rapports dont tu as besoin. » Rockbottom sentit son enthousiasme revenir alors qu’ils entamaient des négociations.

« Je suis sûr que nous parviendrons à un accord acceptable. L’information n’est qu’une partie du contrat. J’ai aussi besoin de toi pour transporter des hommes et du matériel pour moi à l’occasion », déclara Bulin.
Rockbottom haussa un sourcil. « En commençant par … ? »

« Un détachement de Corps de Carabinier de la Forteresse d’Hammerfall » déclara Bulin. « Peut-être aussi une ou deux Unités d’Assaut Ogrun. »

Rockbottom fronça les sourcils et caressa son menton nu. Une telle mesure n’était pas inattendue de la part d’un homme aussi méfiant que Bulin Jhord. Il doutait que Bulin veuille seulement transporter ses hommes. Il était probablement que les troupes rhuliques à bord du Talion contiennent également des espions triés sur le volet pour s’assurer que le capitaine Shae respecte sa part du marché. « Le Capitaine Shae est un homme suspicieux. Embarquer des étrangers peut-être une tâche difficile s’il croit qu’ils sont employés par quelqu’un d’autre. »

« Alors dis-lui qu’ils font partie du contrat que tu as négocié étant donné l’étendue du travail que je vous fournis. Je suis sûr que tu as suffisamment impressionné les officiers du Talion avec ton sens des affaires. »

« C’est vrai », déclara Rockbottom. « De plus, le Capitaine Shae est un homme occupé. Je le dérange rarement avec les détails de mes arrangements commerciaux. Je pense que nous pouvons faire ce travail, tant que tu es prêt à payer les dépenses supplémentaires que nous engagerions en transportant tes hommes. Les Unités d’Assaut sont aussi réputées pour leur appétit que pour leurs capacités de combat. »

« Tu es un nain dangereux avec qui faire des affaires, Seigneur Rockbottom. » Bulin secoua la tête avec incrédulité. « Très bien, Je paierai l’entretien de mes hommes. »

« Oh, et encore une chose », dit Rockbottom. « Nous avons eu d’occasionnels accrochages avec le Cryx sur des eaux hostiles. Je suppose que vos hommes ne seraient pas opposés à ajouter leurs armes et leur acier à la défense du Talion si le besoin s’en faisait sentir. »

« Bien sûr que non », répondit Bulin. « Je vais demander à mes hommes de suivre les ordres de ton capitaine dans de telles circonstances. »

« Excellent ! » Rockbottom battit des mains. « Le capitaine voudra te rencontrer personnellement. Il aime prendre la mesure de ceux qui nous offrent de l’argent en échange de service. »

« Bien sûr. Mais il y a une dernière condition. Les détails de mon identité et notre arrangement doivent rester entre toi et moi. » Le chef des services secrets indiqua rapidement à Rockbottom son identité de couverture, puis ils se serrèrent la main.

Rockbottom se précipita hors de l’arrière-salle et trouva le Capitaine Shae et le Second-Capitaine Hawk dans la salle, tous les deux manifestement mal à l’aise d’avoir attendu si longtemps. Rockbottom leur assura que leur patience serait amplement récompensée et les fit entrer dans l’arrière-salle et vers la table du fond où se trouvait le chef des services secrets.

Rockbottom présenta chacun de ses compagnons humains alors qu’il s’exprimait. « Puis-je te présenter le Capitaine Phinneus Shae du Talion et sa seconde Hawk. Voici l’agent de liaison principal du Cartel Seaforge, Durek Blackheel. » Bulin fit poliment un signe de tête à chacun d’entre eux alors que Rockbottom poursuivait. « Maître Blackheel et moi, on se connaît depuis longtemps, et il cherche à s’occuper de certaines affaires le long de la côte qui requière de la discrétion. Nous avons élaboré des conditions qui, j’en suis sûr que vous en conviendrez, sont des plus équitables. »

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BATAILLES RÉCENTES

Récit par Douglas Seacat

La série « Batailles Récentes » présente des scénarios qui permettent aux joueurs de participer à des engagements clés au cours des dernières années de guerre dans l’Immoren occidental. Certains d’entre eux représentent de petites mais cruciales batailles où seul le warlock ou le warcaster a changé le cours de l’histoire. D’autres décrivent de grands affrontements impliquant des armées massives et de multiples warcasters ou warlocks.

Les deux batailles importantes suivantes se déroulent en marge des événements décrits dans HORDES:Evolution™. Les joueurs doivent lire la fiction dans Évolution avant de lire contexte de ces scénarios.

LE CHASSEUR CHASSÉ

Angus le Sombre trouva un certain soulagement à s’entourer à nouveau d’arbres et de végétation, même si ceux-ci sont aussi rabougris et clairsemés que dans cette région aride. Ses précédents voyages en tant que chasseur de primes l’avaient amené à travers une grande partie de l’Immoren occidental, mais il avait rarement passé du temps à l’est du Fleuve Noir en bordure des Marches Sanglantes. Il trouva le Lac Scarleforth relativement fertile et vivant, en contraste avec le reste des arides déserts, mais il ne se sentait pas chez lui au milieu de ses paysages austères et de sa verdure en difficulté. Il ne ressemblait en rien au marécageux Octelande de sa jeunesse ou au sombre et envahi Bois des Épines. Il se trouvait certainement à l’extrémité opposée du spectre des forêts hivernales froidement belles du Khador septentrional. Même les plantes qui prospéraient dans cette région boisée au sud du lac semblaient assoiffées et désespérées. Leurs racines nouées s’enfonçaient profondément as un sol largement aride à la recherche des plus maigres gouttes d’humidité.

L’été n’était pas encore arrivé, mais l’air était chaud et suffoquant. L’immense lac au nord, dont il pouvait parfois voir à travers les arbres, tempérait à peine la chaleur. Angus savait qu’ils se rapprochaient d’une chute au nord qui dévalait des rochers pointus jusqu’à la rive en contrebas. Il s’était senti obligé de patrouiller dan cette région, car ces arbres et leur position avantageuse offraient une excellente couverture à tous les adversaires essayant d’approcher le grand nombre de trollkin et de trolls pur-sang qui travaillaient en bas de la pente et plus près du bord du lac, non loin à l’est Angus avait un œil attentif pour les points d’embuscade et cherchait instinctivement les endroits où un homme ou une parentèle avec un fusil pouvait placer une mire sans se faire remarquer. Une certaine forme de paranoïa, peut-être, mais qui lui avait permis de sauver sa peau plusieurs reprises.

« Quelque chose ne va pas. » Il exprima ses pensées à voix haute pour la première fois. Les pygs qui l’accompagnaient le regardèrent nerveusement, levèrent leurs fusils et scrutèrent le sous-bois environnant. À travers les lentilles de vers lunettes, Angus jeta un coup d’oeil à sa droite sur leur leader, un pyg plutôt malin nommé Nargol. « Est-ce que tu le sens ? »

C’était un test, mais Nargol leur semblait désormais habitué. Mais le Sombre refuser de tolérer la compagnie de pygs stupides ou bêtes, et les avait sélectionnés personnellement ses francs-tireurs après les avoir observés de près. « C’était des insectes ici, c’est calme maintenant. » Marmonna Nargol. Ils avaient leur propre dialecte, mais les pys qui passaient du temps avec le trollkin avait fini par apprendre à parler suffisamment bien pour être compris. Nargl agita son fusil devant un petit vol d’oiseaux qui les dépassaient en poussant des cris « Les oiseaux et les vermines n’ s’agitent pas, ils viennent vers nous, fuyant. » Le sombre fit un signe de la tête, satisfait et lui tendit la main pour le faire taire. La faune de la région agissait très étrangement, fuyant devant eux plutôt que de fuir leur avance Quelque chose en avant les avait effrayés. L’air demeurait anormalement immobile, sans les bruits habituels des insectes.

Le Sombre fit signe aux pygs. En regardant Nargol passer, il ne put retenir une grimace et secoua la tête en regardant le pyg bouger dans une parodie extrêmement appropriée de la position et de la posture du Sombre. Il ne s’était pas tout à fait habitué au fait que Nargol avait décidé de l’imiter, bien des parentèles plus habitués à la vie parmi les pygs aient insisté sur le fait que c’était un compliment. Nargol était allé jusqu’à adopter une tenue très similaire à celle du Sombre. Le pyg avait écorché un cerf, cousu ensemble un long manteau trop grand, volé des lunettes skorne à un membre d’équipage de catapulte mort. Elles reposaient sur son front, car elles ne correspondaient pas correctement à ses yeux. Les pygs aimait imiter la parentèle, juste un fait de cette nouvelle vie.

Il y a quelques années, quiconque suggérant que Angus pourrait avoir quelque chose en commun avec un pyg, sans parler d’enseigner à un groupe d’entre eux comment mieux traquer et chasser, aurait dégusté le poing du Sombre. La parentèle de sa jeunesse considérait les pygs comme des créatures primitives et presque embarrassantes qui vivaient plus profondément dans le marais. Son kriel avait refusé de reconnaître toute relation même ténue et considérait les pygs comme aussi stupide que les trolls pur-sang, mais moins utiles au combat. Livrés à eux-mêmes dans la nature, les pygs semblaient se contenter de se blottir au milieu de taudis mal bâtis, nus comme des vers, et ne se réveillaient que lorsqu’ils avaient faim. La première fois que la Sombre avait vu des pygs portant des vêtements et tenant des fusils, il n’en crut pas ses yeux. Il avait demandé à Grissel de le laisser participer à la plaisanterie, pensant que ce devait être une ruse pour distraire les humains, mais elle avait insisté sur le fait qu’ils avaient mérité leur part.

