ROYAUMES D’ACIER > Background – Histoire des Royaumes d’Acier

Roman - STORMBREAK

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elric:
STRYKER OBSERVA L’OGRUN MURGAN en train d’écraser son bouclier dans le dos d’un kommando d’assaut, brisant probablement la colonne vertébrale de l’homme, puis décollant la tête d’un autre d’un coup de sa vouge de guerre. Magnus rejoignit la mêlée peu de temps après, se frayant un chemin sanglant à travers les khadoréens pour retrouver Stryker au milieu de ce qui était devenu rien de moins qu’un abattoir.

Le combat pris fin brusquement, une vingtaine de kommandos d’assaut restant jetant leurs armes et battant en retraite. Quelques Lame-Tempête, ensanglanté, allaient les poursuivre, mais Stryker les appela. La vraie menace était en dessous.

Magnus ouvrit la bouche, peut-être pour fournir un rapport, mais un bourdonnement faible et aigu se fit entendre jusqu’à devenir un terrible cri aigu le noyant. L’un des navires célestes khadoréens, ses énormes cheminées crachant des torrents de fumée noire, s’éleva du sol, un pesant léviathan à qui l’ont eu donné des ailes.

Les deux autres navires célestes restaient au sol, les portes de leur immense baie ouvertes, et continuaient à charger des troupes et des munitions.

« Allez, allez, allez ! » hurla Stryker en pointant Vif-Argent. Il ne restait plus de temps pour une quelconque approche, mais une charge d’enfer vers le navire céleste le plus proche. Il reposait à deux cents verges de là, en bas du talus escarpé du lit du fleuve asséché.

Stryker et Magnus menaient la force combinée de rhulfolk et de lames-Tempêtes sur la pente, dérapant et glissant en descendant. Harcourt réussit à maintenir Arsouye sur ses pieds, et d’une manière ou d’une autre, l’Avalancheur réussit à rester debout également.

Ils touchèrent le lit du fleuve et coururent. Le souffle de Stryker brûlait dans ses poumons. Cent cinquante verges maintenant. Les portes d’une autre soute se fermèrent et ses moteurs se joignirent au terrible rugissement sonore du premier navire.

Il en restait un.

Cent verges, et il repéra une force de Garde des Glaces, une centaine ou plus, probablement récemment arrivé de plus loin dans la ville, se déplaçant pour les intercepter.

Les troupes ennemies les atteindraient avant qu’ils n’atteignent le dernier navire céleste. Stryker jeta sa tête en arrière et hurla de frustration.

« Grimpez dans ce maudit navire ! » Cria le Capitaine Blackheel. Le visage du rhulfolk était écarlate – courir ne faisait pas exactement partie de sa stratégie de combat. « Nous allons ralentir ces rouges pour vous. »

Stryker hocha la tête, détestant le fait qu’il n’avait pas le temps de reconnaître la bravoure et le sacrifice potentiel de ce nouvel allié.

Lui, Magnus et les Lames-Tempêtes se détachèrent du Corps de Carabiniers, les bruits des coups de fusil et le grondement du canon de l’Avalancheur s’estompant derrière eux.

L’embarquement des khadoréens était presque terminé, mais Stryker n’était plus qu’à vingt verges du dernier navire céleste. Une petite force de Man-O-War se tenait en haut de la rampe de chargement. Ils avaient réalisé que Stryker les atteindrait avant qu’ils ne puissent décoller.

Les Man-O-War vidèrent leurs boucliers cannons, labourant le sol devant Stryker et Magnus. Leurs deux champs d’énergies crépitèrent, les laissant indemnes mais secoués. Un petit nombre de Lames-Tempêtes n’eurent pas autant de chance.

« Arsouye d’abord ! » Cria Stryker à Harcourt, et le Cuirassier sprinta devant, galvanisé par la force arcanique d’Harcourt. Le warjack toucha la base de la rampe et la chargea tel un bélier doué de conscience et expressif. Des tirs directs des canons boucliers des Man-O-War fleurirent en rouge et noir sur la coque d’Arsouye, mais il défonça la porte de la baie — une énorme ouverture d’environ neuf mètres de haut et au moins aussi large – avec son marteau. Le Cuirassier se fraya un chemin et concentra les attaques ennemies sur lui tandis que Stryker, Magnus et ce qui restait des lames-Tempêtes gagnaient la rampe puis la baie de chargement au-delà.

Les yeux de Stryker s’adaptèrent à l’obscurité enfumée de la soute, un espace caverneux tel une vaste tombe en métal. À l’intérieur, il y avait des supports et des étagères pour le chargement, ainsi que des baies pour les warjacks. Celles-ci étaient heureusement vides, mais une douzaine Man-O-War c’étaient déjà problématiques.

Les portes de la baie demeuraient ouvertes et l’image choquante du sol disparaissant et laissant place au ciel ouvert rendait Stryker mal à l’aise. Comme si le moment collectif de retenue du souffle était passé, la bataille reprit, et Stryker plongea à nouveau dans la mêlée.

Les Man-O-War étaient redoutables, mais la présence d’Arsouye et de trois warcasters les surpassait. En quelques minutes, il n’y avait plus que des soldats cygnaréens dans la baie de chargement. Les dernières Lames-Tempêtes commencèrent à s’occuper des blessés, et Stryker leur laissa un moment de répit. Il n’y aurait encore de violents combats à mener.

Il s’appuya sur Vif-Argent, haletant. Agnus s’appuya avec un bras contre un mur, son visage était couleur du lait, et Harcourt s’assit sous Arsouye. Le warjack souffla un petit trille de vapeur et s’accroupit pour protéger son nouveau maître.

« Ça va, Harcourt ? » Demanda Stryker. Il n’insulterait pas Magnus en s’inquiétant de son étant.

Le jeune warcaster évita la question de Stryker. « Je reprends juste mon souffle, monsieur. »

Il se cala contre le marteau sismique d’Arsouye, et le warjack le tira doucement sur ses pieds. Stryker ne pouvait s’empêcher de ressentir un moment de nostalgie — Arsouye était à lui depuis de nombreuses années, et son ancien compagnon de bataille lui manquait.

« Une idée de l’endroit où se trouvent les moteurs célestes ? » Dit Magnus, en secouant le sang de Pourfendeur.

Stryker secoua la tête. « Pas exactement, mais as-tu remarqué ces sphères blindées quand on s’est approchés ? »

Magnus hocha la tête.

« Je suppose que ce sont les logements des moteurs célestes. » Stryker regarda autour de la baie, à la recherche des sorties. Il y en avait deux : un ascenseur à vapeur pour transporter les soldats, l’équipement et les warjacks au pont supérieur, et une solide porte métallique dans le mur ouest.

« Par là », dit Stryker.

« On ne peut pas faire passer Arsouye par là », fit remarquer Magnus. Stryker réfléchit. « Nous le laisserons ici avec la moitié des Lames-Tempêtes. Ensuite, nous utiliserons l’ascenseur pour les amener sur le pont supérieur. »

« Et nous ? »

« Nous allons trouver le moteur céleste le plus proche et le désactiver. »

« Juste un ? » Demanda Magnus.

« D’après les plans que j’ai vus de notre propre navire céleste, il faute plusieurs moteurs célestes opérationnelles pour faire voler quelque chose d’aussi lourd. Ils auront besoin de chaque once de portance qu’ils peuvent obtenir. »

« Je n’ai pas envie de percuter la ville », déclara Magnus.

Stryker sourit avec lassitude. « Si nous désactivons un moteur céleste, cela ne devrait pas nous faire tomber, mais cela forcera l’engin à atterrir. »

« T’es sûr de ça ? » Demanda Magnus.

« Non », admis Stryker, « mais nous ne pouvons pas laisser cette chose en l’air. »

« Cela laisse encore deux navires », déclara Harcourt. « Même si nous en écrasons un, deux de ces choses peuvent détruire notre armée, puis Corvis, Port Bourne, Caspia… »

« Il n’a pas tort », dit Magnus, et soudain quelque de sinistre et de froid traversa son visage. « attends. Tu pourrais piloter ce truc ? »

« Moi ? Je n’en ai aucune idée. J’ai vu les plans de notre propre navire céleste, mais celui du Khador pourrait facilement être compétemment différent », dit Stryker.

« Personne n’a dit qu’il fallait le piloter correctement », déclara Magnus Il avait un regard dans les yeux qui pouvait être effrayant ou ressembler à de la joie. Stryker ne pouvait pas faire la différence quand il s’agissait de Magnus, mais il comprenait ce que voulait dire l’ancien mercenaire.

« Peut-être », dit-il.

« Nous avons un bélier volant de cent cinquante-deux mètres », poursuivi Magnus. « Dans quelle mesure notre propre navire est-il prêt pour le combat ? »

« Je n’ai aucun moyen de savoir ou même si Nemo a reçu notre message. »

« Mais il y a une chance si c’est l’un des nôtres contre l’un des leurs. Si deux contre un, il n’y a aucune chance », déclara Magnus.

La pièce était devenue froide et silencieuse, alors que chaque home et chaque femme envisageait ce que cette décision signifierait finalement. Stryker savait qu’ils les suivraient, mais il détestait donner l’ordre. Cela n’avait pas d’importance, il devait le donner de toute façon.

Très bien. Tous, dans l’ascenseur », ordonna-t-il. « On va se battre pour aller sur le pont. »

. . .

TANDIS QU’ILS ÉMERGEAIENT DES PROFONDEURS DU NAVIRE CÉLESTE dans le vaste vide bleu au-dessus, les genoux de Magnus ployèrent à cette vue. Le pont principal s’étendait sur une trentaine de mètres d’étendue d’acier plat et gris, interrompu uniquement par les marques des emplacements des ascenseurs des cales. Ils étaient à une trentaine de mètres du plancher des vaches, tout Merywyn s’étendait en dessous d’eux comme une carte détaillée. Une énorme masse de soldats khadoréens près de la muraille occidentale combattait une beaucoup plus petite force cygnaréenne et llaelaise. Puis, alors que le navire se déplaçait, il aperçut une autre armée, une mer bleue de troupes approchant du sud, et une autre force, un peu plus petite approchant du nord. Tout cela n’aurait pas d’importance s’ils ne mettaient pas hors services les vaisseaux.

Au moment où l’ascenceur se stoppa, ils étaient attaqués. Une autre force de Man-O-War, cette fois soutenue par un warjack Destructeur, ouvrit le feu sur eux. Les explosions projetèrent Magnus sur le pont, son champ d’énergie absorbant la plupart des nombreuses détonations.

Stryker chargea directement, Harcourt et Vî Arsouye pas loin derrière, les Lames-Tempêtes dans leur sillage. Magnus se releva, essayant de ne pas regarder au-delà du pont, le vide du ciel s’ouvrant de chaque côté.

Il invoqua sa magie et lança le sort Flou sur les Lames-Tempêtes avant de courir pour les rattraper. Arsouye s’était jeté sur le Destructeur avec son marteau sismique, écrasant le blindage et faisant reculer d’un pas le grand warjack. Magnus se précipita vers les deux warjacks, tranchant un Man-O-War d’un coup de Pourfendeur.

Soit Arsouye ou Harcourt l’avait vu venir, et le Cuirassier se déplaça vers la gauche, offrant à Magnus une ligne dégagée vers la jambe droite du Destructeur. Magnus concentra sa volonté, se glissa sous la bombarde du Destructeur, et lui taillada la jambe, une, deux, trois fois. Le fluide hydraulique gicla, et le warjack se tourna sur sa bonne jambe pour le fondre avec sa hache. Il se jeta  à plat ventre sur le pont, et la hache passa au-dessus de sa tête. Le sifflement du marteau sismique d’Arsouye vient un instant plus tard, déformant la coque du Destructeur telle une fine tôle et détruisit son cortex. Il bascula, huit tonnes de ferraille inerte.

Stryker, Harcourt et les Lames-Tempêtes s’occupèrent rapidement des Man-O-War, mais non sans un coût. Une demi-douzaine de cadavres de Cygnaréens gisaient parmi les khadoréens morts.

Par-dessus eux, la superstructure du pont se dressait à dix-huit mètres dans les airs ; derrière aux, le gémissement hydraulique d’un autre ascenseur s’élevant vers pont supérieur retentit, apportant probablement plus de troupes.

« Je vais retenir tout ce qui arrive avec cet ascenseur », déclara Magnus. « Je vous ferai gagner autant de temps que possible. »

Stryker hocha la tête. « Si je ne vous vois pas après ça… »

« Tu peux t’estimer chanceux », déclara Magnus en souriant, bien qu’il saisisse l’avant-bras de Stryker pendant un moment. « Aller. »

« Harcourt, tu es avec moi », déclara Stryker. « Reste en contact avec Arsouye aussi longtemps que tu le peux. »

« Ils se tournèrent et sprintèrent vers le pont.

Magnus se prépara à résister à la marée.

. . .

STRYKER ET HARCOURT ATTEIGNIRENT l’entrée de la structure du pont, une petite porte au bas d’un pilier trapu en acier. Rien de plus grand qu’un homme ne pouvait entrer par cette porte, et même alors uniquement une personne à la fois. La prise du pont ne serait pas chose facile.

Comme on pouvait s’y attendre, la porte était verrouillée.

« Reculez », dit Stryker, en pointant Vif-Argent et en lâchant un projectile d’énergie galavanique. Des étincelles jaillirent, et la porte chuta vers l’intérieur, révélant d’étroits escaliers métalliques qui montaient.

Harcourt dégaina son canon à main et son épée mékanique. Stryker tenait Vif-Argent près de son corps ; l’arme n’était pas conçue pour des espaces étroits, mais il se débrouillerait. « J’y vais en premier. »

« Le pont et le centre de commandement doivent être au sommet », déclara Harcourt, derrière Stryker en montant les escaliers.

Stryker se déplaça prudemment d’un étage à l’autre. Il y avait plus de portes à chaque palier, mais il continuait à monter, ses jambes devenant lourdes dû à l’effort de grimper en armure.

Stryker bondissait en avant à chaque tournant des escaliers, sachant qu’il risquait de se heurter à une larme ennemie ou de recevoir un coup de canon à main à une portée horriblement rapprochée.

Il s’avéra que ce fut le premier.

Le Man-O-War attendait, sa hache exterminatrice contre le mur. Stryker ne le vit pas avant d’avoir franchi le coin du dernier palier. Il réussit à se tourner sur le côté une fraction de seconde avant que l’arme ne frappe, mais elle traversa son champ d’énergie et endommagea son armure. Le coup expulsa l’air de ses poumons et le projeta en vas des escaliers. Le Man-O-War le suivit, brandissant sa hache telle une lance. Il avait clairement l’intention d’utiliser son poids et son élan pour embrocher Stryker.

Le Man-O-War était à mi-chemin lorsque le canon à main d’harcourt détonna. Le coup de feu frappa le casque du soldat khadoréen mais ne le pénétra pas. Au lieu de cela, il propulsa le khadoréen sur le dos. Sautant par-dessus Stryker alors que le Man-O-War s’abattait, Harcourt empoigna sa lame à deux mains et l’enfonça dans la cuirasse du khadoréen, la tordit et dégagea l’arme.

Stryker se releva et vint derrière Harcourt.

« Tu as appris une ou deux choses du Maréchal d’Elyse », dit-il.

Harcourt se tourna vers lui, le visage pâle, et hocha la tête. « Surtout pour leur tirer dessus puis les poignarder. »

Stryker frappa le jeune warcaster dans le dos et continua de monter les escaliers.

Ils atteignirent le sommet peu de temps après. Une autre porte.

Ils doivent nous attendre de l’autre côté », dit Stryker, sachant que le pont serait très bien protégé.

Harcourt questionna : « Des sorts ? »

« Bouclier mystique », répondit Stryker. « Alors je veux que tu les chopes avec ton canon à main. L’un de nous doit survivre assez longtemps pour piloter le navire céleste.

Il n’y avait pas de peur dans les yeux d’Harcourt, juste une détermination résignée. Il connaissait son devoir. Il n’était pas juste qu’un jeune warcaster aussi prometteur meure de cette façon, mais Stryker savait qu’il n’existait pas de mots pour le réconforter.

Ils lancèrent chacun leurs sorts, et leurs champs d’énergie brillèrent tandis que le sort bouclier mystique leur apportait une énergie protectrice. Stryker fit un signe de tête à Harcourt puis a la porte.

Des coups de feu retentirent avant qu’il ne puisse pénétrer dans l’endroit, mais les balles rebondirent sur son champ d’énergie. Le pont formait un large demi-cercle, des tableaux de bord d’un côté sous d’immenses fenêtres s’ouvrant sur le ciel. Il y avait la Garde des Glaces, une douzaine au moins, et deux Man-O-War flanquant ce que Stryker supposait être le kapitan du navire. Il avait espéré que pourrait être Strakhov ou Irusk, mais les warcasters khadoréens étaient probablement à bord de l’un des autres navires. Il pouvait les deux navires célestes devant eux, les canons sur le ventre tirant sur ce qui devait être l’armée cygnaréenne et ses alliés.

Sryker souleva Vif-Argent, reconnaissant de l’espace pour la manipuler. Le canon à main d’Harcourt détonna et un soldat de la Garde des Glaces tomba. Les autres se dirigèrent vers Stryker, leur intention étant de l’assaillir. Il virevolta et sabra, Vif-Argent tranchant à travers les corps avec la puanteur de la chair cuite.

Un éclair d’énergie bleue traversa l’air, frappant l’un des Man-O-War et le faisant reculer d’un pas. Le kapitan dégaina un canon à main et tira sur Stryker, le rata et touchant plutôt l’un de ses propres hommes dans le dos.

Avant que Stryker ne puisse crier un ordre, Harcourt se joignit à la mêlée, utilisant son canon à main dans sa main gauche telle une massue tout en manipulant son épée de l’autre. Davantage de la tutelle d’Ashlynn d’Elyse, imagina Stryker.

Il ne restait plus que trois Garde des Glaces. Strykers’éloigna d’Harcourt pour s’occuper d’eux et se concentra sur le Man-O-War et le kapitan. Il para la hache exterminatrice du Man-O-War et virevolta dans l’allonge du soldat, mais ne l’attaqua pas. Au lieu de cela, il sabra le kapitan, qui rechargeait à la hâte son canon à main. Vif-Argent décolla le haut de la tête de l’homme dans une goutte de sang, puis Stryker virevolta à nouveau, découpant la jambe d’un Man-O-War, l’invalidant au sol. La fureur et le désespoir le poussaient à présent ; toute prétention de technique s’effaça. Il frappa le dernier Man-O-War avec une force brute, poussant la force mystique dans ses coups. Son premier coup trancha la hache de l’homme en deux. Le second lui arracha le bras droit au niveau du coude. Le dernier dans son casque, fendant l’acier jusqu’au hausse-col. Il tomba raide mort.

