ROYAUMES D’ACIER > Background – Histoire des Royaumes d’Acier
Roman - Poudrière
elric:
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Campement Cygnaréen, Llael Libre, 28 Solesh, 611 AR
STRYKER SE TROUVAIT À LA TÊTE d’une longue colonne de soldats et de warjacks. Ils serpentaient derrière lui sur plus d’un kilomètre à travers le paysage meurtri llaelais. Bien que la Résistance contrôlait cette partie du pays, les preuves de l’agression khadoréenne étaient visibles partout. Ils passaient souvent devant les ruines de petits villages, et il y avait un sentiment permanent de vide mettant Stryker mal à l’aise.
Maddox chevauchait à côté de Stryker, luttant pour contrôler son cheval et jurant tout bas. Elle n’était pas une habile cavalière et sa monture servait simplement à la transporter. Comme la plupart des Lames-Tempête, elle combattait à pied.
Lui aussi avait passé une grande partie de sa carrière militaire au sein de l’infanterie, mais ces dernières années, il avait appris à apprécier la cavalerie. Il s’était battu à de nombreuses reprises parmi les Lances-Tempête, ces cavaliers lourds cygnaréens équipés de mortelles électro-lances capables de générer de dangereux éclairs. Sa propre monture avait été spécialement élevée pour porter la lourde barde la protégeant de cela, ainsi que le considérable poids d’un warcaster en amure complète. Autant Stryker était ravi de contrôler un warjack, autant il y avait quelque chose à dire que le fait de balancer une lame depuis le dos d’un cheval de guerre entièrement bardé.
Ils suivaient le fleuve et la ville de Croix-des-Fleuves se profilait au nord-est. Les triples tours du pont de la Grande Porte apparaissaient, de grands monolithes de pierres lourds renforcées par un blindage d’acier suffisamment solide pour repousser les tirs de canons légers. Stryker se retourna vers la colonne, surplombée par deux Murs-Tempête, des warjacks de dix mètres de haut propulsés par une combinaison de vapeur traditionnelle et d’énergie galavanique. Chacun d’eux était armé de deux canons lourds, d’une paire de mitrailleuse à grande vitesse et de poings chargés d’énergies voltaïque capables de détruire un bâtiment. Ils étaient impressionnants, terrifiants pour l’ennemi, mais il fallait les approcher suffisamment pour qu’il soient efficaces, et les Conquêtes d’Harkevich avaient une meilleure portée avec leurs propres canons.
Ils pouvaient déjà entendre le bruit sourd des canons khadoréens, ainsi que le gémissement strident des obus d’artillerie tombant. Des éléments de l’Armée Cygnaréenne, principalement des pionniers, étaient allés de l’avant, préparant des emplacements d’artillerie et mettant en position des warjacks lourds armés d’armes à longue portée - comme les Défenseurs et les Chasseurs. Leur tâche serait simple : tirer suffisamment de projectiles sur les khadoréens pour offrir à Stryker et à ses Lances-Tempête une chance de s’approcher suffisamment pour charger sur le pont. Derrière lui viendrait Maddox, à la tête de l’infanterie Lame-Tempête et des fusiliers pionniers, pour occuper les tireurs embusqués khadoréens dans les tours.
Stryker freina sa monture et fit signe aux Lances-Tempête derrière lui de faire de même. Chacune montait un cheval de guerre lourdement bardé comme le sien, et tous étaient des chevaliers des plus habiles, à la fois avec leurs dévastatrices lances et avec la demi tonne du cheval le portant. L’un des chevaliers se détacha des autres et s’approcha de Stryker.
« Colonel », déclara Stryker, « ils vont nous lancer tout ce qu’ils ont quand nous attaquerons ce pont, et vous et moi devons faire un trou assez grand pour que Maddox et ses Lames-Tempête puissent passer à travers.
Bartlett répondit : « Tant que les ‘jacks peuvent nous faire un trou, tout cela fait partie du job d’une journée, Seigneur Général. Chevauchez droit dans les dents des canons et des tireurs embusqués et essayer de ne pas vous faire tuer ». Elle sourit.
Stryker rit. Il avait toujours aimé le colonel ; elle avait un sens de l’humour sinistre la rendant très populaire auprès des autres chevaliers. Elle était aussi une véritable meurtrière à la lance et à l’épée. « Ne vous inquiétez pas, Maddox et moi allons faire notre trou ».
« Pensez-vous que le Général Magnus s’en est sorti ? » demanda Maddox, se déplaçant inconfortablement sur sa selle. « Je n’ai pas envie de me prendre un bain dans le fleuve. Il a l’air glacial ».
« Pas moyen de le savoir », déclara Stryker. « Mais je répondrai ceci, malgré mes réserves sur son caractère, le Général Magnus est l’un des combattants les plus ingénieux de Caen ».
Bartlett ricana. « Quand il se bat pour le Cygnar ; sinon, c’est un dangereux et sanglants tueur mercenaire ». C’était l’autre raison pour laquelle Stryker aimait le colonel – elle partageait sa haine pour le général récemment gracié.
« Comme je l’ai dit lors du briefing, s’il échoue, nous aurons tous des ennuis. J’attends au moins de lui qu’il s’efforce de sauver sa propre vie ».
Maddox lui lança un regard désapprobateur. Il était clair qu’elle ne pensait pas qu’il était approprié de parler d’un autre officier, même de Magnus, devant ses subordonnés. Il tut le reste de ce qu’il voulait dire – elle avait raison, comme d’habitude. « Maddox, avance et assure-toi que le reste des Lames-Tempête sont prêtes pour l’assaut ».
« Ils le seront, monsieur », répondit-elle, puis elle éperonna son cheval et partit.
« Prêt, Colonel ? » demanda Stryker à Bartlett et il regarda derrière elle les vingt Lances-Tempête attendant leurs ordres. Leurs visières étaient relevées, leurs armures bleu vif brillaient sous le soleil du matin. Ils étaient affûtés et enthousiastes, tout comme leur commandant.
« Absolument, Seigneur Général. Faisons gronder le tonnerre ».
* * *
STRYKER AVAIT SOUVENT ENTENDU l’expression « Au combat, il n’y a pas de loi ». Il n’avait jamais été d’accord avec cela ; il y avait de nombreuses lois et règles régissant la guerre. Ce qui manquait, c’était la notion du temps. Au combat, on n’avait pas le temps. Il avait déterminé que le monde rétrécissait et que le flux des minutes et des secondes semblait disparaître, nous laissant dans un vide intemporel où la vie et la mort se mesuraient en fonction de l’habilité, du temps de réaction et de la chance.
La dernière partie de cette équation s’était manifestée à vingt verges du pont. Bartlett et lui chargèrent le petit talus devant le grand pont, les Lances-Tempête chevauchaient derrière eux en un coin serré, les obus d’artillerie cygnaréennes sifflant par-dessus leur tête. Il aperçut l’un des Conquêtes à l’extrémité du pont, à travers les doubles herses des tours leur barrant le passage – un monstre d’acier rouge et de canons noirs – se retournait, les doubles canons sur son dos pivotant dans leur direction. Il entendit la tonitruante explosion de ses tirs, et puis plus rien.
Il s’était préparé à l’impact, s’attendant à une bouffée de chaleur et de pression. Au lieu de cela, il entendit Bartlett rire alors qu’ils parcouraient les dernières verges jusqu’au pont. Elle pointa du doigt devant eux. L’énorme obus du Conquête dépassait du sol telle un javelot court et gros. Un raté.
« Si ce n’est pas un signe de Morrow, je ne sais pas ce que c’est », cria Bartlett.
