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Sujets - elric

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Bête en Cage

Par Doug Seacat

La cage avait été construite selon leurs meilleures spécifications, hautement renforcée, destinée à pouvoir contenir le titan rendu le plus aguerri au combat. Pourtant, ses côtés étaient déjà distendus et plusieurs barreaux étaient tordus par la brute qui martelait à l’intérieur. L’énorme créature musclée lança un regard sinistre dans les espaces entre lattes métalliques, lâchant périodiquement un hurlement de rage.

La créature à la peau bleue dans la cage était extrêmement lourde ; même avec plusieurs cyclopes tirant la caisse sur roues avec des chaînes, elle était lente à se déplacer, et ils avaient fini par atteler un titan également. Le sol de la cage était tacheté de sang par de nombreuses entailles et coups portés par les doloristes alors qu’ils testaient son anatomie.

Les dresseurs doloristes étaient rassemblés autour, chacun dans un état d’excitation, des instruments de torture prêt à l’emploi, alors qu’ils discutaient des théories. Plusieurs tenaient de longues perches surmontées de fines lames, utilisées pour délivrer de fines entailles à une distance de sécurité. D’autres avaient des perches en bois similaires terminées par de fines tiges pointues destinées à être recouvertes de mélanges alchimiques.

« La musculature est unique, différente à plusieurs égards des plus petites. » « Il semble avoir cessé de régénérer les coupures les plus petites. » « Il n’a pas été nourri depuis trois jours, ce qui pourrait ralentir sa capacité de récupération. » « Les toxines n’ont presque aucun effet, même à des doses qui tueraient un titan. » « Il a ralenti un peu, mais nous devrions essayer d’augmenter l’extrait de jevisha dans un lixivium de mercurius vitae. » « L’ingestion est la clé, nous devons le garder en vie jusqu’à ce que nous démêlions cela... »

Un lourd coup et une grande longueur de bois terminée par une tête de fer s’écrasa sur la cage, surprenant tous les doloristes qui sursautèrent de surprise. Personne n’avait été touché par cette massive lance, mais elle s’était brisée avec un énorme impact directement dans le lourd verrou sécurisant al cage. La conscience naissante de leur péril traversa les traits des Doloristes alors qu’ils regardaient la cage s’ouvrir lentement, grinçant bruyamment.

Le Dakar de haut rang de son escorte prétorienne personnelle cogna pour entrer dans la tente de Makeda et elle le fit entrer. Il inclina profondément la tête, le poing sr sa poitrine. « Archdomina, le Tourmenteur Koltesk cherche audience auprès de vous. Il affirme que c’est une question urgente. »

Elle avait terminé ses exercices hoksune, un rituel profondément enraciné, et achevait de sangler son armure, avec l’aide de deux esclaves présents. Tous deux étaient des skorne humbles et bien entraînés de la caste la plus basse, elle le remarquait même plus leur présence. « Très bien, laisse-le entrer. Je peux lui satisfaire un instant avant que nous commencions. »

Kolstek était l’un de ses dresseurs les plus appréciés, elle était donc prête à le laisser faire, même s’il manquait de la discipline attendue. C’était un vieux tourmenteur et sujets à des enthousiasmes étranges. Elle ne pensait pas qu’il vivrait encore de nombreuses années, mais elle espérait lui soutirer des services supplémentaires avant qu’il ne perde de sa valeur.

« Archdomina, j’ai des nouvelles passionnantes. Nous avons capturé un spécimen singulier que vous devez voir sur place. »

« Soyez prêt à affronter le fouet si vous m’avez interrompu pour une autre bête de somme surdimensionnée. »

« Non, c’est un nouveau duzusk. » C’était un terme que les dresseurs avaient donné aux robustes bêtes à la peu bleue, dérivé du nom d’une mauvaise herbe carnivore racornie  de l’empire orientale, connue pour ses vertus régénératrices. « Il fait facilement 3 fois le poids de ceux qu’on a déjà rencontré. Ça doit être la même espèce dont le Tyran Noraxes a rapporté qu’elle lui causait des soucis dans le nord ! »

Ses yeux se rétrécirent avec l’intérêt suscité. Elle se mit à crier sur ses esclaves, montrant sa paire de lames ancestrales gainées, qui furent rapidement attachées à sa taille fine. « Malheureusement, le Seigneur Tyran Hexeris n’est pas là. Peut-être devrais-je conserver votre prise comme une incitation pour lui à améliorer ses attaques sans éclat à travers le col sud. »

Elle suivit Koltesk alors qu’il continuait à expliquer les qualités de la créature capturée, qui avait été trouvée errante à l’est de la rivière, et qui avait nécessité deux titans et quatre cyclopes pour le calmer et le mettre de force en cage. La garde personnelle de Prétoriens de Makeda l’accompagnait, leurs yeux vigilants scrutant l’horizon, sachant qu’ils étaient vulnérables ici, proche de la limite ouest de leur territoire exploré.

Ils arrivèrent en vue du camp où la cage était sécurisée au moment où la porte s’ouvrait et al bête se libérait avec un hurlement de triomphe. Les doloristes autour d’elle tentèrent de s’enfouir, mais il en attrapa une dans chaque immense main et engloutit un skorne tout en entier dans sa gueule béante, la gobant avec un craquement écœurant et juteux, le sang coulant sur son menton. Il bondit en avant derrière un skorne courant à l’aveuglette et le renversa avec désinvolture, comme s’il écrasait une mouche, envoyant sa forme molle et brisée dans les airs pour atterrir dans un panache de poussière et glisser sur le sol, inerte.

Makeda étendit sa volonté pour appeler le titan et les cyclopes à proximité, qui s’étaient reposés après avoir tiré la cage. Elle les appela pour qu’ils chargent la bête libérée, qui maintenant broyait de ses énormes crocs l’autre skorne se tordant dans sa main gauche. Son estomac était visiblement distendu alors qu’elle se rassasiait. Ses nombreuses blessures suintantes se refermèrent presque instantanément.

Makeda cria des ordres à ses hommes alors qu’ils avançaient, puis observa les nouveaux arrivants se diriger vers la cage depuis l’autre côté. Deux formes hautes s’élancèrent d’un bosquet d’arbres tordus et noueux à l’extrémité du campement, l’un portant une énorme hache et l’autre une lance grossière. Entre eux, se déplaçait une créature voûtée, s’appuyant sur un long bâton noueux. Makeda ressentit frisson d’effroi inconnue lorsqu’elle les repéra, compte tenu de sa vulnérabilité avec si peu de soldats à portée de main. C’était une prise de conscience de la vulnérabilité, une sensation qu’elle n’avait plus ressentie depuis longtemps.

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La Puissance de la Pierre

Par Doug Seacat

« Nous devons détruire ces pierres avant que nos ennemis libèrent leur plein potentiel. » Ces paroles d’Everblight demeuraient gravées dans l’esprit de Thagrosh alors qu’il avançait à travers les collines, ses rejetons suivant ses traces.

Le flanc de la colline était escarpé, les pierres dressées au sommet et entourées d’une grappe d’arbres. Une neige fine avait givré le sol, et l’air était très calme, il semblait que tous les animaux de la région avaient fui. Thagrosh entendit le bruit de cailloux remuer sous les pieds et se tourna à temps pour voir quatre silhouettes bestiales sauter de l’orée du bois, chacune brandissant une hache au long manche. Malgré sa grande taille, Thagrosh était agile, évitant et parant trois d’entre elles, mais grognant lorsque la quatrième s’enfonça profondément dans son flanc avec une gerbe de sang saumâtre. Derrière lui, ses rejetons hurlèrent de fureur, mais Thagrosh se contenta de sourire.

Extase vibra de puissance dans ses mains alors qu’il balayait la grande double lame avec une puissance inhumaine pour nettoyer le noyau tharn. Thagrosh sentit une vague de chaleur brûlante à travers le manche de sa lame alors que la forme du tharn explosait en cendres grésillantes, la chair consumée instantanément de l’intérieur et disparaissant. Cette cendre remplit l’air telle une brume étouffante et brûlante, brûlant deux tharn de chaque côté, consumant leur chair. L’un d’entre eux tomba sur le sol, se tortillant et convulsant le long des rochers du flanc, tandis que l’autre retroussa ses babines et essaya de ramener sa hache pour un autre revers. Grâce à la puissance illimitée de son athanc, la lame de Tagrosh était floue entre ses mains, tranchant et annihilant facilement les deux dernières créatures alors qu’il barbotait dans le nuage de cendres, sa chair immunisée contre sa brûlure. La blessure à son flanc se referma alors qu’il marchait, puisant la force du Carnivéen derrière lui.

Il se souvint de sa vision alors qu’il approchait de sa destination au plus profond des Pointes de Vescheneg. Il pouvait maintenant voir les trois grandes pierres à travers les arbres au sommet de la colline comme il l’avait prévu.

Il pouvait presque sentir leur surface rugueuse sous ses mains. Elles s’effriteraient et tomberaient sous ses griffes. Plongeant dans l’esprit d’Everblight, il avait découvert une nuée de présage autour de ces pierres, et quelque chose qu’Everblight appelait le Seigneur du Festin. Un ennemi que Tagrosh devait contrecarrer si possible.

Le séraphin passa devant et au-dessus de lui, ses ailes balayant l’air froid, et à travers ses yeux le Prophète remarqua une force l’attendant au-dessus, juste derrière les pierres se trouvaient un homme robuste appuyé sur une épée de pierre. Au centre du triangle formé par les anciens monolithes se trouvait l’un des grands constructs des druides. Un guerrier de pierre et de bois animé ; Tagrosh leur avait déjà fait face. Ils anticipaient clairement son arrivée. Tagrosh grinça des dents devant la façon dont les druides continuaient de prévoir ses plans et à agir pour le contrecarrer. C’était l’une des raisons pour lesquelles il avait entrepris cette tâche personnellement. « C’est sans importance », lui chuchota le dragon, « Écrase-le. Nous démêlerons le mystère de leur prévoyance après. »

L’ogrun envoya ses rejetons en avant, en chuchotant à l’esprit avide du Carnivéen et des affamés voraces qui suivaient à ses côtés. Ils n’aimaient pas festoyer des constructs druidiques, mais les chiens à deux têtes encerclant l’extérieur des pierres apaiseraient leur appétit. Tagrosh envoya le Carnivéen flanqué sa gauche, tandis que les voraces filaient à sa droite. Il garda le Séraphin proche de lui alors qu’il s’avançait au milieu. Le rejeton volant aveugle perçu par sa conscience une autre menace tapie dans les arbres entourant les pierres, un autre homme transformé en bête, fortement musclé et couvert d’excroissances osseuses, un Lupomorphe.

L’homme observant son approche ne trahissait pas la puanteur familière de la peur comme il était d’usage pour ceux auxquels Thagrosh faisait face. Il se tenait dans une posture large, résolument opposé à l’ogrun, les deux mains posées sur la poignée de son étrange arme.

« Arrête, Corrompu. Dresse-toi contre moi en ce lieu béni et ta destruction est assurée. » La voix de l’homme ne trembla quand il prononça ces ridicules paroles. Tagrosh ressenti le besoin de le punir pour sa témérité.

Les rejetons de Tagrosh manœuvrèrent en position sous l’impulsion de ses ordres mentaux, encerclant les bêtes de son ennemi et attendant l’ordre de frapper. Tagrosh s’adressa au druide. « Tu n’es rien de moins qu’un insecte dans cette lutte. Fuis et tu pourras vivre. »

Pendant qu’il parlait, ses rejetons se déplacèrent sur ses ordres mentaux, se déployant de part et d’autre pour engager les gardiens des pierres. Le Carnivéen chargea en direction du Lupomorphe tandis que ses voraces se lançaient dans une frénésie enragée contre les chiens à deux têtes. Le Séraphin passa au-dessus de lui pour se rapprocher suffisamment du druide et le noyer de son souffle corrupteur, en évitant le grand Sylve Gardien au centre. Tagrosh ressentit une énorme satisfaction lorsque ses rejetons se déchaînèrent, sachant qu’un autre ennemi était sur le point de tomber.

Le druide qui traversait la colline boisée vacilla et disparut. Tagrosh grogna, scrutant les arbres de tout côté avant de repérer son ennemi, se fondant dans l’ombre près d’un arbre à côté de son Carnivéen. Le gros homme leva son énorme épée et l’écrasa sur les plaques blindées du Carnivéen, les fracassant et s’enfonçant dans sa chair endurcie. La chair du rejeton pris une teinte blafarde poussiéreuse, craie et devint cassante par une étrange processus de calcification. Le druide balança un autre coup terrible, brisant la jambe droite avant du Carnivéen juste au moment où le lupomorphe sautait à travers les arbres à côté de lui pour déchiqueter sa peau. En quelques instants, Tagrosh vit son fier rejeton se faire démembrer.

« Tue-le ! » Rugis Tagrosh, et le Séraphin se hâta d’obéir, battant de ses doubles ailes pour exécuter un large virage vers la nouvelle position du druide, planant au plus près du sol alors qu’il perdait de l’altitude et battait de ses ailes musclées pour reprendre de la vitesse. Il évita agilement le construct, mais le Syle Gardien enfonça ses poings dans le sol, et à travers la distance, des pointes de pierre explosèrent comme des stalactites juste en dessous du Séraphin, perçant son torse et déchiquetant la chair palmée entre ses ailes, le projetant au sol.

Tagrosh ressentit la haine brûlante de l’athanc dans sa poitrine, la conscience du dragon explosant dans son esprit. Il n’était plus temps de jouer ; il avait sous-estimé cet adversaire. Les pierres étaient tout ce qui comptait. Il rugit et chargea le premier pilier, plantant le tranchant d’Extase dans sa masse granitique avec un claquement tel un coup de tonnerre.

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Background – Histoire des Royaumes d’Acier / Nq 3 - Tolérance Zéro
« le: 28 février 2020 à 00:16:00 »
TOLÉRANCE ZÉRO

Par Doug Seacat

Les deux Faiseurs de Veuves descendirent de leurs chevaux selon les instructions de la sinistre sentinelle leur ayant fait signe. Ces hommes étaient nerveux, car l’heure était tardive et ils apportaient des nouvelles fâcheuses. L’avant-poste semblait anormalement calme. Comme si un voile s’était installé sur cette région, et tout souvenir de réjouissance chassé.

   Cela contrastait énormément avec les autres camps et cantons éloignés que les tireurs embusqués avaient récemment visités. Le goût de la victoire était doux et de nombreux officiers supérieurs avaient accordés un répit à leurs hommes. Des bouteilles de vins plus fins que la plupart des khadoréens ne verraient jamais, de la viande épicée et bien d’autres produits de luxe inconnus au sein de la Mère Patrie avaient filtrés jusqu’à ceux qui savaient à qui demander ou où aller. Le problème de la discipline avait incité la Reine Ayn à adopter un décret obligeant les officiers à ne tolérer aucune corruption des llaelais conquis. Mais la plupart d’entre eux prirent cet ordre à la légère, car ils croyaient que leurs hommes devaient jouir de la victoire.

   Ce camp était différent et les Faiseurs de Veuves en connaissaient bien la raison. Ici, ils trouvèrent une discipline et un silence parfaits. L’un des hommes murmura à l’autre : « Je ne pense pas que ce soit une bonne idée, Pytor. »

   « Il voudrait savoir. Nous devons lui dire. »

   « Quel mal y a-t-il à se taire ? Nous voulons vraiment nous retrouver au milieu de tout cela ? »

   Pytor lança un regard noir à son homologue : « Ce serait bien pire de l’avoir su et de ne pas l’avoir signalé. »

   « Nous ne sommes pas impliqués, juste témoins. Nous tenons à le réveiller ? »
   « Ils disent qu’il ne dort pas. Maintenant, tais-toi. » Le sergent qui montait la garde à l’extérieur de la tente des officiers leur lança un regard de pitié, comme s’ils venaient de se porter volontaires pour charger les canons de Nordgarde. Il ouvrit le rabat et les fit entrer à l’intérieur.

   Le Kommandeur Orsus Zoktavir attendait, rayonnant comme un ancien chef de guerre. Ses yeux brillaient d’un feu intérieur bien que ce fût peut-être un effet de la laterne. Il était clair qu’ils ne l’avaient pas réveillé, car sa couchette n’était pas défaite, mais il ne portait que des sous-vêtements et un peignoir rouge. Malgré cela, Orsus était un colosse à la présence imposante, et les tireurs embusqués craignaient de l’avoir dérangé. Son armure était juste derrière lui et à sa gauche, tel un gigantesque garde du corps se profilant dans l’ombre. Le manche de sa hache était appuyé contre une table voisine parsemée d’un assortiment de cartes de bataille. Les deux Faiseurs de Veuves regardèrent l’arme avec effroi et notèrent qu’elle était à portée de main.

   Il les attendait, mais pas avec patience. Même immobile, Orsus était comme un ressort enroulé ou un fusil armé, les poings serrés et les muscles de la mâchoire tendus.

   Pytor parla en bégayant : « Kommandeur, nous sommes venus ici, car nous pensions que vous voudriez savoir. Il y a eu … un incident. Dans un village à quelques kilomètres à l’ouest de la Tour Gris-Vent. »

   Orsus se pencha en avant, toute son attention dirigée vers le tireur embusqué. Son expression avait changé, passant de la tristesse et de la morosité à l’avidité. Orsus avait reçu l’ordre de se retirer par le Kommandant Ivdanovich à Merywyn et d’offrir un léger répit à ses hommes. Orsus aurait pu désobéir à cet ordre direct si la reine ne lui avait pas envoyé une requête personnelle pour faciliter les choses au kommandant. C’était une épreuve comme il n’en avait jamais enduré — être assis sans rien faire, à cet avant-poste, loin du front, en proie à un profond ressentiment alors que ses compatriotes saignaient et tuaient.

   Ce que son kommandant n’avait pas compris, c’était qu’ordonner à Orsus de se retirer ne lui procurait aucun soulagement. Cela ne faisait qu’accroître sa tension. Ses yeux étaient rouges, son esprit en effervescence, et ses hommes sentaient qu’il était prêt à exploser. Plusieurs étaient décédés au cours des derniers jours de « mesures disciplinaires » pour ce que la plupart qualifieraient d’infractions mineures.

   Le Boucher regarda les Faiseurs de Veuves avec une intensité qui les effraya tous les deux. Pytor se demanda s’il n’aurait pas dû écouter son ami. « Quel incident ? » Grogna Orsus.

   « Nous sommes arrivés qu’il était déjà hors de contrôle … »

   « Orsus grogna : « Crache le morceau ! »

   « Je ne sais pas combien d’innocents ont été tués. Un certain nombre d’hommes du village ont dû essayer de l’arrêter ; ils ont été abattus devant la maison communale. Nous somme allés vérifier à l’intérieur et nous avons vu qu’ils avaient rassemblés les femmes. Je ne sais pas qui a eu l’idée. Il y avait beaucoup de bouteilles de vin vides – tous les Gardes des Glaces étaient ivres. » Il semblait avoir du mal à exprimer à voix haute les horreurs qu’il avait vues, mais cela ne demandait pas beaucoup d’imagination. « Les femmes criaient à l’aide, mais les ivrognes riaient et continuaient à se les passer. J’en ai vu plusieurs saignés et jetées sur le côté comme des ordures. Quand j’ai remarqué  qu’il y avait des officiers là-bas, je ne savais pas quoi faire. Nous sommes partis immédiatement vous faire rapport. »

   La voix de Pytor s’estompa alors qu’il regardait l’expression sur le visage du Boucher. Chaque muscle de son corps était contracté, et ses lèvres étaient tirées vers l’arrière en un rictus hargneux. Sa main agrippa le manche de Lola. « OÙ ? »

   Bien que ses jambes tremblaient et qu’il lui ait fallu tout son courage, Pytor s’approcha de la table. Ses doigts s’agitaient terriblement lorsqu’il trouva une carte de la région voisine. D’un doigt nerveux, il indiqua un petit point représentant un village sans nom. « Juste à quel-quelques heures de m-marche … »

   « DEHORS ! » Beugla Orsus. Il se tournait déjà vers son armure et commençait à attacher les pièces. Les Faiseurs de Veuves n’eurent pas besoin d’être guidés et s’enfuirent de la pièce aussi vite que leurs jambes le leur permirent.

   Orsus traversa le complexe à grandes enjambées jusqu’à un enclos. Près de celui-ci se tenait un imposant Kodiak marqué par les batailles. Sur ordre du Boucher, sa fournaise avait été maintenu en veille. Le Llael avait du charbon à revendre – il ne voyait pas la nécessité d’éteindre ses ‘jacks lorsque des combats pouvaient survenir à tout moment. La tête du Kodiak se tourna pour le suivre alors qu’Orsus s’approchait, captant la colère du warcaster à travers le lien qu’ils partageaient.
Les Vagabonds Maudits de l’enclos se levèrent à son approche ; leurs visages étaient cachés derrières les grilles de fer de leurs casques verrouillés. Il y en avait un qui se tenait à l’écart des autres, une grande brute torse nu et tatoué, se tenant parmi eux comme un loup parmi des chiens sauvages. C’était Fenris, une légende parmi les Vagabonds et un berserker fou si féroce qu’aucun officier n’était prêt à risquer sa présence. Fenris avait été convoqué à la demande du Boucher après avoir entendu que la Kommandantura avait débattu de son exécution par mesure de sécurité. Seul Orsus Zoktavir pouvait le contenir, mais il semblait regarder le boucher avec un semblant de parenté. Orsus considérait Fenris comme une arme trop importante que pour petre détruite, même si elle était presque trop dangereuse à manier. Ce Vagabond Maudit s’appuyait actuellement sur la poignée de son imposante lame maudite. Sa posture suggérait qu’il attendait Orsus.

   « Fenris, prêt à te battre ? »

   « Le Vagabond n’eut pas besoin de répondre. Il y avait un sourire sauvage et ses yeux étaient intenses et noirs comme de la poix. La litanie de ses victimes aurait pris des heures à relater.

   Orsus poursuivit. « Nous avons des traites à réveiller. »

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FORCES D’EXCEPTION XVI

MUR DE FORCE

Par Will Shick

Cygnar, Montagnes du Mur du Dragon, Sud de Calbeck, 607 AR

Le bourdonnement omniprésent des générateurs arkanique bourdonnait doucement mais sans cesse dans les oreilles de Kaelyssa alors qu’elle traversait la base avancée de la Rétribution, toujours en construction et dissimulée dans les escarpées Montagnes du Mur du Dragon. Elle se battit pour ignorer l’agaçant son qui lui perçait les oreilles en se concentrant sur les paroles de l’artificier Tylus, qui marchait à ses côtés.

« Le complexe a actuellement à soixante pourcents de sa capacité, mais je pense que, à condition de ne pas subir de rupture d’approvisionnements, nous serons pleinement opérationnels dans l’année. » Tandis qu’il parlait, Tylus agita sa main pour admirer la grande baie de myrmidons que le couple traversait, son gant rougeoyant laissant une traînée de lumière ambiante dans son sillage. La baie était remplie de plusieurs puissantes machines, une douce lueur bleue émanant de chacune alors qu’elles rechargeaient leurs générateurs arkanique internes, puisant dans les puissantes énergies géomantiques qui circulaient sous et à travers le site.

Kaelyssa a pris un moment pour se connecter avec des cortex des myrmidons voisins, vérifiant leur statut de chasseur pour ses précieux chiens. Même la sensation de l’esprit endormi des myrmidons lui donna envie de se battre. Chercher et infliger la mort aux arcanistes humains qui, à chaque souffle drainait la vie de Scyrah. « Vos progrès sont louables, Tylus. Cette installation sera utile aux forces de frappe opérant à la fois en Ord et en Cygnar. »

Tylus hocha la tête sous sa capuche, ignorant le discours décontracté de Kaelyssa par respect pour sa propre station. « Si les humains n’étaient pas aussi méprisables, je me sentirais presque dégoûté des pathétiques défenses frontalières de leurs nations. Je ne peux pas imaginer Ios souffrant de la négligence qui serait nécessaire pour permettre à un ennemi de pénétrer ses frontières sans être vu et connu.

Kaelyssa eut un sourire narquois. « Les humains peuvent être des apprenants lents, mais après quelques siècles d’expéditions disparues, même eux ont reçu le message. J’ai entendu les histoires qu’ils ont de notre maison. » Elle fit un clin d’oeil malicieux à l’artificier stoïque. « Ils pensent qu’Ios est défendu par les esprits eux-mêmes. » Avant que Tylus ne puisse répondre Kaelysse vit une flambée de puissance arcanique dans ses yeux. Au même moment, Kaelyssa sentit un picotement monter dans son cou tandis que ses propres sens arcaniques captaient la familière sensation de cortex ennemis. Cependant, elle remarqua avec un certain intérêt que ces cortex étaient différents de ceux employés par les cygnaréens.

« Les protections défensives ont été déclenchées », déclara Tylys.

« Je les sens aussi. Il y a des warjacks avec eux. » Elle s’arrêta un instant, réfléchissant. Quand elle reprit la parole, il y avait une ardeur indéniable dans sa voix. « Et un warcaster. »

Kaelyssa poussa ses myrmidons à leur pleine puissance, leur réveil faisant sonner la baie avec le son de gémissement aigus suivi d’un vibrant battement alors que les systèmes internes des myrmidons s’engageaient. Le réveil complet des puissantes machines étaient annoncés par un cliquetis de blindage et une odeur d’ozone alors que les barrières de force Shyeel scintillaient de vie autour des myrmidons à pleine puissance. Instinctivement, elle ouvrit la culasse de son canon à traits runiques et vérifia son barillet avant de le refermer, satisfaite qu’il soit complètement chargé. Les runes tourbillonnaient autour d’elle alors que sa vue physique était remplacée par quelque chose de plus puissant « Rassemble tes camarades mages, Tylus. Accueillons chaleureusement ces intrus. »


Bien qu’elle ait repéré leur formation plus tôt, Kaelyssa observait avec fascination les intrus qui traversaient le col. Un groupe d’une quarantaine de soldats mécaniques en acier scintillant se déplaçait à côté d’un quintet de volumineux warjacks, comme Kaelyssa n’en avait jamais vu. Au lieu des caractéristiques cheminées crachant de grands panaches noirs, ces machines trapues à quatre jambes semblaient être alimentée de l’intérieur. Leurs noyaux brillaient d’une lumière bleu-blanc féroce et, même de loin, Kaelyssa pouvait entendre un fort bourdonnement électrique émanant de ces étranges warjacks. Un son qui les avait rendus faciles à suivre à travers les cols montagneux menant à la base avancée Shyeel. Bien que Kaelyssa ne les ait jamais vus, elle avait entendu des histoires d’autres membres du Châtiment sur les machines employées par un obscur mais dangereux culte humain – des dévots d’une déesse nommée Cyriss.

« Bien qu’il soit clair qu’ils ont un système d’alimentation très rudimentaire, le fait que ces warjacks soient capables de fonctionner sans l’inefficace système de chaudière si courant parmi les machines de leur genre est presque louable. » Dit Tylus.

Kaelyssa sourit au compliment malicieux de l’artificier Shyeel. « Presque ? »

Tylus hocha la tête, son évaluation clinique n’étant pas entamée par l’humour de Kaelyssa. « Rien que le son de la source d’énergie elle-même démontre une flagrante inefficacité. Sans parler de l’esthétique qui rend ses choses carrément déplaisantes à l’oeil. Bien que j’admette que j’aimerais beaucoup en capturer un intact.

Kaelyssa observa du coin de l’oeil Tylus lors de son dernier commentaire et vit un changement presque imperceptible aux coins de sa bouche. Elle réalisa avec une certaine surprise que l’artificier faisait une blague. « Eh bien, si tout ce passe comme prévu, ton souhait sera réalisé. »

« Ils sont en position », déclara Tylus, ses yeux brillants alors qu’il étendait mystiquement sa vue.

Kaelyssa se retourna vers la colonne cyrissiste à temps pour remarquer une nuance d’énergie arcanique les entourer. L’air lui-même commença à onduler et à se déformer alors que Tylus et les deux vingtaines de mages Shyeel, qui représentaient la majeure partie du personnel de la base, concentraient leur pouvoir dans une barrière physique qui enveloppait et ralentissait les mouvements de l’armée mécanique. C’était un rare exploit, possible uniquement grâce à l’intense coordination de plusieurs mages de combat oeuvrant en collaboration avec un puissant artificier pour concentrer et façonner la massive quantité d’énergie de force.

Alors que les cyrissistes réalisaient le danger sans lequel ils se trouvaient, la force du Châtiment frappa. Un feu arcanique traversa l’air en direction des guerriers argentés étincelants. Les vrilles d’énergies tirèrent et poussèrent leurs cibles hors de la formation avant d’exploser en éclats chatoyants de force létales qui déchirèrent l’acier et les délicats mécanismes en dessous. À travers les chaos de la bataille qui se déroulait autour d’elle, Kaelyssa concentra sa vision sur le vaisseau mécanique qu’elle avait supposé représenter lors de son repérage, le warcaster cyrissiste. Malgré la nécessité de se battre pour protéger la cachette secrète, Kaelyssa savait que pour avoir un espoir d’achever leur vital travail, ils devaient mettre rapidement fin au combat et avec le moins de pertes possibles.Tylus avait résisté au risque personnel que son plan exigeait d’elle, mais avait finalement été contraint d’admettre que son analyse de la situation et la nécessité d’un tel risque représentaient la meilleure stratégie compte tenu de la situation.

Exhortant ses myrmidons à suivre son rythme, Kaelyssa se précipita vers un soldat mécanique plus grand près du centre de la colonne entouré de plusieurs des warjacks mécaniques à plusieurs jambes. Alors qu’elle levait son canon à traits runiques, la vue augmentée de Kaelyssa lui permis de passer facilement à travers le mur de warjacks cherchant à protéger leur maître d’elle. Des runes jaillirent de son canon alors qu’elle tira rapide trois coups de feu successifs. Elle sourit quand elle sentit une nouvelle vague d’énergie l’emplir alors que les projectiles arcanike frappaient juste, leur enchantement attirant l’energie arcanique de leur cible et la siphonnant à travers son canon.

Affaiblie par ses attaques, Kaelyssa ralentit son rythme et laissa sa conscience se glisser dans sa paire de Manticores. Elle sentit l’apaisante puissance des pistons pompant lorsque le premier myrmidon abaissa son épaule et écrasa avec une brutale force l’un des ‘jacks mécaniques en tête. Le warjack cyrissiste vola en arrière pour s’écraser avec fracas. Bien que son édification à plusieurs jambes lui permette de conserver son équilibre, son warcaster n’avait pas été bâti de manière similaire et a été envoyé au sol.

Le stratagème de Kaelyssa se concrétisa alors que sa deuxième Manticore courait à travers le trou créé par la première, la force le protégeant s’enflamma alors qu’elle absorbait les coups des deux warjacks ennemis encore en formation. Leur effort était trop faible, trop tard alors que le myrmidon lourd se frayait un chemin jusqu’au warcaster à terre, mettant fin à son artificielle vie dans une pluie d’étincelles avec un puissant coup de ses lames de bras.

Kaelyssa sentit la frénésie du succès lorsque les warjacks ennemis devinrent immédiatement inertes, leur lien se brisant dans la mort. Rechargeant son canon à traits runiques, elle se retourna vers les derniers vestiges de la bataille et tira plusieurs coups de feu dans le dos des soldats en retraite rapide. Elle demanda ensuite à ses Manticores de s’approcher et de prêter leur propre puissance au projectile de force délivrés par les mages de combat, qui demeuraient câchés parmi les affleurements rocheux du col de la montagne. Elle sourit de satisfaction. Son stratagème avait porté ses fruits.

Un picotement à l’arrière de la nuque le fait se tourner vers l’endroit où se trouvait le warcaster abattu. Ses yeux s’élargirent de surprise lorsqu’elle vit un grand construct à quatre jambes extraire avec précaution un objet du corps ravagé du warcaster. Ce nouveau cyrissiste était flanqué d’une paire de vaisseaux plus humanoïdes, dont les boucliers le protégeaient. Bien qu’elle ne comprît pas le but de cette opération, des années d’expérience firent dire à Kaelyssa qu’elle devait empêcher ce nouvel ennemi d’achever son travail.

Son canon vide, Kaelyssa se précipita en avant et tendit la paume vers le grand vaisseau mécanique. Des runes s’embrasèrent autour de son bras, et une explosion de pure force arcanique s’échappa de sa main tendue. L’énergie volatile crépitait et crachait alors qu’elle jaillissait vers la cible de Kaelyssa. En se connectant à la coque chromée du grand soldat mécanique, il s’effondra sur lui-même avant de s’épandre dans une explosion brillante qui déchira le sol rocheux et déchiqueta la paire essayant de protéger la nouvelle cible de Kaelyssa.

Sans ses défenseurs, le grand vaisseau cyrissiste ne put rien faire pour arrêter Kaelyssa. Elle réalisa avec une certaine surprise qu’il n’avait pas d’armes propres. Elle dégaina Vengeance et se déchaîna dans une série de frappes éclairs, faisant voler les engrenages et les ressorts sectionnés comme le ferait un jet artériel d’un adversaire vivant. Avec un dernier coup, Kaelyssa enfonça la pointe de Vengeance à travers le masque central incandescent de Cyriss, supposant qu’il représentait la source d’énergie de la machine.

Avec un cri presque humain, le vaisseau mécanique frémit et s’arrêta, laissant derrière lui la force d’animation qui l’avait mû maintenant le quitter.
Comme pour annoncer la fin du combat, Kaelyssa regarda à travers les yeux de ses myrmidons les soldats cyrissistes restant se faire descendre derrière elle. Elle regarda l’étrange dispositif avec lequel le plus grand vaisseau mécanique avait tenté de s’échapper et remarqua qu’il vibrait d’une étrange lumière interne. Elle se rendit compte qu’elle aurait beaucoup à raconter à ses supérieurs à son retour dans l’Emprise.