Stryker se retourna. Harcourt se tenait au-dessus des cadavres de ses ennemis, du sang coulant sur son visage alors qu’il titubait vers Stryker.

« Où es-tu touché ? » Demanda Stryker.

« Un coup de hache », dit-il. « Une blessure au cuir chevelu. Je suis juste étourdi. »

Stryker voulu vérifier la blessure, mais à quoi bon ? Rien de tout cela n’aurait d’importance assez tôt. Il se tourna vers les commandes et réalisa avec un soulagement silencieux qu’elles n’étaient pas trop différentes de celles qu’il pouvait voir sur un vaisseau à voile standard. Il y avait même une roue, et à côté, des commandes et des leviers. Il comprenait suffisamment le khadoréen pour lire les mots pour l’altitude et la poussée, bien que si ce navire céleste était comme le vaisseau cygnaréen, ces commandes n’enverraient que des messages aux ingénieurs surveillant le commandes du moteur céleste, indiquant de réduire ou d’augmenter la puissance des noyaux d’entraînements, ce qui à son tour, augmentait ou diminuait la vitesse et l’altitude. Il ne pouvait pas contrôler le navire lui-même – seulement les hommes qui le faisaient fonctionner.

« Comprenez-vous cela ? » Demanda Harcourt.

Stryker regarda par les immenses fenêtres devant lui le dirigeable le plus proche.
« Nous ne faisons pas de vol de précision ici », dit-il en posant les mains sur la roue. « Je vais juste viser la proue… »

Il tourna la roue vers le navire céleste khadoréen. Il y eut moins de résistance qu’il ne s’y attendait, et ainsi le navire tangua follement à tribord, le jetant Harcourt et lui par terre.

Stryker se releva et repris la barre, la stabilisant avant que le vaisseau ne s’éloigne de sa route. Cette fois, il procéda avec plus de prudence et de finesses et réussi à aligner la proue, plus ou moins, avec sa cible. Il attrapa le levier marqué poussée et le poussa en avant, ressentant un léger élan de sympathie pour les ingénieurs en dessous qui suivraient les ordres, les croyant de leur kapitan, ce qui signifierait finalement leur mort. Il ne se passa rien pendant quelques secondes, puis les moteurs rugir et le bruit du vent qui s’engouffrait devint un hurlement croissant.

« Ça y est » déclara Stryker, alors que le navire céleste khadoréen devant eux se rapprochait. Même si’ils se rendaient compte du péril imminent, ils ne seraient pas capables de manœuvre à temps. « William, je veux te dire - »

« Monsieur, regardez ! » Dit Harcourt en pointant du doigt.

Stryker se retourna pour voir un autre navire céleste venant du sud, un vaisseau tout à fait différent des autres. C’était plus un cuirassé qu’une barge, plus petit que les vaisseaux khadoréens, avec une large proue blindée qui se rétrécissait vers la poupe. Son pont était bas, continu du pont supérieur, et derrière lui, des bobines-tempêtes géantes emplissaient le ciel d’un feu bleu.

Nemo venait d’arriver.

. . .

SOULAGEMENT ET TERREUR ENVAHIRENT MAGNUS à l’approche du navire céleste cygnaréen. Son arrivée signifait que Neo avait reçu le message de Stryker, mais le Perce-Nuage se dirigea vers le vaisseau khadoréen avec un angle d’attaque évident, son pont rempli de soldats et de warjacks.

Magnus avait d’autres problèmes, ce qui lui fut rapidement lorsqu’une hache de la Garde des Glaces s’écrasa dans son champ d’énergie et rebondit sur sa cuirasse. Magnus ouvrit le torse de l’homme et lui et le balança par-dessus bord alors qu’il essayait de se retenir.

Les khadoréens étaient nettement plus nombreux que lui, et les renforts ennemis arrivaient depuis le bas à un rythme soutenu. C’était un problème, mais un dilemme plus grave était le fait que son bleu amical ne serait pas visible au sein d’un océan rouge ennemi pour les troupes cygnaréennes à bord du Perce-Nuage. Le Perce-Nuage flottait au-dessus du navire khadoréen afin que ses troupes puissent tirer sur l’ennemi. Il devait trouver un moyen de se signaler.

Magnus examina la mêlée tourbillonnante et trouva Vî Arsouye au milieu d’un enchevêtrement de Man-O-War et de Gardes des Glaces, balançant son marteau et aplatissant les hommes ou les projetant par-dessus bord pour les faire plonger vers leur mort. Le grand Cuirassier, avec sa coque bleue abîmée et sa silhouette incontournable, était aussi grand qu’un drapeau que Magnus pourrait lever. Le warjack était à une dizaine de mètres et une douzaine d’ennemis se tenaient entre eux. Maintenant, il avait besoin de faire de la place.

« Protégez-moi ! » Hurla Magnus à un deux Lames-Tempêtes, et les deux chevaliers se placèrent devant lui pour faire face à une autre attaque des khadoréens. Magnus se concentra et invoqua un sort, l’épuisement de ses réserves mystiques le stupéfiant presque. Les runes se formèrent, et à dix verges de là, le pont du navire khadoréens explosa vers le haut dans une gerbe d’acier, déchiquetant les soldats khadoréens les plus proches de l’explosion et en envoyant d’autres voler.

Il courut vers l’avant sur le pont brûlé, abattant un Garde des Glaces gravement blessé avec Pourfendeur. Au-dessus, les soldats du Perce-Nuage Raelthorne commencèrent à tirer, des pionniers et fusiliers déversant tir après tir dans la mêlée d’amis et d’ennemis.

« Arsouye ! » Cria Magnus en s’approchant du Cuirassier. Le warjack était toujours lié à Harcourt, et il y avait une petite chance, petite, que le warcaster vive et regarde à travers les yeux d’Arsouye. « Signale le navire. »

Arsouye écrasa un autre Garde des Glaces et libéra un souffle de vapeur interrogateur.

« Harcourt, bon sang, fais signe au Raelthorne », cria Magnus, puis tressaillit quand une balle rebondit sur son champ d’énergie. Le tir venait d’en haut.

Les yeux d’Arsouye clignotèrent, et Magnus sentit le subtil picotement de la présence d’un autre warcaster. « Harcourt, emmène-le au bord du pont. »

Vî Arsouye bondi en avant, labourant les derniers Gardes des Glaces et Man-O-War qui l’entouraient tel un train fou. Le warjack ne prit même pas le temps d’employer son marteau – défonçant simplement l’ennemi ou l’écrasant sous ses pieds.

Magnus couru derrière le Cuirassier, abattant tous les khadoréens assez rapide pour se mettre hors du chemin du vieil Arsouye. Le warjack atteignit le bord du pont, là ou les hommes à bord du Perce-Nuage pouvait facilement le voir, et agita son marteau. Agnus s’empressa de jeter un sort et lança un projectile arcanique en l’air, une traînée d’énergie dorée qu’il espérait voir agir comme une fusée éclairante.

Les tirs depuis le vaisseau cygnaréens cessèrent, puis il descendit juste sous le pont principal du navire céleste, un exploit de pilotage possible uniquement par quelqu’un connaissant intimement la machine.

« Saute » cria-t-on depuis derrière Magnus, et il se tourna pour voir Stryker et Harcourt se précipiter dans sa direction, leurs champs d’énergies pulsant en bleu alors qu’ils déviaient les lames et les balles ennemies. « Tous sur le Raelthorne ! »

« Quoi ? » Demanda Magnus, incapable de croire ce qu’il entendait. « Il y a pas une foutue rampe ou … »

Stryker le dépassa et sauta depuis le navire khadoréen. Il resta suspendu dans les airs durant une fraction de seconde et heurta le pont du Perce-Nuage au milieu d’une douzaine de fusiliers.

Harcourt et la douzaine de Lames-Tempêtes restants le suivirent puis Arsouye plongea. Douze tonnes de warjack percuta le pont renforcé du vaisseau cygnaréen avec un bruit semblable à celui d’une montagne tombant sur le sommet d’une montagne.

Les tirs reprirent depuis le pont du vaisseau cygnaréen, tandis que les fusiliers et les pionniers dissuadaient les soldats khadoréens de suivre.

Magnus secoua la tête, combattit tous les instincts hurlants de son cerveau et sauta.

. . .

LES DEUX NAVIRES KHADORÉENS SE PERCUTÈRENT dans un bruit surnaturel, une explosion de métal brisé, de bois éclaté et le grondement sourd de mille canons.

Du pont du Raelthorne, Nemo regardait les deux vaisseaux plonger vers le sol, un enchevêtrement flamboyant de métal brûlant. Ils étaient suffisamment éloignés de la ville pour que les navires s’écrasent sans danger dans le fleuve, projetant une puissante écume de vapeur et d’eau.

« Tous mes hommes sont là, Général Artificier », dit Stryker, la voix fatiguée. Les cheveux roux du warcaster étaient enchevêtrés, et son armure cabossée et ses yeux fatigués exprimaient des jours et des jours de combat. « Abattons ce chaland flottant. »

Nemo secoua la tête. « Ce Perce-Nuage n’est pas armé. »

« Quoi ? » Prononça Asheth Magnus. « Vous avez lancé cette chose dans moyen de gérer ce truc ? »

Il pointait du doigt l’imposante forme du dernier navire céleste khadoréen, à quelques kilomètres de là. Si Stryker avait l’air épuisé, Magnus semblait sur le point de s’écrouler ; l’homme n’était pas beaucoup plus jeune que Nemo, bien que ni l’âge ni la fatigue n’aient empêché son emportement.

« On n’a pas eu le temps », répondit Nemo, essayant d’être patient. « Je l’ai lancé dès que nous avons reçu le message de Stryker. »

« Eh bien, nous pouvons l’éperonner ? » Dit Stryker. Son visage s’assombrit. Il venait de survivre à une mort presque certaine, mais il était là, prêt et disposé à entreprendre le même plan d’action. C’était un soldat jusqu’au bout.

« Cela pourrait fonctionner, mais le Raelthorne est beaucoup plus petite que l’abomination d’Irusk. » Une partie de Nemo voulait sans aucun doute savoir comment, par le souffle de Thamar, ils avaient réussi à faire décoller une telle masse de métal du sol « Nous pourrions nous y fracasser  nous briser et chuter telle une pierre, sans y avoir fait de dégâts réels. »

« Alors à quoi jouons-nous ici ? » Demanda Magnus.

« Ce navire est chargé avec autant de soldats et de warjacks qu’il peut en transporter, y compris un Ouragan », déclara Nemo. « La réponse est simple : nous le rattrapons et nous l’abordons. »

« On peut le rattraper ? » Demanda Stryker. « Il a déjà viré vers Corvis, avec une bonne longueur d’avance. »

« Une sacrée foutue bonne question », déclara Magnus, « et pour aggraver les choses, je parierais qu’Irusk est à bord de celui-là. Il a perdu Merywyn, et vous savez qu’il veut nous faire payer pour ça. Il détruira Corvis et la plupart de la Première Armée sur son chemin. Par dépit, si ce n’est que par méchanceté. »

« Le Raelthorne est plus rapide, sans aucun doute », déclara Nemo, « mais le vaisseau khadoréen est trop loin devant. »

« Ça aiderait si on trouvait des rames et qu’on ramait ? Crachat Magnus.

Nemo hésita, l’oeil brillant, manifestement sur le point de répondre aux sarcasmes de Magnus, mais il se tourna vers Stryker. « Non, nous ne pouvons pas rattraper le vaisseau khadoréen, pas selon la puissance propre du Raelthorne. »

Les yeux de Stryker se rétrécirent. « Que proposes-tu ? »

« Moi, je ne suggère rien », déclara Nemo. « Mais je vous dis que les turbines arcaniques de ce Perce-Nuage sont alimentées par des Accu-Tempêtes. »

Stryker compris immédiatement, mais l’inquiétude sur son visage n’était pas particulièrement convaincante.

« Général Artificier… » Commença-t-il. « Sebastian, nous ne parlons pas de suralimenter un warjack- »

« Ne pensez-vous pas que je le comprends, Seigneur Général ? » Lâcha Nemo. « Vous ne pensez que je connais pas le risque que nous prenons ?

Stryker baissa la tête. « Mes excuses. J’ai parlé à tort et à travers. » Nemo soupira. Stryker vit sa colère s’évaporer, une émotion plus terrible couvrir ses traits : le doute. « Non, mon garçon, tu as simplement dit la vérité, mais je ne vois aucune alternative. »

« Très bien alors. Je te fais confiance, bien sûr. Comment puis-je aider ? »

« Garde le bon cap pendant que je descends. » Nemo rassembla un sourire las. « Les choses pourraient devenir un peu cahoteuses. »

Magnus rigola, bien qu’il soit vide et sans gaieté. « Vous êtes tous les deux cinglés, mais j’en suis pour un foutu cuivre, pour une couronne chopée à Thamar. »

Nemo jeta un coup d’oeil sur le pont – à Stryker, à Magnus, aux officiers et aux soldats qui occupent leurs postes. Tous avaient leur regard fixé sur lui, mais ils savaient qu’il n’avait jamais été doué pour les discours. Les exposés de faits étaient plus de son domaine, même les faits les plus difficiles. »

« Nous allons rattraper Irusk », déclara le général artificier. « Nous aborderons ce navire et nous mettrons fin à cette guerre. »

Mais il n’avait pas l’air très sûr de lui.

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UNE DÉFLAGRATION ÉCLATA AU-DESSUS D’ASLHYNN D’ELYSE lui fit claquer des dents, et elle pensa que le ciel pourrait se précipiter sur eux. Mais elle ne leva pas les yeux, ne détourna pas son attention de la tâche à accomplir. Le Man-O-War troupe de choc qui se tenait devant elle, cependant, n’était pas aussi concentré. Sa hache exterminatrice s’affaissa alors que son casque s’inclinait vers le ciel. Ashlynn employa cette fraction de seconde d’inattention pour enfoncer Némésis dans son casque et son crâne. Elle jeta alors un regard vers le ciel alors que son ennemi s’effondrait sur le sol.

Deux des navires célestes khadoréens s’étaient fracassé l’un dans l’autre, et tous deux retombaient sur terre, traînant des flammes, de la fumée et une pluie de débris. Les soldats llaelais, enfermés dans une bataille désespérée dans la cour de la caserne khadoréenne, se mirent à applaudir, mais ce fut une expression fugace.

Les khadoréens, eux aussi, se préoccupèrent de la question de la vie et de la mort sur le terrain, et la mêlée reprit. La cour était principalement remplie de Gardes des Glaces, qui affluaient toujours de la caserne.

Ashlynn, le Lieutenant Gastone Crosse et le mage balisticien llaelais Vayne du Brascio avaient mené une petite force à la caserne pour empêcher l’ennemi de submerger les troupes de Stryker et de Magnus alors qu’ils cherchaient à monter à bord ou à mettre hors d’état de nuire les vaisseaux célestes khadoréens. Compte tenu des destructions ci-dessus, il semble que les cygnaréens aient atteint les deux objectifs contre au moins deux de leurs cibles. Retarder l’ennemi ici ne semblait plus nécessaire.

Ashlynn scruta la cour, parant les haches des Gardes des Glaces et ignorant les occasionnelles balles qui s’écrasaient sur son champ d’énergie.. Elle aperçut Gastone en train de se battre aux côtés de son Nomade à la coque noire, l’étrange lueur verte de son canon à main maudit projetant l’ombre de son warjack, énorme et vacillante, sur les pavés. Vayne di Brascio se battait dans un groupe de llaelais, employant son pistolet cinémantique et son sabre pour tuer l’ennemi et protéger ses alliés

Elle s’avança vers Gastonne, rassemblant au fur et à mesure les troupes llaelaises. Elle utilisa son armure, son champ d’énergie et sa lame mékanique pour se frayer un chemin à travers la foule ennemie. Elle laissa sa Mule, Soldat, derrière elle, près de la porte, sa masse de combat dégageant ce qu’elle espérait être leur voie pour s’échapper.

Elle atteignit Gastone alors que le jeune warcaster tirait sur un autre Garde des Glaces à bout portant, faisant exploser la majeure partie de la tête de la femme et arrachant l’âme de son cadavre. Ashlynn grimaça, mais l’arme maudite de son protégé était un problème pour une autre fois.

« Lieutenant », cria-t-elle ? Gastone tourna vers elle des yeux vitreux, ses mains rechargeant inconsciemment et adroitement son arme. Elle rencontra son regard. « Nous devons partir. Maintenant. »

Elle désigna le ciel.

Gastone leva les yeux et sembla revenir à lui. Il sourit et quelque chose comme du soulagement passa brièvement sur ses traits.

« Le seigneur général a réussi, je vois », dit-il. « Dommage qu’il en reste un. »

Ashlynn ignora le propos. « Nous devons pousser jusqu’à la porte et sortir de cette caserne. »
Gastone fit un signe de tête. « Bien qu’il y ait beaucoup de rouge entre ici et là-bas. »

Ashlynn ne pouvait être que d’accord. La cour grouillait d’ennemis. Les officiers savaient que deux cibles prioritaires étaient à leur portée. « C’est un ordre, Lieutenant. »

« Bien sûr, Maréchal », répondit Gastone en pointant du doigt. « Mais d’abord recueillons le Capitaine di Brascio. »

Le mage balisticien se tenait seul, entouré de soldat llaelais morts, tailladant et tirant dans une frénésie d’acier et de fumée.

« Allez vers la porte », dit Ashlynn. « Frayez-vous un chemin. Je vais chercher di Brascio. »

« D’accord. Allons-y, Cleaver », ordonna Gastone. Son nomade souffla une note affirmative et l’a ponctué en en tranchant par-dessus son maître un Garde des Glaces chargeant. Puis le Nomade s’avança ; Gastone et les autres soldats llaelais lui emboîtèrent le pas.

Ashlynn invoqua sa magie et améliora sa vitesse de déplacement et le temps de réaction avec son pouvoir arcanique avant de sprinter à travers les khadoréens s’approchant. Les membres de la Garde des Glaces étaient des soldats du rang, non entraînés ni équipés pour affronter un warcaster dans un combat individuel ou même à dix contre un. Elle se fraya u chemin avec une relative facilité, et ils renoncèrent rapidement à l’intercepter. Les imposants Man-O-War, cependant, étaient un vrai problème, et la petite unité khadoréenne lourdement armurées dans la caserne avaient ses boucliers côte à côte et fonçait vers Vayne di Brascio.

