ROYAUMES D’ACIER > Background – Histoire des Royaumes d’Acier
Roman - STORMBREAK
elric:
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« KOMMANDEUR », DIT SHEPTA. Le kommando d’assaut en armure noire était revenu après avoir mené l’attaque sur les fleuves qui traversaient la ville. « Nous avons subi des pertes au sud de la ville et nous efforts pour franchir le pont sur le fleuve ont échoué. »
Le kommandeur du Corps d’Assaut Oleg Strakhov pouvait à peine entendre son aide de camp dans le vacarme de la bataille. Il s’était positionné avec sa garde personnelle près de l’un des emplacements d’artillerie – un groupe de six canons de campagnes protégés par un détachement de Troupe de Choc Man-O-War. Il avait déplacé les troupes lourdes ici après avoir perdu une douzaine de mortiers à cause des bombes des hommes-fusées de la Garde du Creuset. Les Man-O-War absorberaient l’explosion des autres attaques et protégeraient ses canons.
Il grogna silencieusement à l’idée que la Garde du Creuset le surprenait. C’était un homme dont le fonds de commerce était les informations. Lukas di Morray lui avait échappé, c’est vrai, mais il n’avait jamais imaginé que l’homme convaincrait son ordre d’aider les cygnaréens. Pourtant, les cygnaréen ne s’étaient acheté que peu de temps, rien de plus. Strakhov avait plus d’hommes, plus d’armes à feu, plus de warjacks, et il décevrait pas Irusk à nouveau.
« Fais venir ici tous les autres kommandos d’assaut », dit Strakhov. « Nous écraserons les cygnaréens. »
Shepta regarda les murs de Croix-des-Fleuves. « Nous aurons de nombreuses victimes si nous continuons un assaut frontal », dit-elle.
« Oui, mais cela obligera Stryker à venir à nous et à apporter ses ressources sur le champ de bataille. S’il ne le fait pas, je le ferai sortir de son trou avec l’artillerie. »
« Comme vous dites, Kommandeur », dit Shepta puis tressaillit alors qu’un projectile alchimique atterrissait à seulement vingt verges, consumant une douzaine de Man-O-War dans de verte flamme. « Monsieur, vous êtes trop proche des lignes de front. Nous devons reculer. »
Strakhov regarda Shepta avec un regard noir. Elle avait raison. Il était trop près du front. Trop près de l’artillerie alchimique pleuvant du ciel, qui taillait les Man-O-War l’artillerie la plus proche. Trop près du Seigneur Général. Il était trop proche, mais était exactement là où Strakhov voulait être.
Le warjack de Strakhov, Torche, ressentit le mécontentement de son maître, et la scie dépeceuse de son bras droit criait après des vies. Cela donna à Shepta de se retirer.
« Amène-moi Nev », dit Strakhov, en nommant l’autre kommando d’élite, qui, avec Shepta, était son ombre jumelle depuis Rynyr. Il se tourna vers un kovnik Man-O-War nommé Vadim. « Je veux cinquante de tes meilleurs hommes avec moi maintenant. »
« Bien sûr, Kommandeur », déclara le kovnik.
« Qu’allez-vous faire ? » Demanda Shepta, l’inquiétude dans sa voix.
Strakhov prit une grande inspiration, luttant contre la douleur qu’elle provoqua. Les blessures infligées à Rynyr l’accompagnait encore. Des blessures infligées par Coleman Stryker. Il n’aurait pas pensé que le seigneur général quitterait la ville si tôt, et maintenant qu’il l’avait fait, Strakhov lui démontrerait sa folie.
Il dégaina une de ses lames de tranchée et la pointa vers l’épi de bleu dans sa propre mer de rouge. « Je souhaite parler au Seigneur Général Stryker »
. . .
STRAKHOV AVAIT OUBLIÉ LE TOURBILLON de la guerre ouverte, le chaos pressant de tous les côtés, et cela le revigora. Ses fonctions limitaient aux escarmouches et aux petites actions où il avait le net avantage de la surprise et de la furtivité. Maintenant, face à un ennemi qui pouvait le voir arriver, il se délectait des visages terrorisés des soldats cygnaréens abattus avec une lame et une carabine.
Lui, Shepta et Nev, avec une lance de Man-O-War, avaient profondément entaillé le flanc de l’offensive cygnaréenne. Strakhov se déplaçait à l’ombre de Torche, utilisant le volume et le lance-flammes du warjack pour empêcher les ennemis de le submerger.
Il avait besoin que Stryker le voie, qu’il remarque qu’il pouvait être une cible. Cela attirerait le général cygnaréen vers lui. Strakhov invoqua sa magie, les runes brillantes tournoyant autour de son corps dans un spectacle inimitable. Le sort « Rapidité » emplit ses membres d’une énergie trépidante.
Devant, deux Lames-Tempêtes faucha le Man-O-War et chargèrent. Nev leva sa carabine pour les abattre, mais Strakhov la repoussa et se précipita seul sur les deux chevaliers.
Ses armes étaient plus petites et plus courtes, mais bien plus rapides que les lourds glaives-tempêtes de ses adversaires. Il arrêta le coup de haut en bas du premier glaive avec son couteau de tranchée, et il glissa sans danger sur sa petite lame. Il enfonça ensuite sa seconde lame dans le crâne de la Lame-Tempête, perçant l’acier et les os avec une facilité satisfaisante.
La seconde Lame-Tempête décocha une frappe qui ne pénétra pas le champ d’énergie de Strakhov ; Il arracha sa lame de la tête du premier chevalier et donna un brutal coup de pied qui brisa le genou de la seconde Lame-Tempête, le jetant au sol.
Strakhov fit un pas en arrière, rengaina ses lames et s’empara de sa carabine Murmure de la Mort. Il tira dans la gorge du chevalier par terre, puis appela Torche à ses côtés.
Stryker l’avait vu et le ruban de chevaliers et cavaliers cygnaréens se déplaça dans la direction de Strakhov. Ils avaient décimé les Man-O-War gardant l’emplacement des canons, et réacteurs hurlants des hommes-fusées de la Garde du Creuset rugissaient par-dessus le champ de bataille. Strakhov allait perdre ces canons, mais il pourrait emporter un prix bien plus important.
« Là. On avance », cria-t-il en courant vers la tête de la ligne de Man-O-War le protégeant. Torche était à côté de lui ; Nev et Shepta étaient juste derrière lui.
Les hommes-fusées larguèrent leurs bombes, ravageant les canons de campagne par le feu, et les shrapnels, mais Stryker était proche. Le warcaster n’était pas à plus de cinquante mètres de là, se frayant un chemin à travers les soldats khadoréens pour atteindre Strakhov.
Ils frappèrent la principale concentration de Chevaliers-Tempêtes cygnaréens, et Strakhov ordonna à Torche de s’y vautrer. La scie dépeceuse découpa une sanglante voie dans les rangs ennemis, et Strakhov suivit, laissant ses Man-O-War garder la brèche ouverte avec leurs boucliers et haches exterminatrices.
Strakhov perdit de vue Stryker dans le mouvement de foule qui s’ensuivit, mais le warjack Défenseur dominant le champ de bataille marquait la position du seigneur général. Torche, en limite de contrôle de Strakhov, tirait, voulant se précipiter sur le warjack ennemi et le déchiqueter.
Les soldats cygnaréens se rapprochèrent, et le champ de bataille devint trop étroit pour les armes à feu. Strakhov, Shepta et Nev sortirent leurs couteaux de tranchée, et Strakhov renforça leurs défenses avec un autre sort. La magie endurcit leur armure et les rendit impossibles à déplacer contre leur volonté.
Tous trois s’abattirent sur les soldats se rapprochant, fonçant entre les Man-O-War, employant leurs masses et leurs boucliers pour éviter les lames ennemies.
Strakhov tua deux Chevaliers-Tempêtes en quelques secondes, plantant ses couteaux de tranchée dans la gorge et le ventre, les lames enchantées pénétrant l’armure et la chair sans soucis. Shepta et Nev laissèrent également des corps derrière eux. Ils étaient presque aussi doués que Strakhov en combat rapproché, et aucune Lames-Tempêtes n’avaient de chance contre leurs couteaux.
Ils s’avancèrent lentement vers le Défenseur, et firent tellement de dégâts sur l’ennemi que Strakhov craignit que Stryker ne batte en retraite. Puis comme s’ils se battaient à travers une forêt dense sur un terrain plat, ils franchirent les lignes cygnaréennes, et Stryker se tenait là, à pas plus d’une dizaine de pas. L’épée géante du warcaster siffla tandis que l’énergie galvanique faisait cuire le sang l’enrobant.
Strakhov sourit, la douleur de ses blessures – le tourmentant chaque jour depuis Rynyr, s’estompa. Stryker le vit aussi et baissa sa lame en garde basse, sachant qu’il avait presque soixante centimètres d’allonge sur son ennemi.
Le champ de bataille semblât d’agrandir davantage, chaque côté tendu alors que deux des plus puissants combattants s’affrontaient. Strakhov bougea le premier, virevoltant en avant dans une charge basse. Il envoya Torche sur le Défenseur et d’un geste de la min, Shepta et Nev à la droite de Stryker tandis qu’il allait à gauche. Les deux kommandos d’élite empêcheraient les Chevaliers-Tempêtes d’interférer.
Stryker le laissa venir, comptant sur sa lame plus longue comme facteur décisif. A Rynyr Strakhov ne se serait pas lancé dans un duel avec le warcaster cygnaréen. Désormais il en souffrait. Il souffrait de n’avoir la satisfaction de tuer un homme qui l’avait blessé dans sa fierté, dans sa chair, et dans son prestige auprès d’Irusk.
Stryker porta un rapide coup avec Vif-Argent, et Strakhov recula, puis changea de direction, se penchant en avant pour percuter sa lame droite sur la lourde lame, la frappant de travers. Il glissa sous la garde de Stryker, se releva et taillada avec son couteau de tranchée gauche.
Stryker recula vivement, la lame étincelant contre son champ d’énergie mais manquant son corps. Le seigneur général remonta sa lame obliquement, un coup massif que Strakhov n’avait aucune chance de bloquer. Mais il n’essaya pas. Au lieu de cela, il évita le coup et virevolta hors de portée.
Torche avait mutilé le Défenseur de Stryker, arrachant le bras canon du warjack ennemi, mais il avait aussi pris un gros coup de marteau du Défenseur. Grâce aux relais optiques de Torche, Strakhov pouvoir qu’ils avaient détruit un tiers des hommes de Stryker, mais les cygnaréens avaient éliminés deux des emplacements d’artillerie de Strakhov. Stryker allait bientôt battre en retraite ; il devait le faire. Le seigneur général pouvait-être impétueux et entêté, mais il ne sacrifierait pas sa vie vainement. Strakhov devait en finir ici.
Il se concentra pour bondir en avant quand il vit soudainement Nev se précipiter vers lui, les yeux exorbités, pointant quelque chose par-dessus l’épaule droite de Strakhov. Un bruit terrible emplit les airs, comme le gémissement strident de l’artillerie en approche, mais c’était plus sourd, plus profond, plus bourdonnant.
Strakhov se retourna, insouciant d’exposer son dos à Stryker, et vit ce que Nev pointait. À l’horizon, un trio de formes gigantesques se profilait, dominant son armée comme des monolithes d’acier et feu. Elles étaient de forme carrée et massive, leurs bras se terminant par d’énormes griffes en forme de pince. Les têtes des colosses étaient petites, nichées dans gigantesques plaques de blindage or et bleu sarcelle. Leurs épaules bleuissaient sous les flammes de multiples fusées. Ces fusées produisaient le bourdonnement qu’il avait entendu. La première d’entre elles atterrie à une centaine de verges devant lui et éclata dans un panache de feu liquide. Les cris d’angoisse des soldats khadoréens s’y trouvant traversa le champ de bataille tel un coup de poignard à ses oreilles.
« Kommandeur, nous devons battre en retraite ! » Cria Nev. « Il y a d’autres troupes de la Garde du Creuset attaquant par l’arrière. »
Il semblait désespéré, terrifié et Strakhov laissa presque cette peur l’envahir.
« Retraite », cria-t-il, et ce mot le choqua, lui faisant de la peine, brûlant son âme avec sa finalité.
Strakhov recula Torche, jetant un coup d’œil à travers les yeux du warjack en direction du Grand Pont de Croix-des-Fleuves. Des milliers de soldats cygnaréens et de la Résistance se précipitaient à travers pour rejoindre leurs nouveaux alliés dans l’attaque.
Il laissa Nev et Shepta le tirer dans les rangs de ses soldats dès que Torche fut à nouveau à ses côtés. D’autres fusées explosèrent autour d’eux liquéfiants les soldats avec du feu acide. Les colosses de la Garde du Creuset répandirent des flammes et du vitriol dans son armée, réduisant les hommes en cadavres fumants.
Strakhov était engourdi par le poids de son échec, écrasé par lui, mais il avait un devoir envers les hommes et les femmes combattant à ses côtés.
La Garde du Creuset l’avait frappé par vagues, l’amenant à croire qu’il avait contenu leur attaque initiale. Maintenant, il n’aurait guère d’autre choix que de se battre et de risque l’anéantissement ou de se replier sur Merywyn dans l’espoir que ses ennemis laisseraient ses troupes battre en retraite pour panser leurs propres blessures. Ces deux choix n’avaient que peu d’attrait, et tous avaient leurs propres conséquences. S’il continuait à se battre, il risquait de perdre toute son armée. Sil se retirait vers Merywyn, il devrait admettre son échec à Irusk à nouveau.
Il ne pouvait pas dire quel destin il craignait le plus.
— 14 —
STRYKER S’APPUYA SUR VIF-ARGENT, regardant l’armée khadoréenne battre en retraite des plaines devant Croix-des-Fleuves. Il était épuisé, et la montée d’adrénaline du combat laissant place à un abîme béant de fatigue dans son sillage.
Il avait donné l’ordre de les laisser les khadoréens battre en retraite dès qu’il fut clair que c’était l’intention de Strakhov. Malgré le fait que le khadoréen avait risqué sa vie pour défier Stryker en duel, il avait repris ses esprits lorsque les colosses de la Garde du Creuset étaient apparus à l’horizon. Stryker, dans sa position, aurait fait de même, peu importe combien la pensée de la retraite l’affligeait.
Le champ devant lui était parsemé de corps, tant cygnaréen que khadoréen. Des médecins portant les couleurs cygnaréennes, llaelaises et de la Garde du Creuset voguaient parmi le choeur les plaintes des hommes et des femmes blessés, fournissant de l’aide là où ils le pouvaient et transportant les morts et les blessés.
« Eh bien, cela s’est mieux passé que ce à quoi je m’attendais », déclara le Capitaine Archer en s’arrêtant près de Stryker. Le Capitaine Lance-Tempête était aussi meurtri que lui, mais toujours en forme.
Stryker gloussa « Je dirai ceci. La Garde du Creuset sait réaliser une entrée. »
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DE PRÈS, LES TROIS COLOSSES DE LA GARDE DU CREUSET étaient des merveilles d’ingénierie mékanique et alchimique. Stryker était surpris de voir qu’ils ne se déplaçaient pas comme les autres colosses. Au lieu de cela, ils étaient équipés de lourdes roues blindées qui les mouvaient à travers le champ à une vitesse faisant qu’ils ne seraient pas considérés comme lent parmi les warjacks légers.
Sous leur masse menaçante se tenaient des rangs ordonnés de la Garde du Creuset, des soldats armés d’étranges longs fusils et d’épées courtes. Il y avait aussi de l’infanterie lourde, équipée d’un de robuste armure, de canons à main et de redoutables pioches. Ils étaient impressionnants, mais plus impressionnants encore étaient les deux qui marchaient devant, venant à la rencontre de Stryker.
Il reconnut le premier homme. L’Aurum Légat Lukas di Morray était un allié, un ami même. L’autre homme était grand, distingué, son armure de warcaster impeccable, sa massive hache mékanique, assez rendre grande pour rendre le Boucher envieux. L’expérience se voyait sur son visage ridé, et sa moustache peignée avait quelque chose d’effronté, voir de chic. Il arborait un sourire exprimant qu’il était dans son environnement naturel.
« C’est bon de te revoir, Aurum Légat », dit Stryker en s’avançant pour saisir les mains du warcaster.
Lukas sourit, et son visage s’illumina de ce que Stryker espérait être une émotion réelle et non du sérum lui procurant ses capacités de warcaster. « Je suis désolé que nous ne soyons pas arrivés plus tôt, mais ils semblent que le Capitaine Mackay et le Capitaine Swift nous aient aidé à traverser la tempête. »
Il se tourna vers son compagnon. « Seigneur Général, je vous présente le Général Maréchal Baldwin Gearheart, commandant des forces armées de la Garde du Creuset. »
Stryker offrit sa main, et Gearheart la secoua, sa poigne étant forte et sûre. Stryker indiqua le colosse. « Merci Général Maréchal. Vos machines sont assez impressionnantes. »
Gearheart rit, sa gaieté était presque enfantine. « Les Vulcains sont notre plus belle réalisation. Je vous le dis, Seigneur Général, ce fut une joie de les voir en action. »
Il observa Lukas et lui fit un clin d’oeil. « Enfin. »
« Le Cygnar et moi vous sommes redevables, mais nous avons beaucoup à discuter », déclara Stryker. « Permettez-moi de vous présenter la ville que vous avez sauvée. »
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STRYKER FIXA LONGUEMENT LES VISAGES FATIGUÉS, TENDUS autour de lui ; certains qu’ils connaissaient bien, d’autres qu’il venait de rencontrer. Ils s’étaient réunis dan l’une des auberges de Croix-des-Fleuves, celle-là même où il avait exécuté le traite et agent khadoréen Sebastian Harrow.
Deux des nouveaux visages étaient la warcaster noir de cheveux, le Capitaine Eira Mackay, et la blonde athlétique, le Capitaine Elsa Swift, qui commandait les hommes-fusées. Il avait vu ces derniers le survoler et faire pleuvoir des explosifs sur l’ennemi.
Les deux commandants de la Garde du Creuset, l’Aurum Légat Lukas di Morray et le Général Maréchal Baldwin Gearheart, prirent une table avec les deux capitaines de la Garde du Creuset.
Le reste du groupe se composait du Major Magnus, du Major Maddox, du Maréchal Ashlynn d’Elyse et du Capitaine Tête d’Acier Reese Keller. Stryker y aurait bien inclus le Lieutenant Harcourt, mais le compagnon warcaster avait un bras cassé et trois côtes fêlées. Il s’en remettrait, mais Stryker préférait que le jeune warcaster se repose plutôt que d’assister à cette réunion.
Stryker s’adressa au groupe tout en se tenant au milieu de la taverne. « Maréchal Gearheart, Aurum Légat di Morray, Capitaine Mackay et Capitaine Swift. Permettez-moi de commencer par vous dire combien nous vous sommes reconnaissantes de votre opportune aide. »
« Je n’aurais l’audace de mentir, Seigneur Général », répondit le Maréchal Gearheart. « Ça m’a fait du bien de me plonger dans le bain. La Garde a trop longtemps été silencieuse. »
« Les choses vont probablement redevenir bruyantes, Maréchal. Rapidement. »
Déclara Magnus. Il se tenait au bar Il s’arrêta pour prendre une longue gorgée à sa chope qu’il tenait. Il fit alors une grimace et détourna le regard. « Je suis désolé. Je ne voulais pas plomber l’ambiance. Nous avons triomphé contre toute attente aujourd’hui. »
« Non, tu as raison », déclara Ashlynn. « Strakhov a battu en retraite parce qu’on l’a pris au dépourvu, et qu’il a perdu plus qu’il n’avait prévu, mais il nous reste un long chemin à parcourir. »
« D’accord », déclara le Major Maddox. Elle s’était également servie une chope de bière du fût que Magnus avait trouvé. « Il se retire à Merywyn, sans doute. Cela va rendre le travail du Seigneur Général Duggan et de la Première Armée encore plus difficile. »
Stryker inspira profondément. « Ce n’est que la moitié. Je vous ai caché quelque chose, mais uniquement parce que nous avions toute une armée khadoréenne à notre porte. Maintenant que ce n’est plus le cas, il est temps de discuter du contenu des péniches rhuliques dont j’ai empêchée quelles livrent leur cargaison à Khador. »
Magnus, Ashlynn et Maddox se redressèrent tous trois. Ils avaient entendu parler du blocus, mais ils l’avaient probablement oublié.
« De quoi parlez-vous, Stryker ? » dit Ashlynn, une partie de la vieille méfiance s’échappant de sa voix.
« Je vais tout vous dire, mais il y a ici des personnes ne faisant pas partie de l’armée cygnaréenne. » Il jeta un coup d’oeil à la table des chefs de la Garde du Creuset. « Ce sont toujours des alliés précieux, et cette information les affectera également. »
« Il n’y a pas de commères à cette table, je vous assure », déclara Lukas di Morray. « S’il vous plaît. Parlez. »
« Vous oubliez que je suis présent, Seigneur Général ? » Le Capitaine Keller se leva de derrière le bar, une bouteille à la main. Il prit une gorgée et fit une grimace. « Eh bien, je vous quitte. »
Stryker secoua la tête. « Je n’ai pas oublié. Votre contrat avec le Maréchal d’Elyse n’est pas fin, n’est-ce pas ? »
« Vrai. »
« Ensuite, ce sont des informations dont vous avez besoin », déclara Stryker. « De plus, je me suis battu à vos côtés, et, vous n’êtes pas le mercenaire sans âmes que vous voudriez faire croire. »
Keller se gratta la tête et sourit. « Eh bien, on ne peut pas divulguer cela, n’est-ce pas ? »
« Alors, voila », dit Stryker. « Le Cygnar a développé une technologie nous permettant de voler »
Le Capitaine Swift gloussa. « Sans vouloir amoindrir vos informations secrètes, mais ce n’est pas vraiment nouveau. Vous avez vu mes hommes-fusées en action. »
« Je l’ai fait », dit Stryker. « Mais je parle pas de vol avec des fusées ou des ailes. Je parle de quelques chose de très différents, d’une technologie qui permettra à d’énormes véhicules de s’envoler, comme des navires sur l’eau. Des navires célestes, si vous préférez. »
La pièce devint silencieuse.