Ce n’est que lorsqu’ils tendirent une embuscade à une patrouille skorne peu de temps après avoir traversé le Fleuve Noir que Angus avait pleinement apprécié ces pygs entraînés et leurs compétences. Il les avait vus faire des signaux avec des gestes de la main et des cris d’animaux et coordonner des attaques avec une précision sans faille. Ils avaient déployé une impressionnante pluie de tirs de soutien pour couvrir une avance de guerriers des kriels, tout en se repliant calmement et en rechargeant. Peu de temps après, Angus avait adopté le groupe comme sien et commençait à s’enthousiasmer à l’idée de les diriger. À ce jour, il avait développé une certaine affection bourrue pour ce groupe, même pour l’imitateur Nargol.

Comme tous ceux inspirés par Madrak Cuirdefer, un objectif plus durable les motivaient à présent. Une partie intrinsèquement méfiante de Angus, ne faisait pas entièrement confiance dans l’impact profond que le chef avait sur ceux qui l’entouraient, même s’il en ressentait lui-même l’attraction. Sinon, se demanda-t-il, serais-je ici ? Il pensa à sa brève conversation avec Madrak alors que la parentèle voyageait vers le nord, et à la promesse de Angus d’aider Grissel. S’il n’en parlait pas à voix haute, il avait trouvé cette tâche plus satisfaisante qu’il ne l’aurait imaginé. Cela répondait à un besoin plus profond dont il ignorait l’existence.

Ses omoplates se contractèrent et il s’empara de la crosse de Chasseur de Têtes, content d’avoir déjà glissé une cartouche en soie dans la culasse. Quelque chose d’anormal agitait l’air, et il pouvait presque goûter à l’imminente violence. Son humeur avait infecté les deux trolls pur-sang avec lui, les deux Empaleurs récemment placés sous son contrôle depuis le Bois d’Épines. Leur conscience de l’environnement amplifia la sienne, mais Angus la repoussa pour se concentrer sur ce qu’il pouvait voir à travers les verres de ses lunettes améliorées. Les feuilles se séparent devant sa vision et devinrent translucides lorsqu’il pénétra le feuillage. Quelque chose, presque au bord de sa capacité à percevoir, remua dans l’air au loin. À travers l’immobilité artificielle des bois et la chaleur palpable de l’air, la menace montait telle la marée.

Il les vit enfin : de gracieuses formes avançant avec une incroyable rapidité à travers les arbres, totalement silencieuses et sûres d’elles. Alors que les pygs s’enfonçaient devant lui dans les broussailles, il se figea et se concentra, essayant de comprendre ce que ses yeux lui disaient Il voyait des animaux avec des bois, familiers et pourtant complètement déplacés, avec de minces et musclés cavaliers vêtus de cuir sombres et portant des arcs. Ils n’avaient pas encore commencé la chasse – ils n’avaient pas remarqué la position du trollkin – mais ils s’avançaient vers lui.

Angus étendit son esprit et puisa dans la force du plus proche de ses trolls pur-sang, sentant sa puissance couler dans ses membres alors qu’il relevait Chasseur de Têtes. Il leva son lourd fusil et vit un tir impossible à travers les arbres. Il trouva le destrier avec les bois et visa juste un peu plus haut. Il pressa la gâchette et un écho se fit entendre à travers le bois, mais les oiseaux qui se seraient envolés paniqué étaient déjà partis. Le cavalier bascula de son destrier dans une gerbe de sang, ce qui suscita chez Angus un sentiment satisfaction.

Alors que ses doigts s’activaient à recharger, il déploya son pouvoir pour insuffler les pygs, les préparant ainsi que ses trolls. Les cavaliers survivant s’avancèrent, engloutissant la distance entre eux d’une manière incroyablement rapide ; les arcs levés, cherchant la menace qui les attendait. Les fusils des pygs émirent un rapide staccato, et un autre destrier boisé chuta. Le Sombre pouvait ressentit les empaleurs qui préparaient leurs propres projectiles. À ce moment, le scintillement d’un mouvement bien au-delà des cavaliers attira l’attention d’Angus. Quelque chose de vaste se déplaçait au-delà d’eux, comme si l’horizon tout entier grouillait de vie.

Des flèches s’abattirent à travers les arbres. La plupart s’égarèrent, mais un pyg nommé Gunit en choppa une en travers de la gorge. Le Sombre accepta enfin ce qu’il avait vu. Au-delà de ces cavaliers en avant, il y avait une vaste force et se déplaçant rapidement – rejetons draconiques et nyss à perte de vue. Nombreux. Beaucoup trop nombreux. Ils ne devraient pas être là, et pourtant ils étaient là.

Alors même que son fusil tonnait à nouveau et qu’il sentait le lourd poids des lances des empaleurs comme projetées par ses propres bras, alors même que les autres cavaliers versaient de leurs étiers, mort, Angus commença à bouger. « Courez ! » cria-t-il aux pygs. À travers les arbres, une corne retentit, et la chasse débuta.

CONTEXTE

À al fin du printemps 607 AR une force miste de trollkin, de pygs et de trolls pur-sang prirent le risque de revenir dans les régions qu’ils avaient autrefois occupées à l’est du Fleuve Noir. Menée par Grissel Chantesang et accompagnée par l’ancien chasseur de primes Angus le Sombre, cette force est allée localiser et récupérer les importants biens abandonnés pendant les premières escarmouche avec les envahisseurs skorne. Une certain nombre d’importantes et inestimables pierres de kriel demeuraient dans les environs et Grissel et ses alliés réunis étaient déterminés à les ramener dans les kriels déplacés.

À l’insu des trolloïdes, une vaste armée de la Légion d’Everblight s’avançait à ce moment-là sur leur position. Everblight n’avait aucun intérêt particulier pour les villages en ruines le long du lac, se concentrant plutôt sur le fait d’atteindre le Chateau des Clés pour trouver tuer le dragon blessé qui se cachait sous les ruines depuis des siècles. Composée de la majeure parties de warlocks et de rejetons draconiques d’Everbight, cette armée avait à plusieurs reprises écrasé chaque distraction ou obstacles intervenant.

Les éclaireurs de cette horde ont rencontré Angus le Sombre et une petite patrouille de pygs francs-tireurs près des rives du lac, donnant lieu à une course-poursuite meurtrière. Si Angus n’avait pas échappé à ces éclaireurs pour avertir Grissel Chantesang, la Légion aurait probablement surpris et submergés les warlocks trollkin et coûté cher aux kriels assiégés lors des cruciales batailles à venir.

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LES RENCONTRES DE PENDRAKE

LA MORT DANS LES MARCHES, 1ʳᵉ PARTIE

Par Viktor Pendrake (Transcrit par Doug Seacat et Nathan Letsinger)

C’était un vieux truc d’éclaireur, et j’aurais dû m’attendre à l’embuscade si j’avais été au top de ma forme. Au lieu de cela, ma curiosité a failli coûté la vie à mon ami Quimut. Nous avions mené nos chevaux chargés d’approvisionnement dans un ravin peu profond en suivant la piste de notre proie, mais nous ne savions pas qu’elle nous avait contourné et était à présent derrière nous. Il était tôt le matin dans les Marches, et la chaleur s’était levée avec le soleil, promettant d’exténuantes températures à venir. Nous aurions dû chercher de l’ombre et un abri, mais j’étais convaincu que nous étions proches. En passant devant un rocher balayé par le vent, j’ai découvert à quel point nous étions proche lorsque j’ai remarqué du coin de l’oeil l’éclat d’une lame d’acier tourbillonnante.

   J’ai chuté juste au moment où l’énorme lame incurvée passait devant moi et s’enfonçait dans le sable rouge où je me tenais. En me relevant, j’ai dégainé mes lames alors que Quimut déployait son éventail de guerre et que les chevaux hennissaient de peur. Distrait par l’agresseur qui m’avait presque tué, Quimut ne vit pas l’autre le flanquer – celui qui nous avait contourné – jusqu’à ce que je crie. Peu d’hommes sont aussi rapides que mon guide idrien, mais malgré cela, il a échappé de justesse au grand coup. Nous nous sommes mis dos à dos, nous sentant dépassés par notre proie devenue chasseur.

   Il y eut une pause tandis que nous nous considérions avec tension en attendant le prochain mouvement. J’ai rassemblé mes esprits et j’ai réfléchi à ce quoi nous étions confrontés. Nous avions suivi un groupe de skorne depuis un village de trollkin massacrés jusqu’au dernier enfant trollkin près de du Lac Scarleforth. Parmi les traces skorne se trouvaient celles de ces plus grandes créatures. Je supposais maintenant que ces deux brutes étaient revenues pour s’occuper de nous pendant que les autres continuaient.