Stryker espérait qu’elle avait raison. Il tourna son attention vers les trois warjacks se déplaçant devant eux, deux Défenseurs armés de canons longs et de marteaux lourds disruptifs et Arsouye armée uniquement de ses poings. Stryker avait fait déboulonner le marteau sismique de sa main droite. C’était tout simplement trop dangereux d’avoir une telle arme sur un pont truffé d’explosifs. La déception d’Arsouye d’avoir perdu son marteau était évidente alors qu’il balançait son bras droit d’avant en arrière avec irritation.
Il y avait une centaines de verges de pont entre eux et la première tour. La herse était abaissée, et derrière elle, Stryker pouvait voir les imposantes formes rouges des Troupes de Choc Man-O-War, d’expérimentés chasseurs enfermés dans une armure à vapeur découplant leur force et leur résistance. Ils étaient prêts à intervenir si les cygnaréens venaient à percer une brèche dans la tour. La tour s’élevait au-dessus de sa tête, trapue et bardée d’acier. Des canons de fusils sortaient des nombreuses fentes parsemant sa surface. Les projectiles de ces armes pleuvaient sur les Défenseurs, mais leur blindage était trop lourd pour que les tirs d’armes légères puissent les affecter, et les projectiles ricochaient sur eux.
Les warjacks atteignirent le pont avec Stryker avec ses Chevaliers-Tempête juste derrière eux, et les Conquérants ne tiraient plus sur eux de peur frapper le pont et de le faire s’effondrer.
Stryker joignit les Défenseurs et leur ordonna de s’arrêter à trente verges de la porte. Feu ! Exhorta-t-il, et la double détonation de leurs canons retentit. Les lourds projectiles défoncèrent al herse et les trois Man-O-War s’y trouvant ; ils se désagrégèrent en morceaux d’armure et de chair sanglante.
« Attrape-les, Arsouye », prononça Stryker dans sa barbe et le Cuirassé lâcha un jet de vapeur triomphant avant de foncer sur la porte. Les Man-O-War se remettaient encore des explosions des Défenseurs, ce qui permit à Arsouye d’atteindre la porte, Le warjack enroula ses mains autour des barreaux de la herse et tira. L’acier gémit et plia sous la titanesque force d’Arsouye, et la porte fini par se détacher.
Pousse-là, encouragea Stryker et Arsouye plaqua son poids sur la herse détachée, la faisant tomber dans la cour sous la tour. Il invoqua sa magie et jeta un sort de bouclier sur Arsouye, juste au moment où les Man-O-War ouvraient le feu sur le warjack avec leurs canons boucliers. Une demi-douzaine de projectiles frappèrent Arsouye, mais son épais blindage et le sort de Stryker annulèrent la plupart des dégâts. Stryker envoya alors les Défenseurs se précipiter à l’intérieur, et derrière lui, il entendit les rafales saccadées des mitrailleuses du Cyclone tandis que Maddox parsemait la tour de balles, forçant les tireurs embusqués à se cacher à l’intérieur ou à être mis en pièce.
« Baissés lances », cria Stryker, haussant la voix pour se faire entendre la cacophonie du bombardements d’artillerie. À côté de lui, les Lances-Tempête abaissèrent leur électro-lances en position. Il ne maniait pas de lance, mais il place Vif-Argent dans la même position.
Ils étaient à dix verges de la herse, et ils lancèrent leurs montures au galop.
Le gémissement cyclique des mékanismes voltaïques à l’intérieur de chaque Lances-Tempête hurla à l’unisson, et vingt et un éclairs d’électricités bleue brillante jaillirent des chevaliers chargeant. Stryker ajouta la décharge électrique de Vif-Argent à la volée, poussant sa volonté dans l’explosion, augmentant son intensité grâce à sa force arcanique. Les éclairs crépitèrent autour des warjacks à l’intérieur de la cour et percutèrent les Man-O-War, tuant ou blessante une demi-douzaine d’entre eux.
Puis ils passèrent à travers l’arche de la tour et pénétrèrent dans une vaste cour. Les Man-O-War avaient verrouillé leurs boucliers en ligne serrée contre les trois warjack, mais ils étaient tout simplement dépassés. Arsouye avait remplacé son marteau manquant en saisissant un Man-O-War d’une main et en utilisant le malheureux khadoréen comme une massue, fracassant le corps armuré du soldats contre les ennemis l’entourant, et transformant rapidement son arme de fortune en une épave réduite en bouillie.
Les Lances-Tempête frappèrent ensuite et Stryker fut le premier à atteindre un ennemi. Il dépassa Arsouye et abattit Vif d’un brutal coup, portant toute sa force et l’élan du cheval dans la frappe. Le Man-O-War qu’il visait leva son bouclier pour parer le coup, mais Vif le traversa de part en pat, son tranchant arcanique transperçant l’acier et pénétrant dans le casque du khadoréen, lui tranchant la tête en deux.
Les Lances des Chevaliers derrière lui étaient presque aussi efficaces. Il jeta un coup d’oeil à sa droite alors que Bartlett embrochait un Man-O-War, soulevant du sol près d’un quart de tonne d’homme et d’armure. Ce fut un coup mortel, mais il brisa sa lance en deux, ne lui laissant que la poignée en forme de hache pour se défendre.
Ils avaient traversé les rangs de Man-O-War, tuant de nombreuses personnes. Ils avaient également subi des pertes : trois Lances-Tempête avaient été abattues par les redoutables Exterminatrice khadoréennes, des armes conçues pour pénétrer le blindage des warjacks. Au-dessus d’eux, les tirs des tireurs embusqué reprirent alors que Maddox, les rangs des Lames-Tempête et les deux Cyclones remontaient le pont derrière la charge initiale de Stryker.
Il y eut un moment chaos rouge tandis que la cour s’embrasait. Les hommes et les chevaux hurlaient, le choc de l’acier sur l’acier résonnait, et la puanteur des décharges voltaïques se mêlait de manière nauséabonde à la saveur cuivrée du sang. Les warjacks faisaient des rages sur l’ennemi et bientôt les corps écrasés de Man-O-War jonchèrent la cour.
Maddox et ses forces pénétrèrent dans la cour peu après la fin de la bataille, bien que ses Cyclones soient restés à l’extérieur, parsemant la tour au-dessus de rafale de mitrailleuse. « Ils vont débuter le bombardement de cette tour », déclara-t-elle. Les Conquètes et plus d’une demi-douzaine de warjacks Destroyers plus petits étaient visibles à l’autre bout du pont, à travers les herses des tours restantes. « Je suis sûre qu’ils discutent de la valeur de la vie des hommes se trouvant à l’intérieur ». Elle désigna l’étage de la tour au-dessus d’eux, où se trouvaient jusqu’à cinquante soldats et tireurs embusqué khadoréens.
Stryker hocha la tête. « Alors faisons venir les warjacks ici. Je veux des Défenseurs dans cette tour immédiatement pour donner matière à réflexion à ces Conquêtes.
Les yeux de Maddox prirent un regard vide et lointain Elle se connectait aux cortexes des warjacks lui étant assignés. Après quelques secondes, elle revint à elle. « Compris, monsieur ». Stryker observa la tour suivante. Comme la précédente, la herse était abaissée, et il pouvait voir des formes rouges se déplacer derrière elle. Plus loin, il pouvait voir les troupes khadoréennes, la Garde des Glaces, apparemment, traverser le pont en direction de la deuxième tour.
Des pionniers remontaient le pont derrière Stryker. Ils sécuriseront la tour, élimineront les derniers tireurs embusqué et aideront à la tenir pendant que Stryker avancera. « Les renforts son en route », dit Stryker à Maddox. « Une fois que nous nous serons emparé de la seconde tour, avancez et continuer à bombarder les Conquêtes à partir de là ».
