ROYAUMES D’ACIER > Background – Histoire des Royaumes d’Acier

Roman - Convergence Sombre

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elric:
CONVERGENCE SOMBRE
DAVE GROSS
Pour R. Scott Taylor, qui a ouvert la voie.
LA PREMIÈRE HARMONIQUE
LA SECONDE HARMONIQUE
LA TROISIÈME HARMONIQUE
LA QUATRIÈME HARMONIQUE
LA CINQUIÈME HARMONIQUE
LA SIXIÈME HARMONIQUE
LA SEPTIÈME HARMONIQUE
LA HUITIÈME HARMONIQUE
LA NEUVIÈME HARMONIQUE



elric:
LA PREMIÈRE HARMONIQUE
La précision est le théorème d’ouverture de la preuve de la perfection.
Nemo
Le chariot grinça lorsque l’équipe le tracta le long du chemin boueux serpentant au sud du Fleuve de la Langue du Dragon. Les chevaux renâclaient des panaches de brume dans l’air frais de l’automne. Deux lanternes à moitiés closes brillait sur les montants avant du chariot, de chaque côté du siège du conducteur. Leur lueur jaunâtre dépassait juste les sabots des chevaux de tête, éclairant à peine les branches sans feuilles des bois environnants.

Des bâches en toile couvraient la volumineuse cargaison du chariot, à l’exception d’un membre mékanique géant posé sur le dessus. La lumière de la lanterne scintillait sur les engrenages en laiton reliant les extrémités supérieures et inférieures du bras en acier et en chrome. Une double tenaille formait une main griffue à une extrémité, tandis qu’un reste d’engrenages et d’axes mutilés s’élevait de l’autre.

Sur le siège haut du conducteur étaient assis deux imposants personnages, dont les capuches étaient rabattues sur des visages masqués par des écharpes. À travers la laine, le conducteur sifflait « La Dernière Jeune Fille de Caspia » alors qu’il tenait les rênes sans les serrer dans des mains enveloppées de gants d’acier bleu. Les passager était assis, silencieux et immobile, à l’exception des bousculades lorsque les roues du chariot plongeaient les ornières et rebondissaient sur les racines.

Le conducteur écarquilla les yeux lorsqu’ils aperçut quelque chose bouger sur la route devant lui. Il cessa de siffler.

« Euh, oh. »

Avec un bruit d’engrenages, de lumières bleues et blanches apparurent sur le chemin devant le chariot, se déplaçant en deux formes distinctes. Deux formes humanoïdes s’avancèrent, des panneaux lumineux placés dans leurs jambes, leurs bras et leur torse. Sur chaque tête brillait un seul œil ne clignant pas, plus brillant que toutes les autres lumières sur leur corps sauf une, une icône stylisée d’un visage de femme sur chaque poitrine.

Le conducteur freina les chevaux alors que six autres personnages s’avançaient sur le chemin du chariot. Les intrus restaient à dix verges, reculant pour maintenir leur distance tandis que le chariot ralentissait et s’arrêtait.

« Qui est là ? » Le conducteur ouvris les volets de la lanterne la plus proche. La lumière éclaira les corps en acier des intrus.

Ils ressemblaient à des armures fantaisistes habitées non pas par des hommes mais par des mécanismes en laiton. De lourdes lames en acier jaillissaient du dos de leur main droite, une batterie compacte de six canons d’armes à feu sur la gauche. Ils levèrent leurs bras gauches à l’unisson, les pointant tels des pistolets vers le conducteur et son passager.

« Halte ! » Cria une voix plate et mékanique.

« Je viens de le faire », déclara le conducteur. « Vous pouvez voir que je ne veux pas d’ennuis ». Sa voix résonnait profondément et en sourdine, comme si elle sortait de l’intérieur d’un casque en acier. Il se tourna vers le bruit de ressorts hélicoïdaux et de pas lourds venant de derrière le chariot.

Une énorme machine émergea des bois pour bloquer sa retraite. À chaque pas de ses quatre pattes de crustacés, ses mécanismes internes vrombissaient et cliquetaient. La lumière d’une lanterne réchauffait sa surface chromée tandis qu’elle tournait son torse ovoïde pour garder l’équipement sur son épaule droite dirigé vers le conducteur. Un support de lames de scie aiguisées comme des rasoirs alimentait un compartiment grinçant à l’intérieur de l’engin. À l’extrémité gauche, une paire symétrique de lourdes pinces se serrait et desserrait – une version opérationnelle du bras allongé dans le chariot.

« Descendez », dit l’un des soldats mécanique. La teneur de sa voix était la même que celle du premier intervenant, mais sa cadence différait. « Ne faites aucun mouvement brusque ».

Le conducteur enroula les rênes autour du frein et leva ses mains armurées. « Je vous promets que vous n’aurez aucun problème avec moi ».

Au moment où le conducteur prononçait la phrase code, le Général Artificier Sebastian Nemo émergea de l’arbre où il était caché. Il appuya sur un interrupteur sur le côté de son armure-tempête. Un bourdonnement sourd s’éleva jusqu’à un gémissement aigu alors que des éclairs scintillait sur les bobines galvaniques de son dos. Des langues d’électricité mettaient en relief les branches nues des arbres dans les cieux noirs. Les cheveux blancs de Nemo flottaient sur le champ statique, ses yeux bleus s’illuminant à mesure que la charge s’accroissait.

Au même moment, cinq lourdes lames crépitèrent d’éclairs à côté de lui. Six soldats à l’armure bleue sortirent de la cachette du fossé camouflé, les feuilles sèches bruissant alors qu’ils se  glissaient de sous les bâches.

Juste à côté du chemin, derrière le chariot, la Chasseuse de Tempête Caitlin Finch et une autre demi-douzaine de Lames-Tempête apparurent. Les hommes tenaient de lourds lanceurs-tempête à leur taille, les chambres-tempête grésillant alors que les bobines des canons brillaient de plus en plus.

Un éclair blanc et brillant s’éleva dans le septentrion. Un instant plus tard, un violent impact secoua le sol, suivi d’un autre. Un rythme qui s’accélérait progressivement remonta progressivement le chemin derrière le chariot.

Le conducteur du chariot haussa les épaules, les mains levées, et s’adressa aux intrus. « Je vais tenir ma promesse, les gars, mais je ne peux pas parler pour les autres ».

« Baissez vos armes et rendez-vous », dit Nemo. Il activa son accumulateur-tempête. La foudre bondit entre l’arme et les bobines voltaïques de son armure.

« Il veut dire vous », déclara le conducteur. Il pointa un doigt d’acier vers les soldats mécaniques tout en gardant les mains levées.

La moitié des soldats mécaniques tirèrent sur le chariot.

De fins projectiles sortirent des batteries situés sur le dos de leurs mains. Ils se brisèrent pour former des douzaines de petits missiles qui déferlèrent sur leurs cibles.

Le conducteur couvrit son visage avec ses deux gantelets et s’agenouilla, présentant la plus petite cible possible. Les projectiles tirèrent sur sa cape et crachèrent des étincelles sur son armure alors qu’ils formaient un nuage bourdonnant autour de lui. Debout sur le siège du conducteur, la tête du passager recula brusquement. Son corps glissa latéralement sur le siège et sursauta alors que l’essaim continuait de ravager son cadavre.

Les soldats mécaniques restants se tournèrent vers Nemo. Avant qu’ils ne puissent tirer, un cercle de runes bleue-blanche apparut autour de sa main tendue. Trois arcs blancs s’élancèrent pour frapper leurs corps mékaniques. Simultanément, cinq autres jaillirent des glaives-tempête pour électrocuter et brûler les soldats mécaniques. Leurs corps mécaniques se tordirent avec des spasmes avant de s’écraser sur le sol.

À l’arrière du chariot, le warjack ennemis se tourna pour viser Nemo, apparemment inconscient de la lumière et du tonnerre s’approchant par derrière. Alors que sa lentille monoculaire se fixait sur ses yeux, Nemo ressentit la sensation toujours lorsqu’un autre warcaster était proche. Le sentiment demeurait faible, et son adversaire restait caché.

Elle ne s’était peut-être pas révélée, pensa Nemo, mais elle regardait sûrement.

Les lames-tempête tirèrent des éclairs sur le warjack chromé. Les arcs chauffés à blanc marquèrent son châssis et tordirent ses pinces, mais l’équipement sur son épaule droite continuait de gémir et à produire des étincelles lorsqu’une lame de scie en acier se mis en position de lancement.

« Non, tu ne le feras pas ! » Finch couru en avant, enfonçant son bâton telle une lance. Sa tête crépitante libéra une vague d’énergie coruscante à travers le corps du warjack. Le gémissement de son lance-scie s’estompa.

« Recule, Adepte ! » Hurla Nemo.

Finch fit marche arrière.

Le Foudroyant arriva, et avec lui, douze tonnes d’acier et d’éclairs. Plus de deux fois la taille d’un homme de grande taille, des bras massifs le long du corps, le Foudroyant bleu et or chargea l’ennemi. Une énergie incandescente jaillit de sa chambre foudroyante pour tomber en cascade sur les bobines de son dos et ses épaules. De là, la foudre bondit pour déchaîner toute sa puissance dans une paire de massives mains en acier.

Nemo guida le Foudroyant avec ses pensées. Il attrapa l’ennemi et le souleva du sol, uniquement pour le retourner et l’écraser. L’impact déforma les jambes multi-articulées du warjack et envoya une pluie de terre sur le chemin.

En cliquetant et s’arrêtant, l’ennemi tendis sa pince. Avant qu’il ne puisse attraper le Foudroyant, le plus grand, le souleva à nouveau, l’écrasant encore plus fort qu’avant. Le lance scie s’ouvrit. Des disques d’acier, chacun de soixante centimètres de larges, se répandirent sur le sol. Le warjack chromé toussa, ses membres bougeant en gestes courts et erratiques.

Les Lames-Tempête sortirent pour couvrir l’ennemi tombé. L’un deux tira une seule fois sur le bras avec la pince se contractant, le regarda se contracter à nouveau et l’immobilisa avec un dernier arc de foudre.

« Faites attention ! » Aboya le conducteur du chariot. Il se leva et découvrit la face dorée d’un casque d’une Lame-Tempête. Soulevant le masque facial pour révéler on visage à la barbe noire, le conducteur se tourna vers Nemo et dit : »Monsieur, ne vouliez-vous pas le prendre intact ? »
Les sourcils blancs touffus de Nemo bondirent en reconnaissant son interlocuteur. « Blackburn ! Je t’avais dis uniquement des volontaires sur ce chariot. »

« Oui, monsieur », répondit Blackburn. « J’étais le premier volontaire ».

Nemo fulmina. « Ce travail était bien trop dangereux pour risquer mon officier supérieur ».

« Oui, monsieur. »

« Ce serait une chose si j’avais une compagnie entière à ma disposition, mais avec si peu- »
Il se tut et regarda un autre Lame-Tempête s’approcher pour examiner le passager tombé. Le fantassin tira la capuche de la silhouette tombée pour révéler un sac en toile de jute, sur lequel un farceur prémonitoire avait dessiné un froncement de sourcils et de grands X pour les yeux. De la paille s’écoulait des trous à l’avant et à l’arrière, là où le projectile bourdonnant avait traversé a tête empaillée.

Mon deuxième volontaire », dit Blackburn.

Nemo voulu dire quelque chose de plus, mais il ferma la bouche et laissa la torsion acerbe de sa moustache manifester son mécontentement.

Se détournant de Blackburn, Nemo aboya, « Finch ! »

Finch se redressa de l’endroit où elle s’était penchée sur le warjack vaincu. Elle courut vers Nemo, tenant ton bâton – son « diapason », comme elle l’appelait – un peu plus haut que nécessaire pour éviter de trébucher. C’était l’un des nombreux maladroits gestes qui empêchaient Nemo de la considérer comme une femme adulte plutôt qu’une fille.

Caitlin Finch n’était pas seulement une adulte, elle avait également fait ses preuves à maintes reprises, notamment au combat. Elle était déjà en train de devenir l’une des meilleurs guerrières arcanistes de Cygnar. Nemo espérait seulement qu’elle survivrait à son comportement de plus en plus audacieux sur le champ de bataille.