   Nos ennemis mesuraient près de deux mètres de haut dans une armure plaquée distinctive de style skorne, ainsi que de falchions brutaux tant ils étaient grands. Ils portaient un casque clos et à visière qui présentaient une apparence particulièrement inquiétante. J’avais supposé que les skorne avait enrôlé une race d’ogrun inconnue quelque part dans les Marches. Je n’aurais pas pu plus me tromper.

   Le combat a repris de plus belle – les grands revers de mon ennemi visaient avec une perspicacité presque surnaturelle comme si cette créature connaissait mes mouvements avant moi. Mon manque d’allonge me désavantageait gravement, alors j’ai plongé sous ses coups et j’ai poignardé son aine moins protégée. La créature est tombée à genoux après quelques entailles de choix.

   J’ai arraché le casque de mon adversaire avec une frappe latérale et je me suis figé de surprise pendant un moment. Un visage étranger, si différent d’un ogrun, me regardait fixement qu’il n’y avait aucune chance qu’il y ait la moindre relation. Un seul grand œil torve me fixait sous un front maussade. La créature n’avait pas de nez. Il y avait seulement une paire de fente étroites dans son visage lisse, sous lesquelles se trouvait une énorme bouche avec un assortiment de minces crocs en retrait dans sa lèvre supérieure.

   Un cri de douleur de Quimut m’a ramené au présent. Survie avant l’étude – j’ai plongé mon poignard profondément dans la gorge à la peau rugueuse de la créature, achevant sa vie par un jet de sang chaud. Alors même que je me tournais vers Quimut, mon esprit était sous le choc par les implications de ce que j’avais vu – un humanoïde borgne comme je n’en avais jamais entendu parler, portant une armure skorne. Mon excitation est montée au-delà de l’adrénaline du combat, car je me suis dit que j’allais affronter une nouvelle espèce d’Immoren oriental, amenée d’au-delà des Terres des Tempêtes.

   Les choses semblaient désastreuses pour Quimut, dont l’éventail de guerre avait été dévié et écrasé en une masse inutile sur le sable rouge. Il regardait avec une horreur choquée le falchion enfoncé à mi-chemin dans son torse. Je soupçonne que s’il n’avait pas partiellement intercepté le coup, il aurait pu être coupé en deux. Son bras gauche pendant mollement et le sang s’écoulait d’une sérieuse entaille, et il se débattait faiblement pour tirer sa fine lame d’ivoire Kaelra avec son bras droit. La créature surdimensionnée qui lui avait infligé cette énorme blessure était immobile et tordait lentement la lame comme si elle appréciait la douleur d’impuissance de Quimut.

   Je n’ai ressenti aucune culpabilité d’avoir profité de mon positionnement pour charger la brute borgne. Je lui ai infligé une blessure mortelle dans le bas du dos qui a provoqué un hurlement inarticulé. Il a tournoyé pour me décapiter avec sa lame, mais j’ai esquivé à temps. Nous avons échangé des coups jusqu’à ce que la robuste créature pisse enfin le sang. Ce n’est alors que j’ai réalisé que j’avais subi plusieurs petites blessures. J’étais beaucoup plus préoccupé par Quimut et je me suis dépêché de voir ce que je pouvais faire pour lui. Heureusement, j’avais apporté une réserve de produits curatifs alchimiques pour une telle occasion, mais même ainsi, il a frôlé la mort. Je crains que Quimut ne se remette jamais complètement de la blessure grave. Il a plaisanté avec moi que ses journées dansantes étaient finies, et je l’ai pris comme un signe qu’il passerait au moins toute la nuit. Une fois celui-ci sécurisé et hors du soleil punitif, je me suis senti obligé de revenir et d’inspecter les créatures que nous avions combattues.

   J’ai rapidement décidé de les appeler « cyclopes d’un ancien terme caspien qui signifie littéralement « un oeil ». Grâce à une extraction minutieuse, j’ai pu conserver l’un des énormes orbes charnus pour une dissection ultérieure. Au cours du processus, j’ai découvert une série de cicatrices inexplicables sur le crâne de chaque cyclope, peut-être révélatrices d’une automutilation ritualisée, ou peut-être d’une altération délibérée par les skorne. Je suis impatient d’en apprendre davantage sur ces créatures et sur leur comportement dans la nature.

   J’ai été envoyé ici à l’origine par le Commandant en Chef des Éclaireurs en personne pour enquêter dans les régions inexplorées des Marches Sanglantes. Il avait rassemblé tous les éclaireurs qu’il avait pu trouver et qui connaissaient la région, même de loin, dans l’espoir de confirmer les rumeurs de nouvelles créatures étranges et une activité accrue des skorne. Il est clair pour moi que j’ai justement trouvé cette preuve.

   L’astuce consiste maintenant à envoyer un message à l’Armée Cygnaréenne à Corvis et à les informer de la présence de ces créatures. Les skorne que je suivais sont toujours devant moi, et je n’ai pas l’intention de faire demi-tour pour l’instant. Si vous lisez ceci, il est clair que j’ai réussi à trouver quelque entre les mains duquel je pourrais faire confiance pour cette mission. Veuillez à bien les récompenser de leurs efforts. Il est censé y avoir un autre village trollkin près d’ici. Si nous pouvons le trouver – il n’a pas souffert de la même manière des mains des skorne – peut-être est-ce là que je pourrai recruter un messager et laisser Quimut récupérer complètement. Je continuerai à avancer seul dans les sables rouges de cette terre dévastée, si besoin est, et j’essaierai de trouver un moyen d’envoyer d’autres informations au fur et à mesure que je les trouverai.

70
LES RENCONTRES DE PENDRAKE

J’étais résolu à retourner dans la crypte de Dame Methilde de Llorvast, en partie pour récupérer les restes de mon ancien assistant, Jek, mais surtout pour me venger de la Vierge de Tombe qui l’avait tué. J’ai obtenu la meilleure arme possible contre un tel monstre mékanique, les services d’un certain Uriah Graydon, membre de la compagnie mercenaire Cerbère, qui gagnent leur vie en chassant les warjacks. Bien qu’il s’agisse peut-être d’une profession insensée et suicidaire, ils sont hautement recommandés et pour la tâche solennelle de venger un vieil ami et de récupérer ses restes, je voulais le meilleur, que la dépense soit damnée.

   Voir à nouveau la vieille tombe m’a refroidi. Je ne pouvais pas bannir la pensée de cette tueuse de fer attendant juste de l’autre côté de ces immenses portes afin d’achever ce qu’elle avait débuté il y a une demi-décennie. La porte de la chambre intérieure, une trappe mékanique complexe comme les coffres des banques de Caspia, aurait complètement bloqué un intellectuel comme moi et il avait fallu une heure à Jek pour la franchir la première fois. Uriah, cependant, l’attaqua sans hésitation. Avec quelques coups de sa flasque, deux clés et une profusion de juron qui feraient rougir un marin ordique, la porte s’ouvrit légèrement. Un entrebâillement, et pas très utile à une retraite rapide, mais nous étions parvenus à rentrer en quelques minutes seulement.

   Nous nous sommes faufilés derrières les engrenages et les ressorts détruits, un exploit pour un corpulent tordoréen, et à l’intérieur, nous avons été accueillis par l’obscurité. J’ai allumé ma lanterne, entièrement préparé à regarder une scène à ce jour révolue, mais j’ai eu à la place une sinistre surprise.

   Quelqu’un avait tout changé. La lumière de la lanterne illuminait toute la crypte qui semblait neuve, et je suis entièrement d’accord. À ma connaissance, personne d’autre n’était entré ici, seule la Vierge, et les créations autonomes comme elle n’accomplissait qu’une seule tâche ; les créatures mécaniques ne peuvent pas évoluer ou apprendre, pas comme les cortexes actuelles, et je l’ai fait remarquer à Uriah.

   Il a ri, disant que je « ne passais pas assez de temps avec des vieux ‘jacks », tandis qu’il chargeait une bastos dans son gros flingue. C’était la plus grande arme à feu que j’avais jamais vu sans un affût de canon, et la confiance avec laquelle Uriah le manipulait m’a rassuré plus que je ne voulais l’admettre.

   J’ai lentement déplacé la lumière à travers la pièce, et je l’ai vu. Le corps de Jek était posé sur une table tel une offrande et, l’émotion l’emportant sur la logique, je suis dirigé vers lui. Uriah a crié, mais j’ai compris son avertissement, les murs avaient été nettoyés et réparés. L’équipement que nous avions déposé ne traînait plus. Il semblait que les mille ans depuis l’inhumation de Dame Methilde – de ce moment à aujourd’hui – ne s’étaient jamais écoulé. Uriah eut un mauvais pressentiment que la Vierge apparaissait.

   Cette salope de Vierge de la Tombe nous avait tendu une embuscade. Elle bougea, une brume d’acier rouillé, et m’aurait probablement coupé en deux si ce n’était la gâchette rapide de mon compagnon. Je suis tombé en arrière alors que son arme à feu sonnait et j’ai cru que la crypte allait s’effondrer sous le bruit. Le coup de feu a fendu la visière de la Vierge et l’a renversé. Je suis demeuré dans le silence tonitruant, choqué. Un construct comme celui-ci pouvait-il vraiment faire une fixation et planifier et attendre toutes ces années mon retour ?