« On va se frayer un chemin dans la ville, hein ? » dit Maddox. « Cela vous semble-t-il un peu trop facile de prendre cette tour, monsieur ? »
« Oui », déclara Stryker. « Harkevich nous veut sur le pont. Si les choses tournent mal aux deux tours suivantes, où doit le trouver le gros de ses forces, il peut tout faire sauter, nous éjecter dans le fleuve et réduire ses pertes ».
« C’est aussi ce que je pense », dit Maddox.
« Avec un peu de chance, Magnus mettra un frein au plan d’Harkevich ». Il essayait de donner l’impression qu’il le croyait. Les chevaliers autour de lui avaient besoin d’entendre ça. Il se tourna vers Bartlett. « À cheval ».
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À l’Est de Croix-des-Fleuves, Llael Occupé
ASHETH MAGNUS SE SENTAIT NU ET VULNÉRABLE sans son armure de warcaster. Il l’avait laissé derrière lui parce qu’avec elle il serait immédiatement reconnaissable, et la furtivité était désormais la clé.
Ils avaient trouvé une section du mur extérieur côté ouest de Croix-des-Fleuves qui n’avait pas été réparée. Ils avaient attendu que le bruit de l’artillerie vienne troubler l’air matinal, puis étaient entrés, lui et dix autres hommes. Il en avait emmené trois cents avec lui de l’autre côté du fleuve ? Mais ils patientaient en réserve à environ à un kilomètre six cents mètres de la ville, attendant le signal pour attaquer la ville une fois que les explosifs sous le pont auraient été désamorcés.
Il était accompagné de neuf de ses meilleurs éléments, dont Harrow,et d’un seul capitaine Lame-Tempête en colère avec lequel le Seigneur Général Stryker l’avait enchaîné. Tews était un soldat compétent – il avait servi comme Lame-Tempête pendant près de vingt ans – mais il n’était avec eux que pour une unique raison. Il était le chien de garde de Stryker. Magnus comprenait les motivations du seigneur général, mais il aurait préféré envoyer ce mage balisticien llaelais, di Brascio, à la place. Au moins il avait quelques notions de furtivité et d’opérations secrètes. La vitesse et la discrétion étant primordiales, Tews s’était débarrassé de sa volumineuse armure Lame-Tempête et de son glaive-tempête pour se vêtir d’un indescriptible cuir bouilli et maniait une grande épée caspienne. Le poids et les dimensions de l’arme étaient similaires à ceux de son glaive-tempête.
Ils étaient à l’intérieur de la ville, accroupis dans les ruines d’une petite maison. Il avait envoyé Harrow et trois de ses meilleurs éclaireurs en reconnaissance de la zone et déterminer le nombre de soldats présents.
Ses genoux lui faisaient mal, son dos lui faisait mal, et seule la lourde attelle à sa jambe droite lui permettait de marcher sans boiter du tout. Ce n’était là qu’une partie du tribut que les années de guerre et d’exil avaient fait payer à son corps. Son armure apportait un certain soutien à ses membres meurtris, mais sans elle, le poids de ses cinquante-cinq ans reposait sur ses épaules. Il fléchit sa main mékanique, fronçant les sourcils en entendant les légers grincements qu’elle émettait. L’un des relais galvaniques avaient besoin d’être ajusté ; il faudrait qu’il s’en occupe bientôt.
Magnus leva les yeux et remarqua que le Capitaine Tews le regardait depuis l’autre côté de la pièce jonchée de décombres, ses yeux profondément enfoncés étant remplis d’un mélange de colère et de dégoût. C’était un regard auquel Magnus s’était habitué depuis son retour en Cygnar. « Quelques chose vous préoccupe, Capitaine ? »
« Je me souviens quand et pourquoi vous avez eu ce bras, Général », répondit Tews.
« C’est vrai » dit-il d’un ton égal.
« Je m’en souviens parce que vous étiez à deux doigts de m’abattre, moi et toute mon escouade », dit-il en haussant le ton.
Certains des hommes de Magnus remuèrent et leurs mains se posèrent sur leurs armes. C’étaient tous d’anciens mercenaires, promus à différents grades parmi les pionniers à sa demande. Ils lui étaient fidèles et ils tueraient pour lui sans doute aucun. Il leva sa mains, celle encore de chair et de sang. Tews avait besoin de se défouler. Mieux valait le laisser faire maintenant que pendant le travail plus délicat qui l’attendait.
« Vous souteniez un renversement violent du roi légitime, Capitaine Tews », dit Magnus en souriant.
Il aurait tout aussi bien pu frapper le grand Lame-Tempête. Tews se leva, les poings serré sur le côté. Magnus maintint sa position. « Tu te souviens de cette partie ? »
« Nous avons renversé un tyran », répondit Tews, la mâchoire serrée. « Un tyran que vous avez servi sans poser de questions. Nous avons rendu le Cygnar meilleur, plus fort ».
Magnus se leva, refusant de grimacer à la douleur sourde traversant ses articulations. « Avez-vous vraiment amélioré le Cygnar ? » demanda-t-il. « Je pense que vous avez simplement déclenché une séquence d’événements ayant conduit à une guerre civile et davantage de morts cygnaréens ».
« Ce n’est pas vrai ». Les yeux de Tews s’enflammèrent. « Vinter était un monstre. Nous avons sauvé des vies en vous écartant du pouvoir, lui et vous ».
Magnus soupira. Il avait eu ce même argument plus de fois qu’il ne voulait l’admettre. Peu importe ce qu’il faisait maintenant ou peu importe que Julius lui fasse confiance, il ne serait jamais accepté par des hommes comme Tews. Ils avaient trop enduré, perdu trop d’amis. C’était fatiguant, un lourd fardeau que Magnus voulait simplement déposer pour se consacrer à rendre à Cygnar sa grandeur.
« Très bien », dit-il. « Vous avez exprimé ce que vous aviez à dire. Vous vous sentez mieux ? Allez-vous maintenant suivre mes ordres comme un vrai soldat ? »
« Je suis les ordres du Général Stryker », dit Tews. « Pas les vôtres ».
« Dois-je rappeler la chaîne de commandement ? Je suis un général nommé par le roi légitime de Cygnar. Votre roi. Vous suivrez mes ordres lorsque le général n’est pas présent. Vous pouvez me détester, vous pouvez maudire mon nom. Bon sang, si ça peut vous aider à vous sentir mieux, vous pouvez remplacer ‘monsieur’ par ‘salaud de traître’. Je m’en contre-fou. Mais ce que nous faisons ici est bien plus grand que toutes ces conneries mesquines semblant vous obséder, vous et … d’autres au sein de l’Armée Cygnaréenne. Êtes-vous d’accord avec ça, Capitaine ? »
Tews le regarda fixement, mais après un moment, il hocha lentement la tête.
Un mouvement détourna les yeux de Magnus du Lame-Tempête. Harrow et les trois hommes qu’il avait envoyés avec l’ancien mercenaire étaient de retour. Ils entrèrent discrètement dans la maison en ruine.
« Rapport », prononça Magnus.
« Comme vous l’avez dit, général », répondit Harrow. « L’attaque de l’autre côté du fleuve a regroupé la plupart des troupes de la ville dans la moitié est de Croix-des-Fleuves ».
« Bien. Nous bougeons immédiatement. Stryker doit avoir pris la première tour à l’heure qu’il est ».
Harrow pencha la tête. « Vous pensez que c’est le cas ? » La question n’était pas une question de militaire de carrière ; c’était une question de mercenaire. Elle exprimait le doute, voire le mépris. Magnus n’était pas le seul à avoir des cicatrices causées par Stryker.