80
FORCES D’EXCEPTION X

PRÉSERVATION

par David “DC” Carl

Depuis le couvert de la forêt, la petite force du Châtiment observait silencieusement une horde de morts-vivants moissonner un champ de bataille. L’Adeptis Rahn fit une grimace et fléchi une main gantée alors qu’il canalisait inconsciemment l’énergie vers son champ de force. L’attente évidente de violence du warcaster a immédiatement été remarqué par le frêle iosien se tenant à ses côtés. Sylys Wyshnalyrr se tourna vers supérieur, la claire réticence dans son expression ainsi que son ton. « Je pensais que c’était une absolue priorité de livrer cet Hypérion aux forces de la Rétribution se massant au nord. Nous ne savons rien de cette liche creusant dans les ruines. » Comme pour ponctuer ses paroles, l’imposante liche de fer qui surveillait les nécroserfs soulever sans cérémonie le corps d’un chasseur de mages et le faire voler comme un insecte. Sylys grimaça à la vue du corps ; s’il y avait un espoir d’éviter le conflit, cette action y mettait fin.

Eyriss, l’épée à vendre-espionne de la Rétribution, apparut soudainement et silencieusement derrière le warcaster. « C’est Scaverous, appelé Seigneur Exhumateur. Il envahit les esprits des morts en quête de connaissances. »

L’Adeptis Rahn examina brièvement ses forces – un petit contingent de Garde de la Maisonnée et d’Archers Tonnerre comme escorte, certains assistés de mages de combat, du Chercheur et de l’Ange, et de deux arcanistes entretenant sa chimère et l’Hypérion. Les forces cryxiennes dans la vallée les dépassaient en nombre de près de trois contre un, mais la plupart étaient des nécroserfs, des ennemis facilement expédier par les flèches tonnerres ou la magie de la force. Grâce au chasseur de mage à ses côtés, le seul Équarrisseur de Scaverous serait insuffisant pour faire mettre à profit sa magie nécromantique. « Eiryss, dirige-toi vers ce rocher et fais savoir à l’Équarrisseur que nous sommes là. Cette liche n’aura pas nos frères morts. »

Avec une grâce surnaturelle, la chasseuse de mage se dirigea silencieusement vers la position indiquée. Elle visa soigneusement et envoya un projectile dans l’arc nodal du bonejack. Bien le que le dispositif mékanique ne soit pas détruit, la magie qui imprégnait son projectile l’empêcherait de fonctionner pendant un bon moment.

Au signal de la main de leur chef, les vétérans archers Tempêtes lâchèrent quatre flèches explosives dans les nécroserfs à l’extrême portée. Les poings mékaniques, les conduits et les tuyaux de bile explosèrent alors que les cadavres s’effondraient au sil. La Chimère de l’Adeptis Rahn, la Garde de la Maisonnée et les mages de combat s’avancèrent vers l’ennemi avant que l’adepte n’utilise l’arc nodal de la Chimère pour projeter explosion sur explosion à travers les rangs des nécroserfs. L’Hypérion et les arcanistes se tenaient aux côtés du warcaster, un vrombissement bruyant, en plein crescendo dans le logement la Lentille Prisme.

Scaverous se détourna de son macabre travail pour faire face à la menace. Plutôt que de concentrer son attention sur l’Hypérion, cependant, son regard se fixa fermement sur l’arcaniste à côté de lui. L’immortel chercheur de savoir réagi rapidement, identifiant le chemin le plus cours vers son sujet recherche prévu. Des filaments de ténèbres mystiques entourèrent ses squelettiques griffes tandis qu’une sombre énergie similaire s’accrochaient à la poitrine et à la gorge de l’Adeptis Rahn. Alimentée par l’invocation, elle entoura la Garde la Maisonnée et les mages de combat sur la ligne de front de runes nécromantiques qui fit tomber certains d’entre eux immédiatement et nombres d’autres se sont effondrés, affaiblis. La liche chargea alors, brandissant sa gigantesque faux pour récolter les âmes des iosiens. Ses cœliaques survivants se dandinèrent rapidement vers la célèbre chasseuse de mages, tandis que les nécropantins restants pilonnaient la Garde de la Maisonnée et les mages de combat dans la boue sanglante. Pire encore, deux Fouisseurs émergèrent près de la Chimère et firent tomber à terre le précieux arc nodal de Rahn où ils le travaillèrent avec leurs puissantes mâchoires.

Lutter contre les effets de la malédiction du nécromancien, l’Adeptis Rahn ordonna mentalement à l’Hypérion de faire feu. Avec une sphère de lumière aveuglante et un soudain et inquiétant silence, Scaverous était baigné d’un rayonnement arcanique. Les nécroserfs et les cadavres des iosiens disparurent entièrement dans la sphère d’énergie, laissant soudainement Scaverous seul dans un cratère. Les canons fléaux d’Hypérion prirent vie, taillant en pièce cinq cœliaques. L’Ange de la Rétribution fit un clin d’oeil à peine perceptible à Rahn et à son myrmidon avant d’expédier avec désinvolture le dernier coeliaque à l’aide d’un carreau d’arbalète.

Sentant la victoire à portée de main, Rahn avança à grand pas et lança un puissant projectile de force magique à Scaverous, luttant sans cesse contre la nécromancie du Seigneur Exhumateur. Le projectile frappa juste et envoya la liche déjà malmenée dans son Équarrisseur. Le puissant arcaniste sourit alors que les bonejacks de la liche se précipitèrent inconsidérément dans les forces restantes de la Rétribution, un acte de désespoir évident. Son sourire se transforma en un éclat, cependant, alors que Scaverous fit appel au pouvoir de l’ombre pour transmuter temporairement le fer noir de son corps nécromékanique, lui permettant de se faufiler directement à travers la roche solide vers des endroits inconnus.

Après qu’Hypérion eut écrasé les trois bonejacks tout en recevant à peine une égratignure en retour, l'Adeptis Rahn frustré prononça une antique malédiction en Shyr. La liche ne réapparut pas et n’avait laissa aucune trace de son passage. Rahn se retourna pour quitter le lieu de la rapide et brutale bataille.

« Adeptis », cria Sylys avec autant d’horreur que d’humilité, « Nous devons nous occuper des morts. »

Rahn jeta un autre coup d’oeil au champ avec ses dizaines d’iosiens tués et soupira fortement alors que lui et ses warjacks se rassembler les morts.

81
FORCES D’EXCEPTION VII

Par Will Shick

Base d’Opérations Avancée Khadoréenne, au Sud-ouest de Corblegarde, 588 AR

Le Kovnik Dragon Noir Uli Chenko planta un doigt sur la carte de terrain délavée, étendue sur une table grossièrement taillée dans la tente de commandement avancé khadoréenne. « Les sudistes cherchent à établir un nouveau poste fortifié ici », son doigt reposait sur un point à seize kilomètres au sud-ouest de la forteresse cygnaréenne de Nordgarde. Bien qu’officiellement en paix, les hostilités de basse intensité se poursuivaient presque sans relâche entre les deux nations à travers leur frontière commune. Le Cygnar était occupé par ses batailles contre le Cryx le long de la Côte Brisée, et au moment où leurs défenses frontalières étaient mises à rudes épreuves, les forçant à compter sur le soutien de mercenaires. C’était le moment idéal pour que les khadoréens frappent contre les installations périphériques.

« Les rapports du renseignement indiquent que ce site est relativement bien fourni en hommes et comprend au moins un warcaster mercenaire en plus de l’officier cygnaréen de haut rang. En tant que tel, la Kommandantura nous a envoyé une assistance inattendue. » Uli s’arrêta un moment pour se préparer à la nouvelle qu’il allait devoir communiquer ensuite. « Ils ont jugé bon de nous rattacher au Kommandeur Orsus Zoktavir.

Uli sentit la vague d’appréhension frapper les officiers rassemblés comme un Juggernaut en charge. « Nous avons rendez-vous avec le Kommandeur Zoktavir à l’aube. Sous son commandement, nous enverrons aux sudistes un message qu’ils n’oublieront pas de sitôt. Briefing terminé. » Il soupira en voyant le Lieutenant Yurik s’approcher de lui dans la tente vide. Ils étaient amis depuis longtemps, et Uli savait exactement ce qui allait se passer.

« Tu n’es pas sérieux au sujet de confier nos hommes à Zoktavir ! » Le visage de Yurik était rouge de couleur.

« Je suis un Dragon Noir », déclara Uli d’un ton neutre. « Ce n’est pas à moi de questionner les ordres, mais uniquement de les suivre. »

Uli posa sa main sur l’épaule armuré de Yurik, mais cela ne fit pas grand-chose pour endiguer la vague de fureur de Yurik. « Zoktavir n’est pas un Kommandeur ! C’est un boucher ! Nous savons tous ce qu’il a fait à Porte du Sanglier. »
« Yurik ... » Commença Uli, mais le lieutenant le coupa.

« Mon frère était la bas ! C’était un vrai patriote, un fils de la Mère Patrie. Et pour son service, il a été massacré comme un animal par ce fou ! »

« Ça suffit, Lieutenant Petru ! ». La voix d’Uli retentit, retentissant de l’autorité d’un officier supérieur. « Vous êtes un soldat de Khador, un membre des Dragons Noires et je ne vous permettrai pas de dire du mal d’un officier supérieur ! Si vous ne pouvez pas remplir vos fonctions, je vous relèverai de vos charges ! »
Après des années d’entraînement, Yurik se redressa immédiatement et salua avec force. Sa rage était palpable, mais il avait retrouvé son calme. « Oui, monsieur », dit-il en serrant les dents.

Uli ressentit une vive pointe de regret alors qu’il regardait sévèrement le visage de son vieil ami. Autant souhaitait-il réconforter Yurik, autant le devoir exigeait une action rapide face à l’insubordination.

« Vous n’avez pas à vous soucier de moi, monsieur. » Répondit Yurik sèchement avait de se retourner et de se diriger vers la sortie de la tente. Yurik s’arrêta un instant au niveau du volet de la tente. « J’ai du identifié le corps de Grigor, tu sais. Ce qu’il en restait. »

Uli sentit les mots qu’il voulait prononcer se coincer dans sa gorge, et il ne put que regarder silencieusement Yurik sortir de la tente.

. . .

Uli grogna en ressentant l’impact de la hallebarde de la Tête d’Acier frapper son bouclier d’un bruit sourd avant d’enfoncer sa propre pique. Il sentit la pointe frapper efficacement et la chaleur l’envahir tandis que la pointe explosive exploser dans la poitrine du mercenaire. Il esquiva un autre coup du compatriote de l’homme, mais avant qu’il ne puisse mettre son arme à contribution, la pique de Yurik embrocha l’homme de part en part par l’aisselle.

L’opposition avait été plus acharnée que prévu et plusieurs de ses compagnons étaient tombés dans les combats contre les fortifications extérieures. Les mercenaires embauchés par les cygnaréens s’étaient rapidement retirés pour mettre en place une solide défense derrière les murs soutenus par les. warjacks cygnaréens et mercenaire. Seule la force écrasante d’un assaut combiné aurait une chance de percer – et probablement avec de lourdes pertes. Alors qu’Uli commençait à donner l’ordre à ses hommes de préparer la charge, il sentit la main de Yurik lui donner une tape dans le dos. Il se retourna pour voir la massive forme du Kommandeur Zoktavir se profiler derrière lui.

« Kovnik Chenko », la voix grave de Zoktavir grondait telle une tempête. « Vos hommes ont bien combattu. La réputation des Dragons Noirs est bien méritée. » Il leva sa massive hache par-dessus son épaule en tournant son regard vers les défenseurs retranchés. « Mais permets-moi d’y aller en premier. De si forts fils de la Mère Patrie ne doivent pas être sacrifiés ». Zoktavir tourna son regard vers Uli. « Que tes hommes suivent mes warjacks. Au moment voulu, déchaînez votre fureur au nom de la reine. »

Avant qu’Uli ne puisse réagir, il vit une éruption de pouvoir arcanique dans les yeux de Zoktavir, et des runes brillantes l’encerclèrent lui et ses warjacks. Tel une meute de loup, les énormes machines lâchèrent chacune un hurlement de vapeur et se mirent à courir vers la ligne de mercenaires. Uli attendit que les machines soient à portées des canons ennemis avant de donner l’ordre à ses propres hommes d’avancer, les invitant à s’acharner. Alors qu’ils s’avançaient, il pouvait voir le feu ennemi cingler sur les coques en fer rouges des warjacks de Zoktavir comme des moucherons du un buffle en train de charger. Avec un effort suprême, les défenseurs finalement parvinrent à arrêter un Juggernaut en train de hacher menu, sa jambe droite complètement détruite par un tir combiné.

Malgré leur succès, la vitesse à laquelle Zoktavir avait mis son groupe de combat à contribution les avait protégés de la pire des puissances de feu des mercenaires. Uli regarda Zoktavir marcher sur les remparts, son champ de force clignotant alors qu’il absorbait l’impact des projectiles. Avec un élan de puissance arcanique, Zoktavir pencha la tête en arrière et poussa un terrifiant rugissement, faisant trembler la terre même. Uli sentit la puissance couler dans ses veines et les runes arcaniques encerclèrent tous les khadoréens alors qu’ils prenaient d’assaut les fortifications incomplètes et se précipitèrent pour engager les troupes ennemies. Poussés par la fureur arcanique de Zoktavir, les khadoréens anéantirent tout sur leur passage. En quelques minutes, la forte position des défenseurs furent transformées en charnier de warjacks détruits et d’hommes massacrés. Alors qu’Uli faisait le point sur ses hommes, il était heureux de voir que peu d’entre eux étaient tombés au cours de l’assaut. Alors que son regard se portait sur les conséquences de la bataille, il aperçut Zoktavir. L’imposant warcaster arrachait sa puissante hache des restes du warcaster mercenaire. Alors qu’il libérait la sanglante arme, leurs regards se croisèrent et, avec un regard sinistre, Zoktavir leva une main gantelée en signe de salut.

Uli lui retourna le salut alors qu’Yurik s’exprimait derrière lui : « Quand la nouvelle parviendra à la capitale, je ne pense pas que ce sera la dernière fois que nous nous retrouverons sous son commandement. »

« Non », déclara Uli en contemplant leur victoire. « Je n’imagine pas que ce sera le cas. »

82
LES RENCONTRES DE PENDRAKE

Par Alten Ashley (Raconté par Luke Johnson)

TRAQUEUSES SANGUINAIRES À L’AFFÛT

J’avais commencé à avoir des doutes sur le druide s’approchant de moi à Crag il y a une semaine. Mais mon doigt sur la gâchette m’a démangé quand il a prononcé rejeton draconique et j’ai dit bingo. Maintenant, je me retrouve à me déplacer furtivement en direction du Lac Scarleforth, ce qui ne me dérange pas tellement. Je me souciais des … choses qui suivaient, qui je figure faisaient la même chose aux autres larbins du Cercle.

   Foutue blague sanglante, les druides. C’est la dernière fois que je travaille pour vous salopards. Des bruits provenaient de droit devant, de même – j’ai sentis – de l’eau, et la puanteur d’un champ de bataille. Je me suis accroupi derrière un pin, j’ai observé la clairière, et j’ai vu la rive d’un lac et une bande de trollkin morts. Il y avait eut une sacrée bagarre et les trollkin l’avait pris sur le coin de la gueule.

   Les vainqueurs ressemblaient à ce que j’étais venu tuer. Des montres. Des petits, juste des bouches sur pattes erraient autour et, devant moi, se tenait un gros tas dégoûtant : barbillons dentelés, griffes épaisses crocs énormes, tout le tralala. Mince alors, j’en souris.

   À proximité se trouvait peut-être une douzaine de ce qui ressemblait à des elfes. J’ n’en croyais pas mes yeux quand j’les ai reconnus comme des nyss.

   Il y avait quelque chose d’étrange chez eux aussi. Mais j’avais un plus truc à faire frire. Je me suis calmé, j’ai sorti le bipied de Jenny et j’ai zieuté pour vérifier son anatomie. Aucun problème. Il ressemblait au rejeton draconique que j’avais abattu dans les Montagnes du Mur du Dragon il y a quelques années.

   J’ai attendu une demi-heure jusqu’à ce que la lumière du soleil décline dans la clairière. Les nyss louchaient. J’ai visé à nouveau et relâché la détente.

   J’ai vu un mouvement à ma gauche. Mon visage tressaillit. Une de mes ténébreuses compagnes émergeait des arbres. Une femme, sauvage, toute maigre et réflexes, s’accroupit à moins de six mètres. J’ai dû faire du bruit, car elle me regarda et répondu à mon air de surprise.

   Ses compagnes sont sorties furtivement des arbres tout autour.

   J’espérais juste que cette femme avait compris que j’étais de son côté. J’ai visé, tiré et chopé le monstre à une articulation de la jambe. Les femmes en même temps attaquaient. Deux autres tirs, et le Vieux Vilain était un autre entaille à ma ceinture.

   Avec cette chose à terre, j’ai pu prêter attention aux femmes.

   Elles se déplaçaient comme des ombres liquides. Je n’avais jamais vu une telle vitesse et de tels réflexes sur un humain auparavant ; leur grâce me rappelait des chats sauvages. Leurs javelots ont frappé les nyss débordés et les ont faits reculés.

   Les javelots ont volé alors même que les femmes couraient. Elles se sont abattus sur les quelques elfes restants. Elles œuvraient ensemble, l’une distrayant un nyss dans son dos tandis que l’autre le frappait à la gorge. Puis les femmes se retournèrent vers les petits rejetons draconiques dentés avec d’étranges mouvement synchronisés, et une pluie de javelots fut projetée.

   Tout prit fin rapidement.

   J’appuyai Jenny contre un arbre et allumai un cigare. En supposant que ces filles n’étaient pas sur le point de me tuer, les regarder était un plaisir. Leurs mouvements étaient presque un art. Chaque déplacement se faisait sans effort. Après qu’elles eurent embarqués leurs morts et disparues dans les arbres, j’ai écouté, mais je n’ai rien entendu.

   Huh, Elles étaient presque aussi bonnes que moi.

   J’ai tiré sur mon cigare, et j’ai remarqué que la fille que j’avais surprise se tenait tout près. Elle m’a regardé et j’ai laissé ma main pendre près de Jenny. Elle a regardé le monstre que j’avais abattu et m’a fait un signe de tête. J’ai hoché la tête en retour et elle a disparu silencieusement dans la forêt.

   J’ai regardé ses pieds et je l’ai vue marcher directement sur une brindille séchée. Il s’est brisé sans un bruit. Il y a certainement quelque chose de contre nature à ce sujet. Cela m’a rassuré qu’elles soient presque aussi bonnes que moi.

83
Prière & Pugilisme

Les Origines des Moines dans les Royaumes d’Acier
Par Simon Berman et Douglas Seacat

L’Ordre du Reliquaire

La foi morrowéenne a été associée aux traditions martiales presque depuis ses débuts. L’image du chevalier de Morrow luttant courageusement pour la lumière et la justice est une icône au sein de tout l’Immoren occidental. Les gens du peuple dans les Royaumes d’Acier ne sont vaguement conscients que les défenseurs de l’Église de Morrow ne portent pas tous une armure lourde et ornée ou ne marchent pas pour combattre en masse. Préférant servir dans le tranquille anonymat, l’Ordre du Reliquaire. Laisse aux chevaliers les chants des bardes et l’adoration du peuple.

Dans les jours qui suivirent l’ascension de Morrow, ses disciples commencèrent à se débattre avec les implications de l’apothéose de leur chef et de leur persécution par les rois prêtres menite. Dans ces conditions, la protection des rares biens matériels appartenant à Morrow faisait l’objet de vives discussions. l’Enkheiridion, la collection réunissant les journaux de Morrow et de Thamar, figurait au premier rang de ses objets. Orelius 1er, qui allait devenir le premier primarque de la naissante Église de Morrow, prit le tome sacré sous sa propre garde, mais un autre des disciples de Morrow entreprit la tâche de rassembler les autres possessions de Morrow. Austa Gellon, une expérimentée épéiste qui s’était déjà battue aux côtés de Morrow, se voyait dans l’obligation de préserver pour la postérité tout ce qui restait de la vie de Morrow. Morrow n’a laissé aucune dépouille physique après son ascension, mais Gellon estima que tout élément associé à lui pourrait fournir un aperçu de la voie qui menait à la divinité. Certains de ces éléments ont en fait manifesté des propriétés miraculeuses, pour des raisons que les théologiens n’appréhendent pas entièrement. Certains croient que ces objets ont été imprégnés d’un pouvoir sacré du fait de leur longue proximité avec Morrow, tandis que d’autres pensent qu’ils ont acquis des attributs lorsqu’ils ont été exposés à l’événement de l’ascension.

Au cours de sa vie, Morrow avait erré dans une grande partie de l’Immoren occidental et Gellon a passé des années à essayer de retracer ses pas. On croit que Gellon a chroniqué ce voyage elle-même, mais ces journaux ont été perdus et on ne sait pas si elle a réussi à collecter les bien ayant survécu à Morrow. Ce que l’on sait, c’est que Gellon a déterré quelques notes et journaux annexes de Morrow, que l’église naissante a estimé d’une valeur sans prix pour analyser l’Enkheiridion. Les érudits de l’église moderne croient que Gellon a aussi réussi à acquérir quelques-uns des autres biens de Morrow, y compris l’épée et la masse qu’il portait jadis en tant que soldat.

Gellon a finalement déposé la collection de reliques au Divinium, le premier monastère consacré à Morrow, enfoncé dans les Montagnes du Mur du Dragon [Wyrmwall Mountains]. C’est là, à l’abri des déprédations du clergé menite que l’Église de Morrow a commencé à fonder, d’un groupe de fidèles laïcs, la religion dominante qu’elle allait devenir. Gellon en personne passait beaucoup de temps à protéger les reliques qu’elle avait acquises. À mesure qu’elle vieillissait, elle s’est préoccupée de s’assurer que les biens qui lui étaient confiés seraient gardés à perpétuité. On croit que Gellon a effectué plusieurs voyages à la recherche d’acolytes qui seraient dignes de protéger à la fois les plus saintes reliques morrowéenne et le sacerdoce naissant de la religion. Ces premiers gardiens étaient pour la plupart des prêtes avec des aptitudes martiales, dont certain fondèrent ensuite leurs propres ordres au sein de l’Église.

À mesure que le temps passait et de plus en plus d’hommes et de femmes s’élevaient, l’ordre se concentrait de plus en plus sur la recherche des reliques laissées par les ascendants. Quelques acolytes ont parcouru Caen, à la recherche des vestiges physiques de la vie de Morrow. D’autres, parmi eux, se sont consacrés à la protection de ces reliques. Tandis que les menites continuaient à les persécuter, les morrowéens ont découvert que d’autres semblaient avoir un intérêt encore moins plaisant aux reliques sacrées de Morrow. Deux acolytes s’étaient rendus dans la ville de Fharinn où ils croyaient qu’un os de la main de l’Ascendante Ellena demeurait dans une grotte cachée. C’est dans cette peu profonde que les acolytes ont été pris en embuscade et massacrés par un groupe de thamarites, qui ont abandonné leurs corps défigurés pour être retrouvés des mois plus tard par un groupe d’acolytes envoyés pour enquêter. Le destin ultime – et même l’existence – de la relique fait encore l’objet de débats eu sein de l’Église de Morrow.

Le groupe était un précurseur du Suaire [Shroud] de Thamar, qui avait l’intention de détruire les reliques morrowéennnes et de préserver celles de Thamar. Au cours des siècles suivants, les gardiens de l’Église de Morrow furent en proie à de nombreux discrets combats pour la possession d’objets sacrés. Cette nouvelle menace a entraîné une augmentation du nombre d’acolytes morrowéens, qui ont continué à explorer et perfectionner les méditations et les positions de combat transmises par Gellon et Taros.

Des décennies plus tard, les anciens acolytes de Gellon avaient codifié et développé ses enseignements, mais ce n’est que lors de l’Ascension de Katrena que le groupe fut organisé comme une branche officielle de l’église. La vénération de Katrena a condut l’ordre naissant à jouer un rôle plus actif dans la protection des lieux saints morrowéens. Le Primarque Orestag Ier reconnut ces prêtres comme l’Ordre du Reliquaire en 1805 PR. Le primarque a élargi leurs responsabilités et leurs autorités, leurs permettant d’établir des monastères pour la protection des reliques et de constituer des places fortes pour leurs semblables. En raison de la persécution perpétuelle exercée par le clergé menite, ces premières places fortes se trouvaient invariablement dans des endroits éloignés, tel le Divinium. Ces tâches ont permis à l’ordre de se rapprocher des artisans morrowéens ayant participé à la conception et à la construction de leurs monastères. L’ordre est resté relativement discret par choix, mais cette relation séculaire se poursuit encore aujourd’hui : l’ordre entretient souvent d’étroites relations avec des disciples laïcs qui sont maçons, architectes, ou qui possèdent d’autres compétences relatives à la préservation des structures monastiques.

Au cours des premiers siècles ayant suivi l’ascension de Morrow, les scrutateurs de foi menite exécutèrent sans pitié les morrowéens pour hérésie. En raison des circonstances dangereuses, les membres du clergé morrowéens ont fait preuve d’une extrême discrétion dans leurs déplacements. Près de 300 ans après la mort de Gellon, l’ordre était effectivement devenu un autre ordre chevaleresque, simplement axé sur la protection des reliques et du clergé. C’est à cette époque que Nallus Taros, l’un des combattants et gardes du corps les plus expérimentés de l’ordre, a orienté celui-ci sur une nouvelle voie. Guerrier brillant, doué à l’épée, le bouclier et la masse, Taros commença à se concentrer sur ses compétences de combat non armé, découvrant que sans armes évidentes, il pouvait plus facilement échapper à l’attention des scrutateurs menite et autres autorités. Vers la fin de la quarantaine, Taros avait parcouru tout l’Immoren occidental, escortant en secret les membres les plus importants de l’Église de Morrow.

Voyager sans arme et souvent seul à travers les contrées sauvages d’Immoren occidentale était dangereux, même sans la crainte de persécution religieuse, et Taros parcourait des centaines de kilomètres en méditant de plus en plus. En quelques années, presque tous les moments de sa vie fut passé dans une contemplation silencieuse de l’Asc Katrena et de Morrow. Alors qu’il marchait le long d’une route isolée près du Marais Bloodsmeath, Taros fut agressé par un groupe de bandits. À la suite de cette escarmouche, avec les corps brisés d’une demi-douzaine de brigands devant lui et les survivants en fuite, Gellon a réalisé que sa méditation n’avait pas été interrompue par le combat – sa contemplation des doctrines morrowéennes était devenue si parfaite que même le combat ne pouvait l’interrompre. En effet, il s’était battu avec d’incroyables talents, se surprenant en personne. Taros décrivit plus tard que c’était comme si l’Ascendante Katrena elle-même avait guidé ses mains et ses pieds en frappant ses ennemis.

Lorsqu’il revint ensuite au Divinium, son illumination apparente fut surprenante, même jusqu’au primarque de l’époque. Il n’y avait aucun doute dans les actions de Taros ; il était évident que tous ses actes et pensées étaient en accord total avec les idéaux de Morrow et la philosophie de combat de Katrena. Dans les années qui suivirent, Taros transmit une grande partie de ce qu’il avait appris aux autres protecteurs de l’ordre. Lorsqu’il mourut finalement de vieillesse, son corps fut enterré dans un lieu de vénération spéciale, à côté des objets sacrés qui avaient été d’une telle importance pour Taros et Gellon.

L’Ordre du Reliquaire s’est développé dans son rôle monastique en expansion. Au fur et à mesure que des individus particulièrement saints s’élevaient, le nombre de reliques saintes augmentait en conséquence. Bien que peu d’objets aient été imprégnés de la véritable puissance d’une relique, ceux qui servaient de cœurs à partir desquels des monastères entiers avaient été fondés. La menace de persécution par les menite s’est accrue et décrue au fil des siècles et, comme bon nombre de ces monastères ont été fondés en secret, l’ordre a maintenu l’accent sur le combat sans armes et les armes pouvant être facilement dissimulées ou justifiées. Malgré tous leurs efforts, certains monastères et églises naissantes, connues sous le nom de basilique, ont été trouvées et détruites par les ennemis de l’église. Certaines d’entre elles semblent avoir été effacées de la surface même de Caen, et les reliques qu’elles auraient pu abriter ont disparu avec elles. Les premiers registres paroissiaux sont incomplets dans de nombreux endroits, et on découvre parfois des basiliques morrowéennes aujourd’hui en ruines dans des contrées sauvages isolées ou cachées profondément sous certaines des plus anciennes villes.

Au cours de s premiers siècles, l’ordre se trouva ainsi préoccupé par la protection des reliques contre les autorités menite que l’essor de la nécromancie, en particulier chez les thamarites. La nécromancie est particulièrement odieuse pour les membres de l’Ordre du Reliquaire, qui trouvent l’idée d’une âme et d’un corps corrompus après la mort un véritable cauchemar. Les premiers nécromanciens thamarites ont réussi à plusieurs reprises à avilir les reliques morrowéennes à leurs propres fins, faisant de l’ordre un des groupes les plus radicalement anti-thamarites de l’église naissante.

Le changement majeur suivant de l’ordre intervint en 1250 PR suite à l’assassinat du Primarque Loricharias. À cette époque, l’Église de Morrow était devenue un véritable pouvoir religieux et politique dans l’Immoren occidental. L’église comptait des adeptes parmi tous les royaumes des hommes et ses membres ont commencé à le vénérer ouvertement. Lorsque le Primarque Loricharias a annoncé que l’Église de Morrow ne tolérerait plus les persécutions religieuses, le Synode Menite a répondu en envoyant le Scrutateur Khorva Sicarius en mission supposée diplomatique. Sicarius a été le premier menite invité à visiter le Divinium. En fait, Sicarius n’était pas du tout menite, et ni Sicarius son vrai nom de famille. Khorva était, en réalité, un assassin et un homme de main originaire du milieu criminel de Korsk. Les détails de l’intrigue qui a mené à son arrivée au Divinium sont perdus dans l’histoire, tout comme son vrai nom de famille.

L’imposteur et le primarque se sont rencontrés au centre d’une grande salle de réunion. Les chevaliers et gardiens, menite et morrowéen, étaient désarmés conformément à la cérémonie. C’est ce désarmement rituel qui a empêché les nombreux paladins morrowéens présents de sauver le primarque lorsque Khorva l’a frappé avec une mitre cérémonielle. Alors que le primarque tombait raide mort, l’Ascendante Katrena s’est matérialisée et a châtié Khorva, qui a été immédiatement revendiquée par Thamar lors de sa propre ascension, alors même que le primarque tué a été récompensé par Morrow en devenant un archon. Cet événement a été marqué comme l’une des manifestations les plus remarquables du divin sur Caen au cours des deux derniers millénaires. Elle a aussi clairement démontré à l’église la vulnérabilité de son plus haut clergé et le besoin d’une protection supplémentaire.

Dans les jours qui suivirent, l’Ordre du Reliquaire fut chargé de protéger le clergé morrowéen en plus de leurs autres devoirs. Experts du combat et de la contrainte sans armes, l’ordre était superbement équipé pour cette tâche, traditionnellement confiées aux paladins de la foi. Ces groupes ont commencé à travailler en plus étroite collaboration en tant que gardiens différents mais égaux de ceux choisis pour prêcher les paroles de Morrow. Il a également été considéré par la suite que la mort tragique du Primarque Loricharias avait servi le plus grand bien, car les manifestations sacrées entourant cet événement avaient obligé le Synode Menite à reconnaître la légitimité de la foi morrowéenne.

Ce n’est qu’avec l’Occupation Orgoth que l’ordra a connu un autre important changement dans sa philosophie. Les impitoyables tyrans orgoth se souciaient peu de la culture de la région, et les moines de l’ordre ont conservé une grande quantité de connaissances qui autrement auraient été perdues dans l’antiquité au cours de cet âge sombre. L’accent mis par l’ordre sur la subtilité et la discrétion a bien servi l’église morrowéenne ; en de nombreux endroits, les orgoth interdisaient au immoréens de porter des armes, une restriction qui a à peine affecté les moines de l’Ordre du Reliquaire de remplir leur devoir.

L’Ordre au sein du Khador

Bien que l’église morrowéenne khadoréenne ait toujours eu une petite présence au sien de l’Ordre du Reliquaire, plusieurs monastères de l’ordre dans le khador septentrional existent depuis des siècles. Par une coïncidence du destin, la plupart des ascendants ont vécu leur vie dans la partie sud des Royaumes d’Acier, et il y a simplement moins de monastères dédiés aux reliques morrowéennes dans le nord. Pour la plupart, l’ordre est respectueux les uns des autres, sans distinctions de la nationalité.

Une exception majeure à cette amabilité est le clivage entre morrowéens cygnaréens et khadoréens concernant le lieu d’inhumation de l’Ascendante Katrena. Katrena est née dans ce qui serait un jour le Khador mais a passé les derniers de sa vie à protéger le primarque. Quand elle s’est élevé, sa dépouille a été enterrée dans le Divinium même. Compte tenu du lieu de sa naissance, le Conseil des Vicaires de Korsk [Korsk Vicarate Counci] clame que son corps et les reliques qui lui sont associées relèvent de la juridiction d’un monastère dans les montagnes septentrionales de leur propre pays. En raison de l’état actuel de guerre presque ouverte entre le Cygnar et le Khador, il est peu probable que la question soit résolue rapidement, mais le retour de la dépouille de Katrena est un point de fierté nationale pour les membres de la branche khadoréenne de l’église.

C’est durant l’occupation que l’ordre a obtenu son second patron. Un gouverneur orgoth a martyrisé l’Ascendant Rowan pour avoir protégé un groupe de mendiants de l’exécution. Au fur et à mesure de l’occupation, Rowan a gagné en popularité en tant que protecteur de ceux qui cherchaient s’abriter de l’oppression. L’Ordre du Reliquaire s’efforçait souvent de cacher les morrowéens à cette époque et l’ascèse de l’Ascendant Rowan attirait les moines. De nombreux monastères ont adopté son style de vie simple et frugal comme le leur. Certains moines morrowéens ont depuis acquis une réputation de générosité et de vie de mendicité, en donnant ce qu’ils gagnent en mendiant à ceux qui en ont réellement besoin. Mêmes les branche qui n’adhèrent pas exactement à l’ascèse de Rowan offrent souvent de leur temps à leur communauté locale pour aider des projets qui servent les moins fortunés.