Elle atteignit le mage balisticien juste au moment où le mur de bouclier de Man-O-War s’abattait sur lui. Elle frappa le khadoréen de tête, mais Némésis glissa sur son bouclier. Elle fit un bond en arrière pour éviter le coup descendant de la hache exterminatrice et de celle de son compatriote à côté de lui.

« Maréchal, que faites-vous ? » cria di Brascio en rechargeant son pistolet cinémantique à double canon.

« Te sortir d’ici », grogna-t-elle, parant une autre hache exterminatrice et faisant cracher son canon à main sur son propriétaire. La lourde munition fit reculer la tête du khadoréen en arrière mais ne pénétra pas – il ne brisa pas les rangs.

Di Brascio tourna le dos au sien, puis déchaîna la double détonation de son cinémantique. Ils étaient entourés par les troupes khadoréennes. La Garde des Glaces, renforcée par la présence des Man-O-War, avait établi une ligne de tir, et une douzaine de tromblons furent alignés dans leur direction. La Garde des Glaces comptait évidemment sur les boucliers et les épaisses armures des Man-O-War pour repousser toutes balles perdues. C’était un risque qu’ils durent juger utile de prendre dans l’espoir de tuer l’un des plus importants chefs de la Résistance Llaelaise.

« Sang et enfer », siffla Ashlynn en attrapant di Brascio et en les faisant tourner tous les deux, plaçant son armure et son champ d’énergie entre lui et la Garde des Glaces. Le tonnerre remplit la cour et son champ d’énergie se mit à briller. Elle tituba et se mit à genoux lorsque deux projectiles passèrent au travers et frappèrent sa cuirasse et ses épaulières.

Di Brascio fit feu, avec son pistolet cinémantique, sur le mur de bouclier de Man-O-War. Là où le tir d’Ashlynn n’avait pas réussi à pénétrer, la balle ensorcelée de si Brascio perça le bouclier, l’armure et l’homme dedans. Un Man-O-War tomba, créant un trou dans leur ligne, et Ashlynn se leva, ignorant le sang coulant sur son épaule où une balle d’un Garde des Glaces avait transpercé l’armure et les chairs.

Elle invoqua un sort, sachant que ce serait son dernier combat, son dernier effort avant que les khadoréens ne l’abattent. Mais elle mourrait l’épée à la main, et cette épée serait rouge du sang de ses ennemis. Des runes se formèrent autour de son corps, et le monde autour d’elle ralenti tandis qu’elle plainait grâce à des ailes arcaniques. Elle tomba parmi les Man-O-War restants en un clin d’oeil. Son épée brilla et un ennemi mourut. Le khadoréen à côté de lui avança sa hache exterminatrice pour parer, mais il se déplaçait tel un insecte pris dans la sève. Ashlynn le transperça avant qu’il ne puisse bouger son arme de plus de quelques centimètres.

Le pistolet cinémantique de di Brascio retentit à nouveau, et Ashlynn put presque voir la balle en vol, un tison rougeoyant de la mort se dirigeant vers puis à travers un autre Man-O-War.

Cela ne pouvait durer. Le monde accéléra à nouveau, rugissant à nouveau de vie avec le tonnerre et les cris alors que le sort se dissipait. Ashlynn se tenait au-dessus des corps de quatre Man-O-War. Pas assez, et l’ennemi se rapprochait, un empressement glacé gravé sur leurs visages. Aujourd’hui, ils allaient liquider une légende, et chacun d’eux avait le malheur d’être le héros qui donnerait le coup de grâce.

Ils paieraient ce privilège avec le sang, jura-t-elle. Ashlynn souleva Némésis et se prépara à charger quand le boucan de tirs d’armes légères, rapides et en masses, retentit au-dessus de sa tête.

Des traînées de flammes s’élancèrent dans le ciel, tandis que des formes familières descendaient des cieux. La moitié des hommes-fusées ouvrirent le feu avec leurs carabines en descendant, aspergeant les khadoréens d’une grêle de balles. Les autres larguèrent des bombes à gravités, et des gerbes de feu projetèrent les corps ennemis comme des poupées démembrées dans toutes les directions.

Le chaos total régnait dans la cour alors que les troupes de la Garde du Creuset débarquaient. Revigorée, Ashlynn replongea dans la bataille. Un sombre espoir remplaça l’inutilité résignée et offrit une vigueur renouvelée à son bras armé.

Cela se termina rapidement – bientôt mes morts ennemis jonchèrent la cour. Les survivants tombèrent à genoux pour se rendre, l’empressement dans leurs yeux remplacés par une peur blanche.

« Maréchal », prononça quelqu’un, mais les oreilles d’Ashlynn tintaient et sa vision étaient brouillées. La force quittait ses membres et elle tomba en avant, dans les bras d’une silhouette familière, dont les fusées dégageaient encore de la fumée.
« Je te tiens, Maréchal. Je te tiens. »

. . .

ASHLYNN OUVRIT LES YEUX ET SE TROUVA couchée sur le ventre sur une paillasse rugueuse dans une pièce en pierre ordinaire. Elle portait encore son armure, le poids de celle-ci la pressait contre le matelas de paille. Elle gémit et se mit en position assisse. Il y avait d’autres paillasses, sur chacune était alité un soldat llaelais blessé. En regardant autour d’elle, elle réalisa qu’elle était à l’intérieur de la caserne khadoréenne où elle avait failli mourir.

Ceux qui s’occupaient des blessés, dans la caserne, la remarquèrent assise droite, et une grande femme, portant le kit d’un homme-fusée de la Garde du Creuset se précipita dans sa direction. Ashlynn avait combattu aux côtés du Capitaine Elsa Swift plus d’une fois durant ce siège et fut heureuse de la voir.

« Maréchal, vous devriez vous reposer », déclara Elsa, en demandant à l’un des médecins de la rejoindre.

Ashlynn se leva et fit une grimace. La pire douleur provenait de son épaule droite, à la balle du Garde des Glaces avait percé son champ d’énergie et son armure. Elle pouvait encore bouger ce bras, cependant, donc ce n’était peut-être pas trop grave.

« Je n’ai pas le temps de me reposer, Capitaine », répondit Ashlynn. Elle fit signe de tête à l’infirmier, un homme aux cheveux noirs en uniforme cygnaréen. « Pansez la blessure de mon épaule. »

« Vous devez enlever cette épaulière »,dit le médecin.

Elsa se plaça derrière Ashlynn et l’aida avec les sangles. « Je ne vais pas discuter avec vous , Maréchal. Si vous dites que vous êtes aptes à vous battre, alors je vous crois sur parole. »

« Bien, maintenant, dites-moi ce qui se passe là-bas. » Elsa souleva l’épaulière, et le médecin pris sa place.

Il examina la blessure avec douceur.

« La balle a traversé les chairs », murmura-t-il. « Le saignement s’est arrêté et il n’y a aucun dommage à l’os. »

Ashlynn grogna une réponse, puis serra les dents alors que le médecin versait du coagulant sur la plaie avant de se mettre au travail avec du fil et une aiguille.

« La grande nouvelle est que l’armée ordique est en route », déclara Elsa. Les yeux d’Ashlynn s’écarquillèrent. « Vraiment ? »

Ils contournent la frontière del’Ombrie et remontent sur Midfast », déclara Elsa. « Dix mille divisions de boucliers. »

« Alors nous avons gagné », dit Ashlynn.

« Eh bien, il y a encore beaucoup de soldats khadoréens à l’intérieur et à l’extérieur de la ville », averti Elsa. « Ils ne vont probablement pas battre en retraite de sitôt, et il y a toujours un de ses maudits vaisseaux dans les airs. »

« Là. Cela devrait tenir », dit le médecin en tapotant l’épaule d’Ashlynn. Il les quitta pour soigner les plus gravement blessés.

Ashlynn fléchit son épaule ; c’était un peu mieux. « Je ne peux pas faire grand-chose à ce sujet. Stryker et Magnus en ont éliminé deux, nous devons leur faire confiance pour s’emparer du troisième. »

Elsa hocha la tête, le visage pâle. « Ce dernier vaisseau se dirige vers Corvis et La Première Armée Cygnaréenne. Irusk pourrait prendre Merywyn, mais il pourrait détruire Corvis et tuer des milliers avant que ses forces ne se rendent. »

« Cet homme a un nid de vipère pour âme », cracha Ashlynn. Elle détestait ne pouvoir rien faire pour éviter une telle destruction, mais il y avait encore beaucoup à faire ici. « Où sont le Lieutenant Crosse et le Capitaine di Brascio. »

« Dans la cour, ils vous attendent », dit Elsa en souriant. « Ils ne pensaient pas non plus que vous vous reposeriez longtemps. »

Ashlynn sourit et pris Némésis – quelqu’un l’avait soigneusement appuyée contre la paillasse à portée de main. Elle vérifia si le lien avec Soldat était toujours actif et fut soulagée de constater que la vieille Mule était toujours opérationnelle. « Merci, Capitaine. Pour tout. »

« Heureuse de vous aider », répondit Elsa. « J’ai des rapports indiquant que la porte est est mal défendue. J’allais mes Hommes-Fusées et, euh, aggraver la situation. Vous voulez vous joindre à nous ? »

Ashlynn gloussa en s’armant. « Tenter juste de m’arrêter. »

— 24 —

LE CIEL AU-DESSUS DE MERYWYN GROUILLAIT DE GÉANTS. Le Major Elizabeth Maddox n’avait jamais vu une telle chose, n’avait jamais imaginé un champ de bataille qui ne soit pas fait de terre, de pierre et de sang. Aujourd’hui, en tournant ses yeux vers le ciel et les vaisseaux qui s’y battaient, elle comprit que la guerre avait changé pour toujours.
Un seul vaisseau céleste khadoréen restait. Les deux autres s’étaient heurtés en plein ciel – Stryker et Magnus y avaient sans doute contribué – et n’étaient plus que des épaves fumantes dans le fleuve. L’un d’entre eux était encore un problème presque insurmontable – les canons hérissés du bas de sa coque pouvaient réduire une armée ou une ville en cendres. Le vaisseau gargantuesque volait vers le sud, loin de Merywyn, avec le Perce-Nuage cygnaréen à sa poursuite.

Maddox détourna son regard du ciel ; elle avait des préoccupations plus pressantes sur le terrain, principalement les hautes murailles de Merywyn et la masse grouillante de troupes khadoréennes devant eux. L’armée cygnaréenne qu’elle commandait occupait le milieu d’une grande ligne de soldats et de machines alliées qui, bien que forts et compétents, étaient largement en infériorité numérique. Les formes imposantes des Vulcains de la Garde du Creuset et la présence de leur infanterie lourde équilibraient quelque peu les chances, mais le succès dépendait de l’arrivée du Seigneur Général Duggan et de la Première Armée de Corvis.

Le champ d’énergie de Maddox s’est soudainement enflammé autour d’elle alors qu’une autre volée d’artillerie volait par-dessus les murs de la ville, et l’un de ses obus heurta le sol devant elle, réduisant un warjack Vanguard llaelais en éclats mortels. Un Chevalier-Tempête à ses côtés – Evans pensa-t-elle – attrapa un morceau de blindage surchauffée au visage et tomba dans une gerbe de sang.

« Chevaliers-Tempêtes », cria Maddox, essuyant le sang d’Evans sur son visage, «  tir de volée ! »

Elle s’empara de Tempête et libéra un projectile d’énergie voltaïque. Une ligne d’éclairs crépitants rejoignit une centaine d’autres. Des colonnes irrégulières de feu azur furent lancées dans les lignes du Khador, laissant des soldats morts dans leur sillage.

Maddox toucha les cortex des warjacks qu’elle contrôlait – deux Défenseurs et un Chargeur lesquels comprenaient presque tous les warjacks restants de Croix-des-Fleuves. Elle fit feu les canons des Défenseurs, projetant les obus au-dessus des têtes de ses troupes pour atterrir au centre de la ligne khadoréenne. Plus de soldats moururent, mais les rouges avaient une réserve apparemment inépuisable.

Les khadoréens n’avaient pas fait avancer le gros de leurs troupes, mais ils avaient engagé de l’infanterie lourde et beaucoup de leurs warjacks, dont deux Conquêtes. Elle regarda l’un des Conquêtes au corps à corps avec un Vulcain de la Garde du Creuset, et les deux monstrueuses machines se rentrer dedans en un fracas qui résonna sur le champ de bataille.
Les troupes khadoréennes s’éloignèrent des deux colosses luttant pour éviter d’être piétinés, créant un petit trou dans leur ligne. Maddox n’allait pas laisser passer l’occasion.

« Capitaine Yarbrough », cria-t-elle à un Chevalier-Tempête voisin, « prenez votre compagnie et soutenez ce Vulcain. Agrandissez ce trou. »

Yarbrough fit un signe de tête. « Oui, m’dame. »

Il se mit à crier des ordres aux autres chevaliers. Trois cents Chevaliers-Tempêtes quittèrent la ligne cygnaréenne et avancèrent compact vers le Vulcain et les troupes de la Garde du Creuset derrière lui.

« Tous les autres », cria Maddox en levant Tempête, « en avant ! »

Elle était sur le point de charger lorqu’un sifflement strident retentit derrière elle. Maddox tressaillit, s’attendant à une nouvelle volée d’artillerie, mais elle se retourna et vit à la place un messager se déplacer dans les rangs. La femme portait l’équipement du ranger du SRC et sifflait en avançant, annonçant sa présence et le fait qu’elle avait un message important.

« Attendez ! » Cria Maddox et les Chevaliers-Tempêtes l’encerclèrent, créant une barrière protectrice de chair et d’acier.

« Major Maddox », dit la ranger, le souffle coupé, les joues rouges à causes de l’effort, « je suis le sergent Connors. J’apporte des nouvelles du sud. »

« Est-ce le Seigneur Général Duggan ? La Première Armée est-elle arrivée ? » Demanda Maddox, l’espoir s’épanouissant dans sa poitrine.

Connors secoua la tête. « Je ne sais pas, m’dame. Je viens de Nordgarde, pas de Corvis. Je— »

Le gémissement d’un obus d’artillerie résonna au-dessus de sa tête, et Maddox attrapa la ranger et la tira contre elle. L’obus atterri à trente verges ; le champ d’énergie de Maddox s’éclaira à cause de l’onde de choc et des éclats d’obus, pas assez pour blesser les Chevaliers-Tempêtes armurés autour d’elle, mais potentiellement mortel pour un ranger non armuré.

Maddox relâcha Connors et la repoussa doucement. « Continuer. »

« Je … euh… merci », bégayât la ranger.

« Sergent », Maddox agita sa main, « nous sommes au milieu d’une guerre sanglante. Maintenant, crachez le morceau. »

« Oh. Oui bien sûr. Une grande force de Soldats ordique est passée à Nordgarde il y a trois jours », prononça finalement Connors.

« Plus de Garde du Creuset ? » Dit Maddox. Ce serait certainement utile. Leurs soldats et leurs machines se sont révélés extrêmement efficaces, même en petit nombre.

« Non, m’dame », la corrigea Connors. Des soldats ordiques, une dizaine de milliers. »

Maddox resta bouche bée et elle secoua la tête. « Répétez, sergent. »

« Des soldats ordiques, la Division Bouclier de Midfast sous le commandement du Général Vascar. » Malgré les hurlements de l’artillerie, le sifflement des balles et les cris des mourants, Connors sourit.

« Y a-t-il autre chose ? »

« Oui ? Le Roi Baird est parmi eux », déclara Connors.

Maddox rejeta la tête en arrière et se mit à rire. Alyce di Morray avait ait plus que convraincre son oncle de leur venir en aide ; elle avait réussi à faire sortir le vieux roi bandit sur le terrain. Il ne prendrait pas part aux combats, bien sûr, mais sa présence galvaniserait et inspirerait ses troupes. « À quelle distance sont-ils ? »

« Je les ai dépassés il y a deux jours », dit Connors. « Ils devraient atteindre Merywyn dans six heures. »

Maddox réfléchit. Le Général Vascar aurait peut-être des rapports sur les vaisseaux célestes qui se battent actuellement au-dessus d’eux, mais elle ne pouvait en être sûre.

« Des ordres, m’dame ? » Demanda Connors.

« Je veux que vous délivriez un message au Général Vascar. »

« Quel message ? »

Maddox pointa le ciel. « Dites-lui de diriger son artillerie vers les cieux. »

— 25 —

L’AURUM LÉGAT LUKAS DI MORRAY ESQUIVA le marteau de glace d’un Man-O-War, l’énergie glaciale transformant instantanément la sueur sur son front en givre. Il envoya son épaule dans le khadoréen, le propulsant en arrière, puis abattit son propre marteau d’un coup sec. Régulus écrasa le casque et le crâne du Man-O-War, la chaleur des injecteurs thermiques fusionnant l’acier et la chair éclatée en un alliage sanglant.

Les mortiers khadoréens étaient devenus silencieux. Ils avaient fait leur travail – la moitié ou plus des troupes de Lukas gisaient sous une montagne de gravats. Le seul point positif de cette bataille désormais vaine est qu’elle avait permis au Seigneur Général Stryker et au Major Magnus d’aborder et de saborder deux des vaisseaux khadoréens. Il avait observé deux Brise-Tempête se renter l’un dans l’autre et puis s’écraser dans le Fleuve Noir. Le troisième avait continué vers le sud, un vaisseau cygnaréen à sa poursuite.

Il devait battre en retraite, mais des hommes et des femmes étaient piégés et mouraient sous les décombres derrière lui. Un autre brigade de Démolition Man-O-War avait émergé de la fonderie à ‘jack devant, l’un criant des ordres à un Juggernaut. Il lui restait un Vengeur ; l’autre gisait écrasé sous un bâtiment. Un Vengeur et deux douzaines de fantassins lourds avaient peu de chances contre l’ennemi.

« Sergent », lança Lukas à un soldat d’assaut à proximité, « prenez la moitié de votre escouade et commencez à nettoyer ces décombres. Sauvez-en autant que vous pouvez. »

« Monsieur ? » répondit le soldat. « Nous devrions battre en retraite. »

« Pas encore. Je vais les retenir et vous donnez le plus de temps possible. Maintenant, vite, allez-y. »

Le soldat d’assaut fit ce qu’on lui avait ordonné, et bientôt une douzaine d’autres retournaient les décombres et extrayaient leurs frères et sœurs des ruines.

« Les autres avec moi », lança Lukas. Il s’avança à grand pas à côté de son Vengeur. Quinze soldats de choc se mirent en ligne derrière lui.