« Le seigneur général est un chef compétent », déclara Magnus. Il le croyait, mais Stryker aurait pu être bien plus que cela. « Il réussira ».
« Eh bien, il appris des meilleurs, monsieur », dit Harrow avec un sourire en coin.
Tews laissa échapper un rire bref et aigu, attirant à nouveau l’attention de Magnus sur lui. Magnus soupira. « Alors, Capitaine, allez-vous suivre mes ordres ou dois-je vous laisser ici ? »
Les lèvres de Tews se retroussèrent de dégoûts et il serra les poings, mais il répondit : « Je suivrai vos ordres ».
Magnus sourit. « Je suivrai vos ordres quoi ? »
« Je suivrai vos ordres, espèces de salaud de traître … monsieur ».
« Excellent », répondit Magnus. « Allons-y ».
* * *
LES BRUITS ASSOURDISSANTS DE L’ARTILLERIE et le gémissement strident de leur chute mortelle emplissaient l’air à mesure qu’ils se rapprochaient de la Grande Porte. Ils avaient atteint la partie de la ville qui était en grande partie intacte et n’offrait que peu de couverture immédiate. Cependant, les rues étaient encombrées par les habitants fuyant les combats. Il n’était pas difficile de se déplacer parmi les citoyens paniqués et d’éviter l’attention des nombreux soldats khadoréens. Avec leurs armures et leurs armes quelconques, ils ressemblaient à des mercenaires comme il y en avait tant à Croix-des-Fleuves.
Les khadoréens avaient bâti un mur d’enceinte autour de l’entrée de la Grande Porte, et ils avaient fortifiés le corps de garde pour en faire une imposante structure de pierre recouverte d’acier.
Les troupes khadoréennes grouillaient autour d’elle, et trois imposants warjacks Juggernaut, un mortel moyen de dissuasion, se tenaient près de l’entrée. Au-dessus du mur d’enceinte se dressaient les formes gigantesques de deux Conquêtes. Magnus n’avait jamais vu de près l’un des gigantesques warjacks ; ils étaient impressionnants. Pour ponctuer ce point, les deux colosses tiraient avec leurs doubles canons montés sur la coque. Même à une centaine de verges de distance, l’onde de pression de la décharge lui faisait claquer les dents.
Ils étaient suffisamment proches pour que les troupes khadoréennes les remarquent s’ils s’approchaient. Il y avait un no man’s land bien défini entre la ville proprement dite et la grande porte.
« Là ». Magnus désigna une ruelle étroite entre deux bâtiments. Son petit groupe se fraya un chemin à travers la foule et disparut dans la ruelle. C’était le milieu de la matinée, mais il y avait suffisamment d’ombres pour les cacher à un simple coup d’oeil.
« Mon dieu, nous ne passerons pas à travers ce mur », dit Harrow.
« Ce n’est pas notre objectif », dit Magnus. « Les explosifs sont sous le pont ».
Il se tourna vers l’un des hommes de son groupe, un ordique grand et grêle au visage sérieusement brûlé. Il s’appelait Xavius, et comme Magnus, c’était un autre exilé, un homme qui avait été contrait de gagner sa vie en dehors des limites de la loi. Xavius avait été membre de l’Ordre du Creuset d’Or, un groupe d’arcanistes étudiant l’alchimie, la mékanique et d’autres connaissances ésotériques. La spécialité de Xavius était les explosifs, et les décombres carbonisés de la salle de la guilde de l’ordre à Corbhen témoignaient de son talent et de la raison pour laquelle son adhésion avait été révoquée de force.
« Xavius, jetons un œil à cette carte », dit Magnus.
L’alchimiste fouilla sous son plastron et en sortit un morceau de papier roulé, l’étala et l’aplatit contre un mur voisin. C’était un croquis tiré du plan de Croix-des-Fleuves, et il montrait le plan de la Grande Porte. Plusieurs croix avaient été tracées sur le pont – les endroits les plus probable pour les explosifs.
« Si je voulais faire péter le pont, c’est ici que je poserais les explosifs », dit Xavius. Sa voix tremblait, mais ne ce n’était pas de peur. C’était d’excitation. Xavius aimait son travail, peut-être trop. De plus, la perspective d’un agent alchimique attaché aux explosifs ne faisait qu’accentuer l’impatience de l’homme.
« Comment pouvons-nous les atteindre ? » demanda Tews. « Ils sont sous le pont ».
Xavius semblait confiant. « Nous n’avons pas besoin de les atteindre tous, juste un. Harkevich dois les faire exploser à distance, donc ils sont probablement reliés entre eux et câblés à un dispositif central de détonation sur le pont. Si nous parvenons à atteindre le premier, nous pourrons désactiver le premier, nous pourrons désactiver le dispositif de liaison et les désarmer tous ».
« Cela fait beaucoup de ‘si’ », déclara Tews. « Et s’il y a plusieurs détonateurs ? »
Xavius rit. « Un autre ‘si’ ? Les khadoréens ne sont pas si intelligents ». Tews n’avait pas l’air satisfait. « Magnus, c’est un pari trop important ; nous risquons tout sur l’intuition de cet homme ».
« J’en suis venu à faire confiance aux intuitions de Xavius, et il connaît son métier », dit Magnus. « S’il dit qu’ils sont tous reliés, je le crois. Vous devriez en faire autant ». C’était une demi-vérité. Xavius connaissait son métier, mais l’ordique fou serait probablement tous aussi satisfait de faire détonner les explosifs que de les désarmer.
« Celui-là, juste là, est le plus proche », dit Harrow en pointant une croix sur la carte, indiquant un explosif sous l’un des principaux piliers de soutien les plus proche du rivage. « Le kit d’escalade est assez solide, mais nous devons amener Xavius là bas sans qu’il se fasse tirer dessus.
« Je peux faire quelque chose », dit Magnus. « Je vais l’accompagner. Les autres, trouvez un abri près de la rive. Nous pourrions avoir besoin de vous pour faire diversion ».
« Quel genre de diversion ? » demanda Tews.
« Faites en sorte qu’ils vous tirent dessus, Capitaine, pour qu’ils ne nous tirent pas dessus », répondit Magnus.
Tews blêmi, mais il acquiesça.
« Tout le monde à compris ? » demanda Magnus. Hochement de tête. Il sortit sa montre à gousset. « Nous avons environ trente minutes pour y parvenir ou Harekvich envoie Stryker dans le fleuve ».
« Pourquoi se presser, alors ? » dit Harrow en souriant, suscitant un regard meurtrier de la part de Tews.
« Cela suffit », prononça Magnus. « Si le seigneur général ne réussit pas, nous serons piégés derrière les lignes ennemies. À quel point as-tu envie de te familiariser à nouveau avec les méthodes de torture khadoréennes ? »
Le sourire disparut du visage d’Harrow. « Je pense avoir tout appris de ces foutus bâtards la dernière fois ».
Magnus se détourna. « Capitaine Tews, vous prenez le commandement pendant que Xavius et moi rendons sur le pont ».
Tout le monde eut l’air choqué, mais Tews était l’officier supérieur, et malgré l’aversion de la Lame-Tempête pour Magnus, Tews était fiable.
« L’heure tourne, messieurs », poursuivit Magnus. « Allons-y ».
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À l’Est de Croix-des-Fleuves, Llael Occupé
LE HURLEMENT DES MITRAILLEUSES DES CYCLONES fut le bienvenu lorsque Stryker et les Lances-Tempête sortirent de l’abri de la première tour pour se diriger vers la troisième, après s’être occupé de la deuxième. La surface devant lui se couvrit d’étincelles lorsque des centaines de balles s’y écrasèrent. Certaines balles rencontrèrent plus que de l’acier et de la pierre, et quelques canons de fusil en saillie disparurent par diverses fentes.
