LA HUITIÈME HARMONIQUE
Les fausses ombres de la conscience se moquent du divin.
Nemo
Les pieds chaussés d’acier des chevaliers-tempête de Nemo résonnaient sur les marches d’acier, faisant écho dans le couloir s’élevant.
« Où allons-nous ? » demanda Bronwyn. La druidesse avait fait preuve d’une remarquable patience jusqu’à présent. Bien qu’il ne ressente pas le besoin de s’excuser de lui avoir caché les détails de sa mission, Nemo estimait qu’elle méritait une réponse après lui avoir sauvé la vie.
« Nous devons trouver et détruire les contrôles de la tour », dit-il « Quoi que la Convergence fasse ici, il doit y avoir un moyen de désactiver les fonctions de cette tour ».
« Pourquoi ne pas simplement détruire la tour entière ? » répondit Bronwyn, l’air perplexe.
« Nous n’avons pas assez de puissance de feu là-bas. Et vous n’avez pas remarquer le champ d’énergie autour de cet endroit ? » dit sèchement Finch. « Il a stoppé les balles, les éclairs, tout ce que nous lui avons lancé. Il fallait entrer dans le champ pour faire de vrais dégâts ».
« ‘Champ d’énergie’ » déclara Bronwyn, notant apparemment ce terme pour plus tard.
Nemo se rappela qu’ils n’étaient que temporairement alliés avec cette cape noire. Même s’il était soulagé d’entendre qu’elle ne connaissait pas leur technologie, il ne souhaitait pas dissiper davantage son ignorance.
« Si nous arrêtons tout ce que fait cette tour », dit Nemo, « cette Aurora n’aura plus de raison de rester ».
Bronwyn acquiesça et continua à courir vers l’escalier automatique.
Malgré l’ivresse de monter si vite, propulsé autant par les marches en mouvement que par ses propres muscles, Nemo ressentait un pincement au cœur de ne pas mener la charge. Après le carnage à l’extérieur, il s’était attendu à ce que les chevaliers-tempête survivants s’autorisent un moment répit, qu’ils se montrent moins désireux de mourir en héros. Au lieu de cela, les troupes s’empressèrent de se placer entre l’ennemi et leurs chefs. Deux d’entre eux avaient même dépassé le Major Blackburn, que Nemo imaginait ressentir la même frustration.
La fierté de Nemo se hérissa à l’idée qu’il était le protégé plutôt que le protecteur. C’était prudent. C’était le règlement. Mais ce n’était jamais tout à fait juste.
De chaque côté de l’escalier, des plaques d’acier lisses bordaient l’escalier, qui s’élevait dans une élégante et gracieuse courbe en direction du centre de la tour. Des tubes flexibles suspendus comme des cordes à linge émettaient une constante luminescence. Les boulons exposés sur les panneaux suggéraient l’absence d’une couche extérieure prévue, peut-être ornementale. Malgré l’élégance de son architecture de base, l’entrée de la tour semblait incomplète. L’impatience de Nemo éclata lorsque l’escalier automatique cesse de bouger. Les chevaliers devant lui trébuchèrent, récupérèrent et continuèrent à courir. Caitlin Finch suivait de près, donnant un coup de coude à Bronwyn chaque fois que la druidesse essayait de la dépasser. Derrière les femmes, l’Aumônier Geary suivait avec son enseigne et d’autres chevaliers-tempête fermant la marche.
Avec un embrayage et un grincement soudain, les escaliers inversèrent leur course. Nemo et ses soldats se retrouvèrent dans la position d’un saumon nageant à contre-courant – seulement alourdi par l’armure.
« Dépêchez-vous ! » exhorta Nemo aux personnes devant lui.
« Oui, monsieur ! » s’écrièrent les chevaliers , au souffle coupé par l’effort.
Les lumières le long des murs s’éteignirent.
Ils continuèrent à courir. La lumière électrique de leurs bobines galvaniques et de leurs armes projetait leurs ombres fragmentées contre les murs d’acier.
« Attention devant », dit Nemo. Alors même qu’il prononçait ses mots, il réalisa qu’ils étaient inutiles. Bien sûr, les hommes seraient prudents, se précipitant dans la forteresse d’un ennemi qui venait de décimer leur armée.