Finch se déplaça pour se tenir devant Nemo et salua. « Monsieur ! »

« Les Cerbères ont perdu quatre hommes en récupérant le premier de ces warjacks. À quoi pensais-tu en t’approchant si près de celui-ci ? » Il haussa un sourcil, espérant que le geste serait suffisant pour que Finch réévalue son action.

« Monsieur, j’ai estimé qu’il était sue le point de vous couper en deux avec l’une de ses scies rotatives ».

Nemo pouvait difficilement s’y opposer.

Lui et Finch avaient examiné ensemble le premier des warjacks capturés avant de le laisser aux mékaniciens de leur camp improvisé.

L’équipement lance-scie était peut-être sa caractéristique la plus meurtrière. Il voulait en savoir plus sur ceux qui avaient créé une telle arme et ce qu’ils avaient l’intention d’en faire.

Même ainsi, Nemo ne pouvait pas permettre à Finch de prendre des risques inutiles dans un effort malavisé, bien que louables, pour le protéger – pas plus admit-il, que Blackburn ne pouvait exiger des volontaire pour un travail qu’il jugeait trop dangereux alors qu’il pouvait l’assumer lui-même. Le reconnaissance de sa propre hypocrisie ne fit rien pour apaiser son inquiétude pour la sécurité de Finch. « J’ai réclame ton obéissance, Finch, pas ta protection ».

« Monsieur, si je puis parler librement- »

« Tu peux pas ».

Il savait ce qu’elle avait l’intention de dire. Elle lui rabâchait depuis des mois qu’il devrait laisser les combats aux officiers subalternes – les officiers plus jeunes, comme elle. Alors que Finch formulait généralement ses conseils avec courtoisie, elle avait de plus en plus frôlé l’insolence, osent même mentionner sa propre attitude paternelle envers les personnes sous son commandement. S’il la laissait poursuivre, elle rejoindrait bientôt les Cerbère en l’appelant « le vieux » ou de surnoms encore moins respectueux. Bien qu’il puisse tolérer une certaine informalité parmi les mercenaires, il ne la laisserait pas s’insinuer dans son armée.

« Oui, monsieur ».

Nemo leva les yeux vers le ciel nocturne. Les lourds nuages des jours précédents s’étaient dissipés. Les étoiles scintillaient à travers la gaze de quelques nuages épars. Artis, la plus petites des trois lunes de Caen, fuyait Calder, Sire la Lune. La Lune Maléfique, Laris, ne s’était pas encore levée au-dessus des bois cachés.

Un homme plus superstitieux aurait pu prendre cela pour un bon présage, mais Nemo ne cherchait pas  pas dans les cieux un présage céleste. Il pouvait sentir le présence d’une warcaster ennemi, même s’il ne pouvait pas la voir.

« Là ! » Cria l’une des Lames-Tempête. Il pointa vers l’est, à travers la canopée nue.
Nemo courut rejoindre l’homme, grimaçant lorsqu’un spasme musculaire lui saisit le dos. Il avait passé toute la journée à préparer cette embuscade, et il avait chevauché durement la veille avec à peine quelques heures de sommeil. Ce n’était pas étonnant que son corps se soit rebellé. N’importe qui aurait vécu la même chose, pensa-t-il.

Même un homme beaucoup plus jeune.

Nemo regarda là où le soldat  pointait à travers les branches des arbres. Volant vers l’est en direction de Calbeck, un vole de sept femmes ailés fuyait la région. La plus petite d’entre elles ouvrait la voie, son corps semblant encore plus petit par rapport à ses larges ailes. Les plus grandes, leur taille exagéré par leurs minuscules ailes, la protégeaient avec leurs corps, chacune planant derrière elle dans une rotation parfaitement synchronisée.

Par vieille habitude, Nemo leva une main pour projeter des éclairs sur elles. Avec un soupir de lassitude, il ferma ses doigts pour former un poing. C’était inutile. Au moment où il pourrait liébérer son sort, elles seraient déjà hors de portée.

Finch apparu à ses côtés. « Vous ne pensez pas qu’elle savait que c’était un piège, n’est-ce pas ? » Nemo lissa sa moustache en considérant la question. « Elle est certainement plus prudente après sa rencontre avec les Cerbères », décida-t-il. « Elle n’aurait pas risqué ces troupes si elle en avait eu la certitude. Pourtant, elle n’a engagé qu’un seul warjack du type de warjack que nous avons déjà capturés, et non l’un des autres modèles que nos éclaireurs ont repérés dans le village. De plus, elle et ses gardes volantes sont restées hors de vue pendant la confrontation. Elle doit au moins soupçonné la possibilité d’un piège ».

« Au moins, nous avons ces soldats mécaniques », déclara Finch. « Peut-être que maintenant nous pouvons apprendre pourquoi ils ont tous le visage de Cyriss sur leur poitrine ».

C’était la même question qui rongeait l’imagination de Nemo.

Les divers cultes de la Patronne des Mécanismes lui apparaissait comme des coteries d’inoffensifs intellectuels : mathématiciens, ingénieurs, mékaniciens et astronomes. Il y avait bien des aberrations, comme en témoignait l’affaire de la Witchfire quelques années auparavant, mais rien ne laissait à penser que les cyrissistes représentaient une menace. Nemo ne les avait imaginé capable de déployer une armée, encore moins de s’emparer rapidement d’un village cygnaréen.

« Monsieur », dit Blackburn. Il plaça quelques objets en cuivre dans la paume de son gantelet. « J’ai extrait ceci de notre deuxième volontaire ».

Nemo se pencha plus près, plissant les yeux pour les voir à la lumière de son armure-tempête. À première vue, ils semblaient être des jouets mécaniques en forme d’étranges insectes. En regardant plus près, il vit que c’était des demi-cylindres reliés par une ressort tenseur. Ce qui semblait être des ailes à chaque extrémité était en fait de minuscules lames. Entre les deux, comme la trompe d’un insecte maléfique, perché sur un cône de forage pointu.

Nemo prit sa pochette à sa taille et l’ouvrit. Blackburn versa les projectiles bizarres à l’intérieur.

« Dégagez le chariot », dit Nemo.

Le major avait déjà ses chevaliers tenant les hommes-machines vers l’arrière du chariot. L’un d’eux abaissa  le hayon pendant que les autres détachaient les cordes retenant les bâches. Ils retirèrent la toile pour révéler une coque en grillage à poules  ayant la forme grossière d’un warjack ennemi. Déplacer la légère cargaison ne fit pas bouger le chariot, avec son plancher de chêne renforcé de fer et conçu pour supporter une charge de plusieurs tonnes.

Nemo guida une fois de plus le Foudroyant. Il souleva le warjack vaincu avec une attitude de tendre attention et le porta jusqu’au chariot.

« Reculez », avertit Nemo aux hommes. Alors qu’ils s’écartaient, le Foudroyant posa le warjack sur plancher du chariot. Le chariot s’affaissa, sa suspension à ressort gémissant sous l’énorme poids.

Une la plus grosse cargaison en place, les Lames-Tempête commencèrent à placer les soldats mécaniques dans les espaces entre le warjack et les ridelles du chariot. La foudre avait mutilé certains d’entre eux au points de les rendre méconnaissables, mais quelques-uns restaient pratiquement intacts. Leurs lumières vacillantes suggéraient que leurs sources d’énergie étaient toujours opérationnelles, même si leurs corps étaient désactivés.

« Monsieur ? » Blackburn offrit à Nemo un perchoir sue le siège du conducteur. Nemo ignora la main offerte par le major et grimpa sans aide, sifflant alors qu’un autre spasme du dos le punissait pour sa fierté. Blackburn monta à côté de lui. Il desserra le frein et fit claquer les rênes. L’attelage s’efforça de résister à la charge plus importante, mais progressivement, le chariot se déplaça vers le sud, puis vers l’est.

« Que est notre prochain mouvement, monsieur ? »

« D’abord, je veux en savoir plus sur ces soldats mécaniques », déclara Nemo. « Lorsque nos renforts arriveront, nous serons mieux placés pour exiger une contrepartie ».

« Et dans une meilleure position pour les chasser de Cygnar ».

« Exactement ».

D’après les premiers rapports de leurs éclaireurs, Nemo savait aussi bien que Blackburn qu’ils étaient actuellement en infériorité numérique. Capturer un autre des warjacks ennemis, ainsi que ces soldats mécaniques, fournissait à Nemo un léger avantage militaire ainsi que les renseignement dont il avait besoin pour comprendre cette nouvelle menace – et la chasser de son pays avant qu’elle ne devienne plus qu’une distraction de la crise dans le Bois d’Épines.

Le campement cygnaréen se trouvait à moins d’un kilomètre au sud du Fleuve de la Langue du Dragon, juste au-delà de la frontière du village riverain de Calbeck. Nemo hocha la tête avec satisfaction en voyant que le reste de ses troupes avancées avait fini de monter les tentes.

Un tiers des structures brillaient à la lumières des lanternes, tandis qu’un autre tiers était dissimulé par du feuillage. Les tentes restantes servaient à brouiller la différence entre les leurres et les tentes habitées.

La supercherie était leur première arme contre une force inconnue. La supercherie était presque tout ce qu’ils avaient jusqu’à ce que les renforts arrive.

Les forces de Cryx continuant de menacer la frontière nord et l’alliance avec les khadoréens toujours instable, Nemo n’avait pu détourner qu’une modeste force vers cette nouvelle urgence. Dès que les Cerbères avaient rendu les machines qu’ils avaient capturés, Nemo avait envoyé des cavaliers pour faire venir plus de troupes et de warjacks. En attendant, il voulait se préparer à toute nouvelle surprise.

Il n’avait qu’à lever les yeux pour voir la structure ayant causé tant d’inquiétude.
La tour éclipsait la communauté riveraine. Ses lignes gracieuses mariaient et utilité, mécaniques et dessin abstrait. Les quatre pieds arqués de la tour la plantaient fermement au centre de la ville. Entre eux, un incompréhensibles conglomérat d’engrenages et d’essieux géants plongeaient dans la terre. Leur grincement et leur cliquetis constants résonnaient dans le campement de Nemo, même à un demi-kilomètre. Depuis les faces nord et sud de la tour, le visage lumineux de Cyriss observait la campagne. Au sommet de la tour reposait un globe couvert de six boucliers effilés, telle un bouton floral niché dans ses feuilles. De temps en temps, un arc crépitant d’énergie voltaïque grimpait entre les bords des « pétales », promesse d’une floraison imminente.

Le chariot s’arrêta près de l’abri des ingénieurs, une grande tente en toile brillant des lumières des forges portatives et des chambres-tempête. Le bruit d’un pistolet à riveter rivalisait avec le souffle d’une machine à vapeur pour l’honneur du vacarme le plus susceptible d’empêcher le camp de dormir.

Une femme grande et musclée sortit pour accueillir le chariot. Ses cheveux poivre et sel se dressait droit sur sa tête, aussi épais que les épines d’un hérisson. À chaque pas, sa jambe gauche mékanisée grinça et siffla lorsqu’elle portat tout son poids.

« Qu’est ce que tu me ramènes, Bastian ? »

Nemo se hérissa à la contraction de son prénom par le Sergent Mags Jernigan. Voyant sa réaction, elle sourit, révélant une large bouche pleine de dents tachées de thé.

Nemo souhaitait que la mékanicienne vétéran s’adresse à lui par son rang, au moins devant les soldats, mais il s’était depuis longtemps cédé dans leurs éternelles escarmouches entre la bienséance  et, eh bien, Mags Jernigan.

Nemo passa la main dans le chariot et souleva la tête détachée de l’un des soldats mécanisé. À l’exception de sa lentille oculaire maintenant obscurcie, il ressemblait plus que jamais à un haume stylisé. « Qu’en pensez-vous, Mags ? »

S’essuyant les mains sur un chiffon huileux, Mags fit signe aux Lames-Tempête les plus proche, qui traînèrent l’un des soldats tombés du chariot dans sa tente. Là, ils le posèrent sur une lourde table de travail pendant que les assistants de Mags retiraient le tibia à moitié remonté d’une warjack Libellule. Sur une plus grande table derrière elle se trouvaient les pièces démontées d’un warjack semblables à celui du chariot, auquel il ne manquait que le bras que Nemo avait employé comme leurre sur la bâche.

