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Background – Histoire des Royaumes d’Acier / Roman - Poudrière
« Dernier message par elric le 10 novembre 2024 à 20:28:30 »- 29-
À l’Ouest de Croix-des-Fleuves, Llael Occupé
Les deux soldats tués, tous deux rangers, gardaient le Seigneur Pytor Aleshko, devant la cellule de détention de l’une des garnisons du guet de Croix-des-Fleuve. Le bâtiment était toujours intact, et ses cellules étaient parfaites pour détenir un prisonnier aussi important. Stryker n’avait pas souhaité d’une garde importante pour le kayazy, principalement parce qu’il ne voulait pas que la rumeur ce qui lui avait été fait se répande. Maintenant qu’Aleshko avait disparu et que deux hommes étaient morts dans son sillage, il était clair que cela avait été erreur de laisser cet homme avec si peu de surveillance.
Stryker se pencha sur les cadavres – chacun ayant été tué à l’aide d’une lame, d’une épée ou d’un couteau – et récupéra les plaques d’identité des hommes. Il se leva et se dirigea vers Sims, mit les plaques dans ses mains. « Je suis désolé, lieutenant. C’étaient des hommes courageux et ils sont morts au combat ». C’était également vrai, car il y avait un troisième cadavre, celui d’un homme nommé Tibbs, un homme ayant rejoint l’armée cygnaréenne il y a seulement quelques mois, un homme ayant servi Asheth Magnus pendant que le warcaster était en exil.
« Y a-t-il des survivants ? » demanda Stryker à Sims.
Le jeune lieutenant acquiesça. « Oui, monsieur, le Soldat Conners. Il est gravement blessé – ces salopards lui sont passés dessus – mais il est dur et il tient le coup.
Stryker dirigea son regard vers Magnus. Le warcaster ne détourna pas son regard, mais il y avait fissure dans son habituel masque d’indifférence. Ce désordre l’avait ébranlé. Maddox avait l’air en colère et elle observait Magnus, serrant et desserrant les poings.
« Nous devons parler à Conners tout de suite », dit Stryker. « Nous serons rapides ».
« Il a été emmené à l’infirmerie principale », répondit Sims.
« Très bien. Occupez-vous de vos hommes. Je m’occupe du reste. Maddox, Magnus, avec moi ».
Stryker quitta la garnison du guet avec Magnus et Maddox, et ils se dirigèrent vers l’infirmerie qui, par chance, était installée dans le seul hôpital intact de Croix-des-Fleuve.
« C’était Harrow, n’est-ce pas ? » dit Stryker après qu’ils se soient éloignés de la garnison.
Magnus ne dit rien pendant un moment, pesant probablement sa réponse. « Probablement », dit-il. « Cela ressemblait à ses œuvres au couteau ».
« Je vous tiens pour responsable de cette situation, général », répondit Stryker, essayant de maîtriser ses émotions et de maintenir une attitude professionnel. Il y parvint. En grande partie. « Vous avez fait confiance à cet homme, en sachant de quoi il était capable, et vous l’avez mis dans une position de nous nuire ».
« J’accepte cette responsabilité, monsieur », dit Magnus, surprenant Stryker. « C’était mon homme ». Les lèvres du warcaster étaient pincées et il y avait une véritable rage dans ses yeux. Stryker pouvait sans doute deviner pourquoi. Harrow avait surpris Magnus. Il avait fait confiance à l’ancien mercenaire.
Stryker ne prononça rien d’autre jusqu’à ce qu’ils atteignent l’infirmerie, un grand bâtiment de trois étages situé au centre de la partie orientale de la ville. Les médecins les emmenèrent immédiatement à Conners, dans un aile de l’hôpital réservées aux blessés graves. Ils passèrent devant des rangées de lits contenant des hommes souffrant des terribles blessures, la plupart ayant été infligées lors de la courte bataille contre Harkevich. Il y avait des hommes avec des membres disparus, d’horribles brûlures et des corps criblés de balles. Ceux qui le purent saluèrent Stryker au passage, mais ce n’était pas lui qui incitait les blessés à se relever ou à murmurer des salutations. C’était Maddox.
