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Nord de Corvis
LE SEIGNEUR GÉNÉRAL COLEMAN STRYKER marchait en tête d’un long cortège de Chevaliers-Tempête. Son visage buriné était plissé d’inquiétude, le faisant paraître plus âgé que ses trente-cinq ans. Il passa une main dans sa mèche de cheveux rouge et regarda derrière lui. Il dirigeait une force plus réduite qu’il ne l’aurait souhaité, mais il ne seraient exposés que pour un court moment.
Ils étaient en route pour Merywyn, la capitale du Llael déchirée par la guerre, où les plus féroces ennemis du Cygnar les attendaient, mais il n’y allaient pas pour poursuivre leur conflit qui durait depuis des décennies, mais pour inaugurer une nouvelle ère de paix. Il avait combattu les khadoréens pendant des années et, d’après son expérience, la paix n’était pas un concept que la nation septentrionale de Khador considérait avec beaucoup d’enthousiasme.
Il avait quitté Corvis il y a un jour et avaient suivi le Fleuve Noir vers le nord à bord d’une petite flotte de navires remplis de soldats et de dignitaires cygnaréens, mais ils avaient maintenant une partie du fleuve connu pour être en proie aux attaques des hommes-gator venant du Marais Bloodsmeath voisin. Les sauvages humanoïdes reptiliens avaient la mauvaise habitude de couler les navires passant sur leur territoire. Ainsi, il avait été décidé que pendant que le reste du convoi cygnaréen poursuivait sa route par bateau, Stryker et une petite force de Chevaliers-Tempête escorteraient le roi par voie terrestre. Il leur suffirait de marcher seize kilomètres sur la Grande route Commerciale du Nord pour atteindre le point où la flotte cygnaréenne es récupérerait, mais cela signifiait de passer près du Bois Scintillant, une forêt située à proximité des énigmatiques iosiens, des elfes xénophobes qui voyaient d’un très mauvais œil tout humain pénétrer sur leur territoire.
« Je n’aime pas ça. Nous sommes trop exposés, et trop peu nombreux », dit Stryker au Chevalier-Tempête musclé qui marchait à ses côtés. Le Capitaine Garvin Tews avait retiré son casque, dévoilant ses traits et sa mâchoire carrée. Il approchait la cinquantaine, mais était toujours en excellente condition de combat, et le poids de sa lourde armure de Lame-Tempête et du grand glaive-tempête voltaïque qu’il portait ne semblait pas le déranger du tout.
« Vous savez que notre roi pense qu’une plus petite force sera moins visible », déclara Tews.
« Et qu’en penses-tu, capitaine ? » demanda Stryker avec un sourire las.
« Je vous demande pardon, monsieur, mais je pense que le Roi Julius devrait laisser les questions de stratégie, en particulier lorsqu’elles concernent sa propre sécurité, à ceux qui ont plus… d’expérience » dit Tews en se mordillant la lèvre.
Le sourire de Stryker s’élargit. Tews était militaire depuis près de trente ans. C’était un chevaliers, comme tous les membres des Lames-Tempête, mais il était aussi un soldat, un fantassin dans l’âme.
« Les éclaireurs sont en retard », déclara Stryker. Il avait envoyé une escouade de rangers pour voir si la route présentait de potentiels dangers.
« Pas de beaucoup », répondit Tews en haussant les épaules. « Qu’est-ce qui vous inquiète, Seigneur Général ? »
« Probablement rien, mais nous approchons du Bois Scintillant, et il est proche de la route. Nous serions coincés entre elle et le fleuve à l’ouest ».
« Avez-vous peur d’une embuscade ? » demanda Tews.
« C’est
là que je la tendrais », déclara Stryker.
Tews se frotta le menton. « Maintenant, vous m’inquiétiez », dit-il. « Mais par qui, Iosiens ? »
« Il a pire que les elfes au sein de cette forêt », déclara Stryker. Il avait pris sa décision. Il leva un poing armuré. « Compagnie, halte », dit-il et le cliquetis des armures et des armes résonnant derrière lui lui apprit qu’une centaine de chevaliers avaient immédiatement suivi son ordre. Il regarda les rangs des chevaliers jusqu’à ce que deux imposants Cuirassés se dressent au-dessus des humains. L’un deux était son warjack personnel, Vî Arsouye. L’autre Cuirassé était contrôlé par un autre warcaster, le Capitaine Kara Sloan, qui, avec huit membres de la garde royale, protégeait le roi. Julius montait à cheval à proximité, dominant ses chevaliers. Stryker tendit son esprit vers Arsouye, et le cerveau mékanique du warjack devint un bourdonnement sourd à l’arrière de son crâne. Arsouye était irrité, anxieux. Il voulait se battre, mais il n’y avait rien à faire. Stryker maîtrisa les émotions du ‘jack et le calma.