Mags tourna autour de la table telle une médecin légiste examinant une victime de meurtre. Elle portait une chemise sans manche sous son tablier en cuir, révélant des tatouages de rouages et d’engrenages sur chaque épaule. Les dessins de chaque côté convergeaient vers le centre de sa poitrine plate en motif de mécanisme de plus en plus complexe.

Les yeux de Mags se rapprochèrent du symbole sur la poitrine du soldat mort.

« C’est drôle. La Patronne des Mécanismes ».

Nemo hocha la tête. « Cyrissistes ».

Mags scruta les rouages en laiton du torse du soldat. Elle souleva ses assemblage de lame et d’arme à feu avec un grognement appréciatif quand elle senti leurs poids. Lorsqu’elle les lâché, elle serra ses articulations enflées et siffla.

« Vous allez bien ? » Demanda Finch.

« C’est juste l’arthrite », répondit Mags. « Si près de Fleuve, je peux ressentir l’humidité dans mes articulations ». Elle toucha d’abord à travers le chiffon, puis de sa main nue, les balafres de foudres sur ses jambières et épaulières intégrales. Derrière elle, Finch tendait le cou pour voir ce que faisait la mékancienne.

« Combien de temps depuis que tu les a abattus ? » Demanda Mags.

« Une demi-heure », dit Nemo. Il posa la tête du soldat sur sa table de travail. « Le seule chaleur que je peux sentir est celles de ses brûlures ». Elle toucha le symbole de Cyriss sur sa poitrine.
« Est-ce l’ensemble de puissance ? »

Nemo hocha la tête. « C’est une estimation aussi bonne que n’importe quelle autre. Il brille d’une lumière ressemblant à ce que j’ai bu dans d’autres appareils cyrissistes ».

« Ça ressemble un peu à ton travail vieil homme. As-tu encore copié le travail des autres étudiants ? »

Finch sursauté et ravala un rire.

« Relax, gamin », déclara Mags. « Je suis juste taquine ».

« Je ne suis pas amusé », déclara Nemo.

« Non, tu ne l’es presque jamais. C’est bien le problème avec toi », répondit Mags. Elle fit un clin d’oeil à Finch. « Essaie de ne pas être comme lui, gamine. Surtout dans cette tenue, il faut apprendre à vivre un peu. Avant de mourir ».

Nemo fronça les sourcils, avertissant Mags qu’il n’était pas d’humeur à la légèreté. « Quelles sont vos première impressions sur les mécanismes ».

«  Eh bien, il y a évidemment un élément mécanique dans les fonctions motrices. Mais il n’y a aucun moyen permettant à ces garçons d’êtres remontés tel des jouets à ressort ». Elle tordit et tira le Visage de Cyriss sur la poitrine du soldat, mais il demeura fixe. « Ces unités de puissance sur leurs poitrines ne semblent pas assez grandes pour les faire fonctionner pendant un certain temps. Celui sur le ‘jack que vous avez introduit subrepticement dans le camp plus tôt s’est déjà éteint. Soit ils ne fonctionnent pas très longtemps, soit il y a une autre source d’énergie quelque part ».

« Peut-être que l’énergie provient de la tour », suggéra Finch.

Nemo ouvrit la bouche pour exprimer son désaccord, mais il s’arrêta Le reste de la technologie du nouvel ennemi était si avancé qu’il ne pouvait pas écarter la notion de champ d’énergie fournissant de l’énergie aux soldats mécanique à proximité. « Une idée intéressante, Chasseuse de Tempête ».

Finch essaya et ne parvint pas à cacher un sourire à ces éloges et à l’emploi de son titre. Nemo essayait de rationner de tels compliments pour éviter de gonfler son égo, mais celui-ci lui avait échappé.

« là, tu parles de magie, je ne suis plus », déclara Mags dans une plainte simulée.

« Voici quelques choses de plus mékanique à étudier », répondit Nemo. Il lui lança le sac de projectiles à ressort.

Mags fit un pas en avant pour attraper le sac, mais sa jambe mékanique émit un cri strident et la retint.

Nemo tendit également le bras pour attraper le sac chutant, mais haleta de douleur lorsqu’un autre spasme dorsal le frappa.

Finch attrapa le sac avant qu’il ne touche le sol. Elle le passa à Mags, secouant la tête tandis que son regard papillonnait entre la mékanicienne et le warcaster. « Dois-je appeler une infirmière ? »

« Finch ! » L’avertirent-ils à l’unisson.

* * *

elric:
Aurora
Les gardes du corps d’Aurora l’encerclèrent alors qu’elles fuyaient l’embuscade des cygnaréens.
Sabina volait particulièrement trop près. Aurore avait l’impression qu’à tout moment les pointes acérées de ses larges ailes risquaient de cisailler les ailes en cuivre plus courte de son lieutenant – sans compter que la perte de ces appendices les ferait plonger.

Les ailes ne faisaient que les guider. Aurore et ses gardes du corps volaient grâce aux améliorations qu’Aurora avait apporté aux champs arcano-kinétique, les mêmes dispositifs déviant la gravité réduisant le poids des vecteurs de la Convergence et permettant à certains d’entre eux, ainsi qu’au serviteurs, de planer au-dessus du sol.

Après des années d’étude et d’expériences, Aurora avait découvert le moyen de miniaturiser l’émetteur des champs arcano-kinétique et d’améliorer sa portée, en installant les dispositifs améliorés à la fois dans les vaisseaux mékaniques de ses gardes du corps et dans sa propre armure. Ainsi équipée, elle et les anges mécaniques pouvaient planer au-dessus de la surface de Caen. Lorsqu’elle avait présenter son invention à la Constellation, la convocation des esprits les plus sage de la Convergence lui avait conféré un nouveau titre : Numen de l’Aérogénèse.

Aurore vira, plongeant pour échapper aux « mères poules », comme elle avait parfois nommé ses gardes du corps ailées au cours des semaines ayant suivi son arrivée à Calbeck. Un sentiment de culpabilité gâchait le plaisir malicieux d’Aurora à la comparaison tacite de ses gardes du corps avec les oiseaux dont la crasse souillait les rues de la ville. Ses anges mécaniques d’élite étaient sans égal au combat e d’une loyauté sans faille. Elles n’avaient rien à voir avec les sables bêtes picorant des graines dans leurs cours sordides.

Au premier rang des gardes du corps d’Aurora se tenait Sabina, l’une des plus anciennes guerrières de la Convergence. Pendant plus d’un siècles, elle avait combattu pour la Patronne des Mécanismes, maîtrisant un certain nombre de formes mécaniques pour la défense de leurs temples souterrains et terrasser les druides s’approchant trop près de leurs secrets enfouis. Sabina joua longtemps le rôle de tante adorée, formant Aurora aux techniques de combat, écoutant patiemment ses plaintes concernant ses mentors optifex stricts, et accompagnant finalement la jeune warcaster en temps que Première Préfète des anges mécaniques lors de ses premières missions.

Tout autant que l’échec inattendu de sa mission de sauvetage, Aurora imputa sa mauvaise humeur aux semaines qu’elle avait passées dans le village, lui rappelant trop brutalement la crasse et le désordre de la vie en dehors des chambres souterraines immaculées de la Convergence. Même en s’élevant au-dessus du sol, elle s’imaginait pouvoir encore sentir la fumée de bois des chaumière, la crasse des animaux d’élevage et la décomposition  de la végétation riveraine. Quand elle était arrivée à Calbeck, la clameur des forgerons, des charpentiers et des tailleurs de pierre lui remplirent la tête de tumulte. Lorsque les villageois virent ce qu’elle avait apporté avec elle, le bruit de leur labeur s’était transformer en chaos de panique. Elle avait fait ce qu’elle avait put pour minimiser les pertes parmi les villageois avant de les confiner pour leur propre sécurité.

À des centaines de pieds sous elle, le village ressemblait à la maquette que Syntherion avait créée dans le cadre de son plan de bataille pour l’attaque de Clabeck. Chaque coude du Fleuve de la Langue du Dragon, chaque bosquet et chaque bâtiment de la petite communauté était exactement comme le Maître de Forge l’avait rendu en miniature. Aurora sourit en pensant à Syntherion, dont le comportement froid et énigmatique le rendait si inaccessible aux autres. Elle le comprenait mieux que quiconque, appréciant son inébranlable perfectionnisme.

« Numen, s’il te plaît ! » Appela Sabina. Elle plongea après Aurora. Les autres gardes du corps la suivirent de près. « Nous ne pouvons pas de vous protéger si vous insistez pour nous échapper ».

Autre innovation d’Aurora, les anges mécaniques étaient des êtres magnifiques, mesurant plus de deux mètres et inspirées d’Aurora, bien que plus grandes et avec des ailes moins magnifiques. Elle n’avait choisi que les guerrières les plus habiles, et chacune avait déjà combattu à ses côtés dans plus d’une douzaine de batailles.

Lorsqu’elle avait dévoilé les anges pour la première fois, Directrix avait remarqué la ressemblance entre Aurora et ses gardes du corps. « Ne penses-tu pas que c’est de l’égocentrisme ».

« Autonome », avait osé reprendre Aurora. Elle s’était retenue de faire remarquer que personne ne comprenait mieux l’autonomie qu’une fille dont la mère avait abandonné son corps mortel alors que l’enfant n’avait que trois ans. Maintenant, Directrix faisait pression sur Aurora pour qu’elle entre dans la prêtrise plutôt que d’aider sa fille à la rejoindre dans la perfection mécanique.

Axis, connu sous le nom d’Exécuteur Harmonique, était un autre warcaster de premier plan de la Convergence encore vivant. Ce guerrier fanatique rejoint la Convergence lorsque Directrix avait épargné sa vie après avoir éliminer les autres chefs de sa secte radicale. Depuis, il avait prouvé sa loyauté d’innombrables fois, souvent au combat aux côtés d’Aurora. Le tempérament erratique d’Axis, cependant, avait conduit de nombreuses personnes à douter de sa santé mentale. Alors qu’elle le voyait comme un oncle bien-aimé mais déséquilibré, Aurora ne fut pas surprise qu’il n’ait pas été choisi pour avoir un corps mécanique.

Pourtant, Aurora méritait le transfert. Ses innovations à elles seules auraient dû lui valoir cet honneur. Chaque fois qu’elle voyait d’autres accéder à un corps mécanique parfaits, elle bouillonnait de ressentiment. Axis avait cherché à apaiser sa déception en rappelant à Aurora que sa jeunesse était la raison pour laquelle la Constellation ne l’avait pas encore choisie. Avec le temps, lui avait-il dit, elle aurait ce qu’elle désirait.

Sabina se rangea à côté d’Aurora, secouant la tête en signe d’exaspération. Alors qu’elles tournait autour de la tour supérieure du nexus astrométrique, la Lune Maléfique se refléta sur le visage parfait et chromé de Sabina.

Avant que sa garde du corps ne puisse parler, Aurora plongea à nouveau, cette fois à travers l’échafaudage vers les grands engrenages et axes entraînant les stimulateurs géomantique de la tour profondément dans le sol. Elle replia ses aules au bon moments pour passer au travers sans toucher les tuyaux de soutien. Un sourire malicieux étira le coin de sa bouche lorsqu’elle entendit la pointe de l’aile en laiton de Sabina tinter contre le fer.

Le nexus astrométrique était aussi complet que nécessaire pour la mission, mais Aurora avait ordonné aux serviteurs de laisser l’échafaudage en place. Elle espérait que sa présence donnerait l’illusion d’une construction inachevée et inspirerait moins d’urgence aux cygnaréens.