   La Vierge tressaillit une ou deux fois pendant que Uriah rechargeait, mais elle ne se releva pas. Nous avons attendu une minute avant de décider qu’elle était « morte » et Uriah a attrapé sa pique pour commencer à la désosser. Au moment où il l’atteignait, j’entendis le doux gémissement de petits engrenages et elle se releva d’un bond. Une gifle du dos de la main renversa Uriah et elle vint directement vers moi. Elle avait fait la morte et avait pris par surprise Uriah. Elle aurait pu facilement le tuer, mais elle me voulait.

   J’ai paré deux coups et mon armure en a arrêté un troisième ce qui m’aura néanmoins contusionné durant une semaine, mais je n’ai pas pu tenir longtemps. J’ai trébuché et elle a levé son hallebarde, mais au lieu de frapper, il n’y eut que le bruit d’engrenages et des étincelles depuis ses épaules.

   Uriah, le sang ruisselant d’un nez cassé et d’une lèvre fendue, avait enroulé un épais filet métallique autour de ses jambes et s’était mis à lui enfoncer une clé à molette dans son cou – souriant et chantant une chanson ordique sans cesse, s’amusant visiblement. La Vierge vacilla et sauta, et je jure que je l’ai entendu grogner. Elle s’est battue contre le lourd filet, débattue contre les mécanismes qu’Uriah avait bloqués puis laissa échapper un sifflement aigu que je ne pourrais décrire que comme la voix chantante d’une locomotive. Elle s’agenouilla et Uriah me dit que travail ne tiendrait pas éternellement. J’ai enfoncé ma fidèle épée courte dans sa visière, recevant un jet de crasse vieux de plusieurs siècles, qui a probablement été autrefois de l’huile, pour ma peine. Quelques frissons, un gémissement et la Vierge de Tombe s’immobilisa.

   Je demeurai aux aguets une heure durant pendant qu’Uriah la démontait morceau par morceu – il pouvait conserver ce qu’il voulait. – mais je m’attendais à moitié à ce que cette chose recommence à bouger dans mon sac à dos. Je suis resté nerveux longtemps après avoir enterré Jek à Ceryl, et Uriah et moi nous sommes quittés à Port Bourne.

   L’idée que les machines puissent apprendre et penser est stupéfiante. Pour vous dire la vérité de Morrow, je me suis retrouvé à sursauter au tic-tac de ma propre montre de poche.

71
LA MÈCHE ALLUMÉE

Par Doug Seacat

Ashlynn ressentit une explosion d’excitation familière alors qu’elle insufflait de la vitesse à ses membres, sprintant vers l’avant et à travers l’ouverture irrégulière du mur en ruine. Les khadoréens avaient occupé ces vieilles ruines, utilisant ses murs délabrés comme dépôt d’approvisionnement. Le mur avait été percé à plusieurs endroits lors de guerres depuis longtemps oubliées ; elle avait choisi une ouverture plus proche du scintillement d’un feu de joie au-delà. Elle dit à son groupe de bataille, un Vanguard, une Mule et un Nomade, de faire un contourner à gauche vers l’entrée de la route principale.

   Passant par l’ouverture irrégulière, elle arriva au milieu d’un groupe de Garde des Glaces blottis autour d’un feu, juste là où elle s’attendait à ce qu’ils soient. Le tranchant de Némésis étincela, sa pointe traversant la gorge d’un garde avant qu’il ne puisse atteindre sa hache puis s’inversant d’un mouvement fluide pour empaler celui de l’autre côté. Elle se tourna et vida son pistolet droit dans la poitrine d’un troisième, puis regarda en arrière juste à temps pour bloquer le balancement de là hache d’un quatrième, celui-ci avait rassemblé ses esprits. Elle passa devant l’arme pour enfoncer sa lame dans ses yeux, et profondément dans son crâne. Tirant Némésis, elle se précipita sur le sol fraîchement ensanglanté pour enfoncer la longueur de la lame profondément dans l’estomac d’un cinquième, le paralysant pour qu’il se vide de son sang plus lentement sur le sol.

   Un homme de ce groupe demeurait, à quelques mètres à droite, là où il avait récupéré du combustible d’une pile de bois coupé. Il laissa tomber son fagot et ne prit pas la peine d’attraper sa hache, détalant à plat ventre, son visage un portrait de terreur. Il courut vers une sentinelle le long du mur proche de la route principale, un homme venant de se retourner au son de son tir, levant son tromblon. Ashlynn tendit la main. Parfaitement synchronisé pour coïncider avec l’arrivée du garde en fuite, un tourbillon s’éleva du bout de ses doigts dans l’air pour les intercepter tous les deux, les chopant et les rompant tandis qu’un nuage de poussière et de débris persistait.

   Elle n’eut pas le temps de ressentir de la satisfaction en remarquant un mouvement du con de l’oeil, vers le haut et vers la droite, au sommet d’un tour que ses éclaireurs lui avait dit vide. Elle culbuta sous l’effet de la détonation d’un fusil – quelque chose rasa sa tête et s’enfonça dans la terre derrière elle. D’autres détonations suivirent alors qu’elle plongeait sous une meilleure couverture ; une pile de caisses en bois scellée. Une horloge mentale tournait dans sa tête, sachant que ses warjacks se dirigeaient vers l’entrée de la route principale, les soldats derrière eux. Si elle ne bougeait pas pour les soutenir, ils auraient des ennuis.

   Elle envoya un ordre mental à la Mule pendant qu’elle rechargeait son pistolet, l’appelant vers elle. Elle laissa le Nomade et le Vanguard poursuivre vers la grande entrée. Elle entendit le bruit sourd du canon d’un Destructeur et retint son souffle jusqu’à ce qu’elle entende l’explosion, sachant, en regardant à travers les yeux du Nomade, que le tir avait dévié, manquant à la fois ses ‘jacks et ses soldats. Elle s’était endurcie face à la mort au cours de deux dernières années, mais parmi ces hommes, il y avait plusieurs véritables amis. Entre les Man-O-War à l’intérieur et les tireurs embusqués, ls seraient abattus en quelques minutes. Le dernier garde, celui qu’elle avait empalé, n’était pas tout à fait mort, gémissant et essayant de ramper vers le feu. Elle baissa son pistolet vers lui « Où est Irsuk ? » Cela lui faisait mal de parler khadoréen, mais elle savait que les occupants n’avaient pas pris la peine d’apprendre sa langue.

   Le soldat mourant était déconcerté. Il haleta, « Irusk ? Pas ici … Kovnic … » Ses lèvres devenaient bleues.

   Elle sentit une rage monter en réalisant que ses informations devaient être fausses, ou qu’ils lui avaient peut-être tendu un piège. Ce ne serait pas la première fois. Elle savait que sa première tâche était d’abattre les Faiseurs de Veuves qui se cachaient dans la tour.

   Elle appela la Mule, laissant circuler son énergie dans la bête, et la fit se stopper et alimenter sa Catapulte, détournant la vapeur normalement destinée à ses jambes. « Détruit la tour ! » Lui ordonna-t-elle et entendit le wouf satisfaisant alors qu’il propulsait son obus surdimensionné.

   Ce n’est qu’à ce moment qu’elle réalisa la nature probable des caisses à côté desquelles elle se cachait, au pied de cette même tour. Il s’agissait d’un important point de ravitaillement khadoréen en munitions. Ses yeux s’élargirent lorsqu’elle aperçut le symbole du Creuset Doré sur les caisses à côté de l’Étoile rouge Khadoréenne.

   Elle sauta de derrière la caisse, dégringolant à travers la voie ouverte vers l’ouverture du mur par laquelle elle était passée. Elle se retourna en tombant, tendant sa main en direction de la tour, libérant sa magie sur les tireurs embusqués qui pointait leurs fusils. Des éclairs brillants combinés à un hurlement déchirant éclatèrent de la tour. Cette distraction suffit pour les empêcher de tirer avant que l’obus explosif de la Mule ne s’écrase à la base de la tour, et elle fut effacée par une énorme explosion, rendue doublement intense par les caisses voisines qui éclatèrent en explosions rapides comme les feux d’artifices du Festival des Dix. Une vague de chaleur la heurta et la projeta sur le dos alors qu’elle atterrissait juste en dessous du mur en ruine, le feu grondant au-delà de sa forme recroquevillée.

   Elle ne s’évanouit pas, mais fut hébétée un moment, jusqu’à ce qu’elle voie un visage familier se profiler devant elle. Le rynnish secoua la tête et tendit une main pour la tirer sur ses pieds. Un pistolet élaboré gravé de runes rougeoyantes dans son autre main. « C’était stupide. Pourquoi devoir faire ces choses ? La Résistance n’a pas assez de warcaster à sacrifier … »

   Ashlynn fronça les sourcils, son attention partagée alors qu’à travers son lien, elle ordonnait à son Nomade de charger le Destructeur qui tirait un autre coup. Elle dit à la Mule de rattraper les autres et de fournir un tir de couverture à l’entrée principale. « Ton inquiétude est prise en compte, mais nous en discuterons plus tard. Tes hommes se dirigent vers un mur d’armure à vapeur. »

   Son visage était grave. « Il y a plus de khadoréens qui remontent la route derrière nous. Et cet endroit est bourré de caisses d’explosifs.