« Lieutenant Archer », dit Stryker à un Chevalier-Tempête se trouvant à proximité. « Informez le roi que je pense qu’il est préférable que lui et le Capitaine Sloan retent là où ils sont pendant que la moitié de notre force part en éclaireur. Dites-lui que cela nous retardera d’environ trois heures ».
« Oui, monsieur », répondit le Lieutenant Archer en se précipitant vers le centre de leur courte colonne.
« À quoi penses-tu, Coleman ? » demanda Tews en s’approchant. Stryker connaissait le capitaine Lame-Tempête depuis quinze ans ; ils avaient combattu et saigné ensemble sur d’innombrables champs de bataille. Le fait qu’il utilise le prénom de Stryker ne dérangeait pas le seigneur général le moins du monde. Ils étaient plus que des frères d’armes, ils étaient des amis.
« Je n’arrive pas à mettre le doigt dessus », répondit Stryker, « mais il y a quelque chose qui cloche ».
« Tu penses pas que les khadoréens nous attaqueraient à la veille de notre traité de paix, n’est-ce pas ? »
Stryker secoua la tête. « Non, ce serait stupide, et il y a une chose que l’Impératrice Vanar n’est pas, c’est être stupide ».
« Et bien, tes intentions signifient généralement que la violence se profile à l’horizon ». Tews posa son casque sur sa tête et leva son lourd glaive-tempête, une épée à deux mains à large lame alimentée en énergie galvanique. Dans les mains d’un homme comme Tews, une telle arme pouvait facilement trancher un homme en armure en deux. « Cela fait longtemps que nous n’avons pas eu une bonne bagarre. Et le roi n’est pas mauvais avec une lame. J’espère néanmoins qu’il ne fera rien d’irréfléchi s’il s’agit de sang ».
Stryker grimaça. « Désolé, capitaine, mais le roi ne me confie pas son humeur, ses désirs et ses projets en général. Je n’ai pas sa confiance comme j’avais celle de Leto »
Deux ans s’était écoulés depuis la coûteuse guerre civile qui avait vu Julius, le fils de l’infâme tyran Vinter Raelthorne IV, monter sur le trône de Cygnar. L’oncle de Julius, Leto, avait abdiqué pour éviter une nouvelle effusion de sang, et une nouvelle ère avait commencé en Cygnar, une ère fans laquelle Stryker était de plus en plus éloigné de son nouveau roi.
Le Lieutenant Archer revint peu de temps après. « Monsieur », dit-elle, le visage plissé d’inquiétude.
« Crache le morceau », dit Tews. « Le seigneur général n’est pas du genre à tirer sur le messager ».
« Le roi va continuer à avancer derrière vous, mais gardera une bonne distance », déclara-t-elle. « Il pense qu’un retard de trois heures ne serait pas politiquement prudent ».
« Difficile de protéger un homme qui ne vous écoute pas », déclara Stryker, « mais il est le roi. Archer, peux-tu commander un warjack ? »
Elle acquiesça. « J’ai reçu une formation de base ».
« Bien. Amène les deux Sentinelle sous le commandement du Capitaine Sloan », déclara-t-il, désignant un type de warjack léger armée d’un solide bouclier et d’une mitrailleuse à grande vitesse. « Je les veux près du roi. Arsouye va m’accompagner ».
« Oui, monsieur », répondit-elle et elle se dépêcha d’exécuter ses ordres.
Il tendit son esprit vers Arsouye et exhorta le gros warjack à le rejoindre en tête de colonne. Le cuirassé l’atteignit rapidement, laissant échapper un souffle de vapeur strident en guise de salutation. Arsouye tenait son gigantesque marteau sismique dans un poing métallique et ouvrait et fermait l’autre. Le warjack sentit l’anxiété de Stryker à travers leur connexion.