« Si c’est le cas, pourquoi le Cygnar n’a-t-il pas utilisé cette technologie pour aider le Llael ? » Dit Ashlynn.
Magnus posa sa chope et se renfrogna. « Je suis un peu curieux à ce sujet moi-même. »
Stryker savait ce qui allait arriver, que ça mettrait à rude épreuve les nombreuses et fragiles alliances qu’il avait forgées avec les gens dans cette pièce. « La simple vérité est que les navires célestes ne sont pas encore prêts. »
« je veux vous croire, Coleman », dit Ashlynn. « Je veux croire que le Cygnar utilisera cette arme pour défendre le Llael. Peux-tu me promettre ça ? »
« Je peux tout promettre dans ce conflit », dit Stryker, « mais ce que j’essaie de vous dire à tous, c’est que le Khador pourrait déjà avoir cette arme. S’ils sont plus en avance que nous dans son développement, cela mettra en danger ou même condamnera le prochain siège de Merywyn. »
Stryker laissa mijoter un instant, cela eu l’effet souhait.
« Comment savez-vous cela Coleman ? » Demanda Magnus en fronçant les sourcils. Il était généralement celui qui était au courant, celui qui détenait les informations que personne d’autre ne possédait. Stryker essaya de ne pas se réjouir d’avoir enfin surpris son ancien mentor.
« Nous avons depuis un certain temps que le Khador pourrait avoir une compréhension de cette technologie », déclara Stryker. « L’ingénieur ayant créé les concepts initiaux, eu, a fait défection et a pris contact avec le Kommandeur Strakhov. Lui et ses plans ont été récupérés, mais nous ne savons pas quels secrets il a partagé avec les khadoréens avant cela. »
Il est honteux de l’admettre à un groupe d’alliés. Cela fait passer le Cygnar pour un idiot au mieux et un inepte au pire.
« Et cette cargaison rhulique dont vous avez parlé », dit le Maréchal Gearheart. « Quelle est on importance ? »
« Je l’ai examinée. Cela signifie que les recherches du Khador sur la navigation aérienne a abouti et atteint un point proche ou dépasse nos propres progrès. »
« Je pense que je comprends la situation, mais que proposez-vous de faire à ce sujet ? » Demanda Lukas di Morray.
« J’ai besoin d’avertir Caspia, et j’ai besoin qu’ils fassent décoller nos navires célestes. C’est la seule chose qui pourrait empêcher le Khador de lancer la leur. »
« Je croyais que vous aviez dit qu’ils n’étaient pas opérationnels ? » Déclara
Ashlynn.
« Non, ils volent, mais ils ne sont pas prêts pour le combat », déclara Stryker. « Les khadoréens ne le savent pas, cependant, et si l’un d’eux survole Merywyn, cela pourrait les dissuader, nous donner le temps de frapper durement Merywyn. »
« Comment peut-on faire passer un message à Caspia ? » dit Magnus. « Il n’y a pas un télégraphe en état de marche dans un rayon de huit cents kilomètres. »
Stryker considéra cela. « Capitaine Swift, jusqu’où vos hommes-fusées peuvent-ils voyager avant d’avoir besoin de faire le plein ? »
Elle secoua la tête. « Ça ne marchera pas. On a peu de portée. Quelques kilomètres au mieux, et avec nulle part où se ravitailler, vous feriez mieux d’envoyer un cavalier. »
le Maréchal Gearheart se pencha et chuchota quelque chose à Lukas di Morray. Les sourcils du Légat Aurum s’élevèrent et il toussa, comme si Gearheart l’avait surpris.
« Messieurs, ce n’est pas le moment de chuchoter des idées », dit Stryker. » Si vous avez une suggestion, veuille la partager. »
Lukas di Morray s’éclaircit la voix. « La Garde du Creuset a une technologie qui vous permettrait d’envoyer un message à une de nos enclaves à Caspia presque instantanément. »
Une vague d’excitation et de soulagement déferla sur Stryker. « C’est une excellente nouvelle. Où est-elle ? »
« Eh bien, c’est le problème, Seigneur Général », dit Gearheart. Il avait ce même regard excité dans les yeux que Stryker avait vu sur le champ de bataille. « Mais il n’est pas insurmontable. »
« Est-ce que l’en d’entre vous va lâcher le morceau ? » Dit Magnus.
Luka di Morray soupira. « La technologie est à la Forteresse du Tonnerre, l’ancien quartier général de la Garde du Creuset à Leryn. »
Stryker maintenant comprenait. Leryn était sous le contrôle de la Croisade du Nord du Protectorat de Menoth. « Alors nous ne pouvons pas y accéder. Je ne vais pas attirer le Protectorat dans ce conflit. »
« J’ai des rapports selon lesquels la forteresse n’est pas bien gardée et le Protectorat a peu de connaissances de ce qui s’y trouve », dit Gearheart. « Une petite force déterminée pourrait prendre la forteresse, accéder à l’équipement du Relais Éthéré et envoyer votre message avant que les menites ne sachant ce qui les a frappés. »
« Je ne peux pas engager de troupes cygnaréennes dans une telle entreprise. Le Protectorat verra cela comme un acte de guerre », déclara Stryker, frustré d’avoir une splendide solution à portée de main mais toujours hors de portée. »
« Je vois plus que de simples chefs cygnaréens ici », déclara Ashlynn. « Je vois la Résistance, je vois la Garde du Creuset et je vois des mercenaires. »
« Gearheart rayonna. « En effet, Maréchal d’Elyse. »
« Combien d’hommes vous faudrait-il ? » Demanda Ashlynn à Gearheart.
« Une petite force d’hommes-fusées soutenue par, eh bien, quelqu’un comme vous, Maréchal, pourrait faire une brèche dans la forteresse, prendre par surprise ceux qui sont à l’intérieur, et ouvrir les portes. Puis, disons, cinq cents troupes terrestres soutenues par les Intercepteurs du Capitaine Mackay pourraient s’emparer de la forteresse.
« Ce n’est pas si mal », ajouta Magnus, ravivé. « Il semblerait que la Garde du Creuset reprenne sa propre forteresse soutenue par une poignée de Tête d’Acier. Aucun enchevêtrement politiques pour le Cygnar. »
Stryker apprécia également l’idée. « Ça pourrait marcher. Capitaine Keller, vous et vos Têtes d’Acier seriez-vous d’accord avec cela ? »
Le Capitaine Tête d’Acier haussa les épaules. « Pourquoi pas ? La paie est la même, non ? »
Quelque chose semblable à de l’espoir s’enflamma chez Stryker. « Maréchal d’Elyse, pouvez-vous organiser cette attaque ? »
Ashlynn fit un signe de la tête. « Je travaillerai avec le Maréchal Gearheart et l’Aurum Légat di Morray s’ils veulent bien de moi. »
« Indubitablement, Maréchal », déclara Gearheart.
« Nous avons une technologie avec nous permettant de recevoir un message mais pas d’en envoyer », ajouta Lukas di Morray. « je vais la mettre à votre disposition. »
« Alors nous avons une solution », dit Stryker, son enthousiasme tempéré par la colère d’Ashlynn. « Nous allons rester ici et attendre de vos nouvelles. »
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— 15 —
ASHLYNN OBSERVAIT À TRAVERS LA LONGUE-VUE la Forteresse du Tonnerre. La lune était pleine, de sorte qu’elle pouvait distinguer la majeure partie de la courtine sud et des tours qui la relient, et, plus important encore, l’immense porte.
Elle éloigna la longue-vue et se tourna vers le Capitaine Swift. La cheffe des hommes-fusées, avec cinquante de ses hommes s’étaient posés au sein d’une petite forêt à environ un demi-kilomètre au sud de la forteresse. Le mage balisticien Vayne di Brascio s’appuyait contre un arbre à proximité, sa cape et son chapeau masquant presque complètement sa forme.
« D’accord, revoyons ça encore une fois », dit Ashlynn. « Donne-moi le plan. » Swift déploya une petite carte dessinée à la main par le Maréchal Gearheart et Lukas di Morray.
« Porte principale ici », dit-elle en pointant du doigt la grossière carte. « Au-delà, la cour. Elle est de bonne taille avec beaucoup d’espace pour manœuvrer. Il y a un atelier ici à côté de la courtine qu’ils utilisent probablement comme caserne. »
Ashlynn s’accroupit et désigna un grand groupe de bâtiments niché contre le mur ouest. « Et ça ? »
« Quartiers de vie. Un réfectoire, une cuisine, ce genre de vie. La forteresse est en grande partie souterraine. Tous les ateliers et laboratoires en tout cas. »
« Avons-nous une idée du nombre et du type de troupes présentent à l’intérieur ? » Demanda Vayne di Brascio.
« Certains », répondit Swift. « Nous avons des rapports indiquant que le Protectorat a retiré une bonne partie des forces présentent à Leryn, y compris des soldats tenant le donjon. Nous estimons à une compagnie de Garde de la Flamme soutenue par un peloton de chevaliers Exemplaires. »
Ashlynn avait l’expérience de la lutte contre et avec le Protectorat de Menoth lorsque leurs objectifs contre le Khador se rejoignaient. Elle savait que la Garde du Temple était une infanterie armée de lance et les chevaliers Exemplaires d’habiles épéistes. « Pas beaucoup de puissance de feu à distance alors, non ? Ça va aider. »
Swift roula la carte et la rangea. « Ils nous submergeront dès que nous aurons atterrit. L’armure exemplaire est une armure lourde, et nos carabines pourraient ne pas être à la hauteur. Nous aurons besoin de vous et du Capitaine di Brascio pour en retenir le plus possible pendant que nous nous occuperons de la porte. »
Ashlynn souhaitait avoir un ou deux warjacks, mais Soldat attendait plus loin dans la forêt avec le Capitaine Eira Mackay, Reece Keller et cinq cents cavaliers Tête d’Acier. Quand les portes seront ouvertes, ils entreront en trombe et, avec un peu de chance, submergeront le Protectorat. « Nous nous chargeons des chevaliers. Vous empêchez la Garde de la Flamme de nous submerger au début et ensuite, vous ouvrez cette porte. »
« Je vais transporter le Maréchal », déclara Swift en se tournant vers un homme-fusée costaud. « Moreland, tu prends le Capitaine di Brascio. »
Le mage balisticien haussa les sourcils. « C’est à plus d’un demi-kilomètre. Tu peux vraiment nous mener aussi loin ? »
Swift sourit dans le noir. « Nous n’avons encore laissé tomber personne. »
Di Brascio ne sembla impressionné. « C’est bien. Je n’aimerais pas être le premier, si vous voulez bien. »
Swift gloussa en tournant un cadran à sa ceinture. Ses fusées prirent vie. La lueur cramoisie de cinquante autres fusées illumina la forêt, et il fut temps de s’envoler.
. . .
ASHLYNN SE PRÉPARA À L’IMPACT alors qu’elle et le Capitaine Swift tombaient du ciel nocturne. La cour s’approchait d’elle avec une vitesse terrible, et elle sentit Swift ajuster frénétiquement les cadrans de sa ceinture pour ralentir leur descente.
Le fait que le sol se précipitait vers elles était le moindre de leurs problèmes. La Garde du Temple se déversaient du groupe de bâtiments à l’ouest de la cour. Leurs lances ardentes répandant une horrible lueur rouge sur le sol et les pavés.
Les fusées de Swift s’enflammèrent, ralentissant suffisamment leur descente pour que l’impact passe d’une fracture d’os à un simple claquement de dents Ce fut encore assez dur pour déclencher le champ d’énergie d’Ashlynn, et il s’épanouit autour d’elle alors qu’elle dégainait son épée et son pistolet contre la marée approchant de soldats du Protectorat.
Tout autour de ses hommes-fusées se posèrent, et le bruit de leurs carabines remplit la cour. La pluie de balles ralentit l’avance de la Garde des Flammes, et ils formèrent le mur de boucliers pour contrer l’assaut.
Le rugissement sourd des pistolets cinémantiques de Vayne di Brascio retentit tout près, et un soldat du Protectorat s’effondra avec un trou fumant à travers son bouclier et son casque.
« Foncez vers cette porte », cria Ashlynn à Swift, tirant de son canon à main, faisant tomber un autre Gardien de la Flamme.
Swift couru vers la massive porte en pierre et en acier, faisant hurler ses carabines, explosant les jambes de deux Gardiens de la Flamme se précipitant pour l’intercepter. « Escouade hommes-fusées une et deux, aux portes. »
Ashlynn jeta un coup d’oeil en direction de la porte. L’ouverture et la fermeture de l’énorme porte n’était pas clair, mais il y avait une guérite à proximité. Le Capitaine Swift et ses hommes-fusées se battirent pour y arriver, déchargeant leurs carabines sur une petite unité de Gardien de la Flamme protégeant le bâtiment.
Elle ne pouvait pas se concentrer dessus. Deux des Chevaliers Exemplaires se déplaçaient pour l’engager, avançant résolument à travers la Garde de la Flamme alors qu’elles tentaient de reformer le mur de bouclier. Un autre chevalier courut vers le Capitaine di Brascio. Ashlynn savait que les Chevaliers Exemplaires étaient de terrifiants épéistes ; leurs lames antiques enchantées pouvaient facilement faire le poids face à des armes mékaniques.
Les deux chevaliers se précipitèrent, l’un frappant haut, l’autre bas. Elle parvint à parer la frappe haute et se tordit sur le côté pour permettre à son champ d’énergie et à son armure d’absorber la majeure partie du second coup. Ils le firent, mais l’impact lui coupa le souffle et l’a fit tituber.
Les chevaliers s’avancèrent implacablement. Leur habilité et leur vitesse étaient impressionnantes. Cette fois, le premier tenta une frappe montante, rapide et puissante, synchronisée presque parfaitement avec le propre coup vers le bas d’Ashlynn. Les lames se rencontrèrent, sonnant ensemble, et le chevalier tenta de transformer sa frappe en riposte. Mais Ashlynn fut plus rapide. Elle fit rouler son poignet, transformant une parade en une fente, et enfonça la pointe de Némésis à travers la visière du chevalier et de son crâne.
Trente des soldats de la Garde du Creuset rompirent les rangs pour rejoindre leur capitaine, laissant une vingtaine d’autres derrière eux. Ashlynn se déplaça devant eux ; Vayne di Brascio se déplaça pour la rejoindre.
« Retenons-les, Capitaine », dit-elle.
« C’est ce que nous faisons, oui. C’est un honneur de me battre à nouveau à vos côtés, Maréchal d’Elyse », déclara-t-il en arrachant son sabre mékanique de son fourreau.
La ligne de Gardien de la Flamme avança lentement, leurs lances ardentes se levèrent, le mur de boucliers formés. Derrière eux, une autre menace se profilait, les formes aux armures ornementées de cinq Chevaliers Exemplaires. L’élite du Protectorat se frayait un chemin parmi les rangs de leurs frères mineures, chacun tenant une mortelle arme antique.
Ashlynn invoqua et déclencha un tourbillon de vent violent. Il dispersa la formation de la Garde de la Flamme, tuant une demi-douzaine d’hommes et brisant le mur de bouclier.
Maintenant, elle chargea, retournant son canon à main et le saisissant comme une massue. Une poignée de Gardiens de la Flamme étaient isolés devant leurs rangs, et elle en embrocha un et en allongea un autre avec la crosse de son canon à main.
Vayne di Brascio tua un soldat du Protectorat d’une brève frappe, puis lui et Ashlynn virevoltèrent vers les hommes-fusées. Les soldats de la Garde du Creuset arrosèrent de balles afin de décourager les soldats du Protectorat de charger.
Elle para la seconde attaque du chevalier avec la crosse de son canon à main et trébucha en arrière, déséquilibrée. Lasse du duel, elle poussa sa capacité innée de warcaster lors son attaque suivante. Némésis s’élança, rapide et puissante, brisant les défenses de l’Exemplaire et mordant dans et à travers son armure d’épaule, l’abdomen et le cou. Il s’effondra dans un jet de sang artériel.
Ashlynn prit une rapide inspiration et jeta un coup d’œil au Capitaine di Brascio alors qu’il combattait son propre chevalier. Il para la lame antique de son ennemi avec son sabre, puis déchargea les deux canons de son pistolet cinémantique dans le ventre de l’Exemplaire, le faisant tomber. Cela donna à di Brascio le temps nécessaire pour recharger – il inséra deux autres cartouches dans son arme.
Ashlynn ramena son attention sur son propre danger. Les Gardiens de la Flamme, enragés ou enhardis par la mort de leurs saints chevaliers, chargèrent, leurs lances ardentes telle un taillis. Ashlynn repoussa les premiers, puis recula, invoquant à nouveau sa magie. Elle pouvait sentir ses réserves d’énergie arcanique diminuer, mais elle en avait assez pour au moins un autre sort.
Les runes se formèrent. Son corps s’emplit d’une marée électrique de force et de fureur. Elle s’élança vers la ligne d’ennemis, tranchant et repoussant, employant la crosse de son canon à main pour écarter les boucliers et abattre les guerriers derrière eux. Sa lame étincelant à chaque battement de cœur, à chaque coup de feu.
Les tirs de carabines des hommes-fusées retentirent, déversant une pluie de balles dans la ligne de Gardiens de la Flamme, mais ils se rapprochèrent, quel que soit le danger. Elle sursauta alors que la pointe d’une lance ardente perçait son champ d’énergie et incisait son flanc. Elle tua l’homme la maniant avec d’un coup vers l’arrière, et elle remercia Morrow qu’il ne s’agisse que d’une blessure mineure.
Au autre bruit s’éleva au-dessus de la cour, au-dessus de l’anneau d’acier et du retentissement des coups de feu, un grincement lent attirant l’attention de tout ceux qui étaient enfermés dans le combat. Les énormes portes s’ouvrirent et derrière elles, les sabots tonitruants des Têtes d’Acier en train de charger.
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LE CAPITAINE EIRA MACKAY ASSISE AU SOMMET de son Intercepteur sans Rails, regardant à travers une longue-vue. Les hommes-fusées avaient atterri dans la cour et les bruits de la bataille roulaient par-dessus les plaines sombres entre la Forteresse et la forêt.
Elle avait déplacé ses Intercepteurs jusqu’à l’orée des arbres, attendant que le Capitaine Swift et le Maréchal d’Elyse ouvrent les portes. Elle souhaitait quelques autres warjacks, mais tout ce que Croix-des-Fleuves pouvait se permettre était la Mule d’Ashlynn, Soldat, et un unique Suppresseur, un warjack lourd. Malgré cela, les cinq cents Têtes d’Acier derrière elle devraient suffire pour s’emparer de la forteresse.
« Elle est coincée maintenant », dit le Capitaine Reese Keller en contrebas, de là où il était assis, montant son cheval de guerre. Mackay détourna son regard de la lorgnette et le regarda. Le Capitaine Tête d’Acier n’était pas un bel homme, mais il semblait certainement modelé par une vie de violence et de guerre. Chaque trait, de ses cheveux coupés court à la pointe de sa barbe, exprimait une difficile vie de constant mouvement et de campagne. Pourtant, il y avait toujours un encouragement pour lui, une légèreté que Mackay avait rarement rencontré chez une mercenaire.
« Le Maréchal d’Elyse ? » Demanda Mackay. « Tu combats à ses côtés depuis longtemps. »
« Assez longtemps », répondit Keller. « J’ai ma part de nobles et d’aristocrates, mais celle-là », dit-il en riant, « elle n’a pas peur de se salir les mains. Bien et salement. Même un mercenaire comme moi peut l’apprécier. »
Mackay n’avait jamais servi avec le chef de la Résistance, bien que chaque homme et femme llaelais connaisse Ashlynn d’Elyse et le prix que sa famille avait payé lorsque le Khador a envahi le Llael. « C’est une grande cheffe. C’est un honneur de combattre à ses côtés, je dis. »
Keller la regarda et sourit. « Je ne sais si c’est un honneur, mais par les dents de Thamar, c’est amusant. »
Mackay reporta son attention sur la lorgnette. Elle commençait à s’inquiéter du fait que le Capitaine Swift et ses hommes-fusées ne pourraient ouvrir les portes avant que le les forces du Protectorat présente à l’intérieur ne les submergent. Puis les portes s’entrouvrirent, la lueur d’une centaine de lances ardentes se répandant à travers et sur le sol extérieur. Puis les portes s’ouvrirent en grand, et Mackay remarqua la mer de combattants à l’intérieur de la cour, la plupart d’entre eux portant les couleurs et les armures du Protectorat. Au centre de ce bourbier d’ennemis se trouvaient Ashlynn d’Elyse, sa lame tournoyant et étincelant contre les boucliers et les lames.
« Brave Morrow », souffla Mackay. « Les portes sont ouvertes ».
La voix du Capitaine Keller, profonde et claire s’éleva par-dessus le grondement des Intercepteurs sans Rails de Mackay. « Têtes d’Acier, il est temps d’être payé ! »
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À L’INTÉRIEUR DE SON INTERCEPTEUR, MACKAY avait une vision limitée du monde extérieur. L’étroit hublot ne lui permettait de voir que ce qui était juste devant elle. Elle avait appris à employer ses warjacks comme des yeux, lui permettant d’utiliser les armes de son Intercepteur avec plus de précision. Elle regardait à travers les relais optiques du warjack Suppresseur se déplaçant le long de son véhicule. Cela lui apportait une image claire de la bataille à venir.
Les portes de la Forteresse du Tonnerre étaient ouvertes, et elle eut le souffle couplé en voyant l’ancienne demeure de son ordre si proche. Cela faisait des années qu’elle n’avait plus parcouru ses couloirs et aider à développer de nouvelles technologies dans ses laboratoires et ateliers. C’était son foyer, mais le Khador – et maintenant le Protectorat – lui avait volé.
Une vieille colère s’enflamma à nouveau, et elle poussa son Intercepteur vers les portes, lançant un projectile de feu alchimique de son canon. L’explosion passa par-dessus les têtes des Têtes d’Acier et les murs de la Tonnerre, explosant à l’intérieur d’un groupe de Gardien du Temple de la Flamme. Les flammes verdâtres de son tir d’artillerie se mêlèrent un instant au rouge flamboyant des lances de la Garde du Temple, puis les consumèrent.