Alors qu’il s’approchait du sommet de l’escalier, Nemo vit la lumière du soleil se refléter sur les murs d’acier. Une ombre se déplaçait de l’autre côté de l’ouverture.
« Prudent devant », Blackburn fit écho à l’avertissement de Nemo.
« Arrête ça », siffla Finch, repoussant une fois de plus la druidesse.
Avec un soupir d’impatience, Bronwyn sauta proprement sur la rampe de l’escalier. Sans armure, elle courait aussi qu’un écureuil devant Finch, Nemo, Blackburn et les soldats ouvrant la voie.
« À quoi joues-tu, cape noire ? » grogna Nemo.
Bronwyn ne se retourna même pas pour le regarder. Elle courut jusqu’en haut de l’escalier et bondit en avant, comme si elle s’envolait.
Une tête d’acier étincelante s’abattit derrière elle telle une guillotine. Son tranchant cisailla une bande de l’ourlet de sa cape noire. Bronwyn dégringola en avant pour disparaître au-dessus de la crête de l’escalier.
Deux sentinelles d’acier étincelant sortirent pour l’achever. Leurs silhouettes sculpturales ressemblaient à celles des anges mécaniques d’Aurora, mais elles étaient plus lourdement blindées. Au lieu d’épées, ils levèrent de lourdes hallebardes alors qu’ils s’avançaient vers Bronwyn.
« Allez ! Allez ! Allez ! » beugla Blackburn. « Aidez-la ! »
D’une manière ou d’une autre, les hommes trouvèrent un nouveau réservoir de force, et ils gravirent l’escalier d’acier si vite que leurs épaulières firent des étincelles contre les parois.
L’une de sentinelles, à l’apparence d’une femme, se tourna vers eux. Un chevalier-tempête baissa la tête, chargea et passa ses bras armurés autour de sa taille en acier. Il ne la repoussa que de trente ou soixante centimètres avant que ses pieds ne s’accrochent. Elle écrasa le manche de sa hache sur son dos.
« Tout ce qu’une druidesse peut faire », murmura Finch. Avec un cliquetis de grèves, elle sauta sur la balustrade et commença à courir devant les chevaliers. Son épaulière étincela contre les parois en acier alors que se penchait pour éviter de glisser sur les escaliers.
« Finch, ne fait pas l’idiote ! » hurla Nemo. Sans réfléchir, il leva un genou comme pour sauter après elle, mais ce fut inutile. Même sans la douleur lancinante lui rappelant que son apogée athlétique était révolu depuis cinquante ans, ses épaulières élargies par l’armure ne lui permettraient pas de se tenir sur l’étroite rampe. Blackburn lui prouva lorsqu’il essaya de sauter sur le rail, pour retomber sur Nemo. Nemo remit l’homme sur ses pieds et le poussa en avant.
Le chevalier en haut des marches passa sa cheville droite derrière celle de la sentinelle, mais la bousculer ne fit pas plus d’effet que de la pousser contre un mur. Lorsque l’homme derrière lui ajouta son poids à la lutte, le gardienne de métal recula d’un pas. Ensemble, les chevaliers la forcèrent à reculer et la poussèrent sur le côté. Ils levèrent leurs glaives.
Finch sauta devant eux, saisissant son bâton scintillant comme une lance. Comme Bronwyn, elle disparut par-dessus bord.
Nemo et Blackburn atteignirent le sommet. Juste devant eux, Finch et Bronwyn étaient appuyées contre le mur. L’Adepte éloigna son bâton de la druidesse, comme si elle m’avait repoussé juste à temps pour ne pas lui écraser le crâne.
La cape noire était accroupie dans une posture féroce, sa hache sur le sol, les mains tendues dans un geste de protection. Un anneau de runes vert émeraude entourait ses poignets.
Une sentinelle d’acier glissa sur le sol grillagé vers une étendue ouverte. Son arme glissait à côté d’elle, propulsée par la même invisible force avec laquelle Bronwyn avait frappé ses ennemis sur le champ de bataille. Les mains de la sentinelle mécanique cherchèrent une prise sur le sol mais n’en trouvèrent aucune. L’instant d’après, elle passait par-dessus le pont ouvert. La hallebarde vacilla un instant avant de plonger après elle.