Bien que l’ordre n’ait pas subi de changements radicaux dans son ensemble depuis lors, les monastères développent souvent leurs propres cultures et philosophies uniques influencées par les ascendants ultérieurs. Les monastères étroitement associés à un ascendant en particulier ont tendance à développer une vie monastique en accord avec la nature de leur patron. Ainsi, deux monastères peuvent être géographiquement proches l’un de l’autre, mais leurs opinions varier considérablement. Le Monastère Ordique et la Tombe de l’Ascendant de Markus situés dans la ville de Midfast et le monastère de l’Ascendant Gordenn, à 160 km de Merin , illustrent bien ces divergences.

Les moines de Midfast sont, parmi les branches morrowéennes, les plus militantes de l’ordre. Chargé de protéger la dépouille de l’Ascendant Markus, mort en défendant la ville, l’ordre l’a pris comme leur patron sur tout autre ascendant. Pour honorer au mieux leur patron, les moines considèrent la défense de Midfast comme un devoir sacré. L’Abbesse Verona Rendasi met l’accent sur les éprouvants exercices et autres entraînements au combat, ce pour quoi l’Armée Ordique est reconnaissante. Les moines de cet ordre font presque officiellement partie de l’Armée Ordique et de la milice de Midfast. La qualité de leur entraînement au combat est tellement estimée que le Sancteum Caspien emploie souvent des moines de Midfast pour affecter des gardes du corps aux plus importants membres du clergé. Plusieurs des protecteurs du primarque proviennent du Monastère de Markus.

Contrairement à ses frères et sœurs militants de Midfast, le Monastère de l’Ascendant Gordenn est moins préoccupé par les combats et plus soucieux du désir de Morrow d’aider le peuple de Caen, en particulier en période de famine ou de sécheresse. Situé à quelques kilomètres à l’est de Merin, ce bâtiment simple offre une vue impressionnante sur le centre agricole d’Ord depuis le sommet d’une colline escarpée. Bien que les moines y prennent au sérieux leurs devoirs de gardien de la dépouille de Gordenn, ils sont aussi profondément impliqués dans la vie des agriculteurs voisins. Le monastère est surtout connu pour l’excellent vin qu’il produit dans les vignobles « Santo Gordenn » qu’il entretient. Une partie de ces recettes de ce vignoble est consacré à l’entretien des modestes besoins du monastère, mais la plus grande partie est versée à divers projets caritatifs, dont la plupart bénéficient directement aux agriculteurs de la région de Merin. Le monastère brasse également d’excellents bières, qui profitent de la qualité du houblon et des fruits disponibles dans la région. En fait, les moines de l’ordre ont la réputation de jouir un peu trop de la belle vie. C’est peut-être un peu exagéré, mais de nombreux visiteurs du monastère repartent avec le souvenir d’un moine âgé assis sous un arbre, buvant une bière et fumant un cigare roulé à la main.

L’Ordre du Poing

L’histoire se souviendra du Hiérarque Garryck Voyle comme l’un des individus les plus influents pour façonner le Protectorat de Menoth. Son héritage est énorme et aucun de ses actes ne peut-être considéré comme le plus important, mais la fondation de l’Ordre du Poing sera certainement l’une de ses réalisations durables.

Avant la consolidation du pouvoir de Voyle au sein du Synode, il a passé plusieurs années à rechercher la maîtrise totale de sa propre chair afin de mieux servir le Législateur. Il a réalisé ses premiers pas sur cette voie des années auparavant, lorsqu’il a étudié le Canon de la Vraie Loi dans ses termes origniaux, écrits sur les murs du Haut Temple du Canon à Ancienne Icthier. Les recherches de Voyle étaient approfondies et d’une grande portée. Il a trouvé des références aux premiers prêtres rois et à leurs gardes sur d’antiques tablettes. Certains de ces premiers testaments décrivaient les actes apparemment miraculeux que ces gardiens oubliés auraient pu accomplir pour défendre les prêtres rois. Traditionnellement, les érudits menite avaient interprété ces miracles comme des métaphores décrivant la volonté de Menoth manifestée sur Caen. Voyle est remonté à la création de l’histoire menite, il a commencé à soupçonner que des actes n’étaient pas des métaphores, mais des descriptions littérales d’individus que la volonté de Menoth mouvait si facilement que leurs actes ne pouvaient être qualifiés que de miracles.

Le séjour de Voyle à Ancienne Icthier pit bientôt fin, mais ses études le poussèrent à faire entrer cette tradition oubliée du guerrier sacré dans le monde moderne. Il prévoyait que ces combattants non armés pourraient s’acquitter de leurs devoirs de violence sans l’intervention des autorités cygnaréennes, qui s’opposaient à l’idée d’une armée au sein du Protectorat. Les années passèrent et Voyle gravit les échelons du clergé. Après l’exécution du Visgoth Ozeall et les querelles intestines du Synode, Voyle sentit qu’il était prudent de se retirer de la vie politique du Protectorat, et c’est alors qu’il revint aux indices de prouesses miraculeuses décrites dans les textes antiques. Son posté élevé au sein du clergé lui donna un meilleur accès aux archives du Protectorat, où Voyle trouva de nouvelles voies d’investigations.

La voie a finalement mené Voyle au bord du Désert de Jaspe [Bloodstone Desert] et de la demeure en pierre séculaire de Haveron Grayden. Grayden, était un autre étudiant des textes menite les plus anciens, ayant fait des découvertes semblables à celles de Voyle. Afin de mieux se concentrer sur ces études, Grayden s’était retiré dans la solitude. Voyla avait entendu parler des recherches de Grayden et soupçonnait qu’il suivait une voie similaire. Quand Voyle arriva chez Grayden, il trouva l’ermite plongé dans la méditation. Les détails de leur première rencontre sont inconnus, mais on estime que Voyle a démontré à Grayden une connaissance étonnamment avancée des antiques techniques martiales des gardiens des prêtres rois. À partir de là, ils ont commencé à s’appuyer sur les connaissances oubliées qu’ils avaient acquises, Voyle montrant la voie.

Les deux hommes avaient une personnalité très semblable, à la fois intransigeante et soutenue par la foi. En un temps étonnamment court, Voyle assimila la somme totale de leurs connaissances sur le sujet, comblant les lacunes avec sa propre intuition. Bien que Voyle n’ait jamais parlé des détails de cette époque, il a laissé entendre que Menoth en personne avait fourni des conseils, peut-être sous la forme de visions et de rêves. En moins de deux ans, Voyle était convaincu que Grayden et lui avaient maîtrisé leurs techniques sous la conduite de Menoth, et il commença à planifier la création d’un ordre de moines dédié à cet entraînement.

L’emphase de leur art martial était le combat non armé en utilisant les dons que le Créateur avait offerts au corps du combattant. Seuls trois postures constituaient le coeur de l’art, chacune portant le nom d’une vertu ou d’un commandement menite: Pureté, Rédemption et Jugement. La posture de Pureté mettait l’accent sur la défense et l’incorruptibilité du corps. Un acolyte employant la Pureté pourrait parer les coups avec une grande facilité et même résister aux effets du poison grâce à la patience de Menoth. La Rédemption consistait à retourner les coups d’un attaquant contre lui en redirigeant ses mouvements et sa force. Plus l’attaque est puissante, plus les dégâts étaient importants lorsque cette attaque a été redirigée. Enfin, le Jugement était la posture de destruction et de soumission. La posture finale enseignée à un initié, le Jugement était purement offensif, et ceux qui étaient jugés dignes d’apprendre des techniques pour paralyser un ennemi d’un seul coup ou briser des os en poussière. Les authentiques maîtres des trois postures peuvent évoluer entre elles.

Voyle retourna à Icthier à la recherche d’étudiants. Ses premiers acolyes sont issus de jeunes clercs diplômés du Lyceum, triés sur le volet pour leur connaissance lithurgique et leur loyauté sans faille. Quand ils vinrent avec lui dans la maison isolée de Grayden, Voyle les proclama premiers initiés de l’Ordre du Poing. La formation des initiés a été rapide et les limites supérieurs d’un suppliant quelconque sont rapidement apparues. Ceux qui manquaient d’engagement total et de foi be pouvaient tout simplement pas accomplir les efforts presque miraculeux qu’on leur demandait, et plus d’un initié fut tué durant l’entraînement. Peu de temps après, Voyle et Grayden furent satisfaits de leurs initiés survivants, et ils commencèrent à les guider à travers les nouveaux rangs de l’ordre. Lorsque le premier moine atteignit le rang de haut-allégeant, Voyle informa Grayden que l’ordre était maintenant entre ses mains et qu’il devait gonfler ses rangs. Voyle retourna à Sul préparer son ascension au sein de la hiérarchie du Protectorat.

Au moment où Voyle s’était préparé politiquement et qu’il était convaincu que Menoth en personne guidait sa trajectoire, Grayden avait formé plus de cent allégeants de l’Ordre du Poing. Lorsque Voyle finalement s’empara du pouvoir au sein du Synode, les allégeants s’assurèrent de l’adhésion du bas clergé et de la population, alors même que Voyle affrontait les visgoths. Libérés du besoin d’armure ou d’armes, les moines se disséminent facilement dans toute la population, à l’écoute des paroles de trahison ou de dissidence contre le nouveau régime de Voyle. Pendant les mois où il consolida son pouvoir, les moines de l’Ordre du Poing devinrent les exécuteurs personnels de Voyle. Même après son investiture officielle en tant que hiérarque, il a gardé plusieurs gardes du corps de l’ordre avec lui en tout temps – un acta qui a aliéné les paladins de l’Ordre du Mur et même perturbait les Chevaliers Exemplaires, qui avaient tous deux précédemment fourni leurs meilleurs Chevaliers à ce rôle.

Une fois que Voyle a été nommé à son nouveau poste, il a élevé Grayden au rang de saint haut-allégeant [holy high allegiant] pour diriger l’ordre en son absence. – bien que Voyle ait conservé l’estime et la vénération en tant que créateur de l’organisation, et que la loyauté ultime de ses membres lui appartienne à lui seul. Voyle n’était pas habitué à la familiarité, mais Grayden a peut-être été le confident le plus proche qu’il ait jamais eu. Grayden était honoré de cette responsabilité ; il n’y avait peut-être pas plus grand signe de respect pour Voyle que de lui laisser le soin de diriger l’ordre monastique qu’il avait fondé et qui avait contribué à l’accession au pouvoir de Voyle. Grayden entreprit d’étendre et de consolider l’ordre tandis que Voyle s’occupait de réformer le Protectorat et de son armée en général. Le premier acte du saint haut-allégeant a été de construire un monastère sur le site de sa maison isolée. Un immense campenard fut bâti, avec une sinistre tour couronnant plusieurs niveaux de casernes souterraines et de zones d’entraînement. Il n’a mais eu que des moines et le haut clergé à l’intérieur, et le monastère demeure à nos jours le coeur de l’ordre.

Grayden et ses subordonnés les plus dignes de confiance choisissent et instruisent personnellement chaque nouvel initié parmi ceux qui postulent. Ces dernières années, ils ont admis un grand nombre d’acolytes qualifiés appartenant aux tribus idriennes. Issus d’une culture avec une forte tradition martiale, les idriens convertis ont trouvé l’ordre très attrayant. Peu de temps après, les styles de combat de leurs cultures, inspirés par le flux du sable et du vent, commencèrent à se mêler aux techniques propres à l’ordre, et Grayden les trouva très complémentaires. Il est même allé jusqu’à incorporer certaines de leurs formes dans le programme de formation de l’ordre. La présence idrienne au sein de l’ordre n’a pas cessé de se renforcer ces dernières années.

Les tribus ont été grandement inspirées en la personne du Haut-Allégeant Amon Ad-Raza, un idrien qui n’est pas seulement l’un des membres les plus haut placés de l’ordre, mais également le premier moine à démontrer les talents de warcaster.

Depuis la mort de Voyle, l’ordre s’appuie plus que jamais sur les conseils d’Haveron Grayden. Grayden n’est que légèrement plus âgé que Voyle ne l’était à sa mort, mais il ne bénéficie pas de la même singulière bénédiction de longévité que son ancien maître. Bien que le saint haut-allégeant soit toujours en excellente santé et tienne une dévastatrice forme au combat, les années l’ont ralenti et il a commencé à réfléchir à qui prendra sa place lorsqu’il sera appelé au côté du Porteur de Loi à Urcaen. Bien qu’il n’ait pas encore choisi, certains pensent qu’il prépare Ad-Raza à lui succéder. Si cela ce produit, le warcaster pourrait devenir un phare pour les membres de tribu non encore convertis, et le nombre croissant de membre de l’ordre pourrait lui permettre de jouer un rôle plus important dans les croisades à l’étranger.

Pour l’instant, cette tâche est encore largement laissée à d’autres groupes comme le Gardien du Temple de la Flamme et les Chevaliers Exemplaires. La majorité des moines de l’ordre maintiennent leur vigilance traditionnelle dans les rues du Protectorat, comme les yeux, les oreilles et les poings menaçants pour les principaux prêtres et scrutateurs de la foi. Après des années de rigoureux entraînements, de privations et de piété concentrée, ils n’ont aucune patience ni tolérance pour les menites qui négligent leurs devoirs envers le Créateur, sans parler des païens qui n’honorent pas correctement le dieu. Leur sinistre réputation est telle que les moines du Poing ont peu d’amis en dehors de leur ordre, mais ils trouvent des âmes sœurs parmi les fidèles qui leur ressemblent, en particulier le clergé dévoué et les intransigeants Chevaliers Exemplaires. Parfois, leurs intérêts coïncident avec ceux des paladins de l’Ordre du Mur, même si chacun de ces ordres a des a des interprétations distinctement différentes de la Vraie Loi. Des groupes de pratiquants aussi zélés sont de redoutables adversaires des ennemis du protectorat, et parfois ils pénètrent au sein de pays étrangers pour de difficiles missions pour faire avancer la cause de leur juste foi.

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Background – Histoire des Royaumes d’Acier / NQ 11 - Baril de Poudre
« le: 11 février 2020 à 14:45:09 »
BARIL DE POUDRE

Par Douglas Seacat

Gorten Grundback savait qu’il devait faire vite pour régler ce problème avant que le maniaque n’arrive et ne tue tout le monde. Il fulminait des nécessités financières qui l’avaient contraint à cette position ridicule. Travailler aux côtés du Marteleur Fou pour le Cartel Seaforge s’était avéré plu éprouvant que prévu. Il se retrouvait maintenant à l’intérieur d’une mine condamnée, essayant de forer dans un effondrement pour atteindre les mineurs coincés de l’autre côtés avant que Durgen n’arrive sur les lieux.

« Attends, attends ! » Gorten réprima mentalement le Foreur à sa gauche qui recula docilement, avec sa perceuse tournant toujours. Gorten le dirigea vers la gauche, loin de la poutre de support en bois pourri, qui ne semblait pas pouvoir supporter beaucoup plus. Il souhaitait être sur un champ de bataille ailleurs, à fracasser le crâne du Maître de Forge. Mais de temps en temps, des gémissements et des cris parvenaient de l’autre côté du puits effondré pour lui rappeler les enjeux.

   Il venait de retrouver un état d’esprit apaisé et avait fait des progrès certains, lorsqu’il entendit une voix alarmée résonner de près de l’entrée de la mine. « Il est arrivé ! Gorten, sors de là ! » Gorten reconnut les cris de Herne Solderoche. Il avait laissé Herne et son partenaire Jonne en haut pour garder un œil. De la poussière et des pierres lui tombèrent dessus suite à une explosion en haut. Gorten retint son souffle jusqu’à ce qu’il soit sûr que le plafond ne s’effondrerait pas.

   « De tous les stupides et maudits ayant l’esprit d’un gorax … » Suivi par deux Foreurs, Gorten remonta la caverne, en maudissant sur tout le chemin.

. . .

   Marteleur Fou regardait avec de grands yeux et un gloussement joyeux l’explosion et l’incendie d’une des dépendances de surface. Il prit quelques instants pour apprécier les flammes et la chute astucieuse des décombres avant de se retourner pour aboyer d’autres ordres aux membres du 33ᵉ Corps des Carabiniers se trouvant à proximité et qui étaient décidément pâles. Ils continuaient à transporter des barils de poudre et à les placer aux endroits indiqués, tandis que le Marteleur Fou faisait mentalement l’inventaire de leur quantité et évaluait leur emplacement. Il restait un certain nombre de structures périphériques importantes, mais il avait décidé qu’il valait mieux s’occuper d’abord du puits de la mine. « J’aurais dû apporter plus de poudre », marmonna-t-il d’une voix triste, provoquant l’étonnement et la surprise de Jonne Arquebuse, se tenant non loin. Des barils de poudre, suffisamment pour approvisionner une petite armée pendant un mois, jonchaient le sol autour de la mine.

   Gorten Grundback sortit en trombe de l’entrée de la mine, gesticulant sauvagement et criant quelque chose d’incohérent. Le Marteleur Fou le regarda d’un air méfiant. « Je ne m’attendais pas à te trouver ici. C’est on job, Gorten. N’essaie pas de le prendre. Je m’en remets à toi quand il s’agit de creuser des trous, mais les démolitions sont mon domaine. À moins que tu sois là pour m’aider à déplacer des barils de poudre… »

   « Gorten répondit en criant : « Marteleur Fou, espèce d’idiot ! On a des mineurs concés en bas, laisse tomber les explosifs ! »

   Marteleur Fou fronça les sourcils froidement, à peu près tout ce qu’il pouvait supporter de se faire rabaisser par un nain qui ne savait manifestement pas comment parler à son supérieur. « Mon job consiste à démolir cette mine. On ne m’a rien dit concernant les mineurs. »

   « Les mêmes personnes nous ont engagé, imbéciles. Ils m’ont envoyé chercher ces mineurs avant que tu fasses tous exploser ! »

   « Personne ne m’en a parlé. » Il s’arrêta un instant, son expression devenant insensible. « Mes instructions sont claires. » Il s’adressa aux artilleurs qui l’assistait : « Continuez à placer les barils là où je l’ai dit. Nous devons immédiatement démolir cette entrée de mine. »

   Gorten leva son marteau, les yeux rouges de colère. « Éloignez-vous de ces explosifs ou je vous l’enfonce dans le crâne ! »

   Les artilleurs du 33ᵉ regardèrent les deux warcasters avec crainte, peur et incrédulité. Pendant ce temps, les warjacks attachés à chacun d’eux s’étaient rassemblés de chaque côté. Marteleur Fou avait un Marteau-Pilon Wroughthammer en plus de plusieurs Mitrailleurs Grundback, tandis que Gorten avait ses Foreurs. L’un de leurs sergents tenta d’intercéder auprès de Durgen : « Regardez ici, monsieur. Nous devrions peut-être regarder à l’intérieur, voir s’il y a quelque chose que nous pouvons faire… »

   « Silence ! » Cria le Marteleur Fou. « Écoute-moi, sergent, je travaille dans les mines depuis des décennies, ma famille depuis des siècles. Les effondrements arrivent. Parfois des gens meurent. Ce n’est pas la fin du monde. Nous avons un travail a effectué, et une prime si nous le faisons rapidement. » Il pointa le sergent avec son marteau surdimensionné, Niveleur. Le sergent et les nains qui l’accompagnaient se mirent à briller d’une teinte rougeâtre. Leur peau devint intensément chaude, et un sentiment d’anxiété et d’urgence les envahit. « Toi et tes hommes, vous ferez comme je dis, ou vous exploser. Dégagez-moi ces empêcheurs du chemin ! » Les membres rassemblés du 33ᵉ semblaient en conflit. Ceux sous le charme du Marteleur Fou faisaient face à ceux se tenant proche de Gorten. Aucun des deux camps ne semblait désireux de presser la gâchette, mais tous deux tenaient leurs armes prêtes.

   Le Marteleur Fou se retourna pour observer Gorten et ses ‘jacks d’un œil critique, décidant quel obus fonctionnerait le mieux. Il chargea un « Brise Caisse » et le chargea savamment dans son canon suspendu.

   Herne Solderoche se rapprocha et chuchota à l’oreille de Gorten. « Ne le tue pas. Il devient comme ça parfois. Assomme-le et nous l’attacherons. Il ira mieux dans quelques heures, je pense… »

   Gorten grommela en retour : « Je n’essaierai pas de le tuer. Mais s’il meurt, je n’irai pas à son enterrement. »

   Le grondement de l’explosion provenant du Marteleur Fou, Démanteleur, interrompit leur conversation. Gorten instinctivement fit appel à son pouvoir de stabilité et de protection. Cela n’aida pas particulièrement la cible du canon. L’énorme cartouche perforante pénétra directement à travers l’épais blindage de fer du Foreur sur sa droite. Gorten regarda avec incrédulité son bras de forage se détacher et chuter lourdement au sol. Marteleur Fou ricana de nouveau et chargea un autre projectile dans son canon.

   « Ça le fait ! Les paris sont ouverts. » Gorten dégaina son pistolet et visa.

85
MEURTRE DANS UN CERCLE DE CORBEAUX

Par Douglas Seacat

J’en suis certain. Ils marchent sur les pierres du Boisombre, en provenance directe de Vladovar, à une vitesse semblant contre nature. Je n’ai pas pu découvrir qui les aide. » Le jeune protecteur s’inclina profondément avec respect, et sa silhouette encapuchonnée trembla d’épuisement.

Krueger l’Ire de l’Orage se renfrogna, et le ciel nocturne au-dessus semblait frémir et s’assombrir avec son humeur. « Des warjacks khadoréens ? Absurde. Il n’y a aucun moyen pour que leur armée connaisse l’emplacement de ces pierres. » Il broyait du noir en écoutant la description du jeune druide. Il se tourna ensuite pour s’adresser à une discrète silhouette, presqu’invisible, contre les arbres. « Ça doit être une erreur. »

   Le druide encapuchonné parlait d’une voix profonde, à l’accent des terres du nord. « Non. Un vieil ennemi s’agite. Nous ne pouvons pas perdre ce site. »

   Krueger croisa les bras : « Il y a d’autres sites à risque. Les kriels trollkin ont attaqué plusieurs régions de mon domaine. On a besoin de moi là-bas, pas ici. »

   Le Tout-puissant Dahlekov, l’un des trois seuls à pouvoir à exiger de l’Ire de l’Orage secoua la tête. « Les seuls qui soient suffisamment puissants sont occupés à l’est, près de Scarleforth. Tu t’en occupes en personne. » Krueger bouillonnait de ressentiment. « Je n’ai aucune force pour cela. Envoyez un errant pour les distraire. »

   « Non, cette bataille est la tienne. Prends ce protecteur et ses sauvageons. Rovson se joindra à vous. Je vous ouvrirai la voie » Dahlekov tourna le dos pour disparaître entre les arbres tel un fantôme.

   La forme féroce et puissante d’un imposant gardien sortit de l’ombre de la clairière sacrée au clair de lune. Ce singulier lupomorphe à la fourrure blanche comme neige, vêtu d’une armure marquée du sceau d’Orboros, avait dans ses yeux rouges une inhabituelle lueur de vive conscience et intelligence. Il offrit à Krueger un signe de tête respectueux. Derrière lui suivait un lupomorphe d’aspect plus typique avec ses oreilles en arrière et sa posture démontrant une soumission au premier. Celui en armure s’exprimait dans un grondement rendant les mots difficiles à discerner, « Rovson ». C’était son nom, une introduction, car il tenait son poing griffu contre sa poitrine. « Notre force pour vous. »

   L’Ire de l’Orage ignora ses plaisanteries. Rien de tout cela lui plaisait, et il aboya des ordres pour essayer d’organiser cette force hétéroclite. Toujours renfrogné, il les conduisit vers les grandes pierres mouvantes sachant qu’il devait se hâter d’arriver à temps pour la bataille à venir.

. . .

   La vieille carogne les attendait, bâton en main, à leur place de pouvoir. Le sol était détrempé de sang frais et des cris stridents emplissaient l’air alors que les corbeaux se rassemblaient en nombre croissant. Le grondement des machines à vapeur l’entourait, son antique warjack bricolé et deux machines plus modernes bien élaborées par les fils de la Mère Patrie. Un vieux Juggernaut, bien aguerri par de nombreuses batailles, se tenait à côté d’un Kodiak immaculé, son blindage étincelant du rouge impérial, les couleurs désignant le nouvel empire, fraîchement sorti des usines de Korsk. Sa présence au milieu de cette compagnie aurait intrigué n’importe quel kommandeur khadoréen, même s’ils auraient fait mieux de ne pas le demander. La vieille carogne observait ces machines avec affection, comme si elles étaient des êtres vivants qu’elle avait personnellement élevés pour la guerre.

   Les défenseurs avancèrent en toute hâte dans la forêt. Elle pouvait les sentir et les entendre. Cela l’amusait de les entendre se précipiter avec ferveur et inquiétude sur un terrain qu’ils croyaient leur. Elle se pencha vers l’un des cadavres le plus proche et ses mains griffues lui séparèrent sa tête au niveau du cou. Elle pela paresseusement la peau de son visage comme un autre pourrait peler une pomme. Elle le rangea dans un sac à sa taille.

   Ils étaient calmes et gracieux, se déplaçant dans les sous-bois qui s’ouvraient pour eux. Une petite partie d’elle ressentit une lueur d’admiration pour eux, mais qui fut rapidement éclipsée par l’amusement et le mépris. Elle les sentait rassemblé du pouvoir et provoquer une brise qui agitait les feuilles mortes automnales.

   L’un se déplaçait derrière eux, arrogant de la vitalité de son espèce. Il était mince et chauve, tenant une lance de pouvoir dans ses mains. Ce druide s’arrêta net à sa vue et à celle de son escorte de machines. « Toi ! » Dit-il avec acrimonie. Elle était amusée d’être reconnue, même si elle était certaine de n’avoir jamais lui avoir parlé auparavant. Il se tenait rarement au sol. « Va-t’en, sorcière ! » Derrière lui se dressaient des créatures musclées de chair et sang marchant comme des hommes mais avec les crocs et les griffes des loups. Elle sentit une grande puissance chez l’un deux. De petits mortels se tenaient derrière eux, des druides à peine éveillés à leur pouvoir et des hommes aux lances bifides. Ils étaient à peine perceptibles. Ses propres petits enfants tournaient derrière eux sans être vus, des kossites aussi à l’aise dans la forêt que n’importe quel forestier.

   Elle cura ses dents et secoua la tête, essuyant ses griffes ensanglantées sur son tablier en loques, y laissant des traces rouges. « Tu arrives trop tard. C’te place est à Vee maintenant. Vee vous a laissé l’emprunter pendant un p’tit moment. Ce temps est révolu. »

   Au-dessus d’eux, les nuages centrés sur l’homme en robe noir commençaient à tourbillonner dans un ciel prenant graduellement de la vitesse, mais elle ne faisait montre d’aucune réaction à de telles manifestations. Qu’est-ce que l’air, sinon un chemin pour les corbeaux ? Son pouvoir venait de la terre, partout où les fils du nord naissaient et saignaient.

   « Notre combat n’est pas contre toi, vieille bique. Notre ennemi est le même. Les asticots du dragon détruisent vos villages septentrionaux pendant que tu perds du temps ici. » Malgré toute sa hardiesse, la sorcière y trouva une agréable incertitude dans ses yeux.

   Les cris des oiseaux prirent de l’ampleur, sentant un grand festin approcher. Sa voix les transportait. « Aucun bain de sang n’est du temps perdu, jeune corbeau. Venez au centre avec moi. Votre souffrance ne sera pas longue. » Son sourire était effroyable.

   Ses mots à peine prononcés que la chaudière rouge impérial du Kodiak rugit de la vapeur sous pression, et il bondit en avant sans avertissement. Le Juggernaut n’eut qu’une seconde de retard, ses mouvements plus lourds mais son imposant poids à contempler. Tout aussi rapidement, les lupomorphes se précipitèrent vers eux avec hurlements de rage, leurs corps se tordirent tandis que les muscles et les tendons se déplaçaient et des pointes et des ergots semblable à des os jaillirent. Les warjacks et les bêtes de guerre s’heurtèrent dans un fracas retentissant et un son impie du métal rencontrant la chair.

86
DU SANG À PARTIR DE LA PIERRE

par William shick

MONTAGNES DU MUR DU DRAGON SUPÉRIEUR, 586 PR

La Sentinelle Alarais fronça les sourcils en surveillant la progression de la force orgoth. L’approche en contrebas grouillait d’envahisseurs mortels. Les plus nombreux d’entre eux étaient des terreurs, leurs membres lames mortelles luisant au soleil du matin ; un contraste frappant avec leur chair grise sans vie. Les terreurs étaient accompagnées de guerriers en armure noire baroque portant de massives lames de combats, sur lesquelles étaient gravés des centaines de visages lugubres. Alarais avait déjà vu la force dévastatrice de ces guerriers, leurs armes impies niant même le pouvoir d’Orboros. Les sorcières de guerre orgoth se déplaçaient dans la cauchemardesque cohorte sans entrave, et même le plus puissant guerrier orgoth les évitaient.

Alarais se tourna vers Egarohov, le Gardien du Serment, le conduit du puissant Arbre du Dévoreur. Elle se battit pour contrôler la peur dans sa voix. « Gardien du Serment, nous ne pouvons pas espérer nous opposer à ces envahisseurs. Nous devons- »

Egarohov leva une main, l’interrompant. Alarais vit les racines de son corps palpiter et se resserrer. Après un long moment, le druide dit : « Nous ne céderons pas ce site au orgoth comme tant d’autres. Les veines d’Orboros sont profondes ici. »

« Mais nous ne pouvons pas espérer nous opposer à tant de personne ! » Protesta Alarais.

« Détrempe la peau d’Orboros et les montagnes se déplaceront », répondit Egarohov.

Alarais fronça les sourcils en essayant de déchiffrer le sens des paroles du Gardien du Serment. Elle pouvait dire quand le vénérable Bois du Dévoreur parlait directement à travers son vaisseau mortel, car la voix et les paroles d’Egarohov prenaient une forme particulière, comme s’il luttait avec une langue qu’il ne comprenait pas entièrement. Autant le Cercle vénérait Bois du Dévoreur, autant sa volonté et ses pensées demeuraient une énigme pour tous, sauf pour le conduit mortel qu’il avait choisi.

Alarais jura en évitant de justesse une violente frappe du guerrier orgoth hurlant devant elle. Alors que sa puissante lame passait devant son visage, elle jura qu’elle put voir les lugubres visages gravés sur elle se contorsionner et gémir. Instinctivement, elle étendit la main pour lancer une explosion élémentaire. Elle pouvait sentir le pouvoir d’Orboros la traverser, mais malgré ses efforts, la magie n’avait aucun effet. La puissante protection de l’orgoth empêchait tout sort de l’atteindre. Sachant qu’elle ne pouvait pas espérer vaincre le cruel guerrier en combat, Alarais utilisa le pouvoir en elle pour invoquer un vortex mystique qui la fouailla, la dissimulant de son ennemi et entravant ses attaques.

Un grand cri retentit au-dessus de sa tête et Alarais vit plusieurs griffons plonger du ciel, contrôlés par Egarohov. Les agiles créatures déchiquetèrent les terreurs non-vivantes et leurs maîtres orgoth avec des serres acérées comme des rasoirs et des becs crochus, employant leur vitesse pour effectuer des harcèlements chirurgicaux contre leurs adversaires. Alarais serra les dents en voyant plusieurs des bêtes chassées du ciel par la magie des sorcières de guerre orgoth.

Elle évita le coup maladroit du guerrier qui l’engageait et s’apprêta à riposter avec sa vouge, Gouffre, lorsque plusieurs tisseuses sanglantes tharn bondirent sur l’orgoth armuré. Il rugit et en fit tomber deux, abaissant sa lourde lame pour en couper une en deux. Mais les vicieux poignards sacrificiels des tisseuses sanglantes étaient guidés par de puissants enchantements, et ils déchirèrent la chair exposée jusqu’aux organes vitaux sauvages. Dans un dernier gémissement, le puissant guerrier s’effondra au sol, ses assaillantes se jetant sur lui avec une grâce agile avant de partir à la recherche d’une nouvelle proie.

Dans un bref moment de répit, Alarais observa la scène autour d’elle. Ils avaient admirablement réussi contre la force supérieure orgoth, mais leurs effectifs étaient déjà très réduits. Bois du Dévoreur était enraciné immobile au centre du nexus, puisant sans doute le pouvoir des lignes de forces qui se croisaient et s’entrecoupaient sous le lieu saint des druides. Egarohov se tenait juste derrière son escorte personnelle de druides, déclenchant toute la destruction qu’il pouvait sur les lignes de terreurs inflexibles, des créatures défigurées avec des bras remplacés par des lames et autres armes cruellement crochues.

Alarais fit une grimace. Même si le nombre de leurs ennemis était révélateur, c’est leur immunité à la magie druidique qui rendait la bataille pratiquement sans espoir. Dépourvus de leur plus puissante arme, les capes noires n’avaient aucune réponse aux prouesses physiques de leurs assaillants. Leur résistance constante contre les orgoth ici était une pure folie. Serrant les dents, elle commença à s’approcher d’Egarohov. Elle devait essayer de dissuader Bois du Dévoreur de gâcher leur vie.

Se cachant dans le vortex, elle se dirigea rapidement vers le druide supérieur. En s’approchant, elle pouvait ressentir l’immense puissance d’Orboros émanant de lui. Elle sentit la chair de poule lui piquer la peau à l’idée de contrôler une telle énergie non contenue.

Soudain, un rugissement surnaturel emplit ses oreilles et le plus grand guerrier orgoth qu’elle ait jamais vu chargea les druides gardiens d’Egarohov, les dispersant comme du petit bois. Ses yeux sombres brillaient sous son casque de fer noir, le visage démoniaque déformé qui y était gravé bien pâle en comparaison du terrifiant visage en dessous. Il pointa sa massive lame vers Egarohov et grogna : « Cette terre et tous ses secrets nous appartiennent. »

La réponse d’Egarohov fut dérisoire, ses mots pondérés par l’antique intelligence extraterrestre de Bois du Serment. « Votre apocalypse n’est qu’une des nombreuses saisons. Votre règne d’effusion de sang ne fera que renforcer les racines d’Orboros. »

Le druide alors attaqua son attaquant avec son épée à lame bifide. Le chef orgoth ne bougea même pas, laissant la lame lui transpercer la chair comme si ce n’était qu’un moucheron se posant sur sa peau. Dans un rire triomphant, le fit abattit sa propre lame, fendant Egarohov en deux de la tête à l’aine. L’orgoth pencha sa tête en arrière et hurla de victoire, le son secouant la terre même autour de lui.