Mackay sourit. La Garde du Creuset était de retour chez elle.
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ASHLYNN PROTÉGEA SES YEUX de la fureur ardente du brasier alchimique et se détourna des cris d’agonie alors que ce brasier consumait ses cibles.
Le projectile de l’Intercepteur de tête, probablement celui du Capitaine Mackay, permis de dégager la zone autour d’elle, mais au moins une centaine de soldats du Protectorat restaient dans la cour. Elle chercha Vaine di Brascio, le vit se battre avec deux Chevaliers Exemplaires et s’élança l’aider. Alors qu’elle approchait du mage balisticien, elle ressentit la présence de Soldat dans son esprit alors que le warjack revenait à portée de contrôle.
Te voila, pensa-t-elle en regardant à travers les yeux du ‘jack. Elle vit les portes ouvertes de la Tonnerre et un rassemblement d’hommes-fusées combattant désespérément un groupe de Gardiens de la Flamme. Rentre dans le lard.
Elle attendit de sentir la masse de combat de Soldat écraser un bouclier du Protectorat et l’homme derrière lui avant de laisser le ‘jack œuvrer seul.
Ashlynn couru pour rejoindre le Capitaine di Brascio, luttant face aux lames étincelantes des deux Chevaliers Exemplaires. Elle avait rechargé son canon à main et s’arrêta un instant pour tirer dans le dos du premier chevalier. Il tomba sur son compagnon, le déséquilibrant et offrant au Capitaine di Brascio l’ouverture dont il avait besoin. Le mage balisticien décapita le menite et ensuite commença à recharger son pistolet cinémantique.
D’autres Gardiens de la Flamme se déversèrent des bâtiments est et Ashlynn commença à se demander si les rapports de la Garde du Creuset sur une forteresse « sans personne » étaient corrects.
Puis le Capitaine Keller et ses Têtes d’Acier déboulèrent dans la cour en une vague tonitruante d’acier et de cheval, et cela ne semblait pas avoir d’importance. Leurs longues haches firent une épouvantable moisson contre les soldats du Protectorat, fendant boucliers et crânes avec une atroce facilité.
Pour la première fois en une heure de combats, Ashlynn n’eut aucune cible, personne à tuer. Elle observa le carnage se dérouler autour d’elle, tandis que les corps ennemis s’accumulaient, elle réalisa qu’ils avaient gagné.
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DES CORPS, PRINCIPALEMENT DES SOLDATS DU PROTECTORAT jonchaient la cour, et Eira Mackay fut reconnaissante que leurs propres pertes soient légères. Huit hommes-fusées semblaient un petit prix pour la reprise de la forteresse où leur ordre était né.
Elle marchait à côté de son warjack Suppresseur Ses giclées pyrodrauliques avaient contribué à mettre définitivement fin à la bataille. Elle se sentait un peu nue hors de son Intercepteur. La protection de ce cocon en métal rendait la bataille et ses conséquences plus supportables. Elle s’approcha du Maréchal d’Elyse conversant avec le Capitaine Keller.
« Enfermez les survivants dans cet atelier », déclara Ashlynn en désignant un bâtiment bas en pierre avec une robuste porte. « Nous trouverons quoi faire avec eux plus tard. »
« Vous voulez que j’en interroge quelques-uns ? » Demanda Keller.
Mackay rit. « Vous avez déjà essayé d’interroger un fanatique, Capitaine ? Vous obtiendrez plus d’informations d’une pierre. De plus, je peux vous dire ce qui doit arriver ensuite. »
« Je vous en prie », déclara le Maréchal d’Elyse. Elle repoussa une touffe de cheveux ensanglanté de ses yeux et ensuite l’attacha avec un bout de ficelle. « Vous pensez que nous avons d’autre combats à mener en bas ? »
« Possible, mais je m’attends pas à ce qu’ils gardent l’équipement du Relais Éthérique. Ils ne sauraient pas à qui ça sert, et ça ne ressemble à rien. »
Ashlynn sorti son épée et son pistolet. « Trouve-toi une arme. J’aimerais que vous veniez avec nous en bas, Capitaine Mackay. Keller, occupez-vous des choses ici, et voyez si le Capitaine Swift a besoin d’aide.
« Tout de suite, Maréchal », répondit le Capitaine Tête d’Acier et il s’éloigna. Mackay remarqua que son ton était moins assuré lorsqu’il s’adressait au Maréchal d’Elyse. Elle écarta un homme-fusée à proximité.
« Donne-moi ta carabine, soldat », dit-elle, et l’homme lui remis son arme. Elle vérifia le magasin, et tira le percuteur. « Très bien. Je suis prête, Maréchal. »
. . .
LE CAPITAINE MACKAY AVAIT RAISON, nota Ashlynn. Ils trouvèrent l’équipement du Relais Éthéré dans une salle de travail vide au premier niveau souterrain. Ashlynn s’était attendue à une résistance supplémentaire, mais il semblait que le Protectorat avait jeté tout ce qu’ils avaient dans la cour.
La machine n’était pas grande ; elle tenait sur une seule table de travail et ressemblait un peu à un télégraphe ordinaire. Mais c’était évidemment plus que cela, cependant. Des tubes remplis d’un liquide jaunâtre dépassait du haut, et des tubes en cuivre saillaient de ses côtés et montaient au plafond. Un jeu de touches, comme celles d’une machine à écrire, était intégré à l’avant.
Le Capitaine Mackay se rendit à la machine et cliqua sur quelques-unes des touches. Un faible bourdonnement emplit la pièce, et Ashlynn détecta la subtile odeur de l’ozone.
« Donnez-moi la lettre », dit Mackay. « Je vais l’envoyer à l’enclave du Creuset d’Or de Caspia. »
Ashlynn remit la lettre manuscrite que Stryker lui avait confié. Naturellement, elle l’avait lu. C’était comme il l’avait dit : un appel désespéré à la couronne pour qu’elle avance la date de l’assaut sur Merywyn et une demande que le premier navire céleste soit lancé, prêt au combat ou non.
Mackay saisit les mots dans le Relais Éthérique et appuya sur une touche de plus. Il eut un bruit, comme l’explosion d’un moteur à vapeur d’un warjack, puis Mackay se tourna vers elle et dit : « C’est tout. Espérons simplement que quelqu’un écoute. »
— 16 —
JE N’AI JAMAIS VU UN GUERRIER RHUL, dit Horgrum en se grattant les excroissances pierreuses sur le menton. « Ce sont de féroces guerriers ? »
Magnus étouffa un rire. Le tireur embusqué était n’était qu’enfer et sang avec son énorme fusil Raevhen Expresse, mais dire qu’il manquait de grâce sociale était un euphémisme. Son observateur, le Sergent Sharp, le reprenait généralement, mais l’homme se remettait toujours des blessures qu’il avait reçues à Rynyr.
« Eh bien, pour commencer, ils sont appelés rhulfolk ou nains. Et oui, ils peuvent être de formidables guerriers, mais nous n’allons pas les combattre juste parler. »
Horgrum acquiesça. « Je comprends. »
Il s’arrêta et regarde derrière lui les pionniers et les Chevaliers-Tempêtes les suivants. De plus, deux warjacks Chasseur suivait Magnus le long du Fleuve. « Peut-être que je ne comprends pas. Nous avons amené beaucoup de soldats. »
« Eh bien, c’est dans le cas où la discussion tourne mal », dit Magnus en claquant le trollkin sur l’épaule.
Ils s’approchaient du site de ce qui était autrefois un blocus et de ce qui était maintenant le théâtre d’une récente bataille. Certains des arbres proche du rivage brûlaient et Magnus remarqua des tas de cadavres khadoréens et pas mal de cadavres cygnaréens. Deux péniches rhuliques et une paire de canonnières cygnaréennes flottaient côte à côte sur le fleuve, comme pour se protéger mutuellement.
Trois Lames-Tempêtes descendirent la rue vers eux, et magnus vit que le Capitaine Adkins était parmi eux. Le Chevalier-Tempête ne portait pas son casque ; un bandage recouvrait le haut de sa tête. Des traces de sang séché sur son visage.
« Major Magnus », déclara Adkins.
Magnus leva la main pour arrêter la centaine de soldats qu’il avait amenés avec lui. « Vous allez bien, Capitaine ? On dirait que vous avez pris un coup sur la tête. »
« Très bien, monsieur, un tireur embusqué khadoréen contre du bon acier cygnaréen. L’acier a gagné. »
Horgrum renifla. « Vous avez de la chance que les tireurs embusqués humains soient de si mauvais tireur. »
« Merci … soldat », déclara Adkins, l’air perplexe sur son visage. « Il secoua la tête. « Désolé, monsieur, mais pourquoi avez-vous amené tant de soldats avec vous ? »
« Le Seigneur Général veut obtenir ce que ces rhulfolk transportent. D’une manière ou d’une autre. »
« Monsieur, je ne pense pas que ce sera nécessaire. Des envoyés du Seaforge sont en route, et le, euh, capitaine du Corps des Fusiliers qui a combattu avec nous – nous a vraiment sauvé la vie – est un individu persuasif. Il encourage un contrat avec le Cygnar. »
« Eh bien, ce sera facile, n’est-ce pas ? » répondit Magnus. « Maintenant, emmenez-moi auprès de ce capitaine. Horgrum ici présent veut voir un Rhul avant que ses pierres de menton ne tombent.
. . .
ADKINS MENA MAGNUS À LA PLAGE, où les soldats rhuliques et cygnaréens étaient mélangés. Un unique ogrun, énorme et imposant, se détachait parmi les nains et les humains.
« Là, c’est le Lieutenant Murgan », dit Adkins, montrant l’ogrun. « C’est l’aide de camp du capitaine rhulique dont je vous ai parlé. »
Il fit une pause. « là-bas. Le Capitaine Vornek. »
« Ces rhulfolks sont … Très petits », déclara Horgrum.
« Ne te laisse pas berner par cela », répondit Magnus. « Ils sont forts et presque aussi résistants que ton peuple. »
Magnus se tourna vers l’un des sergents pionniers qu’il avait amenés avec lui. « Faite venir les médecins avec nous pour travailler et surveiller la route. »
Le sergent salua et commença à relayer les ordres de Magnus.
Ensuite Magnus dit : « Présente-moi, Adkins. Horgrum, installe-toi dans la broussaille, là. Je veux que toi et ton fusil gardiez l’oeil ouvert. »
Adkins escorta Magnus jusqu’au fleuve où le capitaine nain assis sur une caisse, fourrant des feuilles de vernonia dans la bouche. Son armure et son équipement étaient du Corps des Fusiliers, mais tous deux semblaient bien usés. L’ogrun, debout à côté de lui, grisonnant et expérimenté d’après son apparence, semblait plus éduqué, plus calme.
« Capitaine Vornek Blackheel », dit Adkins, « voici le Major Magnus. Il est venu parler des termes au nom du Seigneur Général et de la couronne cygnaréenne. »
« Alors, c’est toi Asheth Magnus ? » Déclara le capitaine nain. « J’ai entendu parler de toi. »
Magnus fixa le soldat rhulique et sourit. « Eh bien, j’ai mené une vie mouvementée. »
Le nain cracha un jet de jus de vernonia au sol. « Tu es plus vieux et maigre que je ne le pensais, même avec cette armure. »
L’ogrun s’éclaircit fortement la gorge et regarda le Capitaine Vornek et fixa le Capitaine Vornek du regard.
Magnus secoua la tête, essayant de ne pas s’emporter. « Le Capitaine Adkins me dit que vous avez sauvé ses hommes. »
« C’est vrai », déclara Vornek, « bien qu’il se soit bien acquitté. Pour un humain. Tu as beaucoup de soldat avec toi, Major Magnus. »
« Nos ennemis apparemment communs nous ont attaqués. Le seigneur général pense qu’il est sage de renforcer nos rangs pour une protection mutuelle. »
Magnus savait que le capitaine reconnaîtrait le mensonge, mais le dénoncerait-il ?
« Alors, tu veux notre cargaison ? » Demanda Vornek.
« Nous voulons t’aider à remplir ton contrat, Capitaine, maintenant que le Khador a violé ses conditions », déclara Magnus. « Pour l’honneur et la réputation de votre illustration compagnie et aussi pour maintenir une relation favorable avec la couronne cygnaréenne. »
Magnus haussa les sourcils en prononçant la dernière partie. Ce Capitaine Vornek n’était pas un imbécile ; il savait que le Rhul jouait un jeu dangereux en traitant avec le Khador et le Cygnar. Magnus avait assez de troupes ici simplement pour prendre la cargaison, mais il ne voulait pas en arriver là, il devait donc donner au Cartel Seaforge un moyen de lui donner la cargaison et ne pas perdre la face dans le processus.
Vornek ricana et cracha. « Honneur et réputation, oui ? Eh bien, moi et les miens sommes un peu à court sur ce point, donc je suis censé attendre que les envoyés du Seaforge prennent cette décision. »
Magnus fit un signe de tête. « Ils vous ont confié cette cargaison, j’ai donc supposé que vous auriez l’autorité de traiter avec moi. »
Le visage du capitaine nain se renfrogna. Magnus avait touché un point sensible. « Les rouges ont essayé de nous tuer, et mes supérieurs au Cartel n’ont pas jugé bon de nous envoyer ici avec rien de plus qu’un Avalancheur rouillé. Cela ne me donne peut-être pas l’autorité, mais c’est sûr que ça me donne le droit. »
« Capitaine », dit l’ogrun Murgan, « nous devrions peut-être attendre... »
Vornek repoussa le commentaire de l’ogrun. « Tu me paies ce que les khadoréens paient et tu peux vider les cales. »
Magnus lui tendit la main. « Capitaine, tu as un accord. »
« Merci les pères », déclara Vornek en saisissant la main de Magnus. « Maintenant, trouvons un foutu truc à boire. »
— 17 —
STRYKER PARCOURU LES TROIS RANGÉS de lourdes caisses dans l’ancien entrepôt à moitié calciné, ses murs criblés d’impacts de balles. Le bâtiment était en ruine, mais il était à l’écart de la route et il avait besoin de secret.
« C’est tout ? » Stryker se retourna. Derrière lui se tenaient le Major Magnus, le Major Maddox et les deux chefs de la Garde du Creuset, l’Aurum Légat Lukas di Morray et le Général Maréchal Baldwin Gearheart.
Magnus acquiesça. « Ça l’est, et bien plus que ce à quoi je m’attendais. Vous voulez nous dire ce que contiennent ces caisses, monsieur ? »
Stryker haussa les sourcils. « Vous n’avez pas regardé ? »
« Vous m’avez ordonné de ne pas le faire », dit Magnus en haussant les épaules.
« Quand cela ne vous a-t-il jamais arrêté ? » Stryker sourit et secoua la tête. « Oui, je vais le montrer à tous, bien que ce ne soit qu’un élément de la technologie que j’ai mentionnée. »
« Nous sommes tous très impatients de savoir pourquoi vous êtes si inquiet », déclara Lukas di Morray.
« Et vous pourriez partager cette merveilleuse technologie avec certains alliés », ajouta Gearheart, sans prendre la peine de cacher son impatience.
Stryker ignora la question pour l’instant. « Beth, pouvez-vous me donner un coup de main ? »
À part lui, seul le Major Maddox portait actuellement l’armure de warcaster.
« Bien sûr », dit-elle.
Stryker arracha le couvercle de l’une des caisses et les chefs militaires rassemblés se pressèrent pour jeter un coup d’oeil. Comme il l’avait vu dans la cale de la péniche naine, la caisse contenait une douzaine de cylindres métalliques trapus, de couleur or, avec une écriture rhulique sur le côté. Chacun ayant à peu près la taille d’un petit tonneau.
« Prenez-en un, Major », dit-il à Maddox.
Elle le regarda curieusement puis plongea dans l’une des caisses. « Le cul de Thamar, c’est lourd », s’exclama-t-elle en sortant l’un des objets.
« Maintenant », déclara Stryker. « Mais concentre-y ton énergie arcanique, comme tu le fais avec un warjack. »
« D’accord, mais je ne vois pas comment ... » Maddox s’interrompit. « Attendez. C’est plus léger. Je ne comprends pas. »
« Continue à te concentrer », déclara Stryker. « Donne-lui encore quelques secondes. »
L’entrepôt était silencieux. Tous observaient attentivement Maddox. La première fois que Stryker avait vu ce qui allait se passer, cela l’avait choqué, voire impressionné.
Maddox glapit de surprise tandis que le cylindre flottait hors de portée. « Par le nom de Morrow ? »
Stryker saisit le cylindre et le repoussa au sol. Il y eut une légère résistance mais pas énorme. Une fois qu’il enleva la main de l’objet, il se stabilisa et demeura au sol.
« Que s’est-il passé ? » Dit Lukas di Morray, ses yeux brillant de méfiance et de fascination. « Quelles sont ces choses ? »
« C’est compliqué, mais je vais vous expliquez les bases. Nous appelons cela un noyau d’entraînement, et il réagit lorsque le Major Maddox a employé sa turbine arcanique pour y impulser de l’énergie. Quand il a absorbé assez d’énergie arcanique, il repousse la gravité dans un sens, un peu comme s’il repoussait deux aimants ensemble. »
Les yeux du Maréchal Baldwin étaient aussi larges que des soucoupes, et il s’avança pour examiner le cylindre. « Quelle charge … ces cœurs d’entraînement peuvent-ils soulever ? »
« D’une source d’énergie de la taille d’une turbine arcanique ? » Répondit Stryker. « Pas beaucoup plus que ce que vous avez vu – assez pour soulever cent quatre-vingts kilogrammes. »
« Mais si l’on devait ajouter plus de puissance », demanda Lukas di Morray, « vous pourriez soulever quelque chose de plus grand ? »
« Exact », déclara Stryker. « Nous l’appelons le Moteur Céleste, et nous avons perfectionné un moyen de faire passer d’immenses quantités d’énergie arcanique à travers ces noyaux, fournissant… eh bien, fournissant une portance essentiellement illimitée. »
« Au nom de Morrow, où Rhul a-t-il acquis cette technologie ? » Demanda Magnus. « La dernière fois que j’ai vérifié, ils déployaient pas de warjacks. »
« Je pense que ce que nous voyons ici, c’est que Khador remplit les blancs », déclara Stryker. « Strakhov a obtenu quelque chose de l’ingénieur qui a fait défection, mais ce n’était pas suffisant, alors ils se sont tournés vers le Rhul pour aider à terminer le processus. Il est possible que le Rhul ne comprenne même pas vraiment le but des noyaux d’entraînements qu’ils ont fabriqués. »
« Dites-m’en plus sur ce moteur céleste, Seigneur Général », déclara Lukas di Morray. La posture de l’homme était passée de fascinée à méfiante. De toute évidence, il en comprenait les implications.
« J’ai peu de ne pas pouvoir entrer dans les détails, Aurum Légat », répondit Stryker sachant qu’il était sur un terrain instable avec un allié dont il avait désespérément besoin, « parce que je ne comprends tout simplement pas la mékanique impliquée. C’est le domaine du Général Artificier Nemo, pas le mien. »
« Alors dites-nous ce que vous prévoyez de faire avec cet engin », déclara le Maréchal Gearheart. Ses yeux brillaient d’excitation. Il n’y avait aucune inquiétude chez cet homme ; tout ce qu’il voyait, c’était une nouvelle technologie, qu’il pouvait utiliser au combat.
« Comme je l’ai dit plus tôt, le but est de produire des navires célestes qui pourraient fournir un avantage inconnu jusqu’ici contre nos ennemis », déclara Stryker. « Ils pourraient également déplacer de grands nombres de soldats et détruire des cibles terrestres. »
« Ennemis ? » Déclara Lukas di Morray. « le Khador et le Cryx je suppose, mais vous avez un roi jeune, j’ai entendu dire qu’il était un peu téméraire. »
Il jeta un regard vers Magnus. « Avec une telle puissance, cette liste d’ennemis pourrait s’allonger. »
« Jules est un bon roi », répondit Magnus, la colère à peine dissimulée dans sa voix. « Il ne cherche pas à conquérir, il cherche à protéger l’Immoren occidental. Et cela inclus nos alliés. »
« Et si vos alliés ne veulent pas de cette protection ? » déclara di Morray, les joues rouges. La situation, remarqua Stryker, devenait incontrôlable.
Maddox dit : « Ils n’ont pas tort. C’est dangereux. Vous la savez. »
« Écoutez-moi tous, s’il vous plaît », dit Stryker. « Nous avons des problèmes plus important. Des problèmes plus immédiats.
« J’ai la sensation de remarquer un problème très grave et immédiat juste ici », déclara di Morray, en montrant les caisses de noyaux d’entraînement.
« Oui, je comprends ce que vous dites », répondit Stryker, en essayant de garder son sang-froid. « Mais s’il vous plaît, il y a une situation plus grave ici. »
« Alors, expliquez-le, s’il vous plaît », déclara di Morray.
« Nous n’avons atteint que récemment ce niveau de raffinement sur nos propres noyaux d’entraînement », dit Stryker. « Si ceux-ci sont destinés à Khador, alors ils sont prêts à les utiliser au même titre que nous. »
« Mais si le Khador a construit ses navires célestes, où sont-ils ? » Demanda le maréchal Gearheart. »
« Ces noyaux d’entraînements étaient destinés à Merywyn » expliqua Magnus. « S’ils construisent une sorte de super arme, le meilleur endroit par la déployer serait une ville qu’ils détiennent et proche d’une position stratégique ennemie. Corvis. »
Di Morray ouvrit la bouche puis la referma en clignant des yeux. « Je … vois ce que vous voulez dire par une situation plus grave. À quel point pourraient-ils être proche ? »
« Je n’ai aucun de moyen de le savoir », répondit Stryker. « C’est pourquoi il était primordial que je prévienne Caspia. »
« J’ai de bonnes nouvelles sur ce front, au moins », déclara le Maréchal Gearheart. « Nous avons reçu un message via le Relais Éthérique de la Forteresse du Tonnerre. Ils l’ont prise avec un minimum de pertes et ont envoyé votre message. »
Stryker prit une profonde inspiration et expira lentement. Le soulagement l’envahi, à la fois que son message ait été envoyé et que Ashlynn et les forces de la Garde du Creuset l’accompagnant aient survécu. »
« Ils ne pourront pas tenir la forteresse longtemps », déclara di Morray. « D’autres troupes marcheront certainement sur la Tonnerre et tenteront de la reprendre. Le Capitaine Mackay continuera d’envoyer votre message jusqu’à ce qu’elle reçoive une réponse ou qu’il ne soit plus sûr de rester à la Tonnerre. Peu importe ce qui arrive en premier, que ce soit bien ou mal. »
« Quelles sont les chances que quelqu’un écoute à l’autre bout ? » Demanda Stryker, son soulagement s’évaporant.