De l’autre côté, deux chevaliers-tempête combattait l’autre sentinelle. L’un d’entre eux bloqua son glaive contre la hampe de la hallebarde, repoussant l’arme vers le haut pour permettre à son compagnon d’enfoncer la pointe de sa lame dans l’abdomen exposé de l’ennemi. Le tranchant de la lame grinça sur le métal et les engrenages mais égratigna à peine le châssis.
« Reculez ! » cria Finch.
Avec une dernière poussée, les chevaliers se jetèrent hors du chemin. Dès qu’ils eurent dégagés, Finch enfonça le bout de son bâton dans la gorge de la sentinelle. Le foudre s’abattit en cascade sur le corps en acier, le plongeant dans un paroxysme de choc.
« Maintenant ! » cria Finch. Accompagné de Blackburn, les deux hommes abattirent leurs lourdes lames, cisaillant le bras de la gardienne et creusant une profonde plaie dans sa poitrine d’acier. Le défenseur tomba au sol avec un triste et décroissant vrombissement qui se transforma en un soupir électrique avant de s’éteindre.
Nemo regarda au-delà du combat.
Devant eux s’étendait une grande plate-forme circulaire, son centre recouvert d’un rideau d’acier scintillant. De chaque côté la plate-forme surplombait le village de Calbeck et les champs de bataille environnants. Delà, réalisa Nemo, Aurora et ses officiers les avaient observés tout en restant cachés à ses sentinelles dans le camp. Pas étonnant qu’ils aient eu de si bons renseignements sur l’emplacement de l’atelier de leur mékaniciens.
Penser à Mags et à sa trahison renforça la résolution de Nemo. Il se tourna, les yeux cherchant un portail ou tout signe d’une salle de contrôle. Une autre des sentinelles d’acier sortit du passage ouest. Elle leva son arme d’hast et chargea, sans la moindre craindre de leur grand nombre.
Nemo pointa son bâton et fit jaillir la foudre. La gardienne continua à courir, même su des engrenages furent expulsés brûlants des articulations de ses épaules. À mi-chemin, elle chancela. Il libéra une autre vague, brisant son châssis et dispersant ses composants internes sur le pont.
Alors qu’il arrêtait le rayon galvanique, il entendit un autre crépitement derrière lui. Finch leva son propre bâton. En regardant derrière elle, il vit qu’elle avait démoli - avec l’aide de Blackburn et de ses chevaliers – un autre défenseur de la tour.
« Quelle direction ? » demanda l’Aumônier Geary.
Ce fut Bronwyn qui répondit. « Le monde vacille sous nous », déclara-t-elle. Son visage pâlit et elle pressa une main sur son ventre. Elle regarda vers le haut. « Quelque chose au-dessus de nous dirige le changement ».
Nemo désigna un portail incurvé sur le mur extérieur. Un des chevaliers de Blackburn examina un panneau sur le côté. Abaisser un levier en laiton déclencha un bruit de pression pneumatique et de tic-tac d’engrenages.
« C’est vide », dit l’Aumônier Geary. « C’est quoi, un placard de rangement ? »
Avant que Nemo ne puisse lui répondre, Finch exprima sa pensée. « C’est un ascenseur. Comme un monte-plats. Il peut nous emmener aux niveaux supérieurs ».
Tandis que Nemo s’avançait pour examiner un panneau sur le mur intérieur, les autres jetèrent un coup d’oeil à la recherche d’une quelconque signe d’autres défenseurs de la tour. Les portes commencèrent à se refermer, mais elles s’ouvrirent à nouveau en sifflant alors qu’elles s’approchaient du chevalier obstruant le seuil. « Nous ne pouvons pas tous renter là-dedans. Finch, Bronwyn et vous, venez avec moi », il désigna un chevalier-tempête. « Les autres, prenez l’un des autres ascenseurs ».
Nemo regarda Blackburn activer le portail nord-est et attendit de voir les portes s’ouvrir. Quand le groupe de Blackburn entra dans la chambre, il souleva le levier coulissant dans son propre ascenseur. Avec un léger choc, le cylindre commença à s’élever.
Nemo nota le contour d’une trappe sur le sol et une autre au plafond. Le cylindre ralentit et s’arrêta, puis les portes s’ouvrirent.
Ils émergèrent à l’angle de deux couloirs fermés. Des lignes lumineuses couraient le long de la base de chaque mur, éclairant les passages d’une lumière sinistre.