Alarais était horrifiée. C’était fini. Tandis qu’elle tombait à genoux de désespoir, elle fut choquée de se retrouver tenue en l’air, les antiques et fermes racines de Bois du Dévoreur s’enroulant autour de son corps. Un éclair de lumière illumina sa vision et le temps s’arrêta. Une voix antique et puissante emplit son esprit.

Acceptes-tu le titre de Gardien du Serment ? De servir la volonté d’Orboros sur Caen ? Prononce les paroles !

Alarais n’eut pas le temps de réfléchir mais donna son accord. Les paroles de serment s’élevèrent dans son esprit et elle les prononça rapidement, achevant la litanie par les paroles rituelles : « Je scelle le serment avec mon sang, ma vie. Je suis rien devant Orboros. »

Il n’y eut qu’un moment de douleur alors que les racines plongeaient profondément dans sa chair. La voix dans son esprit gronda de reconnaissance. Alors recueille la moisson. Le Ver est nourri du sang des vivants.

Comme un coup de tonnerre, la vision d’Alarais lui revint, mais elle n’était plus elle-même. Elle était plus et en même temps moins que ce qu’elle avait été. Elle pouvait sentir la puissance d’Orboros comme jamais auparavant, goûter la douce saveur du sang qui s’infiltrait dans le sol, sentir le sauvage esprit des bêtes de guerre au milieu de la bataille. Et elle pouvait sentir une plus grande puissance dans les pierres taillées sur les montagnes qui les entouraient. Elles étaient plus que ce qu’elles semblaient. Un pouvoir nouveau jaillissait d’elle et de ces grands constructs gardiens qui attendaient depuis longtemps l’appel du Bois du Ver. Elle pouvait les sentir tirer leur puissance des longues décennies d’inactivités, les sentir secouer le poids des années de leurs joints de bois. Des géants de pierre, chacun une partie animée des montagnes, se sont déplacés sur son ordre.

Elle vit le visage du puissant orgoth passer de l’exultation victorieuse à la confusion et la terreur en un instant, alors que les immenses falaises autour du nexus se levaient pour prendre la forme de puissants et imposants Sylves Châtiments.

Elle ferma les yeux sur le chef orgoth. À ce moment, Alarais sentit la volonté de Bois du Dévoreur la remplir et devenir sienne. Elle ne savait plus où elle débutait et elle finissait. Soudain, les impénétrables secrets du Ver furent dévoilés devant elle. Leur symbiose était parfaite, et elle sut que cela signifiait un sort malheureux pour quiconque oserait s’opposer au pouvoir d’Orboros. Les orgoth ne revendiqueraient pas ce site, ni aujourd’hui ni demain. Pas tant que Bois du Ver le voudrait.

87
LES DÉFENSEURS DE LA THRACE

par Aeryn Rudel & David « DC » Carl

La fiction suivante dépeint la lutte désespérée entre les anciens menites ayant colonisé ce qui est maintenant le Cygnar central et les tribus sauvages de barbares Molgur qui habitaient cette région sauvage. L’histoire se concentre sur prête-guerrier menite Valent Thrace, qui allait bâtir la grande muraille connue sous le nom de Bouclier de Thrace.

LES OMBRES DE LA THRACE

MUR DU DRAGON SUPÉRIEUR, 2815 PR
Valent, fils de Varus, se tenait sur les remparts de terre de la Thracia, s’appuyant fortement sur son bouclier abîmé. Il regardait par-dessus un no man’s land désolé qui s’étendait sur une centaine de verges, depuis les murs en bois brut de la palissade du village jusqu’à la limite des arbres de la dense forêt au-delà. La zone avait été défriché par le feu et les lames, les imposants troncs avaient abattu pour leur bois et pour ne laisser nulle part où se cacher. Autour de ses souches calcinées, le sol était jonché de flèches, de fragments d’armes et de dizaines de cadavres.

Les villageois avaient ramassé leurs propres morts, mais les corps de leurs ennemis avaient été laissés à pourrir. Maintenant, l’odeur de putréfaction était toujours dans son nez, et il regardait les corps avant que la palissade ne se désintègre lentement sous l’attention des charognards et des nuées de vermines. Valent pensait qu’il était devenu insensible à des telles images, que la mort violente n’était plus un mystère ni un choc pour lui. Ses tripes ne bougeaient plus à la vue d’innocents tailladés et partiellement dévorés. Son corps ne battait plus de rage à la vue des appels à pitié étouffés par des hommes attachés à un pieu et lentement écorchés vifs. Sa main d’épée ne serait plus par réflexe à la simple pensée des responsables de ces atrocités : les démons Molgur qui se cachaient dans la forêt au-delà de ses maigres murs.

Il avait acquis ce stoïcisme – certains pourraient l’appeler insensibilité – après de longues années à combattre un ennemi qui semblait humain mais qui semblait dépourvu de toute humanité. Il se disait, ainsi qu’à la centaine d’hommes et de femmes dont il avait la charge, que les terribles cruautés qui leur étaient infligées étaient la volonté inébranlable de Menoth, une épreuve de foi et de juste persévérance. Dernièrement, cependant, ces paroles avaient un goût de cendre sur sa langue et ressemblaient de plus en plus à des paroles adressées à un dieu qui ne s’en souciait plus.

Il repoussa les pensées blasphématoires avec un certain effort. S’attarder sur de telles choses ne servirait à rie. Il secoua la tête et passa ses mains dans ses cheveux emmêlés, puis se tourna et observa le village ceinturé par le mur. La colonie que son père avait nommée Thracia était composée de trente maisons de torchis entourant le temple de Menoth, un bâtiment trapu au centre du village. Deux larges voies en terre bordés de maisons de villageois couraient du nord au sud et d’est en ouest et se croisaient sur la place du temple. Autour de l’ensemble du village se dressait une palissade en bois, avec des remparts en terre établit en dessous.

Les habitants de Thracia erraient sans réfléchir entre les bâtiments, s’arrêtant de temps en temps pour tourner leurs visages cendreux et affamés vers les remparts et les quelques hommes armés au sommet. Le père de Valent, Varus, les avait conduits ici il y a cinq hivers, abandonnant la relative sécurité des colonies menites mieux établie pour les terres sauvages et fertiles au pied des grandes montagnes au nord-ouest. La région était habitée par le Molgur, des tribus de barbares humains adorant la terrible entité connue sous le nom du Ver Dévoreur. Les tribus étaient petites et mal organisées, et les menites, armés d’armes et d’armures de bronze, avaient rapidement tué ou chassé le Molgur vivant près du site où la Thracia serait bâtie.

Les foyers et la palissade avaient été montées peu de temps après, et Thracia avait connue une année de paix et de prospérité relative. Puis le Molgur était revenu.

Valent se souvenait clairement de la première attaque. Une douzaine de bestiales guerriers étaient venus dans la nuit, se faufilant à travers la nuit sans lune avec l’intention de tuer. Les sentinelles de la palissade avaient été laxistes, et le Molgur avaient déjà enjambé le mur, leurs haches trempées de sang, au moment où la première corne d’alarme retentit. Le chaos qui s’ensuivit avait coûté la vie à vingt villageois. Il avait fallu des heures à Valent pour rallier les guerriers de Thracia et pourchasser et détruire tous le Molgur à l’intérieur des murs.

Varus ayant été tué, son manteau et son autorité étaient passés à Valent, qui avait immédiatement demandé à son peuple de fortifier la palissade et de défricher la forêt autour. Au cours des deux années suivantes, les attaques s’étaient intensifiées alors que plusieurs tribus Molgur se regroupaient pour attaquer les colons menites. La menace avait été constante, exigeant que des hommes armés escortent les villageois jusqu’aux champs au-delà des murs, mais cela n’avait pas suffi. Chaque semaine, des hommes et des femmes mouraient, et quel que soit le nombre de Molgur tués, leur nombre n’avait jamais semblé diminuer. Finalement, la terreur avait vaincu le peuple de Thracia, et ils s’étaient complètement retirés derrière leurs murs. Leurs récoltes s’étaient fanées, et lorsque Valent avait envoyé des hommes chasser le gibier, les plus souvent ils étaient capturés, attachés à un pieu en lisière de la forêt à la vue de tous, et torturés à mort dans le cadre d’un ignoble rituel du Dévoreur. Le Molgur ne pouvait pas franchir la palissade, mais sa sécurité était à double tranchant. Elle les protégeait des haches du Molgur mais les condamnait probablement tous à la lente agonie de la famine et de la maladie.

Le cri strident et soudain d’une corne de guerre Molgur arracha Valent à la misère qui régnait dans ses murs et focalisa son attention sur l’horreur qui se manifestait au-delà d’eux. Il se retourna pour voir un groupe de personnages imposants sortir de la licière des arbres au bord de la clairière, bien au-delà de la portée des arcs des menites. Bien que théoriquement humains, les guerriers Molgur ressemblaient plus à des bêtes qu’à des hommes ; ils se déplaçaient rapidement et se tenait au ras du sol, comme des prédateurs en chasse. Tous étaient nus, à

Le cri strident et soudain d’une corne de guerre Molgur arracha Valent à la misère qui régnait dans ses murs et focalisa son attention sur l’horreur qui se manifestait au-delà d’eux.

 l’exception de morceau de cuir et de peaux autour de leurs reins, et de morceau d’armure qu’ils avaient récupérés sur les morts. Leur peau exposée était couverte de motifs bigarrés et de symboles peints dans des teintes sourdes de rouge et de noir, une iconographie sacrée pour le Ver Dévoreur. La plupart du Molgur était orné de divers charmes et fétiches suspendus à des lanières de cuir brut autour des poignets, du cou et des chevilles – des morceaux de cornes, d’os et d’autre macabres trophées pris à des ennemis morts. Il ne portait pas de bouclier et n’était pas armés d’armes de jet, au lieu de cela, chacun d’eaux maniait une énorme hache à deux mains en pierre ébréchée ou, dans de rares cas, en cuivre ou en bronze grossièrement forgé.

Valent s’empara de son bouclier, glissa ses bras dans ses boucles et saisit le cor de chasse suspendu à sa ceinture. Il plaça la corne sur ses lèvres et souffla un long appel. Le cor du Molgur avait déjà envoyé les villageois s’enfuir chez eux ; son appel était un signal à ses guerriers à se rassembler sur les remparts.

Le Molgur émergeait encore de la forêt, et ils étaient maintenant des douzaines à se tenir en demi-cercle au bord du champ de bataille ouvert devant le mur. Ils n’ont pas pénétré dans la clairière ni réagi de quelque façon que ce soit au cor de chasse de Valent.

Valent entendit le cliquetis métallique des hommes armurés se diriger vers lui. Quelques instants plus tard, quatorze menites armés et armurés se tenaient à sa gauche et à sa droite, chacun saisissant l’un des rares précieux arcs qu’ils avaient amenés avec eux du sud. Il jeta un coup d’œil aux personnes décharnées, aux yeux creux, et aux hauberts aux écailles ternes enfilés sur des corps émacié. C’étaient tout ce qui restait des cinquante combattants que son père avait amenés pour protéger la colonie. En plus de leurs arcs, chacun portait un carquois de flèches, une hache au court manche et un petit bouclier rond de planches de bois recouvert de cuir. Seuls lui et le sénéchal du village, Ternius, portaient des épées.

« Que font-ils ? » Demanda Ternius, se frayant un chemin à travers les hommes pour se venir se tenir aux côtés de Valent. Ternius état un homme maigre et féroce dans la cinquantaine, gris de cheveux et de barbe, mais toujours capable de se battre. « Ce n’est pas leur genre d’annoncer leur présence ou de venir vers nous en si grand nombre en plein jour. »

Valent hocha la tête mais ne répondit pas. Ternius avait raison. Quelque chose était différent, et cela le remplissait d’un terrible pressentiment. Les hommes sur les remparts le regardaient, leurs yeux le suppliant de prononcer quelques mots pour les encourager à lutter contre la terreur au-delà du mur. Il n’avait rien à leur offrir. Au lieu de cela, il sortit son épée et la pointa vers la gauche puis vers la droite. « Dispersez-vous le long du mur nord », ordonna-t-il. « Je veux que les flèches soient encochées et que l’approche de la porte nord soit couverte. Baeren, Orthus, placez-vous à la porte sud ; ils pourraient nous attaquer des deux côtés. » Alors que les hommes se rendaient à leur position, Valent ajouta « Menoth vous accompagne. » Les mots sonnaient creux, et il se sentait gère à l’aise en les prononçant, tout comme ses hommes devaient se sentir peu de réconfort en les entendant.

Ternius demeura à côté de lui, une main sur la poignée de son épée. Son visage buriné était impossible à déchiffrer. « Ils en train de craquer, Valent » dit-il finalement. « Aucun homme, quelle que soit sa foi, ne peut supporter cette folie - » et il agita la main de son épée devant la foule du Molgur, « au risque de s’y perdre. »

Valent serra les dents, entendant la voix de son père dans cette sombre évaluation. « Je suis parfaitement conscient de notre situation, Ternius », répondit-il amèrement, se tournant pour faire face à l’homme plus vieux. « Ne crois-tu pas que tous mes moments autre que de sommeil sont consumé par elle ? N’as-tu pas pensé que je prie chaque nuit pour un signe, un salut ? » Il s’approcha de lui et ramena son visage à quelques centimètres de celui de Ternius. « Il n’y a que le silence », murmura-t-il férocement. « Nous avons été abandonnés à notre sort. » Il fit une pause, laissant la rage et le désespoir l’envahir, puis il exprima ce qui avait hanté chacun de ses moments ces dernières années. « C’est une punition du Créateur pour la folie de mon père. »

Ternius fit un pas en arrière, la bouche serrée de rage. Il était un ami et un disciple de Varus avant la naissance de Valent, et comme beaucoup dans le village, il tenait l’homme comme un parangon de la foi ménite. Valent remarqua que Ternius serrait ses poings et, pendant un moment, il se demanda s’ils allaient en venir aux mains.

Le Molgur, au-delà du mur, mit fin à de telles pensées.

Un chœur de cris perçants retentit à travers la clairière, et Valent se retourna pour remarquer cinq femmes Molgur émerger de la forêt, leurs corps nus peints de motifs bigarrés de rouge et de noir. Il avait déjà vu de telles femmes auparavant. C’étaient les chamanes du Molgur, et ce sont leurs couteaux de pierre qui faisait couler le sang de son peuple pour nourrir l’appétit de leur dieu blasphématoire. Elles sautaient et faisaient des cabrioles, leurs contorsions rythmiques suggérant une danse ritualisée sauvage. Au centre des chamanes marchait un homme dénudé à la taille, la poitrine décharnée recouverte de pourpre – bien que Valent ne puisse pas dire si c’était des peintures Molgur ou le propre sang de l’homme.

« Menoth nous protège », entendit Valent murmurer Ternius derrière lui, la voix de ce dernier étant pleine d’horreur. « C’est Neras ».

Valent prit une inspiration et sentit le poids terrible du désespoir s’installer sur lui. Neras avait été parmi le dernier groupe de chasse qu’il avait envoyé, il y a deux semaines. Le groupe avait été pris en embuscade par le Molgur à quelques kilomètres du village mais avait réussi à se frayer un chemin vers Thracia. Tous sauf Neras. Il avait été blessé lors de la première embuscade, et les autres avaient été forcés de le laisser derrière eux. Tous croyaient – espérait, en vérité – que Neras soit mort de ses blessures avant que le Molgur ne le trouve. L’estomac de Valent était retourné à l’idée de ce qui attendait l’homme.

Depuis les murs menites, tous les yeux étaient fixés sur le spectacle qui se déroulait à la lisière de la forêt. Un Molgur força Neras à s’agenouiller pendant que les chamanes dansaient et hurlaient autour de lui. Les guerriers flanquaient les groupes en deux lignes décalées et ajoutaient leur propre chant, profond et retentissant, au cri strident des femmes. Neras s’agenouilla sans bouger, la tête baissée, l’image même d’un homme résigné sur son sort.

Valent vit qu’une des femmes tenait une lame dans sa main droite – l’un des couteaux fins et cruellement tranchants que tous les chamanes Molgur portaient. Il savait ce qui allait suivre, et il jeta un coup d’oeil aux hommes le long des remparts. Leurs arcs n’avaient pas la portée pour abattre le Molgur ou accorder à Neras une mort rapide. Il se força à regarder le chant sauvage s’intensifier, devenir plus fort et plus frénétique. Ses hommes devaient le voir accepter sans hésiter la suite. S’il hésitait, comment pourrait-il s’attendre à ce qu’ils restent résolus.

Les chamanes ont soudainement cessé de danser et leurs hurlements se sont tus dans le grondement sourd du chant des guerriers Molgur. Deux des femmes se sont avancées pour saisir Neras par les bras, tandis que celle qui brandissait le couteau en pierre s’approcha par-derrière et lui attrapa les cheveux de sa main gauche. Puis sans cérémonie, elle tira la tête de Neras en arrière, tendit la main droite et passa son couteau sur sa gorge dans un mouvement sauvage.

Même de l’endroit où il tenait, au sommet des remparts, Valent vit le jet de sang. Neras sursauta et se débattit, son apparente apathie oubliées alors que sa vie jaillissait de son corps. Les femmes Molgur le retinrent cependant, jusqu’à ce qu’il cesse de se débattre et s’affaisse .

Tout le long du mur, Valent pouvait voir que ses hommes s’étaient regroupés par deux ou trois, oubliant leurs ordres pour chercher le réconfort des paroles de chacun. Il ne les réprimanda pas ; il n’y avait as de menace immédiate, et ils étaient toujours en sécurité derrière leurs murs. Par le passé, le Molgur avait déjà pratiqué des rituels similaires sur de menites capturés, bien qu’il ne se souvienne pas que tant de sauvages aient été présents auparavant.

Les chamanes du Molgur élevèrent à nouveau la voix dans un cri strident, et celles qui avaient retenu Neras reculèrent, laissant son corps sans vie tomber au sol. Les cinq femmes tournèrent le dos au village et firent face à la forêt les bras levés. Leur mélopée stridente prit une allure de chant à mesure qu’il s’accordait avec le chant plus profond des guerriers.

Valent sentit quelque chose s’accumuler dans l’air, quelque chose de vieux et d’innommable, une énergie le faisant se sentir vulnérable même derrière ses murs. Il vit les arbres de la forêt commencer à se balancer directement sur le chemin des chamanes du Molgur, et il entendit le gémissement des troncs d’arbres se brisant sous quelque chose d’incroyablement énorme et lourd.

Lorsque la bête sortit de la forêt, dominant le Molgur devant elle, cela se semblait guère réel, le fruit d’un horrible rêve éveillé. Il entendit une inspiration collective de ses hommes et pris conscience que sa propre bouche bougeait sans le vouloir, prononçant une prière désespérée au Créateur.


Valant n’avait jamais vu Ternius effrayé, et il trouva la peur de l’homme contagieuse, l’horreur creusant son cœur et ses entailles, dévorant son courage.


La créature invoquée par le Molgur se dressait était aussi haute que le mur ceinturant le village. Il se tenait sur deux pattes et ses longs bras puissants se terminaient par des mains aux doigts grossiers. Une fourrure blanche et épaisse recouvrait son corps et pendait en longues touffes sur ses bras et autour de ses sabots fendus. Sa tête au museau grossier, à pratiquement cinq mètres du sol, était couronné d’une paire de cornes torsadées, comme celle d’un bélier, mais faites d’os.

À côté de Valent, Ternus avait sorti son épée et agrippait le haut de la palissade avec son autre main, ses phalanges blanches. Il se tourna pour regarder Valent, ses yeux écarquillés, déglutissant d’une terreur muette. Valant n’avait jamais vu Ternius effrayé, et il trouva la peur de l’homme contagieuse, l’horreur creusant son coeur et ses entailles, dévorant son courage. Valent était reconnaissant que les villageois ne puissent pas voir ce qui se passait au-delà des murs. Il ne pouvait guère imaginer la panique qu’un tel spectacle provoquerait.

Le Molgur cessa de chanter et un silence mortel s’abattit sur la clairière. La bête regardait fixement les chamans se tenant devant elle, tapant le sol de son massif sabot. Les femmes s’éloignèrent, loin du cadavre de Neras, tandis que les guerriers flanquaient le monstre en deux lignes – deux lignes pointant directement vers la porte nord de la palissade du village. La créature s’avança à grande enjambée, chaque pas faisant trembler le sol, puise pencha et renifla le cadavre de Nera. Au bout d’un moment, elle se redressa sur toute sa hauteur, et de tête colossal pivota de sorte qu’elle donne sur la clairière du village. Valent sentit que quelque chose s’était passé entre la bête et le Molgur, bien qu’aucun mot n’ait été prononcé. Une offrande avait été faite et acceptée.

Il savait au plus profond de lui ce qui allait suivre, avant même que la grande bête n’abaisse sa tête et ne se précipite à travers la plaine ouverte vers le village. « Archers ! Abattez-le avant qu’il n’atteigne la porte ! » Cria-t-il. Sa voix secoua les hommes de leur paralysie de terreur, et ils s’empressèrent de former une ligne de front sur le rempart nord.

La bête se déplaçait rapidement, ses sabots transformant la terre brûlée en paillis. Le Molgur couraient derrière leur champion en une foule déchaînée, leurs voix s’élevant dans un chœur de cris de guerre hurlant.

Valent leva son épée. « Bandez et tirez ! » Cria-t-il. À côté de lui, quatorze hommes bandèrent leur arc et tirèrent des flèches à pointe de fer sur la bête chargeant. La plupart des flèches sifflèrent devant lui ou s’enfoncèrent dans sa peau sans effet apparent ; celles qui frappèrent son crâne cornu rebondirent, brisées et inutiles.

Les péchés plantés par le père sont récoltés par ses enfants », dit-il doucement, citant le Canon de la Vraie Loi. « Je vais vous faire gagner du temps. »
« Il est trop grand ! » Dit Ternius, en lui saisissant le bras. « Laisse-le se rapprocher. Peut-être que la porte tiendra. » Valent acquiesça, tout en sachant qu’il n’y avait aucune vérité dans les paroles de Ternius.

« Ciblez le Molgur ! » Cria Ternius, et les hommes bandèrent une fois de plus leur arc. Cette fois-ci, leurs flèches sifflèrent par-dessus la bête et s’enfoncèrent dans des cibles beaucoup plus faciles. Valent regarda avec une triste satisfaction quatre guerriers Molgur et l’une des chamanes s’écrouler face contre terre, une flèche menite logée dans la poitrine, le torse ou le crâne.

Le bête n’était plus qu’à vingt verges de la porte maintenant, et elle n’avait pas ralenti. Elle apparaissait comme une force de la nature, un ouragan ou un tremblement de terre ayant pris forme physique. Elle sauta le peu profond fossé à la base du mur et s’écrasa contre la porte sans ralentir. Valent sentit tout le mur trembler et entendit le bruit effrayant des lourdes poutres de bois qui se brisaient sous l’assaut.

« Continuez de tirer ! » Cria Valent aux hommes autour de lui. Il se tourna ensuite vers Ternius et l’entraîna le long du rempart de terre, en direction du village. Les habitants de Thracia avaient été attirés hors de chez eux par le bruit de la bête à la porte, et ils s’éloignaient du mur nord en groupes disparates. Valent se rapprocha de Ternius. « J’ai besoin de toi pour emmener Baeren, Orthus et six autres de nos guerriers et mener notre peuple par la porte sud.

« Quoi ?! » Dit Ternius, s’éloignant de lui. « Abandonner Thracia ? Nous serons massacrés là-bas ! Ton père- »

« Assez ! » Le coupa Valent. « Mon père ne suivait pas la volonté du Législateur quand il nous a conduits au nord, Ternius. Il suivait la sienne. Notre peuple est en train de mourir. Il n’y a pas d’avenir ici. » Le mur trembla à nouveau lorsque la bête frappa la porte, ponctuant la déclaration de Valent. « J’ai besoin que tu mènes notre peuple loin de tout cela » dit Valent, le ton radoucit, presque suppliant.

Ternius le fixa un instant puis dit : « Je vais le faire. Mais où irons-nous ?

« Va au sud. Ramenez-les chez nous. L’une des colonies vous accueillera. »

Ternius fronça les sourcils. « Tu ne nous accompagnes pas », dit-il gravement.
Les péchés plantés par le père sont récoltés par ses enfants », dit-il doucement, citant le Canon de la Vraie Loi. « Je vais vous faire gagner du temps. »

Ternius tendit la main et agrippa l’épaule du jeune homme. « Menoth te donne de la force, Valent. Nous nous reverrons à Urcaen. » Ensuite, il se tourna et commença à crier les noms des guerriers qui l’accompagneraient. Valent regarda le groupe descendre des remparts et se précipiter vers la porte sud. Les hommes restants avaient épuisé leurs carquois et regardèrent Valent pour obtenir d’autres ordres.

Il le regarda et pointa son épée vers la porte, maintenant ployant vers l’intérieur. Elle allait s’effondrer d’un moment l’autre. « Prenez vos haches ! » Cria-t-il à la demi-douzaine d’hommes encore sur les remparts. « Rejoignez-moi à la porte ! Que le Créateur témoigne de votre sacrifice en ce jour ! » Il ressentit un féroce élan de fierté lorsque chaque homme prit al hache à sa ceinture, fixa son bouclier à son bras et commença à quitter les remparts.

Valent se dirigea vers la porte, ces quelques guerriers le suivant derrière lui. Il pouvait entendre les voix rauque du Molgur à l’extérieur du mur, brisées seulement par les cris profonds de la bête. Lui et ses hommes s’arrêtèrent à une vingtaine de mètres de la porte en ruine, au milieu de la route qui divisait les moitiés est et ouest du village. Derrière eux, les habitants de Thracia fuyaient par la porte sud, et Valent pouvait entendre la voix de Ternius par-dessus le vacarme, criant des ordres et des paroles d’encouragement.

« Formez une pointe derrière moi », déclara Valent, et les hommes obéirent, créant un triangle imparfait avec Valent à sa tête. Il déplaça son grand bouclier ovale devant lui, présentant à l’ennemi le Menofix arborant sa surface. Il leva alors les yeux vers la palissade en bois, qui semblait maintenant si modeste, et offrit une prière silencieuse à Menoth. Qua sa mort ait un sens, supplia-t-il au Législateur. Ne punis pas mon peuple pour l’orgueil de mon père.

Il s’attendait à ce que sa prière s’évanouisse simplement dans l’éther, comme à chaque fois, mais cette fois, sa supplique ne fut pas accueillie par le silence. Valent sentit le poids soudain et étouffant d’une présence que son esprit pouvait à peine comprendre ; elle s’engouffra en lui, remplissant chaque fibre de son être d’une vaste et indomptable volonté. Il était vaguement conscient que la porte se brisait devant li lorsque la bête passa à travers. Comme dans un brouillard, il vit quatre de ses hommes lâcher leurs armes et s’enfuir, tandis que deux d’entre eux poussaient des cris de guerre rauques et se dirigèrent vers leur perte certaines. Puis la porte, ses hommes et la bête disparurent tout simplement, et il vit un imposant mur de pierre, si immense qu’il ne pouvait pas voir où il débutait ni finissait. Sur cette formidable barricade étaient accrochés d’immenses tapisseries arborant le Menofix, et au sommet, il remarqua de nombreux soldats, dont les boucliers arboraient également le symbole du Créateur. C’était une vision magnifique, et il sentit des larmes lui piquer les oeils.

La vision se poursuivit et Valent vit un grand soleil jaune se lever derrière le mur, aussi brillant et pur que la volonté de Menoth. Puis une voix s’exprima dans son esprit, une voix si glorieuse et terrifiante qu’il pensa que sa tête allait s’ouvrir, incapable de contenir son énormité. VOICI LA MURAILLE, tonna la voix. TU ES MON BOUCLIER. TU DOIS ENTRETENIR LA FLAMME SE TENANT ENTRE LES TÉNÈBRES ET CEUX QUI OBÉISSENT À LA VRAIE LOI.

Puis, aussi soudainement qu’elle soit venue, la présence le quitta, emportant avec elle la vision de la magnifique muraille. Les images et les bruits de Tharcia condamnée lui revinrent et Valent se retrouva à genoux devant la porte brisée. Il vit la bête accroupie sur le cadavre écrasé de l’un de ses hommes, une autre menite tenu dans un énorme poing. Il frappait le corps dans sa main contre le sol encore et encore, laissant une trace sanglante s’élargissant à chaque coup.

Valent se leva lentement et replaça son bouclier devant lui. « Je suis le bouclier », dit-il, son corps vibrant de puissance. « Je tiendrai ! ». Il cria ces derniers mots, ce qui fit tourner la tête cornue dans sa direction. Derrière lui, le Molgur s’écoulait par la porte, bien qu’il n’ait pas avancé loin. Il n’était pas pressé. Le village était leur, et il s’arrêta pour regarder le monstre qu’il avait déchaîné sur leurs ennemis faire son œuvre.

La bête se redressa sur toute sa hauteur et laissa tomber le cadavre ruiné de son poing. Il racla le sol et lança un regard noir à l’humain qui osait le défier, puis baissa la tête et chargea.

Valent appuya son bouclier contre son corps et plaça ses pieds, se préparant au formidable impact. Il sentit une soudaine chaleur dans sur bras droit et baissa les yeux pour voir des flammes jaunes éblouissantes scintiller le long de la longue lame de fer de son père. Il ne ressentait aucune peur, aucun regret. Il était un vaisseau vide à travers lequel Menoth déversait sa volonté.

La bête traversa l’espace entre la porte et Valent en l’espace d’un battement de coeur et frappa son bouclier avec sa massive tête cornue tel un bélier vivant. Il aurait dû être projeté au loin, écrasé par la terrible force de la bête du Molgur ou piétiné en piétiné en bouillie rouge sous ses sabots. Au lieu de cela, au moment de l’impact, le Menofix sur son bouclier s’embrasa d’une lumière dorée brillante, et il sentit rien de plus qu’une forte poussée contre les solides planches de bois. La bête, cependant, réagit comme si elle avait foncé dans la grande muraille de sa vision, rebondissant sur son absurdement petit bouclier avec un beuglement de douleur et titubant vers la porte.

Valent bondi en avant, esquivant un maladroit coup de poing de la bête et enfonça sa flamboyante épée jusqu’à la garde et sous sa cage thoracique. La créature poussa un lourd cri guttural et se mit à reculer, tirant presque la lame de la main de Valent. Il la tint fermement, et l’épée s’extirpa du corps de la bête alors qu’elle s’éloignait. De la fumée s’éleva de la lame tandis que les flammes sir sa longueur consumaient le sang de la créature.

La bête réussit à faire quelque pas, se cramponnant à la plaie de son torse, puis s’effondra sur ses genoux, le sang s’écoulant de son corps et s’accumulant sur le sol. Valent leva son bouclier et s’avança vers la bête. Elle le regarda arriver, ses yeux noirs s’assombrirent de douleur et de fureur. Lorsqu’elle fut à portée de frappe, elle leva faiblement un bras pour le repousser, mais Valent écarta le coup avec son bouclier et s’approcha, ramenant son épée dans un flou de fer enflammé. La lame traversa l’épais cou comme s’il était fait de cire, et l’énorme tête cornue tomba à ses pieds sur le sol. Le corps de la créature s’effondra en arrière et s’écrasa sur la terre.

Valent se tourna pour faire face au Molgur rassemblé et vit sur leurs visages un mélange d’horreur et de crainte. Il pointa la lame brûlante vers eux, plaça son bouclier et le symbole sacré du Législateur devant son corps, et attendit. Ils le regardèrent silencieusement mais ne firent aucun geste pour attaquer. De longs instants s’écoulèrent, et le Molgur n’avança toujours pas. Finalement, l’un des guerriers se retourna simplement et repartit par la porte brisée. Un autre le suivit, puis un autre. Le Molgur quitta Thracia par un ou par deux, jusqu’à ce qu’il ne reste que Valent.

Il laissa tomber son épée à ses côtés, et les flammes qui jaillissaient le long de sa lame s’éteignirent et disparurent. Son bouclier était très lourd et la lassitude s’empara de ses membres. Derrière lui, il entendit des personnes s’approcher, et il se retourna lentement pour voir ces guerriers s’étant enfuis revenir, la honte sur leur visage. L’un d’eux, un homme aux cheveux noirs, nommé Caleon, tomba à genoux devant Valent.

« Mon seigneur »,dit Caleon, en utilisant le terme honorifique généralement associé aux prêtres-rois d’Ancienne Ichtier. « Que devons-nous faire maintenant ? »

Valent rengaina son épée et jeta un regard sur les murs en bois du village de son père. « Notre peuple est dispersé dans le sud », dit-il après une longue pause. « Nous allons unir tous ceux qui s’en tiennent à la Vraie Loi, sous la volonté du Créateur. J’ai prévu un bastion contre les ténèbres encore plus grand qu’Ichtier. » Il s’avança et plaça une main sur l’épaule de Caleon et sourit. « Suis-moi, mon frère, et ensemble nous bâtirons la Muraille. »

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Background – Histoire des Royaumes d’Acier / Live/ conférence
« le: 26 janvier 2020 à 13:07:34 »
Hello,

Je réfléchis à un live youtube ou autres sur le fluff des royaumes d'acier.
En fonction de l'intérêt porté, je pourrais m'investir plus dans cette idée.

Donnez-moi votre réponse ci-dessous.