   Elle sourit tristement alors qu’ils couraient pour rattraper les autres, entendant les bruits de la bataille, « je suis d’accords de laisser aux khadoréens quelques provisions de moins … »

72
FORCE D’EXCEPTION XIV

RESPECT DU COMMANDEMENT

Par Michael G. Rayn

Forêt du Bois d’Épines Occupée, au sud du Lac d’Eaux-Aveugles, au nord du Fleuve de la Langue du Dragon, début 608 AR.

I

« Certains Faiseurs de Veuves pourraient avoir pitié de toi, junior », déclara Markus « Siège » Brisbane au compagnon derrière lui. « Tu as un angle mort qui va te tuer. »

« Où ? » Demanda Murrough, puis il serra la mâchoire. « Où, monsieur ? »

« Partout. Tu es trop distrait. Tu m’écoutes ? Et toi, Saito ? Lieutenant Saunders ? »

Tous les quatre, ils se frayaient un chemin à travers les sous-bois de la forêt, trois compagnons warcasters étroitement groupés, Siège devant. Leurs warjacks – trois Chargeurs derrière les deux Chasseurs de Siège – étaient, selon l’opinion de Siège, trop groupés.

« Monsieur », dit Emily Saito, « les éclaireurs auraient dû atteindre le fort. »

Quand elle hésita, Brisbane dit : « Tu as quelque chose à dire ? »

« Oui. Non. Je veux dire, j’allais juste demander si … »

Eoin Sanders lui coupa l’interrompit. Son Chargeur haletant, se déplaçait de manière synchronisée avec lui. « Vous pensez que nous allons enterrer des khadoréens aujourd’hui, Major ? »

« Monsieur », interrompit Murrough, « Je pense que ce que le Lieutenant Saito allait dire était, selon nos cours de tactique à l’académie, que nous sommes assez près de la fortification pour attendre le retour des éclaireurs. Aussi- »

« Je t’entends, mais je ne l’entends pas. Elle ferait mieux de retrouver sa voix si elle veut commander », déclara Siège. Quand Saito rougit, il ajouta : « Tu n’es plus dans une salle de classe, mon gars. Ne me cite pas tes manuels scolaires. »

« Ces salauds de rouges », intervint Saunders, « ont le culot de foutre une garnison si près de notre frontière. J’ai hâte d’en descendre quelques-uns. »

« Tu auras ta chance, Lieutenant », déclara Siège le fusillant du regard.

À la lisière des arbres, les sous-bois dégagés et un trio de chevaux approchant dans la lumière tamisée du soleil, mages balisticiens Tempête-Flamboyante sur leur dos. Leur lieutenant descendit de cheval et s’approcha du major tandis que les compagnons warcasters se taisaient et attendaient.

II

Les khadoréens avaient réaménagé une ruine abandonnée pour créer une fortification hâtive. Plus important encore, ils étaient partis. Des fusils et des tromblons gisaient éparpillés autour de l’épave du Juggernaut dans la petite cour. Siège ignora les marques de griffes profondes dans le blindage ravagé du Juggernaut ; au lieu de cela, il parcourut le périmètre de la clairière du fort, laissant les compagnons warcasters attendre dans la cour.

« Où sont les corps ? » Demanda Emily Saito, regardant nerveusement autour d’elle.

Saunders haussa les épaules. « On s’en fout ? »

Murrough déclara : « Peut-être qu’ils se sont retirés et ont emportés leurs morts avec eux. »

Saunders secoua la tête. « Les khadoréens ne battent généralement pas en retraite, junior. »

« Je l’accepte de lui, Eoin », dit Murrough, « pas de toi. » Saunders l’ignora.

« Il revient » dit doucement Emily Saito.

Siège laissa son Chasseur juste à l’extérieur du passage voûté alors qu’il revenait dans la cour. « J’ai trouvé leur trace. »

« Protectorat ? » Demanda Saunders.

« Cryx. »

« Alors ce sont des marques de griffes de Massacreur. » Saunders fit un signe vers le chassis du Juggernaut. « Et il n’y a pas de corps khadoréens, car les cryxiens les ont emmenés pour les réanimés comme nécroserfs.

« Évaluation solide. Vous trois, restez en alerte ici pendant que je les poursuis. » Siège désigna les trois Chargeurs et le Chasseur dans la cour. « Les Flamboyantes surveilleront votre périmètre. »

« Attendez », dit Emily Saito. « On ne va pas avec vous, monsieur ? »
« Tu m’as entendu. »

« Je pense que c’est d’un aveuglement violent. Monsieur. » Dit-elle.

« Vous avez vos ordres, Saito. » Siège fit face à Saunders. « Je ne reviendrai quand je saurai où ils sont allés. Jusque-là, c’est toi qui commandes. »

Saunders hocha la tête et Siège regarda Murrough, qui se tut. Le major se retourna vers le tunnel, appelant le lieutenant Tempête-Flamboyante à ses côtés.

Une fois Siège disparu, Saunders commença à ramasser les débris du Juggernaut et Murrough se pencha à l’ombre du mur de la cour. Emily Saito s’accroupit à côté de lui.

« Je suppose que tu n’es pas aussi excitée que t’entraîner sous les ordres de Major Brisbane que tu ne l’étais lorsqu’ils nous l’ont dit à l’Académie. » Déclara-t-elle.

« Murrough haussa les épaules. « C’est bon. Je ne m’attendais pas à être son préféré. »

III

Quand il arriva à la division de la piste cryxienne, Siège reconnu la tactique de leurre. Alors que la première piste continuait vers le nord, le gros des cryxiens avait fait demi-tour, couvrant négligement leur seconde piste. Leur helljack, le Massacreur, comme en témoignent ses grandes trace de griffes – suivait derrière une multitude de nécroserfs. Sur la piste devant eux, en plus des nécroserfs se trouvait une sorte de massif humanoïde.

Ils savaient qu’il allait diviser ses propres forces.

Alors même qu’il rebroussait chemin vers le sud, pour rejoindre ses compagnons warcasters, les cryxiens qui l’attendaient le chargèrent depuis l’ombre de la profonde forêt.

Siège se prépara, ordonnant au Chasseur à ses côtés d’ouvrir le feu alors qu’il se rapprochait de celui-ci qu’il avait laissé au fort pour rechercher des attaquants là-bas également. Pour le moment, d’après ce qu’il pouvait voir, ils étaient en sécurité.

Son lance-missiles tonna et des nécropantins furent projetés en l’air. Les survivants — y compris ceux qui n’avaient pas été mutilés par l’explosion — n’ont pas été découragés. Il alla à leur rencontre, mais alors que Havoc dévastait ses ennemis, la forêt derrière lui se sépara.

Une nécro-bute fonça sur Siège, rugissant à assourdir la forêt. Siège tint bon, se retournant pour faire face à des attaques venant de multiples directions.

Puis vint le Chargeur. Écrasant tous sur son passage, il ne lui appartenait pas, mais quand il tira avec son canon long dans le dos de la nécro-brute, Siège s’en moqua. Il ouvrit le feu avec son lance-missiles et la nécro-brute se retrouva sous un feu croisé, s’agitant sans réfléchir avec ses gantelets à vapeur.

Ce fut fini en quelques minutes. La nécro-brute s’effondra dans une masse de sang et de métal. Bientôt, les nécropantins restants furent également détruits, et Siège se retourna alors que Saunders s’approchait avec sa lame mékanique à la main.

« Je parie que vous êtes content de me voir, hein, Major ? » Dit-il.

Siège répondit : « Je t’avais demandé de rester sur place. »

« J’ai entendu votre lance-missiles, alors j’ai accouru pour te couvrir. » Saunders sourit. « Comme vous l’auriez fait. »

Siège tendit son esprit, trouva le Chasseur qu’il avait renvoyé au fort et parcourut les ruines de son point de vue. Des nécroserfs escaladaient déjà les remparts du fort alors que les Tempêtes-Flamboyantes leur tiraient dessus à couvert. Siège fut surpris de voir que leur helljack n’était pas un Massacreur ; au lieu de cela, un Enragé, son superviseur, une liche à trois face, se déplaçant derrière lui, passait le passage de la porte

« Bouge », ordonna-t-il, poussant Saunders vers le fort. « Tu as abandonné ton poste. »

Démarrant, son sourire disparu, Saunders le précéda. Lorsque Siège décrivit son plan d’attaque, le compagnon gronda en réponse.

Alors qu’ils pénétraient la clairière du fort, Siège se concentra sur le rassemblement de ses réserves arcaniques internes avant de pointer le canon long de son Chasseur sur le dos de l’Enragé. De part et d’autre, dans la cour, il pouvait voir Emily Saito et Murrough, les lames mékanique et pistolets dégainés.

« Maintenant ! » Ordonna-t-il à Saunders et déclenchant à la fois la puissance du canon du Chasseur et sa propre force de volonté. L’attaque arcanique qu’il lança affaibli suffisamment le blindage de l’Enragé pour laisser ses composants internes vulnérables à l’explosion tonitruante du long canon de son Chasseur. Le projectile explosa sous le torse blindé du helljack. Son superviseur, la liche de fer insectile, se retourna deux des trois visages repérèrent Siège et Saunders alors qu’ils chargeaient depuis la forêt.