Malgré le tir de couverture des Cyclones, le bouclier arcanique de Stryker s’illumina autour de lui alors que les balles le frappaient. Certaines d’entre elles pénétrèrent, mais le champ d’énergie généré par la turbine arcanique dans son armure draina suffisamment de leur énergie cinétique mortelle pour qu’elles ne pénètrent pas l’armure en dessous.
L’attaque de la deuxième tour s’était déroulée de la même manière que la première. Ils avaient percé une brèche dans la herse, livré une bataille furieuse dans la cour sous la tour et avaient été victorieux. Ils avaient perdus plus d’hommes, mais le fait de tenir deux tours lui avait permis de déplacer plus d’hommes et de warjacks sur le pont. Maddox et ses warjacks, dont les Défenseurs et leurs canons à longue portée, tenant la deuxième, Stryker avait plus de chances de s’emparer de la troisième et dernière tour. Le problème, c’est qu’ils s’en sortaient bien, ils gagnaient, et cela signifiait que la décision d’Harkevich de faire exploser le pont devenait de plus en plus facile à prendre chaque minute passant. Stryker était forcé de faire confiance à Magnus, et cela ne lui convenait pas.
Il ne pouvait, cependant, pas s’inquiéter de Magnus maintenant, alors il laissa son esprit s’entraîner dans le chaos familier du combat. Arsouye chargeait à leurs côtés, de la fumée s’échappant derrière le grand warjack en un flot noir. L’enthousiasme, voire la joie, du warjack face à la bataille s’annonçant été contagieux, et le lien qu’ils partageaient. Arsouye faciliterait le travail lors de la dernière tour.
Ils étaient presque arrivés à la troisième tour. Il ordonna la charge et envoya Arsouye à l’assaut de la herse, mais contre attente, celle-ci se releva. Le mouvement déconcerta Stryker un moment, puis il comprit.
Le Kommandeur Izak Harkevich était un homme imposant avec une longue barbe noire et, alors qu’il sortait sur le pont, son armure de warcaster cramoisie brillait dans la lumière du soleil matinal. À ses côtés se trouvait un tout autant imposant warjack, dont la coque était peinte en noir. Stryker reconnut le châssis, un Destructeur, la bombarde à longue portée installée sur son bras gauche ne laissait aucun doute. Cependant, ce warjack avait été personnalisé ; au lieu de la hache que la plupart des Destructeurs maniait de leur main droite, l’appendice droit de celle-ci avait été remplacée par d’épouvantable griffes déchiqueteuses.
Les Man-O-War sortaient derrière le warcaster khadoréen et formaient une ligne devant lui, leurs canons boucliers pointant vers les Lances-Tempête chargeant.
Il n’eut pas le temps d’interrompre la charge et Stryker serra les dents lorsque le bras d’Harkevich se leva puis s’abaissa brusquement. L’enfer se propagea de bouclier en bouclier de Man-O-War tandis que leurs canons se déchargeaient, et derrière eux, le warjack d’Harkevich y allait du sien. Il y eut un moment de silence inquiétant qui sembla étirer le temps tandis que les obus se dirigeaient vers leur cibles en hurlant.
Les obus frappèrent, et Stryker sentit plus qu’il ne vit l’une des explosions frapper Valorous, son cheval, sous lui. Puis il s’envola en avant, en apesanteur, alors que la force le propulsait dans les airs. Il percuta le sol trois mètres plus loin, son armure et son champ d’énergie absorbant la plus grande partie de l’impact, mais pas la totalité. Son souffle s’échappa de ses poumons et il entendit les épouvantables cris des chevaux et des hommes déchiquetés par les explosions.
Il essaya d’entrer en contact avec Arsouye, mais son cerveau n’était qu’un mélange de douleur et de panique. Le grand warjack n’était pourtant pas étranger à la guerre, et Stryker et lui avaient combattu ensemble pendant plus d’une décennie. Arsouye se dressa soudainement au-dessus de lui, inclinant son châssis pour dévier les balles et même les obus d’artillerie visant son maître.
Stryker reprit rapidement ses esprits et se releva. De nombreux Chevaliers-Tempête étaient à terre, y compris Bartlett, mais il n’avait pas le temps de compter les morts. Les Man-O-War avançaient pour achever le travail.
Stryker se tourna vers les autres warjacks de son groupe de bataille, poussant les Cyclones vers l’avant. Maddox devrait avoir vu ce qui s’était passé, mais ses warjacks mettraient du temps à arriver, et Harkevich tentait maintenant d’éliminer la tête de l’Armée Cygnaréenne d’un seul coup.
Stryker attrapa Vif-Argent au sol où elle était tombée et se retourna pour remarquer le mur d’armure rouge se rapprocher d’eux. Il ordonna aux Cyclones d’ouvrir le feu avec leurs mitrailleuses, mais les boucliers verrouillés des Man-O-War déviaient suffisamment les balles pour que peu des guerriers lourdement armés meurent. Au milieu des Man-O-War se trouvait Harkevich en personne, armé d’une masse mékanique à l’aspect brutal brillant d’un bleu glacial. Son warjack le suivait de près.
« À moi ! » cria Stryker. « Formez une ligne ! »
Les Chevaliers-Tempête restants répondirent à son appel et se dirigèrent vers lui. Un rapide décompte lui apprit qu’ils étaient sept. Sept contre quinze Man-O-War, un warjack et un warcaster.
Ils réussirent à former une ligne de bataille irrégulière avant que les khadoréens ne les attaquent. Stryker para un coup d’exterminatrice et donna un coup de pied à son propriétaire, le faisant reculer. Il envoya Arsouye en avant, et le warjack frappa un Man d’un coup de poing, et le khadoréen s’envola du pont se noyer dans le fleuve en contrebas.
Stryker frappa avec Vif-Argent, fendant un bouclier Man-O-War et l’homme derrière lui. Il essaya d’atteindre Harkevich, et à sa grande surprise, le warcaster l’y aida.
Il vit à travers les yeux d’Arsouye que le warjack avait trouvé son propre
homologue et avait engagé le Destructeur d’Harkevich. Stryker canalisa une partie de sa volonté dans les frappes initiales d’Arsouye contre le ‘jack ennemi, et la coque de la machine khadoréenne se déforma sous les coups. Il continua à déplacer les Cyclones jusqu’à la tour, les mitrailleuses détruisant la maçonnerie et empêchant les soldats khadoréens de leur tirer dessus. Puis il recula et se concentra sur Harkevich.
Ils étaient au milieu des combats et un cerce de combattants s’était formé autour d’eux. Stryker ne put dire si c’était intentionnel, mais il n’y avait nulle part où fuir. Il jeta un coup d’oeil en arrière ; les warjacks et les troupes cygnaréennes se précipitaient vers eux, mais Harkevich avait manifestement prévu cela. Du sommet de la tour derrière lui jaillit une brillante flamme orangée – d’autres Man-O-War tirant aux canons boucliers sur les cygnaréens chargeant. Le warcaster khadoréen avait décidé de risquer de bombarder le pont s’il parvenait à paralyser l’offensive cygnaréenne ici même. Les obus étaient imprécis mais efficaces en masse, et l’avancée cygnaréenne fut stoppée un moment pour éviter ce qui était essentiellement un peloton d’exécution ci-dessus. Stryker exhorta les Cyclones à concentrer leurs tirs sur les Man-O-War au sommet de la tour. Ils ne parvenaient pas à former correctement un mur de bouclier là-haut et étaient obligés de se mettre à l’abri de la pluie de balles.