94
Cygnar / Artificer Prime Nemo & Arcane Mechaniks
« le: 01 janvier 2020 à 14:26:27 »

95
LA COLÈRE DU PÈRE DES DRAGONS

ZACHARY C. PARKER

SOMMAIRE

    • AVANT-PROPOS
    • PROLOGUE
    • CHAPITRE 1 : CONSTANCE BLAIZE
    • CHAPITRE 2 : KRUEGER
    • CHAPITRE 3 : VICTORIA HALEY
    • CHAPITRE 4 : SAERYN
    • CHAPITRE 5 : KRUEGER
    • CHAPITRE 6 : SAERYN
    • CHAPITRE 7 : CONSTANCE BLAIZE
    • CHAPITRE 8 : SAERYN
    • CHAPITRE 9 : VICTORIA HALEY
    • CHAPITRE 10 : KRUEGER
    • CHAPITRE 11 : VICTORIA HALEY
    • CHAPITRE 12 : SAERYN
    • CHAPITRE 13 : VICTORIA HALEY
    • CHAPITRE 14 : BROGAN CORLEY
    • CHAPITRE 15 : VICTORIA HALEY
    • CHAPITRE 16 : SAERYN
    • CHAPITRE 17 : VICTORIA HALEY
    • CHAPITRE 18 : SAERYN
    • CHAPITRE 19 : VICTORIA HALEY
    • CHAPITRE 20 : LORTUS
    • CHAPITRE 21 : CONSTANCE BLAIZE
    • CHAPITRE 22 : LORTUS
    • CHAPITRE 23 : VICTORIA HALEY
    • CHAPITRE 24 : NIDOBOROS
    • CHAPITRE 25 : LORTUS
    • CHAPITRE 26 : VICTORIA HALEY
    • CHAPITRE 27 : SAERYN
    • CHAPITRE 28 : LORTUS
    • CHAPITRE 29 : VICTORIA HALEY
    • CHAPITRE 30 : SAERYN
    • CHAPITRE 31 : VICTORIA HALEY
    • CHAPITRE 32 : KRUEGER
    • CHAPITRE 33 : VICTORIA HALEY
    • CHAPITRE 34 : SAERYN
    • CHAPITRE 35 : KRUEGER
    • CHAPITRE 36 : VICTORIA HALEY
    • CHAPITRE 37 : LORTUS
    • CHAPITRE 38 : BLIGHTERGHAST
    • CHAPITRE 39 : VICTORIA HALEY
    • CHAPITRE 40 : KRUEGER
    • CHAPITRE 41 : LYLYTH



AVANT-PROPOS

Tout le monde aime les dragons. Et par aimer, je veux dire que nous avons peur d’eux et que nous somme excités de les voir en action. Que se soit dans les livres, les films ou les jeux, nous espérons toujours qu’ils seront aussi effrayants et impressionnants que notre imagination le souhaite. Chez un dragon, nous voyons une créature aussi gigantesque et primordiale qu’un dinosaure, mais douté d’une vive intelligence, d’une immortalité virtuelle et le pouvoir de brûler et de consumer le monde, s’il n’est pas contrôlé.

   Dès le début, lorsque nous avons créé le cadre des Royaumes d’Acier, nous nous sommes efforcés de créer des dragons dignes de ce nom, les rendant non seulement puissants, mais aussi extraterrestres. Nos dragons sont des créatures inconnaissables qui sont plus des dieux que des êtres vivants. Au cœur de chacun se trouve un cristal, un athanc – leur essence même. Il s’agit d’une source d’énergie inépuisable générant des radiations néfastes et corruptrices pour la vie et déformant et modifiant tout ce qu’elle touche. Tant que l’athanc perdure, un dragon peut refaire son corps encore et encore.

   Cela fait d’eux des créatures fascinantes mais aussi périlleuses à exploiter, tant dans le cadre qu’en tant qu’écrivains ! Nos dragons sont restés en grande partie en marge de notre environnement. Toruk, le Père des Dragons, leur source et créateur est le dieu et l’empereur de l’Empire du Cauchemar de Cryx, mais il se repose dans son palais, invisible pour le monde extérieur depuis des siècles. Sa progéniture a été enfermée dans une impasse de guerre froide pendant seize siècles, tous les autres dragons étant prêts à répondre à l’appel à l’action si leur père faisait un geste à leur encontre. Cela a maintenu ces créatures dans des endroits éloignés, vigilantes mais immobiles. Naturellement, le mieux est l’ennemi du bien. Vous ne pouvez pas avoir des monstres aussi fascinants et intéressants et ne pas les utiliser. Nous avons tenté le diable.

   Cette nouvelle décrit un tumultueux et bouleversant affrontement pour le continent, ayant mis longtemps à venir. Nous avons débuté à pousser nos dragons pour les incorporer dans notre livre de jeux de figurines en 2008, dans les pages de HORDES : Métamorphose, à ce moment-là nous avons arpenté une voie qui aurait des conséquences désastreuses pour tout le monde. Le tour de montagnes russes qui occupe les pages de « La Colère du Père des Dragons » a des racines dans un certain nombre de nos histoires au cours des huit dernières années, et ce fut un vrai plaisir de voir toutes ces pièces enfin réunies dans cette conclusion bourrée d’action.

   Zach a fait un excellent travail avec l’une des taches d’écritures les plus intimidantes que nous ayons jamais confiées à quelqu’un. Cela a été doublement rendu difficile par la nécessité de rendre l’histoire satisfaisante et autonome, une tâche qu’il a accomplie au-delà de toutes mes attentes. Cela dit, une petite mise en garde s’impose probablement pour les nouveaux lecteurs, juste pour qu’ils sachent qu’ils sont sur le point de plonger tête première dans un conflit déjà bien engagé.

   Cela ne devrait décourager personne de faire le grand saut, surtout si vous aimez les dragons, et surtout si vous voulez voir des dragons chasser des trains. Préparez-vous pour une folle aventure.

Douglas Seacat.
Rédacteur principal et Continuité


PROLOGUE

Le nécroserviteur atterri sur les rues pavées de Skell au moment où le crépuscule s’installait autour de la capitale cryxienne telle un linceul. La paire d’ailes insectoïde dépassant de sa carapace crânienne avait laborieusement œuvré afin de transporter la machine sur la mince bande d’océan séparant les Îles Scharde du continent. Et les composant qui leur permettaient de fonctionner avait lâché, usés jusqu’à la corde. Les ailes du serviteur se tortillaient maintenant inutilement dans leurs articulations prises mouvements sporadiques et saccadés. Les jambes métalliques, arachnoïde, s’étendant du bas de son crâne sans mâchoire portaient maintenant le serviteur parcourant les rues sinueuses avec un claquement rythmé.

   Des bâtiments monolithiques composés de pierre noire indigène s’élevaient pour s’évanouir dans le ciel nocturne, et les chants des sous-diacres du Père des Dragons se déversaient des temples de la ville, même à cette heure tardive. La machine continuait d’avancer, indifférente aux allées et venues des personnes en rue. Des personnes encapuchonnées observait le serviteur à son passage, et tous lui offraient un large passage, car tous pouvaient reconnaître la machine comme un serviteur du Seigneur Liche Malathrax, maître-espion de l’Empire du Cauchemar. Le vent nocturne sifflait en traversant les orbites du crâne du serviteur, et des rafales de gravillons et de cendres s’accrochaient et vibraient à l’intérieur de crâne de la machine.

   Dans son petit esprit, le serviteur détenait une collection du maître-espion en personne détaillant les événements récents. De nombreux s’étaient élevés et chu avec les plans des seigneurs liches au fils des ans, mais la machine transportait un message n’ayant plus été entendu depuis des millénaires.

   Ce que le Seigneur Toruk, le Père des Dragons, cherchait de tout son être avait été retrouvé et risquait maintenant d’être perdu une fois de plus. L’athanc d’un dragon désincarné était liberté sur le continent.

   Le messager slalomait et sinuait avec les rues jusqu’à ce que la plus grande cathédrale du Père des Dragons se dresse enfin, d’innombrables braseros et torches ouvrant la voie, chacun brûlant d’une flamme verte éternelle. Les pistons de ses fines jambes métalliques sifflèrent tandis que le serviteur grimpait les marches noires deux à deux. Des piliers d’une hauteur supérieure à toute structure face au temple, semblait s’agrandir au fur et à mesure que la machine grimpait, et dans l’espacement entre chaque, quelque chose se déplaçait dans l’ombre tel un cauchemar toujours renouvelé. Une structure beaucoup plus imposante dominait la montagne au-dessus. Le grand palais du Seigneur Toruk méprisait tout le monde et c’est là que le noir dieu surveillait son royaume de cendre et d’effroi. Et alors que le serviteur effectuait la difficile ascension vers le temple où le seigneur liche servant de grand prêtre de Toruk le recevrait et entendrait son message, la machine ne pensait qu’à accomplir son objectif – transmettre un souvenir d’un grand esprit à un autre. Il ne pouvait pas savoir ou se soucier que les souvenirs qu’il transportait susciteraient la colère d’un dieu.


CHAPITRE 1 : CONSTANCE BLAIZE

« Aucun signe de problème au-dessus », dit une voix sévère mais familière. L’aumônier guerroyeur Brogan Corley descendit les escaliers branlants dans la cale. Le prêtre était un vétéran parmi les défenseurs de l’Église, le visage marqué par l’âge. Corley avait servi sous les ordres de Constance Blaize durant de nombreuses années, à la fois comme officier et comme conseiller spirituel, et elle était reconnaissante de l’avoir à ses côtés maintenant.

   « Un répit bienvenu après ces derniers jours », dit Blaize, les yeux fixés sur l’énorme appareil cryxien dominant la cale du navire.
   C’était un arrangement compliqué de machines et de pièces mobiles. Une boîte en acier de deux mètres de côté planait au centre d’une série d’anneaux métalliques en rotation. Ces anneaux créaient un champ lumineux autour de la boîte et semblaient être actionnés par la douzaine de machines à vapeur boulonnées à un chariot, formant la base. Les moteurs fonctionnaient pour produire suffisamment d’énergie pour maintenir le confinement mystique créé par la boite. Personne à bord du vaisseau ne pouvait prétendre comprendre totalement le mécanisme ou son fonctionnement. Elle regarda les énormes anneaux en fer noir entourer la boîte de leur manière hypnotique.

   Blaize déclara : « le Seigneur Général Stryker a demandé que nous déplacions l’artefact à Fort Hook, et j’ai l’intention de le faire. Cependant, je ne veux pas que cette chose demeure à bord une minute de plus que nécessaire. » Une traînée verdâtre de fumée s’élevait des nombreuses cheminées de l’engin. Plutôt que de brûler du charbon, chacun des moteurs avait été modifié par Cryx pour consommer à la place de la nécrotite, une immonde matière semblable à du charbon, formée sur les sanglants champs de bataille ou d’autres endroits où les vivants sont morts sous la torture. « Ces fumées toxiques sont déjà assez nocives – nous devons faire attention à ce que personne d’autre n’y soit trop exposé. Morrow sait quels autres dangers cet artefact recèle. » Elle avait ressenti quelque chose de puissant et malveillant à l’intérieur de la boîte, une présence impie qui l’avait incité à recommander de prendre l’engin à Cryx plutôt que de le détruire, de peur qu’ils ne libèrent quelque chose emprisonné à l’intérieur. C’était sur sa prémonition qu’ils s’étaient embarqués dans cette expédition.

   « La foi nous protège contre un tel mal », déclara Corley. Il tendit le cou pour suivre la fumée alors qu’elle s’élevait vers le haut, vers le ciel ouvert. « Tout comme la sagesse de garder la cale du navire ouverte. »

   « Je me demande s’il était sage de risquer autant d’âmes de mes frères et sœurs dans l’inconnu. Je peux nous avoir égaré. »

   « C’est un risque que nous sommes tous prêts à prendre au nom de Morrow », déclara Corley. « Nous avons confiance en vos instincts.

   « La machine tombe en panne, Corley », déclara Blaize.

   « Quoi ? Tu es sûr ? »

   « Ce champ d’énergie qu’il crée, ce ne pas le même que lorsque nous nous en sommes emparés. Quelque chose a changé. » Lorsque Blaize aperçu le chariot pour la première fois, durant la bataille sur les rives du Fleuve de la Langue du Dragon, le champ d’énergie entourant la boîte et les anneaux avaient une teinte argentée. Maintenant, l’énergie du champ brillait d’un jaune maladif. De temps en temps, la rotation des anneaux ralentissait, et l’intensité de la lumière vacillait avant de se rétablir. « Il s’affaiblit. Je peux sentir un poids sur mon esprit, comme une présence sombre luttant pour être libre. » Elle fixa durement la machine cryxienne, comme si elle pouvait percer son voile de mystère avec son regard.

   Corley resta silencieux pendant quelques instants, puis Blaize le sentit poser une main maillée sur son épaulière. « Tes premiers instincts étaient justes. Morrow voulait que nous prenions cet artefact au cryxien. Nous devons croire que nous avons la force de porter ce fardeau, par sa grâce. »

   Blaize prit une profonde inspiration, sentant la conviction de Corley restaurer la sienne. « Comme toujours mon vieil ami, ta foi nous accorde à tous de la force. »

   Il y eut un cliquetis sur le côté lorsqu’un mékanicien adjoint jeta une clef et émergea de derrière un Centurion bosselé. Son front était trempé de sueur et de multiples taches de graisse piquetaient son visage et ses avant-bras. « Par les Dents de Thamar ! » s’écria le mékanicien. « Maudites modifications du Sancteum ! Ils devraient s’en tenir à la prière et laisser les machines aux professionnels ! » Elle donna un bon coup de pied à l’imposant warjacks avec sa botte. Elle réalisa que l’aumônier guerroyeur et le Chevalier du Prophète étaient présents et l’avaient écouté quand elle se retourna pour les trouver juste derrière elle. Son visage devint rouge et ses yeux s’agrandirent. « Je veux dire … Oh, merde …. » Balbutia-t-elle.

   Blaize leva les mains. « Ne t’inquiète pas, Reynolds. Nous avons entendu pire. J’ai même proféré une ou deux grossièretés dans le feu de l’action. »

   « Juste dans le feu de l’action, hein ? » dit Corley, un soupçon d’hilarité dans la voix.

   « Oui, h bien, merci m’dame », dit le mékanicien, toujours clairement troublé. Elle fit un signe à la paire de Centurions, qui comprenait celui qu’elle avait venait de botter. « Ils sont peut-être pas bon pour la parade, mais ces deux-là sont aussi prêts au combat que je le peux. Ils auront besoin de passer du temps dans un atelier pour réparer les dégâts sous-jacents plus profonds. »

   « Excellent. Je n’ai aucun doute que nous aurons besoin de leur force. » Blaize étendit son esprit et toucha chacun des cortexes, se donnant un moment pour savourer leur puissance et leur disponibilité.

   De l’autre côté de la soute, Gallant, le warjack personnel de Blaize, émis un grondement sourd et d’occasionnelles rafales de vapeur alors qu’il était inactif. Comme les Centurions, le blindage de Gallant était aux couleurs de l’Église de Morrow. Bien que bâti originellement sur le châssis d’un Cuirassier cygnaréen, Gallant avait été fortement modifié par les mékaniciens et les forgerons du Sancteum. Son épée et son bouclier étaient ornés de sigles et d’embellissements signifiant sa place d’honneur au sein de l’arsenal de l’église. Une paire de chaînes retenait une copie de Prières pour la Bataille au sommet de la coque de Gallant, une version plus grande du même tome portée par les défenseurs de l’église. C’était le texte sa cré de tous les chevaliers morrowéens, y compris des Précurseurs et des Chevaliers du Prophète, contenant les écrits de Morrow ainsi que la Trinité Martiale des ascendants – Katrena, Markus, Solovin. Gallant avait été construit pour incarner les philosophies de combat de ces saintes figures, son cortex en avait été imprégné, faisant du warjack autant un frère de bataille qu’une arme de guerre.

   Blaize avait conservé ses warjacks ici, près de l’artefact cryxien, pour s’assurer qu’il était protégé par des gardiens incorruptibles. Mais le fait était que la plupart de ses warjacks avaient également été endommagés lors de la dernière bataille, et Reynolds s’était occupé de les restaurer.

   Cette bataille le long du Fleuve de la Langue du Dragon avait impliqué une force plus grande commandée par le Seigneur Général Coleman Stryker, mais à la fin, il avait confié à Blaize le commandement du navire, dont ils s’étaient emparés, jusqu’à sa destination. Sous sa direction, ils avaient traversé la ville fluviale de Port Bourne, récemment assiégée, ne s’arrêtant que brièvement pour se ravitailler en charbon avant de descendre le Fleuve Banwick sur lequel ils voyageaient actuellement.

   La vue de leur approvisionnement en charbon rappela à Blaize une de leurs préoccupations. Un tel carburant était suffisant pour maintenir approvisionnés les chaudières de ces warjacks, mais ne suffirait pas pour les étranges machines cryxiennes alimentant le champ de confinement. Ils avaient presque épuisé la réserve d’abjecte nécrotite contenue dans la cale du navire. Les cryxiens avaient l’intention d’amener cette machine jusqu’à Cryx, ils devaient donc avoir un autre navire chargé de se carburant ou s’attendre à se réapprovisionner en route.

   D’après ce que Blaize savait de la nécrotite, ce carburant pouvait brûler beaucoup plus longtemps et plus efficacement que le charbon. Les warjacks cryxiens qui en dépendaient avait des réserves de carburant plus petites mais pouvaient fonctionner plus longtemps sur le terrain. Mais combien de temps encore ses chaudières pourraient chauffer, personne ne pouvait le deviner. Tout ce qu’elle pouvait faire était de prier que leurs trémies en contiennent suffisamment pour maintenir le champ jusqu’à ce qu’ils atteignent leur destination finale. Le fleuve avait été assez difficile et présentait déjà des obstacles, car leur bateau n’avait pas été construit pour cette route. Tout retard auquel ils étaient confrontés menaçait de compromettre le mécanisme qui, selon elle, gardait quelque chose d’impie emprisonné et les protégeait aussi de son influence. Elle ne pouvait pas imaginer un autre but, malgré toutes ses prières et contemplation.

   Corley s’éclaircit la gorge, tirant Blaize de ses pensées. Elle lui dit : « Très bien, remontons. Réfléchir sur cette machine, dans le noir en respirant des vapeurs de nécrotites, ne fera rien pour améliorer les choses. »

   Corley acquiesça. « De plus, cela fera du bien au fidèle de voir votre visage. Tout le monde à besoin d’un guide à suivre.

   « Probablement », déclara Blaize. Ils sortirent tous les deux de la cale. Une dizaine de chevaliers Précurseurs arpentaient le pont, frères et sœurs armurés par leur foi. Les pionniers patrouillaient également de la proue à la poupe. La plupart de l’infanterie de l’armée régulière avec Blaize lui avait été prêtée par Stryker après la bataille du fleuve, et ils s’étaient bien intégrés à ses propres forces ecclésiastiques, les hommes s’étant facilement d’accord. Néanmoins, Blaize avait enterré plusieurs de ses propres hommes après la dernière bataille, et elle n’était pas la seule à les pleure. Ce serait un faux pas que se cacher quand ses chevaliers avaient besoin d’elle. Alors qu’ils atteignaient le haut de l’escalier, Blaize observa par-derrière elle le cube planant, et elle ne pouvait se départir de l’effroi contenu dans sa poitrine. Elle murmura une prière, sollicitant que les chaudières continuent de tourner un peu plus longtemps. Juste un peu.


CHAPITRE 2 : KRUEGER

Krueger le Seigneur des Tempêtes lévitait au milieu des imposants obélisques du Roc de l’Ortie, sa lourde cape noire ondulant et battant autour de sa forme élancée à cause de la puissance contre nature qui le maintenait en l’air. Il avait choisi cet endroit au coeur des Montagnes du Mur du Dragon pour son isolement et sa conjonction exceptionnelle avec les lignes de force de l’Immoren occidental – une conjonction de pouvoir clé pour achever le plan qu’il avait mis en place il y a si longtemps quand il avait fait son pacte avec le dragon Blighterghast.

   Son corps tournait en de lentes rotations lorsqu’il se concentrait, mais il n’était que vaguement conscient de sa propre forme physique. Concentré sur les préparatifs en cours, son esprit était submergé par la puissance des lignes de force qui s’écoulaient sous le site. Il avait pris beaucoup de risque en suivant sa ligne de conduite actuelle, défiants les trois Tout-Puissants – les pllus hauts dirigeants du Cercle Orboros – pour lesquels il avait presque été condamné à mort, mais ses plans étaient sur le point de se concrétiser. Pas moins de deux douzaines de druides vêtus de noirs ajoutaient leurs pouvoirs élémentaires aux préparatifs, et la moitié autant de constructs en pierre animés rodaient parmi les rares arbres entourant le cercle de pierres sacrées.

   Un bruit, comme le craquement du granit, gronda sur le site. Un éclair de lumière empli le cercle de pierres, mettant brutalement les obélisques en évidence, obligeant Krueger a se protéger les yeux. Lorsqu’il baissa la main, Lortus, un tout-puissant de l’ordre, flottait devant lui.

   Le tout-puissant était un homme maigre, d’apparence presque fragile, bien que Krueger savait que rien ne pouvait être plus éloigné de la vérité. Une cicatrice noire balafrait la moitié du visage et du cou du druide, vestiges d’une ancienne exposition à la corruption d’un dragon. Les possessions méridionales du Cercle, y compris les Montages du Mur du Dragon, appartenait au domaine de Lortus, et son mécontentement à l’idée de retrouver Krueger menant un rituel non autorisé sur son territoire était évident à son renfrognement. Il regarda autour de lui, faisant le point sur les nombreuses capes noires et sylves sous les ordres de Krueger.

   « Quel est le sens de ce rassemblement ? » Exigea Lortus. « Les lignes de force sont en proie à la corruption, et je vous trouve ici, là où vous ne devriez pas y être.

   Krueger croisa le regard du tout-puissant. « J’ai fait tout ce qu’on m’a demandé de faire pour réparer les lignes de force. Même maintenant, je m’efforce de porter un coup fatal à nos ennemis.

   Lortus se moqua. « Ne cherche pas à me traiter comme les imbéciles qui te suivent. Tu ne sers aucune cause, mais uniquement ton propre pouvoir. »
   Krueger fronça les sourcils, son front tatoué de rides profondes de colère. « Je fais ce que vous n’osez faire », déclara Krueger, d’une voix grognant dangereusement. Débordant de puissance alors qu’il était relié au lieu saint et entouré de tant de sylves, Krueger était convaincu que même Lortus ne pouvait s’opposer à lui ici et maintenant. « Vous avez tous connaissance du danger que représente Everblight – les dommages que sa simple existence cause au corps d’Orboros. Vous savez mieux que quiconque d’entre nous que la seule façon d’arrêter un dragon est d’en retourner les autres de son espèce contre lui. Pourtant, vous et les autres refusés de prendre des risques, de prendre les mesures audacieuses et décisives nécessaires à la victoire. »

   « C’est comme cela que tu t’excuses d’avoir corrompu les lignes de force avec la corruption du dragon ? » Les yeux de Lortus brillaient de colère.

   Krueger croisa les bras et le fixa. « Vous n’avez aucune idée de ce que j’ai fait. Ce que j’ai sacrifié parce que vous manquez de force de conviction. Toutes mes actions visent à promouvoir les objectifs supérieurs de notre ordre, des objectifs que la plupart d’entre vous semblent avoir oubliés. »

   La foudre zébra soudainement les cieux, provoquée par la colère bouillonnante de Krueger. Les mains de Lortus se dirigèrent vers les poignards de combat qu’il portait à la taille. Ne voulant pas provoquer une confrontation violente, Krueger fit redescendre sa colère, reprenant le contrôle des immenses forces naturelles le traversant. Bien qu’il avait confiance en sa position actuelle, Krueger savait qu’un affrontement avec Lortus ne ferait que mettre en périls son rituel.

   Lortus regarda Krueger, fixant intensément quelque chose sur un sommet de montagne voisin. Krueger suivit le regard du tout-puissant vers un homme voûté, emmailloté de noir, appuyé lourdement sur un bâton blanc. Bien que la distance soit grande, le Seigneur des Tempêtes reconnut immédiatement la personne comme étant l’émissaire du dragon Blighterghast. Krueger n’avait parlé au dragon en personne qu’une seule fois, et sinon, c’était à travers l’émissaire que leurs arrangements avaient été pris – conversations rendues désagréables par les plaies ouvertes et l’odeur de décomposition qui émanait du serviteur du dragon, sont corps pourrissait suite à une exposition prolongée à d’intenses énergies corruptrice.

   « Ton orgueil t’a aveuglé à se point que tu ne remarques pas qu’en nous défiant tu es devenu l’esclave de Blighterghast ? » Demanda Lortus. « Je t’avais prévenu que ne pas provoquer les dragons. Tu as bravé mon conseil à chaque fois. »

   « J’ai choisi ma destinée. Et j’ai l’intention de l’intention de la mener à son terme. »

   Lortus fixa Krueger pendant un long moment. Alors qu’il allait s’exprimer, un flash lumineux et un coup de tonnerre retentirent, et un errant encapuchonné apparut et s’approcha de Lortus, la tête baissée. « Pardonnez l’intrusion, Tout-Puissant. Votre présence est requise par Mohsar et Dahlekov pour des affaires urgentes concernant le Dominion Oriental. »

   L’expression de Lortus s’est aigrie. « Merci » dit-il à l’errant, puis tournant à nouveau vers Krueger. « Écoute mes paroles, Seigneur des Tempêtes. Je ne te préviendrai plus. » Sur ce, le tout-puissant disparut dans un tourbillon de vent et d’éclair, le sol au-dessus duquel il avait plané étant maintenant carbonisé par son départ.

   Quelles que soient les affaires qui l’avaient fait rappelé, Krueger ne pouvait espérer que Lortus serait occupé pendant un bon moment. Il reprit ses préparatifs. Le rituel approchait.

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Background – Histoire des Royaumes d’Acier / Roman - STORMBREAK
« le: 06 décembre 2019 à 00:32:37 »
CHRONIQUES DES ROYAUMES D’ACIER

ACTS OF WAR III

STORMBREAK

AERYN RUDEL

— 1 —

LE MAJOR ASHETH MAGNUS regarda à travers la longue-vue et fronça les sourcils. « Cette caravane a l’air bien petite à mon goût. Horgrum, jette un coup d’œil. Quelque chose ne semble pas à sa place ? »

L’imposant tireur embusqué trollkin a déployé son fusil et regarda à travers la lunette. Ses yeux perçants manquaient rarement le détail. Il était étrange pour Magnus de voir Horgrum sans le Sergent Sharp, son observateur et son compagnon toujours présent, mais l’homme avait été blessé à Rynyr et était toujours en convalescence.

Le trollkin observa à travers sa lunette pendant un cours moment et ensuite déposa son arme. « trois chariots. Trente hommes. Pas de warjacks. Vayne di Brascio les dirige. »

« Trente ? » Prononça le Lieutenant Brigland. L’ancien chien de mer et actuel officier pionnier cygnaréen donnaient l’impression de quelqu’un qui venait de donner un coup de pied dans une pierre. « Seulement trente ? Ils en avaient promis au moins une centaine. »

« C’est ce qu’ils ont fait », dit Magnus en regardant derrière lui. Deux escouades de rangers se dissimulaient dans les broussailles le long d’un chemin de terre enherbé longeant le Fleuve Noir. Une petite force, mais rapide et silencieuses. Stryker ne pouvait pas consacrer plus d’hommes que cela pour faire pour rencontrer la caravane de la Tour Gris-vent. Le Colonel Jarov avait promis des soldats llaelais et toutes les armes et munitions qu’il pouvait consacrer – une centaine d’hommes, a-t-il déclaré. Il semblait qu’il n’avait tenu qu’un tiers de cette promesse.

Magnus leva une main paume à plat, pour que les rangers le rejoignent sur la route. Vingt hommes armés de carabines et de couteaux de combats sont apparus derrière lui.

La caravane – trois chariots, chacun tractés par une paire de chevaux de trait – se dirigea vers eux, bruyamment et indéniablement, avant de s’arrêter. Un grand homme vif, vêtu d’une cape doublée de pourpre, descendit du chariot de tête et s’approcha avec un large sourire sur un joli visage. Un pistolet cinémantique et un sabre mékanique pendaient à ses hanches, les instruments de travail d’un mage balisticien d’un de la Rose Améthyste.

« Major Magnus, c’est bon de te revoir », dit Vayne di Brascio. Asheth s’était déjà battu aux côtés du mage balisticien et savait qu’il était à la fois un guerrier talentueux et un espion rusé.

Magnus lui offrit sa main. « Content de te revoir aussi, di Brascio. J’espérais en voir beaucoup plus avec toi. »

Le visage de di Brascio s’est assombri. « Oui, je suis désolé. Le Colonel Jarov n’avait personne d’autre. »

« Cet homme connaît bien son métier, il doit y avoir une raison. Il est aussi en danger que nous. »

« De plus. Les forces khadoréennes ont attaqué tout ce qui sort de la tour et nous ont enfermés dedans. Je me suis donné beaucoup de mal pour arriver ici discrètement. »

« Quel genre de force khadoréennes ? » Magnus sentit un poids sur son estomac.

« Kommandos d’Assaut conduits par un homme en armure noire. Ils sont rapides et meurtriers, frappent puis se retirent avant que nous puissions rassembler des hommes ou des warjacks pour les poursuivre.

« Une armure noire », répéta Magnus. « Je connais cet enfoiré. C’est l’un des hommes de Strakhov. Nous l’avons croisé à Rynyr. »

« Alors tu connais le danger. Nous devrions sûrement bouger », a déclaré di Brascio.

« Tu viens avec nous ? »

Di Brascio grimaça. « J’espère que cela compensera quelque peu le fait de ne pas avoir amené tous les hommes qu’on a promis. »

« Ça le fait. Un peu », dit Magnus. Il appréciait le mage balisticien llaelais et particulièrement ses sensibilités mercenaires. La perspective que di Brascio les rejoigne, ne serait-ce que pour un temps, lui a plu.

« Un autre mage balisticien ne serait jamais de trop », acquiesça Brigland. « Mais il a raison, major –  nous devons retourner à Croix-des-Fleuves. »

Magnus examina le groupe de soldats llaelais que di Brascio avait amené. C’était des fantassins légers, peu entraîner à se déplacer silencieusement. Le fait qu’ils n’aient pas été attaqués en chemin pour le rencontrer en disait long sur les compétences de Vayne di Brascio en matière de furtivité.

Magnus pensait qu’ils prenaient un risque en partant de Croix-des-Fleuves avec l’ordre d’escorter cent hommes sur un terrain relativement sûr. Avec ce que di Brascio venait de lui révéler, c’est plus un risque, c’était l’équivalent d’une mission suicide.

Magnus soupira et se tourna vers ses deux meilleurs hommes. « Très bien, alors. Horgrum, tu embarques une escouade de rangers avec toi et dépêche-toi. Brigland, tu fais pareil, mais tu suis la caravane. »
Les deux hommes ont acquis et sont partis, prenant chacun dix rangers.

« Je suppose que tu restes avec la caravane », déclara di Brascio.

« Je n’aime pas ça, mais gardons nos gros flingues près des objets de valeurs », dit Magnus. Il jeta un coup d’œil au chariot de tête. « Je sais que je demande beaucoup à un mage balisticien, mais tu peux conduire l’une de ces choses ? »

. . .

MAGNUS SAVAIT QU’ILS SERAIENT ATTAQUÉS. Savaient que les khadoréens viseraient la caravane. Et pire encore, il savait qu’il ne pourrait pas l’empêcher.

Ce fut au crépuscule, juste au moment où ils atteignaient un tronçon de route cerné par la forêt des deux côtés. Les gazouillis des oiseaux de nuit, le faible grondement du Fleuve Noir maintenant à un kilomètre et les craquements constants de leurs propres roues de chariot se rejoignent pour former un paisible presque apaisant susurrus. Il a crié à l’embuscade et quand le premier coup de feu est venu des arbres, à leur droite, il s’est senti presque déçu.

Le champ d’énergie de Magnus a pulsé, privant la balle de son énergie cinétique ; elle a ricoché inoffensivement sur son armure. Un autre moment attendu : tirez d’abord sur le warcaster.

« Aux abris ! » s’écria di Brascio en sautant du chariot. D’autre balles ont fusé dans l’air. Des cris de douleur s’élevèrent des rangs des soldats llaelais qui marchaient aux côtés des chariots.

Magnus sauta du chariot, dégainant Pourfendeur. Il frappa le plat de la lame sur la croupe du cheval le plus proche de lui, et celui-ci s’emballa. L’animal à côté de lui n’avait d’autre choix que de suivre. Le chariot a remonté la route en direction de la source des coups de feu.

D’autres balles ont sifflé près de Magnus, certaines s’écrasant sur son champ d’énergie. Mais il se tenait bon, suivant le chariot. Quand il se trouva à moins de vingt verges du bosquet d’arbres où les khadoréens s’étaient cachés, il invoqua un sort. Des runes bleues se formèrent autour de sa main tendue alors que la magie coulait à travers lui.

Le sort catastrophe a éclaté a éclaté dans une goutte de flamme azurée sous le chariot, détruisant le véhicule. L’explosion a également libéré les chevaux pour qu’ils puissent fuirent, juste avant que les munitions du chariot détruit ne détone dans une explosion trois fois plus puissante que le sort. Les arbres proches de la route ont été soufflés en esquilles – ainsi que les khadoréens se cachant parmi eux.

Un autre coup de feu a retenti de l’autre côté de la route. La balle a percé le champ d’énergie de Magnus puis son épaulière droite, frappant le haut de son épaule et le faisant pivoter. Il se jeta à terre et roula sous le deuxième chariot. Les chevaux étaient effrayés mais bien entraînés ; ils n’avaient pas fui.

Un tir pénétrant ses défenses signifiait que l’élite de Strakhov était présente. Il avait affronté leur carabine perce armure, Murmure de la Mort, à Rynyr.

Le double rugissement du pistolet cinémantique de di Brascio retentit, suivi d’autres cris, même si Magnus ne pouvait dire si ces cris étaient amis ou ennemis. Il rampait sous le chariot alors que des formes noires avançaient sur la route, des éclats lumineux de tirs offraient un aperçu caractéristique de l’armure, des boucliers et des masques des kommandos d’assaut durant quelques secondes. Il y en avait, sans aucun doute, d’autres derrière eux.

