ROYAUMES D’ACIER > Background – Histoire des Royaumes d’Acier
Roman - Poudrière
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LA SALLE DU TRÔNE AVAIT ÉTÉ MODIFIÉE depuis la dernière fois que Stryker l’avait vue. Trois grandes tables avaient été apportées, leurs surfaces en inox polies. Elles étaient disposées en forme de U avec le trône au milieu. Stryker, Magnus et le Maître de Guerre Ebonhart s’assirent à la table centrale – il était préférable que de s’asseoir en armure de warcaster. D’autres membres du conseil intérieur étaient assis aux autres tables, et ils étaient rejoints par d’autres hommes et femmes importants, qui, bien que ne faisant pas partie du cercle intérieur du Roi Julius, constituaient son conseil consultatif élargi. Cela incluait le Seigneur Trésorier ; les deux dirigeants les plus éminents de la Ligue Mercarienne, le Duc Waldron Gately de Mercir et le Seigneur Ethan Starke, premier échevin ; Arland Calster, dirigeant de la branche caspienne de l’Ordre Fraternel de la Magie et ancien conseiller aux arcanes de Leto ; et le Commandeur Birk Kinbrace, Chancelier de l’Académie Stratégique. Stryker était heureux de voir Kinbrace – il connaissait bien le warcaster vieillissant, et Kinbrace était un homme honnête et direct ayant également contribué au renversement de Vinter Raelthorne.
La seule personne semblant ne pas être à sa place était le Major Maddox, mais sa présence était probablement due à son rôle actuel de pièce maîtresse d’une campagne de propagande destinée à promouvoir le soutien de l’armée et au nouveau roi.
« Je le répète, une attaque contre Merywyn, le siège du pouvoir khadoréen en Llael, est le moyen le plus direct de briser leur pouvoir dans la région », déclara Stryker. Il avait exposé le plan que lui et Ebonhart avaient élaboré, qui prévoyait un siège de l’ancienne capitale de Llael. Sans surprise, Magnus estima que ce n’était pas le bon plan d’action.
« Votre Majesté, vous vous êtes rendu à Merywyn récemment », demanda Magnus en s’adressant à Julius. Le roi s’était peu exprimé. Il s’était assis tranquillement sur son trône, écoutant ses conseillers. Stryker répugnait à l’admettre, mais c’était un autre trait qui différenciait Julius de son père. Vinter avait rarement tenu compte des conseils de quelqu’un d’autre que le sien.
« Vous avez remarquez à quel point elle était puissante », poursuivit Magnus. « Les khadoréens ont consacré beaucoup de temps et d’efforts à la restauration de la cité, et ses murs sont épais et bien défendue. Un siège serait long et son issue incertaine ».
« Je suis d’accord, Votre Majesté », dit le Chancelier Kinbrace, décevant Stryker. Il ne pouvait imaginer que cet homme soit d’accord avec Asheth Magnus concernant quoi que se soit. « Elle est trop bien fortifiée ».
« Pourtant, nous avons des informations fiables selon lesquelles une seule division défend la ville », dit Ebonhart. « Ce n’est pas beaucoup d’hommes, et si nous frappons rapidement et en force, nous pourrions les submerger ».
Magnus secoua la tête. « Il n’y a peut-être qu’une division là-bas pour le moment, mais n’oubliez pas que les khadoréens contrôle la Ligne Ombrienne, qui est directement reliée à Rynyr et Laedry. Ils pourraient envoyer des troupes à Merywyn en quelques heures.
La présence militaire à Laedry et Rynyr est minime », déclara Stryker. « Vous devriez le savoir, Général, si vous aviez étudié les rapports qui vous ont été remis ».
« Seigneur Général », répondit Magnus en se tournant vers Stryker. Le Duc Ebonhart se tenait entre eux, quelque peu éclipsé par les deux warcasters armurés qui le flanquaient. « J’ai lu vos rapports et ceux du Duc Ebonhart, et ils étaient complets … lorsqu’il s’agissait de l’armée khadoréenne ».
« Où veux-tu en venir, Magnus ? « demanda Ebonhart. Il était manifestement frustré par la remise en cause de son plan, même s’il avait plus de tolérance pour l’homme que Stryker. Ebonhart avait rejoint Julius au début de la guerre civile, il y a trois ans.
« Ce que je veux dire, c’est que le prince régent, Vladimir Tzepesci, a rassemblé ses lieutenants et leurs troupes à Laedry. Il y a dix mille chevaux lourds : des uhlans Croc d’Acier et des drakhun ».
« Comment savez-vous cela ? » demanda Leto. Il se tenait à coté du trône et écoutait l’échange, le front plissé d’inquiétude.
« Votre Majesté », dit Magnus, puis il s’arrêta et sourit. « Mon pardon, Haut Chancelier. J’ai plus l’habitude de vous considérez comme le Roi Leto ».
La rage monta en Stryker. Le lapsus de Magnus n’était pas accidentel. C’étaut un autre subtil coup pour rappeler à ceux qui avaient été ses ennemis, ceux qui l’avaient forcé à l’exil, qu’il avait résisté à leur tempête et que leur pouvoir avait diminué tandis que le sien s’était accru.
Leto garda son sang-froid et balaya le faux pas. « Continuez ».
« J’allais dire que j’ai des hommes loyaux à Laedry depuis un certain temps. Personne ne remarque un mercenaire, et il peuvent pénétrer dans des endroits que même les espions du commandant en chef des éclaireurs ne peuvent atteindre ».
« Rebald », dit Julius, « que vous ont dit vos espions à propos de Laedry ? »
Rebald se racla la gorge et se leva. Il était assis à la table à gauche de Stryker, assis à côté d’Orin Midwinter. Les deux ne semblaient jamais très éloignés l’un de l’autre ces derniers temps. « Votre Majesté, j’ai quelques rapports selon lesquels des hommes de Vlad sont rassemblés à Laedry, mais pas dans les chiffres suggérés par le Général Magnus ».
« Je fais confiance aux hommes que j’ai en place là-bas », dit Magnus. « Et il s’ensuit simplement que le prince régent prendrait des mesures pour faire valoir ses récentes prétentions sur la région ».
Stryker fronça les sourcils. Il était difficile de contester la logique de Magnus. L’homme était vif d’esprit, cela ne faisait aucun doute. Pourtant, il ne pouvait pas laisser Magnus mettre ses plans d’exécution aussi facilement. « Votre Majesté, même s’il y a une certaine logique dans les arguments du Général Magnus, les hommes avec lesquels il s’est associé ces dernières années ne sont ceux que j’appellerais dignes de confiance. Si ce qu’il dit est vrai, Reblad le saurait sûrement ».
Julius regarda Stryker, le visage indéchiffrable. Rien n’indiquait qu’il ne faisait confiance au rapport de Magnus. Stryker s’autorisa à espérer que le jeune roi l’écouterait, lui et Ebonhart. Mais cet effort fut rapidement douché.
« Puis-je vous rappeler, Seigneur Général, que j’ai été l’un des hommes avec lesquels le Général Magnus était associé », déclara Julius. Il regarda Magnus. « Général, si ce que vous dites est vrai, avez-vous un autre plan d’action ? »
Magnus acquiesça. « Bien sur, Votre Majesté ».
« Veuillez en faire part au conseil de guerre ».
Magnus quitta son siège et se dirigea vers le milieu de la pièce, debout devant le trône pour s’adresser au conseil de guerre rassemblé. « Mon plan est simple », commença-t-il. « Nous allons faire marcher notre armée à travers le Llael libre jusqu’à Croix-des-Fleuves ». Il regarda Stryker et Ebonhart. « C’est là que vous ferez le siège ».
La ville de Croix-des-Fleuves était située au confluent du Fleuve Noir et de la Grisonnante dans le nord du Llael occupé. C’était une importante cité marchande, mais elle avait pratiquement été détruite par le Khador lors de l’invasion initiale.
« Pourquoi Croix-des-Fleuves ? » demanda Stryker, sincèrement curieux. « C’est un long trajet pour déplacer une importante armée ».
« Oui, mais la muraille de Croix-des-Fleuves a été presque entièrement détruite et n’a pas été reconstruite. De plus, la ville n’a actuellement en garnison que deux bataillon », déclara Magnus. « Si nous nous en emparons, nous avons accès au Fleuve Noir et nous avons la possibilité de rapidement déplacer des troupes vers Merywyn lorsqu’il sera temps d’attaquer la capitale ».
« C’est le Kommandeur Harkevich qui commande là-bas, n’est-ce pas ? » demanda Leto.
Reblad répondit. « C’est exact, Haut Chancelier. C’est un chef compétent et un warcaster, mais ses talents résident davantage dans la prise de villes que dans leur contrôle.
Stryker n’avait jamais affronté Harkevich au combat, mais le khadoréen était connu pour ses talents d’artilleur et utilisait souvent ses warjacks comme emplacements d’armes à feu à grand effet.
« Maître de guerre Ebonhart, Seigneur Général Stryker », dit Julius. « Dites-moi, dans quelle mesure le plan du Général Stryker est-il réalisable ».