Bien qu’Aurora ait capturé toute la population en une seule action rapide, une compagnie de mercenaires avait découvert leur présence plus tôt que prévu – pire, ils avaient capturé un vecteur et deux serviteurs. L’Armée Cygnaréenne avait réagi encore plus rapidement que les projections les plus conservatrices des schémas de mission d’Aurora. Lorsqu’une de ses anges mécaniques avait aperçu les cygnaréens transportant les unités capturées à travers le Fleuve de la Langue du Dragon ; Aurora avait espéré une opportunité inattendue de récupérer ses forces capturées. Au lieu de cela, elle était tombée dans un piège.

Maintenant, le commandant ennemi comptait un autre Monteur est une escouade de réducteurs parmi les captifs. La perte des soldats mécaniques était la plus douloureuse, car il ne s’agissait pas de simples automates, mais de personnalités humaines enfermées dans des vaisseaux mécaniques. Perdre un vecteur ou un serviteur, c’était perdre une machine ; perdre un soldat mécanique, c’était perdre une âme.

Bien que le Cryx ait été détruit ou chassé et que les mercenaires soient revenus pour compter leurs monnaies et enterrer leurs morts, Aurora savait qu’elle faisait maintenant face à une menace bien plus grande, le savant ignorant nommé Sebastian Nemo.

Avant même de capturer ses plus récentes prises, le warcaster cygnaréen avait apparemment étudié de nombreux exemples de technologies de la Convergence capturées ou récupérées au fil des ans, transformant ces connaissances en amélioration des armes de sa nation. Il n’était donc pas surprenant que les dernières machines de guerres cygnaréennes brillaient de la même lumière voltaïque que les automates à ressorts de la Convergence.

Nemo s’était révélé aussi rusé sur le terrain que puits de science dans l’atelier. Si, à la demande de Sabina, Aurora était restée à l’arrière de sa force d’embuscade, elle avait quand même été surprise de voir Nemo en personne tendre son piège. S’il avait laissé l’affaire à ses subordonnés, Aurora se serait précipitée avec les anges mécaniques pour les anéantir. Pourtant, une fois qu’elle avait vu les runes arcaniques de ses sorts et le pouvoir dévastateur de sa chaîne d’éclairs, elle avaot hésité.

À la vue du Foudroyant courant derrière le chariot, elle sut que son équipe de frappe était trop petite pour affronter un warcaster, en particulier un tel que Sebastian Nemo. Bien que son âge puisse inciter certains à négliger ses prouesses au combat, Aurora savait que son arme la plus dangereuse était son esprit. Aurora se consola en sachant qu’elle avait perdu un autre moniteur, pas un modèle de vecteur différent. Nemo n’aurait pas de nouveaux vecteurs à étudier si Aurora pouvait l’aider. L’homme était suffisamment dangereux sans lui permettre de découvrir plus de secrets  de la technologie de la Convergence.

Aurora mena ses gardes du corps dans une vrille jusqu’à ce qu’elles passent sous les pieds de la tour. Dans l’ombre de deux des pieds de la tour se trouvaient les Projecteurs d’Émergence Transfinie. Derrière me troisième pied se cachait le titanesque Axiome Prime. Aurora sourit en imaginant la réaction des troupes cygnaréennes si elle révélait le colosse. Une partie d’elle espérait que cela ne serait pas nécessaire. Une autre part espérait vraiment que ce serait le cas.

Aurora se redressa, recourbant ses ailes pour s’élever et décrocher juste au moment où elle survolait l’aire que Syntherion avait construite pour elle. Un instant plus tard, ses gardes du corps atterrirent de chaque côté.

Quatre d’entre elles prirent position aux angles de la plate-forme d’observation, là où les escaliers automatiques émergeaient des pieds de la tour. Au centre de l’aire, le rideau d’acier ondulé masquait le pavillon central. Sur un geste d’Aurora, le voile s’abaissa pour révéler son sanctuaire personnel. Elle entra dans le pavillon, Sabina à ses côtés. Quelques instants après, le voile se remettait en place.

Aurora plaça son bâton polynomial dans un support en chrome et laiton suspendu au plafond. Une fois en place, la forme de l’arme se combina à la forme complexe du support pour former une œuvre d’art abstraite.

Les efforts de la journée avaient laissé Aurora sale de sueur et de crasse. Elle avait envie de se sentir à nouveau propre, de se débarrasser de ce rappel quotidien de son imparfait corps humain. Plus encore, elle souhaitait effacer le souvenir de l’échec et de la retraite. Elle s’installa dans une baignoire raide et ouvrit les robinets en laiton. De l’eau fumante coula.

Une paire de serviteurs d’accumulation se leva pour planer à côté de la baignoire. Contrairement aux soldats mécaniques, et comme les vecteurs, les serviteurs n’abritaient aucune conscience humaine. Au lieu de cela, une série de cartes en laiton dictaient leur comportement par défaut. Ces serviteurs n’abritaient aucune conscience humaine. Ces serviteurs avaient été conçus il y a longtemps par Aurora elle-même, à la fois comme exercice de programmation de carte et comme un plaisir personnel.

Un pépiement au niveau du voile annonça un visiteur. Sabina se dirigea vers un panneau suspendu au plafond, appuya sur un bouton et écouta.

Alors que la baignoire se remplissait d’eau, Aurora se dirigea vers une estrade circulaire, à côté de laquelle se trouvait un modèle en laiton de son corps. Lorsqu’elle posa le pied sur l’estrade la plus haute, quatre autres serviteurs modifiés descendirent de leurs perchoirs au plafond. Deux d’entre eux descendirent saisir ses jambes armurées. Leurs tournevis vrombissant détachèrent ses bottes en chrome, et elle les enleva.

Les deux autres serviteurs s’emparèrent de ses ailes en acier et en laiton. En quelques mouvements économiques de cliquets, ils détachèrent les ailes et les tractèrent vers le plafond, où des appendices intégrés s’abaissèrent pour resserrer les vis et détecter les dommages.

« Numen », dit Sabina avec un salut élégant, « le Premier Préfet Pollux et le Recenseur Prime Septimus sont venus vous voir. Dois-je leur annoncer que tu tu es indisposée ? »

« Pas du tout », répondit Aurora en levant un bras pour permettre à un serviteur de saisir son bracelet. « Mais- »

« Fais-les entrer ».

Sabina tourna son indéchiffrable visage vers le panneau et parla doucement. Aurora secoua une cascade de cheveux brun foncé alors que les serviteurs retiraient son heaume. Ils flottèrent pour le poser, avec le reste de son armure, sur la réplique en laiton de leur maîtresse.

Le premier visiteur à entrer fut Pollux, Premier Préfet des réducteurs d’Aurora Sa boîte vocale mécanique était déjà engagée lorsqu’il pénétra dans la chambre. « Avec le plus grand respect, Numen, je dois protester contre l’emploi de mes soldats dans cette situation hautement dangereuse- »

Avec un clic et un vrombissement, sa voix se tue lorsque sa lentille optique se fixa sur Aurora. Les pinces utilitaires détachant l’armure de ses jambes et ses hanches. Pollux se figea, son corps réducteur aussi immobile qu’une statue.

« Poursuivez, Premier Préfet ». Aurora tendit sa ceinture utilitaire à un serviteur et le jupe y étant suspendue.

Son appareil vocal s’activa et se désactiva plusieurs fois. Pollux détourna la tee d’Aurora et resta silencieux.

« Ne restez pas là », déclara le Recenseur Bogdan en passant devant le soldat immobile. Le queue de ses vêtements chuchotait sur le sol de la chambre entre les pas cliquetant de son armure de combat. Il avait laissé son arme, son bouclier et son casque derrière lui. Dans le pavillon d’Aurora, il ne portait à sa ceinture qu’un chalumeau, une clé et les autres outils avec lesquels il réparait les troupes et les vecteurs sur le terrain.

Une sculpture abstraite au-dessus du lit d’Aurora attira l’attention de Bogdan. Son regard se porta sur la suivante de la série. Il sourit en les admirant tour à tour, jusqu’à ce qu’il aperçoive enfin la vapeur d’eau embuant la sculpture suspendue au-dessus de la baignoire. Ses sourcils épais se soulevèrent.

Il se tourna lentement vers Aurora alors que les serviteurs enlevaient la dernière partie de son armure. Il plaça une main devant ses yeux. « Je te demande pardon, Numen. Vos gardes ont dis que nous pouvions entrer. Je ne savais pas vous seriez- »

Le Recenseur Prime Septimus franchit le voile sur quatre pattes mécanikes. Sa conscience résidait dans un châssis semblable à celui des fonderies énigmes, des prêtres mécaniques chargés de sauver les âmes des guerriers tombés. Trois paires de bras de forme humaine reposaient pliés dans des gestes sereins sur le bas de son torse. De chaque côté de sa chambre d’essence, qui illuminait sa le visage de Cyriss, deux épaulières abritaient son nexus astrométrique personnel. Leurs calculs géomantiques informaient le prêtre des positions relatives des lunes, du soleil et des planètes à tout moment. Entre les deux se dressaient un cou sculpté et une abstraction sereine et androgyne d’un visage humain.

Aurora descendit de l’estrade de son armurerie. « Alors ? »

Alors qu’elle se dirigeait vers le bain, Pollux continuait à tourner son rotor de cou pour éviter de voir sa silhouette nue. Bogdan jeta un coup d’oeil à travers ses doigts alors qu’Aurora entrait dans l’eau. Le Recenseur Prime Septimus ne semblait pas se rendre compte de la nudité d’Aurora ni la gêne de ses collègues. « Nos éclaireurs n’ont pas encore signalé le retour des unités que vous avez chargées de récupérer le vecteur perdu ».

Aurora s’enfonça dans l’eau, espérant que son visage ne trahissait aucunement l’irritation que la question du prêtre mécanique avait suscitée en elle. Elle temporisa en saupoudrant des sels de bain dans l’eau.

Un cliquetis d’impatience résonna au plus profond du châssis de Septimus.

« Non, Recenseur Prime », répondit Aurora. « Le transport du Moniteur capturé était un  piège. Mes gardes du corps et moi avons évité de justesse une confrontation warcaster ennemi ».

« Et mes troupes ? » Pollux s’avança, détournant toujours son regard du bain.

« L’embuscade cygnaréenne les a capturés ainsi que le second Moniteur que je m’étais procurer pour libérer le premier ».

« Oh, non », déclara Bogdan. Les prêtre tira sur les doigts de ses gantelets, abandonnant toute prétention à détourner son regard du corps nu d’Aurora. « Quelle catastrophe ! »

« C’était un risque calculé », répondit Aurora. Elle trempa une éponge dans l’eau et l’utilisa pour soulager son cou douloureux. « Nemo en personne a participé à l’embuscade ».

« C’était donc lui que vous avez espionné de l’autre côté du fleuve », observa Septimus. La condensation de la vapeur perlait sur son visage immobile.

« Nemo a dû être celui qui a envoyé les mercenaire recherche nos forces dans l’Octelande ».

« Je vous avais prévenu de ne pas partir en reconnaissance si loin de la base », dit Septimus.

« Préférez-vous que je laisse le Crux sans surveillance? La dernière chose dont nous avons besoin, c’est qu’il s’introduise dans nos chambre de transfert géomantique ».

« Au lieu de cela, nous laissons nos propres troupes entre les mains de ce warcaster cygnaréen ? » Demanda Pollux.

« Faites attentions à vos paroles, Pollux », repris Sabina.

La tête du réducteur pivota pour faire face à Sabina. « Que dirais-tu si c’étaient tes propres anges qui avaient été gaspillées dans une action téméraire et inutile ? »

Les ailes en cuivre de Sabina se hérissèrent sur ses épaules. Elle et Pollux étaient de rang égal, chacun était le premier préfet de leurs forces respectives. Seule Sabina jouissait de la distinction supplémentaire de servir au côtés d’Aurora.

« Non, Sabina, il a raison », dit Aurora. « Croyez-moi, Pollux personne ne ressent plus que moi la perte de nos troupes. Mais notre mission passe avant tout. Rien ne doit mettre en péril la Grande Œuvre.

Bogdan leva un doigt diplomatique. « Peut-être pourrions-nous offrir un échange de captifs ? Il ne fait aucun doute que le commandant cygnaréen serait impatient que libérions certains des citoyens de Calbeck. Vous pouvez l’apaiser avec des négociations. Il sourit avec la confiance d’un bureaucrate ayant résolu un problème complexe pour son chef.