Les troupes llaelaises se trouvaient dans une ligne de tir brutale devant le chariot de tête. Magnus pris position derrière eux, dégainant son fusil à mitraille.

« Doucement. Choisissez vos coups », dit-il. Il invoqua un autre sort, et cette fois les runes se formèrent autour des kommandos d’assaut qui avançaient, illuminant leur armure d’une lueur bleue subtile. « Feu ! »

Les fusils llaelais ont craché et quatre kommandos se sont effondrés au sol. Magnus en fit tomber un autre d’un coup de feu avec sa propre arme.

Davantage de coups de feu ont éclaté derrière les chariots, bien que ceux-ci soient plus aigus que celui des armes khadoréennes. Il reconnut les carabines des rangers cygnaréens, suivi du rugissement sourd du fusil de tireur embusqué d’Horgrum.

Magnus sourit. Les khadoréens pensaient engager une force plus réduite. Trois chariots et trente fantassins légers. Ils étaient trop impatients dû aux victoires faciles qu’ils avaient remportés contre les troupes de Tour Gris-vent. Ils ne s’attendaient pas à ce que vingt rangers les surprennent au beau milieu de leur propre embuscade.

D’autres carabines rugirent, et d’autres kommandos d’assaut s’effondrèrent. Ils ne se sont pas attardés après cette vague – les khadoréens se sont précipités vers la couverture des arbres à l’est de la route.

« Laissez-les foutre le camp. Regroupez-vous », cria Magnus. Le bruit des coups de feu diminua puis s’estompa complètement, laissant place au crépitement des flammes et aux gémissements des mourants.

. . .

MAGNUS NE POUVAIT DÉTERMINER avec précision combien de corps carbonisés gisaient sur le bas côté de la route. L’explosion avait taillé les khadoréens en pièces, mais compte tenu du nombre de membres, il l’estimait à vingt au moins.

« Nous en avons tué dix autres avec notre embuscade », déclara Brigland en faisant une grimace et en repoussant l’un des cadavres carbonisés. « Nous les avons surpris, mais cela ne se produira pas une deuxième fois. »

« C’est vrai, et ils reviendront », dit di Brascio.

Magnus rejeta cela. « Nous nous rapprochons de Croix-des-Fleuves et Stryker effectue des patrouilles tout le long des routes. Encore dix kilomètres, et ils ne risqueront pas une autre attaque. J’en mets ma main au feu. » Il s’est tourné vers le mage balisticien. « Plus important, combien d’hommes avons-nous perdus ? »

Di Brascio secoua la tête. « Seize et le chariot. »

« Bien trop », déclara Horgrum. Le trollkin s’appuyait sur l’un des chariots, nettoyant son fusil. « Mais, je suppose que nous avons eu de la chance.

« Non, il n’y rien de chanceux ici », répondit Magnus. « Chaque homme que nous perdons est un homme de moins que Strakhov devra affronter, et il a déjà suffisamment d’hommes pour nous submerger. » Magnus rengaina son fusil dans son étui. « Ce n’est pas une victoire. C’est juste une question de survie. »


— 2 —

LE SEIGNEUR GÉNÉRAL COLEMAN STRYKER lâcha les reines du cheval près du Fleuve Noir, le poids de son armure de warcaster pesant sur ses épaules alors qu’il descendit de cheval. Devant une petite crique de la rivière, un groupe important de Lames-Tempêtes attendait.

Un grand officié se détacha de la trentaine de personnes proche du rivage et se précipita vers lui.

« Capitaine Adkins », dit Stryker. « Vous pouvez m’expliquer pourquoi vous m’avez fait venir à 20 kilomètres au nord de Croix-des-Fleuves sans un mot d’explication ? »

Il avait reçu un message du capitaine, peu après l’aube, lui demandant d’urgence de venir seul à un endroit précis au nord de la ville. Il faisait suffisamment confiance au capitaine pour accepter sa demande, mais chevaucher six heures en armure complète l’avait rendu irritable.

« Monsieur, mes plus sincères excuses, mais je voulais que voyez cela en premier », déclara Adkins.

« Ok, je suis là », répondit Stryker. « Qu’est-ce que c’est ? »

« Nous avons arrêté deux péniches marchandes rhulique », expliqua Adkins. Stryker regarda le capitaine des Lames-Tempêtes, surpris et un peu agacé par le manque de détails. Les péniches rhulique sur le Fleuve Noir n’étaient pas inhabituelles : la Résistance traitait avec un certain nombre de compagnies mercenaires, faisant le commerce d’armes et de munitions, et une partie de la mission d’Adkins consistait à arrêter et fouiller ces vaisseaux. Il avait confié au capitaine Lame-Tempête de surveiller le fleuve, à la recherche ds forces khadoréennes et d’éléments du Protectorat de Menoth ayant établi des relations commerciales avec les forces khadoréennes à Merywyn. Stryker avait peu d’hommes à sa disposition, il ne pouvait donc en confier plus d’une centaine à Adkins, plus les trois anciennes canonnières khadoréennes. S’emparer de quelques péniches rhulique n’était guère considéré comme une urgence méritant de remonter jusqu’au Seigneur Général.

Le capitaine surpris l’agacement de Striker. « Je sais ce que vous pensez, monsieur, mais ce ne sont pas les mercenaires ordinaires auxquels nous avons affaire. »

C’est ce qu’il fallait pour piquer la curiosité de Stryker et un léger sentiment d’inquiétude commença à résonner dans son cerveau. « Tu ferais mieux de me montrer. » Adkins le conduisit à la plage de sable au bord de l’eau. À quelques mètres au large de la rive, trois des embarcations khadoréennes qu’ils avaient réquisitionnés après s’être emparé de Croix-des-Fleuves étaient alignées, bloquant le fleuve pour l’essentiel, leurs lourds cannons montés sur le pont pointant vers deux navires trapu.

Les autres embarcations étaient lourdes, très basses sur l’eau. Leurs ponts étaient bordés de soldats armés de carabines légères, de courtes haches de guerres et d’énormes boucliers. Stryker avaient vu et combattu aux côtés de Corps de Fusiliers d’Hammerfall à l’occasion ; les guerriers nains étaient un spectacle courant dans les cercles mercenaires.

« Qu’est-ce qu’ils foutent ici ? Demanda Stryker.

« Je ne sais pas, monsieur, mais j’ai estimé qu’il valait mieux les retenir jusqu’à ce que vous puissiez nous dire comment vous voulez que cela soit traité », déclara Adkins.

« Vous avez fait le bon choix capitaine », répondit Stryker. « Dites-moi ce que vous savez. »

Adkins soupira, clairement soulagé, puis se plongea dans son rapport. « Nous les avons arrêtés au blocus comme tous les navires. » Il pointa du doigt l’endroit où trois chaînes exceptionnellement lourdes étaient suspendues dans l’eau, constituant ainsi une barrière efficace. « Les deux vaisseaux sont pleins de Fusiliers, et ils ont refusé de nous laisser fouiller leurs cales.

« Vous pensez qu’ils font affaire avec le Khador ? » Demanda Stryker.

« Oui, monsieur ? En l’état actuel, ils sont plus en colère qu’une bande de frelons à l’idée d’être arrêtés. Ils ont demandé à parler à un responsable. »

« Nous devons savoir ce qu’ils transportent », déclara Stryker.

« Absolument, monsieur », dit Adkins, « mais ils sont assez tenus. J’ai peur qu’il n’y ait un incident si ne faisons pas attention. »

« par les Dents de Thamar » s’exclama Stryker. « La dernière chose dont nous avons besoin est un incident international sanglant avec Rhul. »

« Les ordres, monsieur ? » Demanda Adkins.

« Donnons leurs ce qu’ils veulent. Laissons-les parler à un responsable.

. . .

LE CAPITAINE DU CORPS DES FUSILIERS était l’un des nains les plus sales que Stryker ait jamais vu. Son visage buriné était un nid de rides et de ridules, et mâcher de la vernonia avait teinté de jaune sa barbe autour de sa bouche. Son armure et ses armes étaient vieilles et usées, et il ressemblait à une vieille paire de bottes n’ayant plus été ciré ni enfilée depuis des années.

« Nous avons un contrat et tu n’as pas le droit de nous arrêter », déclara le capitaine nain.

Stryker soupira et secoua la tête. Ils se tenaient sur le pont du vaisseau nain, lui et Adkins. Les rhulfolk n’avaient pas accepté de rejoindre la rive ou l’un des navires du Cygnar.

« J’en suis sûr, Capitaine Blackheel », dit-il. « Mais pas avec nous, ni avec le Llael. Si c’est avec le Khador, j’ai le droit de vous traiter comme des combattants ennemis. »

Le capitaine Vornek Blackheel plissa les yeux puis jeta un coup d’œil derrière lui, au seul membre non nain de son équipage, un imposant ogrun en armure de combat, se tenant debout, appuyé sur une terrifiante vouge de guerre. L’ogrun mesurait facilement deux mètre quarante de haut et, bien qu’il soit gris autour de sa bouche, ses yeux brillaient d’intelligence.

« Lieutenant Murgan », demanda le Capitaine Blackheel, « est-ce vrai ? »

L’ogrun renifla. « Si notre contrat est passé avec une force militaire ou occupante en guerre avec le Cygnar, et si nous envoyons des soldats ou des armes à cette force, alors, oui, le seigneur général a techniquement raison.

« Correct », dit Stryker. « Votre propre lieutenant comprend la situation ici, comme vous pouvez le remarquer. « Alors, maintenant vous devez- »

« Pardonnez-moi, Seigneur Général », dit l’ogrun. « Il y a plus que cela. Ces terres sont actuellement contestées par le Cygnar, le Llael et le Khador. Vous n’avez aucune souveraineté ici, donc techniquement vous bloquez une voie commerciale qui ne vous appartient pas. »

« Entendu, vous voyez », dit le Capitaine Blackheel, en crachant de la vernonia à un pouce de la botte de Stryker. « Nous avons le droit de livrer notre cargaison. »

« Eh bien, ce n’est pas tout à fait clair non plus », dit Murgan, attirant un regard noir de son capitaine.

« Je ne peux pas vous permettre de continuer si vous porter des armes à Khador », répondit Stryker sans détour.

« Vous ne pouvez pas nous le permettre ? » Le Capitaine Blackheel fourra de la vernonia dans sa bouche. « J’ai quarante canons sur ces bateaux qui disent que tu le peux. »

Stryker se raidit. « C’est ce que vous voulez ? J’ai assez de puissance de feu sur la rivière pour vous envoyer par le fond. Je ne veux pas en arriver là. »
Le Capitaine Blackheel jeta un regard noir à Stryker avant de hausser les épaules. « Je ne veux pas non plus me battre. Je n’ai rien contre vous, mais je n’ai pas traîné mon cul hors de mon poste à Hell’s Pass, sur ordre direct du Cartel Seaforge pour faire demi-tour maintenant. »

Murgan, l’ogrun, s’éclaircit la gorge et secoua la tête. Il sentit clairement que son capitaine en avait trop dit.

Stryker jeta un coup d’œil autour de lui, réfléchissant, regardant les visages des deux équipages prêts à s’affronter. Il devait encore y avoir un moyen de contourner cela. « Capitaine, je propose un compromis, si vous voulez bien l’écouter. »

Le capitaine nain inclina la tête puis soupira. « Crache le morceau. »

« Montrez-nous ce que contiennent vos cales. Si ce n’est rien qui puisse nuire directement à Cygnar ou à ses alliés, je vous laisse passer.

Les yeux du capitaine s’illuminèrent.

« J’accepte ton offre », dit-il bien trop vite au goût de Stryker.

. . .

LA CALE DU VAISSEAU NAIN était grande et remplie de caisses et de boîtes, toutes marquées de Hammerfall, la forteresse naine d’où provenait la majorité du Corps de Fusiliers.

« Je n’aime pas ça », murmura le Capitaine Adkins, en agitant une torche. Deux soldats nains était descendu avec eux, boucliers et carabines à portées de main. Le Capitaine Blackheel et son second ogrun étaient restés sur le pont. « Soit il ne sait pas ce qu’il transporte, soit il pense que nous ne le découvrirons pas. »
Striker hocha la tête et regarda son escorte. Si les deux nains écoutaient, ils faisaient pas montre de se soucier de ce qui se disait.

Il s’est dirigé vers l’une des plus grandes caisses, près de la cloison tribord. Son couvercle était cloué, mais il la brisa : son armure de warcaster lui procurait la force suffisante pour de telles tâches.

À l’intérieur, des objets cylindriques et trapus luisaient dans un nid de paille. Ils étaient faits de métal doré brillant, chacun ayant la taille d’un petit tonneau et marqué d’une écriture rhulique. À première vue, ils semblaient être de nature mékanique, peut-être des composants de warjack, mais ce n’était pas des cortexes. Il en avait assez vu pour le savoir.

Stryker plongea la main dans la caisse et s’empara d’une. Il était extraordinairement lourd, cinquante kilogrammes au moins. Seule son armure de warcaster lui permettait de soulever l’objet de la caisse sans difficulté.

Le tintement subtil de la magie se faufila sur les bras de Stryker, et le poids du cylindre devint soudainement beaucoup plus léger. Ses yeux s’écarquillèrent.

« Qu’est-ce qu’il y a, monsieur », demanda Adkins.

Stryker remit l’objet dans la caisse. « Nous avons fini ici. » Il se retourna vers les deux nains. « Ramenez-nous à votre capitaine. »

. . .

« POUVONS PAS PARTIR ? » éructa le Capitaine Blackheel, des postillons de vernonia éclaboussant le pectoral de Stryker. Les mains de l’obstiné capitaine se glissèrent sur la manche de sa hache. « Il n’y a rien dans cette cale qui soit dangereux pour toi et les tiens. »

Stryker laissa sa propre main reposer sur la poignée de Vif-Argent, et les visages des soldats les entourant se plissèrent de doute. Ils ne voulaient pas se battre. Du moins pas encore. « Vous n’en êtes pas sûr, n’est-ce pas, capitaine ? En vérité, vous n’avez aucune idée de ce que vous transportez, n’est-ce pas ? »

Le Capitaine Blackheel le dévisagea, mâchant la vernonia comme un vache ruminant. Son silence voulait tout dire.

« Je le pensais bien », déclara Stryker. « Donc, vous avez deux solutions. Vous pouvez faire demi-tour et repartir avec ma bénédiction, ou rester ici, parce que vous n’irez pas plus loin jusqu’à ce que je sache exactement ce que vous transporter. »

« Vous bloquez une route commerciale commune qui ne vous appartient pas, Seigneur Général », dit Murgan. « Le Cartel Seaforge n’appréciera pas que vous perturbiez leurs affaires. »

L’imposant ogrun était une formidable créature, et bien qu’il n’ait pas émis de menace, une tension planait entre eux. Stryker ne doutait pas que le Capitaine Blackheel était un soldat compétent, mais l’ogrun était plus que cela – il était un guerrier de force et prouesses.

« Si ce que contient votre cale s’avère être une arme, j’ai parfaitement le droit de la confisquer, et vous le savez », déclara Stryker. « Si vous préférez faire venir quelqu’un de Rhul pour m’expliquer ce que c’est, alors ne vous gênez pas, faites-le et nous pourrons peut-être parvenir à un accord. D’ici là, on en a fini ici. »

Les nains sur le pont ont fait pas en avant et quinze fusils se sont relevés d’un poil ou deux dans leur direction. Stryker savait qu’il pourrait tuer tout le monde sur le pont, si on en arrive là. Aucun d’eux n’était belliciste, et il avait les canonnières et quarante Lames-Tempêtes sur la rive.

Le Capitaine Blackheel a levé la main. « Baissez vos armes, les gars. Le seigneur général n’a pas peur de gens comme vous. » Il s’est tourné vers Stryker. « Je vais envoyer un message à Hammerfall, mais je doute que vous aimiez ce qui va suivre. »

Stryker pensait que cela résumait efficacement l’intégralité de la guerre, en ce qui le concernait.

. . .

UNE FOIS DE RETOUR SUR LA RIVE, Stryker pris Adkins à part. « Capitaine, vous ne devez raconter à personne ce que vous avez vu dans cette cale. Tenez ces bateaux ici. Compris ? »

« Bien sûr, monsieur. » Le capitaine Lame-Tempête hésita. « Et si les rhulfolk s’impatientent ? »

« S’ils essaient de forcer le passage, détruisez les deux vaisseaux », répondit Stryker « Nous ne pouvons pas risquer que le contenu de cale atteigne le Khador tant qu’on en sait pas plus. »

Adkins prit une inspiration hésitante et fixa Stryker dans les yeux. Lorsqu’il prit la parole, une partie de la déférence militaire avait disparu de son ton. « Je comprends, monsieur. Mais vous ne savez pas ce que sont ces choses, n’est-ce pas ? Vous avez une idée, au moins. »

« Non, pas vraiment », déclara Stryker. C’était principalement vrai. Il avait entendu des rumeurs provenant d’agents du SRC en qui il avait confiance, mais c’était tout ce qu’elles étaient : des rumeurs. Stryker faisait aussi confiance à Adkins, mais cette information pouvait être dangereuse et il n’avait que des mythes sur lesquels fonder ses propres craintes. « Mais je vais te confier une chose. Si c’est ce que je pense – et Morrow j’espère que ce ne sera pas le cas – alors il aurait dû être laissé au fond de l’océan.

— 3 —

AURUM LÉGAT LUKAS DI MORRAY, se précipitait dans les couloirs exigus de l’enceinte de la Garde du Creuset, passant devant des hommes et des femmes en uniformes et armures de garde en or et bleu sarcelle. Tous saluaient ou criaient un salut, et il répondait par un signe de tête ou un sourire. Il demeurait une figure glorifiée parmi ces guerriers et alchimistes, et ils avaient besoin de le voir ou d’être vu par lui. Si tout allait bien aujourd’hui, il les mènerait bientôt au combat.

Une énergie nerveuse s’empara de lui. Il était arrivé à Midfast, dans l’enceinte de la Garde du Creuset depuis plus d’une semaine, tout juste de Croix-des-Fleuves et des terribles semaines qu’il avait passés en prison khadoréenne à Rynyr. Il avait maintenant un unique objectif : mobiliser la Garde du Creuset pour marcher sur Croix-des-Fleuves et aider les cygnaréens et la force de la Résistance llaelaise occupant actuellement la ville. Bien qu’il ait dirigés cette force, il ne pouvait pas prendre cette décision seul. D’autres doivent avoir leur mot à dire en premier, et ils seraient tous dans la même pièce pour entendre son plaidoyer.

Il arriva au bout d’un long hall où se dressait une porte d’acier marquée du creuset radiant de la Garde du Creuset. Flanquée de deux soldats qui semblaient hors de propos dans l’enceinte. Ils portaient les cuirasses lourdes de la Marine Royale Ordique, sabres et pistolets aux hanches. L’armure de chaque fusilier marins arborait un chevron violet brillant qui les désignait comme des hommes du roi.

« Messieurs », prononça Lukas aux deux fusiliers marins, « je suis attendu à l’intérieur. »

Le fusilier marin de gauche acquiesça et ouvrit la porte. Au-delà, une des plus grandes pièces de l’enceinte n’étant pas réservée aux laboratoires ni aux logements des soldats. Une table ronde en acier tourné dominait l’espace et autour d’elle étaient disposés six chaises, cinq étant actuellement occupées.

Lukas entra dans la salle du conseil et la porte se referma derrière lui. Cinq visages se tournèrent vers lui. Il les connaissait tous. Le Maréchal Général Baldwin Gearheart, un camarade warcaster et le seul homme qui occupait une position dans la Garde au-dessus de celle de Lukas, se leva, ses yeux sombres scintillant au-dessus de sa moustache, et fit un geste vers une des chaises vides.

« Assieds-toi, Aurum Légat », dit Gearheart, de sa voix riche et imposante. « C’est bon de te revoir en un seul morceau, mon vieil ami. »

« Merci, Maréchal Général. » Lukas hocha la tête en direction de son ami et rival occasionnel. Ils n’étaient pas d’accord sur les questions militaires – Gearheart était beaucoup trop excentrique et imprudent aux yeux de Lukas – mais un profond respect pour les capacités et les réalisations de chacun existait encore entre eux.

Helt Langworth, dirigeant de l’Assemblée des Maîtres de l’Ordre du Creuset d’Or, était assis à sa droite. Le maître alchimiste au visage buriné inclina la tête en guise de salutation.

À côté de Langworth était assis la formidable Jean Resson Dagget. En tant que commandant de la Garde, elle avait la responsabilité du complexe de Midfast, tout comme elle avait été chargée de leur ancien quartier général, la Forteresse du Tonnerre, désormais entre les mains du Protectorat de Menoth. Personne n’en savait plus que Dagget sur les membres de la Garde du Creuset, et ses paroles avaient beaucoup de poids.

Les deux derniers membres du conseil étaient un duo. Le premier, c’était Creena Torcail, l’une des plus jeunes membres de l’Assemblée des Membres, bien qu’elle soit une puissante alchimiste et une diplomate perspicace. Elle servait de liaison entre la Garde du Creuset et son principal mécène. Ce mécène était représenté par le dernier membre du conseil, un grand homme vêtu d’un grand manteau marin, avec un large sourire carnassier traversant sa barbe noire.

« Je suis heureux de constater que les khadoréens ne vous ont pas trop fait mal », déclara le Roi Baird Cathor II. « Je remercie le Cygnar de nous avoir rendu l’un des fils les plus important de la Garde du Creuset. »

« Merci, Votre Majesté », répondit Lukas. « Je vous en suis également reconnaissant, et c’est la raison pour laquelle je vous ai prié de vous joindre à nous aujourd’hui. »

« Cette affaire en Llael, oui ? » Dit Baird, feignant l’apathie face à une situation dont il était à la fois bien informé et réellement préoccupé. Un bel exemple du soi-disant Roi Bandit. « Il ne fait aucun doute que le Seigneur Stryker est au milieu de tout ça.

« Et Asheth Magnus », ajouta Creena Torcail, une grimace sur le visage.

« Oh, allez, Creena », dit Gearheart. « Cet homme est un voyou essayant de se racheter. Nous devrions au moins lui accorder le bénéfice du doute, je devrais dire. »

« Si ce voyou était un des nôtres, ferait-il la même chose », déclara Helt Langworth en fronçant des sourcils et faisant un mauvais sourire à Gearheart. Les deux hommes avaient des objectifs similaires – la création et la mise à l’essai de nouvelles armes alchimiques – mais ils avaient parfois des opinions radicalement différentes sur la meilleure façon d’atteindre ces objectifs.

« J’ai constaté de visu que les années de mercenariat du Major Magnus étaient derrière lui », déclara Lukas. « Alyce et moi lui devons personnellement nos vies. »
« Mais vous ne nous avez pas réunis ici pour défendre l’honneur d’Asheth Magnus », déclara Baird.

« Non et je ne vous ferai pas perdre votre temps, Votre Majesté. J’en viens directement à présence, ici. Je veux mobiliser la Garde du Creuset pour marcher sur Croix-des-Fleuves et aider les forces du Cygnar et de la Résistance qui tiennent la ville. »

« Vous voulez dire les rejoindre défendre cette ville contre l’armée khadoréenne qui marche dans leur direction ? » exprima Baird en souriant. « Si nous ne perdons pas de temps les uns les autres. »

« Nous avons bien sûr, collecté des informations sur le conflit grandissant en Llael. », déclara Creena Torcail, son ton identique à celui d’un diplomate chevronné. « Des plans sont en cours pour assurer la survie d’Ord et de notre propre ordre. »

« Et je vous conseillerais de continuer à poursuivre ces plans », concéda Lukas, « mais nous devons faire quelque chose maintenant et notre meilleure ligne de conduite est de marcher sur Croix-des-Fleuves, de surprendre les khadoréens par notre implication et de sceller notre alliance avec le Cygnar et les forces de la Résistance de Llael. »

« Vous n’estimez pas que c’est un peu téméraire ? Ce n’est pas que j’aie une opinion d’une manière ou d’une autre », déclara Gearheart, essayant de cacher son enthousiasme derrière une façade de prudence. Cela pourrait tromper les autres, mais Lukas connaissait trop bien l’homme. Il sauterait sur l’occasion de mener la Garde du Creuset au combat.

« Je ne pense pas », répondit Lukas, en jouant le jeu. « Si nous n’aidons pas Croix-des-Fleuves, l’armée khadoréenne dirigée par Strakhov les écrasera avant de marcher sur Merywyn.

« Dagget s’éclaircit la gorge. « Autant je ne voudrais pas que nos amis de Cygnar et de la Résistance subissent une telle défaite, est-ce vraiment notre souci. Nous avons nos propres défenses à examiner. »

Luka s’attendait à une position plus conservatrice de la part du Commandant de la Garde. « Comme vous le savez, la Première Armée de Cygnar va attaquer Merywyn par le sud. Dans l’état actuel des choses, ils font face à une dure bataille et à un siège prolongé qui risque de ne pas aboutir. Si le Seigneur Général Stryker parvient à rassembler ce qui reste de ses propres forces et à rassembler le soutien de la Résistance de la Tour Gris-vent, il peut additionner ses troupes à la Première Armée. »

« Ce n’est pas une assurance de victoire », répliqua Baird. « Merywyn est une forteresse de Khador aussi puissante que Korsk à ce stade. »

« Je suis d’accord, Votre Majesté », déclara Lukas, « mais si la Garde du Creuset rejoint le Seigneur Général Stryker, il pourra vaincre Strakhov et apporter une force à Merywyn qui pourrait inverser le cours de ce conflit.

« C’est un énorme « si », Aurum Légat », répondit Dagget. « Nous pourrions engager nos forces pour cette cause et perdre. Cela nous rendrait dangereusement vulnérables aux représailles khadoréennes.

« Pourtant, nous sommes vulnérables actuellement », dit Lukas. « Vous ne le remarquez pas ? Si nous ne faisons rien, le Cygnar et la Résistance seront vaincus et le Khador inarrêtable. » Il se tourna vers Baird. « Votre Majesté, où imaginez-vous que la Kommandantura tournera ensuite ses attentions ? »

Baird fronça les sourcils. Contrairement à de nombreux rois, Il ne s’opposait pas à un conseil direct, même franc, mais il n’était pas un dirigeant porté à l’action ouverte. « Je ne suis pas un imbécile, Aurum Légat. Je vois la menace à ma porte. »

« Alors je vous supplie de soutenir ma proposition », déclara Lukas.

« Et qu’en est-il de l’Armée et de la Marine Ordique, Votre Majesté ? » Demanda Helt Langworth. « La Garde du Creuset est puissante, mais nous ne maîtrisons pas les ressources ou les effectifs d’une nation.

Baird gloussa. « Bien joué, Langworth. Vous souhaitez me voir engager plus que vos propres forces dans le conflit. La femme de celui-ci » – il fit un signe à Lukas « -me casse déjà les pieds à ce sujet. »

Lukas poussa un soupir de soulagement audible. Il avait eu peu de nouvelle d’Alyce depuis qu’ils avaient quitté Croix-des-Fleuves. Si elle avait rencontré Baird, alors elle était quelque part en Ord et en sécurité. « Je ne demande pas cela, Votre Majesté. Pas encore. »

« Maréchal Gearheart », dit Baird, « Vous êtes inhabituellement silencieux. Qu’en dites-vous ? C’est votre armée après tout. »

« L’excitation et l’espoir ont fait un bond en avant grâce à Lukas. Il avait compté sur l’écrasante personnalité de Gearheart, son ardeur au combat et son désir de voir la Garde du Creuset sur le terrain pour aider la cause de Lukas.

Gearheart fit semblant de se reprendre son sang-froid ; vraisemblablement, il avait besoin de maintenir l’apparence d’un homme considérant ses options. « L’aurum légat avance un solide argument. Mais permettez-moi de vous en présenter un autre. Nos gars et leurs équipements n’ont pas vraiment été testés. Ils sont bien entraînés, mais ils ont peu combattu avec notre armement de pointe. Ce conflit en Llael peut nous offrir l’occasion de mesurer leur courage et de voir nos armes en action autrement que lors d’essais sur le terrain. Nous pouvons évaluer et faire les ajustements nécessaires avant qu’ils ne soient appelés a défendre nos frontières. » Le maréchal sourit. « De plus, mes gars ont conçu quelque chose de nouveau que j’aimerais voir agir de près et personnellement. Enfin, pas trop près, si vous voyez ce que je veux dire. »

« S’ils sont appelés à défendre nos frontières » déclara Dagget, ignorant la dernière déclaration de Gearheart.

« Je pense que c’est une conclusion évidente, Commandant », répondit Lukas.

Il discerna plus que la position conservatrice habituelle de Dagget ici.

Elle avait l’air effrayée, et il ne pouvait pas lui en vouloir.

Helt Langworth expira un long et puissant souffle, comme s’il l’avait retenu pendant toute la réunion. « Je suis forcé d’être d’accord avec le Maréchal Gearheart … jusqu’à un certain point. La proposition de l’aurum légat nous offrirait l’occasion d’apprêter nos forces, mais nous devons être prudents. »

Baird se rassit sur sa chaisse. « Décrivez-moi cette mise en garde, Langworth. »

« Je dis que nous engageons certaines de nos forces à Croix-des-Fleuves – celles le plus en mesure de les aider – puis le résultat de cette bataille détermine si nous engageons davantage. Je pense que nous atteignons à la fois l’objectif d’aider nos alliés et de tester l’état de préparation au combat de la Garde du Creuset sans prendre trop de risques. »

Creena Torcail acquiesça. « Un compromis, et pas un mauvais. Mais ce sera quand même cher. »

Lukas réprima un sourire. Avec Creena, Gearheart et Langworth le soutenant, même avec prudence, son objectif était proche. Il ne restait plus que deux personnes à convaincre. « Commandant Dagget, je comprends votre réticence. Votre loyauté et votre dévouement envers les hommes et les femmes de notre ordre ont toujours été irréprochables, et ce que je propose va coûter la vie à certain d’entre eux- »

Dagget l’interrompit. « Ne vous trompez. Aurum Légat, ne prenez pas mon hésitation pour un manque de compassion pour nos alliés. Je comprends le danger si Croix-des-Fleuves tombe ». Elle soupira. « Le compromis de Maître Langworth est un compromis que je pourrais appuyer – dans des limites du raisonnable. »

Lukas savait que son influence sur la troupe de La Garde du Creuset ne pouvait être ignorée ou sous-estimée. Son soutien était crucial. Il pesa ses mots.

« Alors, nous avons un plan d’action » dit Lukas. « Nous avons un … »

Baird leva la main. « Un instant, Aurum Légat. J’ai entendu votre conseil, mais je dois quand même y réfléchir. »

« Bien sûr, mais nous avons peu de temps, Votre Majesté » ? répondit Lukas. « Strakhov marchera bientôt sur Croix-des-Fleuves. »

« Je serai rapide. Je vous le promets » dit Baird.

Lukas serra les dents et tint sa langue, malgré son sentiment que Baird était condescendant. Techniquement, il n’avait pas besoin de la permission du roi ordique pour mobiliser la Garde du Creuset, mais Baird avait été un généreux mécène et protecteur depuis la chute de la Forteresse du Tonnerre. Tous les autres, à l’exception de Gearheart, tiendraient compte de la décision du roi.

Le destin de Croix-des-Fleuves et de l’entièreté des Royaumes d’Acier pourrait reposer sur le caprice d’un seul homme.

Source VO

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Iron Kingdoms - RPG / Terres Sauvages - Peuples des Terres Sauvages
« le: 28 novembre 2019 à 21:57:17 »
HUMAINS DES CONTRÉES SAUVAGES

Au-delà des territoires des puissantes nations, dans les terres sauvages, il reste des poches de l’humanité s’accrochant aux antiques coutumes précédents la civilisation. Ces tribus sont présentent dans l’Immoren occidental, dans les forêts, les montagnes et les marais, vivant dans des états de développement et de culture variés. Certains, comme les kossites et les skirov de Khador, se sont largement intégrés dans la société moderne des Royaumes d’Acier, bien que la vie de certains d’entre eux ne soit encore que légèrement éloignés des traditions tribales de leurs ancêtres. D’autres vivent entièrement en bordure de carte ou même au-delà, dans des communautés insulaires où la connaissance de la nature est essentielle.

TRIBUS SEPTENTRIONALES

Le nord abrite des nombreuses tribus au sein de ses régions les plus sauvages, en particulier dans les forêts et les montagnes du nord du Khador. Les habitants du nord ont tendances à être tenaces et se distinguent par leurs cheveux épais et foncés et de montures larges et puissantes. Ces humains tribaux ont eu une histoire sanglante avec les autres races à cause de désaccords territoriaux et de l’accès aux rares ressources disponibles dans les contrées sauvages septentrionales.

BOLOTOV

Peu nombreux, les bolotov vivent dans les terres sauvages à l’extérieur de la ville de Tverkust, en particulier dans la Forêt des Cicatrices et les Noirracines. C’était autrefois un peuple nomade qui parcourait le Sylveloup [Wolveswood] et la Forêt des Cicatrices, suivant les troupeaux de rennes et d’ulk. Historiquement, les bolotov étaient les ennemis des kossites et se sont battus contre eux durant des générations avant d’être repoussés sur territoire réduit.

Les bolotov sont de fervents adorateurs du Ver Dévoreur. Leurs rites comportent souvent des masques en bois sculpté, ornés de plumes et de fourrure. Ils portent ces masques pendants les festins et les sacrifices, chaque membre de la tribu revêtant le portrait de son totem personnel choisi parmi les animaux prédateurs des contrés sauvages environnantes.

BOLOTOV
Peu nombreux, les bolotov vivent dans les terres sauvages à l’extérieur de la ville de Tverkust, en particulier dans la Forêt des Cicatrices et les Noirracines. C’était autrefois un peuple nomade qui parcourait le Sylveloup [Wolveswood] et la Forêt des Cicatrices, suivant les troupeaux de rennes et d’ulk. Historiquement, les bolotov étaient les ennemis des kossites et se sont battus contre eux durant des générations avant d’être repoussés sur territoire réduit.