Harekvich se précipita en avant, visant la tête de Stryker avec sa masse.Il était rapide pour un homme de grande taille, et Stryker plaça Vif-Argent en garde haute pour repousser le coup, tournant son corps pour en atténuer l’impact. Il riposta en faisait pivoter son poignets et en ramenant Vif-Argent autour de lui pour lui asséner un coup de taille au niveau de l’abdomen de son ennemi. Harekvich fit un bond en arrière, mais un peu trop lentement, et la lame de Stryker se heurta au champ d’énergie du warcaster, pénétra, et racla le plastron du khadoréen, laissant une ligne blanche éclatante.
Harkevich sourit, ses dents blanches visibles à travers l’enchevêtrement de sa barbe noire.
« Joli coup, Seigneur Général », dit-il dans un cygnaréen avec un fort accent. Puis le warcaster khadoréen se précipita en avant, des runes magiques se formant autour de sa main gauche tandis que sa droite abattait sa masse en un coup à la tête.
Le sort frappa en premier, une explosion glaciale de vent arcanique traversa le champ d’énergie de Stryker puis son épaulettes gauche, coupant et gelant la chair en dessous. Il tituba en arrière, la douleur la forçant à retirer une main de Vif-Argent alors qu’il la levait pour parer la masse d’Harkevich. L’arme du khadoréen s’abattit, traversant la parade de Stryker et s’enfonçant dans son plastron. L’acier se froissa, enfonçant des éclats de métal dans sa chair, et il fut projeté en arrière.
Stryker atterrit lourdement à quelques pas d’Harkevich et la force du coup le sauva. Il avait eut le temps d’invoquer sa propre magie. Des runes apparurent autour de son corps, et il pointa son poing vers Harkevich, qui chargeait pour finir le travail. Des éclairs bleus jaillirent du poing tendu de Stryker, et des éclats d’électricité tombèrent du ciel autour d’Harkevich ; l’un d’eux le frappa à la poitrine et le fit chanceler, son armure fumant. D’autres éclairs frappèrent deux Man-O-War à proximité. L’un d’eux tomba, son corps secoué par les terribles affres de l’énergie voltaïque.
Stryker se releva et invoqua à nouveau sa magie, remplissant ses membres de fureur et de force mystique. Il chargea, frappant Harkevich d’un coup d’épaule alors que le warcaster se tournait vers lui. L’impact envoya des étincelles d’agonie dans son bras blessé, mais il eut l’effet escompté. Harkevich recula en chancelant et sa garde baissa un instant. Vif-Argent sortit. La lame décrivit un arc de cercle et mordit la jambe droite d’Harkevich au-dessus du genou. L’acier s’ouvrit, puis la chair en dessous, et la lame de Vif-Argent cogna contre l’os.
Harkevich ne cria pas, ni même céda du terrain. Au contraire, il serra les dents et frappa Stryker au visage avec point ganté. Le cartilage du nez de Stryker craqua et du sang chaud éclaboussa son visage. Il trébucha, ses yeux se brouillant alors qu’ils se remplissaient de larmes. Il leva Vif-Argent pour repousser Harkevich, mais le warcaster s’éloignait en boitant à travers la ligne de Man-O-War, qui se resserraient les rangs derrière lui.
Stryker décida de retrouver Arsouye et la peur l’envahi. Le cortex du warjack n’était qu’une faible étincelle, et non le vibrant brasier qu’il était habituellement. Il ne pouvait pas voir à travers les yeux du warjack, alors il utilisa les siens. Arsouye était allongé sur le flanc, le warjack khadoréen noir se tenant au-dessus de lui. Stryker pouvait sentir les dégâts subis par Arsouye – d’énormes déchirures dans la coque du warjack, les circuits hydrauliques coupés dans les deux jambes et le bras droit. Arsouye était à deux doigts de la casse.
Stryker s’avança vers son ‘jack. Le warjack khadoréen se repliant avec Harkevich et les Man-O-War. Les Chevaliers-Tempête survivants les laissant partir.
Une nouvelle canonnade provenant du sommet de la tour attira l’attention de Stryker vers le haut. Les Man-O-War bombardaient toujours les cygnaréens avançant, bravant les mitrailleuses des Cyclones, mais les cygnaréens progressaient malgré tout, et maintenant Maddox, flanqué de deux Défenseurs, apparut à travers la fumée et les nuages de débris. Les Défenseurs tirèrent ensemble, et le sommet de la tour éclata en une pluie de maçonnerie. L’un des Man-O-War, trop proche du bord, tomba en avant, s’écrasant sur le pont quinze mètres en contrebas. Il s’écrasa telle une météore rouge, explosant dans une pluie d’armure et de sang.
« Sortez Arsouye d’ici », cria-t-il tandis que Maddox se précipitait vers lui. Son visage pâlit lorsqu’elle vit les blessures de Stryker, mais elle directement elle cria des ordres. Il avait déjà perdu Valorous, et il n’allait certainement pas abandonner Arsouye.
La herse de la troisième tour s’abattit derrière Harkevich battant en retraite, et Stryker comprit que sa victoire ici lui coûterait cher. Il n’y avait aucune raison pour que le warcaster khadoréen ne fasse pas sauter le pont maintenant.
« Dépêche-toi, Magnus », murmura Stryker dans l’air enfumé.
elric:
- 23-
À l’Est de Croix-des-Fleuves, Llael Occupé
MÊME SI LA PERTE DE SON BRAS lui faisait souvent mal et lui rappelait d’autres choses qu’ils avait perdues, il y avait des moments où Magnus était reconnaissant de la force mékanique de son remplaçant. Il était actuellement suspendu à une solide corde sous un massif pont de pierre, le tonnerre des canons et des coups de feu ébranlant les fondations de la structure au-dessus de lui. Il tenait la corde avec sa main mékanique, laissant sa force supporter la plus grande partie de son poids.
Xavius et lui étaient attachés à un harnais d’alpiniste, quelque chose qu’un homme utiliserait pour escalader un flanc de montagne. La corde fonctionnait tout aussi bien sous le pont, et les pitons forgés par les rhuliques s’enfonçaient dans pierre d’un simple coup de marteau. Les khadoréens avaient été suffisamment distraits par l’attaque ci-dessus pour ne pas l’avoir remarqué, lui et l’ancien alchimiste du Creuset d’Or escalader le dessous de leur pont et, ce n’était pas un geste de salutations entre voisins. Les petites faveurs sont des bénédictions, pensa-t-il.
« Tu le vois ? » lança-t-il à Xavius, qui se balançait à quelques pas sous le tablier le pont au dessus de lui.
« Oui », répondit l’ordique. « Mais ce ne sont pas des explosifs khadoréens ».
« Je m’en fiche. Désarme juste cette foutue chose ».
Xavius ne dit rien pendant un moment, et le pont trembla à nouveau, cette fois non pas à cause des tirs, mais du lourd pas des warjacks. Les choses devenaient sans doute désespérées là-haut. « C’est plus compliqués que ça. Les explosifs sont connectés, mais ils sont beaucoup plus sophistiqués que je ne l’avais prévu ».
« Combien de temps ? » Pas le temps de s’attarder sur les implications de la découverte de Xavius.
« Dix minutes », répondit Xavius.
Magnus laissa pendre sa montre à gousset pour pouvoir y jeter un coup d’oeil. Ils auraient peut-être ce temps, ou bien il finiraient ses jours suspendu au-dessous d’un pont juste avant qu’il ne lui tombe sur la tête.
« Cesse de causer et bouge ton cul », dit-il.