« Ce commandant est le Général Sebastian Nemo », dit Septimus. « Il est l’un des plus grands esprits scientifiques et tactiques de l’armée cygaréenne. À quand remonte la dernière fois où vous avez lu un rapport de renseignement ? »

« J’avoue, Premier Recenseur, qu’en m’occupant de l’état de préparation de nos troupes et de l’étalonnage en cours, j’ai peut-être pris du retard dans les rapports sur les affaires extérieures ».
Tandis que Septimus grondait son subordonné, Aurora se levait et attrapait une serviette. Bogdan la regarda en coin.

« Recenseur Bogdan », dit Septimus. Même la nature mécanique de sa vois ne pouvait masquer sa désapprobation.

« Je-Pardonnez ma distraction ». Bogdan plongea son regard vers le sol.

Elle s’efforça de ne pas montrer son amusement sur son visage, mais Aurore se délectait secrètement de l’effet que son audience informelle avait sur Bogdan et Pollux. Leur malaise soulignait une vérité qu’elle soupçonnait depuis longtemps : Même après avoir été transféré dans son vaisseau mécanique, Pollux se sentait mal à l’aise face à son impudeur ; Bogdan restait esclave de sa chair ; pourtant Septimus, pendant deux siècle, ensevelit dans une succession de vaisseaux mécaniques, s’était débarrassé de ses pulsions charnelles.
La chair était vulnérable, imparfaite. Aurora ressentait plus vivement que jamais son vif désir de transfert.

Elle sortit de la baignoire et sécha ses bras et ses jambes avant de serrer la serviette autour de son corps.

« Numen, s’il vous plaît », déclara Pollux. Il s’approcha, sa lentille optique fixée directement sur son visage. « Allez-vous négocier le retour de mes réducteurs ? »

Aurora lui rendit son regard monoculaire. Elle admirait la ferveur avec laquelle il s’exprimait pour ses troupes. Son instinct de gardien lui rappelait la protection dont faisait preuve Sabina à son égard.

« Non, Préfet », dit-elle avec une certaine réticence. Sa boîte vocale cliqueta mais avant qu’il ne puisse protester, elle ajouta, « Demander un échange si tôt donnerait à l’ennemi une impression de faiblesse. Mais je vous promets que lorsque le moment sera venu, je ferai tout mon possible pour récupérer leurs chambres d’essence.

Après un moment d’hésitation, Pollux acquiesça et fit un pas en arrière.

« La mer d’acier t’a confié une grande responsabilité, Numen », dit Septimus. « Que la Patronne des Mécanismes guide tes calculs ».

Aurora sourit en acquiesçant à sa bénédiction. Elle savait parfaitement que Septimus ou l’un de ses sbires rapportait chacun de ses mouvements à la Mère d’Acier Drectrix. Dans la mesure où la mère d’acier était l’actuelle dirigeante de la Convergence, c’était tout à fait normal. Mais c’était aussi parce que Directrix était sa mère, dont Aurora sentait qu’elle n’échapperait jamais à son contrôle.

« Nous comprenons tous que la pression que vous subissez doit être un grand fardeau », ajouta Bogdan. « Si je peux faire quelque chose pour vous aide, vous n’avez qu’à m’appeler ».

« Merci, Bogdan ». Aurora réprima un frisson devant le dernier effort du prêtre pour se aire bien voir. Les talents de Bogdan étaient dans la mékanique, pas dans la diplomatie.

Comme Aurora, Bogdan attendait depuis longtemps la Procédure d’Animus Corpus. Son rapport favorable à la Constellation ne pouvait qu’améliorer ses chances.

Pour son propre échec continu à gagner le transfert vers un vaisseau mécanique, Aurora en attribue la responsabilité  à l’intercession de sa mère et à son insistance pour qu’elle rejoigne la prêtrise. Bien qu’elle apprécie le rôle des prêtres, de l’optifex commun au recenseurs et jusqu’aux nobles fluxions, elle n’avait aucune envie de participer à leur lente de conservation des esprits et des âmes des personnes. Elle n’avait aucune envie d’être mékanicienne ou philosophe. Elle s’imposerait dans la Convergence d’une manière différente. Elle conduirait son peuple à la fois dans les avancées technologiques et dans les triomphes sur le champ de bataille.

« Qu’elle que soit ta décision », dit Septimus, « je t’implore de ne pas te mettre à nouveau en danger. Sebastian Nemo est un ennemi dangereux. Ne le sous-estime pas ».

Derrière le prêtre mécanique, Sabina inclina la tête d’acquiescement. Aurora ressentit un bref sentiment irrationnel de trahison. Ses subordonnés se liguaient contre elle. « Je ne sous-estime pas Sebastian Nemo », répondit-elle. Son piège n’avait pas été conçu pour me capturer, mais pour prendre ma mesure. Ce qu’il n’a pas réalisé c’est qu’en étudiant sa conception, j’ai aussi pris la sienne ».

N’en sois pas si sûr », répondit Septimus. « Tu es peut-être d’un meilleur cuivre, mais il est mieux trempé ».

« Votre comparaison métallurgique ne m’échappe pas », répondit Aurora, en repensant aux bruits les ayant accueillis lors de leur première descende sur Calbeck. « Mais je prendrai ma leçon auprès du charpentier : mesurez deux fois, coupez une fois ».

elric:
LA SECONDE HARMONIQUE

Les principes mathématiques lient la réalité à la conscience.

Nemo
« Oui, qu’y a-t-il ? »

Sebastian s’assit, grimaçant face à la douleur qu’il ressentait encore dans sa poitrine. Sa main dériva spontanément vers la cicatrice en forme de croissant infligé par le rôdeur cryxien qui l’avait frappé. Sans l’intervention de Victoria Haley, Nemo serait sûrement mort parmi mes arbres austères du Bois d’Épines. Ses doigts glissèrent le long les lèvres de la cicatrice sur son ventre.

Nemo n’avait survécu que grâce à un miracle divin – ou plutôt, grâce à plusieurs miracles. Les efforts concertés de plusieurs prêtres morrowéens avaient finalement soigné sa grave blessure. Malgré leurs assurances, il savait au fond de lui même qu’il continuerait à ressentir la douleur de ses blessures jusqu’à sa mort.

Jusque-là, elles ne s’arrêtaient pas.

Il balança ses jambes sur le côté de son lit et sentit l’herbe froide sous ses pieds nus. Le surprenante sensation lui rappela que les renforts – et le conforts relatif de leurs chariot de ravitaillement, dont l’un, espérait-il, contenait son tapis – n’étaient pas encore arrivés.

Une torche se glissa sous le rabat de la tente. Nemo pinça l’arête de son nez et plissa les yeux vers l’ombre du soldat se tenant dehors. « Eh bien, qu’y a-t-il ? »

Les pieds de l’homme tremblaient. Le rabat de la tente s’ouvrit. Un soldat au visage frais regarda à l’intérieur. « Je demande pardon au général, je n’ai rien dit », déclara le jeune homme. « Monsieur ».

Les lèvres de Nemo se pincèrent, mais avant qu’il ne puisse formuler une réprimande, il réalisa que le garde n’était pas à blâmer. C’était le son de son prénom qui l’avait tiré de sa torpeur. Personne dans le camp – excepté l’effrontée Mags Jernigan, n’osait lui parler ainsi.

« Sebastian », croyait-il avoir entendu. Le reste s’était dissous avec le souvenir du rêve.

Était-ce Wilhelmina qu’il imaginait l’avoir appelé ? Madeleine ? Il s’efforça d’imaginer les visages de sa femme et sa fille. Cela faisait longtemps qu’il n’avait vu ni l’une ni l’autre, que sa mémoire transposait sur leurs traits ceux des autres – amantes, apprentis, collègues, amis, ennemis, incessant défilé de visages brièvement entraperçus, puis disparus.

Mina était décédée de la brèche du souffle quelque mois après avoir emmené Madi et abandonné leur maison. Il n’avait même pas été présent pour sa mort. Au lieu de cela, il était loin, à défendre le Cygnar.

Du moins, c’est ce qu’il s’était dit dans sa jeunesse. Maintenant, il était capable d’admettre que ce qu’il faisait réellement était de venger la mort de son frère mort sous son commandement. Les décennies avaient avaient refroidis ses besoins de punir les ennemis de Cygnar, de se montrer digne après son grand échec précoce. Ce qui restait était un réflexe très ancré de servir son pays au mieux de ses capacités.

Certains prenait cela pour du devoir. Nemo le prenait pour ce que c’était : une vieille habitude dont il ne pourrait jamais se défaire.

Même lorsque Maddie lui avait été rendue, il devint vite évident que Nemo ne pouvait pas s’occuper d’elle tout en restant au service du roi. Il l’avait envoyée être élevée par ses sœurs à Écupoint, pensant que c’était mieux ainsi. Lorsqu’il lui rendait visite, il la trouvait maussade et peu communicative, alors que les lettres de ses sœurs la décrivaient comme vivante et brillante. Une fois majeure, Maddie avait quitté la maison et juré de ne plus jamais parler à ce père ayant choisi la guerre plutôt que sa famille.

Nemo l’avait cherchée, bien sûr. Il l’avait écoutée, dans l’obscurité de la galerie supérieure, défendre sa thèse sur la littérature ancienne. Lorsqu’il avait qu’un jeune homme la courtisait, il s’était renseigné jusqu’à ce qu’il soit sûr de la personnalité de l’homme et de celle de sa famille. Il avait envoyé anonymement des cadeaux à l’occasion de leur mariage et des anniversaires de leurs trois enfants, deux garçons et une fille, jusqu’à ce qu’il apprenne que Maddie les jetait toujours.

Il lui avait presque parlé, une fois, bien après que ses propres enfants aient quitté la maison. De l’autre côté de la rue de la boutique de livres rares de Maddie à Corvis, il l’avait aperçue à travers la vitre de la devanture. La pluie avait dissous son image devant lui, mais il avait pu voir qu’elle l’avait aperçu. Il s’était empressé de partir, se sentant coupable d’être un voyeur. Il n’était jamais revenu depuis.

La seule image immuable qu’il conservait était celle des yeux bleus de Maddie fixés tel une paire d’étoiles polaires dans un ciel se dissolvait.

« Avez-vous besoin d’aide, monsieur ? » Demanda le garde.

« Non. Ferme le rabats! Tu laisse entre un courant d’air ».

Le fait même qu’il ait rêvé indiquait à Nemo qu’il avait dormi plus longtemps que prévu. Lorsqu’il travaillait sur un problème technique, il pouvait passer des semaines sans faire plus qu’une sieste occasionnelle. Après l’éprouvant voyage depuis Port Bourne et les préparatifs précipités pour attirer d’autres intrus dans son piège, son corps était épuisé.

Si seulement il pouvait calmer son esprit assez longtemps pour le laisser récupérer.

Tout en enfilant des bas de laine, Nemo se dit que son piège n’avait que partiellement réussi. Il avait espéré observer le chef de cette armée mécanique en action. Mais après sa brève rencontre avec les Cerbères, la warcaster volante était devenue prudente.

La technologie permettant à la warcaster et à ses gardes ailés de voler avait étonné même Nemo, qui avait d’abord examiné la science particulière du Culte de Cyriss à partir d’objets récupérés dans l’un de leurs temples souterrains abandonnés. Les étudier avait inspiré certains de ses propres perfectionnement sur des dispositifs telle le puissant Foudroyant. La similitude entre les dispositifs cyrissistes et ses propres créations voltaïques avait suscité une profonde curiosité chez Nemo, mais la défense de son pays lui laissait peu de temps pour poursuivre sa curiosité.

La guerre passe avant tout.

Nemo accepta le fait qu’il ne dormirait pas plus longtemps. Il enfila le reste de ses vêtements et sortit.

« Ou est le mess ? » Demanda-t-il.

Le soldat lui indiqua l’une des tentes camouflées. « Monsieur ! »

J’enfilerai mon armure à mon retour. Qu’un préposé soit prêt ». Il s’éloigna tandis que le soldat saluait.