Les bolotov sont de fervents adorateurs du Ver Dévoreur. Leurs rites comportent souvent des masques en bois sculpté, ornés de plumes et de fourrure. Ils portent ces masques pendants les festins et les sacrifices, chaque membre de la tribu revêtant le portrait de son totem personnel choisi parmi les animaux prédateurs des contrés sauvages environnantes.

RUSCAR

Les ruscar vivent dans la toundra à l’ouest des Pics des Éclats [Shard Spires] où les nyss habitaient autrefois. Leurs foyers en bois simples sont surélevés sur de courts pilotis afin de les maintenir à l’écart du pergélisol. C’est un peuple robuste qui vit principalement de l’élevage et de la chasse. Ils sont plus nombreux dans leur mère patrie que les skirov et les kossites, lesquels ils ont affrontés au cours des époques antérieures. Structurer sur une base clanique, avec l’homme le plus âgé prêt au combat servant de chef de clan. Les chefs de clan ruscar se réunissent périodiquement pour débattre et régler les différends entre clans. Bien que le chef de clan soit le leader de sa famille au sens large, de nombreuses décisions nécessitent un consensus entre les chefs de famille.

Ce peuple, autrefois fervents adorateurs du Dévoreur, maintenant exhorte rarement la Bête aux Mille Formes autre que pour bénir leur chasse. Néanmoins, chaque clan ruscar s’identifie toujours à un animal totémique tel que l’ours, l’aigle ou le loup. Ces totems sont bien visibles dans les tatouages préférés des guerriers des clans tribaux. Les chamanes ruscar pratiquent de petits sacrifices d’animaux pour marquer des événements importants comme les naissances et les funérailles et pour des événements lunaires particulièrement importants.

Les ruscar ont une histoire de conflits avec les kriels trollkin septentrionaux, souvent au sujet de territoires et de terrains de chasse. Ce peuple a subi de lourdes pertes au cours des dernières décennies, mais a commencé à se réfugier sur les territoires trollkin.

VINDOL

Les vindol font partie des tribus barbares les plus sauvages de Khador, vivant au plus près des traditions de l’antique Molgur. Ils demeurent très loin au nord parmi les Landes de Blancristal et n’ont que peu de contacts avec les étrangers. Au combat, les vindol se battent comme des berseks, se jetant sur leurs ennemis sans se soucier de leur sécurité.

Dans l’antiquité, les vindol étaient beaucoup plus nombreux, mais ils ont subi de lourdes pertes au Siège de Midfast il y a trois cents ans et ne se sont jamais remis. Les affrontements ultérieurs avec les tribus voisines et l’armée khadoréenne les ont réduis mais pas assagis. Les poches de Vindol subsistant luttent pour leur existence dans les montagnes et la toundra du nord au Nord de la Forêt des Cicatrices. Malgré leur nombre réduit, le nom des vindol évoque toujours la peur dans le nord.

Ce peuple vénère le Ver Dévoreur, suppliant la Bête aux Mille Formes par de fréquents sacrifices et des rituels sanglants. Les guerriers vindol parent leur corps avec des silhouettes de bêtes, croyant qu’elles transmettent le pouvoir de l’animal. Les vindol vivent dans de villages grossièrement construits de huttes de peaux non tannées et de rondins grossièrement taillés. Ils portent des peaux et des fourrures dépenaillées et manient des lances bifides et des lames courtes.

VORGOI

Les vorgoi sont un autre peuple sauvage du nord, où ils rivalisent avec les vindol pour leur brutalité. Leur société est construite sur les principes de la violence, du cannibalisme et du meurtre rituel, auxquels les vorgoi se pratiquent librement. Ils sont parmi les fidèles du Dévoreur les plus convaincus du nord, désireux de massacrer des villages en entier et de se délecter de chair.

Les conflits constants avec les trollkin de la Forêt des Cicatrices ont repoussé les vorgoi plus loin dans les collines gelées des terres désertiques septentrionales. À l’occasion, ce peuple est forcé d’entrer sur le territoire revendiqué par les ruscar déplacés, ce qui entraîne inévitablement de violents conflits. Les collines enneigées ont été teintées en rouge par les massacres.

YHARI-OMBRIENS

Dans les régions non colonisées des Collines Kovosk et des steppes orientales, de grandes colonnes de chevaux sillonnent les collines, transportant des générations entières de yhari-ombriens, une peuplade de nomades pastoraux, de cavaliers et de bergers vivant en étroite relation avec leurs troupeaux. Les yhari-ombriens guident leurs massifs troupeaux d’un pâturage à un autre – principalement des bovins hirsutes à longues cornes, mais également des moutons, des chèvres et des chevaux sauvages – établissant des habitations temporaires sur les collines.

Comme leurs lointains cousins ombriens, les yhari-ombriens sont des cavaliers accomplis. Ils filent comme le vent à travers les Collines Kovosk. Telle une vague tonitruante, il déferle sur la terre pour entourer et protéger leurs troupeaux des prédateurs, humains et animaux. Cependant, contrairement aux ombriens, les yhari-ombriens n’ont jamais cherché à bâtir des structures permanentes. Ils sont inexorablement liés à leurs troupeaux.

Les yhari-ombriens ont une longue histoire de conflits avec les tribus bogrin habitant au plus profond des Collines Kovosk. Les bogrin organisent fréquemment des pillages contre les troupeaux yhari-ombriens, forçant les nomades à défendre leur principale source de subsistance. Leur tradition d’archerie montée est omniprésente chez ces gens. Les archers montés yhari-ombriens devancent souvent la tribu principale pour repérer la présence de leurs rivaux.

98
Iron Kingdoms - RPG / Terres Sauvages - Histoire Primitive
« le: 20 novembre 2019 à 18:31:32 »
HISTOIRE PRIMITIVE

La frontière où les légendes se terminent et l’histoire débute est floue, et souvent la vérité est enterrée entre les deux. L’histoire elle-même est un puits sans fond et de nombreuses choses ont été oubliées. C’est particulièrement vrai pour les races n’ayant jamais gravé le passé sur la pierre ou qui n’ont aucune tradition de conte ou de chant. Hommes-gators, farrow, tharn, trogs des marais, gobbers et bogrin – rare sont ces peuples à se souvenir de leurs vies antiques. Seuls les trollkin, avec leurs pierres de kriels et leurs parchemins, et les capes noires avec leurs traditions accumulées ont transcrit les années. C’est à travers eux que l’on se souvient des antiques histoires.

DOMINATION DES TRIBUS

Depuis d’innombrables générations, la vie des peuples des terres sauvages a peu changé. La constante violence, les effusions de sang et la mort ont contribué à fortifier la génération suivante. Un équilibre avait été atteint, comme celui entre le prédateur et la proie. Pour les races les plus fortes et les mieux adaptées, cette existence tribale n’a jamais été abandonnée. La civilisation a surgi parmi les races les plus douces ayant besoin de s’unir pour survivre.

Les premières grandes civilisations furent celles des elfes et des nains. Ces races étaient apparues tardivement sur le monde, alors leurs dieux craignaient pour elles et leur donnèrent la connaissance et le pouvoir d’ériger des villes de pierre pour les protéger des terres sauvages. Ainsi s’éleva le Lyoss à l’est et le Rhul dans les montagnes septentrionales de l’Immoren occidental.

L’humanité est un paradoxe, dangereuse malgré sa fragilité. Elles ne peuvent pas supporter les environnements qu’elle cherche obstinément à dompter. Pourtant, cette race clanique est inventive, capable de s’adapter par l’ingénierie et l’invention. Cela a incité certains humains à se civiliser, tandis que d’autres préféraient l’existence tribale et n’ont que partiellement profité des bienfaits de la civilisation. Le fossé entre les humains tribaux et les humains civilisés semble être le résultat de la longue époque où Menoth, occupé à combattre le Ver, s’est détourné de ceux qu’il avait créés. L’humanité a dû s’attaquer aux animaux sauvages pour survivre.

L’AVÈNEMENT DU MOLGUR

Avant l’avènement des premiers civilisations humaines, il y avait le Molgur – aucunement une nation ou un empire, mais une confédération de tribus peu structurée. Le Molgur est issu des luttes pour la domination et la survie parmi les trollkin, les ogrun, les gobelins et les humains qui adoraient le Ver Dévoreur. Cette foi partagée a permis une cause commune et des traditions partagées. Des tribus disparates ont trouvé des moyens de coexister, même au milieu de constants conflits. Entre les querelles sanglantes, le troc et le commerce s’établissaient entre ces tribus, de même que la coopération dans les raids contre leurs rivaux et leurs ennemis mutuels.

Le Molgur n’avait pas d’autorité centrale ; chaque tribu était dirigée par son propre chef de clan, roi barbare ou révérés aînés. Diverses tribus s’identifiant comme Molgur s’affrontent fréquemment dans des combats pouvant être vicieux et cruels. Néanmoins, leurs traditions communes leur ont permis d’arbitrer des différends et de se battre pour des ressources limitées sans chercher l’extinction totale de leurs rivaux.

Aucune civilisation ultérieure n’a reconnu les accomplissements du Molgur, la qualifiant de horde sauvage et stupide. Pourtant, ils possédaient autrefois plus de territoire que n’importe quel empire moderne, avec des tribus qui s’étendaient du nord glacé aux Montagnes du Mur du Dragon. Malgré leur barbarie et leur instabilité, le Molgur a permis un équilibre entre la paix et la guerre, et la vie dans la plupart de ces villages était paisible. Les plus âgés d’entre eux étaient respectés pour leur sagesse à conditions qu’ils abandonnent leadership pour laisser la place aux jeunes. Les conflits et la violence n’étaient pas perçus comme horribles mais comme un aspect naturel et parfois joyeux de la vie. Les plus grands héros ont été commémorés dans les chants et les contes transmis de générations en générations.

Les terres sauvages n’effrayaient pas le Molgur. Ils connaissaient les contrées sauvages et chassaient ses animaux les plus féroces. Les Molgur a adopté ses races membres comme presque égales, chacune honorable à sa manière, contribuant soit par la force ou la ruse, bien que la force ait été respectée plus que l’intellect.

Les villages du Molgur étaient des endroits prospères avec des artisans qualifiés façonnant le cuir, sculptant le bois et la pierre et forgeant parfois de simples métaux. Leurs méthodes étaient anciennes, transmises et préservées. La sophistication de leurs artisanats variait considérablement d’une tribu à l’autre, même si la plupart étaient armés d’armes en bois et en pierre. Le façonnage du bronze était connu des plus grands villages, où flamboyaient de simples forges.


LUNES, MOIS, ET DATES

Caen a trois lunes, chacune avec son propre cycle. Calder est la plus grande, brillante d’une lueur bleu-blanc, avec le cycle le plus court. Elle orbite autour de Caen en vingt-huit jours, subissant des phases croissante et décroissante. Laris, lune de taille moyenne, avec ses taches de rousseau noires et marron et plus pâle. Elle subit une longue orbite elliptique, accomplissant que quatre cycles par an. La plus petite de tous, Artis, suit une orbite polaire et accompli environ trois cycles par an autour de Caen. La double pleine lune – Pleine Calder et Pleine Laris – se produit deux fois par an, lorsque les cycles de Calder et de Larys se chevauchent. Les nuits où les trois lunes sont pleines sont encore plus rares.

De nombreuses légendes et superstitions impliquent les conjonctions des lunes. Les capes noires savent que les lignes de force subissent des pics de puissances lorsque les trois lunes s’alignent dans le ciel nocturne et que les animaux sauvages et les groupes liés au mode primitif comme les tharn marquent de telles occasions en festoyant de chair humaine.

Le cycle de 28 jours de la plus grande lune, Calder, est employé dans l’ensemble de l’Immoren occidental pour marquer le passage d’un mois. Caen compte 13 mois (52 semaines ou 364 jours), chaque saison étant de 91 jours. Les nations civilisées nomment les mois de l’année, mais la plupart des peuples des contrées sauvages préfèrent marquer le temps en fonction des saisons ou des solstices.

Le calcul des dates n’a que peu d’importance pour les peuples des contrées sauvages. Ils préfèrent parler de proximité des événements légendaires importants ou de la vie d’ancêtres notables. Un événement peut être décrit comme se déroulant « à l’époque d’Horfar Grimmr » ou « après l’Ère du Ciel Embrasé ». Des événements plus récents sont décrits par le passage des générations ou des événements locaux importants, tels que « avant la crue du fleuve ». Mais pour des raisons de commodité, les événements majeurs de ce chapitre sont représentés avec des dates standard des Royaumes d’Acier.

Le système de datation standard a été créé par l’homme et divise l’histoire en deux époques distinctes définies par la lutte contre les orgoth. Les dates les plus anciennes sont comptées à rebours depuis le début de la Rébellion contre les orgoth et sont répertoriées en tant que PR (Précédant la Rébellion), tandis que les dates récentes sont à compter de AR (Après la Rébellion). Le « présent » des Royaumes d’Acier Unleashed est approximativement 608 AR.


Selon les légendes, les bénédictions du Ver étaient puissantes parmi les tribus du Molgur. Certaines tribus humaines pouvaient canaliser le pouvoir du Dévoreur pour qu’il puisse affluer dans leur corps, se transformant en brutes monstrueuses avec sauvagerie et force bestiale. Ce sont les ancêtres des Tharn. Les chamans du Dévoreur se vantaient d’autres dons de leur dieu prédateur et s’en servaient pour terroriser les humains menites qui se sont à la longue installés dans les plaines et les vallées proches du Fleuve Noir.

L’un des héritages durables du Molgur a été une langue commune, créée à partie d’une variété de langues auparavant dissemblables. Les langues dérivées de l’ancienne langue Molgur sont encore parlées aujourd’hui par les trollkin, les ogrun, les gobbers, les bogrin, les tharn et de nombreuses tribus humaines des contrées sauvages.

LA PREMIÈRE CIVILISATION DE L’HOMME

Quatre mille ans après l’avènement des elfes et des nains, Menoth revint vers les hommes pour leur donner les conseils nécessaires pour devenir civilisé. Cette coutume n’était cependant pas partagé par tous. Menoth voulait que certains de ses enfants réussissent mieux que d’autres. C’est un dieu colérique et il était aigri par le nombre ses enfants qui s’étaient tournés vers le Ver.

La personne ayant entendu clairement les paroles de Menoth le Législateur fut un homme nommé Cinot. Ce prêtre a reçu les Dons de Menoth, les outils permettant à l’humanité de dominer. Ces dons sont considérés comme les fondements de la civilisation menite : la Flamme, le Mur, la Gerbe et la Loi.

La Flamme a donné le feu aux humains, par lequel ils pouvaient travailler même en hiver ou dans l’obscurité de la nuit. Il a également brûlé leurs ennemis et a servi à forger des armes de guerre. Le Mur a permis aux gens d’empiler la pierre de taille jusqu’à ce qu’elle atteigne le ciel, entourant leurs villes et en les séparant des terres sauvages. La Gerbe a donné à l’humanité la connaissance de semer des graines et de récolter des céréales, fournissant ainsi suffisamment de nourriture pour l’hiver. La loi leur donnait des codes par lesquelles ils déterminaient qui gouvernerait et qui servirait et établirait les manières dont leur dieu strict serait loué et commémoré.

LE ROYAUME DE MORRDH

Certains anciens menites se sont installés dans une vallée au milieu de la vaste forêt appelée maintenant Bois d’Épines. Un schisme religieux a conduit ces gens à abandonner le culte du Législateur, mais ils ont conservé les dons de la civilisation et les ont utilisés pour créer des colonies bien fortifiées. Les habitants de Morrdh ont tué et chassé les peuples des terres sauvages, s’emparant des terres qu’ils désiraient. Les armées morrdhique étaient dirigées par des seigneurs dotés de sombres pouvoirs jusqu’alors inconnus d’Immoren. Les Seigneurs de Morrdh pouvaient ressusciter les morts pour combattre à leur place.

Bien qu’il reste peu-chose, si ce n’est des ruines enfouies dans les profondeurs marécageuses du Bois d’Épines, la lueur des feux de camp à travers l’Immoren occidental narre encore des récits du Noir Royaume. Certains hommes-gators déterrent les pierres à l’abandon et les réutilisent, trouvant qu’elles sont empreintes d’un antique pouvoir spirituel.

En acceptant ces dons, l’humanité s’est engagée à apprivoiser le monde naturel, à exploiter ses ressources et à soumettre ses habitants là où cela était possible, et à s’isoler des contrées sauvages où cela n’était pas possible. Pour les peuples des terres sauvages, ces dons représentaient l’abandon de la liberté et l’unité avec les terres sauvages, l’abandon de la chasse. Ces tribus de l’humanité ont cédé les terres sauvages à ceux qui sont le plus capable d’y survivre.

Cinot a employé ces dons pour fonder la ville d’Ichtier. Dirigés par d’autres prophètes, ces premiers menites se propagèrent vers le nord, puis l’ouest, créant de villages et des fiefs durables. Alors que le peuple de Menoth se répandait à travers l’Immoren occidental, sa foi aussi.

99
Histoires des Royaumes d’Acier

Une Lueur d’Espoir

La mer en colère a provoqué une tempête sur Ceryl, emplissant l’air de l’odeur du sel et des algues. Le tonnerre tonitruait, une grande bête grognait de mécontentement. La pluie fouettait la ville avec une hostilité stupide. Toutes les personnes encore à l’extérieur se blottissent et se précipitent d’un auvent dégoulinant à l’autre, comme des rats en train d’éviter l’attention d’un chat affamé.

Moins de personne que ce que Lysander Pavel avait prévu. Les rumeurs de colonnes de réfugiés submergeant les villes avaient commencé à se répandre, entraînant avec elles des rapports d’attaques de brigands, de groupes de farrow en maraude et d’autres choses encore plus désastreuses, cherchant à profiter des plus vulnérables. Encore plus de misère s’empilant.

Lysander réalisa que son compagnon de voyage le regardait avec impatience. « Désolé, tu as dit quelque chose ? »

Danius sourit. Le grand thurien avait une attitude facile, sa joie et son enthousiasme étaient à l’opposé de Lysander. « Je te demandais si tu l’avais déjà vue auparavant. »

« Maîtresse Stokes ? Non », répondit Lysander. En vérité, il n’avait jamais entendu parlé de l’agent de l’Ordre de l’Illumination avant de recevoir une convocation à Ceryl pour l’assister.

« Moi non plus. C’était une inquisitrice, tu sais. C’est pour ça qu’il lui manque une main. Ils disent qu’elle a coupé la sienne pour que l’ancien tatouage ne la trahisse pas. » Danius fiat le geste de trancher contre son propre poignet.

« Ils qui ? » Demanda Lysander.

Danius fit un signe de la main pour englober l’ensemble de la création. Tu sais. Eux. Les gens qui savent des choses. »

Lysander considéra la déclaration pendant qu’ils marchaient. Les gens qui savent des choses. Il était certain qu’il n’en faisait pas partie.

***

Peu de temps après, ils sont arrivés à la résidence protégée, trempés jusqu’à l’os. Un midlunder maigre au visage pincé les conduisit en bas d’une volée d’escalier dans un sous-sol en pierre, éclairé par la lueur d’un poêle en fer et d’une faible lanterne.

Un groupe de personnes se tenait en demi-cercle autour d’une silhouette meurtrie et ensanglantée enchaînée au sol. Une femme, dans la cinquantaine se tenait devant le prisonnier, essuyant le sang de son poing mécanique. Un pistolet exécration à sa hanche la désignait comme une « Illuminée », le pistolet étant l’une des armes au sein de l’arsenal de l’Église de Morrow contre les ténèbres.

« Les deux derniers, maman », dit le midlunder, en prenant sa place dans le groupe. Les autres firent un signe de la tête silencieux à Lysander et Danius.

La femme – Stokes, supposa Lysander, indiqua aux nouveaux venus de se joindre à elle. « Merci Brennan. Vigilants. Justes à temps. Monsieur Bannstock était sur le point de nous indiquer où ses amis logent. »

Le prisonnier Bannstock a craché de sa lèvre fendue. « Tu es folle, sorcière. Je préférerais mourir. »

Stokes saisit l’homme par ses cheveux en bataille avec son poing métallique cliquetant, lui tirant la tête en arrière pour que ses yeux rencontrent les siens « Ça peut s’arranger, gibier de potence. Je sais que votre chef appartenait à la cabale des Progénéistes alors qu’il faisait partie de l’Ordre Fraternel. J’ai lu sa thèse sur la création des portes. J’ai vu l’inventaire des objets occultes qu’il a volés quand il a quitté l’ordre. Je sais que tu le considères comme un ordre inquiétant, mais ce n’est pas de lui qu’il faut avoir peut en ce moment. »

Bannstock déglutit en regardant l’ensemble de visage sombres qui l’entouraient. Lysander essaya de fixer son propre visage dans un masque froid de menace implicite.

« Imprimeries Trevett », dit Bannstock, son corps se dérobant alors que l’hostilité s’évaporait. « Près de l’extrémité sud du front de mer. »

Stokes lui tapota la tête comme un instituteur louant un élève intelligent. « Pas si dur, Bannstock, hein ? »

« Tu dois me protéger. » La prisonnier commença à babiller, semblant réaliser ce qu’il avait fait. « Le Père Jonas a revendiquer mon âme. À moins que vous ne m’emmeniez d’ici, il viendra me chercher. Ou il enverra une de ces choses… »

Stokes le fit taire. « Non. Ils ne le feront pas. »

Le bruit de sa lame s’enfonçant dans la poitrine de l’homme fit sursauter Lysander. Il ne l’avait même pas vue dégainer.

***

« C’est quoi le truc entre les sectes et les foutus docks ? » marmonna Danius. Le thurien portait un manteau de marin sur son plastron et déplaçait son volumineux havresac contenant son arbalète, appuyé contre une pile imprégnée de poix.

Lysander était accroupit derrière une pile de barils puants de poison sur l’une des longues jetées du port. Il avait une vue dégagée d’un long entrepôt, l’endroit probablement le plus discret pour un culte. Deux hommes se faufilaient d’ombre en ombre, faisant de leur mieux pour ressembler à deux manutentionnaires ordinaires et non à des vigiles en patrouille.

« De nombreuses activités étranges ont lieu près du front de mer », a répondu Lysander alors que les deux guetteurs du culte passaient le coin et disparaissaient. « Beaucoup de nouveaux arrivant, d’étrangers, de contrebandiers. Il est facile de se cacher à la vue de tous. »

Danius a craché dans les eaux noires de la baie. « Beaucoup de cadavres près d’un front de mer. Voyons si quelqu’un remarque les leurs, d’accord ? »

« Attends. Stokes et Brennan attendent dans une ruelle à l’est. Voyons d’abord ce qu’elle fait. »

Danius a frissonné. « Stokes. Elle me donne la chair poule. »

« As toi aussi ? » a demandé Lysander. « J’ai déjà tué, mais seulement au combat. La façon dont elle l’a tué était comme … »

« Comme quelqu’un qui abat un chien », a répondu Danius. « Tu n’as pas autant combattu avec les Illuminés que nous. Parfois, ils sont comme ça. Ils passent leur vie à essayer de contenir les ténèbres. Je suppose que tu ne peux appréhender les ombres très longtemps. Je pense qu’avoir un ennemi qu’ils peuvent toucher, blesser, est rare. »

Lysander a considéré la sagesse de son compagnon, mais ne l’a pas apaisé. Il voulait se battre pour quelque chose, pas contre. Plutôt que de chercher une réponse, il a fait un geste vers l’entrepôt.

« Allons-y », dit-il. « Ils ont passé le coin. »

***

Ils ont jeté les corps parmi un tas d’ordures dans une ruelle, en prenant soin de les fouiller, à la recherche de symbole blasphématoires ou d’objets utiles. Ils se débarrassèrent de leurs déguisements rudimentaires et entrèrent par deux dans les imprimeries, se déplaçant rapidement et silencieusement selon les instructions de Stokes.

Le bâtiment avait été abandonné par son ancien propriétaire ou peut-être que les infernalistes s’étaient occupé de lui. La réception contenait de grandes machines à composer et des rames de parchemin vierge. Danius a attiré l’attention de Lysander sur le dernier numéro du Trevett Daily Bulletin, au sommet d’une pile poussiéreuse.
Attaque sur Porte du Sanglier des Centaines de Sinistres

Des Survivants Signalent d’Étranges Observations

Les Leaders Religieux Appellent au Calme face à la Calamité

Lysander se souvenait à peine de l’événement. Le passé ressemblait à une interminable série de désastres successifs, à peine interrompus par des moments de paix. Une attaque contre Porte du Sanglier [Boarsgate] aurait été une nouvelle alarmante, mais maintenant, c’était simplement un autre souvenir brumeux de souffrance. Si l’urgence du dernier numéro s’était évanouie de la mémoire, depuis combien de temps les sectateurs doivent-ils œuvrer ici en secret ?

Stokes le a poussés à avancer d’un geste silencieux. Devant lui, Brennan a ouvert la porte des latrines et a lâché un carreau d’arbalète dans un occupant invisible. Deux autres vigilants se tenaient prêts près d’une double porte menant à l’arrière des imprimeries, les arbalètes prêtes. Lysander et les autres prirent positions de part et d’autre de la salle, pointant leurs arbalètes vers des champs de tirs se chevauchant.

« Ouvre-la », chuchota Stokes.

L’espace au-delà était un entrepôt béant, à peine éclairé par de hautes fenêtres donnant sur le ciel orageux. L’air était lourd et sentait le vieux papier et la vieille encre. Les étagères atteignaient presque le plafond, créant des allées et des voies à l’intérieur de l’espace, chacune contenant un rouleau de papier de couleur crème attendant des informations qui ne seraient jamais imprimées.

Les morrowéens se séparèrent et descendirent les différentes voies entre les étagères. Lysander et Danius prirent le chemin le plus proche à gauche, vérifiant les ombres pendant qu’ils se déplaçaient silencieusement. Des obstacles occasionnels – charrettes à bras, rouleaux de papier tombé au ciel, piles de vieux journaux – leur fournissaient la couverture entre laquelle ils se déplaçaient. Tel des rats qui fuient à l’insu d’un chat affamé.

À une intersection où un rayon d’étagère perpendiculaire à la sienne, Lysander aperçut une silhouette se déplaçant. Il s’est figé derrière une tour de feuille jaunie, poussant Danius à faire de même. Lorsque la silhouette est passée, les deux hommes se sont écartés du couvert et ont convergé par-derrière.

Lysander passa son bras autour du cou de l’homme pour étouffer ses cris, et Danius lui enfonça une dague dans la cage thoracique par trois coups rapide. L’homme portait un masque de métal, un visage maussade qui dissimulait son propre visage. Pourtant, alors que Lysander tirait le corps entre les étagères, il put voir la surprise se transformer en colère futile dans les yeux mourant de l’homme.

Lorsque les vigilants arrivèrent au bout des rayons, plusieurs firent des rencontres similaires, à en juger par les éclaboussures de sang sur leurs manteaux et visages. Mais il n’y avait pas eu de cris d’alarme. Danius sourit à Lysander et articula silencieusement, Jusqu’ici, tout va bien.

***

Les résidents des imprimeries les avaient transformées pour répondre à leur besoin. Dans une zone en retrait, où les chariots rassemblaient les Daily Bulletin pour le distribuer dans la ville, l’espace avait été nettoyé et reconstruit dans un but bien plus sombre.

De talismans d’os se trouvaient à sept points autour du sanctuaire, fournissant un faible éclairage à partir de cristaux irréguliers au-dessus d’eux et pulsant d’une lumière rouge vif. Un cercle composé de lignes et de runes avait été tracé au sol, à l’intérieur du quelle deux douzaines de sectaires masqués s’agenouillaient prosternés. Les masques couvrant leurs visages déformaient leurs voix chantantes, ajoutant un bourdonnement faux et déplaisant à leurs prières répétées.

Au centre de ce groupe, le leader du culte se tenait debout. Père Jonas, l’avait appelé Bannstock. D’une main gantée, il tenait un lourd tome, lisant un long laïus tiré de ses pages. De l’autre, il agrippait le manche d’une grande épée caspienne.

L’homme se tenait face à la porte arrière des imprimeries. Les poteaux et la poutre étaient gravées de symboles abjects qui se consumaient d’une lueur interne, comme du charbon brûlant dans le bois. Alors que la voix de Jonas s’élevait et se pressait, des vrilles de fumée noire jaillissaient d’eux. Un bruit de craquement profond émanait de la structure du bâtiment – le bruit d’un navire en train de se tordre lors d’une tempête.

« Écoute-moi, Ongullu ! » s’écriait le Père Jonas, « Hurleur de la Route de Minuit [Howler of the Midnight Road], Chuchoteur de Vérités Silencieuses [Whisperer of Silent Truths], ton serviteur a tracé le chemin ! »

L’air autour de la porte sculptée de runes commençait à palpiter comme un battement de cœur. À chaque bruit sourd, Lysander voyait le fantôme d’une structure, qui n’avait pas été bâtie par des mains humaines, se superposer dans les airs, se solidifiant à chaque battement. Des silhouettes fantomatiques de créatures indescriptibles attendaient de l’autre côté, trépignant d’anticipation. Se levant au-dessus et derrière cette masse de choses, une silhouette se profilait, sa chair se modelant et se remodelant sous les yeux de Lysander. Ses yeux se sont écarquillés et son estomac s’est soulevé.

En un instant, il a compris sa place au sein de la création. Lysander se tenait en présence de l’infini. Il n’était pas seulement indigne d’être remarqué, mais il l’était totalement. Insignifiant. Pas uniquement de cet être venus récolter d’âmes, mais de tous les dieux. Menoth, Morrow, Thamar … si l’univers contenait de tels êtres, quelle place pourrait-il y occuper, Quelle trace pourrait-il y laisser ?

« Les Jumeaux me préservent », a prononcé Danius.

Stokes a pointé son pistoler consacré sur le chef du culte et a tiré. La détonation s’est imposée sur les voix qui chantaient.

Mais Jonas n’est pas tombé. Lysander était incertain de pouvoir faire confiance à ses yeux, mais l’ombre de l’homme semblait s’élever et s’éloigner du sol, se solidifiant en une figure anormalement mince en l’espace d’un instant. La balle de l’Illuminée a rebondi sur le bouclier rond et noir de cette silhouette.

Si elle a été surprise, Stokes s’en est remise en un instant. « Pour Morrow, abattez-les ! » S’écria-t-elle, sautant parmi le groupe de chanteurs avec son pistolet et son épée à la main.
L’espace a plongé dans le chaos. Les arbalètes des vigilants claquaient comme une pluie de projectiles sur les sectaires. Malgré cela, les personnages vêtus se relevaient avec des poignards de cérémonies prêts. Le Père Jonas a continué de chanter, sa voix se transformant en hurlements blasphématoires.

Les infernalistes ont contre-attaqué durement et rapidement. Ils se sont déplacés sur les vigilants comme un essaim de scarabées noirs. Lysander a sut faire un pas en arrière alors que deux personnes se ruait sur lui, tailladant avec leurs vicieuses lames. Il a frappé à gauche avec la crosse de son arbalète, donnant un coup de pied dans le genou de l’agresseur à sa droite.

En aval de Lysander, une femme hurlante s’est jetée sur le dos de Brennan, lui tailladant le visage. Danius a attrapé une autre personne et l’a projeté au loin, mais deux autres se sont attaqués à lui avec leurs poignards. Stokes conservait un espace autour d’elle, dégagé avec de rapides coups d’épée, mais elle ne pouvait faire face partout à la fois.

Les vigilants se sont battus avec plus d’habilité que la foule, mais leur nombre ne les ont pas favorisés. Là où ils ont repoussés les sectateurs, la silhouette d’ombre est apparue pour les frapper avec sa lance, les exposant à une contre-attaque intenable de la foule. Un par un, les autres sont tombés sous un linceul de robes noires, la sombre prière du Père Jonas s’élevant à mesure qu’ils étaient submergés.

Lysander s’est frayé un chemin à travers la foule jusqu’à l’endroit où demeurait Stokes, toujours debout, son bras mobile pendant mollement à ses côtés.

« Nous devons fuir », cria Lysander. « Morrow nous a oublié. »

Stokes a tranché à travers le masque d’un sectateur qui le chargeait. « Nous vivons toujours », a-t-elle prononcé. « Bien que nous nous souvenions de lui, espérons qu’il fera de même. »

L’Illuminée s’exprimait avec une conviction d’acier qui manquait à Lysander. Ensemble, ils se sont battus plus près de l’endroit où Jonas et son protecteur d’ombre attendaient. De sa veste, Stokes a tiré une longue et fine chaîne. L’extrémité était terminée par une sphère métallique perforée de sceaux sacrés. Elle l’a fouaillé au-dessus de sa tête, emplissant l’air de fumée consacrée, cinglant pour tenir les sectaires à distance.

Lysander a bondi vers l’avant, lâchant un carreau de son arbalète à la silhouette d’ombre pour la distraite. Alors qu’il interceptait son coup, il a dégainé sa lame et frappé le leader du culte. Son intention était réelle.

Alors que sa lame s’abattait, la lance de l’ombre l’arrêta. Elle s’est enfoncée à travers son armure et dans ses intestins, privant de force ses jambes et d’air ses poumons. L’épée de Lysander a glissé de ses doigts et il s’est effondré. Ses jambes semblaient distantes et froides.

Lysander s’est avancé, agrippant le bas de la robe du leader du culte. L’ombre a enfoncé sa lance dans son épaule droite et a chuinté de rire.

« Gamin », a prononcé Jonas avec un sourire en coin, « Je sers des dieux plus grands que le tien. Crois-moi, tu pourrais me tuer. »

Lysander a levé ses yeux vers l’homme. Derrière lui, les bêtes d’un autre royaume étaient presque complètement tangibles. Leur gigantesque chef les caressaient de mains qui se terminaient par mille bouches, mille bouches, regardant son corps blessé avec une constellation d’yeux affamés.

« Je peux espérer. »

***

Les fenêtres au-dessus de lui ont explosé et l’espace a été aspergé de verre étincelant. Des rayons de lumières ont transpercé l’obscurité bouillonnante et se sont dispersés sur les bords tranchants de chaque fragment, projetant des couleurs dansantes à travers la pièce glauque.