« Très bien », prononça Stryker en se tournant vers la cinquantaine de Chevaliers-Tempête formant la tête de la colonne. « Je veux que les glaives-tempête soient activés, et je veux des yeux sur la lisière des arbres. Compris ? » Un choeur de « oui, monsieur » répondit. Il sortit sa propre arme, la grande épée mékanique Vif-Argent, des fermoirs magnétiques situés à l’arrière de son armure et la balança sur une épaule. « Alors, on bouge ».
* * *
LE BOIS SCINTILLANT ÉTAIT UN ÉPAIS enchevêtrement de chênes et d’ormes noueux, s’étendant loin à l’est. C’était un endroit sauvage entre les nations de Llael et Cygnar et les étendues arides des Marches Sanglantes à l’est. Des tribus de trollkin vivaient encore dans ces bois et cette fière race guerrière avait eu une histoire apre avec le Cygnar ,mais Stryker ne s’attendait pas à une attaque de leur part. On racontait que d’autres créatures plus sauvages vivant au sein du Bois Scintillant, mais les forces de Stryker étaient trop nombreuses pour constituer une cible tentante pour une bande de tharn. Qu’est-ce qui le rendait si inquiet ? Alors qu’il s’approchait de la lisière de la forêt, il ne pouvait se défaire de l’impression que quelque chose lui échappait.
Le roi et la moitié des Chevaliers-Tempête avaient allongé la distance entre eux et la partie de la colonne de Stryker, même s’ils étaient encore trop proches au goût de stryker. S’il y avait une attaque, il voulait prendre le plus gros avant l’arrivée du reste de ses hommes. Il jeta un coup d’oeil derrière lui. Le roi se tenait au milieu d’une groupe serré de Chevaliers-Tempête. Julius portait une armure similaire, et sa couleur bleue le rendait difficile à repérer parmi ses chevaliers par un ennemi. La poignée de l’épée du père de Julius, Régicide, dépassait de l’épaule du jeune homme – il était un épéiste doué, bien que loin d’être aussi impitoyable et sauvage que son père, qui fut singulièrement terrifiant avec une lame.
La route qu’ils suivaient, en terre battue offrant une assise stable aux soldats et aux warjacks, longeait le Fleuve Noir. Elle se rétrécissait considérablement face l’envahissant présence du Bois Scintillant, comme si l’antique forêt essayait de dévorer la route.
Bientôt, ils seraient contraints de former une colonne étroite, à moins de dix mètres entre le fleuve et la lisière de la forêt. Tous les yeux étaient rivés sur la pénombre parmi les arbres, à la recherche d’un mouvement. Stryker laissa ses sens dériver vers Vî Arsouye, se donnant ainsi un meilleur point de vue à trois mètres du sol.
Il n’y avait rien… puis un éclair blanc, et les muscles de Stryker se tendirent rapidement. Le suite ne fut pas une surprise, et il invoqua rapidement sa magie pour créer un champ d’énergie protecteur autour de lui et des Chevaliers-Tempête les plus proches. La vue des runes qui se formaient autour de son corps suffit amplement à alerter ses homme de l’imminence de la bataille, mais il cria malgré tout l’ordre « Chevaliers-Tempête, formez les rangs ! »
Il y avait cinquante Chevaliers-Tempête à l’avant de la colonne et cinquante autre plus loin, protégeant le roi. Les hommes autour de lui formèrent rapidement une ligne, leurs glaives-tempête pointés vers les arbres, une haie mortelle d’énergie voltaïque. Stryker était au centre avec Arsouye à côté de lui, le gros warjack frappant son marteau dans son poing ouvert, presque tremblant d’excitation à l’idée de ce qui allait se passer.
« Stable ! » cria Tews, près de Stryker.
Soudainement la forêt s’anima d’ombres blanches et du claquement révélateur de cordes d’arbalètes frappant leur aiguillons, puis une grêle de carreaux jaillit des arbres.
Stryker s’était attendu à ce que les Chevaliers-Tempête les plus proches de lui soient protégés par son sort, mais les éclairs ne furent ni ralentis ni déviés par la magie.
Du coin de l’oeil, il vit un de ses Chevaliers-Tempête chuter. Un carreau d’arbalète avait fait mouche. Celui qui les attaquait était assez habile pour trouver les ponts faibles de l’armure d’une Lame-Tempête.
« Feu ! » cria Stryker. Ses Chevaliers-Tempête actionnèrent le bouton de tir sur les poignées de leurs glaives-tempête, et des éclairs électriques s’élancèrent vers les arbres. Ils tiraient à l’aveugle, mais Stryker entendit des cris de douleur dans la forêt.