Une soudaine pluie d’éclats de pierre s’abattit sur le visage de Magnus, tandis qu’une balle ricochet sur le pont à quelques centimètre de sa tête. Il fut soudainement très conscient de l’absence du champ d’énergie généré par son armure de warcaster. Il baissa les yeux. Un groupe de Garde des Glaces se tenait sur le rivage, leurs fusils pointés sur lui.
Il invoqua rapidement sa magie, les runes se formant autour de son corps en une barrière protectrice. Il laissa le sort englober Xavius, et le contour du corps de l’ordique vacilla et devint flou et indistinct. D’autres balles claquèrent sous le pont, manquant leur cible mais remplissant l’air d’éclats de pierre.
« Tu sais faire quelque chose à ce sujet ? L’interpella Xavius, irrité. Il s’accrochait au pont telle une araignée géante, son visage pressé contre ce que Magnus devinait être suffisamment d’explosifs pour le réduire à l’état de brouillard rouge.
Magnus ne répondit pas ; au lieu de cela, il dégaina son canon à main de son étui de la main gauche et visa. Il avait laissé son tromblon derrière lui, sachant que la portée accrue du canon à main serait plus utile. Un autre projectile le rasa et Magnus aperçut l’un des Gardes des Glaces sur le rivage. Il canalisa sa puissance arcanique dans le tir et sa visée se stabilisa. Sa cible était à deux cents verges – un tir incroyablement difficiles dans des circonstances normales. Il pressa sur la gâchette et l’arme aboya dans sa main. La lourde balle, guidée par sa magie, trouva sa cible. Le chef des Gardes des Glaces recula brusquement et il s’effondra au sol.
Le canon à main de Magnus, bien que puissant, était un modèle à un coup, et il ne voulait pas lâcher la corde dans autre main pour recharger. D’autres tirs retentirent d’en bas, mais ils ne visaient ni lui ni Xavius. Un autre membre de la Garde des Glaces s’effondra au sol. Trois hommes chargeaient sur l’étroite bande de plage en direction des gardes – ils étaient en infériorité numérique, mais Magnus ne doutait guère qu’Harrow, Tews et un autre de ses hommes, un ex-Tête d’Acier, ne feraient qu’une bouchée des soldats. Il avait une vue plongeante littéralement, sur le massacre qui s’ensuivit.
Tews n’avait pas pris la peine de dégainer son arme et il abattit le premier Garde des Glaces qu’il rencontra – le khadoréen avait tenté de parer la grande épée caspienne à l’aide d’une hache courte. Tews trancha la hache, puis le cou de l’homme derrière elle. Harrow abattit deux gardes avec son arme à répétition, et Silus s’était occupé du dernier avec son tromblon.
Harrow fit signe de main à Magnus après la mort du dernier garde. Ils restèrent sur la plage, probablement au cas où d’autres troupes khadoréennes se présenteraient. Vu le bruit sur le pont, Magnus ne pensa que cela soit probable.
« Où en es-tu avec cette foutue bombe ? » appela Magnus.
« J’y suis presque » répondit Xavius. « Nous avons de la chance. Le relais du détonateur est connecté à celui-ci. Si je peux l’enlever … Voilà ».
« Tu as fini ? »
« Pas tout à fait. Je veux embarquer l’appareil avec nous ».
« Attends. C’est une mauvaise idée. As-tu identifié l’agent chimique ? »
« Je l’ai fait, et crois-moi, Général, tu voudras voir ça ».
D’autres coups de feu retentirent en bas. Magnus s’avait qu’il s’était trompé, et maintenant ce n’était plus seulement d’autres gardes en route. Des Man-O-War escortaient ce qui semblait être un duo de tireurs embusqué prendre des positions de tir. Harrow, Tews et Silus battirent en retraite, déchargeant leurs armes sur l’ennemi au fur et à mesure.
Magnus rengaina son pistolet et sortit Pourfendeur. « Xavius, nous devons partir maintenant. Tu sais nager ? »
L’ordique le regarda, les yeux écarquillés. Magnus ne lui laissa pas le temps de répondre et trancha les cordes qui les retenaient au pont.
Ils chutèrent.
elric:
- 24-
À l’Est de Croix-des-Fleuves, Llael Occupé
UNE ÉRUPTION VERTE BRILLANTE S’ÉLEVA AU-DESSUS de la ville de Croix-des-Fleuves et une vague de soulagement déferla sur Stryker. C’était le signal qu’il attendait. Magnus l’avait fait.
Le médecin s’occupant des blessures de Stryker grogna d’irritation. « Monsieur, s’il vous plaît, restez tranquille », dit-il. Il avait retiré l’épaulière gauche de Stryker et s’occupait de la blessure en dessous. Le sort d’Harkevich avait à la fois gelé et coupé la chair, et le médecin faisait de son mieux pour refermer la plaie. Stryker avait laissé Maddox réparé son nez cassé peu de temps après qu’ils se soient retirés vers la seconde tour, après qu’Harkevich ait battu en retraite. Elle avait pris un certain plaisir à remettre le cartilage en place et à la grimace douloureuse que cela avait provoqué.
« Et bien, peut-être ne vous n’affronterez pas le prochain warcaster comme si vous étiez une sorte de cadet sans cervelle, monsieur », avait-elle dit.
Le médecin acheva et aida Stryker à remettre son épaulette. Il bougea son bras. Il était sensible, mais il pouvait désormais manier son épée à deux mains.
« Maddox », dit Stryker en se tournant vers le commandant se tenant au-dessus de l’épave de Vî Arsouye, faisant le point sur les dégâts. Ils avaient utilisés les Cyclones pour ramener le warjack à l’abri de la seconde tour. Stryker essayait de ne pas regarder l’épave – c’était comme regarder le cadavre d’un vieil ami. « Faites venir les Murs-Tempête ici. Je veux neutraliser ces Conquérants tout de suite. Ils ne pourront peut-être pas faire sauter le pont avec des explosifs, mais les canons de ces engins pourraient faire le travail à leur place. « Et déplacez l’artillerie jusqu’au rivage. Je veux commencer à frapper les emplacements des canons khadoréens immédiatement ».
Maddox se retourna et cria des ordre à deux commandos pionniers, qui partirent en direction de la ligne de front cygnaréenne pour transmettre les ordres de Stryker. Stryker les accompagna avec l’un de ses Cyclones. Le warjack couvrirait les pionniers jusqu’à ce qu’ils atteignent le Sergent-Chef Halverson, l’expérimenté pionnier contrôleur actuellement en charge des colosses cygnaréens.
Les Cyclones et les Défenseurs restants rendaient la cour sous la tour plus qu’encombrée, sans parler de l’étouffement de la fumée provenant des cheminées de warjacks. Ce qui restait des Lances-Tempête de Stryker se trouvait également ici ; il avait perdu plus de la moitié d’entre eux, y compris le Colonel Bartlett. Elle avait été frappée par un projectile d’un Man-O-War et on n’avait pas trouvé suffisamment de morceaux d’elle pour la retrouver. Cela le rendait malade ; elle avait été une sacrée soldate et une chef respectée, et sa perte leur ferait mal. Mais il ne pouvait pas se concentrer dessus – elle ne serait pas le dernier bon soldat qu’il perdrait dans les jours et les mois à venir. Il ne pouvait qu’honorer leur mémoire en se battant avec tout le courage et la conviction qu’i possédait.
