Nouvelle librement téléchargeable
iciLES BRASIERS DE LA VÉRITÉ
WILLIAM SHICK
Les premiers rayons de l'aube irradiaient de l'horizon tel un halo doré, s’étendant sur le Llael pour bannir la froide et noire nuit. Malekus, prostré à ses dévotions matinales ressentait la gloire de son dieu l'emplir dans l'aube nouvelle. Il imaginait que les chauds rayons sur son armure était la douce caresse directement de la main de Mentoh, le feu du jugement l'estiment une fois de plus digne de la générosité du jour. Il s'imagina les murs inviolables de Sul et par-delà ceux-ci la magnifique architecture du Temple de la Flamme, le foyer de son ordre dans cette antique ville. La simple existence de ces impressionnants ouvrages était une preuve suffisante de la gloire de Menoth sur Caen. Le soleil brillait plus fort sur les terres arides de la patrie du Protectorat. Malekus ratait l'intensité de cette chaleur.
Menoth le Créateur avait mis de l'ordre parmi le chaos du monde, il réfléchit. Menoth avait donné à l'homme le don de la Flamme pour qu'ils puissent supprimer l'obscurité qui infectait le monde telle une maladie. Menoth leur avait donné le mur de sorte qu'il puisse se dresser tel un rempart face à la malfaisance. Bien qu'il y ait d'autres dieux, tout ce que l'homme accomplissait, à travers le temps, devait être accepté par le Créateur. Il était donc logique de révérer Menoth en premier.
Markus se releva, sans être gêné par sa volumineuse armure de warcaster. Il souleva son lance-flamme [flamethrower] et durant un instant observa le feu sacré danser et scintiller sur les lames de la tête. Bien que le don de la Flamme bénéficie à tous les hommes, seul quelques élus oints purent employer son effet purificateur pour purger le monde du profane et du blasphème. Malekus, la Vérité Brûlante, était l'un d'entre eux, sainte charge donnée par Feroa, Prêtresse et Protectrice de la Flamme. En outre, il avait également été choisi par Menoth pour endosser une responsabilité encore plus grande, celle d'être un warcaster: l'un de ces rares individus possédants les capacités de contrôler des warjacks, les plus puissantes armes de la Grande Croisade.
Il regarda la petite ville à moins d'un demi mille [804 m] de portée. En dépit des cicatrices guerres quand le Protectorat avait récupéré ces terres, la campagne llaelaise était belle. Des volutes de fumées s'échappaient des cheminées de maisons bien groupées de la ville.
Malekus projeta son esprit vers le cortex de son Pénitent [Repenter]. La machine piaffait d'impatience, et brièvement, il se lia aussi avec l'autre warjack léger de son groupe de bataille, un Vengeur [Revenger]. Puis il fit la même chose avec l'imposant Punisseur [Castigator] et sentit l'air, autour de ses poings enflammées du lourd 'jack onduler sous la forte chaleur. La machine referma ses poings d'acier simultanément, désireuse d'attraper l'ennemi. Malekus alimenta mentalement sa juste fureur. Il avait choisi ce Punisseur [Castigator] là en raison de son notoire tempérament ; il n'y avait pas de place pour la timidité quand on rendait la justice divine de Menoth.
Son groupe de bataille à ses côtés, Malekus se dirigea de la ville et chemina vers la place centrale, tout à fait conscient que de nombreux yeux cachés observaient sa progression. Quand il arriva sur la place de la ville, le maire l’attendait avec des personnes au regard âpre à ses côtés. Plusieurs habitants de la ville se tenaient près de la place ou scrutaient depuis le bas de la porte ou une fenêtre. Malekus ordonna mentalement au Punisseur [Castigator] et Vengeur [Revenger] de flanquer le petit groupe du maire, et le Punisseur [Castigator] fléchit ses poings embrasés d'un geste menaçant tout en fixant les hommes, qui ne surent plus sur quel pied danser et déglutir machinalement. Malekus resserra son étreinte mentale sur la machine, désireux de contenir sa nature ardente sous contrôle pour l'instant. Il devait d'abord discuter avec ces personnes.
«Recevoir un envoyé du Temple est une bénédiction,» prononça le maire, en le saluant. Ses yeux clignaient nerveusement derrière ses fines lunettes posées en équilibre sur son nez mince et pointu.
«Vous savez pourquoi je suis là,» déclara Malekus. Sa distinctive voix rauque émanant par dessous son masque doré était puissante et dominait et portait facilement sur l'entièreté de la place. «Je suis ici pour rendre le jugement de Menoth. Pour vous purifiez de vos crimes afin qu'ils ne suppurent et ne se propagent plus.»