La zone boisée, ensuite, dégorgea de dizaine de guerriers en armure blanche brandissant de larges épées tranchantes et des boucliers portant l’icône en forme de boucle et de croix du Menofix, le symbole sacré du dieu Menoth. C’étaient des chevaliers du Protectorat, la nation théocratique à l’est de Cygnar, qui s’était récemment étendue au nord de Llael. Stryker n’eut pas le temps de réfléchir à leur présence ici qu’ils percutaient sa ligne de Chevaliers-Tempête dans un fracas d’acier contre acier.
La rage est le dégoût bouillonnaient en lui. Il avait combattu ces fanatiques à de nombreuses reprises, et leur adhésion aveugle et violente à leur religion avait coûté de nombreuses vies.
Avec Vif-Argent, un rencontra un chevalier chargeant, repoussant le coupé d’épée du guerrier du Protectorat avec sa bien plus lourde arme, puis ripostant et abattant Vif-Argent en un puissant arc tranchant. La lourde lame déchira le plastron du chevalier ennemi, le fendant jusqu’au sternum. Le chevalier fut mort debout, et Stryker repoussa le corps.
Il tendit son esprit vers Arsouye et envoya le warjack charger au milieu de l’ennemi, balançant son marteau sismique en décrivant de large arcs. Il n’était pas possible de parer un tel coup, et les chevaliers du Protectorat furent écrasés, leurs armures pulvérisée, leurs corps brisés.
Stryker jeta un coup d’oeil à sa gauche et à sa droite ; ses Chevaliers-Tempête ne s’en sortaient pas bien. Les guerriers du Protectorat était habiles et leurs lames légères et rapides trouvaient les lacunes de l’armure Lame-Tempête.
Tews criait et frappait avec son glaive-tempête. Il abattit un chevalier du Protectorat puis en tua un autre en la chargeant avec avec une décharge d’électricité.
Arsouye subissait des dégâts, mais pour l’instant ils étaient légers, et les cadavres en armures s’accumulaient autour des pieds du grand warjack.
Stryker s’apprêtait à rejoindre la position de Tews lorsque deux minces panaches de fumée apparurent au-dessus de la ligne des arbres. Cela signifiait qu’une chose : des warjacks. Les ‘jacks du Protectorat surgirent de la forêt à une trentaine de verges de la position de Stryker. Ils étaient plus petits qu’Arsouye, leur blindage était peinte en blanc et rouge, et les Menofixes étaient bien visibles sur leur coque. Les deux warjacks brandissaient de longues lames tranchantes dans chaque poing et se déplaçaient rapidement et gracieusement. Pire encore, ils n’étaient pas seuls.
L’homme qui émergeait de la forêt, derrière les warjacks, portait peu d’armure, et son massif torse était nu, exposant des muscles et du tissus cicatriciels. Son visage était couvert par un masque doré et il brandissait un lourd fléau dans une main, la majeure partie de son chaîne étant enroulée autour de son bras. Stryker le connaissait : il s’appelait Amon Ad-Raza, un warcaster tout comme lui et l’un des combattants les plus meurtriers du Protectorat.
La raison de l’attaque était on ne peut plus claire. La paix entre le Cygnar et le Khador signifiait que l’une ou l’autre des nations, ou les deux, pourraient tourner leur attention vers un ennemi commun : le Protectorat de Menoth. Cela menacerait les possessions du Protectorat en Llael. Le Cygnar avait envisagé que le Protectorat réponde au traité d’une manière ou d’une autre, mais une attaque sur la route, si près de la frontière de Cygnar et contre le roi en personne, avait été la moins probable.
Stryker avait écouté son instinct, l’ayant conduit en toute sécurité à travers plus de dangers qu’il ne pouvait s’en souvenir. Julius n’était pas dans la partie avant de la colonne là ou Amon Ad-Raza avait probablement considéré qu’il se trouverait. Le warcaster avait levé la main trop tôt ce qui avait donné une chance à Stryker.