Stryker regarda Ebonhart, mais le maître de guerre regardait droit devant lui. Il était le supérieur de Stryker, et il serait inconvenant pour Stryker d s’exprimer en premier. Mais il savait ce qu’Ebonhart allait dire avant même que l’homme prenne la parole, car la logique de Magnus était implacable. Son plan promettait une victoire rapide, vitale pour le moral, puis une position stratégique en Llael occupé pour mener le reste de l’invasion. Indépendamment des pensées personnelles de Stryker à propos de Magnus, l’homme avait un talent pour la stratégie militaire.
« Il … s’agit d’un plan solide », déclara Ebonhart. Sa mâchoire se contractait, comme s’il mâchait quelque chose de particulièrement coriace et de mauvais goût. « Et honnêtement, un meilleur plan que le mien ».
Stryker se demanda s’il aurait été capable de dire cela, même si c’était la vérité.
« J’apprécie votre franchise, Duc Ebonhart », déclara Julius. « Seigneur Général Stryker, êtes-vous d’accord avec le maître de guerre ? »
C’était une question très pointue, un test après son éclat au conseil intérieur. La question n’était pas de savoir s’il était d’accord avec Ebonhart, mais plutôt de savoir s’il pouvait se résoudre à être publiquement d’accord avec Asheth Magnus. Le poids de la question pesait sur lui, et il était parfaitement conscient que toutes les personnes dans la salle du trône le regardait.
Il jeta un coup d’oeil à Maddox. Elle secoua brièvement la tête, une subtile insistance à garder son sang-froid. Il essaya de repousser cet enchevêtrement d’émotions noires qui tournaient autour de ses souvenirs d’Asheth Magnus et de penser comme le Seigneur Général de l’Armée Cygnaréenne, quelqu’un de soucieux de la sécurité et du bien-être de ses hommes et de sa nation.
Il se surprit à réussir.
« Oui, Votre Majesté », répondit Stryker, même si les paroles avaient un goût de vinaigre sur sa langue. « Maintenant que j’ai entendu le plan du Général Magnus expliqué plus en détail, je vois qu’il est solide ».
La tension régnant dans la pièce sembla se dissiper et le roi acquisça. « Bien, mes chefs de guerre les plus expérimentés sont d’accord. Nous exécuterons le plan du Général Magnus, et il servira sous votre commandement, Seigneur Général, lorsque vous dirigerez la force d’invasion de Llael ».
« Bien sûr, Votre Majesté », répondit Stryker. Il jeta un coup d’oeil à Magnus. Le visage du warcaster était passif, inerte. Si la décision du roi le dérangeait, il ne le montrait pas. « J’aimerais que le Major Maddox soit également affecté à la force d’invasion ».
Julius réfléchit, puis demanda : « Duc Ebonhart, avons-nous besoin du Major Maddox en Cygnar ? »
« Elle est devenue très populaire auprès du peuple, Votre Majesté, et son histoire inspire le soutien à l’armée et à la couronne », déclara Ebonhart. « Nous pourrions en avoir besoin plus que jamais dans les jours à venir ».
Stryker se demanda comment Maddox se sentait lorsqu’on parlait de sa carrière de cette façon, comme si elle était une pièce sur un plateau de jeu, déplacée selon les caprices de puissances supérieures à elle. Il savait ce qu’elle en pensait.
« C’est peut-être vrai, Maître de Guerre Ebonhart », dit le Haut Chancelier Leto, « mais je pense que le Major Maddox nous servira bien mieux en Llael. Une autre guerre avec le Khador ne sera pas bien accueillie par le peuple de Cygnar, mais si le Major Maddox fait partie de la force d’invasion, cela pourrait adoucir la réaction du public ».
Julius réfléchit. « Je suis d’accord, mon oncle. J’aime l’idée que le Major Maddox, récemment libérée, aille libérer le peuple opprimé de Llael et hisse le drapeau de la liberté sur Croix-des-Fleuves ».
« Parfait, Votre Majesté », répondit Leto.
Il y avait une certaine logique là-dedans, mais Stryker d’entendre parler de Maddox de cette façon. Elle était plus un objet de propagande, plus qu’un symbole, c’était une warcaster expérimentée. « N’oublions pas que le Major Maddox est un officier expérimenté compétent et une warcaster talentueuse. Je suis d’accord que sa présence sera une source d’inspiration, mais ne vous y tromper pas, ma demande d’inclusion est basée sur ses prouesses martiales ».
« Bien sûr, Seigneur Général », dit Leto, avant de se tourner vers Maddox. « Mes excuses, Commandant, il semble que nous ayons pris à la légère vos accomplissements sur le champ de bataille. Ce n’était pas mon intention ».
« Il n’y a rien à pardonner, Haut Chancelier », déclara Maddox en inclinant la tête. « Je suis heureuse de servir le Cygnar de toutes les manières possibles ».
Elle était bien meilleure diplomate que moi, pensa Stryker.
« Excellent », dit Julius. Son visage rayonnait et sa voix était pleine d’enthousiasme. Il était clair pour toutes les personnes présentent dans la salle : le jeune roi était impatient de laisser sa marque sur le monde. « Alors, discutons des détails de notre libération de Llael ».
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LE CONSEIL DE GUERRE SE POURSUIVIT encore pendant trois heures, tournant autour de la composition de la force d’invasion, de l’allocation des ressources et du ravitaillement, et du déplacement des troupes nécessaires de tout le Cygnar vers la forteresse de Nordgarde, à la frontière de Cygnar et de Llael, le point de rassemblement le plus logique.
La force d’invasion proviendrait en grande partie de la Cinquième Division en garnison à Corvis et comprendrait un grand nombre de pionniers, les bourreaux de travail polyvalents de l’armée cygnaréenne. La 31ème Compagnie de Chevalier-Tempête, commandée par le vieil ami de Maddox et de Stryker, le Capitaine Tews, ajouterait un soutien d’infanterie lourde et de warjack, tout comme la 21ème Compagnie de Chevalier de l’Épée. Il s’agissait d’un formidable rassemblement de quelques-unes des meilleures ressources militaires de Cygnar, même si, à mesure qu’ils peaufinaient les détails, les poids de ce qu’ils faisaient réellement – planifier une invasion – se posa sur Stryker. Cela faisait des semaines qu’ils se débattait avec cette idée, mais elle lui était encore étrangère.
Il fut soulagé lorsque le Roi Julius interrompit finalement les débats, qui devaient reprendre le lendemain. Il était fatigué, physiquement et moralement, et complètement pris au dépourvu par le spectacle qui l’attendait à l’extérieur de la salle du trône.
Il entendit d’abord des voix s’élever, puis un mugissement profond qu’il reconnut. Tews. Il avait ordonné au capitaine Lame-Tempête de le rejoindre ici avec un petit contingent de Lames-Tempête de haut rang afin qu’il puisse commencer à les informer des plans de bataille.
Stryker se précipita vers les portes, suivi de près par Maddox et les autres membres du conseils.
Les portes s’ouvrirent et Stryker remarqua Tews, en armure complète, à quelques centimètres d’un homme que Stryker avait longtemps cru mort. Il s’appelait Sbastian Harrow et avait été un mercenaire au service de Magnus bien avant l’exil du warcaster. Stryker avait eu plus d’un accrochage avec cet homme, le dernier l’ayant incité, jeune et effronté, à prendre la contrôle d’un warjack dans la fonderie de ‘jack de Ruissepêche pour protéger son père. Il avait perdu le contrôle, et les dégâts causés par le warjack avaient presque ruiné Joseph Stryker. Tout cela avait été conçu par Magnus, qui avait utilisé Harrow pour manipuler Stryker.
Harrow était grand et décharné, son visage était un réseau de cicatrices et de laideur. Il portait une longue épée et un pistolet lourd, et Stryker avait pu constater à quel point il était rapide avec son arme. Sa main planait maintenant sur la crosse de son arme. Il portait également ce qui semblait être une armure de pionnier avec des barrettes de capitaine sur son plastron. Il semblait que le Général Magnus avait promu certains de ses mercenaires les plus fiables à des postes au sein de l’armée cygnaréenne, s’entourant ainsi d’homme sur lesquels il pouvait compter.
Trois Lames-Tempête de haut rang se tenaient derrière Tws, tous trois lieutenants. Ils n’avaient pas les mains sur leurs armes, mais leurs visages étaient blêmes par l’incertitude. Ils n’avaient probablement jamais vu Tews dans un tel état. Harrow n’était seul non plus ; les deux mercenaires qui accompagnaient Magnus se tenaient derrière lui. Ils n’avaient pas l’air incertains, ni même inquiets – au contraire, ils avaient l’air impatients.
« Tu vas retiré ça, espèce de clébard mercenaire, ou je t’abats », dit Tews, pratiquement en rugissant.
Harow sourit, sans se laisser impressionner le Lame-Tempête géant. « Je n’ai dit que le vérité, Capitaine. Le Khador vous a chassé de Nordgarde sans trop d’efforts ».
Le visage de Tews était cramoisi. « Des hommes honnêtes sont morts là-bas, espèce de misérable », dit-il. Sa main était sur la poignée de son glaive-tempête, la puissante épée à énergie voltaïque des Lames-Tempête. Stryker avait vu Tews trancher en deux des hommes armures avec cette lame.