À l’intérieur de la tente mess, un cuisinier de la patrouille ajoutait des flocons d’avoine et des pommes séchées dans une marmites bouillante, tandis qu’un autre qu’un autre préparait des pâton de pâtons de pain à cuire. Une dernière remarqua l’entrée de Nemo et se mit a préparer une théière.

« Tu te lèves tôt, vieil homme », dit Mags Jernigan. La mékanicienne était assis seule au centre d’une longue table du mess.

Nemo s’assit face à elle. « Tu te lèves tard, vieille femme ».

« Tu ne peux pas m’appeler comme ça », dit-elle. « Je suis née douze jours et demi après toi ».

« J’avais oublié ».

Un des hommes s’approcha et posa sur la table la théière en argent de Nemo et une assiette de biscuit. « Voulez-vous un petit-déjeuner, monsieur ? »

Nemo lui fit signe de partir.

Mags réquisitionna la théière et versa le thé pour Nemo. « Je n’oublierai jamais la fête d’anniversaire qu’ils ont organisé pour nous deux après la bataille de Bleeding Rock Gulch. J’avais parié avec Striker 100 couronnes que je te saoulerai avant la fin de la soirée ».

« J’avais oublié ça aussi ».

« C’est parce que j’ai gagné ! » Elle éclata de rire et frappa la table, faisant sauter les biscuits de l’assiette. « C’est un miracle que tu te sois souvenu de ton propre prénom le lendemain matin ».

« Tu exagères ».

« Pas beaucoup ». Elle pris l’un de ses biscuits et en prit une bouchée avant de le remettre dans son assiette. « Toi et moi, nous nous souvenons juste de choses différentes. Si je te donnais un crayon maintenant, je parie que tu pourrais dessiner les schémas du Patrouilleur-Tempête de mémoire. Mais je parie aussi que tu ne peux pas nommer la taverne où nous avons partagé une pinte pour la première fois ».

Nemo haussa les épaules et sirota son thé, prétendant qu’il s’en fichait tandis que son esprit luttait pour trouver ne nom de la taverne. Sans succès. Mags avait raison sur leurs différents souvenir.
Son anecdote lui rappela qu’il l’avait vue dans une robe soleil, montrant des épaule parsemées de taches de rousseur au lieu de tatouages. Il pouvait presque l’imaginer telle qu’elle avait été trente ans plus tôt, avant qu’elle ne perde sa jambe à cause d’un mortier khadoréen et ses seins à cause d’un cancer.

« Moi, par contre, je me souviens encore de l’époque où tu étais trop poli pour regarder mes seins ». Elle se servit une tasse dans la théière réservée à son usage exclusif. Si un autre officier subalterne avais commis une violation aussi insolente du protocole, Nemo l’aurait pelé. « C’est dommage que tu développe l’intérêt maintenant qu’ils ne sont plus là ».

« Je regarde tes tatouages », dit Nemo, presque aussi gêné qu’ennuyé. « Quand les as-tu eus ? »

« Environ un an après le cancer », répondit Mags. « Je préfère un bel ensemble d’engrenages aux cicatrices ».

« Ils te font ressembler à l’un de ces soldats mécaniques ».

« Toujours aussi charmeur. Tu vas me faire tourner la tête ».

« Est-ce que tous les cyrissiste ont de tels tatouages ?

Mags cligna des yeux deux fois mais rit ensuite. « Je suis allée à des réunions une ou deux fois. Cela ne fait pas de moi une disciple ».

Nemo fronça les sourcils en considérant sa réponse. Il y avait beaucoup de cyrissistes occasionnels à l’Académie de Stratégie Militaire et au sein du Syndicat des Ouvriers du Métal et de la Vapeur, et il y en avait encore plus parmi les Forges-Tempête, donc l’aveu  de Mags n’était gère choquant. D’après son expérience, cependant, les gens fournissaient plus d’informations pour faire taire que pour poser des questions. Il la fixa dans les yeux.

« Oh, allez, ‘Bastian, Les cyrrisistes ont invité tous les mékaniciens et les arcanistes à un moment ou un autre. Bon sang, j’ai entendu dire qu’ils t’avaient même invité quelques fois ».

« Et j’ai assisté à l’une de leur de leurs réceptions. À combien y as-tu assisté ? »

« Quatre », dit-elle en levant sa tasse. « Ce n’était pas – si tu me permets l’expression – mas tasse de thé ».

« Pourquoi pas ? »

« Il n’y avait pas assez de jeunes hommes costauds aimant les vieilles mékanicienne sans poitrine. Avec toutes les années que j’ai passé ici, l’armée pourrait m’équiper d’une paire mékanique ».

Nemo cracha, aspirant le thé chaud par le nez.

« Ou au moins une meilleure jambe », dit-elle. Son ton était devenu sérieux. « Tu pourrais m’aider avec ça, si tu le voulais. Un p’tit mot gentil pour moi ».

Nemo soupira et hocha la tête, essayant de ne pas laisser apparaître la culpabilité sur son visage.
Il avait promis à Mags de réduire les formalités administratives de la logistique et de déplacer son nom en haut de la liste d’attente, mais la vérité était qu’il avait oublié. Il y avait toujours une affaire plus urgente réclamant son attention. Elle avait supposé qu’il avait déjà intercédé, et il avait trop honte de lui avouer le contraire. « Je le ferai », dit-il. « Dès que nous aurons un moment de paix ».
« Promis ? »

« Promis ».

Mags hocha la tête, mais son sourire n’atteignit pas ses yeux. « Donc, à propos de cette histoire de Cyriss, il y a deux garçon dans le magasin qui en savent plus que moi. Tu veux que je te les envoie ? »

Nemo épongea sa moustache avec une serviette, reconnaissant que le geste lui permettait de couvrir son embarras, à la fois face à ses remarques grossières sur des seins manquants et à son chagrin de ne pas avoir fait plus pour l’aider à acquérir une meilleur prothèse. « Oui, après notre briefing ».

« Quel briefing ? » Demanda-t-elle.

« Celui que tu vas donner sur les soldats mécaniques », dit Nemo. « Il aura lieu dans la tente des cartes, et il débute dans une heure ».

* * *
Malgré lui, Nemo savoura le bruit de Mags courant jusqu’à l’atelier, mais il grimaça aux crissement que sa vieille jambe mékanique faisait entendre à chaque pas. Il aurait pu la réparer lui-même si seulement il avait pu dégager du temps pour quelque chose de moins urgent qu’une menace pour le pays. Bientôt, se promit-il, il trouvera ce temps. Bon sang, il fera d’elle la meilleure jambe mékanique de tout Cygnar. Malgré leur joyeuse guerre, Mags était plus qu’une amie pour lui. Elle était ce qu’il avait de famille proche.

Cette pensée fit naître un sentiment de culpabilité dans son estomac. Combien de promesse avait-il fait – et rompue – à sa famille ? Mags avait raison raison de lui donner du fil à retordre, même si elle prenait un plaisir indécent à le titiller.

Nemo se demandait parfois pour quoi il s’entourait d’incorrigibles comme Mags Jernigan et Ford Blackburn au lieu de soldats plus disciplinés. Il connaissait la réponse, même s’il n’aimait pas l’admettre. « L’exacerbation créée les joyaux. Vos meilleurs idées viennent toujours après que quelqu’un vous ait rendu grincheux ». C’est ce que Mina lui avait toujours dit, à l’époque où elle l’aimait encore.

C’était il y a mille ans.

Nemo chassa la nostalgie obscurcissant ses pensées. Il était crucial qu’il se concentre sur les problèmes actuels, et non sur ses échecs passés.

Alors que sa petite compagnie attendait des renforts des Port Bourne, Nemo se sentait vulnérable si proche de la force cyrissiste tenant Calbeck. Une partie de cela, réalisa-t-il, était purement une réaction psychologique aux vues extraordinaires des deux derniers jours. L’énorme tour au centre du village était un spectacle intimidant. Que quelqu’un puisse ériger une telle structure en secret était presque inconcevable.

Nemo avait employé une compagnie de mercenaires pour enquêter sur les rapports d’inhabituels warjacks dans la région, mais jusqu’à ce que la capitaine des Cerbères, Samantha MacHorne, lui ce qui se trouvait sur la rive sud du Fleuve du Dragon, il n’aurait jamais pu imaginer qu’une force ennemie avait pris pied dans son pays.

Nemo trouva le rabat de sa tente ouvert et Caitlin Finch l’attendant à côté du cadre portant son armure-tempête. Elle avait déjà enfilé sa propre armure, et elle ne le vit pas tout de suite, car elle couvrit une bâillement avec sa main. Elle transforma le geste en un salut intelligent dès qu’elle le vit se tenir dans l’entrée.

Nemo lui tourna le dos sans un mot. Finch savait quoi faire.

Malgré ses améliorations constantes, son armure personnalisée restait difficile à enfiler sans assistance. Finch mit en place ses bottes, ses crevasses et ses chausses en place, les fixant et revérifiant que les loquets encastrés et les assemblages conducteurs restaient au même niveau que la surface de l’armure.

Nemo enfila sa robe de combat et laissa tomber ses jupes à ses pieds avant de lever les bras pour recevoir le plastron. Après avoir fixé les gantelets, les brassards, les canons supérieurs et les épaulettes, il se prépara à recevoir le poids de la turbine arcanique. Ces jours-ci, c’était toujours plus lourd que prévu.

Nemo activa la turbine et sentit son champ statique passer des doigts invisibles sans ses cheveux. Sa moustache se hérissa et les derniers grains de sommeil s’évaporèrent de ses cils.

Finch recula, le visage figé dans la lueur bleue-blanche de l’aura électrique de Nemo. « Y a-t-il autre chose, monsieur ? »

« Briefing à l’atelier », dit-il en vérifiant sa montre. « Tu as juste assez de temps pour prendre un petit déjeuner rapide ».

* * *
Nemo attendit quelques secondes avant d’entrer dans la tente des cartes précisément à l’heure. Il fut satisfait de voir le Sergent Jernigan, la Chasseuse de Tempête Finch et le Major Blackburn l’attendre. Ils se tenaient entre le corps partiellement démonté d’un warjack ennemi et un soldat mécanique démantelé. À côté de chacun d’eux se tenait un cylindre de verre, le plus grand étant sombre, le plus petit brillant d’un bleu-blanc constant.

« Allez-y », dit-il sans préambule.

Mags tenait une main charnue au-dessus du soldat. « Tout d’abord, il n’y a pas de coeur énergétique, pas de foyer, pas de chambre tempête, rien que je puisse identifier, en tout cas ».

« Mais comment- ? » Commença Finch.

« Finch », dit Nemo. « On écoute. Poser des questions peut attendre ».

« Tu les choisis toujours fougueuse, n’est-ce pas ? » dit Mags.

« Poursuivez, sergent ».

« Ici », dit Mags, en retirant la plaque arrière d’un soldat mécanique. « C’est certainement une boîte de jonction. Non, avant que vous ne demandiez, ce n’est pas un générateur ».

« Où est la source d’énergie ? » Demanda Nemo.

« Ceci ». Mags toucha le cylindre bleu-blanc qu’elle avait retiré de la poitrine du soldat. Il brillait aussi intensément que lorsque Nemo avait vu pour les soldats mécaniques pour la première fois. « Les grands que nous avons extrait des warjacks se sont déjà estompés. Je suppose qu’ils font fonctionner les soldats bien plus longtemps que les grosses unités ».

« Combien de temps ? »

Elle secoua la tête. « Je ne peux pas vous le dire sans un véritable atelier, plus d’échantillons et plus de temps. Pour les warjacks, je parie qu’il s’agit d’heures, pas de jour. Certainement pas plus d’un jour ou deux. Ces gars ? Comme je l’ai dit, il n’y a aucun moyen de le savoir dans cet atelier de terrain ».

« Comment ces warjacks ont-ils capturé Calbeck s’ils ne peuvent opérer que quelques heures ? »

« Je n’ai pas encore trouvé la solution. Leurs boîtes de jonction semblent recevoir de l’énergie  ailleurs que de cette unité ».

« Recevoir ? » Cela suggère… »

« Ouais, la principale source d’alimentation est indépendante de leurs corps ».