« Je ne peux dire. Il s’agit moins de transmettre le message à l’enclave de la Garde
du Creuset à Caspia et plus d’espérer que celui qui le reçoit comprenne l’urgence. »
« Il y a d’autres mauvaises nouvelles, Coleman », déclara Magnus.
L’utilisation de son prénom attira immédiatement l’attention de Stryker. « Dis-moi. »
« Le capitaine nain responsable de ces péniches à un œuf à peler avec le Cartel Seaforge. Il a été assez franc avec les informations sur sa cargaison, sa destination … et combien de fois les khadoréens en ont pris livraison. »
Le sang de Stryker se glaça. « Combien ? »
« Six. Tous des envois de cette taille ou plus grand. »
« La seule raison pour laquelle ils auraient besoin de tant de noyaux d’entraînement est qu’ils construisent plus d’un navire céleste … » Stryker déglutit. « Et s’ils étaient sur le point d’achever l’un d’entre eux.
« Qu’est-ce que cela signifie pour la Première Armée et le Seigneur Général Duggan ? » Demanda Maddox.
« Cela signifie que le Khador aurait le pouvoir d’araser Corvis, la Première Armée et tout ce qui se trouve sur leur chemin », déclara Stryker.
« Mais ils ne l’ont pas encore », répondit le Maréchal Gearheart.
« Non. » Irusk l’aurait utilisé.
« Quels sont vos ordres, Seigneur Commandant ? » demanda Magnus, et Stryker put voir dans ses yeux qu’il connaissait la seule voie qui s’offrait à eux.
« Nous abandonnons Croix-des-Fleuves et marchons sur Merywyn immédiatement », répondit Stryker. « Nous abandonnons la chronologie de la Première Armée, et le Seigneur Général Duggan pourrait ne pas être en mesure de mobiliser la Première Armée à temps pour nous aider, mais nous ne pouvons pas risquer que le Khador ne rende opérationnel ne fusse qu’un seul navire céleste. »
Lukas di Morray secoua la tête. « Nous sommes avec vous, pour l’instant, mais quand cette guerre sera finie – que les ascendants veulent que nous survivions – le Cygnar devra rendre compte de ce secret. »
Stryker hocha la tête avec lassitude. « Si. Si les ascendants veulent que nous survivions. »
— 18 —
LE KOMMANDEUR DU CORPS D’ASSAUT STRAKHOV ENTRA DANS MERYWYN comme s’il se rendait à sa propre exécution. Il avait campé son armée à l’extérieur des murs de la ville sur ordre d’Irusk. Il n’y avait pas de place pour les héberger à l’intérieur, mais leur présence aurait un effet dissuasif supplémentaire sur la Première Armée de Cygnar à Corvis.
Strakhov avait reçu une convocation personnelle d’Irusk quelques heures après son arrivée à l’extérieur de la capitale de Llael. La missive était courte et précise : Venez et venez seul.
Maintenant, il chevauchait le long de la rive ouest du fleuve, l’endroit que tous les llaelais fortunés avaient autrefois appelé leur foyer. Leurs maisons servaient désormais de logement personnel aux officiers ou aux soldats khadoréens. Il avait vu nombres de ces derniers en chemin, et tous le saluaient. A-t-il vu du dégoût ou de la répugnance dans leurs yeux quand il passait ou était-ce le poids de ses propres échecs qui pesait sur lui, étouffant sa confiance ?
Il atteignit le manoir qu’Iruk avait réquisitionné et, sans surprise, c’était le domicile le plus modeste du coin. Irusk n’était pas un homme se souciant beaucoup du luxe. Comme Strakhov, il était plus à l’aise avec la vie austère d’un soldat qu’avec le style de vie somptueux d’un aristocrate.
Strakhov descendit de cheval et se dirigea vers la porte d’entrée du manoir. Deux soldats de la Garde des Glaces l’ouvrit pour lui, et un court chemin de pierre menait à la porte d’entrée. Deux autres soldats l’escortèrent à l’intérieur dans un petit couloir, puis vers ce qui semblait être un bureau. Des livres tapissaient les murs et l’odeur du vieux papier, du cuir et du tabac à pipe emplissait la pièce.
Irusk – grand, droit, son uniforme impeccable – se tenait au centre de la pièce. Il tenait deux verres pleins d’un liquide clair.
« Kommandeur Strakhov », dit-il. « Merci d’être venu si rapidement. »
Strakhov fit un pas dans la pièce et la porte se referma derrière lui. La honte et la culpabilité montèrent dans sa gorge comme de la bile, et il les ravala, laissant la colère bouillonnante derrière les deux émotions les consumer complètement.
« Nous avons perdu Croix-des-Fleuves, Kommandant Suprême », dit-il. « Il y a eu des facteurs imprévus, mais je suis prêt à accepter les conséquences de mes actes. »
Irusk le fixa, son expression illisible, et prit l’un des verres.
« C’est du uiske rhulique », dit-il. « les nains connaissent leur métier. »
« Kommandant Suprême, n’avez-vous pas entendu ce que j’ai dit ? » Strakhov s’était préparé à la colère d’Irusk, pas pour boire du uiske avec lui.
« Oui, oui, je vous ai entendu. Maintenant, prends ce verre et bois ». Irusk laissa échapper un soupir irrité.
Strakhov accepta le verre d’uiske et, comme ordonné, le vida. Celui-ci lui brûla la gorge et lui réchauffa l’estomac. Il soutint le regard d’Irusk.
« Perdre Croix-des-Fleuves est regrettable, mais nous ne nous attendions pas à ce que la Garde du Creuset intervienne dans ce conflit. Eux et l’Ord se sont longtemps tenus à l’écart de ces guerres. »
Irusk se rendit à une table voisine où reposait une bouteille en cristal, grande, lourde et trapue, comme les rhulfolks. Il se servit une mesure libérale puis versa deux autres doigts à Strakhov. « Sirote-le cette fois. Il en vaut la peine. »
Strakhov se sentait plus confiant maintenant – Irusk avait reconnu l’attaque de la Garde du Creuset comme un facteur atténuant. « J’ai pensé qu’il était préférable de retirer mon armée ici, de renforcer les défenses de Merywyn, et de ne pas risquer des pertes catastrophiques. »
« Oui, je te l’accorde que tu as pris une décision difficile en amenant ton armée ici. C’était probablement la bonne. Croix-des-Fleuves est une perte supportable, mais tu as également échoué à récupérer la cargaison rhulique, et maintenant, j’ai appris qu’elle est tombée entre les mains des cygnaréens. »
Strakhov fit une grimace. « Oui, Kommandant Suprême. »
Il ne semblait pas y avoir grand-chose d’autre à dire. Il savait que ces noyaux d’entraînement étaient vitaux pour le Projet Broyeur de Nuage, et il n’avait pas réussi à les livrer. Cela, plus que Croix-des-Fleuves, serait probablement sa perte. Irusk but son uiske en silence pendant un moment, et Strakhov savait que le Kommandant Suprême le laisser mariner dans son mécontentement. Ensuite, Irusk déclara : « Cela aussi peut-être supportable. »
« Comment cela, Kommandant Suprême ? » Demanda Strakhov, confus et pris au dépourvu. Cela le força à admettre toute l’étendue de son échec. « Si je comprends les plans récupérés du traître cygnaréen, alors le Projet Broyeur de Nuage a subi un sérieux revers. »
Irusk sourit, un signe tout à fait désagréable. « Penses-tu que je serais assez stupide de n’avoir qu’une seule source pour un élément aussi vital pour nos plans ? »
« Non, Kommandant Suprême », répondit Strakhov. Irusk, il le savait, était un homme qui avait des plans dans des plans dans des plans. Même l’imprévu lui important souvent peu.
« Bien, maintenant bois ton uiske parce que j’ai quelque chose à te montrer. Quelque chose qui éclipse ton échec à Croix-des-Fleuves et restaurera … dirons-nous, ton esprit de combat. »
. . .
IRUSK LE MENA DANS UN QUARTIER DE LA RIVE lourdement patrouillé par la Garde des Glaces, en vérité, il en était saturé. Tous deux montaient à cheval, escortés par un peloton complet d’uhlans.
Irusk ne dit rien alors qu’ils passaient point de contrôle après point de contrôle jusqu’à ce qu’ils atteignent finalement une zone de nouvelle construction. Ils avaient construit un barrage sur le fleuve, créant ainsi un immense lit de rivière sec, sur un kilomètre de long et la moitié en largeur. À l’intérieur, des hommes pullulaient sur la forme colossale de … quelque chose.
« Là », dit Irusk, s’immobilisant au bord de l’immense espace.
Strakhov eu du mal à trouver des mots pour exprimer la crainte qu’il ressentait. Il n’avait jamais rien vu de tel. Au début, il pensa qu’il s’agissait peut-être d’une sorte de cuirassé, un grand voilier à coque de fer. Puis il réalisa qu’il était bien plus grand que tout ce qui existe dans la flotte de Khador, et qu’il n’avait pas de mâts. Sa forme était à peu près triangulaire avec un pont ou une superstructure à une extrémité et un long pont bas, comme celui d’une barge, s’étendant sur des centaines de verges. Deux colosses, peut-être trois, pouvaient parcourir ce pont avec aisance, les bras tendus, et ne pas s’approcher du bord.
Enfin, de façon ahurissante, le grand vaisseau flotta à trois mètres du sol. Sur son fond se tenaient un emplacement évident de canon et cinq curieuses demi-orbes protégées par un blindage. Strakhov laissa son regard se diriger vers le haut jusqu’à ce qu’il voie la moitié supérieure de ces orbes saillir sur ce qui allait devenir le pont du navire ou quoi que ce soit d’autre. Ces orbes supérieurs n’étaient solides mais d’étranges sphères de bandes rotatives contenant une pierre ou un cylindre incandescent.
« C’est … c’est Stormbreaker ? » souffla Strakhov. Il comprenait la technologie que le traître cygnaréen leur avait remise et il pensait comprendre son application. Mais cela, ce gigantesque et merveilleux mastodonte dépassait tout ce qu’il avait imaginé.
« Oui, le futur et le point final de cette guerre », répondit Irusk.
« La cargaison depuis Rhul », dit Strakhov. « Comment avez-vous progressé jusqu’ici sans elle. »
Irusk fronça les sourcils. « Comme je l’ai dit, j’ai une autre source. »
Strakhov s’efforçait de comprendre tout ce qu’Irusk lui disait. « Où ? Qui ? »
Irusk pointa le fond de l’énorme navire « Tu remarqueras peut-être certaines pierres archaïques incorporées dans la conception. »
Strakhov plissa les yeux et put distinguer un anneau de pierre noire, comme du basalte, parfaitement intégré dans les demi-sphères au bas de Stormbreaker. Il avait déjà vu cette sorte de pierre auparavant, dans la nature, constituant les étranges automates du Cercle Orboros.
« Quand sera-t-il prêt ? » demanda Strakhov, l’excitation l’emportant maintenant sur sa crainte et sa peur de la colère d’Irusk. Les possibilités d’une telle armes étaient enivrantes.
« Celui-ci dans une semaine », déclara Irusk. « Les deux autres, trois jours plus tard. »
« Deux autres ? »
Irusk souri, et c’était à la fois moins terrifiant et bien plus que ce qu’auparavant. « Oui, Kommandeur. Bientôt, nous commanderons les cieux, et alors… aucune nation ne pourra se dresser devant nous. »
elric:
— 19 —
LE GÉNÉRAL ARTIFICIER SEBASTIAN NEMO regardait une centaine d’hommes et de femmes se précipiter, tel des fourmis, sous un mastodonte d’acier flottant. Les éclats lumineux des torches à souder et la plus vive lueur d’arcs d’énergies galvanique projetaient leurs ombres en d’étranges et tortueuses formes sur le sol. Ils travaillaient sur une chose n’ayant jamais été, une merveille d’ingénierie et de compétence mékanique. Le navire céleste de classe Perce-Nuage S.S. Leto Raelthorne ressemblait à un navire de guerre de la marine cygnaréenne, bien qu’il soit considérablement plus grand. Il mesurait nonante et un mètres de la proue à la poupe, avec une largeur de quelque vingt-cinq mètres. Il possédait quatre ponts principaux et un pont supérieur suffisamment grand pour permettre à deux Murailles-Tempêtes de se côtoyer et d’avoir de la place. Sa forme était élégante, raffinée, un coin effilé inversé d’acier bleu et de laiton brillant, une puissante pointe de flèche prête à percer le ciel.
Le bruit de sa construction était une cacophonie bienvenue, et la musique de l’invention et de l’industrie résonnaient dans le gigantesque hangar. La conception du navire céleste n’appartenait pas entièrement à Nemo – d’autres avaient prêté leur expertise dans les détails banals de la coque, du blindage et de la structure – mais c’était ses compétences qui avait débloqué la réalisation ultime du navire céleste : le vol.
L’énorme turbine arcanique au sein de la coque du grand navire déployait une immense puissance dans les noyaux d’entraînement de l’engin. Ces composants, une fois chargés, résistaient à l’attraction de la terre elle-même.
« Général Artificier ? »
Nemo sursauta. Il était complètement absorbé par la prodigieuse machine devant lui. « Oui, qu’y a-t-il, Finch ? »
La Chasseuse de Tempête Finch était l’ombre armurée bleu de Nemo, une forge-tempête et un ingénieur qualifié et une grande aide pour Nemo. Ces jours-ci, c’est souvent elle qui faisait le travail pratique, transformant ses idées et ses théories en réalités réalisables.
« Monsieur, la portance est en baisse de vingt pour cent sur le navire céleste quatre », dit-elle, en baissant les yeux sur les notes qu’elle avait griffonnées au dos de son bras gauche.
Nemo sourit derrière sa moustache. C’était une habitude qu’elle lui avait prise ; ses avant-bras étaient souvent recouverts de marques de crayons gras lorsqu’il travaillait sur un projet. « As-tu vérifié les convertisseurs galvaniques ? Ces noyaux d’entraînements sont pointilleux sur leur énergie. Le voltage doit être parfait. »
Finch sourit timidement. « Je suis désolée, monsieur. J’aurais dû vérifier cela en premier. »
Il chassa son auto-admonestation. « C’est de l’innovation pure. Nous travaillons tous un peu dans le noir. Même moi. »
« Je m’y mets tout de suite », déclara-t-elle.
« Combien de temps avant qu’il ne soit armé ? » Demanda Nemo. Le conflit croissant pesait lourdement sur son esprit. Les rapports du Seigneur Général Stryker restaient éparts et souvent incomplets, car il semblait passer d’une catastrophe à l’autre. Indemne, bien sûr. Les navires célestes ajouteraient une dimension à la guerre qui pourrait leur assurer une rapide victoire.
Finch inspira par le nez. C’était un sujet avec lequel elle n’était pas à l’aise, il le savait.
« Crache le morceau », dit Nemo.
« Nous concentrons toutes nos énergies pour le faire décoller, monsieur. Nous avons mis de côté l’armement pour le moment. » Nemo acquiesça, bien que la nouvelle l’inquiéta. Une fois achevé. Le Perce-Nuage sera équipé de batteries d’Émetteurs-Tempêtes et d’une douzaine de canons, un véritable cuirassé du ciel. Pour l’instant, il n’était guère plus qu’une barge flottante surdimensionnée. « Je veux que ces canons soient prioritaire. Je vais te fournir de la main-d’œuvre. »
« Très bien, monsieur », déclara Finch, le soulagement inondant son visage. « Je vais m’occuper de ces convertisseurs galvaniques maintenant. »
Nemo fit un signe de tête et laissa partir Finch. Il s’appuya sur son accumulateur tempête, utilisant le surdimensionné Sceptre Foudroyant comme une canne. Il regrettait à devoir porter son armure de warcaster aujourd’hui. Elle pesait sur lui malgré la turbine arcanique qui la rendait plus légère et plus maniable. Il devenait trop vieux pour se promener en armure d’acier. Pourtant, le devoir l’exigeait, et il avait des apparences à conserver. Et il ne pouvait certainement pas se résoudre à demander une chaise pendant que ses mékano et assistants se tenaient debout pendant qu’ils travaillaient.
Une agitation à l’entrée du hangar attira l’attention de Nemo. Les immenses portes étaient ouvertes, laissant entrer le soleil de l’après-midi déclinant ; ils avaient prévu de sortir le navire céleste du hangar aujourd’hui, une fois la nuit tombée et d’effectuer quelques tests d’altitude.
Un petit homme trapu en armure de plaques ornée s’approchait. Il ressemblait un peu à warjack rabougri, avec des jambes arquées et un large torse. Le Général Galt Langworth était un soldat de carrière et bon dans son domaine. Il avait gravi les échelons de la Première Armée grâce à ses compétences et son esprit, et commandait maintenant les 2ᵉ et 5ᵉ divisions de la Première Armée ici à Corvis. Techniquement, Nemo était co-commandant des forces de Corvis, mais il avait peu de temps ou d’intérêt pour les affaires quotidiennes de l’armée.
Une garde d’honneur de dix Lames-Tempêtes flanquait le Général Langworth. Les chevaliers semblaient déplacés parmi la foule de mékaniciens et de forges-tempêtes.
« Général Artificier », Langworth le salua alors qu’il s’approchait. Il était quinze centimètres pus petit que Nemo, bien que si la différence de taille le dérangeait, il ne l’exprimait jamais. « J’ai des nouvelles de Port Bourne. »
Nemo haussa un sourcil. Quelque chose dans la voix de Langworth le troublait.. C’était assez étrange qu’il visite le hangar et n’envoie pas de messager. « Vous avez de mauvaises nouvelles, je suppose. »
Langworth hocha la tête. « Oui. Nous avons reçu un message du Seigneur Général Dugan, qui a reçu lui-même un message du Seigneur Général Stryker. »
« Stryker ? Comment ? Il n’y a plus un seul poteau télégraphique debout dans tout le Llael. »
« Il a eu l’aide du Creuset Doré. Ils ont utilisé leur propre technologie pour relayer le message. »
Nemo conserva cette courte information pour plus tard. Si le Creuset Doré avait un moyen de délivrer rapidement des messages sans avoir besoin d’un télégraphe, cela valait la peine d’être exploré. « Eh bien, ne me tenez pas en haleine. »
« Le Khador a obtenu la technologie Navire Céleste », déclara Langworth, le visage grave.
Si Langworth l’avait frappé au visage, le choc aurait autant achevé que l’effroyable nouvelle de l’homme. Ils savaient que le Khador essayait de réaliser la même technologie qui propulsait le propre navire céleste de Cygnar, mais d’après tout les rapports, ils étaient à des années de toute percée.
« C’est absurde », dit Nemo. « Nous l’aurions su. »
Bien sûr, ce qu’il ne pouvait se résoudre à avouer à voix haute, c’était que les informations provenaient toutes de leurs espions en Khador ; ils n’avaient jamais pensé à regarder en Llael.
« Langworth secoua la tête. « Je suis aussi déconcerté que toi Sebastian mais Stryker pense que ses renseignements sont bons. Mais c’est pire que ça. Il pense que le Khador a terminé ou presque terminé son propre navire céleste. Il marche sur Merywyn maintenant, et il a demandé que nous et le Seigneur Général Duggan fassions de même »
La bouche de Nemo s’ouvrit et il lutta pour trouver ses mots, une sensation totalement étrangère pour lui. Il se calma. Le comment n’avait plus d’importance.
« Tu es ici juste pour me dire ça ? »
« Non, Stryker a demandé que nous fassions décoller le Perce-Nuage immédiatement et que nous nous dirigions vers Merywyn. »
« Il n’est pas armé », déclara Nemo.
« Mais il va voler ? »
« Eh bien, oui », dit Nemo, « mais… » Il secoua la tête et soupira.
Langworth tendit la main et la posa sur le bras de Nemo. Ils n’étaient pas exactement amis, mais le général savait ce que le navire céleste signifiait pour Nemo. Langworth déclara : « Il peut transporter des troupes et des warjacks dans la ville une fois le siège débuté. »
« Et c’est un belier volant de nonante et un mètres si nécessaire », déclara Nemo, qui tapa la pointe de son accumulateur tempête sur le sol de frustration.
« Je ne voulais pas le dire », déclara Langworth, « mais si le Khador met même en vol un seul navire armé … » Il regarda la masse flottante du navire céleste cygnaréen « Nous savons tous les deux de quoi le nôtre est capable. Morrow sait ce que les leurs feront. »
« Il sera grand, blindé et transportera plus de foutu canons qu’une flottille de cuirassés. », déclara Nemo. Il regarda à nouveau le navire céleste. La plupart des travaux s’étaient arrêtés, les hommes et les femmes observaient fixement leurs deux généraux, des regards inquiets sur le visage. « J’aurai besoin de tous les Lames-Tempêtes que vous avez en réserve, plus un complément de warjacks lourds et au moins d’un des Hurricanes. »
« Que voulez-vous dire par « j’ai besoin » ? », demanda Langworth. « Tu ne vas pas embarquer sur cette chose. Tu voleras au milieu d’un siège et qui sait quoi d’autres. »
Nemo rit. « Si tu penses que tu lanceras le Perce-Nuage sans moi à bord… »
Il laissa filer la méchante chose qu’il s’apprêtait à dire. Ce n’était pas de la faute à Langworth, et s’en prendre à lui ne servirait à rien. « Galt, écoute-moi. Personne ne comprend mieux ces moteurs que moi, et personne ne peut piloter ce navire jusqu’à Merywyn.