La Garde Royale se rassemblait autour des deux hommes, et cela deviendrait moche si Stryker n’intervenait pas, même s’il n’aimerait rien de plus que voir Tews décapiter Harrow.
« Capitaine ! Retirez-vous. Tout de suite.
Tews se tourna vers Stryker, et la rage sembla s’évacuer de lui à la vue de son commandant. Il recula d’un pas, s’éloignant d’Harrow, et laissa sa main s’éloigner de la poignée de son glaive-tempête.
« Capitaine Harrow, que s’est-il passé ici ? » demanda Magnus derrière Stryker. Le vieux warcaster contourna Stryker et s’approcha de son homme. Leto et le Duc Ebonhart les avaient suivis, et Stryker pouvait entendre le reste du conseil s’approcher derrière eux. Il espérait que le roi s’était retiré dans ses appartements, accessibles par l’arrière de la salle du trône.
Harrow recula d’un pas, sans toutefois retirer la main de la crosse de son pistolet. « Juste un amical débat », dit-il en adressant un sourire à Tews. « Il semble que j’aie malencontreusement touché un point sensible ».
Tews jeta un regard meurtrier au mercenaire puis se tourna vers Stryker. « Je suis désolé, monsieur », dit-il. « Il a insulté le 31ème et les hommes qui sont mort à Nordgarde. Il a dit que nous étions des lâches ».
Tews avait perdu des proches là-bas. Stryker aussi, et il comprenait la colère du capitaine, mais tous les regards étaient tournés vers yeux. « Tews, retournez immédiatement au complexe ; nous en discuterons plus en détail ».
« Oui, monsieur », dit Tews et il s’éloigna.
« Mes excuses, Capitaine », lança Harrow au grand Lame-Tempête. « Il semble que je t’ai causé des ennuis avec les gradés ».
La rage bouillait en Stryker, chaude et âcre. Il voulait garder son calme et montrer à Magnus et au reste du conseil qu’il ne se laisserait pas provoquer, mais les dernières heures avaient amoindri ses défenses. « Magnus, si tu ne mets pas un muselière à ce clébard, je le ferai chasser de la ville ».
Magnus dit quelque chose à Harrow que Stryker ne put entendre, et le mercenaire acquiesça avant de s’éloigner. Magnus répondit : « Je vais m’occuper de mon subordonné, Seigneur Général, tout comme vous vous occuperai du vôtre ».
Ce n’était pas suffisant. Stryker avait résisté à la tempête provoquée par Magnus qui l’avait supplanté dans la salle du conseil, mais revoir Harrow avait ravivé de vieilles blessures qu’ils ne pouvait ignorer. « Comment avez-vous pu introduire cet homme dans le palais ? » demanda-t-il. « Harrow est un voyou et un tueur. Vous le savez ».
Magnus haussa les épaule. « Il est loyal et j’ai eu besoin de voyous et d’assassins ces quinze dernières années. Nous pourrions avoir besoin d’eux maintenant ».
« Ce qui se ressemble s’assemble », dit Stryker. « Le fait que vous laissiez de tels hommes vous servir me dit que vous n’êtes pas différents d’eux. Vous ne l’avez jamais été ».
« Oh », dit Magnus. « Je crois que vous avez vous même employé des mercenaires, Seigneur Général. Les avez-vous tous contrôlés pour vous assurer qu’il étaient d’une grande moralité ? »
Stryker s’approcha de Magnus. « Tu es un traître et un menteur », dit-il ? « Tu l’as toujours été. Je ne sais pas quel sort tu as jeté au roi, mais je sais ce que tu es. Ta place n’est pas ici. Ta place est au bout d’une corde ».
« Stryker, cela suffit », déclara le Haut Chancelier Leto.
Stryker se tourna vers l’ancien roi, vous lui, vous, entre tous, SAVEZ ce qu’il est, mais il tint sa langue, se mordant le palais assez fort pour faire couler du sang.
« Ne vous inquiétez pas. Je ne suis pas offensé, Haut Chancelier’, dit Magnus. « Coleman - pardon, Le Seigneur Général Stryker – et moi avons un … passé compliqué. Je suis sûr que nous allons bientôt dépasser cela ».
« Allons-y, monsieur ». Maddox posa sa main sur l’avant-bras de Stryker. « Nous devons briefer les hommes ».
« Écoutez le major, Stryker », prononça le Duc Ebonhart. « C’est un ordre ».
Maddox le tirait maintenant, et il voulait résister, rester et insulter ceux qui accepteraient de réintégrer ce traître parmi eux. C’est peut-être la présence de Maddox qui l’influença. Il prit une profonde inspiration irrégulière et froide, et ravala sa rage.
« Oui, monsieur », dit Stryker. « Mes excuses pour cet accès de colère, Haut Chancelier ». Chaque mot était un acquiescement grinçant. Magnus l’avait fait passer pour un imbécile, et il l’avait fait assez facilement.
Il se tourna et s’éloigna, Maddox à ses côtés. Elle ne dit rien jusqu’à ce qu’ils soient sortis du palais. Une fois qu’ils furent hors de portée de toutes les oreilles, elle se tourna vers lui et dit : « Permission de parler librement, monsieur ? »
Il grimaça. Cela signifiait qu’une chose. Elle voulait le réprimander pour s’être ridiculiser. Il pourrait le refuser. Il avait ce droit en tant qu’officier supérieur. Mais il la respectait trop pour cela. « Vas-y ».
« Merci. Au nom de Morrow, qu’avez-vous fait là-bas ? Dit-elle.
« Vous ne connaissez pas ce mercenaire, Harrow », répondit Stryker. « Le fait qu’il soit ici, avec Magnus, en dit long sur notre nouveau général ».
Maddox soupira. « Le seul qui en disait long sur quoi que ce soit là-bas, c’était vous. Devant le Haut Chancelier et vos officiers supérieurs, pourrais-je ajouter ».
« Je sais, mais j’ai l’impression que tout le monde ferme les yeux sur Magnus, ignorant qui il est vraiment ».
« Ce qu’il est en ce moment, c’est l’un des favoris du roi, un homme en qui Julius a probablement plus confiance que n’importe qui d’autre au conseil. Vous devez savoir que vous ne convaincrez personne en l’affrontant directement ».
Stryker s’arrêta et posa sa main sur les épaules armurées de Maddox. « Vous me croyez ? » demanda-t-il. « Vous pensez que Magnus est dangereux ? »
Elle le regarda sans broncher. Après une longue pause, elle dit. « Je ne sais pas. C’est la vérité. En fait, j’aimerais le savoir. Vous avez une histoire avec cet homme qui vous donne un aperçu de son caractère que personne d’autre n’a, mais cela fait quinze ans. Qui sait ce qu’il est aujourd’hui ».
« Les gens ne changent pas comme ça », déclara Stryker.
« Il a vécu une vie difficile depuis la destitution de Vinter, et je sais que cela peut vous changer. Beaucoup ».
Il ne faisait aucun doute que son séjour en tant que prisonnière du Protectorat l’avait changée, et pas en bien, mais Stryker ne pouvait pas se résoudre à mettre sa misère sur le main plan que ce qui s’était passé pensant l’exil que Magnus s’était imposé. « Ce n’est pas la même chose. Au fond de lui, il est toujours le monstre ambitieux et assoiffé de pouvoir qu’il était avant ».
« Eh bien, disons qu’il l’est », dit Maddox en s’arrêtant. Un groupe de soldats remontant la route vers eux les salua au passage. Stryker et Maddox rendirent le salut, puis se tournèrent dans l’autre sens. « Mon point de vue reste donc valable. Julius est peut-être aveugle, et cela signifie qu’il a plus que jamais besoin de vous, même s’il ne le réalise pas. Vous devez au moins donner l’impression que vous pouvez travailler avec Magnus, ne serait-ce que pour pouvoir le surveiller ».
Elle avait raison, bien sûr, comme souvent, mais Magnus réveillait une telle tempête d’émotions chez Stryker qu’il lui était difficile de penser clairement. Il y était parvenu au conseil de guerre, en partie grâce à ses conseils, mais l’idée de contenir sa colère jour après jour pendant sa marche vers le Llael lui semblait une tâche presque impossible ».
Il inspira profondément et expira lentement. « Tu es un bon officier », dit-il. « J’aimerais parfois avoir ton sang-froid ».
Elle rit. « Eh bien, le fait d’être irréfléchi et tête t’as servi … parfois ».
« Ici et là », dit-il. Il n’était pas un planificateur comme Magnus, mais il avait toujours fait confiance à son instinct, et celui-ci l’avait rarement trompé. Il s’efforçait d’être le genre d’homme que les autres hommes voulaient suivre. Cela avait toujours été son objectif principal.
« Écoute, je n’aime pas ce que Rebald et Ebonhart ont fait de moi », dit-elle, le visage durci. « Je ne suis guère plus qu’une affiche de recrutement ce jours-ci, n’est-ce pas ? Mais je dois suivre les ordres et toi aussi ».
« Ici, il y a plus en jeu que la chaîne de commandement », déclara Stryker.