Saunders ordonna à son propre Chargeur, cependant, arrivé trop tard. Il avait attendu trop longtemps, et au moment où il ouvrit le feu, l’Enragé était déjà au contact de Murrough.

Lorsque le warjacks de Saunders tira, celui-ci rata complétement l’Enragé. Au lieu de cela, il souffla Murrough, aspergeant le mur derrière lui de sang, un bras démembré virevoltant sans grâce dans l’air.

Emily Saito vacilla, ses yeux oscillant entre l’Enragé et son camarade tombé au combat. Lorsque Siège fit un mouvement furieux, elle s’agenouilla pour s’occuper de Murrough tandis que le major et Saunders affrontaient le helljack et son superviseur.

Même sans elle, la bataille était inégale – entre son lance-missiles, son merlin de guerre et les Chasseurs, Siège aurait pu le gérer seul. Le Chasseur de Saunders le soutenant, cela se termina en quelques secondes. La lueur de l’Enragé s’éclaircit alors que des morceaux de blindage explosaient de son corps, puis s’éteignit à mesure que ses composants internes étaient réduits en pièces. L’Erangé s’effondra sous les tirs combinés, et les nécroserfs furent détruits. Le superviseur liche de fer se jeta furieusement contre Siège, résigné à sa mort alors même que Siège soulevait son merlin de guerre pour le détruire.

À ce moment-là, Murrough avait également renoncé.

Siège et Emily Saito se tenaient au-dessus du corps du compagnon warcaster tandis que Saunders s’affairait à inspecter les différents ennemis morts, son attention délibérément réorientée.

« Je t’avais dit », grogna Siège, « de rester avec les autres. »

« J’ai fait ce que vous auriez fait » répliqua Saunders.

« Après vingt-six années d’expérience au combat, mes supérieurs ont raison de faire confiance à mon jugement. Tu ne l’as pas mérité. Tu as juste tué un de nos hommes. »

Saunders se raidit. « Un coup malchanceux. »

« Quand j’écrirai mon rapport, je mentionnerai ta malchance et comme cette mort n’est pas la pire qui aurait pu arriver », déclara Siège. « Je suis sûr que ta noble famille approuvera. Mon gars. »

Les yeux de Saunders se plissèrent, puis il s’éloigna pour se tenir au-dessus de l’Enragé tombé. Siège en avait fini avec lui. Il s’agenouilla et ferma les yeux de Murrough. Emily Saito observait.

« Il pensait qu’il serait votre préféré », expliqua-t-elle. « Il a dit que vous connaissiez son père. Que vous étiez de vieux amis. »

« Oui, et nous le sommes », déclara Siège. « Je vais dire au colonel ce qui s’est passé ici. Mais je n’ai pas de favoris. »

Elle ferma les yeux. « Major, vous souvenez-vous seulement de ce que c’était que d’être compagnon ? »

« Oui. » Siège se racla la gorge pour qu’elle le regarde. Quand elle le fit, il souriait, ses lèvres serrées, son front momentanément paisible. « J’ai été un enfant autrefois, crois-le ou non. Bon sang, j’ai même été sergent une fois. » Il fit une pause, puis ajouta : « Lieutenant. »

73
Les Rencontres de Pendrake

Texte original de Edrea Lloryrr (transcrit par F. Wesley Schneider)

Le Massacre de Blancristal

À : Viktor Pendrake, Haut Chancelier de Zoologie Extraordinaire, Université de Corvis Cygnar

Cher Professeur Pendrake,

Autant je souhaiterais considérer ceci comme un rapport de mes succès et de la façon dont votre exemple et vos leçons m’ont conduit à la source de la migration des nyss, je crains que je ne puisse pas. Je me suis retrouvé dans une situation particulière, mais cela pourrait être bien pire. Je loue Morrow d’être encore en vie après avoir vu ce que j’ai fait dans la Forêt des Cicatrices. Je ne m’attendais pas à ce qu’il y ait des choses dans ce monde qui pourrait vous refroidir plus rapidement que la neige humide khadoréenne dans cette région, mais sachant ce que je sais maintenant, une partie de moi doute que je me réchaufferais jamais. Mais j’anticipe trop, là.

Suite à l’instruction de votre lettre, j’ai fait un paquetage léger, mais j’ai emporté l’essentiel, y compris des cataplasmes des plantes et des alchimiques. Mes voyages à travers le Cygnar et le Khador n’ont rien de remarquable – à mon grand enthousiasme, j’ai pu obtenir un croquis décent d’un diablotin de Riveouest en train de gazouiller, mettant ainsi fin à mon catalogue de rapaces méridionaux. En arrivant à Tverkutsk, j’ai embauché deux des guides les plus fiables que j’ai pu trouver et acheté leurs services pour la moitié du prix demandé, plus pour « acheter de la fidélité que de gourmands poignards » comme vous l’avez conseillé.

Une semaine glaciale de voyage vers le nord nous à amener à rencontrer le Kriel Braggmaw et Rathlok, votre terrifiant ami trollkin, avec son clan tout aussi intimidant. [voir NQ#2, Victor Pendrake dans les Landes de Blancristal »] Si les feux de cuissons de leurs rudimentaires et distinctement « aromatiques » huttes n’étaient pas tentants, j’aurais pu m’enfuir à Corvis. Avec une certaine appréhension, je me suis présenté et j’ai expliqué que j’étais votre assistant. Cela a déclenché une série bruyante présentation, de questions sur votre santé (que j’aimerais bien connaître) et — à mon grand embarras — une certain nombre d’imitations trollkin de cris féminins. (Je ne suis pas du genre à critiquer, monsieur, mais l’incident avec le vetkiss était terrifiant et n’est pas un moment dont je tiens particulièrement à me remémorer même sous ces dures latitudes. Je suis pas bien sûr de comprendre pourquoi vous éprouvez le besoin de relater cette histoire si souvent.)

Rathlok et moi avons pu converser longuement et je lui ai parlé de vos instructions. Votre camarade – dont la définition de « l’amitié » semble similaire à la mienne pour « maltraiter » — a raconté avec enthousiasme comment vous et lui avez évité un énorme troll sanguinaire et sauvé une bande de réfugiés nyss. Rathlok et trois chasseurs trollkin m’ont proposé de me montrer le site et, par amitié pour vous, de m’accompagner dans mes recherches vers l’est. J’ai accepté avec gratitude.

Abandonnant la chaleur du foyer de Rathlok tôt le lendemain matin avec les trollkin et mes guides embauchés – qui campaient à l’extérieur du Kriel – nous nous sommes aventurés vers le Blancristal oriental. À midi, nous avons atteint le site où vous aviez croisé le troll sanguinaire, bien que toutes les preuves de ces luttes aient été effacées par le temps et la neige capricieuse.  Nous avons poursuivi notre marche vers les Pics des Éclats pendant la quinzaine suivante.

Ayant entendu vos récits sur les mélodies obsédantes des hurlemorts, je les anticipais comme un réconfort pendant ce voyage. Votre oreille doit percevoir une vertu que la mienne ne peut. Pas pour insulter vos goûts musicaux, mais je n’ai jamais entendu un bruit plus terrible Le mugissement, qui vous secoue jusqu’à l’os, a torturé mes nerfs déjà torturés. C’est à cause de ce boucan que, en entrant dans un champ rocailleux, je n’ai pas immédiatement remarqué la silhouette austère du nyss portant un manteau de plumes, dans une position méfiante.

« N’accueillez jamais un ami avec la lame à la main », c’est ce que vous m’avez toujours dit, alors j’ai rangé mon Radliffe. Connaissant vos histoires, le nyss est un type particulièrement glacé, j’ai fait un pas de plus et j’ai enlevé mon sac à dos, ma longue lame, ma ceinture de cartouches, mon écharpe porte-bonheur et même l’inconfortable petit poignard à moitié gelé dans ma botte. Ne connaissant rien de l’aeric, la langue des nyss, les bras écartés, je lui ai offert mes meilleures salutations en shyr et cygnaréen. En traversant le champ, j’ai observé le chasseur nyss pour voir s’il acceptait de me saluer. Il me scruta tel un prédateur acculé, courbé. La peur s’est installé en moi et seule ma croyance insensée que c’était injustifié m’empêcha de fuir. J’ai eu l’envie de m’arrêter au milieu du champ, et de faire fait un pas ou deux en arrière. Cette petite lâcheté aurait pu me sauver la vie.
Avec un cri, quelque chose entre un cri aigu et un sifflement déformé, la chose que je pensais être – et qui a peut-être été autrefois – un nyss rejeta la tête en arrière. Soudain, les formes que j’avais pris pour des rochers à moitié recouverts de neiges ont émergèrent du champ de glace ; des choses vivantes, sans yeux, griffes, pointes et dents tranchants comme un rasoir. Je ne me souviens pas avoir couru, mais je me suis senti rouler dans un banc de neige près de mon sac, le froid glacial de la neige faisant terre le bruit terrible qui devait être mon propre cri.