Langworth détourna le regard, sa bouche travaillant comme s’il mâchait quelque chose de dur et rigide. Enfin, il s’exprima : « Eh bien, je ne peux pas t’ordonner de ne pas y aller »
« Non, tu ne peux pas », répondit Nemo, offrant au général un sourire fatigué. « Ce n’est pas exactement comme ça que j’envisageais le vol inaugural. »
Langworth lui tendit la main, rugueuse et calleuse après des années passées à tenir le pistolet et l’épée. « Bonne chance, Sebastian. Morrow soit avec toi. »
Nemo serra la main de Langworth. « Maintenant, donne-moi ce dont j’ai besoin. Je prévois qu’il soit dans les airs demain soir. »
Langworth hocha la tête et s’éloigna.
Nemo se retourna vers le navire céleste et cria : « Finch, tu ferais mieux de vérifier tous les relais galvaniques. »
— 20 —
« COMMENT ORLA A-T-ELLE ÉTÉ CAPTURÉE ? » Demanda le Lieutenant Gastone Crosse, gardant la voix basse malgré la terreur bouillonnant dans son ventre. Quelques-uns des autres clients de la taverne s’étaient détournés de leurs boissons pendant un instant pour le regarder, mais le Gorax Doré n’était pas exactement l’endroit où les gens se mêlaient des affaires des autres. C’est pourquoi il l’utilisait comme lieu de contact avec les différents hommes et femmes composant les forces de la résistance qu’il commandait au coeur de Merywyn occupée.
Le Sergent Havish Orril, qui avait annoncé la nouvelle, avait blêmi. Le soldat llealais semblait guindé et mal à l’aise avec l’uniforme qu’il avait l’habitude de porter à Tour Gris-vent. Il avait également l’air effrayé. Gastone se demanda si cela avait moins avoir avec la communication de mauvaises nouvelles à un officier qu’avec le pistolet à double canon orné à la hanche de Gastone. Pilleur d’Âmes et son effroyable réputation allaient de pair avec celle de Gastone.
« Nous avons fait une erreur », déclara le Sergent Orril. « On s’est un peu trop approché de la caserne près de la porte ouest. »
Gastone tendit la main vers le pichet de vin bon marché à sa table et versa une rasade au sergent. « Bois ceci et dis-moi ce qui c’est passé. » L’homme hocha la tête et vida le verre. « Ils étaient en état d’alerte pour une quelconque raison, se déplaçant comme une fourmilière en colère. D’habitude, il n’y a pas de soldats dehors si tard. Trop saouls ou trop paresseux pour patrouiller correctement.
Gastonne acquiesça. Cela coïncidait avec l’arrivée d’Orla. Il avait appris qu’elle était en ville, directement envoyée par le Colone Jarov de Tour Gris-vent, avec un message important pour lui. Le Lieutenant Orla Viadro avait combattu à ses côtés à Merywyn pendant des mois, ils avaient des sueurs aux rouges jusqu’à ce que Jarov la rappelle à Tour Gris-vent et la fasse alterner avec le prochain groupe de soldats. Le colonel avait fourni à Gastone autant de combattants qu’il avait pu et les avait fait entrer en douce dans la ville. « Continue. »
« Nous marchions près des casernes et … » Il jeta un coup d’oeil sur le pistolet de Gastone. « Je suis vraiment désolé, monsieur. Je l’ai conduite tout droit vers ces rouges. »
Gastone serra les dents. Orril était nouveau, et il avait passé la plupart de ses jours de soldat en tant que soldat llaelais. Se déguiser en combattant de la résistance lui était étrange – il n’avait pas encore développé la méfiance d’un guérillero chevronné. Gastone l’avait envoyé à la rencontre d’Orla pour plus de sécurité, car il était le seul disponible.
« T’a-t-elle dit ce qu’elle transportant ? » Demanda Gastone.
Orril acquiesça lentement. « Elle l’a fait, monsieur. Elle avait un message de Dame Ashlynn d’Elyse en personne. »
« Sang et enfer. » Gastone engloutit une gorgée de son propre verre et fronça les sourcils à cause du goût aigre. « Rassemble tous ceux que tu peux trouver et rejoignez-moi à l’entrepot dès que vous le pouvez. »
« Qu’allons-nous faire, monsieur », demanda Oril.
« Nous partons en mission de sauvetage. »
. . .
GASTONE ÉTUDIAIT LE PETIT GROUPE DE RÉSISTANTS dont il disposait. Ils se tenaient autour d’un brasero au milieu d’un entrepôt abandonné près des quais. C’étaient de bons soldats- d’anciens de l’armée llaelaise, disciplinés et bien rodés aux techniques de guérilla. Enfin, à l’exception du Sergent Orril, mais les compétences de cet homme en tant que contrôleur compensaient son manque d’expérience. Ils n’avaient pas l’air de soldats, bien sûr ; ils cachaient armes et armures sous de volumineux vêtements et manteaux. Gastone avait couvert sa propre armure légère de warcaster sous un long manteau de cuir et de tissu en lambeaux qu’il avait conçu à cet effet.
Il avait six résistants pour s’introduire dans une caserne khadoréenne où se trouvaient au moins trente membres de la Garde des Glaces. Ils auraient la surprise de leur côté, mais pas grand-chose d’autre.
Parmi les quelques atouts, il y avait un seul warjack, un ancien Nomade de Gastone appelé Hachoir pour la joie évidente qu’il prenait en employant sa gigantesque lame de bataille pour fendre les ennemis humains en deux. Il avait peint la coque de Hachoir en noir de jais et ne l’employait que lorsque c’était nécessaire et uniquement la nuit. Tout warjack autre qu’un châssis khadoréen ferait s’abattre toute la ville sur eux. Hachoir était actuellement lié à Gastone, et son esprit était un mélange de colère sourde et d’un désir presque enfantin de plaire à son maître. Les Nomades étaient de vieilles machines, vieilles de plusieurs siècles, et ils développaient souvent des caprices et des personnalités difficiles à gérer. Hachoir n’était pas trop mal – mieux que la plupart des warjacks de second ordre avec lesquels Gastone avait travaillé dans le passé.
« Nous les chopperons au changement de poste », déclara Gastone, « les frapperons fort et rapidement. Nous allons employer Hachoir pour nous faire entrer, puis tenir l’entrée pendant que nous chercherons Orla. »
« Je suis déjà rentré dans ces casernes » déclara le Caporal Hammond ; c’était un ancien soldat khadoréen, corpulent et musclé devenu combattant de la résistance llaelaise. C’était un ancien Troupe de Choc Man-O-War avec une femme llaelaise. Lorsque les rouges avaient détruit Elsinberg, la femme y vivait. Après ce que les khadoréens avaient fait, le choix de rejoindre la résistance avait été facile pour Hammond. « Ils gardent les prisonniers dans des cellules pas trop loin de l’entré. Si nous sommes rapides, nous pouvons expédier les gardes et récupérer Orla en quelques minutes. »
« Oh, je pensais que ça allait être difficile », déclara Gastone en riant. « D’accord, faisons ça. »
. . .
« PORTAIL, COUR EN ENTRÉE PRINCIPALE », dit Hammond, s’accroupissant à côté de Gastone dans l’étroite allée entre deux bâtiments. La caserne se trouvait devant, dans une rue calme et nichée contre le mur ouest.
« Des gardes ? »
« Trois devant la porte », répondit Hammond. « Deux Garde des Glaces et un Troupe de Choc Man-O-War. »
« Bon sang », dit Orril derrière eux. Ses yeux étaient grands et blancs dans l’obscurité. Un des autres soldats le fit taire.
« Eh bien, ils doivent s’attendre à quelque chose pour qu’ils apportent ce genre de puissance de feu », dit Gastone en souriant. « Ça ne devrait pas être un problème pour Hachoir. « Il a un ouvre-boîte. »
Hammond frissonna.
« Désolé », dit Gastone, « mais ce n’est plus ton frère. C’est l’ennemi. »
Hammond hocha la tête et regarda ailleurs. « Je sais. Je me suis engagé envers le Llael et tout ce que cela signifie. »
« Bien, alors préparez-vous. Hachoir et moi y allons. Je veux que toi et Orril nous suiviez. Pas de coup de feu tant qu’on n’est pas à l’intérieur.
Hammond acquiesça et relaya les ordres de Gastone. Chacun des résistants combattait avec un pistolet et une épée courte ; ils étaient tout aussi habiles avec l’un ou l’autre.
Gastone porta son esprit dans le cortex d’Hachoir. Il avait caché le Nomade dans une autre ruelle à une centaine de mètres. Gastone et la grosse machine frapperaient les portes de devant de deux directions et tenteraient de s’occuper des gardes avant qu’ils ne puissent tirer.
« C’est parti », marmonna Gastone en courant hors de l’allée. Il émergea au milieu de la rue, à une vingtaine de mètres de la caserne. Le Man-O-War se tenait devant les hautes portes en bois, la hache exterminatrice et le boucler canon pointant dans la direction générale de Gastone.
Gastone se dirigeait vers le porte. Hachoir sortit de la ruelle plus loin dans la rue, l’espadon levé haut.
Le warjack attira immédiatement l’attention des khadoréens, et les Gardes des Glaces tâtonnèrent après leurs fusils en bandoulière dans le dos.
Gastone ne leur donna pas le temps de tirer. Il invoqua un sort, des runes sombres s’enroulèrent autour de son corps. Même dans ces conditions, il n’aimait pas utiliser le sort de feu noir, une incantation murmurée dans son esprit par Pilleur d’Âmes alimentant les appétits de l’arme maudite.
Des flammes noires gouttaient de sa main tendue et englouti un membre de la Garde des Glaces. Il n’a pas crié, il est juste tombé à terre, se tordant d’horreur. Gastone sentit la force vitale de l’homme sortir de son corps et pénétrer le sien. C’était un plaisir grisant et sombre qui lui donnait un sentiment de puissance et de malaise à la fois. L’énergie vitale du Garde des Glaces demeura dans l’esprit de Gastone, un écho de la douleur et de la terreur, mais aussi une ressource de force arcanique supplémentaire.
Hachoir avait atteint le Man-O-War, et Gastone poussa la vitesse et la puissance à travers son bouclier. Le Man-O-War leva son bouclier pour repousser la gigantesque lame du Nomade, mais il découpa le bouclier et l’armure derrière lui, tranchant le khadoréen en deux. Le sang et les viscères du cadavre violemment attaqué se répandit sur le deuxième Garde des Glaces. Il trébucha en arrière, momentanément aveuglé, et droit sur le couteau de Gastone. La lame glissa entre les côtes de l’homme, trouva son coeur, et laissa tomber l’homme mort tandis que Gastone s tordait et la libérait.
De l’autre côté de la rue, Hammond et Orril abandonnèrent leur couverture avec le reste des résistants et coururent dans sa direction.
Les khadoréens avaient barré la porte de la caserne de l’intérieur, mais elle n’était pas conçue pour retenir un warjack lourd. Gastone ordonna à Hachoir de reculer de quelques pas, puis le Nomade démoli la porte avec une épaule blindée. Le bois se brisa, et elle s’ouvrit, révélant une petite cour et l’entrée de la caserne proprement dite, une porte trop petite pour admettre quoi que ce soit de la taille d’Hachoir.
La porte de la caserne était ouverte, de la lumière se déversant dans la cour alors que les Gardes des Glaces se précipitaient dans la nuit. Gastone et Hachoir entrèrent en premier, chargeant dans un trio de khadoréens. L’espadon d’Hachoir jaillit et deux hommes s’écroulèrent morts.
Gastone poignarda le troisième à la gorge, éloigna le corps à coup de pied et dégaina Pilleur d’Âmes.
Orril, Hammond et les reste des combattants de Gastone se rendirent dans la cour, et Gastone se permit d’espérer. Leur assaut initial s’était bien passé – pas un seul coup de feu. Il y avait plus d’ennemis par-delà, mais pour le moment ils étaient seuls.
Il se retourna. « Orril, tu restes ici avec Hachoir. Il suivra tes ordres. »
Orril fit un signe de tête et jeta un coup d’oeil au warjack, son espadon était pourpre, ses yeux brillaient d’un horrible désir.
Hammond, tu viens avec moi. Les autres, restez avec le sergent Orril. Si nous ne sortons d’ici dix minutes, vous foutez le camp. Compris ? »
Tous hochèrent la tête. Gastone se sentit encore bizarre de donner des ordres à des soldats expérimentés. Il était de loin le plus jeune présent, et tous ces hommes et femmes avaient une plus réelle expérience du combat. Mais Ashlynn d’Elise l’avait imprégné de leur confiance et il œuvrait chaque jour pour en être digne.
. . .
ILS DESCENDIRENT UN BREF ESCALIER et arrivèrent dans un couloir bien éclairé. Hammond menait, pistolet et épée courte tous deux prêts. Il semblait savoir où il allait, et quand le couloir se ramifia en deux, il tourna à droite sans hésitation. Gastone le perdit de vue pendant un instant, puis le bruit d’un pistolet rempli l’espace restreint.
Gastone passa le coin pour trouver un soldat de la Garde des Glaces mort au sol, la majeure partie de son crâne emporté, et Hammond aux prises avec un autre. Gastone se précipita et plongea son couteau dans le dos du Garde des Glaces alors qu’il s’éloignait d’Hammond, l’ancien Man-O-War en profita pour plonger son épée courte dans le coeur de l’homme, et deux corps se retrouvèrent sur le sol du couloir.
Hammond reprit son souffle en haletant. « Pardon, il m’a surpris. Les cellules sont devant. »
Il désigna une solide porte en acier au bout du couloir. « Eh bien », dit Gastone, « maintenant, ils savent que nous arrivons. »
« Ils se seront terrés là-dedans, à attendre », déclara Hammond « Ordres ? »
« Nous entrons mais pas complètement non préparés. » Gastone fit appel à la magie, cette fois-ci un sort qu’Ashlynn lui avait appris. C’était magie était bonne, naturelle, saine. Les runes se formèrent et fusionnèrent autour d’eux. « Ok, on va passer la porte, euh, sans l’ouvrir. »
« Quoi ? »dit Hammond.
« Suis-moi. » Gastone Chargea dans le couloir. Il ne ralentit pas quand il atteignit la porte. Il la traversa, son sort rendant son corps temporairement immatériel. Il eut un moment de désorientation quand il traversa l’acier, puis se retrouva dans une chambre en pierre, un côté étant réservé aux cellules barrées. Une demi-douzaine de Gardes des Glaces étaient agenouillés devant la porte, les fusils dressés. Leurs yeux s’écarquillèrent sous le choc lorsque Gastone apparut devant eux tel un fantôme vengeur et il ne leur laissa pas la chance de se remettre. Il vida les deux canons de Pilleur d’Âmes, choppant deux Gardes des Glaces. Il serra les dents contre la terrible sensation de leur énergie vitale se déversant dans l’arme à feu, en lui.
Hammond arriva derrière lui, son pistolet flamboya, et un autre Garde des Glaces tomba. À ce moment-là, les trois autres reprirent leurs esprits et vidèrent leurs fusils. Gastone se jeta devant Hammond. Trois projectiles heurtèrent son champ de puissance, le faisant chanceler, mais sans le pénétrer.
Hammond enfonça son épée courte dans la poitrine du khadoréen le plus proche pendant que Gastone rechargeait Pilleur d’Âmes et faisait le point sur son environnement. Il y avait quatre cellules, toutes vides sauf une. Le Lieutenant Orla Viadro, une grande femme élancée aux courts cheveux blonds et aux yeux bleus, se tenait près des barreaux de la dernière cellule. Elle avait l’air indemne, mais elle serait les barreaux de sa cellule avec une intense force. Il savait qu’elle préférerait de loin tenir un pistolet ou une épée plutôt que de regarder la bataille se dérouler devant elle. Il lui en confierait volontiers l’un ou l’autre s’ils survivaient.
Avec Pilleur d’Âmes rechargé, Gastone tira à nouveau, tuant un autre Garde des Glaces et arrachant la force vitale de l’homme. Il frissonna et rengaina l’arme dans son étui. Il en avait assez pour le moment, et la terreur et la douleur des derniers instants de sa victime tourbillonnaient dans tête. Il sortit son couteau et se précipita sur un soldat de la Garde d’Hiver, qui retourna son fusil pour l’employer comme gourdin. Gastone esquiva une frappe maladroite, d’un geste tint son couteau tel un pic à glace, et l’enfonça dans et à travers le sommet du crâne de l’ennemi. L’homme tituba et tomba au sol.
Hammond termina son propre ennemi et la pièce devint silencieuse.
« Lieutenant, ça ne vous dérange de me faire sortir d’ici ? » Demanda Orla.
« Désolé, Orla », répondit Gastone. « Attends. »
Lui et Hammond vérifièrent chaque Garde des Glaces pour les clés, les trouvant, bien sûr, sur le tout dernier cadavre. Des coups de feu retentirent en haut à travers les couloirs de pierre, et Gastone s’arrêta pour vérifier la situation à travers les yeux d’Hachoir. Le Nomade combattait dans la cour, balançant son espadon dans les Gardes des Glaces qui affluait de la caserne. Des coups de feu provenant d’Orril et du reste des résistants résonnèrent autour de lui. Après un moment, il fit marche arrière, sachant qu’ils seraient bientôt dépassés.
Hammond ouvrit la cellule d’Orla, et elle s’empara d’un couteau et d’un fusil sur l’un des cadavres.
« Où est le message ? » Demanda Gastone.
« Dans ma tête », dit Orla en posant une main sur son bras, son visage grave.
« Ces morts ne savaient pas que je transportais un message. Aucun d’entre eux ne doit savoir ce qui va se passer. »
« Alors nous ferions mieux de foutre le camp », déclara Gastone en tirant Pilleur d’Âmes. Le pouvoir de l’arme lui remonta le bras en une vague de picotements. Il aurait bientôt son dû.
. . .
ILS FIRENT IRRUPTION DANS LA COUR où avait lieu une fusillade chaotique. Les soldats de Gastone s’étaient planquées derrière Hachoir ; mais l’un d’entre eux était déjà au sol, et le bras droit du sergent Orril pendait mollement à ses côtés.
Il y avait au moins dix Gardes des Glaces dans la cour, mais Gastone, Hammond et Orla avaient un avantage momentané. Les khadoréens ne les connaissaient pas et la plupart avaient le dos tourné.
« Derrière moi », dit Gastone. « Occupez-vous de tout ceux que je rate. »
« Que vas-tu faire ? » Demanda Orla. Cela faisait des mois qu’elle n’avait pas combattus à ses côtés, elle n’avait donc aucune idée des secrets supplémentaires qu’il avait débloqués avec Pilleur d’Âmes. Une partie de lui ne voulait pas lui monter, mais actuellement, il n’avait pas le choix.
Il frissonna et laissa l’énergie vitale qu’il avait arrachée aux Gardes des Glaces tués il y a peu de temps se déverser dans Pilleur d’Âmes. Les runes le long des deux canons de l’arme se mirent à briller, et le temps ralentit jusqu’à un lent écoulement. Il tira. Pilleur d’Âmes cracha des flammes, et un soldat du Khador tomba raide mort. Il tira à nouveau et souffla une autre vie. Il rechargea avec une aisance indolente, les cartouches sautant presque dans le pistolet de leur propre gré. Il pressa deux fois sur la détente, et Pilleur d’Âmes draina la vie de ses ennemis.
Le pouvoir afflua dans son esprit et ses membres, ténébreux et séduisant, et il en voulait plus encore, envie de laisser Pilleur d’Âmes faire autant de victime qu’il le pouvait. Heureusement, il n’y avait plus d’ennemis, et pendant un instant, pour le plus bref battement de coeur, il voulut continuer à tirer, peu importe qui ou quoi étaient ses cibles. Il repoussa cette terrible impulsion et rengaina Pilleur d’Âmes dans son étui.
« Assez ! » Siffla-t-il et il réalisa tardivement que tout le monde le regardait, les yeux écarquillés, la bouche ouverte sous le choc.
« Qu’est-ce que tu viens de faire ? » Demanda Orla, son regard se posant sur Pilleur d’Âmes. « C’est ce satané pistolet, n’est-ce pas ? »
« Cela n’a pas d’importance », dit-il. « Pas maintenant. Nous devons te faire sortit d’ici. Toute la ville aura entendu les coups de feu. »
Elle hésita, comme pour discuter, mais finit pas hocher la tête. « Bien, Ouvre la voie. »
. . .
ILS RETOURNÈRENT VERS L’ENTREPÔT, les bruits d’une ville en colère derrière eux. Ils avaient été rapides et efficaces – et cela avait en partie un rapport avec Pilleur d’Âmes, même si Gastone détestait l’admettre. À cause du pistolet maudit, il n’avait perdu qu’un seul homme. Orril s’était pris une balle dans l’épaule droite, et Hammond lui extrayait à la lumière d’un autre brasero. Le sergent serrait les dents et essayait de ne pas crier.
Quand Gastone fut sûr que l’ennemi ne les avait pas suivis, il amena Orla à l’écart. « Es-tu blessée ? »
« Non, je ne suis pas blessée », répondit-elle. « Ils essayaient de comprendre quoi faire de moi quand tu es arrivé. »
« Tu as dit que tu avais un message d’Ashlynn. J’ai besoin de le connaître ? »
Orla hocha la tête. « Elle est en route avec le Seigneur Général Stryker, ce qui reste de son armée, et des éléments de la Garde du Creuset. »
« Attends. Ils attaquent Merywyn ? » Répondit Gastone, choqué. « Ils n’ont pas le nombre ou les ressources pour de genre d’initiative. »
« Ils l’auront quand le Seigneur Général Duggan arrivera avec la Première Armée de Port Bourne », déclara Orla. « Mais finalement, cela n’a pas d’importance. Ils savent que le Khador a une sorte de super arme, une sorte de - » Elle secoua la tête comme si elle n’arrivait pas à croire ce qu’elle disait - « une sorte de navire céleste. Gros, beaucoup d’armes, comme un navire de guerre qui vole. »
« Non, c’est ridicule. »
« Je te dis seulement ce que m’a dit Jarov. Et cela provient directement du Maréchal d’Elyse. Elle a besoin que vous trouviez où ils gardent cette chose. »
Il secoua la tête, acceptant l’absurdité de ses propos. Orla ne lui mentirait pas ni n’exagérerait, et tout autre réaction que l’acceptation lui ferait perdre du temps.