« Bien sûr que oui », dit-elle, « mais tu dois donner l’exemple au reste des hommes. Tu dois leur montrer que tu peux accepter une situation que tu n’aimes pas, que tu déteste même, si c’est ce qu’il faut pour que le travail soit fait ».
« Je ne nie pas cela. C’est juste que je n’arrive pas à oublier ce qu’il est ».
« Essaye plus fort », dit-elle. Il y avait de l’acier dans sa voix.
« Je le ferai. Je le promets. Mais ne t’y trompe pas, quand Magnus révélera ce que je sais qu’il est, je promets aussi que je serai là ».
Elle acquiesça. « Bien, Assure-toi en ».
Il est clair que Maddox avait fini de parler de Magnus. Ils marchèrent en silence, mais alors qu’il s approchaient de la garnison, elle reprit la parole. « Au fait, merci de m’avoir sorti de là. Je pense que je serai peut-être devenue folle si vous aviez marché jusqu’au Llael sans moi ».
Stryker sourit. « Je pensais tout ce que j’ai dit là-dedans. Tu es l’une des meilleurs warcasters de Cygnar et je veux que tu combattes à mes côtés ».
« Je l’apprécie, monsieur. Alors, qu’allez-vous faire à propos du Capitaine Tews ? »
« Lui dire à peu près ce que tu viens de me dire », déclara Stryker. « Je ne peux pas lui reprocher de vouloir tuer Harrow. Cela fait plus de dix ans que je veux le tuer ».
Elle renifla. « Ça semble juste ».
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PARTIE II
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À l’extérieur de Corvis, Cygnar
LE WAGON REBONDISSAIT ET ROULAIT à travers la campagne, et les bousculades, la sensation constante de mouvement apaisaient Stryker. Il avait voyagé dans une voiture de troupes plus confortable avec les autres officiers de Caspia jusqu’à Brainmarché, supervisant le chargement des troupes et du matériels aux arrêts de Vigneroy et Fharin. Lors de la dernière étape de leur voyage vers Corvis, il avait repéré l’une des lourds wagons renforcés transportant les warjacks de l’armée.
Maintenant, il était assis dans le noir, son armure de warcaster bourdonnant, ses relais galvaniques peignant les murs d’une lumière bleue vacillante. Le wagon contenait quatre warjacks lourds – deux Cuirassés et deux Cuirassés-Tempête – tous fixés avec de lourdes chaînes aux parois du wagon. C’étaient des d’imposantes ombres vagues, voûtées et silencieusement menaçantes, telle des gargouilles d’acier broyant du noir. Ils étaient tous éteints, sauf un.
Il avait alimenté Vî Arsouye lors de l’arrêt à Brainmarché, et les yeux du vieux warjack flamboyaient dans le wagon plongé dans l’obscurité. Stryker était connecté au cortex du warjack, le cerveau mékanique d’Arsouye, et il dérivait à travers ses souvenirs. Arsouye était avec lui depuis quinze ans, il lui avait été assigné pendant son circuit de compagnon Avant cela, il avait servi d’autres warcasters pendant trente-cinq ans et avait été l’un des premiers Cuirassés à être assemblés. Le warjack était imprévisible, acariâtre et dévastateur au combat, une combinaison qui le rendit difficile pour tout le monde sauf pour Stryker. Un lien les unissait, et certains suggéraient qu’ils étaient des âmes sœurs, si tant une telle chose pouvait être dite à propos d’un warjack et de son warcaster.
Stryker avait participé à de nombreuses bataille avec Arsouye, et les souvenirs du warjack étaient remplis de sang et de flammes. Stryker ne reculait pas devant ces images - il les embrassait. Elles l’aideraient à affronter le chaos des batailles à venir. Mais il y avait une autre raison pour laquelle Stryker visitait souvent les expériences limitées stockées dans le cortex de Vî Arsouye. Les visages de ses amis et des hommes qu’il avait dirigé remontaient parfois, des hommes qui avaient donné leur vie pour protéger le Cygnar et tout ce qu’il représentait. Avant chaque campagne, il se soumettait aux fantômes de ceux qui étaient tombés au combat, leurs visages falsques et leurs corps déchirés lui rappelant ce qui était en jeu à chaque fois qu’il posait le pied sur un nouveau champ de bataille.
Stryker savait que cela pouvait être sinistre, et qu’il ne pouvait pas nier que revisiter le cimetière éthéré dans le cortex de Vî Arsouye lui faisait du tort, mais cela le galvanisait aussi, lui rappelant son devant en tant que meneur d’hommes. Chaque décision qu’il prenait sur le champ de bataille coûtait des vies, et lui incombait d’atténuer ces pertes du mieux qu’il pouvait.
Les souvenirs étaient généralement colorés par la perception qu’avait Vî Arsouye des événements. Les warjack avaient des personnalités rudimentaires pouvant devenir plus fortes et mieux définies au fur et à mesure qu’ils restaient en service. Et un warjack pouvait développer des émotions simple comme la colère,l’agressivité, voire le chagrin, ce qui le rendait plus difficile à contrôler. Certains warcasters considéraient le développement de la personnalités d’un warjack comme un obstacle à son emploi sur le champ de bataille. Mais Stryker n’était pas d’accord avec cela. Ses warjacks étaient des soldats comme les autres, et les liens qui se développaient entre eux ne faisaient que rendre le warcaster et le warjack plus fort, plus en phase, augmentant ainsi l’efficacité de leur relation symbiotique.
Stryker fut tiré de ses souvenirs par l’arrêt brutal du wagon. Il s’éloigna du cortex d’Arsouye et laissa dériver son esprit dériver vers le cerveau mékanique des autres warjacks dans le wagon. Ils étaient inertes, semblables à un humain endormi mais il sortit chacun d’eux de son sommeil mékanique, lui ordonnant de se mettre sous tension. Bientôt, le wagon fut éclairé par six paires d’yeux lumineux.
La porte du wagon s’ouvrit brusquement, laissant entrer la lumière et le bruit d’un millier d’hommes et de machines. Ce n’était que le premier d’une longue série de trains de troupes, qui se retrouveraient tous au même point de rassemblement, près de Nordgarde. Les soldats mirent en place une lourde rampe, suffisamment large et solide pour supporter le poids de plusieurs tonnes que représentait le déchargement des warjacks.
Stryker fit tourner la turbine arcanique de son armure, injectant plus d’énergie dans la combinaison et se prêtant suffisamment de force pour manipuler facilement son arme, la lame mékanique géante à deux mains Vif-Argent. Elle était inspirée de la grande épée caspienne, une lourde épée à deux mains appréciées par les chevaliers de Cygnar, mais elle était considérablement plus longue et plus lourde. Son augmentation mékanique la rendait plus légère et plus agile, mais elle pesait encore plus de vingt-sept kilogramme et était impossible à manier sans la force supplémentaire offerte par son armure de warcaster.
Stryker plaça Vif-Argent dans son dos, des plaques magnétiques retenant la lame en place, et ordonnant à chaque warjack d’allumer sa chaudière et de commencer à produire la vapeur donnant de l’énergie à ses membres.
« Vous vous êtes bien reposé, monsieur ? » demanda Maddox en remontant la rampe d’accès au wagon. Elle portait son armure de warcaster et sa lame mékanique, Tempête, dans le dos.
« J’avais besoin de passer un peu de temps avec Arsouye », répondit-il. « Il se sent seul pendant les longs voyages ».
En réponse, le grand warjack émit un sifflement strident de vapeur et regarda dans leur direction.
« Oui, c’est de toi qu’on parle », dit Stryker. « Maintenant, lève-toi ».
« Vous êtes sûr que vous n’essayer pas d’éviter quelque chose ou quelqu’un, monsieur ? » Suggéra Maddox en souriant.
« Non, Major, ce n’est pas le cas », dit-il, légèrement irrité. Elle ne connaissait pas son rituel d’avant-bataille avec Vî Arsouye, et il ne voulait pas le partager avec elle, mais son accusation le blessait quand même un peu. « Prenez trois Cuirassés-Tempête et déplacez-les. Je vais prendre Arsouye et les autres Cuirassés ».
« Oui, monsieur », dit-elle et le subtil bourdonnement de la magie remua l’air alors qu’elle se connectait aux warjacks qu’il avait indiqués
Les chaudières des warjacks étaient suffisamment chaudes pour assurer la locomotion, et tous les six se tenaient debout, leurs chaînes d’attaches cliquetant, la fumée s’échappant de leurs cheminées.
Ensemble, Stryker et Maddox conduisirent les grandes machines le long de la rampe et sous le soleil de l’après-midi. La ligne de chemin de fer s’arrêtait à quarante-huit kilomètres de Corvis, et ils devraient marcher le reste du chemin jusqu’à Nordgarde. Il regarda la longue rangée de wagons et les centaines de soldats qui en débarquaient. C’était le chaos en ce moment, mais il faisait confiance à ses officiers, et les hommes seraient bientôt prêts à partir.
Il y avait une petite ville au bout de la voie ferrée, et des centaines de citadins s’étaient rassemblés pour voir l’Armée Cygnaréenne. La nouvelle de l’invasion s’était répandue, et la réaction de la population avait été meilleure que Stryker ne l’avait prévu. Cela avait beaucoup à voir avec une personne en particulier.