Me relevant, j’ai attrapé mon fusil avec mes mains tremblantes, et me suis tourné pour remarquer l’une des monstruosités bondissante à mi-chemin, sa bouche – qui semblait représenter plus de la moitié de son corps – s’ouvrit incroyablement grand, cherchant à me décapiter. Une puissante bousculade fut tout ce qui me sauva alors que Rathlok s’avançait avec un long beuglement, la force de son appel frappant la créature comme un coup physique. Me soulevant d’un coup sec, le hurlemort se tourna vers ses compagnons et cria quelque chose dans leur langue maternelle rocailleuse. Les braves trollkin sortirent leurs armes et chargèrent les horreurs, mais leur courage ne leur servit à rien. Plusieurs d’entre eux furent déchiquetés en morceaux comme des appâts lancés au poisson-dragon avant de pouvoir porter un seul coup.

Je ne sais pas ce qui s’est passé après ça – quelque chose en moi a dû craquer. Je me suis emparé de mon fusil et j’ai tiré et rechargé et tiré à nouveau, mais je ne sais combien de mes frénétiques coups ont porté. Je ne me souviens que de bribes. Deux bêtes corrompues avalant les mains et les bras d’un khadoréen, le dévorant avec des morsures rapides et éclaboussantes, alors même qu’il tentait de se débattre. La chose que je pensais être un nyss tira flèche après flèche, touchant les khadoréens et les trollkin avec une brutale efficacité.

Je me souviens de Rathlok, saignant de nombreuses blessures, combattant aux côtés de sa parenté alors que les horreurs affamées cerclaient, se précipitant pour arracher des morceaux de chair. Le hurlemort chu et lâcha un cri assourdissant qui fit tomber plusieurs énormes arbres, créant une avalanche de neige autour des deux hommes. Je ne sais quel a été le sort de Rathlok, mais les monstres ont émergé et pas le trollkin.

Ils s’approchèrent avec une étrange lenteur, savourant peut-être leur dernière victime, tandis que je levai péniblement mon fusil. J’ai pressé la détente, mais le fusil a choisi ce moment pour s’enrayer. L’archer déformé s’approcha, un sourire cruel et presque moqueur sur son visage. J’ai vu avec un détachement clinique que ses jambes étaient toutes fausses ; comme si elles étaient articulées en arrière et pourtant, il se déplaçait sur la neige avec grâce, comme un cerf. Il a levé son arc dans ma direction. Je faisais face à la mort et je me suis figé.

Soudain trois flèches à empennage noir frappèrent la créature la plus proche, la faisant tomber dans la neige. D’autres flèches passèrent par-dessus nos têtes, une s’enfonçant dans la jambe de l’archer bizarre, qui poussa un cri de fureur déchirant. Se déplaçant à une vitesse totalement anormale, il s’est enfui en un clin d’oeil, vers la lisière des arbres, les créatures carnassières le suivant dans son sillage.

C’est alors que je crois m’être évanoui.

J’ai repris connaissance pour me retrouver entouré de Nyss aux traits secs, plusieurs mortels arcs noirs pointés sur ma tête. Leur chef, une femme, s’exprimait avec un fort accent shyr, et ils m’ont interrogé sur ce que j’avais vu. Mes voyages à travers le Khador se sont avérés intéressant et ils ont décidé de me mettre à contribution. Ce que j’ai appris, c’est que ces nyss sont des réfugiés, des survivants de la tribu Raefyll, anéantis par les terreurs liées à celles qui ont failli mettre fin à ma vie, horreurs qui se sont multipliées avec fréquence alarmante dans cette région. Cette cheffe, une nyss qui serait belle sans ses yeux froids, s’appelat Cylena Raefyll. Elle cherce à se venger des créatures profaes qui ont envahi son foyer et massacré ses proches, et espère trouver des alliés parmi les humains méridionaux.

J’ai été amené au port khadoréen d’Ohk. Professeurs, après toute vos leçons, je ne sais pas ce qu’étaient ces créatures, et le nyss ne savent rien au-delà des horreurs qu’ils décrivent. Je soupçonne la corruption draconique, pas une espèce nouvelle ou encore inconnue. Je n’ai jamais vu la corruption de même propre yeux, mais vos leçons sur sa nature semblent être la seule explication logique. Je me demande s’ils servent un maître unique ; la terreurs que les khadoréens nomment Halfaug est-elle revenue ? Pour l’instant, je vais rester avec les nyss, apprendre ce que je peux et écrire quand j’ai l’occasion. Je ne crois pas que mes ravisseurs me veuillent du mal, ayant l’intention de mettre à profit ma capacité de traducteur. Toute aide que vous pourriez fournir à ce sujet serait appréciée. Je vous souhaite bonne chance pour vos prochains voyage, monsieur.

Je demeure votre élève.

Professeur Agrégé, Lynus Wesselbaum

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AUCUN TERRAIN N’EST ABANDONNÉ

Par Doug Seacat

Même dans le Protectorat, l’hiver avait été glacial, un mauvais moment pour ce pèlerinage qui les emmenés dans un petit mais remarquable temple dans un village entre Sul et Imer appelé Prautere. Le temple était orné d’une obscure relique de la foi que l’Annonciatrice tenait à visiter en personne. Sur une estrade de marbre basse, au fond de la cour, se trouvait une massive pierre parfaitement en carrée en granit lisse, chaque face gravée d’un Menofix précisément centré. C’était simple, mais la précision absolue de ses proportions était un mystère. Extraite d’Ancienne Ichtier, des érudits du Lyceum de la Vraie Loi ont émis l’hypothèse que cette pierre serait la première sculptée par l’homme parus avoir reçu le don de travailler pierre du Créateur. C’était une curiosité pour les plus fidèles, relégués dans ce petit temple. Personne n’a interrogé l’Annonciatrice lorsqu’elle a insisté pour le pèlerinage, sachant qu’elle était guidée par des visions prophétiques.

   L’Annonciatrice flottait devant la pierre, son visage aux yeux bandés sereins alors qu’elle baissait la tête en prière. Elle avait l’air vulnérable, sa chair pâle n’étant protégée que par une robe blanche avec de longues traînes. Près d’elle se tenaient trois acolytes choisis comme assistants, vêtus de simples robes de prêtres novices. Autour de la pierre sacrée se trouvait un choeur de prêtres qui chantaient d’anciennes louanges au Créateur.

   Entre la pierre et la grande porte d’entrée de la cour était disposée une impressionnante escorte ; deux détachements spéciaux de Chevaliers Exemplaires, chacun choisi pour son habilité et sa fiabilité par le Grand Exemplaire lui-même, Baine Hurst, qui était agenouillé à la gauche de l’Annonciatrice. À sa droite, s’agenouillait un autre homme en armure, dont la cape et l’armure distincte le mettait à part. Il s’agissait de Dartan Vilmon, un Paladin Supérieur de l’Ordre du Mur, qui, avec le Grand  Exemplaire, avait juré de protéger l’Annonciatrice. La conversation entre les deux hommes avait été brève, mais ils étaient unis dans un souci de protéger leur pupille.

   Il y eut un scintillement soudain alors que chacune des nombreuses torches illuminant la cour faiblissaient, passant à l’orange foncé avant de revenir à la normale. Baine se releva en même temps que Dartan, la main sur sa lame gainée. Les deux hommes se regardaient, tandis que l’Annonciatrice entre eux n’avait pas bougé ou ne montrait aucun signe de connaissance de leur inquiétude. Conscients de l’importance de l’Annonciatrice, les prêtres avaient organisé un rituel de prière pour protéger le terrain, et le fait que les flammes aient été éteintes était un avertissement que le terrain avait été altéré. Le paladin prononça : « Une noirceur approche. »

   Les chevaliers étaient disciplinés, toujours au garde-à-vous, mais prêts pour ses ordres. Baine regarda au-delà d’eux, où chaque côté des grandes portes de la nef centrale, il avait posté un gros warjack, un Croisé et un Dominateur. Les lumières s’estompèrent à nouveau, alors que la porte s’ouvrait en grand. Baine dégaina ses lames relique alors qu’une femme membre du Gardien du Temple de la Flamme entrait, ne portant pas de casque. Son visage et sa posture lui étaient familiers ; une jeune femme nommée Kellise, chargée de surveiller les alentours. Il sut immédiatement que quelque chose n’allait pas ; son comportement était inapproprié et aucun Gardien de la Flamme n’entrerait si effrontément en présence de l’Annonciatrice. Elle s’avança au centre de la cour, marchant deux fois, son visage pâle sans expression. Ses yeux étaient fixés sur l’Annonciatrice.

   Bane donnait déjà l’ordre, « Arrêtez-la ! » là pointant du doigt ses exemplaires qui s’apprêtaient à l’intercepter. Dartan s’exprima en dégainant sa propre épée. « Elle n’est pas vivante… » Avant que l’un des chevaliers ne puisse bouger, elle sauta sur le plus proche, enroulant ses bras autour de lui alors qu’il se figeait. Elle se dissout en cendres et en fumée, tandis que le chevalier pâlissait et s’immobilisait, son expression horrifiée alors qu’il était paralysé.