Lukas pointa Régulus et appuya sur l’interrupteur d’injection de son armure. Le sérum alchimique afflua dans son corps et une force arcanique emplit ses membres et son esprit. « Chargez ! »

Alors qu’ils débutaient un sprint, un cri rauque s’éleva autour d’elle de la part des soldats qui le rejoignaient. Le Vengeur souffla un violent jet de vapeur, et il lui ordonna de faire feu de son canon à compression alors qu’ils s’rapprochaient. Le feu alchimique explosa autour de l’ennemi – pas assez pour les blesser grièvement mais assez leur faire mal alors que ses forces comblaient l’écart.

Lukas repoussa un marteau de glace ennemi, écrasa la jambe du Man-O-War qui le maniait et poussa à travers la ligne ennemie. Son Vengeur le suivit, balançant son propre marteau d’un côté à l’autre, élargissant la brèche. La cible de Lukas était le Juggernaut. Les relais optiques du warjack khadoréen clignotaient pourpre. Il souffla de la vapeur et de la fumée tel un taureau en colère et déboula comme une avalanche rouge.

Lukas ralentit son rythme, laissant son Vengeur charger en avant, et transféra la force arcanique excessive qu’il avait puisé dans son sérum dans sa première frappe. Le marteau du Vengeur s’écrasa contre la coque du Juggernaut, le faisant reculer. Contrairement à la plupart des warjacks, qui nécessitait un contrôleur ou un warcaster compétent, les modèles khadoréens maîtrisent une compétence naturelle au combat dû à l’âge et l’expérience, ce qui manquait aux autres. Le Juggernaut faisait maintenant une démonstration d’une partie de cette compétence. Le Vengeur porta un autre coup, mais lorsque son marteau s’abattit, le Juggernaut attrapa l’arme par le manche avec sa main libre et balança sa hache de glace dans un puissant coup remontant.

Lukas sentit l’arme du Juggernaut mordre dans la jambe droite de son warjack. Puis un frisson glacé traversa son esprit lorsque le cortex de son Vengeur se saisit. Le gel envahi sa coque. Lukas observa avec horreur le Juggernaut frapper à nouveau, fendant le bras gauche de son warjack. Ensuite, le juggernaut enfonça son poing dans la coque, juste au-dessus de la tête du Vengeur, écrasant son cortex et mouchant sa présence dans l’esprit de Lukas comme si quelqu’un avait soufflé une bougie.

Le contrôleur du Juggernaut, un Man-O-War, aboyait ses ordres. Instructions simples : tuez le warcaster ennemi.

Lukas recula alors que le Juggernaut avançait, lançant à la hâte un sort pour renforcer son armure. Un geste largement futile – l’arme du warjack khaodréen le trancherait en deux, ou le ‘jack l’écraserait à coup de poing.

Il esquiva le premier coup de la hache de glace et riposta avec Régulus, écrasant et fondant en partie l’épaule blindée du Juggernaut. Les dégâts étaient insignifiants, et le poing du warjack s’abattit sur lui tel une grande comète rouge. Son champ d’énergie éclata autour de lui dans une lumière dorée, mais le coup le fit tomber et l’envoya voler. Il s’écrasa au sol, sur le dos, perdu son souffle et du sang. Le sérum commença à souder ses chairs, réparant les organes réduits en bouillie et les os brisés, mais cela n’aurait pas d’importance : le Juggernaut le démolirait avant que son sérum ne puisse le reconstituer.

Lukas se releva en s’appuyant sur son arme. Devant lui, ses soldats d’assaut combattant les Man-O-War dans un effort futile. Trois de ses hommes étaient déjà morts. Derrière lui, les troupes de choc sortaient leurs frères des décombres. Il en avait sauvé quelques-uns au pris de la vie d’autres.

Il cracha du sang, appuya sur son interrupteur d’injection, puisant presque tout le sérum, et fit face à son destin. Le Juggernaut s’approcha avec un sifflement de vapeur. S’il avait été dans une meilleure forme, Lukas aurait trouvé cela rigolo, presque comme si le ‘jack s’esclaffait.

Le Juggernaut leva sa hache et son ombre masqua le soleil. Lukas injecta ses dernières forces arcaniques dans Regulus et prépara un dernier coup avant de mourir. Mais la hache du Juggenaut ne retomba pas. Au lieu de cela, un cri strident et plaitif empli l’ait, suivi d’une explosion de flamme jaune contre la coque du Juggernaut. Le warjack recula, un trou fumant dans le blindage au-dessus de sa tête.

Lukas ne gaspilla pas l’occasion ni même tenta de localiser ses mystérieux bienfaiteurs. Il chargea, écrasant Régulus dans la tête du Juggernaut, poussé par toute la puissance arcanique qu’il put rassembler. Le warjack s’effondra, sa tête à moitié fondue, à moitié écrasée, et Lukas sauta par-dessus pour porter un coup à deux mains, écrasant le cortex du warjack et soufflant la lumière de ses relais optiques.

Le fracas des tirs d’armes légères retentit derrière lui, et il se retourna pour voir une ligne de nains, boucliers collés et carabines braquées, se déplaçant sur les décombres. Ils tirèrent à leur arrivée, concentrant leurs attaques sur les Man-O-War, repoussant l’ennemi et offrant à ses propres troupes une chance de se rallier et de former leur propre ligne.

Un warjack trapu, Lukas reconnut l’Avalancheur qui les avait accompagnés durant la remontée du fleuve – apparu, la forme imposante de l’ogrun Murgan le dirigeant en hurlant des ordres. À côté de l’ogrun vint la forme corpulente du Capitaine Corleg Blackheel, son visage déformé par un air renfrogné alors que lui aussi criait des ordres et poussait des jurons.
« Faites-les reculer, les gars ! » s’écriait Blackheel. « Tirez et aboulez. Tirez et aboulez. »

Les khadoréens se replièrent vers la fonderie, et Lukas les laissa battre en retraite, rassemblant ses soldats pour rejoindre leurs alliés.

« Capitaine Blackheel », dit Lukas, en s’approchant du capitaine nain mercenaire. « Vous êtes le bienvenu. »

Blackheel rit et cracha un jus de vernonia qui manqua de peu la botte gauche de Lukas. « C’est nouveau. Mais c’est agréable d’être désiré. »

« Vous étiez avec Magnus et Stryker, n’est-ce pas ? Je suppose qu’ils sont parvenus à monter à bords des vaisseaux célestes. »

« Oui, j’espère que vous avez vu les deux s’écraser dans le fleuve », répliqua Blackheel. « J’ai perdu un tiers de mes fusiliers pour que cela arrive. » Son visage s’assombrit, et son air renfrogné s’accentua. Lukas détecta sa colère mais aussi une constante et profonde tristesse. Malgré les défauts du Capitaine Corleg Blackheel, exilé à un poste misérable au milieu de nulle part, il se souciait toujours profondément de ses soldats.

Les khadoréens, maintenant sans warjack et en infériorité, avaient disparu à l’intérieur de la fonderie, mais Lukas savait qu’ils avaient encre des mortiers et peut-être d’autres pièces d’artillerie.

« Si vous voulez m’aider, capitaine, j’aimerais que vous concentriez le canon de votre warjack sur cette fonderie », dit-il.

Blackheel grogna un accord. « À nous deux, nous avons assez de puissance de feu pour tout faire s’écrouler autour d’eux. »

Il fit un signe de tête aux soldats de la Garde du Creuset qui continuait à extraire leurs frères des décombres. « Vous aimeriez peut-être prendre une petite revanche. »

Lukas eut un sourire fatigué. « Peut-être bien. »

elric:
— 26 —

LE SEIGNEUR GÉNÉRAL COLEMAN STRYKER REGARDAIT le dernier Brise-Tempête s’éloigner de plus en plus, bien que sa masse titanesque remplissait encore le hublot avant du Perce-Nuage. À ses côtés, Magnus, Harcourt et une douzaine d’autres officiers fatigués par la bataille observaient et attendaient.

L’équipage du Perce-Nuage maintenait le puissant navire sur le bon cap, envoyant et recevant des ordres d’en bas, où les puissants moteurs célestes propulsait le vaisseau dans les airs. Nemo était descendu il y a dix minutes, en promettant qu’il pourrait pousser les moteurs du vaisseau cygnaréen. Stryker en savait suffisamment sur les dons particuliers de Nemo en matière d’ingénierie mékanique et arcanique pour se douter que le vieux warcaster pourrait faire ce qu’il avait promis. Cela l’inquiétait. Le stress de la bataille était une chose pour un homme de l’âge de Nemo ; le stress d’amplifier la puissance arcanique d’un vaisseau colossal en était un autre.

« Lord Général », cria l’un des pilotes – il avait une extrémité d’un tube de communication collé contre son oreille, recevant des informations d’en bas. Il se tenait à la barre principale, un système compliqué d’interrupteurs et de cadrans affichaient des informations que Stryker comprenait à peine. Tout ce qu’il pouvait distinguer, c’était les indications de cap et d’altitude. »

« Qu’y a-t-il, capitaine ? » Demanda Styker.

« Le Général Nemo dit de garder le cap actuel … et de se tenir », dit le pilote.

« Qu’est-ce que ce vieux- ? » Débuta Magnus, puis le navire frissonna. Stryker sentit un bourdonnement à l’arrière de son crâne. Une sensation familière – elle indiquait la présence d’une puissante magie.

« Accrochez-vous à quelque chose », dit-il en s’agrippant à un tableau de bord à proximité. Le bourdonnement dans sa tête se transforma en un gémissement grave, et la proue du Perce-Nuage au-delà du hublot principal crépita de zébrures d’éclairs voltaïques bleus.

Un moment, le vaisseau céleste khadoréen était à des kilomètres de là, en bonne voie pour Corvis et la Première Armée. L’instant d’après, l’estomac de Stryker remonta dans sa gorge alors que le monde extérieur devenait flou. Cela s’acheva brusquement, projetant en avant toutes les personnes présentes sur le pont, dont certaines s’écrasèrent douloureusement contre les cloisons et les tableaux de bord.

« Qu’a-t-il fait ? » Demanda Harcourt.

Le Brise-Tempête remplissait la vue de son immensité ; ils n’étaient pas à plus de cent verge de son côté tribord. Son pont grouillait de soldats et de warjacks, des éclairs de lumière provenant de canons et de tirs d’armes légères se dirigeaient vers le Perce-Nuage, créant un brouhaha staccato alors que les balles et les projectiles d’artillerie criblaient sa coque.

« Il nous a donné une chance », déclara Stryker. « Magnus, Harcourt, vous êtes avec moi. On aborde ce foutu truc. »

. . .

SOLDATS ET WARJACKS REMPLISSAIENT LE VENTRE du Perce-Nuage : une petite armée attendant que les immenses portes de la baie s’ouvrent et les déversent sur le pont du vaisseau céleste khadoréen. Autour d’eux, leur propre vaisseau tremblait et se débattait lorsque l’artillerie ennemie le percutait. Il ne pouvait pas riposter, sa seule défense étant les troupes sue Stryker mènerait au combat.

Il pouvait ressentir la peur autour de lui. Les Lames-Tempêtes et les pionniers qu’il commandait étaient sans aucun doute courageux, mais ce qui se trouvait hors du Perce-Nuage signifiait une mort certaine. Il ressentit sa propre peur, une note familière de panique qu’il n’avait jamais s’installer dans son esprit. Ressentir la peut était humain, la surmonter était courageux, mais l’ignorer était insensé. Il se souvint de ces paroles qui lui avaient été dits il y a plus de vingt ans par un jeune Asheth Magnus alors qu’il expliquait à Stryker les réalités de la guerre. Il jeta un coup d’oeil à son ancien mentor – maintenant grisonnant et usé par la guerre – et se rendit compte que de tous les hommes et les femmes avec lesquels il avait servi, il ne voulait personne d’autre à ses côtés, en ce moment, plus qu’Asheth Magnus.

« Dix secondes ! » Cria un sergent pionnier. Elle se tenait à côté des commandes devant ouvrir les portes de la baie.

Stryker vérifia sa connexion avec les trois warjacks qu’il dirigeait, deux Cyclones et un Mur-Tempête. Il aspirait au confort familier de Vî Arsouye, mais le vieux Cuirassé était maintenant lié au Lieutenant Harcourt. Arsouye garderait Harcourt en sécurité et le guiderait tout autant que le jeune warcaster guidait l’acariâtre warjack.

Stryker démarra sa turbine arcanique et activa l’accu-tempête sur la poignée de Vif-Argent. L’énergie voltaïque de sa propre arme suivie de celle de cinquante glaives-tempêtes éclaira l’intérieur de la coque du Perce-Nuage d’un saphir vacillant.

« Soldats du Cygnar », dit Stryker, « que vos lames frappent vite et juste, que votre armure vous protège de l’ennemi, et que la grâce de Morrow veille sur nous depuis de l’autre côté. »

Les portes de la baie s’ouvrirent, laissant entrer une bouffée d’air glacé et le bruit effrayant des tirs et de l’artillerie. Le pont du Brise-Tempête se profilait à l’horizon. Il n’y aurait pas de rampe, pas de plongeon gracieux de leur vaisseau vers celui de l’ennemi. Le Perce-Nuage s’écraserait contre le vaisseau céleste ennemi et dégorgerait ses troupes en masse.

Le ciel disparut dans un flou de gris et de rouge, et Stryker se prépara à l’impact. « Battez-vous sur le pont ! »

Ils entrèrent en contact avec boum creux et le grincement de l’acier déchiré. Ils furent projetés en avant et Stryker transforma cet élan en charge. « Pour le Cygnar ! »

Des centaines de voix se joignirent à la sienne et bondirent dans la folie.

. . .

LES KHADORÉENS FURENT MOMENTANÉMENT PRIS AU DÉPOURVU par la descente téméraire du Perce-Nuage, et des dizaines d’entre eux furent écrasés sous la coque du vaisseau céleste alors que celui-ci fusionnait presque avec le vaisseau khadoréen. Le chaos qui en résulta offrit à Stryker et à ses forces suffisamment de temps pour émerger de leur vaisseau, de former une ligne de Lames-Tempêtes à l’avant et de pionniers à l’arrière – et engager l’ennemi de manière ordonnée. Au-delà de cela, Stryker ne put faire grand-chose en termes de stratégie sur le champ de bataille. Ils plongèrent dans la mêlée, en infériorité numérique et n’auraient qu’à en tirer le meilleur.

Stryker brandissait Vif-Argent avec une férocité brute, coupant la ligne de front khadoréenne composées principalement de Man-O-War. Derrière eux, des cibles moins solides, des kommandos d’assaut et des Gardes des Glaces, vidaient leurs armes à travers les brèches momentanées de leur propre ligne de front.

Magnus se battait à proximité, utilisant deux warjacks légers, des Chargeurs, pour frapper et écraser l’ennemi.

Stryker esquiva une hache exterminatrice, tua son propriétaire, puis poussa le cadavre dans un autre Man-O-War, créant une brèche dans les boucliers verrouillés devant lui. Les balles des kommandos d’assaut derrière pénétrèrent son champ d’énergie mais furent complètement stoppées. Il fait un signe à une unité de Lames-Tempêtes de Charger à travers la brèche, et ils tailladèrent l’infanterie légère khadoréenne avec une efficace brutalité.

Stryker prit un moment pour surveiller le champ de bataille. Le pont du Brise-Tempête s’étendait à trois cents verges de sa position actuelle. Le Perce-Nuage avait percuté la proue du vaisseau khadoréen. Maintenant, entre ses forces et le pont du grand vaisseau se trouvaient des centaines de soldats khadoréens et une douzaine de warjacks. Le seul point positif était qu’Irusk n’avait aucun colosse à bord. Stryker toucha le cortex du Mur-Tempête émergeant derrière ses troupes. L’imposant warjack devint un aimant pour le feu ennemi, mais son blindage était trop épais pour succomber aux armes légères. Il pointa ses canons vers le centre de la ligne khadoréenne et fit feu. Les obus éclatèrent à quarantes verges, suffisamment proches pour qu’il puisse ressentir l’onde de choc, et martelèrent les Man-O-War et Garde des Glaces, créant ainsi plus de brèches pour ses propres soldats.

Stryker poussa le Mur-Tempête vers l’avant, voulant mettre à profits ses deux mitrailleuses. Il réussit à transmettre toutes ces pensées et ses ordres à ses warjacks tout en continuant à abattre des ennemis. C’était une compétence que chaque warcaster apprenait : diviser son esprit sur le champ de bataille, une moitié dans votre tête et l’autre moitié dans l’esprit mékanique de ses warjacks.

Stryker embrocha un kommando d’assaut que le chargeait avec sa baïonnette baissée, brûlant les entrailles de l’homme avec de l’énergie voltaïque avant de la pointe de Vif-Argent. Les corps s’entassaient, mais les forces khadoréennes semblaient infinies et ses propres pertes s’accumulaient.

Le flux et le reflux de la bataille amena Stryker près du bord du pont du Brise-Tempête. Quand il jeta un coup d’oeil par-dessus bord du vaisseau, il put voir le Fleuve Noir s’étendre à des centaines de pieds plus bas. Au loin, mais pas assez loin, Corvis surgit et une masse tentaculaire de soldats cygnaréens se déplacer vers le nord en direction de Merywyn. Ils seraient à portées des armes du Brise-Tempête dans quelques minutes.

. . .

MAGNUS REMARQUA LA FUTILITÉ DE LEURS EFFORTS au moment où il quittait le Perce-Nuage. Il y avait trop de khadoréen, trop peu de cygnaréens et pas assez de temps avant que le Brise-Tempête ne pointe ses canons sur la Première Armée puis sur Corvis.
Malgré tout, il combattit.

Il combattit l’ennemi avec ses warjacks, défonçant Man-O-War et Gardes des Glaces à coups de marteaux de Chargeurs, puis détruisant tous ceux qui étaient encore debout avec Pourfendeur. C’était comme essayer de sortir d’un banc de sable. Au moment où tu progressais, le sable se déplaçait et à nouveau tu plongeais au fond.

La tour de contrôle et le pont du Brise-Tempête se trouvaient à des centaines de verges, mais celui aurait tout aussi bien pu être à des centaines de kilomètres. Ils ne l’atteindraient jamais avant qu’Irusk ne transforme l’armée du Seigneur Général Duggan en champ de cadavres et ne détruise Corvis. Il pouvait entendre les bruits sourds et lointains des canons de warjacks en dessous, probablement des Défenseurs, mais ils n’avaient tous simplement la portée nécessaire pour atteindre le vaisseau céleste khadoréen ou le pouvoir de percer sa coque s’ils le pouvaient.