« Le Major Maddox ! La Libératrice de Llael ! », entendit-il quelqu’un crier dans la foule des citoyens cygnaréens, un cri se répercutant tout au long du rassemblement. Ils avaient vu Maddox et avaient immédiatement reconnu le nouveau visage de l’Armée Cygnaréenne.
Maddox se força à sourire et se retourna pour saluer la foule. Les applaudissements fusèrent.
« Tu es sacrément célèbre, Beth », dit Stryker en gloussant. Il avait vu des réactions similaires dans les autres villes où ils s’étaient arrêtés. La « Libératrice de Llael », comme on l’avait surnommée, était devenue plus grande que nature, un symbole de justice et de fin de la tyrannie khadoréenne.
« Avec tout le respect que je vous dois : allez-vous faire foutre, monsieur », dit-elle avec un sourire crispé, tout en continuant à faire signe de la main.
Il rejeta la tête en arrière et rit. « Très bien, alors. Si vous en avez fini avec vos fans, faisons bouger cette armée ».
« Morrow au-dessus, s’il vous plaît », dit-elle. « Des chariots en provenance de Corvis devraient nous rejoindre dans les prochaines heures. Ils prendront en charge les warjacks pendant que nous marcherons vers le nord jusqu’au point de rassemblement à l’extérieur de Nordgarde ».
« D’accord. Je sais que je vais je regretter, mais où est Magnus.
Elle se retourna et pointa du doigt.
Le vieux warcaster se déplaçait a milieu des troupes grouillant autour du train. Les pionniers et même les chevaliers de l’épée s’écartèrent de son chemin sans un mot. Il portait la même amure bricolée qu’il avait portée à Caspia, bien qu’il y ait ajouté une couche de peinture bleue et qu’un Cygnus ait été ajouré au plastron. Sa propre épée mékanique, Pourfendeur, était rangée dans son étui dans son dos, à côté d’un fusil à mitraille.
Harrow se déplaçait à côté de Magnus et, au grand dégoût de Stryker, l’homme portait une armure de pionnier, une armure de capitaine, pour être exact. Il avait reçu ce grade peu avant qu’ils ne quittent Caspia. Le reste des officiers de Magnus le suivait, tous d’anciens mercenaires.
Une soudaine poussée de colère envahit l’esprit de Stryker. Vî Arsouye se tenait à proximité, et le warjack réagit au brusque changement des émotions de Stryker en voyant Magnus. Il s’approcha et posa une main sur la coque du warjack, puisant sa force dans sa masse et sa chaleur.
« Seigneur Général », dit Magnus en s’approchant. Il leva les yeux vers l’imposant warjack à côté de Stryker. « C’est bon de voir Arsouye toujours en service ».
Le grand Cuirassé laissa échapper de la vapeur, un hululement sourd et irrité, et fit un pas en direction de Magnus.
« Doucement, Arsouye », dit Stryker en réprimant l’agression du warjack. « C’est un loyal soldat », déclara-t-il à Magnus.
« Sans aucun doute ». Magnus n’avait pas bronché lorsque Arsouye s’était approché de lui, même si le warcaster avait ressenti la poussée d’animosité du warjack. Il reporta son attention su Stryker. « Je suggère que nous réunissions le officiers supérieurs afin de coordonner la marche vers le Llael ».
C’était le prochain mouvement prévu par Stryker, et il détestait que Magnus l’ait suggéré avant qu’il ne puisse en donner l’ordre. Ne voulant pas paraître mesquin, il acquiesça. « D’accord, Général. Maddox, rassemblez les officiers supérieurs. Nous nous retrouverons près de la locomotive ».
« Monsieur », dit Maddox. Son regard s’attarda un instant sur Stryker. Il était évident qu’elle ne voulait pas les laisser seuls, Magnus et lui.
« Maintenant, s’il vous plaît, Major », répondit Stryker. Maddox se retourna et se déplaça le long la voie ferrée.
« Donc, c’est une marche vers Nordgarde puis remonter la Grande Route Commercial du Nord jusqu’en Llael », dit Magnus. « Nous devrions mettre trois semaines pour atteindre Croix-des-Fleuves.
« C’est ce que j’ai calculé, Général », répondit Stryker. La raison pour laquelle Magnus jugeait nécessaire de lui répéter ces détails bien connus était un mystère. « Comment vos hommes s’adaptent-ils au service dans une véritable armée ? » Il jeta un coup d’oeil à Harrow. L’homme affichait le même sourire narquois que Stryker avait vu à l’extérieur de la salle du trône à Caspia : Harrow portait également une armure de pionnier avec des barrettes de capitaines sur l’épaule droite. Stryker ne pouvait pas comprendre. Stryker n’arrivait pas à accepter que Harrow donne des ordres à des soldats cygnaréens, mais le roi avait accédé à la demande de Magnus de permettre à certains de ses hommes de le servir à titre officiel.
« Assez bien », dit Magnus. « Tout comme moi, ils se décrassent un peu ».
« J’en suis sûr ».
« Cela me convient », dit Harrow, son sourire s’élargissant. « J’aime bien donner des ordres à des hommes se battant pour autre chose que de l’argent. Ça donne l’impression d’être un homme convenable ».
Stryker l’ignora. Il ne pouvait se résoudre à s’adresser directement à Harrow. Il fut soulager de voir Maddox revenir avec les officiers supérieurs, parmi lesquels le Capitaine Tews.
Une fois réunis, il donna un bref aperçu de leurs ordres de marche. « Une fois que le transport des warjack arrivera de Corvis, nous nous rendrons au point de rassemblement à l’extérieur de Nordgarde. Nous rejoindrons le Colonel Bartlett et des éléments du 82ème Régiments de Cavalerie Lourde. Ensuite, nous remonterons le Fleuve Noir jusqu’en Llael.
Tout le monde acquiesça. Rien de tout cela n’était nouveau ; c’était la suite.
« Nous marcherons jusqu’à la Tour Gris-vent, où nous rencontrerons le Colonel Stoyan Jarov de la Résistance Llaelaise ». Stryker fit une pause, le temps d’assimiler la nouvelle. Il avait envoyé un message à la Tour Gris-vent peu de temps après leur départ de Caspia. Bien qu’il ait été décidé que la Résistance ne ferait pas officiellement de la partie de la force d’invasion cygnaréenne, il serait stupide d’ignorer la potentielle valeur qu’elle représentait pour cet effort de guerre.
« Je pensais que nous n’impliquions pas la Résistance », déclara le Capitaine Tews, exprimant ce que tout le monde pensait probablement.
« Officiellement, ce n’est pas le cas », répondit Stryker. « Mais le colonel possède des informations vitales sur Croix-des-Fleuves dont nous ne pouvons pas nous passer ».
« Il voudra envoyer des troupes avec nous », dit Magnus. « Jusqu’où vas cette implication officieuse, monsieur ? »
« Je compte utiliser certain de ses éclaireurs, s’il nous le permet, mais pas de troupes de première ligne ».
Magnus ne dit rien de plus pendant que Stryker informait le reste des officiers de ce qui les attendait au cours des semaines à venir. Le temps qu’il les congédie tous, on pouvait voir les chariots de provenant de Corvis travers les plaines du nord en direction de la voie ferrée. Les officiers se hâtèrent de préparer leurs hommes et leur équipement pour la longue marche. Magnus, cependant, s’attarda.
« Tu me surprends, Stryker », dit-il d’un air étrange.
« Comment ça ? » Stryker se doutait qu’il s’agissait d’une sorte d’appât.
« Que tu implique la Résistance me surprend », dit Magnus. « Ne te méprends pas. Je suis d’accord avec toi. La Résistance a probablement des informations vitales qui sont bien plus importantes que les ramifications politiques de leur implication ».
Stryker ne dit rien.
« Tu me surprends parce que c’est exactement ce que j’aurais fait », dit Magnus. Il salua et s’éloigna.
Stryker le regarda partir, détestant la fierté qu’il ressentait face au légers éloges de son ancien mentor.
elric:
- 13-
Tour Gris-vent, Llael Libre, 9ème Solesh, 611 AR
LES CRÉNEAUX DE TOUR GRIS-VENT S’ÉLEVAIT au dessus des collines à l’est de Llael, une sinistre sentinelle, altérée et éprouvée par les batailles. La tour mesurait vingt-quatre mètres de haut et était suffisamment grande pour contenir plusieurs centaines de soldats. La Résistance avait effectué des travaux de réparation sur la forteresse tricentenaire en ruine, de sorte que l’antique pierre grise était piquées de roches plus claires extraites des collines voisines.
Une petite ville s’était développée autour de la tour, une ville composée principalement de réfugiés fuyant la tyrannie khadoréenne. La ville était un conglomérat délabrés de tentes, de cabanes et de quelques bâtiments en dur. Les gens ici soutenaient les résistants avec ferveur, fournissant aux soldats de la tour diverses tâches nécessaires : cuisine, réparation d’uniformes, réparation d’armes, tout ce qui pouvait les aider.