« Transmise par la tour ? »

« C’est la possibilité la plus évidente. Qui qu’il en soit, il y a d’autres choses intéressantes ».

D’une petite caisse, Mags souleva la têt d’un soldat mécanique, et la connecta à un module en laiton et chrome qu’elle avait extrait de la poitrine. Elle ramassa le cylindre incandescent. Un capuchon brillait sous un visage gravé de Cyriss, que Nemo prit pour le devant. Au dos, il aperçut une plaque de contact qui correspondait à celle de la boîte.

Nemo pris le cylindre de Mags. « La source d’alimentation ? »

« C’est plus que cela », déclara Mags. Elle désigna les contacts correspondant sur la boîte et le cylindre. « Essaie ».

Nemo ajusta le cylindre sur la boîte. Alors qu’ils entraient en contact, il entendit un léger bourdonnement à l’intérieur du module thoracique. Les lentilles oculaire sur la tête du soldat restèrent sombres et vides.

Nemo posa le cylindre et alla chercher une paire de pinces étroites sur le plan de travail de Mags Il enleva la tête de ce qu’il commençait à considérer comme un axe de la colonne vertébrale et commença à dégager le métal de l’ouverture tordu par la foudre.

Une séquence de sons hachés jaillit de la boîte vocale. « Qu’est-ce que ça dit ? » Demanda Blackburn.

Nemo secoua la tête. Il n’avait pas saisi les paroles non plus, mais il était certain que c’étaient des mots. Il inséra un doigt dans le cou, cherchant une membrane noire terne qu’il avait aperçue plus tôt. Il trembla lorsque la voix s’exprima à nouveau.

« Épargnez-moi », dit-elle. « Je me soumets à la capture légale ».

« Vous pouvez m’entendre ? » Dit Nemo.

« Oui », répondit la voix.

Nemo désigna le chiffon sur l’épaule de Mags. Quand elle le lui tendit, il le drapa sur l’oeil brillant du soldat. Malgré les circonstances inhabituelles, cela n’avait aucun sens de lui permettre de voir ses ravisseurs ou le contenu de l’atelier. « Qui êtes-vous ? »

« Platon, réducteur de la 7ème Force d’Intervention Prioritaire de la Convergence de Cyriss.

Convergence, pensa Nemo. C’est ainsi qu’ils s’appellent eux-mêmes. Plus étonnante était la notion d’une création artificielle capable d’un discours cohérent. Nemo se doutait qu’il y avait d’autre chose, mais il demanda, « Vous êtes un automate mékanique ? »

« Mon corps l’est, oui. Mais je suis une personne, pas seulement un serviteur ou un vecteur. Veuillez informer la Numen de ma capture. Peut importe si mon corps est détruit. Gardez juste ma chambre d’essence intacte ».

« Les serviteurs sont les petits automates flottants, alors ? Et les vecteurs sont les plus grosses machines ? »

La voix hésita à peine avant de répondre, « Oui, c’est exact ».

« Monsieur ! » Un garde se tenait à l’ouverture de la tente. Derrière lui, Nemo remarqua le messager haletant à proximité. Il avait voyagé loin et vite. Il espérait que cela signifiait que des renforts arrivaient.

Nemo fit signe à l’homme d’entrer et accepta un parchemin scellé avant de le congédier. Il brisa le sceau et ne lu que les premiers mots avant d’entendre le sifflement de l’artillerie en approche.

« À couvert ! » Blackburn tira Finch vers le bas. Nemo et Mags se laissèrent tomber, abritant leurs tête sous la table des cartes.

« Et moi ? » Cria le captif. « Vous avez le devoir de protéger les prisonniers de- »

Le premier obus frappa profondément dans le camp. Après l’explosion, on entendit le bruit de la terre retombant en pluie et les cris des blessés. Alors que le bruit était clairement celui d’un mortier, l’explosion avait un caractère différent. Quelle que soit l’arme qui venait de frapper, elle ne ressemblait en rien aux mortiers khadoréens que Nemo avait que trop entendu.

« Devons-nous nous retirer jusqu’à ce qu’ils arrivent, monsieur ? » Demanda Blackburn.

« Non, major. Nous attaquons ».

elric:
Aurora
Aurora supervisait l’attaque depuis le bord sud du pont d’observation. Sabina se tenait à ses côtés, le reste de ses gardes du corps derrière elles. Loin en contrebas, les forces de la Convergence tiraient sur le camp cygnaréen.

Alors même qu’elle étirait ses pensées pour diriger les Encodeur dans leur bombardement, Aurora sentit la tension de Sabina. Aurora ne plaisantait plus en disant que ses gardes du corps étaient trop serrées. Les personnes ayant résidé dans des vaisseaux mécaniques aussi longtemps que Sabina trouvaient que ces calembours plus pitoyables que spirituels.
Numen, Lances-Tempête à l’est », dit Sabina.


Aurora les avait vu. Une douzaine de chevaliers à cheval avaient quitté le camp dans une évidente tentative de manœuvre de flanc. Avec leurs lance foudroyante allumées, il était impossible de les manquer dans la lumière du petit matin.

Plutôt que de retirer les Encodeurs, Aurora toucha l’un des vecteurs lourds. Elle fit passer son mortier servipod du mode bombardement à celui de fusée et tira un coup directement au-dessus de la cavalerie. Une fusée éclairante blanche descendit vers eux, moins pour diriger des tirs supplémentaires que pour leur rappeler à quel points ils étaient visibles.

Avec les encodeurs restants, Aurora continua à malmener le camp avec une combinaison de mortiers anti-personnel et de mortiers anti tranchée. Les obus pleuvaient parmi les tentes, projetant des éclats d’obus dans toutes les directions, abattants les soldats n’ayant pas réussi à s’abriter à temps. Ailleurs, les obus à charge pénétrante laissaient d’énormes cratères dans le sol, gênant les mouvements.

Un morceau tomba directement sur une tente, soufflant dans les airs des bouts de toile et un nuage de gazon. Aurora nota aucun signe de mobilier ou de restes humains dans la brève explosion. Une autre tente explosa à proximité également vide de contenu.

« Je le savais », dit-elle en se tournant vers Sabina. « Nemo n’aurait jamais pu déplacer une telle force aussi rapidement. Il a semé des leurres à travers le camp ».

« Tu as été sage de sonder les défenses, Numen ».

Au sud-ouest, les lances-tempête avaient éperonné leurs montures au galop, sans tenir compte de la fusée éclairante. Ils se précipitaient vers ma quadrant est de Calbeck, apparemment sans défense.

Aurora détourna son attention vers les vecteurs légers qu’elle avait cachés sous une épaisse ronce. Les serviteurs avaient fait un excellent travail de camouflage sur les têtes et les torses des machines à trois pattes.

Aurora pris en premiers le contrôle des Diffuseurs. Les bras articulés des vecteurs leurs donnaient l’apparence de Galvaniseurs, un modèle similaire dédié à la réparation, amis cette impression était aussi trompeuse que le feuillage les dissimulant. Aurora ciblait l’ennemi à travers les capteurs des Diffuseurs, calculait la trajectoire optimale de ses projectiles et tirait avec ses armes à ressort. Les piques déchiqueteuses à tête chercheuse volèrent dans des trajectoires parfaites, faisant exploser le bouclier d’un homme et empaler deux des autres cavaliers.

L’esprit d’Aurora sauta ensuite vers l’Atténuateur, ne se distinguant physiquement des Diffuseurs que par son châssis supérieur et son arme à distance. Sa chambre d’hurlon bourdonnait tandis que les bolas tournaient à l’intérieur, il vola en hurlant vers la cavalerie, son filet à lame enveloppant les jambes de deux chevaux, déchiquetant la chair des animaux. Les montures hurlèrent et chutèrent, entraînant leurs cavalier avec elles. Dans leurs luttes, ils ne firent qu’agraver leurs blessures.

En d’autres circonstances, Aurora aurait laissé les vecteurs charger pour achever le travail. Elle pouvait entendre la tension dans les membres de ses anges se penchant en avant, impatients de se joindre au conflit. Mais ce n’était pas un assaut, se rappela Aurora.

Ce n’était qu‘un test.

Le hurlement d’une mitrailleuse s’éleva d’une tranchée à la limite du camp cygnaréen. Aurora ressentit un éclair d’irritation en réalisant que ses serviteurs n’avaient pas réussi à repérer à la fois la tranchée et la présence d’un canon lourd. Qu’est-ce qu’ils auraient pu manquer d’autre ?

La colère réchauffa à peine ses joues avant de se transformer en un pincement de culpabilité. Elle connaissant parfaitement les limites de serviteurs lorsqu’elle leur avait confié la tâche d’éclaireurs. Contrairement aux vecteurs, qu’elle contrôlait directement, ou aux soldats et prêtres mécaniques autonomes, les serviteurs étaient limités par leurs algorithmes de réponse à la situation. Ils ne pouvaient héberger que les listes les plus succinctes d’ordres conditionnelle encodées à partir des petites feuilles de laiton leur fournissant leurs instructions. Même les serviteurs les plus avancés ne pouvaient pas approcher la capacité d’une âme vivante à comprendre ce qu’elle voyait et à relayer cette information de manière convaincante.

Aurora aurait du envoyer des troupes de reconnaissance dans le camp avant de monter son opération de sauvetage, mais elle avait concentré son attention sur l’infortunée mission de récupération. Le résultat était un mauvais renseignement sur le camp ainsi que la perte d’un autre Moniteur et de huit de ses réducteurs.

Même sans le Premier Préfet Pollux pour le lui rappeler, Aurora savait qu’elle ne pouvait s’en prendre qu’à elle-même pour ces erreurs.

« Numen, Commandos », dit Sabina. Elle pointa vers l’ouest, à l’orée des bois où Nemo avait tendu une embuscade à son équipe d’intervention.

Au début, Aurora ne remarqua rien, puis elle perçut le faible mouvement d’hommes à travers les bois. Si l’automne n’avait pas dépouillé les feuilles, ils auraient peut-être été invisibles depuis la terrasse d’observation.

« Dois-je avertir le Recenseur Prime Septimus ? »

« Non », répondit Aurora. Elle avait ordonné au prêtre mécanique de garder ces troupes en réserve pendant qu’elle employait les vecteurs pour sonder les défenses de Nemo. « Nous garderons les soldats en place derrière les Encodeurs. Je veux voir comment ces cygnaréens réagissent aux serviteurs réflexes.

Confiante qu’elle entendrait cette réaction lorsqu’elle se produirait, Aurora reporta son regard vers l’est.

Tandis que la cavalerie survivante se retirait hors de portée de l’Atténuateur et des Diffuseurs, deux des lances-tempête démontèrent et coururent vers les cavaliers tombés L’un d’eux avait besoin d’aide pour marcher, mais tous deux avaient échappé à leurs montures tombées.

Malgré leurs efforts, les sauveteurs ne purent libérer les chevaux des filets à lames. Aurora conserva le visage impassible alors que les chevaux tombés se débattaient, les lames s’enfonçant plus profondément dans leurs jambes. Lorsque l’inutilité de la fuite devint évidente, l’un des sauveurs leva sa lance et tira un coup de grâce dans le crâne d’un cheval.

Aurora tressaillit. Elle jeta un coup d’oeil subrepticement sur le côté pour voir si Sabina avait remarqué sa réaction à la mort de l’animal. Si elle l’avait fait, elle n’en trahissait aucun signe.

Après avoir euthanasié le second cheval, les sauveteurs prirent la fuite à pied. Si elle les laissait battre en retraite sans être inquiétés, Nemo pourrait la croire faible.

Elle reporta son attention sur un Diffuseur, cibla un des hommes retraitant, et tira. Une pique à tête chercheuse lui transperça la poitrine et fit tomber son corps mou au sol.

Alors que la lance échappait de sa main, quelque chose se tordit dans les tripes d’Aurora. Elle n’arrivait pas à décider si elle trouvait juste ou pathétique qu’il soit le seul à mourir après avoir sauvé ses hommes et abattu leurs chevaux.

Dans les deux cas, elle n’avait pas donné l’apparence d’être faible.