Magnus continuait à se battre, tuant, poussant, laissant le combat couler sur lui telle une marée de sang et de fumée. Ses membres lui faisaient mal, et chaque fois qu’une balle ou une hache de Man-O-War clignait sur son armure, cela percluait son corps de douleur.

Il avait passablement tailladé dans la ligne khadoréenne,, et les Lames-Tempêtes le suivaient, une ligne bleue das une mer rouge. Ils taillaient et tiraient, mais sans son soutien direct ou celui de ses warjacks, ils auraient été rapidement débordés. Stryker se battait à vingt ou trente verge de là, utilisant le Mur-Tempête pour faire créer des trous dans la ligne khadoréenne mais le colosse était leur plus grand atout et devint donc rapidement la plus grande cible.

Des Destructeurs et quelques Décimeurs ainsi que des boucliers canons ciblèrent le Mur-Tempête et lancèrent une fusillade combinée contre lui. Le colosse cygnaréen disparut un instant sous une grêle de feu et de fumée. Et quand cette fumée se dissipa, le Mur-Tempête bascula en arrière, sa coque ruinée, la délicate mékanique en dessous réduite en mâchefer.

Le gros boum de la chute du Mur-Tempête secoua le pont, et les khadoréens se mirent à applaudir. Magnus tua un Garde des Glaces ayant baissé sa garde un instant pour exprimer sa joie, se réjouissant d’avoir coupé court la joie de l’homme en lui coupant la tête.

Les khadoréens repoussaient leurs ennemis. La destruction du Mur-Tempête les avait galvanisés, et ils sentaient la victoire à portée de main.

Pire encore, plus d’ennemis rejoignaient la bataille, émergeant des entrailles du vaisseau céleste grâce à des monte-charge motorisés. Plus de Man-O-War et plus de warjacks ajoutaient leur masse enveloppée de métal à une force déjà énorme.

Ils ne pourraient pas gagner. Magnus le savait, et Stryker devait l’être aussi. Le seigneur général était une source flamboyante d’énergie voltaïque, intouchable, mais les soldats autour de lui mourraient en masse alors que les khadoréens avançaient, employant leur nombre croissant comme un bélier. Il ne faudrait pas longtemps avant qu’ils ne concentrent suffisamment de puissance de feu sur Stryker et lui-même pour mettre fin au conflit pour de bon.

Le pont trembla à nouveau et Magnus tomba à genoux. Un Man-O-War entreprenant à proximité se précipita en avant et abaissa sa hache exterminatrice pour trancher sa cible en deux. Mais Magnus projeta son bras droit mékanique, attrapa la lame descendante par son manche et enfonça soixante centimètres de lame de Pourfendeur dans le bouclier, le plastron et le corps du Man-O-War. Magnus arracha Pourfendeur, répandant du sang et des entrailles sur le pont recouvert de sang.

Une autre secousse violente secoua aussi bien les khadoréens que les cygnaréens, et Magnus se retourna, cherchant sa source sur le pont. Il crut un instant que l’ennemi avait fait monter un colosse de la cale du vaisseau. Puis, alors qu’une autre onde de choc vibrait à travers le Brise-Tempête, il réalisa que le bruit et l’énergie venaient en fait d’en dessous d’eux.

Irusk avait fait tiré les canons du vaisseau. La Première Armée était à portée. Le Brise-Tempête était aussi un bombardier, et lorsqu’il serait plus près, à l’infernale canonnade des cygnaréens il ajouterait le bombardement.

Magnus invoqua ses warjacks et pressa les deux Chargeurs vers l’avant. Il rassembla autant de Lames-Tempêtes que possible et commença à se battre en direction de la position de Stryker. La chance était avec lui – Stryker avait également réalisé ce qui se passait et il charcutait l’ennemi vers lui.

Les deux warcasters se rencontrèrent dans une mer de soldat en fureur, les effroyables rafales des canons du Brise-Tempête étouffant même les bruits du combat rapproché.

« Nous ne pouvons pas gagner ici », cria Magnus. « Irusk tire déjà sur la Première Armée. »

« Je sais », répondait Stryker, son visage blême par une couche de suie et de sang. « Nous ne pouvons tout simplement pas les arrêter. »

« Pas comme ça, en tout cas » répondit Magnus, mais son esprit avait commencé à travailler sur le problème, s’inquiétant tel un chien pour son os. Une idée germa en lui dans un éclair de perspicacité, atroce et désespérée mais possible.

Stryker dû remarquer l’image dans ses yeux, détecter les pensées rusées et souvent imprudentes de son ancien mentor. « Vous avez une idée, n’est-ce pas ? »

« Ce vaisseau est chargé à ras de gueule … » Il s’interrompit et para la hache d’un Garde des Glaces. Le soldat avait en quelque sorte traversé l’écran des Lames-Tempêtes et des warjacks qui l’encerclaient, lui et Stryker. Magnus admira presque le courage et la chance de l’homme alors qu’il brisait le crâne du khadoréen avec une droite transversale de son poing mékanique. « Où en étais-je ? Ainsi, le vaisseau est donc chargé à bloc de munitions. »

Un autre détonation des canons du Brise-Tempête les secoua.

Stryker secoua la tête. « Non, Nous trouverons un autre moyen. »

« Il n’y a pas d’autre moyen ! » Cria Magnus, les premiers stigmates de doute et de peur qui allaient bientôt s’amplifier se frayaient un chemin dans ses pensées. « Je suis le seul qui puisse survivre assez longtemps pour descendre dans la soute et faire exploser les munitions là-bas. »

« Tu ne le sais pas », répondit Stryker en regardant autour de lui, les yeux écarquillés et désespérés. Le seul autre warcaster était Harcourt. Le visage de Stryker s’assombrit. Le seigneur général ne confierait pas une telle mission au jeune warcaster.

« Si, je le fais. Nous le savons tous les deux. »

Le vaisseau trembla une fois de plus lorsque les canons du Brise-Tempête crachèrent leur mort sur les soldats cygnaréens au sol. Ils n’avaient aucun moyen de déterminer quel genre de dommage Irusk avait déjà causé aux troupes, mais plus ils attendaient, plus ce serait sans aucun doute pire.

Quelque chose passa sur le visage de Stryker, une émotion à laquelle Magnus ne s’attendait pas. Il n’appellerait pas cela de la tristesse, mais le vide dans les yeux du warcaster exprimait la perte. « Vous n’êtes pas obligés de faire ça. Vous n’avez pas à vous rattraper- »

« Si, Coleman », Magnus lui coupa la parole. Il ne voulait pas entendre ce que Stryker pourrait dire ensuite. Il ne voulait pas entendre l’énumération de ses péchés contre son pays, contre ses amis. Il les connaissait bien trop.

« Je pourrais vous ordonner de ne pas le faire. » Stryker arborait un sourire triste. « Je pense que vous écouteriez, pour une fois. »

Magnus lui rendit le sourire. « Je voudrais … Seigneur Général, mais laissez-moi faire cela. S’il vous plaît. »

Le dernier fut exprimé avec émotion, et une partie de lui voulut blâmer le pont qui tanguait et Brise-Tempête qui tremblait du pont à la coque. Pourtant, ce serait un mensonge.
Stryker relâcha l’avant-bras de Magnus et recula. Il souleva Vif-Argent en un salut, son visage étonnamment jeune protégé par la lame, un visage que Magnus avait vu mûrir, passant d’un enfant doué à un son égal, voir supérieur sur le champ de bataille. Un visage qu’il avait nommé protégé, ennemi, et maintenant … il ne savait pas. « Ami » semblait un mot si trivial pour décrire ce qu’ils étaient.

« Que Morrow te guide et te protège, Asheth », prononça alors Stryker, plongé dans la bataille, disparaissant avec un cri rauque et l’arc flamboyant de sa lame voltaïque.

Magnus prit une profonde inspiration et convoqua ses warjacks à ses côtés. L’ascenseur le plus proche, ayant amené les plus récents renforts khadoréens, étaient à cinquante mètres à travers des dizaines, voire des centaines d’ennemis. Il souleva Pourfendeur, et fit feu avec les canons de ses Chargeurs et se battit pour avancer.

. . .

IRUSK REGARDAIT LA BATAILLE SE DÉROULER depuis le pont du Brise-Tempête avec un sourire sur le visage. Le Perce-Nuage était toujours attaché à la coque de son navire, mais il n’était pas armé, et il avait vomi son contingent de soldats sur le pont de son vaisseau en une unique désespérée fois. Ils n’avaient pas assez de soldats et même si Irusk subissait des pertes considérables, cela n’aurait pas d’importance.

« Incendiaires maintenant », dit Irusk au commandant de batterie, un grand kovnik de la Garde des Glaces au visage austère, debout à son poste près du hublot avant du pont.

Le kovnik appela les salles à canon, criant des ordres dans le tube de communication pour que les artilleurs en bas changent les munitions des énormes canons dans le ventre du Brise-Tempête.

Irusk croisa ses mains derrière son dos et attendit patiemment le bruit des canons principaux déclenchant le feu et l’enfer sur l’ennemi en bas. Il allait perdre Merywyn. C’était un fait simple, et il avait également perdu deux Brise-Tempête ainsi que tous leurs équipages et leurs warjacks. Pour la plupart des chefs, ce serait une défaite cuisante ; Irusk, cependant, ne voyait que la voie à suivre, une voie jonchée de cygnaréens morts qui s’achevait dans les ruines en flammes de Corvis.

« Rapport », ordonna Irusk, en désignant un autre soldat. Celui-ci visionnait depuis l’un des postes d’observation du vaisseau, son visage pressé contre l’oculaire de l’un des nombreux périscopes du vaisseau. Elle avait une vue imprenable sur ce qui se trouvait directement sous le navire.

« La Première Armée recule, Kommandant Suprême. » Elle s’arrêta, leva les yeux, un sourire sinistre sur son visage. « Ils laissent derrière eux de nombreux soldats morts et des warjacks endommagés. »

Irusk réprima un sourire. Il n’aimait pas les manifestations d’émotions et il était trop tôt pour faire la fête. Il avait beaucoup trop perdu ces derniers temps que pour faire la fête, mais de la satisfaction ? Oui, il pourrait s’y adonner.

« Continuez à tirer », dit-il au commandant de batterie.

Le kovnik hocha la tête et continua de crier des ordres dans le tube.

Sur le pont, la bataille avait tourné au bourbier de mort et de sang. Les soldats d’Irusk avaient arrêtés l’avancée des cygnaréens, et ils étaient encore à une certaine distance du pont. Stryker et Magnus allait se battre jusqu’à la fin, jetant tout ce qu’ils avaient sur les forces d’Irusk, mais ils perdraient, et ensuite ils regarderaient Corvis brûler.

« Kommandant Suprême », dit une voix grave et grinçante derrière Irusk.

Irusk se retourna pour voir la silhouette anguleuse et marquée par la bataille du Kommandeur du Corps d’Assaut Strakhov. L’oeil unique du warcaster était fixé sur quelque chose au-delà d’Irusk, quelque chose sur le pont.

« Qu’est-ce qu’il y a, Kommandant ? » Demanda Irusk.

« Regardez là-bas », répondit Strakhov en pointant du doigt.

Irusk tourna son regard. Au début, il ne remarqua qu’un océan d’armures rouges, ses propres troupes se fracassant en vagues conquérantes contre l’ennemi. Puis il vit une perturbation à une extrémité de sa ligne, près du bord tribord du pont du Brise-Tempête. Une partie de l’épaisse masse des khadoréens cédait du terrain et était repoussé … par quoi ?

« C’est Magnus », dit Strakhov. « Lui et quelques warjacks. »

« A-t-il perdu la tête ? » Se demanda Irusk à voix haute. « Où va-t-il ? »

« L’ascenseur. Il l’emmènera près des salles à canons et ensuite aux baies de bombardements. » Irusk livra l’information avec la froideur détachée d’un stratège né. Il savait ce que Magnus faisait parce que c’était ce qu’il ferait.

« Il mourra avant d’atteindre l’ascenseur », poursuivi Irusk, regardant les soldats tomber morts ou mutilés par l’extermination tourbillonnante de la lame de Magnus.

Strakhov ne dit rien pendant un moment, puis : « C’est Asheth Magnus. Il aurait dû mourir mille fois, sur mille champs de bataille, et pourtant il est là, tailladant nos troupes et progressant vers cet ascenseur. »

Les paroles de Strakhov sonnaient juste. Magnus n’avait pas seulement évité la mort – il l’avait trompée, plus de fois qu’il n’était facile de compter.

« Très bien. Prenez quelques kommandos d’assaut et descendez. S’il arrive au magasin, tuez-le », ordonna Irusk.

« Il ferait un prisonnier de valeur », s’aventura Strakhov, bien qu’Irusk puisse voir aux traits pincés du warcaster qu’il n’était enchanté par cette ligne de conduite.

« Ne prenons aucun risque. Tuez-le. »

« Selon votre bon vouloir. Ce sera fait, Kommandant Suprême. »

elric:
— 27 —

L’UN DES CHARGEURS DE MAGNUS EXPLOSA DANS UN flot de lumière vive qui occasionna une douleur vive mais passagère au fond de l’oeil droit de Magnus. Il se retourna pour voir le warjack s’affaler sous les haches exterminatrices d’une douzaine de Man-O-War. L’autre warjack demeurait opérationnel, bien que les munitions commençaient à manquer. Un autre groupe de soldats khadoréens tentait de lui barrer la route, et il injecta de l’énergie arcanique dans les deux canons du Chargeur et tira. Il était trop près pour quelque chose d’aussi imprudent, mais son champ d’énergie le protégerait de l’onde de choc.

Le double canon fit feu, et la voie s’ouvrit devant lui dans une grêle de brume rouge et de corps brisés. L’onde de choc le secoua et sa tête tourna pendant un moment, mais il pouvait voir l’ascenseur maintenant – ou du moins la fosse béante sur le pont où se trouvait l’ascenseur. Il ne faisait aucun doute qu’Irusk et Strakhov avaient vu son sanglant parcours depuis le pont et compris ou du moins soupçonné sa destination.

Les soldats khadoréens commencèrent à affluer dans le trou qu’il avait fait, mais il poussa les dernières miettes de son énergie arcanique dans le Chargeur, jetant un sort qui le transformerait en efficace bélier. Des runes se formèrent autour du warjack alors qu’il chargeait, Magnus le suivant de près.

Le sort communiqua une force cinétique terrifiante au corps du warjack, lui permettant de traverser la Garde des Glaces et les Man-O-War sans ralentir. En passant, Magnus taillada les ennemis tombés, les mutilant ou les tuant, gardant un chemin dégagé derrière lui. Il avait eu la chance d’avoir réussi jusqu’à présent, mais il avait toujours eu de la chance en ce qui concerne sa propre mortalité.

Sryker avait concentré ses efforts pour empêcher les khadoréens de submerger complètement Magnus, et à cause de cela, il avait subi de lourdes pertes. Magnus savait qu’il devait tirer le meilleur parti du temps que Stryker lui avait procuré.

À dix verges de la cage d’ascenseur, Magnus aperçut une série d’échelons métalliques de l’autre côté qui descendaient dans le ventre du vaisseau. Il n’avait aucune idée de la profondeur du truc, et il y avait d’autres problèmes plus urgents. Un Juggernaut fonçait vers lui depuis le côté bâbord du vaisseau, projetant les soldats khadoréens et cygnaréens hors de son chemin. Aucun contrôleur ne criait des ordres à proximité, donc Magnus devina que ce warjacks était contrôlé par l’un des warcasters sur le pont.

Il était parfaitement conscient que si le Juggernaut l’atteignait, il mourrait, et que tout espoir de sauver les milliers de soldats cygnaréens en contrebas et les dizaines de milliers de vies innocentes à Corvis mourrait avec lui. Stryker et ses warjacks étaient trop loin pour l’aider, il vérifia rapidement le statut du Chargeur restant. Il était endommagé mais pas trop. Il l’envoya foncer vers le Juggernaut, incapable d’amplifier ses attaques ou sa vitesse, car il avait besoin de conserver son énergie arcanique pour ce qui allait suivre.

Il sabra le torse d’un Garde des Glaces qui tentait stupidement d’arrêter sa progression et débuta une course. Deux Man-O-War se tenait au bord de la cage d’ascenseur, le dernier obstacle. Le Juggernaut se tenait à sa droite. Il envoya un ordre au Chargeur alors qu’il s’approchait du warjack khadoréen. S’il avait été un soldat humain, il aurait peut-être refusé son ordre ; malgré son esprit mékanique, une vague question de question lui fut posée à travers le lien avec Magnus. Le warjack s’exécuta, cependant, et juste avant d’atteindre le Juggenaut chargeant, il tomba au sol dans un tacle roulant maladroit aussi peu artistique et laid que tout ce que Magnus avait vu. Mais il fut efficace. Le petit warjack cygnaréen s’enfonça dans les jambes du Juggernaut, et l’élan et le poids stupéfiant du plus gros warjack emporta sa moitié supérieure vers l’avant tandis que ses jambes s’emmêlaient dans les membres du Chargeur. Il s’écrasa sur le plus petit warjack avec un fracas assourdissant, assez bruyamment pour être entendu par-dessus le feu continu des canons du Brise-Tempête.

La présence du Chargeur dans l’esprit de Magnus s’éteignit ; la volumineuse masse du Juggernaut l’avait écrasé. Mais le warjack khadoréen passerait de précieuses minutes à se remettre sur pied. Ce temps lui serait suffisant.

Magnus courut vers le bord du puits, son épée tenue basse comme une lance. Il frappa le premier Man-O-War à à pleine vitesse, enfonçant sa lame à travers le bouclier de l’homme et dans son corps. Son compagnon, qui se trouvait à proximité, porta un coup maladroit contre l’épaule de Magnus avec sa hache exterminatrice, mais il ne pénétra pas l’armure.

Le Man-O-War embroché par Magnus poussa un petit cri alors qu’il basculait par-dessus bord la cage d’ascenseur, et Magnus le suivit sans hésitation. Les ténèbres s’ouvrirent sous eux alors qu’ils chutaient, les bruits de la bataille au-dessus se transformant en un rugissement lointain.

Ils atterrirent rudement, Magnus sur son ennemi. Son champ d’énergie s’illumina comme jamais vu auparavant, et l’impact chassa l’air de ses poumons. Sa vision se flouta, mais il refusa de s’évanouir.