La ville semblait vide à mesure qu’ils approchaient. Stryker ne pouvait pas leur en vouloir. Ces gens en étaient venus à se méfier de toute armée qui n’arborait pas le drapeau llaelais, et huit mille soldats cygnaréens, appuyés par des warjacks et des chevaux lourds, les avaient sans doute effrayés.
Stryker avait ordonné au gros de leur armée d’établir un camp à trois kilomètres au sud de la tour, et il avait choisi une petite délégation pour rencontrer le Colonel Jarov. Cette délégation comprenait le Major Maddox, le Capitaine Tews et le Général Asheth Magnus. Il avait voulu laisser Magnus derrière lui, mais il ne pouvait pas l’exclure de réunions aussi importantes sans compromettre la mission.
Ils traversèrent la ville en silence et trouvèrent le Colonel Jarov et deux autres hommes devant les portes de la tour. Des soldats les regardaient depuis les créneaux qui les surplombaient. Jarov était un homme de petite taille, solidement bâti, âgé d’une cinquantaine d’années. Ses traits bruts et son nom de famille suggéraient une descendance khadoréenne, même si sa lignée n’avait pas affecté son ascension au sein de la Résistance. Les deux hommes se tenant à côtés du colonel attirèrent immédiatement l’attention de Stryker. L’homme de droite avait l’air d’avoir une quarantaine d’années, était grand et mince, voire maigre, avec une fine moustaches et des traits marqués. Ses cheveux noirs étaient longs et attachés en catogan. Son manteau noir était rabattu au niveau de la taille, exposant le pistolet cinémantique à double canon sur sa hanche droite et un long sabre mékanique sur sa gauche. L’arme ne laissait aucun doute dans l’esprit de Stryker quant à la profession de l’homme, mais la rose stylisée épinglée sur son revers le confirmait. Il avait clairement été un mage balisticien du défunt Ordre Loyal de la Rose Améthyste, et un vétéran de plus.
L’homme à la gauche de Jarov se heurta à la menace silencieuse du mage balisticien lui faisant face. Le second homme était de taille moyenne, bedonnant, le visage caché par une barbe sombre et mal entretenue. Stryker aurait pu le pendre pour un réfugié si son armure, qui n’était de fabrication llaelaise. Il s’agissait d’une armure de pionner cygnaréenne, très réparée, et bien que des morceaux avaient été remplacés, elle était toujours reconnaissable pour ce qu’elle était. De nombreux soldats cygnaréens avaient été laissés sur place après le retrait de Merywyn, et certains avaient choisi de continuer à se battre aux côtés de la Résistance. Techniquement, ces hommes et femmes étaient des déserteurs, mais Stryker pouvait comprendre leur position, même s’il était courageux -et un peu téméraire – pour cet homme de s’exposer ainsi.
« Bienvenue, Seigneur Général Stryker », prononça le Colonel Jarov lorsqu’ils s’approchèrent. Il s’avança et lui tendit la main. Stryker n’avait jamais rencontré le colonel, mais Jarov avait la réputation d’être un chef et un tacticien compétent.
Stryker saisit la main de Jarov. « Merci, Colonel. J’apprécie que vous nous rencontriez, surtout à la lumière du refus de mon gouvernement d’impliquer la Résistance dans cette invasion ».
Jarov grimaça et relâcha la main de Stryker. Stryker voulait d’abord en finir avec l’horrible vérité de la situation avant qu’ils ne parlent d’avantage. « Oui, il est regrettable que votre nouveau roi ne nous fasse pas confiance pour libérer notre propre nation ... » Il marqua une pause, puis adressa un sourire fatigué à Stryker. « Mais nous sommes des soldats, n’est-ce pas ? Et nous devons faire ce qu’on nous dit. Au bout du compte nous voulons la même chose – un Llael libre ».
« Quand tout sera terminé, le Llael et le Cygnar seront frères, unis par les liens de la bataille et du mariage », déclara Stryker.
« Nous serons un état vassal de Cygnar, vous voulez dire », déclara le mage balisticien derrière Jarov. « Avec une reine fantoche sur le trône ».
Jarov lança un regard noir à l’homme, puis reporta son attention sur Stryker. « Seigneur Général, voici le Capitaine Vayne di Brascio de l’Ordre Loyal de la Rose Améthyste. C’est un féroce combattant, mais pas un diplomate, j’en ai bien peur.
« Tout va bien », déclara Stryker. « J’admire depuis longtemps l’habilité de votre ordre, Capitaine. Et je suis reconnaissant pour votre aide. Avez-vous rencontré la Princesse Kaetlyn.
Le mage balisticien secoua lentement la tête.
« Alors, faites-moi confiance quand je dis vous dis que cette fille … cette femme, ne sera pas la marionnette d’un homme. Elle une di la Martyn, ne vous y trompez pas ».
« J’ai beaucoup entendu parler de vous, Seigneur Général », dit le Capitaine di Brascio. « Et je sais que vous êtes un ami de Llael. Vous avez vaillamment combattu pour elle, mais votre roi nous insulte, et certains disent qu’il ressemble trop à son père ».
« Cela suffit, Capitaine », dit Jarov. « Ce n’est ni le moment, ni l’endroit pour de telles discussions, si vous le voulez bien ».
Stryker ne répondit pas, mais l’homme était perspicace, et il faisait écho aux craintes de Stryker à propos de Julius.
« Comme vous voulez, monsieur », dit le capitaine.
« Permettez-moi de vous présenter mes officiers supérieurs, Colonel », dit Stryker, « désireux de changer de sujet. « Voici le Commandant Elizabeth Maddox ».
« La Libératrice de Llael », dit Vayne avec un rire amer. Stryker l’ignora, mais Maddox grimaça en réaction.
« Cette brute de la taille d’un warjack est le Capitaine Tews. Il commande mon infanterie Lame-Tempête ». Le grand Lame-Tempête fit un signe de la tête au colonel. Stryker se prépara à la dernière présentation. « Et voici le Général Asheth Magnus, mon second ».
L’homme en armure de pionner, derrière Jarov, inspira brusquement, les yeux écarquillés. « Il s’avança vers le colonel. « Monsieur, cet homme est un traître et un criminel », dit-il. « Nous ne pouvons pas traiter avec lui ».
L’homme était indéniablement un ancien militaire cygnaréen, et son évaluation directe et peu diplomatique de Magnus n’était pas surprenante. Jarov fronça les sourcils. « Mes excuses, Seigneur Général, mais le capitaine Gibbs a raison. Pourquoi Asheth Magnus est-il parmi vous ? »
« J’ai été gracié par le Roi Julius », dit Magnus avant que Stryker ne puisse répondre. « Et je suis à nouveau un fidèle sujet de Cygnar ».
L’estomac de Stryker se noua. Il pouvait comprendre leur méfiance à l’égard de Magnus mais il avait besoin de leurs informations, et il se retrouvait donc dans la position peu enviable de défendre un homme qu’il détestait. « C’est vrai, colonel. Le Roi Julius a la plus grande confiance dans le général, et son expérience militaire nous sera très utile ici. Les paroles lui brûlaient la langue ».
Jarov secoua la tête. « Je vous ai promis de vous donner toutes les informations dont je dispose, et je le ferai ». Il était visiblement perturbé par la présence de Magnus, mais Stryker était soulagé que le colonel soit un homme de parole. « Suivez-moi ».
Les portes de la Tour Gris-vent s’ouvrirent. Des dizaines de soldats étaient déployés dans la cour au-delà. Ils se tenaient au garde-à-vous, le fusil à l’épaule. Qu’il s’agisse d’une subtile menace ou d’une démonstration de discipline llaelaise, Stryker ne pouvait le dire. Il se tourna vers Magnus, dont le visage était impassible et indéchiffrable. « Après vous, monsieur », dit Magnus, et Stryker franchit les portes.
* * *
LE COLONEL JAROV ÉCOUTAIT AVEC INTÉRÊT Magnus lui exposer dans les grandes lignes leur plan d’attaque de Croix-des-Fleuves. Ils étaient assis dans les appartements relativement somptueux du colonel, autour d’un feu de cheminée, un verre d’un bon vin llaelais à la main. Ils allaient passer la nuit à la tour, une dernière chance de dormir dans un lit et manger un repas chaud avant la longue marcher vers Croix-des-Fleuves.
Le Capitaine Vayne di Brascio s’était joint à deux, et l’expression du mage balisticien devenait de plus en plus sombre au fur et à mesure que Magnus exposait sa stratégie. La Capitaine Gibbs n’était pas présent ; peut-être craignait-il de passer trop de temps parmi des hommes qui pourraient le ramener en Cygnar en tant que déserteur, imagina Stryker.
Maddox ajouta de petits détails à l’explication de Magnus, principalement la logistique des troupes et la façon dont elles seraient déployées. Stryker et Tews restaient tous deux silencieux. Stryker se sentait de plus en plus mal à l’aise à l’idée que le Colonel Jarov n’ai rien dit jusqu’à présent.
Lorsque Magnus eut terminé, Jarov se racla a gorge et dit : « Votre plan est solide. En théorie, mais la réalité de la situation est bien différente de ce que vous aviez prévu ».
