Ayé, je me suis enfin motivé à écrire un truc

Voici donc l'histoire de Thibert ... juste Thibert :p
Rien ne pouvait prédire le destin hors norme du jeune Thibert. Enfant, il était un simple fils de chasseurs dans un des nombreux villages du nord. Ses parents avaient peu d’espoir quant au futur de leur enfant, tant il était différent de ses frères et sœurs plus âgés. Grands, forts, adroits, ils avaient rapidement rejoint les redoutables Loups d’Orboros, ces guerriers féroces aux services des Druides. Thibert était d’une corpulence moyenne, et ne montrait pas les mêmes prédispositions héréditaires que ses aînés. Son père néanmoins lui passa tant bien que mal l’enseignement traditionnel du clan.
La vie de Thibert bascula lors d’une séance de chasse. C’était la première fois que lui et d’autres jeunes étaient livrés à eux même, afin de faire leurs preuves en tant que chasseurs du clan. Il avait 12 ans. Thibert progressait à pas feutré, suivant les traces fraîches d’un sanglier. Celles-ci présageaient d’un individu d’une belle taille, promesse de gloire éphémère au village autant que d’un combat potentiellement mortel. Il arpentait prudemment la piste et finit par atteindre une clairière finement éclairée par une magnifique pleine lune. Le sanglier gisait au centre, le cou brisé. Il n’était pas aussi imposant qu’il l’avait estimé, mais cela n’avait plus aucune importance à cet instant précis. Un loup se tenait au-dessus du corps et mordait méticuleusement le flan de la bête. Lorsqu’il releva la tête pour planter son regard dans les yeux de Thibert, ce dernier ressenti aussitôt une peur d’une intensité qu’il n’avait jamais connue alors. Et pour cause, ce loup, capable de tuer d’un coup de mâchoire un sanglier adulte, était d’une taille peu commune. Thibert était pétrifié. Son arc court serré fort par des mains figées lui semblait bien dérisoire. Le regard empli d’une agressivité primale, le loup poussa un long grognement menaçant. Constatant que son intimidation n'eut aucun effet, il chargea, ce qui causa enfin une réaction chez l’humain : vidage de sphincter et cri de panique absolue. Mais alors que le loup gagnait en vitesse, la clairière fut assaillit par une végétation mouvante et croissant à toute vitesse dans le désordre le plus total. Des runes lumineuses tournoyaient autour du jeune chasseur alors que le loup était chahuté par les buissons et les arbres mouvants. C’était au tour du loup de céder à la panique, alors qu’il se débattait dans la clairière transformée en forêt. Il réussit à s’extirper des plantes animées et fuit dans un concert de glapissements plaintifs. Puis le calme revint. Thibert était en état de choc et resta un long moment sans bouger. L’inconfort de ses chausses pleines le ramena à la réalité, et il rentra seul à son village.
Ce que ne savait pas Thibert, c’est que la scène avait été vue par un de ses comparses jeune chasseur. La rumeur se répandit comme une traînée de poudre dans le village. « Le petit Thibert, sorcier ? N’importe quoi ! » ; « le vers dévoreur l’a choisi, pourquoi lui ? »… Trois jours plus tard, un homme habillé d’un grand manteau et d’une capuche masquant son visage fit son apparition au village. Il se rendit sans un mot à la demeure de Thibert sous les regards silencieux des habitants. À l’intérieur, les parents du jeune adolescent arborait un regard anxieux. Le druide fixa longuement Thibert, puis déclara : « il vient avec moi. » Difficile de lire la réaction à cette froide affirmation sur le visage dur des parents. Peut-être une très légère pointe de soulagement. C’est ainsi que le jeune Thibert quitta son village pour commencer sa formation en tant que sorcier et combattant du Cercle d’Orboros.
Les années passèrent. Si la vie était rude dans son village, le double entraînement de guerrier et de sorcier fut particulièrement éprouvant. Il parvint néanmoins à être reconnu digne de rejoindre les Loups, et son statut de sorcier lui permit de posséder à la fois l’épée fendue traditionnelle et l’arbalète double. À l’âge de 16 ans, son rôle consistait principalement à épauler un petit détachement de Loups lors d’escarmouches ciblées en s’aidant d'un Woldwyrd fournit par son mentor.
Lorsqu’un jour, Morraig en personne se planta devant lui, le toisant du haut de son immense loup, au beau milieu du petit campement d’éclaireur, Thibert sût immédiatement que sa vie allait devenir encore plus compliquée.
- « Thibert, tu vas te rendre au marais de Bloodsmeath. Tu vas assister le druide Hector dans sa mission. Prépare-toi. » La vue de la bête lui rappelait de mauvais souvenirs, et le ton du Seigneur Loup lui glaçait le sang. Il rassembla tout son courage pour dire ces quelques mots :
- « J’le connais pas s’druide, grand chef et vous savez un peu s’qu’on va y faire dans c’marais ? Vous savez moi j’connais mieux les forêts ou qu’il fait froid avec la neige, les rivières gelées… »
- « Silence ! » Tonna le Seigneur Loup. Thibert était cloué sur place, interdit. « Je relaye les ordres… moi ! Parce que tu es sorcier, on se permet de me rabaisser à un simple messager… Et non, je ne sais même pas quelle est la teneur de cette mission. Aussi je compte bien qu’une fois ton devoir accompli, tu viennes me raconter ce que tu auras vu et fait. Alors tu vas ramasser ton merdier, réveiller ton tas de caillou volant, et te mettre en route en direction de ce foutu marais ! Allez ! »
Thibert se leva précipitamment et prépara son paquetage à toute hâte. Après un dernier regard panoramique vers ses comparses éclaireurs restés silencieux, il s’accrocha d’un pas leste au woldwyrd et se mit en mouvement…