Lentement, il roula du cadavre du Man-O-War – la chute avec Magnus au-dessus de lui l’avait écrasé comme un escargot sous le talon d’une botte – et se mit à genoux. Il essaya de respirer, mais une douleur lancinante dans sa poitrine s’intensifia.

Des coups de feu éclatèrent au-dessus de lui alors que les soldats khadoréens s’entassaient en haut de la cage de l’ascenseur, pointant des fusils et de boucliers canons vers lui.
Magnus se leva et regarda autour de lui, les balles éclairant son champ d’énergie tel un essaim d’abeilles en colère. Il fit un bond en avant, loin du carré lumineux du soleil qui brillait dans la cale depuis le haut. Il passa de la lumière à l’obscurité totale. Des palans à warjacks pendaient tous autour de lui, des squelettes mékaniques dans l’obscurité. Des caisses de munitions jonchaient l’espace, mais pas grand-chose d’autre.

Magnus sortit son fusil à mitraille et vérifia la charge. Sa tête lui faisait horriblement mal, surtout à cause de la chute, mais il n’avait pas non plus dormi depuis près de trente-six heures. Il était pour le moins heureux de ne plus avoir à partager son attention entre son esprit et le cortex d’un warjack.

Les tirs d’armes à feu du dessus se turent, il n’était plus une cible viable. Il trébucha dans l’obscurité vers une trappe ferme dans l’imposante cloison. Il n’avait aucune idée de l’endroit où elle pouvait mener ou de ce qui se trouvait derrière, mais il devait se mettre en mouvement. Le magasin des canons devait se trouver quelque part en dessous. Pour ponctuer cette pensée, le vaisseau céleste trembla alors que ses canons lâchaient une autre bordée sur les forces du Seigneur Général Duggan au sol. Ils seraient bientôt assez proches pour bombarder les cygnaréens.

Il écouta le tonnerre des canons se dissiper. Contrairement avant, où il ne s’agissait que d’une simple monstrueuse décharge, il détectait des rafales individuelles. Les canons étaient manipulés par plusieurs équipages d’artilleur, et bien qu’ils recevaient l’ordre de tirer en même temps, ils n’étaient pas vraiment synchronisés. C’est peut-être son esprit étriqué qui lui jouait des tours, mais il aurait pu juger que l’un des coups de canon sonnait plus proche.

Il respira et se dirigea vers la trappe pour tourner la roue en son centre, ouvrir la porte et passer son fusil à mitraille dans l’étroit couloir au-delà. Il était vide. Tous les soldats d’Irusk portant une arme devaient être au-dessus.

Le couloir s’étendait sur trente mètre, puis se ramifiait à gaucher et à droite. Les canons tirèrent à nouveau, et cette fois il était certain que l’un d’entre eux était proche. Le bruit de ces tirs se répercutait à travers les parois métalliques du couloir jusqu’au côté tribord du navire. Il se mit à courir lentement – tout ce qu’il pouvait faire à ce stade – et tourna à gauche au croisement.

Le couloir suivant faisait quinze mètres et se terminait par une trappe. À l’extérieur de celui-ci se tenait un impressionnant Man-O-War dans une armure que Magnus n’avait jamais vu auparavant. Le khadoréen portait une armure fortement modifiée par rapport à l’armure standard – plus lourde, plus volumineuse – et au lieu du combo habituel arme et bouclier, celle-ci tenait deux boucliers à pointes, deux moitiés d’un solide mur d’acier. Monté sur l’épaule du Man-O-War se trouvait un canon, dont l’extrémité était un œil noir qui pivota dans la direction de Magnus.

Magnus fut tellement choqué par ce colosse de métal qu’il en oublia presque le fusil à mitraille dans sa main, mais finalement l’entraînement et l’expérience entrèrent en jeu – il souleva l’arme et tira. Il aurait tout aussi bien pu essayer de couler un cuirassé avec une fronde. La gerbe de son tir rebondit sans danger sur les boucliers du Man-O-War, et le khadoréen fit un grand pas dans sa direction.

Magnus se jeta au sol alors les flammes et le tonnerre rugit au-dessus de sa tête. Son fusil à mitraille était bruyant, mais la cacophonie du canon du Man ressemblait plus à l’explosion d’une grenade. Sa vision se troubla et ses oreilles tintèrent d’un bruit strident.

Magnus se leva et recula sur ses pas, se plaquant dans l’angle de l’intersection. Le cliquetis du foudre Man-O-War résonnait derrière lui, lent et inexorable.

Il remit son fusil à mitraille dans son étui et serra Pourfendeur à deux mains. La lame mékanique pouvait facilement traverser l’armure d’un warjack, et elle pourrait transpercer la peau de fer du Man-O-War. IL devrait être assez proche et peut-être survivre à un tir de ce méchant canon. Dans son état diminué – son corps lui faisait mal, ses oreilles bourdonnaient, une douzaine de petites plaies pesaient sur sa force physique et mentale – il y avait plus de risques qu’il ne le souhaitait.


Il invoqua un sort, un enchantement mineur qui amplifierait sa vitesse et l’agilité de ses mouvements. Au fur et à mesure que les runes se formaient et disparaissaient, ses membres devinrent plus légers, plus vifs, mais il évita à penser que cela suffirait.

Le canon du Man-O-War apparut dans l’angle, faisant saille devant l’énorme soldat armuré. Magnus bondit. Il injecta la force arcanique dans son coup alors que Pourfendeur se précipitait vers le bas entaillant le canon et le tranchant soigneusement en deux. Son élan, cependant ; le porta directement sur le chemin du Man-O-War, et il n’eut pas le temps de retrouver son équilibre. Le bouclier à pointes se balança de haut en bas, et Magnus ne put l’éviter. Son champ d’énergie clignota, puis le bouclier s’écrasa sur son flanc droit, déformant son épaulière et l’écrasant au sol.

Une douleur fulgurante s’empara de son bras droit, Magnus avait une clavicule brisée ou une épaule démise. Il passa Pourfendeur dans sa main gauche. Le Man-O-War se dressait au-dessus de lui, ses deux boucliers s’ouvrant pour une double frappe. L’attaque laissa un petit espace de quelques centimètres entre les deux pavois et au-delà d’eux, l’armure plus légère de la tenue de combat du khadoréen.

Son sort toujours actif, Magnus surprit son ennemi en se levant et en lançant une attque sournoise, maladroite mais précise. Pourfendeur se faufila dans l’espace entre les boucliers, sa pointe aiguisée creusant un sillon dans le plastron et le casque du Man-O-War. L’épée de Magnus mordit dans l’os avant de se libérer dans une gerbe de sang.

Le Man-O-War ne s’effondra pas, pas même mort. Son armure et les boucliers qu’il serrait par de la mort le maintenait debout tandis que son sang et sa cervelle se déversaient sur le devant de son armure.

Magnus contourna le khadoréen mort. Son épaule palpita – quand il tenta de lever son bras droit, les os frotant les un contre les autres. Il étouffa un cri et dégaina à la place son fusil à mitraille, le tenant dans sa main droite. La partie mékanique de son bras fonctionnait encore tant qu’il n’essayait pas de le lever au-dessus des yeux.

D’autres tirs de canon retentirent de l’autre côté de la porte, et l’équipe d’artilleurs qi se trouvait à l’intérieur était probablement assourdie par le bruit de leur propre artillerie ; sinon ils auraient pu aider le Man-O-War qu’il venait de tuer.

Magnus ouvrit la porte, et une vague écrasante de chaleur et de fureur venant de l’intérieur le fit chanceler. Il regarda une pièce replie d’hommes et de femmes, de nombreux gigantesques objets en forme de cône en mouvement sur des chariots – des obus d’artillerie à une échelle que Magnus n’aurait jamais cru possible. Ils poussaient ces projectiles vers le centre de la pièce, où un unique artilleur était assis, encapsulée dans un siège complexe, un système de leviers à ses côtés, la tête insérée dans un casque qui couvrait ses yeux et se connectait à la moitié inférieure d’un périscope. Le siège pivota sous les yeux de Magnus, et l’artilleur tira l’un des leviers. La salle trembla – Magnus ressentit plus qu’il n’entendit le bruit énorme qui l’accompagna. Il fit vibrer tout son corps, et expulsa le souffle de ses poumons.

Toutes les personnes dans la pièce s’arrêtèrent un instant, titubant par le grand coup de canon. Personne n’a même remarqué Magnus. Quand ils purent tous respirer et bouger à nouveau, les khadoréens poussèrent leurs projectiles vers un tube central, une grande chambre faisant saillie au-dessus du siège de l’artilleur. Deux Man-O-War se tenait là, bien qu’ils n’aient ni boucliers ni armes, et Magnus compris bientôt pourquoi. Ils avaient besoin de leurs mains libres pour une autre tâche. La chambre du canon s’ouvrit et un boîtier en douille vide de la taille d’un homme de grande taille tomba et s’écrasa au sol. Le Man-O-War l’a déplacé hors du chemin et alla récupérer le prochain projectile sur un chariot à proximité.

Maintenant, Magnus agit. Il dirigea son fusil à mitraille du mieux qu’il put, insuffla toute la force arcanique qui lui restait dans le tir et fit feu. Le tir déchiqueta deux Gardes des Glaces proche du fusil et fit un trou dans le plastron d’un Man-O-War.

Trois morts en un seul tir.

Magnus lâcha le  fusil à mitraille aors que les soldats dans la pièce se tournaient vers lui. Avec sa blessure, il n’avait aucun moyen de le recharger. Il saisit Pourfendeur par la main gauche – il n’était guère plus compétent avec sa main gauche – et chargea dans la pièce.

Il n’y avait peut-être une douzaine de khadoréens présents au plus, Gardes des Glaces par l’aspect de leurs uniformes. L’un d’eux était un officier armé d’un sabre plutôt que de la hache habituelle. Ils abandonnèrent tous les énormes obus qu’ils déplaçaient et attrapèrent des tromblons suspendus à des baudriers ou des râteliers sur les murs.

Magnus courut vers le premier groupe, coupant avec Pourfendeur, sans se soucier de l’élégance de ses coups, ni même de la rapidité particulière de sa main gauche. La lame mékanique tranchait à travers les haches et les canons des fusils qu’ils tendaient vers le haut pour parer puis dans leurs propriétaires. Le sang coulait, les soldats moururent et Magnus passa à autre chose.

Il ne pouvait pas se laisser submerger. Même l’infanterie légère comme la Garde des Glaces pouvait représenter une menace, étant donné son état diminué. Il se concentrait sur des individus ou des groupes de deux ou trois personnes, employant ses sorts pour renforcer ses mouvements ou son armure au point où les attaques de ses ennemis étaient annulées et les siennes grandement améliorées. Enfin, il ne resta plus que le kovnik, un Man-O-War, et l’artilleur essayant de se décrocher de l’enchevêtrement d’équipement qui constituait son siège.

Le kovnik de la Garde des Glaces et le Man-O-War s’approchèrent simultanément de Magnus. Le Man-O-War avait mis la main sur une clé d’un mètre de long et l’a manié comme un grand bâton. Il avançait tandis que le kovnik se tenait en retrait, attendant pour tirer avec son tromblon.

Magnus céda du terrain, relevant Pourfendeur pour repousser le premier coup du Man-O-War/ La grande clé s’écrasa avec une force écrasante, mais l’arme était encombrante, et Magnus la laissa glisser sur son épée. Ensuite, il brisa son poignet en un court moulinet. Le coup manquait énormément de puissance, en particulier avec la main gauche de Magnus, mais la mékanique fit le job – Pourfendeur trancha le bras droit tendu du Man-O-War, le sectionnant au coude.

Un cri creux retentit de l’intérieur du casque du Man-O-War alors qu’il s’éloignait. Le kovnik en profita pour vider son tromblon. Magnus n’était pas prêt pour le tir – il le prit en pleine poitrine. Son champ d’énergie arrêta presque tout, mais suffisamment de projectiles touchèrent son plastron pour le faire reculer et l’empêcher de se rapprocher.

Le kovnik rechargea à la hâte son arme, se déplaçant avec agilité dans la pièce. Un autre groupe de coups de canon retenti des profondeurs du vaisseau, et chaque seconde gaspillée par Magnus coûtait la vie à d’autres cygnaréens. Il n’était pas prêt à poursuivre le kovnik dans la pièce ou de le laisser s’éloigner pour avertir les autres, mais il avait abandonné son fusil à mitraille.

Magnus invoqua ses énergies arcaniques, sachant que cela affaiblirait son champ d’énergie et le rendrait vulnérable à un autre coup de tromblon du kovnik. De la même manière, il pointa Pourfendeur et des runes blanches se formèrent autour du corps du kovnik, tournant en anneaux concentriques.

Conscient du péril, le khadoréen s’arrêta et ponta son tromblon. Alors que son doigt pressait la détente, ses yeux s’écarquillèrent – Magnus put voir le blanc même à une douzaine de pas – et il cria.

La mort était toujours laide, et Magnus était devenu très sensible aux réalités du combat, mais son estomac se crispa lorsqu’il regarda le kovnik littéralement cuire de l’intérieur, hurlant alors que l’énergie arcanique brûlait ses entrailles, noircissait sa peau et faisait éclater ses yeux dans leurs orbites. Cela se termina rapidement et miséricordieusement. Magnus n’avait jamais utilisé le sort convection sur une cible vivante, et il détestait être incapable d’offrir une mort plus propre à son ennemi.

L’artilleur était l’unique soldat qui restait dans la pièce et il se blottissait entre deux racks d’obus d’artillerie. Magnus se dirigea vers lui.

« S’il vous plaît, ne me tuez pas », supplia l’homme. Alors que Magnus approchait, il réalisa que l’homme n’était guère plus qu’un garçon, pas plus de vingt ans.

Magnus baissa sa lame et réalisa à quoi il devait ressembler – hagard, la moitié de son corps remplacé par de la mékanique, et éclaboussé par le sang d’une douzaine d’ennemis. Cela jouerait en sa faveur. « Si tu veux rester en vie, j’ai besoin d’informations. »

« Je ne peux pas .. », commença le garçon, une sorte de loyauté envers ses compatriotes l’emportant sur sa terreur pour le moment. Mais Magnus ne pouvait pas laisser cela se produire.

Il s’accroupit et regarda le soldat dans les yeux. « Tu as vu ce qui est arrivé à ton kovnik, n’est-ce pas ? »

Le garçon hocha lentement la tête, les yeux écarquillés et terrifiés.

« Aimerais-tu en faire l’expérience également ? Aimerais-tu savoir ce que ça fait d’être cuit de l’intérieur ? » Magnus se sentit coupable d’avoir employé la mort sinistre du kovnik de cette manière. Ironiquement, il y a six mois, il n’aurait pas hésité à utiliser une telle tactique.

« Qu’est-ce que vous voulez ? » Demanda le jeune khadoréen.

« Où est le magasin principal ? »

Le khadoréen déglutit et regarda ailleurs. Sa terreur était palpable, mais il trouva la force de dire : « Je ne vous dirais rien. »

« Brave garçon », dit Magnus en se levant.

Le khadoréen leva les yeux, trouvant la force de croiser le regard de Magnus. Il avait vu des dizaines de jeunes hommes et femmes courageux comme celui-ci trouver leur courage avant la fin, et souvent cette fin était directement liée aux actions de Magnus. Mais pas cette fois. Ce khadoréen pourrait encore mourir, mais pas de sa main. Magnus laissa son épée plonger. « Quel est ton nom, soldat ? »

« Premier Artilleur Iosif Darovich », dit le garçon, alors, « Qu’allez-vous faire ? »

Magnus y réfléchit. Il y avait probablement suffisamment d’artillerie dans cette salle pour que sa détonation déclenche les munitions dans les magasins à proximité, y compris le principal. Cela déclencherait une réaction en chaîne qui pourrait paralyser tout le vaisseau et l’envoyer s’écraser sur la terre.

« Il va faire exploser le magasin », dit une voix derrière Magnus, comme si elle lisait ses pensées à voix haute.

Il se retourna et vit la forme décharnée et armurée noire du Kommandeur Strakhov. Un duo de kommandos d’assaut accompagnait le warcaster, des carabines Murmure de la Mort à l’épaules.

Magnus sourit et acquiesça. « Je suppose que tu m’as repéré depuis le pont, et même quelqu’un d’aussi, euh, rigide dans sa réflexion pourrait faire deux plus deux. »

Strakhov montra ses dents, mais ce n’était pas un sourire, mais plutôt un grognement de prédateur. Il tira les longs couteaux de sa ceinture et s’avança. « Vous ne pouvez pas nous vaincre au combat, Major Magnus. »

« Kommandeur, sachez que je ne lui ai rien dit », cria le Premier Artilleur Iosif Darovich.

Strakhov tourna son unique œil vers le garçon, ses fines lèvres se dressant dans un sourire sans joie. « Bien sûr que vous l’avez fait. »

« Non, je le jure, je ne trahirais jamais- »

Strakhov fit un signe de tête à l’un de ses kommandos d’assaut, et le soldat tira un seul coup. La tête du jeune artilleur fit un bond arrière et répondit sa cervelle sur le mur derrière lui. II glissa au sol.

« Il disait la vérité », dit Magnus, les lèvres retroussées de dégoût. « Tu as honoré sa bravoure par la mort. »

« Honneur ? » Strakhov fit le tour de la pièce. « Il a vu ses camarades mourir par votre épée et n’a rien fait pour vous arrêter. »

« Comment aurait-il pu ? » Dit Magnus, espérant faire parler Magnus. « Un artilleur à peine sorti des couches contre un warcaster ? »

Il recula de quelques pas, essayant d’avoir une vue dégagée sur les râteliers d’obus d’artillerie colossaux à droite de Strakhov tout en plaçant l’essentiel du siège de tir du canon entre eux.

Strakhov saisit le mouvement et s’avança dans la pièce. « Même si cela me peine de le dire, il aurait eu de l’honneur à mourir par votre épée. »

Il fait un signe à ses deux kommandos de se déplacer autour du siège, flanquant Magnus.
« Je pense que tu confonds idiotie et honneur, Kommandeur. »

Strakhov aboya de rire. « Que connaissez-vous, vous un traître, de l’honneur ? »

Magnus ne répondit rien. Les paroles de Strakhov le blessa, et tout comme sa réticence à tuer le jeune Iosef Darovich, la sensation était nouvelle pour lui ».