Les visages s’illuminèrent dès qu’elle entra dans la pièce. Elle était la Libératrice de Llael, la femme qui avait survécu au Protectorat de Menoth et qui en était ressortie plus forte de cette épreuve. Le travail de Leto et de l’Armée pour la promouvoir en tant qui figure d’émancipation et de fierté national avait fonctionné avec brio.
Elle était souvent mécontent de ce rôle, mais ici, à cet endroit, Stryker ne le vit pas. « Monsieur, allez-y », lui dit-elle. « Je vais rester pour parler à certains d’entre eux ».
« Bien sûr ». Stryker la regarda se diriger vers le chevet d’un homme qui ne devait pas avoir plus de vingt ans. Ses deux jambes se terminaient par des moignons bandés sous les genoux, mais la douleur et le désespoir qui se lisaient sur son visage disparurent, ne serait-ce que pour un instant, lorsqu’elle s’approcha.
Stryker et Magnus suivirent l’infirmier jusqu’à l’extrémité sud de la pièce, où un rideau blanc avait été tiré autour de la salle des blessés, la séparant en deux moitiés. La noirceau de l’odeur de putréfaction et de morts les frappa alors qu’ils s’approchaient du rideau. Il se prépara à ce qui se cachait derrière ; des hommes si gravement blessés qu’ils n’avaient aucune chance de survivre.
L’infirmier écarta le rideau ; il n’y avait que six lits au-delà – leurs pertes avaient été légères jusqu’à présent. Les hommes dans ces lits ne remarquèrent pas sa présence ; la plupart d’entre eux étaient loin d’avoir remarqué quoi que ce soit.
Le lit de Conners était au bout, et il était allongé sur les draps, dépouillés de ses sous-vêtements. Sa poitrine n’était qu’une masse de bandages tachées de pourpre à cause de l’hideuse blessure qu’ils couvraient.
« Il n’y plus rien à faire pour lui » déclara le médecin. « Honnêtement, je ne sais pas comment il a pu survivre aussi longtemps ».
Stryker se tourna vers Magnus, croisant le regard du warcaster et le tenant. Voici le résultat de votre œuvre, de votre confiance mal placée, voulut-il dire, mais il y avait des préoccupations plus immédiates.
Il se déplaça au chevet de Conners. Les yeux de l’homme étaient ouverts, son visage gris cendre et sa chair relâchée. « Monsieur … » prononça-t-il faiblement, et du sang coula le long de son menton.
« Ne parle pas, soldat », dit Stryker en tendant la main au médecin. L’homme lui tendit un linge blanc et propre. Stryker essuya doucement le sang de la bouche de Conners et prit la main droite du soldat dans la sienne. « Je vais te poser quelques questions, et tu presseras une fois pour oui et deux fois pour non. Tu peux le faire, soldat ? »
Une pression.
« Brave gars. Tu as vu les hommes qui t’ont attaqué ? »
Une pression.
« Le Capitaine Harrow était-il parmi eux ? »
Une pression. Cela confirmait ce qui était déjà un fait dans l’esprit de Stryker, mais il avait besoin que Magnus le remarque.
« Est-ce qu’ils ont emmené le prisonnier avec eux ? »
Une pression. C’était aussi une question dont il connaissait déjà la réponse, mais c’était une confirmation de plus.
« Est-ce que le Seigneur Aleshko est parti avec eux volontairement ? »
Une pression. Stryker grimaça. Cela signifiait que le kayazy avait conclu une sorte d’accord avec Harrow, l’homme qui l’avait torturé. Cela avait un certain sens - infliger des tourments n’était que le prix à payer pour faire des affaires pour les deux hommes.
« Encore une question, Conners, et ensuite tu pourras te reposer. Ont-ils donné une indication de l’endroit où ils allaient ? »
Deux pressions.
« Je sais où ils se rendent », déclara Magnus. « Les bateaux ».