«Quels crimes?» demanda le maire sur un ton trop innocent. «Je ne comprend pas ce que vous dites.»
«Vous avez rompu vos serments au Temple Sul-Menite et au hiérarque.» Malekus garda une voix égale, bien que son cœur s'enflammait.
«Nous fournissons la dîme exigée sans faute, malgré le lourd fardeau que cela exigent pour notre petite ville,» protesta le maire. Malekus entendit des murmures d'approbation derrière lui.
Il éleva légèrement la voix de sorte que tous puissent l'entendre. «Il y a six mois, vous étiez chargés de bâtir un Temple à la gloire de Menoth, mais vous n'avez même pas encore posé les fondations. Pire encore, vous vous êtes détournés du prêtre, envoyé par le hiérarque lui même, pour vous ramener sur le chemin de la vertu.»
«S'il vous plaît comprenez,» dit le maire, «nous sommes une communauté pauvre, et les temps sont incertains. Nous avons un peu plus que le nécessaire pour survivre. Nous n'avons pas les ressources pour bâtir un nouveau temple, pas pour l'instant. Et nous ne pouvions loger l'émissaire du Temple que dans un endroit décent.»
Malekus pointa l'église morrowéenne, debout, sur l'un des côté de la place. Bien que le bâtiment soit simple, au dessus de la porte d'entrée était accroché le grand Rayon doré, symbole du dieu Morrow.
«
Vous osez proférer de telles allégations alors que ceci est encore là?» dit le warcaster. Ce seul bibelot ostentatoire suffit à lui seul pour financer un temple pour le Créateur de l'Homme, et il restera suffisamment que pour couler un Menofix digne de l'orner.»
Se contractant sous la force des mots, le maire parla rapidement. «Cette église est debout depuis deux cent ans, depuis la fondation de cette ville. Le Rayon est un cadeau du Sancteum de Caspia! Nous ne pouvons tous simplement pas fondre le symbole sacré de Morrow -»
«Durant combien de temps vôtre ville a souffert entre les mains étrangères?» Malekus se tourna pour s'adresser au citoyens, à la fois ceux sur la place et ceux dont il savait bien qui l’observaient en secret. «Connaissez-vous le
prix de votre confort?»
Aucun n'osa soutenir son regard.
«Trois cent quatre-vingt-sept,» dit-il.
«Je ne comprend pas,» répondit le maire en même temps que Malekus se dirigeait vers lui.
«Trois cent quatre-vingt-sept âmes vertueuses ont prouvé leur dévouement à Menoth en offrant leur vie en repoussant les dernières attaques khadoréennes dans le Llael.» Le warcaster fixa son regard sur le maire recroquevillé. «Tout cela pour que vous puissiez continuer à vivre en paix - pourtant vous ignorez vos obligations.»
«Nous n'avons jamais exigé cette protection ou ce sacrifice,» répondit le maire, reculant.
«Pourtant vous en appréciez volontiers ses fruits.»
«Les exigences du hiérarque sont impossibles, nous avons toutes les peines à nous nourrir après ces importantes dîmes.»
«La force se trouve dans le souffrance, et c'est à travers la force que l'homme se montre digne de Menoth,» répondit Malekus, psalmodiant un passage du Canon de la Vrai Loi.
«Qu'est ce qui pourrait encore nous faire plus souffrir?» Les yeux du maire étaient, maintenant, remplit de désespoir. «Severius a déjà tous pris -»
«Lorsque vous parlez de lui, c'est «hiérarque» blasphémateur!» rugit Malekus, et le maire fit un faux pas et tomba par terre. «Tout ce que vous possédez provient de Menoth, des dons fait à l'homme parce qu'il se montra digne.»
Malekus tritura l'interrupteur de son arme sainte, et la flamme s'intensifia entre les lames de la tête. Sa voix rocailleuse devint un grognement dangereux. «Vous vous comportez comme des enfants auxquels on a trop longtemps épargné le fouet, se vautrant dans leur vilenie. Vous n'êtes plus dignes des dons de Menoth.»
Ces mots furent ponctués par le rugissement du lance-flamme du Pénitent [Repenter] alors que celui-ci tirait un jet flamboyant de Fureur de Menoth [Menoth Fury] sur le bâtiment le plus proche. Au même instant, Malekus envoyait le Punisseur [Castigator] faire s'écrouler de ses coups puissants la maison du maire. Ses poings surchauffés enflammèrent les lourdes poutres et rapidement les flammes engloutirent la structure. Les citadins hurlèrent alors qu'elle s'effondrait avec fracassement, les débris enflammés crépitant inoffensivement sur le coque métallique bénie du warjack.