Au fond du couloir, un autre ascenseur s’ouvrit. Blackburn, Geary et les autres chevaliers sortirent. L’un des chevaliers pris une position de garde à l’angle tandis que les autres se dirigèrent vers Nemo.
Nemo laissa son chevalier-tempête au coin le plus proche et alla à la rencontre de Blackburn à côté d’un portail fermé sur le mur intérieur. Une chaleur rayonnait de la porte fermée. Nemo perçu le bourdonnement et le cliquetis des machines de l’autre côté. Il approcha son oreille de la porte et entendit des voix sourdes annoncer des valeurs numériques.
« Envoie deux hommes pour garder les autres coins », murmura Nemo à Blackburn. Le major transmit les ordres avec des gestes de la main et les chevaliers obéirent instantanément.
Nemo actionna le bouton à côté de la porte. Le panneau glissa sur le côté. De l’air humide avec de l’ozone et des odeurs corporelles flottaient dans le couloir.
À l’intérieur, la chambre brillait de la lumière provenant de panneaux bas et d’écrans hauts. Des personnages en armures, la plupart sans casque, se pressaient entre des appareils mécaniques et des conduits exposés passant par des évents descendant du plafond et plongeaient dans les parties inférieures de la tour. Quelques-unes des personnes de la pièce portaient de complexes optiques à travers lesquels ils regardaient de minuscules écrans mékaniques.
Un homme à lunettes se tourna vers la porte ouverte, ses yeux grossis s’élargirent lorsqu’il reconnut les intrus. Il ouvrit la bouche pour alerter les autres, mais des runes arcaniques orbitaient déjà dans la main de Nemo. Des éclairs giclèrent telle de la graisse de lard brûlante de sa paume. Il projeta l’énergie dans la pièce, plissant les yeux alors qu’elle se propageait pour transpercer tous les occupants et remplir la pièce de lumière.
Les occupants de la pièce frissonnèrent et s’effondrèrent au sol. Des instruments jaillirent des panneaux et s’éparpillèrent sur le sol, entraînant des étincelles.
Blackburn se précipita avec ses chevaliers, vérifiant les coins pour voir s’il y avait des défenseurs invisibles avant de toucher le cou des victimes à la recherche de survivants. Il n’y en avait pas. Après que le major ait donné le feu vert Nemo entra avec Finch, Geary et Bronwyn juste derrière.
Après avoir effectué un premier pas dans la salle de contrôle, Nemo sentit la sueur perler sur son visage tandis que la chaleur enveloppait son corps. À travers le fouillis, il aperçut une autre porte sur chacun des trois autres murs de la chambre. Il tourna son attention vers les appareils entassés à l’intérieur.
La plupart des panneaux présentaient des rangées de leviers et des cadrans éclairés par la luminescence bleu-blanc qu’il avait fini par associer aux automates de la Convergence. À plusieurs endroits, le symbole de Cyriss apparaissait parmi les instruments, mais son emplacement semblait être le résultat de dispositifs préfabriqués plutôt qu’à dessein. À d’autres endroits, des consoles inachevées et des conduits exposés suggéraient une fois de plus que la tour avait été bâtie à la hâte.
Finch se dirigea vers un panneau mural dans lequel des cartes en laiton se retournaient pour indiquer une valeur linéaire croissante. « Il se passe vraiment quelque chose », dit-elle. « Quoi que ce soit, c’est proche de la fin ».
Nemo la rejoignit près panneau, mais un mouvement dans un coin relativement clair de la chambre attira son attention.
Un grand visage de Cyriss en chrome et en laiton orbitait autour d’une sphère éclairée. Alors que le globe tournait en opposition au mouvement du masque, des montagnes et des côtes gravées clignotaient à ses travers ses yeux. Le continent d’Immoren émergea lorsque le masque passa sur la face la plus proche de la sphère.
Le globe était une représentation planétaire de Caen, même si seules les terres de l’Immoren occidental apparaissaient en détail. Ailleurs dans le monde, des formes géométriques simples indiquaient des territoires inexplorés. Sur les terres et les mers détaillées, des filaments vitreux de lumière bleu-blanche indiquaient des canaux semblables à des rivières formant un réseau à travers le monde entier.