Magnus fronça les sourcils. « Veuillez expliquer, Colonel ».
« Je vais laisser le Capitaine di Brascio s’expliquer. Il a dirigé plusieurs patrouilles dans cette région et a été témoin de la situation a Croix-des-Fleuves. Capitaine ».
« Vous avez raison, Général, la partie ouest de la ville est toujours affaiblie, et ils s’attendent à ce qu’une attaque vienne de cette direction, c’est pourquoi vous avez choisi d’attaquer la partie occidentale de la ville ».
Stryker dit : « Mais ? »
« La partie orientale de la ville est fortement fortifié », poursuivi di Brascio. « Cette partie de Croix-des-Fleuves est restée en grande partie intacte après l’assaut initial khadoréen, et Harkevich a épuisé presque tous ses hommes et toutes ses ressources pour la reconstruire ».
« Bien sûr, nous nous attendions à ce que le Kommandeur Harkevich ne soit pas complètement préparé à un assaut », déclara Magnus, une pointe d’irritation s’insinuant dans sa voix.
« Il est plus que préparé », répondit di Brascio. « Elle est pratiquement imprenable de ce côté-là. Il a démoli tous les ponts sur le Fleuve Noir, à l’exception d’un seul, la Grande Porte, et c’est le seul moyen de traverser. Il dispose également d’une petite flotte de canonnières patrouillant le fleuve pour décourager quiconque serait assez fou pour tenter un traversée ailleurs ».
« Compris », dit Maddox. « Alors, nous prenons le pont. Quelles sont ses défenses ? »
« Considérable. La Grande Porte est une forteresse en soi, lourdement fortifiée et occupée par un bataillon entier de Man-O-War. Mais c’est pas le pire. Harkevich a récemment pris livraison de deux Conquêtes, et ils montent la garde à l’extrémité du pont ».
C’était un problème. Les conquêtes étaient de gigantesques warjacks, souvent appelés colosses. Ces sont de batteries d’artilleries ambulantes, armées de massifs canons double pouvant tirer des obus explosif jusqu’à mille six cents mètres.
Tews lança un regard noir à Magnus et serra ses énormes poings. « Nous serons embouteillés sur ce pont, ces foutus colosses élimineront nos gens sur le pont, peu importe ce que nos Murs-Tempête feront en retour », déclara Tews, nommant les homologues cygnaréens du Conquête, de gigantesques warjacks galvaniques qui pourraient remplir un champ de bataille de leurs immenses capacités destructrices.
« C’est exact », répondit di Brascio. « Les Conquêtes sont soutenus par des batteries d’artillerie lourde, et croyez-moi, Harkevich sait comment les utiliser ».
Magnus se frotta la bouche et regarda di Brascio. C’était la première fois que Stryker voyait l’homme troublé depuis son retour. Il éprouvait une sombre satisfaction de voir le plan parfait de Magnus s’effondrer, mais l’enjeu était bien plus important que de simplement voir son vieil ennemi humilié.
« Nous pourrions passer plus au sud de Croix-des-Fleuves et attaquer la ville par l’est », dit Stryker.
« Non, ça ne marchera pas non plus », dit le mage balisticien. « Harkevich a détruit tous les ponts suffisamment grands dans un rayon de cent soixante kilomètres autour de la ville. Une fois que vous aurez traversé le territoire occupé, il saura que vous arrivez et vous serez traqué tout au long du chemin. Sans oublier que cela lui donnera le temps d’obtenir des renforts de Rynyr.
« Alors, que recommandez-vous, Capitaine ? » demanda Magnus. Il était évident que celui faisait mal de poser cette question, mais il n’était pas idiot, et di Brascio était désormais leur seule chance.
« Je pense que votre plan est toujours valable », déclara di Brascio. « Attaquer depuis l’ouest vous offre l’élément de surprise. Vous pouvez atteindre la ville sans être inquiété et sans alerter Harkevich. Mais une fois que vous y serez, se sera un casse-tête … à moins que vous ayez une aide à l’intérieur ».
Magnus pencha la tête. « Que voulez-vous dire ? »
« Comme vous le savez sans doute, le Kommandeur Harkevich est le commandant militaire de Croix-des-Fleuves, mais de puissants princes marchands kayazy ont également des intérêts dans la ville ».
Styker n’aimait pas la tournure que prenaient les événements.
« Un homme, le Seigneur Pitor Aleshko, supervise les intérêts commerciaux de la ville ».
« Attendez. Comment cela nous nous aiderait ? » demanda Maddox. « Savez -vous quelque chose d’utile sur cette homme ? »
di Brascio se rassit sur sa chaise et croisa les bras sur sa poitrine. « À vrai dire, je n’en suis pas sûr », admis-t-il. « Ce que nous avons entendu ne sont que des rumeurs, même si elle sont suffisamment intrigantes pour être écoutées. Nous entendons dire qu’il est aussi corrompu que Harkevich est patriote, une homme toujours à la recherche d’un moyen d’accroître sa richesse et son pouvoir. Il a repris toutes les opérations lorsque l’homme qui le précédait a été exécuté par le Protectorat ».
« Magnus ajouta : « De tels hommes sont plus faciles à gérer que des patriotes idéalistes comme Harkevich ». Stryker ne manqua pas le regard en coin que Magnus lui lança.
« Oui, exactement ce que je pense », déclara di Brascio. « Il peut-être approché ».
Stryker réfléchit à ses choix. « Si cet homme est aussi indigne de confiance que vous l’entendez, pourquoi le contacterions-nous ? Il n’est pas assez stupide pour nous ouvrir les portes, peu importe ce qu’on lui versera ».
« Je vous donne cette information uniquement parce que je l’ai et parce que vous ne pouvez pas prendre la Grande Porte par un assaut frontal ».
« Capitaine, j’ai une armée derrière moi et assez de puissance de feu pour raser Croix-des-Fleuves ».
« C’est votre intention, Seigneur Général ? » demanda Jarov. « De nombreux citoyens llaelais fidèles vivent encore sous le joug de l’oppression khadoréenne à Croix-des-Fleuves ».
Une bouffée de chaleur monta au visage de Stryker. « Non, bien sûr que non », dit-il. « Je veux simplement dire que nous pourrions être en mesure de prendre la Grande Porte sans avoir recous au Seigneur Aleshko ».
di Brascio secoua la tête. « Même si vous vous en emparez, vous perdrez beaucoup d’hommes et nous ne pourrez peut-être pas tenir la ville par la suite. Bien sûr, si la Résistance était impliquée ... »
« Mais ce n’est pas le cas », répondit Stryker. Il ne voulait pas s’engager sur cette voie, c’était trop tentant. « Je ne défierai pas mon roi plus que je ne l’ai déjà fait ».
« Alors, que recommandez-vous, Seigneur Général ? » demanda Magnus. La question était tranchante comme un poignard.
« Nous devrions voir le pont et ses défenses par nous-mêmes », déclara Stryker. Il regarda di Brascio. « Je ne doute pas de votre évaluation, mais ce n’est qu’un élément de l’équation. Vous ne comprenez pas les capacités de mes hommes aussi bien que moi ».
« Comme vous le dites », dit di Brascio, « mais je me bats pour le Llael depuis vingt ans. D’près mon expérience, Harkevich vous fera beaucoup de mal si vous l’attaquez de front ».
« J’apprécie votre franchise », répondit Stryker en le pensant. Le mage balisticien lui plaisait de plus en plus. L’homme était manifestement expérimenté, discipliné et bien informé. « Et vous nous avez donné des informations précieuses. Puis-je vous demander une dernière faveur, Colonel ? »
« Demandez », dit Jarov.
« Vos éclaireurs vous ont fournis des bons renseignements sur Croix-des-Fleuves et probablement sur la route entre ici et là. Pourriez-vous me prêter quelques-uns de vos hommes pour nous accompagner jusqu’à la ville ? »
« J’avais anticipé cette demande », dit Jarov. « Le Capitaine di Brascio et une unité de mes meilleurs éclaireurs vous accompagneront ».
« Je ne les mettrai pas en danger si je peux l’éviter », dit Stryker.
di Brascio rit. « Avec tout le respect que je vous dois, Seigneur Général, vous ne pouvez pas éviter cela ».
elric:
- 14-
Seize Kilomètres de Croix-des-Fleuves, Llael Occupé
STRYKER REGARDAIT L’IMMENSE CARTE ÉTALÉE devant lui. C’était un plan détaillée de la ville de Croix-des-Fleuves, fourni par le Colonel Jarov. Elle montrait également une bonne partie du Fleuve Noir à l’est de la ville. Ils étaient rassemblés dans sa tente de commandement, au centre du camp cygnaréen. Elle était grande, mais pas somptueuse, offrant suffisamment d’espace pour son armure, ses armes et la grande table basse où était posé la carte. La présence de Maddox et de Magnus la rendait bondée.
« La Grande Porte », dit Maddox en désignant une large pont du côté est. « Si di Brascio a raison, ceux-ci » - elle désigna un certain nombre de petits ponts - « ont été détruits ».
« Et s’il a raison, alors nous devons discuter d’autres options ». Magnus laissa le dernier mot en suspens entre eux.