A genoux, le maire cria, «Cela signifie que vous allez tous nous tuer?»
«La flamme sacrée de Menoth réclamera ceux qu'elle jugera juste,» dit Malekus. «Ceux qui seront épargnés pourront faire appel à sa rédemption.» Il se tourna et se dirigea vers l'église, relevant son lance-flamme pour tirer un jet de feu purificateur. Les flammes prirent vie et brûlèrent comme alimentées par le propre souffle de Menoth. En quelques instant, le Rayon doré, au dessus des porte, fondit. Le chaos éclata alors que les citadins paniqué, couraient, pour leurs maisons et leurs familles.
Malekus exhorta ses warjacks a poursuivre leur mission consacrée; regardant à travers leurs yeux, il vit bâtiment après bâtiment s'embraser. Alors qu'il marchait vers un bâtiment intact qui ressemblait à une école, une femme recouverte de suie se jeta à ses pieds.
«S'il vous plaît, épargnez-moi ! » pleura-t-elle, les mains tremblantes saisissant sa robe de cérémonie.
«J'ai vu ma cruauté. Je souhaite consacrer ma vie à Menoth!»
Malekus observa, à travers son masque poli, la femme en pleurs et hésita. Il avait compris que la volonté de Menoth se manifestait à travers ses saintes flammes. D'une voix douce, il dit, «Vous avez vu la vérité? Vous avez senti les flammes assainir le foyer de cruauté en vous?»
«Oui! Oui!» sanglota la femme.
Malekus senti son coeur bondir.
Gloire, pensât-il.
Gloire au Créateur de l'Homme et la révélation de sa sainte flamme! Il toucha le front de la femme. «La vérité de Menoth est merveilleuse, n'est ce pas, mon enfant?» dit-il.
Toujours en pleurant, le femme hocha vigoureusement la tête, et à la lumière des incendies faisant noire, Malekus remarqua un éclat doré à sa gorge. En regardant de plus près, il se rendit compte qu'elle avait desserré un pendentif de l'Ascendant Angellia, patronne morrowéenne des érudits et des enseignants.
Les souvenirs de son enfance au sein d'un orphelinat morrowéen remontèrent à la surface. Ce symbole pendait autour du cou de chacun des directeurs qui l'avaient battu, brûlé ou affamé, de ceux qu'ils l'avaient asservis afin qu'il puisse développer sa souffrance. Il pensait que les prêtres qui apportaient leurs offrandes de pains et de laits hebdomadaires, que leur dérisoire charité leur offrait la tranquillité d'esprit qui leur permettait d'ignorer les injustices se produisant sous leur nez. Est ce qu'il se souciaient de savoir si leurs dons étaient amassés par des directeurs corrompus ? Est ce qu'ils se souciaient de connaître la souffrance d'enfant affamés peinant à blanchir leurs vêtements. Est ce qu'il se souciaient des fièvres perpétuelles et des douleurs, des toux effrayante d'un enfant impertinent forcé de dormir seul dans la plus profonde et la plus froide cave comme leçon d'humilité et d'obéissance.
Malekus, maintenant, serait une poignée de cheveux de la femme dans son poing et elle glapit de de douleur et de surprise lorsqu'il lui tira la tête en arrière afin de pouvoir la regarder dans les yeux.
«Vous enseignez ici?» demanda t-il, en pointant l'école. «Ou son vos étudiants?»
«Mes – mes étudiants?» bégaya t-elle. «Partis, je les ai mis en sécurité.»
Il plissa les yeux et força son Punisseur [Castigator] à démolir la porte de l'école. A travers ses yeux, il vit une salle presque vide, mais il restait encore quatre terrifiés à l'intérieur, blottit sous les bancs. Ils crièrent et se bousculèrent en s'éloignant du Punisseur [Castigator] pour se réfugier contre un mur. En panique, la femme regarda autour d'elle.
Mensonges! Un fureur incandescente parcourait ses veines. Comment Morrow pourrait-il s'inquiéter des maux si ses enseignements offraient aux personnes la liberté d'être malfaisant et cruel? Non seulement Menoth connaissait réellement les défauts et les faiblesses de l'homme. Seulement Menoth fournissait un moyen de surmonter ses bas instincts, au travers des yeux attentifs des scrutateurs [scrutators] et un service sans faille de ceux qui se consacraient au Temple et de la Vrai Loi.
Malekus lui-même s'était délivré de la cruauté quand il avait bouté le feu à cet infâme orphelinat, nettoyant le monde des hommes indignes en sein. En regardant la place brûler, enfin il comprit: seules les flammes purificatrices de Menoth pourraient libérer le monde des souffrances causées par le corruption.