En plus des Lances-Tempête, il avait toujours une escouade complète de rangers, et ils avaient pris d’assaut le niveau supérieur de la tour, tuant les tireurs embusqués et les Gardes des Glaces s’y trouvant. C’étaient désormais eux les tireurs embusqués qui ripostaient contre les soldats khadoréens dans la troisième tour. Stryker dit, « Je vais de l’avant avec les Défenseurs et le Cyclone briser cette troisième tour. Reste ici et prend le contrôle des Murs-Tempête à leur arrivée. Ensuite, je veux que tu lances tout ce que tu as sur ces Conquêtes. Compris ? »
« Oui, monsieur », répondit Maddox en souriant. « Ce sera la première fois que je contrôle deux de ces monstres. J’ai hâte d’y être ».
« Lieutenant Sims », dit Stryker en se tournant vers l’expérimenté ranger qui aurait été l’homme idéal pour interroger Pytor Aleshko si Magnus n’était pas intervenu. « Couvrez-moi, je vais m’occuper de la porte de la troisième tour ».
« Parfaitement, monsieur ». Il se déplaça pour transmettre les ordres au rangers dans la tour au-dessus.
Stryker ferma les yeux et se concentra, renforçant son lien avec les trois warjacks qu’il commandait. Il en avait contrôlé jusqu’à sept à la fois, mais au-delà de quatre ou cinq, les capacités d’un warcaster vétéran étaient mises à rude épreuve ; c’était comme essayer de résoudre des équations mathématiques complexes dans sa tête tout en essayant de ne pas se faire tirer dessus, poignarder ou exploser.
Stryker puisa au sein de ses réserves arcaniques et lança l’un de ses sorts les plus puissants. Des runes l’enveloppèrent ainsi que les warjacks sous son commandement, remplissant d’une énergie furieuse qui finirait par préserver son propre pouvoir.
« Allons-y », cria Stryker, et il s’élança sur le pont. Ses warjacks le suivirent, et derrière eux, les Lances-Tempête survivants, désormais à pied, arrivèrent avec une escouade complète d’infanterie Lame-Tempête qui avait été avancée.
Les balles commencèrent à marteler la pierre devant et autour de Stryker et il exhorta ses Défenseurs à ouvrir le feu sur la tour devant lui. Leurs canons lourds pivotèrent et visèrent avant de décharger dans explosion de flammes et de fureur. Les obus frappèrent la tour en plein centre, faisant exploser la pierre et l’acier et créant un trou béant dans le mur, exposant les silhouettes des soldats khadoréens à l’intérieur.
Le Cyclone tira ensuite, ses mitrailleuses plus légères et plus précises visant les ennemis à l’intérieur du bâtiment, envoyant une pluie de balles à travers la brèche faite par les Défenseurs et déchiquetant les hommes.
La pluie de balle en provenance de la tour ralentit et Stryker cibla de suite la herse. Il envoya les Défenseurs en avant attaquer la herse de fer et d’acier avec leurs marteaux disruptifs. Le herse se déformait, mais ce n’était pas les Man-O-War qui menaçaient les warjacks – ils s’agissaient d’hommes vêtus de lourdes plaques baroques, non propulsé par la vapeur et étaient armés de boucliers et de longues piques à pointes coniques, des charges creuses pouvant percer un trou dans le blindage d’un warjack. Les marteaux des Défenseur avaient fait leur œuvre. La herse s’effondra, mais pas avant qu’une demi-douzaine de Crocs d’Acier n’aient frappé l’un des warjacks avec leurs lances. Des gerbes de flammes éclatèrent autour de la coque du Défenseur, l’acier et le système hydraulique se rompirent, puis brusquement la présence du Défenseur disparut dans l’esprit de Stryker lorsqu’un coup chanceux d’une pique explosive d’un Croc d’Acier détruisit le cortex du warjack.
Alors qu’ils fonçaient sur l’ennemi, les canons lourds d’un Mur-Tempête retentirent, projetant un énorme projectile siffler par-dessus le pont. Il heurta l’un des Conquêtes, faisant reculer la gargantuesque machine d’un pas et laissant un cratère roussi dans sa coque. Stryker sourit alors que d’autre obus suivirent, et furent rejoints par le retentissant tonnerre de l’artillerie cygnaréenne.
Un mur de boucliers et de piques de Crocs d’Acier les attendaient dans la troisième tour. Derrière eux venaient deux warjacks, de massifs Juggernauts, les effroyables bêtes de somme de l’armée khadoréenne. Chacun d’eux était armé d’une redoutable hache mékanique générant un froid glacial. Harkevich n’était pas avec les ‘jacks ; ils suivaient les ordres criés d’une officier Croc d’Acier.
Les cygnaréens ne ralentirent pas leur charge. Au contraire, ils foncèrent tête baissée sur les piques des Crocs d’Acier. Une série d’explosions ébranla les dents de Stryker, alors même qu’il évitait la pointe d’une pique et abattait l’homme derrière. Il poussa le Défenseur dans la mêlée. Il balaya les piquiers pour s’attaquer aux deux Juggernauts. Son Cyclone s’avança également, utilisant ses poings pour écraser les troupes, bien que quelques lances explosives explosèrent contre sa coque alors qu’il fonçait sur l’ennemi. Heureusement, les dégâts n’étaient pas critiques.
Stryker traversa les Crocs d’Acier et se retrouva face à l’officier, une homme de grande taille maniant une lourde hache à deux mains. L’officier était plus qu’un vétéran expérimenté – il contrôlait probablement les warjacks khadoréens, une manière non-magique de commander des machines par des instructions verbales et des signaux manuels. Stryker espérait que l’éliminer rendrait les Juggernauts beaucoup moins efficaces. Il frappa de taille les jambes de l’homme, mais le khadoréen sauta agilement par-dessus la lame et abattit sa hache dans un coup direct. Stryker se tordit sur le côté, et son champ d’énergie clignota lorsque la hache le frappait en oblique. Il s’avança, à portée de la hache du Croc d’Acier, et enfonça le pommeau de Vif-Argent dans la gorge de l’ennemi. Le gorgerin du Croc d’Acier, le morceau de métal protégeant sa gorge, se froissa et il chancela, haletant. Stryker recula, inversant la direction de sa lame, pressa la gâchette sur la poignée de Vif-Argent et tira un éclair sur l’homme à bout portant. L’officier Croc d’Acier fut projeté en arrière, un trou fumant dans son plastron et sa poitrine. Il chuta au sol mort et Stryker reporta son attention sur ses warjacks. Le Défenseur frappait l’un des Juggernauts avec son marteau disruptif, envoyant des vagues d’énergies voltaïques à travers les cortexes de warjacks ennemis Le Cyclone ne s’en sortait pas aussi bien avec ses poings, et Stryker sentit l’impact tressaillant d’une hache de glace sur sa coque. Il canalisa une plus grande partie de sa volonté dans ses coups, les guidant, les rendant plus précis et plus percutants, puis il reporta son attention sur le bataille autour de lui. Ses chevaliers étaient engagés brutal combat avec les Crocs d’Acier, mais il était clair qu’une fois passées les lances des troupes khadoréennes, les cygnaréens étaient plus habiles au corps à corps. Les cadavres en armure rouge s’accumulaient.
Le tonnerre résonnait de plus belle au-dessus de nous tandis que les Murs-Tempête poursuivaient leur assaut. Puis un autre son submergea tous les autres. L’un des Conquêtes, la coque criblée de trous déchiquetés et roussis, vacillait sur le bord du pont telle un énorme marin ivre. Puis il s’écrasa contre la balustrade en pierre et plongea dans le fleuve en contrebas. Lorsque la chaudière du colossal heurta les eaux froides du Fleuve Noir, elle explosa comme une bombe, projetant un geyser d’eau et de débris de trente mètres de haut.
Une acclamation saccadée s’éleva des troupes cygnaréennes, une acclamation qui résonna sur le pont. Ils gagnaient.
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