Avec un son qui ressemblait à des voix unies débordant de joie, une figure ailée est apparue. Elle brillait d’une lumière pure bannissant les ombres, traînant des banderoles d’un blanc fantomatique du bout des ailes. L’ombre protectrice du Père Jonas a poussé un cri d’épouvante quand sa chair s’est enflammée.

D’une main, le personnage tenait une lance aussi brillante que le soleil de midi. Lysander, tout en la regardant, avait de la peine dans les yeux, il a fixé le visage de la silhouette. C’était un visage bon, comme celui d’un prêtre que Lysander avait connu par le passé. Il a souri à Lysander d’un sourire triste et a incliné la tête.

D’une main faible, il a récupéré son épée et a tiré sur la robe du Père Jonas, attirant le vieil homme sur la pointe de sa lame.

Le corps de Lysander a commencé à être lumineux et léger. Il a commencé à se relever de lui-même, laissant derrière lui le vaisseau brisé. Dans la salle, il a vu les autres vigilants, Danius et Brennan, faire de même, figures d’un éclat doré, non marqués par le sang ou les blessures. Deux par deux, ils ont regardé le serviteur de Morrow apporter la ruine aux derniers sectaires avec sa lance sainte, ils l’ont regardé abattre le porte que Jonas avait essayé de bâtir.

Avec le temps, il ne restait plus que Stokes. Elle regardait la rayonnante figure, les larmes aux yeux. Les deux se sont fait face en silence durant un moment, jusqu’à ce l’Illuminée pousse au cri de tristesse, désignant les vigilants tombés au sol.

« Et moi ? » A-t-elle demandé. « N’ai-je pas fait assez œuvrer ? Je suis si fatiguée de-»

Le rayonnant a pressé un doigt sur ses lèvres, la faisant taire silencieusement avant de lui offrir une main réconfortante. Stokes s’est effondrée, rattrapée par ses nombreuses années.

S’il pensait qu’elle pouvait l’entendre, Lysander lui aurait offert ses propres mots de réconfort. Peut-être ne sommes-nous pas oubliés, ou un jour vous trouverez la paix, ci c’est ce que l’Illuminée recherchait.

Finalement, l’esprit de Lysander a offert une petite prière à Stokes.

J’espère te revoir un jour.

Source

100
Iron Kingdoms - RPG / Terres Sauvages - Création et Dieux de Caen
« le: 02 octobre 2019 à 17:00:04 »
CRÉATION ET DIEUX DE CAEN

Les civilisations qui peuplent les terres sauvages ont des origines qui s’étendent avant l’écriture, avant le parlé lui-même. Elles s’appuient sur une richesse de mythes et de traditions pour expliquer le monde et sa naissance, parlant d’une époque avant que toute forme d’intelligence n’ait parcouru les terres sauvages. Toutes ces légendes ne concordent pas et chaque peuple a ses propres histoires, certaines très contrastées.

Parmi les habitants des terres sauvages, les druides capes noires du Cercle Orboros représentent une fraternité ininterrompue couvrant des millénaires, voués au contrôle du chaos de la nature, à la compréhension et à la manipulation des peuplades vivant dans les terres sauvages et à la compréhension des mystères de la création. En dépit de leurs prétentions à maîtriser les traditions les plus profondes, cependant, ceux qui ont précédé leur ordre ont des mythes encore plus anciens. Parmi les races primitives, on trouve le trollkin, le plus rependu et le plus prospère des enfants de la Déesse Dhunia.

Avant même d’avoir appris à graver des runes sur la pierre, les trollkin partageaient les histoires de leur divine Grande Mère et du Ver Dévoreur, leur père violent. Les légendes trollkin s’étendent plus profondément dans les brumes de la préhistoire que tout ce que l’homme a préservé.

DHUNIA ET LE VER DÉVOREUR

Dhunia fut la première à émerger du chaos sans fin qui était autrefois tout ce qu’il était. Son corps est devenu le monde, Caen. Quand Dhunia s’est éveillée le premier jour, elle était seule. Le vide l’a attristé et elle s’est mise à pleurer. Ses larmes ont créé les fleuves, les lacs et les océans. Alors les créatures vivantes et les plantes sont apparus, des pâturages verdoyants et des forêts immenses ont poussés, et les insectes bourdonnés, les oiseaux pépient et les animaux paisibles ont bientôt peuplé les terres. Pour éclairer le monde, elle a créé le soleil pour le jour et les trois lunes, Calder, Laris et Artis afin de briller parmi les étoiles la nuit.

Toutes vies provenait de Dhunia et cela là l’emplissait d’une intense joie. Après un certain temps, la Grande Mère a remarqué que les créatures se multipliaient et remplissaient les terres, mangeant les plantes plus vite que les nouvelles ne pouvaient pousser. Bientôt, ils n’auraient plus assez à manger. Elle savait que le grand été devait prendre fin pour que les plantes et les arbres puissent se reposer et se réveiller régénérés au printemps. Tous les êtres vivant devaient faire partie du cycle de la naissance, de la croissance et du renouveau ; Dhunia sait qu’elle devait permettre la mort et la destruction dans le monde.

Pour ce faire, Dhunia a enfanté le premier et le plus redoutable prédateur, le Ver Dévoreur. Le Dévoreur était une monstruosité bestiale en perpétuel changement engendrant des horreurs sans fin et des bêtes affamées. Sa rage se manifestait par des tempêtes et des tremblements de terre qui dispersaient les abondants troupeaux et annonçaient la fin du premier cycle de la vie. Le Ver a apporté la faim et la prédation. Lorsque le premier être vivant a tué et mangé une autre, le Ver était présent, goûtant le sang et cherchant à apaiser son inépuisable faim.

Et pourtant, le Dévoreur n’était pas content. Il rôdait dans le monde à la recherche de proies plus difficiles et ses yeux funestes ont balayés Dhunia. Elle a connu un fugace moment de peur, la terreur des traqués. Finalement, le Dévoreur a vaincu et ravagé la Grande Mère. Sentant la vie s’épanouir en elle, Dhunia s’est reposée et l’hiver s’est installé sur les terres de Caen. Avec l’arrivée du printemps, la Mère Ravagée a donné naissance à des enfants qui présentaient à la fois les qualités de leur divin père et mère – capables d’être sauvages et violents, mais aussi nobles et honorables. À diverses époques, ces races se sont rapprochées l’un de l’autre de leurs parents primordiaux, consacrant leur culte à Dhunia ou au Dévoreur.

Désireuse d’obtenir un répit des prédations de la Grande Bête, Dhunia a favorisé un habile chasseur parmi les plus forts et les plus rusés de ses enfants : Menoth. Alors que les humains prétendent que Menoth a créé le monde, les dhuniens savent que ce n’est pas vrai : sa première tâche était de chasser et de tuer des animaux sauvages. Dhunia lui a conféré le pouvoir, la virilité et la force nécessaire pour combattre le Ver. Leurs affrontements les amèneront à voyager à travers la face de Caen, changeant la forme des continents et brisant les montagnes. Partout où Menoth passait alors qu’il chassait le Ver à travers Caen, l’humanité émergeait, s’avérant être consumée par le même désir de dompter la nature. Menoth a fini par pourchasser le Ver de Caen et pénétrer dans un royaume obscur né des rêves cauchemardesques du Ver, un endroit que les humains appellent Urcaen.

Consumé par la soif du combat, Menoth a oublié la Grande Mère, et ainsi ses enfants ignorent les légendes des élus de Dhunia, que tout vient de la Grande Mère et que tout retourne vers elle à la fin. Son amour pour toutes les créatures est tel que lorsqu’un être vivant meurt, elle replace son esprit dans utérus, le réconfortant jusqu’au moment de sa réincarnation. De cette façon, la vie ne disparaît jamais vraiment, mais retourne à la Grande Mère pour renaître. Les races qui ont tourné le dos à Dhunia n’ont pas accepté son étreinte, et leurs âmes suivent Menoth et le Ver à Urcaen après leur mort. Là-bas, ils vivent d’innombrables horreurs et doivent s’unir pour survivre. Il y a une raison pour laquelle on nomme parfois Urcaen l’enfer.

LES ENFANTS DE DHUNIA

Actuellement, bien que les trollkin vénèrent presque exclusivement Dhunia, durant les premiers jours, ils adoraient surtout leur père divin. La faim du Ver s’incarnait dans les trolls, ces bêtes liées par le sang aux trollkin mais encore plus sauvages, emplies de force et d’appétit. Les premiers et plus puissants des premiers trolls étaient les rois des montagnes, d’immortelles et énormes créatures de l’endroit où le sang de Dhunia et du Ver avait coulé, les sommets des montagnes.


LES CAPES NOIRES ET LE POUVOIR PRIMORDIAL D’ORBOROS

Alors que la majeure partie de l’humanité a vécu dans la peur du Ver Dévoreur et de ses enfants, demeurant largement ignorante de la Grande Déesse, une antique et secrète société a consacré temps et efforts à la compréhension de ma cosmologie du monde. Les capes noires du Cercle Orboros tirent leur pouvoir surnaturel du chaos incarné par le Ver. Ils décrivent le monde naturel d’une manière qui n’est pas totalement différente de celles des chamans dhuniens, mais avec une philosophie complexe et une approche systématique qui leur est proche. À force de pouvoirs et de mysticisme ésotérique, les capes noires existent en dehors de la société humaine.

Les capes noires croient que le Ver et Dhunia sont les manifestations d’une seule entité primordiale et omniprésente qu’ils appellent Orboros. Par leur philosophie, Caen et donc Dhunia représentent la réalité physique tangible d’Orboros, tandis que la volonté consciente et les impulsions les plus violentes d’Orboros sont incarnées par le Ver Dévoreur. Les druides du Cercle se sont souvent confondus avec les prêtres ou les prophètes du Dévoreur, une méconnaissance qu’ils usaient pour manipuler les adorateurs de ce Dernier. En vérité, bien que les capes noires tirent leurs pouvoirs du Ver, ils ne le servent pas ni l’adorent.


Les rois des montagnes [mountain kings] furent les premières créatures issues de la violente union entre le Ver et Dhunia. À leur tour, ils ont engendré le reste de la race troll, y compris la race trollkin. Les rois des montagnes étaient des sources de pouvoir génératif, leurs tissus grouillaient de vie à tel point que des trolls mineures se formaient de leur chair pour se répandre derrière eux. Ces premiers trolls étaient sans âge et immortels. Ils s’étaient abrités au sommet des montagnes d’Immoren, dormant durant des décennies entre d’horribles frénésies nourricières. Chacun était férocement territorial et prêt à dévorer tout ce qui le dérangeait.

Quand le trollkin émergea sur Caen, ils étaient plus petits et plus faibles que les trolls, mais aussi plus intelligents. Leur nature devait moins au Ver qu’à Dhunia qui vit en eux la capacité de comprendre. Profitant du don de l’intelligence, les trollkin se répandirent rapidement sur la surface de Caen, s’unissant pour maîtriser ou chasser les animaux dangereux. Ils ont bâti les premiers villages et ont élevé leur voix lors des premières chants. Les seuls endroits où ils ne se sont pas rendus étaient les grandes grottes où les rois des montagnes s’abritaient.

Bientôt, la parenté s’est répandue si loin qu’ils ont oubliés les endroits interdis. En représailles à leurs intrusions, les rois des montagnes sont descendus de leurs sommets, détruisant tout sur leur passage. Des forêts entières, des lacs et des collines ont disparu dans leurs gueules béantes. Les trollkin survivants se sont unis pour assujettir ces bêtes géantes et les enchaîner sous terre. Là, ils demeurent tranquilles, bouffi de rages et faim alors qu’ils dorment. Au fil des siècles, parfois ils se réveillent pour tester leurs chaînes, luttes qui se manifestent par des tremblements de terre et des glissements de terrain.

Les rois des montagnes maîtrisés, Dhunia a mit au monde d’autres enfants, dont le puissant ogrun, le belliqueux farrow et les petits mais agiles gobbers et bogrin. Elle favorisait ces races, mais bientôt elles ont été dépassées en nombre par l’humanité ainsi que la téméraire et agressive progéniture du Ver, y compris des races issues davantage de la Bête au Mille Formes [Beast of All Shapes].

ASPECTS DE LA GRANDE BÊTE

Dans les terres sauvages, parmi les tribus sauvages, il y a une abondance d’êtres affamés nommés et affamés comme des dieux. Le Ver Dévoreur a de nombreux de noms et d’enfants cruels. Certains de ses enfants sont considérés comme n’étant que des aspects de la Bête au Mille Formes, supposés incarner sa faim sur Caen.

Kossk, l’un des descendants les plus féroces du Ver, a donné naissance aux hommes-gators. Les hommes-gators parlent de Kossk comme un reptile géant, parfois décrit comme un alligator, parfois comme un homme-gator avec une immense gueule béante assez grande pour avaler le monde. Touts les légendes de Kossk décrivent sa faim et sa froide malveillance, son désir de manger. Il ne pense pas et ne planifie pas. Son unique désir est de manger et de grandir. C’est une entité à l’objectif pur et terrifiant.

Les trogs des marais ne parlent pas de leurs origine, mais décrivent une créature puissante et monstrueuse nommée Ashiga, une bête immortelle au sang froid, qu’ils croient endormie et attendant leur appel pour se réveiller et détruire les ennemis des trogs des marais. Les oracles des brumes [mist speakers] trogs des marais ont de nombreux ennemis qu’ils sont impatients de présenter à Ashiga. On ne sait pas si Ashiga est un dieu ou une bête, et cela n’a pas d’importance pour les trogs des marais. Ashiga est Ashiga, tout comme Kossk est Kossk.

AUTRES DIEUX ET ANCIENNES PUISSANCES

À l’aube du monde, il y avait peu de dieux, uniquement des puissances primordiales donnant naissance à tout ce qui allait arriver. À mesure que la vie prospérait et se multipliait, d’autres choses semblable à des dieux ont émergé pour revendiquer des parts du monde. Certains de ces êtres ont créé des peuples dans l’espoir d’être vénérés. Bien que très discutée, l’origine de ces divinités est rarement connue avec certitude, même parmi leurs adorateurs les plus dévoués.

LES DIEUX DES HOMMES

Menoth est le premier dieu de l’humanité, leur Créateur, bien qu’on ne sache pas si la création de l’homme était son intention. Pendant longtemps, ces créatures à la peau douce et presque sans défense ont dû se débrouiller seules dans un monde hostile où elles étaient la proie. Les dhuniens pensent que leur naissance est probablement un accident.

La plupart des humains ont oublié Menoth est se sont tournés vers le Ver, suppliant la Grande Bête de les aider à de venir de meilleur chasseurs pour qu’ils puissent chasser, manger, et vivre. Après une longue période, Menoth est revenu sur Caen et a été en colère de soir son peuple prier la Bête au Mille Formes, son éternel ennemi. Il a exigé leur adoration et a offert en retour les moyens par lesquels cette race pouvait perdurer. Il a appris à son peuple à fabriquer des armes et allumer des feux pour chasser les animaux sauvages. Menoth leur a ensuite montré comment ériger des murs pour repousser la nature et leur a donné les moyens de se nourrir en arrosant le sol. Pour cela, il a exigé l’obéissance et l’adhésion à sa Vraie Loi.

Avec le temps, les humains ont trouvé de nouveaux dieux. Plus tard, sont nés des jumeaux, un homme et une femme, plus intelligents et s’exprimant mieux que tous les autres. Ces deux derniers offraient de nouvelles façons de penser et d’agir ainsi que des valeurs à prendre en compte, autre que l’obéissance, qui ont irrité les prêtres ménite qui dirigeaient les villes humaines. L’homme était Morrow et sa sœur Thamar. Ces deux-là ont dépassé leurs limites mortelles pour devenir des dieux, et des religions ont été fondées en leurs noms.

Morrow croyait en l’honneur, la générosité et la bonté. Il a demandé à ses disciples d’œuvrer ensemble mais aussi de réfléchir par eux-mêmes et de poser des questions. Thamar a dit a ses disciples de ne faire confiance qu’à eux-mêmes et de faire tout ce qui est nécessaire pour acquérir connaissance et de pouvoir. Elle leur a enseigné que les règles que d’autres établissaient sur ce qui était juste étaient un moyen de les asservir et a dit a que chacun pouvait ériger ses propres lois. Les menites ne se souciaient d’aucune de ces religions. Les prêtres ont essayé de faire tuer tous les disciples des Jumeaux, mais n’ont pas réussi à les éliminer. Quant à ce que Menoth le dieu pense de Morrow ou de Thamar, personne ne le sait. Occupé à combattre le Ver Dévoreur, il ne les a peut-être pas remarqués.

Ces nouveaux sont se sont rendus à Urcaen, et se sont créé des domaines. Avec le temps, d’autres héros de leur foi ont suivi leurs exemples pour devenir des puissants esprits appelés ascendants et Légataires. De nombreux humains vénèrent ces ascendants et légataires de concert avec Morrow ou Thamar, leur offrant de nombreux sujets de discussion et d’écriture. Les humains semblent aimer entendre leurs propres paroles.

Plus récemment, quelques humains affirment avoir découvert un dieu nommé Cyriss. C’est une déesse des étoiles, des nombres et des horloges complexes. Seuls des bricoleurs érudits servent cette déesse, travaillant à créer des machines parfaites dans leurs forges. Ceux qui la servent deviennent eux-mêmes des machines et la vénèrent dans leurs temples aux murs de métal sous la surface.

NYSSOR ET LA COUR DIVINE

Les nyss vénèrent Nyssor, qu’ils appellent le Sage de Glace entre autres noms. C’était l’un des dieux elfes autrefois au nombre de huit. Quatre d’entre eux, dont Nyssor, régissent chaque saison. Les quatre autres veillaient sur le temps, régissant des intervalles tels le jour et la nuit. Tous ces huit dieux, sauf deux, ont maintenant disparu, il ne reste plus que l’hiver et le printemps – Nyssor le Sage de Glace [Winter Father] et Scyrah la Jouvencelle du Printemps [Maiden of Spring].

Ce qui est arrivé aux autres dieux elfes est une longue histoire lié à l’ascension et la chute de la première civilisation des elfes. Bien que les elfes vivent longtemps, leur séjour à Caen, en tant que race, a été court. Ils ont été créés, ils ont atteint un apogée considérable, puis ils ont chu.

La Cour Divine du mythe elfique s’est installée dans un endroit appelé le Veld. Les elfes disent que leurs dieux provenaient des lunes et du soleil et que ces dieux ont vu les âmes humaines se déverser dans Urcaen pour rejoindre Menoth ou le Ver. Lacyr, leur leader, décida qu’ils devaient aussi créer leur propre peuple.

C’est ainsi que les elfes ont été créés, Lacyr les a enfantés. Lacyr n’avait pas l’intention de laisser son peuple errer sur Caen sans guide comme Menoth l’avait fait. Une fois que les elfes se sont propagés et multipliés, la Cour Divine s’est fait connaître et leur a accordé la sagesse. Avec une telle orientation directe de leurs dieux, les elfes se sont propagés dans l’Immoren oriental et ont créé l’Empire de Lyoss. Les diverses tribus des autres races n’étaient pas à la hauteur des armées elfes. Ils auraient pu se propager sur tout le continent si une tragédie de leur propre chef n’avait pas scellé leur destin.

Les Dieux de la Cour Divine aspiraient à se rapprocher de leur peuple et envisageaient la construction d’un grand pont entre leur royaume et celui des vivants. Le peuple de Lyoss a été chargé de bâtir ce pont, et quand il fut enfin terminé, le peuple s’est rassemblé pour célébrer et souhaiter la bienvenue.

Quand les dieux ont pénétrés dans ce monde, quelque chose a terriblement mal tourné. Il y a eu une immense et effroyable explosion, une explosion qui a divisé le continent en deux. Un incendie si chaud qu’il pouvait faire fondre des montagnes emplissant les cieux, tandis que des blocs de pierre enflammées se précipitaient sur les villes elfiques. Les dieux des elfes ont sauvé autant de personnes que possible. Après la destruction de Lyoss, ses survivants ont fui vers l’ouest, abandonnant leurs terres pour s’abriter dans une région isolée appelée Ios.

Pendant des milliers d’années, la nation d’Ios a langui, son peuple souffrant de stérilités, de vies brèves et de maladies inconnues jusqu’à présent. Finalement, il est devenu clair pour leurs dieux qu’ils avaient perdu leur pouvoir et s’affaiblissaient. Ils ne pouvaient pas rester sur Caen, car la mortalité du monde les avait infectés. Pour se rétablir, ils devaient retourner au Veld, bien qu’ils ne savaient pas comment. Après de nombreux adieux larmoyants, les dieux ont quitté Ios pour trouver un moyen de rentrer chez eux.

Moins d’un siècle après le départ des dieux, la plus petite ville iosienne – Darseal, bâtie en dévotion à Nyssor, fut agitée. Cette ville et ses habitants n’avaient jamais été très aimés par le reste d’Ios, car l’hiver est une saison que personne n’apprécie. Le reste d’Ios n’a pas bougé lorsque les habitants de Darseal ont abandonné leurs maisons et ont quitté l’Ios sans explication.

Les habitants de Darseal ont suivi un prophète nommé Aeric, qui aurait reçu une vision divine de Nyssor. Selon Aeric, le peuple élu du Sage de Glace devait quitter Ios et se rendre au nord-ouest. Ils y trouveraient une région à l’hiver parfait et sans fin. Aeric a déclaré qu’ils devaient devenir un peuple à part, maîtriser un nouveau mode de vie et attendre le retour de Nyssor dans leur nouveau foyer.

Ces élus sont devenus les nyss. Ils ont effectué leur périple, endurant de nombreuses difficultés. Les terres qu’ils ont traversés étaient hostiles et inconnues, et beaucoup ont péri. Finalement, les nyss ont atteint les Pics des Éclats [Shard Spires] dans le grand nord, une région si froide que même les tribus les plus endurantes n’y demeuraient pas. Ils ont compté sur leur foi et leur volonté de persévérer. Ils sont devenus un peuple tribal, abandonnant la civilisation et apprenant à chasser pour se nourrir. Ils ont marqué le périmètre de leurs territoires avec des pierres de mise en garde et ont massacré tous ceux qui les outrepassaient. Ils ont appris à chevaucher l’ulk au pied sûr, en formant un lien avec ces créatures rapides. Ils étaient devenus ce que Nyssor voulait qu’ils soient – un peuple froid et résistant, des chasseurs et des survivants.

Pendant longtemps, la vie était simple et agréable. Puis, après que plusieurs générations se soient écoulées et que tous eurent oubliés ce que c’était de vivre parmi les dieux – Nyssor, le Sage de l’Hiver, est revenu seul auprès de son peuple. Il a déclaré que lui et les autres dieux étaient en train de mourir, et que sa seule de chance de se préserver était d’inhumer sa chair dans la glace. C’est exactement ce que Nyssor a fait, Il s’est revêtu d’un froid glacial jusqu’à ce qu’il soit enveloppé. Ses prêtres ont juré de le protéger.

Loin des terres glaciales des nyss, dans les clairières boisées d’Ios, une autre déesse est revenue. Scyrah est rentrée dans la capitale elfique puis est tombée dans un profond sommeil dont elle ne s’est pas encore réveillée. Les deux derniers dieux des elfes revenus auprès de leur peuple altéré et diminué, et le sort des autres dieux reste un mystère. Ceux qui sont toujours disparus sont appelés les Disparus [Vanished], et de nombreux elfes pensent qu’ils sont à jamais morts.

L’au-delà des elfes est maintenant une chose incertaine. Jadis les iosiens croyaient que leur déesse de la nuit, Ayisla, gardait les portes du Veld et pesait les âmes des défunts pour savoir si elles en valaient la peine. Ceux qui n’étaient pas prêts étaient renvoyés pour renaître, tandis que ceux qui étaient prêts étaient accueillies pour jouir d’une éternité avec les dieux. Personne ne sait ce qu’il est advenu de ce cycle depuis que les dieux sont venus à Caen et ont ensuite vécu une tragédie. Les nyss espèrent rejoindre le Sage de l’Hiver d’une manière ou d’une autre, mais ne peuvent dire avec certitude que c’est ce qui les attend. Ils cherchent à profiter de la joie qu’ils peuvent de leur vivant et ne s’expriment sur ce qui arrive après la mort.

LES PÈRES ORIGINELS DE RHUL

Tous les panthéons des nouveaux dieux ne sont emplis d’une telle tragédie. Certaines de leurs histoires débutent dans la tristesse mais finissent par un triomphe, il en est de même avec les mythes de Rhul.

Les nains croient que bien avant d’êtres eux-mêmes créés, leurs dieux devaient se libérer de leur propre créateur, un dieu-montagne nommé Ghord habitant Kharg Drogun, ou « le Monde d’en Dessous ». Ghord sculpta seize serviteurs à partir de cristaux provenant de lui, et ceux-ci devinrent des esclaves enchaînés. Chacun possédait une graine de divinité et rêvait d’une éventuelle liberté.

Après bien des difficultés, les treize ont élaboré un plan. Ils ont convaincu Ghord qu’ils devaient bâtir une énorme tour en monument à son pouvoir. Ils l’ont également persuadé qu’une telle tour nécessitait la meilleure pierre et le minerai et les minéraux les plus purs que l’on pouvait trouver en son sein. En érigeant cette tour, les treize esclaves ont exploité les profondeurs de Ghord, affaiblissant leur créateur. Ils ont révélé leur rébellion lorsqu’ils ont détruits les tunnels reliant ces mines, effondrant la montagne et tuant Ghord.

Désormais libre, ces treize dieux de pierre ont traversé les montagnes du nord de Caen pour créer ce qui allait devenir le peuple nain. Premièrement, ces dieux ont formé, à partir d’argile treize épouses à partir d’argile de rivière, les Femmes d’Argile. Le rhulfolk pensent que les Pères Originels sont littéralement leurs géniteurs, ayant engendré les premiers nains à partir des Femmes d’Argile, fondant ainsi les treize premiers clans de Rhul.

Les Pères Originels ont jeté les base de la civilisation rhulique en établissant leurs édits dans ce qui allait devenir le Codex, un texte saint et une bibliothèque de lois. Puis ils ont quitté Caen et avec les Femmes d’Argiles, ils sont retournés à Kharg Drogun. Là, ils ont sécurisé leur royaume et invité les nains à les rejoindre dans l’au-delà. Les nains sont un peuple à l’industrie importante qui a prospéré au milieu de leurs foyers montagneux, protégeant leurs frontières des invasions et tirant profits de leurs mines. Leurs dieux prennent soin d’eux mais ne semblent pas enclins à se disputer avec d’autres puissances.

TORUK LE PÈRE DES DRAGONS

Les dragons sont d’immenses et indestructibles horreurs que l’on croyait autrefois engendrées par le Ver Dévoreur. Avec le temps, il est devenu de plus en plus évident qu’ils ne sont pas comme les autres êtres vivants et ne font partie ni de Dhunia ni du Vers. Ils sont quelque chose de tout à fait différent et contre nature, des êtres probablement ni morts ni vivants, ni dieux ni bêtes, mais peut-être toutes ces choses à la fois. Ils sont immortels et incroyablement puissants, et tous les dragons proviennent de Toruk le Père des Dragons [the Dragonfather].

Depuis seize siècles, Toruk a été vénéré comme un dieu par les habitants de l’empire insulaire de Cryx. D’innombrables récits et légendes décrivent les destructions causées par le Père des Dragons, mais aucune ne parle de son origine. Tous ceux qui ont vu ses vastes ailes ou sa fureur ne peuvent parler que de leur terreur et de leur peur, de la futilité d’essayer de combattre la créature. Ceux qui vénèrent le Père des Dragons prétendent qu’il a toujours été présent, même lorsque le monde lui-même se formait, et ils le vénèrent comme le Premier Dieu de Caen.

Les peuples des terres sauvages savent uniquement que Toruk et sa progéniture sont des monstruosités à éviter à tout prix. La présence corrompue de ces créatures altère les terres et les êtres présents en leur présence deviennent difformes et bizarres. Pourtant, quelques personnes vénèrent les dragons et se tournent vers leur service en échange de pouvoir ou de protection. C’est fréquemment le cas parmi les tribus dont les membres sont devenus des êtres corrompus.

Dans l’antiquité, Toruk a engendré les autres dragons, avant que le continent ne soit divisé en deux. Les légendes racontent que cet être le plus puissant et le plus redoutable de Caen s’est lassé de son existence solitaire et a cherché la vénération de créatures dignes de lui, puisque les mortels pour lui étaient tels des moucherons. Alors il s’est emparé de son cœur, son athanc, et l’a divisé e, plus petits morceaux, gardant le plus grand pour lui. Chaque fragment de son athanc est devenu un autre dragon, moins grand que son père, mais au-delà de la force et de la puissance de tout mortel.

Le Père des Dragons s’attendait à ce que chaque dragon soit le reflet de sa forme et de son intellect. Ce à quoi, il ne s’attendait pas, c’est que chacun soit aussi arrogant et méchant que lui. Ce sont des créatures n’ayant pas nature à obéir. Au lieu de cela, les dragons se sont retournés vers leur père et ont cherché à le dévorer.

Toruk est plus puissant et plus rusé que ses rejetons, mais ensemble, ils pouvaient le menacer. L’affrontement entre les dragons fut terrible, mais finalement Toruk l’a emporté. Il a terrassé plusieurs de ses descendants ; les restes s’est dispersé aux quatre coins de Caen. Depuis, Toruk chercher à les consommer, un par un, espérant récupérer son essence et réparer l’erreur de leur création.

LA VIEILLE SORCIÈRE

La plupart des créatures des antiques légendes ont depuis longtemps disparu, la vérité concernant leurs actions demeurant inconnue. Il y a, cependant, un être immortel qui parcourt encore Caen, bien que ses origines se perdent dans la nuit des temps. C’est la vieille bique, Zevanna Agha, appelée aujourd’hui « la Vieille Sorcière du Khador ». Les récits disent que quand Menoth parcourra Caen à la recherche du Vers Dévoreur, il a trouvé la vieille sorcière qui l’attendait, déjà ratatinée et voûtée.

Zevanna Agha est bien connue des peuplades sauvages du nord et apparaît dans les plus vielles sagas trollkin. Depuis des temps anciens, elle a chuchoté à l’oreille des rois et chefs, favorisant la civilisation humaine dans le nord. C’est une créature avec laquelle on doit traiter soigneusement, le cas échéant. Détentrice d’une grande sagesse, elle a été à la fois une alliée et une adversaire des capes noires. De sombres actes lui sont attribués, y compris la consommation d’enfants et d’apporter l’épidémie et la transmission de la mort par la voie des corbeaux. Le don de prophétie lui a été attribué, la capacité à scruter le futur et elle est capable de manipuler les fils du destin aussi bien par ses actions et que par ses paroles.

LE SEIGNEUR DU FESTIN

Connu sous de nombreux autres noms, tels que Famine en Marche et le Roi du Sang est une entité intemporelle pouvant apparaître n’importe où dans le monde, à la suite d’un gigantesque massacre. Guerrier émacié mais imposant, orné d’une couronne de bois de cervidé et brandissant une antique lame de fer terni, le Seigneur du Festin arrive au milieu d’une nuée de corbeaux et de corneilles pour se laisser tenter par le sang versé. Plus le carnage est important, plus il devient féroce et infatigable.

Personne ne sait depuis combien de temps le Seigneur du Festin parcoure Caen, même si sa légende était connue de l’antique Molgur. Dans les temps anciens, il était un chef célèbre pour ses prouesses en tant que tueur et chasseur. Il organisait des festins sophistiqués dans sa salle où ses guerriers étaient rassemblés. Chaque homme qu’il a tué et chaque bête qu’il a mangé, il l’a offert au Ver. Alors que l’âge commençait à faire des ravages, ses compétences se sont amenuisées et il a commencé à craindre la mort – par-dessous tout, il avait peur de mourir le ventre vide.

Il a prié le Ver Dévoreur et lui a demandé de lui accorder une faveur – qu’il ne mourrait pas de faim et que la mort ne pourrait le réclamer tant qu’il aurait faim. Le Ver a entendu sa prière et la a accordé ce qu’il désirait, et plus encore. Le chef de clan a reçu la force de sa jeunesse, mais est devenue affamé et empli d’une faim inextinguible, un vide en lui égal à sa dévotion pour la Bête aux Mille Formes.

Le Seigneur du Festin meurt toujours de faim pour le goût de la viande et ne peut donc pas périr. Chaque fois que son corps est détruit, il se transforme en une nuée de corbeaux s’éparpillant, bannis mais non vaincus. Au prochain massacre, il peut réapparaître, cédant à son insatiable appétit.

BOIS DU DÉVOREUR, L’ARBRE DU DESTIN

Le nom de Bois du Dévoreur [Wurmwood] inspire la terreur même aux plus vieux chamans. Cet arbre sans âge a un esprit et une volonté plein de malice. Ses branches meurtries et sans feuilles sont ornées d’os – les restes blanchis de milliers d’années d’offrandes. Les racines de l’arbre ont bu le sang de la première créature tuée sur Caen et Bois du Dévoreur a ressentit la faim. Le désir ardent de mort et la soif de sang.

Les tharn considèrent l’Arbre du Destin comme un émissaire de leur dieu et cherchent à vénérer son tronc bordé de crâne et l’implorent de leur offrir des visions du futur. Bois du Dévoreur n’est pas enraciné dans un lieu unique, mais apparaît à volonté comme s’il avait toujours été à l’endroit choisi. Où qu’il se manifeste, ceux qui vénèrent le Ver bientôt arrive, apportant des offrandes fraîchement sacrifiées pour verser du sang afin de nourrir ses racines. Ceux qui prient à ses pieds bénéficient parfois des visions d’avenir.

Souvent, Bois du Dévoreur est servi par une cape noire appelé Gardien du Serment [Oathkeeper]. l’arrangement existant entre les capes noires et cette immortelle puissance n’est connu que des tous-puissants [omnipotents]. Aux yeux du monde, il semble que le Gardien du Serment soit davantage un esclave prisonnier qu’un allié.

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