Il regarda en direction de l’endroit où était positionné le roi, à environ cinquante verges de la position de Stryker ; la garde du roi avaient formé une cercle protecteur autour de lui, un mur mortel formé de glaives-tempête. Une vague de panique traversa Stryker lorsque Julius s’éloigna de la Protection de ses gardes pour engager deux chevaliers du Protectorat ayant réussi à atteindre sa position. Pourtant, Stryker n’avait pas à s’inquiéter. La lame du roi était un être vivant, un serpent d’acier et de sang, et il maniait Régicide avec une telle vitesse qu’elle ne semblait rien peser. Julius bloqua un coup d’épée du premier chevalier, puis faucha l’ennemi d’une riposte si rapide que Stryker ne la vit pas. Le Chevalier du Protectorat était debout, l’instant d’après, il gisait en deux morceaux aux pieds du roi. Julius tua le chevalier restant d’un coup sec, faisant passer Régicide à travers le plastron de l’homme, son corps, puis son dos armuré. Julius dégagea sa lame et retourna calmement sous la protection de ses chevaliers.
Stryker concentra à nouveau son attention sur son environnement immédiat, abattit un autre chevalier ennemi chargeant sur lui et appela Arsouye à sa position. Il aurait besoin du gros Cuirassé pour s’occuper des warjacks ennemis. Il ressentit l’empressement d’Arsouye, puis les pas tonitruants du warjacks fonçant vers Stryker.
Amon Ad-Raza avait engagé les Chevaliers-Tempête les plus proches, et ses warjacks les transperçaient dans un déluge d’acier et de sang. Stryker fonça, sans se soucier des ennemis, les abattant lorsqu’ils se trouvaient sur son chemin ou laissait Arsouye les écraser.
Amon regarda dans sa direction alors que Stryker s’approchait, et des runes jaune vif se formèrent autour du poing lourd du guerrier du Protectorat. Une torride chaleur entoura Stryker lorsque le sort prit effet, et son champ d’énergie s’enflamma alors qu’il tentait de compenser. Son armure de warcaster finit par encaisser le plus gros, et l’acier chauffé brûla la peau de ses bras et de ses jambes. Il serra les dents contre la douleur et courut, invoquant un sort de son cru. Un éclair jaillit de sa main tendue, un éventail d’énergie bleu-blanc se dirigea vers son ennemi. Amon n’était pas encombré par une armure, et son entraînement au sein de l’Ordre monastique du Poing l’avait rendu incroyablement agile. Il esquiva la foudre en bondissant, évitant les éclairs avec une facilité qui sembla enfantine.
Les Chevaliers-Tempête derrière Stryker combattaient toujours les chevaliers du Protectorat, et ceux qui les précédaient essayaient toujours de repousser les warjacks d’Amon Ad-Raza. Stryker ordonna à Arsouye de s’attaquer aux warjacks ennemis pendant qu’il poursuivait Amon. La sensation excitante du premier coup porté par le Cuirassé à l’aide de son marteau sismique fut transmise par leur lien, suivie de la satisfaction d’Arsouye lorsque la coque du premier warjacks s’écrasa.
Stryker jeta un coup d’oeil vers le reste des forces cygnaréennes et le roi. Des silhouettes en armure bleue se déplaçaient maintenant dans sa direction. Le roi était parmi eux ; il se jetterait sans doute dans la bataille aux côtés de ses hommes. Stryker ne pouvait pas permettre cela, ne pouvait pas permettre à Amon Ad-Raza de se rapprocher à ce point de Julius.
Stryker se trouvait à six mètres de son ennemi quand Amon lança son fléau en avant, la lourde balle à l’extrémité arrivant sur Stryker comme un grand météore doré. Il se tourna sur le côté et l’arme le manqua de peu. Amon ramena son bras en arrière. L’arme revint vers lui.
Stryker était maintenant assez proche pour frapper avec Vif-Argent. Il était rapide et habile, et il avait canalisé sa volonté dans le coup, mais Amon s’enfuit en dansant. Vif-Argent frappa dans le vide.
À nouveau, le fléau d’Amon se dirigea vers lui. Cette fois, Stryker tenta de le dévier avec son arme. Il y parvint – partiellement. Il écrasa la tête du fléau, mais celui-ci le frappa quand même d’un coup sec et le projeta en arrière, son plastron enfoncé au-dessus de son abdomen.