« Eh bien, ils ne peuvent pas super bien cacher un truc de ce genre. Ça ne devrait pas être long à trouver. De combien de temps disposons-nous ? »
« Trois jours », déclara Orla.
« Que vont-ils faire si et quand nous trouverons ce …navire céleste », dit Gastone.
« Aucune idée. » Orla avait l’air aussi déconcertée qu’il le pensait, décida-t-il. « Je suppose qu’ils nous le diront quand ils arriveront. »
elric:
— 21 —
LE FLEUVE S’ÉCOULAIT, et Stryker appréciait la brise contre son visage et le paysage pastoral. C’était un sursis momentané à la fumée, le sang et la mort qu’ils avaient laissée derrière eux.
Il se tenait sur le pont d’une des péniches naines, les mêmes péniches louées par les khadoréens pour livrer des noyaux d’entraînement pour leur navire céleste. Le Capitaine rhulfolk Vornek Blackheel avait été disposé à un nouvel arrangement : Magnus le payait le triple de ses honoraires pour utiliser les péniches et sa petite force de Corps de Carabiniers.
« L’armée atteindra bientôt mes murs de Merywyn », dit Magnus, approchant derrière Stryker. Le guerrier vieillissant avait l’air hagard, et son armure et ses armes mékaniques bricolées lui donnaient toujours l’air plus mercenaire qu’officier cygnaréen.
Stryker fit un signe de tête. « Ashlynn a-t-elle informé son informateur dans la ville ? »
Le Maréchal d’Elyse avait promis qu’elle avait un homme à l’intérieur, un homme qui pourrait être en mesure de découvrir où les khadoréens abritaient leur navire céleste.
« Oui, c’est ce qu’elle dit. Alors, on va faire comme à Rynyr, alors, je suppose ? »
« Toi, le Maréchal d’Elyse, l’Aurum Légat di Morray et moi avons bien combattu ensemble », déclara Stryker « Je pense que nous le ferons à nouveau. »
Magnus fronça les sourcils. « Cela sera plus facile si Nemo peut faire décoller notre bateau. »
Une partie du message qu’il avait envoyé à Port Bourne comprenait un appel urgent au Général Artificier Nemo. Faites décoller le Perce-Nuage, le navire céleste cygnaréen encore en cours de construction. »
« Aucune discussion là-bas », déclara Stryker.
Magnus acquiesça. « Eh bien, qu’avons-nous ? Deux cents soldats plus une poignée de nain sur ces bateaux ? Comment allons-nous même pénétrer dans la ville ? On ne va sûrement pas faire de brèche dans les murs. »
Jusqu’à présent, Stryker avait tenu la plupart de ses commandants dans l’ignorance jusqu’à un certain point. Il ne pouvait pas prendre le risque que les informations soient dévoilées et parviennent à Merywyn avant lui. Maintenant avec tous ses principaux atouts sur les péniches, il pouvait révéler son plan.
« L’homme d’Ashlynn peut nous faire entrer dans la ville », répondit Stryker. « En fait, nous sommes censés le rencontrer à quelques kilomètres en amont sur le fleuve. »
« Donc, le siège servira de distraction, pendant que nous entrerons – et quoi ? Et nous détruirons ce navire céleste nous-mêmes ? »
« C’est le plan », admis Stryker. « Une petite force de combattants d’élite devrait pouvoir traverser la ville pendant que les khadoréens affrontent la menace à l’extérieur de leurs murs. »
« Comment sommes-nous censés mettre hors d’usage quelque chose de la taille d’un cuirassé ? » Demanda Magnus. « Tu aurais besoin d’une armée pour cela. »
« C’est plus simple que tu ne le penses. Il suffit de s’assurer que le navire céleste ne puisse décoller. Entre Lukas di Morray et moi, nous devrions pouvoir désactiver les turbines arcaniques des navires. Après ça, ce ne sont plus que des tonnes de métal inerte. »
Le Capitaine Vornek Blachell sortit de la cale derrière eux. Le rond visage de l’officier nain semblait figé en permanence, mais Stryker reconnaissait un officier capable quand il en voyait un. « Votre Maréchal Delees a dit que nous devons nous arrêter au bord du fleuve. »
Stryker ri. « Vous feriez mieux de ne pas laisser le Maréchal d’Elyse vous entendre prononcer son nom comme cela. »
Le guerrier nain secoua la tête. « Je ne suis pas dupe. On dirait qu’elle pourrait me tuer ainsi que la plupart de mes hommes sans transpirer. »
« Elle le pourrait », dit calmement Magnus. « Pour s’amuser. »
. . .
ASHLYNN D’ELYSE QUITTA LA PÉNICHE et se rendit sur la rive, les genoux un peu tremblants, l’estomac qui tourne. Les bateaux n’étaient certainement pas son moyen de transport préféré, mais elle avait évité de vomir devant ses soldats.
Gastone Crosse et une poignée de résistants se tenaient à quelques mètres de là, et Ashlynn sourit malgré sa tête douloureuse et son estomac qui tournait. Il y avait longtemps qu’elle n’avait pas vu Gastone, et il était passé du statut de voleur et de criminel effronté mais habile à celui de l’un des meilleurs combattants de la résistance. Son sourire s’effaça lorsqu’elle vit sa main sur la crosse du pistolet à double canon à la hanche. L’arme maudite était un lourd fardeau, et Ashlynn craignait qu’elle ne consume un jour son protégé.
« Dame d’Elyse », déclara Gastone en s’approchant. Son visage était encore jeune, mais des cernes sous ses yeux et une barbe de trois jours lui donnaient l’air plus vieux et plus fatigué que le jeune homme enthousiaste qu’elle avait connu auparavant. Il portait son armure de warcaster sous un long manteau en loques ; il semblait avoir plus de points communs avec Asheth Magnus qu’avec un warcaster du Llael.
Ashlynn tendit la main et pris Gastone par les épaules. « Tu as l’air bien. »
« J’ai l’air d’un désastre ambulant », rit Gastone. « Tu m’as fait pourchasser des fantômes pendant trois jours sans dormir. »
C’était le Gastone dont elle se souvenait.
« Tu l’as trouvé ? » dit Stryker. Lui et Magnus avaient également débarqué, avec le warcaster de la Garde du Creuset Lukas di Morray. Les Lames-Tempêtes et les soldats llaelais avait débarqué de la péniche pour former un périmètre serré autour de leurs chefs.
« Morrow au-dessus, c’est le Seigneur Général Stryker », s’exclama Gastone. « Dois-je m’incliner ou faire la révérence ? »
Magnus renifla. Ashlynn lança un regard noir à Gastone, mais ne pouvait pas tout à fait cacher son sourire.
« Eh bien, Lieutenant », dit Stryker, « l’un ou l’autre. Je m’en fiche tant que vous répondez à ma question. »
Gastone n’était pas dans la chaîne de commandement de Stryker, mais Ashlynn était heureuse de le laisser remettre Gastone à sa place.
« Désolé, euh, monsieur », répondit Gastone en baissant la tête. « Ces derniers jours ont été éprouvants. »
« Pour nous tous », ajouta Magnus. « Maintenant, qu’as-tu trouvé ? »
Gastone sortit une carte roulée de sous son manteau et s’accroupit sur le rivage sablonneux. Il étendit la carte, une représentation grossière mais précise de Merywyn. Ils se pressèrent autour du jeune warcaster.
« Vous voyez comment le Fleuve Noir traverse le centre de la ville ? » Dit Gastone en tapotant sur une épaisse ligne noire. « Eh bien, ici et ici, ils l’ont endigué. »
Ashlynn se pencha plus près. « C’est ou plutôt, c’était – principalement un lieu de manufacture pour l’armée llaelaise. »
« C’est vrai », déclara Gastone « et les rouges ont rapidement pris possession de cette zone et l’ont convertie pour leur propre usage. Ce sont uniquement les soldats khadoréens qui entrent et qui sortent, et c’est ainsi depuis des années. »
« Vous pensez que le navire céleste est là ? », demanda Luka di Morray. « Vous en êtes certain ? »
« Il n’y a nulle part ailleurs où l’on pourrait garder quelque chose d’aussi grand et le garder hors de vue du reste de la ville », répondit Gastone. « Ils doivent être là. S’ils ont barré et drainé la rivière, ils ont beaucoup d’espace pour travailler. »
« Cela a du sens », déclara Stryker. « C’est notre objectif. Maintenant, pouvez-vous nous faire entrer dans la ville ? »
Gastone enroula sa carte et se releva. « Ces deux péniches ? »
Ashlynn hocha la tête. « Oui, environ deux cents soldats et une demi-douzaine de warjacks. »
« Ce sera difficile, mais il y un affluent du fleuve menant à un ancien tunnel de contrebande au pied du mur de la ville », dit Gastone.
« Les rouges ne le connaissent pas, et il vous mènera au centre de la ville. »
« Pourrait-on faire entrer une force plus importante de cette façon ? » Demanda Magnus.
Gastone secoua la tête. « C’est surtout un marécage. Une sorte de barrière naturelle et pratiquement infranchissable pour tout ce qui ressemble à une armée. »
« Okay, biffons l’idée d’une fin facile au siège, alors », soupira Magnus.
« Est-ce que les khadoréens patrouillent dans cet affluent ? » Demanda Ashlynn.
Gastone répondit : « C’est rare, mais pas impossible que nous tombions sur une ou deux canonnières. » l jeta un œil aux péniches. « Celles-ci ne ressemblent pas à des péniches militaires, donc elles pourraient ne pas éveiller de soupçons immédiatement si nous en croisons une. »
« Vous voulez dire que cela pourrait nous permettre de nous approcher suffisamment pour détruire un bateau de patrouille avant qu’ils ne puissent donner l’alerte », déclara Stryker.
« C’est ce que je ferais », répondit Gastone.
« Eh bien, vous pourriez avoir votre chance », dit Ashlynn. « À bord. On a besoin que tu nous guides vers ce tunnel. »
Elle tapota l’épaule armurée de Gastone. « Ce sera bien de se battre à nouveau avec toi. »
Il rougit et toussa, un aspect étrange pour un jeune homme qui était devenu un guerrier redoutable au dire de tous.
« Et toi, Maréchal », réussit-il à répondre.
. . .
ASHETH MAGNUS PRIS UNE GORGÉE DE UISKE dans la flasque du Capitaine Blackheel et ensuite la rendit au guerrier nain. Il toussa. « Vous êtes sûr que ce n’est pas du liquide de nettoyage pour cortex.
Le Capitaine Blackheel haussa les épaules et s’enfila une gorgée. « Connaissant mes gars, c’est possible. »
Ils se tenaient à la proue d’une des péniches rhuliques, seuls, à l’exception de quelques nains en armures faisant de leur mieux pour ressembler à des marchands. Magnus, Lukas di Morray et la moitié des soldats qu’ils avaient amenés avec eux étaient sur cette péniche, tandis qu’Ashlynn, Stryker et le reste de leurs forces étaient sur l’autre.
Ils étaient passés du large cours du fleuve à un petit affluent obstrué de cyprès et de racines enchevêtrées. Heureusement, les péniches avaient un faible tirant d’eau et négociaient facilement le marécage.
« Vous savez, mes gars ne sont pas les meilleurs tireurs ni les plus habiles du Corps de Carabiniers», dit le Capitaine Blackheel, un trouble dans sa voix ; il ressemblait à un homme faisant des aveux. « Mais ils sont assez coriaces et loyaux et assez têtus pour voir le travail accompli. »
« Je n’en doute pas », déclara Magnus. « Cela ne doit pas être votre combat, vous savez. »
« Ce n’est pas le cas, mais nous pourrions toujours utiliser une partie de cet or cygnaréen. » Blackheel s’arrêta et détourna les yeux. « Et ce serait bien de participer à un combat honnête. Le Seaforge nous garde enfermé pour la plupart. Les gars n’ont pas eu une bonne bagarre depuis des lustres. »
« Eh bien, je peux vous promettre cela et même plus », déclara Magnus. Il jeta un coup d’oeil aux murs proches de Merywyn. La plupart des forces cygnaréennes, llaelaises et de la Garde du Creuset qu’ils amenaient de Croix-des-Fleuves devaient avoir atteint la ville. Si les rapports étaient corrects, la Première Armée du Seigneur Général Duggan arriverait bientôt du sud également. Stryker pariait qu’un siège de Merywyn permettrait de distraire les khaodréens suffisamment longtemps pour qu’une petite équipe puisse trouver et mettre hors service le navire. C’était risqué, mais Magnus ne voyait pas de meilleure solution.
« Nous avons de la compagnie », dit le Capitaine Blackheel en indiquant l’endroit où un panache de fumée noire s’élevait dans le ciel depuis un virage de l’affluent.
« Ça pourrait être un patrouilleur », dit Magnus. Il regarda l’endroit où se tenait Ashlynn d’Elyse à la proue de la deuxième péniche. Il pointa vers l’avant, et elle hocha la tête.
« Je vais descendre » dit Magnus. « Si c’est un bateau de patrouille, laisse-les te voir, laisse-les s’approcher. Vous n’êtes qu’un groupe de marchand rhulique ayant pris un mauvais virage. »
« Le Capitaine Blackheel rit. « Je ne sais pas pour les marchands, mais nous avons définitivement pris une mauvaise voie. »
. . .
ASHLYNN PRIT CONTACT AVEC SOLDAT. La grande Mule était dans la cale, entourée de troupes et de warjacks inertes. Elle avait fait chauffer sa fournaise et l’alimentait maintenant. La fumée serait épaisse en dessous mais tolérable pendant un court instant. Ses pensées et instincts maussades fleurissaient dans son esprit tandis que sa conscience rejoignait la sienne.
Elle se pencha sur un des plats-bords et tourna son regard vers l’autre bateau tandis que Magnus descendait sous les ponts. Il était sans aucun doute le warcaster le plus reconnaissable d’entre eux. Stryker et elle pouvaient cacher leur armure de warcaster dans une certaine mesure ou même l’enlever Mais le membre prothétique de Magnus révélait son identité à quiconque savait ce qu’il cherchait.
Le patrouilleur khadoréen prit le virage de l’affluent, une longue embarcation basse avec un canon sur un support pivotant à la proue. Il y avait une demi-douzaine de soldats à bord, dont deux Man-O-War et un tireur embusqué Faiseur de Veuve.
Ils ralentirent en s’approchant des deux barges, et l’un des soldats était assigné au canon.
« Ahoy », appela le Capitaine Blackheel. « Je pense que nous sommes perdus. »
« Jeter l’ancre. Maintenant ! » cria l’un des soldats khadoréens. « Préparez-vous à être abordés. »
Le Capitaine Blackheel leva les mains. « Nous ne sommes que des marchands de Ghord. Avons un chargement de uiske nains que nous sommes censés livrer. Nous ne voulons pas d’ennuis. »
« J’ai dit, jetez l’ancre », répéta le soldat, et le Capitaine Blackheel regarda dans la direction d’Ashlynn. C’était tout le signal sont elle avait besoin.
« En avant, Soldat », dit-elle, et les doubles portes de la cale s’ouvrirent lorsque la Mule vint s’écraser sur le pont, faisant tanguer le bateau de façon alarmante.
Le patrouilleur avait son canon braqué sur la péniche du Capitaine Blackheel, mais il était difficile de rater un warjack de trois mètres soixante apparaissant sur le pont d’un bateau. Le canon pivota dans leur direction.
Feu, pensa Ashlynn à Soldat et la catapulte à vapeur de la Mule se déchargea avec un grand bruit de souffle. Elle guida le projectile et l’obus percuta le canon du patrouilleur et explosa, le faisant exploser ainsi qu’une bonne partie de la proue.
Le patrouilleur resta à flot, et les deux Man-O-War à bord gardèrent assez de sang froid pour tirer leurs boucliers canons. À si courte portée, ils ne pouvaient pas rater – deux obus frappèrent la coque de la péniche. Les explosions projetèrent Ashlynn sur le pont. Pire encore, Soldat perdit pied et tituba dans un fracas retentissant, s’écrasant à partiellement sur le pont.
Les bruts aigus de tirs de fusils résonnaient de la deuxième péniche, et derrière Ashlynn, le grésillement des éclairs des glaives-tempêtes. Elle se releva et dégaina son pistolet. Elle dit à Soldat de rester où il était ; de toute façon, il faudrait un autre warjack lourd pour le remettre sur ses pieds.
Le pont grouillait maintenant de Lames-Tempêtes et l’autre péniches était remplie de Corps de Carabinier. Bientôt, le bateau de patrouille et tous ceux qui se trouvaient à bord furent mis en pièces par les tirs combinés des fusils et des glaives-tempêtes, et il coula lentement au fond de l’affluent.
« Cela aurait probablement pu mieux se passer », dit Stryker, en traversant un groupe de Lames-Tempêtes et en regardant par-dessus le bord de la péniche. « Je ne pense pas qu’on va couler, au moins. »
« Cela aurait pu aussi se passer bien pire », déclara Ashlynn, en rangeant son pistolet. « Pouvez-vous m’aider à relever Soldat ? »
Stryker acquiesça et descendit dans la cale. Il remonta avec le Lieutenant Harcourt et Vî Arsouye en remorque. Le Cuirassier souffla une forte vapeur en apercevant Soldat couché, dons le haut du corps s’était écrasé sur le pont. Soldat répondit par un faible sifflement. Cela ressemblait un peu à l’embarras pour Ashlynn.
« Relève-le » dit Harcourt. Le jeune warcaster se déplaçait encore avec précaution ; il avait été blessé à Croix-des-Fleuves, mais il était une précieuse ressource dont ils ne pouvaient pas se passer.
Vî Arsouye saisit Soldat sous les bras et sortit du trou dans le pont pour le remettre sur ses pieds. Un sentiment de soulagement et de gratitude se dégageait de la connexion qu’Ashlynn partageait avec le warjack.
De retour sous les ponts, pensa ashlynn à la Mule, et Soldat et Vî Arsouye descendirent dans la cale.
Le tonnerre retentit au loin et Ashlynn réalisa qu’elle entendait des pièces d’artillerie. Le siège avait débuté.
. . .
L’AFFLUENT SE RÉTRÉCISSAIT ALORS QU’IL S’APPROCHAIT DE LA VILLE, et les explosions régulières de l’artillerie faisait un cacophonique vacarme. Stryker et Ashlynn se tenaient sur le pont de la péniche ; Gastone était dans la timonerie, s’assurant que les péniches trouveraient leur chemin vers son entrée dissimulée.
Les arbres devenaient plus denses et l’eau moins profonde faisait craindre à Stryker qu’ils n’échouent. Les murs de Merywyn s’élevaient au-dessus de leurs têtes. Le mur proprement dit ne commençait à s’élever qu’à environ deux mètres cinquante sur le flanc d’une abrupte falaise. Pas étonnant que le Khador n’ait pas consacré de nombreuses ressources militaires à la zone.
Gastone sortit de la timonerie et le rejoignit à la proue. « C’est juste devant », dit-il, en montrant une partie de la falaise cachée par les arbres.
Stryker plissa les yeux. Un contour sombre se matérialisa derrière les arbres, suggérant une ouverture. Alors qu’ils s’approchaient, il devint plus clair, une ouverture sombre dans le mur de pierre. Il n’y avait pas beaucoup d’espace entre la ligne de flottaison et le ciel du tunnel, probablement juste assez pour permettre aux péniches de passer.
Ils voguèrent dans l’obscurité et les bruits du siège s’éloignèrent et s’étouffèrent. L’odeur de vieux trucs pourris imprégnait le tunnel, et Stryker était en fait reconnaissant de la puanteur du charbon brûlé des deux péniches.
Ils voyagèrent en silence pendant quelques minutes, et le tunnel s’élargit, permettant aux deux péniches de voyager côte à côte. Gastone tenait une lanterne sourde près du bord de proue, et il ouvrit et ferma le volet pour créer un faisceau de lumière vacillante. Devant eux, dans l’obscurité, une autre lumière s’illumina.
« Okay, mes gens nous attendent », déclara Gastone. « Ce signal signifie que le passage jusqu’à la ville est dégagé. »
Stryker hocha la tête, soulagé. Au moins, ils pénétreraient dans la ville. Après cela, la tâche qui lui incombait semblait presque impossible. Il n’osait espérer l’aide de la Première Armée ni même du Général Artificier Nemo. Il devrait très probablement mettre hors de service le navire céleste khadoréen par ses propres moyens.
Un débarcadère de pierre apparut dans la pénombre, et un quai branlant se projeta dans l’eau sombre. Un groupe d’hommes et de femmes se tenait sur le débarcadère, attendant.
Ils pilotèrent les péniches jusqu’au quai et les ancrèrent, et Stryker ordonna le déchargement des troupes et de l’équipement. Le débarcadère n’était pas assez grand pour contenir toute leur force, ils durent donc décharger par étapes. À l’extrémité ouest du débarcadère, un autre tunnel s’élevait en pente raide, assez grand pour permettre à un warjack lourd de tenir debout. Stryker se demandait qui avait utilisé ce tunnel et qu’ils avaient introduit en contrebande dans Merywyn au fils des ans.
« Je dois vous fournir plus d’informations », déclara Gastone lorsque Stryker, Ashlynn et Magnus se furent rassemblés sur le débarcadère. Lukas di Morray s’était également joint à eux.
« Cela ressemble à de mauvaises nouvelles », dit Magnus.
Gastone rit. « Tout n’est que mauvaises nouvelles depuis que je suis monté sur l’un de ces bateaux. »
Il déroula à nouveau sa carte et la posa sur le sol à côté de la lanterne sourde. « Le siège attirera certainement la plupart des forces kahdoréennes du côté ouest de la ville, mais il n’est pas exactement possible de savoir où se trouve le navire céleste. »
« Que regardons-nous ? » Demanda Lukas di Morray, fronçant les sourcils. Gastone déclara : « Vous avez deux obstacles majeurs sur le chemin. Tout d’abord, il y a une caserne assez importante ici. » Il désigna un endroit sur la carte, non loin de l’endroit où ils feraient surface dans la ville. « Il s’agit principalement de Gardes des Glaces et de Man-O-War. Ils ne seront pas à pleine capacité, mais il y aura là assez de soldats pour vous ralentir. »
Ashlyn hocha la tête. « Bien. Quel est le deuxième problème ? »
Gastone tapota à nouveau la carte, mais cette fois plus loin dans la ville et plus près de l’endroit où ils soupçonnaient que le Khador gardait son navire céleste.