« Venez, Magnus, je peux vous offrir une mort rapide », proposa Strakhov. « Où, si vous préférez, vous pouvez poser votre arme et vous rendre. »

« Oh, ça te plairait », dit Magnus. « Mais j’ai une autre chose en tête. »

Strakhov rit froidement. « Je ne vois pas de détonateurs. Je ne vois aucun moyen de déclencher l’artillerie dans cette pièce. Votre autre option est la mort. »

« Eh bien, tu as raison sur ma seule option », dit Magnus. « Je n’ai apporté ni détonateurs, ni explosifs, ni rien du genre, car je n’ai pas prévu de quitter cette pièce de toute façon. Je suis le détonateur. »

Le visage de Strakhov s’effondra, et son seul œil s’écarquilla. La réalisation de ce qui allait se passer frappa le warcaster au moment même où une autre canonnade secoua le vaisseau.

Le sort vint à l’esprit de Magnus dans un éclair de symboles et de puissance. Il s’était suffisamment passé de temps entre son dernier sort et la fin du combat pour que sa turbine arcanique tourne à pleine puissance. Il en avait besoin maintenant besoin pour le sort qu’il s’apprêtait à lancer.

Strakhov chargea, traversant la pièce en trois pas de géant. Il leva ses couteaux, mais Magnus ne fit rien pour l’arrêter. Le warcaster khadoréen arriva trop tard. Bien trop tard.

Les runes se formèrent, l’énergie se développa et le cri de désespoir et de fureur de Strakhov se transforma en gémissement perçant. Le sort oblitération se forma en une tache de flamme blanche près des râteliers d’obus, puis s’étendit avec un rugissement assourdissant.

Strakhov percuta Magnus, le monde s’effondra et le tonnerre et les flammes les emportèrent tous les deux.

. . .

STRYKER OBSERVAIT LE LIEUTENANT HARCOURT fendre le crâne d’un homme avec son sabre, tiré sur un autre à bout portant avec son canon à main, puis se retirer avec aisance derrière Vî Arsouye. Stryker se fraya un chemin à travers la masse de soldats ennemis pour atteindre le jeune warcaster, et malgré leur situation, il était pas peu fier du guerrier qu’Harcourt était devenu en quelques mois seulement.

« Où est Magnus ? » Cria Harcourt en chargeant une cartouche dans son canon à main.

« Il es descendu », cria Stryker. « Il va … nous faire gagner du temps. »

Harcourt dû voir le regard grave de Stryker, mais il hocha simplement la tête. « Les ordres, monsieur. »

« Nous allons tenir notre position. Tuez autant que possible jusqu’à ce que Magnus réussisse ou que nous mourions dans la tentative. »

Une canonnade fracassante retentit sous le Brise-Tempête. Stryker pouvait à peine concevoir les pertes que le Seigneur Général Duggan devait déjà avoir subies. Les tours de Corvis se rapprochaient de plus en plus à chaque seconde qui passait, et il ne faudrait pas longtemps pour qu’Irusk ouvre le feu sur la ville.

« Je suis avec vous, Seigneur Général », dit Harcourt.

Stryker fit un signe de tête et jeta un coup d’œil à Vî Arsouye.

« Tu tiens toujours le coup, mon vieux ? » Demanda-t-il en tapotant la coque de la grande machine.

Arsouye souffla un court jet de vapeur et aplatit ensuite un Man-O-War avec son marteau sismique. Le warjack et les deux warcasters qui l’accompagnaient avaient créé un œil dans la tempête de la bataille, et Stryker prit quelques précieuses secondes pour faire le point sur leur situation. Il avait perdu la moitié de ses troupes, la moitié de ses warjacks, y compris le Mur-Tempête, et il avait envoyé son mentor et meilleur combattant sur le terrain en mission suicide. Les khadoréens avaient cédé du terrain, mais le pont et Irusk étaient inaccessibles. Le Perce-Nuage s’était stabilisé en attachant une série d’ancres à la coque du Brise-Tempêten et le plus grand vaisseau céleste remorquait maintenant le vaisseau cygnaréen. Ce serait toujours une voix d’évasion si Magnus réussissait, bien qu’il se fasse peu d’illusion, il quitterait ce vaisseau jusqu’à ce qu’il tombe au sol en une épave en flammes.

Stryker souleva Vif-Argent et se prépara à replonger dans la mêlée. Il prit contact avec le seul warjack qu’il dirigeait encore, un Défenseur qui avait sinistrement et avec insolence ignoré tout ce qui l’ennemi lui avait balancé.

Le vaisseau trembla, et Stryker pensa d’abord que les canons du Brise-Tempête avaient à nouveau tiré, mais les secousses s’intensifièrent et gagnèrent en force.

« Qu’est-ce que c’était - ? » Débuta Harcourt, pis la première explosion secoua le vaisseau, et l’énorme vaisseau gîta sur le côté. Une colonne de feu émergea directement l’un des puits d’ascenseur proche de l’arrière des forces khadoréennes, incinérant des dizaines de personnes.

Le pont continua à s’incliner. Des soldats et des engins furent jetés au sol et commencèrent à glisser vers le bord du pont. Stryker planta Vif-Argent directement dans les poutres d’acier à ses pieds, poussant la force arcanique dans la frappe, employant l’arme comme un alpiniste pourrait utiliser un piolet. Les cris de bataille cédèrent la place aux cris de terreur des soldats sur le point de se précipiter vers leur perte. Stryker s’accrocha, voulant tendre la main à tous les soldats cygnaréens passant devant lui. Il vérifia la position de son Défenseur et vécut un horrible moment de vertige tout en voyant à travers ses yeux qu’il culbutait dans l’espace et tombait vers le sol. Il stoppa net sa perception, et la présence du warjack disparut de son esprit alors qu’il s’écrasait sur le sol à des centaines de mètres en dessous.

Une autre explosion déchiqueta le pont du côté bâbord, forçant le vaisseau à gîter dans cette direction. Stryker demeura immobile, haletant. Il n’avait aucune idée du nombre de ses soldats ou de ceux de l’ennemi qui étaient passés par-dessus bord. Le Perce-Nuage, miraculeusement, était indemne et toujours amarré au Brise-Tempête.

Il se remit debout et courut jusqu’à l’endroit où Harcourt et Arsouye gisaient dangereusement près du bord du pont. Une autre explosion éclata près du pont, et d’autres incendies et d’éclats d’obus jaillirent dans l’air.

Stryker tira Harcourt sur ses pieds et regarda Arsouye remonter lentement sur les siens. « Est-ce que ça va ? »

« Je ne suis pas blessé, si c’est ce que vous demandez », répondit Harcourt. « Dieux du ciel, il l’a fait. »

Stryker hocha la tête alors qu’un autre geyser de flammes jaillissait du pont du Brise-Tempête. Le vaisseau trembla à nouveau et il réalisa que Magnus avait déclenché une sorte de réaction en chaîne. Il savait aussi que cela signifiait, et le choc le frappa plus fort qu’il ne l’aurait cru. Il avait perdu de véritable amis dans cette guerre, et dans les nombreuses autres qui l’avaient précédée, les tenant même dans ses bras alors que leurs vies s’envolaient lentement. Il avait pleuré pour eux, s’était blâmé pour leur mort et portait le poids de cette responsabilité comme son propre fardeau. Maintenant, il ressentait autre chose, une profonde perte à laquelle il ne s’était pas attendu. Magnus avait été un traître dans tous les sens du terme. Il avait pris la vie de cygnaréen pour faire avancer la cause d’un usurpateur, peu importe que le fils de cet usurpateur soit maintenant assis sur le trône. Sa mort devrait ressembler à la justice, comme le moins qu’il puisse faire pour payer ses crimes. Au lieu de cela, Stryker ressentit un sentiment mitigé et, oui, du chagrin, pour un home dont le sacrifice final l’avait finalement acquitté de tout ce qu’il devait.

« Monsieur », dit Harcourt, « l’ennemi bat en retraite. »

C’était vrai, et pendant un instant Stryker poussa un soupir de soulagement. Il pourrait ramener ses soldats sur le Perce-Nuage et regarder de loin le Brise-Tempête, la colonne vertébrale de l’armée d’Irusk s’écraser devant lui. Les canons étaient devenus silencieux, et les, dieu seul sait, explosions provoquées par Magnus avait cessé. Ces deux choses s’ajoutèrent à quelque chose d’inquiétant. Magnus avait supprimé la capacité du Brise-Tempête à bombarder la Première Armée et Corvis, mais le gigantesque vaisseau restait obstinément dans les airs.

Stryker se précipita vers le bord du pont et jeta un coup d’oeil aux champs creusés et cratérisés en contrebas. Le Seigneur Général s’était retiré, mais il y avait des centaines sinon des milliers de cygnaréens morts éparpillés dans sa vision.

Le Brise-Tempête se déplaçait toujours à un bon rythme, aussi endommagé soit-il et tout en tractant le Perce-Nuage derrière lui. Sa trajectoire avait changé, et Stryker pouvait sentir le léger angle descendant. La proue du vaisseau pointait vers Corvis. Irusk n’avait peut-être plus de canons pour bombarder la ville, mais il avait le million de tonnes du vaisseau céleste qu’il pouvait lancer comme un grand météore dans un ultime effort pour mettre fin à la vie de cygnaréens par milliers.

Il comprenait maintenant pourquoi les khadoréens s’étaient retirés. Ils avaient subi des pertes dévastatrices lors des explosions, mais ils protégeaient désormais le seul actif qui comptait : Irusk et le pont. Combien de temps résistaient-ils avant de se rendre comme que leur Kommandant Suprême les considérait comme sacrifiable ?

« Harcourt, prenez tout le monde et embarquez à bord du Perce-Nuage », dit Stryker en empoignant le jeune warcaster par l’épaule.

« Quoi ? Je ne comprends pas, monsieur », répondit Harcourt, la peur s’élevant soudain dans sa voix.

« Magnus n’a pas fait assez de dégâts. Irusk va envoyer le vaisseau sur Corvis. »

Harcourt se contenta de regarder horreur muette.

« Faites-le, Lieutenant. » Stryker se tourna pour s’adresser aux centaines de soldats autour de lui. « Nous devons atteindre ce pont. Des milliers de vies innocentes en dépendant. J’ai besoin de vingt volontaires. Je ne mentirai pas : si nous réussissons, vous serez salués comme des héros, mais nous terminerons ce voyage à Urcaen quoi qu’il arrive. »

Une centaine de mains se levèrent, et des larmes et un flot d’émotion aveuglèrent presque Stryker. « En vérité, je suis béni de commander de si braves et nobles guerriers. »

Stryker choisit ses vingt soldats, tous jeunes, sans famille ou des plus âgés ayant déjà vu leurs enfants grandir. Le choix fut sinistre.

« Monsieur, nous avons peut-être quelque chose à bord du Perce-Nuage … «  commença Harcourt, plaidant.

« Non, William. J’ai besoin de toi pour commander maintenant. J’ai besoin qu’il te suive sur ce vaisseau et que tu en sauves le plus possible. J’irai jusqu’au bout. »

Stryker prit les mains gantelées du warcaster dans les siennes. « Tu m’as rendu fier, et je sais que tu continueras à faire de grandes choses. »

« Monsieur, s’il vous plaît. Le Cygnar a besoin de vous. »

Stryker secoua la tête. « Il a besoin d’hommes et de femmes forts pour le diriger. C’est toi. Trouve le Major Maddox quand c’est fini et dis-lui… »
Il s’arrêta et inspira. La prise de conscience soudaine qu’il ne reverrait plus jamais sa vieille amie, qu’il ne parlerait plus jamais de leurs années à l’académie, le broya.

« Monsieur ? » Dit Harcourt.

Stryker réalisa que tous les regards étaient rivés sur lui et que faire montre de faiblesse ici pourrait dissiper la bravoure de ceux qui en auraient besoin dans les prochaines minutes. « Trouve le Major Maddox et dis-lui que tu es son nouveau compagnon. Elle t’apprendra beaucoup mieux que moi. »

« Je le ferai, monsieur », répondit Harcourt en regardant ses pieds. Mais Stryker savait que ce ne serait pas le cas.

« Relevez la tête, Lieutenant », dit-il doucement. « Faites semblant, si vous devez le faire, mais ils doivent voir votre bravoure. »

« Harcourt leva la tête et hocha. Il s’essuya les yeux avec le dos de son gantelet. « Oui, monsieur. Je le ferai. »

« Maintenant, partez », dit Stryker en repoussant Harcourt.

Harcourt leva son épée, et quand il s’exprima, sa voix devint ferme et puissante. « Soldats de Cygnar, sivez moi. Retour au Perce-Nuage. »

Harcourt mena les centaines de soldats survivant dans le ventre du vaisseau céleste cygnaréen, et Stryker le regarda briser les amarres alors qu’il s’éloignait, mettant Harcourt et les autres en sécurité.

Il regarda autour de lui les vingt hommes et femmes restés à ses côtés. Il ne connaissait même pas tous leurs noms, mais cela n’avait pas d’importance. Il connaissait leur coeur et il savait qu’ils ne le laisseraient pas tomber.

. . .

KOMMANDANT SUPREME », dit un kovnik de la Garde des Glaces du nom de Lodeski à Irusk, la voix tremblante. « Nous avons subi des pertes importantes. »

La peur de l’homme rendit Irusk malade.

De sa position avantageuse, Irusk avait vu le pont entier de son vaisseau s’enflammer et se transformer en projectiles. Des centaines de ses soldats avaient été incinérés et démembrés, et ses canons s’étaient tus. La dernière chose qu’ils avaient besoin d’entendre de la part d’un de ses subordonnés était qu’ils avaient subi de lourdes pertes alors que la preuve en était aussi évidente que les cadavres carbonisés qui jonchaient le pont du Brise-Tempête.

« Descendez et assurez-vous que les ingénieurs maintiennent le vaisseau en l’air », déclara Irusk.

« Kommandant Suprême, le vaisseau est perdu, et je… »

Irusk attrapa le Kovnik Lodeski à la gorge. C’était un homme grand et chétif, pâle et mou. Comment avait-il pu atteindre le rang de kovnik était un mystère. « Descendez et assurez-vous que le vaisseau reste en l’air et sur sa trajectoire, kovnik, ou votre femme, vos enfants, toute votre famille vont souffrir de votre lâcheté. »

Irusk repoussa l’homme et attendit.

Lodeski se frotta la gorge, ses yeux se remplissant de terreur et de rage, et Irusk se demanda un instant lequel des deux gagnerait. Il n’eut même pas besoin d’y penser.

« Oui, Kommandant Supême. Ça sera fait. » Lodeski quitta le pont en courant et Irusk l’oublia en se tournant vers le reste de ses officiers.

« Vous, vous et vous. » Il désigna l’artilleur principal, le pilote et un kovnik Man-O-War. Ils étaient tout ce qui restait de ses officiers supérieurs à bord. Il supposa que Strakhov avait été tué dans les explosions sui avaient neutralisé les canons du Brise-Tempête. C’était une perte, mais pas insurmontable. Sa propre vie, ainsi que celles des officiers qui avaient été témoins de ce qui s’était passé aujourd’hui et qui pouvaient corroborer certains aspects lorsqu’il se tiendrait devant l’impératrice (ou être cornaqués et menacés de mentir ou d’exagérer si nécessaire), étaient bien plus importants.

Les deux hommes et la femme qu’il avait désignés se tournèrent vers lui avec un mélange de peur et d’espoir sur leurs visages.

« Venez avec moi sur le canot de sauvetage », dit Irusk. Le Brise-Tempête était équipé d’un petit dirigeable, assez grand pour contenir ses officiers supérieurs et les mettre en sécurité si nécessaire. « Le reste d’entre vous… Je vous remercie pour votre service. Votre impératrice entendra parler de votre sacrifice. »

Des visages perplexes l’accueillirent parmi une demi-douzaine d’hommes et de femmes. Ces visages perplexes se transformèrent en horreur quand il sortit son canon à main et tira sur le plus proche.

« Kovnik », dit-il au Man-O-War. « Ce vaisseau doit garder le cap. »

L’énorme soldat armuré acquiesça et pointa son bouclier canon. « Rejoignez-moi quand vous aurez fini ici. Je tiendrai le canot de sauvetage pour vous. » Il le pensait ; ce qu’il demandait à l’homme le rendait digne d’être sauvé.

Le tonnerre du bouclier canon noya les cris des soldats restants. Les autres officiers qu’il avait choisis de sauver avaient un visage pâle, mais ne dirent rien. Au lieu de cela, ils vivraient. Ils comprenaient les priorités.

Irusk quitta vivement le pont, jetant un dernier coup d’oeil au pont brisé du Brise-Tempête. Les troupes khadoréennes se dispersaient, leurs cohésions d’unités se disloquant alors que les soldats apprenaient leur destinée. Il aurait quitté le vaisseau avant qu’ils ne comprennent pleinement leur sort. Il consola en pensant que leur mort ne serait pas vaine et qu’un grand coup serait porté aux ennemis de la Mère Patrie.

La dernière chose qu’il remarqua avant de quitter le pont fut Coleman Stryker menant une petite unité de Lames-Tempêtes vers le pont.
Irusk sourit. Cette journée n’était pas sans bénédictions après tout.

elric:
— 28 —

LE VENT HURLANT D   ANS SES OREILLES et la douleur fulgurante sur son visage et ses bras réveillèrent Magnus. Il tombait, le fond du Brise-Tempête s’amenuisait au-dessus de lui alors qu’il plongeait vers le Fleuve Noir. Il essaya de bouger ses bras et ses jambes et découvrit qu’il était plus lourd qu’il ne devrait l’être. L’explosion avait endommagé son armure – à quel point, il n’en était pas certain.

Il se tordit dans les airs, se retournant pour voir l’eau sombre se précipiter à sa rencontre. Il toucherait dans dix secondes, peut-être moins. Il s’était presque résigné à ce sort quand il aperçut une autre silhouette tombant non loin de lui.

L’armure et la chair noircies et fumantes de Strakhov. Magnus comprenant maintenant comment il avait survécu à la détonation dans la salle des canons – il se souvint que Strakhov l’avait attrapé quelques secondes avant que son corps ne se déclenche, et que le champ d’énergie du warcaster plus le sien avaient dû le protéger de l’explosion. Strakhov aurait subi les plus fort de l’explosion, assez probablement pour le tuer.

Magnus s’émerveilla de l’absurdité de la chose. Il était prêt à mourir, à s’éteindre dans un embrasement ardent qu’il avait lui-même provoqué. Cela lui avait été refusé, et maintenant, en se précipitant vers le sol, de vieux instincts de survie se manifestèrent. Ses options étaient limitées. Heurter le Fleuve Noir sans turbine arcanique en état de marche le tuerait probablement à l’impact. Pourtant, il avait une chance, si mince qu’elle était pratiquement inexistante.