Amon observa l’endroit où le reste des forces cygnaréennes avançait sur la route. Il réalisa clairement que sa cible n’était pas là où il l’avait initialement pensé. Stryker tenta de se rapprocher à nouveau, et Amon envoya son fléau en arc de cercle dans sa direction. Cette fois, Stryker tint bon et plaça Vif-Argent devant lui. Il fit un pas de côté alors que la tête du fléau se dirigeait vers lui et il frappa la chaîne le reliant à Amon. L’acier consacré était trop solide que pour être coupé, mais le coup changea la direction de la tête du fléau qui s’enroula autour de Vif-Argent. La force du coup faillit arracher l’arme des mains de Stryker. Mais le fléau d’Amon était coincé, et le warcaster du Protectorat allait l’arracher d’une seconde à l’autre. Stryker pressa la gâchette situé à la base de la poignée de Vif-Argent, déclenchant l’explosion voltaïque. Des éclairs s’élevèrent dans les cieux et le long de la chaîne du fléau, dont le manche métallique était tenu dans la main droite d’Amon.
Le corps d’Amon se figea sous l’effet de l’énergie galvanique le traversant. L’effet ne serait pas suffisant pour tuer le warcaster ou même lui causer des dommages durables, mais cela offrit à Stryker l’ouverture dont il avait besoin. Il se dégagea du fléau d’Amon et fonça en direction de son ennemi en lui assénant un large coup de taille. Amon avait suffisamment récupéré, mais ses réactions étaient ralenties. Il essaya de s’éloigner de la lame de Stryker une fraction de seconde trop tard. La pointe de Vif-Argent mordit le flanc d’Amon. Bien qu’Amon ne portait aucune armure, le coup de Stryker rencontra comme s’il en portait une. Les étranges méthodes de l’Ordre du Poing protégeaient leurs corps des blessures. Pourtant, la lame était entrée en contact, trancha la chair et les côtes se brisèrent sous l’impact.
Amon s’éloigna en trébuchant, tirant son fléau derrière lui. Du sang coulait de son flanc, mais Stryker ne pouvait dire l’étendue de la blessure. Il prit un moment pour surveiller Arsouye. À travers les yeux du warjack, il que vit que les deux warjacks du Protectorat étaient à terre, détruits par Arsouye et les attaques concentrées des Chevaliers-Tempête restants.
Stryker se retourna vers Amon, prêt à lancer une nouvelle attaque, mais le warcaster du Protectorat inclina la tête dans sa direction.
« Ne pensez pas que c’est fini, Seigneur Général », dit-il, sa voix grave mais toujours lointaine derrière son masque. « Vous ne pouvez endiguer le flot de ceux qui suivent la Vraie Loi, quelles que soient les alliances que vous concluez ».
Avant que Stryker ne puisse répondre, Amon se retourna et courut vers le Bois Scintillant, une main serrée sur son flanc blessé. En quelques secondes, il disparut dans les ténèbre de la forêt. Amon avait confirmé la raison de l’attaque, comme Stryker l’avait soupçonné. Pourtant, il ne pouvait rien faire de plus avec ces informations, et ce qui restait des chevaliers du Protectorat reculait. Il entendit Tews ordonner de les laisser partir.
Stryker inspira profondément et laissa son corps se détendre, laissant l’adrénaline refluer. Tews le rejoignit.
« C’est grave ? » demanda Stryker au capitaine des Lames-Tempête.
Tews secoua la tête. « Difficile à dire pour l’instant. Au moins cinq morts, dix autres blessés. Je suppose que les éclaireurs que nous avons envoyés en avant son morts aussi ».
« Bon sang », prononça Stryker dans un souffle. C’était le prix du commandement. Même la victoire avait un coût.
Le reste des forces cygnaréennes les avait rejoints, avec à leur tête le Capitaine Kara Sloan. La warcaster était grande et fine, avec des cheveux blonds courts et des taches de rousseur sur le nez. Elle tenait à deux mains un fusil à canon long mékanique. Stryker avait souvent combattu aux côtés de Kara, et il savait qu’on pouvait compter sur elle pour faire des ravages avec son arme.
« Seigneur Général », dit Kara, « Le roi est en sécurité. Je lui ai conseillé de rester en arrière ».
« Merci, Capitaine Sloan », répondit-il. « Je pense que nous en avons fini ici. Amenez davantage d’hommes pour s’occuper des morts et des blessés.
« C’était Amon Ad-Raza ? » demanda-t-elle, les yeux écarquillés.
Stryker acquiesça. « Je suis aussi surpris que vous ».
« Par Morrow, que faisait-il ici ? »
Stryker lui offrit un sourire fatigué. « Échouer à tuer notre roi ».