« C’est votre vrai problème. C’est une fonderie et un dépôt d’armes lourdes. Normalement, ce ne serait pas un problème, mais avec une armée qui frappe à leur porte, ils auront toutes les pièces d’équipements utilisables opérationnels dans cette installation.
L’anxiété quasi constante que Stryker avait ressentie depuis qu’il avait découvert que les khadoréens disposaient de la technologie du moteur céleste devint une sirène aiguë dans son esprit. Il repoussa la peur et le doute – cela ne servait à rien. Il devait prendre une décision rapidement qui leur offrirait une chance.
« Nous allons nous séparer », dit Stryker. « Un tiers de nos forces frappera la caserne, un tiers la fonderie, et le dernier tiers s’attaquera au navire céleste. »
« Cela affaiblira nos chances », déclara Magnus, « mais je suis d’accord. Je ne vois pas d’autre solution. »
« Je vais frapper la caserne » dit Ashlynn. « Je vais prendre Soldat t tous les soldats llaelais. Nous somme légers et rapides, et nous pouvons prendre le dessus sur les khadoréens avant qu’ils ne sachent qui les frappe. »
« Et je vais attaquer la fonderie », déclara Lukas di Morray. Contrairement à de nombreux warcasters que Stryker connaissait, le commandant de la Garde du Creuset ne portait pas son armure de warcaster à moins qu’il n’aille au combat. Il la portait maintenant, une énorme armure bleu sarcelle et or équipée d’injecteurs de sérum qui donnaient à l’homme sa puissance arcanique. Il tenait un puissant marteau mékanique à deux mains qui semblait capable d’envoyer un warjack lourd à la ferraille. « J’ai deux warjacks Vindicateurs et trois unités d’infanterie lourde. Cela devrait suffire à occuper leur fonderie. »
Stryker acquiesça. Ils connaissaient tous les enjeux, et Ashlynn et Lukas avaient choisi leurs meilleurs plans d’action. Il n’avait pas besoin de donner des ordres ni même de faire des suggestions. Ils étaient devenus une force cohésive qui se complétait et se soutenait mutuellement.
Magnus, toi et moi allons prendre le Lieutenant Harcourt, les Lames-Tempêtes et Vî Arsouye et attaquer le navire céleste », déclara Stryker. Il souhaitait avoir plus de warjacks à sa disposition, mais le Major Maddox, qui dirigeait le contingent cygnaréen assiégeant Merywyn, en avait plus besoin que lui.
« Nous devrions prendre le Capitaine Blackheel et son Corps des Carabiniers avec nous », dit Magnus. Il jeta un coup d’oeil par-dessus son épaule à l’endroit où l’officier rhulique et son imposant second ogrun déchargeaient leur propre équipement, y compris un warjack Avalancheur.
« Pas une mauvaise idée », dit Stryker. « Cet Avalancheur sera utile. »
« Alors nous somme d’accord », dit Ashlynn, et regarda chacun d’entre eux, une étrange expression sur son visage. « Nous avons eu nos différents, mais ce fut un honneur de nous battre à côté de chacun d’entre vous. »
« Je vous dois la vie à tous les trois » répondit Lukas di Morray, « mais ce fut un privilège de me joindre à votre cause. Notre cause. »
« Eh bien, je me bats depuis longtemps », dit Magnus, la voix pleine de lassitude, peut-être de regrets. « Pour des rois, pour de l’argent, pour de mauvaises raisons. Peut-être que celles-ci sont les bonnes. »
Stryker les regarda chacun à leur tour, dans les yeux. « J’espère sincèrement vous revoir après cette guerre.
« Pour le Llael », déclara Ashlynn.
« Pour le Cygnar », ajouta Stryker.
« Pour des amis et des alliés honorables », entonna Lukas.
Magnus grogna. « Pour l’espoir qu’il y ait une boisson sacrément forte à la fin de tout ça. »
elric:
— 22 —
LES CASERNES KHADORÉENNES ÉTAIENT PLUS GRANDES QUE CE QU’ASHLYNN PRÉVOYAIENT, plus forteresse que bâtiments, avec haut murs et une solide porte en bois renforcé. Ces portes étaient actuellement ouvertes, et les soldats khadoréens se déversaient dans la rue en un flot continu d’armure pourpre. Ils marchaient vers l’est, vers l’endroit où Stryker et Magnus se battaient probablement pour se frayer un chemin vers le fleuve.
Ashlyn et Gastone avaient quitté Stryker et les autres non loin de là où émergeait le tunnel des contrebandiers dans un bâtiment abandonné du quartier industriel. Elle dirigeat soixante soldats llaelais, soutenus par sa Mule, Soldat, et le mage balisticien Vayne di Brascio. Gastone avait une douzaine d’autres combattants et son propre warjack, un Nomade à coque noire appelé Hachoir.
Alors que le siège tonitruait au-delà des murs et les khadoréens remplissant les rues de troupes, Ashlynn pointa son épée alors qu’ils atteignaient les casernes et ordonna l’attaque. « Pour le Llael ! »
Ils eurent quelques secondes de surprise lorsque les lignes de soldats ennemis réalisèrent le danger, et elles ne furent pas gaspillées. Soldat fit feu de sa catapulte à vapeur au milieu de la Garde des Glaces et des Man-O-War, vaporisant les Garde des Glaces légèrement armurées et envoyant deux Man-O-War valdinguer. Vaine di Brascio, Gastone et les réguliers llaelais firent feu de leurs armes le battement de coeur suivant, parsemant les rangs khadoréens de balles.
Ils tuèrent une douzaine d’ennemis lors de la première volée, puis Ashlynn, Gastone et leur warjacks rejoignirent la mêlée Les khadoréens avaient la supériorité de feu, mais ni warjack ni warcaster. En mêlée, contre elle et Gastone, l’ennemi serait gravement désavantagé.
Ashlynn atteignit le premier groupe de Garde des Glaces, désorienté par l’attaque surprise. Elle embrocha un homme avec sa lame, Némésis et en abattit un autre avec son pistolet. Soldat avait foncé sur deux Man-O-War, faisant tomber leurs haches exterminatrices et martelant leurs corps armurés dans la rue.
Le boom fracassant du pistolet à deux canons de Gastone retentit, et une horrible lueur verdâtre s’éleva de l’arme. Son Nomade tailla une autre grappe de Garde des Glaces, coupant les hommes en deux et laissant leurs cadavres démembrés saigner dans son sillage.
Les khadoréens retrouvèrent bientôt un semblant d’ordre. Les Man-O-War se répandirent dans la rue et formèrent un mur de bouclier tandis que la Garde des Glaces se retirait vers la porte ouverte.
« Ne les laissez pas fermer la porte ! » Cria Ashlynn et elle invoqua sa magie. Elle déclencha un tourbillon de vent sur les Man-O-War, perturbant le mur de bouclier assez longtemps pour laisser Gastone et son Nomade passer à travers.
Vayne di Brascio avait vu également le danger, et il mena les réguliers llaelais dans la mêlée, tirant avec son pistolet cinémantique et faisant tournoyer son sabre mékanique.
Ashlynn fit un pas de côté pour éviter une hache exterminatrice, s’empara du manche de l’arme et tira son propriétaire en avant, sur la lame de Némésis. Le Man-O-War mourant s’effondra tandis Soldat en repoussait deux autres, mais un troisième frappa la jambe droite de la Mule. Ashlynn ressentit les dégâts dans son esprit, et cela se transforma en rage, Bêtement, elle ordonna à Soldat de tirer sur le Man-O-War à bout portant avec sa catapulte à vapeur. L’obus projeta le khadoréen dans l’air et l’envoya vingt verges plus loin avant d’exploser, projetant des morceaux de lui pleuvoir dans la rue.
Ashlynn livra bataille. Elle retourna son pistolet et le saisi par la canon, en faisant une massue rudimentaire puis fonça. Elle taillada et écrasa, brisant des crânes et massacrant des armures et al chairs exposées avec Némésis. Une partie de son esprit demeurait avec Soldat, et elle focalisa les attaquant sur les Man-O-War rejoignant le combat depuis un autre bâtiment.
Elle aperçut Gastone du coin de l’oeil. Le jeune warcaster était un derviche tournoyant de destruction. Il tira et rechargea son pistolet à double canon avec une vitesse surnaturelle, l’arme maudite brillant d’une lueur bizarre cruelle. Il avait promis qu’il maîtrisait l’arme, l’avait soumis à sa volonté, mais le sourire sauvage sur son visage alors qu’il aspirait les âmes de ceux qu’il tuait l’étonna.
Elle n’eut pas le temps d’y consacrer plus de temps. Pour le moment, Gastone et Pilleur d’Âmes tuaient pour leur camp et c’était suffisant. Le monde devint flou de sang et d’acier. Des hommes et des femmes criaient et mouraient, certains à elles, d’autres à eux, et elle continua à se battre. Une partie d’elle savait qu’elle n’avait pas besoin de gagner ici, il suffisait de maintenir les troupes dans la caserne assez longtemps pour donner une chance à Stryker et Magnus. Mais cela ne l’empêchait pas de vouloir la victoire.
Une douleur lancinante soudaine affligea son côté gauche, alors qu’un Man-O-War plantait son exterminatrice dans son champ d’énergie et sa cuirasse L’arme n’avait pas pénétré l’armure, mais elle n’en avait pas besoin – la force du coup lui brisa des côtes. Elle cria et se retourna pour taillader le Man-O-War, mais sa tête disparut dans une gerbe de sang et d’éclats d’obus avant qu’elle ne puisse porter un coup.
« En avant », cria Ashlynn, et elle sentit un léger changement dans la bataille. Ses troupes avancèrent, repoussant les khadoréens à coups de baïonnette et tirs à bout portant. Une trentaine de khadoréens gisaient morts sans la rue, mais il y en avait beaucoup plus à l’intérieur de la caserne.
Ashlynn et Gastone franchirent les portes et pénétrèrent dans une cour bordée d’une demi-douzaine de bâtiments trapus. Une kovnik isolé de la Garde des Glaces hurlait des ordres près de l’un des bâtiments, probablement la caserne principale, et la Garde des Glaces en jailli. Des balles pleuvaient des soldats khadoréens sur les murs au-dessus de la cour, mais ils s’arrêtèrent lorsque l’espace ne fut plus qu’une mêlée mouvante de corps khadoréens et de llaelais.
Gastone s’approcha d’elle, les canons de Pilleurs d’Âmes toujours fumant. « Ça va ? »
Elle le repoussa. « Je vais bien. Continue à te battre. » Il disparut dans la mêlée, et elle continua à se battre.
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L’AURUM LÉGAT LUKAS DI MORRAY POUSSA UN PROFOND SOUPIR, grimaça et appuya sur le déclencheur de son régulateur de sérum. Le doux sifflement retentit puis un feu alchimique jaillit dans ses veines. Il serra les dents. La douleur passa et un sentiment de force et de détermination pris place. Cette sensation était artificielle, un sous-produit du sérum, mais addictif tout de même.
« Monsieur, cible droit devant », dit un sergent troupe de choc. Marchant à ses côtés et pointant du doigt. Comme les autres, l’officier d’infanterie lourde emportait un canon pneumatique et une solide pioche.
Ils remontaient une large avenue du quartier industriel, de hauts immeubles s’entassaient autour d’eux, la plupart du temps vides. Les plaintes stridentes de l’artillerie et les explosions étouffées des munitions alchimiques emplirent l’air tout comme le Cygnar, et ses alliés attaquaient les murs de la ville. La plupart des citoyens de Merywyn s’étaient enfuis chez eux et Lukas n’avait croisé qu’une poignée en chemin.
La fonderie se trouvait au bout d’un cul-de-sac s’appuyant contre un mur de soutènement près du Fleuve Noir. De la fumée et de la chaleur s’échappaient du bâtiment trapus, et les formes massives de warjacks lourds khadoréen – une paire de Juggernauts et un seul Spriggan – se dirigeaient dans leur direction. Des soldats du Corps de Destruction Man-O-War marchaient à côtés des warjacks, avec leurs longs marteaux de glace mékanique assez puissants pour briser les armures les plus lourdes.
« Formez les rangs », cria Lukas. « Les troupes de choc à l’arrière, les troupes d’assaut à l’avant. »
Il en avait trente de chaque. Les troupes d’assaut déclenchèrent leurs canons pneumatiques au-dessus des têtes des troupes de choc jusqu’à ce que ces derniers soient aux corps à corps avec leurs marteaux thermiques.
Les soldats de la Garde du Creuset se mirent en formation, et Lukas était content que les rues du quartier industriel soient larges. Il agrippa Regulus, son marteau mékanique, la chaleur de son inducteur de réaction exothermique déferlait sur ses gants. Il conduisait les dernières pièces de sa petite mais puissante force, deux warjacks lourds Vindicateur. Leurs cortex étaient pratiquement nouveaux, et leur esprit n’était guère plus que des ardoises vierges, prêtes et désireuses d’accepter les ordres. Ils étaient faciles à contrôler mais n’avaient généralement pas l’instinct de combat des warjacks plus expérimentés. Chacun portait un canon à air comprimé à chambre multiple pouvant tirer une série de munitions alchimiques et un marteau lourd pour le combat rapproché.
Les khadoréens les avaient vu, et Lukas remercie Morrow que l’ennemi manque actuellement d’armes à distance. Cela pourrait changer, et des canons de campagne et des warjacks équipés d’artillerie pourraient se cacher à l’intérieur. Les forces qui s’alignaient contre eux se rapprochèrent rapidement, et l’épaisse armure khadoréenne serait difficile à pénétrer. Il pourrait aider à cela. Lukas invoqua un sort, et alors que les runes se formaient, le sérum dans son sang s’activa, et une agréable combustion, car elle alimentait sa magie.
Il pointa son index droit, et un rayon de flamme jaune frappèrent le Juggernaut de tête, l’aspergeant de lumière et affaiblissant l’intégrité structurelle de son blindage.
« Ciblez le Juggernaut », cria Lukas, et trente troupes de choc vidèrent à l’unisson leurs canons pneumatiques, un chuintement telle une toux géante. Les projectiles furent projetés au-dessus des troupes d’assaut et atterrirent en grappe autour du Juggernaut. Ils éclatèrent en globes lumineux de flamme jaune, consumant entièrement le warjack.
Lukas concentra son énergie sur les deux Vindicateurs et cibla les deux derniers warjacks avec leurs canons. Il choisit une munition de décrépitation et tira, ajoutant une brume tourbillonnante d’un vert acide aux flammes ardentes des troupes de choc. Lorsque les flammes s’éteignirent, le Juggernaut était couché face contre terre, son châssis noirci et corrodé. Le corps d’une demi-douzaine de soldats du Corps de Destruction gisaient dans un état similaire à côté du Juggernaut. Les cris d’un contrôleur s’élevaient au-dessus du crépitement des flammes, et le Spriggan, en grande partie indemne, fracassa l’épave du Juggernaut, sa lance baissée. Derrière lui, le second Juggernaut marchait lentement, flanqué d’une douzaine de soldats du Corps de Destruction. Plus loin derrière, dans la fonderie, une paire de Destructeurs émergèrent, les gueules noires des canons de luers bombardes pointant dans la direction de Lukas.
Lukas puisa plus de puissance arcanique de son sérum et jeta un sort. Des runes se formèrent dans les rangs des soldats d’assaut lorsque les bombardes des Destructeurs tirèrent. Les obus atterrirent au milieu des troupes de la Garde du Creuset, annihilant une poignée d’entre eux, mais le sort de Lukas avait protégé les autres de l’explosion.
Le Spriggan arriva ensuite au contact des troupes d’assaut, enfonçant sa lance à travers l’un des malheureux soldats. Il heurta son boulier sur un autre soldat, le projetant sur le côté du bâtiment, où il laissa une tache rouge vif avant de chuter de six mètres vers la mort.
« Continuez de tirer ! » Cria Lukas aux soldats d’assaut. « Offrez à ces satanés Destructeurs quelque chose à penser. »
Il avança, agrippant Regulus, au son des canons pneumatiques tirant. Il entraîna les deux Vindicateurs avec lui et essaya de ne pas se concentrer sur les Man-O-War du Corps de Destruction supplémentaire sortant de la fonderie. Il était évident par leur présence que les khadoréens ne produisaient pas que des warjacks et de l’artillerie dans cette installation.
Il traversa le rang des soldats d’assaut, en direction du Spriggan. Il ordonna à ses deux Vindicateurs d’engager le Juggernaut endommagé et de fournir un écran contre les tirs des bombardes.
Les marteaux thermiques des troupes d’assaut auraient du mal à pénétrer le blindage du Spriggan, et ils se dispersèrent autour de luin essayant d’éviter sa terrible lance et le balayage mortel de son bouclier de combat. Le bouclier était l’enjeu principal, et Lukas chargea derrière le warjacks, dopant son sang avec une autre dose de sérum. Il transféra immédiatement cette énergie arcanique dans Regulus, grimaçant tandis que le sérum rongeait sa chair tel un corrosif. Il frappa le bras gauche du Spriggan avec son marteau derrière le bouclier, écrasant le blindage et les délicats rouages mékaniques se trouvant en dessous.
Le bras du Spriggan s’affaissa, et il se retoura, balaçant sa lance comme une massue. Lukas abattit Regulus dans une maladroite parade, mais essayer d’arrêter une hampe de trois mètres soixante en acier trempé balancé par un warjack lourd était un exercice absurde. Son champ d’énergie s’évanouit ; l’impact expulsa l’air de ses poumons et le projeta en arrière. Il atterrit sur le dos mais réussit à garder son arme.
Deux soldats de la troupe de choc l’aida à se relever, et il sourit sinistrement alors que ses troupes d’assaut submergeaient le Spriggan. Sans son bouclier, leurs marteaux se sont levés et abattus avec une précision et un impact mortel.
Lukas s’arrêta un instant alors que ses chairs se refermaient et qu’une côte cassée se recollait. Le sérum rongeait sa chair et la restaurait, un cycle perpétuel d’agonie et de régénération.
Les Vindicaters étaient au contact du Juggernaut, et Lukas guida leurs marteaux. La coque de la machine khadoréenne se déforma, mais elle n’était pas sans défense. Elle n’était pas sous la direction d’un warcaster, mais les warjacks khadoréen avaient suffisamment d’instinct martial naturel pour en avoir à peinde besoin. Sa hache de glace creusa dans le canon d’un des Vindicateurs, tranchant à travers des relais et des tuyaux d’alimentation alchimiques, pulvérisant des liquides combustibles dans un large arc.
Lukas déversa plus de sa puissance dans les coups des Vindicateurs, et le Juggernaut s’effondra, broyé et vaincu.
« Rangs ! » Cria Lukas, et les troupes d’assaut formèrent une ligne devant lui et derrière les Vindicateurs. Les soldats du Corps de Destruction se rapprochèrent, plus d’une douzaine, balançant leurs marteaux de glace dans des arcs d’énergie saphir. La moitié d’entre eux visèrent les Vindicateurs tandis que l’autre moitié s’est écrasée sur la première ligne des troupes d’assaut. La mêlée se transforma en une affreuse mêlée de marteau. L’armure des soldats de la Garde du Creuset était comparable à celle du Man-O-War, mais les armes khadoréennes étaient plus puissantes et avaient une portée plus longue. L’impact glacial du marteau de glace allait faire des ravages.
« Troupes d’assaut, continuez à tirer ! » Cria Lukas, et les guerriers de la Garde du Creuset continuèrent de projeter leurs munitions sur les deux Destructeurs. Cela ne les arrêta pas, et les souffle enflammé de leurs bombardes traversa la fumée alchimique.
Lukas se prépara à l’impact, mais les obus volèrent haut et frappèrent les bâtiments de chaque côté de la rue. Il pensa qu’il s’agissait d’un tir perdu jusqu’à ce que la deuxième volée atteigne le même endroit et que les décombres commencent à pleuvoir.
« En arrière ! En arrière ! » Cria Lukas, mais il était trop tard. Deux des bâtiments s’effondrèrent dans un grondement, déversant des tonnes de briques et de débris sur les soldats de choc qui fuyaient l’avalanche.
La poussière retomba, et plus de la moitié des soldats de la Garde du Creuset se trouvaient sous les débris. Leurs membres armurés sortaient des décombres, et certains d’entre eux respiraient faiblement, les pauvres âmes en dessous écrasées et étouffées.
Il ne restait d’autre plan d’action que de se battre. Alors que les khadoréens commençaient à charger les mortiers qu’ils avaient apportés de l’intérieur de la fonderie. Lukas espéra que Magnus et Stryker s’en sortaient mieux que lui.
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LE KOMMANDANT SUPRÊME IRUSK N’AVAIT JAMAIS VU quelque chose d’aussi glorieux que les trois navires célestes Stormbreaker planant sur le lit de la rivière asséché. Chacun mesurait trente mètres de long, un épais blindage surmonté d’une haute structure de pont en forme de T. Sous chaque navire se trouvaient cinq demi-orbres blindées abritant les moteurs célestes qui permettaient au navire de se soulever. Enfin, quatre canons surdimensionnés hérissaient le fond de chaque navire. Il avait conçu les Stormbreaeker pour faire pleuvoir la mort sur tout ce qui se trouvait en dessous, dévastant toute ville qui oserait défier l’impératrice.
Des centaines de mékaniciens et de soldats grouillaient autour de ces énormes machines. Ils chargeaient des munitions et des warjacks et effectuaient des réglages de dernière minute sur les moteurs.
Irusk se tenait sous une tente de commandement installée sur le lit de la rivière afin de pouvoir superviser les derniers travaux. Au loin, il pouvait entendre le siège à l’extérieur de la ville, mais ils étaient à des kilomètres des murs de la ville, au centre de Merywyn. Rien que les atteindrait ici. Les forces de Strakhov et du Kommandant Ivdanovitch tiendraient les cygnaréens à distance pendant des jours. Ensuite, les Stormbreaker s’envoleraient et mettraient fin à ce conflit pour toujours.
Irusk but une gorgée de uiske dans un verre posé sur une table devant lui. Le chemin avait été long pour arriver ici, éprouvé par de nombreux échecs et tribulations personnelles, mais maintenant, devant lui se trouvait la clé de la victoire totale, et de l’estime éternelle de l’impératrice.