Luttant contre une douzaine de blessures superficielles, celle pas si superficielle, de son épaule droite, et le poids stupéfiant de sa propre armure, Magnus mit ses bras et ses jambes à l’horizontale et s’élança dans les airs en direction de Strakhov. Il avait mal jugé sa vitesse et percuta le warcaster, mais il réussit à s’accrocher. Il n’avait aucun moyen de savoir si Strakhov était vivant, mais cela n’avait pas d’importance : le bourdonnement de la turbine arcanique du warcaster khadoréen et le filet de fumée s’échappant de la cheminée de son armure suffisant à le renseigner.

Il tint le warcaster près de lui, plaçant le khadoréen face à l’eau. Magnus détecta un infime mouvement de la poitrine du warcaster – il s’accrochait toujours à la vie. Du moins, un peu plus longtemps. S’ils survivaient, le khadoréens aurait des cicatrices défigurantes pour le restant de ses jours. Son visage et la majeure partie de sa peau exposée étaient carbonisées, et des os luisaient sous la chair.

Théoriquement, les champs d’énergie produits par deux armures de warcasters, lorsqu’elles étaient à proximité, devraient se chevaucher et se renforcer l’un l’autre. Lorsqu’ils touchèrent l’eau, le champ d’énergie de Strakhov s’activa, mais Magnus n’eut aucun moyen de savoir si le sien possédait suffisamment de puissance pour renforcer celui du khadoréen. Si c’était le cas, les boucliers énergétiques combinés pourraient les sauver. Encore une fois, ce ne serait peut-être pas le cas.

Magnus repéra les forces cygnaréennes proche de la rive. Verraient-ils les deux warcaster heurter l’eau ? Reconnaîtraient-ils même que les deux hommes qui tombaient n’étaient pas simplement des débris éparpillés du vaisseau céleste en désintégration au-dessus d’eux ?

Ou simplement des cadavres de ceux déjà vaincus.

Rien de tout cela n’avait d’importance, car la gravité lui apporterait la réponse dans quelques secondes. Magnus ferma les yeux, s’accrocha fermement au corps de Strakhov et se prépara à l’effroyable impact à venir. Un cours élan d’un infime surgit en lui lorsque le picotement d’un champ d’énergie se forma autour de lui. Il fut immédiatement avalé et écrasé alors que sa respiration ses sens et sa vision furent broyés, suivit instantanément par le chic glacial de l’eau.

Ils plongèrent dans les ténèbres et Magnus s’accrocha d’une manière ou d’une autre à Strakhov. Le champ d’énergie créa une petite bulle d’air autour d’eux alors qu’ils6 coulaient, et Magnus prit une profonde inspiration. Mais ensuite, le champ d’énergie s’éteignit et l’eau s’engouffra à l’intérieur.

Magnus et Strakhov heurtèrent la vase au fond du fleuve, et ils restèrent là, embourbés dans trente centimètres d’une boue visqueuse, la faible lueur du soleil à quelques mètres au-dessus d’eux. Alors que l’oxygène s’amenuisait dans ses poumons, Magnus réalisa que ce serait la dernière lueur du soleil qu’il verrait.

. . .

STRYKER S’ATTENDAIT À PLUS de résistance alors que lui et ses vingt Lames-Tempêtes se dirigeaient vers le pont. Au lieu de se heurter à une muraille organisée de soldats khadoréens, ils rencontraient de groupes de soldats en fuit, plus soucieux de trouver un moyen de quitter le vaisseau que de combattre un ennemi aussi condamné qu’eux. Tout de même, certains rouges se souvenaient encore de leur appel du devoir.

Stryker forma ses soldats en angle avec lui à la pointe, et ils tailladèrent à travers la faible résistance sur leur chemin jusqu’à ce qu’ils soient à moins de vingt verges du pont. Il y avait une ligne de piquiers Crocs d’Acier, leurs boucliers ornés du dragon noir. Stryker connaissait cette compagnie de soldats vétérans, tous vétérans expérimentés n’ayant aucune autre famille que leurs frères et sœurs d’armes. Il n’y aurait pas de retraite pour ces guerriers.
Les Crocs d’Acier verrouillèrent leurs boucliers, abaissant leurs piques explosives en une haie hérissée. Le nombre était pair, vingt de chaque côté. Stryker et ses Lames-Tempêtes n’avaient qu’un seul avantage : ils pouvaient attaquer à distance.

« Projectile ! » Cria Stryker, et les Lames-Tempêtes s’espacèrent, les explosions brûlantes d’énergie voltaïque se déversant sur les khadoréens. L’armure Croc d’Acier était épaisse, et la puissance combinée de l’attaque galvanique ne fit tomber que deux vétérans.

Les Crocs d’Acier chargèrent, Stryker lança rapidement un sort pour protéger ses soldats de la redoutable puissance de leurs piques explosives ; un bouclier arcanique se forma autour des Lames-Tempêtes, et il savait que même s’il pouvait en sauver quelque-uns, les piques explosives étaient conçues pour pénétrer le blindage des warjacks. Les Crocs d’Acier frappèrent et leurs armes explosèrent avec une fureur effroyable. Six Lames-Tempêtes tombèrent ou furent projetés au loin avec des trous béants dans leurs cuirasses. Six autres furent jetés au sol et eurent du mal à se remettre debout alors que l’ennemi renversait ses lances et poignardait avec les pointes de lance sur la crosse de leurs armes.

Stryker se retrouva engagé avec quatre Crocs d’Acier à la fois. Leurs piques jaillirent, et il en repoussa deux, esquiva les autres, puis se mit à tourbillonner à l’intérieur de la garde de ses ennemis. Il écrasa le bouclier d’un Croc d’Acier d’un coup de pied et abattit l’homme à côté de lui avec une courte frappe montante. Une autre pique explosive pénétra et cette fois Stryker ne réussit pas à l’éviter. Elle éclata contre son champ d’énergie juste au-dessus de sa cuirasse. La chaleur et la pression l’enveloppèrent et le fracassa. Il observa une bosse fumante dans son armure – mais au moins ce n’était pas un trou béant. Merci Morrow pour ce petit miracle. Il bondit en avant, fendit le bouclier relevé et le casque du Croc d’Acier qui l’avait frappé. Puis la brume rouge du combat l’emporta, réduisant son monde à la portée de son épée et aux attaques de ses ennemis.

Stryker se battit avec une seule pensée en tête : ils se rapprochaient de Corvis et caque fois qu’il balançait sa lame, le Brise-Tempête se rapprochait de la mort de dizaines de milliers de personnes. Comptant trop sur son armure et son champ d’énergie, il lançait de grands coups avec Vif-Argent, la propulsant à travers l’armure de Croc d’Acier. Son imprudence lui avait occasionné trop de blessures : un coup de couteau profond à la cuisse droite, un coup d’une pique à l’arrière de sa tête qui brouilla sa vision et l’assomma presque. Mais finalement, son habilité, sa force et son désespoir l’emportèrent. Il se tenait au-dessus d’un champ de cadavre, à la fois khadoréen et cygnaréen. Il était vraiment le dernier homme debout – les vingt soldats qu’il avait emmenés avec lui avaient tous donné leur vie pour s’assurer qu’il vive encore un peu.

Il était seul.

Stryker souhaitait pouvoir reconnaître leur sacrifice et pleurer leur perte insensée, mais c’était un luxe qu’il ne pouvait pas se permettre. Avec lassitude, il souleva Vif-Argent et couru jusqu’à la base du pont. Comme sur le précédent vaisseau céleste khadoréen qu’il avait pris d’assaut avec Harcourt, l’écoutille menant au pont était fermée et barrée. Trois puissants coups avec Vif-Argent réduisit la porte en copeau et il se fraya dans l’obscurité. Un escalier menait à un étroit couloir. Il le gravit insouciant de tout danger, jusqu’à ce qu’il atteigne le pont.

Il ne trouva pas de groupe un soldat endurcis prêts à mourir pour leur nation et leur vaisseau mais un carnage. Plus une âme vivante sur le pont. Les pilotes, les artilleurs et les ingénieurs mékaniciens qui dirigeaient le vaisseau à partir d’ici avaient été tués sous les coups d’une hache exterminatrice ou abattus à bout portant. Il ne l’avait pas dit à Harcourt, mais il avait un plan désespéré pour dévier la route du Brise-Tempête et peut-être se sauver lui-même : il avait espéré forcer les officiers sur le pont à communiquer avec les ingénieurs en bas et changer la route et la vitesse du vaisseau khadoréen.

Mais Irusk avait clairement d’autres plans, et il avait été minutieux.

Il n’y avait aucun moyen de modifier la destination du vaisseau maintenant. Même la grande roue avait été mise en pièces, ne laissant qu’un moignon de métal noirci là où le pilote autrefois dirigeait le grand vaisseau.

Le Brise-Tempête était une bête increvable. Ils l’avaient blessé, mais rien ne semblait capable de la faire chuter. Magnus avait détruit ses canons, percé des trous béants dans sa coque, et portant il flottait toujours. Son équipage était mort ou mutiné, et il fonçait toujours vers Corvis comme une flèche propulsée par l’arc d’un dieu vengeur. Ils avaient saigné la bête, mais il n’y avait qu’un seul moyen de la tuer. Il faudrait lui porter un coup au coeur, ôter le moteur qui la faisait avancer et la maintenant en l’air, le moteur céleste dans le ventre du navire.

Il observa le carnage sur le pont et réalisa qu’il faisait face à un ennemi qui ferait n’importe quoi pour la victoire ou, dans ce cas, pour porter un coup fatal à son ennemi même dans la défaite. Irusk avait exécuté ses propres soldats pour s’assurer que des milliers d’innocents souffriraient. La cruauté de cet homme, même face à une perte complète, était intimidante.

Irusk n’avait jamais été du genre à se sacrifier, alors Stryker supposé qu’il s’était probablement échappé du vaisseau d’une manière ou d’une autre. Il espérait que le Kommadant Suprême observerait le moment où le dernier Brise-Tempête s’écraserait sur terre mais ne réussirait pas à frapper Corvis. Stryker infligerait une défaite de plus, un échec de plus, à Irusk avant la fin.

. . .

STRYKER CROISA DES DOUZAINES DE SOLDATS KHADORÉENS alors qu’il s’enfonçait dans les profondeurs du vaisseau céleste. Aucun ne tenta de l’arrêter ni même de se battre. Ils savaient que cette lutte était perdue ; la plupart couraient dans une autre direction dès qu’ils le voyaient. Les rares qui ne couraient pas rencontrait simplement son regard et attendaient. Le regard dans leurs yeux exprimait simplement : Mon combat est terminé. Tuez-moi où laissez-moi passer. Il les laissait passer chaque fois. Sauf une.

Un soldat avec une main mékanique se précipitait vers lui, transportant ce qui ressemblait à un coeur de warjack. Un équipement précieux s’il pouvait le faire quitter le vaisseau. La prothèse de l’homme indiquait qu’il avait un certain rang.

Stryker dégaina son épée et bloqua l’étroit couloir. « Où sont les moteurs célestes ? » Demanda-t-il. Il avait eu une idée approximative en voyant l’extérieur du vaisseau, mais il n’avait pas le temps de chercher.

Le khadoréen hésita puis regarda derrière lui.

« Si tu cours, tu ne feras pas cinq pas avant de te prendre un projectile. Tu sais qui je suis. »

« Pourquoi je vous balancerais quelque chose ? » Cracha l’homme dans un cygnaréen étonnamment bon. Il serra la sphère de couleur bronze du cortex de warjack contre sa poitrine.

« Si tu espères avoir une chance de quitter ce vaisseau avec ça, tu me le diras. Sinon, je te tuerai et j’attendrai que le prochain homme arrive. »

Le mékanicien fit une grimace puis finalement secoua la tête. « Derrière moi, à vingt verges, vous entendrez le bruit de la turbine arcanique. Je suppose qu’il vous est familier, oui ? »

Stryker s’écarta. « Alors allez-y, mon brave ennemi khadoréen. Que Menoth te protège du mal. »

L’homme ricana en passant. « Le seul mal sur ce navire, c’est vous. »

Stryker se demanda s’il penserait ça en voyant ce qui s’était passé sur le pont.

Il suivit les instructions de l’homme, courant dans le couloir jusqu’à ce qu’il entende le bourdonnement révélateur d’énergie arcanique vrombissant à travers les conduits voltaïques. Sa propre armure émettait un tel bruit, à peine audible sauf dans une pièce très calme. C’était ce bruit mais amplifié mille fois.

Le couloir se terminait en un large espace ouvert, la partie supérieure d’une des grandes demi-sphères sous le vaisseau. La turbine arcanique et le moteur céleste qui lui était attaché se trouvaient à l’intérieur d’une sphère armillaire en rotation rapide, un orbe flamboyant d’énergie bleu-blanche pulsant depuis et autour du moteur céleste. La turbine recueillait et amplifiait la puissance de la sphère armillaire, créant un balayage de l’énergie qui circulait en circuit fermé dans le moteur céleste et produisait suffisamment de puissance pour soulever des centaines de tonnes d’aciers et de soldats dans les airs.

La chambre était vide, un espace caverneux dépourvus d’ennemis. Il comprit que des centaines de khadoréens cherchaient un moyen de quitter le vaisseau, mais s’il réussissait, ils ne le trouveraient jamais.

Des passerelles s’étendaient du sol de la pièce jusqu’au vide ouvert où vide ouvert où était suspendu la sphère armillaire, maintenue en l’air par la même énergie qui accordait le vol au Brise-Tempête. Les bandes d’acier floues qui constituaient la sphère était une efficace armure. Stryker pourrait se frayer un chemin à travers elles, puis détruire la turbine arcanique, mais la désactivation d’un moteur ne forcerait pas le vaisseau à s’écraser au sol assez rapidement. Il atteindrait toujours sa cible. Non, il avait besoin de désactiver plus d’un moteur ; il avait besoin de créer une explosion assez colossale pour tous les désactiver.

Il se dirigea vers la passerelle la plus proche, cherchant des moyens de détruire le moteur céleste, et malgré sa connaissance de la mékanique arcanique, il ne put rien trouver qui lui permettrait de désactiver plus que ce seul moteur.

Il s’arrêta à quelques pas du monteur céleste, la sphère armillaire projetant un vent violent sentant l’ozone sur son visage. Des arcs d’énergies voltaïque dansaient autour du mécanisme. Un de ces arcs fusa vers lui et il leva son épée par réflexe. L’éclair frappa Vif-Argent, secouant Stryker avec sa force pure, et sa turbine arcanique gémit plus fort en absorbant l’énergie.

Il sut, alors, ce qu’il avait à faire.

Son armure de warcaster avait subi un certain nombre d’itérations, toute conçue par le génie de Sebastian Nemo. Une tenue lui permettant de surcharger stratégiquement sa turbine arcanique, puis de canaliser cette puissance dans son armure, décuplant sa force. Il avait rarement utilisé la fonction de l’armure de peur de surcharger sa turbine arcanique au point de tomber en panne. Si cela s’était produit, l’explosion qui en aurait résulté l’aurait réduit en atomes avec n’importe qui et n’importe quoi à moins de vingt pas.

La turbine arcanique reposant dans la sphère armillaire du moteur céleste avait une puissance mille fois supérieure à celle qui alimentait son armure. Une surcharge produirait une explosion qui fendrait le vaisseau céleste en deux.

Le moment était venu. Rien ne l’empêcherait de faire ce qu’il allait faire. Il pouvait sentir le Brise-Tempête se précipiter vers Corvis de seconde en seconde, et il savait maintenant qu’il pouvait l’arrêter, qu’il pouvait sauver des milliers d’âmes. Et il n’avait pas peur. La mort était sa constante compagne depuis des années. Au lieu de cela, ce qu’il ressentait s’apparentait à une perte. Du chagrin, peut-être. Il avait toujours envisagé, bêtement, de quitter l’armée, de prendre sa retraite, de vivre une vie qui n’était pas dictée par la guerre et les conflits. C’était plus un fantasme qu’autre chose, un fantasme qui pouvait être extirper par la balle d’un tireur embusqué ou l’épée d’un ennemi à tout moment. Mais le choisir sciemment, abandonner tout ce qu’il aurait pu être, était bien pire que la peur. Il se demandait si Magnus avait éprouvé le même sentiment de perte dans ses derniers moments. Il sourit. Il aurait la chance de lui demander à Urcaen bien assez tôt.

Stryker ferma les yeux et tint Vif-Argent devant lui, en posant son front sur la lame. Il eut l’instinct de prier, mais il ne trouva pas les mots.

« Pour le Cygnar », chuchota-t-il. Les mots furent captés et emportés par le vent hurlant de la sphère armillaire. Il s’avança, leva son épée et la fit tomber sur les bandes d’acier étincelantes. Vif-Argent traversa le métal, et la sphère se détacha dans une pluie d’éclats lumineux. Un morceau de la taille d’un bras de warjack passa devant sa tête, et cela aurait pu se terminer maintenant, mais Stryker sentit une autre présence dans la pièce avec lui. C’était peut-être l’adrénaline et la fatigue qui lui jouait des tours, mais il sentit qu’une main le guidait dans ses actions.

La turbine arcanique et le moteur céleste étaient suspendus dans les airs devant lui, pulsant de bleu et de blanc, un atome de puissance comme l’oeil d’un dieu en colère. Il prit une inspiration, pointa Vif-Argent et canalisa toute sa force arcanique dans son accu-tempête. Un éclair d’énergie voltaïque jaillit de la pointe de l’épée et ans la turbine arcanique, mais contrairement aux courtes rafales qu’il tirait sur ses ennemis, cette fois il lança un flux constant d’énergie dans la cible. Un lien d’énergie galvanique s’écoula de la turbine arcanique de son armure à travers sa lame et dans le moteur arcanique.

La lueur autour du moteur arcanique s’intensifia, et la turbine arcanique dans le dos de Stryker devint chaude puis brûlante. Il grinça des dents et injecta plus de puissance dans Vif-Argent, fermant les yeux alors que la douleur s’intensifiait. Il ne lâcha rien, même lorsque la peau de son dos craquela sous son armure, même lorsque ses cheveux prirent feu et qua la douleur bondit sur son crâne et son visage. Il prit conscience qu’il criait, mais il ne céda pas.

Morrow, s’il te plaît, fait que cela s’achève, alors que moteur le moteur céleste se surchargeait dans un gigantesque éclair d’énergie bleu-blanche qui se développa en une bulle de force destructrice absolue.

Coleman Stryker mourut dans la lumière.

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