   Les ténèbres tels de la fumée s’accumulèrent au-delà de la porte ouverte avant de se déverser dans la pièce. La vision bénie de Baine les pénétra, et il vit des formes armurées, chacune tenant une énorme lourde hache. « Nous sommes assaillis ! » Baine pointa du doigt la petite porte derrière eux, qui menait à travers le dortoir extérieur, et dit au paladin « Prend l’Annonciatrice et partez ! Je vais les retenir. »

   L’Annonciatrice ne semblait pas inquiète, mais leva enfin la tête. « Je dois aller à Imer pour m’armer pour la guerre. » Baine savait que ses paroles n’avaient rien à voir avec ce qui se passait autour d’eux, et fut soulagé lorsqu’elle suivit le paladin vers la porte arrière, les assistants derrière elle. Alors qu’elle s’approchait de la porte, elle se tourna vers Baine et fit un signe de bénédiction, mais il faisait dos, criant des ordres à ses warjacks alors que les pestiférés envahissaient la pièce. Le Dominateur cracha une larme de feu qui manqua les premiers mais explosa dans le couloir, consumant quelques intrus dans une flamme purificatrice.

   Baine repéra deux autres formes sombres sur les murs de la cour, de chaque côté, des silhouettes élancées de rôdeurs. Ils sifflèrent et sautèrent par-dessus les chevaliers, droits vers le dos de l’Annonciatrice. Baine en intercepta un, ses lames se brouillant, brisant rapidement ses membres fragiles. Il remarqua le paladin se tourner vers l’autre, bloquant son avance avec son grand bouclier, puis faisant le fit tomber avec sa lame sacrée, brisant sa tête en forme de crâne et enflammant son châssis d’une rafale de flamme. Baine exhorta le paladin à partir. « Protège-la… »

   Revenant à la chaotique mêlée déjà en cours il aperçut d’autres rôdeurs qui grimpaient sur les murs, tandis que les pestiférés s’élançaient contre la ligne de ses chevaliers, les warjacks sur leurs flancs. Une hache failli couper en deux l’exemplaire paralysé, frappant juste au-dessus de la taille de l’homme, et Baine ressenti un élan d’indignation et de colère vertueuse qui lui accorda de la force dans ses bras. À travers la grande porte, un effroyable personnage en armure gravée de runes vertes se déplaçait, tenant dans ses mains de mort-vivante un extrêmement grand hachoir. Son visage flétri était rendu plus hideux par son expression affamée, et il était flanqué de plusieurs bonejacks aux mâchoires ouvertes et prêtes à déchiqueter la chair. Goreshade regarda au-delà des chevaliers et ses yeux noircis se fixèrent sur ceux de Baine. « L’Annonciatrice sera à moi, tu ne peux pas t’opposer à moi. »

   Les poings de Baine se serrèrent sur chacune de ses épées. « Tes mains impies ne la toucheront jamais. » Conscient que sa mort semblait proche, mais ressentant le lien de force se créer entre ses pairs, Baine s’avança pour combattre le monstre.

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Bête en Cage

Par Doug Seacat

La cage avait été construite selon leurs meilleures spécifications, hautement renforcée, destinée à pouvoir contenir le titan rendu le plus aguerri au combat. Pourtant, ses côtés étaient déjà distendus et plusieurs barreaux étaient tordus par la brute qui martelait à l’intérieur. L’énorme créature musclée lança un regard sinistre dans les espaces entre lattes métalliques, lâchant périodiquement un hurlement de rage.

La créature à la peau bleue dans la cage était extrêmement lourde ; même avec plusieurs cyclopes tirant la caisse sur roues avec des chaînes, elle était lente à se déplacer, et ils avaient fini par atteler un titan également. Le sol de la cage était tacheté de sang par de nombreuses entailles et coups portés par les doloristes alors qu’ils testaient son anatomie.

Les dresseurs doloristes étaient rassemblés autour, chacun dans un état d’excitation, des instruments de torture prêt à l’emploi, alors qu’ils discutaient des théories. Plusieurs tenaient de longues perches surmontées de fines lames, utilisées pour délivrer de fines entailles à une distance de sécurité. D’autres avaient des perches en bois similaires terminées par de fines tiges pointues destinées à être recouvertes de mélanges alchimiques.

« La musculature est unique, différente à plusieurs égards des plus petites. » « Il semble avoir cessé de régénérer les coupures les plus petites. » « Il n’a pas été nourri depuis trois jours, ce qui pourrait ralentir sa capacité de récupération. » « Les toxines n’ont presque aucun effet, même à des doses qui tueraient un titan. » « Il a ralenti un peu, mais nous devrions essayer d’augmenter l’extrait de jevisha dans un lixivium de mercurius vitae. » « L’ingestion est la clé, nous devons le garder en vie jusqu’à ce que nous démêlions cela... »

Un lourd coup et une grande longueur de bois terminée par une tête de fer s’écrasa sur la cage, surprenant tous les doloristes qui sursautèrent de surprise. Personne n’avait été touché par cette massive lance, mais elle s’était brisée avec un énorme impact directement dans le lourd verrou sécurisant al cage. La conscience naissante de leur péril traversa les traits des Doloristes alors qu’ils regardaient la cage s’ouvrir lentement, grinçant bruyamment.

Le Dakar de haut rang de son escorte prétorienne personnelle cogna pour entrer dans la tente de Makeda et elle le fit entrer. Il inclina profondément la tête, le poing sr sa poitrine. « Archdomina, le Tourmenteur Koltesk cherche audience auprès de vous. Il affirme que c’est une question urgente. »

Elle avait terminé ses exercices hoksune, un rituel profondément enraciné, et achevait de sangler son armure, avec l’aide de deux esclaves présents. Tous deux étaient des skorne humbles et bien entraînés de la caste la plus basse, elle le remarquait même plus leur présence. « Très bien, laisse-le entrer. Je peux lui satisfaire un instant avant que nous commencions. »

Kolstek était l’un de ses dresseurs les plus appréciés, elle était donc prête à le laisser faire, même s’il manquait de la discipline attendue. C’était un vieux tourmenteur et sujets à des enthousiasmes étranges. Elle ne pensait pas qu’il vivrait encore de nombreuses années, mais elle espérait lui soutirer des services supplémentaires avant qu’il ne perde de sa valeur.

« Archdomina, j’ai des nouvelles passionnantes. Nous avons capturé un spécimen singulier que vous devez voir sur place. »

« Soyez prêt à affronter le fouet si vous m’avez interrompu pour une autre bête de somme surdimensionnée. »

« Non, c’est un nouveau duzusk. » C’était un terme que les dresseurs avaient donné aux robustes bêtes à la peu bleue, dérivé du nom d’une mauvaise herbe carnivore racornie  de l’empire orientale, connue pour ses vertus régénératrices. « Il fait facilement 3 fois le poids de ceux qu’on a déjà rencontré. Ça doit être la même espèce dont le Tyran Noraxes a rapporté qu’elle lui causait des soucis dans le nord ! »

Ses yeux se rétrécirent avec l’intérêt suscité. Elle se mit à crier sur ses esclaves, montrant sa paire de lames ancestrales gainées, qui furent rapidement attachées à sa taille fine. « Malheureusement, le Seigneur Tyran Hexeris n’est pas là. Peut-être devrais-je conserver votre prise comme une incitation pour lui à améliorer ses attaques sans éclat à travers le col sud. »

Elle suivit Koltesk alors qu’il continuait à expliquer les qualités de la créature capturée, qui avait été trouvée errante à l’est de la rivière, et qui avait nécessité deux titans et quatre cyclopes pour le calmer et le mettre de force en cage. La garde personnelle de Prétoriens de Makeda l’accompagnait, leurs yeux vigilants scrutant l’horizon, sachant qu’ils étaient vulnérables ici, proche de la limite ouest de leur territoire exploré.

Ils arrivèrent en vue du camp où la cage était sécurisée au moment où la porte s’ouvrait et al bête se libérait avec un hurlement de triomphe. Les doloristes autour d’elle tentèrent de s’enfouir, mais il en attrapa une dans chaque immense main et engloutit un skorne tout en entier dans sa gueule béante, la gobant avec un craquement écœurant et juteux, le sang coulant sur son menton. Il bondit en avant derrière un skorne courant à l’aveuglette et le renversa avec désinvolture, comme s’il écrasait une mouche, envoyant sa forme molle et brisée dans les airs pour atterrir dans un panache de poussière et glisser sur le sol, inerte.

Makeda étendit sa volonté pour appeler le titan et les cyclopes à proximité, qui s’étaient reposés après avoir tiré la cage. Elle les appela pour qu’ils chargent la bête libérée, qui maintenant broyait de ses énormes crocs l’autre skorne se tordant dans sa main gauche. Son estomac était visiblement distendu alors qu’elle se rassasiait. Ses nombreuses blessures suintantes se refermèrent presque instantanément.

Makeda cria des ordres à ses hommes alors qu’ils avançaient, puis observa les nouveaux arrivants se diriger vers la cage depuis l’autre côté. Deux formes hautes s’élancèrent d’un bosquet d’arbres tordus et noueux à l’extrémité du campement, l’un portant une énorme hache et l’autre une lance grossière. Entre eux, se déplaçait une créature voûtée, s’appuyant sur un long bâton noueux. Makeda ressentit frisson d’effroi inconnue lorsqu’elle les repéra, compte tenu de sa vulnérabilité avec si peu de soldats à portée de main. C’était une prise de conscience de la vulnérabilité, une sensation qu’elle n’avait plus ressentie depuis longtemps.

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