Il regarda à sa gauche alors qu’un panache de poussière apparaissait à quelques centaines de verges. De la poussière apparut un groupe de cinq Uhlan Croc d’Acier et un sixième cavalier, le Kommandeur du Corps d’Assaut Strakhov.
Les chevaux s’approchèrent de la tente et se mirent en rang. Strakhov démonta, son armure de warcaster rayée et abîmée ajoutant une fumée noire à la poussière. Clairement, il arrivait directement de la bataille.
« Vous n’avez pas à vous risquer sur les lignes de front au-delà des murs, kommandeur », déclara Irusk.
« J’ai le devoir envers mes soldats, Kommandant Suprême, de me battre à leurs côtés », répondit Strakhov.
Irusk hocha la tête, sachant que le Kommadeur cherchait des moyens de compenser ses propres défaillances, et qu’un homme tel que lui ne trouverait que du réconfort dans l’action. « Qu’est-ce qui vous amène ici, alors ? »
« La Première Armée de Port Bourne est presque sur nous », dit Strakhov. « Et nous avons des rapports sur une force ordique arrivant du nord. »
Irusk gloussa. « Quelqu’un a convaincu le vieux Roi Baird de finalement tester sa chance contre nous dans une bataille ouverte. »
« Nous ne pouvons pas espérer les vaincre tous les trois dans une bataille ouverte. »
« Es-tu aveugle ? » Dit Irusk en riant. « Regarde devant toi, Kommandeur. Regarde la terreur que nous allons bientôt déchaîner sur nos ennemis. Trois fois plus de personnes nous menaçant ne pourraient pas se tenir devant nos Stormbreakers. Nous verrons la destruction s’abattre sur eux depuis les cieux. »
Strakhov secoua la tête. « Ce sont de puissants vaisseaux, Kommandant Suprême, mais non testés. N’avez-vous pas - ? »
« Je n’ai aucun doute, Kommandeur » répondit sèchement Irsuk. « La victoire est devant nous, Embrassez-la. »
« Je suis désolé, monsieur », dit Strakhov, « mais il y a plus. Nous avons subi des attaques de l’intérieur. Des éléments cygnaréens et llaelais ont frappé l’une de nos principales casernes et une importante fonderie. »
Cela surpris Irusk, puis le mis en colère. « Comment ? Il n’y a pas de passage à travers les murs. »
« Aucun à notre connaissance, mais je crois que nos ennemis ont reçu de l’aide de l’intérieur de la ville », déclara Strakhov. « De plus, les rapports que j’ai indiquent que ces attaques ne sont pas des attaques de simples soldats. Des warcaster dirigeant des warjacks en font partie – Ashlynn d’Elyse ainsi que l’Aurum Légat Lukas di Morray, Commandeur de la Garde du Creuset. »
L’alarme se propagea dans l’esprit d’Irusk. Ces noms évoquaient la panique, et davantage les noms que Strakhov n’avait pas mentionnés.
« Montre-moi où se trouvent cette caserne et cette fonderie », déclara Irusk en se dirigeant vers une grande table contenant une carte détaillée de Merywyn.
Strakhov indiqua les installations demandées, et leurs emplacements étaient exactement comme Irusk craignait. Ils étaient près du lit de la rivière drainée, les endroits les plus logiques où il puiserait des renforts si les ennemis attaquaient les Stormbreakers alors qu’ils étaient encore au sol.
« Rassemble tous les soldats et les warjacks que tu peux. Immédiatement », dit Irusk.
« Ashlynn d’Elyse et Lukas di Morray ne vont nulle part, monsieur. Je pourrais y envoyer des renforts et les détruire. »
« Ils sont une distraction », pesta Irusk. « Stryker vient ici. »
Les yeux de Strakhov s’écarquillèrent, mais il hocha la tête. « Oui. Ça a du sens. C’est ce que je ferais. »
« Kovnik ! » Cria Irusk au mékanicien proche, Ivan Drashka. Il était une redoutable présence, un grand homme musclé avec une tête rasée et un bras prothétique.
Le Kovnik Drashka se précipita et salua. « Kommandant Suprême ? »
« Je veux les trois Stormbreaker dans les airs le plus vite possible » déclara Irusk.
« Nous somme toujours en train de charger des munitions, monsieur » dit Drashka. « Et il faudra un certain temps pour chauffer les turbines- »
« Une heure tout au plus, Kovnik. Aucune excuse », déclara Irusk, sa voix tranchante comme un rasoir.
Draskha pâlit, une apparence étrange sur l’imposant homme marqué par la guerre. « Je veillerai à ce que ce soit fait. »
Il salua à nouveau puis s’éloigna en courant, sa voix portant sur le lit vide du fleuve en criant des ordres.
« Je peux avoir cent kommandos ici en vingt minutes », dit Strakhov, « avec Torche. »
« Fais-le. Maintenant. » dit Irusk en se tournant vers l’un de ses assistants. « Apporte mon armure immédiatement. »
Alors que Strakhov s’éloignait, Irusk observa les Stormbreakers. Ils ne ressemblaient plus à des machines révolutionnaires. Ils semblaient vulnérables et leur sort était dangereusement lié au sien.
Il n’aimait pas cette possibilité.
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LE CAPITAINE EIRA MACKAY N’AVAIT JAMAIS VU UNE TELLE MER DE ROUGE. Elle se déployait devant le hublot de la tourelle de son intercepteur sans rail tel une mer ondulante de corps armurés et d’imposantes machines. Les khadoréens les attendaient, et Eira savait qu’ils étaient deux fois plus nombreux que ses propres forces.
Dans la tourelle, sa vision était limitée, mais elle commandait l’un des Vulcains et pouvait donc regarder à travers les relais optiques du colosse, utilisant sa hauteur pour obtenir une vue d’ensemble du champ de bataille.
Un autre Vulcain se déplaçait à côté du sien, celui-là commandé par le Général Maréchal Baldwin Gearheart. Au-dessous, il y avait des warjacks lourds, des cygnaréens et de la Garde du Creuset et quelques modèles llaelais acquis à la Tour Gris-vent. Derrière les warjacks, Eira et ses intercepteurs sans rails venait en ligne désordonnée, et derrière eux se trouvaient les miliers de soldats qu’ils commandaient : Chevaliers-Tempêtes, Infanterie de la Garde du Creuset et soldats llaelais. Des forces disparates réunies par une unique cause.
Le tonnerre lointain et roulant de l’artillerie de la ville retentit. Les canons à longue portée qu’ils devaient affronter avant d’engager les troupes ennemies.
« Daniels », appela-t-elle son chargeur, « charge le canon principal. »
« Chargez le canon principal. Oui, Capitaine », répondit-il. Elle entendit le bruit sourd de Daniels chargeant un obus alchimique dans la canon.
« Garrison, du calme », dit-elle à son conducteur en dessous. « Reste en ligne avec les autres. »
Son conducteur disposait également d’un étroit hublot pour guider l’intercepteur.
Mackay tira du canon de l’intercepteur puis les roquettes Aqua Mortuum du Vulcain. Aucune des munitions atteignit les murs de Merywyn, mais elles atterrirent parmi les troupes ennemies, tuant des soldats et endommageant des machines.
Son intercepteur trembla lorsque le Vulcain Gearheart déchargea ses propres munitions, et le reste des intercepteurs tirèrent de leurs canons. Des explosions distinctes provenant d’autres warjacks retentirent, elle sourit alors que les rangs de soldats khadoréens se désintégraient presque entièrement sous la tempête.
Sa joie fut de courte durée lorsque l’artillerie khadoréenne entra en hurlant. À travers les yeux du Vulcain, elle remarqua un intercepteur sans rail réduit en pièces, des dizaines de soldats de la Garde du Creuset incinérés, et l’un des warjacks llaelais, une Mule, réduite en miettes.
« Daniels, recharge », cria-t-elle, mais la terre trembla. Elle sentit plutôt qu’elle ne le vit l’obus d’artillerie s’approcher. Une étrange expérience, presque une expérience de hors-corps l’a saisie alors qu’elle regardait l’obus, à travers les yeux de son Vulcain, frapper juste à gauche de son Intercepteur et exploser. Le monde tourna, l’onde de choc la frappa violemment, la faisant tournoyer dans tourelle, son champ d’énergie fusant en un cocon protecteur pendant que son intercepteur roulait. Elle entendit Daniels ou peut-être Garret crier, puis ce fut l’obscurité.
Quand Mackay se réveilla, l’intercepteur était stable et sa tête palpitait, mais elle avait maintenu sa connexion avec le Vulcain, et le déplaça pour venir se tenir à côté de son véhicule accidenté. Elle baissa les yeux vers la partie principale de l’Intercepteur et frissonna. Le tir d’artillerie avait percé un trou à l’avant du véhicule, juste au-dessus du poste de conduite. Il ne restait plus grand-chose de Garrison. Et Daniels avait visiblement été projeté à l’intérieur de l’Intercepteur – sans champ d’énergie pour le protéger, les multiples impacts avaient ravagé son corps.
Elle attrapa les plaques d’identification de Daniels autour de son cou et repêcha celles de Garrison parmi les boyaux qui recouvrait le siège du conducteur. Elle s’empara d’un canon à main sur un râtelier et ouvrit la trappe supérieure à coups de pied. Le bruit et la fumée s’infiltrèrent, un effroyable amalgame de la guerre. Elle déglutit et plongea à travers la trappe, la terreur lui tordant les tripes. Elle ne craignait ni la guerre, ni la guerre, ni la mort, ni le combat, mais le fait d’être confronté à toutes ces choses en dehors du cocon protecteur de son intercepteur la terrifiait. Elle bougea quand même.
Elle rampa de l’Intercepteur à la roue droite de son Vulcain à quelques pas de là. L’énormité de la machine était stupéfiante, lui donnant une poussée d’agoraphobie momentanée. Elle se leva et fit le point.
Des soldats circulaient maintenant autour de Mackay, certains l’interrogeant et jetant des regards inquiets dans sa direction.
« Continuez, continuez », cria-t-elle. « Je vais bien. »
Elle prenait du retard et elle ne voulait pas que cela se produise. Elle grimpa sur les roues de son Vulcain, s’accrochant à l’une des échelles d’accès. En avant, projeta-t-elle à l’énorme machine, et il repartit vers l’avant, accélérant tandis que des obus d’artillerie explosaient tout autour d’elle. Elle employa à nouveau sa hauteur pour avoir une idée du déroulement de la bataille. Leurs warjacks et leur infanterie lourde étaient au corps à corps avec les khadoréens, bien qu’ils aient laissé un sillage de corps derrière eux. L’artillerie avait fait des ravages. Les warjacks suivirent, tirant du canon ou balançant de massives armes de combat sur les troupes ennemies ou les warjacks khadoréens.
Mackay continua à déverser les munitions alchimiques de son Vulcain dans l’ennemi jusqu’à ce qu’un obus d’artillerie chanceux éclate contre sa poitrine, la projetant en arrière et la jetant presque de son perchoir. L’obus n’avait pas brisé l’armure du colosse, mais il ne pourrait pas résister à de nombreux autres impacts directs.
Ne menace plus importante se profilait à l’horizon. Un Conquête, un colosse khadoréen, se précipitait dans leur direction. Alors qu’il approchait, l’immense double canon surmontant sa coque tira, un panache lumineux de feu et de fumée. Les obus de canon sifflèrent, manquant la tête de peu. Elle riposta, poussant son guidage dans les fusées et marqua un coup direct. Les roquettes ne brisèrent pas l’armure, mais leur charge utile alchimique la corroda, la rendant plus faible pour les attaques ultérieures.
Ils étaient trop proches pour des attaques à distance maintenant, alors le Conquête chargea, un poing gargantuesque armé. Mackay sauta du Vulcain et roula à ses pieds, poussant sa volonté dans les membres pesants du Colosse. Les deux énormes machines se rencontrèrent dans une collision qui fit grincer des dents alors que la bataille se déroulait autour de Mackay dans une marée de lumière et de bruit.
. . .
STRYKER COURAIT LE LONG DU FLEUVE, un barrage nouvellement construit s’élevant devant lui. Dans son dos, il y avait cinquante Lames-Tempêtes ; à côté de lui, le Lieutenant Harcourt et l’imposante silhouette de Vî Arsouye. Lui et Magnus s’étaient séparés un kilomètre avant. Son vieux mentor emmenait la force du Corps de Carabiniers et l’Avalancheur dans les rues tortueuses de Merywyn. Ils étaient plus rapides, et la propre force de Stryker plus lourde, le gantelet qui percerait, tandis que Magnus éloignerait le gros de l’ennemi.
Devant eux, une force de kommandos d’assaut, une centaine, peut-être plus, se dirigeait vers eux. C’était un spectacle déconcertant, mais bien moi que les formes gigantesques qui dépassent du barrage. Il ne pouvait pas voir l’entièreté du navire céleste khadoréen, juste ce qui semblait être des structures imposantes au sommet de coques gargantuesques, trois, peut-être un pont ou un centre de commandement. Une terreur vive le saisit. Il avait accepté que les khadoréens aient développé un navire céleste et même battu le Cygnar à plate couture en en achevant un. Maintenant, face à la réalité, ils y avaient trois navires célestes terminés, son esprit se brouilla de vision de flammes s’abattant des cieux, réduisant en poussière et en ruines comme les grands dragons d’autrefois. Trois.
Il n’avait pas le temps de s’attarder sur ces pensées apocalyptiques, et la mise hors service d’un ou plusieurs des vaisseaux khadoréens était l’unique moyen d’éviter cet effroyable destin.
Normalement, il devrait arrêter ses Lames-Tempêtes, les aligner et les laisser trancher les khadoréens qui s’approchait avec des éclairs d’énergie galvanique. Mais il n’avait pas le temps. Le siège lui avait offert un petit avantage – l’ennemi devant leurs portes avait éloigné la plupart des troupes et des warjacks khadoréens Il semblait avoir pris Irusk et Strakhov au dépouvu dans une certaine mesure, sinon il aurait à faire face à une force beaucoup plus importante.
Stryker jeta un sort dans les dernières frénétiques secondes avant de se joindre au combat, renforçant l’armure de ses Lames-Tempêtes avec une force arcanique. Des runes fleurirent également autour du corps d’Harcourt, offrant probablement à Vî Arsouye une protection additionnelle. Le vieux warjack serait vital pour leur cause.
Les kommandos d’assaut vidèrent leurs carabines, mais les armes légères ne causèrent aucun domage significatif à Stryker ou à ses troupes. Son champ d’énergie et l’armure arcanique qu’il avait fournie au Lames-Tempêtes repoussaient facilement les balles.
Stryker entra en contact en premier, balançant Vif-Argent dans une frappe par-dessus sa tête qui trancha le premier malheureux kommando d’assaut de la tête au sternum. Il arracha son arme fumante, laissant les balles et les bayonettes rebondir sur son armure et son champ d’énergie.
Arsouye vint ensuite, et son marteau sismique dégagea une large zone d’ennemis, projetant leurs corps sans vie dans la rivière.
Irusk, décida-t-il, doit être désespéré s’il envoie des kommandos d’assaut en mêlée avec les Lames-Tempêtes. Malgré leur nombre, leur armure légère et leurs armes les rendaient mal équipés pour faire face à l’épaisse plaque et aux glaives-tempêtes de leurs ennemis.
Ça devenait un massacre, une lente mouture de sang et de puanteur d’ozone des décharges voltaïques. Stryker savait que le but de ses ennemis n’était pas de le vaincre mais de les ralentir, de l’empêcher d’atteindre les navires célestes pendant un certain temps encore. Ils n’avaient pas encore décollé, mais Irusk ne devait pas être loin de cet objectif.
« Poussez », Cria Stryker. « Abattez-les ! »
Les Lames-Tempêtes resserrent les rangs derrière lui, formant un coin serré avec lui et Vî Arsouye comme pointe, et ils tranchèrent et formèrent leur chemin à travers l’ennemi. Ils franchirent une bonne trentaine de mètres le long de la rivière, passèrent les barrages, et maintenant, Stryker pouvait voir les navires célestes khadoréens dans toute leur épouvantable gloire.
Chaque navire était trente pourcents plus grand que le navire cygnaréen Perce-Nuage. Chaque pont intermédiaire était un treillage ouvert, et chaque pont supérieur était une étendue plate qui pouvait contenir des douzaines de warjacks. Cinq globes blindés couvraient l’intégralité de chaque navire et abritaient probablement les moteurs célestes. Enfin, quatre canons en copule dépassaient du fond de chaque navire, plus gros que tout ce que Stryker avait jamais vu sur le terrain.
Si les navires célestes s’envolaient, ils détruiraient tout ce pour quoi il s’était battu. Il laissa cette effroyable pensée le motiver à continuer, accordant une force induite par la panique à ses coups et le portant en avant.
. . .
MAGNUS ENTENDIT STRYKER ARRIVER AU CONTACT avec les kommados d’assaut alors qu’il descendait une rue étroite de Merywyn. L’anneau d’acier et le grésillement des décharges d’énergies galavaniques étaient indubitables.
« On dirait que le seigneur général prend du bon temps », déclara le Capitaine Blackheal aux côtés de Magnus. Le corps de carabinier rhulique semblait presque étourdi par l’excitation.
« Nous somme sur le point de le rejoindre », dit Magnus en jetant un coup d’oeil derrière lui, où quarante autres nains s’était accroupi à côté et autour du courtaud, mais toujours massif Avalancheur. Le second du capitaine, l’énorme ogrun Urgan, criait des ordres à la machine, la guidant avec la teneur affirmée d’un contrôleur de ‘jack.
Ils avaient devancé Stryker, et lorsqu’ils retournèrent au bord de la rivière, le souffle de Magnus se bloqua dans sa gorge. Les trois navires célestes khadoréens seraient l’une des choses les plus merveilleuses qu’il ait jamais vues s’ils n’étaient pas aussi terrifiants. Peu de choses que Magnus avait rencontrés sur le champ de bataille l’effrayaient, mais les trois monstres métalliques flottants dans le lit du fleuve asséchaient sa bouche et lui volaient la force de ses membres.
« Par les Pères », dit le Capitaine Blackheel, « nous les avons aidés à les fabriquer. »
Ce n’était pas une question, et le ton du nain voulait tout dire. Il reconnaissait la menace non seulement pour sa propre vie ou celles de ses alliés, mais pour sa patrie, pour la patrie de chacun.
Magnus refoula sa peur et se concentra. Stryker était en plein combat avec une foule de kommandos d’assaut, mais ils avaient d’autres problèmes. Une petite force de Man-O-War remontait du lit du fleuve, dirigé par le Kommandeur Strakhov. Son warjack personnel, Torche, tonnait à côté de lui C’était le problème immédiat. Au-delà de cela, Magnus aperçut Irusk dans le lit du fleuve diriger des soldats et des machines sur des rampes de chargement et dans les navires célestes. Strakhov n’était donc qu’une distraction – mortelle, mais une distraction tout de même.
« Capitaine, je veux vos carabiniers sur ces kommandos d’assaut », dit Magnus. « Murgan, vous et l’Avalancheur, avec moi. »
le Capitaine Blackheel fit un signe de la tête. S’il n’aima pas que Magnus lui donne des ordres à lui et à ses nains, il ne le montra pas. « Murgan, fais ce qu’il dit. »
« Où allons-nous ? » demanda le grand ogrun, en détachant son bouclier et en portant et en épaulant sa vouge de guerre.
« Refaire connaissance avec le Kommandeur Strakhov. »
. . .
STRAKHOV JURAIT LOURDEMENT. Les kommandos d’assaut se faisaient tailler en pièces. Il n’avait pas d’autre choix que de les envoyer pour intercepter Stryker, mais cela lui faisait mal de voir de courageux hommes et femmes donner leur vie simplement pour ralentir l’ennemi. Les Stormbreakers étaient plus importants. Ils le savaient, il le savait, mais c’était une vérité amère.
Il était clair qu’ils ne résisteraient pas longtemps, et qu’ils ne ralentiraient pas suffisamment Stryker pour faire a différence. Strakhov avait embarqué le peu de Man-O-War qu’Irusk ne chargeaient pas à bord des navires. Le kommandant suprême craignait toujours que la bataille ne déborde sur les navires célestes eux-mêmes. Strakhov s’était empressé de renforcer les kommandos d’assaut e tralentir encore et peut-être même vaincre Stryker.
Il avait confiance en lui. Stryker avait trop dispersé sa petite force entre les attaques sur les casernes et la fonderie. Strakhov étendit sa volonté jusqu’à Torche, se préparant à charger, sa vision tournée vers Stryker Ils s’étaient rencontrés lors d’un combat en tête-à-tête à Croix-des-Fleuves, et il avait envie de reprendre leur duel.
Il pouvait sentir l’impatience de Torche d’engager le Vî Arsouye alors que sa déchiqueteuse hurlait. Ils étaient sur le point de prendre le dessus sur Stryker lorsque terrible grondement de l’artillerie approchante retentit – et Torche disparut dans un souffle de flammes et de fumées.
Les dommages causés au warjack beuglèrent dans l’esprit de Strakhov même s’ils étaient minimes : le blindage roussit, un relais galvanique réduit à cinquante pour cent de sa capacité opérationnelle. Le coup était venu d’un côté enregistrant ce qu’il voyait. Asheth Maagnus et un ogrun en armure archaïque le chargeaient avec un warjack rhulique en remorque, un Avalancheur. Derrière eux se trouvaient des rangs de guerriers nains. Le Corps de Carabiniers formait une double ligne de tir et commença à tirer sur les kommandos d’assaut.
Strakhov secoua la tête et jura. Il aurait dû savoir que Magnus se cacherait quelque part dans les environs. Malgré les années d’inimitié entre Stryker et Magnus, ils semblaient pratiquement unis comme des siamois durant ce conflit.
En quelques secondes, Strakhov calcula les chances d’une victoire. Il savait que Magnus le clouerait surplace jusqu’à ce que Stryker achève les kommandos d’assaut ; et qu’ensemble, ils le submergeraient. Cependant, cela ne servirait pas du tout les intérêts de la Mère Patrie.
Il battit en retraite.
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