Stryker leva les yeux vers Magnus, qui se tenait au pied du lit de Conners. Le warcaster faisait de son mieux pour éviter de regarder le soldat mortellement blessé. Était-ce de la culpabilité sur son visage, une culpabilité qui le faisait détourner le regard ? Se demanda Stryker. À cette idée, Magnus paraissait presque humain. « Attends-moi dehors, général », dit Stryker.
« Oui, monsieur ». Magnus s’éloigna. Il semblait soulagé.
Stryker se retourna vers Conners pour lui exprimer à quel point il avait été courageux, pour lui dire à quelle point il appréciait son sacrifice, mais le jeune homme n’entendrait plus rien. Le jeune soldat pionnier fixait le plafond, ses yeux aveugles par la mort.
Stryker plaça les mains Conners sur sa poitrine, puis ferma les yeux. Il se pencha et murmura : « Ce ne sera pas pour rien. Je te le promets ».
* * *
« IL A TROIS HEURES D’AVANCE », déclara Tews.
« Combien d’hommes avec lui ? » demanda Stryker en se tournant vers Magnus. Ils étaient à nouveau sous sa tente, juste les personnes en qui il avait le plus confiance … et Magnus. Il ne pouvait pas laisser la nouvelle de la trahison d’Harrow se répandre dans le camp.
« Une vingtaine », répondit Magnus. « Tous des mercenaires de carrière, des hommes durs, parmi les meilleurs que j’ai ».
« Les meilleurs ! » dit Tews. « C’est drôlement riche. Les meilleurs quoi ? Traites ? Voleurs ? Meurtriers ? »
Stryker leva la main pour demander le silence. « Il ne manque aucun cheval, donc ils sont à pied. Nous pouvons toujours les attraper s’ils se dirigent là où vous pensez qu’ils se dirigent ».
« Les navires sont la seule chose qui ait du sens », déclara Magnus. « Harrow doit traverser le Llael occupé, et il ne peut pas le faire en traversant la ville ».
« Je suis d’accord », dit Vayne di Brascio. Toutes les personnes présentes s’étaient mises d’accord pour inclure le féroce mage balisticien llaelais dans cette réunion et à ce qui allait suivre. « C’est leur meilleure et unique chance de s’échapper ».
Les navires qu’ils avaient pris à Pytor Aleshko étaient amarrés plus loin sur le fleuve, à l’écart de la ville. Ils avaient été laissés là, car ils auraient fait des cibles tentantes, mais Stryker en avait toujours besoin. « Alors, il a le personnel navigant, quoi ? Pour un ? »
« Avec les hommes qu’il a avec lui, je pense que oui », répondit Magnus.
« Il ne s’agit pas seulement de la trahison d’Harrow », déclara Maddox. Elle était restée silencieuse depuis qu’ils avaient quitté l’infirmerie. « Ce salaud à de nombreuses précieuses informations à vendre. Il connaît les moindres détails de notre opération en Llael ».
Stryker se tourna vers Magnus. « Combien ? »
« Tout ».
« Sang et enfer » cracha Tews. « Et vous lui avez fait confiance ».
Le grand Lame-Tempête faisait preuve d’insubordination, et Stryker l’avait laissé faire jusqu’à présent. Sa propre colère contre Magnus l’emportait sur sa dévotion au devoir et au protocole, mais il ne pouvait pas le laisser poursuivre. Magnus n’aillait nulle part. Il ne le traduirait pas en cours martiale ; Magnus n’avait commis aucun crime, si ce n’est d’avoir fait confiance à la mauvaise personne. « Capitaine, ça suffit », dit Stryker. « Vous vous adresserez au général comme il se doit, compris ? »
Les yeux de Tews s’écarquillèrent. « Oui, monsieur ».
« Nous avons déjà trop gaspillé », dit Stryker, fatigué de la discussion et du poids de celle-ci. « Maddox, trouves dix Lames-Tempête en qui tu as confiance. Je m’occupe des chevaux. Nous nous retrouverons à la Grande Porte ».