« J’ai besoin de plus d’informations avant de contacter ce Pytor Aleshko », dit Stryker, ne cherchant pas à cacher son irritation. Magnus avait très clairement fait comprendre qu’il pensait que le kayazy était une piste à explorer immédiatement.
« Je connais des hommes comme lui. Avide, sans loyauté », prononça Magnus. Stryker soupçonna que Magnus venait de se décrire. « Je sais comment manipuler de tels hommes. Je sais ce qui les motive ».
Stryker était sur le point de répondre quand l’un de ses gardes, un jeune Lame-Tempête, pénétra dans la tente. « Monsieur, di Brascio et le reste des éclaireurs sont de retour ».
Stryker hocha la tête. « Merci. Je leur parlerai dehors ».
Tous trois quittèrent la tente et se retrouvèrent dans le bruit et la puanteur de l’immense camp. Des rangées de tentes s’étendant dans toutes les directions, et des hommes et des warjacks se déplaçant parmi eux, se préparant à la marche du lendemain et à la bataille qui allait bientôt suivre. C’était une opération de grande envergure, il ne pouvait pas laisser l’armée inactive plus longtemps. Ils disposaient de considérables réserves de nourriture et d’eau, mais une armée aussi nombreuse pouvait manger chaque jour l’équivalent d’une petite ville.
di Brascio et quatre des meilleurs éclaireurs de Stryker l’attendaient. Les éclaireurs cygnaréens étaient tous des hommes expérimentés, mais deux d’entre eux – recommandés par le Major Tobias Johnson, qui commandait la petite force de rangers, les meilleurs éclaireurs de Cygnar étaient étranges, même pour Stryker. Le Sergent Sharp et son compagnon, le Caporal Horgrum, formaient un duo étrange. Sharp était un homme maigre et hâve, de taille moyenne. Il avait la carrure élancée d’un ranger, et semblait rapide et endurant. L’autre moitié du duo se différenciait comme un canon parmi les pistolets. Le Caporal Horgrum était un trollkin mesurant au moins deux mètres. Il portait une armure de pionnier légère personnalisée et était un mur ambulant de muscles à la peau bleue et coriace. Son visage était large, avec une grande bouche, une énorme mâchoire inférieure et aucun nez. D’épaisses plaques d’écailles rocheuses recouvraient son menton en guise de barbe, et sa tête était couronnée d’un bosquet de piquant épineux. Le trollkin tenait un fusil vraiment gigantesque – Un Raevhan Express, un fusil de tireur embusqué trop grand pour qu’un homme puisse tirer et avec une portée effective de plus de huit cents mètres.
« Caporal Horgrum », dit Stryker. « Je suis heureux de vous compter parmi nous. J’ai beaucoup entendu parler de vous et de votre fusil ».
Le grand trollkin lui rendit son sourire. « Je l’appelle la Miséricorde de Dhunia », dit-il en citant le nom de la déesse que les trollkin vénéraient.
Sharp prit un air horrifié et donna un coup de coude dans les côtes du grand trollkin. « Dis monsieur, gros malotru », dit-il. « C’est à un seigneur général que tu t’adresses ».
« Euh, monsieur », ajouta Horgrum. « Mes excuses. Je m’adapte encore à la vie parmi vous … les militaires ».
Stryker gloussa et balaya le manquement à l’étiquette. « Pas d’offense, Caporal. Vous êtes ici pour tirer, pas pour me courir après ».
Il n’était pas rare que des non-humains servent dans l’armée cygnaréenne. Les gobbers constituaient une bonne partie du corps des mékaniciens, et des trollkin et même des ogrun avaient été acceptés et entraînés comme pionniers. La plupart des trollkin, cependant, étaient des populations tribales vivant parmi les étendues sauvages de l’Immoren occidental, même si certains s’étaient installés dans les villes cygnaréennes et qu’une poignée d’entre eux servaient dans l’armée. Les trollkin était de loyaux et courageux combattants, et le Caporal Horgrum était considéré comme l’un des meilleurs tireurs embusqués de l’armée.
« D’accord, Sergent », dit Streyker en se tournant vers le compagnon du trollkin. « Rapport ». Il n’ignorait pas di Brascio, mais il avait besoin de l’entendre de la part de ses propres hommes.
« Oui, monsieur », répondit Sharp. « C’est comme l’a dit le Capitaine di Brascio. Ce pont est un fichu château et il est gardé par suffisamment de Rouges pour me rendre plus que nerveux, cela ne me dérange pas de le dire ».
« Et les autres ponts ? » demanda Magnus.
« Disparus, monsieur », répondit Horgrum, sa voix étant le grondement sourd de pierres s’écrasant. « Ils les ont tous démolis ».
« Nous ne pouvions pas nous approcher trop près », poursuivit Sharp. « Des bateaux fluviaux patrouillent près du rivage, mais nous avons les colosses et j’ai compté huit Destroyers sur le pont ». Il venait de nommer un châssis de warjack khadoréen armée d’un mortier à longue portée.
Faire fonctionner autant de warjacks jour et nuit consommait beaucoup de charbon, Stryker en était bien conscient. Harkevich devait s’approvisionner depuis la ville minière de Rynyr, à l’ouest. C’était une bonne information – s’ils pouvaient couper cette ligne d’approvisionnement d’une manière ou d’une autre.
« Non pas que je doute de votre parole, Capitaine », dit Stryker en se tournant vers di Brascio. « Mais … »
« Je comprends, Seigneur Général », déclara di Brascio. « Il faut savoir que le pont à trois tours fortifiées. Une à chaque extrémité et une au milieu. Chacune abrite une garnison de troupes de choc Man-O-War et de tireurs embusqués. Elles fournissent également une couverture et obligent une armée ennemie à passer par une série d’étroites portes.
Ce n’était pas bon. Comme l’avait dit le Capitaine Tews à la Tour-gris Vent, il seraient bloqué s et mis en pièces s’ils tentaient un assaut frontal. « Sharp, rompez. Toi et tes hommes mangez, puis je veux que vous retourniez sur le terrain ».
« Monsieur », dit Sharp. Lui et le reste des éclaireurs cygnaréens partirent à la recherche de la tente mess la plus proche.
« Capitaine, si vous voulez bien nous rejoindre dans ma tente », déclara Sryker. di Brascio renvoya ses propres hommes et suivit Stryker.
« J’ai besoin d’options », déclara Stryker une fois que tout le monde est rassemblé autour de la carte.
Maddox dit : « Je suis d’accord avec le Capitaine di Brascio. Un assaut frontal sur le pont, même avec nos Défenseurs et nos Murs-Tempête, va nous coûter cher ». Elle venait de désigner deux de leurs meilleurs warjacks pour le travail de siège.
« Aucune forteresse n’est imprenable », déclara Magnus, « même s’il est parfois plus prudent de contourner un obstacle que de le traverser ».
Stryker savait ce que Magnus sous-entendait, et il détestait que ce soit la seule voix possible pour eux. « Capitaine, savez-vous comment envoyer un message à ce Pytor Aleshko ? » demanda-t-il. Le sourire de Magnus devint béant comme une gorge tranchée.
« Peut-être », dit le capitaine. « J’ai un homme à l’intérieur, mais je n’ai reçu aucun rapport de sa part depuis un certain temps ».
Magnus prononça : « Nous pourrions envoyer certains de mes hommes, peut-être par le Capitaine Harrrow. Ils ne seront pas reconnus comme des soldats cygnaréens, juste des mercenaires à la recherche de travail. Il connaissent leur métier, ils pourraient s’en charger ».
di Brascio acquiesça, tout comme Maddox. « C’est logique », dit-elle. « Une ville comme Croix-des-Fleuves attire les mercenaires comme des mouches, et ils savent se faire discret ».
Stryker serra la mâchoire. Il détestait se battre ainsi. Il voulait affronter son ennemi, le regarder dans les yeux et l’abattre avec courage et acier. Mais il n’était pas un idiot et il comprenait que la guerre ne se gagnait pas toujours sur le champ de bataille. « Pas Harrow », dit-il à Magnus.
« Pourquoi ? C’est mon meilleur », déclara Magnus. « Il s’est retrouvé dans des endroits difficiles et dangereux pendant près d’une décennie. Je lui ai déjà donné des mission comme celle-ci, et il n’a jamais déçu ».
Maddox regarda Stryker. « C’est le meilleur choix, monsieur », dit-elle. « Nous pourrions également envoyer certains hommes de di Brascio. En supposant que vous le vouliez, Capitaine ».
di Brascio regarda Stryker puis Magnus, ses yeux vifs et évaluateurs. « J’irai moi-même », dit-il. « Après la dissolution de mon ordre, je n’ai guère été plus qu’un mercenaire. Je connais la vie et le jargon. On ne me soupçonnera pas ».
Stryker était reconnaissant envers le mage balisticien llaelais. Même si di Brascio ne comprenait pas trop bien la méfiance de Stryker à l’égard de Magnus, il était conscient de la réputation de cet homme et il garderait un œil sur Harrow.
« Très bien », déclara Stryker. « Amenez Harrow ici. Je veux le briefer immédiatement. Nous nous retrouverons dans une heure ».
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