« La Convergence a de plans pour le monde entier ». Nemo se dirigea vers le globe et passa son doigt le long d’un des filaments allumés.
« Lignes de forces », déclara Bronwyn.
Nemo hocha la tête, impatient d’agir et portant attiré par l’étude plus approfondie de l’appareil. « La Convergence pourrait les appeler ‘canaux géomantiques’ ».
Bronwyn haussa les épaules. « Différents mots pour la même chose ».
Nemo observa de près la portion représentant le nord de Cygnar. Il trouva le Fleuve de la Langue du Dragon, représenté par une ligne bleu-noir. Là, à l’endroit où Calbeck, il vit un filament se déplacer. Pendant qu’il le regardait, il s’éloignait progressivement de son emplacement d’origine.
Bronwyn fut surprise. « Ils détournent les artères du monde ».
Nemo hocha al tête en reculant pour éviter le prochain tour du masque de Cyriss. Il était bien plus intéressé par les modèles des autres corps célestes suspendus au plafond de la chambre. Il reconnut le soleil,les lunes, et sur un mur éloigné, un globe marqué du visage de Cyriss. Sa lumière intérieure brillait en entente avec les lignes de force indiquées sur Caen.
Il en était de même pour les lignes courbes sur les murs. Nemo recula pour une perspective plus large sur la relation entre le planétaire implicite et les globes suspendus.
« Ils repositionnent ces lignes de force en entente avec le passage de Cyriss », déclara-t-il. « Mais pourquoi ? »
« Pour attirer l’énergie de leur déesse à Caen ? » suggéra Finch.
Bronwyn fronça le nez en direction de Finch, mais elle sembla considérée l’idée. « Peut-être ».
« Scandaleux », déclara l’Aumônier Geary. « Cela doit signifier qu’ils se préparent à une sorte de guerre sainte arcanique. Ils rassemblent de l’énergie pour leurs warcasters ».
« Non », répondit lentement Nemo. « Malgré l’accent mit sur les lignes de force, aucun autre courant d’énergie similaire n’est indiqué sur l’autre planète. Ces lignes semblent décrire des modèles gravitationnels ».
Alors que Nemo considérait les possibilités – divines, scientifiques et arcaniques – une peur glaciale se forma dans son estomac. Pesant ce qu’il avait vu et entendu d’Aurora, de ses tentatives de manipulations, de sa défense passionnée de son culte, et de l’importance qu’elle accordait à l’immortalité, il commença à formuler la plus effroyable des hypothèses.
« Qu’y a-t-il, monsieur ? » demanda Finch.
« Ils n’essaient pas d’invoquer le pouvoir de Cyriss », déclara-t-il. « Ils veulent amener la déesse en personne sur Caen ».
Finch cligna des yeux. « Ils peuvent faire ça ? Non, oublions ça. Pourquoi le feraient-ils ? »
« Pour régner sur son propre domaine », déclara Bronwyn, sa voix remplie d’admiration. « Les cyrissistes rejettent l’équilibre entre ce monde et l’autre. Ils souhaitent que leur déesse règne seule sur ce monde, tandis que les autres dieux résident à Urcaen.
« Et qu’en est-il de nous, qui vivons nos vies dans l’espoir de servir Morrow à Urcaen ? » dit Geary.
« Que comptent-ils faire des fidèles ? »
« Que font toutes les religions conquérantes avec les hérétiques ? » dit Blackburn.
Un cri provenant de l’extérieur attira l’attention de Nemo vers l’une des portes fermées. Blackburn se dirigea vers elle, mais elle s’ouvrit avant qu’il ne l’atteigne. Le garde posté à l’extérieur tomba à l’intérieur, la gorge tranchée. Derrière lui se tenait l’un des anges mécaniques d’Aurora, l’épée sanglante prête à frapper à nouveau.
L’instant d’après, les autres portes s’ouvrirent pour laisser entrer deux autres anges mécaniques, épées ensanglantées au côté. De la troisième porte, Aurora entra dans la pièce. Derrière elle, Nemo aperçut les ailes en laiton de plusieurs de ses gardes du corps.
« Tu arrives trop tard », dit Aurora. « J’ai déjà écrasé ton armé, mais je ne souhaite pas vous détruire. Rends-toi Sebastian Nemo. Abandonne-toi à la vérité de la Converge et rejoins-nous ».