Un éclair attira le regard d’Aurora vers le centre du camp cygnaréen. Le Foudroyant était en mouvement. Alors qu’il traversait le camp, deux paires de warjacks plus petits arrivèrent à ses côtés. Aurora les reconnut grâce à ses plaques d’identification qu’elle avait étudiées. C’étaient des Lanciers et des Lucioles. Les premiers étendraient la portée des sorts de leur warcaster, tandis que les seconds pourraient tirer des éclairs , tout comme le Foudroyant et son responsable.

« Où est Nemo ? » dit Aurora. Elle plissa les yeux vers le terrain mais ne put le repérer.

Aurora imagina que la main de la déesse avait dirigé Sebastian Nemo vers ce premier important conflit avec la Convergence. Le Recenseur Prime Septimus avait dit à Aurora que des cyrissistes de plusieurs factions de Caspia avait fait des démarches répétées au général Artificier. Un esprit aussi vif aurait fait un magnifique ajout à la direction.

Ou un splendide triomphe pour celui qui le vaincrait.

« Le voici », répondit Sabina.

Nemo et son assistante sortaient de derrière une longue tente. Un peloton de Lame-Tempête suivait, leurs glaives s’enflammant pendant qu’ils couraient.

Le Foudroyant sauta la tranchée suivi un instant plus tard par les Lucioles et les Lanciers. Les plus petits warjacks tenaient dans leur main droite des électro-vouges grésillantes ou des lances de guerre. Sur le bras gauche des Lucioles étaient montés des blasters-tempête, la foudre scintillant déjà le long des bobines des armes. Les Lanciers levèrent leurs boucliers et coururent devant les autres warjacks, s’exposant à une charge des Encodeurs.

Aurora ne se laisserait pas prendre à un autre piège. Elle étendit ses pensées pour ordonner aux Encodeurs de battre en retraite. Cette fois, Nemo devrait venir à elle.

Avec son apprenti à ses côtés, Sebastian Nemo sauta la tranchée derrière les warjacks. Durant un instant, il sembla planer au-dessus du vide, ses cheveux dressés et illuminés par la foudre partant des bobines dans son dos jusqu’à la tête de son bâton mékanique.

Cette brève image coupa le souffle à Aurora. Par deux fois maintenant, elle avait aperçu les cheveux blancs comme neige de son ennemi. Une fois, elle avait même été assez proche pour remarquer les profondes rides de son visage vieilli. Elle se demandait comment quelqu’un d’aussi vieux pouvait paraître aussi vif, en aussi bonne forme physique.

Les Lames-Tempête suivirent le warcaster au-delà de la tranchées, glaives ou lanceurs-tempête dans les bras. L’instant d’après, les pionniers sortirent de leur cachette, les carabines brandies, et avançant en biais, laissant de la place entre eux pour le servant de la mitrailleuse cuivre leur avance.

Alors que les vecteurs se retiraient, Septimus ordonna à ses obstructeurs de se positionner devant eux. Une fois devant les vecteurs, les soldats mécaniques entrelacèrent leurs boucliers festonnés pour former un mur de boucliers. Il se tenaient là, fléaux télescopiques levés, prêts à écraser quiconque s’approcherait de leur ligne.

Aurora retourna ses pensées vers les Encodeurs, ajustant leur visée pour tirer sur les cygnaréens avançant. Les explosions faisant pleuvoir de la terre et de l’herbe sur le Foudroyant et les Lucioles, mais aucun ne fut touché directement.

Un vrombissement silencieux indiqua à Aurora que Sabina agrandissait sa vision alors qu’elle observait les warjacks. Pour la millième fois, Aurora pleura ses yeux de mortelle. Elle aurait dû apporter une longue vue, mais la porter à ses yeux ne ferait que rappeler à sa garde du corps son corps charnu.

« Pas même une égratignure », déclara Sabina.

Une autre volée de servipods bombardiers oblitéra deux pionniers, peignant leurs camarades les plus proches en rouge et noir.

Une explosion dans le bois est attira l’attention d’Aurora. Une autre suivit, cette fois avec le craquement et le cri agonisant d’un arbre abattu. Au milieu de la clameur des branches claquant, les cris des commandos pensant s’approcher sans être détectés. Les serviteurs réflexes avaient remplis leur fonction, détectant leur mouvement et volant droit vers les hommes pour exploser à l’impact.

Nemo leva son arme. À côté de lui, son apprentie fit de même, guidant la foudre depuis les bobines galvaniques du warcaster et la dirigeant vers le Foudroyant devant eux.

Un cercle flamboyant de runes apparut autour du corps de Nemo, tournant lentement tandis qu’il s’emplissait de puissance arcanique. De son bâton et de sa main vide, des éclairs bondirent vers le ciel et disparurent. La tempête voltaïque réapparut à l’extrémité de la ligne cygnaréenne avançant, d’où elle jaillit de l’un des Lanciers.

L’éclair se dirigea vers l’obstructeur le plus proche, soulevant le soldat mécanique du sol dans une hideuse danse avant de sauter vers le suivant. Le deuxième soldat tint bon alors que la foudre noircissait son bouclier, et la foudre continua de voyager le long de la ligne. Avant qu’elle ne disparaisse, deux obstucteurs étaient au sol, tandis que les autres refermaient les espaces afin de conserver leur mur de protection.

Avant que l’esprit d’Aurora n’ait pu assimiler la rapidité de l’attaque, la tempête de Nemo jaillit à nouveau, cette fois du Lancier opposé. La chaîne d’éclairs partit du warjack pour démolier cinq des réducteurs de Pollux.

Les lucioles firent feu ensuite, les éclairs jaillissant de leurs blasters-tempête. Chacun d’eux fit vaciller une autre paire d’obstructeurs, noircissant et faisant fondre leur armure. Les défenseurs tirent bon, mais Aurora savait qu’ils ne pourraient pas résister à beaucoup d’autres attaques de ce type.

Le Foudroyant leva ses bras, paumes bleues ouvertes vers l’Encodeur le plus proche. Des arcs électriques bondirent à travers ses bobines galvaniques, coruscant chaque bras bleu pour converger en un points entre ses mains étendues. Là, les éclairs se concentrèrent pendant un instant avant de bondir vers l’Encodeur.

Des rivets surchauffés éclatèrent du corps de l’Encodeur. L’un de ses bras fur secoué et parti en vrille. Il vola à travers le champ jusqu’à ce que sa pointe sur piston s’enfonce profondément dans le sol et y reste plantée telle une bannière.

« Une telle puissance », dit Sabina.

« Il faut que je descende », déclara Aurora.

« Numen, vous venez de voir de quoi il est capable. Vous devez rester à l’écart ».

Aurora sauta du pont d’observation. Ses ailes déployées attrapèrent l’air et guidèrent sa course avant même que le champ de vol ne s’installe. Ses gardes du corps bondirent après elle, leurs propres ailes mécaniques contribuant à peine à leur vol.

Alors qu’elle plongeait vers le conflit, Aurora fit appelle mentalement au Moniteurs à l’est et aux Moniteurs en réserve. Les vecteurs répondirent instantanément. Aurora pouvait presque sentir les bolas tranchants et leurs scies elliptiques s’enclencher. Ils ne feraient qu’une bouchées de l’infanterie de Cygnar.

À la vue d’Aurora et de ses anges mécaniques descendant du nexus astrométrique, Septimus fit signe à la majeure partie de ses troupes d’avancer.

Avec le premier préfet Pollux à leur côtés, les réducteurs tenaient bon, les  projecteurs d’essaims levés pour tirer sur tous ceux étant à sa portée.

Des éradicateurs au torse épais s’avancèrent pour défendre les réducteurs. Aurora pouvait presque entendre les lourdes lames de leurs boucliers protéiformes lorsqu’elles se déployèrent pour transformer les boucliers en armes mortelles.

Les réciprocateurs suivaient de près, leurs propres boucliers prêts à s’imbriquer pour former un autre mur ou à guider leurs longues hallebardes par-dessus les éradicateurs devant eux.

« Numen, je vous prie, reculez », cria Sabina. « Permettez-nous de vous défendre de tous côtés ».

« Non », cria Aurora. « Nemo a démontré ce qu’il peut nous faire. Maintenant nous allons lui montrer ce que nous pouvons lui faire ! »

Aurora mena ses anges dans une charge sur les Lames-Tempête. Alors qu’elle levait son arme, elles se mirent en formation d’attaque derrière elle. Des années d’entraînement et de combat les avaient affinées pour en faire une arme unifiée, avec Aurora à sa pointe.

Les chevaliers levèrent leurs glaives trop tard pour se sauver. Aurora fit tournoyer son bâton polynomial dans une configuration mortelle, frappant tous les hommes à sa portée. La plupart d’entre eux tombèrent, les crânes défoncés, les membres brisés ou sectionnés. Ceux qui survécurent tombèrent sous les lames binomiales des anges.

Aurora poursuivit son vol, balayant ses propres lignes de front avant que les forces  cygnaréennes ne puissent contre-attaquer.

« Numen ! » S’écria Sabina. « Nous devons nous retirer maintenant ! ».

Aurora lui lança un sourire d’incrédulité. « Tu es sérieuse ? Après ce qu’on vient de leur faire ? »

« Numen, regarde ! » Sabina pointa du doigt.

Un nuage de poussière s’élevait au sud-est. Autour des bois à l’est , une ligne de Lances-Tempête chargeant. À eux seuls, ils constituaient une redoutable mais pas insurmontable force.
La véritable menace suivait derrière eux.

L’infanterie et les chariots venaient derrière les cavaliers, ainsi que plusieurs warjacks lourds voyageant par leurs propres moyens. Même d’un coup d’oeil, Aurora put remarquer qu’ils étaient approvisionnés, chargés et prêts pour la bataille.

L’illusoire armée de Nemo devenait rapidement trop importante.

Aurora calcula silencieusement ses chances en se basant sur les informations existantes. Si elle déployait toutes ses forces, elle écraserait sûrement les forces actuelles de Nemo, mais pas avant l’arrivée des renforts cygnaréens.

Elle pesa le danger de lancer une attaque immédiate contre la probabilité d’épuiser ses forces au point de ne plus pouvoir défendre le nœud de réalignement contre les autres.
Dans son hésitation, les pionniers de Nemo tirèrent une fulgurante volée contre ses troupes. Quelques-unes, précédemment endommagées par la foudre, tombèrent, mais d’autres réciprocateurs restèrent debout, boucliers verrouillés. Les réducteurs et les éradicateurs se tenaient prêts à charger sur son ordre.

Ou battre en retraite.

Aurora se rappela qu’elle n’avait pas besoin de détruire Nemo pour le vaincre. Le temps était de son côté.

Elle changea de cap, volant à basse altitude pour appeler Septimus. « Toutes les forces se replient en formation ».

Le prêtre obéit, relayant l’ordre aux premiers préfets, qui transmirent les ordres aux préfets de chaque escouade.

Aurora raccourcit la portée des mortiers des Encodeurs et déclencha une nouveau barrage. Cette fois, elle laissa une ligne de cratères juste devant l’ennemi avançant. Comme la fusée précédente au-dessus de la cavalerie, ce n’était pas une attaque mais un avertissement. Elle avait tracé une ligne dans la terre battue.

La question était de savoir si Nemo la franchirait.

De l’autre côté du terrain, Nemo leva la main. Il aboya un ordre. Elle ne put entendre ses paroles, mais elle vit ses officiers les relayer de part et d’autre de la ligne d’attaque. Il atteignit les deux extrémité qu’Aurora réalisa avec un choc à quel point elle avait été proche de les vaincre.

Elle jura entre ses dents, mais il était trop tard pour changer d’avis. Les cygnaréens se retirèrent dans leur camp. Si elle devait poursuivre, elle devait poursuivre, elle devrait également faire face à un nombre incertain de renforts.

Aurora retourna au nœud de réalignement. Elle avait débuté l’escarmouche comme un test, mais elle pouvait sentir le désir de victoire monter dans son ventre. Stopper l’attaque des cygnaréens n’était pas le triomphe qu’elle avait envisagé, mais les tenir à distance était un pas de plus vers le succès dont elle avait besoin.

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